Depuis plus dé deux cent cinquante ans, des parcellaires et des traces d'habitats fo ssiles fo nt l'objet de recherches dans les fo rêts alsaciennes et lorraines du nord du massif vosgien. Ces vestiges ont régulièrement été considérés comme gallo-romains et attribués à une culture particulière dite « des sommets vosgiens ». À la fin des années soixante-dix et dans les années quatre-vingt, François Pétry à partir de la fo uille du site du Wasserwald (Haegen, 67), a publié l'essentiel des données et mises au point sur ces vestiges (1). Ces dix dernières années, de nouvelles Une bibliographie complète sur le sujet découvertes ont renouvelé la problématique de ces recherches. (1) - est présentée dans François PÉTRY,

LE PRO BLÈME DE LA « CULTURE « Les agglomérations des sommets vosgiens» DES SOMMETS VOSGIENS» dans Jean-Luc Massy (dir.), LES AGGLOMtRATIONS SECONDAIRES DE LA LORRAINE, ANNALES LITTtRAIRES Un peu plus de cent-vingt parcellaires fossiles ont été recensés dans DE L'UNIVERSITt DE FRANCHE-COMTt, les arrondissements de Saverne (67) et de (57). Leur datation 1997, p. 399-404· est loin d'être assurée et leur attribution quasi systématique (2) - Par exemple : site du Kessel à la limite à l'Antiquité une erreur. François Pétry avait déjà contesté l'ancienneté des communes lorraines de É de certaines constructions ou aménagements (2) ; ces remises en cause et de (François P TRY, se sont multipliées et certains sites lorrains sont maintenant à dater « Les sanctuaires de la culture gallo-romaine des périodes médiévale et moderne. Les importantes concentrations des Sommets Vosgiens, à la lumière des de ruines de bâtiments dites antiques de l'Altdorf (Dabo et , fo uilles du Wasserwald (commune de Haegen, 57), ou de la Croix du Hengsbourg (limite de Walscheid et d', Bas-Rhin) », DANS ASPECT DE LA RELIGION CELTIQUE 57) illustrent bien ce phénomène. Ces sites ont en effet livré des lots ET GALLO-ROMAINE DANS LE NORD-EsT XIIe XVIIe de céramiques s'échelonnant du au siècle et peuvent être DE LA GA ULE À LA LUMIÈRE DES DtCOUVERTES identifiésmaintenant à des villages disparus. RtCENTES, ACTES DE LA RENCONTRE ARCHtOLOGIQUE Sur d'autres sites, les structures antiques semblent avoir été réaménagées DE SAINT-Olt DES VOSGES, 7-8 OCTOBRE 1988, et modifiées à des périodes plus récentes. La lisibilité et l'attribution Saint-Dié, 1989, p. 84.

chronologique de ces vestiges sont alors plus difficiles (3). L'absence 3) - Exemples mosellans récents : parcelle 15 d'indices chronologiques sur de nombreux autres parcellaires rend à , Freiwald à , actuellement impossible leur datation. Sommets des Picards à Harreberg.

NO 4 SEPTEMBRE 2005 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN 225 - . < É (4) - Jean-Denis Laffite, tienne Dambrine, Pour le Haut Empire, période ayant fait l'objet de recherches approfon­ Jean-Luc Dupouey et Murielle Georges-Leroy, dies, les sites datés présentent d'importantes diversités. À côté «Le parcellaire gallo-romain de la forêt de véritables villages organisés autour de chemins bordés de murs domaniale de Saint-Amond à Favières comme au Wasserwald, (treize cas), existent d'autres fo rmes d'occupa­

(Meurthe-et-) », REVUE ARCHtOLOGIQUE tions : agglomérations sans trame parcellaire visible (Fallberg, DE L'EsT ET OU CENTRE-EsT, 51, 2001-2002, Erckatswiller, 67), petits hameaux de quelques constructions (Croix­ P· 465-476. Guillaume, Saint-Quirin, 57), successions de parcellaires avec des Michel Mangin, Jean-Louis Courtalon, bâtiments isolés (Quatre-Chemins et Saveux, Saint-Quirin, 57), Philippe Fluzin et Éric Laclos, «Villages, forges établissements de type villae (?) (Foeschen, Troisfontaines, 57) et et parcellaire aux Sources de la Seine : sanctuaires isolés au milieu de parcellaires (Freiwald, Troisfontaines, 57)_ l'agglomération antique de Blessey-Salmaise Le principal point commun de ces sites semble être le fait qu'ils appar­

(Côte d'Or) », ANNALES LITTtRAIRES DE tiennent à un terroir préservéet fossilisé par le couvert fo restier_ Des L'UNIVERSITt DE FRANCHE-COMTt, 2000, vol. 700. terroirs comparables ont été étudiés récemment en Lorraine et

en Bourgogne (4) ; ces recherches rendent les découvertes des fo rêts vosgiennes moins marginales dans le schéma de l'occupation rurale gallo-romaine. Topographiquement, la position de ces parcellaires fossiles vosgiens mérite également une mise au point. Les sites se trouvent sur les parties hautes des premiers reliefs gréseux du massif vosgien, à proximité du Col de Saverne (411 m) et aux débouchées des principales vallées à

des altitudes comprises entre 350 et 500 m_ L'appellation « sommets vosgiens» est probablement exagérée car les points les plus élevés de ce secteur géographique culminent entre 800 et 1000 m d'altitude (Grand Rosskopf, Donon), et les reliefs occupés par les sites n'ont rien de zones montagneuses inhospitalières mais ressemblent davantage à des collines_

ÉTAT DE LA DOCUMENTATION SUR LES BÂTIMENTS

Un rapide inventaire bibliographique associé aux découvertes inédites a permis de recenser cent-vingt bâtiments. Ce chiffre arbitraire est un pâle refletde la réalité du secteur géographique concerné. La plupart des sites n'ont pas été prospectés systématiquement et les rares fouilles ont à chaque fo is accru de façon significative le nombre de bâtiments reconnus_ L'étude minutieuse de deux enclos (Ll et L2) du village gallo-romain du Wasserwald (Haegen, 67) a par exemple, multiplié par trois le nombre de bâtiments et la fo uille programmée de la Croix-Guillaume (Saint-Quirin, 57) a permis de mettre au jour quatre nouveaux bâtiments sur un site qui n'en comprenait au départ qu'un seul.

> 226 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN . NO SEPTEMBRE 2005 4 - Dans le cadre de l'architecture de terre Sur ces cent-vingt bâtiments, trente-sept ont fait l'objet de fo uilles (5) - et quinze de simples relevés. La documentation disponible est très et de bois, le mot « solin » désigne inégale, allant du simple croquis aux plans détaillés. des alignements plus ou moins soignés Le faible enfouissement des vestiges est également une source de pierres posées sur le sol, isolant de problème. Les solins (5) de pierres, les supports de poteaux en bois les superstructures en bois des bâtiments et les murs affleurent dans l'humus fo restier. Malgré la fossilisation de l'humidité du terrain, en premier lieu par la fo rêt, la végétation (chablis, racines) et les travaux forestiers ont la sablière basse. entraîné ou entraînent toujours des destructions. La nature même (6) - Voir note 1 du substrat, composé de sable de grès, n'est pas propice à la bonne conservation des sols de circulation contemporains des bâtiments ou des traces des creusements. Les découvertes d'objets et de céramiques sont rares. Cette pauvreté rend difficile la détermination des fonctions des constructions et ne fa cilite pas les datations précises.

LA PÉRIO DE ANTIQUE. MODE DE CONSTRUCTION DES BÂTIMENTS

To us les bâtiments datés de l'Antiquité sont des constructions en bois. Les ressources locales sont probablement à l'origine du choix de ce matériau. Sur la carte de Peutinger légèrement postérieure aux datations admises pour l'occupation de nos sites (10/20 à 260/270 ap. J.-c.), le secteur est dénommé Silva vosagus. Ce document retrace probablement une situation antérieure à la fin du Ille siècle et il est probable qu'une partie du massif, notamment les zones aux altitudes supérieures à 600 mètres ou les secteurs à fo rte déclivité, ait conservé un couvert fo restier au Haut-Empire. La variété des soubassements utilisés pour ces bâtiments en bois a permis d'établir une première typologie des constructions (6) . Quatre types de supports ont été mis en œuvre : La première technique consiste à placer l'armature de bois sur de larges murets en pierre sèche à double parement et remplissage de blocaille et de terre (fig.1 nOl à 17). Ces murets de 0,8 m à 1,5 m de large étaient peu fo ndés dans le sol (environ 0,2 m) et ne dépassaient pas 0,8 à 1 m de haut. Le parement du muret est varié. À côté de constructions soignées en moellons (ensemble T du Wasserwald), on remarque des bâtiments plus sommaires et réalisés avec de gros blocs de grès non taillés (bâtiment 1 de la Croix-Guillaume). La plupart de ces murets ont été retrouvés effondrés et cet état rend difficile l'étude de l'armature en bois. Dans deux angles des bâtiments 2 et 4 de la Croix­ Guillaume (fig.1 n012 et 13), des logements pour des poteaux verticaux de section rectangulaire étaient encore visibles. Des systèmes de sablières ou d'élévations de type Block Bau sont éventuellement possibles, mais l'état des murets ne permet pas de le prouver.

NO SEPTEMBRE 2005 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN 227 4 - . < / //--<.,r' ", A

( ,. "" , \ \ \ \ ) '\ \ " / \ / /" \ " / [[jj \ 4 /- 5 D g \ 6 2 " 1 ~ 3 non fouillé

-- - , -- ...--- \ , _ \ 1 C I, j\ , , 1 1 \ '. , , _\ \ , \, --- \ --' - \ , l------1 __ \ \,/ /..Y' 7 , ----­ \ -- 8 \,- - 10 9 '--0 \ 11 non fouillé non fouillé non fouillé- - \Cf � 1:1'2 15 13 14 encoche

Légende 17 c=:J mur en pierre sèche

•• bloc de pierre au moins 2 espaces couverts

rocher _ o 20m

Fig 1 - Bâtiments gallo-romains en bois à soubassements en pierres sèches à double parements

1 Wasserwald, Haegen, 67 (Fuchs 1914), bâtiment Ml 10 Trois-Saints, Walscheid, 57, inédit 2 Deux-Croix, Saint-Quirin, 57 (Keune, Welter 1906, P.379) 11 Wasserwald, Haegen, 67, (Fuchs 1914), ferme T 3 Wasserwald, Haegen, 67 (Pétry 1978, P.373) bâtiment B 12 Croix-Guillaume, Saint-Quirin, 57, bâtiment 4 (inédit) 4 Croix-Guillaume, Saint-Quirin, 57 , bâtiment 1 état 2 13 Croix-Guillaume, Saint-Quirin, 57, bâtiment 2 (Heckenbenner,Meyer 1996, fig 10) (Heckenbenner, Meyer 1996, fig 10) 5 Schantzkopf, Harreberg, 57, inédit 14 et 15 Deux-Croix, Saint-Quirin, 57 6 Wasserwald, Haegen, 67 (Fuchs 1914), bâtiment P (Keune, Welter 1906 .. P-379) 7 Wasserwald, Haegen, 67 (Fuchs 1914), bâtiment M2 16 Croix-Guillaume, Saint-Quirin, 57 bâtiment 1 état 2 8 Schantzkopf, Harreberg, 57, inédit (Heckenbenner, Meyer 1996, fig la) 9 Schantzkopf, Harreberg, 57, inédit 17 Wasserwald, Haegen, 67, (Fuchs 1914), ferme T

> 228 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN . NO 4 - SEPTEMBRE 2005 auvent --• '\ ... .. • .- . -- -- ...... � �. � • A -1 • • '�..I .. - , ... /II . , - ...... - 1" • : , ... - ,., ' , .- 20 21 18 19 non fouillé non fouillé

sablière \ • · -:J • o, ... • • • .. • ,. auvent • • '\ � ... • • , .. 25 • 24 .. non fouillé 23 sablière ... 22

- • CL. _.. l, •.•. t 10 :

� non fouillé 28 26

27 • 1 Légende c::::J mur en pierre sèche I� •• blocs de pierre 1 espace couvert 29 L __ l 30 31 � terrasse

... accès - o 20m

Fig 2 - Bâtimentsgallo -romains en bois, autres formes de soubassements

18 Fallberg, Eckarstwiller, 67, bat. 5 (Goubet, Meyer 2000) 27 Wasserwald, Haegen, 67 (Pétry 1984, P.258) 19 Fallberg, Eckarstwiller, 67, bat. 1 (Goubet, Meyer 2000) enclos XI, bâtiment 30 20 et 21 Wasserwald, Haegen, 67 (Pétry 1977, fig 4) 28 Trois-Saints, Walscheid, 57, inédit enclos 1972 29 Croix-Guillaume, Saint-Quirin, 57, bâtiment 3 22 Wa sserwald, Haegen, 67, (Fuchs 1914), bâtiment K (Heckenbenner, Meyer 1996, fig 10) 23 Fallberg, Eckarstwiller, 67, bat. 3 (Goubet, Meyer 2000) 30 Wasserwald, Haegen, 67 (Pétry 1977, fig 4) 24 Fallberg, Eckarstwiller, 67, bat. 9 (Goubet, Meyer 2000) enclos 1972 25 et 26 Wasserwald, Haegen, 67 (Pétry 1977, fig 4) 31 Wasserwald, Haegen, 67, (Fuchs 1914), bâtiment Z enclos 1972

N° 4 - SEPTEMBRE 2005 . LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN 229 < ......

- o 40m

Fig 3 - Plans schématiques des bâtiments des enclos L1 et L2 Wasserwald, commune de Haegen, 67 (d 'après Pétry 1994, {i9.3)

(7) - Francis Goubet, Nicolas Meyer, La seconde technique de soubassement consiste à fa ire reposer l'armature ECKARTSWILLER. LE SITE MÉCONNU DU FA LLBERG, en bois sur des files de blocs posés à même le sol et légèrement UN GROUPEMENT D'HABITATIONS GALLO-ROMAINES enterrés (fig. 2 n018 à 21). Les blocs peuvent être juste équarris ou être

À LA FRONTIÈRE DES PROVINCES DE GAULE BELGIQUE parfaitement taillés. La présence de blocs présentant des logements ET DE LA GERMANIE SUPÉRIEUR, SITE 67 117 001 taillés permet une nouvelle fois de restituer l'emplacement de poteaux (BAS·RHIN), Rapport de prospection verticaux. (dactylographié), Sarrebourg, 2000, 51 p. La troisième technique consiste à faire reposer les poteaux de la structure

(8) - Xavier Lafon, « Recherches en cours en bois sur des dés en pierre (fig. 2 n022 à 24). La présence d'une au Col de Saverne : La STATIO gallo·romaine sablière basse reliant des poteaux porteurs est clairement attestée sur

de l'Usspann », PA YS D'ALSACE, 153, 1990, P.25. le bâtiment 3 du Fallberg (fig.2 n023) et les traces de torchis retrouvées en fo uille permettent d'envisager l'utilisation de ce matériau dans l'élévation (7). Une quatrième méthode consiste à combiner deux des techniques précédentes. Ce type de construction est souvent réalisé en utilisant un muret en pierre sèche de parcellaire comme support de l'un des côtés du bâtiment (fig. 2 n025 à 31). L'existence de constructions où les poteaux en bois sont directement plantés dans le sol est envisageable mais n'a pas été mise en évidence dans le secteur concerné. Cette technique est utilisée sur l'oppidum du Fossé des Pandours (Saverne 67) à la finde La Tène, au relais routier d'Usspann (Saverne 67) pour le 1er siècle ap. J.-c. et dans le camp du IV' siècle de la Bure (Saint-Dié 88) (8). Un poteau faîtier d'une petite construction de la Croix-Guillaume a été placé dans le sol de cette manière, mais les parois de la construction reposaient sur des files de blocs (fig. 2 n029).

> 230 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN . N ° 4 - SEPTEMBRE 2005 Chapelles de sanctuaire gallo-romain []

32

Bâtiments médiévaux et modernes

34 35

non fouillé non fouillé non fouillé

non fouillé

non datés

Légende

_ mur maçonné 40 mur en pierres sèches 39 c:::J

•• blocs de pierre non fouillé non fouillé espace couvert

terrasse

accès

_ rocher

o 20 m

Fig 4 - Chapelles gallo-romaines, bâtiments médiévaux et moderneset constructions non dotées 32 Wasserwald, Haegen, 67 (Petry 1974, fig 34) 33 Walscheid, Ludwigsberg, 57 (Heckenbenner, Meyer 1994) 34 à 37 Dabo, Altdorf, 57 (inédits) 38 Saint-Quirin, Baraque Carrée, 57 (Kurtz 1992) 39 Walscheid, Ludwigsberg, 57 (Heckenbenner-Meyer 1994) 40 Trois fontaines, Foeschen (Goester 1952)

SEPTEMBRE 2005 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN 23 1 NO 4 - . < (9) - Magali Mondy, LEs ccSTÈLES MAISONS" DANS LES NtCROPOLES GALLO-ROMAINES DES SOMMETS VOSGIENS (SECTEUR SARREBOURG­ SAVERNE), Mémoire de maîtrise réalisé sous la direction de A-M. Adam, Institut des Antiquités Nationales, Université des Sciences Humaines de Strasbourg, La rareté des tuiles gallo-romaines sur ces sites a toujours frappé Strasbourg, 1998, vol. texte 99 p., les archéologues. Elles constituent toutefois la couverture de plusieurs catalogue 541 p., p.61. bâtiments du Fallberg (fig.2. n019. 23 et 24). Elles sont présentes François PÉTRY, Les sanctuaires (la) - « au Wasserwald, associées à des matériaux périssables sur les toits de la culture gallo-romaine des Sommets de deux constructions. Les prospections pédestres ont également Vosgiens, à la lumière des fouilles du permis de découvrir des traces de tuiles sur les sites de Belle-Roche Wasserwald (commune de Haegen, Bas-Rhin) ), et de Deux-Croix à Saint-Quirin (57) en quantité limitée. La plupart ASPECT DE LA RELIGION CELTIQUE ET GALLO-ROMAINE des couvertures de bâtiments semblent donc être en matériaux périssables.

DANS LE NORD-EST DE LA GAULE À LA LUMIÈRE Quatre « stèle-maisons » présentant une toiture munie d'un faîte souligné DES DtCOUVERTES RtCENTES, par un décrochement évoquant le dispositif sommital d'un toit de ACTES DE LA RENCONTRE ARCHtOLOGIQUE chaume, laissent penser que ce matériau était utilisé probablement pour DE SAINT-Olt DES VOSGES, 7-8 OCTOBRE 1988, les couvertures. La présence de bardeau de bois a également été évoquée Saint-Dié, 1989, p. 73-93. à partir de la décoration de deux autres stèles funéraires, mais Magali.

(11) - Albert Fuchs, DIE KULTUR DER KELTISCHEN Mondy a montré qu'il s'agit plus vraisemblablement de représentations VOGESENSIEDELUNGEN MIT BESONDERER d'écailles (9). BEROCKSICHTIGUNG DES WA SSERWALDES À l'exception des portes, les ouvertures de ces bâtiments restent BEI ZA BERN, Saverne, 1914, 190 p., 33 pl. inconnues. Les encadrements de fenêtres repérés en prospection

(12) - Les seuls plans publiés de ces bâtiments appartiennent tous à des bâtiments de l'époque moderne. La porte est se trouvent sur un plan général du site dans de nombreux cas constituée d'un seuil en pierre de taille. Monobloc

(François PÉTRY, « 156 Haegen-Wasserwald ou bipartite, il présente une crapaudine et des encoches ou rainures pour (Bas-Rhin) ), dans Michel Mangin et Jean-Paul faciliter le verrouillage de la porte. Les montants paraissent être en bois Petit (dir.), ATLAS DES AGGLOMtRATlONS contrairement aux vestiges des périodes postérieures. SECONDAIRES DE GAULE BELGIQUE ET DES GERMANIES, Paris, 1994, P.151-152, fig.3). TYPOLOGIE ET FONCTION DES BÂTIMENTS ANT IQUES Ils ne dépassent pas un demi centimètre carré et sont de lecture mal aisée. Facilement repérables par des sculptures votives et des autels abandonnés autour d'une construction installée dans un petit enclos,

des « chapelles » de sanctuaire de type fa num ont été clairement identifiéesdans six cas. Seuls deux sites ont fait l'objet de relevés (fig. 4. n032 et 33). Le point sur ce type de vestige a été effectué pas François Pétry, il ne sera pas repris ici (10).

> 2 2 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN . NO SEPTEMBRE 2005 3 4 - L'identification des autres bâtiments est plus difficile. De nombreuses constructions présentent au soldes plans mono-spatiaux rectangulaires ou carrés ne dépassant pas les cinquante mètres carrés. D'autres bâtiments de même type sont pourvus d'une avancée du toit pouvant correspondre à des auvents. Longtemps considérées comme des mai­ sons d'habitations (u), ces constructions sont, depuis les travaux de François Pétry, plutôt identifiéescomme des bâtiments à fo nction agri­ cole ou des bâtiments de stockage. Par opposition, les constructions plus importantes constituées de plusieurs pièces juxtaposées (ensemble T du Wasserwald ou Bâtiment 1 de la Croix-Guillaume) sont considérées comme des « fermes typiques »de ce secteur (fig.1 n016 et 17). Un apport, peu connu mais essentiel de la fo uille du Wasserwald, est la découverte de deux imposantes constructions dans les enclos LI et L2 (12). Ces bâtiments, d'environ 30 m de longueur sur 15 m de largeur, étaient installés sur le versant nord du site. L'élévation en bois reposait sur des alignements de blocs de pierres. Au sol, les espaces intérieurs étaient conçus sur plusieurs niveaux du fait de la pente et présentaient des plans complexes alliant petites pièces, grandes pièces et galeries. Ces deux constructions sont loin d'être uniques. Des indices de l'existence de bâtiments comparables se trouvent au Bannwald (Hultehouse 57), au Tiergarten (Garrebourg 57), au Schantzkopf (Harreberg 57) et probablement à Deux-Croix (Saint-Quirin 57). Peu visibles ou souvent abîmés, ils sont passés inaperçus et n'ont pas fait l'objet de relevé. Par leur taille et leur plan, ces constructions ne dénotent pas dans la typologie traditionnelle des établissements ruraux gallo-romains.

LES BÂTIMENTS MÉ DIÉVAUX ET MODERNES

Aucune étude archéologique n'a encore porté sur les structures médiévales et modernes dans le secteur concerné. Pas moins de vingt-six ruines de bâtiments sont d'ores et déjà attribuées à ces périodes. Trois sites correspondent à des villages disparus. Le nom de l'un d'entre eux (Oberzorn) est cité dans les archives concernant le Comté de Dabo. La fabrication de charbon de bois pourrait être l'une des activité du site de l'Altdorfà Dabo, où plusieurs emplacements de meules de charbon­ niers sont bien visibles au centre du groupement d'habitations et à proximité des habitats périphériques le long des chemins creux d'accès. Le site de la Croix de Hengsbourg, à la limite de Walscheid et d'Harreberg, peut être daté du XI IIe-XIye siècles à partir des nombreuses découvertes mobilières effectuées suite à la tempête de 1999. La mise au jour de fragments de creuset de verrier pourrait être un premier indice d'une des activités de ses habitants. La prudence s'impose toutefois ; de nombreuses petites verreries de la période des xve -XVIIe siècles sont présentes dans ce secteur, et une verrerie postérieure au village disparu n'est pas à exclure.

NO 4 SEPTEMBRE 2005 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN 233 - . < Des constructions isolés comme le Kessel (limite de Hultehouse et de

Garrebourg, 57) encore appelé « bergerie » en 1860, et des sites comme

« Le Vieux Puits » (Turquestein 57), à proximité d'un château, correspondent probablement à des fermes. Pour ce qui est des modes de construction, les bâtiments de la Croix du Hengsbourg des XIIIe-XIV siècles (non relevés) sont à ossature en bois et semblent reposer sur des murets en pierre sèche à deux parements, avec un remplissage de terre et de petites pierres. Les seuils des portes et les montants sont en pierre de taille. Les bâtiments reconnus des sites de l'Altdorf à Dabo et à Walscheid, abandonnés à la finXVIe ou dans la première moitié du XVIIe siècle d'après les céramiques recueillies, correspondent à des constructions comportant au moins un rez-de­ chaussée construit en moellons (fig. 4 n034 à 37). Les murs préservés sur plus d'un mètre de haut sur le site de Walscheid conservent encore en place les emplacements des portes (seuil, montant) réalisés en pierre de taille. Des fragments de fenêtres en pierre traînent dans les gravats. Des éléments lapidaires similaires, malheureusement déplacés, jonchent le sol à proximité des constructions de l'Altdorf, à Dabo. Aucune tuile n'est présente sur ces sites. Le village de Dabo était encore cité au XIXe siècle pour ses couvertures en bardeaux de bois.

Ce rapide état des lieux des bâtiments repérés sur les parcellaires et habitats fossiles des forêts vosgiennes a montré les lacunes importantes de nos connaissances. Les prospections récentes montrent la complexité de la chronologie de ces terroirs trop systématiquement datés de l'Antiquité. Au moins deux systèmes parcellaires, l'un gallo-romain, l'autre médiéval et moderne, sont fo ssilisés dans les bois. Si l'étude des bâtiments antiques est bien avancée, les structures médiévales et modernes restent à étudier.

) 234 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN . NO 4 - SEPTEMBRE 2005 BIBLIOGRAPHIE

Albert FUCHS, Die Kultur der Keltischen Vo gesensiedelungen mit besonderer Berücksichtigung des Wa sserwaldes bei Zabern, Saverne, 1914, 190 p., 33 pl. Willybald GOESTER, Recherche archéologique dans la fo rêt des Foeschen et Rehthal (dactylographié), 1952, 15 p. Francis GOUBET, Nicolas MEYER, Eckartswiller. Le site méconnu du Fallberg, Un groupement d'habitations gallo-romaines à la frontière des provinces de Gaule Belgique et de la Germanie Supérieure, site 67 117 001 (Bas-Rhin), Rapport de prospection (dactylographié), Sarrebourg, 2000, 51 p. Dominique HECKENBENNER, Nicolas MEYER, Le sanctuaire gallo-romain du Ludwigsberg, fo rêt domaniale de Wa lscheid (Moselle). DFS de sauvetage urgent, Sarrebourg, 1994, 32 p. Dominique HECKENBENNER, Nicolas MEYER, Le site gallo-romain de la Croix Guillaume, fo rêt domaniale de Saint-Quirin, Rapport de la fo uille programmée pluriannuelle 1995-96, Sarrebourg, 1996, 185 p.

Jean-Baptiste KEUNE, Timothé WELTER, « Die Besiedlung der Vo rstufen der Vo gesen », Jahrbuch der Gesellschaftfü r Lothingische Geschichte und Altertumskunde, XVIII, 1906, p. 371-412.

Eugène KURTZ, « L' énigme de la Baraque Carrée », L'Essor, 156, 1992, p. 39-4l.

Xavier LAFON, « Recherches en cours au Col de Saverne : la statio gallo-romaine de l'Usspann », Pays d'Alsace, 153, 1990, p. 20-30. Jean-Denis LAFFITE, Étienne DAMBRINE, Jean-Luc DUPOUEY et Murielle GEORGES-LEROY,

« Le parcellaire gallo-romain de la Forêt domaniale de Saint-Amond à Favières (Meurthe-et-Moselle) », Revue archéologique de l'Est et du Centre-Est, 51, 2001-2002, p. 465-476. Michel MANGIN, Jean-Louis COURTALON, Philippe FLUZIN et Éric LAClOS,

« Villages, fo rges et parcellaire aux Sources de la Seine : l'agglomération antique de Blessey-Salmaise (Côte d'Or) », Annales Littéraires de l'Université de Franche-Comté, 2000, vol. 700. Magali MON DY, Les «stèles maisons » dans les nécropoles gallo-romaines des Sommets Vo sgiens (secteur Sarrebourg-Saverne). Mémoire de maîtrise réalisé sous la direction de A.-M. Adam, Institut des Antiquités Nationales, Université des Sciences Humaines de Strasbourg, Strasbourg, 1998, vol. texte 99 p., catalogue 541 p., p. 6l.

François PÉTRY, « Informations archéologique. Circonscription d'Alsace », Gallia, XXXII, fa se. 2, p. 367 -400.

François PÉTRY, « Structures agraires archaïques en milieu gallo-romain », Bulletin des Antiquités Luxembourgeoises, VIII, 1977, p. 117-158.

François PÉTRY, « Informations archéologique. Circonscription d'Alsace », Gallia, XXXVI, fa sc. 2, p. 347 -378.

François PÉTRY, « Informations archéologique. Circonscription d'Alsace », Gallia, XLII, fasc. 2, p. 247-270.

François PÉTRY, « Les sanctuaires de la culture gallo-romaine des Sommets Vo sgiens, à la lumière des fo uilles du Wa sserwald (commune de Haegen, Bas-Rhin) }, Aspect de la religion celtique et gallo-romaine dans le Nord-Est de la Gaule à la lumière des découvertes récentes,Actes de la rencontre archéologique de Saint-Dié des Vo sges, 7-8 oct. 1988, Saint-Dié, 1989, p. 73-93.

François PÉTRY, « 156 Haegen-Wasserwald (Bas-Rhin) >> dans Michel Mangin et Jean-Paul Petit (dir.), Atlas des agglomérations secondaires de Gaule Belgique et des Germanies, Paris, 1994, p. 151-152.

François PÉTRY, « Les agglomérations des sommets vosgiens » dans Jean-Luc Massy (dir), Les agglomérations secondaires de la Lorraine, Annales Littéraires de l'Université de Franche-Comté, 1997, p. 399-404.

N° 4 SEPTEMBRE 2005 LES BÂTIMENTS DES HABITATS ET DES PARCELLAIRES FOSSILES DU MASSIF VOSGIEN 235 - . <