Cahiers d’études italiennes

Novecento… e dintorni 22 | 2016 France et Italie (1955-1967) : politique, société et économie

Alessandro Giacone et Marco Maffioletti (dir.)

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/cei/2778 DOI : 10.4000/cei.2778 ISSN : 2260-779X

Éditeur UGA Éditions/Université Grenoble Alpes

Édition imprimée Date de publication : 20 avril 2016 ISBN : 978-2-84310-323-0 ISSN : 1770-9571

Référence électronique Alessandro Giacone et Marco Maffoletti (dir.), Cahiers d’études italiennes, 22 | 2016, « France et Italie (1955-1967) : politique, société et économie » [En ligne], mis en ligne le 03 janvier 2017, consulté le 26 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/cei/2778 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cei.2778

© ELLUG Cahiers d’études italiennes Novecento… e dintorni

No 22 / 2016

France et Italie (1955-1967) : politique, société et économie

Études réunies par Alessandro Giacone et Marco Maffioletti

Luhcie Laboratoire universitaire Histoire Cultures Italie Europe Université Grenoble Alpes Directeur de la publication Enzo Neppi (Novecento… e dintorni) Serge Stolf (Filigrana)

Comité de rédaction Filigrana Serge Stolf (Université Grenoble Alpes) Patrizia De Capitani (Université Grenoble Alpes) Filippo Fonio (Université Grenoble Alpes) Cécile Terreaux-Scotto (Université Grenoble Alpes) Novecento… e dintorni Enzo Neppi (Université Grenoble Alpes) Leonardo Casalino (Université Grenoble Alpes) Lisa El-Ghaoui (Université Grenoble Alpes) Alessandro Giacone (Université Grenoble Alpes)

Comité scientifique et de lecture Francesco Arru (Université de Bourgogne) Johannes Bartuschat (Université de Zürich) Manuela Bertone (Université de Nice Sophia Antipolis) Luciano Cheles (Université de Poitiers) Tatiana Crivelli (Université de Zürich) Luciano Curreri (Université de Liège) Laura Fournier-Finocchiaro (Université Paris 8) Patrizia Gasparini (Université Nancy 3) Corinne Lucas-Fiorato (Université Paris 3) Claudio Milanesi (Université de Provence) Michel Paoli (Université de Picardie) Ugo Perolino (Université de Chieti-Pescara) Donato Pirovano (Université de Turin) Matteo Residori (Université Paris 3) Giuseppe Sangirardi (Université de Bourgogne) Guido Santato (Université de Padoue) Xavier Tabet (Université Paris 8) Natascia Tonelli (Université de Sienne)

Directeur du centre de recherche Luhcie Sylvain Venayre

© Ellug 2016 Université Grenoble Alpes issn 1770-9571 isbn 978-2-84310-323-0 Prix : 15 euros sommaire

Présentation 5

Introduction Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967 9 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti

Le contexte général : des traités de Rome à la décennie gaulliste La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia tra storia 31 politica e storiografia transnazionale Sante Cruciani Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski 47 (août 1957-avril 1962) Élisabeth Yverneau-Glasser I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle 61 Raffaella Cinquanta Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche. 77 Modello da imitare o incognita da evitare? Michele Marchi Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012) 97 Roberto Colozza

France et Italie devant la guerre d’Algérie Tra Parigi e Algeri. L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione 113 francese» (1954-1962) Bruna Bagnato Les regards des extrêmes droites italiennes sur le combat pour 127 l’« Algérie française » : circulations et transferts (années 1960) Pauline Picco R 3 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina: verso un 141 network energetico europeo? Marta Musso

Société et rapports économiques La question migratoire dans les relations franco-italiennes dans 159 les années 1950-1960 Stéphane Mourlane Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia 175 nell’era de Gaulle Daniele Caviglia La grande fabbrica fordista. Culture politiche e scienze sociali 189 alla prova del neocapitalismo Bruno Settis Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia 203 Cesare Panizza

Résumés / Riassunti / Abstracts 219

R 4 Présentation

Cette publication est le fruit du colloque qui a eu lieu les 27 et 28 novembre 2014 à l’université de Grenoble, organisé avec le soutien et l’aide de Leo- nardo Casalino. Vingt-cinq chercheurs ont participé à ce colloque, qui a été inauguré par le consul général d’Italie à Lyon, Giulio Marongiu, en présence de Gian Giacomo Migone, ancien président de la Commission Affaires étrangères du Sénat italien, de Pascal Clouaire, représentant le maire de Grenoble, de Lise Dumasy, présidente de l’université, et de Serge Stolf, directeur du GERCI (Groupe d’études et de recherches sur la culture italienne). En raison du nombre et de la qualité des contributions, nous avons décidé de scinder en deux la publication des actes, en consacrant ce volume aux relations diplomatiques, politiques, sociales et économiques entre la France et l’Italie, et un autre ouvrage, destiné à être ultérieurement publié, aux rapports culturels. La première des trois sections de ce volume aborde le contexte général des rapports franco-italiens, dominés par la construction européenne, par le retour au pouvoir de Charles de Gaulle et par la formation du centre-gauche italien. Sante Cruciani retrace les positions de la France et de l’Italie face à la naissance du Marché commun européen et de l’Eu- ratom. Élisabeth Yverneau-Glasser étudie la figure de Gaston Palewski, fidèle du Général et ambassadeur à Rome de 1957 à 1962. Michele Marchi insère les cas italien et français dans le cadre des relations européennes et atlantiques, avant d’étudier le regard que la presse française a porté sur le centre-gauche italien pendant son long parcours qui aboutit en 1963-1966. Raffaella Cinquanta aborde les désaccords entre les fédéralistes français et italiens pendant la présidence du général de Gaulle, puis leur réconcilia- tion qui donne lieu à la naissance du Mouvement fédéraliste européen. Enfin, Roberto Colozza décrit comment de Gaulle et le gaullisme ont été perçus en Italie de 1958 jusqu’à nos jours. La deuxième section du volume est consacrée à la guerre d’Algérie. Bruna Bagnato analyse les prises de position de la politique italienne vis- à-vis du conflit algérien, les insérant à l’intérieur du cadre des rapports internationaux, dans cette phase particulièrement complexe de la décoloni- sation. Pauline Picco présente un panorama des attitudes des mouvements R 5 Présentation d’extrême-droite français et du MSI face à cette guerre, et se concentre sur l’intégration du combat de l’OAS dans la mythologie néofasciste. La contribution de Marta Musso étudie les politiques pétrolières entreprises au Sahara par les compagnies françaises et l’ENI d’Enrico Mattei. La troisième section aborde la question des rapports sociaux et écono- miques entre la France et l’Italie au cours des Trente Glorieuses. Stéphane Mourlane analyse la question migratoire, qui occupe une place importante dans les relations bilatérales. Daniele Caviglia retrace les relations poli- tico-monétaires entre l’Italie et la France, caractérisées par des approches diversifiées face au problème du dollar et de la crise du système monétaire international. Bruno Settis propose une synthèse des interprétations du fordisme et du néocapitalisme par le patronat, les sociologues et les syn- dicalistes français et italiens. Enfin, Cesare Panizza étudie les rapports de Nicola Chiaromonte avec la France, et ses désillusions face à une société civile française qui ne réagit guère contre le gaullisme. Nous tenons à remercier Enzo Neppi, qui a veillé à la qualité de cette publication, ainsi que les membres du comité scientifique du colloque pour leur aide lors de la sélection, puis de la relecture des contributions publiées dans le présent volume : Frédéric Attal (Université de Valen- ciennes), Antonio Bechelloni (Université Charles-de-Gaulle – Lille 3), Leonardo Casalino (Université Grenoble Alpes), Luciano Cheles (Uni- versité de Poitiers), Lisa El Ghaoui (Université Grenoble Alpes), Olivier Forlin (Université Grenoble Alpes), Marie-Anne Matard-Bonucci (Univer- sité Paris 8), Gian Giacomo Migone (Università di Torino), Ugo Perolino (Università di Chieti-Pescara), Mau-rizio Ridolfi (Università della Tuscia- Viterbo), Laurent Scotto (Université Grenoble Alpes), Paolo Soddu (Uni- versità di Torino) et Éric Vial (Uni-versité de Cergy-Pontoise).

Alessandro Giacone et Marco Maffioletti

R 6 Introduction

Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967

Alessandro Giacone et Marco Maffioletti Université Grenoble Alpes

En 1972, Jean-Baptiste Duroselle et Enrico Serra avaient créé un Comité franco-italien d’études historiques, qui a organisé une dizaine de colloques, alternativement dans une ville française et dans une ville italienne, et publié une série d’ouvrages sur les relations bilatérales, diplomatiques et autres, entre les deux pays 1. Les derniers volumes étaient intitulés Italia-Francia 1946-1954 et Italia, Francia e Mediterraneo 2. Ce comité d’historiens avait cessé d’exister en 1993, après la publication de Italia e Francia. I nazio- nalismi a confronto, sous la direction de Pierre Milza et Enrico Decleva 3. Dans l’espoir de renouer avec cette tradition, l’idée nous est venue de relancer les recherches sur la période qui commence au milieu des années 1950, d’autant que nos connaissances sur celles-ci ont beaucoup progressé. Les sources diplomatiques françaises sont désormais bien bali- sées, grâce à la publication des Documents diplomatiques français (DDF). Si on ne peut en dire autant pour les fonds du ministère italien des Affaires étrangères, la publication de recueils de documents 4 et des journaux de plusieurs personnalités italiennes 5 permet d’éclairer aussi les points de vue

1. J.-B. Duroselle et E. Serra (éd.), Italia e Francia dal 1919 al 1939, , FrancoAngeli, 1981 ; Id., Il Vincolo culturale tra Francia e Italia negli anni Trenta e Quaranta, Milan, FrancoAngeli, 1986 ; Id., Italia e Francia (1939-1945), Milan, Franco Angeli, 1984. 2. J.-B. Duroselle et E. Serra (éd.), Italia e Francia (1946-1954), Milan, FrancoAngeli, 1988 ; Id., Italia, Francia e Mediterraneo, Milan, FrancoAngeli, 1990. 3. E. Decleva et P. Milza (éd.), Italia e Francia. I nazionalismi a confronto, Milan, FrancoAngeli, 1993. 4. Si les Documents diplomatiques italiens (DDI) ne couvrent pas encore la période 1955-1967, on signale les précieux recueils de textes de P. L. Ballini et A. Varsori (éd.), L’Italia e l’Europa 1947-1979, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2004. 5. En particulier, Manlio Brosio (éd. U. Gentiloni Silveri), Diari di Washington (1955-1961), Diari di Parigi (1961-1964), Diari NATO (1964-1972), Bologne, Il Mulino, 2008, 2009, 2011 ; Amintore Fanfani, Diari 1956- 1959 (III volume), Diari 1960-1963 (IV volume), Rome, Senato della Repubblica, 2012 ; Luca Pietromarchi (éd. B. Bagnato), I diari di Luca Pietromarchi, ambasciatore italiano a Mosca, 1958-1961, Florence, Olschki, 2002. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 9-27. 9 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti de la diplomatie transalpine. Le moment semble donc venu de proposer une nouvelle synthèse des rapports entre France et Italie, en allant jusqu’à l’année 1967, c’est-à-dire en laissant de côté pour le moment les boulever- sements issus de « Mai 68 » et de « l’Automne chaud » italien de 1969.

Les relations franco-italiennes au soir de la IVe République (1955-1957)

La période qui s’ouvre en 1955 a une importance cruciale pour les deux pays. Sur le plan politique, c’est une année de changements : en France, Pierre Mendès France quitte le pouvoir au mois de février 6 ; en Italie, à la surprise générale, Giovanni Gronchi est élu président de la République en avril, ce qui entraîne, deux mois plus tard, la chute du cabinet de ; sur le plan européen, après l’échec de la Communauté européenne de défense, l’Italie est à l’origine de la conférence de Messine (1-3 juin 1955), à l’issue de laquelle les ministres des Affaires étrangères des Six chargent un comité, présidé par Paul-Henri Spaak, de réfléchir aux modalités d’une relance européenne ; sur le plan international, la conférence de Bandoeng réunit les leaders des pays non alignés, désormais majoritaires dans les instances multilatérales. Une décennie après la fin de la guerre, la relation diplomatique entre France et Italie ne saurait apparaître plus déséquilibrée : même affaiblie, la première demeure une puissance coloniale et dispose d’un siège perma- nent au Conseil de sécurité de l’ONU ; la seconde a perdu toutes ses colo- nies — même si elle a été mandatée pour administrer la Somalie jusqu’au 1er juillet 1960 — et a dû attendre le 14 décembre 1955 pour être admise aux Nations unies. Ce point de départ permet de comprendre les ressorts des politiques étrangères des deux pays. La France vise à défendre son statut de « Grand », en entamant les recherches qui lui permettront de se doter de l’arme nucléaire. L’Italie, quant à elle, cherche à affirmer son existence sur la scène internationale : elle réclame à son tour un siège au Conseil de sécurité — cela devient par la suite une constante de sa diplomatie —, le statut d’observateur à la conférence de Genève (1955) et un rôle actif dans les divers groupes de travail liés à l’OTAN. Ce déséquilibre entre deux puissances moyennes — l’une qui se perçoit toujours comme grande,

6. En janvier 1955, Pierre Mendès France avait effectué un voyage officiel en Italie, au cours duquel il avait défendu la mise en place de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et l’idée d’une « Europe troisième force », une expression qui revient souvent dans le débat italien, le plus souvent pour la critiquer. Cf. B. Bagnato, « Il viaggio di Pierre Mendès France in Italia (gennaiio 1955) », Storia delle relazioni internazionali, vol. 1-2, 1992, p. 99-134. R 10 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967 l’autre qui cherche à le devenir — tend cependant à s’estomper avec les événements de 1956. Au terme d’un processus lancé par le cabinet Mendès France, le Maroc et la Tunisie accèdent à l’indépendance, mais la France s’empêtre chaque jour davantage dans le conflit algérien. De son côté, désormais débarrassée de son passé colonial, l’Italie cherche à s’attacher la sympathie des nouveaux États d’Afrique du Nord 7, ce qui ne manque de provoquer des frictions entre Rome et Paris, qui s’étaient déjà affrontées sur la question de la communauté italienne de Tunisie 8. Sur le plan bilatéral, l’année s’ouvre cependant sous de bons auspices. Le 30 janvier, Paris et Rome célèbrent leur jumelage, qui se veut unique et exclusif : « Seule Paris est digne de Rome ; seule Rome est digne de Paris. » Peu après, le président Gronchi et le ministre des Affaires étran- gères Gaetano Martino effectuent une visite d’État en France (25-27 avril 1956). Ce voyage a une importance particulière, car c’est la première ren- contre entre chefs d’État depuis l’époque du roi Victor-Emmanuel III, qui avait visité la France en 1903, et du président Loubet, qui s’était rendu à Rome en 1904. Depuis cette époque, il y a eu vingt ans de fascisme avec ses relents francophobes, et l’épreuve du « coup de poignard dans le dos » qui a laissé des traces profondes. La visite de Gronchi scelle ainsi, sur le plan symbolique, la pleine réconciliation entre les deux pays. Comme le souligne le président René Coty, « il est donc naturel qu’en repoussant dans un passé à jamais révolu des controverses opposées à leurs instincts profonds, nos deux pays se tendent la main, avec franchise, pour marcher côte à côte sur les voies de l’amitié et de la coopération 9 ». Certes, des progrès notables ont été accomplis depuis la signature du traité de paix de 1947. Les deux pays font désormais partie de l’OTAN ainsi que de la CECA, et ont signé plusieurs conventions sur l’immigra- tion italienne en France. La visite d’État est elle-même précédée par la signature d’un nouvel accord commercial bilatéral. De part et d’autre, on affiche pourtant la volonté d’aller plus loin. Dans le discours qu’il adresse à son homologue français, Gronchi demande que « l’on abandonne toutes les habitudes et les tentations de décisions unilatérales et que l’on instaure effectivement et constamment la méthode des consultations réciproques ».

7. L’Italie parvient à établir des relations particulièrement étroites avec le Maroc, comme le montre la visite à Rome du sultan Mohammed V (janvier 1957) et bien d’autres initiatives bilatérales sur le plan commercial et culturel, comme le jumelage entre les villes de Fès et de Florence. 8. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre d’Italiens vivant en Tunisie avait fortement baissé : environ 85 000 en 1946, 51 000 en 1959, moins de 10 000 en 1969. 9. Les citations et le texte du communiqué viennent de la revue Esteri, vol. XX, no 18, 5 mai 1956, p. 484. R 11 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti

Lors des entretiens avec le président du Conseil Guy Mollet, les repré- sentants italiens précisent leur point de vue : en raison de leur « affinité latine », la France et l’Italie doivent avoir une position commune à l’ONU et à l’OTAN. En ce qui concerne cette dernière, Gronchi réaffirme le désir d’en étendre les compétences au domaine économique, comme l’envisage l’art. 2 du traité fondateur 10. Après l’échec de la CED, il évoque la création d’un Parlement européen à partir de l’Assemblée du Conseil de l’Europe, mais sans que la suggestion soit reprise du côté français. Enfin, lors de sa visite au Quai d’Orsay, il insiste sur la coordination des politiques étran- gères en Méditerranée, depuis le Maroc jusqu’au Moyen-Orient, et sur la contribution que l’Italie pourrait offrir aux pourparlers sur la réunifi- cation allemande. Le communiqué publié à la fin des entretiens insiste sur la coopération au sein de l’OTAN et au sujet du Moyen-Orient, avec notamment un plan d’assistance aux pays sous-développés. En revanche, il ne dit pas un mot de l’Euratom ni du Marché commun, car à ce moment- là, la France est encore réticente vis-à-vis d’une « relance » de l’intégration communautaire. Après l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, la visite d’État a aussi une importance sur le plan symbolique. L’hommage rendu au cimetière de Bligny, où reposent quelque 5 000 soldats italiens, morts lors de la Grande Guerre, vise à réactiver une mémoire commune. La pose de la première pierre de la Maison de l’Italie à la Cité universitaire de Paris, où séjournent par la suite de nombreux étudiants transalpins, est quant à elle un geste tourné vers les nouvelles générations 11. La seconde moitié de l’année 1956 est marquée par deux événements majeurs. Au mois d’octobre, les chars soviétiques entrent à Budapest, pro- voquant la mort de plusieurs milliers de personnes. Les « événements de Hongrie », selon l’expression employée à l’époque, ont des répercussions profondes en France et en Italie, où se trouvent les plus grands partis com- munistes d’Europe occidentale. Le PCI et le PCF connaissent une hémor- ragie de militants et une prise de distance de nombreux intellectuels. 101 intellectuels communistes italiens lancent un appel resté célèbre 12, tandis qu’en France, Jean-Paul Sartre et bien d’autres s’éloignent du parti. En Italie, cela coïncide aussi avec la prise de distance progressive des socia-

10. C’est De Gasperi qui, le premier, a demandé lors du Conseil Atlantique d’Ottawa (1951) d’étendre au domaine économique les compétences de l’OTAN. Cette revendication est constamment réaffirmée par Gronchi et par les représentants diplomatiques italiens tout au long de la période envisagée. 11. G. Albanese, La Maison de l’Italie. Storia della residenza italiana alla Cité Universitaire di Parigi, Milan, FrancoAngeli, 2004. 12. Sur ces aspects, F. Attal, Histoire des intellectuels italiens au xx e siècle. Prophètes, philosophes et experts, Paris, Les Belles Lettres, 2013. R 12 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967 listes vis-à-vis du PCI, ce qui ouvre aux premiers la route — ô combien longue — à une alliance de centre-gauche avec la Démocratie chrétienne (DC). La crise de Suez, quant à elle, met à rude épreuve l’entente franco-­ italienne. Le 26 juillet 1956, le colonel Nasser décide de nationaliser le canal de Suez et en ordonne la fermeture immédiate. Le 31 octobre, les deux puissances concernées — France et Grande-Bretagne — « faute de pouvoir canaliser le colonel, décident en quelque sorte de coloniser le canal 13 », et y envoient des navires de guerre tout en bombardant l’Égypte. Les autorités italiennes se trouvent partagées entre deux lignes : d’un côté, le président du Conseil Antonio Segni et le ministre Martino prônent la solidarité européenne ; de l’autre, le président Gronchi et le pétrolier Enrico Mattei, favorables à une politique pro-arabe, proposent une médiation avec Nasser. Au bout du compte, l’intervention des États-Unis et de l’Union soviétique oblige les deux puissances coloniales à faire marche arrière. La crise de Suez a plusieurs conséquences sur la scène européenne. D’un côté, elle a révélé la faiblesse de la France, déjà confrontée à des difficultés militaires en Algérie ; de l’autre, comme l’explique Sergio Romano, elle « permet à l’Italie de se présenter, dans le bassin méditerranéen, comme la moins coloniale des puissances européennes, désormais ravalées au rang de puis- sances moyennes 14 ». La crise de Suez a ainsi montré de manière évidente que Moscou et Washington sont devenus les nouveaux puissants du monde. Conscient de sa perte d’influence sur l’échiquier international, Paris réoriente sa po- litique vers la construction européenne. Favorable au projet de Commu- nauté de l’énergie nucléaire (Euratom), le gouvernement français avait jusque-là marqué ses réserves quant à un marché commun généralisé — sa préférence allant aux intégrations sectorielles. Le 29 mai 1956, les ministres des Affaires étrangères des Six, réunis à Venise, avaient approuvé le rap- port présenté par le comité Spaak, mais les négociations du château de Val Duchesse piétinaient depuis plusieurs mois. La crise de Suez joue un rôle d’accélérateur : en quelques mois, les pourparlers diplomatiques par- viennent à leur aboutissement. Le 25 mars 1957, les deux traités instituant l’Euratom et la Communauté économique européenne (CEE) sont signés à Rome, ce qui reconnaît le rôle clé joué par l’Italie. Le processus de rati- fication pourrait se heurter à des difficultés de part et d’autre des Alpes,

13. E. Vial, « La Crise de Suez », dans J. Marseille et N. Laneyrie-Dagen (éd.), Les Grands Événements de l’Histoire de France, Paris, Larousse, 1991, p. 292. 14. S. Romano, Guida alla politica estera italiana, da Badoglio a Berlusconi, Milan, BUR, 2004, p. 105. R 13 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti car les deux pays sont encore « protectionnistes », mais leurs Parlements les approuvent à une large majorité. La création du Marché commun prévoit le démantèlement progressif de tous les droits de douane avant le 1er jan- vier 1970. Au bout du compte, la libre circulation des marchandises est devenue effective le 1er juillet 1968, dix-huit mois avant la date prévue. La signature des traités de Rome précède de quelques jours la visite en Italie du président René Coty (9-13 mai 1957), qui a lieu au moment où s’ouvre la crise du gouvernement Segni. Dans ce contexte, le voyage appa- raît davantage comme « un geste de courtoisie à l’égard du peuple italien » que comme « un acte politique à des fins précises 15 ». Le président fran- çais est accueilli dans la capitale italienne par une foule très nombreuse. Comme le résume l’ambassadeur Jacques Fouques-Duparc, La population romaine, qui a trop connu sous le régime fasciste les manifestations orchestrées, passe généralement pour être aujourd’hui assez froide ; or, cette fois, s’il y avait du monde pour voir passer le président Coty, c’est bien que ce monde voulait y être ; si la foule applaudissait, c’est bien qu’elle voulait applaudir 16. René Coty se rend successivement au Quirinal, au Vittoriano, à la villa Médicis, à la mairie de Rome, au palais Farnèse et au Vatican 17. Le seul entretien politique a lieu au Quirinal le 11 mai. De cette conversation, note encore l’ambassadeur français, on ne pouvait attendre aucun résultat concret. […] Mais les entretiens permirent de constater qu’au-delà de l’accord profond entre les deux pays sur les principes généraux de la politique étran- gère, se manifestaient des points de vue quelque peu différents à propos de l’affaire de Suez ou du Marché commun, certains estimant peut-être que l’Italie avait fait trop de concessions 18. De fait, les mésententes manifestées lors de la crise de Suez s’accentuent à partir de l’été 1957, notamment en Afrique du Nord, où les intérêts de l’ancienne puissance coloniale se heurtent aux nouvelles ambitions médi- terranéennes de l’Italie. Cette politique de « néo-atlantisme 19 » — terme

15. Jacques Fouques-Duparc au Quai d’Orsay, le 17 mai 1957, DDF 1957 (I), p. 805. 16. Ibid. 17. Cette rencontre a une importance symbolique, car en 1904 le pape avait officiellement protesté contre la visite à Rome du président Loubet. La France avait réagi en rompant les relations diplomatiques. 18. Jacques Fouques-Duparc au Quai d’Orsay, le 17 mai 1957, DDF 1957 (I), p. 805. 19. Comme l’écrit l’ambassadeur français, « il n’est guère facile de définir exactement le “néo-atlantisme” dont il est tant parlé en Italie depuis plusieurs semaines. En effet, il s’agit davantage ici d’opportunisme que de doctrine et autant de politique intérieure que de politique extérieure. Le mot recouvre des tendances d’ori- gine diverses, démocrates-chrétiennes, nennistes et même néo-fascistes, mais toutes plus ou moins opposées à l’atlantisme orthodoxe. […] En réalité, se groupent sous cette étiquette ceux qui gardent la nostalgie et l’espoir de la détente entre l’Ouest et l’Est, ceux qui souhaitent que l’Italie mène une politique plus indépendante vis- à-vis de ses alliés, et ceux enfin que hantent encore les souvenirs du fascisme, et du rôle joué alors par l’Italie en R 14 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967 inventé au début de l’année par Giuseppe Pella — est notamment illustrée par la visite du président Gronchi en Iran (7-12 septembre 1957), au cours de laquelle le président de l’ENI, Enrico Mattei, signe le célèbre accord dit « 75-25 » avec la compagnie pétrolière de l’État iranien. La nouvelle for- mule rompt avec le « fifty-fifty » traditionnellement pratiqué par le cartel des « Sept Sœurs », qui ne laissait aux pays producteurs que 50 % des royal- ties. Cette politique est vue d’un mauvais œil non seulement par les pétro- liers anglo-saxons, mais aussi par la France, qui accuse Mattei de « souffler sur le feu du nationalisme arabe 20 ». En effet, le patron de l’ENI parie sur la future indépendance algérienne et finance secrètement le Front de libé- ration nationale (FLN). Il devient ainsi l’« ennemi public » des partisans de l’Algérie française. En 1961, l’Organisation de l’armée secrète (OAS) lui envoie une lettre qui se conclut par les mots : « Nous avons l’honneur de vous annoncer que le comité de l’OAS a décidé de vous condamner à mort ainsi que votre famille et vos enfants 21. » En octobre 1962, lorsque le fondateur de l’ENI meurt dans un accident d’avion qui est peut-être un attentat, la piste de l’OAS est l’une des plus fréquemment mises en avant. La guerre d’Algérie place le gouvernement italien dans une situation délicate : d’un côté, il soutient le processus de décolonisation ; de l’autre, il souhaite garder de bonnes relations avec l’allié français. Sa position s’appa- rente souvent à un jeu d’équilibrisme. On en a la preuve lors du premier Congrès méditerranéen de Florence 22 (3-6 octobre 1958), auquel assistent Gronchi, Fanfani et le prince héritier du Maroc, Moulay El Hassan, le futur Hassan II. L’ancien maire de Florence, Giorgio La Pira, prône le rappro- chement entre les trois religions du Livre, et espère que la rencontre pourra aboutir à des échanges fructueux sur le problème algérien. Or le Congrès tourne rapidement au fiasco : le représentant du FLN, Boumendjel, et le Marocain Mehdi Ben Barka montent à la tribune pour affirmer le caractère inéluctable de l’indépendance algérienne ; la délégation française quitte la salle en signe de protestation et n’y revient plus. Comme le résume l’envoyé du Palais Farnèse, « M. La Pira a commis de graves imprudences. La principale est sans doute d’avoir invité à Florence Arabes, Israéliens,

Méditerranée et en Afrique » (Jacques Fouques-Duparc au Quai d’Orsay, le 20 septembre 1957, Ministère des Affaires étrangères [dorénavant MAE], Série Europe, Italien, dossier 275). 20. Arnaud Wapler au Quai d’Orsay, le 22 août 1957, MAE, Série Europe, Italie, dossier 297. 21. on souligne souvent que les auteurs de cette lettre étaient mal renseignés, Mattei n’ayant pas d’enfant. 22. Le thème du congrès est significatif : « Nouvelles bases de réconciliation entre anciens États colonisateurs et anciens États colonisés. Valeurs communes des civilisations juive, chrétienne et arabe. Le Maghreb, terre de rencontre entre les civilisations occidentales et orientales ». R 15 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti membres du FLN et Français, sans s’être assuré au préalable du consente- ment de chacun à s’asseoir à la même table 23 ». Il faut cependant souligner qu’en dépit de ces difficultés, les années 1950 sont marquées par une intense coopération sur le plan militaire, qu’il n’est pas toujours aisé d’étudier car elle est couverte en partie par le secret- défense. La France et l’Italie sont membres fondateurs de l’OTAN : à cette époque, le siège de l’organisation se trouve encore à Paris, tandis que le commandement allié pour l’Europe du Sud est installé à Naples. Si l’Union de l’Europe occidentale est mise rapidement en sommeil, les ministres de la Défense allemand, français et italien, Strauss, Chaban-Delmas et Taviani, se réunissent plusieurs fois entre 1956 et 1957 pour envisager une bombe atomique commune. Ces projets secrets, qui ne sont pas allés très loin sur le plan technique, sont abandonnés après le retour au pouvoir du général de Gaulle, qui n’entend pas partager la dissuasion nucléaire, élément fon- damental de sa politique de grandeur.

Le retour du Général et les projets d’union politique européenne (1958-1962)

Il existe désormais de nombreuses études sur la politique étrangère du Gé- néral 24, y compris dans sa dimension franco-italienne 25. Lorsqu’il revient au pouvoir en 1958, les réactions en Italie sont généralement négatives, à cause des souvenirs de l’immédiat après-guerre et en particulier de la question du Val d’Aoste. On en avait déjà eu un aperçu en 1957, quand le gaulliste Gaston Palewski avait été nommé ambassadeur à Rome. En le recevant pour la remise des lettres des créances, le président Gronchi l’avait prévenu : « L’Italie est un beau pays, vous y serez toujours bien reçu, mais ne mettez pas les pieds au Val d’Aoste 26. » De l’autre côté des Alpes, les événements du 13 mai sont souvent perçus comme un coup d’État et cette impression s’accroît encore après l’adoption par référendum de la constitution de la Ve République : les partis de gauche, mais aussi une bonne partie de la DC refusent le modèle semi-présidentiel, souvent consi- déré comme un « nouveau fascisme ». Ce regard est influencé par les trans- ferts d’idées véhiculés par la presse et le personnel politique. Ainsi, les

23. Arnaud Wapler au Quai d’Orsay, le 6 octobre 1958, MAE, Série Europe, Italie, dossier 299. 24. Parmi les nombreux ouvrages qui lui ont été consacrés, nous nous bornons à citer celui de M. Vaïsse, La Grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle (1958-1969), Paris, Fayard, 1998. 25. P. Milza (éd.), De Gaulle et l’Italie, Rome, École française de Rome, 1997. 26. Témoignage d’Arnaud Wapler à Alessandro Giacone (2005). R 16 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967 communistes italiens reprennent-ils à leur compte les thèses du PCF, tandis que la DC observe d’un œil compatissant le déclin électoral du MRP. Du côté du Général, qui s’est formé sur les textes de la Rome antique, il y a en revanche une certaine sympathie pour la nation italienne — il n’em- ploie pas le terme connoté de « sœur latine » —, mais assez peu pour l’Italie contemporaine. Il assimile le système parlementaire italien à celui de la IVe République : un modèle arriéré, en quelque sorte, qui n’a pas encore connu l’évolution qu’il juge naturelle vers le régime semi-présidentiel. Année fondamentale dans l’histoire française, 1958 n’est pas sans impor- tance aussi pour l’Italie. Les élections législatives du 25 mai sont marquées par la victoire de la DC, qui gagne deux points (42 %) par rapport à 1953. Le secrétaire du parti majoritaire, Amintore Fanfani, accède à la prési- dence du Conseil et, dès le 7 août, il est reçu à Paris à l’hôtel Matignon 27. « De Gaulle veut me parler seul, écrit-il dans son Journal. Et il me dit qu’il est âgé, pas loin de la mort. C’est pour cela que, depuis longtemps, il désirait me rencontrer, puisqu’on a parlé de moi comme l’un des leaders futurs de l’Europe 28. » Les deux hommes évoquent une entente continen- tale entre France, Allemagne et Italie pour renforcer le rôle de l’Europe sur le plan politique et un plan d’aide afin de soustraire les pays du Moyen- Orient à l’influence soviétique. Selon toute évidence, le courant est passé entre eux et, de retour à Rome, Fanfani évoque même une « conversion européenne » du Général. L’entente de Gaulle-Fanfani est cependant de courte durée. Le 17 sep- tembre, le Général envoie à Eisenhower et Macmillan un mémorandum « réservé », où il propose d’installer un directoire à trois (États-Unis, Royaume-Uni, France) à la tête de l’OTAN. Le président du Conseil ita- lien est d’autant plus irrité qu’il n’apprend l’existence de ce projet qu’un mois plus tard. Il communique aussitôt à l’ambassadeur Palewski qu’il comprend que le Général ait envie de défendre les intérêts de la France, mais que l’OTAN risque de ne pas survivre à un directoire à trois : « J’ai ajouté que la connaissance du texte en Italie accroîtra l’écho des thèses neutralistes de Nenni. Pour cela, en tant qu’Occidental je dois me plaindre de l’initiative dangereuse de De Gaulle 29. » On voit là l’une des constantes de la diplomatie italienne, toujours hostile à la perspective de directoires ou d’ententes spéciales dont elle serait exclue. Certes, le danger est rapi- dement écarté, car les États-Unis ne donnent pas suite aux propositions

27. À l’époque, de Gaulle est encore président du Conseil. Sur cette rencontre, cf. DDF 1958 (II), p. 241-246. 28. A. Fanfani, Diari 1956-1959, ouvr. cité, p. 389. 29. Ibid., p. 409. R 17 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti gaulliennes. Dès lors, Fanfani cherche à renforcer le rôle de l’Italie dans le système de sécurité européenne, en acceptant d’installer des missiles Jupiter dans la région des Pouilles, et d’accroître sa propre influence, en nommant des fidèles (les « mau mau ») aux postes-clés de l’administration des Affaires étrangères. Parmi les victimes de ce vaste mouvement diplo- matique, il y a notamment l’ambassadeur italien à Paris, Alberto Rossi Longhi, rappelé à Rome à peine neuf mois après le début de sa mission. L’Italie n’a cependant pas un régime présidentiel et l’autoritarisme de Fanfani irrite jusqu’au sein de son propre parti. À plusieurs reprises, le gouvernement est mis en minorité au Parlement. En janvier 1959, Fanfani en tire les conséquences, en démissionnant avec éclat de ses fonctions de président du Conseil et de secrétaire de la Démocratie chrétienne. L’un des premiers actes de son successeur à la tête du gouvernement italien, Antonio Segni, est de se rendre à Paris. Le 20 mars 1959, il est reçu à l’Élysée par de Gaulle (qui, entre temps, a été élu président de la République) en présence des ministres des Affaires étrangères, Pella et Couve de Murville 30. Les interlocuteurs s’entendent sur le fait qu’une neutralisation de l’Allemagne placerait l’Italie et la France dans une situa- tion dangereuse. Les Italiens demandent à être associés aux pourparlers sur l’avenir de Berlin. Comme l’explique Pella, « l’Italie a accepté que des bases d’engins téléguidés soient installées sur son territoire. Comment le gouvernement pourrait-il expliquer à sa population que l’Italie, tout en étant en première ligne, est absente des discussions ? ». De Gaulle propose donc de publier un communiqué commun entre Allemagne, France et Italie pour manifester officiellement la coopération entre les trois pays : « Nous avons tourné une page de notre histoire avec l’Allemagne et nous voulons coopérer avec vous, bien qu’il y ait eu quelques griefs entre l’Italie et la France, mais pas du tout au même degré qu’entre la France et l’Alle- magne. » Au terme de la rencontre, Segni invite le Général à se rendre en Italie. Celui-ci accepte, en soulignant que ce sera la première visite qu’il effectuera à l’étranger en tant que chef de l’État. Ce voyage en Italie (23-27 juin 1959) constitue un parfait exemple d’un usage politique de l’histoire. Gronchi et de Gaulle se rendent d’abord sur les champs de bataille de Solferino et à Magenta, où les troupes de Victor-Emmanuel II et de Napoléon III ont remporté deux victoires fon- damentales durant la 2e guerre d’indépendance italienne. Mais comme l’explique le Général à son homologue italien, « en dehors des célébrations des batailles de la campagne de 1859, le but de son voyage est de voir com-

30. Les citations suivantes sont tirées de DDF 1959 (I), p. 399-400. R 18 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967 ment les deux pays peuvent coopérer 31 ». Gronchi lui répond que l’Italie y est toute disposée, mais qu’elle manque de moyens diplomatiques. En dépit de la bonne volonté des alliés européens, elle se sent tenue à l’écart, comme cela a été le cas, un an plus tôt, après le coup d’État en Irak. La conversation, qui a lieu dans le train présidentiel les amenant à Rome, aborde aussi le rapport à l’OTAN. De Gaulle souligne que « la France, l’Allemagne et l’Italie ont été abîmées, mais que ces trois pays reprennent les éléments de leur puissance et il n’y a pas raison d’abandonner la direc- tion de l’Europe continentale aux Anglo-Saxons, notamment aux Améri­ cains ». Gronchi observe que l’Italie devrait avoir une situation analogue à celle de la France : « Il n’y a pas de raison, en effet, pour que l’Italie accepte que les questions touchant la Méditerranée soient réglées en dehors d’elle. De même, pour l’Orient, l’Italie voudrait avoir une politique, mais elle est ligotée par l’OTAN, et elle n’ose pas prendre d’initiative. » Enfin, le président français expose la politique qu’il entend mener en Algérie : Ce qu’il faut, c’est qu’[elle] puisse choisir en connaissance de cause. Il faut la déve- lopper politiquement, culturellement, socialement. Il faut qu’elle puisse savoir ce qu’elle veut. […] Les dirigeants du FLN ne sont pas et ne seront jamais le gouverne- ment de l’Algérie, car ils font avant tout la guerre civile entre musulmans. L’avenir de l’Algérie, c’est le suffrage universel. À l’issue de la visite, Gronchi livre à l’ambassadeur Brosio son juge- ment sur le Général : « Il n’est pas trop intelligent, mais c’est un homme de bon sens qui, à ce qu’il paraît, réfléchit à ces questions 32. » Le principal point de désaccord entre les deux pays demeure la question européenne : après son retour au pouvoir, de Gaulle a accepté les traités de Rome mais s’oppose à tout pas supplémentaire vers une Europe supra- nationale. À Rome, les gouvernements successifs défendent en revanche le projet d’une Europe fédérale. Comme le précise une note de la Farnesina (été 1959), l’objectif principal de la diplomatie française est d’éviter une dérive neutraliste de l’Allemagne : le Général pense que cette coopération franco-allemande doit s’insérer dans le cadre plus large de l’Europe des Six : « Voilà l’essence et les limites de l’européisme de De Gaulle 33. » La question se pose aussi au sein de l’OTAN, où le Général défend toujours le principe d’un directoire des « Trois Grands ». Le chancelier Adenauer propose une formule de conciliation : le comité directeur de l’OTAN

31. Les citations suivantes sont tirées de l’entretien de De Gaulle-Gronchi, très secret, DDF 1959 (I), p. 873-876. 32. M. Brosio, Diari di Washington, ouvr. cité, p. 451. 33. « Elementi per l’incontro con il presidente de Gaulle », sans date [été 1959] dans P. L. Ballini et A. Varsori, L’Italia e l’Europa 1947-1979, ouvr. cité, doc. 81, p. 341. R 19 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti inclurait aussi l’Allemagne et l’Italie ainsi que, par rotation, un autre pays de l’alliance. Telle est la situation à la veille d’une nouvelle réunion bilatérale à l’Élysée, qui réunit de Gaulle, Debré, Segni et Pella (4 septembre 1959) 34. Le Général prend dès le début la parole pour préciser qu’il s’agit d’in- former et d’être informé en toute franchise : « Entre nous, il n’y a rien à cacher. » Entre temps, une nouvelle question a surgi : la France s’apprête à faire exploser sa première bombe atomique. Segni manifeste les craintes que cela suscite en Italie, et que les communistes n’ont pas manqué d’ex- ploiter à des fins politiciennes. De Gaulle fait remarquer que la localité choisie pour l’expérimentation des bombes offre les meilleures garanties afin d’éviter des effets dommageables pour les régions environnantes. Il s’engage par ailleurs à fournir toutes les données nécessaires aux experts que le Gouvernement italien estimera opportun de nommer 35. En échange de leur attitude compréhensive, les autorités italiennes demandent, une fois de plus, à être associées aux travaux préparatoires des prochaines conférences au sommet sur la sécurité et le désarmement 36. L’autre sujet placé au centre des discussions est la coopération diplo- matique au niveau européen. Les ministres des Affaires étrangères des Six se réunissent à Strasbourg (23 novembre 1959), puis à Rome (25-26 jan- vier 1960). Il est convenu d’organiser une réunion tous les trois mois afin de coordonner les positions de chacun en politique étrangère. Cela mène au projet d’une « union politique », que de Gaulle et Adenauer évoquent lors des entretiens de Rambouillet (29 juillet 1960). Cette fois, le Général n’omet pas d’y associer l’Italie. Le 3 septembre, c’est toujours à Ram- bouillet qu’il reçoit Fanfani, revenu à la tête du gouvernement italien en juillet 1960. La Communauté existe, dit-il, mais sa Commission économique européenne ne sait pas toujours fonctionner, et parfois elle ne le peut par absence de pouvoirs que les gouvernements ne lui donnent et ne peuvent pas lui donner […]. Il faut préparer une coordination sur le plan politique, en réunissant les six chefs de gouvernement, avec un secrétariat qui en prépare les réunions 37.

34. Ibid., doc. 83, p. 350-353. 35. Au bout du compte, le premier essai nucléaire aura lieu le 13 février 1960 dans le désert du Sahara. Dans les mois suivants, des rumeurs feront état aussi de possibles essais en Corse, ce qui ne manquera pas d’alarmer le gouvernement italien, en particulier le ministre Antonio Segni, dont le fief politique se trouve en Sardaigne. 36. Le 7 décembre 1959, Pella s’entretient à Rome avec Couve de Murville et lui suggère que les Trois publient ce communiqué : « Les trois puissances, en considération du fait que l’Italie et le Canada font partie du Comité des Dix, ont décidé d’associer ces deux pays aux travaux préparatoires et aux rencontres préliminaires à la Conférence au sommet sur le désarmement et la question de la sécurité. » (DDF 1959 (II), p. 690) 37. Les citations de cette rencontre sont tirées de A. Fanfani, Diari 1960, ouvr. cité, p. 195-198. R 20 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967

Fanfani marque son accord, à condition que l’esprit des traités de Rome ne soit pas remis en cause. Afin d’éliminer tout soupçon de leadership français, il propose que les ministres des Affaires étrangères se réunissent à tour de rôle dans les six États membres : « Les préventions sur le leadership existent, et on ne peut les éviter qu’en acceptant la rotation. » Enfin, ils abordent la création d’une université européenne à Florence. De Gaulle se dit favorable à un institut culturel, mais pas à une université qui délivrerait des diplômes européens, tant que le problème de la supranationalité en matière culturelle n’est pas résolu. L’année 1961 est consacrée aux négociations sur l’union politique. Après les conférences au sommet de Paris (10-11 février) et de Bad Godesberg (18 juillet), le gouvernement français présente la première version du Plan Fouchet (19 octobre 1961) : il s’agit de créer une « Europe des nations » qui s’occuperait de trois secteurs : la politique étrangère, la défense et l’édu- cation. Le Général a dû faire des concessions aux autres pays de la CEE : ainsi, les affaires économiques restent du ressort de la CEE et l’OTAN est explicitement mentionnée. L’accord semble proche, lorsque de Gaulle décide de rouvrir la question. Le 18 janvier 1962, Christian Fouchet pré- sente une nouvelle version du texte, où il n’est plus question de la CEE ni de l’OTAN. Les autres pays membres ne l’acceptent pas et il revient à un diplomate italien, Attilio Cattani, de proposer une nouvelle mouture du traité. Le 4 avril 1962, de Gaulle et Couve de Murville se rendent à Turin, où ils rencontrent Fanfani et Segni. Les Français acceptent de rendre à la CEE les compétences en matière économique, tandis que les Italiens tirent un trait sur l’élection de l’Assemblée parlementaire au suffrage uni- versel. Cette version du plan, appelée désormais « Fouchet-Cattani », est présentée à Paris le 17 avril 1962 aux ministres des Affaires étrangères des Six. La RFA donne son accord, mais les Pays-Bas et la Belgique déclarent qu’ils ne signeront pas aussi longtemps que la Grande-Bretagne ne sera pas membre de la CEE. Cela marque la fin des plans Fouchet et des projets européens du général de Gaulle.

Le temps des malentendus (1962-1967)

Malgré l’échec de l’union politique, l’année 1962 marque une stabilisation du cadre politique dans les deux pays. Après une série de tentatives insur- rectionnelles des ultras de l’Algérie française (la semaine des barricades de janvier 1960 et le putsch des généraux d’avril 1961), les accords d’Évian, signés le 18 mars 1962, mettent fin à un conflit qui a duré huit ans. Dans R 21 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti cette période, l’Italie s’est souvent trouvée dans une situation inconfor- table, surtout lorsque les pays afro-asiatiques ont présenté à l’Assemblée de l’ONU des motions réclamant l’indépendance algérienne. Si elle a parfois hésité sur l’attitude à adopter, l’Italie a toujours fini par s’abstenir, au lieu de censurer son allié français. Même après Évian, l’Italie reste cependant concernée par les suites de la guerre d’Algérie. Plusieurs chefs de l’OAS y trouvent refuge, en particulier Soustelle et Bidault. Ce dernier constitue à Rome le comité exécutif d’un soi-disant Conseil national de la Résistance de l’Algérie française (20 mars 1962). Même si cela risque de provoquer de nouvelles frictions, les autorités italiennes décident de ne pas le remettre à la France. Le cas de Bidault est plus singulier. Rappelant sa position ita- lophile au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il demande l’asile politique. Le gouvernement italien décide pourtant de l’expulser, et lui fait passer en secret le col du Brenner 38. La vie politique de la Péninsule connaît elle aussi un tournant en 1962. Les années précédentes ont été caractérisées par une forte croissance éco- nomique, dont les analystes français n’ont pas toujours pris la mesure 39. Pendant ce « miracle économique », l’écart entre les deux pays tend ainsi à se réduire, mais l’Italie souffre d’une instabilité gouvernementale à peu près permanente. Ces contradictions sont parfaitement illustrées par l’année 1960, qui est tout à la fois celle des Jeux Olympiques de Rome, montrant au monde les succès du « miracle économique », et celle des émeutes san- glantes sur lesquelles s’achève l’expérience de centre-droit du gouverne- ment Tambroni. Lors du congrès de Naples (février 1962), la DC accepte de s’allier aux socialistes, ce qui ouvre la voie au quatrième gouvernement Fanfani — avec le soutien sans participation du PSI — puis au premier cabinet Moro, avec des ministres socialistes pour la première fois depuis 1947. En parallèle, pour rassurer les milieux conservateurs, Antonio Segni est élu à la présidence de la République. Les relations franco-italiennes, en revanche, tendent à se dégrader après l’échec des plans Fouchet. Le 14 janvier, le Général met son veto à l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE : selon lui, l’adhésion britannique mettrait fin aux espoirs d’une Europe autonome sur les plans diplomatique et mili- taire. Quelques jours plus tard, de Gaulle et Adenauer signent le traité de l’Élysée (22 janvier), très mal perçu de l’autre côté des Alpes. Ce pas en avant de l’amitié franco-allemande est interprété comme un acte émi- nemment anti-européen et même dangereux pour la solidarité atlantique :

38. Cf. à ce sujet P. E. Taviani, Politica a memoria d’uomo, Bologne, Il Mulino, 2002, p. 312-315. 39. P. Lafond, Le Miroir français de la croissance italienne (1945-1963), Rome, École française de Rome, 2008. R 22 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967 la coopération préconisée dans le cadre de l’union politique (politique étrangère, défense, éducation) est désormais réservée au couple franco-­ allemand. Dans les années qui suivent, l’Italie balance entre deux attitudes : d’un côté, elle souhaiterait être inclue dans les accords liant la France et la RFA ; de l’autre, elle encourage l’adhésion du Royaume-Uni, dans l’espoir de former un axe italo-britannique faisant contrepoids au couple franco-allemand. Par ailleurs, le président Kennedy vient d’annoncer son projet de force multilatérale (MLF), auquel Paris est hostile tandis que Rome l’accueille avec enthousiasme. Comme l’explique le président Segni à l’ambassadeur Armand Bérard, pour l’Italie et pour l’Allemagne la MLF « était le moyen de régler la question de la défense nucléaire. La situation de la France était différente. Il ne comprenait pas au nom de quels prin- cipes on nous reprochait les efforts déployés par notre pays pour se doter d’une force nucléaire 40 ». De même, la décision française de reconnaître la Chine populaire (janvier 1964) a été peu appréciée par les partenaires atlantiques. L’Italie y voit un autre signe de la distance croissante entre la France et l’OTAN. La visite d’État en France du président Segni (19-22 février 1964) a donc lieu dans une conjoncture peu propice aux avancées politiques, comme le met en évidence le briefing envoyé en février 1964 par l’ambassadeur Bérard. Le président de la République Antonio Segni, un démo-chrétien qui voit les incon- vénients de la démagogie parlementaire, le président du Conseil Aldo Moro, un homme calme, doux, partisan des compromis, le ministre des Affaires étrangères Giuseppe Saragat qui considère la France comme sa seconde patrie, ces trois hommes qui dirigent la politique étrangère italienne sont des amis sincères de notre pays. Et pourtant, les positions arrêtées actuellement par cette politique sont nettement oppo- sées aux nôtres. Voilà le fait 41. Du côté italien, le voyage avait été préparé dans l’espoir de relancer les projets d’union politique. Segni et Saragat auraient souhaité le retarder de quelques mois, en attendant les résultats des élections au Royaume-Uni 42. Comme cela n’a pas été le cas, les autorités italiennes se présentent à Paris les mains vides. La visite se limite ainsi à un simple échange de courtoisies. Lors de la réception officielle, de Gaulle souligne dans un discours inspiré (mais sans contenu politique) la relation privilégiée entre les deux pays.

40. Armand Bérard au Quai d’Orsay, le 20 janvier 1964, réservé, MAE, Série Europe, Italie, dossier 392. 41. Armand Bérard au Quai d’Orsay, le 11 février 1964, MAE, Série Europe, Italie, dossier 392. 42. Les élections législatives du 15 octobre 1964 verront la victoire des travaillistes d’Harold Wilson. R 23 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti

Que vous, Italiens, et nous, Français, nous comprenions aussitôt que nos rapports soient remplis d’aise, c’est là l’effet des liens innombrables et privilégiés qu’ont créés entre nous, que ne cessent pas d’entretenir et que continuent de multiplier une étroite parenté latine, une commune civilisation vécue depuis deux millénaires, une conti- nuelle osmose physique, intellectuelle et morale de deux peuples joints et voisins au bord de la Méditerranée. En dépit des vicissitudes, des disputes, parfois des conflits, l’Italie et la France se tiennent pour ce qu’elles sont, je veux dire deux filles d’une même famille naturellement plus rapprochées qu’elles ne le sont d’aucun pays de l’univers 43. Dans son allocution, Segni répond au Général : Vous avez bien voulu sceller cette promesse en visitant, pendant l’été de 1959, les champs de bataille de notre Risorgimento. À Magenta et à Solferino, le sang français a coulé pour l’indépendance de l’Italie : nous ne l’oublierons pas. Moi aussi je me rendrai après-demain à Bligny, où le sang italien a coulé pour la France en terre française 44. Au cours des entretiens bilatéraux, on évoque les questions habituelles de l’immigration italienne, des échanges économiques et de la construc- tion européenne. Les divergences sont manifestes au sujet de l’OTAN. Les Italiens insistent sur la nécessaire coopération atlantique. La réponse du Général est résumée dans le rapport de l’ambassadeur Lucet : « La France demeurait attachée à l’alliance avec l’Amérique, mais il lui paraissait moins naturel qu’au gouvernement de Rome d’accepter comme un fait que l’alliance devait nécessairement prendre ses directives à Washington et en accepter toutes les décisions 45. » Une fois n’est pas coutume, ces désaccords sont mentionnés dans le communiqué : « Les deux gouvernements en- tendent garder un contact étroit afin d’assurer, malgré certaines différences de conceptions ou de méthodes, une compréhension réciproque des points de vue sur les problèmes internationaux d’intérêt commun 46. » Lors du dîner qui clôt la visite de Segni, de Gaulle résume ces différends par un bref discours ironique : « Nous sommes presque d’accord, sur presque tous les points, nous avons presque les mêmes opinions ; que voulez-vous de plus 47 ? »

43. Ch. de Gaulle, Discours et messages, t. IV, Paris, Plon, 1970, p. 207-208. 44. A. Segni, Discorsi e messaggi del Presidente della Repubblica Antonio Segni, Rome, Segretariato generale della Presidenza della Repubblica, 2007, p. 216-218. 45. DDF 1964 (I), p. 243-245. 46. Le communiqué final se trouve dans MAE, Série Europe, Italie, dossier 393. 47. M. Brosio, Diari di Parigi, ouvr. cité, p. 453. Le rapport de l’ambassadeur Lucet abonde dans le même sens : « De ces conversations, il y a peu de choses positives à dire. Elles se sont déroulées dans le climat amical bien naturel entre les deux pays. Mais du côté italien, on tenait essentiellement à ne point trop s’engager et même à marquer, pour des raisons de politique intérieure, que l’on ne pouvait être entièrement d’accord avec R 24 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967

L’année suivante, l’amitié franco-italienne est cependant réaffirmée par un acte symbolique : le 16 juillet 1965, Charles de Gaulle et Giuseppe Saragat, élu quelques mois plus tôt à la présidence de la République 48, inaugurent conjointement le tunnel du Mont-Blanc. Il s’agit d’un chan- tier colossal pour l’époque : les 11,6 km du tunnel ont été creusés à la pioche, de part et d’autre, par quatre cents ouvriers français et italiens 49. L’exploit technique est célébré comme une réalisation qui rapprochera les deux peuples — songeons aux difficultés que rencontre aujourd’hui le projet du TGV Lyon-Turin — et constitue la toile de fond du magnifique roman de Giovanni Arpino, Le mille e una Italia 50. Ouvert à la circulation le 19 juillet suivant, ce tunnel constitue la première liaison autoroutière entre la France et l’Italie : depuis, en cinquante ans, il a été traversé par plus de 60 millions de véhicules. Lors de la cérémonie d’inauguration du 16 juillet, un jeune homme a réussi à forcer le cordon de sécurité et à apporter un message « fédé- raliste » à Charles de Gaulle. Ce curieux épisode rappelle les difficultés que connaît alors la construction européenne. Au début de l’année 1965, le président de la Commission CEE, Walter Hallstein, a proposé que, dans les nouveaux règlements de la Politique agricole commune (PAC), les décisions au Conseil des ministres soient désormais prises à la majorité et non plus à l’unanimité. Pour la France, cela constitue un inacceptable abandon de souveraineté. Le 30 juin, de Gaulle annonce que les représen- tants français ne siégeront plus aux réunions du Conseil des ministres : c’est le début de la « crise de la chaise vide ». Il faut attendre la mise en ballottage du général de Gaulle lors du 1er tour de l’élection présidentielle (décembre 1965), pour que la France accepte de se mettre à la table des négociations. Le ministre italien joue un rôle important lors des réunions qui aboutissent au « compromis du Luxembourg » (jan- vier 1966) : le vote à la majorité demeure la règle, mais lorsqu’un État fait valoir son « intérêt vital », la décision doit faire l’objet d’un accord una- nime des États membres du Conseil. Un mois après la fin de la « crise de la chaise vide », lors d’une confé- rence de presse de Gaulle déclare le retrait de la France du commandement

le gouvernement français, principalement en ce qui concerne l’Europe et les rapports avec les États-Unis. » (DDF 1964 (I), p. 243-245) 48. Son prédécesseur Antonio Segni ayant démissionné pour des raisons de santé. 49. La jonction des équipes française et italienne a eu lieu le 14 août 1962, après six ans de travaux. Ensuite, encore trois ans ont été nécessaires pour équiper le tunnel. 50. Il s’agit du voyage initiatique d’un garçon sicilien, Riccio, qui traverse l’Italie jusqu’au Val d’Aoste, où son père travaille comme mineur au chantier du tunnel. G. Arpino, Le Mille e una Italia, Turin, Einaudi, 1960. R 25 Alessandro Giacone et Marco Maffioletti intégré de l’OTAN, dont le siège quitte Paris pour Bruxelles (21 février 1966). Cette annonce n’est pas une surprise : au cours des deux années pré- cédentes, le Général avait manifesté une irritation croissante à l’égard de l’organisation, dont Manlio Brosio est le secrétaire général depuis 1964 51. La décision est vivement critiquée en Italie, qui la considère comme une nouvelle fuite en avant, tandis que la presse italienne multiplie ses attaques contre la France. Le quotidien de la bourgeoisie d’affaires, le Corriere della Sera, n’hésite pas à évoquer le « fascisme » du Général. Dans ce contexte difficile, le président Saragat se fait souvent le garant des relations franco- italiennes. En 1945-1946, il avait été ambassadeur à Paris au moment où de Gaulle était président du Conseil. Cette amitié de vingt ans ne s’est jamais démentie et, tout en étant un atlantiste fervent, Saragat prend souvent la défense du président français. Le 1er juin, il explique à l’am- bassadeur Bérard que l’on pouvait « pour des questions de doctrine, ne pas approuver telle ou telle chose du gouvernement français, mais on ne pouvait pas discuter la noblesse et l’élévation de la pensée du Général 52 ». Quelques jours après, il réitère sa solidarité : Je tenais à vous redire dans ce bureau combien j’avais été scandalisé par l’ignoble article du Corriere della Sera. J’ai vécu de longues années en France comme émigré, mes enfants parlent le français au moins aussi bien que l’italien. Non, ce n’est pas cela la France. Il est impossible de la reconnaître dans de pareilles lignes. Ce sont des propos d’ancien fasciste, des relents de l’ancien régime. Nous ne les acceptons pas 53. Le troisième et dernier voyage du président de Gaulle en Italie a lieu les 29-30 mai 1967, à l’occasion du dixième anniversaire des traités de Rome. Retardée plusieurs fois, la cérémonie se déroule au Capitole dans une atmosphère glaciale, en raison des désaccords persistants entre la France et les cinq autres membres de la CEE. Ces divergences s’accentuent encore lorsque le Général prend le parti des pays arabes contre Israël lors de la guerre des Six Jours (5-10 juin 1967), puis renouvelle unilatéralement son veto à l’égard de l’adhésion britannique (27 novembre 1967). Tout au long de la période gaullienne, on assiste ainsi à des poussées périodiques de fièvre, qui n’ont cependant pas d’incidence sur les relations entre les deux pays, restées généralement bonnes. Comme l’écrit l’ambas- sadeur Bérard au terme de sa mission en Italie,

51. Pour une description au jour le jour de ces affrontements, nous renvoyons encore à M. Brosio, Diari NATO (1964-1972), Bologne, Il Mulino, 2011. 52. Armand Bérard au Quai d’Orsay, 1er juin 1966, MAE, Série Europe, Italie, dossier 394. 53. Armand Bérard au Quai d’Orsay, 10 juin 1966, MAE, Série Europe, Italie, dossier 394. R 26 Les relations diplomatiques franco-italiennes de 1955 à 1967

[…] on connaît les complexes envers la France d’une population qui vit dans les souvenirs d’hégémonie politique et culturelle du passé et dont la presse, trop souvent animée par des réactions de jalousie, ne nous est que rarement favorable. Mais sous ces sentiments existe une admiration et une amitié foncières sur lesquelles peuvent et doivent se développer entre nos deux pays des relations de coopération et de fra- ternité, surtout si nous savons donner à nos voisins italiens le sentiment que nous les considérions et les traitons sur un pied d’égalité 54. On voit là toute de l’ambiguïté des rapports entre deux puissances moyennes, dont l’une poursuit des illusions de grandeur, tandis que l’autre souffre d’un complexe d’infériorité. Avec le temps, l’opinion italienne vis- à-vis de l’action du général de Gaulle tendra cependant à changer, et le système semi-présidentiel de la Ve République fera désormais figure de modèle. Ce n’est pas le moindre paradoxe de cette période cruciale des relations franco-italiennes.

54. Armand Bérard au Quai d’Orsay, le 25 mai 1967, très confidentiel, MAE,Série Europe, Italie, dossier 394. R 27

Le contexte général : des traités de Rome à la décennie gaulliste

La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia tra storia politica e storiografia transnazionale

Sante Cruciani Università degli Studi della Tuscia

I rapporti bilaterali tra la Francia e l’Italia sono stati indagati da Jean- Baptiste Duroselle, Enrico Serra e Pierre Guillen, prendendo in considera- zione la dimensione politica e culturale degli anni Venti e Trenta, la cesura della Seconda guerra mondiale e la ripresa delle relazioni diplomatiche, dalla ricostruzione agli anni Cinquanta 1. Costituito nel 1984, il Gruppo di collegamento degli storici europei presso la Commissione ha collocato i rapporti tra i due paesi nella cornice del processo d’integrazione, dagli esordi della Ceca e della Cee agli sviluppi più recenti dell’Unione europea 2. Superando una lettura del processo d’integrazione come semplice ri- flesso della guerra fredda e della strategia americana del contenimento antisovietico, la scuola francese di storia delle relazioni internazionali, con René Girault, Robert Frank e Gérard Bossuat, ha posto al centro della ricerca i caratteri più originali della costruzione europea, dando vita a una stagione di studi sull’interazione tra gli Stati nel processo di integrazione e nella formazione dell’identità dell’Europa 3.

1. J.-B. Duroselle e E. Serra (a cura di), Italia e Francia dal 1919 al 1939, Milano, FrancoAngeli, 1981; Id., Italia e Francia 1939-1945, Milano, FrancoAngeli, 1984; Id., Italia e Francia: 1946-1954, Milano, FrancoAngeli, 1988; P. Guillen (a cura di), La France et l’Italie dans les années cinquante, Grenoble, Crhipa, 1988. 2. Si vedano almeno R. Poidevin (a cura di), Histoire des débuts de la construction européenne, mars 1948- mai 1950, Bruxelles, Bruylant, 1986; G. Trausch (a cura di), The European Integration from the Schuman Plan to the Treaties of Rome, Bruxelles, Bruylant, 1993. L’elenco completo delle pubblicazioni del Gruppo di collega- mento degli storici europei presso la Commissione e la collezione della rivista «Journal of European Integration History» sono consultabili sul sito del Centre d’études et de recherches européennes Robert Schuman (). 3. R. Girault et G. Bossuat (a cura di), Europe brisée, Europe retrouvée. Nouvelles réflexions sur l’unité euro- péenne au xx e siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 31-45. 31 Sante Cruciani

Sulla scia delle ricerche coordinate da Alan S. Milward presso l’Istituto Universitario Europeo e di un’interpretazione del processo di integrazione come strumento privilegiato della ‘rinascita dello Stato Nazione’ in Eu- ropa occidentale, sono state affrontate nello stesso tempo le dinamiche della modernizzazione, dello sviluppo economico e del Welfare state nello spazio politico europeo 4. Per quanto riguarda la storiografia italiana, il confronto serrato tra gli ambiti disciplinari della storia contemporanea e delle relazioni internazionali promosso da Pier Luigi Ballini e Antonio Varsori ha condotto a riscoprire il ruolo dell’Italia nel processo di inte- grazione, ponendo l’attenzione sui partiti politici, i sindacati, i gruppi di interesse e le politiche comunitarie 5. Nel quadro di una storiografia ormai transnazionale 6, la ricostruzione dei rapporti tra la Francia e l’Italia nel biennio compreso tra il ‘rilancio europeo’ del 1955 e la firma dei Trattati di Roma del 1957 può mettere in risalto le dinamiche nazionali e sovranazionali alla base di un pas- saggio significativo della loro storia politica, come quello dalla Quarta alla Quinta Repubblica e dal centrismo al centrosinistra. Si tratta di una ipotesi interpretativa che deve prendere le mosse dalla collocazione dei due paesi nello scenario internazionale determinato dalla battuta d’arresto della Comunità europea di difesa (Ced) e della Comunità politica europea (Cpe), soffermarsi sulla strategia della Francia e dell’Italia durante i nego- ziati sul Mercato comune europeo e l’Euratom ed esaminare il dibattito tra i partiti politici sulla ratifica dei trattati all’Assemblea nazionale e alla Camera dei deputati.

La Francia e l’Italia dalla Conferenza di Messina ai Trattati di Roma

Come ha osservato Jean-Baptiste Duroselle, il contesto internazionale suc- cessivo al rigetto francese della Ced e della Cpe dell’agosto 1954, a causa dell’opposizione congiunta dei gollisti e dei comunisti all’Assemblea nazio-

4. A. S. Milward, The Reconstruction of Western Europe 1945–51, London, Methuen, 1984; Id., The European Rescue of the Nation State, London, Routledge, 1992; A. S. Milward, F. Lynch, R. Rainiero, F. Romero e V. Sorensen, The Frontier of National Sovereignty History and Theory 1945–1992, London, Routledge, 1993. 5. P. L. Ballini e A. Varsori (a cura di), L’Italia e l’Europa (1947-1979), Soveria Mannelli, Rubbettino, 2004; P. Craveri e A. Varsori (a cura di), L’Italia nella costruzione europea. Un bilancio storico (1957-2007), Milano, FrancoAngeli, 2009; A. Varsori, La Cenerentola d’Europa? L’Italia e l’integrazione europea dal 1947 a oggi, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2010. 6. A. Varsori (a cura di), Inside the European Community. Actors and Policies in the Europen Integration 1957–1972, Bruxelles, Bruylant, 2006; G. Bossuat, É. Bussière, R. Frank, W. Loth e A. Varsori (a cura di), L’Expérience européenne : 50 ans de construction de l’Europe 1957-2007, Bruxelles, Bruylant, 2010. R 32 La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia nale, può essere giudicato «uno dei più movimentati e più creativi» 7 del secondo dopoguerra. Oltre a ridimensionare l’urgenza del riarmo tedesco entro una Comunità europea di difesa, la distensione tra Stati Uniti e Unione Sovietica è accompagnata dalla nascita del movimento dei paesi non allineati, dal ritorno della Gran Bretagna sulla scena europea e dalla riorganizzazione della politica estera francese e italiana. All’indomani dell’ingresso della Repubblica Federale Tedesca e dell’Ita- lia nel Patto di Bruxelles e della formazione dell’Unione europea occiden- tale (Ueo), la prospettiva di far ripartire la costruzione europea mediante una zona di libero scambio guidata dalla Gran Bretagna è accolta con favore dal ministero Mendès France e con scetticismo dal governo Scelba. Se in occasione della visita di Stato a Roma dell’11-12 gennaio 1955, il disegno di Pierre Mendès France di una Europa ‘terza forza’ non trova riscontro nell’atlantismo del presidente del Consiglio Scelba e del mini- stro degli Esteri Gaetano Martino 8, l’avvento di un governo presieduto da Edgar Faure non riduce le distanze tra la Francia e l’Italia sulla scena politica internazionale. Il ‘rilancio europeo’ promosso nel maggio 1955 dai paesi del Benelux, d’intesa con l’ex presidente dell’Alta Autorità della Ceca Jean Monnet, attraverso la creazione di una Comunità europea dell’energia atomica e di un Mercato comune europeo, è affrontato in maniera sensibilmente diversa dai due paesi. Mentre il governo Faure mostra interesse per la Comunità europea dell’energia atomica, senza escludere il settore mili- tare, ma risente delle divisioni tra la posizione favorevole dell’Mrp e l’osti- lità dei gollisti al Mercato comune europeo, il governo Scelba individua nella proposta del Benelux lo spazio sovrannazionale nel quale proiettare il Piano decennale di sviluppo del ministro del Bilancio Ezio Vanoni ed attribuire spessore internazionale all’esperienza della fisica nucleare ita- liana, capitanata da scienziati come Francesco Giordani e Felice Ippolito 9. Nella ricostruzione della Conferenza di Messina del 1-3 giugno 1955, nella quale si confrontano i memorandum del Benelux, della Repubblica Fede- rale Tedesca e dell’Italia, deve essere infatti sottolineato l’impegno del ministro Martino ad inserire nel Mercato comune europeo politiche di sostegno alle regioni arretrate, misure di salvaguardia sociale riguardanti la ristrutturazione industriale, la riqualificazione professionale e la libera

7. J.-B. Duroselle, La relance européenne 1954-1957, in E. Serra (a cura di), Il rilancio dell’Europa e i Trattati di Roma, Milano, Giuffrè, 1989, pp. 45-57. 8. R. Girault (a cura di), Pierre Mendès France et le rôle de la France dans le monde, Grenoble, Presses uni- versitaires de Grenoble, 1991; B. Bagnato, Il viaggio di Mendès France in Italia (gennaio 1955), «Storia delle relazioni internazionali», no 1-2, 1992, pp. 99-134. 9. P. Gerbet, La relance européenne jusqu’à la conférence de Messine, in Il rilancio dell’Europa, cit., pp. 61-91. R 33 Sante Cruciani circolazione della manodopera, e a far avanzare il progetto della Comunità europea dell’energia atomica soltanto nel settore civile 10. Se l’assenza di un memorandum francese è emblematica della posi- zione di attesa del governo Faure, il contributo italiano al buon esito della Conferenza di Messina è testimoniato ulteriormente dall’iniziativa di de- mandare a un comitato tecnico, presieduto da una personalità politica, il compito di presentare ai governi progetti operativi per la realizzazione delle due comunità, stabilendo un metodo di lavoro che si sarebbe rilevato efficace anche in successivi momenti della costruzione europea 11. La nomina del francese René Mayer alla presidenza dell’Alta Autorità della Ceca e del leader socialista belga Paul Henry Spaak alla guida del Comitato sancisce il successo dell’incontro ed impone al governo di Parigi di confrontarsi concretamente con la formazione di una Comunità europea dell’energia atomica e di un Mercato comune europeo. Trasformando in strategia di governo l’adesione dei socialisti francesi al Comitato d’azione per gli Stati Uniti d’Europa 12, il ministero di Guy Mollet è chiamato dalla Conferenza di Venezia del 29-30 maggio 1956 a sciogliere ogni ambiguità tra la priorità assegnata alla Comunità europea dell’energia atomica e la freddezza dimostrata dalla Francia verso il Mercato comune europeo. Nonostante le assicurazioni ricevute dal ministro degli Esteri Pineau sull’associazione dei Territori d’Oltremare e l’adozione di una politica agricola comune, il via libero al Mercato comune europeo è deciso dal governo di Parigi soltanto in seguito al fallimento della spedizione militare di Suez contro la nazionalizzazione del canale voluta dall’Egitto di Nasser. Come ha rimarcato Pierre Guillen, è proprio la crisi di Suez a spingere il governo Mollet a «modificare la propria posizione» 13, ad individuare nel rilancio europeo l’asse portante sul quale rimodellare la politica estera della Francia, con l’obiettivo di ritrovare un ruolo nello scenario interna- zionale, rispondere all’emergere della questione algerina con l’associazione dei paesi d’Oltremare all’Europa dei Sei, collocare lo sviluppo economico del paese nell’ambito del Mercato comune europeo e dell’Euratom. Dopo aver analizzato la posizione della Francia e dell’Italia durante i negoziati sui Trattati di Roma, firmati solennemente in Campidoglio il

10. E. Serra, L’Italia e la Conferenza di Messina, in Il rilancio dell’Europa, cit., pp. 93-124. Un’analisi dei tre ‘memorandum’ presentati alla Conferenza di Messina è in S. Cruciani, L’Europa delle sinistre. La nascita del Mercato comune europeo attraverso i casi francese e italiano (1955-1957), Roma, Carocci, 2007. 11. L. V. Majocchi (a cura di), Messina quarant’anni dopo, Bari, Cacucci, 1996. 12. P. Fontaine, Le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe de Jean Monnet, Lausanne, Centre de re- cherches européennes, 1974. 13. P. Guillen, La France et la négociation des traités de Rome : l’Euratom, in Il rilancio dell’Europa, cit., pp. 523-524. R 34 La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia

25 marzo 1957, è utile concentrare l’attenzione soprattutto sull’istituzione del Mercato comune europeo e sui temi dello sviluppo economico, dell’as- setto istituzionale dell’Europa comunitaria e del suo ruolo nelle relazioni internazionali. Muovendo dal memorandum del Benelux e dalle conclu- sioni del Comitato Spaak 14, le rivendicazioni della Francia e dell’Italia contribuiscono a rendere il Mercato comune europeo uno spazio origi- nale di programmazione economica, con la liberalizzazione graduale degli scambi commerciali, una tariffa doganale nei confronti dei paesi terzi, una politica agricola comune e istituzioni come la Banca europea per gli investimenti (Bei) e il Fondo sociale europeo (Fse), destinate a scandire la politica regionale e sociale della Comunità europea 15. La dialettica tra le prerogative sovrannazionali della Commissione, i poteri intergovernativi del Consiglio, le facoltà della Corte di Giustizia, la possibilità contemplata dall’articolo 138, fortemente voluto dall’Italia, di eleggere a suffragio diretto i rappresentanti dell’Assemblea parlamentare configurano un sistema di governance lontano dai modelli federalisti, ma capace di far avanzare il processo di integrazione lungo i binari di una confederazione di Stati nazionali 16. L’associazione dei Territori d’Oltre- mare non rappresenta soltanto una concessione alle esigenze della Francia di fronte all’erompere dalla questione algerina, ma spinge l’Europa dei Sei a rapportarsi all’area del Mediterraneo 17. Si tratta di opzioni politiche ben presenti ai due governi e rintracciabili nel dibattito sulla ratifica dei Trattati di Roma all’Assemblea nazionale e alla Camera dei deputati, con un impatto rilevante sul sistema politico dei due paesi e la ridefinizione delle culture politiche dei partiti della sinistra francese e italiana.

La ratifica dei Trattati di Roma all’Assemblea nazionale

Nel panorama politico delineatosi in Francia con la formazione del governo Bourgès-Maunoury 18, il dibattito dell’Assemblea nazionale del 2-9 luglio 1957 sulla ratifica dei Trattati di Roma costituisce una prova importante per la coesione della maggioranza radicale e socialista e la sua capacità

14. M. Dumoulin, Les travaux du comité Spaak (juillet 1955-avril 1956), in Il rilancio dell’Europa, cit., pp. 195-210. 15. B. Curli (a cura di), Grande Mercato e Diritti sociali nell’Europa del Novecento, «Memoria e Ricerca», no 14, settembre-dicembre 2003. 16. P. S. Graglia, L’Unione europea, Bologna, Il Mulino, 2011. 17. Basti pensare alla Convenzione di Yaoundé del 1963 e alla Convenzione di Lomé del 1975. M. T. Bitsch e G. Bossuat (a cura di), L’Europe unie et l’Afrique. De l’idée d’Eurafrique à la convention de Lomé I, Bruxelles, Bruylant, 2005. 18. G. Elgey, Histoire de la IV République, Paris, Fayard, 1992. R 35 Sante Cruciani di affrontare i temi dello sviluppo economico e della decolonizzazione nel contesto europeo. Mentre la continuità con la scelta europeista del governo Mollet è garantita dal relatore della Commissione Affari esteri Alain Savary e dal ministro degli Esteri Christian Pineau, la discussione parlamentare registra la contrarietà del leader del Partito radicale Pierre Mendès France e la posizione favorevole alla ratifica del rappresentante del Centre national des indépendants et paysans (Cnip) Valéry Giscard d’Estaing, l’adesione dell’Udsr di René Pleven alla costruzione europea e l’opposizione di gollisti e comunisti. Come sottolinea Alain Savary, nei Trattati di Roma si condensano la convergenza tra i diversi governi nazionali sul processo di integrazione, le istanze delle culture politiche liberale, socialista e cattolica sulla program- mazione economica e la strategia della Francia nelle relazioni internazionali. Il trattato […] è un compromesso tra interessi nazionali, tra tendenze liberali e pro- grammatrici, tra la preoccupazione di preservare la sovranità nazionale e la necessità di una azione collettiva europea. Il Trattato di Roma può servire da strumento per l’aumento del livello di vita dell’insieme e di ciascuno dei firmatari. […] L’opzione che si presenta alla Francia non è tra la Comunità economica europea e lo status quo, ma tra la comunità economica e l’isolamento 19. Il dibattito è alimentato dal ministro degli Esteri Pineau, sfidando tutti i partiti politici a confrontarsi con i temi dell’interdipendenza posti dalla crisi di Suez e dalla decolonizzazione in Algeria, nella convinzione che il processo di integrazione vada «nel senso della storia» anche per quanto concerne lo sviluppo economico della Francia, i rapporti con la Germania e l’edificazione politica di una Comunità europea. Il trattato […] ci permette di conservare le nostre potenzialità nella competizione economica mondiale e di rafforzare le posizioni delle democrazie occidentali la cui debolezza, causata innanzitutto dalle loro divisioni, è risultata evidente nei mesi scorsi. Il trattato permette di stabilire su basi durature l’intesa franco-tedesca della quale nessuno qui ha contestato la necessità di creare con la Germania e il mondo occidentale dei legami indissolubili. […] Il trattato consente infine di dare forza e coesione alla partecipazione attiva dell’Europa a favore dei paesi sottosviluppati, in particolare quelli dell’Africa. […] Non vi domandiamo, ratificando i trattati […] di mettere un punto finale alla costruzione dell’Europa, al contrario. Non siamo ancora che all’inizio della nostra azione. Non penseremo di averla portata a termine fino a quando resterà un paese libero d’Europa fuori della nostra Comunità 20.

19. Assemblée nationale, III legislature (d’ora in poi AN, III), 2 juillet 1957, Intervention d’Alain Savary, pp. 3134-3141. 20. AN, III, 6 juillet 1957, Intervention de Christian Pineau, pp. 3369-3375. R 36 La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia

Ne deriva un autentico duello parlamentare con l’esponente radicale Pierre Mendès France, determinato a votare contro la ratifica dei trattati, in nome dell’impreparazione dell’economia francese ad affrontare la com- petizione europea, dell’inconciliabilità tra gli interessi della Francia e l’as- sociazione dei paesi d’Oltremare al Mercato comune europeo, giudicato «un salto nell’ignoto» e «una cambiale in bianco» per un paese bisognoso di riforme all’interno dello stato nazionale. Una cosa è certa: la Francia non potrà effettivamente mettere in opera il mercato comune alla data prevista, perché l’equilibrio della sua bilancia dei pagamenti non sarà assicurato e le sue riserve monetarie non saranno ricostituite. […] Il governo assume una pesante responsabilità nel fare approvare questi trattati per ragioni pura- mente politiche senza consolidare le clausole che dovrebbero accompagnarlo — e in mancanza delle quali tutto il progetto si volge contro l’interesse del paese. Questa responsabilità l’Assemblea nazionale dovrà rifiutare di condividerla 21. Il ragionamento di Pierre Mendès France è ribaltato a nome del Cnip dall’intervento di Valéry Giscard d’Estaing a favore del Mercato comune europeo, ritenuto invece un vincolo esterno positivo per avviare in Francia un profondo ciclo di riforme economiche, in connessione con il Terzo piano di modernizzazione. Pur condividendo alcuni dei timori espressi […] dal Presidente Pierre Mendès France, non lo seguirò sulla via dei rimedi che egli preconizza. […] La prima ipotesi è la non ratifica del trattato del mercato comune. Ciò significherebbe il declino nell’autarchia. La seconda è la ratifica del trattato del mercato comune, ma il proseguimento di una politica economica non appropriata. […] La terza ipotesi è la ratifica del trattato del mercato comune e la definizione di una politica nuova che permetta al paese di trarre i suoi vantaggi. […] Nell’autunno prossimo, l’Assemblea sarà investita dal progetto riguardante l’approvazione del terzo piano di modernizzazione […] Esiste una maggioranza in questa Assemblea per ratificare il trattato. Penso che questa stessa maggioranza dovrebbe ritrovarsi per approvare il cambiamento di politica economica necessaria affinché questo trattato diventi per noi vantaggioso 22. Potendo contare sul sostegno dei socialisti e muovendosi negli spazi aperti da Giscard d’Estaing tra i partiti esterni alla coalizione di governo, la posta in gioco nella ratifica dei Trattati di Roma è ribadita dal presidente del Consiglio Bourgès-Maunoury, con l’obiettivo di raccogliere attorno al suo ministero una maggioranza europeista trasversale ai partiti politici. Questi trattati non sono soltanto un compromesso tra la sovranità nazionale e il necessario coordinamento di politiche particolari, tra la protezione della nostra agri- coltura e della nostra industria e le loro possibilità di espansione, tra la vocazione

21. AN, III, 6 juillet 1957, Intervention de Pierre Mendès France, pp. 3382-3393. 22. AN, III, 4 juillet 1957, Intervention de Valéry Giscard d’Estaing, pp. 3251-3253. R 37 Sante Cruciani

mondiale della Francia, la sua vocazione d’oltremare e la sua collocazione in Europa. Questi trattati sono soprattutto un compromesso tra il presente della Francia e il suo avvenire. […] Il governo francese ha preso una posizione chiara firmando questi trattati e domandandovi la loro ratifica immediata. Il voto che vi domanda è un atto di coraggio politico, un atto di fiducia nel destino del paese 23. Il carattere vincente dell’operazione predisposta dal capo del governo Bourgès-Maunoury è confermato dal venire allo scoperto di un ampio schieramento favorevole alla ratifica dei trattati, comprendente il Partito socialista, la pattuglia europeista del Cnip capeggiata da Giscard d’Estaing e l’Unione democratica e socialista della Resistenza, in ragione del supe- ramento degli stretti ambiti nazionali nel governo dello sviluppo econo- mico e della riconquista di un ruolo centrale della Francia nel continente europeo. Argomenta Robert Schuman, annunciando il voto favorevole del Mrp: È ben vero che l’Europa è una impresa collettiva di Stati associati, ma a ciascuno di essi si pongono dei problemi di adattamento che restano di sua competenza, di sua responsabilità esclusiva, nel campo della fiscalità, del regime monetario, della politica degli investimenti, delle iniziative sociali, senza parlare della riforma dello Stato e delle sue istituzioni. Ciò che è nuovo nella concezione europea è il bisogno e la pre- occupazione di un coordinamento concertato 24. Concorda René Pleven, nella dichiarazione di voto a nome dell’Udsr. Che si tratti dell’agricoltura, dell’energia, dei trasporti, della moneta, del consoli- damento del progresso sociale, nessuna soluzione razionale è più possibile nel solo quadro nazionale. […] La psicologia della linea Maginot, tante volte condannata sul piano militare, non avrebbe risultati più fecondi sul piano economico. […] L’Europa non è per noi non so quale mania da visionari alla quale sacrificheremo gli interessi del paese. È un adattamento necessario a condizioni nuove, a una realtà economica e politica in evoluzione 25. Attestata sulla difesa intransigente della sovranità della Francia è invece l’opposizione dei comunisti e dei gollisti alla ratifica dei trattati. Ferma restando la fedeltà alla politica estera sovietica, la dichiarazione di voto del comunista Jacques Duclos è fondata su una visione catastrofista del capitalismo occidentale e sulla previsione di un impatto devastante del Mercato comune europeo sul sistema produttivo francese e sui diritti sociali dei lavoratori.

23. AN, III, 9 juillet 1957, Déclaration de Maurice Bourgès-Maunoury, pp. 3474-3475. 24. AN, III, 9 juillet 1957, Explication de vote de Robert Schuman, pp. 3473-3477. 25. AN, III, 9 juillet 1957, Explication de vote de René Pleven, pp. 3478-3479. R 38 La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia

Se questo trattato sarà ratificato, i lavoratori francesi vedranno aggravarsi la loro situa- zione sul piano dei salari, della sicurezza sociale, della disoccupazione. Le masse con- tadine saranno ugualmente vittime del mercato comune e numerosi piccoli e medi contadini saranno vittime del mercato comune e saranno costretti ad abbandonare le loro terre e trascinati alla rovina. […] Coloro che prenderanno la grave responsabilità di incatenare la Francia ai trattati europei devono sapere che in questo modo lavo- reranno alla liquidazione della Francia in quanto nazione sovrana e indipendente 26. In maniera altrettanto eloquente, l’opposizione dei gollisti è motivata da Jacques Soustelle con la rivendicazione dell’appartenenza francese dei Territori d’Oltremare e l’assenza nei Trattati di Roma di clausole suffi- cienti a garantire il legame dell’Algeria con la Francia metropolitana. Constato che nel trattato del Mercato comune esiste una discriminazione molto grave tra gli abitanti della Francia metropolitana e quelli dell’Algeria. È soltanto al termine dei due anni che la libera circolazione dei lavoratori dell’Algeria e dei dipartimenti d’Oltremare sarà l’oggetto di una decisione che sarà presa all’unanimità, il che equi- vale a conferire ai nostri partners un diritto di veto sull’utilizzazione nei cinque altri paesi dei lavoratori originari dell’Algeria e dei dipartimenti d’Oltremare. […] Badate che costruendo l’Europa così come la concepite non distruggiate il prolungamento africano della Francia 27. Nonostante l’opposizione comunista e gollista, la ratifica dei Trattati di Roma con 342 voti favorevoli e 239 contrari sancisce la collocazione dell’economia francese nel Mercato comune europeo, ribadendo la scelta europeista compiuta dalla Francia con l’adesione alla Comunità europea del carbone e dell’acciaio. Il raggiungimento di una larga maggioranza a favore della ratifica non deve tuttavia trarre in inganno. Il galoppare dell’inflazione e la radicalizzazione della situazione algerina darà fiato alle tensioni politiche interne alla maggioranza e provocherà la caduta del governo Bourgès-Maunoury, accelerando la crisi del sistema politico della IV Repubblica 28.

La ratifica dei Trattati di Roma alla Camera dei deputati

Nel quadro politico di un monocolore democristiano presieduto da 29, il dibattito alla Camera dei deputati del 18-30 luglio 1957 sulla ratifica dei Trattati di Roma segna l’inizio del dialogo tra la Democrazia

26. AN, III, 9 juillet 1957, Explication de vote de Jacques Duclos, pp. 3481-3482. 27. AN, III, 9 juillet 1957, Explication de vote de Jacques Soustelle, p. 3484. 28. B. Droz e E. Lever, Histoire de la guerre d’Algérie 1954-1962, Paris, Seuil, 1982. 29. F. Malgeri, La stagione del centrismo. Politica e società nell’Italia del secondo dopoguerra (1945-1960), Soveria Mannelli, Rubbettino, 2002. R 39 Sante Cruciani cristiana e il Partito socialista sul passaggio dal centrismo al centrosinistra, sulla programmazione economica ed il nesso esistente tra il Piano decen- nale di sviluppo e il Mercato comune europeo. Dopo la rottura dell’unità d’azione tra comunisti e socialisti provo- cata dall’invasione sovietica dell’Ungheria 30, la volontà della Democrazia cristiana di innestare sulla scelta europeista una stagione riformatrice nel governo del paese è esplicitata con chiarezza dal ministro degli Esteri Giuseppe Pella. Noi desideriamo mettere insieme le risorse economiche abbattendo i diaframmi creati da troppe barriere, affinché possano aumentare i singoli redditi nazionali e perché possa dilatarsi il reddito globale della Comunità. […] I prossimi 12 o 15 anni […] saranno dominati dalla esigenza di realizzazione del mercato comune. Occorrerà armonizzare le politiche fiscali, la politica sociale e quella monetaria, […] le politiche agricole e quelle dei trasporti. […] Quando parliamo di linea di politica economica, parliamo in realtà di tre diversi concetti: la linea di politica economica interna ad ogni paese, la linea di politica economica interna alla comunità, e la linea di politica armonizzata che deve stare a cavallo tra le linee di politica economica dei singoli paesi e quella del governo. […] Nel pensiero del governo la realizzazione del mer- cato comune è vista in una linea di politica economica fedele alla realizzazione dello Schema di sviluppo del compianto onorevole Vanoni 31. È questo il cuore della sfida politica lanciata dalla Democrazia cristiana al Partito repubblicano, al Partito liberale, al Partito socialdemocratico e al Partito socialista, sulla base di un nesso molto stretto tra la politica estera dell’Italia, la realizzazione del Mercato comune europeo e una pro- grammazione economica capace di dispiegarsi simultaneamente sul ver- sante nazionale e sovranazionale. La discussione sulla ratifica dei Trattati di Roma catalizza così un confronto politico a tutto campo sull’assetto istituzionale e sull’essenza liberista o programmatrice del Mercato comune europeo, sul suo impatto sull’economia italiana e il suo significato nel sistema delle relazioni internazionali. I limiti istituzionali dei trattati sono individuati dal repubblicano Ugo La Malfa nei poteri eccessivi concessi agli Stati nazionali, con il risultato di una liberalizzazione degli scambi commerciali incerta e di una costru- zione europea politicamente esitante, se confrontata con il grande obiet- tivo degli Stati Uniti d’Europa.

30. P. Di Loreto, La difficile transizione. Dalla fine del centrismo al centrosinistra 1953-1960, Bologna, Il Mulino, 1993. 31. Atti Parlamentari, Camera dei deputati (d’ora in poi AP, CD), 30 luglio 1957, Intervento di Giuseppe Pella, pp. 34765-34774. R 40 La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia

Il Trattato sul Mercato comune consente il giuoco della navetta, cioè di una libera- lizzazione progressiva, ma anche la possibilità di un ritorno a pratiche restrittive ogni volta che ciò fosse considerato necessario. […] Onorevole Martino, un potere cen- trale fornito di capacità proprie è molto più forte di un potere che deve attingere al Consiglio degli Stati. E il progresso europeistico — e so che ella è europeista quanto me — si avrà quando avremo il passaggio da questi istituti un poco amorfi ad altri istituti 32. È una critica in parte neutralizzata dall’ex ministro degli Esteri ed espo- nente di punta del Partito liberale Gaetano Martino, rimarcando il carat- tere innovativo delle istituzioni del Mercato comune europeo rispetto ai modelli federali e intergovernativi, tradizionalmente intesi. Non esiste un organo sovranazionale paragonabile all’Alta autorità della Ceca, è vero; ma sono previsti consistenti poteri sovranazionali affidati agli organi della Comunità. E infatti è evidente […] che quando un ente comunitario può, deliberando a mag- gioranza, dettare norme valide per tutti i Paesi della Comunità, esso esercita indub- biamente un potere sovranazionale. Le nuove istituzioni comunitarie, a somiglianza di quelle della Ceca e a differenza di qualsiasi altro organismo previsto dal diritto internazionale vigente, rappresentano invero qualche cosa di nuovo […]: questo quid novi è rappresentato non soltanto dal trasferimento di determinati poteri dagli Stati nazionali agli organi della Comunità, ma anche dalla indipendenza degli organi della Comunità dagli Stati nazionali e dalla irrevocabilità, politicamente intesa, di questa indipendenza 33. Privo di riserve sui Trattati di Roma è l’intervento del socialdemocra- tico Matteo Matteotti, convinto sostenitore del Mercato comune europeo e della partecipazione dei partiti socialisti alla costruzione europea. Che non si trattati di un piano capitalistico lo dimostra […] il fatto che nel Mercato comune entreranno giganteschi complessi nazionalizzati quale l’industria carbosi­ derurgica francese, monopoli governativi di tutti i paesi, privati, ed […] anche i sin- dacati operai che con la loro azione di categoria porteranno la voce degli interessati. Non è un caso che tutti i socialisti europei che rappresentano […] la quasi totalità delle masse lavoratrici in questo continente, hanno preso una parte attiva […] nella realizzazione di questo trattato 34. All’orizzonte del socialismo europeo, nonché al dibattito sul capitalismo italiano e sul processo di integrazione aperto nella Cgil da intellettuali e dirigenti politici come Vittorio Foa e Bruno Trentin 35, occorre guardare

32. AP, CD, 23 luglio 1957, Intervento di Ugo La Malfa, pp. 34307-34327. 33. L’intervento di Gaetano Martino è ripreso dal volume di P. L. Ballini (a cura di), I Trattati di Roma, vol. I, I partiti, le associazioni di categoria e sindacali e i Trattati di Roma, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2010, pp. 240-241. 34. AP, CD, 25 luglio 1957, Intervento Matteo Matteotti, pp. 34477-34484. 35. A. Landuyt, Internazionalismo, democrazia, europeismo. Il socialismo italiano di fronte all’Euratom e al Mercato comune, in I Trattati di Roma, cit., pp. 53-67. R 41 Sante Cruciani per comprendere le ragioni del voto favorevole sull’Euratom e dell’asten- sione del Partito socialista sul Mercato comune europeo, motivate in aula da Riccardo Lombardi e Giovanni Pieraccini. Secondo Lombardi, i partiti del movimento operaio devono inserirsi nelle contraddizioni del Mercato comune europeo per sconfiggere le tendenze puramente liberiste ed affer- mare una visione programmatrice dello sviluppo economico. Non una politica di libertà di mercato è per noi valida, ma una politica di libertà di mercato solo come elemento di ammodernamento, di rottura, congiunto a una politica di organizzazione comunitaria che punti sul piano economico collettivo. […] È chiaro che attorno all’applicazione del trattato si svolgerà una lotta politica impor- tante. […] Il nostro voto motivato in questo senso ha un significato profondo di fiducia non nel governo o nella maggioranza che hanno proposto questo trattato, ma nelle forze del lavoro che concorreranno alla lotta politica che dominerà questi quin- dici anni di preparazione del mercato comune, e che ne determinerà gli sviluppi 36. Nel ragionamento di Giovanni Pieraccini, l’astensione sul Mercato comune europeo vuole esprimere la consapevolezza dei socialisti della necessità di superare i confini nazionali per governare i processi di moder- nizzazione innescati su scala transnazionale dalla rivoluzione tecnologica, dall’automazione dei modi di produzione e dall’intensificarsi dei mecca- nismi di interdipendenza del mondo occidentale. Non vi è possibilità per nessuno di sfuggire al problema storico che oggi è posto di superare gli stretti limiti dell’economia nazionale. Il movimento operaio non può certo estraniarsi da questo moto, deve al contrario parteciparvi […] per impedire proprio che il prezzo della necessaria, inevitabile trasformazione economica venga fatto pagare ai lavoratori. […] Non basta considerare il prevalere delle forze avversarie e la loro posizione di guida nel trattato del mercato comune. Occorre un’alternativa e tale non è il rinchiudersi nei limiti nazionali o il prospettare un generale accordo o una generale unificazione di carattere mondiale 37. Sono questi i nodi politici che separano socialisti e comunisti sul ter- reno delle relazioni internazionali, del processo d’integrazione europea e del governo dello sviluppo nell’Italia repubblicana. Nonostante il dibattito in atto tra partito e sindacato, la proposta sovietica del 18 marzo 1957 di cooperazione paneuropea ha sui comunisti italiani l’effetto di un richiamo all’ordine e di un immediato allineamento alla politica estera di Mosca. Argomenta Giancarlo Pajetta, annunciando il voto contrario dei comu- nisti alla ratifica dei trattati.

36. AP, CD, 22 luglio 1957, Intervento di Riccardo Lombardi, pp. 34225-34241. 37. AP, CD, 22 luglio 1957, Intervento di Giovanni Pieraccini, pp. 34529-34537. R 42 La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia

Noi non possiamo fare astrazione dalla politica estera dei governi che propongono il trattato; per questo proponiamo un’altra politica estera, che non può avere per base che una diversa politica economica. […] Non abbiamo mai sentito i fautori di questo Mercato comune, di questa Europa piccola oggi e che dovrebbe diventare grande domani, dire all’Unione Sovietica che sono disposti anche solo a discutere, solo ad esaminare le proposte sovietiche o ad avanzarne altre 38. In polemica con Lombardi, ne discende un giudizio del Mercato co- mune europeo come costruzione politica subalterna ai grandi monopoli e tale da impedire le riforme di struttura, che pure sono rivendicate dai comunisti italiani nell’orizzonte dello Stato Nazione. Non ho forse capito bene quel che è stato detto da qualche parte e mi pare anche dall’onorevole Riccardo Lombardi. […] Non ci troviamo di fronte a una contrappo- sizione tra liberismo e protezionismo e tra liberismo e dirigismo, bensì a una con- trapposizione tra i gruppi industriali del nord e i gruppi agrari del sud i quali ultimi sacrificano gli interessi delle loro regioni, gli interessi popolari, per la difesa di deter- minati privilegi e di determinati profitti. […] È ben difficile pensare alle possibilità di una economia diretta senza le leve della tariffa doganale, […] dei contingentamenti, senza quelle della politica valutaria, senza che un governo democratico possa impu- gnare queste armi 39. Stante la posizione di sostegno delle destre monarchiche e missine al monocolore Zoli e il loro voto favorevole nel dibattito del 18-30 luglio 1957 40, la ratifica dei Trattati di Roma alla Camera dei deputati con 311 voti a favore, 11 contrari e 54 astenuti rappresenta plasticamente l’iniziativa della Democrazia cristiana per il superamento del centrismo, la moder- nizzazione dell’economia italiana attraverso l’inserimento nel Mercato co- mune europeo, l’assunzione da parte socialista della programmazione eco- nomica come elemento fondamentale dell’apertura a sinistra, il ripiega- mento dei comunisti sulla politica estera sovietica e una prospettiva di riforme nel solo ambito nazionale 41.

Conclusioni

Riprendendo le sollecitazioni formulate dal Gruppo di collegamento degli storici presso la Commissione, in occasione dei 50 anni della costruzione europea, a indirizzare la ricerca «dalla storia dell’integrazione alla storia

38. AP, CD, 22 luglio 1957, Intervento di Giancarlo Pajetta, pp. 34518-34528. 39. Ibid. 40. E. Capozzi, Le destre tra nazionalismo ed europeismo, in I Trattati di Roma, cit., pp. 85-103. 41. R. Gualtieri, L’Italia dal 1943 al 1992. Dc e Pci nella storia della Repubblica, Roma, Carocci, 2006. R 43 Sante Cruciani integrata dell’Europa» 42, lo studio dei rapporti tra Francia e Italia nel biennio compreso tra la Conferenza di Messina e i Trattati di Roma con- ferma la centralità del processo di integrazione nella politica internazio- nale dei due paesi. Nell’instabilità politica testimoniata dal rapido succedersi dei governi di Pierre Mendès France, Guy Mollet e Maurice Bourgès-Maunoury, il processo di integrazione costituisce per la Francia il baricentro con cui rimodellare la sua politica estera dopo il fallimento della spedizione di Suez, affrontare il problema dell’Algeria con la solidarietà dell’Europa, governare lo sviluppo economico attraverso la doppia leva del Mercato comune europeo e del Terzo piano di modernizzazione. Come dimostra il dibattito sulla ratifica dei Trattati di Roma, la scelta europea della Francia è il risultato di una lettura dei meccanismi dell’interdipendenza politica ed economica del mondo occidentale elaborata prevalentemente dal governo Mollet e sostenuta all’Assemblea nazionale da una convergenza strategica tra le culture politiche democratica, liberale e socialista. Dopo la spacca- tura del partito nel voto del 1954 sulla Ced, la compattezza del gruppo socialista all’Assemblea nazionale a sostegno della ratifica dei trattati segna una svolta in senso europeista nella storia del socialismo francese e merita di essere sottolineata come un contributo determinante per la formazione del Mercato comune europeo e dell’Euratom. Deve tuttavia essere rimar- cata in maniera altrettanto forte l’insufficienza dell’associazione dei paesi d’Oltremare all’Europa dei Sei come risposta alla crisi algerina, che si rive- lerà il detonatore della crisi della IV Repubblica e condurrà all’avvento al potere di de Gaulle. Riprendendo un’espressione di René Girault, la svolta del 1957 può essere considerato «una delle grandi date della storia europea» 43 per il ritorno della Francia tra i paesi protagonisti della costru- zione europea, con una scelta di politica internazionale che subirà con il generale de Gaulle la torsione nazionalista di una Europa delle nazioni ad egemonia francese 44. Nell’instabilità politica scandita in Italia dal rapido succedersi dei go- verni di Mario Scelba, Antonio Segni e Adone Zoli, il processo d’integra- zione rappresenta per la Democrazia cristiana di Amintore Fanfani il bari- centro sul quale inaugurare la politica internazionale del ‘neoatlantismo’, tra fedeltà atlantica e protagonismo in Europa e nel Mediterraneo, stabi- lire un rapporto organico tra il Piano decennale di sviluppo di Vanoni e il

42. G. Bossuat et al., L’Expérience européenne : 50 ans de construction de l’Europe 1957-2007, cit. 43. R. Girault, La France entre l’Europe et l’Afrique, in Il rilancio dell’Europa, cit., pp. 351-378. 44. G. Quagliarello, De Gaulle e il gollismo, Bologna, Il Mulino, 2003. R 44 La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia

Mercato comune europeo, guidare la transizione dal centrismo al centro- sinistra. Deve essere sottolineato nello stesso tempo il carattere ‘concreto e pragmatico’ dell’europeismo italiano, teso ad ottenere nei negoziati sul Mercato comune europeo l’istituzione della Banca europea degli investi- menti (Bei) e del Fondo sociale europeo (Fse), ponendo così «le premesse per due politiche, quella regionale e sociale, che nei decenni successivi avrebbero caratterizzato l’azione della Comunità Europea» 45. Per quanto concerne le culture politiche, anche per l’Italia deve essere rimarcata la svolta europeista del Partito socialista, con il voto a favore sull’Euratom e l’astensione sul Mercato comune europeo, prologo del suo cammino verso l’area di governo e del lento avvento del centrosinistra. Nonostante il voto contrario alla ratifica dei Trattati di Roma, in Italia la dialettica tra partito e sindacato e l’avvicinamento della Cgil alle istituzioni europee accompagnerà nel 1969 l’ingresso dei primi deputati comunisti all’Assem- blea parlamentare della Cee e favorirà negli anni Settanta il dialogo del Pci con i partiti della sinistra europea 46. Il Partito comunista francese man- terrà invece una posizione di ostilità al processo di integrazione europea 47, confermata nel frangente del Trattato di Maastricht e dell’avvento della moneta unica. In una rapida rassegna delle convergenze e divergenze tra le culture politiche francesi e italiane di fronte ai Trattati di Roma, resta da segnalare il voto contrario dei gollisti e il voto a favore delle destre monar- chiche e missine. Ribadendo la centralità del processo di integrazione nella storia politica dei paesi coinvolti, nei decenni successivi Francia e Italia continueranno ad elaborare la loro politica internazionale e le loro strategie di politica economica utilizzando il baricentro della costruzione europea, dalla ‘crisi della sedia vuota’ al compromesso di Lussemburgo, fino agli attuali svi- luppi dell’Unione europea 48.

45. P. L. Ballini e A. Varsori (a cura di), L’Italia e l’Europa (1947-1979), vol. I, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2004, p. 236. 46. S. Cruciani, Histoire d’une rencontre manquée : PCF et PCI face au défi de la construction communautaire (1947-1964), in M. Di Maggio (a cura di), Histoires croisées du communisme italien et français, «Cahiers d’his- toire», no 112-113, luglio-dicembre 2010, pp. 57-76. 47. M. Lazar, Maisons rouges. Les Partis communistes français et italien de la Libération à nos jours, Paris, Aubier, 1992. 48. J. Laursen (a cura di), The Institutions and Dynamics of the European Community (1973–83), Bruxelles, Bruylant, 2014; W. Lot e N. Paun (a cura di), Disintegration and Integration in East-Central Europe, Bruxelles, Bruylant, 2014. R 45

Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski (août 1957-avril 1962)

Élisabeth Yverneau-Glasser Professeur agrégé, docteur en histoire

« Je revis les cinq années au cours desquelles j’ai eu l’honneur de représenter la France en Italie. Elles resteront pour moi, un souvenir inoubliable. J’ai été heureux en particulier que la croissance prodigieuse de l’économie italienne coïncide avec le renfort des échanges entre nos deux pays […]. À la fin de la haute mission qui m’a été confiée, je demeure convaincu que la nécessité de coopération entre nos voisins constitue une des données les plus importantes de notre politique et notamment de notre politique européenne. » Gaston Palewski, discours à la foire de Paris, 23 mai 1962, AN, 547 AP 69.

« L’ambassade de Gaston Palewski à Rome, une longue mission selon les normes actuelles […] demeu- rera dans l’histoire comme un épisode heureux des relations franco-italiennes […]. Ce grand serviteur de la France était aussi un grand ami de l’Italie. » Étienne Burin des Roziers, « Ambassadeur à Rome », Espoir, no 50, 1985, p. 31.

Après avoir été dans l’entourage de deux grands hommes, le maréchal Lyautey (en 1924-1925) puis Paul Reynaud (entre 1928 et 1940), Gaston Palewski sert la France aux côtés du général de Gaulle. Il rejoint celui-ci à Londres dès 1940 et devient son directeur de cabinet de septembre 1942 à janvier 1946. Fondateur, militant et député du RPF entre 1947 et 1955, il occupe de février à octobre 1955 le poste de ministre d’État chargé de la R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 47-60. 47 Élisabeth Yverneau-Glasser

Recherche et des Questions atomiques et spatiales dans le gouvernement d’Edgar Faure. En août 1957, Gaston Palewski est nommé par le ministre des Affaires étrangères, Christian Pineau, « ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française en Italie pour une durée de six mois, renouvelable 1 ». C’est pour lui une nouvelle responsabilité, celle de représenter la France sur la scène internationale. Gaston Palewski succède à Jacques Fouques-Duparc qui occupait cette charge depuis une dizaine d’années. Il s’installe dans la capitale italienne le 15 octobre 1957 et réside au palais Farnèse, un des plus beaux bâtiments de la ville aux conditions d’accueil exceptionnelles. C’est une ambassade de prestige accordée généralement en récompense à des hommes fidèles au gouvernement. À Rome, les trois ambassadeurs qui se succèdent entre 1957 et 1969 ont servi, chacun à un titre ou à un autre, le général de Gaulle. C’est le cas de Gaston Palewski de 1957 à 1962, d’Armand Bérard de 1962 à 1967, puis à partir de 1967 d’Étienne Burin des Roziers. Avec un séjour de presque cinq ans, Gaston Palewski a effectué un des plus longs mandats d’ambassadeur de France à Rome, celui de son prédécesseur constituant une exception. Nommé quelques mois avant le retour au pouvoir du général de Gaulle par le président du Conseil Bourgès-Maunoury, compagnon de la Libé- ration et ancien ministre de l’Intérieur du second gouvernement Edgar Faure, Gaston Palewski accomplit sa mission dans le contexte de la guerre d’Algérie et des débuts de la construction européenne. C’est à Rome qu’il assiste en « spectateur » au retour au pouvoir du général de Gaulle et à la naissance de la Cinquième République en France. Qui est ce nouvel ambassadeur et quelle est sa mission ? Comment Gaston Palewski, gaulliste de la première heure, militant, ministre, ama- teur d’art, homme de réseau est-il accueilli ? Quelle est la nature des re- lations franco-italiennes ? Quelle est la place de l’Italie sur le plan interna- tional et dans le cadre européen ? Dans ses Mémoires 2 Gaston Palewski consacre seulement dix pages à cette période et évoque surtout les personnalités italiennes qu’il a ren- contrées. Ses archives privées contiennent nombre de discours et maintes invitations. Nous avons complété ces sources par les archives diploma- tiques conservées au ministère des Affaires étrangères, série Z, Europe- Italie (1944-1947) et par les Documents diplomatiques français.

1. Décret du 17 août 1957, publié au Journal officiel du 18 août 1957. 2. G. Palewski, Mémoires d’action, 1924-1974, Paris, Plon, 1988. R 48 Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski

Qui est ce nouvel ambassadeur ? Quelle est sa mission ?

Lorsque Gaston Palewski est nommé ambassadeur, il sort d’une période d’inaction politique. Il a démissionné de ses fonctions de ministre d’État chargé de la Recherche et des Questions atomiques et spatiales en octobre 1955. En janvier 1956, il n’est pas réélu député. Il n’exerce aucune fonction politique ou administrative, il entretient ses réseaux personnels et poursuit probablement une partie de ses activités d’influence. Gaston Palewski connaît peu l’Italie, État fondateur avec la France de la Communauté économique européenne et membre de l’Alliance atlan- tique. Les rapports entre les deux nations latines n’ont pas toujours été simples. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Italie mène une politique atlantiste, ses dirigeants privilégiant les relations transatlantiques et recher- chant une influence plus étendue en Méditerranée. Dans ses Mémoires, Gaston Palewski évoque un court séjour avant la guerre à l’occasion d’une visite à un ami et précise qu’il a conservé « un délicieux souvenir 3 » de ce pays. Il a aussi accompagné, début août 1944 le général de Gaulle à Naples. Avoir eu, au préalable, une expérience italienne ne semble pas avoir été, pour les ambassadeurs qui se sont succédé au palais Farnèse après la Seconde Guerre mondiale, un élément déterminant de leur affectation (excepté Gilles Martinet dans les années 1980, gendre de Bruno Buozzi). Gaston Palewski a derrière lui presque trente années d’expérience poli- tique, il a vu fonctionner les assemblées législatives de la Troisième et de la Quatrième République. Il connait également des milieux politiques à l’étranger (Afrique du Nord, Royaume-Uni, URSS, États-Unis). Même si sa formation ne le prédestinait pas à une carrière diplomatique, ses expé- riences antérieures en France et à l’étranger, son réseau de relations per- sonnelles sont autant d’atouts pour sa nomination au palais Farnèse, dans un contexte tendu, celui de la décolonisation et notamment de la guerre d’Algérie. Au-delà des enjeux politiques, sa culture, ses connaissances his- toriques, ses qualités relationnelles ont certainement pesé dans sa nomina- tion dans une ambassade d’un pays européen chargé d’histoire. Gaston Palewski doit cette nomination au général de Gaulle, pourtant retiré à Colombey-les-Deux-Églises. Étienne Burin des Roziers précise que Gaston Palewski « n’aurait rien fait sans l’accord du général de Gaulle, rêvait d’être ambassadeur 4 ». Gaston Palewski écrit, début août 1957, à son

3. Ibid., p. 268. 4. Entretien avec Étienne Burin des Roziers, Paris, 6 octobre 2005. R 49 Élisabeth Yverneau-Glasser cousin Maurice André-Gillois : « Je suis heureux de devoir cette belle occa- sion d’agir et, je l’espère de servir, à l’action généreuse, une fois de plus, du général de Gaulle 5. » Gaston Palewski est satisfait de cette nomination qui lui permet de revenir dans l’appareil de l’État, de retrouver une fonction officielle, pres- tigieuse et d’être au service de son pays même si c’est en dehors de l’Hexa- gone. Cette nouvelle fonction est une étape supplémentaire dans son itinéraire personnel qui révèle au fil des années une carrière ascendante. Tout en manifestant sa satisfaction, il exprime aussi quelques regrets, en particulier celui de quitter la France, et surtout Paris. Au moment où Gaston Palewski prend ses fonctions, les questions frontalières sont réglées et les deux pays, membres fondateurs de la Com- munauté économique européenne, se sont rapprochés. Depuis décembre 1947, l’Italie a une nouvelle Constitution qui fait du pays une République démocratique et parlementaire dans laquelle les pouvoirs du président de la République sont réduits. Aucune majorité homogène ne se dégage et Gaston Palewski décrit la situation en affirmant : « Les partis régnaient, tout-puissants, sur un exécutif faible et incertain » et dénonce une Italie « dépourvue d’exécutif 6 ». L’Italie réagit plutôt favorablement à sa nomination si on analyse la lettre de Giuseppe Pella, ministre italien des Affaires étrangères : « La dési- gnation d’une personnalité aussi connue que Monsieur Palewski, d’une valeur et d’une capacité très grandes dans le domaine politique, est apparue de prime abord comme une confirmation éclatante de l’importance attri- buée au poste de Rome par le gouvernement de Paris 7. » Gaston Palewski a un jugement plus nuancé sur les réactions suscitées et évoque : « L’inquiétude des Italiens qui voyaient en moi un adversaire des communautés européennes 8. » Étienne Burin des Roziers confirme cette impression. Le fait qu’il ne soit pas « de la carrière », mais un gaulliste historique, vaut à Gaston Palewski d’être accueilli fraîchement au palais Farnèse. Conscient de succéder à un ambassadeur qui a marqué l’Italie et de ne pas être issu du corps diplomatique, il réunit la colonie française de Rome « un peu effarouchée par l’arrivée d’un homme politique à la place des tenants habituels de la carrière ».

5. AN, 547 AP 64. 6. G. Palewski, Mémoires, ouvr. cité, p. 270. 7. Archives du Quai d’Orsay, série Europe, sous-série Italie, 1956-1960, dossier 274, lettre du 27 juillet 1957, signée Pella. 8. G. Palewski, Mémoires, ouvr. cité, p. 269. R 50 Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski

Le 13 octobre 1957, Louis Joxe, secrétaire général du Quai d’Orsay envoie au nouvel ambassadeur les instructions du ministre indiquant les « principales lignes d’orientation » de sa mission. Il lui précise : Le pays dans lequel vous avez la charge de représenter la France est uni à cette der- nière, non seulement par son passé, par tous les liens géographiques, ethniques et historiques qui résultent d’un voisinage immédiat, mais aussi par son avenir, par une communauté de destin qui n’a, sans doute, jamais été plus étroite qu’aujourd’hui 9. Les liens historiques sont anciens et Louis Joxe souligne l’existence d’une coopération qui doit aller « en se développant dans le cadre de l’Eu- rope et de l’Eurafrique ». Les relations entre la France et l’Italie doivent s’inscrire dans un cadre bilatéral, mais aussi avoir une dimension interna- tionale et en particulier européenne. Louis Joxe indique aussi que « tout ce qui touche à notre action en Algérie devra retenir votre attention par priorité ». Pour Gaston Palewski, habitué à des relations bilatérales et pri- vilégiant la relation personnelle, c’est un mode nouveau de fonctionne- ment. Mais c’est aussi quelque chose d’exaltant, car il va pouvoir agir, intervenir, se déplacer. La situation de l’Algérie occupe effectivement une place importante dans son activité d’ambassadeur, dont il doit informer très régulièrement le Quai d’Orsay.

Un ambassadeur au début de la Cinquième République

C’est à Rome, où il est ambassadeur depuis huit mois, que Gaston Palewski apprend le retour au pouvoir du général de Gaulle, retour qui se situe au paroxysme de la crise en Algérie. Ce retour provoque une certaine appréhension en Italie. Il est interprété, surtout par la gauche italienne, comme une atteinte à la démocratie. Il y a une crainte de voir le Général diriger personnellement la France en concentrant les pouvoirs entre ses mains et les Italiens redoutent l’apparition d’une sorte de fascisme. Cette inquiétude est confirmée par l’ambassadeur italien à Paris, Giovanni Fornari : « L’avènement de Charles de Gaulle suscitait quelques perplexités en Italie. On redoutait de voir surgir en France une forme de fascisme 10. » Dans une lettre manuscrite adressée au général de Gaulle, Palewski écrit : « Mon Général, c’est un crève-cœur pour moi, après tant d’années où j’ai appelé de tout mon être ces heures décisives, d’être loin de vous en

9. Archives du Quai d’Orsay, série Europe, sous-série Italie, 1956-1960, dossier 274, instruction donnée au nouvel ambassadeur de France à Rome, 13 octobre 1957. 10. G. Fornari, « Le dernier des Stendhaliens », Espoir (Revue de l’Institut Charles de Gaulle), no 50, 1985, p. 52. R 51 Élisabeth Yverneau-Glasser ce moment. Dès qu’il me sera possible de venir, j’accourrai vers vous. En attendant, je m’efforce ici de travailler 11. » On sent le regret de ne pas être en France en mai-juin 1958. Ce retour du général de Gaulle est l’occasion pour Gaston Palewski de prononcer un long discours le 14 juillet 1958 devant la colonie française de Rome 12. C’est son premier discours en tant qu’ambassadeur le jour de la fête nationale. Il l’organise autour de cinq points : la maladie de l’État, de Gaulle garant des libertés publiques, la Constitution et le problème algérien, les relations de la métropole avec le continent africain, la coopé- ration franco-italienne. Les années 1957-1958 ne sont pas faciles pour lui et il éprouve quelques difficultés à trouver une certaine crédibilité dans ses fonctions au moment où la France change de Constitution. Lorsque Gaston Palewski arrive au palais Farnèse, la guerre d’Algérie dure depuis trois ans. C’est un dossier délicat que l’ambassadeur doit gérer. Les instructions du Quai d’Orsay, d’octobre 1957, montrent l’importance primordiale de cette question dans les rapports avec l’Italie. Nous pou- vons y lire : « Tout ce qui touche à notre action en Algérie devra retenir votre attention par priorité. Vous aurez soin de me communiquer toutes informations qui pourraient nous être utiles dans ce domaine 13. » Il est demandé à l’ambassadeur de recueillir tous les renseignements sur la situa- tion en Algérie et cela constitue une part de ses activités jusqu’en 1962. En 1958, la priorité du Général est de mettre fin à la guerre d’Algérie qui est un « boulet » et un « handicap 14 ». L’Italie est préoccupée par la tournure des événements algériens, car elle considère la Méditerranée comme son domaine naturel d’influence. L’ambassadeur transmet à Paris de nombreux rapports sur les réactions de l’opinion publique italienne face aux événements algériens. Le juge- ment des Italiens a fluctué au gré des mesures adoptées par les autorités françaises et nous pouvons noter, à travers cette correspondance, plu- sieurs étapes. Entre le déclenchement de la guerre d’Algérie et le milieu de l’année 1956, donc avant son arrivée, on constate une certaine indifférence des Italiens dans la Péninsule face aux problèmes rencontrés par la France en Algérie. À partir du milieu de l’année 1956, l’Italie reconnaît toutefois la légitimité des revendications des nationalistes algériens et en 1957, année de l’arrivée de Gaston Palewski à Rome, il y a un véritable retournement

11. AN, 547 AP 61. Le document n’est pas daté. 12. Archives du Quai d’Orsay, série Europe, sous-série Italie, 1956-1960, relations franco-italiennes, volume 301. 13. Ibid., volume 274, corps diplomatique, instruction générale donnée à Gaston Palewski, 29 octobre 1957. 14. M. Vaïsse, La grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle, 1958-1969, Paris, Fayard, 1998, p. 60 et 63. R 52 Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski de situation : l’opinion italienne bascule du côté des nationalistes algériens en lutte et multiplie les griefs contre la France 15. Mais l’Italie ne remet jamais en cause l’amitié entre les deux pays. L’ambassadeur fait remonter à Paris toutes les récriminations de la presse : « La France est incapable de régler le problème », « La France s’enlise dans une guerre sans espoir », « La France utilise la torture » 16. En arrivant à Rome, il fait tous ses efforts pour persuader l’Italie de soutenir la politique française en Afrique du Nord. Il reçoit régulièrement à l’ambassade les journalistes et intellectuels influents qu’il essaie de convaincre. La crise de mai 1958 en Algérie et l’appel au général de Gaulle provoquent une « émotion considérable » dans la presse italienne qui donne une vision dramatique de la situation. L’ambassadeur s’exprime sur le problème algérien dans le cadre de conférences organisées à travers la Péninsule. Dans ses Mémoires, il cite Milan, Florence, Turin, Gênes, Venise. En 1958, la politique française en Algérie est très critiquée par l’Italie, terre d’accueil et base arrière pour le FLN, ainsi que carrefour pour le trafic d’armes à destination de l’Algérie. Certains milieux italiens sont par- ticulièrement disposés à offrir leur hospitalité aux représentants du FLN qui ont leurs bureaux à Rome sous le couvert de l’ambassade de Tunisie. Le Palais Farnèse intervient auprès des autorités italiennes pour protester. En octobre 1958 se pose le problème du transit de Fehrat Abbas, président du GPRA. Gaston Palewski demande à être reçu par le président du Conseil italien Amintore Fanfani pour que Fehrat Abbas ne puisse quitter l’aé- roport de Ciampino 17. Non sans difficultés, l’ambassadeur obtient que le gouvernement italien notifie à Fehrat Abbas qu’il ne pourra sortir de l’aéroport. Cependant, l’ambassade n’a pas toujours obtenu satisfaction sur la question du transit des personnalités indépendantistes algériennes. La pression des Italiens se relâche quand les négociations s’ouvrent entre la France et le FLN. Au cours de l’année 1960, les Italiens sont soulagés de voir le général de Gaulle évoluer vers une solution négociée, mais certains journaux craignent qu’il ne puisse surmonter les oppositions et l’optimisme reste modéré. Le référendum de janvier 1961 sur l’autodéter- mination est approuvé en Italie. L’ambassade note : « L’opinion italienne a accueilli avec un sentiment de soulagement les résultats du referendum.

15. Voir M. Vaïsse, Le poids de la guerre d’Algérie dans la politique extérieure de la France (1958-1962), Institut Charles de Gaulle (éd.), De Gaulle en son siècle, vol. VI, Paris, Plon, 1992. 16. Archives du Quai d’Orsay, série Europe, sous-série Italie, volume 306, dépêche 506, Rome, 28 mars 1958. 17. Documents diplomatiques français, 1958, tome 2, pages 399-400. R 53 Élisabeth Yverneau-Glasser

L’Italie est parmi les alliés de la France l’un des pays les plus intéressés à une solution rapide du problème algérien 18. » Les résultats du référendum de 1962 concernant les accords d’Évian sont accueillis favorablement par l’opinion italienne et le prestige du Gé- néral est renforcé. L’ambassade de France à Rome a suivi de très près les événements ­d’Algérie en faisant remonter toutes les informations vers Paris. C’est quelques semaines après la signature des accords d’Évian que Gaston Palewski est rappelé à Paris. Pour lui être à Rome relève au départ d’un concours de circonstances, puis cela a permis au général de Gaulle d’avoir un homme sûr afin de suivre le déroulement des événements algériens, d’avoir en Italie quelqu’un qui connaît l’Afrique du Nord. Pour commémorer le centenaire des batailles de Magenta et de Sol- ferino 19 le général de Gaulle effectue, du 23 au 26 juin 1959, un déplace- ment en Italie : « Voyage historique » selon Giovanni Fornari, « voyage qui marque un tournant dans l’histoire des relations franco-italiennes » selon Étienne Burin des Roziers 20. Ce séjour est le premier voyage officiel du Général en tant que président de la Cinquième République. En ce sens, il revêt une importance symbolique toute particulière et montre l’intérêt que la France porte aux relations avec l’Italie. Le Général est accompagné de Maurice Couve de Murville et de Pierre Guillaumat. Le 24 juin 1959, le Général confie au président italien Giovanni Gronchi que le but de ce voyage « est de voir comment les deux pays peuvent coopérer 21 ». Il y a donc un objectif politique à ce déplacement, celui d’étudier la coopéra- tion, la collaboration économique et politique entre les deux États. Un ambassadeur est traditionnellement attaché aux visites officielles des plus hautes personnalités de son pays, et Gaston Palewski n’a pas fait exception à la règle. C’est lui qui prépare et met en œuvre cette visite placée sous le signe de la coopération franco-italienne. Le voyage était prévu avant le retour au pouvoir du General puisqu’il avait été envisagé dès août 1957. Gaston Palewski avait évoqué le projet de commémoration peu de temps après son arrivée et voulait donner à ces manifestations un certain éclat, car les deux batailles avaient, avec le concours de la France,

18. Archives du Quai d’Orsay, série Europe, sous-série Italie, 1961-1970, volume 359, document du 12 janvier 1961. 19. Bataille de Magenta : victoire des Français de Napoléon III sur les Autrichiens, en Lombardie, 4 juin 1859. Bataille de Solferino : victoire française sur les Autrichiens, en Lombardie, 24 juin 1859. 20. É. Burin des Roziers, « Ambassadeur à Rome », Espoir, no 50, 1985, p. 32. 21. Documents diplomatiques français, vol. I, no 371, 1959. R 54 Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski ouvert la voie de l’unité et de l’indépendance italienne. Il a suivi très régu- lièrement l’organisation de cet événement. Au cours de son déplacement le Général rend hommage aux Français et aux Italiens, et dans les discours qu’il prononce à Milan, Solferino et Rome, il manifeste son attachement aux valeurs de liberté et de démo- cratie. Il insiste sur l’ancienneté du rapprochement franco-italien et les communautés de vues entre les deux États. Il exalte l’Italie moderne, dyna- mique et insiste sur la nécessité de développer une assistance économique et technique entre les deux pays et entre les États signataires du traité de Rome. Alors que Gaston Palewski pensait que « l’Italie était, sans doute, parmi les pays de l’Europe occidentale, l’un de ceux où l’on pouvait craindre que le président de la République reçût l’accueil le plus réservé 22 », le voyage est triomphal et enthousiaste. Les foules sont nombreuses. La presse ita- lienne, excepté celle du parti communiste, consacre une place considérable à l’événement qu’elle présente sous un angle très positif et emblématique de la coopération franco-italienne. L’ambassadeur souligne les « longs com- mentaires » positifs à propos du chef de l’État, « les abondantes biogra- phies du Général » et relève qu’à Rome, depuis longtemps, aucune visite officielle n’a retenu à ce point l’attention populaire. Le Général écrit à Gaston Palewski le 12 juillet 1959 pour le féliciter de l’organisation du voyage : « Je veux dire combien j’ai été satisfait de la façon dont vous avez préparé, déclenché et mis en œuvre mon voyage en Italie […]. Très manifestement vous avez, en personne, une position tout à fait exceptionnelle chez eux 23. » Les questions européennes constituent la toile de fond de l’ambassade de Gaston Palewski dans un pays fondateur de la CEE. Il communique très régulièrement au Quai d’Orsay les remarques, les interrogations des Italiens sur la mise en place du traité de Rome. Il favorise une politique économique bilatérale consistant à promouvoir les exportations et à sou- tenir les entreprises françaises qui souhaitent s’engager sur le marché ita- lien. En mai 1959, il informe que l’Italie est favorable au renforcement du Marché commun mais qu’elle émet quelques réserves sur les modalités de l’accélération du processus, car elle craint une accentuation des contrastes entre le nord et le sud de la Péninsule. Il précise aussi que le pays sou- haite sauvegarder ses intérêts dans le commerce avec les pays européens étrangers au Marché commun. Il note des résultats moins encourageants

22. Archives du Quai d’Orsay, série Europe, sous-série Italie, 1944-1970, volume 300, lettre du 2 juillet 1959. 23. Ch. de Gaulle, Lettres, notes et carnets, juin 1958-décembre 1960, Paris, Plon, 1985, p. 238. R 55 Élisabeth Yverneau-Glasser

à propos de l’agriculture italienne et en août 1960 il informe le ministère que l’Italie n’est pas prête pour la Politique agricole commune.

Une diplomatie de prestige

À Rome, Gaston Palewski déploie une « diplomatie de prestige ». Il a une réputation de mondain, il veut séduire, impressionner. Il reçoit beaucoup et effectue de très nombreux déplacements : « Je compris tout de suite que je ne serais égal à mes fonctions qu’allant de ville en ville pour manifester à tous et à chacun l’amitié de la France 24. » Gaston Palewski a conservé de nombreuses traces de ses voyages et des discours qu’il a prononcés. Il est à l’aise dans sa charge, satisfait de son poste d’ambassadeur. C’est cet aspect qui ressort de la lecture de ses Mémoires et du dépouillement des archives. Il inaugure de nombreuses usines (une usine de transistors à Sermoneta en octobre 1959, Saint-Gobain à Caserte en décembre 1959, les établissements L’Oréal à Turin en mai 1960), des expositions (Édouard Vuillard à Milan en septembre 1959, une exposi- tion d’artisanat à Florence en avril 1960, l’exposition Daumier à Milan en mai et juillet 1961). Certaines inaugurations concernent le domaine de la culture : le Centre culturel franco-italien en octobre 1959, les locaux de l’Institut français de Florence en janvier 1961, l’Association franco-­ italienne de Bologne et l’École française de Milan en octobre 1961. Il est présent lors de nombreuses foires-expositions : la journée française de la foire de Bari en septembre 1958, celle de Milan en avril 1959, la journée française de la foire agricole de Venise en mars 1959, les foires de Vérone en mars 1960, de Milan en avril 1960, de Bari en août 1960, de Palerme en mai 1961. Il signe la convention franco-italienne concernant l’aména- gement du Mont-Cenis en juillet 1960 et visite les chantiers du tunnel sous le Mont-Blanc en décembre 1960. Les nombreux déplacements qu’il accomplit concernent tous les domaines, politique, économique, social, culturel. Gaston Palewski a une bonne connaissance de l’Italie, de son his- toire, de sa culture, des villes qu’il visite. Il fait régulièrement une référence artistique et culturelle de la ville dans laquelle il se rend lorsqu’il prononce un discours. Il dispose toujours d’une note pour préparer son voyage, sur les richesses culturelles et artistiques de telle ou telle cité, des renseigne- ments sur un peintre, un écrivain, un artiste.

24. AN, 547 AP 57, AP 58 et AP 59. R 56 Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski

Gaston Palewski a beaucoup sillonné l’Italie et n’a jamais négligé les visites de musées, d’églises, d’expositions, de sites archéologiques. Il s’est entretenu avec les représentants des pouvoirs publics, protagonistes de la vie locale, hommes d’affaires, syndicalistes. Gaston Palewski reçoit beaucoup à l’ambassade et avec un certain éclat. Étienne Burin des Roziers confirme qu’il « recevait très bien et il aimait recevoir 25 ». D’après Giovanni Fornari : « Le Farnèse fut pour lui une rési- dence idéale où put se donner libre cours l’art exquis qu’il possédait de maintenir et d’embellir les intérieurs, d’en faire les honneurs à ses innom- brables amis, de leur présenter les nouvelles pièces qu’il ne cessait de dé- nicher au cours de ses randonnées à travers Rome 26. » Gaston Palewski affirme que « c’est la plus belle ambassade de France », un « merveilleux palais 27 » et qu’il lui a été « agréable de le rendre vivant, de le réchauffer, d’y mettre ses tableaux, d’y grouper ceux qui auraient pu s’y trouver dans d’autres époques 28 ». Gaston Palewski s’est beaucoup intéressé à l’histoire du palais et il a procédé à la restauration de la galerie des Carrache 29. Il acquiert, en 1959, deux tapisseries d’Aubusson pour le couloir d’accès à cette galerie 30. Dans une lettre adressée à André Malraux, ministre de la Culture en février 1959, il évoque les derniers travaux de réfection et la « remise en état de l’an- cienne chapelle du cardinal Farnèse, qui avait été profanée ». Dans une lettre du 7 février 1959, adressée à la marquise de Brémond d’Ars, il donne le détail des travaux accomplis : J’ai éclairé la petite cour intérieure. Je l’ai transformée en jardin à l’italienne avec des lauriers et des ifs […]. Entre les deux tapisseries d’après le Raphaël des chambres du Vatican, j’ai suspendu deux tableaux de ma collection […]. L’un d’eux qui représente l’Arc de Titus et les fouilles du forum fut acheté par moi à l’âge de 18 ans, quand j’étais étudiant à l’université d’Oxford : prédestination 31. Il précise toutes les transformations qu’il a fait accomplir, et en particulier qu’il a fait repeindre le deuxième étage.

25. Témoignage d’Étienne Burin des Roziers, Paris, 6 octobre 2005. 26. G. Fornari, « Le derniers des Stendhaliens », art. cité, p. 52. 27. G. Palewski, « Quelques hôtes au palais Farnèse », discours, 7 février 1969, Archives municipales de Nice, 168 W 119. 28. Interview de Gaston Palewski par Jacques Chancel, Radioscopie, 16 juin 1975, Archives de l’INA, Biblio- thèque nationale de France. 29. Peintres italiens du xvie siècle originaires de Bologne. C’est Annibal Carrache (1560-1605) qui décora la galerie du palais Farnèse, en particulier la voûte avec sa version des Amours des dieux, inspirée des Métamorphoses d’Ovide. Plus d’informations à ce sujet sur . 30. AN, 547 AP 162. 31. AN, 547 AP 68. R 57 Élisabeth Yverneau-Glasser

Gaston Palewski a beaucoup invité au palais Farnèse comme en té- moigne l’abondante correspondance 32 reçue pour le remercier de son accueil ainsi que les menus et plans de table conservés dans ses archives personnelles. Les Mémoires de son frère Jean-Paul confirment sa « passion » pour cette résidence. Dès le moment où il fut nommé Ambassadeur à Rome, votre oncle transforma le palais Farnèse et lui rendit tout l’éclat que possédait jadis cette merveilleuse demeure […]. La maison prit un air de fête et une splendeur depuis longtemps inaccoutumée. Gaston Palewski recevait beaucoup : les réunions de l’Ambassade de France devinrent vite l’un des centres principaux de la vie romaine, il fut un hôte magnifique dont on gardera longtemps le souvenir […]. Sa discrétion, son goût secret, l’intérêt extrême qu’il manifestait pour toutes les merveilles de l’Antiquité, la Renaissance et le siècle de Tiepolo ont fait jaillir du sol italien, l’intérêt qu’il portait aux réalisations industrielles et à la vie moderne […]. On le voyait inaugurer des expositions, des foires interna- tionales, s’attarder auprès des temples grecs et des ruines romaines, on le voyait au Nord discuter avec les industriels, au Sud rêver tout à la fois aux douceurs du climat et à la misère du peuple 33. Au cours de son séjour en Italie, sa passion pour les lettres et les arts transparaît dans ses engagements, ce que confirme son courrier à Julien Cain, administrateur à la Bibliothèque nationale, en 1968 : « Mon destin a voulu ne jamais séparer les arts de la politique 34. » Gaston Palewski s’est aussi beaucoup attaché à la ville de Venise. Elle fut, d’après Giovanni Fornari « sa passion 35 ». « Venise a joué un rôle parti- culièrement privilégié dans la vie de Gaston Palewski. Tout l’attirait […]. Son passé fascinait l’amateur d’histoire. Ses beautés artistiques séduisaient l’homme de goût. La place qu’y tiennent la femme et l’amour enchan- tait le séducteur 36. » Ambassadeur, il s’est intéressé à la cité de la lagune menacée par les périls naturels et s’y est rendu de nombreuses fois : en décembre 1958, juillet 1959, février et mars 1961 37. Suite aux inondations de 1966, il fonde en 1967, alors qu’il est président du Conseil constitutionnel, le Comité français pour la sauvegarde de Venise.

32. De nombreuses lettres le gratifient personnellement et évoquent « les belles réceptions », « aimable récep- tion au palais Farnèse », « nous avons admiré la splendeur de l’ambassade, le goût que vous avez apporté à son installation et le caractère agréable que vous lui avez donné », « gentillesse de votre accueil », « sympathique accueil », « accueil si sympathique que vous nous avez réservé » (AN, 547 AP 56, AP 66, AP 162). 33. Extrait des Mémoires non publiées de Jean-Paul Palewski, document fourni par Stanislas Palewski. 34. AN, 547 AP 120. 35. G. Fornari, « Le dernier des Stendhaliens », art. cité, p. 53. 36. G. Gaussen, « Au Comité français pour la sauvegarde de Venise », Espoir, no 50, 1985, p. 50. 37. AN, 547 AP 57 et AP 69. R 58 Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski

Avec Armand Bérard, son successeur de 1962 à 1967, Gaston Palewski pourrait écrire : « L’Italie est, de tous les postes diplomatiques, un des plus délicats. Les oppositions n’y sont pas tranchées, ni les contrastes accusés 38. » Pour Gaston Palewski, jeune diplomate, fort de ses expériences variées au sein du monde politique français, de sa culture très internationale, la période d’adaptation a sans doute été peu facile. Le monde de la diplo- matie ne lui était pas aussi familier qu’il avait pu penser. Il abandonne ses fonctions diplomatiques quelques semaines après la signature des accords d’Évian. Le général de Gaulle le rappelle à Paris pour le nommer à un ministère clé qu’il a déjà occupé : en avril 1962, le nouveau premier ministre Georges Pompidou lui offre le portefeuille de ministre d’État chargé de la Recherche scientifique et des Questions atomiques et spatiales. On note chez Gaston Palewski une satisfaction certaine de rentrer à Paris, où il retrouve le Général : « Je suis heureux de retrouver Paris 39. » Il a passé cinq années extraordinaires à Rome. Prenant congé de la colonie française de Rome en avril 1962, il exprime néanmoins ses regrets de quitter la Ville éternelle : « Je ne vous cacherai pas ma tristesse. Comment pourrait-on quitter sans mélancolie, après cinq ans, ce palais si noble, cette ville si belle, ce pays si attachant ? » Il dresse un bilan plutôt positif de la période malgré le contexte de la tragédie algérienne. Il rappelle la mise en route du Marché commun et note : Notre rôle est de faire que l’amitié franco-italienne se développe et s’approfondisse au sein de la coopération européenne […]. Échanges économiques importants et fructueux […]. Voyage de De Gaulle il y a trois ans […]. Renouveau de l’étude du français en Italie […]. Pendant ces cinq années nous avons vu l’Italie se transformer sous nos yeux, passer dans le peloton de tête des nations industrielles d’Europe 40. Giovanni Fornari dresse lui aussi, mais avec recul du temps, le bilan vu du côté italien : En avril 1962, Gaston Palewski achevait donc sa brillante mission en Italie où son amitié pour notre pays avait été vivement appréciée et chaleureusement payée de retour. Les Romains se souviennent qu’à la réception de fin de mission au Farnèse, plus de deux mille personnes avaient envahi les admirables salons pour exprimer à l’ambassadeur leur sympathie, leur admiration et leurs regrets de le voir partir 41.

38. Archives du Quai d’Orsay, série Z, Europe-Italie, 1944-1970, dépêche no 989, Rome, 19 juillet 1967. 39. AN, 547 AP 163. 40. AN, 547 AP 12 et AP 128. 41. G. Fornari, « Le dernier des Stendhaliens », art. cité, p. 53. R 59 Élisabeth Yverneau-Glasser

Le 17 avril 1962, Giuseppe Pella s’adresse à Gaston Palewski et lui exprime : […] ma joie et en même temps toute la mélancolie qui m’ont été apportés par la nouvelle de votre nomination de ministre du nouveau gouvernement français et mon regret très vif de votre départ de Rome […]. Témoin de l’esprit de cordialité avec laquelle vous avez si sagement travaillé pour resserrer et renforcer toujours plus, chaque jour, la collaboration et la fraternité entre les deux pays. Votre mission a été couronnée du succès le plus brillant dans l’intérêt commun des deux pays 42. Si, en 1957, les choses n’ont pas été faciles pour ce nouvel ambassadeur proche du général de Gaulle, l’ambassade de Gaston Palewski à Rome constitue « un épisode heureux des relations franco-italiennes 43 ». Gaston Palewski a appliqué les instructions du Quai d’Orsay, a beaucoup sillonné la Péninsule, s’est intéressé aux attraits du pays, aux villes, aux musées et à ses habitants. À son retour à Paris, il conserve un grand intérêt pour l’Italie. En 1966, il devient président de l’Association France-Italie, mul- tiplie les réunions culturelles, organise des voyages d’études, des confé- rences, des tables rondes sur des questions concernant l’Italie et la France.

42. AN, 547 AP 163. 43. É. Burin des Roziers, « Ambassadeur à Rome », Espoir, no 50, 1985, p. 31. R 60 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle

Raffaella Cinquanta Università degli Studi dell’Insubria

Dopo la bocciatura, nel 1954, del progetto di Comunità europea di difesa (Ced) e di quello, correlato, di Comunità politica europea (Cpe), per i federalisti europei militanti nei movimenti nati durante la Seconda guerra mondiale e raggruppati in una struttura di coordinamento, l’Unione­ euro- pea dei federalisti (Uef) 1, la Francia della Quarta Repubblica costituiva il principale ostacolo sulla via della creazione della Federazione europea ed era pertanto oggetto di particolare attenzione. Ciò non solo e non tanto perché era stata proprio l’Assemblea nazionale d’Oltralpe ad aver provo- cato la caduta della Ced, ma soprattutto perché la debolezza politica dei governi francesi e la pessima gestione delle situazioni di crisi — quali quelle in Indocina, in Algeria, e soprattutto di Suez — costituivano il più vistoso sintomo dell’inadeguatezza della formula dello Stato-nazione. A fortiori dopo la caduta della Repubblica nel maggio del 1958, quando — come sottolineava uno dei padri del federalismo, Altiero Spinelli — avendo scelto con la nomina di Charles de Gaulle alla presidenza del Consiglio di «get- tarsi sul folle cammino della falsa grandezza nazionale […] con la pretesa di occupare da sola il ruolo di fattore autonomo nell’equilibrio mondiale che solo l’Europa unita potrebbe occupare», la Francia sembrava rimettere in discussione il «valore delle istituzioni democratiche» 2. Il problema del superamento della dimensione nazionale dello Stato si legava quindi ora

1. Per un inquadramento di questi temi si segnalano i lavori di U. Morelli, L’Unione europea dei federalisti e il Movimento federalista europeo sovranazionale, e di J.-P. Gouzy, I movimenti per l’unità europea in Francia, entrambi in S. Pistone (a cura di), I movimenti per l’unità europea 1954-1969, Pavia, Pime, 1996, pp. 55-69 e pp. 179-227. 2. Archivio storico dell’Università di Pavia, Fondi aggregati (d’ora in poi ASUP/FA), Fondo Mfe (d’ora in poi MFE), 9/5, Lettera di A. Spinelli ai membri del Cc del Mfe, 20/09/1958. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 61-75. 61 Raffaella Cinquanta anche a quello della salvaguardia della democrazia, in Francia e, in subor- dine, in tutta Europa. I fatti, per coloro la cui memoria del conflitto mon- diale era ancora fresca, non potevano non destare preoccupazione; rilevava eloquentemente Spinelli: «Si sta verificando, come nel passato (Mussolini, Hitler) la “corte all’uomo forte”» 3. I federalisti si rendevano conto che fosse necessario, dopo la delusione del 1954, ripensare la propria politica e ideare le azioni necessarie a far fronte a tale situazione, nuova e inquie- tante, e sapevano di doverlo fare in modo unitario. Ma ciò non era di facile attuazione; ci si propone pertanto in questa sede di analizzare, rispetto a tale questione, i rapporti molto difficoltosi tra la componente italiana e quella francese dell’Uef, al tempo le più consi- stenti. I due movimenti infatti, pur condividendo il giudizio negativo sul nazionalismo, presentavano differenti visioni politiche sia a livello teorico che pratico: se quella francese, ‘proudhoniana’, si batteva per il federalismo infra-nazionale, volto alla definizione di un nuovo ordine sociale ed eco- nomico oltre che politico — tale corrente era detta del ‘federalismo inte- grale’ e il suo principale esponente era Alexandre Marc 4 — quella italiana, guidata da Altiero Spinelli e poi da Mario Albertini, si manteneva invece rigorosamente ‘hamiltoniana’, ovvero fautrice del federalismo sovranazio- nale ed istituzionale. Non mancavano divergenze anche a livello di azione: tendenzialmente moderato e, in alcune sue componenti filogovernativo, il Movimento francese 5, più radicale, antigovernativo, intenzionato a fare dei federalisti una forza politica completamente autonoma, quello ita- liano. Le difficoltà erano esplose proprio quando i federalisti italiani erano stati costretti, nel 1956-1957, a dar vita all’iniziativa per la convocazione di un’Assemblea costituente europea, il Congresso del popolo europeo (Cpe), al di fuori dell’Uef, provocando un contrasto tale al suo interno da indurre alla scissione alcune sue componenti, che poi formarono un’or- ganizzazione alternativa, l’Action européenne fédéraliste (Aef) 6. Tuttavia,

3. ASUP/FA, MFE, 9/4, Verbale del Cc Mfe, 14-15/06/1958. 4. Cfr. A. Marc, Du communalisme au fédéralisme intégral, Paris, La Fédération, s. d. [1948]; Id., La Révo- lution fédéraliste, Paris, Presse d’Europe, 1969; Id., Europa e federalismo globale, Firenze, Il ventilabro, 1996. 5. Una concausa di tale moderatismo è la coeva presenza in Francia di molte organizzazioni europeiste dal forte peso politico, tra le quali, oltre al Comitato d’azione per gli Stati Uniti d’Europa di Jean Monnet, vanno citate quelle raggruppate nell’Organizzazione francese del Movimento europeo (Me), come La Fédération di André Voisin — sostanzialmente di destra — e il Movimento socialista per gli Stati Uniti d’Europa dell’ex-­ ministro Gérard Jaquet. 6. L’idea del Cpe fu concepita nel 1955 (cfr. A. Spinelli, Diario europeo, a cura di E. Paolini, vol. I (1948- 1969), Bologna, Il Mulino, 1989, p. 240), approvata dal Cc del Mfe italiano nel 1956 («Europa Federata», d’ora in poi EF, vol. IX, no 12, 1956, p. 4) e fu la causa del contrasto con le componenti tedesca e olandese dell’Uef, che se ne distaccarono e con La Fédération diedero vita all’Aef. Cfr. anche G. Héraud, Che cos’è il CPE, «Popolo Europeo» (d’ora in poi PE), vol. IV, no 8, 1961, p. 3. R 62 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle al di là delle differenze dottrinali, il problema di base dell’Uef stava in realtà nella sua struttura, non centralizzata e di mero coordinamento tra movimenti nazionali pienamente indipendenti a livello politico: se ciò rendeva difficile trovare linee di azione comune nella norma, condan- nando il Movimento, nel suo complesso, a una semicronica debolezza politica, diventava del tutto paralizzante in momenti di crisi. Ciò si veri- ficò puntualmente proprio a seguito della comparsa sulla scena politica di Charles de Gaulle. Come aveva percepito Spinelli, «la tentazione poteva essere forte di restare intimoriti dal confronto tra la nostra debolezza e il peso della politica francese» 7, e infatti, al di là delle iniziative dei singoli movimenti nazionali, l’Uef nel suo complesso si ritrovò, per indecisione, dispersione di forze, e soprattutto per mancanza di una strategia politica elaborata direttamente a livello sovrannazionale, ad arrancare inseguendo gli eventi, piuttosto che a indirizzarli, come invece era avvenuto negli anni della Ced. Nell’analisi di questa intricata situazione è parso affiorare un rapporto di derivazione piuttosto diretto tra l’evoluzione politico-organizzativa che l’Uef sperimentò, proprio nel tentativo di porre rimedio a tali mancanze, e i cambiamenti di rotta della politica gollista; parrebbe quindi ragionevole affermare che quest’ultima, per le caratteristiche che si vedranno, ‘obbligò’ il Movimento a rientrare nell’agone politico e a rinnovarsi completamente. Rispetto a questo rapporto di derivazione, sono state riscontrate due fasi. Nella prima, che va dal 1957 al 1962, gli eventi politici francesi contribu- irono a mantenere unito il Movimento — che, forse, sotto la pressione del Mfe-Italia, si sarebbe altrimenti disgregato — inducendolo a ristruttu- rarsi in organismo centralizzato a livello sovrannazionale e, di conseguenza, obbligandolo anche ad abbozzare una linea di compromesso politico tra le correnti. Compromesso che però non trovò un corrispondente a livello di azione; e le ragioni di ciò sono in gran parte attribuibili proprio alla politica gollista, sotto due specifici aspetti. Da una parte, essa sembrava esercitare, nei suoi primi anni, un’indubbia ‘seduzione’ sull’intimorito cit- tadino francese, seppur federalista. Spinelli ne coglieva il punto fonda- mentale, quando sottolineava che, se di fronte a de Gaulle non scattava l’istinto democratico, bensì quello del cittadino bisognoso di quiete e ordine, il Generale poteva facilmente apparire come colui che non solo proteggeva la Francia dalle dittature fascista e comunista, ma lo faceva, nel contempo, attraverso una riproposizione dell’idea europea 8. Ma vi era

7. A. Spinelli, Diario europeo, cit., p. 358. 8. Ibid. R 63 Raffaella Cinquanta anche un secondo, più sottile, aspetto, che è forse l’elemento chiave per comprendere le ragioni per le quali la figura di de Gaulle riuscì a confon- dere, inaspettatamente, anche i federalisti che non lo sostenevano. Come infatti notava Mario Albertini nel 1961 9, de Gaulle aveva il merito di aver compreso quel che non volevano comprendere i fautori dell’Europa comunitaria, ovvero che l’unità dell’Europa era un problema di natura eminentemente politica. Erano politiche infatti le argomentazioni addotte in difesa dell’autonomia dell’Europa rispetto agli USA — simboleggiate dal veto all’entrata della Gran Bretagna del 14 gennaio 1963 — del suo ruolo di potenza economica e di punto di riferimento alternativo ai due blocchi, così come avevano finalità politiche, seppur di natura confede- rale, i Piani Fouchet. Coloro che intendevano svolgere opposizione al suo progetto, politico, di Europa confederale erano quindi anch’essi obbli- gati a farlo, e concretamente, sul piano politico; dichiarazioni d’intenti e professioni dottrinali non erano più sufficienti, bisognava agire; diversa- mente, si era condannati all’impotenza. E impotente era infatti l’Uef, fre- nata dal Movimento francese, a sua volta bloccato tra l’ostruzionismo dei suoi membri gollisti e il disorientamento o la cautela degli altri. Da tutto ciò l’organizzazione fu però strappata a forza nella seconda fase, compresa tra la seconda metà del 1962 e il 1969, quando fu spinta a «uscire dai suoi soliloqui per incontrarsi e scontrarsi con i gruppi di potere e di interesse proprio sul terreno dell’Europa» 10. Il cambio di rotta della politica europea gollista, che da propositiva divenne completamente ostruzionistica, creò infatti una situazione emergenziale tale far approdare definitivamente il Movimento francese su posizioni di aperta opposizione e, in un secondo momento, da far convergere tutte le forze federaliste ed europeiste in fun- zione antigollista. La minaccia alle istituzioni europee, peraltro, avveniva proprio nel momento in cui il mercato comune registrava innegabili suc- cessi; tale convergenza fu attuata quindi sulla base di una piattaforma poli- tica che consentiva di integrare diversi approcci, anche non rigorosamente federalisti, grazie a due dispositivi pratici di immediata fruizione — il Fronte democratico e l’elezione diretta del Parlamento europeo — i quali, se da una parte utilizzavano forze e mezzi disponibili nell’hic et nunc, dall’altra spianavano la strada ad obiettivi più ambiziosi per il futuro. E sarà questa piattaforma — alla quale Albertini affiancherà più avanti la teoria

9. M. Albertini, Quattro banalità e una conclusione sul vertice europeo, «Il Federalista» (d’ora in poi IF), vol. III, no 2, 1961, pp. 63 sgg. 10. Historical Archives of the European Union (d’ora in poi HAEU), AS/0050, Lettera di O. Giarini ad A. Spinelli, 23/09/1962. R 64 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle politologica del ‘gradualismo’ 11 — che consentirà nel decennio successivo ai federalisti di riacquistare un forte peso politico e un’influenza consi- stente sugli eventi, tradottesi nelle lotte per l’elezione diretta del Pe e per lo Sme.

Riforma istituzionale e compromesso politico (1957-1962)

Nella prima fase, a fronte della paralisi del Movimento francese, il ruolo propulsivo fu svolto da quello italiano, che aveva definito suo obiettivo primario post 1954 lo svolgimento di una strenua opposizione, in parti- colare al nuovo regime francese 12, nella speranza di poterne sfruttare le contraddizioni in prospettiva federale. Spinelli dichiarava infatti in un articolo del giugno 1958, Il nostro fronte 13, che la «missione storica» del popolo francese era di battersi affinché la rinascita della democrazia fran- cese fosse «l’atto di nascita della democrazia europea», assegnando a ciò una tale importanza da sostenere che l’avvenire della sua azione ormai ne dipendeva completamente 14. Come strumento Spinelli puntava sul Cpe, che avrebbe dovuto creare un suo fronte francese per la lotta sia contro de Gaulle che contro la restaurazione democratica su base nazionale. Già nel maggio del 1958 quindi il Congresso votava una risoluzione di dura condanna del nazionalismo francese, mentre nel luglio successivo pren- deva una chiara posizione sulla nuova costituzione seguita in settembre da un appello ai francesi affinché votassero no al referendum 15. Spinelli forzò molto la mano in sede Uef affinché si allineasse con il Cpe. Dalla sua parte si schierarono — con differenze di grado e momenti di ripensamento ma pur sempre nella convinzione che anche il federa- lismo integrale necessitasse di uno slancio di tipo popolare, attivabile grazie alla rivendicazione costituente — Michel Mouskheli, che diventerà pre- sidente del Cpe, e Alexandre Marc, che, allora presidente del Bureau exé- cutif (Be) dell’Uef, entrò anche nel Comitato permanente del Cpe. Il principale oppositore era invece Henri Frenay, leader del Mfe francese, che divenne apertamente filo-gollista e che era seguito, spesso anche al

11. Cfr. i testi di M. Albertini, Elezione europea, governo europeo, stato europeo (IF, vol. XVIII, no 4, 1976, p. 200 sgg.) e Rapporto di Mario Albertini al Comitato federale dell’Uef del 18-19/02/1978 (IF, vol. XX, no 1, 1978, p. 1 sgg.). 12. Lettera di A. Spinelli ai membri del Cc del Mfe, 20/09/1958, cit. 13. PE, vol. I, no 6, 1958, p. 1. 14. A. Spinelli, Diario europeo, cit., p. 348. 15. Vedi, rispettivamente, PE, vol. I, 1958, no 5, p. 1; no 7, p. 1 e no 8, p. 1. R 65 Raffaella Cinquanta solo fine di evitare contrasti al suo interno, dalla maggior parte del Mfe d’Oltralpe, anche da chi, come Jean-Pierre Gouzy e André Delmas, erano orientati favorevolmente alle tesi italiane 16. L’opposizione a Spinelli si manifestava, in sede Uef, nella riluttanza dei membri francesi a prendere posizioni chiare, e nell’assunzione di atteggiamenti dottrinali, mascherati dal pervicace attaccamento all’obiettivo del federalismo integrale; tuttavia, per evitare l’isolamento, premeva loro anche evitare che il Movimento si disgregasse, ed è per questo che cercarono sempre di scendere a compro- messi con la componente italiana. Compromessi del resto sempre più al ribasso e ottenuti al prezzo dell’inerzia dell’organizzazione. Prova ne sia il fatto che, pur adottando nel 1957 la parola d’ordine della Costituente e pur esprimendo qualche apertura verso il Cpe 17, nel 1958 fu ribadito il rifiuto di farne propria l’azione 18, con ciò peggiorando di fatto la situa- zione di entrambe le organizzazioni poiché, mantenendone scoordinati organi e funzioni, se ne sdoppiavano le azioni e indeboliva l’efficacia. Di tutto ciò prende impietosamente atto Spinelli quando, in occasione di una Conferenza Uef organizzata nel luglio del 1958 per esaminare la crisi francese 19, commentava: «Il federalismo francese […] per non aver mai voluto scegliere in modo definitivo tra il nazionalismo […] e l’Europa […] è ormai agonizzante, e con esso l’Uef» 20. Fu del resto proprio la crisi francese, sempre più allarmante, a dotare l’ipotesi di un rinnovamento dell’Uef, quantomeno a livello procedu- rale e strutturale, del carattere dell’urgenza. Alcuni dirigenti, tra cui il belga Raymond Rifflet — moderato e mediatore tra italiani e francesi — e Luciano Bolis — trait d’union tra Uef, Mfe-Italia e Cpe — rilevavano l’opportunità che il Movimento esprimesse le sue linee politiche chiara- mente, senza «vaines précautions diplomatiques» 21, e procedesse a «una mo- dificazione dei […] metodi di lotta» 22. Ciò divenne ineludibile proprio nel periodo a cavallo del referendum sulla Quinta Repubblica, quando, nonostante i federalisti italiani esprimessero la propria solidarietà fattiva a coloro che in Francia intendessero battersi contro de Gaulle, sperando così

16. Il contrasto tra Spinelli e Frenay risaliva al 1955 ed esplose in occasione della scissione del 1956 (cfr. A. Spinelli, Diario europeo, cit., pp. 236-239, p. 290 e pp. 349-352). 17. ASUP/FA, Mfe, C/7/12, Compte rendu du BE UEF (02-03/11/1957) e Compte rendu du CC UEF (14- 15/12/1957). 18. ASUP/FA, Mfe, C/7/12, Compte rendu du BE UEF (01-02/02/1958). 19. Vedi EF, vol. XI, no 8-9, 1958, p. 2. 20. A. Spinelli, Diario europeo, cit. p. 357. 21. HAEU/RR/75, Lettera di R. Rifflet alla Commissione nazionale francese del Mfe, 29/11/1959. 22. ASUP/FA, MFE, C/6/4, Lettera di L. Bolis a G. Usellini, 31/05/1958. R 66 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle di dar loro coraggio 23, l’Uef aveva mostrato di «non avere né sufficiente volontà politica europea né la capacità di assumere responsabilità politiche importanti» 24, votando risoluzioni che non prendevano una posizione decisa sul regime gollista e non rilevavano né l’urgenza né — cosa ancora peggiore — la necessità di un intervento, limitandosi a raccomandare una generica vigilanza 25. Il fatto poi che il Mfe francese avesse lasciato i suoi membri liberi di votare secondo coscienza al referendum, costituiva una riprova del fatto che l’Uef era politicamente pietrificata. Il Mfe italiano tentò di porre rimedio a tale situazione sia convocando la seconda ses- sione del Cpe proprio in Francia, a Lione — una delle poche roccaforti francesi del federalismo radicale e in occasione della quale fu approvato un progetto di Trattato per la convocazione della Costituente 26 — che rivolgendo, negli stessi giorni del referendum, «un estremo appello» al Comitato centrale (Cc) dell’Uef affinché si trasformasse in movimento unitario e sostenesse il Cpe 27 — obiettivi, secondo Spinelli, rigorosamente consequenziali per «affrontare il prossimo periodo difficilissimo» 28 — arri- vando a minacciare anche la scissione. I francesi, pur cercando di mediare, erano riluttanti, forse anche nel timore che un organismo centralizzato avrebbe implicato una subordinazione al Mfe italiano, ma l’elezione di de Gaulle alla presidenza della Repubblica fece mutare loro opinione: Spinelli testimoniava infatti che la forte presa di posizione del Mfe-Italia, in unione però al «rafforzarsi del regime di de Gaulle, nei cui confronti sono cadute molte speranze di federalisti francesi», aveva «spinto a un rinnova- mento» 29. Nel gennaio del 1959 l’Uef nominava quindi una Commissione per esaminare il problema della sua conversione in organismo unitario 30; ciò avvenne al Congresso straordinario di Parigi del 27-29 giugno succes- sivo, quando l’Uef si trasformò in Mfe-sovrannazionale, organizzazione or- ganica a gestione centralizzata, mentre i movimenti nazionali diventavano semplici strutture amministrative, le Commissioni nazionali 31. Frenay­ e i gollisti decisero di farsi da parte e ciò ebbe come immediato effetto una collaborazione più stretta con il Cpe: onde evitare la dispersione di forze e

23. EF, vol. XI, no 7, 1958, p. 1. 24. Lettera di Spinelli ai membri del CC del Mfe, 20/09/1958, cit. 25. Vedi ad esempio ASUP/FA, MFE, C/7/12, Les États-Unis d’Europe : un objectif pour la nouvelle constitu- tion française. Résolution du CC UEF, 23/06/1958. 26. PE, vol. II, no 12, 1959, p. 1. 27. Resoconto del CC Mfe, 27-28/09/1958, EF, vol. XI, no 11, 1958, p. 1. 28. ASUP/FA, MFE, C/6/4, Lettera di A. Spinelli a G. Usellini, 19/09/1958. 29. ASUP-FA, MFE, 9/6, Verbale del CC Mfe, 11-12/04/1959. 30. La documentazione relativa ai lavori della Commissione è in ASUP/FA, Mfe, C/6/4. 31. Cfr. G. Héraud, Che cos’è il Mfe, PE, vol. IV, no 6-7, 1961, p. 3. R 67 Raffaella Cinquanta iniziative si decise infatti di invitare i rispettivi dirigenti ad assistere alle re- lative riunioni 32, mentre il Comitato permanente del Cpe cooptava Delmas, nuovo Segretario generale del Mfe, Rifflet e Gouzy 33. Quest’ultimo poi, nuovo Segretario della Commissione nazionale francese, in una lettera ai lettori del foglio del Cpe, «Popolo europeo», sottolineava significativa- mente come i federalisti dell’Uef appartenessero a una tendenza «sorella» che, pur essendo rimasta per lungo tempo nell’aspettativa giudicando troppo «ambiziosa» l’azione del Cpe, avrebbe potuto essere finalmente con- vinta a superare le ultime esitazioni 34. Ma aver riformato la propria struttura e aver allontanato i gollisti non significava ancora aver rinnovato la propria politica. Fu così che, ai due successivi Congressi (Strasburgo, 29-31 gennaio 1960, e Lione, 9-11 feb- braio 1962) 35 fu faticosamente tratteggiata una linea basata sulla strategia costituente che, prevedendo sia la redazione di una Carta politica come documento programmatico di base per la definizione delle azioni, cara al federalismo francese, che la fusione tra Mfe e Cpe, accontentava entrambe le fazioni 36. Le quali furono peraltro concordi sull’adozione di un nuovo orientamento, meno intransigente, proposto da Spinelli 37: la ricerca di un’alleanza ‘critica’, in quanto forza europea autonoma, con i gruppi di opposizione democratica, opposizione «ancora informe e assai mal rappre- sentata», da conquistare alla causa europea proprio a partire dalla Francia 38. Inoltre, com’era prevedibile, maggior unità politica comportò maggior audacia politica; furono quindi votate due chiare risoluzioni: a Strasburgo sull’Algeria e a Lione contro de Gaulle 39. Quest’ultima, in particolare, ela- borata dopo un faticoso compromesso sulla base di un documento ‘cano- vaccio’ presentato da Rifflet, assegnava al regime francese la precisa respon- sabilità del degenerare della situazione 40 e fu seguita da un comunicato del Be nel quale si dichiarava come idea d’Europa gollista e Federazione

32. ASUP/FA, MFE, C/7/12, Compte rendu du CC MFE, 26-27/09/1959. 33. PE, vol. II, no 23, 1959, p. 3. 34. PE, vol. III, no 1, 1960, p. 3. 35. Sui Congressi vedi PE, vol. III, no 2, 1960 e vol. V, no 2, 1962. 36. A fine 1960 le prime elezioni dei delegati al Cpe in Francia si svolsero con successo a Lione e ad Annecy (PE, vol. III, no 11, 1960, p. 1). 37. Per questo cambio di rotta si scontrò con Albertini, dando il via alle difficoltà che sempre caratterizze- ranno i loro rapporti politici (Cfr. A. Spinelli, Diario europeo, cit., p. 420). 38. A. Spinelli, A Lione: il MFE e il CPE ad un bivio, PE, vol. V, no 1, 1962, p. 8. 39. Quanto all’Algeria, si tenga presente che non più tardi di un anno prima il BE non era riuscito a votare che una timida risoluzione, ove peraltro si sosteneva che il problema algerino fosse di competenza giuridica esclusivamente francese (Compte rendu du BE UEF, 01-02/02/1958, cit.). 40. Cfr. PE, vol. V, no 2, 1962, p. 7. R 68 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle europea fossero due concezioni inconciliabili 41. Da ultimo, va ricordata la decisione, presa dal Mfe nel 1961, di svincolarsi dal Movimento europeo (Me), organizzazione genericamente europeista e filo-governativa, deci- sione che rientra nello sforzo di acquisizione di una maggior individualità e indipendenza politica 42. Tuttavia, al di là delle decisioni congressuali, nella pratica rimanevano difficoltà di non poco conto: «la sopravvivenza dell’organizzazione è affi- data all’iniziativa slegata di pochi gruppi». Si registrava poi «un’estrema dispersione di atteggiamenti e di iniziative» 43, ai cui estremi si ponevano ora, da un lato, l’opposizione intransigente organizzata nella corrente di Autonomia federalista — guidata da Mario Albertini, erede del radica- lismo spinelliano ma con questi in contrasto e che, dopo vari conflitti, condurrà il Movimento negli anni Settanta 44 — e dall’altro, la compo- nente filo-comunitaria, guidata dal francese Germain Desbœuf, favorevole a un’azione di propaganda su governi e politici in collaborazione con il Me. Era quindi necessario andare oltre i compromessi e costruire un’effettiva unità, d’intenti e d’azione, senza la quale non era possibile effettuare il salto di qualità decisivo: l’elaborazione di politiche che non fossero il risul- tato del semplice affiancamento di tradizioni politiche nazionali ma di una vera e propria azione sovrannazionale concertata.

Unità e azione (1962-1969)

Inizia così la seconda fase dello sviluppo del Movimento, durante la quale le iniziative e il cambiamento radicale della politica europea di de Gaulle dopo la bocciatura dei Piani Fouchet — la crisi della sedia vuota, il com- promesso di Lussemburgo, la politica in sede Nato, la force de frappe, il secondo, del tutto pregiudiziale, veto all’entrata della Gran Bretagna nella Cee — provocarono un tale stato di allerta nel milieu federalista ed euro- peista da spingere tutte le sue componenti verso la ricomposizione delle divergenze e l’aggregazione operativa.

41. HAEU, RR/49, Communiqué de presse, s. d. [maggio 1962]. Da qui in avanti gli articoli a firma di fede- ralisti francesi sui fogli del Movimento sono più scopertamente antigollisti. 42. PE, vol. IV, no 6-7, 1961, p. 3. È indicativo al riguardo che mentre il Mfe italiano aveva ritirato la sua delegazione già dal 1956 (EF, vol. IX, no 20, 1956, p. 4), l’Uef aveva deciso di non seguirlo finché non si fosse dotata di una politica efficace e condivisa da tutte le sue componenti (ASUP/FA, MFE, C/7/12, Compte rendu du BE UEF, 20-21/07/1957). 43. Resoconto del CC Mfe, 23-24/06/1962, PE, vol. V, no 6-7, 1962, p. 7. 44. Sulla posizione di Autonomia federalista vedi M. Albertini, Le IX e Congrès du MFE. Introduction, IF, vol. IV, no 1, 1962, pp. 28 sgg. R 69 Raffaella Cinquanta

In prima battuta è tuttavia opportuno ricordare che tale sviluppo fu in un certo senso facilitato anche dal disimpegno di Spinelli dalle cariche più importanti del Movimento. Il suo fu un allontanamento graduale, iniziato proprio nel 1962 — a cavallo dei Piani Fouchet e dopo la presa d’atto che il Cpe, nonostante l’avvallo del Mfe-sovrannazionale, non stava ottenendo i risultati auspicati 45 — sulla base di due importanti consi- derazioni, stimolate proprio dalla figura di de Gaulle. La prima era una costatazione: la politica europea del Generale aveva reso necessaria l’as- sunzione di posizioni chiare non tanto sulla necessità o meno dell’integra- zione — cosa che de Gaulle stesso condivideva — bensì su quale Europa s’intendeva costruire: un’Europa autoritaria o un’Europa democratica 46. L’Europa comunitaria infatti, proprio perché priva di individualità poli- tica e non sostenuta da un progetto alternativo a quello gollista, poteva essere facilmente strumentalizzata al fine di assommare i vecchi naziona- lismi in un nuovo nazionalismo europeo, che avesse come fine la politica della pura potenza e l’autoritarismo 47. L’‘europeismo’ gollista — e questa è la seconda, importante, considerazione — rischiava quindi di creare un’identificazione politica tra opposizione al suo regime e opposizione all’unità europea 48. Tutto ciò richiedeva di agire con urgenza sulle forze che aspiravano a un rinnovamento; per Spinelli, il Mfe non era più la sede adatta, perché le linee direttive faticosamente definite non riuscivano a tradursi in azioni efficaci 49 e scelse quindi una via alternativa, che lo condurrà alla collaborazione con il ministro degli Esteri italiano Pietro Nenni, in seguito alla Commissione europea, e infine al Pe. In sede Mfe il suo disimpegno consentì alla linea moderata francese di prevalere e all’or- ganizzazione di assestarsi. Ciò premesso, è possibile suddividere ulteriormente il periodo in tre parti, distintamente scandite dalle iniziative golliste. La prima si snoda tra la seconda metà del 1962 e il 1965 e vede la definitiva presa di coscienza, da parte del Mfe francese, dell’antieuropeismo della politica europea del Generale. A fungere da spartiacque in questo senso fu la sua conferenza stampa del 15 maggio 1962, nella quale attaccava le tesi in favore della sovrannazionalità e criticava la struttura dell’integrazione atlantica. A tal riguardo non necessitano commenti le parole di Gouzy:

45. Cfr. A. Spinelli, Diario europeo, cit., p. 422. 46. Cfr. A. Spinelli, Europa fra imperialismo e democrazia, PE, vol. VI, no 3, 1963, p. 2. 47. ASUP/FA, Fondo Luciano Bolis (d’ora in poi LB), 57, Dichiarazione politica del CIDE, s. d. [1964]. 48. Cfr. A. Spinelli, Una politica europea per le forze democratiche, PE, vol. VI, no 5 bis, 1963, pp. 6-8. 49. Cfr. ASUP/FA, LB, 57, Lettera di A. Spinelli a L. Bolis, 02/06/1964. R 70 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle

Il 15 maggio 1962 […] il monarca che regge i destini della V Repubblica ha superato se stesso. […] Tutti coloro che dal 1958 amoreggiano con il suo regime nella speranza di assistere a una evoluzione […] hanno dovuto abbandonare questa illusione. […] De Gaulle, sbarazzatosi dei fastidi più gravi prodotti dalla guerra in Algeria, […], sta per mettere tutto se stesso al servizio del suo sostanziale nazionalismo 50, la cui più vistosa espressione sarà il Trattato dell’Eliseo del 22 gennaio 1963. Il Movimento francese usciva quindi dall’incanto e il Mfe poteva finalmente agire. La differenza rispetto alla cautela degli anni precedenti è immediatamente riscontrabile: i suoi organi decisero di pronunciarsi per il ‘no’ al referendum del 28 ottobre sull’elezione diretta del presidente della Repubblica — pur non schierandosi ancora apertamente con nes- suna formazione politica ufficiale 51 — e a tal proposito Gouzy si stupiva che «nessuno dei francesi presenti abbia questa volta messo in discussione l’opportunità di una tale decisione» 52. Il fatto che un terzo dell’elettorato si astenesse dal votare, poi, fu interpretato come una prima avvisaglia della sfiducia dei francesi nel regime ma anche nella politica in generale, e ciò sembrava aprire nuovi spazi di intervento. Si profilava la possibilità di col- laborazioni più vaste e proprio in tale contesto fece la sua comparsa l’idea tattica dell’elezione diretta del Pe quale mezzo «per una soluzione durevole alla crisi che oggi corrode le democrazie nazionali» 53: sulla sua base diven- tava infatti possibile riprendere i contatti sia con le altre componenti del federalismo europeo 54 che con i partiti all’opposizione 55 al fine di «costi- tuire un’avanguardia in tutti i raggruppamenti politici», e invitare nel con- tempo tutte le organizzazioni animate da spirito europeo ad «associarsi a questo sforzo» 56. Ripresero altresì le relazioni con il Me, che a sua volta iniziava a manifestare dissenso 57; tutto ciò indusse la componente filo-­ comunitaria del Mfe ad avvallare definitivamente la linea politica adottata. Restavano tuttavia ancora da definire dei veri e propri dispositivi di azione pratica che permettessero al Movimento di passare da un ruolo reattivo agli eventi a uno propulsivo e attivo, di «catalizzatore delle energie europee sparse» 58. Essi furono alfine individuati, sulla base del programma

50. J.-P. Gouzy, La crisi francese e il ‘Volapuk’ integrato, PE, vol. V, no 5, 1962, p. 3. 51. PE, vol. V, no 11, 1962, p. 7. 52. J.-P. Gouzy, Il No coerente dei federalisti, PE, vol. V, no 11, 1962, p. 3. 53. Cfr. PE, vol. VI, no 5 bis, 1963, p. 9. 54. Cfr. ASUP/FA, LB, 57, Lettera di O. Giarini a L. Bolis, 24/05/1963. 55. Vedi HAEU, RR/51, Lettera di J.-P. Gouzy a E. Hirsch, O. Giarini e R. Rifflet, 18/03/1963. 56. PE, vol. VI, no 7-8, 1963, p. 7. Dal 1964 in avanti si registrano infatti negli archivi materiali prodotti dagli altri movimenti e dalla Cee diffusi dal Mfe alle sezioni nazionali. 57. Cfr. PE, vol. V, no 11, 1962, p. 7. 58. Cfr. J.-P. Gouzy, Incertezze comunitarie e prospettive federaliste, PE, vol. VII, no 5, 1964, p. 1. R 71 Raffaella Cinquanta politico definito a Lione, al Congresso di Montreux del 10-12 aprile 1964 59. Fu, in primo luogo, approvata la Carta federalista, un documento strut- turato che inquadrava l’azione per la Federazione europea in un discorso più ampio di rinnovamento della società sulla linea del federalismo inte- grale, sulla base della quale si riuscì a unire le correnti del federalismo francese extra-Mfe, quali La Fédération di André Voisin e la Gauche eu- ropéenne di André Philip. La Carta, che poneva quale obiettivo strate- gico l’Assemblea costituente, contemplava anche il sostegno alle iniziative della Commissione contro i tentativi «d’emprise» degli Stati nazionali e inglobava un appello a tutte le forze progressiste affinché si battessero per la Federazione 60. Il secondo dispositivo, infatti, prevedeva la creazione di un Fronte federalista e democratico europeo, una forza di opposi- zione popolare ai nazionalismi in funzione antigollista 61. Tale iniziativa, che riprendeva quanto già proposto da Spinelli e che quindi ne permise la partecipazione attiva, fu simboleggiata a Montreux dall’elezione alla presidenza del Cc del francese Étienne Hirsch, ex presidente dell’Euratom ed amico personale di Monnet — e, come dichiarava Spinelli stesso, «il personaggio chiave dell’operazione» 62 — e dalla risoluzione sulle elezioni presidenziali in Francia, nella quale si garantiva appoggio ai candidati a favore dell’Europa federata. Nei mesi successivi, sulla base dell’idea del Fronte e a seguito della costi- tuzione di appositi Comitati in Aquitania, a Lione e Parigi 63, il Movimento seguì la Convenzione repubblicana di Parigi del 6-7 giugno 1964, che vide riuniti per la prima volta in forma ufficiale i rappresentanti dei Club — i circoli culturali determinati a dare un nuovo impulso alla sinistra demo- cratica francese sotto la leadership di Mitterrand — e che produsse una dichiarazione conclusiva nella quale si rilevava come lotta per la difesa della democrazia ed Europa federale andassero di pari passo 64. Ebbe anche inizio una proficua collaborazione con il Consiglio dei Comuni d’Europa (Cce) — in particolare con Umberto Serafini, fondatore della sua sezione italiana — che si concretizzò nella grande manifestazione federalista che furono i VII Stati generali di Roma del 15-18 ottobre 1964 65. Rispetto all’idea del Fronte, tuttavia, Autonomia federalista si dichiarava critica, e,

59. Sul Congresso vedi PE, vol. VII, no 4, 1964. 60. La Carta è in ASUP/FA, LB, 57. 61. HAEU/AS/0167, Lettera di A. Spinelli a E. Hirsch, 10/11/1964. 62. HAEU/AS/0167, Lettera di A. Spinelli a O. Giarini, 07/12/1964. 63. «Giornale del Censimento» (d’ora in poi GC), vol. I, no 5, 1965, p. 2. 64. La Francia antigollista verso l’Europa, PE, vol. VII, no 6, 1964, p. 2. 65. Cfr. PE, vol. VII, no 10-11, 1964, pp. 4-5. R 72 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle preferendo rimanere nel solco dell’iniziativa popolare costituente, optò per l’adozione dell’iniziativa del Censimento volontario del popolo europeo in sostituzione del Cpe 66. Fronte e Censimento furono inizialmente svolti separatamente perché espressione della maggioranza e della minoranza del Movimento 67, per poi essere pienamente coordinate nel giugno 1965 68. In tale occasione Mario Albertini pose infatti fine ai contrasti interni sciogliendo la corrente di Autonomia ed entrando nel Be; tra 1965 e 1967 — seconda sottosezione del periodo di riferimento — il Movimento ri- trovò quindi una salda unità al suo interno, e conseguentemente acquisì più forza anche nei confronti dei movimenti esterni. Ma se si considera che il 1965 è anche l’anno in cui Albertini mutò opinione su de Gaulle, è forse possibile ipotizzare una connessione tra le due svolte, connessione direttamente riconducibile, nuovamente, alle azioni di quest’ultimo, in primis allo strappo alla Cee del 30 giugno 1965 e alla conferenza stampa del 9 settembre 1965, nella quale si scagliò contro i Trattati comunitari 69. Diversamente da quanto espresso nel 1961, gli albertiniani vedevano ora nel Generale niente più che una forza di ostruzione — «il suo ruolo sto- rico è finito» 70 — e, considerato il pericolo in cui versava la costruzione comunitaria, si aprivano alle tesi della maggioranza 71. La quale nel frat- tempo aveva costituito, proprio in Francia, un Gruppo preparatorio, com- prendente anche Spinelli e Serafini, che costituì ufficialmente il Fronte democratico per un’Europa federale, presieduto da Hirsch e particolar- mente attivo in occasione delle elezioni legislative francesi del 1967 72. L’unità interna facilitò del resto a sua volta il percorso di avvicinamento, già larvatamente in corso, con le componenti del federalismo e dell’euro- peismo ad esso esterne, ora più facilmente unificabili dal comune sen- timento antigollista e proprio nell’ambito del Fronte. In particolare, si cercava un coordinamento con il Me — il cui Congresso straordinario di Cannes dell’ottobre 1965 aveva espresso viva preoccupazione per la vita

66. Le carte d’archivio documentano non pochi contrasti: cfr. le lettere di J.-P. Gouzy a R. Rifflet (28/03/1963) e a E. Hirsch, A. Marc e R. Rifflet (28/05/1964), in HAEU, RR, 51/04 e 53/04. La posizione di Albertini è espressa in Le X e Congres du MFE, IF, vol. VI, no 1, 1964, pp. 35 sgg. 67. Cfr. ASUP/FA, LB, 57, MFE – Commission nationale du 14/06/1964. 68. GC, vol. I, no 2, 1965, p. 2. 69. Cfr. la presa di posizione della Commissione nazionale francese del Mfe (GC, vol. I, no 3, 1965, p. 2). 70. GC, vol. II, no 6, 1966, p. 1. 71. Cfr. M. Albertini, L’opposition en France, IF, vol. VIII, no 2-3-4, 1966, pp. 218 sgg e Id., La renaissance du nationalisme et la lutte du MFE, IF, vol. IX, no 1, 1967, pp. 26 sgg. 72. PE, vol. VII, no 9, 1964, p. 6. R 73 Raffaella Cinquanta comunitaria 73 — e con l’Aef 74. Fronte e linea unitaria furono sanciti dal Congresso di Torino del 1966, che elesse Albertini alla presidenza del Be e che decise di sostenere apertamente, in vista delle legislative di cui sopra, i partiti dell’opposizione democratica — nella fattispecie il Centro demo- cratico di Lecanuet e la Federazione di Mitterrand — cercando di indi- rizzarla in senso europeo 75. L’ennesimo successo elettorale del Generale, tuttavia, obbligò il Mfe a rivedere ulteriormente la propria strategia: se la sua unità non era mai stata così evidente, mai come in questa fase era del resto emersa anche la man- canza di effettivo peso politico. Si perviene così alla terza e ultima tappa del percorso del Mfe, che si snoda dal 1967 al 1969 e fu interamente volta a ottenere un suo rinnovamento e rafforzamento 76. Le modalità individuate furono sostanzialmente tre. La prima fu l’adozione in via prioritaria della strategia dell’elezione diretta del Pe, rielaborata da Albertini come pro- seguimento delle azioni del Cpe e del Censimento — «si tratta di mezzi diversi, in situazioni diverse, per lo stesso fine: l’intervento del popolo nell’integrazione europea» 77 — e approvata a cavallo delle elezioni francesi in quanto parte, con il Fronte democratico, di uno stesso programma, trasversale a correnti, movimenti e partiti, per «l’urgence de la démocra- tisation» delle istituzioni europee 78. Essa, infatti, costituiva non solo il punto di contatto con i partiti democratici — per il motivo molto sem- plice che «se si chiede che il Pe venga eletto, si chiede una cosa che tutti […] trovano giusta» 79 — ma, soprattutto, se iniziata in alcuni Paesi con la richiesta di elezioni dirette unilaterali dei rappresentanti nazionali in seno al Pe — come appunto avvenne in Italia — avrebbe acceso una reazione a catena di iniziative collaterali in tutti gli altri, isolando de Gaulle proprio

73. HAEU/AS/0064, Circolare di O. Giarini, 25/10/1965. 74. Fu proprio il viaggio a Mosca di de Gaulle a spingere Mfe e Aef a elaborare una presa di posizione comune nel 1966, la prima dal 1957 (GC, vol. II, no 7-8, 1966, p. 2). Il Cc del Mfe aveva del resto già approvato, nel febbraio 1965, un documento redatto da una Commissione di contatto tra Aef e Mfe creata il 27/01/1964 (documentazione in ASUP/FA, LB, 57), nel quale si delineava un percorso di avvicinamento basato sulla linea dell’elezione. Il 26 giugno vi fu la prima di una serie di sedute comuni delle due giunte (GC, vol. I, no 2, 1965, p. 2); nel 1966 l’Aef fece sua l’idea dell’elezione diretta del Pe e nel 1967, quando tenne il suo primo Congresso, vi invitò i responsabili del Mfe (ASUP/FA, LB, 1, Circolari di O. Giarini del 24/01/1967 e del 04/10/1967). Aef e Mfe si riuniranno nel 1973, ridando vita all’Uef. 75. GC, vol. II, no 6, 1966, p. 1. I federalisti francesi si erano peraltro schierati pubblicamente per Mitterrand anche in occasione del secondo turno delle elezioni presidenziali del 1965 (HAEU/AS/0064/03, Le MFE prend position, 13/12/1965). 76. J.-P. Gouzy, La grandezza e il declino, «Federalismo Europeo» (d’ora in poi Fe), vol. I, no 2, 1967, p. 1. 77. ASUP/FA, LB, 1, Lettera di M. Albertini a L. Bolis, 23/09/1968. 78. ASUPV, LB, 1, Compte rendu du CC MFE (11-12/02/1967) e Compte rendu du CC MFE (01-02/07/1967). 79. M. Albertini, Un piano d’azione a medio termine, Fe, vol. I, no 7-8, 1967, p. 1. R 74 I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle sul tema politico della democrazia e del consenso popolare 80. Sulla base di questa strategia era poi possibile — secondo punto — istituire un coordi- namento effettivo a livello di azione con gli altri movimenti e quindi eser- citare su di essi una buona dose di influenza politica. Ciò effettivamente avvenne al secondo Congresso dell’Aja del Me (8-9 novembre 1968) ove i federalisti riuscirono a far passare degli emendamenti per la risoluzione finale di natura federale 81. Ma — terzo e ultimo punto — moltissimo si sperava di ottenere dalle forze coinvolte nel movimento studentesco, che, desiderose di autonomia e partecipazione — i principi base del federa- lismo — sembravano poter costituire un terreno fertile su cui innestare il seme dell’idea federale, specialmente nella sua versione integrale. Il ’68, come è noto, passò, ma la trasversalità strategica della linea dell’elezione diretta del Pe rimase pur tuttavia valida e portò, al Congresso di Trieste del 11-13 aprile 1969, alla sintesi definitiva delle due concezioni del federalismo, integrale e istituzionale: il Mfe si impegnava infatti ad «approfondire e precisare i problemi che condizionano tanto la costru- zione europea che l’edificazione di una società federale» 82. Poco dopo la caduta di de Gaulle, fu poi deciso dal Cc di «compiere tutti i passi neces- sari per unificare le organizzazioni federaliste, dimenticando le dispute del passato e tenendo in vista solo le lotte dell’avvenire» 83, inserendo la lotta per l’elezione in un disegno politico globale, che proponeva a tutti i partigiani dell’Europa un’azione comune di agitazione e pressione. In tale seduta del Cc Spinelli, appena ridiventatone membro, aveva elencato gli obiettivi sui quali i federalisti avrebbero dovuto concentrarsi da allora in avanti: adesione inglese, fine del periodo transitorio, allarga- mento alla comunità politica affidata al Pe, elezioni europee, alleanza con le forze europeiste. Il commento che egli affida ai diari costituisce una delle più eloquenti testimonianze della portata del cambiamento avve- nuto nell’arco di poco più di un decennio in seno al Mfe-sovrannazionale, che riuscì a superare divisioni e crisi di orientamento politico — in ciò sospinto, come si è visto, dalle politiche di de Gaulle — acquisendo la forza e la coerenza che caratterizzeranno la sua azione politica nel quindi- cennio successivo: «Con mio stupore tutti hanno accettato tutto» 84.

80. ASUP/FA, LB, 1, Lettera di M. Albertini ai membri del CC, s. d. 81. Cfr. ASUP/FA, LB, 1, Circolare di O. Giarini, 14/11/1968. 82. Vedi Fe, vol. III, no 2, 1969. 83. Ivi, p. 3. 84. A. Spinelli, Diario europeo, cit., p. 552. R 75

Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche. Modello da imitare o incognita da evitare?

Michele Marchi Università di Bologna

Il quadro di insieme e le specificità di Francia e Italia

Il passaggio tra la fine degli anni Cinquanta e l’avvio degli anni Sessanta costituisce, da un punto di vista sistemico, un tornante per l’evoluzione di quella sfera geopolitica che si può definire l’occidente euro-atlantico 1. Il processo di ricostruzione e consolidamento economico, che ha potuto sfruttare i finanziamenti del piano Marshall e l’impulso della Ceca (oltre che l’ombrello protettivo del Patto atlantico), giunge ad un punto di svolta con la firma dei Trattati di Roma del marzo 1957 2. Completata la rico- struzione, le principali democrazie dell’Europa occidentale si apprestano ad avviare una fase di intensa crescita che avrà effetti di medio-lungo periodo sull’evoluzione dei propri sistemi economico-sociali, con impor- tanti riflessi anche su quelli politici. Se ancora una volta da un punto di vista sistemico è possibile affermare che, a partire dai primi anni Sessanta, si consolida la cosiddetta ‘democrazia del benessere’, in base alla quale la possibilità di consumo per il cittadino-elettore diventa un elemento deci- sivo per la costruzione della legittimazione delle forze politiche che si con- tendono la guida del governo 3, in realtà osservando le specificità nazionali si può notare una certa sfasatura tra i tempi dell’economia e della società e quelli della politica.

1. Cfr. G. Bernardini e M. Marchi (a cura di), A cinquant’anni dal primo centro-sinistra: un bilancio nel contesto internazionale, «Ricerche di Storia Politica», no 2, 2014. 2. Cfr. F. Romero, Storia della guerra fredda, Torino, Einaudi, 2009. 3. P. Pombeni, La ragione e la passione. Le forme della politica nell’Europa contemporanea, Bologna, Il Mulino, pp. 471-544, e S. Cavazza e E. Scarpellini (a cura di), La rivoluzione dei consumi: società di massa e benessere in Europa 1945-2000, Bologna, Il Mulino, 2010. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 77-95. 77 Michele Marchi

Sull’altra sponda dell’Atlantico la ripresa dei consumi di massa e il rilancio del modello americano sono in una prima fase gestiti dagli otto anni di presidenza repubblicana di Eisenhower, per poi vivere un momento di definitivo rilancio con l’arrivo alla Casa Bianca di J. F. Kennedy. Da un punto di vista simbolico, l’insediarsi del giovane e telegenico presidente costituisce, perlomeno a livello di percezione collettiva, il punto più alto del trionfo del modello euro-atlantico, nel quale si mescolano modernizza- zione, consumi di massa e trionfo dei diritti civili. Complice anche la sua drammatica morte, il mito di Kennedy rappresenta, almeno per una parte di opinione pubblica, nonché dell’élite progressista europea, una sorta di ‘nuova frontiera’ del liberalismo in grado di conciliare più libertà ma allo stesso tempo maggiore redistribuzione 4. Per certi versi l’evoluzione politica è simile nel contesto britannico. Con i conservatori guidati da Macmillan impegnati a gestire il post-ricostruzione e poi scavalcati elettoralmente dai laburisti di Wilson e dal suo insistere sui temi della modernizzazione, della pianificazione e della redistribuzione, una sorta di versione ‘continentale’ del liberalismo kennediano. L’uscita di scena di Adenauer in Germania Ovest e la sua sostituzione con l’artefice della cosiddetta ‘economia sociale di mercato’ costituiscono il primo passo, nel 1963, per l’avvio della grande coalizione di tre anni dopo 5. Se si passa ai contesti francese ed italiano, innanzitutto si nota che i sistemi politico-istituzionali post-bellici sono accomunati dalla loro natura, perlomeno in questa congiuntura, in parte estranea all’evoluzione in atto nell’area euro-atlantica. L’Italia della Repubblica post-1946 e la Francia della IV Repubblica hanno un’evoluzione costituzionale e politica assimi- labile. Non solo le due costituzioni sono piuttosto simili, ma la presenza di importanti soggetti partitici ‘anti-sistema’ costringe le principali forze di governo a coalizzarsi, ad inizio anni Cinquanta, per riuscire a garantire la governabilità del Paese ed impedire l’arrivo al potere di forze intenzionate a sovvertirne le fondamenta. Il sistema repubblicano italiano per contrastare il Pci utilizza la formula del ‘centrismo’ degasperiano così come la Francia della IV Repubblica, per rispondere agli attacchi di comunisti e gollisti, ricorre alla politica di ‘terza forza’. Il fallimento del tentativo di intro- durre un premio di maggioranza per la coalizione vincente e la successiva

4. Cfr. D. Ellwood, Una sfida per la modernità, Roma, Carocci, 2012, pp. 219 sgg., e M. Nolan, The Trans- atlantic Century 1880–2010, Cambridge, Cambridge UP, 2012. Cfr. anche V. de Grazia, L’Impero irresistibile, Torino, Einaudi, 2006. 5. Per uno sguardo complessivo D. Diner, Raccontare il Novecento: una storia politica, Milano, Garzanti, 2001. Una lettura di estremo interesse, anche se molto centrata solo sul caso francese, J.-F. Sirinelli, Les Vingt Décisives, Paris, Fayard, 2007. R 78 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche uscita di scena di De Gasperi, possono essere considerati, nel contesto italiano, i due passaggi decisivi per l’avvio del lungo ‘viaggio’ che con- durrà un decennio dopo all’ingresso dei socialisti nell’area di governo. In questo percorso gestito in una prima fase da Amintore Fanfani e poi dalla coppia Fanfani-Moro un momento senza dubbio chiave è rappresentato dall’effetto degli eventi di Budapest del 1956 e dalla successiva e definitiva presa di distanza del Psi di Pietro Nenni dall’alleanza con il Pci nel cosid- detto ‘fronte popolare’. Ma il 1956 è un anno chiave anche per l’evoluzione politico-istituzionale francese. La guerra d’Algeria ha fatto irruzione con veemenza il 1o novembre 1954 (il giorno della cosiddetta Toussaint rouge), ma è in seguito alla violenta contestazione al Primo ministro Mollet in visita ad Algeri il 2 febbraio 1956 che la Francia entra completamente nel conflitto, portando gli effettivi del suo esercito dispiegato in Algeria ad oltre 400 mila uomini. Da questo momento in poi la ‘questione algerina’ sarà centrale per l’evoluzione del sistema politico-istituzionale perlomeno sino a fine 1962 6. Dunque per certi aspetti due sistemi con le medesime problematiche a livello di governabilità e assenza di una reale forma di alternanza, si tro- vano a fare i conti con le nuove incognite del post-ricostruzione e a vivere nello stesso periodo 1958-1962 (1963 in Italia se si considera il centro-­ sinistra organico e non quello con il sostegno in Parlamento dei socialisti nenniani, ma senza la presenza di ministri socialisti del febbraio 1962) una decisiva svolta. Insomma Parigi e Roma affrontano l’ingresso nella ‘società del benessere’ sfidate da una situazione di crisi strutturale o egemonica 7. Nel contesto francese, tra il 1958 e il 1962 si è di fronte ad una triplice svolta. Innanzitutto istituzionale, con il varo della nuova Costituzione a se- guito del ritorno alla guida del Paese da parte di Charles de Gaulle, ultimo presidente del Consiglio della IV Repubblica (dopo esserne stato il primo), investito dei poteri costituzionali e dei pieni poteri in Algeria praticamente da tutte le forze politiche, eccetto il Pcf e alcune personalità di primo piano, tra le altre Pierre Mendès France e François Mitterrand 8. Dopo il successo referendario del settembre 1958, le elezioni del novembre 1958 non costi- tuiscono una cesura sostanziale nel quadro partitico 9. La seconda svolta

6. Cfr. M. Vaïsse (a cura di), De Gaulle et l’Algérie, 1943-1969, Paris, Armand Colin, 2012. 7. Su questo concetto vedi F. Cammarano, Crisi politica e politica della crisi, in P. Pombeni (a cura di), Crisi, legittimazione, consenso, Bologna, Il Mulino, 2003, pp. 81 sgg. 8. Vedi S. Berstein e M. Winock (a cura di), La République recommencée, Paris, Seuil, 2008, pp. 341-388. 9. Cfr. B. Lachaise, G. Le Béguec e F. Turpin (a cura di), Les élections législatives de novembre 1958 : une rupture ?, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2011. R 79 Michele Marchi consiste nel completamento del processo di decolonizzazione e nello speci- fico nella fine della guerra d’Algeria, con il cessate il fuoco, gli accordi di Evian poi ratificati da un successivo referendum. Infine la terza e ultima svolta è quella che si concretizza nel periodo marzo-novembre 1962,­ che vede l’avvicendamento tra Debré e Pompidou a Matignon, l’annuncio da parte di de Gaulle della volontà di procedere al ‘completamento’ della svolta istituzionale introducendo l’elezione diretta del presidente della Repubblica, non utilizzando i meccanismi di revisione costituzionale ordi- nari, ma sottoponendo la proposta a voto referendario. Il braccio di ferro tra tutti i partiti politici (eccetto il partito gollista) e il presidente in carica vede il successo di quest’ultimo sia al referendum di fine ottobre, sia alle legislative di novembre 1962 che segnano, questa volta a differenza del 1958, una cesura per il sistema politico e partitico, che progressivamente si adatterà al nuovo modello istituzionale oramai definitivamente centrato sul primato dell’esecutivo rispetto al legislativo 10. L’evoluzione politico-istituzionale francese è osservata dai contempo- ranei italiani, si tratti dei principali commentatori, dei più noti costituzio- nalisti e dei principali protagonisti politici, con un sentimento di stupore, misto a timore. Su un punto tutti sembrano convenire: l’evoluzione cen- trata sul primato dell’esecutivo e della democrazia plebiscitaria non sono esportabili nel contesto ‘speciale’ dell’Italia 11. Soltanto sull’onda della crisi del sistema politico italiano, a partire dai primi anni Ottanta, l’evoluzione ‘gollista’ delle istituzioni francesi comincerà ad interessare porzioni sempre più vaste della politica e dell’accademia italiana, sino ad arrivare ad una vera e propria ‘moda del semipresidenzialismo’ nella fase di più acuta crisi del sistema politico-istituzionale repubblicano sull’onda delle inchieste giudiziarie di Mani Pulite e del progressivo dissolversi dei partiti poli- tici fondatori del sistema repubblicano, anche successivo all’esaurirsi della guerra fredda 12.

10. G. Richard e J. Sainclivier (a cura di), Les partis et la République : la recomposition du système partisan (1956-1976), Rennes, PUR, 2008; J. Garrigues, S. Guillaume e J.-F. Sirinelli (a cura di), Comprendre la V e Répu- blique, Paris, PUF, 2010 e in generale J. Vigreux, Croissance et contestations 1958-1981, Paris, Seuil, 2014. 11. Cfr. A. Argenio, Da maggio a maggio. La Dc e l’avvento al potere di de Gaulle nel 1958, «Italia contempo- ranea», no 270, 2013, pp. 11-32 e P. Milza (a cura di), De Gaulle et l’Italie, Rome, École française de Rome, 1997. 12. R. Chiarini, La fortuna del gollismo in Italia. L’attacco della destra alla ‘Repubblica dei partiti’, «Storia Contemporanea», giugno 1992; R. Chiarini, La fortuna del gollismo in Italia. Le suggestioni di una ‘Seconda Repubblica’, «Storia Contemporanea», aprile 1994 e G. Quagliariello, Gaullisme. Une classification impossibile, Paris, L’Harmattan, 2009. Di taglio più giuridico F. Lanchester, La Quinta Repubblica nel dibattito e nella prassi in Italia, Napoli, Jovene, 2009. Di taglio più politologico G. Pasquino e S. Ventura (a cura di), Una splendida cinquantenne: la Quinta Repubblica francese, Bologna, Il Mulino, 2010. R 80 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche

Se dunque questa è in breve l’evoluzione istituzionale e politica nel contesto francese e se tali cambiamenti sono stati osservati con estrema attenzione nel contesto italiano, giova soffermarsi sulla congiuntura 1958- 1962, altrettanto importante nell’evoluzione del complesso sistema politi- co-istituzionale italiano. Qui la svolta, almeno formalmente, non è istituzionale, ma è essen- zialmente politica ed avviata da Amintore Fanfani, segretario del partito una volta uscito di scena De Gasperi e poi anche presidente del Consiglio dopo le elezioni legislative del maggio 1958. Ben presto il progetto fanfa- niano di arrivare all’apertura a sinistra, cioè al coinvolgimento dei socialisti nell’area di governo, sfruttando le leve del governo (e del suo programma di riforme e di coinvolgimento dello Stato nell’economia) a scapito di quelle del partito (da lui accentrato e ridotto nella sua logica correntizia) naufragano proprio per una rivolta interna al suo stesso partito. Le sue doppie dimissioni (da presidente del Consiglio e da segretario del partito) del gennaio 1959, finiscono per ribadire la centralità della stessa Dc nelle dinamiche sistemiche italiane. Il consiglio nazionale del 14-18 marzo 1959 convocato a Roma, presso la Domus Mariae, sancisce da un lato la nascita della nuova corrente di maggioranza della Dc, quella dei dorotei (in larga parte fanfaniani insoddisfatti della gestione del partito di quello che era il ‘loro’ segretario) e dall’altro l’avvio della lunga segreteria democristiana di Aldo Moro (ratificata poi dal Congresso di Firenze dell’ottobre succes- sivo) 13. Da questo momento in poi è di nuovo un ‘uomo di partito’, come Aldo Moro, a gestire il lento e progressivo movimento di apertura a sini- stra, che deve tenere conto certamente delle dinamiche interne al Partito socialista, profondamente diviso su questo punto, ma che deve allo stesso modo fare estrema attenzione alle complicate caratteristiche costitutive del partito di maggioranza relativa, che rappresenta l’asse portante del bipar- titismo imperfetto (e bloccato) italiano 14. La Dc è partito che federa sensi- bilità politiche, economiche e sociali profondamente differenti in nome di un’unità politica dei cattolici, della quale garanti ultimi sono le gerarchie ecclesiastiche. Ecco perché il costante lavoro di Moro dal marzo 1959 sino al dicembre di cinque anni dopo è svolto lungo due direttrici. Da un lato garantire l’unità del partito unico dei cattolici. Dall’altro farsi garante, attraverso un’accorta e costante opera di ‘informazione’ diretta al pontefice

13. Vedi M. Marchi, Aldo Moro segretario della Democrazia cristiana. Una leadership politica in azione 1959- 1964, «Mondo Contemporaneo», no 2, 2010, pp. 105-136. 14. Cfr. il classico G. Galli, Il bipartitismo imperfetto: comunisti e democristiani in Italia, Bologna, Il Mulino, 1966. R 81 Michele Marchi

Giovanni XXIII e ai principali responsabili vaticani per le questioni ita- liane (la cosiddetta ‘politica ecclesiastica’ morotea) del processo di apertura dell’area di governo ai socialisti. Nella convinzione di Moro questo pro- cesso dovrebbe permettere prima di tutto il consolidamento di un sistema democratico comunque menomato dall’impossibilità di giungere ad una fisiologica alternanza (a causa della ‘scelta orientale’ del Pci). In secondo luogo dovrebbe garantire il dispiegarsi di quelle necessarie ‘riforme’ eco- nomico-sociali nella direzione di una maggiore redistribuzione e di una più attenta trasformazione della società italiana da una mera dimensione di sussistenza ad una più completa e articolata dimensione di democrazia del benessere e dei consumi, seppur temperati dagli insegnamenti della dottrina sociale della Chiesa 15. Obiettivo del presente contributo è offrire un primo punto di vista su come l’opinione pubblica francese in generale 16 e più nello specifico quella delle pubblicazioni legate ai principali partiti politici 17, hanno osservato e commentato nel periodo 1962-1963 la fase conclusiva del tentativo di apertura a sinistra, da intendersi sia come via originale per passare dalla fase della ricostruzione a quella della democrazia del benessere, sia come nuova alternativa all’entrata in crisi del centrismo degasperiano e dunque giungere ad una nuova declinazione per il sistema bloccato 18. Per cercare di circoscrivere un’analisi altrimenti eccessivamente vasta e dispersiva si sono scelti quattro momenti chiave dell’operazione di aper- tura a sinistra. Il primo riguarda il congresso democristiano di Napoli del 1962 e la successiva nascita del IV governo Fanfani appoggiato dalla mag- gioranza dei deputati socialisti. In secondo luogo è analizzata l’elezione di Segni alla presidenza della Repubblica. Sono poi osservate da vicino le

15. Vedi M. Marchi, Moro, la Chiesa e l’apertura a sinistra. La ‘politica ecclesiastica’ di un leader ‘post-dossettiano’­ , «Ricerche di Storia politica», no 2, 2006, pp. 147-179 e Id., La Dc, la Chiesa e il centro-sinistra. Fanfani, Moro e l’‘asse vaticano’ 1959-1962, «Mondo contemporaneo», no 2, 2008, pp. 41-90. Vedi anche P. Pombeni, I partiti e la politica dal 1948 al 1963, in G. Sabbatucci e V. Vidotto (a cura di), Storia d’Italia, vol. V, Roma-Bari, Laterza, 1997, pp. 127-251; P. Scoppola, La Repubblica dei partiti, Bologna, Il Mulino, 1991, pp. 233 sgg., e in generale tutta la prima parte di P. Craveri, La Repubblica dal 1958 al 1992, Torino, Utet, 1995. 16. «Le Monde» è stato utilizzato come base della riflessione così come sono presentati anche alcuni contri- buti da «L’Express». Un interessante sguardo dalla Francia sull’evoluzione storico-politica, ma anche economica e sociale, dell’Italia nel post 1945 è stata offerta alcuni anni fa dal volume a cura di Marc Lazar,L’Italie contem- poraine de 1945 à nos jours, Paris, Fayard, 2009. 17. Sono stati presi in esame «La Croix» come giornale rappresentativo delle sensibilità più legate istitu- zionalmente alla Chiesa di Francia, «Forces Nouvelles», periodico ufficiale del Mrp, «La Nation» per l’Unr, «Le Populaire» per la Sfio e «L’Humanité» come rappresentativo del mondo comunista. L’evoluzione del sistema politico-istituzionale già richiamata vede in grave crisi in particolare Mrp e Sfio, cardini della IV Repubblica e questo si riflette anche nelle loro pubblicazioni. Non a caso non esiste un quotidiano per il Mrp e «Le Populaire» cessa le sue pubblicazioni nel giugno 1963, come corollario alla profonda crisi della Sfio. 18. M. L. Salvadori, Storia d’Italia. Crisi di regime e crisi di sistema, 1861-2013, Bologna, Il Mulino, 2013. R 82 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche elezioni legislative dell’aprile del 1963. E infine è naturalmente analizzata la fase conclusiva, con le reazioni al varo del primo governo ‘organico’ di centro-sinistra del dicembre 1963.

Da Napoli, finalmente la svolta?

Nel complesso l’opinione pubblica francese si attende dal nuovo anno, 1962, e nello specifico dal Congresso democristiano di fine gennaio, una svolta sulla nuova formula di governo. Non a caso «Le Monde», in un fondo del 9 gennaio 1962, non esita ad affermare: «Beaucoup de condi- tions paraissent réunies pour que l’année qui s’ouvre soit marquée par un profond bouleversement de la vie politique italienne. La question qui se pose est toujours la même : c’est celle de l’ouverture à gauche» 19. Correttamente «Le Monde» si sofferma a commentare che, dopo le affermazioni del se- gretario Aldo Moro il 22 novembre precedente a Tribuna politica (egli ha parlato di un accordo con il Psi di Nenni esclusivamente su un programma concordato), il vero passaggio decisivo è tutto interno alla Dc. E ci si chiede, concludendo il commento, se la componente di ‘destra’ (Scelba, Gonella, Pella, Andreotti) accetterà questa declinazione e lascerà la coppia Fanfani-Moro libera di gestire l’accordo ‘programmatico’ con i socialisti nenniani. I toni poi di «Le Monde» diventano quasi entusiastici nel com- mentare la chiusura del Congresso Dc a Napoli. Per il quotidiano pari- gino il Congresso democristiano ha avuto un chiaro vincitore: Amintore Fanfani e con lui l’avvio di una nuova fase politica nel Paese 20. M. Fanfani a remporté mercredi, dernier jour des débats du huitième congrès de la Dé- mocratie chrétienne, un succès spectaculaire. À la fin du discours qu’il a prononcé, […] les délégués lui ont fait une longue ovation. La cause est donc entendue : la Démocratie chrétienne, après avoir louvoyé pendant trois lustres entre les partis centristes, abandonne les libéraux à leur sort, et se propose de contracter une alliance avec les socialistes nenniens. Ce projet de renversement de la majorité répond aux exigences des saragatiens et des répu- blicains — et correspond aux propositions avancées par M. Nenni 21.

19. Les démocrates chrétiens italiens et l’ouverture à gauche, «Le Monde», 09/01/1962. 20. Da notare che qualche giorno prima «L’Express» ha dedicato un lungo contributo alla ‘svolta’ italiana, centrando però tutta l’attenzione sulla figura di Nenni e sul ruolo del Psi nell’apertura a sinistra. «Le parti socialiste italien va tenter une aventure politique exceptionnelle, en accordant son soutien à son vieil adversaire, le parti démocrate-chrétien, au pouvoir depuis 16 ans» (M. Bosquet, Le grand pari, «L’Express», 01/02/1962). 21. J. D’Hospital, M. Fanfani chef de file des partisans de l’ouverture à gauche remporte un net succès, «Le Monde», 02/02/1962. R 83 Michele Marchi

Sempre seguendo questa linea, la nascita del IV governo Fanfani, con l’appoggio parlamentare dei socialisti nenniani (ma non la partecipazione di ministri socialisti), è descritto come un «mythe qui est en train de devenir réalité», come un evento che potrà «changer beaucoup de choses en Italie» 22. Se dal principale organo di stampa francese passiamo alle principali pubblicazioni di partito, il quadro si arricchisce di sfumature. Su un punto gli osservatori dei principali partiti politici sembrano essere concordi: il Congresso Dc di Napoli costituisce un momento di svolta, un punto di non ritorno non soltanto per la Democrazia cristiana ma per l’intero sistema politico italiano. L’idea dell’apertura a sinistra a questo punto è ‘irreversibile’. Stabilita la certezza della formula, è necessario riempirla di significato effettivo. Su tale questione i giudizi divergono in maniera anche piuttosto rilevante. Che cosa significa insomma ‘centro-sinistra’, nel concreto e al di là della formula Dc più Psi, più partiti laici minori senza i liberali? Se si comincia ad osservare il quadro da sinistra si nota la scarsa atten- zione mostrata dall’organo di riferimento della Sfio, «Le Populaire», che si limita a descrivere l’esito del Congresso di Napoli del gennaio 1962 e la successiva formazione del quarto governo Fanfani (sostenuto da social­ democratici e repubblicani e con l’astensione dei socialisti) come la vitto- ria di Fanfani e del suo progetto avviato sin dal suo arrivo alla guida del partito nel 1954 come successore di De Gasperi 23. Ben più articolata è l’analisi offerta da «L’Humanité». L’organo ufficiale del Pcf definisce quella operata da Moro al Congresso di Napoli una vera e propria ‘discontinuità’. Si è di fronte dunque ad un tornante sistemico in larga parte frutto della reazione democristiana alla costante crescita del movimento operaio guidato dal Pci in Italia. Al momento della forma- zione del nuovo governo Fanfani l’orizzonte è aperto a differenti ipotesi. Soprattutto «L’Humanité» individua due passaggi chiave nell’immeditato futuro. Punto primo sarà decisivo valutare quali e quante concessioni i democristiani saranno disposti a fare per ottenere l’ingresso effettivo dei nenniani nell’area di governo. In secondo luogo sarà importante vedere fino a che punto gli stessi socialisti saranno disposti a difendere una serie di principi «socialisti», giudicati inderogabili. Il ruolo del Pci diventa a questo punto determinante. I comunisti italiani dovranno operare affinché la Dc conceda il più possibile se vuole davvero avere l’appoggio dei socia- listi. D’altra parte sempre il maggiore partito della sinistra dovrà impe-

22. L’ouverture à gauche est faite en Italie, «Le Monde», 23/02/1962. 23. Ouverture à gauche en Italie, «Le Populaire», 22/02/1962. R 84 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche gnarsi affinché l’operazione voluta dalla coppia Fanfani-Moro perda gran parte del suo appeal e soprattutto non venga presentata come un’‘apertura a sinistra’, dal momento che: […] un véritable tournant à gauche implique une participation directe et effective des travailleurs au pouvoir. Si les démocrates chrétiens et une partie des socialistes pensent pouvoir s’engager sur une voie différente, ils auront à affronter l’action décidée et orga- nisée de la classe ouvrière et de l’ensemble des travailleurs 24. L’idea del necessario contrasto alla crescita del Pci da condurre sui temi, sulle questioni e le politiche concrete, è quella che muove il com- mento di «La Croix» al Congresso Dc di Napoli. Per dissolvere il blocco social-comunista e contrastarne l’avanzata, l’apertura a sinistra può essere un effettivo antidoto. Tale ‘necessità’ del centro-sinistra non contribuisce però a diminuirne le difficoltà di realizzazione. Si sottolineano le difficoltà che Fanfani dovrà affrontare soprattutto all’interno del suo stesso par- tito, con l’ala ‘destra’ totalmente contraria e quella ‘sinistra’ che considera quella dell’apertura a sinistra come l’irripetibile occasione per introdurre nel Paese forti dosi di riformismo. Ma soprattutto si avanzano non pochi dubbi sul ruolo del socialismo nenniano. E ci si chiede esplicitamente quali garanzie potrà offrire su temi cruciali in particolare relativi alla poli- tica estera. Rispetto alle linee di politica internazionale del Psi, ci si chiede, infatti, se il socialismo nenniano possa realmente condividere con la Dc, una volta in un’alleanza organica di governo, i sentimenti di europeismo e atlantismo, così decisivi per definire la collocazione internazionale del Paese 25. La dimensione ‘europea’ o per meglio dire ‘internazionale’ dell’apertura a sinistra interessa particolarmente a «Forces Nouvelles» 26. Sia il Congresso Dc del gennaio 1962, sia la successiva formazione del governo Fanfani, narrano di un Paese intento a trovare la giusta formula per ottenere il «progresso senza rivoluzione». L’ingresso (seppur ancora solo ipotetico) dei socialisti nell’area di governo deve tramutarsi in un «evento» di portata europea, non perdendo però di vista le molte incognite che gravano su

24. Fanfani va essayer de constituer un gouvernement appuyé par les socialistes, «L’Humanité», 03/02/1962. 25. G. Huber, M. Fanfani va s’efforcer de constituer une nouvelle majorité, «La Croix», 03/02/1962. 26. Questo è in larga parte un riflesso sia della tradizionale vocazione europeista del Mrp, sia dell’evoluzione che il partito sta avendo a partire dalla fine degli anni Cinquanta. Sempre più in crisi come partito di massa all’interno dei confini nazionali, il Mrp cerca di connotarsi come ‘partito dell’Europa’. La dimensione tenderà ad accentuarsi dopo la seconda traumatica rottura con il generale de Gaulle, perpetrata proprio a partire dal disaccordo sulla condotta dello stesso presidente sui temi della politica europea. Su tutto questo, v. S. Berstein, J.-M. Mayeur e P. Milza (a cura di), Le MRP et la construction européenne, Bruxelles, Éditions Complexe, 1993; M. Marchi, Les centristes français et la construction européenne du MRP à Valéry Giscard d’Estaing, in Consensus and European Integration. An Historical Perspective, Bern, Peter Lang, 2012, pp. 81-96. R 85 Michele Marchi di esso. Ecco allora che servono «prudenza» e «audacia» per condurre in porto l’operazione, facendo molta attenzione ad evitare che possa conso- lidarsi, all’interno della nuova alleanza, lo spirito anti-europeo del socia- lismo italiano 27. È in particolare il padre nobile della «democrazia cristiana alla francese» a suonare il campanello d’allarme su questo punto. Étienne Borne, insistendo proprio sul significato e la dimensione «internazionale» dell’operazione, non esita però ad affermare che: M. Nenni n’est pas un Spaak ou un Guy Mollet, et sa ferveur européenne peut faire question. Là est le véritable danger d’une ouverture à gauche qui ferait des concessions moins au socialisme proprement dit qu’à un néo-capitalisme neutraliste, anti atlantique et qui ne serait que verbalement européen. S’ouvrir à une fausse gauche, on sait que le péril existe et qu’il porte même un nom propre, ce serait manquer l’ouverture à gauche 28. Inoltre «Forces Nouvelles» utilizza il caso italiano dell’apertura a sini- stra per riflettere sulle grandi difficoltà che sta vivendo il Mrp, partito della IV Repubblica impegnato in un complicatissimo tentativo di adatta- mento alle nuove istituzioni volute da de Gaulle. Quello italiano diventa una sorta di ‘modello’, in cui opera un partito rispetto al quale il Mrp, al solito, guarda con un misto di rispetto e invidia reverenziale. Heureuse Italie, qui peut nous exposer en toute liberté la crise de conscience d’un grand parti, capable de faire à grande échelle son « autocritique » sans destitution ni mort d’homme, avec la seule volonté de tracer une ligne qui soit un progrès sans révolution. Par un juste retour des choses, voici que l’Italie démocratique montre à la France un chemin, une sauvegarde possible. Elle lui rappelle que les hommes ont moins d’impor- tance que l’évolution du courant d’idées et que, dans l’état actuel des choses, un regrou- pement de centre-gauche peut seul s’opposer avec efficacité à tous les fascismes et faire triompher la liberté 29. Dunque nel complesso il Congresso democristiano del 1962 e la suc- cessiva complicata formazione del quarto governo Fanfani costituiscono un’importante fase di mutamenti del sistema politico-istituzionale ita- liano, ricco di opportunità così come di incognite, destinate in parte a dissiparsi, come afferma «La Croix», in occasione del voto legislativo della primavera dell’anno successivo. Il quotidiano degli Assunzionisti non ha alcun dubbio: «La vera apertura a sinistra, se andrà in porto, sarà quella successiva al voto del 1963» 30. Intanto però l’elezione del nuovo presidente della Repubblica, a seguito dello scadere del mandato di Gronchi, può ulteriormente complicare il quadro.

27. J.-P. Cornet, Les démocrates-chrétiens face à l’ouverture à gauche, «Forces Nouvelles», 25/01/1962. 28. E. Borne, L’ouverture à gauche, «Forces Nouvelles», 25/01/1962. 29. J.-P. Cornet, Les démocrates-chrétiens face à l’ouverture à gauche, cit. 30. Fanfani : une majorité confortable, mais fragile, «La Croix», 13/03/1962. R 86 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche

La complicata elezione di Antonio Segni

Come gestire la successione di Giovanni Gronchi? Un ruolo di primo piano spetta naturalmente a Moro, leader del partito di maggioranza relativa della coalizione di governo. Poiché nel corso del settennato gronchiano la presidenza della Repubblica era stata concepita ed identificata come strumento di destabilizzazione del sistema, Moro è convinto che serva un segnale di inversione di rotta. Decide così di ‘consegnare alla destra’, che peraltro egli aveva contribuito a non sovra-rappresentare nel quarto go- verno Fanfani, l’elezione del presidente della Repubblica. Fa così emergere la candidatura di Antonio Segni, il quale è eletto dopo una lunga batta- glia parlamentare in cui i ‘laici’, con la candidatura di Giuseppe Saragat, oppongono la logica del bilanciamento delle ‘aree politiche’ (un cattolico alla guida del governo e un laico al Quirinale), a quella logica del ‘bilan- ciamento delle ideologie’ (un progressista al governo e un conservatore alla presidenza della Repubblica) a cui punta Moro 31. Secondo «Le Monde» l’elezione di Segni alla presidenza della Repubblica senza dubbio complica la futura nascita di un esecutivo con ministri socia- listi. Ma ancor di più chiarifica, se ve ne era necessità, quanto l’evoluzione del sistema politico italiano non possa prescindere dall’evoluzione interna di quel movimento (e non partito, afferma «Le Monde») che è la Dc. On n’avait jamais vu aussi clairement étalée cette vérité que la ligne de partage de la vie politique italienne passe au milieu du grand parti majoritaire. Combien de temps cette situation incommode pour la Démocratie chrétienne pourra-t-elle se prolonger 32 ? A proposito dell’elezione di Segni al sesto scrutinio il 6 maggio 1962 su un punto sembrano convergere le analisi provenienti dai principali organi ‘politici’, anche se schierati su posizioni di solito diametralmente opposte. «La Croix» e «Forces Nouvelles» da un lato, sia pure con sfumature diffe- renti, e dall’altro lato «L’Humanité» concordano su questo punto: l’elezione di Segni alla presidenza della Repubblica ha finalmente offerto una chiara immagine di cosa sia realmente la formula di centro-sinistra, insomma si è di fronte ad un momento chiarificatore. Per «L’Humanité» dalla «scandalosa» elezione di Segni è emerso l’unico obiettivo della Democrazia cristiana nel momento in cui vuole costruire un’alleanza di centro-sinistra e cioè mantenere la maggiore forza popolare

31. Cfr. P. Pombeni, I partiti e la politica dal 1948 al 1963, cit. pp. 232-233; nello specifico sul passaggio dalla presidenza Gronchi a quella Segni, v. G. Mammarella e P. Cacace, Il Quirinale. Storia politica e istituzionale da De Nicola a Napolitano, Roma-Bari, Laterza, 2011, pp. 90 sgg. 32. Une situation incommode pour la Démocratie chrétienne, «Le Monde», 08/05/1962. R 87 Michele Marchi del Paese fuori dal governo dello stesso. Il carattere solamente «strumen- tale» dell’alleanza di centro-sinistra, secondo «L’Humanité», è stato reso evidente dalla scelta della coppia Fanfani-Moro di non appoggiare il can- didato sostenuto dalle forze di sinistra (compreso il Pci), cioè Giuseppe Saragat, peraltro leader di quel Partito socialdemocratico che appoggia il governo Fanfani in carica dal 21 febbraio 1962. A questo punto, anche dopo le dichiarazioni di Palmiro Togliatti pronunciate una volta eletto Segni, risulta evidente per «L’Humanité» che compito del Pci è quello di creare un’unione con tutte le forze democratiche appartenenti alla sinistra ma anche a quella parte della Dc di sinistra che non ha accettato di mesco- lare i propri voti con quelli dei liberali, dei monarchici e dei missini per mandare al Quirinale Segni 33. Per «Forces Nouvelles» l’elezione di Segni è stata allo stesso modo chia- rificatrice, ma ha delineato il quadro da un punto di vista diametralmente opposto. Infatti Moro, rifiutando la «proposta indecente» della coppia Togliatti-Nenni (quella cioè di votare Saragat per il Quirinale) si è opposto ad una «deriva» modello Fronte Popolare, che tendeva a «snaturare» il reale significato della formula di centro-sinistra. Il fallimento dell’opera- zione «Saragat Presidente» […] a permis de nettement délimiter les limites de la formule de centre-gauche appli- quée par le gouvernement Fanfani, qui vise à réintégrer les socialistes, mais à isoler les communistes. En ne cédant pas devant le chantage de l’extrême-gauche, Aldo Moro a clairement démontré que les décisions du Congrès démo-chrétien de Naples n’étaient pas des clauses de style : oui à une alliance avec Nenni, non à la moindre coopération avec Togliatti 34. Ma «Forces Nouvelles» va oltre nella sua analisi e afferma che l’elezione di Segni costituisce un duro colpo anche all’ala «sinistra» della Dc, quella che in teoria vorrebbe una declinazione più «a sinistra» della formula di centro-sinistra e che avrebbe voluto vedere il fallimento dell’operazione Segni e non a caso ha rischiato di «logorarlo», non avendo garantito il suo voto ai primi scrutini. Anche le conclusioni di «Forces Nouvelles» sono interessanti, soprattutto ad uso del pubblico francese ed in particolare dell’elettorato e dei militanti Mrp, i quali stanno vivendo una difficile fase di tentativo di adattamento alle nuove istituzioni della Quinta Repubblica

33. A. Jacoviello, Pour la première fois depuis l’avènement de la République le chef de l’État a été élu grâce aux voix monarchistes et fascistes, «L’Humanité», 08/05/1962. Da notare che Jacoviello era in questa fase marito di Maria Antonietta Macciocchi, giornalista e poi deputata del Pci, piuttosto avulsa dalla linea ufficiale del partito. 34. P. Farine, L’élection difficile, «Forces Nouvelles», 10/05/1962. R 88 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche e alle nuove dinamiche politico-istituzionali successive all’avvicendamento a Matignon tra Debré e Pompidou. Ajoutons à cela que la DC est un vaste mouvement regroupant de nombreuses tendances (en France on pourrait dire, en une grossière comparaison qu’un tel rassemblement irait de « La France catholique » à « Témoignage chrétien » et un peu au-delà des deux côtés) et que l’« ouverture à gauche » bouleverse profondément toutes les données classiques de la politique italienne 35. A «La Croix» sono meno assertivi nei giudizi, ma altrettanto convinti che l’elezione di Segni contribuisca a chiarire il significato del centro-­ sinistra. Dopo aver affermato che proprio l’incertezza a proposito del nuovo esperimento italiano ha contribuito ad un’elezione presidenziale così laboriosa e travagliata, il quotidiano degli Assunzionisti conclude che se da un punto di vista generale a poco più di due mesi dal varo del nuovo governo Fanfani, è complicato comprendere fino a dove arriverà ‘l’aper- tura a sinistra’ delineata da Moro al Congresso Dc di Napoli, l’elezione di Segni costituisce un saldo argine affinché l’Italia non finisca per adottare politiche ‘socialiste’ ispirate da Nenni, se non addirittura da Togliatti 36. In questo quadro infine spicca poi il giudizio del quotidiano gollista «La Nation». L’organo dell’Unr si occupa solitamente poco di politica estera. Al contrario l’elezione di Segni alla presidenza della Repubblica è caratterizzata da quattro contributi tra il 2 e l’8 maggio. Le conclusioni sono molto meno assertive. «La Nation» non si sofferma più di tanto sulla figura di Segni, né descrive con particolari dettagli la lotta interna alle forze della maggioranza del governo Fanfani. Al contrario sottolinea più volte che il nuovo inquilino del Quirinale vi alloggia grazie ai voti dell’estrema destra fascista. Questo dovrebbe far riflettere sia sul futuro dell’esperienza di centro-sinistra, sia sui rischi di tenuta del sistema politico-istituzionale italiano 37.

Il voto per la definitiva ‘apertura’?

Attese in Francia, ma non solo, per chiarire la reale dimensione poli- tica della formula dell’apertura a sinistra, le elezioni del 28 aprile 1963 hanno un esito ben lontano da quello atteso e che apre una lunga fase di

35. Ibid. 36. G. Huber, M. Segni succède à M. Gronchi à la présidence de la République italienne. Une victoire de la volonté. Un échec pour M. Nenni, «La Croix», 08/05/1962. 37. Ouverture à gauche compromise ?, «La Nation», 08/05/1962. R 89 Michele Marchi instabilità politica e governativa, destinata a concludersi solo nel dicembre dello stesso anno 38. Ad emergere sono in particolare il pessimo risultato della Dc, per la prima volta abbondantemente sotto il 40%, l’ottimo risultato del Pli (rad- doppio dei voti come vero oppositore ‘democratico’ all’apertura a sinistra) e l’avanzata di quasi tre punti percentuali del Pci (con contestuale sta- gnazione del voto socialista). L’apertura a sinistra dunque bocciata dalle urne? Paradossalmente no, più o meno per tutti gli osservatori politici d’oltralpe 39. Nel senso che «L’Humanité» si concentra soprattutto sulla «vittoria» del Pci e in generale sulla constatazione che le forze di ‘sinistra’ nel loro com- plesso sono oramai maggioritarie nel Paese (senza soffermarsi sul carattere irrealizzabile di una maggioranza da Togliatti alla sinistra Dc passando per Saragat, da sempre strenuo anti-comunista). Proprio l’organo ufficiale del Pcf implicitamente accredita ciò che le altre forze politiche affermeranno in maniera esplicita: nonostante la sconfitta, la formula di centro-sinistra pare l’unica percorribile. Per certi versi «L’Humanité» la auspica, trattan- dosi proprio alla luce della recente consultazione elettorale, di una coali- zione «debole e destinata ad andare rapidamente a pezzi» 40. Il gollista «La Nation» opta per un approccio più esplicito: nonostante il pessimo risultato dei partiti che la dovrebbero costituire (Psi compreso) l’apertura a sinistra è condannata ad andare avanti. Seppur debole è l’unica­ alternativa ad una pericolosa instabilità governativa. Centro-sinistra per forza, ma quale centro-sinistra? Bisogna però intendersi sulla definizione di apertura a sinistra o comunque di centro-sinistra. Secondo la pubbli- cazione gollista è indispensabile ripartire dal modello rappresentato dalla coalizione che ha sostenuto per circa un anno il governo Fanfani. Anche perché l’esito elettorale ha reso il rapporto con i socialisti nenniani alquanto complicato. Da un lato Nenni è portato a chiedere molto, soprattutto sui temi economico-sociali, in cambio del suo sostegno per non essere ‘sca- valcato’ a sinistra. Dall’altro la Dc può concedere davvero poco a sinistra,

38. Con estrema attenzione «Le Monde» in una serie di quattro lunghi reportage del suo corrispondente dall’Italia Jean d’Hospital, pubblicati tra il 18 e il 29 aprile 1963, punta soprattutto l’attenzione sul mondo catto- lico nel suo complesso, impegnato dal mese di ottobre del 1962 nello storico evento del Concilio Vaticano II e sulle sempre maggiori difficoltà da parte della Dc nel rappresentare l’interezza di questo composito mondo. La conclusione, nell’ultimo contributo, ricalca le considerazioni successive al Congresso Dc di Napoli del 1962: ancora una volta l’avvenire del Paese dipende dall’evoluzione del suo partito di maggioranza relativa. 39. Fuori dal coro l’analisi de «L’Express», che attribuisce al Psi di Nenni la vera responsabilità di veicolare la crisi successiva al voto di fine aprile 1963. «La crise du régime italien est ouverte, le PSI tient la clé de l’avenir. Une seule chose est certaine : cet avenir est à gauche» (M. Bosquet, Le rouge est mis, «L’Express», 09/05/1963). 40. A. Jacoviello, Crise au sein de la Démocratie chrétienne, «L’Humanité», 10/05/1963. R 90 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche dato che il successo dei liberali è un chiaro segnale lanciato dal suo eletto- rato più moderato e conservatore. Di grande interesse è anche la dimen- sione ‘internazionale’ del voto di fine aprile secondo «La Nation». Infatti l’insuccesso elettorale delle forze di governo può avere importanti ricadute sulla politica internazionale del Paese. La grande frammentazione politica contribuisce a fornire dell’Italia un’immagine debole. D’altra parte la pro- iezione di politica estera del Paese verrebbe altamente indebolita qualora un «internazionalista pacifista» come Nenni (peraltro anche anti-europeo) dovesse essere integrato nell’area di governo 41. Molto meno pessimista è «Forces Nouvelles», che sottolinea come la Dc debba affrontare l’esito elettorale con «sangue freddo» e ricordando che il risultato è comunque giunto seguendo la massima di De Gasperi a proposito del fatto che la «Dc è un partito di centro che guarda a sini- stra». L’usura del potere è considerata un’altra delle cause che spiegano un risultato così modesto che però, unito anche all’avanzata del Pci, rende l’apertura a sinistra ancora più indispensabile. Serve però una «nuova apertura a sinistra», che non tema di richiamare il Psi di Nenni alle proprie responsabilità, soprattutto in relazione all’ambiguo rapporto con il Pci, abbandonato a livello nazionale, ma ancora saldo in molti contesti locali e a livello sindacale. Dal voto insomma devono emergere una Dc ancora più salda nelle sue convinzioni politiche e un Psi pronto ad una scelta di campo finalmente netta 42.

Il primo governo Moro e il centro-sinistra organico 43: un momento storico?

Se vi è un elemento decisivo nei tentativi morotei di fornire un governo al Paese nel mese e mezzo successivo al voto di fine aprile, è certamente quello del cosiddetto ‘politique d’abord’. Come correttamente ricorda ancora «Le Monde» a fine ottobre, su politica economica, politica estera e rapporto con il mondo comunista, le distanze tra democristiani e socia- listi permangono e sono impossibili da riassorbire nello spazio di alcune settimane. A dominare è allora la dimensione «politica» e nello specifico «partitica». Moro su questo punto vince, piuttosto agevolmente, il braccio

41. G. Broussine, L’Italie s’est condamnée à contrecœur à l’ouverture à gauche, «La Nation», 02/05/1963. 42. P. Farine, Un scrutin ambigu, «Forces Nouvelles», 09/05/1963. 43. Per avere un quadro esaustivo della complicata formazione del primo governo di centro-sinistra e dei suoi sei mesi di durata si rimanda al monumentale M. Franzinelli e A. Giacone, Il riformismo alla prova: il primo governo Moro nei documenti e nelle parole dei protagonisti, Milano, Feltrinelli, 2012. R 91 Michele Marchi di ferro con Nenni 44. Mentre la Dc non può permettersi una scissione, dal momento che è l’architrave del «sistema bloccato», sarà il Psi a dover fare un passo in più verso un’alleanza che, come giustamente ancora una volta ricorda «Le Monde», è oramai imposta da «motivazioni sistemiche» 45. La Dc, seppur a rischio di frattura, non vuole tornare all’ipotesi di un centro-destra con liberali e socialdemocratici e allo stesso modo nessuno dei due partiti maggiori vuole tornare alle urne. Il paese necessita di un governo, possibilmente di legislatura (dopo la ‘pausa’ del gabinetto Leone) e dunque il centro-sinistra arriverà, non appena chiuso il congresso del Psi e certificata una scontata e imminente scissione in casa socialista 46. Al momento della presentazione al presidente Segni del governo di centro-sinistra finalmente ‘organico’, ancora il maggiore quotidiano fran- cese parla di una «tappa storica, parte di un’evoluzione che non ha ri- sparmiato nessuno dei grandi partiti italiani». Dopo aver elencato i «so- stegni autorevoli» all’operazione, da Giovanni XXIII al nuovo pontefice Paolo VI passando per il compianto presidente statunitense J. F. Kennedy, «Le Monde» conclude che nell’accoglienza generale al nuovo governo e nell’entusiasmo di alcuni suoi ministri, si rivede quell’«ondata di fiducia» che aveva accolto i primi passi del governo di Pierre Mendès France nel 1954. Un entusiasmo, quello di «Le Monde» che, soltanto una settimana dopo, sembra già scemare quando commentando l’intervento programma- tico di Moro per la fiducia, si parla di una «prudente dichiarazione d’in- tenti» e ci si sofferma nuovamente a descrivere in dettaglio «la crisi interna a ciascuno dei due maggiori partiti della nuova coalizione di governo» 47. Anche la stampa di partito d’oltralpe segue con attenzione tutta la vi- cenda che dal tentativo di Moro del maggio 1963 conduce sino alla nascita del primo governo di centro-sinistra ‘organico’ del 4 dicembre 1963. Le posizioni e i giudizi si fanno sempre meno uniformi e per certi versi rispec- chiano l’evoluzione dei soggetti politici francesi di riferimento. Seguendo allora l’asse destra-sinistra possiamo individuare ne «La Nation» il giu- dizio per certi versi più duro e attento a trovare nella nascita del governo Moro una svolta sistemica. Al momento della nascita del primo governo Dc-Psi-Psdi-Pri secondo il periodico gollista l’Italia si trova ad un bivio. L’estenuante rincorsa all’apertura a sinistra giunge a compimento nel mo-

44. Un interessante documento è il carteggio tra i due leader in questa delicata fase. Vedi P. Nenni, Aldo Moro carteggio 1960-1978, Firenze, La Nuova Italia, 1998. 45. Une crise en balance, «Le Monde», 31/10/1963. 46. M. Marchi, Centro-sinistra e storia nazionale, in G. Bernardini e M. Marchi (a cura di), A cinquanta anni dal primo centro-sinistra, cit., pp. 135-145. 47. «Le Monde», 13/12/1963. R 92 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche mento in cui il cosiddetto ‘miracolo economico italiano’ vive una fase di appannamento. Il dominio assoluto della Dc nel periodo 1947-1963 ha permesso uno sviluppo e una ricostruzione pagati però, da un punto di vista politico, con la frammentazione, il parlamentarismo assoluto e la crescita costante delle sinistre, in particolare del Pci. Il bivio vero è a questo punto, conclude «La Nation», tra una svolta ancora più a sinistra (e una vera «socializzazione», sottointeso dei mezzi di produzione) e una cesura istituzionale verso una riforma in senso presidenziale, sottointeso sul modello di quella voluta da de Gaulle nel 1958 e completata sul finire del 1962 48. Il primo centro-sinistra organico è tutt’altro per «Forces Nouvelles». In questo caso siamo di fronte al trionfo della dimensione «europea» di quello che è definito una «grande svolta». Il successo dell’«ouverture à gauche» imporrebbe una seria riflessione al di là delle Alpi, anche perché fornisce l’opportunità all’Italia di sfuggire alla politica dei blocchi. Esplicitamente «Forces Nouvelles» afferma che una parte consistente dei dibattiti in corso in Francia (ci si riferisce alle ipotesi di avvicinamento tra Sfio-Mrp e mondo dei club in funzione anti-gollista) potrebbe trovare un’importante eco nel successo dell’apertura a sinistra in Italia. Il faut suivre de près le déroulement de l’expérience italienne. Ce qui est en cause c’est la possibilité pour deux courants essentiels de la vie démocratique : le démocrate chré- tien et le socialiste, non seulement de cohabiter en se neutralisant mais de coopérer dans une action commune. En choisissant de se séparer des communistes pour s’associer à la Démocratie chrétienne M. Nenni, l’un des plus anciens et des plus vigoureux leaders du socialisme européen, a fait un choix qui répondait à celui qu’avait fait la DC en refu- sant l’ouverture à droite. Il s’agit maintenant pour les uns et pour les autres de démontrer dans des actes de gouvernement la justesse de ce choix. L’intérêt d’une telle démonstra- tion n’est pas limité à l’Italie 49. Tocca invece a «L’Humanité» occuparsi di chi, senza dubbio, paga il prezzo politico più alto dell’apertura e cioè il Psi di Nenni. Il quotidiano comunista giudica in maniera sarcastica il cosiddetto ‘storico incontro’ che, in realtà, certifica la vittoria su tutti i fronti della Dc morotea. Non solo il partito democristiano si è garantito i dicasteri più rilevanti nel primo governo guidato da Aldo Moro, ma quest’ultimo nel suo discorso di investitura, ha ribadito le pregiudiziali anticomunista e filo-atlantica del nuovo esecutivo, un tributo pagato ai settori più conservatori della Dc, parole pronunciate senza tenere in alcun conto le reazioni interne al Psi

48. P. Gilles, L’Italie à un carrefour. L’ouverture à gauche, «La Nation», 20/11/1963. 49. P. Farine, Le grand tournant, «Forces Nouvelles», 26/12/1963. R 93 Michele Marchi nenniano. Ma è proprio su questo punto, conclude «L’Humanité», che il politico cattolico ha ottenuto la vittoria più schiacciante. È infatti riu- scito ad indebolire il Psi, spingendolo ad una quasi certa scissione. Respon- sabile ultimo di questa situazione è Nenni, il quale ha scelto di puntare all’ingresso al governo, non preoccupandosi delle conseguenze nefaste per ­l’unità della sinistra in generale e del suo partito in particolare 50. La chiusura ancora una volta è per il quotidiano degli Assunzionisti. «La Croix» conferma la sua visione realista e quasi disincantata degli eventi che conducono alla nascita del primo governo Moro di centro-sinistra. Nei numerosi commenti nel corso della prima parte del mese di dicembre si descrive la fine estenuante di una lunga crisi che risale a prima del voto dell’aprile 1963. E l’esito non può che essere una formula, sicuramente accattivante, sull’efficacia della quale si nutrono però non pochi dubbi. Secondo «La Croix», infatti, ogni singolo progetto del nuovo esecutivo sorretto dal Psi e con all’interno ministri socialisti, a cominciare dal leader Nenni, è una potenziale fonte di conflitto. In definitiva la governabilità è stata assicurata, perlomeno formalmente. La dimensione programmatica e l’efficacia ‘riformatrice’, sono legate ad un numero consistente di inco- gnite, mediazioni e aggiustamenti, da effettuare sin dai primi passi del nuovo esecutivo, ma che potrebbero finire per svuotare di senso il signifi- cato stesso dell’intera operazione 51.

Considerazioni conclusive

Francia e Italia dunque, nel momento in cui il resto dell’occidente euro-­ atlantico entra a passi decisivi nella cosiddetta affluent society, si trovano ad affrontare due lunghe e complicate crisi sistemiche, che nel caso fran- cese si conclude con un evidente cambio di regime, mentre nel caso ita- liano termina con una svolta ‘solo’ politica, con effetti sul funzionamento del complessivo sistema politico-istituzionale, ma senza alcuna nuova for- malizzazione giuridico-costituzionale. Nel complesso la stampa francese offre un’analisi attenta e puntuale della cosiddetta ‘apertura a sinistra’. In particolare sono tre i punti più evidenziati rispetto alla svolta italiana. Da un lato la sua natura ‘siste- mica’, nonostante non si passi per la classica riforma della Costituzione.

50. A. Jacoviello, Les démocrates-chrétiens s’octroient tous les postes-clés du gouvernement cautionné par Nenni, «L’Humanité», 8/12/1963. 51. Moro a obtenu la confiance des députés italiens, «La Croix», 19/12/1963. R 94 Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche

In secondo luogo è sottolineata più volte la ‘specificità’ della Democrazia cristiana come vero e proprio ‘partito della Nazione’, architrave di un sistema che cambia solo in funzione dei mutamenti lenti e delle evolu- zioni interne allo stesso partito di maggioranza relativa. Infine, soprat- tutto nell’ultima fase, la sempre più evidente insistenza sulla ‘inevitabilità’ del centro-sinistra,­ ne finisce per sottolineare le evidenti contraddizioni interne e di conseguenza la diminuzione del suo valore di esempio come possibile svolta programmatica e riformista al centro dell’Europa occiden- tale. In definitiva più diventa ‘indispensabile’ e più il centro-sinistra si tramuta in una questione tutta interna all’esperienza italiana. Se anche in una prima fase lo si è immaginato come un’opzione esportabile, di sicuro tale ipotesi sfuma ed insieme a questa anche quella di una sua improbabile emulazione in terra francese.

R 95

Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012)

Roberto Colozza Gerda Henkel Stiftung

La percezione del ‘fenomeno’ Charles de Gaulle si compone di vari ele- menti, che sono espressione di un profilo biografico in cui la dimensione personale si mescola pressoché inscindibilmente con quella politica. Ana- lizzare la ricezione di de Gaulle in Italia significa tener presente questo palinsesto di realtà. Assecondando quello stesso processo di personaliz- zazione della politica che de Gaulle perseguiva programmaticamente e, verrebbe da dire, istintivamente, il giudizio su di lui tende a unificare in un’unica percezione l’uomo e lo statista. Le opinioni della classe poli- tica italiana su de Gaulle sono in parte note, soprattutto con riferimento al periodo immediatamente successivo al ritorno al potere del Generale nel 1958. È per questo che il presente contributo allarga l’arco cronologico dell’analisi alla ricerca di punti di vista meno esplorati, ma non meno indicativi di un dibattito che ha attraversato la storia recente italiana senza soluzione di continuità. Sebbene il tema centrale del mio studio riguardi la ricezione di de Gaulle presso gli ambienti politici italiani, ho ritenuto opportuno concedermi incursioni anche in quelli accademici e nella lette- ratura scientifica, giacché in qualche caso ricerca e militanza coesistono e si alimentano vicendevolmente. L’ascesa di de Gaulle al governo nel 1958 fu considerata dalla maggio- ranza del mondo politico italiano come un evento potenzialmente perico- loso per la stabilità della democrazia francese. Militare di carriera, oppo- sitore noto della Quarta Repubblica, la cui Costituzione aveva non pochi punti in comune con quella della giovane Repubblica italiana 1, de Gaulle appariva a molti come l’emissario delle frange nazionaliste desiderose di

1. J. Rivero, Constitution italienne et Constitution française, in E. Crosa (a cura di), La Constitution italienne de 1948, «Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques», no 18, Paris, Colin, 1950, pp. ix-xvii. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 97-110. 97 Roberto Colozza conservare l’Algeria francese, o comunque come un uomo fondamental- mente affine a quelle lobby e disposto ad accettarne le istanze. Questo sguardo sospettoso verso de Gaulle era naturalmente molto presente a sinistra. Il segretario generale del Pci Palmiro Togliatti pensava che de Gaulle ponesse le basi di una deriva autoritaria, eventualmente di un vero e pro- prio fascismo alla francese 2. Nonostante estemporanei apprezzamenti per le posizioni geopolitiche del Generale — ostile verso la Ced e la Nato, freddo nei riguardi degli Usa e aperto a un’idea d’Europa estesa oltre la cortina di ferro della Guerra fredda — la percezione del gollismo presso il Pci resterà sostanzialmente quella di un partito ostile per ideologia e habitus al nuovo leader francese 3. Giudizi negativi circolavano anche nel Psi, soprattutto nell’ala sinistra del partito. Si pensi a Lelio Basso, ex segre- tario generale tra il gennaio 1947 e l’aprile 1948 e pensatore molto influente nonostante l’eterodossia rispetto ai canoni del frontismo filosovietico in voga. Basso non identificava l’avvento di de Gaulle con l’inizio di un vero e proprio fascismo alla francese; tuttavia non aveva dubbi nel considerare il Generale l’avanguardia della ‘reazione’ transalpina e, se non un dittatore, comunque la testa di ponte per una deriva dittatoriale. Allargando la pro- spettiva d’analisi alla longue durée, Basso riconduceva il ritorno al potere di de Gaulle entro i binari di una prassi francese: quella di affidare a un salvatore, spesso un militare, le sorti del Paese nei momenti di maggiore crisi. Sedicente «patria della democrazia», la Francia, arguiva Basso, era in realtà una «democrazia governata» da una pubblica amministrazione onnipotente, non una «democrazia governante» dove il potere decisionale fosse effettivamente nelle mani del popolo sovrano secondo i crismi defi- nitori di Georges Burdeau 4. A proposito di sinistra italiana e de Gaulle, impossibile non richia- mare la citatissima conferenza di Gilles Martinet alla Casa della Cultura di Milano. Diretta da Rossana Rossanda, funzionaria comunista destinata a rapida ascesa nelle gerarchie del partito prima della nota deriva etero- dossa sfociata nella fondazione de «il Manifesto», la Casa della Cultura era

2. P. Togliatti, Le ‘vie nazionali’ del fascismo, in Togliatti e il centrosinistra, 1958-1964, vol. I, Firenze, Istituto Gramsci di Firenze, 1975, pp. 28 sgg. 3. G. Pécout, « Les pressions de la France gaulliste ». Les communistes italiens et la politique européenne du général de Gaulle : le regard d’Emilio Sereni et de Gerardo Chiaromonte, in De Gaulle et l’Italie, actes du colloque (Rome, 1 er-3 mars 1990), Roma, École française de Rome, 1997, pp. 169-201. 4. Basso traeva questi concetti da G. Burdeau, La Démocratie gouvernante. Ses structures gouvernementales, Paris, LGDJ, 1957. Sulla posizione di Basso in merito alla crisi francese, cfr. L. Basso, La crisi della democrazia francese e le sue cause (1-3), «Problemi del socialismo», no 6, giugno 1958, pp. 407-426; no 7, luglio 1958, pp. 487- 505; no 8, agosto 1958, pp. 567-588. R 98 Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012) all’epoca lo specchio della variegata gamma ideologica della sinistra anti- governativa italiana. Nonostante il titolo della conferenza — «La Francia diventerà fascista?» — lasciasse presagire altro, Martinet impostò un’ana- lisi circostanziata e prudente in cui prevaleva il desiderio di comprendere più che di giudicare i fatti francesi. Ma l’uditorio italiano, convinto delle mire irrimediabilmente autocratiche del generale, sembrò disorientato, e l’incontro finì per naufragare nell’incomunicabilità 5. Questa sfiducia veniva certo dal retroterra culturale della sinistra ita- liana, egualitario e parlamentarista, ma derivava anche dal suo rapporto speciale con la Costituzione repubblicana. Il Pci, in particolare, si sentiva araldo del patto fondatore della Repubblica, sul quale aveva investito gran parte della propria credibilità, effettiva o strumentale che fosse, rispetto agli standard della democrazia liberale. La difesa della Costituzione fon- data sulla Resistenza antifascista fu il pilastro del discorso comunista sulla nazione e sulla democrazia fino alla fine della Guerra fredda. Se è forse esa- gerato parlare di «mito della Costituzione» 6, è però legittimo riconoscere che nella cultura comunista — e con modi comunicativi, contenuti e fina- lità diversi anche in quelle azionista e socialista — la Costituzione repub- blicana ha preso talora le sembianze di una bandiera. Il che ha impedito a volte una discussione costruttiva intorno ai modi per aggiornare la Carta e adattarla all’evolversi della Repubblica. D’altra parte proprio l’opposi- zione ‘socialcomunista’ e l’azionismo culturale furono protagonisti negli anni Cinquanta di una campagna rivendicativa volta ad attuare principi e istituti previsti dalla Carta. Una campagna, quella per l’attuazione della Costituzione, che fu minoritaria, coraggiosa e utile a sbloccare l’impasse normativa dei governi centristi, a loro volta preoccupati di non ‘sconge- lare’ anzitempo la Costituzione per non concedere troppa libertà d’azione alle sinistre antisistema 7. D’altronde l’esperienza della dittatura fascista aveva reso la classe diri- gente italiana ostile verso ogni forma di personalizzazione della politica, cosa che condizionava la valutazione anche presso osservatori non preve- nuti ideologicamente verso il Generale. Si può citare il caso di Costantino Mortati, costituzionalista e membro dell’Assemblea costituente nei ranghi

5. G. Martinet, Cassandre et les tueurs. Cinquante ans d’une histoire française, Paris, Grasset, 1986, pp. 128- 129. L’episodio è citato anche in G. Martinet e S. Romano, Une amitié difficile. Entretiens sur deux siècles de relations franco-italiennes, Paris, Association Dante Alighieri-Comité de Paris, 1999, p. 78. 6. E. Galli della Loggia, Il mito della Costituzione, in G. Belardelli et al., Miti e storia dell’Italia unita, Bologna, Il Mulino, 1999, pp. 187-201. 7. U. De Siervo, La mancata riforma delle istituzioni politiche, in U. De Siervo, S. Guerrieri e A. Varsori (a cura di), La prima legislatura. Continuità e discontinuità nell’azione delle istituzioni, Roma, Carocci, 2004. R 99 Roberto Colozza della Dc; di Giuseppe Saragat, leader del Psdi e futuro presidente della Repubblica; di , anch’egli ex costituente, dirigente della Dc e prossimo ministro nei governi di centro-sinistra; e di Luigi Sturzo, sacer- dote siciliano e fondatore del Partito popolare italiano, antesignano della Dc 8. Lo stesso ambasciatore francese a Roma, Gaston Palewski, raccolse scarsi risultati quando, durante un incontro a palazzo Farnese, cercò di veicolare un’immagine meno apocalittica degli eventi francesi del maggio 1958 rispetto a quella che si andava affermando agli occhi degli intellet- tuali italiani 9. Né la vittoria nel referendum del settembre 1958 da parte di de Gaulle e della sua idea di costituzione, già orientata verso un’originale forma di semipresidenzialismo, poteva in alcun modo far prevalere nella percezione degli osservatori italiani i meriti del Generale piuttosto che i rischi legati alla sua concezione delle istituzioni. Le critiche suscitate in Italia dall’avvento al potere di de Gaulle seguirono un andamento piut- tosto costante, rinfocolato dalla riforma costituzionale del 1962. In Francia fu questo l’evento che catalizzò i sentimenti di rigetto verso il Generale. Dopo aver ottenuto la pace con gli accordi di Evian, de Gaulle sembrava infatti abusare del suo potere politico e mediatico. Anziché ritirarsi in buon ordine dopo aver compiuto la propria missione e risolto l’emergenza algerina, de Gaulle pareva rilanciare la posta in gioco cercando il consenso per accentrare ulteriormente il potere nelle proprie mani. In questo panorama di pareri piuttosto omogeneo, una posizione sfu- mata era quella di Amintore Fanfani. Lungi dall’immaginare una solu- zione di tipo gollista all’instabilità politica e al proliferare dei partiti in Italia, Fanfani stimava de Gaulle e lo considerava una personalità adatta al contesto transalpino. L’ammirazione dello statista aretino per il Generale era almeno in parte ricambiata, se è vero che proprio Fanfani fu il primo capo di governo straniero ricevuto da de Gaulle dopo il suo ritorno al potere e che l’accoglienza riservatagli travalicò la cordialità protocollare prevista negli incontri ufficiali. Non mancarono nel dibattito italiano voci che sottolineavano le somiglianze tra i due leader: in senso negativo — è il caso del Pci, che mirava a screditare il segretario democristiano descriven- dolo appunto come un possibile mattatore autoritario; in senso positivo — come negli ambienti diplomatici francesi a Roma e in settori influenti dell’amministrazione statunitense. Giorgio La Pira, sindaco di Firenze e

8. Si veda in proposito P. Scoppola, La repubblica dei partiti. Evoluzione e crisi di un sistema politico, 1945- 1996, Bologna, Il Mulino, 1991, pp. 341 sgg. Quanto alla posizione di Sturzo, cfr. in particolare L. Sturzo, L’Italia e de Gaulle, in Id., Tre male bestie, Napoli, Ed. politica popolare, 1959. 9. G. Palewski, Mémoires d’action, 1924-1974, Paris, Plon, 1988, pp. 273-274. R 100 Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012) noto propugnatore di un’idea di democrazia umanitaria e spirituale, appog- giava entusiasticamente il Generale perché vedeva in lui l’unica possibile figura capace di restaurare il prestigio della Francia cattolica e di porla in prima linea nella costruzione di un’area mediterranea basata sul dia- logo tra culture piuttosto che su conflitti vetero-colonialisti del genere di quello che la stessa Francia combatteva ormai da quattro anni in Algeria. Queste forme di apprezzamento verso de Gaulle da parte di Fanfani e La Pira non si accompagnarono a tentativi duraturi di collaborazione ­politico-diplomatica visto che il prevalente atteggiamento filoarabo della Dc e il sospetto francese che Enrico Mattei, tramite l’Eni, finanziasse il Fronte di liberazione nazionale algerino in lotta con Parigi costituivano ostacoli insormontabili a eventuali progetti d’intesa tra i due governi 10. Fuori dalla Dc, gli estimatori di de Gaulle militavano essenzialmente nella destra neofascista — è il caso di Giorgio Pisanò, ex repubblichino, tra i fondatori del Msi e dichiarato ammiratore della riforma costituzio- nale francese del 1962 — o tra i cattolici conservatori come Gianni Baget Bozzo 11. Nel giugno 1959 questi fondò a Roma un quindicinale, «L’Ordine civile», che per un anno e mezzo fu tra le più lucide voci a favore di una svolta di tipo presidenziale nell’Italia dell’‘apertura a sinistra’ 12. Un’ecce- zione rimarchevole nel novero degli ammiratori di de Gaulle è incarnata da Randolfo Pacciardi, singolare figura di repubblicano, mazziniano, anti- fascista e anticomunista, ex combattente volontario a difesa della Repub- blica spagnola, quando assunse il comando del Battaglione (poi Brigata) Garibaldi. Pacciardi fondò nel 1964 il movimento d’Unione democratica per la Nuova Repubblica (Udnr), avente come fine primario una riforma costituzionale che introducesse il presidenzialismo in Italia e che guardava alla Quinta Repubblica come a un esempio costruttivo. La stima personale di Pacciardi verso de Gaulle non era in discussione e prese le mosse dall’appello del 18 giugno 1940, sfociando poi in una ri- chiesta di collaborazione alla France Libre risoltasi in un nulla di fatto. L’occupazione francese della Val d’Aosta sotto il governo provvisorio del Generale fu vissuta da Pacciardi come una ferita all’orgoglio nazio- nale dell’Italia antifascista e alla sorellanza latina, e incrinò in lui il mito de Gaulle. Quando nel 1947 il Generale fondò il Rassemblement du peuple

10. A. Argenio, Da maggio a maggio. La Dc e l’avvento al potere di Charles de Gaulle nel 1958, «Italia contem- poranea», no 270, marzo 2013, pp. 12-32. 11. R. Chiarini, La fortuna del gollismo in Italia. Le suggestioni di una ‘Seconda Repubblica’, «Storia contem- poranea», no 2, 1994, pp. 173-220. 12. Lo stesso Baget Bozzo tratteggia una breve storia della sua rivista in Il partito cristiano e l’apertura a sinistra. La Dc di Fanfani e di Moro, 1954-1962, Firenze, Vallecchi, 1977, pp. 193-198. R 101 Roberto Colozza français (Rpf) Pacciardi rimase tiepido e stigmatizzò le mire a suo dire rea- zionarie e bonapartiste del nuovo partito. I fatti del 1958 riaccesero la fede di Pacciardi in de Gaulle; una visione che rimase prevalente nella percezione dell’uomo fino alle dimissioni del Generale nel 1969. Ciononostante, la pubblicistica prodotta dall’Udnr lascia trasparire una chiara preferenza per il presidenzialismo statunitense. La personalizzazione del potere instaurata in Francia con la Quinta Repubblica era certo uno strumento di governo apprezzabile ma non era sostenibile sul lungo periodo, perché enfatizzava le capacità dirigenziali di un uomo e metteva in secondo piano un aspetto ben più importante per la buona salute delle istituzioni: ovvero il loro legame con la società civile, le forze produttive, i sindacati; una dimen- sione, questa, che il sistema statunitense sembrava realizzare in modo più efficace 13. La predilezione di Pacciardi verso l’assetto istituzionale statu- nitense è confermata, perfino enfatizzata, dalle dichiarazioni dell’uomo politico italiano al cospetto della rappresentanza diplomatica Usa nella fase di genesi dell’Udnr 14. Le voci italiane non ostili a de Gaulle, pur eterogenee, avevano in comune l’intento di porre fine a quello che lo stesso generale chiamava il ‘régime des partis’, ovvero la democrazia parlamentare come si era con- figurata durante la Quarta Repubblica e come si affermava ormai a sud delle Alpi. A questo ‘regime’ fu dato in Italia il nome di ‘partitocrazia’, un termine oggi entrato nel linguaggio comune e coniato dal liberale monarchico Roberto Lucifero in un volume del 1944 15. Impiegato anche da Benedetto Croce e Arturo Labriola, il neologismo conobbe la sua con- sacrazione accademica grazie a Giuseppe Maranini, che lo eresse ad auten- tica categoria interpretativa della storia repubblicana 16. Non a caso l’eti- chetta di ‘partitocrazia’ conobbe un significativo sviluppo durante gli anni Sessanta, in opposizione ai governi di centro-sinistra basati sull’alleanza tra Dc e Psi, unica verosimile via d’uscita dall’impasse in cui il fallimento della ‘legge truffa’ e la crisi del centrismo avevano costretto il paese. Gli

13. M. Mita, La repubblica di domani, Edizioni Folla, novembre 1964; Id., Il regime presidenziale, Edizioni dell’Udnr, 1967; Id., Costruire la Repubblica, Roma, Nuova Repubblica, 1968. Su Pacciardi vedi P. Palma, Randolfo Pacciardi. Profilo politico dell’ultimo mazziniano, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2012, pp. 67-73. 14. Cfr. l’aerogramma confidenziale (10 febbraio 1964) dell’ambasciata Usa di Roma al Dipartimento di Stato sulla conversazione avuta da Pacciardi con funzionari diplomatici statunitensi il 4 febbraio 1964, in M. Franzinelli e A. Giacone (a cura di), Il riformismo alla prova. Il primo governo Moro nei documenti e nelle parole dei protagonisti (ottobre 1963-agosto 1964), «Annali della Fondazione Giangiacomo Feltrinelli», no 46, 2010, Milano, Feltrinelli, 2012, p. 190-194. Ringrazio Alessandro Giacone per avermi segnalato il documento e avermene fornito copia. 15. R. Lucifero, Introduzione alla libertà (La legge elettorale), Roma, Ed. del Secolo, 1944. 16. E. Capozzi, Partitocrazia. Il regime italiano e i suoi critici, Napoli, Guida, 2009, pp. 43 sgg. R 102 Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012)

‘antipartitocratici’ leggevano in questa combinazione parlamentare la defi- nitiva prova di un’attitudine trasformistica nella classe dirigente italiana che impediva un effettivo riformismo e soffocava le istituzioni sotto la cappa degli appetiti di partito e delle convenienze contingenti. D’altronde il successo della ‘partitocrazia’ italiana è dato dal fatto che questa soddisfaceva le esigenze di filtro tra società civile e istituzioni con un’efficienza che entrerà in crisi solo sul finire degli anni Sessanta — si pensi al Sessantotto e all’inizio dei cosiddetti ‘anni di piombo’. Rispetto alla realtà italiana, i partiti francesi del dopoguerra si caratterizzavano per una maggiore elasticità degli apparati organizzativi e per una minore capa- cità d’influenzare le dinamiche della società civile. Priva di esperienze mar- canti e durature come il totalitarismo fascista, la Quarta Repubblica si era sviluppata secondo modalità assimilabili a quelle che avevano già conno- tato la Terza Repubblica: partiti politici relativamente leggeri, con bacini d’iscritti minori rispetto al caso italiano. Il processo di decolonizzazione, che l’Italia non dovette affrontare, diede il colpo di grazia a questo sistema tutto sommato fragile. In altre parole, la ‘partitocrazia’ italiana era certo più confacente al paese di quanto non fosse il ‘régime de partis’ stigma- tizzato da de Gaulle, e questo indipendentemente dal fatto che in Francia esistesse una credibile alternativa al parlamentarismo; cosa che non si può dire valesse per l’Italia. E tuttavia vi fu chi tentò di mettere in discussione l’egemonia del patto parlamentarista attraverso un abbozzo di semipresidenzialismo. Nel 1955 l’ascesa di Giovanni Gronchi al Quirinale aveva promosso al vertice dello Stato un esponente ‘illuminato’ della Dc, ben accolto anche in ambienti lontani o ostili al partito di maggioranza, in particolare a sinistra. Grazie all’approccio decisionista del nuovo capo dello Stato e a una congiuntura che virava alla distensione, furono introdotti in poco tempo vari istituti fondamentali previsti dalla Carta repubblicana, come ad esempio la Corte costituzionale. Proprio Gronchi è al centro di un episodio indicativo del crescente desiderio di riforma che serpeggiava nei palazzi romani sul finire degli anni Cinquanta. La vicenda coinvolge il giudice della Corte costi- tuzionale Mario Bracci, già rettore dell’Università di Siena e vicino al Psi, dunque a un partito tradizionalmente marcato da un rigoroso parlamen- tarismo. In virtù della confidenza amicale che lo accomunava a Gronchi, Bracci scrisse al capo dello Stato una lettera privata a breve distanza dal referendum francese del 1958. Bracci non guardava a de Gaulle e alla solu- zione francese come a uno sbocco auspicabile per l’Italia, ma riteneva che la situazione italiana fosse molto diversa da quella transalpina, non solo per l’assenza di crisi esiziali come quella algerina ma anche per una maggiore­ R 103 Roberto Colozza solidità della Costituzione, protetta da un sapiente sistema di checks and balances. Certo il logoramento delle istituzioni repubblicane imponeva un’assunzione di responsabilità da parte di una figura istituzionale di ver- tice, e questo compito non poteva essere che del capo dello Stato. Bisogna spostare il regime, nei limiti consentiti dall’interpretazione della Costituzione, e, per quanto sia politicamente possibile, dalla tradizionale prevalenza del Parlamento, spesso velleitaria, alla prevalenza del Presidente della Repubblica, verso quel tipo ori- ginale di repubblica presidenziale che è reso possibile dalla lettera e dallo spirito della Costituzione […]. Diversamente da quanto avvenuto in Francia, in Italia, secondo Bracci, il rafforzamento del presidente della Repubblica non implicava una ri- forma costituzionale ma solo un’accentuazione di prerogative già previste dalla Carta. Il controllo esercitato sul presidente dalla Corte costituzionale avrebbe scongiurato il rischio di derive autocratiche. Un presidente così concepito avrebbe potuto esercitare una funzione d’indirizzo carismatica, che passasse anche attraverso un’accentuata presa mediatica sulla popo- lazione. Anticipando quel che de Gaulle realizzerà durante la sua lunga esperienza da capo dello Stato, Bracci individuava nei messaggi presiden- ziali attraverso TV e radio la chiave di volta per instaurare un rapporto diretto tra presidente e cittadini, sviluppando così le peculiarità migliori del regime presidenziale 17. Questo tentativo d’interpretazione della Costituzione rimarrà circo- scritto alle ‘stanze dei bottoni’, condiviso da alcune figure isolate ma avver- sato dai vertici dei partiti, che sempre più si configuravano come i princi- pali elementi decisori del sistema e non erano certo disposti ad accogliere una logica istituzionale estranea al loro orizzonte programmatico, oltre che ai loro interessi. Fuori dai partiti, Luigi Sturzo sostenne l’incompa- tibilità tra il modello istituzionale suggerito da Gronchi ed il contesto italiano, inadatto a conciliare principio democratico ed istituzioni a forte tasso personalistico. In riferimento al capo dello Stato in carica, ma senza citarlo, Sturzo scriveva: «[…] si vorrebbero surrettiziamente inserire me- todi, interferenze e atti non previsti dalla Costituzione, purché tollerati dai partiti favorevoli; i quali diverrebbero, per il tramite dei gruppi parla- mentari, una specie di elettori pretoriani» 18.

17. M. Bracci, Testimonianze sul proprio tempo. Meditazioni, lettere, scritti politici (1943-1958), a cura di E. Balocchi e G. Grottanelli de’ Santi, Firenze, La Nuova Italia, 1981, pp. 729 e 740. Per un’analisi del ruolo dei media nella costruzione del carisma gollista, R. Brizzi, L’uomo dello schermo. De Gaulle e i media, Bologna, Il Mulino, 2010. 18. L. Sturzo, Tre male bestie, cit., p. 94. R 104 Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012)

Sull’altro versante della barricata, una significativa sponda forniva agli aspiranti riformatori il politologo Giuseppe Maranini. Poco influente a causa della sua eccentricità ideologica ma intellettualmente autorevole per competenza e posizione gerarchica nella nomenclatura universitaria, Maranini operava in un contesto accademico che, proprio come il mondo politico, vedeva nella Francia di de Gaulle un anti-modello piuttosto che una fonte d’ispirazione 19. E anche Maranini, come Bracci, era convinto che la Costituzione italiana non avesse bisogno di essere riformata ma che il capo dello Stato potesse tramite il semplice menage istituzionale acqui- sire una preminenza di fatto rispetto al parlamento e quindi ai partiti. Pur riconoscendo al Generale il merito di aver fornito una risposta alla crisi algerina, neppure Maranini apprezzava il presidenzialismo à la de Gaulle, che non gli sembrava risolvere i problemi atavici della Francia post-rivoluzionaria: assemblearismo, conflitto tra i poteri dello Stato, scarsa autonomia del potere esecutivo nei confronti del legislativo. Per rispondere a queste deficienze, de Gaulle aveva annichilito il parlamento e neutraliz- zato il governo, investendo il capo dello Stato di un potere debordante: tutto il contrario dell’assetto equilibrato del presidenzialismo statunitense, cui Maranini guardava come a un sistema armonioso capace di frazio- nare e distribuire potere senza ricorrere a forme di cesarismo plebiscitario. Maranini collaborò con l’Undr e prestò la propria consulenza per la stesura dell’«Appello per la Nuova Repubblica» edito nel febbraio 1965. Le sue frequentazioni con Pacciardi smussarono la freddezza con cui Maranini aveva guardato a de Gaulle, ma ciò non lo indusse né ad aderire all’Udnr né a parteggiare per il modello repubblicano gollista, che restò ai suoi occhi un esito straordinario e precario rispetto a una situazione di crisi che nasceva da squilibri cronici nell’interazione tra i poteri statuali 20. Per Pacciardi, invece, la vicinanza con Maranini costituiva un’utilis- sima mallevadoria per il proprio progetto politico, che poteva così fre- giarsi dell’illustre avallo di un intellettuale di rango. Si veda in proposito quanto Pacciardi disse durante un discorso al teatro Adriano di Roma nel maggio 1964 21, arringando i presenti contro la «partitocrazia italiana» giunta al suo apice, secondo lui, col primo governo di centro-sinistra:

19. Si veda in merito la breve disamina di C. Fusaro, L’Italia e il modello della Quinta Repubblica: dall’odio, all’amore… e al dubbio, consultabile al seguente indirizzo web: . 20. E. Capozzi, Il sogno di una costituzione. Giuseppe Maranini e l’Italia del Novecento, Bologna, Il Mulino, 2004, pp. 266-276. 21. R. Pacciardi, Una Repubblica da riformare, in Id., Randolfo Pacciardi, Roma, Camera dei deputati – Archivio storico, 2011, pp. 215-216. R 105 Roberto Colozza

Hanno protestato i costituzionalisti. Ce n’è uno a Firenze, il preside della facoltà di scienze politiche che ha concepito la cattedra universitaria come dovrebbero essere concepite tutte le cattedre universitarie italiane, come centri di irradiazione di scienza e di sapere. Parlo di Maranini che sui giornali fa una campagna sostenuta contro questo sistema della partitocrazia e lo seguono i suoi allievi diventati a loro volta professori di università. «Ci sono i giornalisti che protestano di tanto in tanto», proseguiva ancora Pacciardi, «ci sono i senatori e i deputati che negli articoli dei gior- nali protestano anch’essi e poi votano…». Come si può notare, Pacciardi disegnava una sorta di mappa delle sparute forze ‘antipartitocratiche’, auspicando implicitamente una vera e propria controffensiva contro il sistema dei partiti, che sarebbe dovuta passare attraverso le aule univer- sitarie, le grandi testate giornalistiche e naturalmente le istituzioni sta- tuali. La realtà italiana, come detto, mostrava un clima ben poco adatto ad azioni del genere e soprattutto a soluzioni riformatrici calcate sull’esempio d’oltralpe. La perplessità riguardo alle idee istituzionali di de Gaulle non era certo limitata al contesto italiano. Basti pensare che il progetto di riforma costi- tuzionale del 1962 per introdurre l’elezione diretta del capo dello Stato compattò un fronte d’oppositori che comprendeva quasi tutti i partiti, salvo l’Union pour la Nouvelle République (UNR), secondo movimento gollista dopo l’esperienza del Rpf tra il 1947 e il 1955 22. E tuttavia l’anti- gollismo italiano traeva alimento anche da motivi slegati dalle idee costi- tuzionali del Generale. Innanzitutto l’ostilità diplomatica di de Gaulle per l’Italia, che era servita a vendicare l’attacco fascista alla Francia del 1940 e che condizionò l’ultimo scorcio della guerra e le negoziazioni per il trattato di pace. La cessione di Briga e Tenda a mo’ di risarcimento per l’invasione italiana del 1940 non fu il miglior viatico per la ripresa delle relazioni tra i due Paesi. A ciò si aggiunga il fatto che de Gaulle appa- riva come l’incarnazione di un’idea di Francia legata nostalgicamente alle glorie colonialiste. La stessa concezione gollista dell’integrazione europea faceva capo a un’idea di Stato-Nazione che affondava le radici nell’Otto- cento e nella politica di potenza; laddove l’Italia, come noto, puntava a un’organizzazione sovranazionale di tipo federativo sotto l’egida degli Usa e della Nato 23. Se si pensa al prevalente orientamento federalista dei prin-

22. R. Brizzi, Delegittimazioni del Generale de Gaulle nella Francia della V Repubblica, in F. Cammarano e S. Cavazza (a cura di), Il nemico in politica. La delegittimazione dell’avversario nell’Europa contemporanea, Bologna, Il Mulino, 2010, pp. 171-200. 23. osservazioni sull’incompatibilità tra la visione europea di de Gaulle e quella dell’Italia sono in M. Vaïsse, De Gaulle, l’Italie et le projet d’Union politique européenne. 1958-1963 : chronique d’un échec annoncé, «Revue d’histoire moderne et contemporaine», vol. 42, no 4, 1995, pp. 658-669. R 106 Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012) cipali decisori della politica italiana, si ha la misura di quanto distante questa fosse dalla sensibilità europeista del Generale, tra gli artefici della bocciatura della Ced nel 1954 e fautore di aperture verso l’Urss e di un pro- blematico rapporto con l’atlantismo che mal si conciliavano con i principi della politica estera italiana. Si consideri poi che nel 1958 usciva per i tipi dell’Einaudi la traduzione italiana del libro di Henri Alleg sulla tortura in Algeria 24, che certo alimentò i timori italiani che de Gaulle proseguisse o accentuasse la politica repressiva dei governi della Quarta Repubblica in Algeria cavalcando le passioni delle sacche retrive del nazionalismo fran- cese. Anche dopo la firma del trattato di Evian nel 1962, le inquietudini circa i sentimenti nazionalisti di de Gaulle stimolavano il terzomondismo dell’Italia, che aveva perduto le proprie colonie dopo la Seconda guerra mondiale e aspirava a divenire mediatrice intercontinentale nel bacino mediterraneo 25. Verso la fine degli anni Sessanta, proprio mentre l’astro di de Gaulle declinava, s’intravedeva qualcosa di nuovo negli ambienti della Dc, dove il gruppo di Europa settanta guidato da Bartolo Ciccardini diffondeva una piattaforma programmatica che conteneva tesi apertamente presidenzia- liste. Per la prima volta in un partito dell’arco costituzionale si affacciavano idee eretiche rispetto al parlamentarismo di prammatica. Questo costerà a Ciccardini l’aura di simpatizzante dei regimi autoritari e perfino il sospetto di lavorare a trame eversive di tipo golpista. Ammiratori di de Gaulle e in contatto con Pacciardi, gli esponenti di Europa settanta erano in realtà originali interpreti di un’idea di Stato che troverà affermazione di lì a circa vent’anni. In particolare, essi proponevano di temperare il centralismo sta- talista con un sistema diffuso di elezioni dirette a livello locale che enfa- tizzava il peso delle autonomie e del decentramento; l’insistenza sulla funzione democratica del referendum avrà sviluppi all’inizio degli anni Novanta, quando uno dei protagonisti di Europa settanta, Mariotto Segni, sarà fautore del rilancio di quest’istituto politico. Similmente fu per l’ele- zione diretta dei sindaci, che venne introdotta nel 1993 e che era un cavallo di battaglia di Europa settanta. Nel corso degli anni Settanta la memoria della Resistenza tornava a essere un elemento di primo piano del dibattito pubblico in Italia e uno strumento coesivo nella costruzione dell’identità nazionale. I partiti fedeli

24. Henri Alleg, La tortura, con uno scritto di Jean-Paul Sartre, Torino, Einaudi, 1958. La versione origi- nale è: La Question, Paris, Éd. de Minuit, 1958; per una storia editoriale del libro, si veda A. Berchadsky, « La Question » d’Henri Alleg, un livre-événement dans la France en guerre d’Algérie, Paris, Larousse, 1994. 25. Su quest’ultimo punto cfr. B. Bagnato, L’Italia e la guerra d’Algeria (1954-1962), Soveria Mannelli, Rub- bettino, 2012. R 107 Roberto Colozza alla Costituzione, tra cui anche il Pci, celebravano l’antifascismo come quintessenza della democrazia contro il terrorismo rosso e nero che minac- ciava le istituzioni repubblicane. In questo clima di solidarietà nazionale l’immagine degli eroi della Resistenza europea recuperava tutto il suo prestigio e la figura di de Gaulle conobbe un ritorno d’attrattiva negli ambienti più sensibili all’eredità della lotta antifascista e partigiana. È un’evoluzione che s’intreccia strettamente con la biografia di una per- sonalità controversa come Edgardo Sogno. Ex partigiano monarchico-­ liberale, diplomatico, anticomunista e molto altro, Sogno fondava nel 1971 i Comitati di resistenza democratica, centri di propaganda presidenzialista per la creazione di una «seconda repubblica» 26. Si trattava dell’esito più visibile e presentabile di un disegno volto a impedire l’ascesa al governo del Pci, in cui Sogno individuava il punto di non ritorno per le sorti della fragile democrazia nazionale. Per evitare questo paventato sbocco, Sogno immaginava quel che il magistrato Luciano Violante chiamerà in seguito un «golpe bianco» 27, ovvero un colpo di Stato possibilmente incruento, tale da aprire la strada a una riforma costituzionale. Il tutto con l’avallo d’influenti ambienti militari che avrebbero dovuto garantire il buon esito dell’operazione. Nello stesso torno di tempo, novità rilevanti emergevano anche in seno al Psi. Nel 1978 usciva un quaderno di «Mondo Operaio», la rivista uffi- ciale del partito, consacrato alle ipotesi di «riforma dello Stato» 28. Il saggio d’apertura scritto da Giuliano Amato, che già dal 1977 era impegnato su questo fronte, si diffondeva su un’analisi delle debolezze della costituzione materiale e sui mezzi per sanarle. Circa l’opportunità di un «esecutivo stabile», Amato riconosceva che «soluzioni di tipo presidenziale» erano poco percorribili in Italia, ma ipotizzava che un eventuale «variante di tale modello», con elezione diretta di capo dello Stato e governo, potesse determinare un sufficiente bilanciamento dei due organi, rafforzandoli e facendoli «derivare entrambi da uno stesso contesto di confronto politico». Si affacciava in controluce il modello della Quinta Repubblica del 1958 come possibile via d’uscita dallo stallo della ‘solidarietà nazionale’ e dal compromesso storico tra Dc e Pci, che stava isolando il Psi e accentuando il carattere centripeto dei governi repubblicani: ovvero la tendenza degli

26. E. Sogno, La seconda repubblica, Firenze, Sansoni, 1974. 27. La formula fu fatta propria dal diretto interessato: E. Sogno, Il golpe bianco, Milano, Edizioni dello Scorpione, 1978. Cfr. anche l’intervista a Sogno pubblicata postuma: E. Sogno, Testamento di un anticomu- nista. Dalla Resistenza al golpe bianco, a cura di A. Cazzullo, Milano, Mondadori, 2000. 28. G. Amato, Riforma dello Stato e alternativa della sinistra, in Quale riforma dello Stato?, «Quaderni di Mondoperaio», 1978, p. 24. R 108 Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012) esecutivi a raccogliere intorno alla Dc il contributo dei partiti compatibili con funzioni governative, ferma restando l’egemonia democristiana nella gestione del potere politico. Fu solo a partire dagli anni Ottanta che la Quinta Repubblica e il suo fondatore godettero di una rivalutazione complessiva favorita da vari fattori. In primo luogo, la fine dei cosiddetti ‘anni di piombo’ in Italia e quindi l’avvento di una stagione propizia a ipotesi di riforma delle isti- tuzioni, dopo una lunga fase in cui la difesa delle stesse istituzioni era stata prioritaria; in secondo luogo, la vittoria di François Mitterrand alle elezioni del 1981 realizzava l’alternanza ai vertici delle istituzioni francesi, dimostrando la funzionalità e l’efficacia pluralista dell’assetto istituzionale creato oltralpe tra fine anni Cinquanta e inizio anni Sessanta; infine l’a- scesa al potere di Bettino Craxi, leader del Psi dal 1976, capo del governo dal 1983 al 1987, fautore di una concezione personalista e carismatica del potere. Questa svolta si accompagnava a un approccio meno pregiudiziale allo studio della Quinta Repubblica di cui sono prova gli atti del convegno dell’École française de Rome tenutosi nel 1980 e centrato su una compara- zione tra le Costituzioni italiana del 1948 e francese del 1962 29. Nonostante questa mutata temperie e il sostegno intellettuale di per- sonalità eminenti del mondo giuridico e politologico — si pensi rispetti- vamente a Enzo Cheli e Luciano Cavalli — l’idea d’innestare nel parla- mentarismo italiano i germi del presidenzialismo francese non troverà un inquadramento progettuale preciso. Il Psi continuò ad essere il partito più vivace sul fronte delle ipotesi di riforma delle istituzioni in senso pre- sidenziale, ma rimanevano, quelle socialiste, istanze minoritarie che non incisero significativamente sui lavori delle due commissioni per la riforma dello Stato: la prima Bicamerale (1983-1985) e la seconda (1992-1994). La fine della Guerra fredda, l’inchiesta Mani Pulite, il crollo del sistema dei partiti della Prima Repubblica creavano le basi perché si facesse largo un nuovo modo di guardare alle istituzioni italiane. Il parlamentarismo entrava definitivamente in crisi e il rafforzamento del potere decisionale diventava una priorità nell’agenda delle riforme. Il presidenzialismo non era più un tabù e questo vento di cambiamento si ripercuoteva anche sulla letteratura scientifica 30.

29. Vedi per esempio G. Andreotti et al., Deux constitutions : la V e République et la République italienne. Parallèles et commentaires, actes du colloque de Rome (1er-3 décembre 1980), Rome, École française de Rome, 1988. 30. Cfr. ad esempio S. Gentile, Capo carismatico e democrazia. Il caso de Gaulle, Milano, FrancoAngeli, 1998; G. Quagliariello, De Gaulle e il gollismo, Il Mulino, Bologna, 2003; R. Brizzi e M. Marchi, Charles de Gaulle, Bologna, Il Mulino, 2008. Osservazioni intorno alla monografia di Quagliariello nel contesto della storiografia R 109 Roberto Colozza

In conclusione, la breve disamina condotta fin qui mostra come de Gaulle abbia costituito un costante elemento di confronto per le élites politiche italiane e una fonte di studio per gli addetti ai lavori delle scienze storiche e politologiche. La ragione di quest’interesse risiede certo nell’eccezionalità intrinseca dell’uomo ma anche nell’attenzione che tra- dizionalmente gli osservatori italiani hanno avuto per la scena francese, considerata una sorta di paradigma della teoria e della prassi democratiche e dunque una fonte d’ispirazione e talora un modello di riferimento. In questo senso, il ritorno di de Gaulle al potere nel 1958 creò una solu- zione di continuità percepita da Roma come la fine di un periodo, quello del dopoguerra, in cui l’Italia si era avvicinata come mai prima di allora all’esempio politico-costituzionale francese. De Gaulle, di fatto, allonta- nava la Francia dal modello parlamentare introiettato dagli italiani ma accendeva anche curiosità per gli esiti di un esperimento inedito e per certi versi temerario. Per decenni, tuttavia, anche i più convinti sosteni- tori del presidenzialismo e oppositori della ‘partitocrazia’ guardarono più al modello statunitense che a quello transalpino. Quando finalmente i tempi furono maturi perché in Italia si potesse pensare al gollismo con meno pregiudizi ideologici, il caso francese tornò a essere un esempio fer- tile, potenzialmente risolutivo per i problemi nostrani, fino a diventare un modello forse esportabile alle nostre latitudini. Al di là delle contin- genze politiche, emergono nell’ambito in questione due tendenze di lungo periodo: l’attrazione degli italiani per le cose di Francia, soprattutto in campo politico e istituzionale; l’influenza di de Gaulle nell’immaginario collettivo e la sua sopravvivenza simbolica. È lecito pensare che questi due elementi continueranno ad alimentare lo studio e l’‘uso’ pubblico del gollismo come fenomeno imprescindibile della contemporaneità, quasi l’idealtipo di una concezione del potere forse squilibrata sul piano istitu- zionale ma altrettanto suggestiva per carisma e potenza iconica.

francese sul gollismo sono in L. Bonfreschi e C. Vodovar, La transizione francese del 1958 nella storiografia degli ultimi anni, «Ventunesimo secolo», no 23, ottobre 2010, p. 107-123, soprattutto pp. 111-118. R 110 France et Italie devant la guerre d’Algérie

Tra Parigi e Algeri. L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962)*

Bruna Bagnato Università di Firenze

Nell’aprile 1962 l’ambasciatore francese in Italia, Gaston Palewski, riferiva al suo ministero degli Esteri la reazione degli ambienti politici della peni- sola alla conclusione degli accordi di Évian che, nel marzo, avevano posto termine alla guerra in Algeria 1. Essi, osservava Palewski, erano stati accolti dal governo di Roma «avec un indiscutable soulagement et une satisfaction sans restriction». Perché, spiegava: La poursuite de la guerre d’Algérie constituait pour l’Italie, amie de la France, un sé- rieux handicap à la politique arabe qu’elle entend mener. […] Les dirigeants italiens […] auraient éprouvé des difficultés croissantes à justifier […] la poursuite du soutien sans condition que l’Italie n’a cessé d’apporter à la France à tous les stades du conflit algérien, qu’il s’agisse des votes toujours favorables exprimés par la délégation italienne à l’ONU, des obstacles mis par le gouvernement italien à l’implantation et à la pro- pagande du FLN en Italie ou encore la coopération apportée aux services français pour réprimer les trafics d’armes au profit des rebelles algériens. L’ambasciatore non mancava poi di prevedere l’evoluzione futura dei rapporti bilaterali, sgombri ora dei problemi legati al conflitto in Algeria. In fondo, concludeva: Les accords d’Évian signifient […] pour l’Italie comme pour nous-mêmes un change- ment très important de la situation en Méditerranée. […] Il est à prévoir qu’une riva- lité pacifique et de caractère plus économique que politique subsistera entre nos deux

* Riprendo qui temi più ampiamente sviluppati in B. Bagnato, L’Italia e la guerra d’Algeria 1954-1962, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2012. 1. Sugli accordi di Évian cfr. M. Vaïsse (a cura di), Vers la paix en Algérie. Les négociations d’Évian dans les archives diplomatiques françaises, Bruxelles, Bruylant, 2003. Cfr. Ch. R. Ageron, Les accords d’Évian (1962), «Vingtième siècle», vol. 3, no 35, 1992; sulle fasi preliminari cfr. R. Malek, L’Algérie à Évian : histoire des négo- ciations secrètes 1956-1962, Paris, Seuil, 1995. La bibliografia sulla guerra d’Algeria è pressoché sterminata e in continuo sviluppo. Per un sintetico quadro d’insieme cfr. B. Stora, Histoire de la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 2004. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 113-125. 113 Bruna Bagnato

pays au Maghreb. L’inégalité des atouts qu’ils possèdent en Afrique du Nord permet de penser toutefois qu’à aucun moment nos positions ne seront réellement menacées par la compétition que nos voisins italiens pourront être tentés d’engager sur l’autre rive de la Méditerranée 2. La lettura delle reazioni italiane alla fine della guerra in Algeria pro- posta da Palewski, nominato alla sede di Palazzo Farnese nell’estate 1957 3 e giunto a Roma con il preciso incarico del suo ministero di dare in via pri- oritaria attenzione a «tout ce qui touche à notre action en Algérie» 4, era fon- damentalmente esatta, sia nel rilevare la continuità del sostegno assicurato dall’Italia alla Francia in merito alla guerra nei dipartimenti nordafricani, sia nel sottolineare il crescente peso, non solo politico, che questa scelta implicava per la strategia più complessiva dell’Italia nel Mediterraneo. In effetti, per il governo di Roma, gli otto anni della guerra d’Algeria furono un periodo dominato dalla ricerca incessante di una quadratura diplomatica niente affatto scontata tra la necessità di non introdurre ele- menti di tensione nelle sue relazioni con la Francia e l’opportunità poli- tica di non compromettere i rapporti pazientemente costruiti e in pieno e incoraggiante sviluppo con i paesi della sponda sud del Mediterraneo 5.

2. Archives du Ministère des Affaires étrangères – Paris (d’ora in avanti AMAE), Mission de liaison pour les Affaires algériennes (1956-1962) (d’ora in avanti MLA), busta 40, G. Palewski a Ministère des Affaires étrangères, L’Italie, les accords d’Évian et les perspectives maghrébines, Roma, 12 aprile 1962. 3. La nomina di Palewski a Roma, nel luglio 1957, suscitò non poco malcontento negli ambienti dell’Mrp (Archivio Storico del Ministero degli Affari Esteri – Roma, d’ora in avanti ASMAE), Ambasciata di Parigi 1954- 1960 (d’ora in avanti APa), 1957, b. 74, telegramma in partenza no 503, R. Caracciolo a Ministero degli Affari Esteri (13 luglio 1957). L’annuncio che Palewski avrebbe sostituito Jacques Fouques-Duparc a Palazzo Farnese fu accolto con una certa ostilità anche dalla stampa italiana, memore dell’atteggiamento che l’ambasciatore francese aveva assunto, in passato, sulle questioni di Briga e Tenda e sulla Ced. Cfr. ASMAE, APa, 1957, b. 74. In fondo, poi, Palewski non proveniva dalla carriera e era appassionatamente gollista. Cfr. J. Bernot, Gaston Palewski. Premier baron du gaullisme, Paris, François-Xavier de Guibert, 2010 (il periodo dell’ambasciata a Roma è coperto dall’ultimo capitolo «Rome 1957-1962»). Cfr. anche le memorie: G. Palewski, Mémoires d’action, 1924-1974, Paris, Plon, 1988. 4. E continuava: «Vous aurez soin de me communiquer toutes informations qui pourraient nous être utiles dans ce domaine» (AMAE, Série Z Europe 1944-1970, sous-série Italie, b. 274, note no 724/EU, Instructions générales au nouvel ambassadeur de France en Italie, Gaston Palewski, Paris, 13 ottobre 1957). 5. È interessante notare come da qualche tempo si sia sviluppato un filone storiografico attento a analizzare come la guerra d’Algeria fosse interpretata e vissuta dai vari attori internazionali. Cfr. in particolare, fra gli altri, i volumi: J.-P. Cahn e K.-J. Muller, La République fédérale d’Allemagne et la guerre d’Algérie, 1954-1962. Perception, implication et retombées diplomatiques, Paris, Éditions du Félin, 2003; S. El Machat, Les États-Unis et l’Algérie : de la méconnaissance à la reconnaissance, Paris, L’Harmattan, 1996; R. S. Gendron, Towards a Francophone Community. Canada’s Relations with France and French Africa, 1945–1968, Montreal-London, McGill-Queen’s University Press, 2006; F. Taubert, La guerre d’Algérie et la République démocratique allemande, Dijon, Presses universitaires de Dijon, 2010; I. Wall, Les États-Unis et la guerre d’Algérie, Paris, Soleb, 2006; e gli articoli: F. Cresti e A. M. Gregni, La guerra di liberazione algerina e l’Italia nella visione dei documenti diplomatici francesi, «Quaderni di Oriente moderno», F. Cresti (a cura di), Algeria. Il disastro e la memoria, no 4, 2003, pp. 47-94; A. Dulphy, La guerre d’Algérie dans les relations franco-espagnoles, «Guerres mondiales et conflits contemporains», vol. 3, no 235, 2009; S. Mourlane, La guerre d’Algérie dans les relations franco-italiennes 1958-1962, «Guerres mondiales et conflits contemporains», on 217, 2005, pp. 77-90; S. Mourlane, L’Italie et la R 114 L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962)

Questo lo schema, in apparenza semplice anche nella sua natura rigida- mente binaria. Ma, all’interno e all’esterno di questo schema, tanti erano gli elementi che rendevano complesso il posizionamento su un punto di equilibrio sostenibile.

Variabili

Comprendere come l’Italia si misurò con la questione algerina (e quindi con la Francia) significa valutare momento per momento il peso delle variabili di natura internazionale e interna che, nel loro intreccio, determi- narono la percezione del conflitto negli ambienti politici della Penisola e della reale — e mutevole — posta in gioco della guerra. Erano variabili in grande misura contraddittorie. Sul piano dei vincoli internazionali, anzi- tutto: un terreno sdrucciolevole perché le scelte pregresse, e alle quali si voleva rimanere fedeli, rischiavano di dilaniare la politica italiana o, nel migliore dei casi, di assortirla di così tante sfumature da renderla troppo ambigua per essere efficace. Fin dal 1949, l’Italia aveva fatto una precisa scelta a favore dell’anti- colonialismo. Era stata una scelta opportunista, legata a doppio filo alla perdita delle colonie africane decisa all’Onu 6, ma che pure rifletteva la volontà del governo di Roma di rilanciare la sua politica nel Mediterraneo nel segno della comprensione e del dialogo (anche) con le nascenti entità indipendenti dell’Africa del Nord 7. Ma l’Italia aveva, all’epoca, già fatto una scelta, altrettanto precisa, in senso europeo e atlantico, ciò che di per sé stabiliva un vincolo di solidarietà con la Francia, la cui ‘mainmise’ nel Maghreb era ormai da tempo apertamente contestata dai naziona- listi tunisini e marocchini. Quando, nel novembre 1954, gli attentati di

guerre d’Algérie : une diplomatie équivoque ?, in P. Milza e R. H. Rainero (a cura di), Colonialismo e decoloniz- zazione nelle relazioni italo-francesi, Firenze, Società Toscana per la storia del Risorgimento, 2001, pp. 171-185; N. Pas, La guerre d’Algérie vue des Pays-Bas, 1954-1962, « Vingtième Siècle », vol. 2, no 86, 2005. 6. Sul dibattito interno e internazionale sul futuro delle colonie italiane cfr. G. Rossi, L’Africa italiana verso l’indipendenza 1941-1949, Milano, Giuffré, 1980. Sulle immediate reazioni in Italia alla decisione dell’Onu cfr. R. H. Rainero, Le relazioni italo-francesi e la questione del Fezzan (1948-1949), in J.-B. Duroselle e E. Serra (a cura di), Italia e Francia 1946-1954, Milano, FrancoAngeli, 1988, pp. 49-72. Per le reazioni dell’opinione pubblica alla svolta del 1949 (oltre a G. Rossi, L’Africa italiana…, cit.) cfr. G. Calchi Novati, Mediterraneo e questione araba nella politica estera dell’Italia, in Storia dell’Italia repubblicana, vol. 2, La trasformazione dell’Italia, sviluppo e squilibri, t. 1, Politica, economia, società, Torino, Einaudi, 1996, pp. 202-203. 7. Cfr. B. Bagnato, Alcune considerazioni sull’anticolonialismo italiano, in E. Di Nolfo, R. H. Rainero e B. Vigezzi (a cura di), L’Italia e la politica di potenza in Italia 1945-1950, Milano, Marzorati, 1992, pp. 289-317. R 115 Bruna Bagnato

Ognissanti dettero inizio alla guerra d’Algeria 8, l’Italia era reduce da un quinquennio durante il quale aveva cercato, con fatica e alterna fortuna, di combinare, nel microcosmo dei due protettorati francesi nel Nord Africa, l’opzione anticoloniale e l’opzione occidentale 9. Il problema si poneva in modo molto più stringente per l’Algeria, e ciò per tante ragioni: perché si trattava in quel caso di un territorio metropolitano francese; perché era, in quanto tale, coperto dalla garanzia atlantica; perché il milione di francesi lì residenti rappresentavano una presenza numericamente e poli- ticamente imponente; perché — quindi — la sensibilità di Parigi era, sul tema, molto più acuta di quanto non lo fosse stata — e non lo fosse — per il Marocco e la Tunisia. Per l’Italia si trattava dunque di trovare, anche sul tema algerino, un ideale equilibrio tra la necessità di non turbare le rela- zioni con il partner europeo e atlantico e l’esigenza di non tradire o privare di efficacia politica un anticolonialismo recente — dai confini e dai con- tenuti tutti da precisare ma ottima premessa e promessa di una più vivace politica mediterranea e formidabile atout anche per rafforzare la saldatura con Washington e, da lì, per acquisire un profilo di azione specifico nella comunità occidentale 10. Era un compito delicato, che diveniva ancora più complesso (o più semplice?) alla luce dei cambiamenti che si stavano producendo sul piano interno e che (nell’agosto 1955, quando, con l’estensione territoriale della ribellione in Algeria, la sua trasformazione in movimento di resistenza organizzata, la decisione francese di fare appello ai riservisti, la ‘drôle de guerre’ mutò in senso quantitativo e qualitativo e divenne ‘guerre ouverte’ 11) lasciavano prevedere una vera svolta. Una svolta, quella del passaggio dal centrismo al centro-sinistra — cioè dell’avvicinamento del

8. La lista completa degli attentati è stata fatta da Claude Paillat, Vingt ans qui déchirèrent la France, t. II, La liquidation, 1954-1962, Paris, Laffont, 1972, pp. 142-147. Cfr. anche la ricostruzione storiografica nell’opera collettiva 1er Novembre 1954 : la nuit rebelle, Alger, Éditions de la Tribune, 2004. 9. Cfr. B. Bagnato, Vincoli europei echi mediterranei. L’Italia e la crisi francese in Marocco e in Tunisia 1949-1956, Firenze, Ponte alle Grazie, 1991. Id., L’opinion publique italienne et la décolonisation du Maroc et de la Tunisie, 1949-1956, «Relations Internationales», no 77, printemps 1994; Id., The Decline of the Imperial Role of the European Powers: France, and the Future of Northern Africa, in A. Varsori (a cura di), Europe 1945–1990s. The End of an Era?, London, Macmillan, 1995; Id., L’Italia fra Europa e Mediterraneo: interessi nazionali e vincoli internazionali, in L. Ganapini (a cura di), Dall’Europa divisa all’Unione europea, Milano, Guerini e associati, 2007. 10. Sulla politica dell’amicizia intrapresa dall’Italia dopo la Seconda guerra mondiale con i paesi del Medi- terraneo orientale cfr. M. Pizzigallo, La diplomazia italiana e i paesi arabi dell’Oriente mediterraneo (1946-1952), Milano, FrancoAngeli, 2009 e i precedenti volumi curati da Pizzigallo, L’Italia e il Mediterraneo orientale, Milano, FrancoAngeli, 2004 e Amicizie mediterranee e interessi nazionali, Milano, FrancoAngeli, 2006. 11. B. Stora, Histoire de la guerre d’Algérie, cit.; Id., Le massacre du 20 août 1955. Récit historique, bilan histo- riographique, «Historical Reflections», vol. 36, on 2, 2010. R 116 L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962)

Partito socialista all’area di governo —, già annunciata, nell’aprile, dall’ele- zione di Giovanni Gronchi al Quirinale 12; confermata dalle prime battute del grande dibattito attorno alla possibilità di una più attiva e efficace politica mediterranea e ai suoi limiti; resa evidente dall’avvio dell’interna- zionalizzazione della politica petrolifera dell’Eni di Enrico Mattei 13; tra- dotta in termini alti e ecumenici da Giorgio La Pira — di volta in volta in veste di deputato democristiano o sindaco di Firenze; portata alle sue inevitabili conseguenze dal segretario democristiano Amintore Fanfani 14; facilitata, in senso oggettivo, dallo stemperarsi del clima di guerra fredda. L’evoluzione degli equilibri interni, che permetteva ora l’emergere di tanti e inediti centri di politica estera, incideva direttamente — certo molto più direttamente che nel passato — sulla strategia internazionale del paese. Ma era vero anche il contrario, nel senso che lo scenario internazionale pareva candidarsi a orizzonte surrettizio nel quale la Dc e il Psi avrebbero potuto sperimentare convergenze tali da facilitare il loro definitivo con- fluire anche sui temi di politica interna. Nel dialogo serrato tra politica interna e politica estera, la guerra in corso in Algeria diveniva così un utile (e scabroso) terreno di verifica delle potenzialità (ma anche dei limiti e dei rischi) di una politica estera più vivace e delle possibilità di un più stretto

12. Su Giovanni Gronchi esiste una bibliografia piuttosto vasta, di valore ineguale. In particolare cfr. G. Vigorelli, Gronchi. Battaglie d’oggi e di ieri, Firenze, Vallecchi, 1956; L. Tedeschi, Un cattolico al Quirinale, Roma, Quattrucci, 1958; D. Bartoli, Da Vittorio Emanuele a Gronchi, Milano, Longanesi, 1961; G. Merli, Giovanni Gronchi. Contributo ad una biografia politica, Pisa, Giardini, 1987; Centro Giovanni Gronchi, Giovanni Gronchi a cento anni dalla nascita, Pisa, Giardini, 1990; G. Merli e E. Sparisci, Giovanni Gronchi. «Una democrazia più vera», Roma, Studium, 1993; Centro G. Gronchi, L’Italia durante la presidenza Gronchi (Pontedera, 28 ottobre 1989), Pisa, Giardini, 1990; P. E. Taviani et al., Giovanni Gronchi, «Civitas», vol. 38, no 3, 1987. Come sottolinea Ballini, «L’elezione di Gronchi rappresentò una sconfitta per il Gruppo dirigente della Dc che non l’aveva inizialmente candidato […] La sua elezione sembrò anche costituire una prova dei segni di distensione che caratterizzarono allora la situazione politica interna e internazionale» (P. L. Ballini, Giovanni Gronchi, in Id. [a cura di], I deputati toscani all’Assemblea Costituente, Regione Toscana-Consiglio Regionale, Firenze, Edizioni dell’Assemblea, 2008, p. 351). 13. Per ricordare solo alcune delle opere su Mattei e, per estensione, sull’Eni negli anni di Mattei (operazione legittima dato il grado di identificazione tra il gruppo italiano e il suo presidente): N. Perrone, Enrico Mattei, Bologna, Il Mulino, 2001; L. Maugeri, L’arma del petrolio. Questione petrolifera globale, guerra fredda e politica italiana nella vicenda di Enrico Mattei, Firenze, Loggia de’ Lanzi, 1994; F. Venanzi e M. Faggiani (a cura di), Eni: un’autobiografia, Torino, Sperling e Kupfer, 1994; M. Colitti, Energia e sviluppo in Italia. La vicenda di Enrico Mattei, Bari, De Donato, 1979; D. Pozzi, Dai gatti selvatici al cane a sei zampe, Venezia, Marsilio, 2009; M. Magini, L’Italia e il petrolio tra storia e cronologia, Milano, Mondadori, 1976; P. Frankel, Petrolio e potere. La vicenda di Enrico Mattei, Firenze, La Nuova Italia, 1970; G. Galli, La sfida perduta. Biografia politica di Enrico Mattei, Milano, Bompiani, 1979; I. Pietra, Mattei, la pecora nera, Milano, Sugarco, 1987; D. Votaw, Il cane a sei zampe. Mattei e l’Eni. Saggio sul potere, Milano, Feltrinelli, 1965; B. Bagnato, Petrolio e politica. Mattei in Marocco, Firenze, Polistampa, 2004. 14. Mi limito qui a indicare la recente pubblicazione di A. Giovagnoli e L. Tosi (a cura di), Amintore Fanfani e la politica estera italiana, Marsilio, Venezia, 2010. R 117 Bruna Bagnato rapporto futuro fra i due partiti, con la fissazione di alcuni fondamentali parametri di azione per le maggioranze di centro-sinistra 15. Certo, il mutare della politica italiana nei riguardi del conflitto in corso in Algeria, e quindi il cambiamento del linguaggio con cui parlare con Parigi, non può essere ricondotto unicamente all’evoluzione del quadro interno, al variare dei governi e delle loro maggioranze parlamentari. Non può infatti essere disgiunto dai cambiamenti del carattere stesso della guerra. Né dall’evoluzione più complessiva del sistema internazionale — e dei suoi singoli segmenti — che quei cambiamenti in gran parte dettava e che parallelamente modificava aspetti, contenuti, agenda e priorità del modo italiano di partecipare alla comunità globale. L’emergere del ‘Terzo Mondo’ a Bandung 16; la stabilizzazione europea raggiunta a Ginevra nel luglio 1955 17; la lacerazione dell’alleanza atlantica a Suez 18; la centralità che la ‘coesistenza competitiva’ assegnava al Medi- terraneo; la sfida gollista all’Europa comunitaria e alla Nato 19; l’emergenza scattata attorno a Berlino che provocava un’intensa attività diplomatica e confermava, all’Italia, il suo status periferico nell’alleanza atlantica 20; le tentazioni, coltivate da alcuni ambienti economici e politici della peni- sola, di inaugurare una politica di distensione, indispensabile anche per garantire le risorse necessarie per sostenere il ritmo di crescita del ‘mira- colo’; i cambiamenti e le crisi mediorientali; i progressi e i sobbalzi del processo di integrazione europea; la riapertura del problema dell’Alto Adige 21 a pochi mesi dalla chiusura della questione di Trieste: sono tanti i temi che — alcuni direttamente connessi; altri apparentemente tangen- ziali; altri ancora, almeno in prima battuta, decisamente esterni alla guerra d’Algeria — contribuirono, in varia misura e in vari momenti, a disegnare

15. Per il faticoso passaggio dal centrismo al centro-sinistra cfr. P. Di Loreto, La difficile transizione. Dalla fine del centrismo al centro-sinistra, 1953-1960, Bologna, Il Mulino, 1993. Sull’intreccio fra evoluzione interna e scenario internazionale, cfr. E. Di Nolfo, Sistema internazionale e sistema politico italiano: interazione e com- patibilità, in S. Tarrow e L. Graziano (a cura di), La crisi italiana, vol. I, Formazione del regime repubblicano e società civile, Torino, Einaudi, 1979, pp. 79-112; E. Di Nolfo, I vincoli internazionali di una democrazia incompiuta, in A. Giovagnoli (a cura di), Interpretazioni della Repubblica, Bologna, Il Mulino, 1998. 16. Cfr. G. Calchi Novati e L. Quartapelle (a cura di), Terzo mondo addio. La conferenza afro-asiatica di Bandung in una prospettiva storica, Roma, Carocci, 2007. 17. Cfr. M. Trachtenberg, A Constructed Peace. The Making of the European Settlement, Princeton, Princeton University Press, 1999. 18. Fra l’immensa bibliografia sulla crisi giova qui ricordare almeno gli atti di due convegni:Suez 1956: The Crisis and Its Consequences, Oxford-New York, Oxford University Press, 1989, e The Suez-Sinai Crisis, 1956: Retrospective and Reappraisal, London, Cass, 1990. 19. Cfr. M. Vaïsse, La Grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle, 1958-1969, Paris, Fayard, 1998. 20. Cfr. J. Gearson e P. Shake (a cura di), The Berlin Wall Crisis: Perspective on Cold War Alliances, London, Palgrave Macmillan, 2002. 21. M. Toscano, Storia diplomatica della questione dell’Alto Adige, Bari, Laterza, 1968. R 118 L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962) i contorni della percezione italiana del conflitto in corso nel Maghreb, nel significato più generale che esso poteva assumere e nell’incidenza che esso aveva nel dialogo con la Francia. Un affollamento di variabili che contribuiscono, sul piano interpretativo, a chiarire esitazioni, contorsioni e incertezze della politica italiana, soprattutto quando il porsi rispetto alla questione algerina diveniva il parametro e il pegno delle relazioni presenti e future con il mondo mediterraneo o si imponeva come tema dirimente nei rapporti con Parigi. Il modificarsi del modo italiano di guardare al problema dell’Algeria finisce infatti per rappresentare una chiave efficace per leggere l’evoluzione delle relazioni italo-francesi anche lungo il profilo europeo e quello atlan- tico. Un’evoluzione che, certo, conobbe, con il ritorno al potere di Charles de Gaulle, una svolta fondamentale. Ma, se questo è vero, è comunque necessario non cedere alla tentazione di vedere nel cambio di regime fran- cese l’accidente o l’incidente che si abbatteva su una tranquilla e poco avvincente routine diplomatica: al di là dei dolciastri e spesso gratuiti inchini alla fraternità latina, tensioni e punti non chiariti affollavano e turbavano, da sempre, il dialogo bilaterale e il riorientamento della poli- tica francese dopo il 1958 si limitava, da questa prospettiva, a porli in piena luce. Perché, in fondo, tra la fine del 1954 e i primi mesi del 1962 (cioè tra la Toussaint e Évian), la relazione bilaterale — nei suoi problemi, nelle sue difficoltà, nei reciproci sospetti, nelle frequenti misperceptions, nei logori e rassicuranti cliché, negli affanni — racchiudeva e riassumeva, traslandole su un terreno specifico, tutte le tensioni che si stavano producendo sul piano internazionale e sul piano interno dei due paesi. Era una relazione fra due situazioni di diversa ma contemporanea fluidità: quella italiana, dell’estenuante maturare del centro-sinistra e dell’esplodere del ‘miracolo economico’; quella francese, del passaggio, duplice, dalla debolezza della Quarta Repubblica alla ‘grandeur’ della repubblica voluta da de Gaulle, e dalla guerra alla pace in Algeria.

Un bilancio controverso

La fine della storia, così come interpretata da parte italiana, è emblematica. Il 26 aprile 1961, all’indomani del fallimento del ‘putsch des généraux’, ul- timo sussulto degli irriducibili dell’Algérie française 22, il direttore generale

22. Sul ‘putsch’, oltre a Y. Courrière, La guerre d’Algérie, t. II, 1957-1962, Paris, Fayard, 2001, pp. 803 sgg., il volume di P. Abramovici, Le putsch des généraux. De Gaulle contre l’armée, 1958-1961, Paris, Fayard, 2011. R 119 Bruna Bagnato aggiunto degli affari politici alla Farnesina, Carlo Marchiori, si auspicava che «l’epilogo del dramma del Nord Africa francese» facesse «riflettere» il governo italiano «su certi errori da noi commessi, sulla base di incom- petenti e errate valutazioni della situazione nordafricana». Errori di non poco conto […] quali, per esempio, l’estrema trascuratezza con cui abbiamo trattato i nostri rapporti con la Tunisia, i nostri oscillamenti in questioni di assai relativa importanza intrinseca, ma influenti agli effetti dell’impostazione del nuovo capitolo dei rapporti tra l’Italia e i paesi arabi, come la vicenda della fabbrica di cartucce per il Marocco, le ‘miserie’ da noi fatte alle personalità algerine in transito per l’Italia ecc. ecc. Tutti «spiacevoli episodi» determinati «dalla nostra eccessiva condiscen- denza alle pressioni fatteci da parte francese, in modo particolare allo zelo dell’ambasciatore Palewski, che nelle sue insistenze ha spesso, almeno nello spirito, esorbitato dalle stesse aspettative dei suoi capi di Parigi». «Noi», aggiungeva Marchiori, «avremmo dovuto tenere maggiormente presente che, agli effetti delle ripercussioni sulle nostre relazioni con la Francia della nostra politica con i paesi arabi del Nord Africa, si trattava di tirare, sia pure mantenendo un buon margine di sicurezza, l’elastico filo della sop- portazione francese». Perché, se era vero che il problema algerino aveva posto la Francia «in una specie di crisi di isterismo, in cui il sentimento ha spesso prevalso sulla logica» e se, certo, i pericoli di questo stato di cose «non potevano da noi essere trascurati», «tra questo e l’appagare tutti i capricci francesi esisteva un certo margine che avrebbe dovuto servirci per muoverci con maggiore ponderazione ai fini dei nostri interessi mediter- ranei». Ormai, comunque, il danno era fatto, «quello che è stato è stato», e non restava che riconoscere che, «agli effetti dell’influenza italiana», durante «tutto lo svolgimento del dramma della liquidazione della pre- senza coloniale francese», «abbiamo perso diverse facili occasioni» 23. Nel gennaio 1974, il ministro degli Esteri Aldo Moro dichiarava di non comprendere perché la ritorsione petrolifera dell’Opec del 25 dicembre precedente contenesse «una discriminazione a danno dell’Italia», «discri- minazione», dichiarava Moro, che «non teneva conto della particolare amicizia da noi sempre dimostrata per il mondo arabo e dell’evidente comprensione per le sue istanze, che aveva rappresentato una costante della nostra politica estera». «Basti pensare» aggiungeva il ministro «ad

Cfr anche M. Vaïsse, Comment de Gaulle fit échouer le putsch d’Alger, Bruxelles, A. Versaille, 2011. Cfr. inoltre Ministère de la Défense, Le putsch des généraux, 21-26 avril 1961, ECPAD (pdf) in , 1 aprile 2011. 23. Archivio centrale dello Stato (d’ora in avanti ACS), Presidenza del Consiglio dei Ministri (PCM), Consigliere diplomatico, b. 2, appunto di C. Marchiori, Roma, 26 aprile 1961. R 120 L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962) atteggiamento di amicizia e a generosa collaborazione e assistenza da noi data a vari paesi arabi, come l’Algeria, dove avrebbe dovuto essere vivo il ricordo di assistenza e facilitazioni da noi prestate alla resistenza» 24. Leggere in modo parallelo questi due documenti fa ben comprendere quanto possa essere ampia la forbice interpretativa circa l’atteggiamento dell’Italia verso la guerra d’Algeria. Certo, si tratta di documenti di natura molto diversa: Marchiori si batteva il petto in una comunicazione che, si può presumere, doveva rimanere tutta interna alla Farnesina e in cui, quindi, l’autore poteva permettersi l’assoluta sincerità; Moro, invece, s’indi- rizzava ai rappresentanti diplomatici italiani nel mondo arabo per indicare loro argomenti funzionali nel dialogo con gli interlocutori locali — argo- menti che dovevano essere politicamente efficaci e non necessariamente cristallini. Ma, al di là della differenza formale (sia pur non marginale) e anche al di là della distanza cronologica (quasi tredici anni), i due docu- menti, posti in filiera, ben descrivono la difficoltà, l’incertezza e forse l’ambiguità con le quali l’Italia si misurò con il conflitto. L’incoraggiamento alla causa dell’indipendenza algerina (legittimo e persino scontato, alla luce di un discorso anticoloniale generoso di pro- messe) e il mantenimento di buone relazioni con la Francia — parte inte- grante di una scelta atlantica e europea fuori discussione ma dai contenuti, invece, forzatamente variabili — si ponevano, per l’Italia, come i due poli di un’alternativa. Quanto questa fosse stringente era il vero problema. In fondo, la politica dell’Italia verso il conflitto era calibrata soprattutto su Parigi, nel senso che essa teneva conto in primo luogo degli effetti, dei rischi e dei costi di un allontanamento dalla linea di appoggio alle tesi francesi. In una prospettiva attenta alle ragioni della prudenza del governo di Roma, l’intera storia dell’atteggiamento italiano verso la guerra, pur presentando sia alcuni caratteri permanenti (come le reiterate proposte di svolgere un ruolo di raccordo tra le due parti), sia variazioni anche sensibili legate al mutamento delle maggioranze di governo, agli sviluppi del quadro interno e all’evoluzione delle dinamiche internazionali, può essere suddivisa in due fasi, prima e dopo il maggio-giugno 1958, con lo spartiacque rappresentato, evidentemente, dal cambiamento politico in Francia. Fra il novembre 1954 e il giugno 1958, il governo italiano, consape- vole del ruolo dirimente che il problema algerino aveva nel disegnare (e potenzialmente travolgere) gli equilibri della IV Repubblica, ritenne di

24. ACS, Carte Aldo Moro, serie 6, Ministro degli Esteri, 1973-1974, busta 163, telegramma in partenza no 55/c, segreto, Roma, 6 gennaio 1974. R 121 Bruna Bagnato non poter rischiare di contribuire, con i suoi distinguo sul tema, a favorire una deriva autoritaria o frontista della Francia, ciò che avrebbe avuto cata- strofiche conseguenze sul processo d’integrazione europea, sulla stabilità della comunità atlantica, sul delicato confronto bipolare che aveva fatto del Mediterraneo il nuovo enjeu. Per evitare l’innesco di questi sviluppi (lucidamente percepiti, molto temuti), l’Italia accettò di pagare a Parigi un prezzo molto alto, sia in termini di opportunità perse e d’ingenti oneri economici accettati, sia e soprattutto in termini politici, con rischi di un irreversibile appannamento della sua immagine presso i paesi arabi. Da qui, la comprensione — sia pur forse non sempre cristallina — ripetuta- mente manifestata per le difficoltà francesi; il voto permanentemente fa- vorevole a Parigi espresso alle Nazioni Unite; la decisione di ammorbidire, in seconda battuta, la condanna agli anglo-francesi per le vicende di Suez, nel novembre 1956 25; il rifiuto opposto ai reiterati inviti di intervenire in funzione ‘moderatrice’ in occasione dell’affaire del Dc-3 26 — ciò che si sarebbe implicitamente scontrato con la tesi della domestic jurisdiction strenuamente difesa dalla Francia —, nel novembre 1956; l’accettazione del ricatto ‘eurafricano’ di Parigi al momento della firma dei trattati di Roma, nel marzo 1957 27; la mancata partecipazione alla fornitura di armi occidentali alla Tunisia, nel novembre 1957 28; le esitazioni circa l’ipotesi della fornitura di una cartucceria in Marocco 29, la cautela all’ora di Sakiet, nel febbraio 1958 30. Con il ritorno di de Gaulle, prima in veste di presidente del Consiglio e poi in quella di presidente della Quinta Repubblica, i rapporti dell’Italia con la Francia non potevano che subire una variazione — e la prudenza italiana in merito alla politica di Parigi in Algeria che rispondere ad altri tipi di esigenze. Superata la diffidenza iniziale, smorzandosi — ma in modo molto graduale — le prevenzioni che la figura del leader francese, anche per le modalità del suo ritorno al potere, avevano sollevato negli ambienti

25. Sulla posizione italiana ampia documentazione in ASMAE, Gabinetto del Ministro 1943-1956, b. 65; Archivio riservato della Segreteria Generale 1945-1958, b. 52; Affari Politici Egitto 1956 (in particolare le buste 1053, 1057, 1062, 1063). 26. Ampia documentazione in ASMAE, DGAP, Uff. III, b. 1045. 27. Cfr. G. Migani, L’associazione dei territori d’oltremare francesi durante i negoziati per i trattati di Roma, in L. Tosi e L. Tosone (a cura di), Gli aiuti allo sviluppo nelle relazioni internazionali del secondo dopoguerra. Esperienze a confronto, Padova, CEDAM, 2006, pp. 225-240. 28. Ampia documentazione in ASMAE, APa, 1957, b. 74. 29. Cfr. B. Bagnato, Petrolio e politica, cit., passim. 30. J. Valette, Le bombardement de Sakiet Sidi Youssef en 1958 et la complexité de la guerre d’Algérie, «Guerres mondiales et conflits contemporains», vol. 1, no 233, 2009, pp. 37-52. Sulla posizione italiana, ampia documen- tazione in ASMAE, APa, 1958, b. 81. R 122 L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962) politici e nell’opinione pubblica della penisola 31, il governo di Roma ri- tenne di non poter che sostenere le scelte algerine di de Gaulle, percepito come l’unica personalità che, se solidamente sostenuto dai partner euro- pei atlantici, avrebbe potuto risolvere l’imbroglio maghrebino grazie al suo prestigio, alla sua abilità, al suo seguito. Senza contare che l’evoluzione dei temi del dibattito atlantico e europeo, cui la Francia gollista dette peraltro un imponente contributo, rendeva necessario, per l’Italia, mante- nere un robusto filo di contatti con Parigi. I timori suscitati dalle ipotesi di triumvirato lanciato da de Gaulle nel settembre 1958; il rimescolamento delle carte europee con il progetto Fouchet; la marginalità cui la mossa sovietica su Berlino del novembre 1958 pareva condannare l’Italia: erano sviluppi che facevano della partnership francese un dato al contempo volatile e irrinunciabile. La vulnerabilità di Parigi, per il perdurare della guerra algerina, poteva poi essere utilizzata politicamente da Roma, per sanare sue proprie criticità: ciò che in effetti trovò espressione in reiterate proposte, più o meno efficaci e più o meno sensate, di do ut des. Se quindi il tema algerino finiva per riverberarsi con forza e in modo persino preterintenzionale sull’insieme delle relazioni bilaterali, fornen- do all’Italia la possibilità di tesaurizzare il permanente tallone d’Achille dell’interlocutore, ciò non esonerava tuttavia il governo di Roma dalla necessità di guardare al perdurare della guerra francese nel Maghreb anche lungo profili diversi dall’eco che esso aveva nel rapporto con Parigi: profili ineludibili di equilibri mediterranei, di elaborazione di un rapporto sano e costruttivo fra le varie sponde del bacino, di dinamiche bipolari. E, da questo punto di vista, l’iniziale cautela della politica algerina del Generale, sia pure ritenuta per molti versi necessaria in un ambiente politico pieno di insidie, appariva estenuante; e il governo italiano divenne sempre più impaziente, fino a rivendicare, nel marzo 1959, una sua maggiore libertà di manovra verso gli algerini 32. L’attesa durò fino al settembre 1959, quando il discorso sull’autodeterminazione 33 avviò il conflitto a una soluzione po- litica i cui tempi erano tuttavia previsti, anche a Roma, come assai lunghi. Convinta che l’opzione negoziale non potesse comunque, ormai, essere

31. G. Quagliariello, 1958 en France dans les documents des diplomates italiens, in L’avènement de la V e République. Entre nouveauté et tradition, Paris, Colin, 1999. Resta un riferimento essenziale P. Scoppola, La Repubblica dei partiti. Profilo storico della democrazia in Italia, Bologna, Il Mulino, 1991, pp. 313 sgg.; cfr. anche E. Serra, Il ritorno di de Gaulle e l’Italia, «Nuova Antologia», no 2174, 1990; Id., Il ritorno al potere del generale de Gaulle nel 1958. Una testimonianza e qualche commento, in De Gaulle et l’Italie, Roma, Collection de l’École Française de Rome, 1997, pp. 125-151. 32. Archivio Storico Istituto Luigi Sturzo, Carte Gronchi, sc. 82, fasc. 606, segreto, Resoconto dei colloqui di Parigi al palazzo Matignon, 19 marzo 1959. 33. B. Stora, Le mystère de Gaulle, Paris, Laffont, 2009. R 123 Bruna Bagnato abbandonata, l’Italia considerò politicamente opportuno appoggiare e di- fendere le scelte algerine dell’Eliseo, nella speranza non residuale di acqui- sire benemerenze sul piano atlantico e europeo (e anche, per esempio, spe- cificamente alto-altesino): da qui la vicinanza italiana a de Gaulle quando la sua politica algerina dovette fronteggiare la platea societaria o le sfide degli ultras (dalla ‘semaine des barricades’ al ‘putsch des généraux’). Questa, ridotta davvero all’osso, la politica ufficiale del governo. Ma accanto alla politica ufficiale vi era quella ‘ufficiosa’, della cui esistenza peraltro gli algerini del Fln e i dirigenti del Gpra erano ben consapevoli 34. Una politica che spesso rimaneva sotto traccia e talvolta, invece, appa- riva in piena luce. Così il ministero degli Esteri italiano, pur garantendo fermezza al governo di Parigi circa il transito degli algerini sul territorio nazionale, cercò, per quanto possibile, di non porre ostacoli insupera- bili alle attività dell’ambasciata di Tunisia a Roma, dove operava l’infa- ticabile Tayeb Boulharouf, colui che sarebbe stato il primo ambasciatore ­dell’Algeria presso il Quirinale. E, a tale proposito, per misurare il raggio di azione del Gpra nella penisola e la presa, in Italia, delle ragioni dell’indi- pendenza algerina, sarebbe sufficiente scorrere i contatti su cui Boulharouf poteva contare: Mattei, anzitutto, il quale rappresentò anche il veicolo per la costruzione di un rapporto personale tra Boulharouf e Gronchi; e La Pira, con cui ‘Agostino’ era in contatto costante. Gronchi, La Pira, Mattei furono i referenti più certi del nazionalismo algerino nella penisola. Quanto a Fanfani, che nell’immagine storiografica abituale è il quarto pianeta della costellazione ‘neo-atlantica’ — cioè di quel gruppo di personalità prove- nienti da ambienti diversi che con maggior determinazione sosteneva la necessità che la politica estera italiana acquisisse mordente e incisività soprattutto nel Mediterraneo —, l’uomo politico toscano mostrò di con- dividere le aspirazioni all’indipendenza algerina prima ancora di assu- mere incarichi di governo ma, nella veste istituzionale di presidente del Consiglio e/o ministro degli Esteri, cercò per quanto possibile di tradurle in un linguaggio attento a non ‘tirare’ troppo la corda della ‘sopportazione’ francese. Un linguaggio quindi ben diverso da quello, molto meno inges- sato, di Gronchi; da quello, ecumenico, di La Pira; da quello, assai schietto e politicamente scorretto, di Mattei — che subito scommise, anche ope- rativamente, sull’indipendenza algerina — e da quello di un’opinione pubblica che seguì con partecipazione, soprattutto dall’estate del 1957, le vicende del tormentato paese del Maghreb, sostenendo le ragioni di una

34. Lettera del console a Algeri, Fernando Natale, a La Pira, Algeri, 17 dicembre 1962, in Archivio La Pira, Algeria, b. I, fasc. 2. R 124 L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962) guerra di liberazione che ai più colti ricordava il Risorgimento e a tutti ricordava la recente Resistenza. Non si trattava, peraltro, per la politica ufficiale e quella ufficiosa, di universi paralleli, destinati a convivere ignari l’uno dell’altro e senza nep- pure sfiorarsi. Le intersezioni fra le iniziative di Gronchi, La Pira, Mattei e le scelte di governo furono frequenti e le assonanze numerose, il dialogo del parlamento e dell’esecutivo con l’opinione pubblica costante anche se dall’esito non scontato: ma non poche furono le divaricazioni. Non vi fu quindi una permanente distanza né una permanente convergenza fra i due modi di interpretare i fatti algerini e di reagirvi. E ciò era in grande misura riconducibile alla mutevole porosità delle istituzioni di governo — presidenza del Consiglio e ministero degli Esteri — al sentire e agli orientamenti della piazza, delle forze politiche, delle singole personalità politiche o istituzionali. Perché, in fondo, la questione algerina era, di per sé, una sorta di banco di prova di un’evoluzione possibile della politica estera italiana, delle sue potenzialità, dei suoi limiti, della sua capacità di intercettare il variare delle esigenze di un paese che si preparava prima e giungeva poi alla stagione del centro-sinistra e del boom economico. Un banco di prova, appunto, che implicava rischi, errori, malintesi. Naturale quindi il sollievo, registrato correttamente dall’ambasciatore Palewski, con cui, in Italia, vennero accolti gli accordi di Évian che posero fine al con- flitto algerino. E posero fine a un estenuante equilibrismo del governo italiano, costretto fino a quel momento a districarsi fra opposte esigenze e molteplici lealtà.

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Les regards des extrêmes droites italiennes sur le combat pour l’« Algérie française » : circulations et transferts (années 1960)

Pauline Picco Université Paris-Sorbonne, Labex EHNE-SIRICE

Dès le début des années 1960, les relations franco-italiennes ont été trou- blées par la présence dans la péninsule d’activistes se réclamant du combat pour l’Algérie française puis de l’Organisation armée secrète (OAS). Créée en février 1961, cette dernière s’attache, par des actions de propagande et par un activisme terroriste, à combattre le Front de libération nationale (FLN) algérien. Dès 1961, alors que l’organisation est farouchement com- battue par celui-ci et par le gouvernement français, les activistes se mettent à la recherche de nouveaux territoires européens sur lesquels appuyer leur combat. Si l’Espagne et son régime franquiste présentent des facilités d’accueil pour ces activistes, une quinzaine de militants pour l’Algérie fran- çaise voient dans la péninsule italienne une terre disposée à les accueillir. Ces militants se réclamant de l’OAS et, réfugiés en Italie, ont en effet béné- ficié de la bienveillance de certaines branches des services de renseigne- ments 1 et du soutien de membres de la Curie romaine et de la Démocratie chrétienne (DC) proches du courant tambronien 2, alors même que l’Italie est le lieu d’élaboration d’un attentat contre de Gaulle en août 1964 3. Le gouvernement italien, loin d’adopter une politique ferme à l’égard de l’OAS semble avoir tergiversé, oscillant entre un attentisme bienveillant et une politique d’expulsions ciblées. Parallèlement, les menaces — véritables

1. Nous désignons ici la Divisione Affari riservati du ministère de l’Intérieur et surtout le SIFAR (Servizio informazioni forze armate). 2. Né en 1901, le démocrate-chrétien Fernando Tambroni est plusieurs fois ministre de l’Intérieur avant de présider, en mai 1960, un gouvernement qui bénéficie des voix du MSI. Il autorise, en juillet 1960, la tenue du congrès national du MSI à Gênes, ville médaille d’or de la Résistance, ce qui provoque de grandes manifesta- tions, violemment réprimées par la police. 3. Il s’agit de l’attentat du mont Faron perpétré contre de Gaulle le 15 août 1964. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 127-140. 127 Pauline Picco ou fantasmées — qui pesèrent sur la vie d’Enrico Mattei, président de l’ENI et figure majeure de l’économie et de l’État italien, contribuent, à gauche, au lancement d’une campagne de presse qui dénonce le péril qu’une alliance possible entre le Movimento sociale italiano (MSI), prin- cipal parti de l’extrême droite italienne d’après-guerre, et l’OAS, ferait peser sur la démocratie italienne. Ce sont en effet les milieux de la droite et de l’extrême droite italiennes qui apportent leur soutien verbal, sym- bolique ou effectif, aux activistes en déroute. Ces appuis, s’ils émanent de diverses structures, partis et groupes politiques unis par un même anti- communisme viscéral, ont en commun un ancrage qui se situe indéniable- ment à droite de l’échiquier politique. Certains courants de la Démocratie chrétienne, plusieurs membres de la Curie romaine, une partie du MSI et des groupes extra-parlementaires ont favorisé le séjour des activistes fran- çais dans la Péninsule. C’est sur ces groupes d’extrême droite 4 et les regards qu’ils portent sur le combat pour l’Algérie française que nous porterons notre attention. Il s’agit en effet de montrer comment ils perçoivent et se réapproprient ce combat « Algérie française », durant les années 1960, bien après l’accession à l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962. Au-delà de ce décalage qui met en lumière l’importance des décalages chronologiques et des discor- dances des temps en matière de transferts politiques et culturels, comment la présence d’activistes OAS marque-t-elle les extrêmes droites italiennes ? Comment contribue-t-elle à poser les jalons d’une culture politique com- mune à celles-ci et à leurs homologues françaises en favorisant les phéno- mènes de transferts et de circulations de part et d’autre des Alpes ? À travers cette étude, il s’agira de montrer comment l’exil des militants OAS affecte à plusieurs niveaux la vie politique et l’opinion publique italiennes. Dès 1960, l’extrême droite extraparlementaire italienne manifeste sa solidarité et son soutien à l’égard du combat pour l’Algérie française tandis que le MSI est divisé sur le soutien à apporter aux militants OAS présents en Italie. Ensuite, le « mythe OAS » s’impose, après le printemps 1962 et

4. Notre étude s’appuie sur les périodiques produits par le parti et les groupes suivants : Movimento sociale italiano (MSI), Centro studi Ordine Nuovo (ON), Formazioni nazionali Giovanili (FNG), L’Italiano. Nous avons dépouillé environ 45 numéros du périodique Ordine Nuovo de 1955 à 1972 (environ trois quarts des numéros parus), la collection complète de L’Italiano de 1959 à 1984 (112 numéros), le quotidien du MSI Il secolo d’Italia de janvier 1961 à décembre 1968 puis entre juillet et décembre 1969. Nous avons également procédé au dépouillement systématique de la revue française Europe-Action (janvier 1963-novembre 1966, 46 numéros) qui compte parmi ses rédacteurs d’anciens militants de l’OAS et entretient d’étroits contacts avec ceux d’Ordine Nuovo. Enfin, nous avons complété notre corpus par les archives du cabinet du ministère de l’Intérieur italien et celles de la Casa della Memoria de Brescia. R 128 Les extrêmes droites italiennes et le combat pour l’« Algérie française » durant toute la décennie, comme une matrice du combat nationaliste dans la Péninsule.

Le soutien précoce de l’extrême droite extraparlementaire italienne au combat pour l’Algérie française

Tous les soutiens italiens à l’OAS ont gravité, de près ou de loin, autour des groupes les plus radicaux de l’extrême droite italienne, et notamment le Centro studi Ordine Nuovo 5, créé en 1954 et dirigé par Pino Rauti 6. Dès novembre 1960, sa revue, Ordine Nuovo exalte le combat pour ­l’Algérie française dans ses colonnes et porte un regard plein d’espoir sur le contexte politique en métropole qualifié de « pré-révolutionnaire » 7. En janvier 1961, les militants des sections locales du Centro studi Or- dine Nuovo manifestent leur soutien aux activistes français en publiant des tracts au contenu explicite qui fustigent cette « “révolution de couleur”, [c]es organisations de “jeunesse” social-communistes, unies aux sans-patries et aux homosexuels de l’internationale radical-marxiste » qui s’opposerait à « l’opinion publique française rassemblée autour de LAGAILLARDE (sic), de la Jeune nation et des Ultras 8 ». Ordine Nuovo définit ici une figure- repoussoir du « paria 9 », caractéristique d’une rhétorique raciste et anti- sémite appartenant au patrimoine idéologique de l’extrême droite : celle d’un adversaire subversif, homosexuel, dévirilisé et apatride, dont la « jeu- nesse » est remise en cause puisque celle-ci est réputée porteuse de valeurs positives. Ordine Nuovo contribue également à faire naître le mythe des « paras », définis comme les « “centurions” d’un principe ou d’une idée à venir 10 ».

5. ordine Nuovo constitue la principale alternative extraparlementaire à la politique menée par le Movi- mento sociale italiano, jugé trop modérée. Fortement influencé par Julius Evola, Ordine Nuovo (ON) se réclame de la République sociale italienne (RSI) et incarne une tendance culturelle et idéologique singulière dans le monde de l’extrême droite italienne. 6. Né en 1926, Rauti effectue son service militaire comme sous-lieutenant de la Garde nationale républi- caine de la République sociale italienne. Il adhère au MSI en 1946 et acquiert rapidement un rôle de premier plan au sein de ses organisations de jeunesse. Proche de Julius Evola, il fonde en 1954 le groupe Ordine Nuovo qui fait scission du MSI à partir de 1956 et mène une existence autonome jusqu’en 1969. Il meurt en 2012. 7. G. Fergola, « Possibilità e prospettive per la ‘controrivoluzione’ », Ordine Nuovo, vol. IV, no 4-5, novembre 1960, p. 66-80. 8. Archivio centrale dello Stato (ACS), Ministero dell’Interno (MI), Gabinetto, 1967-1970, busta 25, fasc. « Movimeno politico Ordine Nuovo varie », tract annexé au rapport d’information spécial du groupe de cara- biniers de Messine, 19 janvier 1961. 9. G. L. Mosse, L’image de l’homme. L’invention de la virilité moderne, Paris, Pocket, 1999 (1996), p. 69 et suivantes. 10. S. Mangiante, « La destra in Francia non rispetta gli idoli », Ordine Nuovo, vol. VII, février-mars 1961, p. 30-34. R 129 Pauline Picco

Les Formazioni nazionali giovanili (FNG) constituent le deuxième pôle de la droite extraparlementaire, étroitement lié au MSI et engagé dans le soutien à l’OAS 11. En partie financées par Luigi Gedda et Vanni Teodorani 12, elles furent, selon le journaliste d’extrême droite Fabrice Laroche 13, chargées de « soutenir la politique “Algérie française”, éventuel- lement d’aider quelques clandestins, ceci toujours à titre presque exclu- sivement personnel 14 ». Ces propos sont partiellement confirmés par une note des services civils de renseignements datée du 8 juin 1961 qui indique que les FNG diffusent des imprimés dédiés à la question de l’Algérie française 15. En août 1961, certains membres de l’organisation se seraient déplacés en Europe pour rencontrer les dirigeants d’autres associations. Après Amsterdam, Hambourg, Malmö, ils se rendent à Nice, où « ils ont rencontré de jeunes membres d’extrême droite appartenant à l’OAS et un jeune Français qui fait la navette en permanence entre la France, l’Italie et l’Espagne pour des raisons politiques, qui doivent être liées à l’action que les droites françaises effectuent sur le territoire métropolitain et en Algérie 16 ». Ces contacts sont en outre certainement favorisés par Guido Giannettini qui fait alors office d’intermédiaire entre extrême droite ita- lienne et groupes OAS en Algérie 17. Le combat OAS semble avoir fait naître à la politique internationale cet homme de réseau, qui demeure, durant deux décennies, un personnage pivot, relais entre les extrêmes droites européennes et les services de renseignement 18. Le soutien apporté n’est pas uniquement rhétorique, il est également, pour partie concret et trouve son expression dans l’action politique. Une

11. En juillet 1962, l’organisation recense une petite centaine d’adhérents. Casa della Memoria di Brescia, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, ADCPP, fasc. « Formazioni nazionali giovanili », lettre de la Pré- fecture de police de Rome aux préfectures et au ministère de l’Intérieur, DGPS, AA. RR., AA. GG., 3 juillet 1962. 12. Les deux hommes sont liés aux réseaux démocrates-chrétiens proches de Fernando Tambroni. Gedda est le fondateur des Comitati civici de la DC. Teodorani est un député MSI, marié à la nièce de Mussolini, ancien de la République sociale italienne (RSI), il est directeur du périodique Rivista romana. 13. Fabrice Laroche est le pseudonyme utilisé par Alain de Benoist dans les années 1960. Né le 11 décembre 1943, il écrit ses premiers articles dans Lectures françaises d’Henry Coston. En 1963, il participe à la création d’Europe-Action et en devient l’un des principaux collaborateurs. 14. F. Laroche, « Le MSI, des origines à nos jours », Europe-Action, no 11, novembre 1963. 15. Casa della Memoria, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, ADCPP, fasc. « Formazioni nazionali giovanili », lettre réservée de la Préfecture de police de Rome au ministère de l’Intérieur, DGPS, div. AA. GG. et AA. RR., 8 juin 1961 (G-a-23). 16. Casa della Memoria, Dossier de procedure pénale no 91/97 mod. 21, ADCPP, fasc. « Formazioni nazionali giovanili », 31 août 1961 (G-a-23). 17. Casa della Memoria, Rapport d’expertise no 6 d’Aldo Giannuli, Annexe 105, ADCPP, fasc. « Oas », Note du 29 décembre 1961. 18. Né en 1931, Giannettini est journaliste. Militant du MSI à la fin des années 1950, il se rapproche ensuite des groupes extraparlementaires radicaux. Au milieu des années 1960, il est proche des milieux militaires et des services de renseignements. Il devient officiellement collaborateur du SID (Servizio informazioni difesa) en 1967. Il meurt en 2003. R 130 Les extrêmes droites italiennes et le combat pour l’« Algérie française » partie de la jeunesse italienne d’extrême droite fait, grâce à la présence d’activistes se réclamant de l’organisation secrète et à leur combat, sa première expérience de solidarité militante. Une note de l’informateur Aristo 19 datée de novembre 1963, portant sur les trafics d’armes pratiqués par Ordine Nuovo au profit du Portugal « pour soutenir l’effort de guerre en Angola », fait référence aux services qu’aurait rendus le groupe italien à l’OAS. Un ancien lieutenant des « paras » français, alors installé à Lisbonne aurait eu […] l’occasion d’expérimenter personnellement les compétences de Rauti et de ses amis. En effet, cet ancien militaire français, déserteur durant la révolte militaire contre de Gaulle, a été blessé par la police et, grâce aux liens avec Ordine Nuovo, on lui a fait traverser la frontière dans le coffre d’une voiture avec sa fiancée, et on l’a soigné dans une clinique privée. Il s’est avéré qu’Ordine Nuovo a une certaine expérience dans ce genre d’entreprise et, si l’on s’en tient à ce que Rauti a admis, on a fait à plu- sieurs reprises passer la frontière à des chargements d’armes destinés à des membres de l’OAS, grâce à la collaboration d’un agent des douanes, ancien membre des FAR 20 qui, il y a quelques temps, exerçait à la frontière franco-italienne 21. Rauti va jusqu’à proposer l’envoi en Algérie d’une quarantaine de mili- tants italiens sans que l’OAS ne donne suite. Mais si l’extrême droite extraparlementaire porte un regard bienveillant et admiratif sur le combat des partisans de l’Algérie française et assume parfaitement le soutien apporté à l’OAS, ce n’est pas le cas du Movimento sociale italiano.

MSI et OAS : les divisions du parti

La position du Movimento sociale italiano (MSI), principal parti ita- lien d’extrême droite, est loin d’être univoque et le soutien apporté aux activistes de l’OAS y suscite débats et divisions. Il fait l’objet de débats houleux. Les dirigeants du MSI peinent à saisir les tenants et les aboutis- sants d’une situation complexe, et ils ne semblent pas, au moins jusqu’au « putsch » d’Alger d’avril 1961, donner de directives claires à leurs militants.

19. L’informateur Aristo, pseudonyme d’Armando Mortilla, appartient aux instances dirigeantes du Centro studi Ordine Nuovo. Il est considéré comme très fiable par les services de renseignements. 20. Le sigle désigne les Fasci d’azione rivoluzionaria, organisation terroriste qui commit des attentats contre des institutions de la République italienne au début des années 1950. Un certain nombre de dirigeants du Centro studi Ordine Nuovo — Clemente Graziani, Pino Rauti, Paolo Andriani — sont issus des FAR. 21. Casa della Memoria, Rapport d’expertise d’Aldo Giannuli commandité le 12 mars 1997, Annexe 92, APP- Mi, ADCPP, fasc. « Rauti Pino », note de l’informateur Aristo, 25 novembre 1963. R 131 Pauline Picco

Dans le journal du parti, Il Secolo d’Italia 22, ils soutiennent successivement de Gaulle puis l’OAS. Ces atermoiements reflètent en réalité l’opposition des tendances qui traversent le parti. Arturo Michelini, son secrétaire général, défend une stratégie légaliste et d’« insertion dans le système 23 », et il ne peut donc risquer de voir le parti compromis par les actions de l’organisation « ultra ». Son démenti public et télévisé d’octobre 1961 quant à l’existence de relations entre l’OAS et le MSI 24 vient confirmer cette hypothèse. Au sein des instances dirigeantes et en opposition à Michelini, la ten- dance portée par Pino Romualdi 25, l’un des fondateurs du parti, soutient ouvertement le combat de l’OAS. L’homme est auréolé du prestige de celui qui a participé à la guerre de conquête éthiopienne 26 et à l’expérience fondatrice de la République de Salò. Il fait du périodique qu’il dirige, L’Italiano, le principal porte-voix en Italie du combat pour l’Algérie fran- çaise, avant de défendre ouvertement l’action de l’OAS. Dès février 1960, à la suite des événements de la semaine des barricades, sa revue consacre sa couverture à « la colère d’Alger » et souligne l’impor- tance du combat pour l’Algérie française dans l’histoire de l’Occident. La « révolte d’Algérie » est en effet définie comme « la plus belle page de vie et de jeunesse écrite et vécue ces dernières années, au milieu de cet Occident pourri par la démocratie et par la vieillesse obscène 27 ». L’auteur reprend ici une thématique classique caractéristique du nationalisme d’avant la Première Guerre mondiale, récupérée en son temps par le fascisme musso- linien, exaltant une jeunesse métaphorique opposée à la démocratie asso- ciée à la vieillesse. C’est donc la vertu régénératrice et révolutionnaire 28 de cette jeunesse qui est glorifiée. L’article critique fermement la politique d’autodétermination du géné- ral de Gaulle, synonyme de la perte de l’Algérie, bastion de l’Occident. C’est donc au nom d’un combat occidentaliste, européiste et anticommu-

22. Il Secolo d’Italia, quotidien créé en 1952 pour défendre les idées du MSI dans la perspective de l’échéance électorale de 1953, ne devient le quotidien officiel du MSI qu’en 1963. En 1961-1962, il est dirigé par un trium­ virat composé de Franz Maria D’Asaro, Filippo Anfuso et Giorgio Almirante. 23. Il s’agit de la ligne politique adoptée par Arturo Michelini, secrétaire du MSI. 24. L’intégralité de l’entretien télévisé est rapportée par Il Secolo d’Italia, jeudi 5 octobre 1961, p. 1 et 8. 25. Il convient de préciser que si les deux hommes s’opposent sur le soutien à l’OAS, c’est notamment grâce au soutien de Pino Romualdi que Michelini s’impose à la tête du parti, en opposition, notamment, avec le courant Rinnovamento de Giorgio Almirante. 26. Nous faisons ici référence à la guerre menée par l’Italie pour conquérir l’Éthiopie, d’octobre 1935 à mai 1936. 27. « Una lettera dell’Italiano », L’Italiano, vol. II, no 2, février 1960, p. 2. 28. L. Bantigny, « Les jeunes, sujets et enjeux politiques (France, xxe siècle) », Histoire@politique, no 1, 2008, p. 1. R 132 Les extrêmes droites italiennes et le combat pour l’« Algérie française » niste que Romualdi et sa revue s’engagent aux côtés des insurgés. Quelques mois plus tard, en juillet-août 1960, L’Italiano fait état de la situation en Algérie en insistant sur le fait que « Alger, Oran, Constantine, Philippeville sont des villes européennes, construites par des Européens et habitées dans leur majorité par des Européens 29 ». L’expérience coloniale italienne et sa mémoire sont invoquées pour mettre en parallèle la valorisation du terri- toire algérien par les Français et celle du territoire libyen par les Italiens. En vertu de cet exemple, l’auteur soutient l’initiative des Européens d’Algérie à refuser l’abandon du territoire algérien et encourage la droite française à poursuivre le combat, même face à de Gaulle 30. Dans ce contexte troublé, l’Algérie et l’Union sud-africaine sont considérées comme les derniers bas- tions de l’Europe et de la race blanche en Afrique. Le discours occidenta- liste se double d’une composante raciste, justifiée par l’affirmation d’une prétendue « mission civilisatrice » européenne en Afrique et la supposée appartenance « aux blancs, et seulement aux blancs », des « réalisations effectuées dans les deux territoires ». Utilisant une rhétorique raciste et colonialiste, l’auteur ajoute : « Les populations indigènes, trompées par la vénéneuse propagande soviétique, seraient restées à l’état primitif sans l’aide des Européens. » C’est donc au nom d’un farouche anticommu- nisme et de la défense d’une race blanche et de l’Occident, qu’à leurs yeux, « les dernières tranchées de l’Europe » doivent être défendues 31. Entre novembre 1961 et juin-juillet 1963, Pino Romualdi, sans doute rappelé à l’ordre par Michelini, met en sourdine le soutien à l’OAS dans L’Italiano. Toutefois, il ne s’abstient pas d’interpeller le gouvernement à la Chambre des députés, le 5 mars 1962, jour de l’expulsion de Philippe de Massey, proche de Jo Ortiz et activiste de l’OAS 32, dans une question adressée aux ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, en réponse à une interrogation communiste 33 sur le problème de l’OAS en Italie 34. Il donne ainsi une résonance nationale à son soutien.

29. « Algeria algerina », L’Italiano, vol. II, no 7-8, juillet-août 1960, p. 14-15. 30. Ibid., p. 15. 31. Ibid. 32. Né en 1929, Philippe de Massey est formé politiquement au sein de l’Action française. Engagé volontaire, il accède au grade de lieutenant et il combat pendant six mois en Algérie durant l’année 1956. Il adhère, en 1959, à l’Association des combattants de l’Union française (ACUF) d’Yves Gignac. Recherché par les autorités fran- çaises, il est exfiltré en Suisse où il est employé par une société de vente d’armes. Soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat du maire d’Évian, il s’installe en Italie où il effectue de fréquents déplacements entre San Remo, Rome et Catane. 33. Camera dei deputati, III legislatura, discussioni, seduta del 5 marzo 1962, interrogazione dei deputati Alicata, Pajetta, Giuliano, Seroni, Lajolo, Natta, p. 27752. 34. Camera dei deputati, III legislatura, discussioni, seduta del 5 marzo 1962, interrogazione del deputato Romualdi, 5 mars 1962, p. 27752. R 133 Pauline Picco

Le soutien verbal à l’OAS de Romualdi et des organes de presse qu’il dirige est complété par l’appui des organisations de jeunesse du MSI, sur lesquelles le dirigeant missin exerce une influence importante. Le fait générationnel apparaît fondamental dans le soutien du MSI aux acti- vistes OAS. En effet, ce sont essentiellement ces organisations de jeunesse — le Fronte universitario di azione nazionale (FUAN) dirigé par Franco Petronio 35, l’ASAN Giovane Italia 36 dirigée par Massimo Anderson et le Raggruppamento giovanile studenti e lavoratori 37 sous la direction de Giulio Caradonna 38 — qui s’illustrent par leur appui à la lutte des parti- sans de l’Algérie française. Les dirigeants des organisations de jeunesse ne sont pas les seuls à entretenir des relations suivies avec les activistes français : l’informateur Mauro 39 fournit ainsi, en mars 1962, une liste plausible de seize respon- sables politiques du MSI « qui ont eu des contacts avec les émissaires de l’OAS française » : y figurent les noms de Filippo Anfuso, Giorgio Almirante, Arturo Michelini, Nettuno — dit Pino — Romualdi, Giulio Caradonna affublé de l’adjectif « dangereux 40 ». En réalité, le soutien à l’OAS révèle les fractures politiques qui lacèrent le MSI tandis qu’une partie de ses jeunes militants saisit l’occasion pour s’opposer « au courant modéré qui voudrait imposer au parti une politique légaliste 41 ». Symptôme de la reprise en main opérée par le parti, les plus fervents soutiens à la cause OAS sont contraints de nier leur soutien effectif aux activistes en territoire italien : lors d’une réunion locale du FUAN en mars 1962, Franco Petronio se voit dans l’obligation de récuser les accusa- tions portées contre cette organisation soupçonnée d’entretenir des rela- tions avec l’OAS. À l’approche de la signature des accords d’Évian, il est fort probable que Petronio ait reçu des consignes de retenue. Toutefois, il semble que ces dernières ne soient que très partiellement respectées :

35. Le FUAN est la fédération universitaire du MSI. Franco Petronio, qui la dirige, est né en 1931 à Trieste. 36. Associazione studentesca di azione nazionale Giovane Italia. Créé en 1954, ce mouvement est l’organisa- tion lycéenne du parti. L’empreinte d’Evola y est manifeste. Son texte fondateur est la « Carta della Gioventù » (charte de la jeunesse) écrite par le philosophe en 1951. 37. L’organisation est créée en 1949. 38. Le député Giulio Caradonna (1927-2009) est en outre le responsable national du secteur jeunesse du MSI. Sur son soutien à la cause de l’Algérie française, G. S. Rossi, « L’influenza della guerra d’Algeria sull’estrema destra italiana », dans A. Ventrone (éd.), I dannati della rivoluzione. Violenza politica e storia d’Italia negli anni Sessanta e Settanta, Macerata, EUM, p. 30. 39. L’informateur Mauro est vraisemblablement lié de manière étroite aux milieux MSI du nord de l’Italie. Les informations qu’il communique au chef de la police de Rome sont, dans l’ensemble, plutôt fiables. 40. Casa della Memoria, Rapport d’expertise d’Aldo Giannuli du 12 mars 1997, Annexe 23, MI, Archivio della polizia di prevenzione (APP-Mi), fasc. « Oas », Lettre « raccomandata espresso — réservée personnelle » de l’informateur Mauro au vice-chef de la police sur les rapports entre OAS et MSI, 15 mars 1962. 41. Ibid. R 134 Les extrêmes droites italiennes et le combat pour l’« Algérie française »

Fabio de Felice, député MSI proche d’Evola, ex-dirigeant de la Giovane Italia, se serait rendu en France au début du mois d’avril 1962, au mépris des directives de la direction pour y rencontrer le capitaine Sergent, « un des plus importants dirigeants des courants extrémistes de l’OAS, celle des “plastiquer” (sic) 42 ».

Le « mythe OAS », matrice du combat nationaliste en Italie : quand l’Algérie française devient l’Algérie europénne

Dès lors, et jusqu’au début des années 1970, l’organisation secrète consti- tue en Italie une matrice du combat nationaliste tandis que se constitue un « mythe OAS » fondamental au sein du panthéon militant et mémoriel de l’extrême droite italienne. Les Italiens érigent ainsi les « paras » et l’OAS en mythes matriciels et contribuent à favoriser, de part et d’autre des Alpes, des circulations, des transferts idéologiques et culturels qui nourrissent des constructions identitaires et des mémoires communes aux extrêmes droites. Une partie de l’extrême droite italienne fit sien le combat Algérie française, par un processus d’appropriation essentiellement fondé sur un déplacement sémantique. En avril 1962, prenant acte de la signature des accords d’Évian, la sec- tion de Catanzaro d’Ordine Nuovo diffuse un tract dont le message est le suivant : « […] Jeunes, souvenez-vous que le sang français est sang euro- péen ! En Algérie, on combat et on meurt pour l’Europe à laquelle vous appartenez […]. L’Algérie doit être restituée à l’Europe. » L’Algérie fran- çaise se transforme dès lors, dans le discours d’une partie de l’extrême droite italienne, en Algérie européenne et, dans l’esprit des activistes, l’Italie est redéfinie de manière rhétorique comme une puissance sinon coloniale, du moins occidentale. Il faut relever ici le décalage entre la chro- nologie de l’accession à l’indépendance de l’Algérie qui signe en partie la fin du combat OAS et la réappropriation par les Italiens du combat, érigé comme mythe mobilisateur à partir du printemps 1962. Le « mythe OAS » contribue ainsi à la formation d’un discours franco-italien de soutien à la lutte des activistes, qui semble avoir dépassé la rivalité coloniale franco- italienne, point d’achoppement entre les deux pays jusqu’à l’indépen- dance de la Tunisie en 1956 43. Toutefois, un dépouillement systématique

42. Casa della Memoria, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, ADCPP, fasc. « 01/2 Francia Oas », Rome, Note du 3 avril 1962 (G-a-52). Les erreurs d’orthographe et de grammaire sont dans le texte. 43. Cf. M. Tomassetti, Séquestre et liquidation des biens italiens en Tunisie (1940-1954) : derniers enjeux de la présence française, thèse de doctorat (dir. R. Ilbert), Aix-Marseille 1, 2003. R 135 Pauline Picco des périodiques d’extrême droite impliqués dans le soutien OAS et le témoignage des anciens militants français amènent à nuancer cet « oubli », relatif, d’une rivalité séculaire 44. L’accusation porte, il est vrai, davantage sur la Grande-Bretagne, jugée responsable de l’expulsion de l’Italie de la Libye, que sur une France relativement épargnée par les critiques 45. Au-delà de cette rivalité, Ordine Nuovo manifeste régulièrement, de 1962 à 1965 son soutien aux Français d’Algérie puis à ceux qui se réclament de ce combat. Cette bataille, pour défendre l’Europe et la civilisation est considérée comme un élément de la défense d’une « présence blanche en Afrique 46 ». Manifestant sa solidarité à l’égard des Européens d’Afrique, Pino Rauti écrit : Nous avons fait « nôtre » la lutte héroïque et désespérée des Français d’Algérie, la tragé- die des Belges massacrés au Congo, le drame des Portugais demeurés seuls à défendre en armes des « valeurs » qui sont celles de tout l’Occident civil et des Sud-Africains, dernier bastion assiégé par l’incompréhension du monde entier 47. Selon lui, la présence européenne en Afrique ne pouvait en aucun cas avoir eu un quelconque effet néfaste sur le continent, car les Européens n’y auraient « rien “volé” et [l’auraient] encore moins exploité 48 ». Le combat activiste en Algérie est en outre défini par Ordine Nuovo comme la « tragédie de l’honneur et de la fidélité à un drapeau 49 ». Dans le conflit algérien, la notion d’honneur associée à celle du « respect de la parole donnée 50 » est constamment invoquée par les activistes OAS, comme justification de leur combat. En réalité, comme l’écrit Eugen Weber, « en Algérie et concernant l’Algérie, toutes les parties font appel à l’honneur 51 » et la tentative de réappropriation de ce concept est un enjeu d’autant plus important pour les extrêmes droites française et italienne que, dans les deux pays, la « Résistance fut identifiée à la défense de l’honneur : hon- neur national […] mais aussi honneur personnel 52 ». L’enjeu est donc de taille : il s’agit pour les militants de se réapproprier, face à certains héros

44. Nous faisons ici mention du dépouillement systématique de L’Italiano, du Secolo d’Italia et de Il Borghese pour les périodes concernées. 45. « La verità sulla rivolta di Algeri », numéro spécial de L’Italiano, vol. II, no 11, novembre 1960 ; C. Di Risio, « Il Grande Maghreb », L’Italiano, vol. III, no 3, mars 1961. 46. P. Rauti, « Un Impero per l’Europa », Ordine Nuovo, vol. X, no 1-2, janvier-février 1964, p. 1-7. 47. Ibid., p. 5. 48. Ibid. 49. N. Mollicone, « La tragedia degli harkis », Ordine Nuovo, vol. IX, no 1, février 1963, p. 48-52. 50. G. Maceratini, « Vent’anni di “ingiustizia” », Ordine Nuovo, vol. X, no 1-2, janvier-février 1964, p. 14-22. Sur ce point, voir : O. Dard, « L’armée française face à l’organisation armée secrète (OAS) », dans O. Forcade, É. Duhamel et P. Vial (éd.), Militaires en République 1870-1962, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 690. 51. E. Weber, « Vie et mort de l’honneur », Le Débat, no 92, novembre-décembre 1996, p. 170. 52. Ibid., p. 169. R 136 Les extrêmes droites italiennes et le combat pour l’« Algérie française » de la Résistance honnie 53 (essentiellement les communistes), une valeur qui appartient historiquement et fondamentalement à leur patrimoine identitaire. Le contexte historique, marqué en France comme en Italie par une série d’humiliations internationales et de camouflets, ne peut que renforcer la nécessité impérieuse de ce recours exclusif à l’honneur. Le couple honneur / déshonneur, auquel s’ajoute celui qui oppose la traîtrise à la fidélité, structure donc fondamentalement l’imaginaire politique des activistes. Avec ces derniers et les « paras », ce sont les harkis qui sont l’objet de toute la sollicitude et de la révolte des extrémistes italiens durant l’année 1963. Dès le mois de février, Ordine Nuovo, sous la plume de l’un de ses dirigeants, Nazzareno Mollicone 54, dénonce la « vraie tragédie », celle des « fidèles musulmans, [des] harkis qui ont vu dans le Français et dans l’Européen un allié et un maître [qu’]ils avaient suivi avec loyauté et fra- ternité ». L’auteur compare implicitement la situation des harkis à celle des anciens combattants de Salò à la fin du second conflit mondial. Nous, les Italiens, nous pouvons aisément imaginer ce qui s’est passé ensuite : le dé- chaînement des plus bas instincts de férocité bestiale et de cruauté sur les femmes et les enfants, coupables seulement d’avoir servi avec fidélité et honneur un drapeau jusqu’à l’extrême limite. […]. Tout ce qu’un homme pouvait faire à un autre homme a été effectué sur les harkis, qui viennent ainsi allonger la liste, déjà trop longue, des victimes de la cruauté rouge 55. Nazzareno Mollicone passe sous silence les exactions commises par les fas- cistes de Salò pour mieux mettre en avant les crimes communistes, dans le contexte de guerre civile qui marqua le Nord de l’Italie durant les derniers mois de guerre 56. La barbarisation de l’adversaire et l’emploi de termes à connotation stigmatisante mettent en lumière la radicalité de l’affronte- ment politique et la charge émotive liée à l’évocation de ces conflits. Les harkis ne sont pas les seuls à bénéficier de la sollicitude des Italiens. Parallèlement, Ordine Nuovo dénonce le traitement considéré comme in- digne réservé par les autorités françaises aux anciens officiers de l’Algérie française et loue leur supposé sacrifice pour la cause. De nouveaux ­martyrs

53. Sur ce point, pour un développement plus détaillé, nous nous permettons de renvoyer à P. Picco, Histoire entrecroisée des extrêmes droites françaises et italiennes : cultures politiques, itinéraires, réseaux (1960-1984), thèse de doctorat (dir. O. Faron et M. Zancarini-Fournel), Université Paris-Sorbonne, 2013, p. 191 et suivantes. 54. Nazzareno Mollicone est né à Pontecorvo en 1939. Il fut un militant actif du Centro studi Ordine Nuovo de Rome du début des années 1960 à 1969, année où il rejoint le MSI avec la frange rautienne du mouvement. 55. N. Mollicone, « La tragedia degli harkis », art. cité, p. 49. 56. C. Pavone, Une guerre civile. Essai historique sur l’éthique de la Résistance italienne, Paris, Seuil, « Univers historique », 2005 (1991) ; R. De Felice, Les noirs et les rouges : Mussolini, la République de Salò et la résistance 1943-1945, Genève, Georg, 1999. R 137 Pauline Picco sont ainsi intégrés au sein du panthéon de l’extrême droite italienne. Clemente Graziani, dirigeant d’Ordine Nuovo, prend lui-même la plume, en avril 1963, pour exalter la lutte menée par l’organisation secrète et le souvenir du départ des Français d’Algérie, contraints selon lui par les « institutions internationales » à l’abandon de leurs terres 57. Il exalte l’enga- gement des « officiers français, de Salan et Jouhaux, de Zeller à Gardy, de Broizat à Argoud, à Gardes, à Godard, à Denoix de Saint-Marc qui se sont sacrifiés dans la tentative désespérée de conserver pour la France et l’Europe les terres de l’Algérie française 58 ». La mention de Zeller, Challe et Denoix de Saint-Marc, qui participèrent à l’organisation du putsch d’Alger, mais ne furent jamais membres de l’OAS, met en lumière un certain amalgame, voire une méconnaissance de la composition — com- plexe — de l’organisation. C’est certainement la « puissance mobilisatrice du mythe » qui est ici invoquée, sans qu’une connaissance précise des indi- vidus évoqués ne soit nécessaire 59. Parallèlement, le périodique exalte la figure de Bastien-Thiry, « condam- né à mort par de Gaulle » après l’attentat du Petit-Clamart et « mort héroï- quement ». L’auteur se félicite qu’il […] a[it] refusé d’avoir les yeux bandés préférant regarder bien dans les yeux les hommes qui s’apprêtaient à le fusiller. […] C’est le quatrième condamné de l’OAS qui meurt à l’aube, dans un fort militaire : Bastien-Thiry a suivi dans son sacrifice Piegts, Dovecar et le lieutenant Degueldre, dont le comportement fut si héroïque que le peloton d’exécution hésita longtemps avant d’ouvrir le feu 60. La dimension sacrificielle de ces exécutions transfigure la mort des acti- vistes, et leur donne un sens supérieur, encore amplifié par l’héroïsation des condamnés. Ordine Nuovo n’est pas le seul groupe à faire l’éloge des martyrs de l’OAS : les Formazioni nazionali giovanili tentent d’organiser le 18 mars 1963 à Rome une messe à la mémoire de Bastien-Thiry, qualifié dans un tract d’« héroïque combattant pluri-décoré » dont la vie fut fauchée par le « plomb gaulliste ». Ils se heurtent à l’opposition du vicariat de Rome mais passent outre. Conformément à un rituel fasciste, ils se réunissent autour de l’autel, scandent le nom du colonel Bastien-Thiry et répondent par

57. C. Graziani, « La guerra rivoluzionaria », Ordine Nuovo, vol. IX, no 2, avril 1963, p. 11-27. 58. Ibid., p. 21. 59. R. Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986, p. 13-14. 60. Aryas, « Giorno per giorno », Ordine Nuovo, vol. IX, no 2, avril 1963, p. 62. Les hommes cités, membres de l’OAS, furent condamnés à mort par de Gaulle : Claude Piegts et Bobby Dovecar, anciens Delta, furent fusillés le 7 juin 1962. Roger Degueldre, ancien du 1er REP, dirigeant des commandos Delta, fut exécuté le 6 juillet 1962. Jean-Marie Bastien-Thiry fut fusillé le 11 mars 1963. R 138 Les extrêmes droites italiennes et le combat pour l’« Algérie française » l’injonction « présent » en faisant le salut fasciste 61. Le « culte des morts au champ de bataille, des martyrs », qui « occupait une grande place dans [la] liturgie politique 62 » fasciste est ainsi repris, à l’identique, ritualisé, et met en lumière la réappropriation du combat de l’OAS par les mili- tants italiens. Cette mise en scène est doublée de la publication d’un tract, dans lequel les militants revendiquent « le droit à l’insurrection et à la lutte contre la tyrannie 63 », reprenant la rhétorique martyrologique déve- loppée par l’OAS. La ritualisation de l’injonction « présent », partagée par les Français 64, contribue en outre à « contrecarrer l’ensevelissement d’un passé 65 » tandis que la mort est, dans un même mouvement, exaltée et niée. La dimension sacrificielle de ce combat et son héroïsation comportent en outre un rôle mobilisateur 66. En 1964, deux ans après la fin du conflit algérien, le dirigeant du Centro studi Ordine Nuovo met en lumière la pérennité de ce mythe mobilisateur. Les jeunes qui ne s’enthousiasment pas outre mesure à propos de la « polémique » sur la frontière entre l’Italie et l’Autriche, sont les mêmes qui en revanche se sont énormé- ment enthousiasmés pour l’action de l’OAS en Algérie et en France. Et certains ont fait suivre les actes aux paroles, ils ont fourni armes et explosifs, ils ont aidé à l’expa- triation des paras et des légionnaires condamnés à mort par les tribunaux gaulliens et des milliers de jeunes étaient prêts à en faire autant si seulement les liaisons avaient été meilleures et s’ils en avaient eu le temps. […] Si les parachutistes étaient partis d’Alger et avaient occupé Paris, et si, en France, la guerre civile avait éclaté, cinquante mille volontaires au moins seraient partis combattre depuis l’Italie — à la faveur de cette révolution nationale contre le régime des partis de la IVe République 67. S’il est probable, nous l’avons vu plus haut, que le Centro studi Ordine Nuovo ait aidé matériellement l’OAS, il apparaît en revanche parfaite- ment impossible qu’il ait été, à un quelconque moment de son existence, capable de mobiliser un nombre aussi important de militants.

61. Casa della Memoria, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, ADCPP, fasc. « Formazioni nazionali giovanili », lettre « réservée » de la Préfecture de police de Rome au ministère de l’Intérieur, DGPS, div. AA. RR. et AA. GG., 18 mars 1963. 62. G. L. Mosse, L’image de l’homme…, ouvr. cité, p. 183. 63. Casa della Memoria, Dossier de procédure pénale no 91/97 mod. 21, ADCPP, fasc. « Formazioni nazionali giovanili », tract du FNG « Nuova Europa », 18 mars 1963. 64. La ritualisation de l’injonction « présent » dont les militants italiens affublent ceux qu’elle considère comme ses martyrs est partagée par les Français, en témoigne le rappel à la mémoire de Bastien-Thiry : « Hommage. Le 11 mars 1963 à 6 h 12, le Colonel Bastien-Thiry a été fusillé par les soldats du régime. Il a payé de sa vie son combat. […] Pour l’Algérie française, pour l’Europe de demain, pour la Révolution, Bastien- Thiry, présent ! », Europe-Action hebdomadaire, no 61, lundi 15 mars 1965, p. 1. 65. P. Braud, L’émotion en politique, Paris, Presses de Sciences Po, 1996, p. 95. 66. R. Girardet, Mythes…, ouvr. cité, p. 13-14. 67. P. Rauti, « L’Europa e il terzo mondo », Ordine Nuovo, vol. X, no 5-6, juin-juillet 1964, p. 1-11. R 139 Pauline Picco

Le mythe OAS, doublé de celui des « paras » de la Légion étrangère, perdure et sa postérité s’étend jusque dans les années 1970 où il réappa- raît périodiquement dans les publications et tracts diffusés par les groupes d’extrême droite 68. La culture du refus qui imprègne les mentalités de leurs militants et plus spécifiquement celle des franges extra-parlemen- taires explique en partie l’adhésion au mythe et l’écho qu’il trouve dans ses périodiques. La notion de résistance, qui se manifeste plus particulière- ment à l’égard du « système », est ainsi au cœur de la construction politique et culturelle des individus qui gravitent au sein de l’extrême droite. Neuf ans après la fin de la guerre d’indépendance algérienne, l’OAS demeure une référence pour les groupes terroristes italiens 69. Le combat de l’OAS inaugure une série de réappropriations de mythes communs et la formation d’une mémoire militante similaire des deux côtés des Alpes. Le mythe du « para » se rattache à celui du guerrier dorique en son temps mobilisé par les SS d’Himmler 70, du chevalier du Saint-Empire romain germanique, du légionnaire de la RSI, du SS 71, et celui de l’OAS au combat d’une minorité avant-gardiste pour une cause perdue. Les activistes de l’organisation secrète participent de l’européanisation d’un patrimoine idéologique commun aux extrêmes droites, favorisé par la cir- culation de périodiques qui soutiennent directement ou indirectement la cause de l’OAS de part et d’autre des Alpes. Les circulations idéologiques et culturelles contribuent à former des éléments d’une culture politique commune entre Français et Italiens d’extrême droite.

68. V. P. Rauti, « Appunti per una tattica e una strategia degli anni ’70 », Ordine Nuovo, vol. I, no 1 (nouvelle série), 1970, p. 5-17 ; « Né onore né gloria », La Fenice, vol. II, no 5, 22 septembre 1972, p. 3 ; N. Mollicone, « Dieci anni fa : l’abbandono dell’Algeria », L’Italiano, vol. XIII, no 15, 1972, p. 490-491. 69. Casa della Memoria, Lettre de la Préfecture de Rome, bureau politique, au procureur de la République, tribunal civil et pénal, Rome, 1er juin 1973, tract d’Avanguardia Nazionale, Trente, 15 octobre 1971. 70. J. Chapoutot, Le national-socialisme et l’Antiquité, Paris, PUF, 1998, p. 346. 71. Caesar, « Romanità e germanesimo », Ordine Nuovo, vol. II, no 9, septembre 1956, p. 14-15. R 140 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina: verso un network energetico europeo?

Marta Musso University of Cambridge

Il cartello del petrolio e la doppia dipendenza europea

Nel 1956, la scoperta d’ingenti riserve di petrolio e gas naturale nel Sahara algerino fu salutata come l’inizio di una nuova era per la Francia — e per l’Europa in generale. Il deficit nel bilancio energetico rappresentava infatti un serio grattacapo per i governi e le imprese di tutto il conti- nente, e del blocco occidentale in generale. La ricostruzione post-bellica si stava trasformando nel miracolo economico che avrebbe dato all’Europa il più alto tasso di crescita di sempre, e la paura che un arresto improvviso degli approvvigionamenti energetici facesse ricadere il vecchio continente in recessione cresceva in parallelo all’aumento delle importazioni di fonti energetiche dall’estero. Nell’ottobre del 1958, un report dell’Organizza- zione per la cooperazione economica europea (Oece) avvertiva che entro gli anni Settanta il deficit energetico dell’Europa dei Sei avrebbe toccato i 200 mtce 1. A preoccupare erano soprattutto le importazioni di petrolio, il cui consumo cresceva a ritmi vertiginosi e che si apprestava a superare il carbone come prima fonte di energia del mondo. Nel solo biennio 1954- 1956, i consumi di petrolio in Europa erano aumentati di quasi il 20%, e la crescita non sembrava destinata a rallentare nel breve o medio periodo 2. Nell’era del petrolio, l’Europa era diventata un territorio dalle scarse ri- sorse energetiche 3. I paesi Oece avevano consumato in totale 781 mtce nel 1956; la produzione era stata di 615 mtce, grazie soprattutto al carbone e all’energia idroelettrica, mentre il deficit di 166 mtce era stato coperto con le importazioni di carbone dagli Stati Uniti e soprattutto di petrolio

1. Million Tons Coal Equivalent (tonnellate di carbone equivalente). 2. «Petroleum Press Service», aprile 1956. 3. È bene ricordare che i giacimenti del Mare del Nord furono messi in produzione solo negli anni Settanta. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 141-156. 141 Marta Musso dal Medio Oriente 4. Il report rilevava che queste importazioni non erano soltanto un fardello molto pesante sui bilanci europei, ma costringevano l’Europa a uno stato d’insicurezza costante e crescente. I grandi produttori mondiali di petrolio negli anni Cinquanta erano innanzitutto gli Stati Uniti (36% della produzione), seguiti da Medio Oriente (24%), Venezuela (16%) e Urss (13%) 5. Gli Stati Uniti erano anche il primo consumatore, con quasi 500 milioni di tonnellate l’anno, e dal 1948 erano diventati un paese importatore — uno shock per l’ammini- strazione Truman, che aveva imposto misure per limitare le esportazioni di petrolio all’estero e facilitare le importazioni dall’America Latina, più difendibili da un eventuale attacco sovietico 6. La Russia riusciva invece a garantire la sufficienza energetica per sé e per i propri alleati, nonché la possibilità di esportare a basso prezzo. Il Medio Oriente, che possedeva il 63% delle riserve mondiali (contro il 12% degli Stati Uniti), di lì a pochi anni avrebbe rimpiazzato l’America come primo produttore 7. L’Europa, il terzo consumatore mondiale, riusciva invece a coprire poco più del 3,5% del proprio fabbisogno. Dopo il giro di vite sugli export di petrolio americano, il vecchio continente si era ritrovato a dipendere dal Medio Oriente per nove decimi del proprio fabbisogno 8. Inoltre, le impor- tazioni in Europa non erano gestite che in minima parte da compagnie europee. I paesi dovevano affidarsi alla gestione di alcuni grandi gruppi anglo-americani, che avevano creato una situazione di oligopolio nell’in- dustria petrolifera internazionale e dato vita a un vero e proprio cartello per la coordinazione di produzione e distribuzione a livello mondiale, esercitando il controllo su più dell’85% della produzione e distribuzione al di fuori di Stati Uniti e Urss 9. Le ragioni di questa dipendenza europea erano storiche e geografiche. L’industria petrolifera si era sviluppata negli Stati Uniti a partire dalla metà del XIX secolo, grazie alle ingenti risorse presenti sul territorio: i paesi

4. Archivi storici dell’Unione europea di Firenze, Conseil des ministres Cee et Euratom – 1958, Report OEEC, ottobre 1958. 5. Archivi storici dell’Unione europea di Firenze, Ceca Haute Autorité – CEAB09 Division Économie et Énergie. Cfr. Y. Delavesne, Annales des mines, juin 1960. 6. Cfr. E. B. Kapstein, The Insecure Alliance: Energy Crises and Western Politics since 1944, Oxford, Oxford University Press, 1990; D. Yergin, The Prize, New York, Free Press, 2008; L. Maugeri, L’era del petrolio, Milano, Feltrinelli, 2006. 7. Cfr. H. Cattan, The Law of Oil Concessions in the Middle East and North Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 1968. 8. Cfr. «Petroleum Press Service», aprile 1956; Archivi storici dell’Unione europea di Firenze, Conseil des ministres Cee et Euratom – 1958, Report OEEC, ottobre 1958. 9. E. Penrose, The Large International Firm in Developing Countries: The International Petroleum Industry, London, Allen & Unwin 1968, p. 19. R 142 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina europei, privi della materia prima, si erano dovuti adattare al ruolo di second comer. Gli enormi costi iniziali e il fattore di rischio imposti dalla fase di esplorazione, uniti alla tendenza dell’industria all’integrazione oriz- zontale, avevano poi portato già agli inizi del XX secolo alla fusione delle compagnie petrolifere americane in pochi grandi gruppi che operavano a livello internazionale. Alla vigilia della prima guerra mondiale, le uniche due grandi compagnie europee erano la Royal Dutch Shell e la British Petroleum (Bp), fondate da imprenditori inglesi o olandesi che avevano la possibilità di operare nel Medio Oriente e nel Sud-Est asiatico. Insieme alle cinque principali compagnie americane (Standard Oil of New Jersey, Gulf Oil, Texaco, Standard Oil of California, Socony Mobil), questi gruppi con- trollavano interamente il mercato di raffinazione e distribuzione europeo 10. A partire dal 1928, queste compagnie avevano iniziato a coordinarsi in un cartello che non solo fissava le quote di produzione e i prezzi di vendita a livello internazionale, così da mantenere un flusso di approvvigionamento e di introiti stabili, ma si spartiva le aree di competenza sia nella ricerca del petrolio (per lo meno nell’area del Medio Oriente, che andava deli- neandosi come la più ricca), che nella distribuzione, con un controllo dei mercati pianificato. Come scrisse Paul Frankel, il più influente consulente dell’industria petrolifera degli anni Cinquanta e Sessanta 11, «le compagnie petrolifere sono diventate, quasi per distrazione (lo stesso stato d’animo che si presuppone sia stato responsabile della creazione dell’impero bri- tannico), istituzioni internazionali che svolgono un ruolo vitale per tutti i paesi in cui operano» 12. Il cartello agiva come un intermediario tra paese produttore e paese consumatore; assicurava che i flussi di petrolio fossero costanti e gli approvvigionamenti diversificati; e investiva nella ricerca di nuovi giacimenti e in tecnologie per l’industria 13. Fuori dal cartello, solo alcune compagnie indipendenti americane riuscivano a ritagliarsi zone di nicchia per l’estrazione e soprattutto di mercato. Queste compagnie, come scrisse Frankel, garantivano un ‘alibi’ al cartello: permettevano alcuni mar- gini di competizione, ma se avevano troppo successo venivano acquisite dalle major a prezzi molto alti 14. Una terza categoria di compagnie petrolifere era rappresentata dalle imprese di Stato, a questa data quasi esclusivamente europee. Queste com- pagnie erano nate alla fine della prima guerra mondiale come tentativo dei

10. Ibid. 11. G. Chandler, Obituary: Paul Frankel, «The Independent», 29 ottobre 1992. 12. P. H. Frankel, Mattei: Oil and Power Politics, Westport, Praeger, 1966, p. 102. Traduzione dell’autrice. 13. J. E. Hartshorn, Oil Companies and Governments, London, Faber & Faber, 1967. 14. P. H. Frankel, Mattei, cit., p. 108. R 143 Marta Musso governi europei di colmare il proprio gap in un’industria ormai dominata dagli Stati Uniti 15. Svolgevano soprattutto ricerche nel territorio nazionale o nelle colonie, oppure si concentravano nel settore downstream (raffina- zione e distribuzione), comprando il greggio dal cartello e rivendendolo a prezzi competitivi, in modo da esercitare un minimo controllo sui prezzi locali. Il potere di queste imprese era molto limitato sia rispetto al car- tello, sia rispetto alle indipendenti americane: nel 1956 una compagnia come la Standard godeva di un capitale di più di 900 miliardi di franchi, l’indipendente americana Sinclair di 100, mentre la più grande compagnia petrolifera pubblica europea, la Compagnie française des pétroles (Cfp), aveva un capitale di appena 34 miliardi di franchi 16. La Francia era il paese più attivo nel proporre una politica petrolifera nazionale. Oltre alla Cfp, che gestiva soprattutto una piccola quota di interessi nel Medio Oriente, nel corso degli anni i governi francesi ave- vano dato vita a diversi altri organi pubblici per promuovere la ricerca e la raffinazione del petrolio; il più importante era il Bureau de recherche de pétrole, fondato nel 1945 perché coordinasse la ricerca in tutta l’Unione francese. Un’altra importante compagnia petrolifera era quella italiana, l’Eni (Ente nazionale idrocarburi). A differenza della Cfp, che era parteci- pata dal governo francese solo per il 45%, l’Eni era interamente pubblica, ed era stata fondata nel 1953 come gruppo ombrello che coordinasse e promuovesse tutte le fasi dell’industria petrolifera italiana 17. Inizialmente, la compagnia si occupava di gestire le risorse di metano scoperte in Valle Padana e soprattutto di raffinare e distribuire il greggio acquistato dalla Bp; ma fin dalla sua nascita aveva puntato a emulare la struttura delle major tramite una forte integrazione orizzontale e attività orientate al controllo diretto dei giacimenti petroliferi 18. In un primo tempo il presi- dente dell’Eni, Enrico Mattei, imprenditore nel settore della chimica ed ex parlamentare democristiano, aveva cercato di entrare nell’orbita delle grandi compagnie del cartello chiedendo di partecipare al consorzio inter- nazionale promosso dallo scià in Iran dopo il colpo di Stato che aveva deposto Mossadeq 19. L’ambizione per una compagnia come l’Eni era di potersi ritagliare uno spazio di manovra sui giacimenti petroliferi simile

15. Cfr. L. Maugeri, L’era del petrolio, cit.; D. Yergin, The Prize, cit. 16. Archivio storico Eni [AS Eni], Corrispondenza sulle ricerche nel Sahara. Per la storia della Cfp vedi L. Maugeri, L’era del petrolio, cit.; D. Pozzi, Dai gatti selvaggi al cane a sei zampe (1926-1967), Venezia, Marsilio, 2009. 17. D. Pozzi, cit. 18. P. H. Frankel, Mattei, cit.; D. Pozzi, cit. 19. D. Pozzi, cit.; P. H. Frankel, cit. R 144 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina a quello della Cfp o delle indipendenti americane, in modo da assicurare all’Italia un accesso diretto alle risorse petrolifere. Tuttavia, dopo il rifiuto del cartello di far entrare l’Eni in Medio Oriente per motivi fondamental- mente relativi alla scarsa forza dell’Italia in politica estera, Mattei decise di cambiare completamente strategia 20; grazie soprattutto alla sua intra- prendenza personale, tra il 1956 e il 1960 l’Eni riuscì a siglare una serie di contratti che nel giro di pochi anni determinarono alcuni cambiamenti sostanziali nell’industria petrolifera mondiale.

La formula Mattei e la crisi di Suez

In un’intervista al giornalista francese Éric Laurent negli anni Settanta, il colonnello Gheddafi dichiarò che la sua politica petrolifera era stata influenzata soprattutto dagli eventi della guerra d’Algeria e dalla crisi di Suez 21. La Libia, come del resto l’Algeria, fu uno dei paesi che imple- mentarono un processo di nazionalizzazione dell’industria petrolifera più deciso, avendo come modello proprio Nasser e la prova di forza del 1956 contro le compagnie occidentali. La crisi di Suez non fu infatti soltanto il canto della fenice degli imperi europei: mostrò anche quanto l’Europa fosse esposta nei confronti del mondo arabo a causa del petrolio. Nell’aprile del 1956, sei mesi prima dell’inizio della crisi, il passaggio di petroliere dal canale aveva stabilito il nuovo record di 38,4 milioni di tonnellate di greggio, un aumento del 67,3% rispetto all’anno precedente. Il petrolio era destinato soprattutto a Regno Unito (11,6 milioni di tonnellate), Francia (6,9 mt), Paesi Bassi (4,5 mt), Italia (4 mt) e Stati Uniti (4 mt) 22. Durante la chiusura del canale, la crisi energetica fu scongiurata grazie all’aumento di rifornimenti dagli Stati Uniti e dall’America Latina; inoltre le compagnie petrolifere si equi- paggiarono velocemente con grandi petroliere per circumnavigare l’Africa 23. In ogni caso, il prezzo del greggio sul mercato europeo aumentò di 2 dollari la tonnellata 24, e Nasser poté sperimentare la teoria presentata nel suo pamphlet Filosofia della Rivoluzione: il petrolio era un’arma potente per il mondo arabo, un nervo vitale e scoperto per l’Occidente 25. Per l’Fln e

20. Sulle vicende dell’Iran, v. P. H. Frankel, cit., p. 95. 21. E. Laurent, La verità nascosta sul petrolio, Bologna, Nuovi Mondi Media, 2006, p. 97. 22. «Petroleum Press Service», ottobre 1956. 23. E. Laurent, cit., p. 72. 24. Ibid. 25. G. Nasser, The Philosophy of the Revolution, Il Cairo, S.O.P. Press, 1952. R 145 Marta Musso gli altri leader indipendentisti, la riappropriazione delle risorse petrolifere divenne uno dei principali slogan nella lotta contro i poteri coloniali 26. Questo scenario di crescente tensione tra Occidente e mondo arabo fu sfruttato da Enrico Mattei per aprire importanti spazi di manovra al di fuori del cartello 27. In quegli anni, la formula contrattuale più diffusa per le concessioni petrolifere era il cosiddetto ‘fifty-fifty’: oltre a pagare una royalty fissa per lo sfruttamento degli idrocarburi, le compagnie ver- savano metà degli introiti per la vendita del greggio ai paesi produttori. Anche se ciò significava enormi vantaggi economici in termini di gettito, questi erano consapevoli che il loro principale asset era fondamentalmente controllato da organi stranieri che possedevano la tecnologia e i mercati per gestire il petrolio, senza lasciare loro voce in capitolo. Dopo essere stato escluso dal consorzio, Mattei portò avanti nuovi negoziati con la compagnia nazionale iraniana (Nioc), basati sulla concessione all’Iran di maggiori capacità di controllo sulle proprie risorse 28. L’accordo pre- vedeva che l’Eni ottenesse la concessione per i permessi di esplorazione gratis; in cambio, nel caso di ritrovamenti di petrolio in quantità com- merciali, l’Eni e la Nioc avrebbero formato una joint-venture condivisa al 50%. Il governo iraniano diventava quindi un partner alla pari. Il paese avrebbe controllato il 50% della compagnia e ottenuto metà dei ricavi, come nella formula ‘fifty-fifty’; in più avrebbe potuto disporre del 50% del petrolio estratto. Questa formula era innovativa per due motivi: il paese produttore accedeva agli aspetti gestionali dell’industria, e in più veniva reimmesso nell’industria petrolifera molto del capitale che prima veniva semplicemente pagato ai governi dei paesi produttori; azione che riduceva il capitale iniziale necessario per la messa in valore dei giacimenti e facili- tava l’ingresso di nuovi operatori 29. Nella visione di Mattei, avere un middleman (la compagnia petrolifera) che trattava tra paese produttore e paese consumatore era uno spreco di denaro a favore della grande industria privata. Ridurre le compagnie allo stato di contractor e implementare una gestione dell’industria che fosse gestita direttamente dai due governi avrebbe reso possibile un risparmio per i paesi consumatori, con prodotti petroliferi meno cari; e avrebbe por- tato un vantaggio per i paesi produttori, che a fronte delle stesse royalty avrebbero controllato metà della produzione, diventando di fatto impren-

26. Cfr. D. Hirst, Oil and Public Opinion in the Middle East, London, Faber and Faber, 1966. 27. Cfr. M. Pirani, Poteva andare peggio, Milano, Mondadori, 2012. 28. Cfr. I. Tremolada, La via italiana al petrolio, Milano, L’Ornitorinco, 2011. 29. Ivi, p. 117. R 146 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina ditori petroliferi pur senza possedere la tecnologia o il capitale iniziale per avviare un’industria nazionale 30. Questa nuova tipologia contrattuale a joint-venture fu siglata per la prima volta in Iran nel marzo del 1957, e pochi mesi dopo in Egitto, paese in cui l’Eni lavorava già dal 1954 e in cui aveva continuato a operare anche dopo la cacciata di compagnie occidentali come la belga Petrofina 31. Negli anni successivi, la cosiddetta ‘formula Mattei’ s’impose come il modello contrattuale più richiesto dai paesi produttori. Negli stessi mesi dei negoziati con l’Iran e l’Egitto, la Francia si trovava a decidere come sviluppare le risorse del Sahara. Durante la crisi di Suez, Parigi aveva dovuto fare affidamento esclusivamente sul petrolio iraniano, trasportato dalle petroliere che passavano intorno all’Africa, ma che non arrivava a metà dei fabbisogni francesi. In queste circostanze, l’uso delle risorse algerine diventava fondamentale per la sicurezza francese 32. In modo da mantenere pieno controllo sulle risorse, ma non avendo né la tecno- logia né il capitale per procedere da sola alla messa in valore dei giaci- menti, la Francia decise dopo un lungo dibattito di attuare una soluzione basata sulle joint-venture, in modo simile a quanto proposto da Mattei. Tuttavia, per poter considerare la Francia un paese produttore, bisognava considerare il Sahara una parte integrante del territorio francese.

La riorganizzazione politica del Sahara

La speranza di trovare petrolio nel Sahara era stata inseguita dalla Francia per decenni. Al 1956, quando gli sforzi furono ripagati, nell’Unione fran- cese erano stati investiti 168 milioni di franchi. In larga maggioranza, questi finanziamenti provenivano dal governo francese (68,3%) 33; alcune compagnie straniere avevano progetti di ricerca nella Francia continen- tale, ma solo la Shell era presente nel Sahara, in parte per una politica protezionistica adottata dalla Francia, e in parte perché la zona non era particolarmente appetibile per gli investimenti esteri, viste le difficilissime condizioni climatiche e i risultati fino a quel momento incerti. La Francia

30. Ivi, p. 112. 31. P. H. Frankel, cit., p. 117; D. Pozzi, cit. 32. Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères [ADMAE] – Série : Affaires économiques et financières – Sous-série : Directeur – Wormser. In R. Cantoni e M. Musso, “Our Oil Won’t Feed Our Slavery”. Battles around Oil and Pipelines in Wartime Algeria. Lavoro presentato alla conferenza «Carbon Democracy and Revolution: Critical Perspectives from the Middle East and the Mediterranean», Durham University, 13 febbraio 2015. 33. «Petroleum Press Service», luglio 1956. R 147 Marta Musso operava quindi in una condizione di semi-monopolio, grazie a strumenta- zioni acquisite da compagnie americane; ma i lavori erano in parte limitati dalla mancanza di personale esperto 34. Finalmente, nel gennaio 1956 le trivelle della Creps (il cui 35% era della Shell) trovarono una grande quantità di petrolio a Edjelé (100 milioni di riserve provate), lungo il confine con la Libia; tra giugno e dicembre, la compagnia pubblica SN Repal fece le scoperte più importanti a Hassi Messaoud (600 milioni di riserve provate) e soprattutto a Hassi R’Mel, con un giacimento di gas naturale della capacità di 2,4 miliardi m3, uno dei più grandi al mondo. Anche se l’ammontare delle riserve non poteva essere paragonato a quello del Medio Oriente, come alcune agenzie fran- cesi suggerirono all’indomani delle scoperte 35, il petrolio e il gas sahariano erano abbastanza per poter coprire completamente il deficit energetico della Francia, e in larga parte quello dell’Europea dei Sei 36. La notizia della scoperta fu accolta con entusiasmo in tutto il conti- nente; tuttavia, passato il momento di euforia, il problema della viabilità tecnica, economica e politica della creazione di un’industria petrolifera nel Sahara si presentò più arduo del previsto. L’elefante nella stanza era, naturalmente, la guerra in Algeria; già nel 1956 le attività di esplorazione nel Nord del paese avevano dovuto essere abbandonate, e la costruzione di oleodotti verso la costa avrebbe richiesto la militarizzazione dell’intera tratta 37. Consapevoli che i dipartimenti del Nord stavano sfuggendo dal controllo francese, il Brp e il governo si attrezzarono per separare de facto i territori del Sud con un nuovo assetto giurisdizionale 38. Agli inizi del 1957, il Sud dell’Algeria fu organizzato in due nuovi dipartimenti (Oasis e Saoura), sotto il controllo di un nuovo Ministero del Sahara alle dipendenze dirette di Parigi. Contemporaneamente, venne finalmente avvallato un progetto su cui si discuteva da qualche anno: l’Organisation commune des régions sahariennes (Ocrs), un organo intergovernativo tra paesi confinanti con il Sahara che aveva l’obiettivo di portare avanti progetti di sviluppo nell’area 39. In questo modo, mentre l’amministrazione politica veniva messa sotto l’egida diretta della métropole, l’aspetto economico veniva gestito insieme

34. Ibid.; R. Cantoni e M. Musso, cit. 35. AS Eni, Corrispondenza sull’Algeria. 36. Archivi storici dell’Unione europea di Firenze, Uwe Kitzinger and Noël Salter Documentation, Inve- stimenti dei paesi Europei nell’industria petrolifera al 1o gennaio 1962; Archivi storici dell’Unione europea di Firenze, Conseil des ministres Cee et Euratom – 1958. 37. «Petroleum Press Service», luglio 1956. 38. «Petroleum Press Service», giugno 1956 39. L. Blin, L’Algérie, du Sahara au Sahel, Paris, L’Harmattan, 1990, p. 89; J. Loyrette, Le Code pétrolier saharien, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1961. R 148 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina ad altri governi africani, nella speranza per Parigi che questo aiutasse a rinforzare l’asse di alleanze con gli altri paesi dell’Unione francese 40. Un secondo problema di tipo giuridico, ma anche fortemente politico, riguardava il rinnovo delle concessioni assegnate nel quinquennio prece- dente, che avrebbero dovuto essere rinnovate tra il 1957 e il 1958 in un quadro completamente mutato. Inizialmente, il governo socialista di Guy Mollet e il Brp capitanato da Pierre Guillaumat optarono per una politica pressoché autarchica. Nell’aprile del 1957, il ministro degli Esteri francese Christian Pineau dichiarò che il governo non avrebbe permesso a compa- gnie non francesi di ottenere nuovi permessi nell’area 41. Dopotutto, erano stati in larga parte gli investimenti statali a ritrovare gli idrocarburi, e non si voleva che questi andassero ad arricchire compagnie straniere senza che il governo potesse esercitare controllo sulla sicurezza degli approvvigiona- menti e sui prezzi. Inoltre, per la Francia il Sahara rappresentava l’occa- sione di sviluppare una propria industria petrolifera, con l’acquisizione di competenze e di lavoro specializzato francese. Le motivazioni erano quindi assimilabili a quelle degli altri paesi produttori: con la differenza che la Francia era anche un paese fortemente consumatore. Inoltre, il governo francese aveva motivi ben precisi di diffidenza nei confronti delle compa- gnie del cartello. Nel febbraio 1956, appena un mese dopo il ritrovamento di petrolio a Edjelé, la Legione straniera aveva scoperto delle prospezioni non autorizzate da parte della Standard Oil of New Jersey in Libia 42. Ma soprattutto, nell’ottobre del 1956, quando Ben Bella venne arrestato, la stampa francese riportò che erano stati ritrovati addosso al leader indipen- dentista una serie di documenti su accordi segreti tra l’Aramco (il braccio della Standard Oil of California in Arabia Saudita) e l’Fln per future con- cessioni in cambio di aiuto militare. Nonostante le smentite dell’amba- sciata americana, Mollet non negò ufficialmente le accuse, usando anzi queste speculazioni contro i fautori di una open policy nel Sahara 43. Tuttavia, nonostante la Francia partisse da una miglior competenza tec- nica e un maggior capitale a disposizione rispetto ai paesi produttori tra- dizionali, la realtà del Sahara rendeva difficile fare a meno delle compagnie straniere, soprattutto americane. Al di là delle dure condizioni lavorative nel pieno del deserto, della distanza dei giacimenti dall’Europa (con un

40. L. Blin, cit. 41. B. Bagnato, L’Italia e la guerra d’Algeria (1954-1962), Soveria Mannelli, Rubbettino, 2012, p. 309-310. 42. Archives nationales d’Outre-Mer, Aix-en-Provence [ANOM – FM], Affaires algériennes (1873/1964). R. Cantoni e M. Musso, cit. 43. National Archives and Records Administration [NARA – RG 59], Central Decimal Files, 1955-1959, French Africa. In R. Cantoni e M. Musso, cit. R 149 Marta Musso mare in mezzo) e del problema sicurezza causato dalla guerra, c’era anche e forse soprattutto il fatto che la rete di distribuzione del petrolio in Europa fosse controllata pressoché esclusivamente dalle compagnie del cartello. Quando il primo greggio sahariano iniziò ad arrivare alla Francia nel 1958, una crisi di sovrapproduzione dovuta alla concorrenza delle indipendenti americane e dell’Eni aveva già abbassato i prezzi. Rendere il greggio del Sahara competitivo non era quindi facile, anche perché gli alti costi di estrazione e trasporto avrebbero reso conveniente il petrolio francese solo a pieno regime di produzione. La Francia provò a chiedere alla Cee che fosse data per decreto la priorità agli approvvigionamenti dall’Africa; ma l’Europa rifiutò per paura che sostituire l’oligopolio americano con un monopolio francese avrebbe non solo fatto impennare i prezzi, ma dan- neggiato le relazioni con gli Stati Uniti 44. La presenza delle compagnie americane era quindi fondamentale, nono- stante le presunte trame dell’Aramco, per ragioni sia tecniche che politiche. Dopo un vivace dibattito intervallato dal crollo della Quarta Repubblica, il nuovo code pétrolier approvato nell’ottobre del 1958 cercò così di sal- vaguardare il primato francese e allo stesso tempo di aprire all’estero. Il codice stabiliva che, per poter partecipare allo sfruttamento delle risorse, una compagnia straniera avrebbe dovuto stabilire una filiale in Francia e creare una joint-venture con un ente francese in cui fosse prevista anche la partecipazione del Brp. Inoltre, la compagnia avrebbe dovuto apportare capitale tecnico e personale specializzato, non solo finanziario, e avrebbe avuto l’obbligo di trasmettere tutti i dati rilevati nella fase di ricerca al Brp 45. In compenso, il numero massimo di quote della joint-venture che la compagnia straniera poteva controllare veniva alzato dal 49% al 50%, e furono introdotte una serie di agevolazioni fiscali. Questo sistema era pensato per favorire in modo particolare la partnership con le compagnie indipendenti americane che, al contrario delle majors, non controllavano grandi giacimenti nel Medio Oriente e avevano quindi un reale interesse a investire nel Sahara. Inoltre, almeno nelle speranze del governo francese, il loro minore peso politico e diplomatico non avrebbe reso possibile trat- tare con l’Fln; al contrario, avrebbero fatto pressione su Washington per proteggere lo status quo 46.

44. AS Eni, Corrispondenza sull’Algeria. 45. R. Cantoni e M. Musso, cit. 46. AS Eni, Corrispondenza sull’Algeria. R 150 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina

Dall’Eurafrica all’Eurafrigas e la controproposta di Mattei

Oltre che all’industria indipendente americana, la Francia guardava con speranza alla Comunità europea come partner per lo sfruttamento delle risorse sahariane. L’atteggiamento francese, però, mostrava numerose con- traddizioni nei confronti della nascente Cee. Da una parte, Parigi non poteva fare a meno dell’aiuto europeo per trovare un mercato per i propri idrocarburi; dall’altra, il BRP rifiutò di creare un ente di livello europeo per la gestione dell’industria petrolifera del Sahara, preferendo negoziati bilaterali con le singole compagnie o i singoli paesi. Per quanto riguarda il petrolio, come si è visto, la Cee rifiutò di con- cedere un trattamento privilegiato alla Francia; attorno al gas naturale, invece, si creò un notevole interesse. Con la parziale eccezione dell’Italia, l’Europa non aveva all’epoca alcun mercato per il gas; ma le quantità pre- senti nel solo giacimento di Hassi R’Mel, con un potenziale di produzione di 75 mtce di metano l’anno, potevano bastare a coprire completamente il deficit energetico francese (di 43,86 mtce nel 1956) e metà di quello europeo (166 mtce). Inoltre, la mancanza di un network distributivo preesistente, come invece era per il petrolio, apriva alla possibilità di creare un sistema integrato che abbassasse notevolmente i costi di approvvigionamento. In un progetto presentato al Consiglio europeo nell’aprile del 1958, la com- missione energia propose la creazione di un unico network di distribu- zione che interessasse non solo l’Europa mediterranea e centrale, ma anche il Maghreb, come prima concreta infrastruttura realizzata in uno spazio eurafricano 47. Un network unificato avrebbe potuto portare notevoli van- taggi per l’integrazione europea: dividendo i costi iniziali e pianificando un sistema di trasporto per l’approvvigionamento di tutte le aree, i prezzi del gas sarebbero diventati estremamente competitivi rispetto a quelli del petrolio 48. Per quando riguarda la parte africana del progetto, il Consiglio concor- dava che il Maghreb avrebbe dovuto essere il primo e naturale utilizzatore delle risorse. Il laburista britannico Hilary Marquand ricordò che non si poteva separare l’Eurafrigas dal problema più generale dello sfruttamento delle risorse mondiali da parte degli occidentali, e che lo sviluppo dei campi petroliferi in Medio Oriente stava causando profondo malcontento tra le popolazioni arabe; bisognava quindi associare i governi africani già nelle

47. Report del Consiglio europeo sull’uso del gas nel Sahara del Nord, Conseil des ministres Cee et Euratom – 1958, Archivi storici dell’Unione europea di Firenze. Traduzione dell’autrice. 48. Ibid. R 151 Marta Musso fasi di elaborazione del piano 49. L’Africa però, citata in apertura e chiusura del progetto per ricordare l’importanza di usare il metano per promuovere lo sviluppo locale e facilitare le negoziazioni diplomatiche con l’Africa del Nord, spariva dalla parte tecnica del rapporto, se non per precisare che il livello dei consumi nel Maghreb era troppo basso allo stato attuale per inve- stire nella creazione di una rete di trasporto, mentre l’Europa aveva bisogno urgente del gas sahariano, «vitale per il futuro dell’Europa, dell’Africa­ e del mondo libero» 50. Per il momento quindi, il piano si sarebbe concentrato su come trasportare in gas in Europa; il Maghreb avrebbe dovuto aspettare l’avvio di un processo di sviluppo. Il progetto Eurafrigas venne approvato dal Consiglio all’unanimità, e alla fine del 1958 l’ex segretario di Stato francese per l’industria Maurice Lemaire creò un gruppo di lavoro per gli studi preliminari. In particolare, la Francia era interessata a una partnership con l’Eni. In teoria, infatti, la compagnia avrebbe potuto essere un ottimo alleato per la Francia nel Sahara: un ente pubblico, con una visione europeista, che stava aprendo nuovi spazi per l’industria al di fuori del cartello. I contatti tra l’Eni e il Brp erano iniziati già nel 1956, prima della crisi di Suez, e a più riprese tra il 1957 e il 1958 il Bureau aveva fatto alcune proposte all’Eni per una partnership secondo la formula 49-51%, e poi 50-50% dopo la revisione del code pétrolier 51. L’Eni aveva declinato tutte le offerte, con la motiva- zione ufficiale di preferire la creazione di una compagnia europea rispetto a joint-venture bilaterali. In realtà, Mattei non voleva compromettersi con i francesi, convinto che prima o poi l’indipendenza dell’Algeria sarebbe stata inevitabile. Un’idea condivisa dalle compagnie, straniere e francesi, presenti nel Sahara, molte delle quali portarono avanti contatti con l’Fln e il Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) in modo da garantire i propri interessi 52. Ma anche se l’Fln non perdeva occasione di dichiarare che ogni accordo con i francesi sarebbe stato annullato all’in- domani dell’indipendenza 53, nessuno credeva che le compagnie sarebbero state cacciate una volta avviati i lavori di estrazione; e nel frattempo era

49. Discussione del Consiglio d’Europa sul rapporto Eurafrigas, Conseil des ministres Cee et Euratom – 1958, Archivi storici dell’Unione europea di Firenze. Traduzione dell’autrice. 50. Report OEEC su uso gas Nord Sahara, Conseil des ministres Cee et Euratom – 1958, Archivi storici dell’Unione europea di Firenze. Traduzione dell’autrice. 51. AS Eni, Corrispondenza sulle ricerche nel Sahara. 52. oltre all’episodio delle speculazioni sull’Aramco, cfr. le dichiarazioni di Mario Pirani in B. Bagnato, L’Italia e la guerra d’Algeria (1954-1962), cit. 53. «El Moudjahid», ottobre 1956. Vedi anche: Anep, El Moudjahid, un journal de combat (1956-1962), Rouiba, Anep, 2011. R 152 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina importante riuscire ad accedere alle concessioni prima che venissero tutte assegnate 54. Ma Mattei, a differenza delle altre compagnie, godeva di un primato diplomatico nel mondo arabo in generale e con Nasser (grande sostenitore dell’Fln) in particolare. Invece di un accordo con la Francia, sfruttò la propria posizione per concludere nel luglio del 1958 un accordo con il Marocco per la creazione della Società marocchino-italiana dei petroli (Somip) per la ricerca e la produzione di idrocarburi e per la costruzione di una raffineria a Mohammedia 55. Questo contratto suscitò le proteste del governo francese, che accusò l’Italia di aver estromesso la Francia dal Marocco 56; in effetti, l’obbiettivo nemmeno troppo velato di Mattei era sfruttare il processo di decolonizzazione per aumentare l’influenza politica ed economica dell’Italia in Maghreb a scapito della Francia, ritagliando per il paese ‘un posto al sole’ di primo piano sulla scena mediterranea. Al tempo stesso però, l’azione dell’Eni fu caratterizzata da maggiore trasparenza rispetto alle strategie seguite dalle altre compagnie petrolifere nel Sahara. Forte dell’accordo con il Marocco infatti, nel novembre dello stesso anno Mattei fece una controproposta alla Francia per la creazione di una compagnia eurafricana che potesse essere la base non solo di pro- getti come l’Eurafrigas, ma un primo passo verso futuri negoziati con ­l’Algeria 57. Invece di una joint-venture italo-francese per il Sahara, Mattei propose la creazione di tre compagnie: una in Tunisia, una in Marocco e una in Algeria. In Tunisia la joint-venture sarebbe stata controllata al 50% dal governo tunisino, al 15% dall’Italia e al 35% dalla Francia. In Marocco, dove l’Eni aveva appena siglato il contratto, proponeva di cedere il 15% della propria quota Somip alla Francia. Riguardo all’Algeria, Mattei pro- pose come soluzione-ponte durante la guerra di creare una joint-venture Italia-Francia, con un eventuale coinvolgimento della Spagna (passaggio obbligato per la costruzione di oleodotti o gasdotti); con la pace, il 50% delle quote sarebbe passato al governo indipendente algerino. Inoltre, finita la guerra, queste tre compagnie avrebbero potuto fondersi in un unico consorzio gestito pariteticamente dai paesi del Maghreb e dai paesi europei.

54. Pirani, cit.; NARA – RG 59, Central Decimal Files, 1955-1959, French Africa, in R. Cantoni, Enemy Under- ground, PhD thesis, University of Manchester, 2014. Cfr. anche le dichiarazioni dell’ambasciatore Quaroni in B. Bagnato, cit., p. 316. 55. Eni, Enistoria – inizia il viaggio / 1958 – I pionieri del nucleare, . 56. AS Eni, Corrispondenza sulle ricerche nel Sahara, Report: partecipazione italiana sfruttamento del petro- lio sul Sahara, 20 ottobre 1958. 57. AS Eni, Corrispondenza sulle ricerche nel Sahara, Report incontro Mattei-Ollian a Roma per possibile collaborazione Francia-Italia-paesi arabo-sahariani sul problema dello sfruttamento delle risorse sahariane, 20 novembre 1958. R 153 Marta Musso

In questo modo, anche se la zona africana era in una posizione svantag- giata per i consumi, i governi del Maghreb avrebbero potuto accedere al controllo sulla rete europea, trattenendo il necessario per il proprio fab- bisogno tramite quote che sarebbero accresciute man mano che più ampi processi di industrializzazione fossero stati messi a punto 58. Nella proposta, Mattei sottolineava che questa soluzione avrebbe permesso all’Europa e alla Francia di conservare il Sahara senza l’insostenibile peso politico della guerra. Mattei si offriva infine, se la Francia avesse considerato i suoi interessi abbastanza tutelati, di prendere contatto con Algeria, Tunisia e Marocco e dare inizio ai negoziati 59. La Francia rispose in maniera negativa alla proposta dell’Eni; nella crisi del 1958 non c’erano ancora i presupposti per poter intavolare i negoziati di pace. Dopo il rifiuto francese, l’Eni con- tinuò in ogni caso i propri negoziati in Tunisia, con la creazione nel 1960 della la Société italo-tunisienne d’exploitation pétrolière (Sitep) 60. I toni di Mattei si fecero sempre più apertamente anticoloniali, come in occa- sione del discorso per la firma dell’accordo con la Tunisia, in cui unì ideal- mente la lotta dell’Fln contro la Francia a quella dell’Eni contro il cartello petrolifero in un unico tema. Io sono qui per rispondere al vostro appello d’investimenti e per aiutarvi nella lotta contro il sottosviluppo. Non ho paura della guerra in Algeria. Non ho paura della de- colonizzazione. Io credo alla decolonizzazione non solo per ragioni morali di dignità umana ma per ragioni economiche di produttività. […] Esiste una condizione colo- niale quando il giuoco della domanda e dell’offerta per una materia prima vitale è alterato da una potenza egemonica: anche privata, di monopolio e di oligopolio. Nel settore del petrolio questa potenza egemonica-oligopolistica è il cartello 61. Nello stesso periodo, l’Eni reclutò un ex giornalista dell’Unità, Mario Pirani, perché seguisse in segreto i negoziati con il Gpra, di stanza a Tunisi, per i futuri progetti dell’Eni in Algeria. Solo tre anni più tardi, con i nego- ziati di Lugrin e poi con quelli di Évian, venne trovato un accordo che riconosceva piena indipendenza all’Algeria e con una formula di gestione condivisa delle risorse petrolifere. Si trattò però, per quanto riguarda gli idrocarburi, di una tregua fragile, caratterizzata soprattutto dalla volontà algerina di estromettere la Francia. Invece dell’‘organisme mixte’ che avreb-

58. AS Eni, Intervista a Mario Pirani, giugno 2011. 59. AS Eni, Corrispondenza sulle ricerche nel Sahara. 60. Eni, Enistoria – inizia il viaggio / 1960 – Il Marocco ci mette una pietra sopra, . 61. Discorso pronunciato a Tunisi in occasione degli accordi italo-tunisini, 9-10 giugno 1960. In E. Mattei, Scritti e discorsi (1945-1962), Milano, Rizzoli, 2012. R 154 Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina be dovuto curare la cogestione delle risorse, fu la Sonatrach, la compagnia di stato algerina, a prendere in mano il controllo sull’industria petrolifera, affossando i più ampi progetti di sviluppo su cui si era speculato negli anni del precedenti.

Conclusioni

Le ipotesi di storia controfattuale, non potendo essere verificate in alcun modo, lasciano spesso il tempo che trovano. Sebbene con l’obbiettivo a breve termine di aumentare l’influenza italiana in Nord Africa a scapito della Francia, il progetto proposto da Mattei merita tuttavia di essere inda- gato per il potenziale innovativo nei rapporti tra paesi sviluppati e sotto- sviluppati. Soprattutto, la creazione di una compagnia realmente mista e di un network distributivo unico tra Europa e Africa avrebbero potuto sia mettere l’Europa al riparo dallo shock petrolifero del 1973, sia proteggere i paesi del Maghreb dal controshock degli anni Ottanta, in cui il crollo degli idrocarburi causò gravissimi crisi economiche che furono, come nel caso proprio dell’Algeria, seguite da guerre. Anziché adottare un progetto di lungo respiro e in chiave internazionale, la gestione francese della messa in valore dell’industria petrolifera sahariana fu invece caratterizzata soprat- tutto dalla fretta di consolidare le proprie posizioni in modo che potes- sero resistere sia all’indipendenza algerina che all’oligopolio del cartello. L’industria petrolifera del Sahara non avvicinò l’Europa all’Africa se non per sporadici accordi intervallati da difficili negoziazioni; né vi fu traccia, all’epoca o nei quarant’anni successivi, di una politica energetica europea. Un’occasione persa, vista la tendenza dell’industria petrolifera a favorire gli accordi di lungo termine e la coordinazione: il cartello delle multina- zionali, come poi l’Opec, non era che una risposta a queste esigenze. È vero che Enrico Mattei, nel voler eliminare la presenza del middle- man, non aveva considerato che gli accordi diretti tra Stati sarebbero stati molto più difficili proprio per la mancanza di un mediatore che si occu- passe di questioni puramente economiche. Il presidente dell’Eni pensava che si sarebbe creato un sistema più giusto, in cui i governi avrebbero sta- bilito accordi mutualmente benefici e in cui gli alti margini di guadagno sarebbero andati ai rispettivi Stati invece che a gruppi privati. Ma i governi dei paesi produttori, diventando gestori diretti delle risorse petrolifere, diventarono anche competitor delle compagnie dei paesi consumatori. Inoltre, la mancanza di un operatore economico neutro rispetto ai pro- cessi politici lasciò spesso ogni contrattazione in balia di scontri politici R 155 Marta Musso sia interni che internazionali 62. La storia dell’industria petrolifera francese in Algeria successiva agli anni qui analizzati, conclusasi con l’allontana- mento delle compagnie pubbliche a favore dei privati, ne è una prova 63. Ma la proposta dell’Eni alla Francia nel 1958 non era quella di una semplice joint-venture tra un paese produttore e uno consumatore; era il progetto per una compagnia autenticamente internazionale, e quindi un organo super partes. Una compagnia che avrebbe permesso agli africani di entrare nel sistema distributivo europeo così come gli europei erano presenti nel sistema distributivo africano. Un progetto eccessivamente ambizioso in un’area dilaniata dalla guerra e in un paesaggio appena post- coloniale; ma che presentava una formula innovativa di gestione degli idro- carburi, e che voleva essere autenticamente eurafricano.

62. H. P. Frankel, Mattei, cit. 63. A. Beltran (a cura di), A Comparative History of National Oil Companies, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2010. R 156 Société et rapports économiques

La question migratoire dans les relations franco-italiennes dans les années 1950-1960

Stéphane Mourlane Université Aix-Marseille

Pierre Milza a montré, à propos des rapports franco-italiens à la fin du xixe siècle, que les migrants sont à la fois acteurs et enjeux des relations bilatérales 1. En 1960, le sous-directeur du Peuplement au ministère de la Santé publique, estime que l’immigration italienne « peut être considérée comme l’un des éléments les plus positifs de l’harmonie qui caractérise les relations franco-italiennes depuis la Deuxième Guerre mondiale 2 ». À ce moment, le flux migratoire se tarit, mais les Italiens constituent encore, comme à la fin du siècle précédent 3, la première nationalité étrangère re- présentée dans l’Hexagone (29 %) ; le recensement de 1962 en décompte 571 684 4. Cette importance numérique contraste avec leur « invisibilité » dans l’opinion publique 5. Considérés comme bien intégrés, les Italiens sont néanmoins encore l’objet de préjugés et de stéréotypes dévalorisants 6. Les mémoires individuelles et familiales conservent le souvenir de quolibets et des sobriquets stigmatisants de « maccaronis » et de « ritals ». Le temps des rejets xénophobes collectifs et parfois violents 7 est pourtant révolu. Si

1. Cf. P. Milza, Français et Italiens à la fin du xix e siècle. Aux origines du rapprochement franco-italien de 1900-1902, Rome, École française de Rome, 1981, p. 172-285. 2. Cf. A. Wolff, « L’émigration italienne en France », Les Cahiers français. Documents d’actualité, no 47, février 1960, p. 21. 3. P. Corti, « L’emigrazione italiana in Francia: un fenomeno di lunga durata », Altreitalie, no 26, 2003, p. 4-24. 4. Pour une approche statistique plus complète, voir A. Bechelloni, « L’emigrazione italiana in Francia dopo il 1945. Cenni storico-statistici », Studi Emigrazione, vol. XXXIX, no 146, 2002, p. 301-307. 5. Cfr. Y. Gastaut, L’immigration et l’opinion publique sous la V e République, Paris, Seuil, 2000, p. 94. 6. S. Mourlane, « Que reste-t-il des préjugés ? L’opinion française et l’immigration italienne dans les années 1950-1960 », Migrations société, vol. 19, no 109, janvier-février 2007, p. 133-145. 7. Voir G. Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France (xix e-xx e siècle). Discours publics, humi- liations privées, Paris, Fayard, 1997 ; Id., Le massacre des Italiens : Aigues-Mortes, 17 août 1893, Paris, Fayard, 2010 ; L. Dornel, La France hostile. Socio-histoire de la xénophobie (1870-1914), Hachette, 2004 ; R. Schor, L’opinion française et les étrangers en France, 1919-1939, Paris, Publications de la Sorbonne, 1985. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 159-173. 159 Stéphane Mourlane les Italiens sont moins nombreux en France qu’au cours de l’entre-deux- guerres (808 000 au recensement de 1931), leur nombre s’est accru depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au mouvement de retours suscités par le conflit s’ajoutent les naturalisations : la présence italienne en France est de 450 000 personnes en 1946. À partir de ce moment, le nombre d’Ita- liens croît de 26,2 % jusqu’en 1968 avec une accélération des flux à partir du milieu des années 1950 (avec un maximum de 80 000 entrées en France en 1957), dans une période où l’émigration atteint en Italie un niveau important 8. Ce décollage de l’immigration italienne est rendu possible par la tension qui s’exerce sur le marché de l’emploi sous l’effet conjugué et contradictoire de la croissance économique et du déficit démographique lié à l’arrivée à l’âge adulte des classes creuses, à l’allongement de la durée des études et enfin à l’extension de la durée du service militaire imposée par la guerre d’Algérie. Même si nous ne disposons pas de données statis- tiques significatives, il convient aussi de mentionner l’apport des Italiens de Tunisie dont une petite partie seulement regagne la Péninsule, les autres alimentant, après la décolonisation, les flux à destination de la France. Le mouvement s’essouffle toutefois assez rapidement pour se marginaliser au cours des années 1960, décennie pourtant au centre des « vingt glorieuses de l’immigration » en France 9. En 1968, le nombre des retours dépasse le nombre des entrées dans l’Hexagone. Les causes de ce déclin résident dans le décollage de l’économie italienne et en particulier dans le fort développement industriel du nord de la Péninsule qui draine une large partie des courants migratoires en provenance du Mezzogiorno. Ceux qui ne trouvent pas à s’employer en Italie ne montrent plus guère d’attirance pour la France et affichent une nette préférence pour d’autres pays euro- péens comme la Suisse ou l’Allemagne fédérale 10. Cette brève revue des effectifs ne serait pas complète sans la prise en compte du mouvement des naturalisations. L’évolution du nombre de ces naturalisations, que ce soit par décret ou encore par simple déclaration pour les enfants nés sur le territoire français, peut en effet expliquer, au moins en partie, une baisse d’effectif. Selon les statistiques proposées par l’ambassade d’Italie à Paris et établies d’après les chiffres donnés par les autorités françaises, ce

8. M. Colucci, Lavoro in movimento. L’emigrazione italiana in Europa, 1945-1957, Rome, Donzelli, 2008 ; A. De Clementi, Il prezzo della ricostruzione. L’emigrazione italiana nel secondo dopoguerra, Rome, Donzelli, 2010. 9. Cfr. R. Schor, Histoire de l’immigration en France de la fin duxix e siècle à nos jours, Paris, Armand Colin, 1996, p. 200. 10. G. Meyer Sabino, « In Svizzera », dans P. Belvicqua, A. De Clementi et E. Franzina (éd.), Storia dell’emi­ grazione italiana, vol. II : Arrivi, Rome, Donzelli, 2002, p. 147-158, et E. Pugliese, « In Germania », ibid., p. 121-132. R 160 La question migratoire dans les relations franco-italiennes (1950-1960) sont 362 149 Italiens qui optent pour la nationalité française entre 1946 et 1969 11. C’est donc au total un groupe élargi, dépassant le seul critère de nationalité, d’Italiens et de Français d’origine italienne de plus d’un million d’individus qu’il faut prendre en considération en 1968 12. Dans ces conditions, la question migratoire occupe dans les relations bilatérales franco-italiennes une place de premier ordre 13.

Un courant migratoire à organiser

L’appel aux Italiens se fait au lendemain de la guerre dans un contexte général où […] face aux exigences de la reconstruction et de l’équilibre démographique, pour satisfaire non seulement aux besoins conjoncturels et structurels de l’économie fran- çaise, mais plus encore pour assurer le remplacement des classes d’âge de la population nationale, atteinte par l’évolution démographique malthusienne de l’avant-guerre et les pertes du conflit, la réanimation du courant migratoire s’impose 14. L’immigration transalpine apparaît comme un pis-aller d’une politique migratoire qui subit l’influence de Georges Mauco, à la tête du Haut comité de la population et de la famille. Le géographe y impose la thèse de la sélection ethnique inspirée d’études menées au cours de l’entre-deux- guerres 15. Son souci de limiter l’entrée des Méditerranéens ne plaide pas en faveur des Italiens, à qui il préfère les « Nordiques » — c’est-à-dire les Belges, les Luxembourgeois, les Néerlandais, les Suisses, les Danois, les Finlandais, les Irlandais, les Anglais, les Allemands ou les Canadiens — dont on souhaite de façon fort peu réaliste qu’ils représentent 50 % de l’immigration totale. Dans l’échelle des valeurs nationales qui est ainsi mise en place, les Italiens apparaissent seulement à un second niveau. On envisage une proportion de 30 % des immigrés, au même niveau que les Espagnols et les Portugais. Il importe toutefois qu’ils soient originaires des provinces du nord de la Péninsule. Or, les Italiens représentent, en 1949, 67 % des étrangers entrés régulièrement en France depuis 1945 16 avec une

11. Ambasciata d’Italia, L’Immigrazione in Francia e l’afflusso italiano, s. d. 12. Cf. L.-M. Battesti, L’Immigration de la main-d’œuvre étrangère et la Communauté économique européenne, thèse de doctorat, Université Paris I, 1973, p. 181. 13. Pour une approche plus large des rapports franco-italiens sur la période, voir S. Mourlane, Une certaine idée de l’Italie. Attitudes et politique française 1958-1969, thèse de doctorat, Université de Nice, 2002. 14. Cf. G. Tapinos, L’Immigration étrangère en France, 1946-1973, Paris, PUF, 1975, p. 13. 15. Cf. R. Schor, L’opinion française, ouvr. cité, p. 501-504. Voir aussi la thèse de G. Mauco, Les Étrangers en France, Paris, Colin, 1932. 16. Cf. G. Tapinos, Les Étrangers, ouvr. cité, p. 30. R 161 Stéphane Mourlane forte proportion de Méridionaux. Par ailleurs, les autorités françaises ne parviennent guère à contrôler le flux ; des experts, notamment parmi les démographes, s’inquiètent des procédures trop contraignantes imposées aux migrants italiens qui ont pour conséquences d’encourager l’immigra- tion clandestine 17. Du côté italien, le gouvernement se préoccupe de la question migra- toire. La Constitution rétablit la liberté d’émigrer dans un contexte où l’émigration est conçue comme une nécessité pour résorber le chômage 18, facteur de déstabilisation sociale, au moment où les prisonniers de guerre reviennent massivement 19. Il convient de guider, canaliser, protéger mais aussi exercer une tutelle sur les « Italiens à l’étranger ». La charge en revient au ministère des Affaires étrangères 20 et au ministère du Travail 21. La Répu­ blique italienne manifeste donc une préoccupation, née à l’époque libérale et renforcée par le régime fasciste, de maintenir vivaces les liens entre les migrants et la « mère-patrie 22 », même si désormais la prétention est moins politique que sociale et économique 23. À Rome comme à Paris, l’intérêt est donc grand de voir le courant migratoire entre les deux pays s’organiser et se rationnaliser. Les discussions s’engagent avant même que l’Italie ne soit considérée comme un réservoir privilégié de main-d’œuvre. Dès l’été 1945, le général de Gaulle aborde, lors d’entretiens avec Giuseppe Saragat puis avec Alcide De Gasperi, les mesures susceptibles de favoriser l’introduction de ressortissants italiens en France 24. Malgré la convergence d’intérêts, le chemin qui mène à la

17. S. Rinauro, Il cammino della speranza. L’emigrazione clandestina degli italiani nel secondo dopoguerra, Turin, Einaudi, 2009. 18. Cf. A. Bechelloni, « Le choix de la destination française vu du côté italien », dans M.-C. Blanc-Chaléard (éd.), Les Italiens en France depuis 1945, Rennes, PUR, 2003, p. 33-36. 19. Cf. P. Audenino et M. Tirabassi, Migrazioni italiane. Storia e storie dall’Ancien régime a oggi, Turin, Mondadori, 2008, p. 125-127. 20. E. Serra, « Il ministero delle Affari Esteri e il problema dell’emigrazione », Affari sociali internazionali, vol. XI, no 2, 1983. 21. Sont représentés dans ce Conseil le ministre du Travail, le sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères et le président du Conseil des ministres, mais également un représentant des ministères de l’Industrie et du Commerce, de l’Agriculture, du Commerce avec l’extérieur, du Haut-Commissariat à l’Hygiène et la Santé publique ainsi que cinq membres choisis parmi des organisations publiques concernées par l’émigration. Y sont également représentés syndicats et associations. 22. M. Choate, Emigrant Nation: The Making of Italy Abroad, Cambridge MA, Harvard University Press, 2008 et M. Colucci (éd.), « La politica migratoria italiana attraverso le fonti governative », Archivio storico dell’emigrazione italiana, no 6, 2010. 23. E. Vezzu, L’encadrement des migrants italiens par les autorités italiennes en France, 1945-1957, mémoire de master II, Université Paris I, 2013. 24. P. Guillen, « L’immigration italienne en France après 1945, un enjeu dans les relations franco-italiennes », dans M. Dumoulin (éd.), Mouvements et politiques migratoires en Europe depuis 1945 : le cas italien, Bruxelles, CIACO, 1989, p. 37-52. R 162 La question migratoire dans les relations franco-italiennes (1950-1960) signature d’un accord général d’immigration, le 21 mars 1951, est sinueux et parfois semé d’embûches. Au regard des difficultés rencontrées, on peut même estimer à la suite de Pierre Guillen que […] loin de constituer un facteur favorisant la réconciliation et le resserrement des liens entre les deux pays, l’immigration italienne en France, dans la décennie 1945- 1955, a été en permanence source de problèmes, de divergences, et de frictions, pesant sur les relations franco-italiennes 25. Une des principales pierres d’achoppement lors des négociations, ponc- tuées par la signature de deux accords intermédiaires, le 22 février 1946 et le 21 mars 1947 26, réside dans la conception différenciée, de part et d’autre des Alpes, du contrôle à exercer sur le processus migratoire. Tandis qu’à Paris on ne cesse de réaffirmer la pleine autorité de l’État français, à Rome, on affiche un souci constant de maintenir une certaine capacité d’intervention.

L’accord du 21 mars 1951

L’accord du 21 mars 1951 tend à la recherche d’un compromis qui, s’il ré- pond à certaines exigences italiennes, donne essentiellement satisfaction aux vœux français d’instaurer une plus grande cohérence dans la politique d’immigration 27. C’est en grande partie selon les modalités codifiées en mars 1951 que s’opèrent, au cours des deux décennies suivantes, les intro- ductions régulières d’Italiens en France. La première préoccupation qui apparaît dans le texte de l’accord est l’harmonisation entre l’offre et la demande d’emploi en France. Afin de satisfaire au mieux les besoins des entreprises françaises, il est prévu un renforcement de la concertation entre les deux gouvernements. L’article premier précise ainsi que « le gouvernement français fournit quinze jours avant le début de chaque trimestre au gouvernement italien une évalua- tion par profession des besoins de main-d’œuvre italienne » et que « dans

25. Ibid., p. 48. 26. A. Spire, « Un régime dérogatoire pour une immigration convoitée. Les politiques françaises et italiennes d’immigration / émigration », dans M.-C. Blanc-Chaléard (éd.), Les Italiens en France, ouvr. cité, p. 41-54. 27. L’ambassadeur de France à Rome a, quelques semaines avant la signature de l’accord, dénoncé les hésita- tions de la politique française en matière d’immigration. Fort mécontent, Jacques Fouques-Duparc écrit ainsi au ministre des Affaires étrangères : « Je trouve déplorable et difficile à justifier tant du point de vue des relations franco-italiennes que du point de vue de nos intérêts nationaux la carence de notre politique d’immigration » qui ajoute-t-il « donne l’impression d’agir que sous le coup d’une nécessité immédiate et toujours réversible » (Archives du ministère des Affaires étrangères (ci-après AMAE), série Z, Europe, Italie 1944-1970, vol. 271 : dépêche, Rome, 19 janvier 1951). R 163 Stéphane Mourlane les quinze jours suivants la réception de ce document, le gouvernement italien fait connaître ses prévisions concernant les disponibilités de main- d’œuvre en Italie 28 ». En outre, l’article 8 vise à favoriser la mise en relation entre les em- ployeurs et les candidats italiens à l’émigration sous le contrôle de l’Office national d’immigration (ONI) qui, depuis sa création par l’ordonnance du 2 novembre 1945, confirmée dans le cadre franco-italien par l’accord de 1946, détient l’exclusivité de la mise en œuvre du recrutement 29. En pratique, les employeurs doivent communiquer au ministère du Travail, ministère de tutelle de l’ONI, et par le biais de la direction dépar- tementale dont ils dépendent, un contrat d’introduction anonyme, dans lequel ils peuvent mentionner la nationalité du travailleur souhaité, ou nominatif, s’ils connaissent le travailleur qu’ils veulent engager. Sur ce document doivent figurer, selon les termes de l’accord, « les conditions exactes de l’emploi, les travaux que le travailleur sera appelé à exécuter ainsi que, le cas échéant, les aptitudes particulières requises de l’intéressé ». Un avis favorable est ensuite délivré par l’administration seulement si des travailleurs nationaux ne peuvent pas occuper l’emploi offert. La priorité nationale disparaît toutefois par la suite avec l’application du principe de libre circulation des travailleurs, institué par le traité de Rome. Le règle- ment no 38, adopté le 25 mars 1964 par le Conseil de la Communauté économique européenne marquant la deuxième étape de la période transi- toire, consacre en effet l’égalité dans l’accès à l’emploi pour les travailleurs communautaires 30. Après l’examen de la demande, les contrats relatifs aux travailleurs de l’industrie sont transmis à l’ONI qui le fait ensuite parvenir à son antenne à Milan, tandis que ceux qui concernent les travailleurs de l’agriculture sont transmis directement 31. À ce stade de la procédure, les autorités ita- liennes auprès de qui l’ONI fait connaître, deux fois par mois, le nombre de contrats envoyés, répartis par profession. Le centre de Milan se charge d’opérer dans les offices de travail locaux une première sélection des can- didats susceptibles de répondre aux offres d’emploi. En collaboration avec des agents de l’ONI, s’effectuent alors principalement la sélection pro-

28. Journal officiel de la République française, 23 mars 1951, p. 2876. 29. A. Thaler, L’Office national d’immigration de 1946 à 1956. La tentative du contrôle absolu des flux migra- toires européens vers la France, mémoire de maîtrise, Université Paris I, 1999. 30. L.-M. Battesti, L’Immigration de la main-d’œuvre, ouvr. cité, p. 96. L’auteur observe que le règlement no 38 implique en fait une priorité aux ressortissants des États-membres dans l’accès aux emplois vacants. 31. L’ONI dispose également d’une délégation à Rome qui a pour mission de contrôler l’activité du centre de sélection de Milan et d’assurer la liaison auprès de l’ambassade de France avec le gouvernement italien. R 164 La question migratoire dans les relations franco-italiennes (1950-1960) fessionnelle, sur présentation de diplômes ou sous forme de tests, et la sélection dite démographique. Une limite d’âge est en effet fixée, pour les travailleurs agricoles à 45 ans, pour ceux des mines à 35 et pour les autres catégories à 30. Les prétendants à l’émigration doivent non seulement être dans la force de l’âge, mais doivent aussi justifier d’une bonne santé au travers de toute une série d’examens médicaux, radiologiques et sérolo- giques effectués à la caserne Garibaldi, siège de l’ONI à Milan 32. Sélectionnés 33, les candidats au départ signent un contrat de travail rédigé en français, accompagné d’une traduction en italien. Puis, en pos- session des documents nécessaires au voyage, ils sont acheminés de leur domicile jusqu’à leur lieu d’emploi où ils perçoivent une prime d’installa- tion tandis que les frais de voyage sont partagés entre la France et l’Italie, l’ONI prenant en charge les frais seulement à partir de Milan. Ce point est par la suite discuté au sein de la commission mixte insti- tuée par l’accord de 1951. Les représentants italiens demandent au début des années 1960 au gouvernement français de revaloriser la prime d’instal- lation dont le montant n’a pas été revu depuis la signature de l’accord et ce, en dépit de la dévaluation du franc. En réponse, la délégation française, à la tête de laquelle se trouve le directeur des Conventions administratives et des Affaires consulaires du ministère des Affaires étrangères, Gilbert de Chambrun, propose d’accroître la participation du gouvernement français aux frais de voyage. Chambrun estime que « la charge financière découlant de cette proposition est moindre que celle qui résulterait d’un recours éventuel à la main-d’œuvre turque, moins qualifiée et s’adaptant moins facilement dans notre pays que la main-d’œuvre italienne 34 ». Le choix de porter l’effort financier sur ces frais de voyage est en outre dicté par les services du ministère de l’Économie et des Finances qui font remarquer que « la prise en charge du lieu de résidence au centre de sélection de Milan représenterait une dépense moyenne de 60 francs par travailleur tandis que pour revaloriser de façon appréciable la prime d’installation, il serait nécessaire de la porter de 15 francs à 100 ou 150 francs 35 ». C’est sans doute pour le même type de raisons budgétaires que la de- mande italienne de voir la prime d’installation étendue aux familles venues

32. Y. Gastaut, « Recruter et examiner les migrants. La Mission de l’ONI de Milan d’après le médecin-chef Deberdt (1953-1963) », dans M.-C. Blanc-Chaléard (éd.), Les Italiens en France, ouvr. cité, p. 55-64. 33. Selon Anne Thaler, 50 % des individus envoyés par les offices locaux du travail sont refoulés au centre de Milan (A. Thaler, L’Office national d’immigration, ouvr. cité, p. 76). 34. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 394 : note de la direction des Conventions administratives et des Affaires consulaires, 5 juillet 1965. 35. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 412 : compte rendu de la réunion interministérielle du 28 avril 1966 relative aux questions de main-d’œuvre dans les rapports franco-italiens. R 165 Stéphane Mourlane rejoindre les travailleurs immigrés n’est pas acceptée. Du point de vue italien, l’adoption d’une telle mesure aurait permis de trouver une solu- tion au problème social posé par les familles demeurées dans la Péninsule qui, en raison des dévaluations successives du franc, ne bénéficient plus des avantages du change sur la part des salaires et des allocations fami- liales envoyées par les immigrés. L’article 12 du traité de mars 1951 prévoit en effet la possibilité pour les travailleurs italiens de bénéficier de ces allo- cations familiales même si leur famille est restée en Italie et les autorise à en transférer la totalité dans leur pays d’origine. Cette mesure exception- nelle traduit le « régime dérogatoire » dont bénéficient les Italiens 36. Elle se justifie au regard de l’impératif besoin de main-d’œuvre pour la croissance de l’économie française et par la crainte de voir le gouvernement italien faire obstacle à l’émigration vers la France 37. Le problème des transferts financiers est néanmoins sensible. Les dis- cussions franco-italiennes, constantes sur le sujet depuis la fin de la guerre, ont permis toutefois quelques avancées 38. Pour le gouvernement de Rome, cette question est non seulement d’ordre social mais aussi économique, car l’apport de devises participe au redressement du pays 39. Au début des années 1960, la dévaluation du franc et surtout le « miracle économique » italien rendent toutefois la question moins vive. La part des salaires trans- férables est ainsi portée par l’accord de 1951 à 60 %, tandis que la régle- mentation de la Communauté européenne prolonge en décembre 1961 à six ans, au lieu des dix-huit mois fixés par l’arrangement administratif du 15 juin 1951, le délai durant duquel les familles demeurées en Italie per- çoivent les allocations familiales. Peut-être plus encore que leurs interlocuteurs, les autorités françaises sont conscientes de la relation entre le versement de ces allocations et la question du regroupement. Les positions et les mesures adoptées en té- moignent, tout en révélant aussi une politique ambivalente voire contra- dictoire. Le regroupement des familles est à la fois souhaité, car il pré- sente l’avantage de stabiliser la main-d’œuvre, objectif primordial de la politique française d’immigration, et freiné en raison des difficultés de logement dans l’Hexagone. L’annexe II de l’accord de 1951, entièrement consacrée à cet aspect, en fournit d’une certaine manière une illustration :

36. Cf. A. Spire, « Un régime dérogatoire », art. cité. 37. E. Vezzu, L’encadrement des migrants, ouvr. cité, p. 82. 38. Cf. D. Cha, L’Immigration italienne en France depuis 1945, thèse de doctorat en sciences économiques, Université de Paris, 1957, p. 113-129. 39. Cf. C. Zeffiro, L’emigrazione nella storia d’Italia, 1868-1975, vol. 2 : Storia e documenti, Florence, Vallecchi, 1978, p. 289. R 166 La question migratoire dans les relations franco-italiennes (1950-1960) on y clarifie la procédure d’introduction pour la rendre plus attractive tout en la maintenant dans une complexité administrative plutôt dissuasive. En 1963, la directrice du Service social d’aide aux émigrants souligne les difficultés rencontrées devant la réglementation qui régit le regroupement familial 40. Donnant plus de relief encore à son analyse, elle cite le cas d’un travailleur italien arrivé en France en juin 1956, laissant son épouse et cinq enfants en Italie, qui obtient en juillet 1961 un logement en location dans un immeuble neuf de banlieue. La disposition d’un logement correct lui permet d’entamer une procédure régulière d’introduction familiale. Si, à moyen terme, la perspective ne peut être que réjouissante, à court terme, le travailleur est placé dans une situation extrêmement difficile. Il doit en effet s’acquitter du montant du loyer pendant une période d’au moins six mois — délai courant généralement entre la demande de regroupement et l’arrivée de la famille — sans percevoir d’allocation logement, dont le premier versement intervient seulement une fois la famille réunie, tout en versant la plus grande partie de son salaire à cette même famille en Italie, qui ne reçoit plus les allocations familiales depuis le mois d’avril 1961, date limite de perception. Le cas, loin d’être isolé, témoigne des effets de la lourdeur des procédures administratives, qui ne favorisent pas l’intégra- tion des étrangers dans la société française, objectif pourtant déclaré de la politique d’immigration. Globalement, la procédure de recrutement définie par l’accord de 1951 ne répond pas véritablement à l’impératif de simplification évoqué en pré- ambule du texte. Pour de très nombreux candidats à l’émigration, elle de- meure lourde et complexe, ce qui les incite à la contourner. Certains sont rebutés par les formalités et les contrôles inhérents à la procédure régu- lière, d’autres ne correspondent pas au profil d’âge et de qualification exigé. Ils choisissent alors une émigration que l’on qualifie de clandestine ou d’irrégulière, difficile par définition à estimer. D’après l’enquête menée par l’INED au début des années 1950 sur les Italiens dans l’aggloméra- tion parisienne, huit sur dix de ceux arrivés en France depuis 1945, dans l’échantillon étudié, sont venus sans contrat de travail 41. La proportion est considérable et le cadre limité de l’enquête rend sa généralisation hasar- deuse. Dans les années 1955-1956, le courant migratoire irrégulier tend cependant à s’accroître en raison de la suppression du passeport pour la circulation entre la France et l’Italie, ce qui favorise l’immigration dite

40. M. Trillat, « Deux millions de travailleurs migrants », Revue du Marché commun, no 57, avril 1963, p. 158-163. 41. A. Girard et J. Stoetzel, Français et immigrés. Nouveaux documents sur l’adaptation, Paris, PUF, « Cahier de l’INED », no 20, 1954, p. 196. R 167 Stéphane Mourlane touristique. L’ONI consacre une très large part de ses activités à régulariser des travailleurs venus en France par des filières non contrôlées : entre 1958 et 1968, il procède à 760 329 régularisations contre 361 199 introductions selon la procédure réglementaire, soit 67,9 % de son activité 42. En procédant à des régularisations massives et quasi systématiques, les autorités françaises cherchent à fixer cette main-d’œuvre particulièrement instable. Mais, en suivant cette voie elles font aussi de façon implicite le constat d’un échec dans la mise en œuvre de la procédure de recrutement. Pis encore, la pesanteur des démarches et des contraintes a sans doute constitué un frein à l’afflux pourtant souhaité des Italiens. Ce n’est pas là la moindre des contradictions d’une politique d’immigration qui, en élaborant une réglementation pour favoriser l’introduction des émigrés transalpins, les en a en fait dissuadés et a contribué à les orienter vers d’autres destinations.

Discussions sur les conditions de séjour

Les conditions de séjour et de travail sont, elles, régies par l’ordonnance du 2 novembre 1945, la même qui crée l’ONI. Elle prévoit la délivrance d’une carte de résident temporaire valable un an à tout étranger qui le demande et qui est en mesure de faire la preuve de ses ressources. Au terme d’une période de neuf mois, il est possible de renouveler cette carte ou de faire une demande pour l’obtention d’une carte de résident ordinaire valable trois ans. Enfin, le texte prévoit la possibilité d’obtenir une carte de résident privilégié valable dix ans et renouvelable de plein droit. C’est en distinguant la délivrance des cartes de séjour de celle des cartes de tra- vail, soumises à des contraintes plus lourdes, que le gouvernement français marque les limites de sa libéralité en matière d’immigration et démontre, une fois encore, son souci d’établir un contrôle drastique 43. La carte de travail n’est, en effet, délivrée que sur présentation d’un contrat. Elle n’est tout d’abord que temporaire et valable seulement pour une profession et souvent pour un seul département. Son renouvellement ou sa transfor- mation en carte de travail ordinaire, valable trois ans pour une seule pro- fession dans un ou plusieurs départements, dépend des fluctuations du marché de l’emploi. Seuls les titulaires d’une carte de résident, privilégiés,

42. L.-M. Battesti, L’Immigration de la main-d’œuvre, ouvr. cité, p. 283. 43. Voir P. Weil, La France et ses étrangers : l’aventure d’une politique de l’immigration de 1938 à nos jours, Paris, Gallimard, 2005. R 168 La question migratoire dans les relations franco-italiennes (1950-1960) peuvent obtenir une carte de travail permanente valable toujours pour une seule profession mais sur tout le territoire national. Il faut être déten- teur de cette carte pendant dix ans avant d’être autorisé à exercer toutes les professions. La législation est infléchie par l’application de la libre circulation des travailleurs dans le Marché commun. Le règlement no 15, adopté le 16 août 1961 par le Conseil de la Communauté européenne, libéralise de façon sensible les conditions de renouvellement et d’extension des autorisations de travail. L’ouverture des frontières et les conditions avantageuses réser- vées aux ressortissants communautaires font ressurgir la crainte d’une « invasion 44 » des Italiens déjà fort nombreux 45. Alors que la question de l’intégration européenne est souvent l’objet de malentendus entre les deux pays depuis le retour au pouvoir du général de Gaulle 46, le gouvernement de Rome doit intervenir à Bruxelles afin de convaincre la France de ne pas s’opposer à la reconnaissance d’une priorité du marché communautaire 47. En avril 1966, l’Italie fait parvenir à Paris un aide-mémoire dénonçant certaines restrictions, notamment l’exigence d’un visa de contrat de travail et d’une autorisation de recherche d’emploi 48. Que ce soit en matière d’accès à l’emploi ou en matière sociale, le gou- vernement italien est en règle générale résolu à lutter contre toute mesure discriminatoire. Comme l’a montré Gérard Noiriel, la politique sociale détermine le sentiment d’appartenance nationale ; il s’agit donc d’un moyen de maintenir un contrôle sur les émigrants 49. Le gouvernement de Rome peut pour cela s’appuyer sur la réglementation européenne qu’il contribue grandement à orienter dans le sens de la prise en compte et de l’améliora- tion des conditions de vie des migrants. La réglementation européenne, dans son volet social, défend en parti- culier le droit au regroupement familial dans la mesure où le travailleur immigré dispose d’un logement décent. Or ce point ne va pas sans poser quelques problèmes.

44. Le terme est caractéristique de l’italophobie suscitée par l’immigration depuis la fin du xixe siècle. Le roman L’invasion publié en 1907 par Louis Bertrand en est une consécration. Voir A. Dusserre, « L’image des étrangers à Marseille dans “L’Invasion” de Louis Bertrand (1907) », dans S. Mourlane et C. Regnard (éd.), Les batailles de Marseille : immigration, violences et conflits,xix e-xx e siècles, PUP, Aix-en-Provence, p. 15-27. 45. M. Amar et P. Milza, L’Immigration en France au xx e siècle, Paris, A. Colin, 1990, p. 77. 46. S. Mourlane, « La France, l’Italie et la construction européenne de 1958 à 1965 : le temps des malen- tendus », Relations internationales, no 118, été 2004, p. 199-213. 47. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 393 : note de la direction des Affaires administratives et sociales, 31 janvier 1964. 48. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 412 : compte rendu de la réunion interministérielle du 28 avril 1966 relative aux questions de main-d’œuvre dans les rapports franco-italiens. 49. Cf. G. Noiriel, État, nation, immigration. Vers une histoire du pouvoir, Paris, Belin, 2001, p. 301-306. R 169 Stéphane Mourlane

La crise du logement en France, conséquence de l’arrêt des construc- tions de l’entre-deux-guerres jusqu’aux années 1950 et de la pression démo- graphique, aggravée au début des années 1960 par le rapatriement massif des Français d’Algérie, ne permet pas le développement à un rythme conve- nable d’une politique d’immigration familiale de grande ampleur. La si- tuation est vécue d’autant plus mal que les conditions de logement des travailleurs isolés sont particulièrement précaires et souvent indécentes. Certes, les Italiens se font rares dans les bidonvilles, mais ils sont nombreux à habiter dans des logements de chantier ou des foyers, où ils cohabitent à huit par chambre moyennant des loyers onéreux et selon un « règlement quasi-policier 50 ». En Italie, le sort réservé aux émigrés suscite une vive émotion 51. Les autorités, poussées par ce mouvement d’opinion, interviennent de manière répétée auprès du gouvernement français, notamment au sein de la com- mission mixte ou par le biais de démarches de l’ambassadeur auprès des ministères concernés. Lors de sa visite à Paris, le président Segni inscrit la question à l’ordre du jour des conversations. Le communiqué final indique : Les questions de l’échange de main-d’œuvre entre l’Italie et la France ont fait l’objet d’examen. L’émigration en France des travailleurs italiens, dont la contribution à l’éco- nomie française, au lendemain de la guerre, a été particulièrement appréciée et qu’il convient d’encourager, soulève certains problèmes : logement, réunion des familles, sécurité sociale, condition de vie, éducation. Les autorités des deux pays ont constaté les résultats obtenus dans ces domaines et suivent attentivement tous ces problèmes en vue d’adapter les travailleurs italiens à la façon de vivre du pays voisin et de leur assurer une parité de traitement toujours plus complète 52. Cette déclaration conciliante, visant principalement à apaiser les inquié- tudes de l’opinion italienne, rend hommage de manière opportune aux efforts consentis en France. Mais, au-delà d’une telle déclaration d’inten- tion, les deux pays éprouvent des difficultés à mettre en œuvre une coopé- ration concrète et efficace dans ces domaines. Les autorités françaises ne sont pas insensibles aux revendications ita- liennes quant à une amélioration des conditions de logement des émigrés.

50. Cf. B. Granotier, Les travailleurs immigrés en France, Paris, Maspero, 1973, p. 94-112. 51. Cf. A. Bechelloni, La dernière vague migratoire italienne en direction de la France (1945-1960) : le poids des structures, la politique des États, les représentations de l’Autre, thèse de doctorat, Université de Besançon, 1997, p. 43-49. 52. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 393 : communiqué final de la visite en France du président Segni, 23 février 1964. Il faut néanmoins remarquer que le compte rendu des conversations entre le général de Gaulle et le président Segni ne porte pas la mention de cette question, tandis que les ministres des Affaires étrangères, dans une réunion restreinte, évoquent très brièvement la perspective d’une prochaine visite en France du sous-secrétaire d’État italien à l’Émigration. R 170 La question migratoire dans les relations franco-italiennes (1950-1960)

Le souci de stabiliser cette utile main-d’œuvre conduit à accepter dès 1958 la mise en place d’une groupe de travail mixte afin d’examiner les pro- blèmes posés et de proposer des solutions. Avant la première rencontre entre les délégations française et italienne, une réunion interministérielle présidée par le sous-directeur du Peuplement au ministère de la Santé publique et de la Population est réunie à Paris afin de « définir une posi- tion française commune et d’étudier les moyens d’action dont le gou- vernement dispose 53 ». Les fonctionnaires préconisent un investissement financier de l’État passant par un soutien aux constructions des sociétés de « castors 54 » franco-italiennes et la création d’un organisme de finance- ment proposant des prêts à des conditions avantageuses. Le ministère des Finances et des Affaires économiques fait cependant remarquer : Qu’étant donné l’effort financier de la France dans le domaine de la construction en général, les impératifs budgétaires actuels et la persistance de la crise du logement, un effort exceptionnel du gouvernement français en vue de relayer l’effort privé qui incombe à des ressortissants italiens, ne pourrait être envisagé que moyennant enga- gement préalable du gouvernement italien à fournir, de son côté, un effort parallèle 55. Les autorités italiennes ne semblent pas prêtes à consentir ce type d’effort. Elles refusent par exemple la proposition qui leur est faite de ré- server certaines tranches de logements sociaux à des travailleurs italiens 56. Dans ces conditions, il ne paraît pas envisageable du côté français d’ac- corder une priorité aux migrants italiens dans l’attribution de logements, comme le réclame la délégation italienne au sein de la commission mixte. Tout juste est-il accepté de leur étendre, en avril 1964, le bénéfice du Fonds d’action sociale (FAS), créé à l’origine pour les seuls travailleurs algériens, et qui doit permettre de mieux traiter les demandes 57. Une enquête menée l’année précédente avait en effet révélé qu’en dépit des instructions minis- térielles réclamant une égalité de traitement dans l’attribution des loge- ments, les sociétés HLM refusaient les candidatures des Italiens 58.

53. Archives nationales, Centre des archives contemporaine (ci-après CAC) 880 312/8, ministère de l’Intérieur : compte rendu de la réunion du groupe de travail « Logement familial des travailleurs étrangers », 27 avril 1959. 54. Les castors fonctionnent sur le principe de la coopérative selon lequel, en échange d’un certain nombre d’heures de travail consenties par l’ouvrier, l’entreprise fournit le gros œuvre de la construction et l’aide des techniciens et des ingénieurs. 55. CAC 880 312/8, ministère de l’Intérieur : note de la direction des Affaires administratives et sociales du ministère des Affaires étrangères, 7 mars 1960. 56. Ibid. 57. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 394 : note de la direction des Conventions administratives et des Affaires consulaires, 5 juillet 1965. 58. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 393 : note de la direction des Affaires administratives et sociales, 31 janvier 1964. R 171 Stéphane Mourlane

Ce type de discrimination, lié aux fortes tensions sur le marché du logement, tend à se réduire par la suite sous l’effet de la politique volon- tariste menée par le gouvernement français en matière de construction 59. Toutefois, malgré des améliorations, les difficultés d’accès au logement perdurent pour bien des Italiens arrivés récemment en France. La lenteur de résolution de ce problème n’est pas sans rapport avec l’échec d’une coopération bilatérale effective, dépassant les déclarations d’intention 60.

Conclusion

La politique française à l’égard de l’immigration italienne, que ce soit en matière de recrutement ou de conditions de séjour, et en dépit des efforts fournis, apparaît ainsi manquer de cohérence à bien des égards. La reconnaissance du nécessaire apport de la main-d’œuvre italienne, tant du point de vue économique que démographique, n’a pas pour corollaire la mise en place d’un cadre politique et juridique adapté, pour des raisons liées à des considérations nationales (la priorité à l’emploi aux Français par exemple), bilatérales et multilatérales (difficultés d’harmonisation entre la législation française et la réglementation européenne). On estime en outre que les Italiens ont pu bénéficier de nombreux avantages : au début de l’année 1968, l’ambassade de France à Rome va même jusqu’à consi- dérer qu’ils font figures d’« enfants gâtés parmi les travailleurs étrangers 61 ». À Rome, le regard est autre, sans doute plus en phase avec une réalité plus complexe, déterminée notamment par la diversité des générations de migrants, entre intégration et difficultés sociales. Plus profondément, la politique d’intervention du gouvernement italien auprès des migrants se heurte à l’impératif assimilationniste de la politique française, comme peuvent en témoigner les réticences face à l’encadrement scolaire des en- fants de migrants dans des institutions italiennes 62. On comprend dès lors la volonté de Rome, du point de vue de la politique migratoire comme dans d’autres domaines, d’extraire les rapports franco-italiens du seul bila- téralisme au profit du multilatéralisme qu’impose la construction euro- péenne. Sans grand succès, car ici comme ailleurs, l’Italie est en butte à l’hostilité française face à toute forme de supranationalité 63. De fait, si la

59. J.-C. Driant, Les politiques du logement en France, Paris, La documentation française, 2009. 60. S. Mourlane, Une certaine idée de l’Italie, ouvr. cité. 61. AMAE, série Z Europe, Italie 1944-1970, vol. 356 : dépêche no 8/EU, Rome, 4 janvier 1968. 62. Cf. E. Vezzu, L’encadrement des migrants, ouvr. cité, p. 121-127. 63. S. Mourlane, « La France, l’Italie et la construction européenne », art. cité. R 172 La question migratoire dans les relations franco-italiennes (1950-1960) question migratoire n’altère pas l’amitié, si souvent proclamée entre les deux sœurs latines, elle n’en révèle pas moins des fondements discordants, sources de bien des malentendus.

R 173

Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia nell’era de Gaulle

Daniele Caviglia Università degli Studi Internazionali di Roma

Fino ad oggi le relazioni tra Italia e Francia durante il periodo gollista non sono state oggetto di studi specifici. L’indagine storiografica si è pre- valentemente concentrata su singoli aspetti dell’azione internazionale dei due paesi privilegiando soprattutto la prospettiva politico-diplomatica 1. In questo saggio ci si propone di offrire un contributo allo studio della diplomazia economico-monetaria, intesa come componente integrante della politica estera. Tale prospettiva consente di notare come anche in questo campo la Francia gollista abbia rappresentato un alleato talvolta problematico per il blocco occidentale impegnato a raccogliere la sfida di Mosca. Le note polemiche di de Gaulle nei riguardi della posizione ricoperta dal dollaro nell’ambito del sistema monetario internazionale 2

1. Si vedano a tale riguardo i lavori di B. Bagnato, L’Italia e la guerra d’Algeria 1954-1962, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2012; Id., La Pira, de Gaulle e il primo colloquio mediterraneo di Firenze, in P. L. Ballini (a cura di), Giorgio La Pira e la Francia. Temi e percorsi di ricerca da Maritain a de Gaulle, Firenze, Giunti, 2005, pp. 99-134; S. Mourlane, L’Italie et les Italiens sous le regard des diplomates français (1958-1969), «Cahiers de la Méditerranée», no 66, 2003, pp. 279-291; Id., Le voyage officiel en Italie du général de Gaulle (23-27 juin 1959). De l’usage du rite et du mythe en politique étrangère, «Cahiers de la Méditerranée», no 77, 2008, pp. 95-110; M. Vaïsse, De Gaulle, l’Italie et le projet d’union politique européenne 1958-1963, «Revue d’histoire moderne et contemporaine», no 42-44, 1995, pp. 658-669. Anche il lavoro collettaneo De Gaulle et l’Italie, Roma, École française de Rome, 1997, si concentra in realtà su tematiche specifiche. Di più ampio respiro ma riferito al periodo immediatamente precedente è il volume di I. Russo, Politica estera e ‘diplomazia personale’. Fanfani, de Gaulle e le relazioni italo-francesi negli anni Cinquanta, Milano, FrancoAngeli, 2008. Da notare, infine, come negli ultimi anni si sia assistito in Italia a un rinnovato interesse per la figura del Generale, come testi- moniano i lavori di R. Brizzi e M. Marchi, Charles de Gaulle, Bologna, Il Mulino, 2008; U. Coldagelli, La Quinta Repubblica. Da de Gaulle a Sarkozy. L’evoluzione di un presidenzialismo extra-costituzionale, Roma, Donzelli, 2009; S. Gentile, Capo carismatico e democrazia: il caso de Gaulle, Milano, FrancoAngeli, 1998; G. Quagliariello, De Gaulle, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2012. 2. Su questo aspetto cfr. H. Bourguinat, Le général de Gaulle et la réforme du système monétaire interna- tional : la contestation manquée de l’hégémonie du dollar, in De Gaulle et son siècle, Parigi, Institut Charles de Gaulle, 1992, pp. 90-103; M. Vaïsse, La grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle (1958-1969), Parigi, Fayard, 1998, pp. 396-407. Sull’influenza delle teorie di Jacques Rueff sul presidente francese, C. S. Chivvis, R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 175-188. 175 Daniele Caviglia finirono infatti per riflettersi non solo sul rapporto con Washington ma anche su quello con i maggiori alleati continentali. In questo contesto l’Italia — che aveva nel frattempo maturato l’adesione ai principi dell’in- terdipendenza economico-finanziaria, della collaborazione multilaterale e del sostegno al sistema di Bretton Woods — si dovette confrontare con le scelte golliste che mettevano a rischio la coesione transatlantica e la solidarietà intra-europea. Sui temi monetari Roma e Parigi mostrarono in quel periodo di agire sulla base di presupposti difficilmente conciliabili, alimentando in tal modo un clima di tensioni destinate a scaricarsi sulla tenuta complessiva di un sistema che nell’agosto del 1971 sarebbe stato definitivamente soppresso in seguito alla decisione statunitense di scio- gliere il dollaro dal vincolo dell’oro.

De Gaulle e la guerra al dollaro

Nella conferenza stampa del 4 febbraio 1965 de Gaulle apriva un nuovo fronte di contrasto con l’alleato d’oltreoceano ritenuto colpevole di godere di un «privilegio esorbitante» nell’ambito del sistema monetario interna- zionale. Era l’inizio di un attacco frontale al ruolo del dollaro e agli Stati Uniti, accusati di strumentalizzare le dinamiche monetarie in un quadro di riferimento asimmetrico. Ce que [les États-Unis] doivent [à l’étranger], ils le lui paient, tout au moins en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre […]. Cette facilité unilatérale qui est attribuée à l’Amérique contribue à faire s’estomper l’idée que le dollar est un signe impar- tial et international des échanges, alors qu’il est un moyen de crédit approprié à un État 3. La dura presa di posizione mirava da un lato a rimettere in discussione le basi del sistema monetario internazionale in vigore e, dall’altro lato, a ridimensionare il peso di Washington in tale contesto. Di fronte alle incongruenze di un sistema che favoriva la superpotenza americana, de Gaulle respingeva qualsiasi prospettiva di riforma, anche profonda, delle strutture esistenti. Piuttosto, il Generale chiedeva il ritorno al gold stan- dard con l’obiettivo di ripristinare la funzione cardine dell’oro e di ristabi- lire una simmetria di condizioni per tutti i paesi partecipanti. Nous tenons donc pour nécessaire que les échanges internationaux s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable

Charles de Gaulle, Jacques Rueff and French International Monetary Policy under Bretton Woods, «Journal of Contemporary History», vol. 41, no 4, 2006, pp. 701-720. 3. Ch. de Gaulle, Discours et messages. Pour l’effort. Août 1962-Décembre 1965, Parigi, Plon, 1970, p. 332. R 176 Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia

et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier. Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir de critère, d’étalon, autres que l’or. Eh ! oui, l’or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence 4. Al di là dell’aspetto propagandistico, de Gaulle era consapevole delle scarsissime possibilità di riattivazione di un sistema aureo ampiamente screditato dall’esperienza negativa del periodo fra le due guerre mondiali. In realtà, l’insistenza sull’urgenza di un superamento degli accordi del 1944 era il frutto di una più ampia strategia che aspirava al riequilibrio del rapporto transatlantico. La necessità di ridefinire lo status internazio- nale del paese traeva origine da una precisa impostazione che individuava negli Stati Uniti, nella Gran Bretagna e nella Francia le uniche nazioni dello schieramento occidentale con responsabilità di carattere ‘mondiale’ e dotate dell’autonomia derivante dal possesso del nucleare. Muovendo da questo assunto, de Gaulle aveva tentato, subito dopo il ritorno al potere nel 1958, di collocare la Francia su un piede di parità con le nazioni anglo- sassoni sia con il negoziato diretto che attraverso il rilancio dell’integra- zione politica europea. In una prima fase, le iniziative golliste si erano sviluppate all’ombra del memorandum segreto del settembre 1958 con il quale era stata proposta a Washington e a Londra la creazione di un diret- torio tripartito che avrebbe dovuto definire le modalità di utilizzazione del nucleare. Si puntava così a superare il monopolio atomico statunitense e a riassorbire il rischio del decoupling 5 in una cornice multilaterale nella quale Parigi avrebbe ottenuto il riconoscimento di un ruolo paritario. Nei mesi successivi la reticenza di Washington e Londra a incamminarsi per un sentiero che minacciava la coesione dell’Alleanza atlantica e impattava sulla special relationship spinse de Gaulle a battere nuove strade. Prese così corpo, favorito dall’acuirsi delle tensioni su Berlino, il proposito gollista di ridare slancio al processo di integrazione europea puntando su una unione politica a guida francese. Pur sfrondato da tutti gli aspetti sovranazionali, il progetto del presidente transalpino rappresentava un tentativo di coa- gulare il blocco dei Sei in vista di una cooperazione intergovernativa che includeva la politica estera nelle proprie competenze. In tal modo la Francia — che in quel raggruppamento sarebbe stato l’unico paese a possedere armi nucleari — avrebbe di fatto assunto la leadership del continente e, da

4. Ibid. 5. Con questo termine si intende la separazione tra la sicurezza degli Stati Uniti e quella dell’Europa occi- dentale rispetto alla minaccia di un attacco sovietico. R 177 Daniele Caviglia questa posizione di forza, avrebbe potuto nuovamente porre in discussione il tema del monopolio statunitense nel quadro atlantico. Progetti europei e riforma dell’Alleanza atlantica si sovrapponevano dunque in una visione incardinata sul recupero del prestigio internazionale della Francia. Di lì a poco, però, i sospetti verso le ambizioni golliste e i timori di ripercussioni negative sulle relazioni con gli anglo-americani indussero i partner europei a frenare le iniziative europeiste di Parigi 6. Anche il successivo tentativo di ridare slancio ai propri disegni attraverso un rapporto preferenziale con la Repubblica Federale Tedesca 7 segnò presto il passo, aprendo così la strada alla fase più intransigente della politica gollista prodotta dalla sostanziale indisponibilità di Washington e Londra a rimettere in discussione gli equi- libri transatlantici e dalla riluttanza dei partner europei a seguire i disegni europeistici di Parigi. In questo contesto l’offensiva nei confronti del sistema di Bretton Woods — come pure la decisione del febbraio-marzo 1966 di abbandonare i co- mandi Nato integrati di Fontainebleau e Rocquencourt — costituì un tentativo di ridimensionare l’egemonia statunitense nell’ambito del blocco occidentale coagulando la crescente insofferenza di molti paesi verso le politiche di bilancio di Washington 8. Proprio in quegli anni, infatti, l’in- disponibilità degli Stati Uniti ad arginare il deflusso di dollari generato dal deficit della bilancia dei pagamenti attraverso politiche fiscali e monetarie di carattere restrittivo aveva cominciato a costituire un nuovo elemento di confronto aspro all’interno del fronte occidentale. Sia nel mondo accade- mico che in diversi ambienti politici iniziavano a levarsi voci critiche che partivano dall’assunto che spettasse in primo luogo a Washington l’onere di ripristinare l’equilibrio esterno al fine di ridurre gli attacchi speculativi contro il dollaro e quindi i rischi di tenuta dell’intero sistema. Ma mentre negli altri paesi la crescente ostilità nei confronti della politica economica statunitense non si sostanziò mai in atti concreti, Parigi intraprese nel

6. Su queste vicende cfr. D. Caviglia, De Gaulle e il tentativo di spostare l’asse politico europeo: il piano Fouchet, Padova, Cedam, 2000; G.-H. Soutou, Les présidents Charles de Gaulle et Georges Pompidou et les débuts de la coopération politique européenne : du Plan Fouchet au Plan Fouchet light, «Relations internatio- nales», vol. 4, no 140, 2009, pp. 3-17; Id., Le général de Gaulle, le plan Fouchet et l’Europe, «Commentaire», vol. 4, no 52, 1990, pp. 757-766. 7. Sul tema dei rapporti franco-tedeschi si veda soprattutto G. H. Soutou, L’alliance incertaine. Les rapports politiques et stratégiques franco-allemands, 1954-1996, Parigi, Fayard, 1996. 8. A partire all’incirca dalla metà del decennio il sistema monetario aveva cominciato a evidenziare segnali di squilibrio in coincidenza con l’incremento del fenomeno della speculazione internazionale e dell’aumento costante del deficit della bilancia dei pagamenti americana. In questo quadro, la progressiva liberalizzazione dei movimenti di capitale finì spesso per alimentare tensioni prodotte dalle aspettative degli speculatori sul mercato dei cambi. Le monete giudicate deboli dalle forze del mercato erano così costrette a subire attacchi speculativi che mettevano a rischio un sistema sostanzialmente basato su tassi di cambio fissi. R 178 Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia corso del ’65 una vera e propria campagna contro il dollaro cominciando a convertire in oro i dollari detenuti nei forzieri della Banque de France a titolo di riserve. L’iniziativa portò in breve tempo a un mutamento pro- fondo della percentuale delle riserve francesi che alla fine del ’64 ammon- tavano al 26,9% in dollari — pari a 1.375 milioni di dollari — e al 73,1% in oro. Al termine del febbraio ’66 le riserve in dollari costituivano appena il 12,7% — pari a 693 milioni di dollari — e quelle in oro erano cresciute fino all’87,3%. La mossa di Parigi corrispondeva in pratica a una pubblica dichiarazione di sfiducia nei riguardi degli accordi di Bretton Woods che stabilivano la convertibilità delle valute in dollari e l’aggancio di quest’ul- timo all’oro, con un’oscillazione massima dell’1% 9. La massiccia conversione dei dollari in oro mirava infatti a scardinare uno dei presupposti fondamen- tali del sistema, dal momento che la condotta della banca centrale francese avrebbe potuto essere seguita da altri istituti di emissione determinando così una pressione insostenibile sulle riserve aurifere della Federal Reserve e costringendo Washington a svalutare di fatto la moneta statunitense 10. Da questo scenario sarebbe emersa, da un lato, l’impraticabilità di un sistema asimmetrico che avrebbe consentito alla Francia di rilanciare la proposta di un ritorno al gold standard e, dall’altro lato, l’inadeguatezza degli Stati Uniti a guidare da una posizione di signoraggio le relazioni monetarie nel mondo occidentale. Nel complesso si trattava di un atteggiamento caratterizzato da una forte componente contestataria, proprio nel momento in cui il sistema di Bretton Woods si avviava verso una fase di progressivo declino.

L’Italia e la difesa a tutti i costi del sistema di Bretton Woods

La fase iniziale di adesione al sistema economico e finanziario mondiale post-bellico aveva comportato per l’Italia il superamento di una serie di

9. Una volta stabilita la parità monetaria nessuno l’avrebbe potuta modificare, se non per correggere uno squilibrio fondamentale e dopo aver accolto i suggerimenti del Fondo monetario internazionale. La difesa della parità bilaterale era affidata alle banche centrali che, mediante interventi nel mercato monetario, acquistando o vendendo, avrebbero ricondotto la valuta dentro i parametri. Il meccanismo che ne verrà fuori sarà quello della doppia convertibilità, detto Gold Exchange Standard, in forza del quale la valuta statunitense assumerà il centro del sistema monetario internazionale, diventerà mezzo di pagamento e strumento di riserva. 10. Qualora gli Stati Uniti avessero accettato di rispettare l’impegno di conversione in oro al prezzo di 35 dollari l’oncia avrebbero depauperato drasticamente le risorse aurifere del paese, peraltro di difficoltosa ricostituzione. Invece in caso di rifiuto il sistema sarebbe automaticamente saltato e il prezzo del dollaro rispetto all’oro sarebbe stato fissato liberamente dal mercato dando luogo ad un aumento che avrebbe a sua volta implicato una ride- terminazione di tutti i rapporti di cambio ancorati alla valuta americana. R 179 Daniele Caviglia ostacoli. La forte impronta statunitense sul nuovo ordine economico inter- nazionale, che sottintendeva un graduale processo d’internazionalizza- zione delle economie dei paesi partecipanti, costituiva per la penisola una doppia sfida. Tale impostazione richiedeva infatti non solo lo smantella- mento della politica autarchica ma anche la riconversione della mentalità della classe dirigente 11 e del ceto imprenditoriale che si erano formati nel Ventennio. L’adesione agli impegni previsti a Bretton Woods, al pari di quella successiva all’Unione europea dei pagamenti 12, diedero così luogo a un vivace dibattito al punto da apparire «il frutto di una strategia ‘giaco- bina’ portata avanti con determinazione e coerenza da una cerchia ristretta di membri del governo e dall’establishment economico, con in prima fila la Banca d’Italia». Venendo a capo di una serie di resistenze 13, la parte- cipazione dell’Italia ai meccanismi definiti a Bretton Woods si snodò lungo un percorso che negli anni successivi passò attraverso la decisione dell’Oece,

11. A tale proposito appare indicativa la ‘rabbia’ espressa talvolta da La Malfa «per la sconfortante arretra- tezza delle culture dei ceti dirigenti, impauriti dai passaggi inevitabili della modernità del paese» (P. Soddu, Ugo La Malfa. Il riformista moderno, Roma, Carocci, 2008, p. 357). Una critica in parte condivisa dallo stesso Andreotti, il quale riconobbe che negli ambienti laici «c’era una sensibilità maggiore, anche perché vi erano esperienze maggiori. Sforza d’altra parte era stato uomo di grandissimo rilievo anche prima del fascismo, poi tutta la sua vita sia negli Stati Uniti che in Paesi europei, Carandini lo stesso per la sua educazione multina- zionale; Einaudi; La Malfa, attraverso studi con Mattioli alla Banca Commerciale era molto addentro anche ai problemi della finanza e dell’economia europea. […] anche Tarchiani era un uomo di vedute larghe che conosceva molto bene anche il mondo anglosassone» (European Oral History, Voices on Europe, INT 579 – Andreotti Giulio, p. 2). 12. Sulla Unione europea dei pagamenti, B. Eichengreen, Europe’s Post-War Recovery, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 1995; Id. (a cura di), Reconstructing Europe’s Trade and Payments: The European Payment Union, Manchester, Manchester University Press, 1993; J. J. Kaplan e G. Schleiminger, The European Payments Union: Financial Diplomacy in the 1950s, Oxford, Clarendon Press, 1989. 13. «Una fetta consistente dei partiti che facevano parte della maggioranza e specialmente una larghissima parte del mondo economico erano molto più cauti, se non addirittura contrari a tali scelte e certamente alle prospettive che esse implicavano sul piano dell’effettiva liberalizzazione dell’economia italiana, auspicando tempi e modi più diluiti in vista dell’accettazione definitiva dei principi connessi ad un’economia aperta» (L. Segreto, L’Italia nel sistema economico internazionale: attori e politiche tra anni Cinquanta e Sessanta, in L. Tosi (a cura di), Politica ed economia nelle relazioni internazionali dell’Italia del secondo dopoguerra, Roma, Edizioni Studium, 2002, pp. 182-183). Perfino un personaggio come Carli aveva in un primo momento espresso qualche perplessità nei confronti di un indirizzo ispirato a un liberismo ortodosso e a un completo abbandono dei controlli sui cambi, mentre Menichella aveva fortemente raccomandato un approccio graduale ai mecca- nismi multilaterali previsti dagli accordi di Bretton Woods; cfr. F. Petrini, Il liberismo a una dimensione. La Confindustria e l’integrazione europea, 1947-1957, Milano, FrancoAngeli, 2005, pp. 57-58 e p. 77). Anche la maggioranza dell’industria privata nazionale, per quanto cosciente dei vantaggi derivanti da una piena parte- cipazione alle dinamiche del commercio internazionale, mostrava inquietudine di fronte alla prospettiva di un rapido abbandono di ogni forma di protezione statale; cfr. F. Petrini, Grande mercato, bassi salari: la Confindustria e l’integrazione europea 1947-1964, in P. Craveri e A. Varsori (a cura di), L’Italia nella costruzione europea. Un bilancio storico (1957-2007), Milano, FrancoAngeli, 2009, p. 235. A tale riguardo basti ricordare il dissenso manifestato da alcuni settori della diplomazia e dell’imprenditoria verso il progetto Schuman; cfr. P. L. Ballini e A. Varsori (a cura di), L’Italia e l’Europa (1947-1979), vol. I, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2004, pp. 75-76. Per un’analisi del cambiamento dell’atteggiamento degli industriali italiani nei confronti del pro- cesso d’integrazione europea, vedi R. Ranieri, L’integrazione europea e gli ambienti economici italiani, in R. H. Rainero (a cura di), Storia dell’integrazione europea, vol. I, Roma, Marzorati, 1997, pp. 285-329. R 180 Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia nel novembre 1949, di liberalizzare almeno il 50% delle voci d’importazione dei paesi membri e la creazione, l’anno successivo, dell’Unione europea dei pagamenti. Contrariamente ai timori di molti le due iniziative — alle quali si aggiunse lo stimolo commerciale della guerra di Corea e l’appli- cazione delle proposte di Ugo La Malfa in favore della riduzione unila- terale dei dazi del 10% e della liberalizzazione di circa il 90% delle merci importate dall’area Oece — favorirono le esportazioni italiane verso le destinazioni europee e anche le importazioni dalle aree del dollaro e della sterlina. In questa cornice l’Italia era risultata «tra i paesi che maggior- mente avevano tratto giovamento dal sistema di Bretton Woods e soprat- tutto dalla liberalizzazione economica e commerciale» 14, al punto che nelle considerazioni finali relative al 1959 il neo governatore della Banca d’Italia, Guido Carli, poteva affermare che «il progresso compiuto dall’Italia era risultato maggiore di quello dei paesi industrializzati dell’Europa occiden- tale e dell’America» 15. I lusinghieri risultati conseguiti nel corso degli anni del ‘miracolo eco- nomico’ 16 contribuirono a integrare il sistema monetario internazionale nell’approccio complessivo del paese verso le dinamiche della guerra fredda. Laddove il Patto atlantico garantiva ai paesi europei la sicurezza e li esi- meva da investimenti in campo militare troppo onerosi e potenzialmente inflazionisti, gli accordi di Bretton Woods assicuravano quella cornice entro la quale si era articolata la ripresa post-bellica. Muovendo da tali presupposti non sorprende pertanto che la diplomazia italiana avesse ben presto compendiato le esigenze politiche di coesione del blocco occiden- tale e le opportunità di risanamento economico in una linea di condotta di convinto sostegno al sistema in vigore e alla valuta americana che ne costituiva l’architrave.

14. L. Segreto, L’Italia nel sistema economico internazionale, cit., p. 194. 15. Settori strategici come quelli della chimica e della fabbricazione dei mezzi di trasporto avevano cono- sciuto aumenti della produzione nell’ordine del 50%, giustificando in tal modo «l’apprezzamento che dei pro- gressi [dell’Italia] si fa[ceva] in ambienti stranieri» (Considerazioni finali del Governatore della Banca d’Italia [CF], 1960, pp. 323-324). 16. Per un’analisi del ‘miracolo economico’ che attribuisce il ruolo trainante ai consumi interni, più che alle esportazioni, si veda R. Petri, Storia economica d’Italia. Dalla Grande guerra al miracolo economico (1918-1963), Bologna, Il Mulino, 2002, pp. 188-217. Sullo stesso tema ma con un occhio all’influenza dell’adozione della tecnologia americana nel processo di produzione italiano, vedi V. Zamagni, Un’analisi critica del ‘miracolo economico italiano’: nuovi mercati e tecnologia americana, in E. Di Nolfo, R. H. Rainero e B. Vigezzi (a cura di), L’Italia e la politica di potenza in Europa (1950-1960), Milano, Marzorati, 1992, pp. 393-422. Sulle ricadute socio-culturali della crescita economica, vedi S. Lanaro, Storia dell’Italia repubblicana. Dalla fine della guerra agli anni Novanta, Venezia, Marsilio, 1992, pp. 223-306. Sul governo dell’economia nel periodo del boom, vedi P. Craveri, La Repubblica dal 1958 al 1992, Milano, TEA, 1996, pp. 85-92. Una particolare attenzione al ruolo della Banca d’Italia si trova in F. Cotula e J. C. Martinez Oliva, Stabilità e sviluppo dalla liberazione al ‘miracolo economico’ italiano, in F. Cotula, M. De Cecco e G. Tonioni (a cura di), La Banca d’Italia. Sintesi della ricerca storica 1893-1960, Laterza, Bari, 2003, pp. 415-493. R 181 Daniele Caviglia

Dopo le iniziali perplessità, l’Italia aveva presto adottato una impo- stazione che prevedeva «ogni sforzo per collaborare ad un […] migliore funzionamento e, in prospettiva, ad un […] ampliamento» 17 degli accordi di Bretton Woods. In tal senso la distanza dall’approccio maturato dalla Francia non poteva essere più evidente se si pensa che, a poco più di due mesi dalla conferenza stampa di de Gaulle, la Farnesina tornava a confer- mare che «la posizione italiana di solidarietà nei confronti del dollaro si [era] manifestata innanzi tutto sul piano politico, dato il ruolo […] rico- nosci[uto] al dollaro nell’assetto mondiale», ma non aveva mancato di con- cretizzarsi «anche sul piano più strettamente monetario». Mentre quindi la Francia intraprendeva una battaglia per minare la centralità della valuta americana, l’Italia ribadiva il suo impegno in difesa del sistema in vigore che implicava, «direttamente o indirettamente», l’adozione di misure volte «a rafforzare la posizione del dollaro» 18. Per le autorità italiane questo atteggiamento derivava dalla percezione che il nuovo sistema monetario rappresentava uno dei cardini delle nuove relazioni transatlantiche imper- niate sui principi dell’interdipendenza e della cooperazione internazionale. Quando quindi all’inizio degli anni 1960 iniziò a farsi strada il fenomeno della speculazione internazionale, agevolato dalle «dimensioni straordi- narie dei movimenti di fondi a breve termine», risultò quasi naturale che il governatore della Banca d’Italia si trovasse in prima fila nel caldeggiare una cooperazione tra banche centrali in grado «di reagire con prontezza anche ad attacchi di notevole portata». I suggerimenti di Carli in favore di una collaborazione «più stretta e più variamente articolata che in pas- sato» 19 erano infatti in linea con l’elaborazione di un orientamento incline alla stabilizzazione del quadro economico-finanziario. Nell’insieme quello delle autorità italiane era un approccio fortemente antirevisionista nella misura in cui escludeva «innovazioni radicali» 20 e puntava invece al raffor- zamento delle strutture esistenti. Per l’Italia la coincidenza tra l’efficiente funzionamento degli accordi di Bretton Woods e la tutela delle esigenze nazionali non poteva essere più completa tanto che il governatore, in un appunto trasmesso al ministro del Tesoro Roberto Tremelloni, sottoli- neava che «con il contribuire alla difesa di un valido e per ora insostituibile

17. L. Segreto, L’Italia nel sistema economico internazionale, cit., p. 194. 18. Appunto del Mae, Il problema dell’oro e del dollaro, Roma, s. d., Archivio centrale dello Stato (Acs), Carte Moro (cm), busta 35, sotto-fascicolo 2, Visita dell’On. Presidente del Consiglio e dell’On. Min. degli Esteri a Washington (20-21 aprile 1965) e sfasc. 20, Il problema dell’oro e del dollaro. 19. CF, 1961, pp. 299-300. 20. Ivi, p. 299. R 182 Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia sistema monetario internazionale, non si compi[va] opera di generosità e altruismo, ma si segu[iva] una politica di illuminato autointeresse» 21.

I diritti speciali di prelievo: due visioni a confronto

All’inizio degli anni 1960 il deterioramento del quadro monetario inter- nazionale accelerò il confronto all’interno del blocco occidentale tra i sostenitori dello status quo e i fautori del cambiamento. In particolare, l’affacciarsi di consistenti ondate speculative sui principali mercati inter- nazionali iniziò a stimolare l’attenzione sulla sostenibilità del sistema mone- tario internazionale, soprattutto in ambito accademico 22. In questa si- tuazione, la decisione dell’estate del ’63 dei ministri delle Finanze e dei governatori delle banche centrali del Gruppo dei Dieci 23 di avviare una serie di consultazioni sui problemi riguardanti la liquidità internazionale determinò un deciso cambio di passo. L’iniziativa indicava l’emergere di una volontà comune dei paesi più industrializzati di prendere in considera- zione l’ipotesi di un progetto di riforma dei meccanismi di creazione delle riserve mondiali aprendo così una fase di riflessione sull’efficienza com- plessiva del sistema monetario internazionale. Ben presto però lo studio in comune si tramutò in un duro confronto nel cui ambito finirono per emergere le differenti impostazioni che caratterizzavano Roma e Parigi. Da una parte gli Stati Uniti, appoggiati dal Canada e dalla Gran Bre- tagna, desideravano una riforma che contemplasse la creazione di riserve addizionali o di credito internazionale allo scopo di «agevolare il processo

21. Appunto di Carli per Tremelloni, Roma, 27 settembre 1962, Archivio storico della Banca d’Italia (Asbi), Direttorio Carli (Dc), cart. 62, fasc. 1, sfasc. 10. Al fine di consolidare il sistema, l’Italia era pronta a fare la sua parte. Come spiegò il governatore ai colleghi del Fmi durante la riunione annuale del 1960, l’Italia era un paese che, potendo vantare dei «progressi in direzione della soluzione di alcuni problemi strutturali», era in grado di agire «con piena coscienza dei doveri verso la comunità internazionale derivanti dalla sua nuova posizione» (Discorso di Carli alla Assemblea annuale del Fmi, Washington, 28 settembre 1960, in G. Carli, Scritti e Conferenze (1959-1963), vol. I, Roma, Banca d’Italia, 1969, p. 42). Per una ricostruzione più dettagliata della politica monetaria internazionale dell’Italia in questo periodo, vedi D. Caviglia, La diplomazia della lira. L’Italia e la crisi del sistema di Bretton Woods (1958-1973), Milano, FrancoAngeli, 2013. 22. Basti a tale riguardo richiamare le note riflessioni di Robert Triffin anticipate in due articoli apparsi nel 1959: The Return to Convertibility: 1926–1931 and 1958–? or, Convertibility and the Morning After, «Quarterly Review», marzo 1959, pp. 3-57, e Tomorrow’s Convertibility: Aims and Means of International Monetary Policy, «Quarterly Review», giugno 1959, pp. 131-200. Le tesi furono poi ulteriormente sviluppate nel volume Gold and the Dollar Crisis: The Future of Convertibility, New Haven (Conn.), Yale University Press, 1960. Sulla figura e sull’opera di Triffin si veda fra gli altri: M. Dumoulin, C. Ferrant, O. Lefebvre e J. Sloover (a cura di), Robert Triffin, conseiller des princes. Souvenirs et documents, Bruxelles, Peter Lang, 2010. 23. Il Gruppo dei Dieci non era altro che l’emanazione diretta del General Agreement to Borrow al quale partecipavano Belgio, Francia, Italia, Repubblica Federale Tedesca, Olanda, Svezia, Canada, Giappone, Gran Bretagna e Stati Uniti. R 183 Daniele Caviglia di aggiustamento dei futuri squilibri, di non alterare il finanziamento dei deficit passati, di aggiungere riserve allo stock mondiale, di non rimpiazzare i dollari al momento in uso» 24. In quest’ottica la posizione della Francia, volta a scalzare il ruolo dominante del dollaro e a promuovere una disci- plina simmetrica sul deficit, divenne il contraltare su cui si snodò l’intero negoziato sui diritti speciali di prelievo. Dal canto suo l’Italia dovette con- temperare la solidarietà intracomunitaria con la preservazione dei legami con gli Stati Uniti, trovando la soluzione al difficile dilemma nell’esercizio di una costante opera di mediazione. Già nel corso della riunione di Parigi del Gruppo dei Dieci (15-16 giugno 1964) si erano manifestate le prime avvisaglie di uno scontro che avrebbe presto costretto gli altri paesi europei a un difficile equilibrismo. In quella occasione era stata la richiesta del rappresentante britannico Reginald Maudling di chiarire i termini del concetto di «sorveglianza multilate- rale», scaturito dall’intensificazione della cooperazione monetaria interna- zionale, a provocare un primo accenno di confronto. Venendo incontro ai timori del ministro inglese, il sottosegretario statunitense al Tesoro, Robert Roosa, spiegò che i «delegati non avevano ritenuto possibile o saggio arrivare a delle formulazioni precise» dal momento che tutti ritenevano che fosse «meglio far evolvere il processo nel tempo». Dato che lo scopo principale della collaborazione consisteva nel rapido ed efficace intervento diretto a fronteggiare una situazione di emergenza, secondo Roosa non esisteva alcun obbligo di consultazione preventiva per l’uso delle facilita- zioni in vigore ma solo l’impegno a comunicare agli altri paesi il volume totale dell’operazione. Mentre Witteveen per l’Olanda e Colombo per l’Italia «avevano sostenuto» l’impostazione statunitense, Giscard d’Estaing si era soffermato sul fatto che la formula adottata sulla sorveglianza multi- laterale era «molto meno strutturata e molto meno concreta di quanto la Francia aveva originariamente proposto e desiderato». Per il ministro delle Finanze transalpino il processo avrebbe dovuto operare «sulle stesse linee della formulazione della politica dei redditi sul piano nazionale: guardare alle conseguenze delle azioni e delle decisioni individuali sull’insieme e cercare di raggiungere un consenso sulle linee generali da seguire» 25. Nelle osservazioni di Giscard si palesava la preoccupazione del governo francese di evitare che ai crediti forniti ai paesi in deficit attraverso i vari accordi

24. Letter from the Chairman of the Task Force on Foreign Economic Policy (Kaysen) to President Johnson, Washington, 25 novembre 1964, Foreign Relations of the United States (FRUS), 1964-1968, vol. VIII, Inter­ national Monetary and Trade Policy, doc. 18. 25. Telegram from the Embassy in France to the Department of State, Parigi, 16 giugno 1964, FRUS, 1964- 1968, vol. VIII, International Monetary and Trade Policy, doc. 9. R 184 Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia di natura bilaterale e multilaterale non corrispondesse alcun tipo di con- trollo da parte dei prestatori, con conseguenze negative sia sulla disciplina budgetaria dei riceventi che sulle varie economie nazionali. Era questa la logica di fondo che aveva animato la controproposta francese, nota come Collective o Composite riserve unit (Cru), avanzata senza successo proprio in quel periodo. Preso atto dell’impossibilità di ottenere il consenso degli altri paesi su un progetto che mirava a creare un nuovo mezzo di riserva al di fuori del Fondo monetario internazionale e a ridurre il ruolo del dollaro, de Gaulle invitò il governo a «evitare di impegnarsi in discussioni relative alla definizione di nuovi sistemi di credito visto che si tratt[ava] di un esercizio teorico senza seria possibilità di riuscita» 26. Per il Generale, infatti, qualsiasi ipotesi di riforma del sistema monetario internazionale restava subordinata al miglioramento del deficit statunitense, tanto più che i progetti in discussione fra i Dieci apparivano «lontani» dalla conce- zione francese in favore del ritorno all’oro e rischiavano, «per la combina- zione dell’uso del dollaro e delle nuove unità di riserva, di condurre a una pericolosa inflazione mondiale» 27. Solo il rischio di un isolamento in ambito comunitario e di un conco- mitante peggioramento dei rapporti con gli Stati Uniti indussero la Francia a non abbandonare le trattative. Su queste basi, in occasione dell’incontro del 25 e 26 gennaio 1967 tra i rappresentanti del Gruppo dei Dieci e i direttori esecutivi del Fmi, il governo transalpino apparve più disposto a prendere in considerazione l’ipotesi dei diritti speciali di prelievo 28. D’altra parte, nel successivo vertice dei ministri delle Finanze dei Sei il governo francese ebbe modo di constatare ancora una volta l’isolamento crescente che posizioni sostenute da Parigi producevano in ambito comunitario. L’Italia, in particolare, si era opposta alle proposte avanzate dal ministro dell’Economia e delle Finanze, Michel Debré, «non ritene[ndo] soddi- sfacente un sistema che fac[esse] prevalente affidamento sull’afflusso di

26. Nota di J. Chabrun e J. Dromer per de Gaulle, Parigi, 31 gennaio 1966, Archives de la Présidence de la République – Charles de Gaulle (Apr-Cdg), Conseils restreints des Affaires économiques, 5 AG 1/28, d. «Conseil restreint du 25 février 1966. Problèmes monétaires internationaux», sd. «État des négociations». 27. Consiglio ristretto, Apr-Cdg, Conseils restreints des Affaires économiques, 5 AG 1/28, d. «Conseil restreint du 25 février 1966. Problèmes monétaires internationaux», Relevé de décisions. 28. La riunione, tenutasi all’Aja (30 marzo-1 aprile 1967) registrò un certo consenso intorno alla formula dei diritti speciali di prelievo, ai quali vennero attribuite una serie di caratteristiche proprie delle unità di riserva (apertura di un conto separato e quindi di un finanziamento con tecniche che li avrebbero distinti dalle risorse generali del Fmi, trasferimento diretto secondo regole specifiche piuttosto che attraverso uno scambio di valute per mezzo del Fondo). Da notare che il ministro degli Esteri, Maurice Couve de Murville, aveva definito i diritti speciali di prelievo «intellettualmente seducenti» ma anche «poco realisti» (M. Couve de Murville, Une politique étrangère 1958-1969, Parigi, Plon, 1971, p. 150). R 185 Daniele Caviglia oro alle riserve monetarie perché ciò [avrebbe] presuppo[sto] un aumento del prezzo dell’oro» 29. Secondo quanto sostenuto dal ministro del Tesoro, Emilio Colombo, per produrre effetti rilevanti il rialzo del prezzo dell’oro avrebbe dovuto essere «di dimensioni notevoli», con il rischio di gene- rare «un aumento esagerato del volume delle liquidità incondizionate in rapporto ai bisogni attuali»; oppure, l’operazione avrebbe dovuto essere ripetuta a intervalli ravvicinati nel tempo, correndo in questo caso il peri- colo «di scuotere la fiducia dei detentori di mezzi di riserva diversi dall’oro e quindi di incoraggiare la conversione di questi mezzi in oro con il risul- tato ultimo di diminuire anziché aumentare il livello delle liquidità inter- nazionali». Di fronte a questa chiusura, condivisa dagli altri paesi Cee, era emersa «la possibilità della modifica dell’atteggiamento francese» alla quale era seguito l’esame da parte dei Sei di un aumento delle quote di partecipazione dei paesi comunitari al Fmi «per accrescere la presenza europea in quella istituzione» 30. Una volta svanita ogni realistica prospet- tiva di imporre la propria linea e di fronte al pericolo di vedere crescere l’isolamento rispetto ai partner comunitari, la Francia si era quindi accon- tentata di assecondare l’accoglimento di tutti quei suggerimenti che mira- vano al riconoscimento del potenziale economico dei Sei originato dai successi della ricostruzione postbellica e dai progressi del mercato comu- nitario. L’ammorbidimento della linea gollista — favorito dall’impegno dell’Italia e della Repubblica Federale Tedesca 31 — permise di riassorbire il dissenso di Parigi e di cementare il fronte dei Sei in una prospettiva di confronto negoziale con gli anglo-americani. Su queste basi, i mini- stri delle Finanze poterono procedere all’approvazione del rapporto del Comitato monetario della Cee in cui era prevista la creazione di diritti di prelievo automatici, separati da quelli già esistenti nel Fmi, utilizzabili

29. La bocciatura delle proposte francesi era motivata principalmente dall’iniqua ripartizione dei profitti implicita nel recupero del vecchio sistema aureo: «Sul piano concettuale, un ritorno puro e semplice al Gold Standard sarebbe non soltanto anacronistico, ma anche dannoso per vari motivi. In primo luogo, come l’espe- rienza insegna, tale sistema è del tutto rigido e le sue conseguenze sono risentite soprattutto nei paesi meno sviluppati e debitori. In secondo luogo, la produzione mondiale dell’oro su cui dovrebbe essere esclusivamente basato un sistema di Gold Standard non sarebbe sufficiente per tenere il passo con l’espansione e le esigenze del commercio internazionale. In terzo luogo, un aumento del prezzo dell’oro arreca profitti differenziati secondo il capriccio delle riserve di tale metallo disponibili nei vari paesi: tra i favoriti vi sarebbe l’URSS, non certo l’Italia» (Appunti, «Il problema dell’oro e del dollaro», Acs, cm, b. 35, fasc. 20, sfasc. 2 «Visita dell’On. Presidente del Consiglio e dell’On. Ministro degli Affari esteri a Washington (20-21 aprile 1965))». 30. Colloquio Moro-Humphrey, Palazzo Chigi, 31 marzo 1967, Acs, cm, b. 44, fasc. 238 «Colloqui 1967». 31. L’importanza della mediazione italiana era stata riconosciuta anche dal direttore generale del Fmi, Pierre- Paul Schweitzer, il quale aveva affermato che «esiste[va] la possibilità di trascinare i francesi dietro pressione dei tedeschi e degli italiani. I francesi resisteranno e sarà come trascinare un mulo, ma de Gaulle sarà aperto a una limitata pressione» (Memorandum of Conversation, Washington, 26 maggio 1967, Frus, 1964-1968, vol. VIII, International Monetary and Trade Policy, doc. 125). R 186 Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia secondo regole prestabilite e direttamente trasferibili tra le autorità mone- tarie dei paesi partecipanti. In aggiunta, i Sei si accordarono affinché gli emendamenti relativi ai diritti di prelievo procedessero parallelamente a una più profonda revisione delle regole del Fondo che includesse la restri- zione delle condizioni di accesso ai diritti di prelievo nelle credit tranches e la semplificazione della definizione delle parità e delle unità di conto del Fmi. Soprattutto, i paesi comunitari ufficializzarono la presa di posizione in favore di una maggioranza qualificata — pari all’85% dei voti rafforzata dalla partecipazione di almeno la metà dei maggiori paesi creditori — da applicare alle decisioni riguardanti la creazione di riserve addizionali e i mutamenti nelle quote del Fmi detenute dai singoli membri. La consa- pevolezza che tali rivendicazioni «non erano tanto [il frutto] dell’intransi- genza francese quanto del desiderio della Comunità europea nell’insieme di avere una voce più forte» e «di ottenere un ruolo più dominante» 32 nell’ambito delle operazioni ordinarie di un Fmi riformato, indussero Washington a lasciare cadere le ultime resistenze anche sugli aspetti non ancora pienamente chiariti dei meccanismi decisionali e della revisione dello statuto del Fondo. Il Gruppo dei Dieci, riunitosi a Londra alla fine di agosto, poteva così concordare uno schema, denominato «Outline of a Contingency Plan», che, dopo essere stato trasmesso e fatto proprio dal Comitato dei governa- tori del Fmi, veniva allegato alla risoluzione approvata al vertice annuale di Rio de Janeiro del 29 settembre 1967. Dopo più di tre anni di tortuosi negoziati il progetto, qualificato come «Outline of a Facility Based on Special Drawing Rights in the Fund», definì finalmente i contorni dei nuovi mezzi di riserva chiamati a tappare le falle del sistema di Bretton Woods. Il ricompattamento del fronte occidentale attorno ad uno schema condiviso non poteva però cancellare l’impressione che le differenti impo- stazioni con cui la Francia e i suoi principali alleati guardavano al futuro delle relazioni monetarie internazionali avrebbero finito per minare la solidità del sistema.

32. Current Economic Developments, Washington, 2 agosto 1967, cit. In effetti, se i rappresentanti francesi non mancavano occasione per manifestare la «grande importanza» che per loro rivestiva il parallelismo tra approva- zione dei Dsp e riforma dello statuto del Fmi (cfr. Verbale della 20a seduta del Comitato dei Governatori delle Banche Centrali degli Stati membri della Comunità Economica Europea, Basilea, 11 settembre 1967, ) anche gli altri cinque paesi della Comunità finirono per convergere su questa posizione. R 187 Daniele Caviglia

Conclusioni

A partire dalla metà degli anni 1960 i temi monetari avevano rappresentato un fattore di contrasto tra Parigi e Roma, anche se nel periodo a ridosso della crisi finale del sistema si registrò un certo riavvicinamento. Lungi però dall’essere il frutto di una visione comune, il cambiamento apparve piuttosto derivare da una serie di considerazioni negative. La sensazione di un progressivo allontanamento fra le due sponde dell’Atlantico 33, la maturazione di una posizione italiana più critica nei confronti del deficit statunitense 34, la comune diffidenza verso il Piano Werner che avviava la strutturazione di una identità monetaria europea 35 e la delusione per la scarsa solidarietà tra i partner comunitari, costituirono elementi in gran parte condivisi dai due paesi in un momento di difficile transizione verso la ridefinizione di un nuovo sistema monetario internazionale. Anche l’evo- luzione del quadro interno dei due paesi concorse a diminuire le distanze. Da una parte, la crisi del franco sul finire del ’68 e l’uscita di scena di de Gaulle ridussero fortemente la carica polemica dell’impostazione di Parigi; dall’altra parte, la crescente instabilità politica e sociale trasforma- rono l’Italia in un attore di secondo piano preoccupato di restare aggan- ciato al treno dell’Europa e non più in grado di proporre soluzioni efficaci ai problemi delle relazioni monetarie internazionali. Erano dunque più le dinamiche interne e la crescita dell’insofferenza nei riguardi di Washington e dell’Unione economica e monetaria a riavvicinare Roma e Parigi piut- tosto che la condivisione dei principi di una riforma dell’ordine mone- tario internazionale che appariva sempre più lontana all’orizzonte in un panorama segnato dall’impronta dell’unilateralismo.

33. Si vedano a tale riguardo le Considerazioni finali svolte da Carli nel 1969; cfr. CF, 1969, p. 344. 34. Per una valutazione critica della politica statunitense di quel periodo si veda il seguente giudizio di Gavin: «Fra il 1958 e il 1971, il principale obiettivo della politica economica estera degli Stati Uniti fu quello di trovare una strada per controllare il deficit della bilancia dei pagamenti americana e frenare la perdita di oro dal Tesoro statunitense. Molte delle politiche che furono messe in atto o prese in considerazione […] erano in conflitto con gli scopi più ampi della politica estera, della strategia e della politica economica nazionale degli Usa. Questa contrapposizione generava enormi tensioni sia all’interno del governo americano che con gli alleati occidentali» (F. J. Gavin, Gold, Dollars & Power. The Politics of International Monetary Relations, 1958–1971, Chapel Hill e Londra, The University of North Carolina Press, 2004, p. 7). 35. Sulle perplessità della Banca d’Italia nei riguardi del piano Werner si vedano A. Verde, Carli e l’economia internazionale dei primi anni Settanta, «Nuova Storia Contemporanea», a. IX, no 2, marzo-aprile 2005, pp. 71-72; L. Segreto, L’Italie et le plan Werner, in Comité pour l’histoire économique et financière de la France (a cura di), Le rôle des ministères des Finances et de l’Économie dans la construction européenne (1957-1978), t. I e II, Paris, Ministère des Finances, 2002, pp. 27-51. R 188 La grande fabbrica fordista. Culture politiche e scienze sociali alla prova del neocapitalismo

Bruno Settis Centre d’histoire de Sciences Po et Scuola Normale di Pisa

Le fabbriche, per un profano, sono un po’ come foreste, fitte di tronchi di ferro dei torni e delle presse, attraversate in alto dai rami delle gru, irte di un sottobosco di trucioli meccanici. A camminare in mezzo a questa vegetazione meccanica, capita in certi punti di perdere di vista l’uomo: certo ce n’è qualcuno nascosto qua o laggiù, ma a chi passa, di scorcio, si profila una foresta di sole macchine che si muovono su se stesse senza posa. Questo profano che esplorava la Fiat Spa nel gennaio 1951 era Italo Calvino, giornalista dell’«Unità» piemontese, attento e partecipe osser- vatore della vita e dei conflitti nella più grande industria d’Italia 1. Ad Alain Touraine l’ambiente della grande fabbrica appariva invece come un «raccourci de l’évolution historique» 2: un complesso di officine con la sua geografia economica interna, in cui il lavoro di catena e lo sviluppo dell’automazione convivevano con aree o singoli procedimenti caratte- rizzati dall’abilità manuale e dalla cultura professionale. Nelle officine di Torino, come in quelle di Billancourt, in certi settori si trovavano ancora lavoratori altamente specializzati, mentre in altri comparivano bracci mec- canici e convogliatori aerei, a Mirafiori cominciava a svilupparsi una rete di processi automatizzati, alla Renault si cominciava ad applicare lo Statistical Process Control System. Per Serge Mallet, la Francia intera era «un musée de l’industrie», dove si potevano trovare fabbriche ad avanzata automa- zione e manifatture rimaste ferme all’inizio del secolo. Dirà Calvino nel

1. I. Calvino, Sezione Fiat che vai, sfruttamento che trovi. Tutti i trucchi diventano buoni per ‘tagliare i tempi’ alla SPA, «l’Unità» piemontese, 26 gennaio 1951. 2. A. Touraine, L’Évolution du travail ouvrier aux usines Renault, Parigi, CNRS, 1955, p. 139. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 189-202. 189 Bruno Settis

1960 che in Italia «abbiamo insieme a portata di mano Detroit e Calcutta, tutto ormai è mescolato assieme, Nord e Sud, tecnica avanzata e aree de- presse, e le ideologie più diverse convivono, si contaminano, s’abbarbi- cano le une alle altre» 3. Le trasformazioni politiche, sociali ed economiche che investirono l’Europa occidentale nel secondo dopoguerra costituiscono un materiale che il mestiere di storico trova ancora difficoltà a maneggiare. Si tratta di entrare nel vivo delle sorti magnifiche e progressive di un’espansione economica passata alla memoria collettiva come ‘miracolosa’, ma lace- rata dal riprodursi e rimodularsi delle diseguaglianze, dalle divisioni della guerra fredda, da conflitti sociali profondi, da progetti politici e cultu- rali divergenti. Per avvicinarsi allo studio della storia del ‘miracolo econo- mico europeo’ è necessario usare le lenti bifocali: sapendo guardare, cioè, in basso alle concrete vicende sui luoghi di lavoro, riconoscendone tanto le specificità quanto le caratteristiche comuni (e dunque trovare le possibilità di comparazione) e, in alto, alle politiche economiche, alle proposte poli- tiche del movimento operaio e dei partiti delle sinistre e, infine, ai dibattiti e alle interpretazioni generali che emergevano dalle scienze sociali 4. È bene precisare subito che utilizzo qui il termine ‘fordismo’ nel senso ‘micro’ di un sistema organizzativo della produzione e delle relazioni indu- striali in fabbrica e non nel senso ‘macro’ di un regime di accumulazione o di un contratto sociale, che avrebbe caratterizzato il progresso economico e sociale dei ‘Trenta Gloriosi’ attorno alla spirale virtuosa di produzione di massa e consumo di massa. Questo secondo concetto è una costruzione sociologica di origine italo-francese: qua ne vediamo la genealogia 5. In Italia la Fiat, in Francia la Renault, la Citroën e la Peugeot avevano assunto il fordismo come orizzonte già durante o subito dopo la prima guerra mondiale: arrivarono dunque già da protagoniste all’appuntamento del decollo economico degli anni 1950, grazie ad una struttura produttiva

3. I. Calvino, Dialogo di due scrittori in crisi, da una conferenza letta nel marzo e aprile 1961 in varie città della Svizzera, Svezia, Norvegia, Danimarca, ora in Una pietra sopra, Mondadori, Milano 2005 (1980), p. 81. 4. Traggo la bella immagine delle lenti bifocali — ovviamente applicata a un diverso oggetto — da G. Melis, Storia dell’amministrazione italiana (1861-1993), Bologna, Il Mulino, 1996, p. 7. 5. Di proiezione del fordismo oltre i confini della fabbrica si parlava ovviamente, come accennerò più avanti, già dagli anni 1920; ma l’uso delle analisi di Gramsci all’interno del dibattito sulla ‘fine del fordismo’ e sul delinearsi del ‘postfordismo’ è stato spesso meccanico, e richiederebbe invece una riflessione storica più approfondita e articolata su più livelli, di cui questo scritto vorrebbe essere un tassello. Per una critica netta alla fortunata formula di J. Fourastié, cfr. C. Pessis, S. Topçu e C. Bonneuil (a cura di), Une autre histoire des « Trente Glorieuses » : modernisation, contestations et pollutions dans la France d’après-guerre, Parigi, La Découverte, 2013, concentrata sul fronte dell’impatto ecologico della crescita economica, in particolare il saggio di R. Bécot, Les germes de la préoccupation environnementale dans le mouvement syndical : sur les rapports entre syndicalisme et productivisme, pp. 231-248. R 190 La grande fabbrica fordista organizzata attorno alla catena di montaggio secondo il principio dell’inte- grazione verticale. Se c’è una frase che racchiude il cuore dell’intrecciarsi di battaglia politica e battaglia economica è quella, ben più di un gioco di parole, con la quale, nell’aprile 1948, Paul G. Hoffman assumeva il timone del Piano Marshall: «The real battle today is between the American assembly line and the Communist Party line» 6. In Italia come in Francia, a Torino come a Billancourt, questa lotta durò decenni: in questo convegno abbiamo discusso il periodo conclusosi con l’ondata di occupazioni delle fabbriche del 1968-1969, ma si tratta di farlo evitando teleologie — che sarebbero di fatto delle scorciatoie. Quello di Hoffman era, com’è ovvio, un grido di battaglia, che voleva schernire i comunisti come nemici della prosperità e della modernizzazione, come avvoltoi che pascolavano sulla miseria della guerra. Al contrario, negli anni della ricostruzione le sinistre europee for- giarono uno spirito di energico produttivismo, spesso addirittura di lealtà all’azienda, come ha mostrato Charles Maier affiancando comunisti ita- liani e francesi. Con diverse oscillazioni tra collaborazione e antagonismo, in buona sostanza, i comunisti e le sinistre furono tutt’altro che ostili alle politics of productivity di stampo fordista, cui volevano semmai dare una torsione democratica: in basso con la contrattazione dei salari e dei diritti e con esperimenti di partecipazione degli operai alle scelte dell’azienda; in alto, e forse più spesso, con la ricerca di una gestione condivisa delle politiche economiche a livello di governo nazionale e locale 7. Se alla Fiat si verificò un più tradizionale e frontale scontro tra sini- stre operaie e grande proprietà capitalistica, la Renault presentava carat- teristiche diverse. Il controllo della Renault era stato assunto dal governo provvisorio del generale de Gaulle, dapprima come misura d’emergenza, per poi decretarne la nazionalizzazione il 1o gennaio 1945. Nominato diret- tore generale Pierre Lefaucheux, cambiato il nome in Régie nationale des usines Renault, prendeva forma un inedito ‘fordismo di Stato’ e questa colossale impresa pubblica, nazionalizzata e concorrenziale, assurgeva a pietra angolare dell’economia mista francese. Un’‘industria pilota’ anche nel campo delle relazioni industriali, sia quando gli scioperi del 1947 ave- vano provocato la rottura del sindacato e la nascita di Force ouvrière con l’obiettivo, comune alla Cisl, di seguire il modello delle labor relations

6. Citato in D. E. Nye, America’s Assembly Line, Cambridge, MIT Press, 2013, p. 127. 7. Cfr. C. Maier, Between Taylorism and Technocracy. European Ideologies and the Vision of Industrial Pro- ductivity in the 1920s, «Journal of Contemporary History», vol. 5, no 2, aprile 1970, ora in Id., In Search of Stability. Explorations in Historical Political Economy, Cambridge University Press, 1987. R 191 Bruno Settis di marca americana 8; sia nell’autunno 1955 quando, a seguito di un este- nuante braccio di ferro, la direzione della Renault rompeva con la prassi degli accordi separati e coinvolgeva la Cgt di Benoît Frachon nei contratti che ponevano le coordinate dei rapporti con i lavoratori dei vent’anni successivi 9. In tale funzione di pilota appariva come la punta avanzata di quella che i critici chiamavano l’‘integrazione della classe operaia’ nel sistema, uno dei temi caratterizzanti della letteratura sul neocapitalismo, ovvero lo smussamento della conflittualità della classe operaia, la crescente convergenza d’interesse del lavoro e del capitale nella crescita del benessere. Negli anni 1950 la grande fabbrica appariva come un vero bastione di efficienza e razionalità, un avamposto del capitalismo avanzato: il luogo dove il management, privato o pubblico, poteva anticipare i tempi dell’adat- tamento delle istituzioni alle trasformazioni tecniche ed economiche. Il centro irradiatore, insomma, della tendenza del capitale a includere tutta la società sotto la sua organizzazione, sottomettendo sia le irrazionalità del mercato che le passioni e le ragioni dei conflitti. L’elemento nuovo era, nella sintesi di Lelio Basso, la capacità «di controllare in una certa misura le contraddizioni interne, e di prevederne e in parte prevenirne le con- seguenze, attenuando quindi le tensioni sociali che ne potrebbero deri- vare» 10. Ma proprio questo era il nodo teorico dello scontro. Il movimento operaio, socialista ma anche cattolico, si divideva sulla questione se le contraddizioni del capitalismo venissero effettivamente ‘superate’ grazie al progresso tecnico ed al benessere, nel qual caso anche le sinistre avrebbero dovuto prendere parte alla gestione di questo superamento, incoraggiarlo, dirigere il capitalismo insieme ai capitalisti — o meglio di essi; oppure, come riteneva Basso, le contraddizioni erano solo ‘controllate’, nascoste sotto il tappeto, e in tal caso compito delle sinistre marxiste sarebbe stato farle riemergere e continuare a far leva su di esse. È un concetto che possiamo chiamare, riprendendo il linguaggio dell’epoca, ‘neocapitalistico’, o meglio ‘tecnocratico’, sia presso i suoi sostenitori che presso i suoi critici (non solo di sinistra) ricordando che i due campi, per quanto avversi, non erano affatto privi di dialogo né di somiglianze o addirittura convergenze. Non è difficile individuarne la

8. F. Romero, Gli Stati Uniti e il sindacalismo europeo 1944-1951, Roma, Edizioni Lavoro, 1989; M. Antonioli, M. Bergamaschi e F. Romero (a cura di), Le scissioni sindacali. Italia e Europa, Pisa, Biblioteca Franco Serantini, 1999. 9. P. Fallachon, Les grèves de la Régie Renault en 1947, «Le Mouvement Social», no 81, ottobre-dicembre 1972, pp. 111-142; C. Sardais, La naissance d’une institution : Pierre Lefaucheux et la Régie Renault, «Revue française de gestion», vol. 6, no 159, 2005. 10. L. Basso, Neocapitalismo e ‘socialisti moderni’, «Problemi del Socialismo», no 9, 1966, ora in Neocapitalismo e sinistra europea, Bari, Laterza, 1969, pp. 255-284. R 192 La grande fabbrica fordista genealogia: nei dibattiti dei primi anni 1930 dove, per dirla in una formula frettolosa, si denunciava che la crisi del 1929 aveva segnato la fine del capitalismo liberale ed era necessario rimodellarlo sulle suggestioni del fordismo americano o del Piano sovietico. Già allora si parlava in Francia di ‘néocapitalisme’ e di superamento del conflitto tra capitale e lavoro 11. Negli anni 1950 il problema nodale sembrava invece che gli stessi successi del capitalismo lo avessero reso ingovernabile dalla politica: in Italia il logoramento del centrismo stentava a lasciar spazio a una nuova formula politica, in Francia pianificazione e riformismo finivano per arenarsi nelle deludenti esperienze dei governi Mendès France e Mollet e nei prover- biali pantani della Quarta Repubblica. La cultura riformista e socialista francese era stata più rapidamente ricettiva della letteratura tecnocratica e sociologica statunitense e aveva aperto il dibattito sulle trasformazioni del capitalismo prima che in Italia (dove esso cominciò ad arrivare tramite canali quali la rivista olivettiana «Comunità» e le edizioni omonime): è notevole che uno dei primi e più significativi testi, un manifesto delle poli- tiche economiche riformiste e della piena occupazione, fosse stato scritto, come recitava la copertina, proprio «par Pierre Mendès France, Président du Conseil, et Gabriel Ardant, Commissaire général à la productivité» 12. Questa ampiezza di dibattito non portò però all’uscita da quei pantani ma al contrario fu essa stessa, come sottolineava Bruno Trentin nella sua celebre analisi delle culture del neocapitalismo, un elemento della «crisi aperta e riconosciuta dell’ideologia riformista» 13. A queste tensioni si rispose in un caso con un’apertura politica — il travagliato esperimento del centrosinistra — e nell’altro, dove i socialisti avevano già avuto modo di entrare nella ‘stanza dei bottoni’ e non dar buona prova di sé, con una stretta autoritaria — la ‘rivoluzione dall’alto’ di de Gaulle. Proprio quest’ultima, con la sua capacità di tenere insieme proposte tecnocratiche (spesso in continuità con i governi socialisti e radi- cali) e persino, nella sua ala sinistra, opzioni di cogestione in tinta labu- rista 14, si sarebbe imposta sullo scenario europeo come un campione di una destra non più (o non tanto) conservatrice, ma energicamente ‘svi- luppista’, dirigista, capace di mettere — meglio della Dc — l’ideologia

11. R. F. Kuisel, Capitalism and the State in Modern France. Renovation and Economic Management in the Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1981, e A. Salsano, Ingegneri e politici. Dalla razionalizzazione alla rivoluzione manageriale, Torino, Einaudi, 1997. 12. P. Mendès France e G. Ardant, La science économique et l’action, Liegi, Unesco-Julliard, 1954. 13. B. Trentin, Le dottrine neocapitalistiche e l’ideologia delle forze dominanti nella politica economica ita- liana, ora in Id., Da sfruttati a produttori. Lotte operaie e sviluppo capitalistico dal miracolo economico alla crisi, Bari, De Donato, 1977. 14. L’Union démocratique du Travail di Louis Vallon e René Capitant (1959-1967). R 193 Bruno Settis del cattolicesimo sociale al servizio dell’armonizzazione dei conflitti. E soprattutto capace di tenere — meglio dei socialisti — il polso di un capi- talismo dinamico. L’accoppiamento di autoritarismo e integrazione appariva a molti osser- vatori, in Francia e fuori, l’essenza sociale del gollismo. Nel 1964 Saverio Tutino, giornalista dell’«Unità», scriveva per esempio che alla Renault, con i premi e gli aumenti calcolati in base alla produttività, […] questo processo di ‘integrazione’ si andava precisando come un sottile strumento di corruzione, un metodo di assoggettamento del sindacato all’interno di ogni sin- gola industria che alla lunga avrebbe potuto portare lontano nella liquidazione di ogni autonomia sindacale, lungo il cammino neocapitalistico 15. Non mancava però chi riteneva che il sindacato, anzi lo stesso Partito comunista fossero ormai fattori dell’integrazione, condannati ad un ruolo strumentale e complementare nella fabbrica fordista e nella società del benessere neocapitalista. È questa la visione che emerge dal Diario di un operaio, che copriva il triennio 1956-1959, di Daniel Mothé, attrezzista alla Renault e militante di Socialisme ou Barbarie. Il diario si apriva pochi mesi dopo gli accordi del 1955 e conteneva una vivida descrizione della vita in fabbrica: ma la rabbia era rivolta, più ancora che verso la direzione o i cronometristi, verso la disonestà dei comunisti, il loro appoggio all’occu- pazione di Budapest e alla guerra in Algeria, il razzismo verso gli operai algerini, l’abulia degli operai di fronte all’oppressione in fabbrica e, infine, al ‘golpe’ di de Gaulle. Nel 1960 Raniero Panzieri lo fece pubblicare da Einaudi, tradotto da Danilo Montaldi: fu momento non secondario del suo crescente dissidio con i colleghi della casa editrice, che di lì a poco avrebbero votato per la sua espulsione. Nel nuovo regime la borghesia ha modernizzato le proprie istituzioni. Ha reso visibile e rafforzato il proprio potere. La classe operaia, invece, continua a conservare le sue vecchie istituzioni burocratizzate e sclerotiche, sulle quali ha sempre meno potere. E, inversamente, queste vecchie istituzioni si integrano e sono necessarie al regime proprio perché sono inefficaci per i lavoratori 16. Una complementarità che sfociava, insomma, nella complicità: e in questa accusa Mothé (e con lui Panzieri) coinvolgeva Cgt e Cgil, Pcf e

15. S. Tutino, Gollismo e lotta operaia, Torino, Einaudi, 1964. Per una un’interpretazione di de Gaulle come modernizzatore autoritario anche L. Magri, Ipotesi sulla dinamica del gollismo, «Nuovi Argomenti», no 35-36, novembre 1958-febbraio 1959; sulla figura di Magri e i suoi rapporti con la sinistra europea e soprattutto fran- cese, vedi il bel profilo commemorativo di P. Anderson, Lucio Magri, 1932-2011, «New Left Review», no 72, novembre-dicembre 2011. 16. D. Mothé, Diario di un operaio, 1956-1959, Torino, Einaudi, 1960, trad. di D. Montaldi (ed. originale Journal d’un ouvrier, Parigi, Éditions de Minuit, 1959), p. 145. R 194 La grande fabbrica fordista

Pci; lo stesso dirà Serge Mallet nel 1963. Una battuta lo esprime meglio di qualunque analisi: quando Mothé scrive sul diario, in una nota del maggio 1957, che i bisticci tra i sindacati gli ricordano quelli… tra Don Camillo e Peppone 17. L’integrazione, certo, fu un mito di quegli anni, destinato a infinite smentite già prima del 1968; ma era un modo di descrivere tendenze ogget- tive che stavano alla base della crisi delle sinistre. Nel 1966 Lelio Basso criticò durissimamente quella parte delle sinistre europee, come i socialisti riformisti francesi e i laburisti di Wilson, che […] mutua[va] dal pensiero borghese l’idea che nella società capitalistica le forze di integrazione (essenzialmente democrazia politica e benessere economico) siano nettamente superiori alle forze di rottura (contraddizioni dello sviluppo, contrasti di classe) e alla sociologia marxista del conflitto tende[va] a sostituire una sociologia del consenso di ispirazione americana 18. Le novità del neocapitalismo ponevano ai marxisti nuove domande ma essi, insisteva Basso, non potevano rinunciare alla «contraddizione fonda- mentale» individuata da Marx: ovvero non semplicemente l’opposizione tra capitale e lavoro, bensì la dialettica tra il carattere sempre più sociale della produzione e quello privato dell’appropriazione del prodotto e del profitto. Vediamone un esempio concreto. Per il Pci e per la Cgil di Di Vittorio il 1955 era stato l’anno, sotto lo sprone della sconfitta alle elezioni interne alla Fiat, del ‘ritorno alla fabbrica’. Nello sforzo di far passare nella Cgil la svolta operaista del 1955 era impegnato in prima linea Vittorio Foa, allora deputato socialista e segretario della Fiom. Per la sua eccezionale capacità di far mettere alla politica radici nell’unione di sensibilità teorica ed espe- rienza della quotidianità operaia, Foa fu uno dei protagonisti di questa stagione, e le sue lucide riflessioni sono tra le più preziose per lo storico di oggi. In una conferenza del novembre 1955 Foa citava due ‘autorità’: Il Capitale di Marx e «un compagno dell’Alfa Romeo». Un compagno dell’Alfa Romeo, qualche giorno fa, mi diceva una frase che credo sia presente in voi che vivete la fabbrica in tutta la sua drammaticità: «Un’ora di lavoro di ieri, di un anno fa, di due anni fa, non è più un’ora di lavoro di oggi». È vero, un’ora di lavoro è sempre un giro della lancetta dell’orologio, ma in realtà il contenuto di quell’ora di lavoro, cioè la quantità di lavoro che noi diamo in quell’ora, non è più oggi quello di ieri. Oggi, con la realizzazione tecnica più avanzata, con la disciplina delle macchine e con quella della discriminazione, quell’ora di lavoro diventa assai

17. Ivi, p. 97. 18. L. Basso, Neocapitalismo e ‘socialisti moderni’, cit., p. 260. R 195 Bruno Settis

più carica di contenuto lavorativo di un’ora di ieri. E noi dobbiamo discutere di quello che diamo al padrone, non ci basta discutere coi contratti nazionali o anche coi contratti aziendali quello che prendiamo in salario… 19 Il divario tra la crescita galoppante della produttività e del ritmo del lavoro e quella, a singhiozzi, dei salari era la base oggettiva 20 di quella che Di Vittorio chiamava la «lotta contro il supersfruttamento» e che si coniugava alla richiesta di far «entrare la Costituzione nelle fabbriche», destinata a concretizzarsi non prima del maggio 1970 con lo Statuto dei Lavoratori. Grazie ai viaggi dei dirigenti, degli ingegneri e dei sindacalisti organizzati sotto l’ombrello del Piano Marshall, Fiat e Renault furono le imprese più ricettive verso la ‘seconda generazione’ del fordismo, la Detroit Automation 21. In questo caso con il termine ‘automazione’ s’in- tende non più solo l’organizzazione scientifica del lavoro attorno alla catena di montaggio, ma anche la pratica di sostituire progressivamente «con l’ausilio dei metodi e degli apparecchi più progrediti, e nella misura in cui lo consentono gli scopi dell’economia, la forza-lavoro umana, in tutte le sue funzioni, con macchine che vengono a loro volta controllate meccanicamente». Questa è la definizione proposta da Friedrich Pollock nel suo testo classico sull’automazione, frutto nel 1956 di un’inchiesta pro- mossa dall’Institut für Sozialforschung di Francoforte e aggiornato sette anni dopo (anche con un capitolo dedicato alla Renault, a firma di Pierre Rolle) 22. Pollock precisava poi: Forse la cosa più opportuna è parlare di automazione soltanto nei casi in cui è data una delle cinque caratteristiche seguenti: 1. L’elaborazione di dati a mezzo di calcolatore elettronico (Electronic Data Pro- cessing, EDP). 2. Il controllo di interi processi di finitura o amministrativi a mezzo di calcolatori elettronici (Process Control Systems). 3. La ‘ricerca operativa’ (Operations Research). 4. Il ‘controllo numerico’ (numerical control) per il controllo immediato di macchine-­ utensili.

19. V. Foa, La nuova linea nelle province, conclusioni del congresso provinciale della Fiom di Modena, 27 novembre 1955, ora in La cultura della Cgil. Scritti e interventi 1950-1970, Torino, Einaudi, 1984, p. 23; cfr. A. Ginzburg, Introduzione a V. Foa, Discorsi Parlamentari (1947-1988), Roma, Camera dei deputati, 2014, pp. ix-lvii. 20. A. Graziani, Lo sviluppo dell’economia italiana. Dalla ricostruzione alla moneta europea, Torino, Bollati Boringhieri, 2000, pp. 65- 69. 21. D. Hounshell, Rethinking the Cold War; Rethinking Science and Technology in the Cold War; Rethinking the Social Study of Science and Technology, «Social Studies of Science», vol. 31, no 2, aprile 2001, pp. 289-297. 22. F. Pollock, Automazione. Conseguenze economiche e sociali, Torino, Einaudi, 1970 (1956), pp. 20-21. R 196 La grande fabbrica fordista

5. Il concatenamento di macchine da lavoro a mezzo di impianti automatici transfer, facendo ricorso al principio della retroazione (Detroit Automation). Tutte queste caratteristiche, e in particolare la quinta, andavano svi- luppandosi alla Fiat e alla Renault sin dall’inizio degli anni 1950, sotto lo sprone del Productivity Drive e della guerra di Corea. Nel dibattito socio- logico sull’influsso delle nuove tecnologie sul lavoro, Georges Friedmann era una figura chiave, che tracciò di fatto le coordinate della disciplina in cui si mossero Alain Touraine, suo allievo, e Serge Mallet. Friedmann frequentava l’Italia, su invito di Adriano Olivetti tenne conferenze a Ivrea e pubblicò alcuni libri con le Edizioni Comunità: nel 1955 il più impor- tante, Dove va il lavoro umano?, e nel 1963 il Trattato di Sociologia del lavoro scritto con Pierre Naville. È suo l’intervento di apertura di una sezione, intitolata Lavoratori e sindacati di fronte alle trasformazioni del processo produttivo, del convegno sul Progresso tecnologico e la società ita- liana organizzato da Franco Momigliano e Beniamino Andreatta 23. A esso prendevano parte anche, tra gli altri, Gino Giugni, Luciano Gallino e Franco Ferrarotti della Olivetti, Foa, Trentin e Garavini della Fiom. Il convegno si tenne a Milano tra il 28 giugno e il 3 luglio 1960: per una suggestiva coincidenza, negli stessi giorni in cui s’incendiavano le manife- stazioni di piazza contro l’apertura a destra del governo Tambroni. Nel suo rapporto, scritto insieme al marxista belga Jacques Dofny, Friedmann ripercorreva le tappe dell’evoluzione dei processi produttivi dalla fine dell’Ottocento fino agli sviluppi dell’automazione. Egli la defi- niva secondo queste tre caratteristiche, in modo parzialmente differente da Pollock. 1. L’intégration, en une chaîne continue de production (que le produit parcourt sans être touché par la main de l’homme), de diverses opérations de fabrication jusqu’alors effectuées séparément ; 2. Les dispositifs de rétroaction ou de « régulation automatique » munis de systèmes asservis (feedback ou closed loops) permettant l’ajustement du résultat effectif au résultat prévu ; domaine de l’ingénieur électronicien, comme le sont aussi : 3. Les calculateurs et ordinateurs électroniques (computers) capables d’enregistrer et d’accumuler des informations, puis, sur la base de celles-ci, de faire des opérations

23. G. Friedmann e J. Dofny, Attitudes des travailleurs et position des organisations syndicales à l’egard du progrès technique (Rapport général d’introduction), in F. Momigliano (a cura di), Atti del Congresso internazio- nale di studio sul progresso tecnologico e la società italiana promosso dal Centro nazionale di prevenzione e difesa sociale e dal Comune di Milano sotto il patrocinio del Consiglio nazionale delle ricerche (Milano, 28 giugno-3 luglio 1960), vol. I: Lavoratori e sindacati di fronte alle trasformazioni del processo produttivo, Milano, Feltrinelli, 1962, pp. 19-37. R 197 Bruno Settis

mathématiques d’une complexité et avec une rapidité bien supérieures aux capacités du cerveau humain. La vera e propria Detroit Automation consisteva nella prima di queste, della quale Friedmann prendeva ad esempio la Renault: l’automazione, proseguiva, imprime una drammatica accelerazione al progresso tecnico e dunque ai mutamenti nelle condizioni del lavoro e nella vita dei lavoratori ma anche, di conseguenza, all’apertura di nuove e vecchie contraddizioni tra la classe operaia e il capitale. L’aumento di potere formale delle orga- nizzazioni operaie sia nella società che in seno alle singole aziende, dove esso si misurava nella capacità di interrompere il ciclo produttivo, nascon- deva la crescente inadeguatezza del sindacato a comprendere e rispondere alla nuova situazione. La tendenza fondamentale dell’automazione era la riduzione della durata settimanale e giornaliera del lavoro: il tempo così liberato o consente di fare un secondo lavoro o è consacrato al consumo dei mass media. «Hors du lieu de travail, la consommation de mass media exerce une action dissolvante sur la “conscience de classe” ouvrière et, à travers elle, sur certains ressorts profonds du mouvement syndical». All’insufficienza del movimento operaio tradizionale di fronte alle sfide del neocapitalismo Friedmann dedicava le conclusioni della sua conferenza, che vale la pena riportare per intero. En terminant cette esquisse, on peut se demander, sur la base des réflexions qui précèdent, si les syndicats, à travers la diversité de leurs structures, de leur orientation théorique et pratique, polarisés tantôt par une action para-politique, tantôt par l’organisation et les revendications professionnelles, sont adaptés à la civilisation technicienne et capables de réagir efficacement à ses transformations. Autrement dit, les réactions du mouvement syndical au progrès technique et particulièrement à l’automation sont conditionnées par son évolution depuis le début du siècle. En France, le syndicalisme de 1936 et plus encore de 1960, si on le considère par-delà ses divisions, n’a que des rapports lointains avec le syndicalisme issu de la loi de 1884 : le nom subsiste, mais s’agit-il vraiment de la même institution ? Une observation analogue ne s’impose-t-elle pas pour l’Italie ? Et que dire du rôle des organisations officielles dénommées « syndicats » dans les régimes à parti unique, où elles sont intégrées à l’État-patron, absorbées par lui et devenues essentiellement, entre ses mains, des instruments au service de la productivité ? En Occident et aux États-Unis, l’évolution du syndicalisme est inséparable de celle du capitalisme libéral vers un capitalisme interventionniste. Les transformations techniques à l’échelle de l’automation s’inscriront nécessairement dans une économie de plus en plus dirigée dont le syndicalisme aspire, sous diverses formes, à contrôler la planification et la gestion. Est-il, dans sa phase actuelle, armé pour faire face à ces changements rapides dont nous avons marqué quelques-unes des incidences complexes, imprévues, sur les classes ouvrières ? Enfin, les syndicats conservent-ils aujourd’hui, même dans les démocraties par- lementaires, par rapport aux systèmes économiques et aux régimes politiques, une liberté d’action qui leur permette des réactions autonomes ? R 198 La grande fabbrica fordista

À ces questions débordant le cadre qui nous a été fixé, seule l’histoire, et sans doute une histoire de longue durée, pourra répondre 24. È a un allievo di Friedmann, Alain Touraine, che si deve il più impor- tante studio sulla Renault, pubblicato nel 1955, frutto di una tesi di dotto- rato e di ricerche sul campo risalenti al 1948. Egli squarciava l’immagine pubblica di razionalismo monolitico e mostrava come all’interno della fabbrica, in virtù delle stesse dinamiche del progresso tecnico, si verificasse una sedimentazione e stratificazione di tecniche, tecnologie, modalità orga- nizzative 25. Qui manca lo spazio per ricapitolare l’analisi delle strutture del lavoro d’industria, della disgregazione delle culture del mestiere, della subordinazione al sistema di macchine e alla determinazione dei tempi 26. Una prospettiva diversa animava le inchieste, poi raccolte nel 1963 sotto il titolo La nouvelle classe ouvrière 27, che Serge Mallet svolgeva in tre fab- briche: le quattro sedi della Bull, all’avanguardia nella tecnologia delle schede perforate e quindi nell’informatizzazione del processo produttivo; la raffineria Caltex di Ambès nella Gironda; il ramo francese della com- pagnia elettrica Thomson-Houston a Bagneux. In tutto il libro è evidente non solo un circolo di militanza politica e scienza sociale, ma una vera esibizione muscolare della sociologia nella sua età dell’oro, una concezione volontaristica della scienza che nello studiare la società la voleva mutare 28. Egli infatti, come il coetaneo François Furet, aveva lasciato il Pcf nel 1956 per fondare nel 1960 il Parti socialiste unifié, uno dei partiti più sensibili alle istanze dell’autogestione.

24. Ivi, pp. 36-37. 25. «Nous appelons Phase A, l’ancien système de travail, caractérisé par le travail qualifié de fabrication que requièrent les machines universelles ou “flexibles” [nella storia francese più o meno il periodo 1815-1880], Phase B la période de transition, caractérisée par le développement du machinisme et du travail non qualifié d’alimen- tation des machines [1880-1930], Phase C la phase de l’automatisme et de l’élimination du travail directement “productif” [dal 1930 in poi]» (A. Touraine, L’Évolution du travail, cit., p. 48, corsivo dell’autore). La periodiz- zazione è presentata come schematica ed approssimativa a p. 175. A p. 139 una definizione del lavoro di catena: «Le travail à la chaîne est un type d’organisation du travail tel que les diverses opérations, réduites à une même durée ou à un multiple ou sous-multiple simple de cette durée, soient exécutées sans interruption entre elles et dans un ordre constant dans le temps et dans l’espace». 26. Touraine proponeva dunque una classificazione generale aggiornata, ammettendo che essa poteva solo fotografare un momento transeunte dell’evoluzione del lavoro: 1. Manovale comune e manovale ai lavori pesanti; 2. Operaio su macchina (specializzato ordinario); 3. Operaio di fabbricazione (specializzato superiore); 4. Specializzato d’attrezzatura; 5. Specializzato ad alta qualificazione (cfr. ivi, p. 104). 27. S. Mallet, La nouvelle classe ouvrière, Parigi, Seuil, 1963. 28. «La théorie sociologique, à partir du moment où elle sort de son cercle d’auditeurs restreint pour attendre les larges masses par le truchement des hebdomadaires d’opinions, des revues, des militants, devient un élément constitutif de la vie sociale elle-même. Il arrive alors que la sociologie retrouve dans son interlocuteur le reflet de la théorie qu’il a forgée» (ivi, p. 25). R 199 Bruno Settis

L’adesione di Mallet allo strutturalismo, e quindi allo studio della fab- brica come una totalità interconnessa, non era priva di ambiguità. Essa portava alla ricerca di una contraddizione fondamentale identificata come agente della trasformazione 29 — nella società industriale, la lotta di classe — e, infine, all’esaltazione della rivoluzione come rovesciamento della strut- tura. D’altra parte però, come notava Liliana Lanzardo in una recensione sui Quaderni Rossi 30, rischiava spesso di considerare non solo il progresso tecnologico come una forza di per sé neutrale, ma anche la presa di co- scienza da parte dei lavoratori delle proprie capacità tecniche come un fatto automatico, «predeterminato dalla struttura». Una versione sovver- siva dello strutturalismo, insomma, in cui lo scienziato sociale diventava il polo volontaristico e la società quello deterministico. Per Mallet la crescente integrazione degli operai nella struttura era il riflesso dei mutamenti nella produzione: le riforme a livello di salario, di sicurezza dell’impiego e di formazione professionale, messe in atto a livello aziendale o a livello statale, erano qualitativamente diverse dalle antiche forme di paternalismo padronale 31; e a questo si doveva sia l’isolamento dell’operaio in fabbrica, ovvero il suo rapporto alienato con la macchina («Plus nombreux est le collectif ouvrier, plus grand est l’isolement de chaque ouvrier à sa machine»), sia la completa burocratizzazione, in sostanza la sclerotizzazione del sindacato, sempre più coinvolto nella cogestione delle relazioni industriali. Sia la Cgt che la Cgil avevano di fatto accettato le coordinate della cosiddetta «participation conflictuelle», ovvero della colla- borazione aziendale 32. Torniamo così al punto dolente dell’insufficienza delle sinistre di fronte alle sfide poste dal neocapitalismo. Rimangono esemplari di questo mo- mento, nel dibattito italiano ma anche nella sua dimensione europea e mondiale, i convegni economici organizzati dall’Istituto Gramsci, nei quali gli intellettuali socialisti e comunisti tentavano di comprendere le nuove forme assunte del capitalismo, orientandosi più che a divinare il suo destino — superamento delle contraddizioni o tradizionale ipotesi crollista — a individuarne le tendenze oggettive e le possibilità aperte: mi riferisco a Tendenze del capitalismo italiano (1962), dove Trentin teneva la celebre rela- zione sulle ideologie del neocapitalismo e Lucio Magri l’intervento, poi ri- preso da Les Temps modernes, in cui affermava (contro un consistente filone

29. «La notion de contradiction, chez Marx comme chez Hegel, est une notion structuraliste» (ivi, p. 17). 30. L. Lanzardo, Recensione, «Quaderni Rossi», no 5, aprile 1965, pp. 173-183. 31. S. Mallet, La nouvelle classe ouvrière, cit., p. 54. 32. Ivi, p. 44. R 200 La grande fabbrica fordista della tradizione del Pci, portato avanti soprattutto da Giorgio Amendola) che l’Italia non poteva più essere considerata un paese arretrato, bensì soffriva ormai di tutte le contraddizioni del capitalismo avanzato 33; e a Tendenze del capitalismo europeo (1965), cui prendevano parte anche André Gorz, André Barjonet, Charles Bettelheim 34. Uno dei protagonisti di questo secondo convegno era Lelio Basso, con una relazione sulle Prospettive della sinistra europea 35. Questi, come si è già visto, ribadiva che «la società capitalistica rimane essenzialmente una società conflittuale, ma possiede strumenti che possono attenuare i con- trasti e creare forme di consenso e di integrazione»: anzi, se il benessere fordista era un fattore oggettivo, la socialdemocrazia riformista era uno dei più importanti fattori politici. Un’autentica strategia marxista sarebbe stata, allora, quella che discendeva da un’analisi coraggiosa tanto delle novità quanto delle persistenti contraddizioni del neocapitalismo. Su tale base dunque, mentre maturava un crescente interesse per i movimenti rivo- luzionari in Asia e in America Latina, Basso invitava il movimento operaio europeo a rinunciare all’idea di prendere il potere impadronendosi dei centri decisionali centrali — le ‘stanze dei bottoni’, nell’infelice termino- logia di Nenni — fossero le istituzioni parlamentari o gli organismi tec- nici di un apparato statale neutrale; si trattava, in sostanza, di mettere in pratica una lotta «per attaccare il potere privato, per affermare ovunque e realizzare progressivamente il principio che le decisioni di interesse collet- tivo […] devono essere decisioni democratiche degli interessati che costi- tuiscono la grande massa dei lavoratori» 36. L’orizzonte di Lelio Basso, in sintesi, era quello di una democrazia indu- striale intesa come risposta politica della classe operaia al carattere sociale raggiunto dalla produzione capitalistica, alla concentrazione del potere in mani private. Nonostante riconoscesse che il potere era ormai diffuso, non centralizzato, la prospettiva di Lelio Basso rimaneva però focalizzata ‘in alto’, alla conquista dello Stato; quella di Vittorio Foa, in tutti i suoi scritti fino agli anni 1980, andava ‘in basso’, riportava l’attenzione alla quotidianità della fabbrica, alla politicità del lavoro.

33. Tendenze del capitalismo italiano. Atti del convegno economico dell’Istituto Gramsci (Roma, 23-25 marzo 1962), Roma, Editori Riuniti, 1962; cfr. anche Lucio Magri, Le modèle de développement capitaliste et le pro- blème de l’alternative prolétarienne, «Les Temps modernes», no 196-197, settembre-ottobre 1962. 34. Tendenze del capitalismo europeo. Atti del convegno dell’Istituto Gramsci (Roma, 25-27 giugno 1965), Roma, Editori Riuniti, 1966. 35. L. Basso, Le prospettive della sinistra europea, in Tendenze del capitalismo europeo, cit., pp. 253-308. 36. Id., Neocapitalismo e ‘socialisti moderni’, cit., p. 281. R 201 Bruno Settis

La prospettiva rivoluzionaria per la realizzazione del socialismo, cioè per il controllo collettivo delle forze di produzione, ha il suo centro nella struttura, cioè nella lotta quotidiana, concreta, anche graduale, per accrescere il controllo popolare e pubblico, per limitare e liquidare il controllo irresponsabile dei gruppi sulle gigantesche forze nuove entrate in azione per lo sviluppo economico, e per quelle ancora più grandi che la nuova scienza e la nuova tecnica stanno mettendo a disposizione dell’umanità. Per chiudere con questo bel brano di Foa faccio un salto indietro di qualche anno. Esso infatti proviene da un intervento del 1957, cui Panzieri su «Mondo Operaio» dava il titolo Il neocapitalismo è una realtà. In questo articolo Foa rifiutava con nettezza la «nuova ondata ‘conciliatrice’ tra ca- pitale e lavoro» contrabbandata sotto l’etichetta del neocapitalismo, ma sottolineava anche che sotto questo nome si cercava di descrivere cambia- menti profondi, oggettivi, nella struttura del capitalismo. Cambiamenti che mettevano in crisi le tradizioni di lotta e di teorie delle sinistre, ai quali forse, come diceva Friedmann, potrà rispondere solo la storia — anzi «une histoire de longue durée». Per scoprire la crisi, in sostanza, il marxismo e il movimento operaio non possono aspettare l’ora del tracollo: devono essere in grado d’individuarne i contorni già nei tempi di vacche grasse. Chi oggi cercasse ancora la crisi nel ristagno e nell’immobilità, e non invece, com’è giusto, nei modi e nelle forme, nuovi e diversi gli uni dalle altre, delle forze produt- tive messe in moto dalla tecnica e dalla scienza, finirebbe con l’essere travolto da queste stesse forze produttive e lasciare campo libero al potere del nuovo nemico 37.

37. V. Foa, Il neocapitalismo è una realtà, ora in La cultura della Cgil, cit., pp. 41-42. R 202 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia

Cesare Panizza Università degli Studi di Torino

La copertina del primo numero di «Tempo presente» 1, la rivista fondata da Nicola Chiaromonte 2 assieme a Ignazio Silone 3 nel 1956, annunciava

1. Su «Tempo presente», G. Fofi, V. Giacopini e M. Nonno (a cura di), Nicola Chiaromonte, Ignazio Silone. L’eredità di «Tempo presente», Roma, Fahrenheit 451, 2000; A. Donno, La cultura americana nelle rivista ita- liane del dopoguerra: «Tempo presente» (1956-1968), Lecce, Milella, 1978; P. Carlucci, «Tempo presente» (1956- 1968) e il Congress for Cultural Freedom: alcuni appunti per la storia di una rivista, in D. Menozzi, M. Moretti e R. Pertici (a cura di), Culture e libertà: studi di storia in onore di Roberto Vivarelli, Pisa, Edizioni della Normale, 2006, pp. 453-478. 2. Per la biografia di Nicola Chiaromonte (Rapolla, Potenza, 1905; Roma, 1972), G. Bianco, Nicola Chia- romonte e il tempo della malafede, Manduria-Bari-Roma, Lacaita, 1999; P. Craveri, Nicola Chiaromonte, in Dizionario biografico degli italiani, vol. 24, Roma, Istituto dell’Enciclopedia italiana, 1980, p. 600. Cfr. anche G. Fofi, V. Giacopini e M. Nonno (a cura di), Nicola Chiaromonte, Ignazio Silone, cit., in cui compaiono saggi su Chiaromonte di G. Fofi, V. Giacopini, G. Gaeta, F. Bellincanta, F. La Porta, M. Sinibaldi; la sezione dedicata a Chiaromonte nel numero di agosto-settembre 2011 di «Lo Straniero», vol. XV, no 134-135, Nicola Chiaromonte nel tempo della malafede, con saggi di F. Bellincanta, M. Bresciani, M. Cicala, F. De Core, S. Fedele, G. Fofi, G. Gaeta, V. Giacopini, N. Lagioia, C. Panizza, G. Sumner, A. Tricomi; P. Adamo, «La prima cosa è dire no!»: Nicola Chiaromonte tra ragione, storia e utopia, in Dedicato a Nicola Chiaromonte nel trentennale della morte, «Quaderni dell’Altra tradizione», Forlì, Una città, 2002; V. Giacopini, Nicola Chiaromonte: una solitudine senza isolamento, in Id., Scrittori contro la politica, Torino, Bollati Boringhieri, 1999; F. La Porta, Le evidenze del mondo. Nicola Chiaromonte (1905-1972), in Maestri irregolari, Torino, Bollati Boringhieri, 2007; le singole introduzioni ai volumi che raccolgono i suoi scritti: quella di M. McCarthy a Scritti sul teatro, a cura di M. Chiaromonte, Torino, Einaudi, 1975; di L. Valiani a Scritti politici e civili, a cura di M. Chiaromonte, Milano, Bompiani, 1976; di G. Herling a Il tarlo della coscienza, a cura di M. Chiaromonte, Bologna, Il Mulino, 1972; di G. Pampaloni a Credere e non credere, a cura di M. Chiaromonte, Bologna, Il Mulino, 1993 (1971); di W. Karpinski a Che cosa rimane. Taccuini 1955-1971, a cura di M. Chiaromonte, Bologna, Il Mulino, 1995; di S. Fedele a Le verità inutili, a cura dello stesso Fedele, Napoli, L’Ancora, 2001. 3. Silone e Chiaromonte si erano conosciuti nella primavera del 1934 in Svizzera. Avvicinatosi tempora- neamente a Tasca dopo la rottura con Rosselli, Chiaromonte aveva cercato vanamente di coinvolgere lo scrit- tore abruzzese in una iniziativa comune. Negli anni successivi erano rimasti in stretto contatto, partecipando ad iniziative comuni, fra cui le attività fondatrici del Congresso per la libertà della cultura. Cfr. S. Soave, Senza tradirsi, senza tradire. Silone e Tasca dal comunismo al socialismo cristiano (1900-1940), Torino, Aragno, 2005, p. 303 e sgg.; sull’amicizia fra Silone e Chiaromonte, S. Pugliese, Bitter Spring. A life of Ignazio Silone, New York, Farrar, Strauss and Giroux, 2009, pp. 239-50. Più in generale per la biografia di Silone si rimanda a O. Gurgo e F. De Core, Silone. L’avventura di un uomo libero, Venezia, Marsilio, 1998. R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 203-217. 203 Cesare Panizza ben due articoli di autori francesi: La donna adultera 4, un racconto breve di Albert Camus, uno dei ‘numi tutelari’ della rivista, e Colonialismo e coscienza tranquilla. Il dramma algerino, di Jean Daniel. Ancor più signi- ficativamente, Chiaromonte apriva la serie dei suoi interventi in Gazzetta — una sezione fissa della rivista che avrebbe accolto nei dodici anni suc- cessivi, e cioè fino alla chiusura di «Tempo presente» nel 1968, le sue anno- tazioni sull’attualità politica e culturale — proprio con un commento sulla situazione politica francese. Su quella nota, un trafiletto privo di titolo, è bene soffermarsi perché in poche righe vi si ritrovano sintetiz- zate le forme nelle quali Chiaromonte era solito valutare quanto acca- deva oltralpe. Riprendendo implicitamente la riflessione di Daniel sulla «crisi della Francia», egli osservava come in fondo il dramma algerino non fosse causa, ma effetto dell’immobilismo che aveva quasi cristallizzato la vita politica e sociale della Quarta Repubblica. Era un’«inerzia» dovuta alla divisione dell’Europa in blocchi ideologicamente contrapposti, una realtà di cui la Francia risentiva certamente più di altri paesi europei. Ne era derivato un impulso diffuso a sottrarsi a quella logica bipolare, colti- vato — talvolta in forme «nobili» ma in fondo sempre velleitarie — dalla maggior parte degli intellettuali «progressisti» francesi. Se ne era avuta una dimostrazione con il dibattito sul neutralismo degli anni precedenti che — va ricordato — Chiaromonte aveva puntualmente seguito nelle corrispondenze inviate da Parigi al «Mondo» di Mario Pannunzio 5. Quel malessere si era risolto in una sorta di ‘provincialismo’, nella «tentazione di ridurre la Francia dentro i suoi confini», giustificata negli intellettuali progressisti da quella equazione — così diffusa nella sinistra francese — che vorrebbe coincidenti il progresso della Francia con quello del genere umano tout court. La riluttanza a prendere atto dei cambiamenti avvenuti con due guerre mondiali — la fine della centralità dell’Europa e della possi- bilità di ricondurre nella dimensione dello stato nazionale i problemi del presente, compreso quello della natura e della qualità effettiva dei sistemi democratici — gli pareva il sintomo più evidente di quella crisi, morale e culturale prima che politica — della ‘coscienza europea’ che durava da più di un secolo. Era una costellazione problematica di trasformazioni,

4. È molto probabilmente la prima edizione italiana del racconto di Camus, La femme adultère, pubblicato in Francia nel 1954 e poi nel 1957 raccolto insieme ad altri cinque nell’antologia L’exil et le royaume. La scelta non era casuale, visto che il racconto, al di là dei temi che affronta, è ambientato in Algeria. 5. Chiaromonte collaborò al «Mondo» di Pannunzio — di cui era amico dai tempi della giovinezza romana — dalla sua fondazione. Dal 1949 al 1952 con una serie di corrispondenze da Parigi e da New York, sull’attualità politica e culturale, e al suo rientro in Italia, dal 1953 alla chiusura del settimanale nel 1966, in qualità di critico teatrale. R 204 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia quella sottesa al tema della crisi di civiltà, che Chiaromonte — come altri della generazione formatasi negli anni Venti — aveva lucidamente ana- lizzato, ravvisandovi la matrice dei totalitarismi novecenteschi 6. Eppure, quel modo di pensare e di collocarsi nel mondo era comunque degno di considerazione, in quanto il fatto, «che una nazione si identifichi con un’idea» — quella per Chiaromonte tanto controversa di progresso — «è un fatto grande e raro. Finisce coll’essere un destino» 7. Questa apparente contraddizione nel suo ragionamento trovava in realtà una sua spiegazione su un altro piano, di natura, si potrebbe dire, emozio- nale. Nell’incipit dell’articolo, Chiaromonte aveva infatti sostenuto che «i mali della Francia ci toccano come non ci toccano, malgrado tutto, i guai dell’Inghilterra in Medio Oriente; e ci interessano mentre l’attuale pro- sperità dei tedeschi ci lascia freddi» 8. Non era solo agli italiani in genere che riferiva quelle parole, attingendo a un topos consueto, quello del reci- proco rispecchiarsi dei due paesi l’uno nelle vicende dell’altro. Vi si celava qualcosa di più personale, un dato della sua stessa biografia. Se ne trova una chiara spiegazione in una lettera inviata da New York nel giugno del 1946 ad Andrea Caffi, il suo «unico maestro» e il suo «più caro amico» 9. Nell’istituire un paragone fra la sua condizione di esule negli Stati Uniti

6. Su questa analisi che costituì il contributo più rilevante offerto da Chiaromonte all’elaborazione ideo- logica portata avanti dal movimento di Giustizia e Libertà con la pubblicazione dei «Quaderni di Giustizia e Libertà» (1932-1935) e poi del settimanale «Giustizia e Libertà», si veda C. Panizza, La morte si chiama fascismo. L’analisi del fascismo di Nicola Chiaromonte, «Quaderno di storia contemporanea», no 36, 2004, pp. 62-83; M. Bresciani, Cassandra a Parigi, «Lo Straniero», vol. XV, no 134-135, agosto-settembre 2011, pp. 57-72. Vale la pena ricordare che alla ‘cultura della crisi’ Chiaromonte apparteneva appieno, essendosi formato giovanissimo nel cenacolo filosofico di Adriano Tilgher e avendovi cercato una risposta nella riflessione filosofica (in partico- lare in quegli anni nell’opera di Husserl). 7. N. Chiaromonte, Gazzetta, «Tempo presente», vol. I, no 1, 1956, p. 50. 8. Ibid. 9. Chiaromonte conobbe Andrea Caffi nel 1932, durante il suo primo soggiorno parigino. A presentarglielo fu il comune amico Alberto Moravia. Ne nacque un sodalizio intellettuale e umano che nonostante il progres- sivo divaricarsi delle loro posizioni politiche negli anni della Guerra fredda, si rivelò per entrambi preziosissimo. Insieme a Renzo Giua e a Mario Levi — quelli che Aldo Garosci nella sua vita di Carlo Rosselli avrebbe definito i «novatori» — Caffi e Chiaromonte costituirono un vero e proprio cenacolo intellettuale interno a «Giustizia e Libertà», il movimento a cui tutti, a titolo diverso, collaboravano, destinato a scontrarsi, come appunto avvenne nel 1936, con la personalità di Carlo Rosselli. Su Caffi, M. Bresciani, La rivoluzione perduta. Andrea Caffi nella storia del Novecento, Bologna, Il Mulino, 2009; G. Bianco, Un socialista irregolare: Andrea Caffi intellettuale e politico d’avanguardia, Cosenza, Lerici, 1977; G. Landi (a cura di), Andrea Caffi. Un socialista libertario, Atti del convegno di Bologna (7 novembre 1993), Pisa, Bibiblioteca Franco Serantini, 1993; e la voce Andrea Caffi di Carlo Vallauri nel XVI volume del Dizionario biografico degli italiani, pp. 264-268. Sui «novatori», A. Garosci, Vita di Carlo Rosselli, cit., pp. 97-102; P. Bagnoli, Rosselli, Gobetti e la rivoluzione democratica. Uomini e idee tra liberalismo e socialismo, Firenze, La Nuova Italia, 1996, pp. 61-109; N. Ginzburg, Lessico famigliare, Torino, Einaudi, 1963, passim. Su Mario Levi, anche P. Gabrielli, Col freddo nel cuore. Uomini e donne nell’emigrazione antifascista, Donzelli, Roma, 2004, p. 147 e sgg. Su Renzo Giua, Giua Renzo di G. Sircana, in Dizionario Biografico degli Italiani, Istituto della Enciclopedia Italiana, Catanzaro, Arti Grafiche Abramo, 2001, pp. 651- 652, e nelle memorie della sorella, L. Foa, É andata così, Palermo, Sellerio, 2005, p. 22. R 205 Cesare Panizza

— dove si era rifugiato nel 1941 e dove avrebbe vissuto fino al 1948 — e il suo precedente esilio in Francia (dove Caffi viveva), Chiaromonte affer- mava che la Francia «n’avait jamais été terre d’exil pour moi» 10. Non poteva affermare lo stesso degli USA, nonostante vi avesse conosciuto — dopo le inevitabili difficoltà iniziali — una stagione felice dal punto di vista intellettuale e umano, fatta per la prima volta anche di una certa stabilità, grazie a un relativamente agevole inserimento negli ambienti culturali ed editoriali newyorchesi. Cosa che non gli era invece mai occorsa in Francia, dove aveva vissuto fra il 1934 e il 1941, nonostante già in quella fase giova- nile potesse contare su relazioni anche influenti. A Parigi — stando a quanto ne scrisse lo stesso Chiaromonte — non aveva infatti mai conosciuto quella sensazione di straniamento che così sovente connota l’esperienza dell’esilio e che aveva invece caratterizzato i suoi anni americani. E non solo per la presenza di ‘compagni’ e amici, e di una vasta comunità di ‘senzapatria’ di ogni provenienza, che d’altronde certo a New York non mancavano, ma soprattutto per la sensazione di appartenere a quei luoghi, o meglio a quella civiltà, che fra tutti i popoli europei gli sembrava testimoniasse nelle sue espressioni e tradizioni mi- gliori la più genuina e spontanea adesione ai valori dell’umanesimo. Non fu certo un caso che al suo ritorno definitivo in Europa Chiaro- monte scegliesse nel 1948 di ristabilirsi non a Roma, ma proprio a Parigi — dove rimase fino al 1953 —, accettando il lavoro offertogli presso la sede centrale dell’Unesco. A deciderlo per la Francia furono sì la delusione per la vita intellettuale italiana del primo dopoguerra ma anche la forza dei legami, intellettuali e umani, intrecciati nella capitale francese negli anni duri dell’esilio antifascista. La mappatura dei rapporti di Nicola Chiaromonte con gli intellet- tuali francesi nel corso degli anni è un lavoro che esula da questo contri- buto. Accenneremo brevemente soltanto ad alcune di queste relazioni, quelle indubbiamente più rilevanti. All’epoca del suo primo soggiorno parigino — un soggiorno di pochi mesi, avvenuto fra la fine del 1931 e la primavera del 1932, ma rivelatosi decisivo perché Chiaromonte grazie all’incontro con Andrea Caffi e con Carlo Rosselli vi maturò la decisione di un’opposizione attiva al fascismo nelle fila del movimento Giustizia e

10. Lettera di Nicola Chiaromonte ad Andrea Caffi, Truro, Massachussetts, 26 agosto 1946, fondo Andrea Caffi, biblioteca Gino Bianco, Fondazione Alfred Lewin, Forlì. Ora riprodotta in M. Bresciani (a cura di), «Cosa sperare?». Il carteggio tra Andrea Caffi e Nicola Chiaromonte: un dialogo sulla rivoluzione (1932-1955), Napoli, Edizioni Scientifiche Italiane, 2012, pp. 317-318. R 206 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia

Libertà — deve essere fatta risalire la sua amicizia con André Malraux 11. Un legame nato dall’ammirazione del giovane intellettuale italiano per il Malraux scrittore dominato dal «demone dell’azione» e che lo avrebbe indotto, nell’agosto del 1936, a partecipare all’impresa spagnola della squa- driglia aerea España 12. Fu però proprio la Spagna e la diversa valutazione del peso assunto nel campo repubblicano dai comunisti e dall’Unione Sovietica — con conseguenze per Chiaromonte esiziali per le sorti della Repubblica — a determinare una rottura fra i due che le successive evolu- zioni politiche di Malraux non avrebbero certo permesso di ricomporre. Una testimonianza di quei contrasti, ma anche della rilevanza per Malraux di quel rapporto di amicizia, è contenuta nelle pagine dell’Espoir dove Chiaromonte ha inspirato il personaggio dell’italiano Scali. Alla perigliosa fuga di Chiaromonte dalla Francia, in direzione degli USA, nell’estate del 1941 si dovette invece l’amicizia fra questi e Albert Camus, conosciuto a Algeri nell’attesa di potersi imbarcare, via Casablanca, verso le coste americane 13. È forse il caso di ricordare che Chiaromonte ebbe un ruolo chiave nel far conoscere il pensiero e l’opera di Camus negli ambienti intellettuali newyorchesi a cui si era legato durante la sua permanenza negli Stati Uniti, in particolare attraverso la rivista «politics», diretta da Dwight Macdonald, cui anche lo scrittore francese collaborò per suo tramite 14. E che ebbe un ruolo di primo piano nell’organizzare il famoso viaggio che il direttore di «Combat» fece negli Stati Uniti nel 1946 per pronunziarvi, alla Columbia University, la celebre conferenza «The

11. Di Malraux, con cui era entrato in contatto per via epistolare ancor prima del suo arrivo a Parigi, come testimonia la corrispondenza fra i due conservata presso la Beinecke Library dell’Università di Yale dove sono state versate le sue carte, Chiaromonte scrisse a lungo e a più riprese, a partire da due saggi dedicatigli sulle pagine di «Solaria», Idee e figure di André Malraux e André Malraux e «La condition humaine», apparsi rispet- tivamente nel numero di gennaio 1933 (vol. VIII, no 1) e di novembre-dicembre 1933 (vol. VIII, no 11-12) della rivista fiorentina, fino al capitolo dedicatogli in Credere e non credere (apparso nel 1971, pochi mesi prima della morte, per Bompiani), André Malraux e il demone dell’azione, riformulazione di un saggio apparso nel numero di luglio del 1948 della newyorchese Partisan Review con il titolo André Malraux and the Demons of Actions e riproposto nel numero di agosto del 1960 di «Tempo presente». Si noti che oggi il lettore francese può usufruire della traduzione di Credere e non credere, recentemente pubblicata con un’introduzione di Marco Bresciani e una prefazione di Adam Michnik, nella serie dei Cahiers de l’Hôtel de Gallifet, Edizioni dell’Istituto italiano di Cultura, Parigi, 2013, che ha ripreso nel titolo — Le paradoxe de l’histoire — quello dell’edizione in lingua inglese del libro di Chiaromonte (The Paradox of History) apparsa un anno prima di quella italiana per Weidenfeld and Nicholson. 12. Sulla partecipazione di Nicola Chiaromonte alla guerra civile spagnola, C. Panizza, Nicola Chiaromonte e la guerra civile spagnola, «Memoria e Ricerca», vol. XX, no 39, 2012, pp. 157-174. 13. Chiaromonte ha ricordato la nascita della loro amicizia in occasione della morte dello scrittore fran- cese, Albert Camus, «Tempo presente», gennaio 1960, ora in N. Chiaromonte, Il tarlo della coscienza, cit., pp. 217-222. 14. Su «politics» e su Dwight Macdonald cfr. G. Sumner, Dwight Macdonald and the «politics» Circle: The Challenge of Cosmopolitan Democracy, London, Ithaca, 1996; W. Michael, A Rebel in Defense of Tradition: The Life and Politics of Dwight Macdonald, New York, Basic Books, 1994. R 207 Cesare Panizza

Human Crisis». Alla radice del loro rapporto — forse insieme a quello con Caffi il legame umano e intellettuale più intensamente vissuto da Chiaromonte — vi era una forte identità di vedute sul piano etico, este- tico e in parte filosofico. Fu dunque più che naturale per lui assumere le difese di Camus al momento della rottura con Sartre, da cui peraltro lo distanziavano anche gli orientamenti politici, visto il rigoroso anticomu- nismo che gli derivava da un genuina istanza antitotalitaria 15. E Sartre, il «comunista impossibile» ritratto nel Tempo della malafede 16, un pamphlet scritto nel 1953 e dedicato alla fenomenologia della mentalità comunista, divenne, soprattutto negli anni più caldi della Guerra fredda, ai suoi occhi l’esempio più lampante di quella trahison des clercs che vedeva rinnovarsi con l’adesione massiccia o — peggio — il sostegno indiretto degli intellet- tuali al movimento comunista 17. Al secondo lungo soggiorno francese di Chiaromonte — quando di ritorno, nel 1948, in Europa decise di ristabilirsi appunto a Parigi dove rimase fino al 1952 — si deve invece il consolidarsi della sua amicizia con Raymond Aron (la loro conoscenza era infatti più antica e risaliva quanto meno alla fine degli anni Trenta). Di Aron, con cui avrebbe collaborato all’interno delle iniziative promosse dal Congresso per la libertà della cultura e di cui «Tempo presente» avrebbe pubblicato diversi scritti, Chia- romonte ammirava indubbiamente l’ingegno, ma diffidava, pur condi- videndone spesso le analisi (dai totalitarismi, alla natura della guerra mo- derna fino al ‘maggio parigino’ del Sessantotto), dal ‘realismo’ che ne ispirava le posizioni politiche. E del resto, se guardiamo alla cultura francese, gli autori di Aron — anche se è indubbio riscontrare in Chiaromonte più di un’assonanza con la riflessione dell’Halévy dell’Ère des tyrannies — non sono certo quelli di Chiaromonte. Questi infatti prediligeva Proudhon 18 (che con Tolstoj e Herzen era per lui uno degli ancestors di un pensiero libertario alternativo a quello egemone nella sinistra europea), Georges Gurvicht (conosciuto attraverso Caffi) e Simone Weil, la cui riflessione sulla storia e sulla forza l’aveva restituito alla vita 19 dopo i giorni cupissimi della disfatta della Terza Repubblica, segnati anche dalla tragica morte della

15. Chiaromonte analizzerà la rottura fra Camus e Sartre in Paris Letter: Sartre versus Camus, «Partisan Rewiev», vol. XIX, no 6, novembre-dicembre 1952. 16. N. Chiaromonte, Il tempo della malafede: il comunismo e gli intellettuali, Roma, Associazione italiana per la libertà della cultura, 1953. 17. Su questi temi mi permetto rimandare a C. Panizza, Nicola Chiaromonte e il tradimento dei chierici, «Annali della Fondazione La Malfa», vol. 26, 2012, pp. 199-216. 18. A questo proposito si veda un suo saggio apparso su «politics», Social Law, after Proudhon, gennaio 1945. 19. Cfr. N. Chiaromonte, L’Iliade di Simone Weil, «Il Mondo», 30 maggio 1953, ora anche in Id., Silenzio e parole. Scritti filosofici e letterari, cit., pp. 213-217. R 208 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia prima moglie, la pittrice Annie Pohl. Insieme ad Aron, Camus, Malraux — tre figure certo assai rappresentative degli orientamenti prevalenti in seno agli intellettuali francesi appartenenti alla stessa generazione di Chia- romonte (era del 1905) — andrebbero almeno ricordati, fra quelli con cui lui fu più assiduamente in contatto, Alfred Rosmer, Maurice Nadeau, Jean Bloch-Michel, Jean-Pierre Vernant, e — pur se non di nazionalità francese — François Bondy, il direttore di «Preuves», di cui Chiaromonte fu un assiduo collaboratore. E prima ancora andrebbe menzionato il più anziano Paul Desjardins che lo introdusse negli ambienti legati alle Dé- cades de Pontigny 20, nonché Clara Malraux e Francine Camus, alle quali fu legato da profonda amicizia. Tutte maglie di una rete di relazioni molto estesa, in parte coincidente, ma non sempre, con quella del Congresso per la libertà della cultura 21 di cui Chiaromonte era una delle personalità di spicco, e che abbracciava oltre alla Francia e naturalmente all’Italia, il mondo anglosassone, specie gli Stati Uniti, e il variegato universo degli esuli politici dell’est europeo. Fu in particolare il caso dei polacchi gravitanti attorno alla rivista «Kultura» (Gustaw Herling-Grudziński, Czesław Miłosz, Konstanty Jeleński), pub- blicata peraltro sempre a Parigi. Risorse di cui naturalmente Chiaromonte si avvalse nella scelta dei collaboratori di «Tempo presente», che, legato al network di riviste del Congresso per la libertà della cultura, ebbe una vocazione spiccatamente internazionale. Per tutti questi motivi — cela va sans dire — la Francia vi ricevette grande attenzione, in primo luogo da

20. Va qui introdotta una precisazione: la decisione assunta da Chiaromonte nell’estate del 1934 di trasferirsi in Francia non fu dettata da immediate motivazioni politiche, come si potrebbe pensare considerata la sua mili- tanza clandestina nella riorganizzazione delle file di «Giustizia e Libertà» a Roma, cui si dedicò al suo rientro in Italia dopo il suo primo soggiorno parigino. A deciderne il ritorno in Francia era stato l’invito ricevuto da Desjardins per partecipare fra gli ascoltatori alle Décades. Solo successivamente, venuto a conoscenza del fatto di essere stato identificato dall’OVRA come collaboratore dei «Quaderni di Giustizia e Libertà», Chiaromonte decise per necessità di stabilirsi permanentemente in Francia. A quell’edizione delle Décades Chiaromonte si recò assieme agli amici Giorgio Diaz de Santillana, che doveva parteciparvi come relatore, Alberto Moravia, Filippo Burzio e Guglielmo Alberti. Cfr. C. Panizza, Nicola Chiaromonte. Una biografia: gli anni della forma- zione (1905-1940), tesi di dottorato, Università degli studi di Torino, 24 maggio 2007. Sugli appuntamenti di Pontigny cfr. F. Chaubet, Paul Desjardins et les décades de Pontigny, Villeneuve-d’Ascq, Septentrion, 1999. 21. Sul Congresso per la libertà della cultura, P. Coleman, The Liberal Conspiracy. The Congress for Cultural Freedom and the Struggle for the Mind of Postwar Europe, New York, Free Press, 1989; G. Scott-Smith, The Politics of Apolitical Culture. The Congress for Cultural Freedom, the CIA and Post-War American Hegemony, London-New York, Routledge, 2002; P. Grémion, Intelligence de l’anticommunisme. Le Congrès pour la liberté de la culture à Paris, Parigi, Fayard, 1995; F. Stonor Sauders, La guerra fredda culturale. La CIA e il mondo delle lettere e delle arti, Roma, Fazi, 2004 (1999); sui rapporti fra il Congresso e l’Italia, D. Muraca, L’Associazione italiana per la libertà della cultura: il «caso italiano» e il Congress for Cultural Freedom, «Storiografia», vol. 11, 2007, pp. 139-160; P. Carlucci, «Tempo presente» (1956-1968) e il Congress for Cultural Freedom: alcuni appunti per la storia di una rivista, cit.; E. Capozzi, L’opposizione all’antiamericanismo: il Congress for Cultural Freedom e l’Associazione italiana per la libertà della cultura, in P. Craveri e G. Quagliariello, L’Antiamericanismo in Italia e in Europa nel secondo dopoguerra, Soveria Mannelli, Rubettino, 2004, pp. 325-351. R 209 Cesare Panizza parte dello stesso Chiaromonte che puntualmente chiosò lungo gli anni l’evoluzione del panorama politico e culturale francese. Nei suoi scritti si ritrova anche a distanza di anni una forte empatia per quella che aveva definito ancora nel 1961 «la più amabile delle nazioni» 22, da cui ancora ben dopo il ‘colpo di stato’ del maggio 1958 e in reazione ad esso si attendeva «ven[isse] presto il gesto liberatore che le addita la sua tradizione, e cioè la rinuncia incondizionata a ogni politica di potenza e il rifiuto del principio di autorità in ogni sua forma» 23. Ciò avrebbe significato la liquidazione di quel «provincialismo» ammantato di gran- deur in cui la società francese era sprofondata, a favore di quella dimen- sione cosmopolita per Chiaromonte indicatale dalla sua storia migliore. Si sarebbe trattata di una rigenerazione che avrebbe permesso alla Francia di dare un contributo formidabile alla costruzione di uno spazio europeo — culturale e politico — pienamente libero, cui Chiaromonte intensa- mente aspirava. Non sarebbe però certo esatto ridurre queste sue reiterate dichiarazioni di solidarietà alla ‘Francia civile’, a una sorta di idealizzazione, forse un po’ romantica, del ruolo che la Francia — e in essa Parigi — aveva svolto e poteva ancora svolgere quale capitale di una ideale repubblica delle lettere europea (o euro-atlantica), nella direzione di un rinnovamento della vita politica, sociale e intellettuale del Vecchio continente. Sarebbe allo stesso modo fuorviante ridurre l’antipatia feroce — peraltro molto diffusa nella stampa e nell’opinione pubblica italiana — che avrebbe riservato al gol- lismo solo alla frustrazione di qualcuno che vedeva la storia prendere una direzione decisamente contraria a quella auspicata. In fondo, era innanzitutto una formula polemica questo suo opporre costantemente alla ‘Francia eterna’ di de Gaulle una ben diversa ‘Francia civile’, sulla cui vitalità e capacità di aver ragione del torpore che la circon- dava Chiaromonte si ostinava a confidare, nonostante, come si accennerà, fosse consapevole dei molti elementi che facevano disperare di una rapido superamento della ‘crisi francese’. Era una chiave di lettura apparentemente rigida, dettata innanzitutto dall’urgenza di distanziarsi nettamente dal gollismo, ma che non impedì a Chiaromonte di cogliere, diversamente da molti altri osservatori ita-

22. Commentando, non senza sarcasmo, la riuscita del test nucleare di Reggane, nel deserto algerino, Chiaromonte affermò che i generali, gli unici che potevano rallegrarsi del nuovo status di potenza nucleare acquisito dalla Francia, avevano «il vanto di aver reso odiosa, per la prima volta nella storia, a decine di milioni di uomini, la nazione più amabile della terra» (N. Chiaromonte, Urrà per la Francia, «Tempo Presente», vol. V, no 2-3, febbraio-marzo 1960, pp. 186-187). 23. N. Chiaromonte, Il Generale, la Francia e noi, «Tempo presente», vol. V, no 12, dicembre 1960, p. 881. R 210 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia liani, le specificità che non ne facevano una riedizione francese e moderna del fascismo. Negli anni, Chiaromonte si dispose così a registrare, anche grazie a continui, brevi soggiorni parigini, ogni possibile segnale di anti- conformismo che potesse agitare quell’inerzia in cui, come abbiamo visto, la Francia — non diversamente dall’Occidente europeo nel suo insieme — era a suo dire sprofondata per azione della Guerra fredda. Nel fare ciò egli privilegiò l’evoluzione dei costumi e della mentalità piuttosto che le vicende strettamente politiche. Si trattò di un’analisi condotta sullo sfondo di un’articolata e critica riflessione sulla società di massa e sui cam- biamenti che in questo senso la società del benessere veniva dispiegando, a partire dal delinearsi di fenomeni di omologazione culturale storicamente inediti. Avrebbe così registrato per tempo i fermenti giovanili all’origine del Sessantotto 24. Va osservato che questa sua convinzione dell’irrilevanza della politique politicienne nel determinare i cambiamenti sostanziali in una società e della necessità di guardare altrove — per comprenderli appieno, non signi- ficava necessariamente disinteresse o peggio disprezzo per la politica tout court. Era però fermo nell’idea che l’intellettuale in quanto tale — e non in quanto cittadino — dovesse negarsi a ogni coinvolgimento diretto in essa, al fine di assolvere alla sua funzione di chiarificazione nel campo delle idee. Si trattava di preservare la propria autorevolezza per intervenire nel (e vigilare sul) dibattito pubblico quando la sfera della politica mostrasse di confliggere con quella della libertà della cultura e — in senso lato e più in generale — con il diritto di ciascuno e di tutti all’autonomia della pro- pria coscienza individuale. Giacché in fondo, come aveva più volte riba- dito, «il problema vero della politica contemporanea [era] come imporre alla ragione politica le ragioni elementari della morale» 25. In questo senso, proprio la vicenda del conflitto algerino e la connessa ascesa al potere di de Gaulle — il ‘colpo di stato’ del 13 maggio — ave- vano inevitabilmente suscitato l’interesse appassionato di Chiaromonte. Nel valutare quanto accadeva nel paese nordafricano Chiaromonte aveva assunto la posizione di chi riconosceva come inevitabile l’indipendenza dell’Algeria, ritenendo irrealizzabile qualsiasi altra soluzione, compresa quella federale (distanziandosi così anche dall’amico Camus) 26. Pur addos- sando la responsabilità principale del conflitto all’impasse della Quarta

24. Cfr. Id., La rivolta conformista. Scritti sui giovani e il ’68, a cura di C. Panizza, Forlì, Una Città-Fondazione Alfred Lewin, Italia, 2009. 25. Id., Importanza del dire di no, «Tempo presente», vol. III, no 11, 1958, pp. 893-894. 26. Cfr. Id., Camus e l’Algeria, «Tempo presente», vol. III, no 7, luglio 1958, pp. 587-588. R 211 Cesare Panizza

Repubblica e all’esercito francese, egli si rifiutava di sposare la causa indi- pendentista. Sia perché non condivideva l’assolutezza con cui gli indipen- dentisti algerini — al pari degli oltranzisti francesi — portavano avanti la loro lotta, con l’inevitabile, ma inaccettabile, corollario di fare dell’uso della violenza un obbligo di tipo morale; sia perché un’indipendenza così ottenuta avrebbe condannato l’Algeria a un destino di autarchica indi- genza. Come aveva sostenuto Raymond Aron in La tragédie algérienne, entrambe le parti in lotta avevano realisticamente interesse a una soluzione concordata del conflitto, ma ne erano per Chiaromonte impedite dalla logica ideologica che quel conflitto aveva assunto 27. Nel caso dei generali e della destra più estremista francese essa andava al di là del nazionalismo. Ciò che era in questione in Francia era in fondo il principio secondo il quale uno stato sovrano può e deve usare tutta la forza disponibile per reprimere qualsiasi fermento che ne metta in discussione il potere asso- luto in seno alla società. E cioè quel suo preteso «ius imperii, il diritto incondizionato di vita e di morte non solo, ma di disonore, di abiezione e di barbarie che lo Stato moderno non ha ancora cessato di arrogarsi sui cittadini» 28. Era questa la ragione ultima in nome della quale l’esercito francese aveva, secondo Chiaromonte, spianato la strada, non potendo esercitarlo direttamente, al potere quasi monarchico di de Gaulle. Ed essa era anche l’unico nocciolo ideologico della coalizione che sosteneva il Generale, un nocciolo ideologico, peraltro, come proprio il regime nato dal 13 maggio avrebbe dimostrato, indifferente all’ordinamento formale delle istituzioni e sostanzialmente finalizzato, nei fatti, a promuovere l’inte- grazione dell’esercito­ nel governo, quale correttivo ‘tecnico’ al malfunzio- namento della democrazia rappresentativa. Per queste ragioni non c’era da attendersi qualcosa di simile a un fascismo francese, nonostante il con- senso di cui quella soluzione godeva nell’estrema destra. Ma non vi erano nemmeno motivi per pensare che gli effetti sulla società francese non sareb- bero stati comunque dirompenti, giacché quel regime avrebbe comunque aggravato i processi di spoliticizzazione della vita pubblica che già la attra- versavano. Anzi, la confusione francese generata dal gollismo e dalla con- traddittoria figura di un generale chiamato a mettere al proprio posto l’esercito e i nazionalisti in nome della grandezza nazionale, lasciava intrav- vedere qualcosa di assai più grave. Dalla Francia s’è diffuso e continua a diffondersi per l’Europa l’esempio di una vio- lenza razionalmente organizzata e diretta, di un disprezzo metodico dell’uomo e della

27. Id., L’Algeria a lume di ragione, «Tempo presente», vol. III, no 1, gennaio 1958, pp. 73-76. 28. Id., Rifiuto d’obbedienza, «Tempo Presente», vol. V, no 9-10, settembre-ottobre 1960, pp. 715-718. R 212 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia

convivenza civile, di una volontà di potere senza scrupoli e senza limiti, di un nazio- nalismo feroce e freddo, più pericoloso assai di quel fascismo contro il quale, in Francia e fuori, si continua bellamente a battagliare 29. Giacché non si trattava di riconquistare solo la «legalità» o ristabilire l’«ordine» ma di abbattere dalle «fondamenta la Francia militare e nazio- nalista» per edificare «una nuova e vera repubblica» 30, Chiaromonte non si faceva in realtà grandi illusioni sulla possibilità di superare rapidamente e positivamente la crisi francese. Egli ricordava molto bene le amare delusioni del passato, le speranze accese e poi andate deluse sia durante la stagione del Fronte popolare sia durante la Resistenza, quando la mobilitazione sociale in cui si era incar- nata la ‘Francia civile’ era stata a suo parere tradita da quelle forze che ne avrebbero dovuto essere i fedeli interpreti, le organizzazioni partitiche e sindacali. Né egli si aspettava che le cose andassero ora diversamente. Non solo perché lo spettacolo dell’opposizione al gollismo offerto dalla sinistra francese era sconfortante, ma soprattutto per quella sua radicata sfiducia verso ogni forma di partecipazione politica organizzata delle masse. Ne discendeva la necessità di un lavoro in profondità a sostegno di ogni forma di genuina resistenza al conformismo e all’ambiguità in cui si tro- vava la vita pubblica in Francia. Si trattava di un compito di chiarifica- zione cui era chiamato innanzitutto il mondo della cultura e a cui ancora un volta gli intellettuali ‘progressisti’ — registrava Chiaromonte — si erano perlopiù sottratti. Essi, infatti, in maggioranza avevano operato la scelta di appoggiare la causa del Fln rendendosi così responsabili di rafforzare la logica che condannava il conflitto algerino a non essere risolto, se non attraverso una soluzione di forza. Era ancora una volta una critica alle posizioni di Sartre, accusato peraltro di aver sostituito nel tempo quale soggetto rivoluzionario le classi operaie dei paesi occidentali, ormai non più disponibili a rivoluzioni violente, con le masse diseredate dei paesi in via di decolonizzazione. Per queste ragioni, Chiaromonte salutò con entusiasmo la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algerie, il famoso ‘manifesto dei 121’ — benché sottoscritto anche da Sartre — a sostegno di coloro che si rifiutavano di prestare servizio militare in Algeria. «Si tratta infatti della prima manifestazione, in un paese dell’Europa non totalitaria, del fermento che ribolle dovunque: segno precursore, forse, di quella ripresa libera della vita politica che la Guerra fredda e i vecchi schemi politici hanno con-

29. Id., La Francia sinistrata, «Tempo Presente», vol. VII, no 6, giugno 1962, pp. 454-455. 30. Ibid. R 213 Cesare Panizza gelato per quindici anni» 31. Di concerto con Silone, Chiaromonte avviò una nutrita serie d’iniziative di sostegno al Manifesto. Insieme a Alberto Moravia, Guido Piovene, Lionello Venturi e Elio Vittorini indirizzò un telegramma ad André Malraux, all’epoca ministro degli Affari culturali francesi, per protestare contro i procedimenti giudiziari avviati nei con- fronti dei suoi firmatari. Su «Tempo Presente» apparve una Dichiarazione di solidarietà 32, stesa da Chiaromonte e Vittorini, che venne controfirmata da decine di intellettuali, non solo italiani (fra gli altri Dwight Macdonald, Bertrand Russell, Isaiah Berlin e dopo qualche perplessità iniziale la stessa Hannah Arendt) 33. Con la stessa partecipazione la rivista avrebbe com- mentato i processi Jeanson, il caso Sagan e prima ancora quello del padre Christian Corre. Le iniziative di Chiaromonte furono peraltro oggetto di critica negli ambienti del Congresso, in particolare da parte del diret- tore di «Preuves», François Bondy 34. A dimostrazione dell’assoluto rispetto della libertà intellettuale dei propri collaboratori provato da Silone e Chia- romonte, esse furono criticamente discusse, sulle stesse pagine di «Tempo presente», anche da Bloch-Michel 35, cui era normalmente affidato il ruolo

31. Id., Rifiuto d’obbedienza, cit. 32. La Dichiarazione di solidarietà con gli intellettuali francesi apparve con il titolo Diritto alla resistenza, nel numero di novembre 1960 (vol. V, no 11, pp. 785-788) di «Tempo presente». I firmatari italiani furono: M. Ageno, F. Albini, E. Amaldi, G. C. Argan, R. Bauer, L. Belgioioso, A. Benedetti, L. Berio, G. Bernardini, P. Bigongiari, R. Bilenchi, C. Bo, L. Borghi, C. Brandi, P. Bucarelli, A. Buzzati-Traverso, I. Calvino, R. Cantoni, A. Capitini, C. Cassola, N. Chiaromonte, F. Compagna, M. Conversi, L. Dallapiccola, E. Emanuelli, E. Enriquez Agnoletti, F. Fellini, G. Ferrata, E. Flaiano, I. Gardella, E. Garin, A. Garofalo, V. Gassmann, P. Grassi, G. Herling, A. Lattuada, G. Levi Della Vita, R. Longhi, M. Luzi, O. Macrì, L. Mazzucchetti, M. Mila, P. Milano, A. Mondadori, G. Montalenti, A. Monteverdi, E. Morante, A. Moravia, E. Morlotti, C. Musatti, C. Nivola, E. Paci, M. Pannunzio, E. Peressutti, G. Piovene, V. Pratolini, S. Quasimodo, C. L. Ragghianti, G. Righini, E. N. Rogers, L. Rognoni, E. Rossi, G. Salvini, G. Santomaso, T. Scialoja, V. Sereni, I. Silone, A. Spinelli, G. Strehler, G. Toraldo di Francia, G. Ungaretti, A. Valli, E. Vedova, L. Venturi, E. Vittorini, B. Zevi; nel Regno Unito: A. J. Ayer, I. Berlin, R. Hoggart, P. Ignotus, D. Jacobsen, B. Russel, J. Russel; negli USA: L. Abel, H. Arendt, E. Bentley, W. Demby, I. Howe, A. Kazin, F. Kline, W. de Kooning, S. Kunitz, M. McCarthy, D. Macdonald, R. Motherwell, E. Nagel, W. Phillips, R. Poggioli, P. Rahv, H. Rosember, M. Rothko, G. de Santillana, M. Schapiro. 33. Chiaromonte e Arendt si conobbero durante la Seconda guerra mondiale a New York, ai tempi della collaborazione di Chiaromonte a «politics» cui Arendt destinò alcuni saggi. Dopo il ritorno in Europa di Chiaromonte, rimasero sempre in contatto, anche grazie alla comune amicizia con la scrittrice Mary McCarthy. In particolare Chiaromonte prese posizione a difesa di Arendt durante la polemica suscitata dai suoi interventi in merito alla vicenda Eichmann. Cfr. l’epistolario fra McCarthy e Arendt, Between Friends: The Corres- pondence of Hannah Arendt and Mary McCarthy, 1949–1975, New York, Harcourt Brace & Company, 1996. Sul profondo legame filosofico che univa la riflessione di Chiaromonte e Arendt, P. Carlucci, Intellettuali nel Novecento: il confronto di Nicola Chiaromonte con Hannah Arendt, «Ricerche di storia politica», vol. I, 2011, pp. 3-28. Sulla collaborazione di Arendt a «politics», P. Adamo, «Politics», il radicalismo libertario e Hannah Arendt, in M. Durst e A. Meccariello (a cura di), Hannah Arendt. Percorsi di ricerca tra passato e futuro 1975- 2005, Firenze, Giuntina, 2006, pp. 57-71. 34. Su questo vedi il cenno che alla vicenda fa P. Carlucci, Intellettuali nel Novecento: il confronto di Nicola Chiaromonte con Hannah Arendt, cit. 35. J. Bloch-Michel, Lettera da Parigi, «Tempo presente», vol. V, no 9-10, settembre-ottobre 1960, pp. 703-706. R 214 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia di corrispondente da Parigi. Quei malumori dimostravano la posizione peculiare dei due intellettuali italiani in seno al Congresso. Silone e Chia- romonte fin dalla nascita di «Tempo presente» avevano infatti ‘contrattato’ una maggiore autonomia per la loro rivista dalle linee ufficiali dell’asso- ciazione internazionale, al fine di non essere impediti nella loro libertà di muovere critiche alle politiche dei paesi del blocco occidentale. Si trattava di una preoccupazione che non valeva solo per la politica interna italiana, dove non si voleva rinunciare in nome dell’atlantismo a un’irriducibile opposizione ai governi centristi democristiani, ma anche e forse soprat- tutto per il processo di decolonizzazione. La fine nel 1962 del conflitto algerino aveva significato solo apparen- temente un miglioramento della situazione politica, giacché non ne era affatto derivato quell’indebolimento del potere di de Gaulle che taluni a sinistra si aspettavano. Nonostante le tante critiche che lo investivano e le contraddizioni che lo condannavano, il regime gollista rimaneva ine- vitabilmente saldo in sella, grazie anche alla debolezza delle opposizioni. La ‘Francia civile’ — ossia in sostanza quei ceti medi che egli riteneva in realtà favorevoli a una politica democratica —, intimorita dalla possibi- lità che una caduta del Generale potesse determinare l’avvento al potere dell’estrema destra e condurre direttamente a una dittatura militare e forse alla guerra civile, ed intralciata, a sinistra, da un Partito comunista ridotto a «una vuota impalcatura», aveva continuato a vedere in de Gaulle il «minore dei mali», consentendogli di proseguire in una politica estera che rappresentava sul piano europeo un vulnus gravissimo e per la Francia un’insensatezza. Non per questo Chiaromonte disperava che in Francia «non ci fosse comunque qualcosa d’altro che de Gaulle da una parte e Thorez dall’altra», peraltro a suo dire solo apparentemente contrapposti 36. Il fatto nuovo, in grado, almeno negli auspici di Chiaromonte, di vin- cere l’immobilismo della società francese, avrebbe potuto essere il movi- mento studentesco, del cui fermento — soprattutto negli Stati Uniti, ma anche in Italia e in Francia — aveva colto per tempo, almeno dai primi anni Sessanta, e con favore, le prime avvisaglie. Gli pareva promettente la tendenza dei giovani a mettere in discussione il mondo ereditato dagli adulti, e le culture politiche dominanti, in particolare la comunista e la cattolica (in quest’ultimo caso anche per effetto del processo riformatore apertosi con il Concilio Vaticano II). Era convinto che l’acquisizione di un piena autonomia di giudizio li avrebbe spinti a rifiutare quelle tradizioni

36. N. Chiaromonte, La macchina dei plebisciti, «Tempo presente», vol. VII, no 11, novembre 1962, pp. 843-844. R 215 Cesare Panizza perché inconciliabili con le loro rivendicazioni di libertà e perché inade- guate alla loro «legittima impazienza a misurarsi con le questioni d’oggi» 37. Pur con molta cautela, riflettendo soprattutto sul caso italiano e francese, Chiaromonte sperava, almeno al suo esordio, che il movimento studen- tesco potesse rivelarsi un fattore importante di secolarizzazione della poli- tica oltre che della società. Avrebbe cioè potuto contribuire in prospettiva a liberare, una volta per tutte, la società dalla presa su di essa esercitata dalle grandi narrazioni ideologiche novecentesche. Nel caso francese non era questione solo di comunismo, ma anche di quel residuo di menta- lità nazionalista (e statolatrica) diffuso a destra come a sinistra. I fatti del Maggio parigino — pur considerando condivisibili le ragioni della rivolta e l’afflato libertario che la caratterizzava — avrebbero costituito un’ulte- riore delusione per Chiaromonte. Al pari, ancora una volta, dell’Aron di La Révolution introuvable, Chiaromonte vi vedeva uno psicodramma col- lettivo, una ribellione solo apparente che avrebbe definito nei suoi articoli per «La Stampa», cui aveva preso a collaborare proprio nel 1968, dopo la fine dell’esperienza di «Tempo presente», con un ossimoro: «la rivolta conformista» 38. In un duplice senso. Sia perché — ed era stata la chiave del suo successo e della sua estensione globale — quella rivolta, comprensibile come fatto generazionale solo alla luce di quella omologazione culturale contro la quale pure i giovani dichiaravano di volersi ribellare, finiva per produrre un conformismo di tipo nuovo altrettanto oppressivo degli indi- vidui rispetto a quello che i giovani intendevano denunziare; sia perché nel loro rifiuto del mondo dei padri i giovani finivano per compiere scelte in continuità con il loro esempio. Sul piano politico essi non facevano infatti nient’altro che radicalizzare e estremizzare le idee ricevute dalle generazioni precedenti, replicando quella assolutizzazione della politica, divenuta nel Novecento un succedaneo della religione, che conduceva ancora una volta alla legittimazione della violenza 39. Pur confidando nei cammini individuali che comunque quei giovani prima o poi avrebbero intrapreso e non escludendo — guardando soprat- tutto al caso americano — che comunque quella ribellione giovanile avreb- be avuto positivi effetti sul lungo periodo, Chiaromonte osservava sul finire

37. Id., Gioventù indocile, «Tempo presente», aprile 1965, pp. 2-5, ora riprodotto anche in Id., La rivolta conformista, cit., pp. 25-33. 38. Id., I giovani e la politica, «Tempo presente», febbraio 1967; ora anche in Id., La rivolta conformista, cit., pp. 50-54. 39. Sulla riflessione di Chiaromonte sul rapporto fra religione e politica e sugli effetti nella società contempo- ranea dell’obliterarsi della dimensione del ‘sacro’, cfr. il carteggio con suor Jerome, al secolo Melanie von Nagel, Fra me e te la verità. Lettere a Muskha, a cura di C. Panizza e W. Karpinski, Forlì, Una Città, 2013. R 216 Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia degli anni Sessanta come per l’ennesima volta — dopo la delusione del Fronte popolare, della guerra civile spagnola e poi della Resistenza — fosse fallito sul nascere (una volta di più anche per responsabilità degli intellet- tuali) il tentativo di impostare il problema politico nei suoi giusti termini. Per lui infatti il problema essenziale non era il conflitto fra nazioni o fra classi, ma la salvaguardia del pluralismo e della spontaneità della vita asso- ciata dal tentativo del potere statale di averne ragione riconducendoli a un qualche astratto principio ordinatore.

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résumés / Riassunti / abstracts

[p. 31] Sante Cruciani La ratifica dei Trattati di Roma in Francia e in Italia tra storia politica e storiografia transnazionale A partire dagli studi di Jean-Baptiste Duroselle ed Enrico Serra e dai per- corsi di ricerca promossi dal Gruppo di collegamento degli storici presso la Commissione europea, il saggio propone una ricostruzione comparata della posizione della Francia e dell’Italia di fronte alla nascita del Mercato Comune Europeo e dell’Euratom. Dopo aver ricostruito l’elaborazione politica dei due governi dalla Conferenza di Messina (1-3 giugno 1955) alla firma dei Trattati di Roma (25 marzo 1957), il saggio si sofferma sul dibattito dell’Assemblea nazionale (2-9 luglio 1957) e della Camera dei deputati (18-30 luglio 1957) sulla ratifica dei Trattati. Emerge la centralità del processo di integrazione per la politica estera francese e italiana e il ruolo dei partiti politici nella scelta europeista dei due paesi, all’indomani degli avvenimenti di Suez e dell’invasione sovietica dell’Ungheria del 1956. La decisione del governo socialista di Guy Mollet di aderire al Mercato comune europeo e all’Euratom e il sostegno dei deputati della Sfio al governo Bourgès-Maunoury nel dibattito all’Assemblea nazionale testi- moniano il contributo del socialismo francese al proseguimento del pro- cesso di integrazione. Il voto a favore dell’Euratom e l’astensione sul Mec del Psi sancisce in Italia la rottura tra comunisti e socialisti e l’inizio della difficile transizione dal centrismo al centrosinistra. Nonostante il voto contrario alla ratifica dei Trattati di Roma, negli anni Sessanta e Settanta la dialettica con il sindacato Cgil condurrà il Pci ad aprirsi gradualmente al processo di integrazione. Il Pcf manterrà invece una ferma opposizione fin oltre il Trattato di Maastricht e l’avvento della moneta unica. La ratification des traités de Rome en France et en Italie entre histoire politique et historiographie transnationale À partir des travaux de Jean-Baptiste Duroselle et d’Enrico Serra, ainsi que des parcours de recherche promus par le Groupe de liaison des histo- riens auprès de la Commission européenne, cet essai retrace et compare les positions de la France et de l’Italie face à la naissance du Marché commun R Cahiers d’études italiennes, n° 22, 2016, p. 219-235. 219 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie européen et de l’Euratom. Après avoir décrit l’élaboration politique des deux gouvernements, de la conférence de Messine (1-3 juin 1955) jusqu’à la signature des traités de Rome (25 mars 1957), l’essai prend en examen le débat à l’Assemblée nationale (2-9 juillet 1957) et à la Chambre des députés (18-30 juillet 1957) sur la ratification des traités. Cela fait ressortir la place centrale du processus d’intégration pour la politique étrangère française et italienne et le rôle des partis politiques dans le choix euro- péen des deux pays, au lendemain des événements de Suez et de l’invasion soviétique en Hongrie en 1956. La décision du gouvernement socialiste de Guy Mollet d’adhérer au Marché commun européen et à l’Euratom et le soutien des députés SFIO au gouvernement Bourgès-Maunoury dans le débat à l’Assemblée nationale témoignent de la contribution du socia- lisme français à la poursuite du processus d’intégration. En Italie, le vote favorable du PSI à l’Euratom et son abstention sur le Marché commun marque sa rupture avec les communistes et le début d’une transition dif- ficile entre le centrisme et le centre-gauche. En dépit du vote contraire à la ratification des traités de Rome, dans les années 1960 et 1970, le PCI sera amené, par la dialectique avec le syndicat CGIL, à s’ouvrir progres- sivement au processus de construction européenne. Le PCF gardera au contraire sa ferme opposition même après le traité de Maastricht et l’avè- nement de la monnaie unique. The Ratification of the Treaties of Rome in France and Italy between Political History and Transnational Historiography Starting from Jean Baptiste Duroselle and Enrico Serra’s studies and the researches made by the “liaison group of historians within the European Commission”, the present essay provides a comparative reconstruction of the French and Italian attitude towards the birth of the Common European Market and Euratom. After retracing the policymaking issues of the two governments from the Messina Conference (1–3 June 1955) to the signature of the Treaties of Rome (25 March 1957), the present study examines the debates of the National Assembly (2–9 July 1957) and the Chamber of Deputies (18–30 July 1957) on the ratification of the treaties themselves. What emerges is the centrality of the integration process in the French and Italian foreign policy and the role of the political parties in the pro-European choice of those two countries after the events of Suez and the Soviet invasion of Hungary in 1956. The decision made by the Socialist government of Guy Mollet to join the European Common Market and Euratom and the support of the SFIO deputies to the Government of Bourgès-Maunoury in the debate of the National Assembly, testify to R 220 Résumés / Riassunti / Abstracts the contribution of the French socialists in carrying on the integration process. The vote in favor of Euratom and the abstention of the (PSI) from the Common European Market formalized the break-up between communists and socialists and the beginning of the dif- ficult transition from centrism to the center-left. Despite the vote against the ratification of the Treaties of Rome in the sixties and seventies, the dis- cussion with the Union CGIL led the Italian Communist Party (PCI) to a gradual opening towards the integration process. On the other hand, the French Communist Party (PCF) kept its firm opposition to it far beyond the Maastricht Treaty and the advent of the single currency.

[p. 47] Élisabeth Yverneau-Glasser Un ambassadeur de France en Italie : Gaston Palewski (août 1957-avril 1962) Gaston Palewski a la charge de représenter la France en Italie entre août 1957 et avril 1962. Nommé ambassadeur sous la Quatrième République, il accomplit sa mission dans le contexte de la guerre d’Algérie et des dé- buts de la construction européenne. C’est à Rome qu’il assiste en « spec- tateur » au changement de République en France et au retour au pouvoir du général de Gaulle. Au cours de sa mission, il gère le dossier délicat de la guerre ­d’Algérie, organise le voyage en Italie du général de Gaulle en juin 1959, voyage qui commémore le centenaire des batailles de Magenta et de Solferino. Gaston Palewski exerce une diplomatie de prestige, reçoit beaucoup au palais Farnèse et sillonne la Péninsule, s’intéressant aux villes, aux musées, aux habitants. Un ambasciatore francese in Italia: Gaston Palewski (agosto 1957-aprile 1962) Gaston Palewski ha il compito di rappresentare la Francia in Italia tra l’agosto del 1957 e l’aprile del 1962. Nominato ambasciatore sotto la Quarta Repubblica, compie la propria missione nel contesto della guerra d’Algeria e delle prime fasi della costruzione europea. A Roma, assiste da ‘spettatore’ al cambiamento di Repubblica in Francia e al ritorno al potere del gene- rale de Gaulle. Durante la propria missione, gestisce il dossier delicato della guerra algerina, organizza il viaggio in Italia del generale de Gaulle, viaggio che commemora il centenario delle battaglie di Magenta e di Solferino. Gaston Palewski svolge una diplomazia di prestigio, accoglie molti invitati a Palazzo Farnese, e attraversa la penisola interessandosi alle città, ai musei, agli abitanti. R 221 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie

A French Ambassador in Italy: Gaston Palewski (August 1957-April 1962) Gaston Palewski had the task to represent France in Italy between August 1957 and April 1962. Appointed ambassador during the Fourth Republic, he fulfilled his assignment during the Algerian War and the first phase of the European construction. In Rome, he witnessed as a “spectator” to the change of Republic in France and to de Gaulle’s return to power. During his mandate, he had to handle the issue of the Algerian War, he organized de Gaulle’s visit to Italy during the centenary of Magenta’s and Solferino’s battles. Gaston Palewski’s term as an ambassador was characterized by “a high tone diplomacy”, he received many guests at Palazzo Farnese and traveled all over Italy, showing interest in its citizens, cities and museums.

[p. 61] Raffaella Cinquanta I federalisti italiani e francesi di fronte a Charles de Gaulle Dopo la caduta della Ced nel 1954 e nel tentativo di ridefinire strategie e alleanze politiche, l’Unione europea dei federalisti (Uef), vive un periodo di forte crisi, priva di unità d’intenti e d’azione e, conseguentemente, anche di peso politico. Ciò era dovuto in gran parte al contrasto tra le sue componenti francese e italiana: fautori del federalismo infranazionale e integrale, tendenzialmente moderati i primi, seguaci del federalismo sovrannazionale e istituzionale, fortemente radicali i secondi, guidati prima da Altiero Spinelli e poi da Mario Albertini e impegnati nell’azione del Congresso del popolo europeo per la convocazione di una Assemblea costi- tuente. L’ascesa al potere di de Gaulle aggravò la situazione fino a para- lizzare quasi completamente l’organizzazione, che per rimediare alla sua debolezza nel 1959 si trasformò in organizzazione unitaria e centralizzata, il Mfe-sovrannazionale. Lo sviluppo della situazione interna francese e i cambiamenti di rotta della politica europea di de Gaulle, specialmente tra 1962 e 1965, spinsero il Mfe non soltanto a ricomporre definitivamente i propri contrasti interni e con gli altri movimenti europeisti, ma anche a cercare di coordinare tutte le forze progressiste in funzione antigollista attraverso lo strumento del Fronte democratico per un’Europa federale e la strategia dell’elezione diretta del Pe, che sarà alla base della ritrovata influenza politica del Movimento nel decennio successivo. Les fédéralistes italiens et français face à Charles de Gaulle Après l’échec de la CED en 1954 et la tentative de redéfinir des straté- gies et des alliances politiques, l’Union européenne des fédéralistes (UEF) R 222 Résumés / Riassunti / Abstracts connaît une période de crise profonde, dévoilant d’importants désaccords quant aux objectifs et aux actions à entreprendre et, partant, quant à son poids politique. Cela était en grande partie dû au contraste entre ses membres français et italiens : les premiers défendaient l’idée d’un fédé- ralisme infranational et intégral et étaient plutôt modérés, alors que les seconds poursuivaient un fédéralisme supranational et institutionnel, ainsi qu’une tendance fortement radicale. Ces derniers ont été guidés par Altiero Spinelli d’abord et ensuite par Mario Albertini, impliqués dans l’action du Congrès du peuple européen pour la convocation d’une assemblée constituante. La montée au pouvoir de De Gaulle a aggravé la situation, au point de paralyser complètement l’organisation ; pour remédier à sa fai- blesse, elle se transforma, en 1959, en une organisation unitaire et centra- lisée : le MFE supranational. Le développement que connaîtra la situation politique interne française ainsi que les revirements de la politique euro- péenne de De Gaulle (notamment entre 1962 et 1965), amenèrent le MFE non seulement à assainir de manière définitive les conflits à la fois internes au mouvement et avec les autres mouvements européistes, mais aussi à tenter d’assurer un rôle de coordination entre toutes les forces progres- sistes antigaullistes et ce, à travers le Front démocratique pour une Europe fédérale ; ainsi que par la stratégie de l’élection directe du Parlement euro- péen, élément qui permettra au Mouvement de retrouver son influence politique, au cours de la décennie qui suivra. Italian and French Federalists facing Charles de Gaulle After the CED project was rejected in 1954 the European Union of Feder­ alists (UEF) underwent a severe crisis, which left it unable to renew its political strategy and alliances, devoid of political unity about goals and actions, and consequently without political weight. This critical situation was due mostly to the clash between its French and Italian member-­ organizations: the former, supporting integral and infra-national federalism was, on the whole, politically moderate, the latter, under the leadership of Altiero Spinelli and Mario Albertini, advocated supranational and institu- tional federalism, was extremely radical, was committed to the European People’s Congress action, and aimed at summoning a European constit- uent assembly. De Gaulle’s rise to power worsened the crisis. In order to mend its political weakness and its decision-making paralysis, in 1959 UEF was reformed into a unified and centralized organization, named supranational-MFE (European Federalist Movement). The developments in the French political scenario and the changes in de Gaulle’s European politics between 1962 and 1965, urged MFE to permanently settle the R 223 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie conflicts between its internal factions and with other Europeanist move- ments. They also induced MFE to involve progressive political forces into a wide anti-gaullist and pro-European action, coordinating them through a Democratic Front for a Federal Europe and adopting the strategy of direct elections to the European Parliament, which will make possible for the MFE to restore its political influence in the following decade.

[p. 77] Michele Marchi Guardando Oltralpe: la lunga marcia verso l’ouverture à gauche. Modello da imitare o incognita da evitare? L’obiettivo del contributo è inserire il processo che ha condotto nel di- cembre 1963 alla nascita del primo governo Moro di centro-sinistra nella più ampia evoluzione della storia politica europea e, in particolare, fornire il punto di vista che la politica francese ha offerto di questo percorso. Nello specifico il contributo cerca di mettere in rilievo una comparazione ‘impli- cita’ tra l’evoluzione del sistema politico istituzionale francese e quello ita- liano, così come è percepita dai principali partiti politici transalpini e dai loro organi di informazione. La convinzione è che si tratti di un punto di osservazione privilegiato dal momento che il centro-sinistra italiano segna il consolidarsi della cosiddetta «Repubblica dei partiti», mentre contem- poraneamente, nel contesto francese, con il passaggio politico-istituzionale del 1958-1962 si struttura una Quinta Repubblica gollista, in antitesi al primato che proprio i partiti politici avevano svolto nei dodici anni di vita della Quarta Repubblica. En regardant de l’autre côté des Alpes : la longue marche vers l’ouverture à gauche, un modèle à imiter ou une inconnue à éviter ? Cet article a pour objectif d’insérer le processus qui a conduit à la naissance du premier gouvernement Moro (décembre 1963), le premier exécutif de centre-gauche avec des ministres socialistes, dans le cadre plus large de l’histoire politique européenne, en relevant notamment le point de vue de la politique française. En particulier, l’essai compare « implicitement » l’évolution des systèmes politiques institutionnels français et italien, telle qu’elle est perçue par les principaux partis français et par leurs quotidiens. Il s’agit d’un observatoire privilégié car le centre-gauche italien marque une consolidation de ce qu’on appelle la « République des partis », tandis que, dans le contexte français, avec la transition politico-institutionnelle qui a lieu entre 1958 et 1962, se structure une Cinquième République gaul- liste, antithétique à la primauté que les partis politiques avaient exercée pendant les douze années de vie de la Quatrième République. R 224 Résumés / Riassunti / Abstracts

Looking to the Other Side of the Alps: The Long Walk to the “Opening to the Left”, a Model to Imitate or to Avoid? The aim of this paper is to place the process that led to the birth of the first centre-left Moro government with the participation of Socialist ministers in December 1963 in the context of the broader evolution of European political history and to take into account the viewpoint of French politics on this process. The paper highlights an “implicit” parallelism between the evolution of the French institutional political system and that of the Italian system, as perceived by the main political parties in France and in their media. The author finds interesting that at a time when the Italian centre-left strengthened the so-called “Republic of the parties”, in France, with the political-institutional transition of 1958–1962, a Gaullist Fifth Republic was emerging, in strong contrast to the previous domination of the political parties during the twelve years of the Fourth Republic.

[p. 97] Roberto Colozza Charles de Gaulle visto dall’Italia (1958-2012) Il saggio si occupa di descrivere la ricezione dell’immagine di Charles de Gaulle e del gollismo da parte della classe politica italiana, e tangenzial- mente della cultura accademica, a partire dal ritorno al potere del generale nel 1958, anno della fondazione della Quinta Repubblica francese, fino ai giorni nostri. Basandosi sulla letteratura esistente e integrandola con fonti edite che danno voce ai protagonisti dell’epoca, lo studio mostra il prevalente sentimento di ostilità che le élites italiane provavano verso un uomo e un’idea di potere estranei all’assetto della democrazia parlamentare affermatasi in Italia dal 1946, oltre che agli interessi geopolitici dell’Italia nel Mediterraneo. Nonostante gli accordi di Évian e il ritiro onorevole di de Gaulle dal potere, l’immagine del generale continuò, salvo rare ecce- zioni, a non suscitare entusiasmi. E anche presso coloro che auspicavano il presidenzialismo come soluzione alla partitocrazia il sistema statunitense era ritenuto preferibile a quello francese. Solo dopo la fine della Guerra fredda, de Gaulle è divenuto in Italia anche sinonimo di buongoverno e di sano decisionismo, fino a diventare un modello di riferimento per alcuni ambienti colti vicini a Silvio Berlusconi. Charles de Gaulle vu de l’Italie (1958-2012) L’article décrit comment de Gaulle et le gaullisme étaient perçus par la classe politique italienne et par les milieux académiques, depuis le retour au pouvoir du Général en 1958, l’année de fondation de la Cinquième R 225 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie

République en France, jusqu’à nos jours. À travers une confrontation avec la littérature existante et l’exploitation de sources éditées donnant voix aux acteurs, l’étude montre que les élites italiennes ressentaient une cer- taine méfiance, voire une véritable hostilité à l’égard de De Gaulle et de sa conception du pouvoir. Celle-ci était en effet en conflit avec les contenus de la démocratie républicaine née en 1946 et avec les intérêts géopoli- tiques de l’Italie dans la Méditerranée. Malgré les accords d’Évian et la démission de De Gaulle, son image ne suscitait guère d’enthousiasme, à de rares exceptions près. Même ceux qui prônaient le présidentialisme comme solution à la partitocratie, préféraient le système étasunien à celui de la France. Ce n’est qu’après la fin de la Guerre froide que de Gaulle est devenu synonyme de bon gouvernement, au point d’être une source d’ins- piration pour certains milieux intellectuels proches de Silvio Berlusconi. Charles de Gaulle Seen from Italy (1958–2012) This article focuses on how de Gaulle was perceived by the Italian political leading class, and partly by academic milieus, from his taking power in 1958, when the Fifth Republic was founded, to our days. The essay is based on existing literature in the field as well as on published testimonies of the major actors, and it shows that Italian élites were often hostile to de Gaulle and his idea of power, which was in contrast with the Italian variety of republican Democracy since 1946, as well as with Italian interests­ in the Mediterranean. Despite the Évian Accords and de Gaulle resignation from President, the General did not achieve consensus in Italy and had only isolated supporters. Even those considering presidentialism as a response to parties’ inefficiency preferred to refer to the US system rather than to the French one. It was only after the end of the Cold War that de Gaulle became a possible symbol of good government and even a source of in- spiration for some intellectual milieus close to Berlusconi.

[p. 113] Bruna Bagnato Tra Parigi e Algeri. L’Italia e «l’elastico filo della sopportazione francese» (1954-1962) L’Italia aderisce alla tesi francese sul carattere interno degli ‘événements’ in Algeria perché teme gli effetti, nelle relazioni con Parigi, di un compor- tamento difforme. I timori tuttavia cambiano nel corso degli anni. Fino al marzo 1957, il sostegno italiano è riconducibile alla necessità di non introdurre elementi di disaccordo che potrebbero sabotare il processo di integrazione europea. Nei mesi successivi, in una fase in cui l’incapacità R 226 Résumés / Riassunti / Abstracts francese di chiudere il conflitto diventa sempre più palese, la prudenza italiana si spiega con il timore di favorire una deriva autoritaria o frontista della Francia e un complessivo ripensamento della sua collocazione inter- nazionale. Dopo il ritorno al potere di de Gaulle, l’orientamento italiano si spiega con la convinzione che il Generale possa optare per una soluzione negoziale per l’Algeria solo se solidamente sostenuto dai partner europei e atlantici. Entre Paris et Alger. L’Italie et « le fil élastique de la patience française » (1954-1962) L’Italie adhère hypocritement à la thèse française sur le caractère « inté- rieur » des « événements » d’Algérie puisqu’elle craint les effets d’une atti- tude différente dans ses relations avec Paris. Des craintes qui changent tout au long de la guerre. Jusqu’en mars 1957, le soutien italien visait à ne pas saboter le processus d’intégration européenne. Dans les mois suivants et jusqu’en mai 1958, l’on craint que l’« abandon » de la France pourrait favoriser un tournant autoritaire ou « gauchiste » et une reconsidération de ses relations occidentales. Après le retour au pouvoir de De Gaulle, on considère que le Général ne peut opter pour une solution libérale pour l’Algérie que s’il obtient des satisfactions pour la France, en termes de prestige et de solidarité, sur les terrains européen et atlantique. Between Paris and Algers. Italy and “the Elastic Thread of French Endurance” (1954–1962) The Italian governments support the French claim about the “internal” character of the Algerian War, even though they don’t actually share it, because they fear that a different attitude would involve serious risks. These risks change in the course of the war. Until March 1957, Italy fears that a different attitude could push France to abandon the European integra- tion process. In the following months until May 1958, Italy is afraid that France, if abandoned by its allies, would evolve towards a leftist govern- ment or an authoritarian regime, which could reconsider French alliances. After the return of de Gaulle, Italy is convinced that France will opt for a liberal solution for Algeria only if it obtains satisfactions and solidarity in the European and Atlantic networks.

R 227 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie

[p. 127] Pauline Picco Les regards des extrêmes droites italiennes sur le combat pour l’« Algérie française » : circulations et transferts (années 1960) Dès 1960, les activistes français qui défendent la présence française en Algérie trouvent en Italie de puissants soutiens, à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique. De véritables réseaux d’extrême droite franco-italiens se constituent à la faveur du combat OAS, alors que des ultras français font de l’Italie leur terre d’exil. Les principaux groupes extraparlementaires d’extrême droite de la Péninsule apportent leur sou- tien verbal et opérationnel au combat pour l’Algérie française et à l’OAS. Toutefois, la présence d’activistes se réclamant de l’OAS sur le territoire italien divise durablement le Movimento sociale italiano (MSI), principal parti d’extrême droite en Italie. Au-delà de ces divisions, les Italiens d’ex- trême droite érigent ainsi les « paras » et l’OAS en mythes matriciels et mobilisateurs qui contribuent à favoriser, de part et d’autre des Alpes, des circulations et transferts idéologiques et culturels. Lo sguardo delle estreme destre italiane sulla lotta per l’‘Algeria francese’: circolazione e trasferimenti negli anni Sessanta Dal 1960, gli attivisti francesi che difendono la presenza francese in Algeria trovano in Italia potenti appoggi, a destra e all’estrema destra dell’arco politico. Grazie alla lotta Oas, si costituiscono vere reti di estrema destra franco-italiane, mentre certi ultrà francesi scelgono l’Italia come terra d’esi- lio. I principali gruppi extraparlementari di estrema destra della penisola forniscono un sostegno verbale e operativo alla lotta per l’Algeria fran- cese e all’Oas. Tuttavia, la presenza di attivisti che si richiamano dell’Oas sul territorio italiano divide a lungo il Movimento sociale italiano (Msi), principale partito di estrema destra in Italia. Al di là di queste divisioni, gli italiani di estrema destra attribuiscono ai ‘parà’ e all’Oas una funzione di mito fondativo, che contribuisce a favorire circolazioni e trasposizioni ideologiche e culturali, al di quà e al di là dalle Alpi. The View of the Italian Extreme Rights on the Fight for “French Algeria”: Circulation and Transfers during the Sixties Since 1960, French activists who defended French presence in Algeria found powerful support from the Italian right and far right. French-Italian far right networks arose in relationship to the OAS fight, while French “ultras” chose Italy as a land of exile. Main Italian extra-parliamentary far right groups gave verbal support and operational assistance to the fight for R 228 Résumés / Riassunti / Abstracts

French Algeria and to OAS. However, the presence of OAS activists on Italian territory divided for a long time the Movimento sociale italiano, the main far right party in Italy. Despite these divisions, far right Italian militants turned “paras” and OAS into foundational myths that promoted ideological and cultural transfers, on both sides of the Alps.

[p. 141] Marta Musso Petrolio e politica nella decolonizzazione algerina: verso un network energetico europeo? Le relazioni tra Francia e Italia nella guerra d’Algeria sono state oggetto di diverse analisi storiche; questo lavoro si concentra sul ruolo dell’industria petrolifera nelle relazioni tra i due paesi nel periodo specifico. Le riserve d’idrocarburi algerine furono scoperte nel 1956, due anni dopo l’inizio della guerra. I ritrovamenti ebbero una notevole eco in Francia, e la pos- sibilità di diventare un paese produttore di petrolio rese più urgente il dibattito sull’amministrazione del Sahara e sull’opportunità di aprire le porte alle compagnie straniere. Questa ricerca ha come obiettivo l’esame delle azioni intraprese dalla Francia per la messa a punto di un’industria petrolifera nel Sahara, e le parallele strategie dell’industria petrolifera internazionale per la penetra- zione in un nuovo territorio e in un’area contestata. In particolare, l’analisi si concentra sulla strategia dell’Eni, la compagnia di Stato Italiana, che rifiutò apertamente di collaborare con il governo francese per mantenere un atteggiamento pro-arabo. L’articolo punta a ricostruire il dibattito sulle risorse del sottosuolo saha- riano, il problema del controllo del territorio e le frizioni tra l’industria petrolifera di Stato europea e le grandi multinazionali americane, nel con- testo più ampio della decolonizzazione, dei negoziati per la costruzione dell’Unione Europea e della ricerca di una maggiore indipendenza dagli Stati Uniti. Pétrole et politique dans la décolonisation algérienne : vers un réseau européen de l’énergie ? Ce travail se concentre sur le rôle de l’industrie pétrolière dans les relations entre la France et l’Italie pendant la guerre d’Algérie. Les réserves d’hydro- carbures algériens avaient été découvertes en 1956, deux ans après le début des hostilités avec la France. Les résultats ont eu un écho remarquable en France, où la possibilité de devenir un pays producteur de pétrole a rendu R 229 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie plus pressant le débat sur l’administration du Sahara et sur la possibilité d’ouvrir les portes du désert aux compagnies pétrolières étrangères. Cette recherche a pour objectif l’analyse des actions entreprises par la France pour établir une industrie pétrolière au Sahara, et des stratégies parallèles de l’industrie pétrolière internationale pour pénétrer un nou- veau territoire dans une zone disputée. En particulier, l’analyse porte sur la compagnie italienne d’État ENI, qui refusa ouvertement une collabora- tion avec le gouvernement français pour maintenir une attitude pro-arabe. Cet article vise à retracer le débat sur les ressources souterraines subsaha- riennes, le problème du contrôle du territoire et les frictions entre l’in- dustrie pétrolière européenne d’État et les multinationales américaines, dans le contexte plus large de la décolonisation, des négociations pour la construction de la CEE et de la recherche d’une plus grande indépendance des États-Unis. Oil and Politics in Algerian Decolonization: Towards a European Energy Network? Italian-French relations during the Algerian war have been the subject of thorough historical investigations; this paper concentrates on the hydro- carbon industry and its role in the Algerian decolonization process and in the Italian-French relations. Algerian hydrocarbon reserves were found in 1956, two years after the outbreak of the war. The discovery had a con- siderable impact in France, where the possibility of becoming an oil ex- porting country reinvigorated the debate over the management of the Saharan area and on whether (and to which degree) to allow the presence of foreign oil companies in its exploitation. The research aims to investigate the actions taken by the French govern- ment for the set-up of an oil industry in the Sahara and the parallel strate- gies of the international oil industry for the penetration of a new territory in a contented area. In particular, the paper focuses on the Italian State company ENI, which openly refused to collaborate with the French gov- ernment in order to maintain a pro-Arab approach. This paper aims to reconstruct the debate over the Saharan oil resources, the control over the territory and the frictions between European SOEs and the American oil giants, in the broader contest of decolonisation, the negotiations for the construction of the European Union and the research for more independence from the United States.

R 230 Résumés / Riassunti / Abstracts

[p. 159] Stéphane Mourlane La question migratoire dans les relations franco-italiennes dans les années 1950-1960 Après la Seconde Guerre mondiale l’émigration italienne vers la France connaît une reprise avant de décroitre à partir des années 1960. La ques- tion migratoire occupe dans les relations franco-italiennes une place impor- tante. Les deux gouvernements entendent organiser les flux. La France a besoin de la main-d’œuvre transalpine tandis que pour l’Italie l’émigra- tion est conçue comme une nécessité pour résorber le chômage. L’accord de mars 1951 cherche à établir un compromis entre, du côté français, les impératifs économiques de recrutement, du côté italien, l’établissement d’une protection sociale équitable. Les conditions de séjour (logement et prestations sociales) sont au centre de discussions soumises aux contraintes communautaires qu’impose l’application du traité de Rome. Les échanges révèlent des approches différenciées de la migration entre l’assimilation- nisme français et l’interventionnisme italien en vue de maintenir une tutelle sur les migrants. Le migrazioni nelle relazioni franco-italiane negli anni ’50 e ’60 Dopo la Seconda guerra mondiale l’emigrazione italiana verso la Francia conosce una ripresa prima di decrescere a partire dagli anni ’60. Le que- stioni migratorie occupano uno spazio rilevante nelle relazioni bilaterali italo-francesi. Entrambi i governi vogliono organizzare i flussi. La Francia ha bisogno di lavoratori italiani mentre per l’Italia l’emigrazione è una necessità per riassorbire la disoccupazione. L’accordo del marzo 1951 cerca di stabilire un compromesso tra gli imperativi economici di reclutamento dei francesi e la richiesta di una protezione sociale equa da parte italiana. Le condizioni di soggiorno (alloggio e sistema di protezione sociale), sono al centro di discussioni sottomesse alle costrizioni comunitarie che impon- gono l’applicazione del trattato di Roma. Gli scambi rivelano approcci differenziati alla migrazione, tra l’‘assimilationnisme’ francese e l’interven- tismo italiano, mirante a mantenere una tutela sugli emigranti. The Migration Question in Franco-Italian Relationships in the Fifties and Sixties Emigration from Italy to France increased after the Second World War, before its decrease from the beginning of the 1960s. The issue of emigra- tion plays a key role in the history of Franco-Italian relations. Both govern- ments wished to regulate the stream of migrants. While France relied on R 231 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie transalpine migration for its labor force, for Italy migration provided a way of coping with unemployment. The agreement of March 1951 tries to find a compromise between the economic need for labor on the French side, and the demand, on the Italian side, for a social welfare system for the immi- grants. The conditions of residence (such as housing and social security) were a major point of discussion, within the framework of the European community rules imposed by the Treaty of Rome. The debates reveal a different approach to migration, between the French attempt to “assimilate” and the Italian concern to maintain influence on their emigrants.

[p. 175] Daniele Caviglia Un sistema, due visioni. Le relazioni monetarie tra Italia e Francia nell’era de Gaulle Il saggio ricostruisce le relazioni diplomatico-monetarie tra Italia e Francia durante la seconda parte dell’era gollista. Pur nell’ambito dei comuni vin- coli atlantici ed europei, i due paesi svilupparono visioni e approcci diversi sul futuro del sistema monetario internazionale imperniato sulla centralità del dollaro. Differenze destinate a riflettersi sul rapporto con gli Stati Uniti ma anche sull’elaborazione di soluzioni politico-economiche alternative rispetto alla progressiva crisi di un sistema monetario sempre più ostaggio delle sue contraddizioni interne e della speculazione internazionale. Un système, deux politiques. Les relations monétaires entre l’Italie et la France pendant l’ère de Gaulle L’essai reconstitue les relations diplomatiques et monétaires entre l’Italie et la France pendant la seconde partie de l’ère de Gaulle. Tout en étant liés par les mêmes engagements atlantiques et européens, les deux pays ont développé des visions et des approches différentes quant à l’avenir du système monétaire international, axé sur le dollar. Ces différences étaient destinées à se refléter sur le rapport avec les États-Unis, mais aussi sur l’éla- boration de solutions politico-économiques de plus en plus prisonnières de leurs contradictions internes et de la spéculation internationale. One System, Two Policies. Monetary Relations between Italy and France during the de Gaulle’s Era This essay analyses diplomatic and monetary relations between Italy and France during the second part of the de Gaulle’s era. Within the context of the common Transatlantic and European links, the two countries devel- oped different perspectives and approaches to the future of the inter- R 232 Résumés / Riassunti / Abstracts national monetary system geared to the pivotal role of the dollar. These differences affected not only the relationship with the US but also the search for political and economic alternatives to the growing crisis of the international monetary system plunged into the throes of internal contra- dictions and international speculation.

[p. 189] Bruno Settis La grande fabbrica fordista. Culture politiche e scienze sociali alla prova del neocapitalismo Già apparso nelle controversie sull’economia pianificata all’indomani della crisi del 1929, specie in Francia come ‘néo-capitalisme’, il concetto di ‘Neo- capitalismo’ è strettamente legato a quello di ‘fordismo’ nel dibattito degli anni ’50 e ’60: può rappresentare e sintetizzare tensioni, attese e paure dei capitani d’industria, degli scienziati sociali, dei leader e degli intellet- tuali dei sindacati e dei partiti delle sinistre. Dev’essere considerato come un dibattito sia generale, quale che fosse la distanza tra queste figure, sia transnazionale, avendo il suo centro d’irradiazione negli Stati Uniti e coinvolgendo Italia e Francia. I progressi tecnici nelle industrie della produzione di massa, il prender forma dei consumi di massa e del welfare, l’influenza dello Stato sugli investimenti e su tutta l’economia nazionale erano tra le tematiche discusse nella cornice del neocapitalismo. La prin- cipale contesa verteva sulle relazioni di lavoro, ovvero se questi cambia- menti implicassero il superamento delle contraddizioni fondamentali del capitalismo oppure, al contrario, una radicalizzazione e riconfigurazione del conflitto tra lavoratori e capitale. Infine, ma non ultimo, dalla risposta a queste domande dipendeva la missione (e l’autorappresentazione) delle sinistre e del movimento operaio. La grande usine fordiste. Cultures politiques et sciences sociales à l’épreuve du néo-capitalisme Déjà apparu dans les controverses sur le planisme au lendemain de la crise du 1929, le concept de « néo-capitalisme » est étroitement lié à celui de « fordisme » dans le débat des années 1950 et 1960 : il peut représenter et résumer les tensions, les espoirs et les peurs des industriels, des sociolo- gues, des chefs et des intellectuels des syndicats et des partis de gauche. Malgré la distance entre ces figures, il faut considérer ce débat comme étant général, et aussi transnational, ayant son centre de rayonnement aux États-Unis et impliquant l’Italie et la France. Les progrès techniques dans les industries de production de masse, le développement de la consomma- R 233 France et Italie, 1955-1967 : politique, société et économie tion de masse et du welfare, l’influence de l’État sur les investissements et sur toute l’économie nationale faisaient partie des problèmes discutés dans le cadre du néo-capitalisme. La principale querelle concernait les relations industrielles, c’est-à-dire si ces changements impliquaient le dépassement des contradictions fondamentales du capitalisme ou, au contraire, une radicalisation et reconfiguration du conflit entre travailleurs et capital. Dernier point, mais non des moindres : de la réponse à ces questions dé- pendait la mission (et l’autoreprésentation) des Gauches et du mouve- ment ouvrier. Fordist Factories. Political Cultures and Social Sciences facing Neocapitalism Appearing already during the controversies on planning following the 1929 crack, first of all in France, the concept of “Neocapitalism” is strictly con- nected to “Fordism” in the 1950s and 1960s debate: it can epitomize ten- sions, expectations and fears of business leaders and industrialists, social scientists, leaders and intellectuals of the Unions and of the Left parties. Despite the disagreement between these figures, the debate may be re- garded as both general and transnational, having its starting point in the United States and involving Italy and France. Technological changes in the mass production industries, the shaping of mass consumption and welfare, the State’s influence over investments and the whole national eco- nomy are among the issues that were discussed within the framework of Neocapitalism. The main subject of contention was whether such changes implied the overcoming of the fundamental contradictions of capitalism or, on the contrary, a radicalization and reconfiguration of the conflict between workers and capital. Last but not least, the mission (and the self- portrait) of the Left and the Labour movement depended on the answers given to these questions.

[p. 203] Cesare Panizza Nicola Chiaromonte, «Tempo presente» e la ‘crisi’ della Francia Questo saggio ricostruisce l’analisi dell’evoluzione politica della Francia sviluppata da Nicola Chiaromonte (1905-1972) nel corso del tempo, pren- dendo in considerazione gli articoli a essa dedicati che egli pubblicò sulle pagine di «Tempo presente» (1956-1968), la rivista di cui era direttore insieme a Ignazio Silone. Lo studio si sofferma in particolare sugli inter- venti dedicati alla politica di de Gaulle, che Chiaromonte avversava, e alla guerra d’Algeria, di cui auspicava una soluzione pacifica che garan- R 234 Résumés / Riassunti / Abstracts tisse l’indipendenza agli algerini senza condannare il paese nordafricano alla dittatura del Fln. Per comprendere la particolarità del giudizio di Chiaromonte, l’autore ricostruisce sinteticamente il complesso rapporto di Chiaromonte con la Francia, dove visse a lungo, e con il mondo dell’in- tellettualità parigina. Nicola Chiaromonte, Tempo presente et la « crise » de la France Cet essai retrace l’analyse de la politique française développée par Nicola Chiaromonte (1905-1972) au fil du temps, en examinant ses articles publiés à ce sujet dans Tempo presente (1956-1968), la revue qu’il dirigeait avec Ignazio Silone. L’auteur s’arrête notamment sur les textes où Chiaromonte commentait la politique de De Gaulle, qu’il n’aimait pas, et la guerre d’Algérie, dont il souhaitait une solution pacifique qui garantirait l’indé- pendance aux Algériens sans condamner le pays de l’Afrique du Nord à la dictature du FLN. Pour comprendre la particularité du jugement de Chiaromonte, l’article synthétise la relation complexe entre Chiaromonte et la France, où il vécut pendant plusieurs années, et avec le monde des intellectuels parisiens. Nicola Chiaromonte, Tempo presente and the “Crisis” of France This essay reconstructs the analysis of the French political situation that Nicola Chiaromonte (1905–1972) developed over the years by examining the articles he devoted to this subject in Tempo presente (1956–1968), the magazine he edited with Ignazio Silone. The paper highlights in particular Chiaromonte’s texts on de Gaulle’s policy, from which he dissented, and on the Algerian war: he hoped for a peaceful solution that would guar- antee independence to Algerians while preventing the dictatorship of the FLN. To stress the singularity of Chiaromonte’s point of view, the author reconstructs his complex relations with France, where he lived for several years, and with the world of Parisian intellectuals.

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Renseignements et commandes Cahiers d’études italiennes (Novecento… e dintorni & Filigrana)

Ellug / Revues Université Grenoble Alpes CS 40700 38058 Grenoble cedex 9 Tél. 04 76 82 43 75 / Fax 04 76 82 41 12 Courriel : [email protected] http://ellug.u-grenoble3.fr

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Numéros disponibles Numéro 1 (Novecento) Dire la guerre ? 2004 Numéro 2 (Filigrana) La Persuasion 2005 Numéro 3 (Novecento) Images littéraires de la société contemporaine (1) 2005 Numéro 4 (Filigrana) Pétrarque et le pétrarquisme 2005 Numéro 5 (Novecento) Images littéraires de la société contemporaine (2) 2006 Numéro 6 (Filigrana) La Nouvelle italienne du Moyen Âge à la Renaissance 2006 Numéro 7 (Novecento) Images littéraires de la société contemporaine (3) 2008 Numéro 8 (Filigrana) Boccace à la Renaissance 2008 Numéro 9 (Novecento) Images littéraires de la société contemporaine (4) 2009 Numéro 10 (Filigrana) Nouvelle et roman : les dynamiques d’une interaction 2009 du Moyen Âge au Romantisme (Italie, France, Allemagne) Numéro 11 (Novecento) Littérature et nouveaux mass médias 2010 Numéro 12 (Filigrana) Texte et images dans la culture italienne 2010 (Moyen Âge, Renaissance, époque contemporaine) Numéro 13 (Filigrana) Enea Silvio Piccolomini-Pie II : homme de lettres, 2011 homme d’Église

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Numéro 14 (Novecento) Les années quatre-vingt et le cas italien 2012 Numéro 15 (Filigrana) Héros et modèles 2012 Numéro 16 (Novecento) « On ne naît pas… on le devient ». 2013 I gender studies e il caso italiano, dagli anni Settanta a oggi Numéro 17 (Filigrana) Traduire : pratiques, théories, témoignages en Italie et 2013 en France du Moyen Âge à nos jours Numéro 18 (Novecento) Da Torino a Parigi: Laura Malvano storica e critica d’arte. 2014 Omaggio alla vita e all’opera Numéro 19 (Filigrana) Idées et formes du tragique dans la société et la culture 2014 italiennes : de l’Humanisme à la fin de l’époque moderne Numéro 20 (Novecento) Foscolo e la cultura europea 2015 Numéro 21 (Filigrana) L’Italie et l’Orient : échanges, enjeux, regards croisés 2015 Anciens numéros Renseignements et commandes Filigrana

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Filigrana numéro 6 : La Lettre, le Secrétaire, le Lettré. De Venise à la Cour d’Henri III (2 vol. indivisibles) 2000-2001 25 euros

Filigrana numéro 7 : De la dérision (2) 2002-2003 15 euros

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… Novecento / Tigre (Hors série) 15 euros … Violence politique et écriture de l’élucidation dans … le bassin méditerranéen – Sciascia et Vásquez Montalbán

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