Dynamiques Territoriales De La Production Maraichère Dans Les Hauts
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Dynamiques territoriales de la production maraichère dans les Hauts Plateaux de l’Ouest Cameroun : cas du département de la Menoua Wuld Daniel Paddy MVENG1* ; Abdoulay NSANGOU NJANKOUO2 ; Fabrice Parfait AZEBAZE KENFACK3 ; Marcien KUETE FOGANG4 ; Laure Lysette CHIMI NKOMBO5 ; Irène LAKEU MELI6 1- Economiste du territoire, chercheur IRAD (Institut de Recherche Agricole pour le Développement) 2- Ingénieur Agro-socio-économiste, chercheur IRAD 3- Socio-Economiste, chercheur IRAD 4- Géographe-cartographe/ agroforestier, chercheur IRAD 5- Environnementaliste, chercheur IRAD 6- Environnementaliste, chercheur IRAD Résumé: Le maraîchage s'est développé rapidement au cours des dernières décennies au Cameroun. Certaines zones agroécologiques comme les Hauts Plateaux de l'Ouest, sont devenues des bassins maraîchers importants. Cet article examine les dynamiques récentes de la production maraîchère dans cette zone à travers le département de la Menoua. L'objectif est non seulement de déterminer le poids des principales cultures dans les arrondissements du département, mais surtout de l'analyser afin de mettre en évidence leurs dynamiques territoriales. Pour ce faire, treize cultures maraîchères ont été échantillonnées sur la base des données fournies par la Délégation Départementale de l'Agriculture. Leur traitement visait à mesurer l'indice de spécialisation territoriale ( ) sur ces cultures. Globalement, il ressort que la production maraichère du département푎 푆푝é sur la période 2010-2020 présente des situations territoriales contrastées. Il est aussi observé que les arrondissements se diversifient plus qu’ils ne se spécialisent. Si la tendance à la diversification concerne Dschang, Fongo-Tongo, Knong-Gni et Penka-Michel, la tendance à la spécialisation ne concerne que Fokoué et Santchou. Des facteurs économiques et territoriaux justifient ces 59 résultats. Ainsi, des analyses plus systémiques des structures territoriales permettraient de préciser l'évolution de ces dynamiques. Mots-clés : dynamiques territoriales, production maraîchère, Menoua, spécialisation, diversification Abstract: Market gardening has developed rapidly over the last few decades in Cameroon. Some agro-ecological zones, such as the Western Highlands, have become important market gardening basins. This article examines the recent dynamics of vegetable production in this area through the Menoua department. The aim is not only to determine the weight of the main crops in the department's districts, but above all to analyse them in order to highlight their territorial dynamics. To this end, thirteen market garden crops were sampled on the basis of data provided by the Departmental Delegation of Agriculture. Their processing aimed to measure the territorial specialisation index ( ) on these crops. Overall, it emerges that the department's market garden production푎 over 푆푝é the period 2010-2020 presents contrasting territorial situations. It is also observed that the districts are diversifying more than they are specialising. While the trend towards diversification concerns Dschang, Fongo-Tongo, Knong-Gni and Penka-Michel, the trend towards specialisation only concerns Fokoué and Santchou. Economic and territorial factors justify these results. Thus, more systemic analyses of territorial structures would make it possible to specify the evolution of these dynamics. Keywords : territorial dynamics, vegetable production, Menoua, specialisation, diversification 60 Introduction générale L'activité de maraîchage, entendue comme la culture de plantes (légumes, certains fruits, fines herbes, fleurs) à usage alimentaire, est très présente dans les pratiques agricoles au Cameroun et joue un rôle économique considérable pour les agriculteurs. Autrefois, cette activité était pratiquée uniquement pour l'autoconsommation, mais elle est de plus en plus destinée à la commercialisation. Le développement récent de cette activité a bénéficié de l'ouverture des marchés urbains et représente un maillon essentiel du développement agricole du pays (Achancho, 2012). Le secteur a également été renforcé ces dernières années par de nombreux mécanismes de soutien dans le cadre de politiques agricoles spécifiques (DSCE, 2009). Après la grande crise des cultures de rente des années 1980, marquée par la baisse successive des prix à l'exportation de cultures telles que le cacao et le café, à laquelle s'est ajoutée une forte urbanisation entraînant une explosion de la demande alimentaire et des changements dans les habitudes de consommation, de nouvelles dynamiques se sont installées dans le secteur agricole Camerounais. Cette combinaison de facteurs impose aux agriculteurs le besoin d'améliorer leurs conditions de vie sociale à travers une conversion vers des cultures à cycle court plus rentables (Ngapgue, 2007). Depuis cette crise, le maraîchage est ainsi devenu une activité en expansion au Cameroun et la proportion de ménages agricoles dont les revenus proviennent principalement de cette activité est passée de 10% en 1980 à 65% en 1997. Cette proportion est beaucoup plus importante aujourd'hui (IRAD, 2013). Ces changements ne manqueront pas d’affecter le grand bassin agricole des Hauts Plateaux de l'Ouest Cameroun qui est la principale zone de production agricole du pays (Kamga, 2002). Dans cette zone agroécologique, le département de la Menoua en particulier va suivre ces mutations et va connaitre 61 de profonds changements économiques et territoriaux qui vont modifier l'organisation de la production agricole locale. Ancien bassin caféicole, tous les arrondissements de la Menoua excellent aujourd’hui dans le maraîchage (DDA- Menoua, 2019). Le dynamisme de la population agricole active le département d’une agriculture intensifiée, qui s'oriente vers plus de nouveaux produits maraîchers. Ces transformations révèlent des dynamiques territoriales de la production maraîchère accentuées par une économie de plus en plus extravertie et basée sur une production soutenue. Des espèces telles que la tomate, le chou, le gombo et l'oignon sont passées de cultures marginales à des cultures commerciales majeures, contribuant ainsi à la caractérisation des territoires ruraux, et à la diversification et/ ou spécialisation de la production. L'amélioration et la maîtrise de nouvelles techniques culturales ont conduit à une augmentation de la production maraîchère locale, qui assure depuis plusieurs années un approvisionnement régulier des marchés du département, du pays et même des pays voisins. Ainsi, chaque arrondissement du département se distingue par des logiques territoriales qui consistent à augmenter la production de certaines cultures au détriment d’autres, révélant ainsi des disparités territoriales et des dynamiques souvent contraires. Face à cette observation, le besoin d'analyser ces évolutions au cours des dernières années est considérable et fait appel à la question suivante : quelles sont les dynamiques territoriales de la production maraîchère dans le département de la Menoua ? La réponse à cette question permettra d’améliorer l’état de la recherche sur les interactions entre la production et les territoires dans les zones de montagnes au Cameroun en les qualifiant. Ainsi formulée, la question recoupe les préoccupations des chercheurs et acteurs du territoire. Cet article vise alors à répondre à cette interrogation en 62 formulant l’hypothèse selon laquelle il existe une relation étroite entre la production maraîchère et l’arrondissement. Le cadre de cette hypothèse renvoie de façon implicite à l’analyse des tendances de la production (hausse/ baisse) et de leurs évolutions territoriales (spécialisation/ diversification) au cours des dix dernières années. 1- Cadre de l’étude et démarche méthodologique 1-1- Cadre de l’étude Le département de la Menoua est une division administrative des Hauts Plateaux de l’Ouest Cameroun, située entre 5° 11’ et 5°40’ de latitude Nord et entre 9°49’ et 10° 21’ de longitude Est. Son territoire est divisé en six arrondissements que sont : Dschang, Penka-Michel, knong-Gni (Nkong-Ni), Santchou, Fokoue et, Fongo-Tongo (figure 1). Toutes ces territoires sont propices à l’agriculture maraîchère destinée à l’autoconsommation des populations locales et à la commercialisation dans et hors du département. Les principales productions maraîchères du département sont entre autres : l’oignon, la carotte, le poireau, la tomate, la pastèque, le chou, le poivron, la laitue, l’amarante/morelle noire, l’aubergine, le gingembre (DDA- Menoua, 2019). 63 Figure n° 1 : zone d’étude (département de la Menoua) La superficie du département est de 1384 km2 avec un relief accidenté essentiellement constitué de grands ensembles : les plateaux (ils se situent entre 1200 et 1600m d’altitude), les plaines (situées entre 715 et 1000m d’altitude) et, les zones d’altitude (elles varient de 1600 à 2200m d’altitude).Ces zones sont caractérisées par une longue saison de pluies allant de mi-Mars à mi-Novembre et une courte saison sèche allant de mi-Novembre à mi-Mars. Son climat est de type tropical humide, avec trois faciès selon l'altitude : il est de type côtier à basse altitude dans les plaines avec des températures de plus en plus élevées ; il est modérément frais dans les zones de moyenne altitude (entre 1200 et 1600 m d'altitude) ; et il est de type tempéré devenant plus froid avec l'altitude. Ce climat tropical, qui prévaut dans la majeure partie du département, en fait une excellente zone de production maraîchère. De nombreuses rivières traversent la Menoua pour se jeter dans le fleuve Nkam. Leur