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Dynamiques territoriales de la production maraichère dans les Hauts Plateaux de l’Ouest Cameroun : cas du département de la Wuld Daniel Paddy MVENG1* ; Abdoulay NSANGOU NJANKOUO2 ; Fabrice Parfait AZEBAZE KENFACK3 ; Marcien KUETE FOGANG4 ; Laure Lysette CHIMI NKOMBO5 ; Irène LAKEU MELI6

1- Economiste du territoire, chercheur IRAD (Institut de Recherche Agricole pour le Développement) 2- Ingénieur Agro-socio-économiste, chercheur IRAD 3- Socio-Economiste, chercheur IRAD 4- Géographe-cartographe/ agroforestier, chercheur IRAD 5- Environnementaliste, chercheur IRAD 6- Environnementaliste, chercheur IRAD Résumé: Le maraîchage s'est développé rapidement au cours des dernières décennies au Cameroun. Certaines zones agroécologiques comme les Hauts Plateaux de l'Ouest, sont devenues des bassins maraîchers importants. Cet article examine les dynamiques récentes de la production maraîchère dans cette zone à travers le département de la Menoua. L'objectif est non seulement de déterminer le poids des principales cultures dans les arrondissements du département, mais surtout de l'analyser afin de mettre en évidence leurs dynamiques territoriales. Pour ce faire, treize cultures maraîchères ont été échantillonnées sur la base des données fournies par la Délégation Départementale de l'Agriculture. Leur traitement visait à mesurer l'indice de spécialisation territoriale ( ) sur ces cultures. Globalement, il ressort que la production maraichère du département푎 푆푝é sur la période 2010-2020 présente des situations territoriales contrastées. Il est aussi observé que les arrondissements se diversifient plus qu’ils ne se spécialisent. Si la tendance à la diversification concerne , Fongo-Tongo, Knong-Gni et Penka-Michel, la tendance à la spécialisation ne concerne que Fokoué et . Des facteurs économiques et territoriaux justifient ces

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résultats. Ainsi, des analyses plus systémiques des structures territoriales permettraient de préciser l'évolution de ces dynamiques.

Mots-clés : dynamiques territoriales, production maraîchère, Menoua, spécialisation, diversification

Abstract: Market gardening has developed rapidly over the last few decades in . Some agro-ecological zones, such as the Western Highlands, have become important market gardening basins. This article examines the recent dynamics of vegetable production in this area through the Menoua department. The aim is not only to determine the weight of the main crops in the department's districts, but above all to analyse them in order to highlight their territorial dynamics. To this end, thirteen market garden crops were sampled on the basis of data provided by the Departmental Delegation of Agriculture. Their processing aimed to measure the territorial specialisation index ( ) on these crops. Overall, it emerges that the department's market garden production푎 over 푆푝é the period 2010-2020 presents contrasting territorial situations. It is also observed that the districts are diversifying more than they are specialising. While the trend towards diversification concerns Dschang, Fongo-Tongo, Knong-Gni and Penka-Michel, the trend towards specialisation only concerns Fokoué and Santchou. Economic and territorial factors justify these results. Thus, more systemic analyses of territorial structures would make it possible to specify the evolution of these dynamics.

Keywords : territorial dynamics, vegetable production, Menoua, specialisation, diversification

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Introduction générale

L'activité de maraîchage, entendue comme la culture de plantes (légumes, certains fruits, fines herbes, fleurs) à usage alimentaire, est très présente dans les pratiques agricoles au Cameroun et joue un rôle économique considérable pour les agriculteurs. Autrefois, cette activité était pratiquée uniquement pour l'autoconsommation, mais elle est de plus en plus destinée à la commercialisation. Le développement récent de cette activité a bénéficié de l'ouverture des marchés urbains et représente un maillon essentiel du développement agricole du pays (Achancho, 2012). Le secteur a également été renforcé ces dernières années par de nombreux mécanismes de soutien dans le cadre de politiques agricoles spécifiques (DSCE, 2009). Après la grande crise des cultures de rente des années 1980, marquée par la baisse successive des prix à l'exportation de cultures telles que le cacao et le café, à laquelle s'est ajoutée une forte urbanisation entraînant une explosion de la demande alimentaire et des changements dans les habitudes de consommation, de nouvelles dynamiques se sont installées dans le secteur agricole Camerounais. Cette combinaison de facteurs impose aux agriculteurs le besoin d'améliorer leurs conditions de vie sociale à travers une conversion vers des cultures à cycle court plus rentables (Ngapgue, 2007). Depuis cette crise, le maraîchage est ainsi devenu une activité en expansion au Cameroun et la proportion de ménages agricoles dont les revenus proviennent principalement de cette activité est passée de 10% en 1980 à 65% en 1997. Cette proportion est beaucoup plus importante aujourd'hui (IRAD, 2013). Ces changements ne manqueront pas d’affecter le grand bassin agricole des Hauts Plateaux de l'Ouest Cameroun qui est la principale zone de production agricole du pays (Kamga, 2002). Dans cette zone agroécologique, le département de la Menoua en particulier va suivre ces mutations et va connaitre

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de profonds changements économiques et territoriaux qui vont modifier l'organisation de la production agricole locale. Ancien bassin caféicole, tous les arrondissements de la Menoua excellent aujourd’hui dans le maraîchage (DDA- Menoua, 2019). Le dynamisme de la population agricole active le département d’une agriculture intensifiée, qui s'oriente vers plus de nouveaux produits maraîchers. Ces transformations révèlent des dynamiques territoriales de la production maraîchère accentuées par une économie de plus en plus extravertie et basée sur une production soutenue. Des espèces telles que la tomate, le chou, le gombo et l'oignon sont passées de cultures marginales à des cultures commerciales majeures, contribuant ainsi à la caractérisation des territoires ruraux, et à la diversification et/ ou spécialisation de la production. L'amélioration et la maîtrise de nouvelles techniques culturales ont conduit à une augmentation de la production maraîchère locale, qui assure depuis plusieurs années un approvisionnement régulier des marchés du département, du pays et même des pays voisins. Ainsi, chaque arrondissement du département se distingue par des logiques territoriales qui consistent à augmenter la production de certaines cultures au détriment d’autres, révélant ainsi des disparités territoriales et des dynamiques souvent contraires. Face à cette observation, le besoin d'analyser ces évolutions au cours des dernières années est considérable et fait appel à la question suivante : quelles sont les dynamiques territoriales de la production maraîchère dans le département de la Menoua ? La réponse à cette question permettra d’améliorer l’état de la recherche sur les interactions entre la production et les territoires dans les zones de montagnes au Cameroun en les qualifiant. Ainsi formulée, la question recoupe les préoccupations des chercheurs et acteurs du territoire. Cet article vise alors à répondre à cette interrogation en

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formulant l’hypothèse selon laquelle il existe une relation étroite entre la production maraîchère et l’arrondissement. Le cadre de cette hypothèse renvoie de façon implicite à l’analyse des tendances de la production (hausse/ baisse) et de leurs évolutions territoriales (spécialisation/ diversification) au cours des dix dernières années.

1- Cadre de l’étude et démarche méthodologique 1-1- Cadre de l’étude Le département de la Menoua est une division administrative des Hauts Plateaux de l’Ouest Cameroun, située entre 5° 11’ et 5°40’ de latitude Nord et entre 9°49’ et 10° 21’ de longitude Est. Son territoire est divisé en six arrondissements que sont : Dschang, Penka-Michel, knong-Gni (Nkong-Ni), Santchou, Fokoue et, Fongo-Tongo (figure 1).

Toutes ces territoires sont propices à l’agriculture maraîchère destinée à l’autoconsommation des populations locales et à la commercialisation dans et hors du département. Les principales productions maraîchères du département sont entre autres : l’oignon, la carotte, le poireau, la tomate, la pastèque, le chou, le poivron, la laitue, l’amarante/morelle noire, l’aubergine, le gingembre (DDA- Menoua, 2019).

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Figure n° 1 : zone d’étude (département de la Menoua) La superficie du département est de 1384 km2 avec un relief accidenté essentiellement constitué de grands ensembles : les plateaux (ils se situent entre 1200 et 1600m d’altitude), les plaines (situées entre 715 et 1000m d’altitude) et, les zones d’altitude (elles varient de 1600 à 2200m d’altitude).Ces zones sont caractérisées par une longue saison de pluies allant de mi-Mars à mi-Novembre et une courte saison sèche allant de mi-Novembre à mi-Mars.

Son climat est de type tropical humide, avec trois faciès selon l'altitude : il est de type côtier à basse altitude dans les plaines avec des températures de plus en plus élevées ; il est modérément frais dans les zones de moyenne altitude (entre 1200 et 1600 m d'altitude) ; et il est de type tempéré devenant plus froid avec l'altitude. Ce climat tropical, qui prévaut dans la majeure partie du département, en fait une excellente zone de production maraîchère.

De nombreuses rivières traversent la Menoua pour se jeter dans le fleuve . Leur franchissement, ainsi que les nombreux ruisseaux qui prennent leur source sur les coteaux, font du département une zone bien arrosée, rendant l'agriculture possible en toute saison si un minimum de techniques d'irrigation

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est mis en œuvre. Le principal fleuve est la Menoua, dont le département tire son nom. Les autres rivières sont des affluents de ce fleuve qui prend sa source dans les monts .

La population de la Menoua est estimée à en moyenne plus de 500000 habitants dont la forte population urbaine est concentrée dans la ville de Dschang et dans les chefs-lieux des arrondissements. Cette population urbaine est estimée à 22,3% selon le recensement de 2010et près de 3885500 habitants dans l’espace rural de la Menoua. Le département compte plus de 100000 ménages agricoles regroupés autour de 47000 exploitations familiales agricoles. 80 à 98% de la population s’exerce dans l’activité agricole et les cultures pratiquées sont vivrières, maraîchères et de rente (DDA-Menoua, 2019).

A la diversité de la population à forte croissance démographique, s’ajoute la diversité des terres et des sols, et du relief montagneux fait de vallées inondables. D'un point de vue biogéographique, l'altitude, la latitude, la longitude et l'exposition aux vents du sud-ouest (mousson) placent le département de la Menoua dans la zone des forêts montagnardes alternant avec des poches de forêts secondaires.

Tous ces facteurs ont un impact réel sur les activités agricoles et le développement rural dans le département de la Menoua.

1-2- Démarche méthodologique 1-2-1- Collecte des données et échantillonnage La première étape de ce travail a consisté en la collecte de données réalisée en janvier 2021. Deux critères ont été utilisés dans ce cadre : l'année et la production par culture maraîchère. Chacun de ces paramètres est observé de manière croisée au niveau des arrondissements.

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Ces données sont compilées à partir des statistiques de la Délégation Départementale de l'Agriculture de la Menoua (DDA-Menoua) sur une période de 11 ans allant de 2010 à 2020. Chaque année correspond à une saison agricole dite de « premier cycle » ou « saison des pluies agricoles », considérée comme la principale période de production maraîchère.

Le choix de la taille de l'échantillon a été guidé par la volonté d'inclure le plus grand nombre possible de cultures maraîchères dans cette étude. De même, la présence de ces cultures dans tous les arrondissements du département visait à standardiser l'échantillonnage. Ainsi, 13 cultures servent de base à cette étude. Il s'agit de : la tomate, la morelle, le chou, le gingembre, la carotte, le poivron, le gombo, le piment, le poireau, l'oignon, l'aubergine, la betterave et le haricot vert.

1-2-2- Analyse des données Les données collectées sont traitées à l'aide des logiciels : Matlab R2016a pour les différents calculs, Excel 2016 pour les figures et ArcGIS 10.3 pour la réalisation des cartes.

Notre méthode d'analyse des données emprunte l'approche développée par Ben Arfa et al (2009) dans leur étude sur la dynamique de la production agricole à travers la mobilisation de l'indice de Hallet ( ). Cet indice permet d'observer annuellement la dimension territoriale de la spécialisation푎 maraîchère 푆푝é pour chaque arrondissement. Plus cet indice est proche de 1, plus la structure de production de l'arrondissement est spécialisée. Inversement, plus cet indice est proche de zéro, plus la structure de production de l'arrondissement est diversifiée.

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Il est donné par la formule mathématique :

1 푚푎 푎 푚푎 푎 Avec la part de 푆푝la éculture= 2 ∑maraîchère∣ 푦 −i dans푦̅∣ la production maraîchère 푚푎 푎 est la part de la culture maraîchère i dans la totale de l’arrondissement푦 et production maraichère totale du département. 푦̅ Aussi, afin de mettre en perspective la production maraîchère des arrondissements par rapport à celle du département, nous décidons de présenter le poids des principales spéculations dans la production totale de la Menoua. Il s'agit du pourcentage du volume de la production maraîchère par arrondissement et dans le département.

Enfin, l'évolution de la spécialisation sur la période 2010-2020 est révélée par le calcul d'une droite de régression pour chaque arrondissement pour déterminer la tendance suivie par l’indice d’Hallet.

2- Résultats et discussions 2-1- Résultats Les résultats concernent la visualisation de la production maraîchère et les dynamiques de production.

2-2-1- visualisation de la production maraîchère dans la Menoua  Une production maraîchère diversifiée et en croissance

La Menoua offre une grande diversité de productions maraîchères (fruits, légumes, herbes aromatiques), notamment les tomates, les morelles, le chou, le gingembre, les carottes, les poivrons, le gombo, les piments, les poireaux, les oignons, les aubergines, les betteraves et les haricots verts, entre autres.

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25000

20000

15000

10000 Production(t)

5000

0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Années

Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau Oignon Aubergine Betterave Haricot vert

Figure n° 2 : Evolution de la production des cultures maraichères de la Menoua (2010-2020) La figure 2 décrit l'évolution du volume de la production maraîchère dans le département de la Menoua entre 2010 et 2020. Selon la source, le volume de la production maraîchère du département a augmenté de près de 3,9% sur cette période. Cette évolution s'accompagne d'une intensification des pratiques agricoles sur certaines cultures ayant pour objectif principal la commercialisation.

La production maraîchère du département sur la période 2010-2020 est estimée à plus de 426386,204 tonnes. Ce volume de production est dominé par le gingembre et le chou, avec une production plus importante de chou à partir de 2018. Toutefois, le gingembre affiche la plus forte tendance à la baisse tandis que le chou présente la situation inverse. La production de tomate arrive en troisième position de ce classement, loin devant les autres cultures, malgré une montée en puissance de la production de carotte et de gombo. La betterave et l'aubergine occupent les dernières places dans la production du département. Par

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ailleurs, toutes les autres cultures présentent des dynamiques de production à la hausse.

D'autre part, certaines zones sont plus propices à certaines cultures. Ainsi, le maraîchage dans la Menoua est généralement associé à l’arrondissement, et bénéficie parfois de qualifications par origine telles que :« gingembre de Santchou », « chou de Dschang », « poireau de Penka-michel » ou « pastèque de Djuttistsa » (Knong-Gni).

25000

20000

15000

10000 Production (t) Production

5000

0 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 Années

Dschang Fokoué Fongo-Tongo Knong-Gni Penka-Michel Santchou

Figure n° 3 : Evolution par arrondissement de la production maraîchère (t)dans la Menoua (2010-2020) Ce graphique illustre l'évolution de la production maraichère par arrondissement dans la Menoua entre 2010 et 2020. On constate que l'arrondissement de Santchou a longtemps été la principale zone maraîchère avant d'enregistrer une chute spectaculaire de sa production en 2018 avant d'être finalement considéré comme l'arrondissement le moins productif du département, juste devant Fongo-Tongo. Par contre, le phénomène inverse s'est produit dans l'arrondissement de Fokoué qui a connu un boom de sa production cette année avant de retrouver une tendance normale en 2019 et 2020.

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Les arrondissements de Penka-Michel, Knong-Gni et Dschang ont vu leurs niveaux de production évoluer, Penka-Michel étant le principal producteur du département depuis 2018, malgré une légère baisse de production par rapport aux années précédentes. Knong-Gni, quant à lui, présente la plus forte dynamique de production du département.

Il faut noter que tous ces arrondissements ont des dynamiques de production positive, à l'exception de Santchou.

 Le maraîchage local dominé par quelques cultures

Le poids du maraîchage dans la Menoua confirme la dominance de quelques cultures dans la production totale.

Tableau 1 : poids des cultures maraîchères dans le département de la Menoua (2010-2020)

Années Poids des cultures Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau O ignon Aubergine Betterave Haricot vert

2010 0,15247 0,08747 0,23795 0,31548 0,0668 0,03949 0,03645 0,01889 0,01903 0,00872 0,00308 0,00435 0,00979 2011 0,13977 0,07429 0,25348 0,34062 0,05444 0,03846 0,03616 0,02165 0,01396 0,00822 0,00446 0,00427 0,01021 2012 0,12683 0,06788 0,27256 0,34656 0,054 0,03714 0,03491 0,02095 0,01352 0,00853 0,00436 0,00396 0,00879 2013 0,10575 0,06029 0,2824 0,35473 0,08637 0,03295 0,02695 0,01804 0,01329 0,00766 0,00286 0,00217 0,00654 2014 0,1011 0,05155 0,22355 0,44696 0,07412 0,02722 0,02631 0,01734 0,01299 0,00889 0,00251 0,00192 0,00557 2015 0,10166 0,0546 0,21021 0,43988 0,07827 0,03365 0,0276 0,01876 0,01415 0,00949 0,00376 0,00204 0,00591 2016 0,11251 0,06539 0,22937 0,38626 0,07729 0,03965 0,02816 0,02187 0,01515 0,00743 0,00301 0,00202 0,01188 2017 0,10414 0,05637 0,23137 0,38308 0,08192 0,04618 0,0283 0,02289 0,01945 0,0088 0,00332 0,00213 0,01202 2018 0,14593 0,13467 0,24789 0,14563 0,07362 0,04899 0,14389 0,02448 0,01418 0,00994 0,00218 0,00266 0,00591 2019 0,17429 0,08003 0,32669 0,05715 0,08836 0,0344 0,16602 0,03163 0,01693 0,01033 0,00331 0,00373 0,00713 2020 0,20294 0,09481 0,37433 0,07121 0,09998 0,02735 0,03759 0,04112 0,02059 0,01288 0,00551 0,00474 0,00693

La part de chaque culture est plus ou moins stable, même si le gingembre, le chou, la tomate, la carotte et la morelle représentent les plus grandes parts (plus de 80%) de la production du département. Le gingembre (29,9%) et le chou (26,3%) ont en moyenne les parts les plus élevées de la production totale du département, suivis de la tomate (13,3%), de la carotte (7,6%) et de la morelle (7,5%). En comparaison, le gombo, le poivron, l'oignon, le piment, le

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haricot vert, l'aubergine et la betterave représentent moins de 20% de cette production. Tableau 2 : poids des cultures maraîchères dans l’arrondissement de Dschang (2010-2020)

Années Poids des cultures Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau O ignon Aubergine Betterave Haricot vert

2010 0,1028 0,17713 0,63263 0,02636 0,00343 0,00277 0,01898 0,02636 8,70e-05 0,00047 0,00264 0,00635 2,11 e-05 2011 0,09571 0,1465 0,59771 0,03906 0,00246 0,01367 0,03281 0,05157 0,00046 0,00244 0,01172 0,00586 2,34 e-05 2012 0,10179 0,14987 0,55917 0,04772 0,00223 0,01506 0,04312 0,05832 0,00053 0,00286 0,01294 0,00636 3,18 e-05 2013 0,10854 0,16747 0,53032 0,04962 0,00248 0,01861 0,04729 0,06203 0,00059 0,00378 0,00558 0,00293 0,00074 2014 0,12925 0,15268 0,47796 0,09424 0,00266 0,01357 0,05089 0,05735 0,00075 0,00969 0,00614 0,00399 0,0008 2015 0,06548 0,16806 0,50745 0,09549 0,00393 0,01637 0,05156 0,05811 0,00131 0,0078 0,0221 0,00172 0,00062 2016 0,11112 0,20835 0,47988 0,05377 0,0051 0,01492 0,04275 0,0533 0,00157 0,00844 0,01814 0,00143 0,00123

2017 0,12136 0,20691 0,47571 0,05305 0,00511 0,01472 0,04238 0,05273 0,0017 0,00547 0,0179 0,00144 0,00152 2018 0,09962 0,20063 0,51099 0,04981 0,00536 0,01877 0,03889 0,05358 0,00358 0,01121 0,00423 0,00218 0,00113 2019 0,08197 0,16493 0,59041 0,02637 0,00538 0,01711 0,03297 0,04869 0,00502 0,01528 0,00386 0,00689 0,00111 2020 0,08699 0,17127 0,5155 0,02998 0,00623 0,06544 0,03084 0,05674 0,00523 0,02123 0,00354 0,00602 0,00099

La part de la production de choux en fait la culture dominante de l’arrondissement. En moyenne, elle représente 53,4% de la production maraîchère totale sur la période observée. Dschang se place au troisième rang du département pour cette culture. Cette tendance est suivie par celle de la morelle noire et de la tomate, bien que le gingembre ait eu un poids plus important que la tomate en 2015. Cependant, la production de chou présente la plus forte tendance à la baisse, alors que l'inverse est visible pour le poivron. Cette dynamique négative est également observée pour la tomate, le gingembre, l'aubergine et la betterave rouge.

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Tableau 3 : poids des cultures maraîchères dans l’arrondissement de Fokoué (2010-2020)

Années Poids des cultures Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau O ignon Aubergine Betterave Haricot vert

2010 0,24886 0,2635 0,08588 0,00878 0,00117 0,00234 0,34158 0,01464 0,00029 0,01093 0,00161 0,01659 0,00381 2011 0,23905 0,22499 0,09496 0,00844 0,00155 0,00211 0,36608 0,0165 0,00028 0,01199 0,00155 0,02883 0,00366 2012 0,25174 0,2247 0,09806 0,00766 0,00196 0,00238 0,35044 0,01839 0,00037 0,01277 0,0014 0,02618 0,00391

2013 0,25684 0,23052 0,09436 0,00806 0,00223 0,00303 0,34315 0,01819 0,00049 0,01308 0,00153 0,02454 0,00398 2014 0,30593 0,22435 0,06755 0,0139 0,00232 0,00278 0,33374 0,01224 0,00052 0,01198 0,00178 0,01902 0,00389 2015 0,30104 0,21837 0,06634 0,01258 0,00216 0,00397 0,34422 0,01203 0,0004 0,00818 0,00161 0,02461 0,00447 2016 0,31388 0,20594 0,06594 0,01192 0,00228 0,00425 0,34421 0,00823 0,00082 0,00905 0,00206 0,02901 0,0024 2017 0,47971 0,13129 0,05304 0,00963 0,00183 0,00341 0,27688 0,00662 0,00057 0,00728 0,00165 0,02614 0,00193 2018 0,10692 0,3274 0,00524 0,00189 0,00036 0,00067 0,54721 0,00188 0,00031 0,00137 0,00024 0,00566 0,00084

2019 0,15123 0,0492 0,00741 0,00267 0,00054 0,00095 0,77395 0,00266 0,00044 0,00193 0,00034 0,00747 0,00119 2020 0,5048 0,16428 0,02065 0,01101 0,0017 0,00289 0,24237 0,00944 0,00182 0,00649 0,00118 0,02918 0,00418

La part du gombo (38,8%) est la plus importante dans la production maraîchère de Fokoué et de la Menoua pour toutes les années, sauf en 2017 et 2020, qui montrent un poids plus important de la tomate, qui représente en moyenne la deuxième production maraîchère (28,7%). La morelle noire (20,6%) occupe une place importante dans la production totale de l'arrondissement. Fokoué est ainsi le troisième producteur de tomates et de morelles noires du département.

A l'exception de la tomate, du gombo et du poireau, toutes les cultures maraîchères de Fokoué ont une tendance à la baisse de la production.

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Tableau 4 : poids des cultures maraîchères dans l’arrondissement de Fongo-Tongo (2010- 2020)

Années Poids des cultures

Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau O ignon Aubergine Betterave Haricot vert

2010 0,03575 0,32502 0,39003 0,00039 0,11376 0,00109 0,03413 0,01723 0,065 0,00406 0,00426 0,00829 0,00097 2011 0,14991 0,22946 0,49565 0,00061 0,01487 0,00551 0,0514 0,01958 0,02137 0,00382 0,00306 0,00389 0,00086 2012 0,15822 0,23293 0,44992 0,00074 0,01335 0,01074 0,06702 0,03571 0,01923 0,00445 0,00329 0,00362 0,00077 2013 0,06576 0,29358 0,38753 0,00059 0,11156 0,00235 0,03816 0,01808 0,06459 0,00581 0,00558 0,00499 0,00141 2014 0,07331 0,27313 0,37951 0,00057 0,1265 0,00316 0,03737 0,01742 0,06986 0,00684 0,00546 0,00489 0,00195 2015 0,08564 0,27299 0,35328 0,00096 0,12846 0,00412 0,04603 0,01622 0,07472 0,00674 0,00508 0,00455 0,00117 2016 0,12387 0,30179 0,35209 0,00095 0,12011 0,00601 0,04304 0,01251 0,01376 0,01939 0,00104 0,0043 0,00113 2017 0,16899 0,34141 0,21349 0,00062 0,14936 0,00844 0,04893 0,01422 0,02134 0,0239 0,00303 0,00495 0,00128

2018 0,18024 0,30819 0,1681 0,0009 0,16343 0,02054 0,04529 0,01634 0,07471 0,00864 0,00747 0,0042 0,00187 2019 0,25188 0,27157 0,15162 0,0011 0,15427 0,01993 0,03945 0,01527 0,07163 0,00772 0,01009 0,00389 0,00157 2020 0,25272 0,2673 0,15025 0,0011 0,1539 0,02065 0,0405 0,01569 0,07371 0,0085 0,01 0,00395 0,0017

En moyenne, les choux, les morelles, les tomates et les carottes représentent plus de 80% de la production maraîchère de Fongo-Tongo. L’arrondissement est le premier producteur de morelle du département et se place au quatrième rang pour le chou.Il apparaît également que la dynamique de production est négative pour le chou, le gombo, le piment et la betterave, tandis que la tomate présente la plus forte tendance à la hausse.

Tableau 5 : poids des cultures maraîchères dans l’arrondissement de Knong-Gni (2010-2020)

Années Poids des cultures Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau O ignon Aubergine Betterave Haricot vert

2010 0,12919 0,15115 0,22608 0,00024 0,08106 0,08397 0,03488 0,06233 0,15503 0,06249 0,00126 0,00339 0,00891 2011 0,12152 0,13846 0,22785 0,00022 0,09716 0,09137 0,03155 0,06309 0,14489 0,06719 0,00113 0,00327 0,01227 2012 0,12706 0,10951 0,24951 0,00017 0,13861 0,07624 0,03419 0,04389 0,13538 0,06653 0,0012 0,00554 0,01215 2013 0,10857 0,08143 0,46531 0,00026 0,09306 0,0517 0,02042 0,03619 0,08659 0,04524 0,0009 0,00351 0,00679 2014 0,12073 0,07466 0,39733 0,00033 0,12226 0,04432 0,02925 0,04666 0,09507 0,05894 0,00098 0,00371 0,00574

2015 0,15059 0,08175 0,26771 0,00032 0,13529 0,06167 0,03198 0,06494 0,11629 0,07802 0,00107 0,00406 0,00629 2016 0,11227 0,07505 0,37074 0,0002 0,13209 0,06829 0,01432 0,077 0,10927 0,0344 0,00042 0,00255 0,00338 2017 0,11839 0,03236 0,36404 0,00018 0,14497 0,0749 0,02054 0,08054 0,12752 0,03077 0,00047 0,00228 0,00302 2018 0,0972 0,06574 0,46284 0,00016 0,10926 0,09951 0,01811 0,06017 0,05531 0,02525 0,00068 0,00323 0,00252

2019 0,09552 0,06443 0,47367 0,00016 0,11598 0,09737 0,01774 0,05908 0,05418 0,01544 0,00072 0,00324 0,00247 2020 0,10474 0,06546 0,51789 0,00018 0,13508 0,01502 0,01791 0,05985 0,06172 0,01559 0,00073 0,00327 0,00253

73

L'activité maraîchère de Knong-Gni est principalement axée sur le chou (36,6%). En moyenne, l’arrondissement est le deuxième producteur du département sur cette culture ainsi que sur celle de la tomate. Les autres cultures sont : le poireau (10,4%), la morelle noire (8,5%), le poivron (6,9%), le piment (5,9%), l'oignon (4,5%) et le gombo (2,5%). Les productions de haricots verts, de betteraves, d'aubergines et de gingembre existent mais sont faibles. Cependant, la dynamique de production est en hausse, principalement pour le chou, la carotte et le piment. Une baisse significative est observée pour le poireau.

Tableau 6 : poids des cultures maraîchères dans l’arrondissement de Penka-Michel (2010- 2020)

Années Poids des cultures

Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau O ignon Aubergine Betterave Haricot vert

2010 0,27015 0,02692 0,37391 0,00012 0,16452 0,1017 0,01645 0,00316 0,00084 0,00688 0,00729 1,12 e-05 0,02804 2011 0,28476 0,02689 0,38917 9,89e-05 0,14792 0,09492 0,00987 0,00291 0,00055 0,00493 0,00854 4,75e-06 0,02942

2012 0,23421 0,02445 0,47654 7,94 e-05 0,12873 0,08864 0,00793 0,00274 0,00049 0,00476 0,00779 3,81 e-06 0,02364

2013 0,1789 0,01988 0,47707 7,95 e-05 0,21203 0,07606 0,00698 0,00225 0,00039 0,00428 0,00564 2,65 e-06 0,01643

2014 0,18914 0,02516 0,46131 0,00021 0,20759 0,07842 0,008 0,00214 0,00054 0,00452 0,00579 2,52 e-06 0,01718

2015 0,19543 0,02943 0,44063 0,00018 0,20748 0,09059 0,00723 0,00201 0,00051 0,00375 0,0054 2,27 e-06 0,01735

2016 0,21197 0,04416 0,41071 0,00016 0,18236 0,09635 0,006128 0,00258 0,00071 0,00385 0,00405 2,57 e-06 0,03698

2017 0,14742 0,03056 0,44709 0,00017 0,19363 0,1173 0,00639 0,00269 0,00074 0,00965 0,00502 3,35 e-06 0,03927

2018 0,2855 0,02829 0,37682 5,92 e-05 0,16783 0,10084 0,00296 0,00151 0,00079 0,01257 0,00447 2,17 e-05 0,01831

2019 0,29418 0,03153 0,41806 6,11 e-05 0,17416 0,02987 0,00301 0,00964 0,00075 0,01282 0,00626 2,95 e-05 0,01963

2020 0,29652 0,03416 0,42113 6,01 e-05 0,16539638 0,02926058 0,00351 0,00922 0,00073 0,01245 0,01133 3,58 e-05 0,01619

En moyenne, le chou (42,7 %) est de loin la principale culture maraîchère de Penka-Michel, même si elle observe une tendance à la baisse. Les tomates (23,5%) et les carottes (17,7%) sont également très importantes. L’arrondissement est le premier producteur de choux et de tomates du département. Le poivron (8,2%), la morelle (2,9%) et le haricot vert (2,3%) complètent cette production. Le poids cumulé des autres cultures maraîchères

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est marginal dans cet arrondissement. Toutefois, la tendance de production à la hausse la plus forte est observée sur le poivron, tandis que le contraire est visible sur la tomate. Tableau 7 : poids des cultures maraîchères dans l’arrondissement de Santchou (2010-2020)

Années Poids des cultures Tomate Morelle noire Chou Gingembre Carotte Poivron Gombo Piment Poireau O ignon Aubergine Betterave Haricot vert

2010 0,07988 0,02077 8,95e-05 0,86274 0,00048 7,99 e-05 0,00973 0,02037 0,00072 3,51 e-05 7,99 e-05 0,00491 0,0001 2011 0,02176 0,02031 7,38 e-05 0,92307 0,00039 3,96 e-05 0,01055 0,01899 0,00046 2,90 e-05 7,25 e-05 0,00415 9,89 e-05 2012 0,01955 0,01688 0,00019 0,93311 0,00033 3,29 e-05 0,00877 0,01699 0,00042 3,51 e-05 8,22 e-05 0,00345 0,00014 2013 0,03089 0,01545 0,00021 0,92681 0,00023 0,00014 0,00919 0,01545 0,00034 6,95 e-05 0,00012 0,00093 0,00017 2014 0,02675 0,01109 0,00013 0,941 0,00015 0,00014 0,00671 0,01279 0,00031 4,86 e-05 9,73 e-05 0,00066 0,00011 2015 0,0232 0,01155 0,00013 0,94279 0,00014 0,00021 0,00661 0,01399 0,00031 4,03 e-05 9,59 e-05 0,00081 7,67 e-05 2016 0,01998 0,01256 0,00013 0,9356 0,00014 0,00021 0,01584 0,01413 0,00031 2,85 e-05 0,00011 0,00081 0,00013 2017 0,01712 0,01857 0,00013 0,93546 0,00014 0,00021 0,01398 0,01294 0,00021 4,57 e-05 0,00019 0,00081 0,00017 2018 0,04582 0,03126 0,00032 0,84499 0,00035 0,00053 0,03481 0,0386 0,00041 9,95 e-05 0,00029 0,00201 0,00047 2019 0,10159 0,09946 0,00048 0,62322 0,0008 0,0012 0,07861 0,08716 0,00096 0,00022 0,00067 0,00454 0,00106 2020 0,11448 0,0849 0,00041 0,5991 0,00068 0,00137 0,0806 0,10784 0,00084 0,00024 0,00079 0,00702 0,00171

En moyenne, le gingembre (86,1%) est la principale culture maraîchère à Santchou avec un pic en 2015. Cela fait de l'arrondissement le premier producteur de cette culture dans le département. En dehors de la tomate (4,5%), du piment (3,3%), de la morelle (3,1%) et du gombo (2,5%), d'autres cultures existent mais sont de faible importance. Cependant, la plus forte tendance à la baisse de la production est observée pour le gingembre, tandis que l'inverse est vrai pour le piment. Toutes les autres cultures présentent des tendances de production positives.

2-2-2- Dynamiques maraîchère dans la Menoua  Beaucoup de diversification et peu de spécialisation L’analyse des indices de spécialisation montre que tous les arrondissements du département de la Menoua sont constants dans leurs structures productives. Cependant, bien que l'on puisse parler de spécialisation

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dans certains cas, cette situation n'est pas vraie dans la majorité des arrondissements.

Tableau 8 : Indices de spécialisations (Halet) maraîchères dans les arrondissements de la Menoua (2010-2020)

Arrondissements Indice de Halet (Spe) 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

Dschang 0,49377 0,45519 0,42516 0,42571 0,45483 0,49235 0,45562 0,47058 0,36147 0,37435 0,28098 Fokoue 0,59201 0,60823 0,62375 0,66546 0,70528 0,70234 0,68659 0,72308 0,59905 0,61167 0,60057 Fongo-Tongo 0,48768 0,43014 0,42638 0,4317 0,50385 0,49449 0,44241 0,45778 0,36499 0,39667 0,33671 Knong-Gni 0,35563 0,39321 0,37332 0,36295 0,44816 0,44224 0,41122 0,42653 0,39379 0,30737 0,24123 Penka-Michel 0,43602 0,45391 0,45585 0,44927 0,52538 0,52342 0,46868 0,47167 0,43187 0,31501 0,22277 Santchou 0,54929 0,58245 0,58655 0,57208 0,49404 0,50291 0,54934 0,55237 0,71348 0,64186 0,6399

Les indices indiquent le niveau relatif de spécialisation sur la période 2010-2020. Le tableau 8 montre que Fokoué est la principale zone de spécialisation maraîchère de la Menoua. Sur la décennie observée, sa spécialisation moyenne est de 0,65 avec un pic de 0,72. Santchou est également une zone importante de spécialisation maraîchère, notamment entre 2018 et 2020, où elle se place devant Fokoué. A l'inverse, Knong-Gni présente le plus faible niveau de spécialisation du département et sa production maraîchère est plutôt diversifiée. Cette situation de diversification est également observable dans les arrondissements de Dschang, Fongo-Tongo et Penka-Michel même si une légère augmentation de la spécialisation est constatée entre 2014 et 2015 dans ces derniers arrondissements. Par ailleurs, la période 2014-2015 correspond à une augmentation globale de la spécialisation dans le département.

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Graphiquement nous avons :

Dschang Fokoue Fongo-Tongo Knong-Gni Penka-Michel Santchou 0,8 0,7

(Spé) 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2

Indicesde Specialisation 0,1 0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Années

Figure n°4 : Indices de spécialisations (Halet) maraîchères dans les arrondissements de la Menoua (2010-2020) La figure 4 montre des niveaux de spécialisation croissants à Fokoué, mais surtout à Santchou, alors que cet indice diminue ailleurs. Fokoué accroît sa spécialisation dans le gombo et la tomate, tandis que Santchou se spécialise dans le gingembre.Par contre, les arrondissements de Dschang, Fongo-Tongo et Penka-Michel présentent des dynamiques de production similaires tournés vers la diversification. Ce sont principalement des zones de polyculture qui en plus de la production de choux, de tomates et de morelle noire, équilibrent avec la production de poivron, de gombo, de carotte ou encore de poireau. L’évolution territoriale de la production locale vient confirmer ces dynamiques en cours.

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Tableau 9 : Evolution des dynamiques territoriales de la production maraîchère dans la Menoua.

Arrondissements Hallet 2010 Hallet 2020 Evolution Spéculation 1 Spéculation 2 Dschang 0,49377 0,28098 -0,01353 Chou Chou/ Morelle noire Fokoue 0,59201 0,60057 0,00072 Gombo/ Morelle Tomate noire Fongo-Tongo 0,48768 0,33671 -0,00984 Chou Tomate/ Morelle noire Knong-Ngi 0,35563 0,24123 -0,00694 Chou Chou/ Carotte Penka-Michel 0,43602 0,22277 -0,01551 Chou / Tomate Chou / Tomate Santchou 0,54929 0,6399 0,00988 Gingembre Gingembre Menoua Gingembre /Chou Chou/ Tomate

Tous les arrondissements marqués par la diversification accentuent cette tendance avec un recul des indices de spécialisation alors que les arrondissements de spécialisation font de même en accentuant leur spécialisation.

D'un point de vue spatial, il est observé une scission en deux blocs distincts concernant une zone de diversification et une zone de spécialisation.

Figure n°5 : Dynamiques territoriales de la production maraîchère par arrondissement dans le Menoua

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Les arrondissements spécialisés se situent au Sud du département dans la zone de plaine alors que les arrondissements diversifiés occupent le massif montagneux dans la zone Nord et médiane du département.

3-2- Discussions Les résultats de cette étude confirment l’augmentation rapide de la production maraîchère dans le département de la Menoua (Kaffo, 2005). Cette dynamique est accentuée par une production locale soutenue, accompagnée par la modernisation des systèmes de culture et l’amélioration de la productivité des exploitations (Uwizeyimana, 2009). Ces cultures maraîchères sont parmi les cultures les plus rentables en termes de revenus monétaires générés. Elles donnent également lieu à des échanges commerciaux à l'intérieur et à l'extérieur du département et garantissent aux producteurs une grande autonomie financière.

Cette augmentation de la production maraîchère est aussi une conséquence du développement rapide de l'activité dans le département. Il en est de même au niveau des arrondissements, en raison d'une augmentation progressive de la taille des parcelles cultivées (Tchékoté et al, 2018). Les volumes de production sont dominés par le chou, la tomate, la morelle et dans une certaine mesure le gingembre. Il s'agit de cultures de court cycle, à fort potentiel de rendement et principalement portées par une demande croissante (Ngouanet, 2010).Ainsi, le gingembre, le chou et la tomate sont principalement des cultures commerciales, tandis que la betterave, l'aubergine, les oignons et les haricots verts sont plutôt destinés à l'autoconsommation.

Les arrondissements de Knong-Gni, Penka-Michel et Dschang se distinguent comme les plus dynamiques du département en matière de

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production. Ce sont pour la plupart des zones où l'urbanisation est la plus forte, avec la population la plus importante du département (BUCREP, 2010), ce qui contribue à modifier la demande alimentaire en produits maraîchers. A Knong- Gni, ce constat est cohérent avec le diagnostic territorial des dynamiques agricoles de l’arrondissement (ACTERRA et al, 2017). Cette étude présente un territoire de plus en plus urbanisé, caractérisé par une forte pression démographique et une augmentation de l'activité maraîchère en réponse à cette démographie.

D'autre part, les dynamiques négatives de la production observées à Fokoué mais surtout à Santchou après une période de croissance, peuvent s'expliquer en partie par les enjeux environnementaux rencontrés dans ces arrondissements (Marcoty, 2019). En effet, le paysage de Fokoué, constitué de savanes arbustives, est très sensible aux feux de brousse, tandis que Santchou souffre d'inondations répétées de sa zone de maraîchage (Fongang Fouepe, 2008 ; Azaou et al., 2020). Ces deux arrondissements ont ainsi connu une baisse considérable de la production maraîchère ces dernières années.

Cependant, Santchou et Fokoué constituent l’aire de spécialisation maraîchère de la Menoua qui correspond à la partie méridionale du département. Ce bloc encore appelé « plaine des Mbos » est un territoire homogène constitué de plaines alluviales en bordures du « plateau Bamiléké » (Tchékoté, 2015). C’est la zone la plus basse du département (moins de 1000m d’altitude) avec une température moyenne de 27°C et une pluviométrie annuelle de 2000 mm. Ces conditions naturelles favorisent l'écologie du maraîchage qui se pratique surtout en monoculture sur des zones irriguées ou le long des cours d’eaux (Azaou et al, 2020). Ces arrondissements ont ainsi vu naître des exploitations de grandes dimensions donnant au secteur une compétitivité qui a permis d’accroitre la production. Aussi, le fait d’avoir une monoculture (gombo ou

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gingembre) sur des territoires restreints a favorisé l’émergence d’économie d’échelle et donc d’une spécialisation accrue.

Par contre, les arrondissements de Dschang, Knong-Gni, Penka-Michel et Fongo Tongo représentent un espace situé sur les pentes des monts Bamboutos sur une zone montagneuse du« plateau Bamiléké ». Le maraîchage se pratique principalement sur les pentes des montagnes à des altitudes supérieures à 1 000 m. Dans ces zones, il est difficile de concentrer la production sur quelques cultures et la logique est à la survie des exploitations et la minimisation des risques agricoles à travers la diversification des cultures(Tiamgne, 2015).Les orientations de la production des exploitations sont alors variées mais globalement dominés par quelques cultures sûres.

Conclusion Au terme de cette étude sur les dynamiques territoriales de la production maraîchère dans les Hauts Plateaux de l’Ouest Cameroun en général et le département de la Menoua spécifiquement, il apparaît que la production locale s'est considérablement développée ces dernières années. La diversité des cultures et leurs poids respectifs façonnent l'ensemble des arrondissements du département, avec des dynamiques de la production souvent contraires, même si elles obéissent à des logiques territoriales distinctes. La diversification est une tendance suivie par la majorité des arrondissements situés dans la zone montagneuse, tandis que la spécialisation concerne les arrondissements de la partie basse du département. Le gombo et le gingembre contribuent à la spécialisation de Fokoué et Santchou, tandis que le chou, la tomate, la morelle et la carotte diversifient la production de Penka-Michel, Dschang et Fongo-Tongo.

Cette situation varie néanmoins d'une zone à l'autre en reflétant une constance : ceux qui ont tendance à produire le moins se spécialisent le plus, et

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l'inverse est également vrai. Les arrondissements du sud ont une dynamique de production négative, tandis que ceux du nord ont une dynamique positive. Des études plus précises seraient donc nécessaires pour déterminer la concentration et la distribution du maraîchage dans les arrondissements. Il serait également pertinent de comprendre dans quelle mesure les liens de proximité entre les territoires favorisent la production de certaines cultures maraîchères au détriment d'autres.

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