Etat Et Société Au Maroc: Les Défis Du Monde Moderne
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1 2 En hommage à Mohamed Hassan Ouazzani 3 Table des matières* 1. Préface p.4 2. Rapport introductif p.7 Najib BA MOHAMED 3. Le système du protectorat appliqué au Maroc et le droit international p.11 Hassan OUAZZANI CHAHDI 4. La valeur guerrière des engagés marocains au front pendant la première p.17 guerre mondiale: mythe ou réalité ? Nawal MOUTAZAKI 5. L’enseignement au Maroc pendant le protectorat p.24 Mohamed BENHLAL 6. Mohamed Hassan Ouazzani et la question syndicale p.43 René GALLISSOT 7. Les activités de Mohamed Hassan Ouazzani dans la promotion de la p.48 cause marocaine sur le plan international Antoine FLEURY 8. Le Maroc et le règlement des conflits territoriaux: objectifs et moyens p.62 Hamad ZOUITNI 9. Etat de droit et citoyenneté au Maroc p.75 Mohamed MOUAQIT 10. L’articulation souhaitable entre éthique, morale, droit et politique dans la p.83 moralisation de la vie publique au Maroc Abdelmajid BENJELLOUN 11. Le droit à la vie dans la nouvelle constitution marocaine: signification et p.105 implication du droit des droits Mohamed MADANI 12. La constitution en devenir p.113 Najib BA MOHAMED *Textes en français 4 PREFACE A l’occasion du centenaire de la naissance de Mohamed Hassan OUAZZANI, la Fondation Mohamed Hassan Ouazzani a organisé, les 25-26-27 novembre 2010, des conférences et des débats en hommage à l’éminent Patriote, qui a consacré sa vie entière d’abord à la libération du Maroc de l’emprise coloniale, puis à l’instauration d’une démocratie authentique, garante du progrès économique, social et culturel et des droits de tous les citoyens. De son total dévouement, il reste des témoignages toujours vivants: ses nombreux écrits, reflets de ses multiples engagements. La Fondation, impulsée par son fils, le regretté Izarab Ouazzani, a publié une grande partie de ses écrits, dont ses Mémoires, qui constituent des sources précieuses à la fois pour l’histoire de la période coloniale et pour la réflexion citoyenne indissociable d’un Etat en recherche permanente de l’adéquation entre son mode de fonctionnement et les aspirations du peuple. Pour honorer sa mémoire et nourrir le débat citoyen sur le passé, le présent et l’avenir du Maroc, la Fondation a invité des universitaires de diverses disciplines des sciences humaines et juridiques ainsi que des acteurs politiques et sociaux à présenter des analyses et des réflexions, des témoignages et des propositions portant sur le thème Etat et Société au Maroc: les défis du monde moderne. Trois séquences temporelles et thématiques avaient été proposées. Dans la première séquence, les chercheurs ont cherché à dresser un diagnostic de la situation politique, économique, sociale et diplomatique de l’Empire chérifien avant l’instauration du protectorat en mars 1912. Les tentatives de réforme au 19e siècle, notamment dans l’organisation militaire et du commerce ont été examinées, en évoquant l’hypothèse d’une dynamique de réformes structurelles possible par l’intégration du Maroc dans un monde en voie de globalisation que pouvait laisser entrevoir les accords d’Algésiras en 1905. Les rivalités impérialistes à l’échelle mondiale ont anéanti ces perspectives prometteuses et exceptionnelles dans le cas du Maroc, dernier pays à avoir été victime de la mainmise coloniale. Dans la deuxième séquence, il s’est agi d’évaluer l’apport du régime de colonisation aux transformations de la société marocaine. Plusieurs rapports ont porté sur les profonds changements institutionnels de l’Etat ainsi que sur la soumission des populations de l’espace marocain à un pouvoir central, celui du Résident général installé à Rabat pour la zone française et à Tétouan pour la zone espagnole, pouvoir étranger qui s’est substitué à l’autorité traditionnelle du Sultan, désormais « protégé » par la France et l’Espagne. L’installation d’une administration sur l’ensemble du territoire n’a pu s’effectuer que par la reddition forcée de populations jalouses de leurs libertés traditionnelles. L’opposition au pouvoir colonial qui s’est manifestée dans les villes soumises a été analysée par plusieurs spécialistes de l’histoire du mouvement national. Il a été souligné dans quelle mesure les nouvelles élites citadines ont nourri des projets de modernisation de la société et du pouvoir au Maroc dont les aspects essentiels ont été exprimés dans le célèbre Plan de réformes présenté le 1er décembre 1934 aux autorités françaises à Paris par Mohamed Hassan Ouazzani et Omar Ben Abdeljalil et à Rabat ainsi qu’au Sultan par les Jeunes Marocains, réunis à cet effet en Comité d’action marocaine. L’apparition d’une classe ouvrière dans le secteur de production moderne a aussi nourri un courant grandissant aspirant à des changements sociaux et culturels. A la veille de l’indépendance, la société marocaine était fortement orientée, du moins au niveau de ses élites formées dans les écoles européennes, vers un projet de modernisation de l’ensemble de la société. Certes, des débats profonds sur l’identité marocaine avec ses composantes traditionnelles, locales, arabes et africaines, agitaient la société. Les pratiques coloniales d’exactions, de répressions et de violences ont hypothéqué lourdement la mise en œuvre 5 d’une nouvelle société, en freinant le développement des dynamiques sous-jacentes de modernisation. Dans la troisième séquence, les auteurs de diverses disciplines ont analysé les importantes innovations institutionnelles, culturelles et sociales depuis l’indépendance. Les avancées constitutionnelles vers un Etat de droit jusqu’à la récente constitution acquise au printemps 2011 ont été abondamment commentées par des spécialistes du droit constitutionnel. La progression des libertés fondamentales a été évaluée avec détail ainsi que les efforts conduits dans le champ de la moralisation de la vie publique. Un des défis majeurs du nouvel Etat marocain, ayant recouvré son indépendance, a porté sur la maîtrise de son espace, sur la détermination de ses frontières avec ses voisins, notamment avec l’Algérie encore française jusqu’en 1962, puis avec la nouvelle République algérienne, ainsi qu’avec l’Espagne maîtresse jusqu’en 1975 d’un vaste espace au Sahara sans oublier sa présence dans les « presides » de Ceuta et Melilla qui perdure de nos jours. Ces questions territoriales ont conditionné pour une part non négligeable la politique extérieure du Maroc indépendant qu’il s’agisse du projet d’unité du Maghreb ou de la solidarité panafricaine. D’autres spécialistes se sont penchés sur les options culturelles du nouveau Maroc: comment intégrer les apports décisifs de l’éducation d’inspiration européenne dont ont bénéficié les nouvelles élites dans une société profondément ancrée dans des valeurs traditionnelles vivantes. L’élaboration d’une synthèse originale constitue un des défis majeurs de la société pour intégrer des apports culturels, idéologiques et symboliques aux origines disparates, souvent contradictoires les unes par rapport aux autres qu’elles soient extérieures ou intérieures. Les rapports présentés durant les trois journées par les universitaires, complétés par des témoignages vivants, rendus en hommage à l’œuvre et à la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani, précurseur d’un discours modernisateur de la société marocaine et promoteur d’un idéal démocratique visant à l’instauration d’un Etat de droit au service de tous les citoyens, rendent compte de la richesse des recherches et des réflexions en cours pour relever les défis que doit relever le Maroc dans un monde de plus en plus globalisé que ce soit sur le plan de la gouvernance générale, du respect des droits de l’homme ainsi que sur le plan des droits économiques et sociaux, conditions d’un bien-être auquel tout être humain aspire. Certes, toutes les interventions présentées lors du colloque n’ont pas pu être retenues ici ; seules les communications écrites en arabe ou en français que les auteurs ont remises à temps au secrétariat de la Fondation ont été reproduites dans ce recueil. Que leurs auteurs en soient vivement remerciés.1 La Fondation tient particulièrement à remercier les professeurs qui ont façonné le programme scientifique du colloque, en y associant les spécialistes de diverses universités ou instituts de recherche, réunis à leur instigation pour nourrir un débat scientifique de haut niveau: les Professeurs Hassan Ouazzani-Chahdi, Mohamed Maarrouf Dafali, Najib Ba Mohamed et Rachid Bennani. Elle adresse aussi ses remerciements à Mohamed Benihya, Abdelkrim Ouazzani, Amina Zaide et Izarab Ouazzani pour leur collaboration à l’organisation pratique de la manifestation. Elle tient aussi à exprimer sa reconnaissance aux autorités de la Province de Fès-Boulmane et de la Ville de Fès pour les divers appuis qu’elles ont apportés, contribuant ainsi au succès et au bon déroulement de la manifestation au Palais des Congrès. Enfin, la Fondation Mohamed Hassan Ouazzani souhaite par ses initiatives et ses publications contribuer au développement de la réflexion politique, sociale et culturelle au sein de la société confrontée aux défis du monde contemporain. L’exigence intellectuelle, 1. Signalons que les interventions orales enregistrées peuvent être entendues et vues sur le site www.mohamedhassanouazzani.org ou bien sur la chaîne Youtube. 6 l’intransigeance dans le respect des principes, la rectitude morale autant de qualités qu’a su incarner avec rigueur Mohamed Hassan Ouazzani peuvent toujours servir de repères à ceux qui sont appelés à tous les niveaux à façonner leur pays. La Fondation Mohamed Hassan Ouazzani 7 Rapport introductif Najib BA MOHAMMED* C'est naturellement avec un très grand plaisir que j'accepte d'introduire la thématique du colloque international qui nous réunit. Ce plaisir, pourquoi ne pas l'avouer se couple à un honneur, une fierté toute particulière. D'abord parce que ce colloque est organisé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohamed VI – témoignage prestigieux et cardinal en l'occurrence – pour commémorer, avec la fondation qui porte son nom, sa famille, proches, analystes nationaux et internationaux, le centenaire de la naissance en 1910, de Mohamed Hassan Ouazzani, l'un des leaders historiques du Mouvement National.