LeMonde Job: WMQ0608--0001-0 WAS LMQ0608-1 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0217 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire : Jarry crée Ubu. ACTIVE:LMQPA busy Patrick Mauriès, Heidegger p. 25 à 28

55e ANNÉE – No 16960 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 6 AOÛT 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Affaire Erignac : Comment la Russie détournait l’argent du FMI à Cargèse, b Un audit confirme que Moscou plaçait à Jersey une partie des prêts de la communauté en Corse-du-Sud, internationale b Une filiale secrète de la Banque centrale spéculait ainsi au profit des oligarques au pouvoir b Le FMI a néanmoins accordé un nouveau crédit de 4,5 milliards de dollars à la Russie sur les traces LA BANQUE centrale de Russie à la Russie, le FMI lui a accordé, le (BCR) a placé une partie des fonds 28 juillet, un nouveau crédit de prêtés par le Fonds monétaire in- 4,5 milliards de dollars pour le rem- d’Yvan Colonna ternational (FMI) dans le paradis boursement de sa dette. DEUX MOIS et demi après l’in- fiscal de Jersey. Fimaco (Financial A Moscou, les manœuvres poli- terpellation des membres du Management Company), une so- tiques en vue des élections législa- LES SÉRIES DE L’ÉTÉ groupe nationaliste soupçonné de ciété russe créée secrètement en tives de décembre prochain s’accé- l’assassinat de Claude Erignac, 1990, rapatriait ensuite ces sommes lèrent. Une alliance de poids réunit Yvan Colonna reste introuvable. pour spéculer sur des bons russes désormais La Patrie, formation du L’aventure Les policiers se disent convaincus du Trésor, les GKO. Ces soupçons maire de la capitale, Iouri Loujkov, que celui qui aurait tiré sur le préfet sont aujourd’hui officiellement au parti Toute la Russie, qui re- des origines n’a pas quitté les environs de Car- confirmés par un rapport d’audit groupe de nombreux gouverneurs gèse (Corse-du-Sud), où réside sa du cabinet PriceWaterhouse Coo- de régions. Cette alliance, à la- famille. La fuite d’Yvan Colonna, le pers, dévoilé à Moscou par le quo- quelle pourrait se joindre l’ancien 4. Les bactéries dimanche 23 mai, paraît s’expliquer tidien économique Kommersant. premier ministre Evgueni Prima- Seules habitantes de notre globe pen- par la conjugaison de circonstances Cet audit est une mise en cause kov, menace les plans du Kremlin dant 3 milliards d’années, les bactéries défavorables et d’approximations directe des pratiques de la haute fi- et de la « Famille », nom désormais sont les plus qualifiées pour nous dé- policières. A Cargèse, le père nance russe, issue de l’ancienne systématiquement utilisé en Russie d’Yvan, Jean-Hugues Colonna, a nomenklatura soviétique. Le rap- pour désigner le « clan » qui en- voiler les secrets de l’évolution. Les accordé au Monde plusieurs heures port montre de plus que le FMI a, toure Boris Eltsine. Celui-ci vient nouvelles méthodes d’investigation ont d’entretien. Répondant aux ru- pour le moins, fait preuve de légè- cependant de récupérer un atout montré l’incroyable diversité du monde meurs qui le soupçonnent de vou- reté dans le contrôle des opéra- important : la gestion du secteur bactérien et révolutionné les concep- loir protéger son fils, cet ancien dé- tions de la BCR. Le FMI admet au- des ventes d’armes, en plaçant à sa tions de l’« arbre de la vie ». Un arbre puté socialiste nous déclare : « Il n’y jourd’hui qu’on « lui a menti », tête un homme qui lui est acquis. a pas d’opposition entre le père et le tandis que le député russe Nikolaï La Russie est le troisième vendeur dont les hommes ne constitueraient citoyen. Ils espèrent tous les deux Gontchar assure qu’il « savait tout d’armes au monde. qu’une des multiples brindilles. Dans la qu’Yvan finira par se rendre. » du début à la fin ». Malgré la confir- transformation des espèces, l’être hu- mation de ces anciennes pratiques Lire page 2 main serait un pur produit du hasard et Lire page 8 de détournement des fonds alloués et notre éditorial page 13 non le sommet de l’évolution. p. 11 Santé En Grande-Bretagne, fin de la quarantaine pour les animaux voyageurs AU LENDEMAIN de la fin de l’embargo messes électorales. L’annonce faite, mardi et permettant leur identification. Chiens et et censure frappant les viandes bovines britanniques, 3 août, par la baronne Hayman, ministre de chats devront en outre avoir subi une vaccina- Londres a révélé les détails d’un vaste pro- l’agriculture, a profondément réjoui tous ceux tion contre la rage, suivie, trente jours après, UN RAPPORT de l’Inspec- gramme visant à en finir avec les dispositions qui militaient contre la mise en quarantaine, d’une analyse sanguine confirmant qu’une a tion générale des affaires légales imposant la mise en quarantaine des au premier rang desquels des diplomates bri- protection immunitaire a bel et bien été in- sociales (IGAS), remis récemment animaux domestiques en provenance des pays tanniques que la loi pénalisait, compte tenu de duite. D’autre part, 48 heures avant de poser à Martine Aubry, dénonce les pra- où ils auraient pu contracter la rage. C’est-à- leurs nombreux déplacements internationaux, – ou de reposer – la patte sur le sol britan- tiques « peu déontologiques » et le dire, dans la conception britannique, en pro- ou encore des propriétaires dont l’animal était nique, ils devront subir un examen pratiqué « défaut de transparence » de l’Ins- venance du reste du monde. Nul ne sait si décédé, de stress ou de chagrin, lors des six par un docteur en médecine vétérinaire certi-

titut national chargé de la re- cette loi, promulguée il y a un siècle, a véri- mois d’abandon forcé. fiant qu’ils sont bel et bien indemnes de tiques DELHOMME J.-P. cherche et de la prévention des tablement permis au Royaume-Uni de préve- On aurait tort pour autant d’imaginer que la et du ver solitaire (Echinococcus multilocularis), POUR OU CONTRE risques professionnels. Il critique nir l’apparition sur son sol de cette gravissime Grande-Bretagne en a fini avec sa phobie de la parasites dont tout le monde sait qu’ils ne sé- la partialité des choix de recherche maladie virale (aucun des 200 000 chats et rage et des contaminations diverses provenant vissent pas sur un mode endémique en de cet institut, dirigé de fait par les chiens accueillis ou de retour en Grande-Bre- de l’étranger. Car si le dispositif centenaire de Grande-Bretagne. Bretagne ou représentants du patronat. Ce rap- tagne, lors des vingt-cinq dernières années, ne mise en quarantaine semble effectivement Plusieurs voix s’élèvent d’ores et déjà outre- port avait été commandé par la s’est révélé infecté). Mais tous les amis britan- abandonné, il fera place à un autre, beaucoup Manche pour s’indigner de la précipitation Côte d’Azur ? ministre de l’emploi et de la solida- niques des animaux – et Dieu sait s’ils sont lé- plus compliqué et également contraignant avec laquelle ce lourd dispositif devra en ur- L’écrivain Erik Orsenna aime la Bre- rité, à la suite de la censure exer- gion – condamnaient une pratique jugée pour les propriétaires des 50 millions de chiens gence se mettre en place. Dans un premier tagne à cause de «ça», le perpétuel cée par l’INRS sur les conclusions cruelle, fort coûteuse, et pour tout dire d’un et de chats britanniques qui souhaiteront être temps, seuls quatre points d’entrée – l’aéro- mouvement des flots, tandis que la d’une enquête épidémiologique de autre âge. accompagnés de leurs animaux favoris lors de port d’Heathrow, le tunnel du Channel et les l’un de ses chercheurs. Le Medef Le séjour obligatoire d’une durée de six leurs déplacements à l’étranger, et pour tous ports de Douvres et de Portsmouth – seront chanteuse Juliette Gréco préfère la défend l’institut, estimant que le mois en chenil privé imposé chaque année à les autres qui envisageraient de faire de même habilités à effectuer les contrôles animaux. Il Côte d’Azur, « qui favorise l’oubli ». rapport de l’IGAS « ne correspond 5 000 chiens et à 3 000 chats coûtait près de lors d’un séjour en Grande-Bretagne. en coûtera, au total, 2 000 francs pour chaque Mais tous deux sont d’accord : en va- pas à la réalité ». 20 000 francs au propriétaire de l’animal. Tony Ces animaux devront, à l’avenir, disposer bête. cances, il faut gagner le bord de mer Blair avait, fort opportunément, fait figurer la d’un passeport individuel en forme de puce pour croire qu’on est ailleurs. Qua- Lire page 6 suppression de ce dispositif parmi ses pro- électronique placée dans le tissu sous-cutané Jean-Yves Nau trième volet de notre série. p. 19

ATHLÉTISME Avant-centre Le dernier combat Dopages en or en série des « trésoriens » Après le sprinter américain Dennis Mit- chell, le champion olympique britan- ÊTES-VOUS Mac ou PC ? Bour- comité des établissements de cré- nique Linford Christie et la sauteuse gogne ou ? Bretagne ou dit, ils se retrouvent en force au ca- dominicaine Juana Arrendel, le Cubain Côte d’Azur ? Notre série de l’été binet de DSK et à la direction géné- recordman du monde du saut en hau- aurait pu évoquer un autre grand rale d’Axa, l’un des actionnaires teur est soupçonné de dopage : Javier dilemme de société qui anime les importants des trois banques, etc. Il Sotomayor a été contrôlé positif à la conversations sur les marchés – pas ont expliqué à DSK qu’avec la fu- cocaïne, le 30 juillet, aux Jeux panamé- ceux de Provence, mais bien ceux sion des trois banques la France ricains de Winnipeg (Canada). p. 18 de Paris, Londres et New York, les s’engageait enfin, à l’instar des marchés financiers donc : êtes-vous autres grands pays développés, BNP ou Société générale ? Dans ce dans la restructuration de son sys- L’ÉTÉ FESTIVAL NICOLAS ANELKA jeu, Bercy, malgré la neutralité offi- tème bancaire privé, qu’elle allait cielle affichée, donne l’impression ainsi se doter, elle aussi, d’un À VINGT ANS, Nicolas Anelka d’avoir choisi son camp : les « tré- « champion national » sans avoir à Le bonheur est devenu le footballeur français soriens » – les inspecteurs des fi- souffrir la moindre casse sociale. le plus cher de l’histoire : le Real nances issus de la direction du Tré- Ayant privilégié, lors des privati- et l’ennui Madrid débourse 220 millions de sor – ont visiblement opté pour le sations bancaires, les établisse- En Sicile, aux XIIIes Orestiades de Gibelli- francs (33 millions d’euros) pour mariage à trois : Société générale, ments mutualistes (le Crédit mu- na, le metteur en scène Lev Dovine nous son transfert et lui assure 2 mil- Paribas et BNP, le fameux SBP. Ils en tuel pour le CIC, le Crédit agricole entraîne, avec Tchevengour, auprès des lions de francs net par mois. Por- ont convaincu leur ministre, Domi- pour le Crédit lyonnais), Domi- laissés-pour-compte du communisme trait d’un surdoué au caractère nique Strauss-Kahn, parti pourtant nique Strauss-Kahn avait, de fait, trempé, programmé pour réussir. sans a priori dans cette affaire qui fragilisé les banques du secteur pri- expérimental. A La Roque-d’Anthéron, ne concerne, après tout, que des ac- vé. Toutes se retrouvaient, d’une les pianistes Fou Ts’ong et Radu Lupu Lire pages 12 et 18 teurs privés. Sans juger de la qualité manière ou d’une autre, dans une séduisent. Au cinéma, sortie de Wild des deux projets industriels rivaux, position de faiblesse vis-à-vis Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, Wild West ou l’ennui d’un Ouest sans 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; on peut s’étonner de l’argument d’éventuels partenaires internatio- mystère. p. 22 à 24 Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; principal qu’ils ont utilisé : il faut à naux. La SBP, « la plus grande Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, tout prix protéger les banques fran- banque du monde », a ainsi été pré- International ...... 2 Aujourd’hui ...... 18 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, çaises de prédateurs étrangers. sentée comme le bouclier idéal 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; France ...... 6 Météorologie...... 20 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Les « trésoriens » se sont massi- contre toute agression étrangère. Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société ...... 8 Jeux ...... 20 vement mobilisés autour de l’un Régions ...... 10 Abonnements...... 20 des plus brillants d’entre eux, Mi- Pierre-Antoine Delhommais Horizons...... 11 Culture ...... 22 chel Pébereau, le PDG de la BNP. et Erik Izraelewicz Entreprises ...... 14 Guide culturel...... 24 Même affaiblis, ils conservent des Communication ...... 15 Carnet ...... 29 postes-clés – ils occupent la direc- Lire la suite page 13 Tableau de bord ...... 15 Radio-Télévision...... 30 tion du Trésor et la présidence du et nos informations page 14 LeMonde Job: WMQ0608--0002-0 WAS LMQ0608-2 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0219 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999

RUSSIE Le rapport d’audit du ca- fonds de prêts précédemment accor- culations. b LE SCANDALE FIMACO, Trésor GKO, est aujourd’hui avéré. Il élections législatives de décembre. binet PriceWaterhouse Coopers, dés par le Fonds monétaire interna- du nom d’une société d’investisse- avait été révélé par le procureur La création d’un front électoral partiellement divulgué mardi 3 août tional (FMI) à la Russie a été placé ment créée en 1990, chargée de pla- russe Iouri Skouratov, ce qui lui entre le maire de Moscou, Iouri Louj- par le quotidien moscovite Kommer- par la Banque centrale de Russie cer ces fonds à Jersey puis de les avait valu d’être limogé. b À MOS- kov, et les gouverneurs de région sant, confirme qu’une partie des dans un paradis fiscal à fins de spé- transférer sur des bons russes du COU, la bataille fait rage en vue des menace directement le clan Eltsine. Le rapport qui confirme que Moscou a détourné l’argent du FMI La Banque centrale de Russie a bien placé une partie des prêts du Fond monétaire international à Jersey aux fins de spéculations. Selon le député Nikolaï Gontchar, le FMI « savait tout du début à la fin » LE NOUVEAU prêt du Fonds mal placé pour le faire : à savoir allégations du procureur : à savoir FMI, en déboursant son nouveau Le FMI affirme n’avoir reçu qu’in PriceWaterhouse Coopers tente monétaire international (FMI) à la PriceWaterhouse Coopers, c’est-à- qu’une partie des réserves de la prêt le 28 juillet, a fait savoir que extremis, juste avant l’annonce de cependant de protéger sa réputa- Russie, marquant leurs dire celui dont la BCR est un vieux BCR, comme des crédits reçus du ce dernier audit, non publié, «ne son nouveau prêt, le rapport d’au- tion en signalant, dans son audit, retrouvailles un an après la crise fi- et « prestigieux » client, assurée de FMI, a bien été transmise à Fima- relevait pas d’infractions » dans dit sur Fimaco pourtant transmis à que la BCR est « seule responsable nancière à Moscou, a été accordé n’en recevoir jamais de trop mau- co. Créée secrètement en no- l’utilisation de son prêt de juil- M. Guerachtchenko, selon Kom- des critères choisis » pour réaliser le 28 juillet, comme toujours, vaises surprises. vembre 1990, c’est-à-dire sous let 1998, qui n’avait servi qu’à pro- mersant, dès le 2 juillet. Ce qui a l’audit), qu’aucune vérification des « sous conditions ». L’une d’elle Mikhaïl Gorbatchev, à une époque données fournies ou de leur au- était que les autorités russes LES JEUX DE LA BCR où l’URSS existait encore et pour thenticité n’a été faite et que ses rendent public un rapport d’audit Les milieux informés à Moscou gérer des fonds du Parti commu- Reprise du versement des prêts de la Banque mondiale auditeurs se sont heurtés à des re- sur le « scandale Fimaco », du nom n’attendaient donc aucune révéla- niste, cette Fimaco ou Financial fus de coopérer ou de donner ac- de l’officine de la Banque centrale tion fracassante sur une affaire Management Company a ensuite La Banque mondiale a repris, mardi 3 août, le versement de ses cès à des documents. « Nous russe (BCR) enregistrée dans le pa- dont le plus grave semblait déjà placé les fonds reçus du FMI sur le prêts à la Russie, en lui accordant de nouvelles tranches d’un total n’avons pas vu d’accords entre le radis fiscal de Jersey. Un scandale connu, à défaut d’être prouvé, ain- marché des GKO, les bons du Tré- de 150 millions de dollars, selon un communiqué de l’institution de FMI et le ministère des finances, ou révélé à l’automne 1998 par le pro- si que Le Monde l’expliquait dans sor russes. développement. La Banque mondiale a accordé 50 millions de dol- entre celui-ci et la BCR, posant les cureur général Iouri Skouratov, ses éditions du 14 juillet. Le pré- L’audit ne précise pas ce que lars au titre d’un prêt pour la restructuration de l’industrie du char- critères d’investissements des fonds aujourd’hui en disgrâce. Mais, une sident de la BCR, Viktor Gueracht- chacun sait, à savoir que l’opéra- bon, ainsi que 100 millions dans le cadre d’un programme d’ajuste- reçus », affirme le rapport, qui semaine après l’octroi du nouveau chenko, avait d’ailleurs lui-même tion était des plus lucratives : le ment structurel. Le prêt « charbon » comprend quatre tranches de n’exclut pas que de tels documents prêt, ce rapport n’a encore fait placidement annoncé, il y a deux rendement classique de 5 % sau- 50 millions (dont la première vient d’être versée), puis deux tranches aient jamais existé. Ce qui est une l’objet que d’une publication-pi- mois, que l’audit « ne révélera au- tait, une fois les fonds placés en de 100 millions chacune. Le prêt « ajustement structurel » pierre jetée dans le jardin du FMI. rate, sur une page du quotidien cune infraction » dans les flux fi- GKO, à plus de 200 %. Ce jeu, im- comprend, outre la tranche de 100 millions déboursée mardi, une Le député Nikolaï Gontchar, qui russe Kommersant. nanciers entre la BCR et sa filiale pulsé par la Banque centrale, deve- tranche de 100 autres millions de dollars, puis 400 millions et suit depuis longtemps ces affaires, Cet audit commandé par la BCR Fimaco. Une somme qui s’élève nue à la fois acteur et arbitre de ce 600 millions. La reprise de ces prêts, dont le calendrier a été réorga- avait dénoncé la prétention du à l’instigation du FMI, qui s’est pourtant à 50 milliards de dollars marché, en violation de toutes les nisé fin juillet, suit l’aval du FMI qui a accordé un nouveau crédit de FMI à ne pas avoir été au courant senti lui-même déstabilisé par ces sur sept ans, selon M. Skouratov. règles et lois financières, a fini par 4,5 milliards de dollars à Moscou pour le remboursement de sa de ces opérations d’évasion de ca- révélations, a la particularité Il n’en est que plus surprenant faire sombrer la Russie, le 17 août dette, en échange d’un programme économique strict. pitaux. d’avoir été fait par celui des « cinq de lire, dans la version du rapport 1998, lorsqu’il a fallu en catastro- Deux rapports d’audits de Coo- grands » cabinet international publiée mardi 3 août par Kommer- phe faire appel à un prêt du FMI pers & Lybrand, datant de 1993 et d’audit qui était sans doute le plus sant, une confirmation de certaines pour sauver le rouble en perdition. longer l’agonie du rouble. Reste à permis au Fonds monétaire de ré- 1994, condamnaient déjà l’usage La BCR avait alors tenté vaine- savoir ce qui, dans ces conditions, server ses commentaires jusqu’au que faisait la BCR de sa firme off ment de soutenir le rouble, au prix est considéré par le FMI comme moment où la décision fut prise. Ils shore, créée avec un capital de La feinte indignation du FMI de 8 milliards de dollars de ré- une infraction. furent alors d’une sévérité sans 1 000 dollars, pour gérer ses ré- serves. précédent, mais apparemment serves. Ces audits furent transmis Dans le rapport d’audit sur les transactions entre la Banque cen- Ils ne furent pas perdus pour « NOUS A-T-ON MENTI ? » toujours aussi vaine. « La question tronqués à la Douma (chambre trale de Russie (BCR) et sa filiale, Fimaco, le Fonds monétaire in- tout le monde : Fimaco et les deux Le rapport publié par Kommer- centrale est : nous a-t-on menti ? », basse du Parlement), mais ternational n’aurait relevé qu’un seul cas de « mensonge » de la banques commerciales qui ser- sant ne dit pas non plus qui, a déclaré Stanley Fischer, le numé- M. Gontchar a pu les obtenir BCR : la Banque de Russie a communiqué au FMI un faux chiffre vaient de relais à ces jeux de la concrètement, a touché les mil- ro deux du FMI, avant d’avouer : complets et ne « peut croire » que pour ses réserves en devises en 1996, dont 1,2 milliard de dollars BCR (Evrobank à Paris et Evrofi- liards de dollars de bénéfices ainsi « La réponse qui émane du rapport, le FMI ne les ait pas vus. «Michel furent « siphonnés » vers Fimaco. Or l’audit constate qu’une nans à Moscou) auraient cumulé engrangés sur des années, et dont malheureusement, est oui. » Les Camdessus savait tout du début jus- « somme totale de 1,205 milliards de dollars fut placée en 1996 sur le près de la moitié des GKO en cir- le gouvernement aurait dû rece- transactions avec Fimaco « tra- qu’à la fin », a-t-il déclaré au marché des GKO ». culation, un pactole qu’une déva- voir la moitié. Il ne dit pas qui don- duisent un manque fondamental de Monde, avant de relancer sa cam- Il s’en prend particulièrement au rôle de la filiale parisienne de luation ne pouvait que réduire à nait les ordres d’investissement coopération avec le FMI et une vio- pagne en vue de l’ouverture d’une la BCR, Evrobank, qui détient 100 % de Fimaco. Le rapport dénonce néant. Mais cela, le rapport ne le (« La liste des personnes habilitées lation sérieuse des obligations de la enquête pénale. aussi l’usage systématique par Evrobank d’une double comptabili- dit pas. Il est en effet muet sur les par la BCR, obligatoire selon l’ac- Russie envers lui. (...) Certains direc- « Elle seule permettra l’accès aux té – de vieilles rumeurs moscovites voulaient qu’à la BCR cette placements de la BCR postérieurs cord signé avec sa filiale, ne nous a teurs ont estimé que les actions cor- dossiers cachés de Jersey et de Pa- comptabilité était plutôt triple ou quadruple... – ainsi que l’octroi à 1996, et notamment sur ceux de pas été fournie », souligne le rap- rectives entreprises depuis lors sont ris », nous a-t-il dit. de 300 millions de dollars pris sur les réserves à des banques 1998, objets d’un audit séparé, ce- port d’audit), ni qui se partageait insuffisantes », ajoutait un commu- commerciales « amies », non citées. – (Corresp.) lui, annuel, du même cabinet. Le les coquets frais de gestion, etc. niqué officiel du FMI. Sophie Shihab La nouvelle alliance entre Iouri Loujkov et les barons régionaux isole le « clan » présidentiel MOSCOU sance du nouveau bloc, « parti du pour Boris Eltsine et son entou- C’est donc avec acharnement croit savoir que les jours de étouffer les affaires, qui, à son correspondance futur pouvoir », Iouri Loujkov n’a rage. que le « clan eltsinien », de plus en M. Stepachine sont désormais tour, a été renvoyé, la « famille » A quatre mois et demi du scru- ainsi pas manqué de rappeler que Il expliquait pourquoi les candi- plus isolé, a tenté de faire capoter comptés. estimant qu’il n’avait pas rempli sa tin législatif, le coup d’envoi d’une « certaines forces » avaient « fait datures de Iouri Loujkov et Evgue- la création d’un bloc régional, sus- Appelé à la rescousse, Viktor tâche. Cette décision a soulevé la campagne éléctorale qui promet tout ce qu’elles pouvaient pour ni Primakov à la présidentielle de ceptible de réunir ces deux figures Tchernomyrdine, l’ancien premier colère du Conseil de la fédération d’être riche en intrigues et coups contrer l’événement historique ». 2 000, étaient « inacceptables » : le honnies. Mercredi 4 août au ma- ministre, président de « Notre (la chambre haute du Parlement tordus, a été donné mercredi Allusion aux piteuses tentatives maire de Moscou attise la haine tin, Boris Eltsine convoquait, dans Maison la Russie », un parti qui qui réunit les gouverneurs des ré- 4 août avec la création d’un nou- du Kremlin pour reprendre l’initia- nationale avec ses envolées pa- sa résidence de Gorky 9, Mintimer s’effiloche de jour en jour, vient gions et les présidents de répu- veau bloc centriste, modestement tive. triotiques sur le port de Sébasto- Chaïmiev, le président du Tatars- d’annoncer un possible rappro- bliques autonomes), l’organe en baptisé « La Patrie-Toute la Rus- pol (aujourd’hui en Ukraine) et ses tan, avec pour dessein, comme l’a chement avec « La voix de la Rus- principe compétent sur ces ques- sie ». Né d’une alliance entre le propositions de revoir les privati- révélé la presse, de le dissuader de sie », autre regroupement régional tions. mouvement du maire de Moscou, Selon le quotidien sations ; Evgueni Primakov, quant s’allier avec le maire de Moscou. de moindre importance. La fuite en avant d’un clan sur le « La Patrie », et de « Toute la Rus- à lui, représente une conception Au cours des dernières se- Mais en attendant, la nervosité déclin, qui n’a toujours pas de su- sie » (Vsia Rossia) – un rassemble- « Kommersant », « non démocratique » de la Russie, maines, Sergueï Stepachine, le affichée par le Kremlin exaspère cesseur, s’est aussi exprimée avec ment d’influents barons régionaux menaçant de vider les prisons premier ministre, avait, lui, été de plus en plus les gouverneurs. La le parachutage à la tête de Ros- russes –, le « monstre » affiche dé- les jours de Sergueï pour y mettre des déliquants chargé de courtiser les gouver- calamiteuse gestion du « dossier vooroujenie (la principale centrale jà des ambitions dévorantes. économiques. L’ancien premier neurs des régions. Selon le quoti- Skouratov », l’affaire concernant de vente d’armes russes), d’Alexeï « Nous voulons remporter au Stepachine sont ministre – M. Volochine s’est bien dien Kommersant, sa mission était le procureur général de Russie, Ogarev, un ami intime du gendre moins 226 sièges [sur les 450 dépu- gardé de le rappeler – avait sur- alors au mieux d’empêcher la écarté de ses fonctions depuis des de Boris Eltsine, en remplacement tés que compte la Douma, la comptés tout donné son feu vert pour ou- « désastreuse union » avec Iouri mois pour avoir lancé une série de Grigori Rapota, dont le profes- chambre basse du Parlement]. Au- vrir des enquêtes criminelles Loujkov, au pire, d’obtenir d’être d’enquêtes sur l’entourage cor- sionnalisme avait pourtant unani- trement, cela ne vaut pas la peine contre des proches du président placé en tête de liste au sein du rompu du président, continue. Le mement été salué. de faire autant de bruit » a expli- M. Loujkov veut placer M. Pri- Eltsine, à la grande joie de Iouri nouveau bloc. Il a échoué sur les 30 juillet, c’est le procureur par in- qué l’un de ses « piliers », Minti- makov en tête de liste du bloc ré- Loujkov. deux tableaux, et Kommersant térim, Iouri Tchaïka, nommé pour Agathe Duparc mer Chaïmiev, le président du Ta- gional. tarstan. La nouvelle force qui Elu co-président de « La Patrie- rassemble les dirigeants d’une Toute la Russie », avec Vladimir vingtaine de régions russes – un Iakovlev – le maire de Saint-Pé- réservoir électoral de dizaines de tersbourg –, M. Loujkov s’est éga- La « famille » Eltsine met la main sur les ventes d’armes millions de personnes, sous l’in- lement chargé d’émettre la propo- UN PROCHE du Kremlin, plus source de revenus aussi recherchée, chaque raid », a déclaré un de ses vic, devenu l’opposant au président fluence directe des potentats des sition la plus « sensationnelle » précisément de son éminence grise avec ses commissions et opérations porte-parole. Selon le Jane’s, ce serbe le plus courtisé en Occident, a provinces – entend ainsi re- – et inquiétante pour le Kremlin – : Boris Berezovski, a récemment de troc, que les métaux ou les hy- sont des éléments incomplets du achevé sa première visite officielle à conquérir le terrain gagné en 1995 placer en tête de liste, Evgueni Pri- remplacé, à la tête de Rosvoorouje- drocarbures. système qui auraient été acheminés Moscou. Il s’y était déjà rendu en vi- par les communistes, aujourd’hui makov, l’ancien premier ministre, nie, la société qui assure plus de « Ne cherchez pas de raison poli- et montés au nord de , sur sites semi-privées. Le frère du pré- première fraction parlementaire. limogé le 12 mai mais favori des 80 % des exportations d’armes tique à ma nomination », a protesté un site qui fut détruit par l’Alliance sident Milosevic, ambassadeur de la Mais, ironie du sort, le nouveau- sondages. russes, un protégé de l’ex-premier M. Ogarev peu après l’annonce de juste avant un premier tir d’essai, République fédérale de Yougoslavie né, inquiète aujourd’hui davan- « Le retour de Primakov à la vie ministre Evgueni Primakov. La no- sa nomination. Puis, alors qu’on lui prévu le 30 mai. (Serbie et Monténégro) dans la ca- tage le Kremlin, et la « famille », le politique active est nécessaire. Son mination d’Andreï Ogarev, rappor- demandait s’il était un « homme de Il n’est pas question, dans ce rap- pitale russe, ne fut pas associé aux terme désignant l’entourage d’un potentiel et son expérience doivent tée mercredi 4 août par les médias la famille », terme qui désigne l’en- port, des rumeurs entourant l’aéro- préparatifs, alors que le nouveau Boris Eltsine en fin de règne. Car, encore servir la Russie » a t-il expli- russes, à la place de Grigori Rapota, tourage du président russe et qui port de Pristina, qui assurent que premier ministre russe, Sergueï Ste- le « clan eltsinien », toujours en qué. Magnanime, il a expliqué n’est pas une surprise : les deux te- jouit d’une grande influence au des armes soviétiques étaient ca- pachine, déclarait qu’il n’avait « au- panne de successeur, y voit sur- qu’il était prêt à s’écarter au be- nants précédents du poste en furent Kremlin, M. Ogarev a répondu : chées dans des abris souterrains. Ce cune sympathie » pour Slobodan tout le tremplin idéal qui pourrait soin devant le grand homme, qui, chassés après que Boris Elstine se « La nouvelle mode d’écrire le mot serait une des raisons qui explique- Milosevic. permettre à Iouri Loujkov – « l’en- il y a peu, apparaissait encore fut débarrassé de leurs protecteurs Famille avec un F majuscule rait pourquoi un contingent russe a Le président biélorusse nemi juré » – de s’asseoir, à l’été comme son principal rival. respectifs, l’ex-premier ministre m’énerve. C’est un mythe comme court-cicuité les membres de la Alexandre Loukachenko, tenté par 2000, dans le fauteuil présidentiel. Si Evgueni Primakov – pour qui Viktor Tchernomyrdine en 1998, et toutes les rumeurs sur les richesses fa- KFOR en arrivant le premier sur les une alliance « russo-biélorusso- Depuis plusieurs mois, M. Louj- une 3e place de co-président de l’ancien chef de la garde présiden- buleuses que gagne Rosvoorouje- lieux, début juin. Les soldats russes yougoslave », n’a pas apprécié. kov était à la recherche d’alliances « La Patrie-Toute la Russie » est tielle et homme lige de Boris Elt- nie ». s’y trouvent toujours, et démentent « Peut-être inviteront-ils demain à régionales, lui permettant de recti- restée vacante – n’a pas encore sine, Alexandre Korjakov, en 1996. aujourd’hui avoir eu pour mission Moscou Semion Charetski ! » (le chef fier son image, trop « moscovite », réagi à cette proposition, saluant La Russie, troisième pays expor- VIOLATION DE L’EMBARGO de récupérer du matériel livré en de l’opposition biélorusse en exil en et donc pénalisante dans les pro- simplement la création de la nou- tateur d’armes conventionnelles, La première tâche de M. Ogarev violation de l’embargo militaire im- Lituanie), s’est exclamé M. Louka- vinces russes où il est volontiers velle alliance, les effets dévasta- derrière les Etats-Unis et la France, fut, tout d’abord, de démentir un posé depuis mars 1998 à la Yougo- chenko lors d’une conférence de accusé d’être à l’origine de tous les teurs sur le moral du Kremlin, eux, selon le classement établi par l’Ins- rapport de l’hebdomadaire britan- slavie. presse à , marquant toute la maux. Il travaillait également à sont déjà visibles. Dans une ré- titut international de recherche sur nique Jane’s Defense Weekly, assu- Au Kremlin, la remontée en puis- méfiance qu’il nourrit envers le s’imposer comme un leader natio- cente interview au quotidien Kom- la paix de Stockholm (Sipri), a réali- rant que le gouvernement russe sance du financier Boris Berezovski Kremlin, malgré la signature en cas- nal et international, opposant au somolskaïa Pravda, Alexandre Vo- sé pour environ 2,5 milliards de dol- avait exporté des missiles anti-aé- devrait en tout cas sonner le glas cade d’accords d’union entre les « régime eltsinien ». lochine, le chef de l’administration lars de ventes en 1998. Les exporta- riens S-300 PM en Serbie. « Si cela des espoirs que Slobodan Milosevic deux pays. C’est désormais chose faite. Sa- présidentielle passait ainsi en re- tions d’armes sont, pour celui qui avait été le cas, l’OTAN aurait perdu plaçait en Moscou. Mardi, le pré- luant, mercredi 4 août, la nais- vue les scénarios catastrophes contrôle le secteur en Russie, une plusieurs douzaines d’avions lors de sident monténégrin Milo Djukano- S. Sh. LeMonde Job: WMQ0608--0003-0 WAS LMQ0608-3 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0220 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 3 Après le porc et le poulet, la Belgique doit Des centaines de camions d’aide bloqués à la frontière macédonienne dépister la dioxine dans la viande bovine PRISTINA. Plusieurs centaines de camions d’aide humanitaire pour le Kosovo sont bloqués à la frontière macédonienne, suite à un désac- cord avec le gouvernement de Skopje sur le montant des taxes exi- gées, a annoncé, mercredi 4 août, à Pristina le porte-parole du Haut- Cette décision du comité vétérinaire européen est jugée « disproportionnée » par le gouvernement belge Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon Ron Redmond, l’ensemble de la communauté humanitaire a refusé de La Commission européenne a rendu publique, tion de tests de dépistage de la dioxine en préa- nistre belge de la santé. Le ministre belge de payer les taxes réclamées par le gouvernement macédonien mercredi 4 août, une décision de son comité vé- lable à l’exportation. Une décision inutile, voire l’agriculture craint que son pays ne devienne – 640 deutschemarks par chargement – qu’il a qualifiées d’« exorbi- térinaire qui étend à la viande de bœuf l’obliga- « impossible » à mettre en œuvre, selon la mi- « le bouc émissaire de l’Europe ». tantes ». A lui seul, le HCR, qui fait transiter de 20 à 25 camions quoti- diennement par la frontière macédonienne, a plus de 90 camions blo- BRUXELLES tile, voire « impossible », selon les évoque la nécessité de contrôler la crise de la « vache folle », esti- qués, a-t-il ajouté. – (AFP.) de notre correspondant termes de la ministre de la santé, « un échantillon représentatif de ment désormais qu’il leur sera La grande difficulté à laquelle Magda Aelvœt. groupes homogènes d’animaux », quasi impossible d’obtenir en doit faire face le gouvernement Le nombre d’exploitations à est sujette à toutes les interpréta- temps utile les labels de certifica- L’opposition afghane aurait repris belge dans la gestion de l’affaire contrôler passerait en effet de tions. Le vaste contrôle entrepris tion, bloquant pratiquement de ce de la dioxine dans les farines ani- 10 000 à 48 000 si la décision du en juin et juillet n’a décelé que fait toute exportation. males se double désormais d’un CVP était confirmée, ce qui ne sera trois échantillons positifs aux PCB, Du côté européen, on reconnaît une ville aux talibans conflit entre Bruxelles... et le cas qu’à la fin du mois d’août. des précurseurs de la dioxine, dont l’importance des mesures prises Bruxelles. Mercredi 4 août, le pre- C’en est trop pour des services de un seul dépassait très légèrement par les autorités belges. « Mais, NEW DELHI. Dans une attaque surprise, les forces du commandant mier ministre belge, Guy Verhof- santé belges, déjà débordés : ils la norme de l’Organisation mon- commente un expert, le gouverne- Ahmad Shah Massoud auraient repris, dans la nuit du 4 au 5 août, la stadt, furieux, a en effet adressé sont équipés pour réaliser diale de la santé. ment belge nous a habitués à trop ville de Charikar, capitale de la province de Parwan, au nord de Ka- une lettre de protestation à la 3 200 tests par semaine au maxi- La décision des vétérinaires eu- de revirements pour que nous ne boul, qu’elles avaient perdue lundi au profit des talibans. Cette infor- Commission européenne et mis en mum et s’apprêtent déjà à deman- ropéens a littéralement assommé soyons pas d’une très grande pru- mation n’a toutefois pas été confirmée de source indépendante. Selon cause le « caractère disproportion- der l’aide de pays voisins. les producteurs belges, qui n’ont dence. » M. Verhofstadt va donc le Dr Abdullah, un des proches conseillers du commandant Massoud, né » d’une décision prise par le guère eu le temps d’apprécier le devoir poursuivre sa longue celui-ci a mené lui-même la contre-offensive dans laquelle comité vétérinaire européen « PRUDENCE » cadeau que leur avait fait, quel- marche pour assurer le sauvetage deux cent cinquante talibans auraient été tués. Toujours selon le Dr (CVP). Le matin même, ce dernier « Il ne faudrait pas que nous de- ques heures plus tôt, le gouverne- du secteur agroalimentaire belge. Abdullah, les forces de l’opposition auraient bénéficié du soutien des avait estimé que la viande bovine venions le bouc émissaire de l’Eu- ment, en annonçant que les pre- Ainsi a-t-il déjà fait admettre par hommes qui s’étaient réfugiés dans la vallée du Panchir lors de l’of- belge et ses dérivés devaient être rope désireuse de faire un exemple, mières aides financières seraient des syndicats d’éleveurs de porc (à fensive des talibans. Le mollah Omar, chef suprême des talibans, a of- soumis à des tests de dépistage a expliqué le ministre de l’agri- débloquées la semaine prochaine l’exception notable du plus puis- fert mercredi une amnistie aux combattants de l’opposition qui dé- préalables à leur exportation. De culture, Jaak Gabriëls. Le système pour les secteurs porcin et avicole. sant d’entre eux, le Boerenbond) poseraient les armes. Le même jour, l’Iran a appelé à « une telles mesures avaient été décidées de contrôle de nos exportations est Les éleveurs, qui ne comprenaient une réduction de 20 % de leur pro- intervention urgente de l’ONU » pour mettre fin aux combats. – (Cor- par les autorités belges pour le désormais l’un des plus sûrs au déjà pas pourquoi la Commission duction. Mais toute décision paraît resp.) porc et la volaille, mais le gouver- monde. » Les responsables belges européenne refuse les aides di- désormais insuffisante dans ce nement jugeait en revanche que soulignent également que la déci- rectes, comme ce fut le cas pour dossier littéralement empoison- DÉPÊCHES leur extension au bœuf était inu- sion du comité vétérinaire, qui leurs homologues anglais lors de né. – (Intérim.) a SRI LANKA : dans une deuxième attaque suicide en une se- maine, les rebelles du LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul) s’en sont pris, mercredi 4 août, à un poste de police des forces spé- ciales dans le nord de l’île, tuant dix de ses membres et deux civils. Vingt et un autres policiers ont été grièvement blessés. – (Corresp.) La France adopte de nouvelles mesures de protection a IRAN : le quotidien réformateur Salam a été suspendu pour L’AGENCE française de sécurité sanitaire animaux. Cette contamination, peut-être due sence, dans le kaolin, de taux de dioxine cinq ans par le tribunal spécial du clergé de Téhéran, a annoncé, mer- des aliments (Afssa) a rendu public, jeudi à une pollution d’origine industrielle, pouvait supérieur à 50 picogrammes par gramme credi 4 août, l’agence iranienne IRNA. La fermeture du quotidien, le 5 août, un avis dans lequel elle préconise de atteindre plusieurs centaines de picogrammes pourrait conduire à un dépassement théo- 7 juillet, avait déjà déclenché des manifestations sans précédent en nouvelles mesures préventives concernant la (un picogramme est un millionième de millio- rique, dans la matière grasse des produits lai- Iran. Le tribunal a condamné le directeur du journal, Mohammad contamination par la dioxine des aliments nième de gramme) de dioxine par gramme de tiers, de la limite actuellement tolérée de 5 pi- Khoeinia, à trois ans d’interdiction d’exercice du métier de journaliste destinés aux animaux. kaolin, avec une valeur maximale observée, cogrammes par gramme de matière grasse. et à une amende de 7 600 dollars après la publication de documents L’Afssa avait été saisie par le gouvernement hautement inquiétante, de 1 654 picogrammes Après avoir, à l’occasion de la contamination considérés comme confidentiels. – (AFP, Reuters.) français à la suite d’une alerte lancée par l’Al- par gramme. des volailles belges, défini des normes maxi- a ISRAËL : le premier ministre, Ehoud Barak, a désigné une se- lemagne, où l’on a récemment observé d’im- Compte tenu des importations françaises males pour les aliments destinés aux animaux, conde femme, la sociologue Yuli Tamir, dans son gouvernement, lui portantes contaminations par la dioxine dans de kaolin allemand, les experts réunis sous l’Afssa étend ainsi ces normes aux matières confiant le portefeuille de l’intégration. Quatre autres ministres et des carrières de kaolin, silicate d’alumine en- l’égide de l’Afssa ont été conduits à évaluer premières entrant dans leur composition et huit vice-ministres font leur entrée dans le cabinet, qui comprendra trant dans la composition de la porcelaine quels pouvaient être les risques, pour la santé qui ne devraient plus, à l’avenir, contenir plus en tout vingt-trois ministres. Les nouveaux ministres sont l’ancien mais aussi de certains médicaments et, publique, de cette nouvelle source de conta- de 40 picogrammes par gramme. chef d’état-major, Amnon Lipkin-Shahak (Parti du centre), l’ancien comme additif et dans une proportion maxi- mination. Au vu des différentes données dis- chef d’état-major adjoint, Matan Vilnaï (Parti travailliste), le rabbin male de 3 %, de produits alimentaires pour ponibles, ces experts ont établi que la pré- Jean-Yves Nau Michaël Melchior (parti religieux modéré Meimad) et le député Haïm Oron (Meretz). – (AFP.) a IRAK : l’Irak a demandé à l’ONU d’empêcher les survols améri- cains et britanniques pendant l’éclipse du 11 août et de permettre à ses avions civils de transporter des scientifiques étrangers pour obser- Londres s’indigne du refus allemand de lever l’embargo sur le bœuf britannique ver le phénomène. L’Irak est soumis à un embargo aérien depuis LONDRES pas compte des règles très contrai- n’est pas un gros client : elle n’im- mier ministre britannique a multi- 1990. – (AFP.) de notre correspondant gnantes imposées par la Commis- portait il y a quatre ans que plié les gestes à l’égard des agri- a ÉTATS-UNIS/CUBA : les Etats-Unis ont décidé d’autoriser des Le refus du gouvernement alle- sion en échange de la levée, le 1 600 tonnes de bœuf britannique. culteurs, en particulier les compagnies aériennes de charters à ouvrir des routes vers Cuba de- mand de lever l’embargo sur le 1er août, de l’embargo européen. Aujourd’hui, un seul abattoir éleveurs : déblocage de fonds pour puis New York et Los Angeles, alors que Miami était jusque-là la seule bœuf britannique et les obstacles Quant à Paris, notre interlocutrice dans tout le pays, en Cornouailles, lutter contre la maladie de la ville américaine reliée à Cuba, a annoncé mardi 3 août le département administratifs mis par la France émet l’espoir que les exportations est autorisé à délivrer les tampons « vache folle », mise en veilleuse d’Etat. Ces vols restent interdits aux touristes. – (AFP.) pour rouvrir ses frontières à la vers la France, qui avaient atteint nécessaires pour l’exportation, ce du projet d’interdiction de la a AUSTRALIE : quelque 80 000 litres de pétrole brut se sont déversés viande bovine britannique ont pro- 86 000 tonnes en 1995, recommen- qui pénalise, par exemple, les chasse à courre, limitation des pos- accidentellement dans le port de Sydney, lors d’une opération de voqué, mercredi 4 août, une ceront le plus tôt possible. ventes d’angus écossaise. Les res- sibilités de construction à la cam- transfert entre un pétrolier italien et le dépôt Shell, mardi 3 août au grande émotion en Grande-Bre- trictions imposées pour l’abattage, pagne et allégement de l’interdic- soir. Bien qu’une partie de la nappe de 10 kilomètres de long se soit tagne, où politiciens et éleveurs DEMANDE DE SANCTIONS le transport, la supervision admi- tion de la consommation de la évaporée, le nettoyage complet devrait prendre encore plusieurs avaient célébré en grande pompe « Nous sommes prêts à aller jus- nistrative vont renchérir le prix de viande à l’os. Enfin, le forcing du jours dans cette ville qui accueillera les Jeux olympiques de l’an la fin de quarante mois d’ostra- qu’au bout pour obtenir gain de revient d’un produit déjà forte- gouvernement sur ce dossier est 2000. – (Corresp.) cisme européen, imposé après l’an- cause. La décision finale doit appar- ment handicapé par la surévalua- aussi motivé par des considéra- nonce par le gouvernement de tenir au consommateur européen » : tion de la livre sterling sur les mar- tions de politique intérieure. Londres d’une probable transmis- Terry Lee, porte-parole de la Meat chés extérieurs. M. Blair redoute que les anti-euro- Naissance historique au Mexique sion de la maladie de la « vache and Livestock Commission (MLC), En fait, autorités et éleveurs péens, qui ont le vent en poupe, folle » à l’homme. qui rassemble les producteurs, craignent qu’un refus allemand de n’en profitent pour perturber la « La Commission européenne s’est exige des sanctions contre Bonn, lever l’embargo ne porte un nou- contre-offensive gouvernementale d’une alliance d’opposition prononcée en faveur du retour de la voire Paris. A première vue, l’émoi veau coup à la réputation du bœuf en faveur de l’euro, qui doit être viande bovine britannique. Selon la suscité en Grande-Bretagne par les britannique sur leur marché inté- lancée cet automne. « Les euroscep- MEXICO. Dans une initiative sans précédent dans l’histoire mexi- loi européenne, il n’y a plus d’obs- exigences allemandes pour «cal- rieur. Car le retour de la confiance tiques sont toujours à l’affût du caine, huit partis d’opposition sont parvenus à former une alliance tacles aux exportations. C’est donc à mer les inquiétudes » des consom- reste fragile chez des consomma- moindre argument pour renforcer destinée à mettre fin à l’hégémonie du Parti révolutionnaire institu- la Commission d’assumer ses respon- mateurs est surprenant. Au mieux, teurs qui n’ont pas oublié les qua- leur cause. Après tant de sacrifices, il tionnel (PRI), au pouvoir depuis soixante-dix ans, indique un commu- sabilités. Il faut que chacun respecte le MLC table pour 1999 sur des rante morts britanniques de la ma- serait vraiment dommage pour nous niqué de cette nouvelle « Alliance pour le Mexique », publié mercredi ses engagements européens », in- ventes à l’étranger de l’ordre de ladie de Creutzfeldt-Jakob. que les exportations ne reprennent 4 août. Après plusieurs semaines de négociations, l’Alliance a notam- dique au Monde la secrétaire d’Etat 5 000 tonnes, contre 246 000 en L’affaire tombe à un mauvais pas rapidement », reconnaît Joyce ment pris l’engagement de tenter de désigner un candidat unique à à l’agriculture, Joyce Quin, pour qui 1995, un an avant l’imposition de moment pour Tony Blair. Tirant les Quin. l’élection présidentielle de l’an 2000. Une commission a été chargée les réticences de Bonn à l’encontre l’embargo sur les exportations. leçons de la grande manifestation d’élaborer une plate-forme électorale commune, en dépit des diver- du bœuf britannique ne tiennent Traditionnellement, l’Allemagne rurale du printemps 1998, le pre- Marc Roche gences entre les partis, de bords très différents. – (AFP.) La nuit de midi

The « Le Monde guide to the eclipse » translated into english Tout sur l’éclipse : la description du phénomène, l’intérêt scientifique de ce ballet céleste, les craintes suscitées par la superposition du Soleil et de la Lune chez les Anciens et les Modernes. Près de 200 adresses et toutes les précautions à prendre pour observer l’éclipse en toute sécurité.

Un supplément de 16 pages à lire dans 0123 du lundi 9 daté mardi 10 août.

« Thema » Eclipse dimanche 8 août à 20 h 45 sur LeMonde Job: WMQ0608--0004-0 WAS LMQ0608-4 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0265 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 INTERNATIONAL

Le Bosno-Serbe Radomir Kovac plaide non coupable La Thaïlande envahie devant le Tribunal pénal international par la drogue de Birmanie Il est accusé de viols collectifs et de réduction en esclavage Alarme à Bangkok devant la consommation Le Serbe de Bosnie Radomir Kovac, criminel de sa comparution devant les juges du Tribunal pé- inculpé en juin 1996 par le TPIY. Deux chefs d’ac- en milieu scolaire de métamphétamines guerre présumé, a plaidé, mercredi 4 août, non nal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de cusation de crimes contre l’humanité ont été re- coupable des faits qui lui sont reprochés, lors de La Haye. Kovac, surnommé « Klanfa », avait été tenus contre lui. fabriquées dans le Triangle d’or LA HAYE autorités locales : leurs carences neno-Popravni Dom. Les femmes terreur constante. Certaines ont dé- BANGKOK Hsueh-kang est considéré au- de notre correspondant pour arrêter les inculpés ne peuvent ont été détenues dans des mai- veloppé des tendances suicidaires, de notre correspondant jourd’hui comme le premier pro- Radomir Kovac a plaidé non entraver le cours de la justice ». sons, des motels, ou des apparte- d’autres se retranchaient dans l’in- en Asie du Sud-Est ducteur mondial de métamphéta- coupable de crimes contre l’hu- L’acte d’inculpation de Radomir ments. Nombre de ces femmes et différence et souffraient de dépres- Les Thaïlandais sont furieux. mines. Il se serait récemment manité, mercredi 4 août, devant Kovac remonte à juin 1996. Huit jeunes filles, certaines âgées d’à sion. » L’inculpation cerne le cas Leurs services de lutte contre la réconcilié avec son ancien patron, une chambre de première instance Bosno-Serbes y sont poursuivis peine 12 ans, ont été soumises à d’une jeune fille de 15 ans, à drogue estiment dans une four- Khun Sa, un métis sino-shan ins- du Tribunal pénal international pour leur responsabilité en tant des « humiliations, passages à ta- l’identité gardée secrète, mais chette de 200 à 300 millions le tallé à Rangoun et que les mili- pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Agé que chefs civils ou militaires, à ce bac, et assauts sexuels, notamment connue dans l’acte sous la réfé- nombre de cachets de métamphé- taires birmans affirment avoir de 36 ans, ce Serbe de Bosnie avait titre responsables des actes de des viols ». rence FWS-87. Huit mois durant, tamines introduits en fraude dans neutralisé depuis 1996. Cinq mille été arrêté lundi à Foca (sud-est de leurs subordonnés, quand ils n’ont Au moins quatorze victimes ont celle-ci a été continuellement vio- leur pays en 1998. Pendant le pre- soldats de Wei seraient affectés à la Bosnie), par les troupes fran- pas eux-mêmes participé à des été répertoriées par le tribunal. lée et torturée par plusieurs ac- mier semestre de cette année, la la protection du trafic de drogues. çaises de la SFOR. Il a retrouvé en viols, ou tenu des maisons abri- « La santé physique et mentale de cusés et un nombre non établi de police a saisi plus de 4 millions de prison Dragoljub Kunarac, l’un de tant des viols collectifs. nombre d’entre elles s’est sérieuse- soldats non identifiés, parfois cachets de métamphétamines OPÉRATION MILITAIRE ses coaccusés, qui s’est rendu au L’acte d’accusation rappelle que ment détériorée au cours de ces as- seuls, parfois en groupes. Le 25 fé- (une variété d’amphétamines) et Pour tenter de freiner ce trafic TPIY en mars 1998. Son interpella- Foca est tombée entre les mains sauts sexuels répétés, note l’acte vrier 1993, FWS-87 a été vendue 100 kilogrammes d’héroïne. Le pu- dans le nord du royaume, l’armée tion avait été saluée par Louise des forces bosno-serbes et para- d’accusation. Certaines femmes ont par Radomir Kovac à deux soldats blic le plus vulnérable : les élèves thaïlandaise y mène, sur la fron- Arbour. Le procureur général du militaires serbes et monténégrines souffert d’épuisement, de pertes va- monténégrins, pour 500 deutsche- du secondaire et les étudiants tière birmane, une opération mili- TPIY voyait dans cette « troisième entre le 7 et le 17 avril 1997. Après ginales, de problèmes de vessie et marks. thaïlandais. En l’espace de cinq taire appuyée par des hélicoptères arrestation en sept semaines, un si- séparation, les hommes ont été de saignements menstruels irrégu- ans, dans ce milieu, la consomma- armés. Mercredi 4 août, le premier gnal clair lancé par la SFOR aux emmenés au camp de Foca Kaz- liers. Les détenues vivaient dans une Al. Fr. tion de drogues a été presque ministre Chuan Leekpai a fait fer- multipliée par trois, avec une mer cette portion de frontière. Le « palme » aux collèges techniques, 31 juillet, l’armée thaïlandaise dont près de la moitié des élèves avait mis la main sur 25 kilogram- L’ère de « la contrainte des Etats » s’est ouverte, estime Louise Arbour auraient recours aux drogues. mes d’héroïne et plus de 4 mil- Le coupable : la Birmanie voi- lions de cachets de métamphéta- LA HAYE nées qu’on avait à l’époque, il y a eu Chef des Tigres, une milice par- Il existe au TPIY un courant qui sine, premier producteur mondial mines. Plusieurs suspects ont de notre correspondant quasi-unanimité au sein de mon ticulièrement brutale en Bosnie, juge les procès trop longs, et d’opium avec l’Afghanistan et qui rejoint en prison les quelque « Le Tribunal [pénal internatio- bureau pour dire qu’on ne pouvait Arkan a été inculpé en septembre évoque des risques d’engorgement. s’est, ces dernières années, spécia- 260 trafiquants arrêtés sur le terri- nal] pour l’ex-Yougoslavie [TPIY] a pas qualifier le crime de génocide. 1997. Son inculpation n’a été pu- Louise Arbour réfute cette thèse : lisée dans la fabrication d’amphé- toire thaïlandais depuis le début franchi un point de non-retour. C’était avant que nos enquêteurs bliée qu’en mars 1999. L’expé- « Si nous recevions demain tous les tamines et de métamphétamines. de l’année. Lorsque j’ai pris mes fonctions, à aient accès au Kosovo. L’étendue de rience pourrait être renouvelée, inculpés en liberté, nous aurions un Les généraux de Rangoun ont La Birmanie a été admise en l’automne 1996, son existence même ce que l’on découvre, l’aspect répé- annonce Louise Arbour : « Les ré- problème. Mais cela est très théo- beau démentir catégoriquement, 1997 au sein de l’Association des était en question ; on s’inquiétait du titif et les méthodes d’exécution compenses financières offertes par rique. Les procès sont trop longs ? les drogues en provenance de la nations de l’Asie du Sud-Est, dont financement, du soutien politique et nous poussent à réexaminer le dos- les Etats-Unis pour l’arrestation de Mais par rapport à quoi ? Il est vrai partie birmane du Triangle d’or la Thaïlande est l’un des fonda- opérationnel qu’on obtiendrait. sier. Et nous allons le faire. » criminels de guerre sont un facteur que le procès Blaskic dure depuis inondent la région. Dans le nord teurs. Mais cette initiative ne Tout cela est derrière nous. Avant, Louise Arbour reconnaît sa de reconsidération de notre straté- deux ans. Mais ce qu’il faut compta- et le nord-est birmans, où vivent semble guère avoir eu d’effet sur on parlait de "coopération des « frustration » devant le fait que gie. Nous discutons de la publica- biliser, ce sont les jours effectifs d’au- les Was et les Shans, des ethnies l’attitude du régime de Rangoun, Etats". Puis il y a eu une décision les inculpés les plus connus du tion éventuelle d’un ou plusieurs dience. En revanche, j’admets que qui jouissent d’une paix armée qui continue de bafouer les liber- cruciale : dans le procès du général TPIY sont encore en liberté. Mais, actes secrets. » les juristes qui ont écrit le règlement avec les militaires birmans, les la- tés et de tolérer des trafics qui, se- croate Blaskic, les juges ont décidé affirme-t-elle, « cela ne m’inquiète Récemment, des rumeurs ont des preuves et des procédures ont boratoires se sont multipliés ces lon certains, contribuent à ali- en appel que le Tribunal a un pou- élaboré des règles de divulgation des derniers temps et Bangkok doute menter les caisses vides du voir de contrainte des Etats, qui sont preuves auprès de la défense qui sérieusement de la volonté affi- gouvernement birman. Bangkok, obligés d’exécuter ses ordonnances. Carla del Ponte, futur procureur général ? n’ont été compensées par aucune chée par Rangoun de réduire la qui espérait sans doute davantage C’est un tournant. Nous sommes exigence en retour. C’est cela qu’il production nationale de drogue. de coopération de la part de son passés du règne de la coopération à Le procureur général de la Confédération helvétique, Carla del faudrait rééquilibrer. » Baron le plus en vue de la voisin, commence à manifester celui de la contrainte des Etats, qui, Ponte, devait se rendre, jeudi 5 août, au siège des Nations unies, pour drogue et chef de l’Armée de l’Etat une irritation d’autant plus vive s’ils refusent, entrent en conflit avec y rencontrer le secrétaire général, Kofi Annan. Mme del Ponte est sur « ENNEMIS PUISSANTS » Wa uni, emprisonné par les Thaï- que l’avenir de la jeunesse thaï- le Conseil de sécurité, comme on les rangs pour succéder à Louise Arbour à la tête du bureau du pro- Kofi Annan, secrétaire général de landais de 1987 à 1990 et dont la landaise est l’un des enjeux. peut le voir dans le cas de la Croa- cureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) l’ONU, a demandé à Louise Arbour tête a été mise à prix par les Etats- tie. » et du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Encore of- de dresser, avant son départ officiel Unis en 1998, le Chinois Wei Jean-Claude Pomonti Alors qu’elle s’apprête à re- ficieuse, sa candidature n’en est pas moins soutenue par le gouver- le 14 septembre, le profil idéal du joindre son Canada d’origine pour nement suisse. Le fait que Carla del Ponte soit ressortissante d’un prochain procureur. « Il ou elle doit y devenir, le 15 septembre, pays non membre de l’ONU est-il un handicap ? Les statuts du TPIY statutairement être de haute morali- membre de la Cour suprême, ouvrent la porte à des juges ressortissant « d’Etats non membres té, disposant d’une solide expérience Rapatriement des corps Louise Arbour dresse le bilan de ayant une mission d’observation permanente au siège de l’Organisa- de l’instruction des affaires crimi- trois ans à la tête du bureau du tion », ils ne font aucune mention de la nationalité du procureur. Un nelles ainsi que de la poursuite. J’in- procureur de la juridiction inter- candidat d’un pays de l’OTAN risquerait un veto de la part de la siste sur les compétences en matière des deux clandestins guinéens nationale. Un bilan positif : grâce Chine ou de la Russie. Une candidature issue d’un pays neutre pour- pénale. Le poste de procureur n’est à sa politique d’inculpations se- rait au contraire être favorablement accueillie. – (Corresp.) pas interchangeable comme celui BRUXELLES de la mort des deux adolescents. crètes, la prison du Tribunal est d’un diplomate. Il faut un pénaliste de notre correspondant Mercredi, la Sabena n’excluait pas pleine (le TPIY vient d’anoncer de qualité, disposant d’une possibili- Fodé Tounkara et Yaguine Koi- que Fodé et Yaguine soient décé- que 32 des 66 présumés criminels pas. Ces gens seront arrêtés un fait état de négociations entre le té de retour vers son administration ta, les deux adolescents guinéens dés bien avant lundi. Ils auraient poursuivis lui ont été livrés). Et, jour ». « Récemment, insiste-t-elle, chef des Tigres et le bureau du d’origine. Car le procureur peut retrouvés morts, lundi 2 août, pu se dissimuler dans le train pour la première fois, le président nous avons eu des arrestations de procureur, en vue d’une reddition. prendre des décisions impopulaires dans le train d’atterrissage d’un d’atterrissage dès le 28 juillet, lors en exercice d’un Etat est poursuivi poids, comme le général Krstic A La Haye, on dément. Louise Ar- auprès des gouvernements, et donc Airbus de la Sabena, retourneront d’un précédent passage de l’Air- pour crimes contre l’humanité. [bras droit du général Mladic lors bour explique ainsi sa position : se faire des ennemis puissants. Le le week-end prochain dans le bus à Conakry. Slobodan Milosevic sera-t-il un du massacre de Srebrenica] ou Ra- « Un acte d’accusation fait qu’il fait de savoir qu’il dispose d’une em- pays qu’ils voulaient fuir. Leurs La Sabena a, en tous cas, décidé jour poursuivi pour génocide ? doslav Brdjanin [proche de Karad- n’existe aucun champ de manœuvre ploi assuré en cas de problème ren- dépouilles, placées dans un sarco- de renforcer les mesures de sur- « La caractérisation du génocide zic]. Ce sont des noms moins connus pour des négociations. En revanche, force son indépendance. Et le bu- phage en zinc, lui-même posé veillance de ses appareils. La repose principalement sur la de l’opinion, mais ils étaient très on peut discuter des modalité de reau du procureur a constamment dans un cercueil en bois, seront compagnie aurait reçu l’assurance preuve, au-delà de tout doute rai- haut placés et leurs procès, qui reddition. C’est profondément dif- besoin d’idées neuves. Voilà pour- ramenées vers Conakry par un que l’aéroport de Conakry mettait sonnable, d’un élément intentionnel commenceront à l’automne, seront férent d’un marché en vue de la quoi j’espère que le processus de dé- autre avion régulier de la compa- tout en œuvre pour s’assurer que [en vue] d’éliminer un groupe en de très grande envergure. Quant à reddition. La marge de manœuvre signation de mon successeur sera ra- gnie aérienne. personne n’a aidé les deux gar- totalité ou en partie, sur une base Arkan, il doit prendre conscience n’existe qu’après la reddition et pide. » C’est l’Etat belge qui acquittera çons à s’installer dans le train ethnique, raciale, ou religieuse, que sa bulle de sécurité commence dans le contexte d’un plaidoyer de les frais de ce rapatriement, a pré- d’atterrissage de l’Airbus. rappelle Mme Arbour. Avec les don- à manquer d’oxygène. » culpabilité. » Alain Franco cisé mercredi 4 août le ministère L’affaire et son retentissement des affaires étrangères. Celui-ci ont fortement ému les dirigeants voulait visiblement, par cette dé- et l’opinion belges. Le gouverne- cision rapide et symbolique, faire ment souligne la nécessité de dé- Rendus responsables par la population serbe des bombardements oublier les hésitations des autori- velopper une nouvelle coopéra- tés de Bruxelles lors du décès de tion avec l’Afrique, et Louis la jeune Sémira Adamu, morte au Michel, ministre libéral des af- de l’OTAN, les Albanais de Belgrade plient bagage mois de septembre 1998, étouffée faires étrangères, fait d’un retour par deux gendarmes qui tentaient de la Belgique sur le continent BELGRADE trente ans. Il s’en veut presque. «La atroce, qui obstrue l’horizon et in- « Le jour des bombes, ça a basculé. de la maintenir de force dans un africain la priorité de sa politique. correspondance pauvre, ça m’a serré le cœur ! Son terdit les rêves d’avenir. « Dès le La haine venait du peuple. A Bel- avion censé la rapatrier vers le Ni- Par ailleurs, de nombreuses as- Ceux qui restent se taisent. mari a été kidnappé : qu’est-ce 25 mars, au lendemain du premier grade les gens disaient : “La guerre, geria. Le ministère a également sociations sont montées en ligne Quand on est albanais – « shiptar », qu’elle peut faire d’autre, sinon fuir ? jour de guerre, plusieurs magasins te- c’est la faute des Albanais.” Et les pil- communiqué la lettre retrouvée pour critiquer la politique « d’une comme on dit à Belgrade avec une C’est scandaleux ce qui se passe là- nus par des Albanais ont été pillés et lages ont commencé. Il n’y a pas une sur l’un des deux jeunes gens aux Europe égoïste » et « l’indifférence pincée de mépris –, mieux vaut se bas », ajoute-t-il, l’air furieux. Lui- brûlés. Dans mon quartier, le boulan- ville, pas un village de Serbie où autorités des pays voisins. d’une opinion trop peu faire petit. L’ombre du Kosovo même aimerait partir. Mais pas au ger a fui au Kosovo. Un autre vivent des Albanais qui n’ait connu consciente », comme l’écrit par pèse, étouffant dans une même an- Kosovo – « c’est trop pauvre ». En commerçant aussi, que je connaissais d’incidents », raconte le journaliste, NOUVELLE COOPÉRATION exemple le Mouvement contre le goisse les familles serbes qui ont Europe ? « C’est trop cher ! » Il rit. bien : il tenait le kiosque en bas de d’une voix calme. Les récentes révé- Mercredi, la mère de Yaguine racisme, l’antisémitisme et la xé- abandonné leurs villages kosovars Son métier lui permet, « pour l’ins- chez moi. Cela faisait trente-cinq ans lations du Haut-Commissariat de Koita, qui vit à Paris, est arrivée nophobie. L’association Fron- et débarquent ici, presque en cati- tant », de payer les études des en- qu’il vivait à Belgrade. Il avait telle- l’ONU pour les réfugiés selon les- dans la capitale belge. Selon le tières ouvertes, citant des chiffres mini, comme des bêtes malades fants. Dans les années 70, à ment peur, après qu’on ait brûlé son quelles 4 500 Albanais ont fui la consul de Guinée auprès du Bé- publiés aux Pays-Bas, estime, qu’on accueillerait de mauvaise l’époque de Tito, « six familles de échoppe, que ses jambes tremblaient. Serbie vers le Kosovo depuis le re- nélux, elle aurait identifié son fils quant à elle, que le décès des deux grâce et les Albanais de Belgrade, mon village avaient “émigré” à Bel- Les voisins ont dû le porter jusqu’au trait des forces serbes de la pro- de 14 ans grâce à une photo figu- Guinéens s’ajoute à une liste de ces ex-Yougoslaves que le nationa- grade, dont la mienne, se rappelle le bus. Il est parti pour la Macédoine, vince semblent confirmer ces dires. rant sur la carte d’école qu’il por- mille personnes déjà décédées lisme serbe désigne comme étran- vieil homme. Aujourd’hui, on n’est mais on n’a jamais eu de nouvelles », « L’armée et les paramilitaires ont tait sur lui. Elle n’a, semble-t-il, aux frontières de l’Union depuis gers et qui, eux aussi, plient bagage plus que deux familles – et encore ! se souvient l’Albanais anonyme. commencé à pratiquer une politique fait aucun autre commentaire sur 1993. sans rien dire, par peur des repré- plus pour longtemps : d’ici une quin- d’intimidation : persécutions, coups, la situation familiale du jeune Le décès de Fodé et Yaguine sailles. zaine de jours, mon ami X... et les POLITIQUE D’INTIMIDATION expulsions, pillages et menaces de clandestin du vol Conakry-Bama- pourrait aussi susciter les pre- Les uns arrivent, les autres siens auront quitté le pays. » Selon Selon les recoupements que le mort », rapporte Ron Redmond, ko-Bruxelles. On sait seulement mières tensions au sein du gou- partent : de ce ballet discret la des statistiques officielles, le journaliste Fahri Musliu a pu effec- porte-parole du HCR à Pristina. qu’il aurait suivi les cours d’une vernement « arc-en-ciel » de presse officielle ne dit mot. Pour- nombre des Albanais de Belgrade tuer grâce à son réseau personnel, Deux mois après la fin de la école primaire franco-arabe, dans M. Guy Verhofstadt. Car si le par- tant, il arrive que des échanges se serait passé, entre 1981 et 1991, de « environ 350 Albanais » auraient guerre, l’angoisse est toujours là. Si la capitale de la Guinée. Fodé ti écologiste francophone se ré- fassent entre communautés. 8 500 à 4 800. quitté Belgrade « dans la semaine l’hostilité anti-albanaise a perdu de Tounkara semblait, lui, habiter jouit qu’Antoine Duquesne, mi- « L’autre jour, une jeune femme Dans le climat d’incertitude qui du 24 au 31 mars, en direction de Sa- sa virulence, les « shiptari » sont sur dans un quartier de Conakry où nistre libéral de l’Intérieur, veuille serbe m’a téléphoné du Kosovo. On règne en ex-Yougoslavie, la rajevo, de la Hongrie et de la Rouma- leurs gardes. « Les gens, explique les deux garçons étudiaient. Agé réformer les demandes d’asile, il se connaît par nos familles. Elle me communauté albanaise n’est pas la nie ». Durant cette même période, Fahri Musliu, ont découvert une nou- de 15 ans, il suivait les cours d’un juge, en revanche, « inacceptable proposait d’échanger sa maison de moins inquiète. Certes, le vent de six personnes d’origine albanaise velle peur : que les Serbes qui re- collège. et douteuse » l’initiative annoncée Pristina contre mon appartement de terreur qui a soufflé durant la pre- – dont un journaliste, correspon- viennent du Kosovo ne tentent de se Une autopsie réclamée par le par M. Duquesne, visant à assurer Belgrade. J’ai hésité, puis j’ai refu- mière semaine des bombardements dant de la Deutschwelle, aujourd’hui venger sur eux. » parquet de Bruxelles a conclu à des « vols sécurisés » pour le rapa- sé », raconte cet Albanais installé de l’OTAN n’est plus qu’un souve- réfugié en Allemagne – auraient su- un décès par hypothermie. Le seul triement des étrangers déboutés. dans la capitale depuis plus de nir. Mais un souvenir tenace, bi des « violences physiques ». Simonida Katanic doute porte en réalité sur la date – (Intérim.) LeMonde Job: WMQ0608--0006-0 WAS LMQ0608-6 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0267 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999

SOCIAL Un rapport de l’Inspec- de détecter et de prévenir les mala- reprocher son « défaut de transpa- té, avait commandé ce rapport à bricant d’aluminium Pechiney. b LE tion générale des affaires sociales dies professionnelles. b L’INSTITUT, rence », son « manque de déontolo- l’IGAS, à la suite d’une affaire met- MEDEF, interrogé par Le Monde, es- (IGAS) dénonce les dysfonctionne- organisme paritaire mais dirigé de gie » et d’« ambition » dans ses re- tant en cause la censure opérée par time que les conclusions de ce rap- ments de l’Institut national de re- fait par les représentants du patro- cherches. b MARTINE AUBRY, l’INRS sur les conclusions d’une en- port « ne correspondent pas à la cherche et de sécurité (INRS), chargé nat depuis 1964, se voit notamment ministre de l’emploi et de la solidari- quête épidémiologique chez le fa- réalité » et défend l’INRS. Le patronat mis en cause sur sa gestion des risques professionnels Un rapport de l’IGAS remis à Martine Aubry souligne que l’Institut national de recherche et de sécurité, organisme paritaire chargé de détecter et prévenir les maladies et accidents du travail, est « dénué d’ambition et de transparence » et fait preuve de « pratiques peu déontologiques » LE DRAME vécu par les ou- inadmissible qu’on masque ou tronat, notent-ils, sont peu enclins peu d’intérêt de l’INRS pour le mente l’IGAS, elle élimine d’emblée l’IGAS, « insuffisamment scienti- vriers ayant travaillé de longues qu’on cache les résultats d’une en- à encourager des études qui fe- phénomène du stress au travail, la possibilité de poursuivre des tra- fique » et bénéficierait d’« une in- années dans le secteur de quête », s’insurge-t-elle. La réac- raient émerger de nouvelles mala- facteur de trouble connu depuis vaux sur le stress dans l’entreprise, dépendance très relative » par rap- l’amiante illustre cruellement cette tion semble d’autant plus justifiée dies professionnelles ou qui met- longtemps mais sur lequel l’insti- ses causes et ses conséquences. » port à la direction générale et au donnée sociale : les chefs d’entre- que, trois ans auparavant, l’INRS a traient en évidence de nouveaux tut n’a engagé des études D’une manière générale, l’IGAS conseil d’administration. Plus prise n’ont jamais fait preuve d’un licencié un chercheur, André Cico- facteurs de risque. » Ils s’étonnent qu’« avec retard ». épingle le « manque d’ouverture en grave, sans doute, « certains de ses excès de zèle pour prévenir ou dé- lella, qui conduisait une étude sur que « ce ne sont pas les branches Le docteur Thillaud, l’un des re- matière de recherche ». Peut-il en membres ont des liens avec le clarer les maladies profession- les risques liés aux éthers de glycol industrielles à l’origine des acci- présentants de la Confédération être autrement, alors que les au- monde industriel », ce qui devient nelles. L’Etat et la Sécurité sociale (lire ci-dessous). Et que, comme le teurs notent que « la gestion pari- problématique quand des re- eux-mêmes ne semblent pas rappelle l’IGAS, l’institut n’a pas taire de l’INRS conduit à limiter le cherches sont conduites dans des prendre la mesure de tous les été à la hauteur pour dénoncer les La CGT confortée dans ses critiques champ d’activité à des thèmes qui entreprises dont ces personnes risques au travail, comme le dangers de l’amiante. La ministre ne heurtent aucun des partenaires sont originaires. Dénonçant prouve le rapport critique que diligente alors une enquête. Dans La CGT, qui vote régulièrement contre les projets du conseil d’ad- sociaux » ? C’est donc bien la l’« exercice de pressions », l’IGAS l’Inspection générale des affaires son rapport initial daté de mai ministration de l’INRS, dénonce le « dévoiement du paritarisme » et « gestion patronale de fait » de remarque que l’affaire de l’alumi- sociales (IGAS) vient de consacrer 1999, l’IGAS dénonce les «pra- l’emprise du patronat sur un institut qui, rappelle-t-elle, a des missions l’INRS qui est en cause. Présidant nium est « un cas patent, non isolé, au mauvais fonctionnement de tiques peu déontologiques » et de service public. Elle critique le retard pris, selon elle, dans l’étude des l’institut et deux de ses trois prin- d’altération des résultats des tra- l’Institut national de recherche et « condamnables » de l’INRS dans troubles musculosquelettiques et des psychopathologies du travail, et cipales commissions (celle des vaux des chercheurs ». de sécurité (INRS). Cette enquête les affaires sur l’aluminium et les s’inquiète des recherches sur la médecine « prédictive », qui permet de études et de la recherche, en parti- – révélée par la revue de la Mutua- éthers de glycol. Tout en re- définir les facteurs génétiques prédisposant les salariés à un risque culier), le patronat y exerce «un lité française Santé et travail, et connaissant qu’« il assure bien ses donné (cancers, etc.). monopole de fait » qui, pourtant, « Certains dont Le Monde s’est procuré un missions classiques » et qu’« il jouit Autre sujet de récrimination : les études sur les facteurs individuels « ne repose sur aucun texte ». Cette exemplaire – va relancer le débat d’une réputation de compétence », qui prédisposeraient à certains troubles et permettraient de minimiser situation s’explique, selon le rap- représentants du sur la recherche et la reconnais- l’inspection lui reproche d’être d’autres causes, comme l’organisation du travail ou les cadences. «Le port, par les compétences tech- sance des affections contractées « dénué d’ambition et de transpa- fonctionnement quotidien est celui d’un blocage, sans responsable identifié, niques dont se prévalent certaines patronat sont peu sur les lieux de travail, qui restent rence » dans ses recherches pour de toute production qui dérange un consensus », observe la confédération. fédérations patronales et par le encore très limitées en France ne pas déplaire aux représentants mode de financement de l’INRS, enclins à encourager (12 700 en 1996). des entreprises. Ces derniers ont, qui repose presque qu’exclusive- L’affaire commence en octobre de fait, la haute main sur la plu- dents les plus fréquents et les plus générale des petites et moyennes ment sur les cotisations des em- des études qui 1998, quand Martine Aubry, mi- part des commissions, avec l’aval graves qui font l’objet du plus grand entreprises (CGPME) à l’INRS, ployeurs, que le patronat consi- nistre de l’emploi et de la solidari- des syndicats, sauf la CGT, qui dé- nombre d’investigations ». Ainsi, juge que « ce n’est pas le stress qui dère comme l’« argent des feraient émerger de té, apprend que l’INRS a censuré nonce depuis des années « un dé- peu de travaux sont menés dans le est à l’origine d’accidents mortels, entreprises ». l’étude épidémiologique qu’un de voiement du paritarisme ». Sur bâtiment et les travaux publics, mais les machines contenant, par Il n’est donc pas étonnant que la nouvelles maladies ses chercheurs a menée sur les bien des points, les auteurs du l’agroalimentaire, les transports, la exemple, des arbres à came ». direction tente de « prévenir tout risques de surmortalité (cancer de rapport confirment les dérives dé- manutention et la métallurgie, D’où, selon lui, la nécessité de risque de polémique ». Quant à la professionnelles » la vessie, maladies cérébrales...) noncées par la centrale de Mon- cinq secteurs responsables de 44 % poursuivre les travaux sur la pro- commission scientifique et tech- chez d’anciens salariés d’une usine treuil. des accidents du travail et de 55 % tection des machines. « Si cette nique, qui juge de la pertinence d’aluminium de Pechiney. « Il est « Certains représentants du pa- des décès. L’IGAS critique aussi le conclusion n’est pas fausse, com- des projets, elle serait, selon Interrogée par l’AFP, la direction de l’INRS a indiqué que ce rapport comporte « beaucoup d’erreurs et Dépendant de la CNAM son expertise », et qu’il est ouvert d’inexactitudes ». Pour autant, sur les entreprises. Médecins des l’IGAS n’a pas attendu pour faire L’Institut national de recherche et entreprises ou ingénieurs de Le Medef conteste les conclusions de l’enquête ses recommandations. Elle sou- de sécurité pour la prévention des sécurité ont, en contrepartie, «un MIS EN CAUSE par l’inspection générale des af- Pour le patronat, le procès qui lui est intenté relève haite que l’on simplifie l’organisa- accidents du travail et des maladies droit de regard sur le libellé des faires sociales (IGAS), qui reproche à l’Institut natio- de « mauvais arguments ». « On nous reproche d’assu- tion de l’institut, jugée lourde, re- professionnelles (INRS) est une résultats des études ». Dans le cas de nal de recherche et de sécurité (INRS) d’être « dénué rer la présidence de l’INRS depuis 1964, mais, à plu- dondante et coûteuse, que le association « loi de 1901 » Pechiney, l’étude a été cosignée par d’ambition et de transparence » dans ses recherches sieurs reprises, nous avons dit que nous n’étions pas op- patronat n’y règne pas sans par- constituée sous l’égide de la Caisse le médecin de l’usine et l’un des par souci de ne pas déplaire au patronat, le Mouve- posés à ce que cela change. Simplement, il y a un tage et que l’on « garantisse l’indé- nationale d’assurance-maladie médecins consultants de ment des entreprises de France (Medef) estime que problème de candidatures », affirme le Medef. «Les pendance de la commission scienti- (CNAM). l’entreprise. les conclusions du rapport sont « problématiques » résultats d’études n’ont jamais été censurés d’aucune fique », dont il faudra « préciser le b Gestion. Il emploie b Compétence. L’institut déploie car « elles ne correspondent pas à la réalité ». manière », indique encore l’organisation patronale, rôle et la compétence ». Les pou- 636 personnes et son budget (près son activité de recherche en qui évoque des procédures certes « un peu lourdes de voirs publics sont aussi invités à de 400 millions de francs) est assuré matière de prévention. Il apporte « MAUVAIS ARGUMENTS » publication », mais « classiques dans le domaine scien- « élargir les missions de l’INRS », à 95 % par le fonds de prévention une assistance (technique, « Dire qu’il y a domination du Medef sur l’INRS, c’est tifique ». qui devra participer davantage à la des accidents du travail et des médicale, documentaire) aux complètement faux », déclare l’organisation patronale, Estimant que le rapport « monte en épingle des dé- veille sanitaire (déjà en place pour maladies professionnelles de la acteurs de la prévention des présidée par Ernest-Antoine Seillière. « L’INRS n’est bats sur des fiches d’étape de travaux de recherche », le l’alimentation ou les produits de CNAM. Il est géré par le patronat accidents du travail et des maladies pas le bras séculier du patronat en matière de risques Medef souligne que l’INRS est un organisme « tout à santé). Une attention toute parti- et les syndicats. Son président est professionnelles, ainsi qu’un appui professionnels. C’est un organisme paritaire, souligne le fait écouté qui, en tant qu’institut de recherche, suscite culière doit être apportée, selon un représentant patronal depuis aux organismes de normalisation et Medef, où sont représentées aussi bien les organisations beaucoup de respect à l’étranger ». L’organisation pa- elle, aux produits chimiques, qui 1964. de certification. Il participe à des d’employeurs que celles des salariés. Les décisions du tronale se réserve le droit de se prononcer ultérieure- font souvent courir de graves b Notoriété. L’IGAS note que campagnes de prévention, conseil d’administration sont généralement prises à une ment, « une fois connue la version définitive du rapport risques aux salariés de ce secteur l’INRS « jouit d’une réputation développe une activité de très large majorité puisque, la plupart du temps, toutes de l’IGAS ». et, au-delà, à toute la population. certaine, tant sur le plan national formation et publie cinq les organisations d’employeurs comme celles de salariés qu’international, liée à la qualité de périodiques, dont Travail et sécurité. votent pour, à l’exception de la CGT. » C. M. Jean-Michel Bezat Etudes censurées, chercheur licencié : les deux affaires qui discréditent l’institut Le moral « DÉFAUT de transparence », rapport, rédigé juste avant son dé- tée de ces travaux « a été minimi- « manque de déontologie » : le rap- part en congé sabbatique par le sée ». port de l’Inspection générale des docteur Clavel, assisté du docteur L’étude s’est achevée en 1994. des ménages affaires sociales (IGAS) sur les pra- Moulin, validé par deux médecins Elle met en évidence « une relation tiques « discutables » de l’Institut du travail de Pechiney, est bouclé. significative » entre des malforma- national de recherche et de sécurité Il conclut à « une mortalité infé- tions du fœtus et l’exposition pro- repart (INRS), implicitement soupçonné rieure à la valeur attendue. Aucun fessionnelle maternelle, ainsi que la de partialité, ne mâche pas ses excès de cancer broncho-pulmonaire toxicité des substances. Mais un mots. L’amiante mise à part, deux n’est mis en évidence. En revanche, il différend oppose M. Cicolella à sa à la hausse « affaires » portent un discrédit existe un excès non significatif de dé- direction sur la pureté d’échantil- SELON l’enquête mensuelle de certain sur l’institut. cès par cancers de la vessie et par lons confiés au chercheur, qui conjoncture réalisée par l’Institut b L’aluminium. « Il est reproché maladies dégénératives cérébrales aboutit à son licenciement pour national de la statistique et des à l’INRS d’avoir “censuré” les résul- (dont la maladie d’Alzheimer) ». Les « insubordination » (Le Monde du études économiques (Insee), le tats d’une étude épidémiologique auteurs demandent donc d’appro- 23 avril 1994). Parallèlement, la di- moral des ménages français a pro- dans une usine d’aluminium de Pe- fondir les recherches. Le docteur rection de l’INRS tente de lui inter- gressé en juillet par rapport à juin chiney », écrivent les inspecteurs. Mur, directeur adjoint des re- dire de participer à un colloque in- et retrouve les sommets histo- Les résultats de l’étude ont été réé- cherches de l’INRS, annote le do- ternational consacré aux effets riques observés en début d’année. crits après l’intervention du méde- cument : « A contrôler. Attention cancérigènes des éthers de glycol. L’« indicateur résumé d’opinion cin-conseil de l’entreprise, par ail- compte tenu de l’enjeu : Alzheimer et Les recherches s’arrêtent. A par- des ménages » (écart entre le leurs membre de la commission aluminium. » En avril 1998, lors de tir de 1994, l’institut décide de pourcentage d’optimistes et celui scientifique et technique de la réunion de la commission scien- sous-traiter des études sur ces pro- de pessimistes) se situe à – 8, en l’INRS ! tifique et technique, le docteur duits. Les travaux sur les malfor- données corrigées des variations Le 16 septembre 1993, à la de- Moulin est vivement pris à partie mations congénitales sont confiés saisonnières, contre – 10 en avril, mande des représentants de son par le rapporteur de l’étude, le doc- à l’Institut national de la santé et mai et juin. Ce résultat est proche personnel, la société Aluminium- teur Pellet, qui n’est autre que le de la recherche médicale (Inserm), du plus haut niveau, atteint en fé- Pechiney avait sollicité l’institut médecin-conseil du groupe Pe- commission, s’inquiète d’un « tri- vants chimiques utilisés pour des qui, en mars 1998, conclut à l’exis- vrier (– 7), observé depuis le lance- pour réactualiser une étude épidé- chiney. Après son intervention, la patouillage », provoquant une vio- produits ménagers et industriels. tence d’un tel risque. « Cette étude, ment de cette enquête, en janvier miologique de mortalité. La nou- commission conclut qu’il n’existe lente réaction du docteur Thillaud. Fin 1991, André Cicolella, cher- note l’IGAS, n’a pas fait l’objet de 1987. velle recherche sera conduite, de « aucune relation démontrée » Ce représentant de la CGPME «fait cheur à l’INRS, propose une re- suites particulières à l’INRS. » Quant Les ménages sont « légèrement 1995 à 1997, par le docteur Clavel entre les substances dégagées par savoir qu’il se réservera le droit (...) cherche sur les risques liés à ces aux effets cancérigènes de ces plus nombreux » à estimer que la dans l’usine de Saint-Jean-de-Mau- l’électrode et le cancer de la vessie de se défendre de la sauvagerie qui éthers. Son projet, motivé par l’ob- éthers, « ce thème ne sera plus ja- période est propice pour effectuer rienne (Savoie) sur 2 133 per- et que, pour ce qui concerne la ma- caractérise ces attaques aux entre- servation de deux maladies profes- mais évoqué à l’INRS, alors même des achats importants, selon l’In- sonnes. Objectif : mesurer les effets ladie d’Alzheimer, « il ne paraît pas prises. » Sur cette affaire, révélée sionnelles survenues à quelques que le National Program Toxicology, see. Les anticipations des ménages du procédé Södeberg, une élec- souhaitable de poursuivre cette en- par le mensuel Politique santé, années d’intervalle dans une entre- aux Etats-Unis, lançait à la même en matière de chômage se sont trode en matière carbonée quête »... l’IGAS conclut : « Malgré la de- prise de vernissage métallique de la époque une étude sur la cancéroge- également « nettements amélio- consommée pour l’électrolyse de Le docteur Mur décide alors de mande des salariés, il est impossible Moselle, est approuvé par la nèse du butylglycol, dont les résultats rées » en juillet, précise l’institut. l’alumine et qui, parce qu’elle dé- barrer les paragraphes sensibles. La d’affirmer qu’une étude élargie commission compétente de l’insti- positifs ont été publiés en octobre Les Français interrogés en juillet gage des substances cancérigènes, conclusion devient : « La mortalité pourra être menée, Pechiney ne tut. Un an plus tard, celle-ci ex- 1998 ». Aucune action de préven- n’avaient pas encore connaissance a été abandonnée en 1980. Le lien observée (335 décès) est significative- s’étant pas prononcé sur la suite. » prime le vœu « que les résultats de tion ne sera jamais entamée par de la baisse du chômage de 0,6 % entre cette électrode et le cancer de ment inférieure à la valeur attendue b Les éthers de glycol. Le rap- recherche soient diffusés très large- l’INRS. intervenue en juin et annoncée le la vessie a fait l’objet d’une re- pour l’ensemble des causes de dé- port souligne le « comportement ment et que les lecteurs soient infor- 30 juillet, l’enquête de l’Insee étant connaissance comme maladie pro- cès. » Le représentant de la CGT ambigu » de l’INRS au sujet de ces més de la réalité ». Non seulement Isabelle Mandraud effectuée au cours des trois pre- fessionnelle. Fin 1997, un premier compare les versions et, en substances présentes dans des sol- cela n’a pas été le cas, mais la por- et Caroline Monnot mières semaines de chaque mois. LeMonde Job: WMQ0608--0008-0 WAS LMQ0608-8 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0269 Lcp: 700 CMYK

8 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999

POLICE Soupçonné d’être le tueur Corse, vraissemblablement autour de le préfet de Corse, est la conséquence son de son frère. b LE PÈRE D’YVAN, transigeant, il répond à tous ceux qui du préfet Erignac assassiné le 6 février Cargèse. b SA FUITE, LE 23 MAI, quel- d’une incroyable erreur : croyant le Jean-Hugues Colonna, a accordé au l’accusent de vouloir protéger son fils : à Ajaccio, Yvan Colonna est recherché ques heures après que Didier Maranel- surveiller, les hommes du RAID et des Monde de longues heures d’entre- « Il n’y a pas d’opposition entre le par les services de police. Les enquê- li l’eut désigné comme étant le renseignements généraux « plan- tiens. Pourfendeur du « système Mé- père et le citoyen. Ils espèrent tous les teurs se disent persuadés qu’il est en membre du commando ayant tiré sur quaient » en réalité autour de la mai- decin » à Nice, militant socialiste in- deux qu’Yvan finira par se rendre. » Les enquêteurs restent persuadés qu’Yvan Colonna se cache en Corse Soupçonné d’être le tueur du préfet Claude Erignac, il est toujours activement recherché. Les policiers des renseignements généraux et du RAID l’ont laissé échapper le 23 mai : ils surveillaient alors la maison de son frère et non la sienne LES RECHERCHES qui visent lonna demeure le seul point Corse nom d’Yvan n’était pas apparu La surveillance de son domicile Didier Maranelli, dont le rôle Yvan Colonna, soupçonné d’être d’ombre. Les circonstances de publiquement jusqu’à ce qu’il soit est assurée par les policiers des était uniquement de signaler le le tueur du préfet Claude Erignac, son arrestation manquée sont au- cité dans un article du Monde (da- renseignements généraux (RG), départ de Claude Erignac de la n’ont pas cessé depuis sa fuite, le jourd’hui connues. L’opération de té 23-24 mai), qui le présentait appuyés par le RAID (Recherche, préfecture d’Ajaccio (Corse-du- 23 mai. Elles ont simplement police lancée vendredi 21 mai à comme proche du groupe, natio- assistance, intervention, dissua- Sud), Pierre Alessandri a été le té- changé de nature. Après les bar- l’aube, sous la direction du Calvi naliste intransigeant et objet de sion). La difficulté de la mission moin direct de l’assassinat. Les rages établis les premiers jours, contrôleur général Roger Marion, nombreuses surveillances. est augmentée par les cir- auditions n’indiquent cependant les battues et les rondes inces- chef de la Division nationale anti- constances. Brouillé depuis peu pas clairement pourquoi Yvan santes d’hélicoptères autour de terroriste (DNAT), devait se dé- « RESSERRER LE DISPOSITIF » avec sa compagne, Yvan Colonna Colonna a été désigné pour tirer Cargèse (Corse-du-Sud), les poli- rouler en deux étapes. Pour des Ce n’est qu’au fil des auditions change régulièrement de lieu de sur le préfet. Elles expliquent

ciers ont choisi de revenir à « une raisons de confidentialité, des ef- des personnes interpellées le résidence. De surcroît, le disposi- qu’Alain Ferrandi aurait défini au méthode plus classique d’investiga- fectifs réduits avaient été mobili- Cargèse 21 mai que son rôle va apparaître. tif des RG avait dû être allégé cours de réunions préparatoires tion en profondeur ». Sachant «la sés pour procéder aux interpella- La compagne de l’un des quelques semaines auparavant, le rôle de chacun. bonne connaissance du terrain » tions. La priorité avait été donnée AJACCIO membres du groupe, Didier Ma- après que le militant nationaliste, du fugitif et le « soutien logis- aux personnes repérées grâce au ranelli, cite une première fois son alerté par un voisin, eut décou- SURVEILLANCE DU « DOMICILE » tique » dont il pourrait bénéficier, travail effectué sur leurs télé- Mer nom dans une déposition, le sa- vert une balise de surveillance Les révélations de Didier Mara- les enquêteurs sont convaincus phones cellulaires, et ainsi soup- Méditerranée medi 22 mai. Elle affirme aux po- sous son véhicule. nelli n’ont en tout cas pas modifié qu’Yvan Colonna n’a pas quitté la çonnées d’avoir été présentes aux 20 km liciers qu’Yvan Colonna a rendu Dans la nuit du samedi 22 mai la stratégie policière. La surveil- Corse, ni même les environs de environs immédiats du lieu de visite à son mari le lendemain de au dimanche 23 mai, à 2 heures lance se poursuit ; il est décidé Cargèse, où résident ses parents, l’assassinat. la mort du préfet, peu après du matin, Didier Maranelli livre qu’Yvan Colonna sera arrêté di- sa compagne et son enfant. Ils Yvan Colonna ne figurait pas ligne d’Alain Ferrandi, soupçonné 9 heures du matin (l’enquête per- les noms des membres du groupe. manche à l’aube, avec Joseph Ver- sont donc à l’affût de la moindre sur la liste des premières cibles. d’être le chef du commando, ne le mettra d’établir que c’était en fait Il désigne pour la première fois sini et Martin Ottaviani. Vendredi erreur qui leur permettrait de lo- Les enquêteurs ne disposaient désignaient pas non plus comme le surlendemain). Dès qu’il a Yvan Colonna comme l’auteur 21 mai, Yvan Colonna se rend à la caliser un homme dont le portrait alors que de peu d’éléments un membre éminent du groupe.connaissance de cette déclara- des coups de feu mortels. Reve- banque, où il retire une somme orne les murs des commissariats contre lui. Ne possédant pas de Quant à la note du préfet Bernard tion, Roger Marion donne l’ordre nant sur ses premières déclara- d’environ 20 000 francs. Le same- et des lieux publics de toute l’île. téléphone portable, il avait Bonnet, alimentée par les confi- de « resserrer le dispositif » de sur- tions, au cours desquelles il avait di après-midi, il accorde un entre- Dans le cours de l’enquête sur échappé au repérage issu des ex- dences d’une source insulaire, elle veillance autour d’Yvan Colonna. tenu à préserver l’anonymat de tien à TF 1 où il clame son inno- l’assassinat du préfet de Corse, le pertises techniques. Les écoutes ne mentionnait que son frère, au- Rien n’autorise encore à l’accuser ses complices, il déclare au poli- cence. Dans la soirée, il fait savoir 6 février 1998, la fuite d’Yvan Co- téléphoniques, notamment sur la jourd’hui mis hors de cause. Le d’avoir tiré sur Claude Erignac. cier qui l’interroge : « Quant aux à ses proches qu’il a l’intention de personnes que j’ai nommées X2 et « partir aux chèvres ». X3, qui étaient présentes lors de Un peu avant 5 heures du ma- l’assassinat du préfet, il s’agit effec- tin, les policiers se mettent en tivement d’Yvan Colonna et Pierre place pour l’arrestation. Les fonc- « C’est lui personnellement qui avait la charge d’assassiner le préfet » Alessandri. » Un peu plus tard, il tionnaires des renseignements INTERROGÉE, samedi 22 mai, par les poli- Dimanche 23 mai, 2 heures du matin. Didier gendarmerie de Pietrosella. » Un peu plus tard, précise : « Yvan Colonna était généraux et du RAID ac- ciers de la division nationale antiterroriste Maranelli livre aux policiers de la DNAT les il décrit ainsi la scène du crime : « Nous avons chargé d’abattre le préfet et Ales- compagnent leurs collègues de la (DNAT) au cours de sa garde à vue, la noms des membres du groupe qu’il n’a, ensuite remonté à pied la rue d’Ornano et là sandri de protéger Yvan. » Di- DNAT jusqu’à ce qu’ils pensent compagne de Didier Maranelli, un des jusque-là, désignés qu’anonymement : «Il nous avons croisé le préfet qui remontait par le manche 23 mai, à 20 heures, être la maison d’Yvan Colonna. membres du groupe, cite s’agit d’Alain Ferrandi que j’avais nommé X1, trottoir de droite (...). Je me trouvais devant et Pierre Alessandri, entendu à son Stupeur : ils se rendent compte pour la première fois le d’Istria que j’ai nommeé X4, José Versini que j’ai Yvan Colonna derrière moi. Immédiatement tour sur procès-verbal, confirme- alors qu’ils se sont trompés d’en- nom d’Yvan Colonna. nommé X5. Quant aux personnes que j’ai nom- après avoir croisé le préfet, j’ai entendu des ra cette version, avançant le droit. Ils surveillaient en fait, de- « C’est aux informations de mées X2 et X3, qui étaient présentes lors de l’as- coups de feu sans pour autant dire combien il y même nom : « En ce qui concerne puis l’ordre donné par Roger Ma- 7 ou 8 heures que j’ai appris sassinat du préfet, il s’agit effectivement d’Yvan en a eu. Dès que j’ai entendu cela, j’ai tourné la le rôle d’Yvan Colonna, c’est lui rion de « resserrer le dispositif », la la nouvelle [de la mort du Colonna et Pierre Alessandri. » tête et j’ai vu le préfet qui était à terre. » personnellement qui avait la maison de Stéphane, le frère préfet]. Après 9 heures, Dimanche 23 mai, 20 heures. Pierre Alessan- Mardi 25 mai, 18 heures, Martin Ottaviani, le charge d’assassiner le préfet au d’Yvan. Il est trop tard. Depuis Yvan Colonna, que je dri précise dans sa déposition le rôle tenu par chauffeur du groupe, décrit le déguisement moyen de l’arme que nous avions environ quatre heures du matin, connaissais de vue, est venu Yvan Colonna dans l’assassinat de Claude Eri- d’Yvan Colonna : « Yvan Colonna avait une dérobée lors de l’action contre la Yvan Colonna, soupçonné d’avoir à la maison pour la première et la dernière fois. gnac. « En ce qui concerne le rôle d’Yvan Colon- perruque de couleur indéterminée (...) et des pe- gendarmerie de Pietrosella. » tiré sur le préfet Claude Erignac, a Ils ont discuté tous les deux [Yvan Colonna et na, c’est lui personnellement qui avait la charge tites lunettes de vue. Yvan portait des gants Cette déclaration constitue la disparu. Didier Maranelli] à voix basse environ deux mi- d’assassiner le préfet au moyen de l’arme que sombres avec peut-être des bandes plus plus lourde charge à l’encontre nutes. » nous avions dérobée lors de l’action contre la claires. » d’Yvan Colonna. Contrairement à Pascal Ceaux Le malheur du père de l’« homme le plus recherché de France » CARGÈSE (Corse-du-Sud) té aux accents robustes. Mais on la souvent de lui, de sa foi inébran- lui dire : “Vous ne pourrez jamais Jamais il ne recevra l’aide des si le meurtrit. « Sur ce point, de notre envoyé spécial devine à chaque instant. « Des cou- lable en la République, de ses construire la Corse sans la France", « éléphants » du PS. Il ne sera pas tranche-t-il, il n’y a pas d’opposition Au village, l’endroit est connu teaux qui vont nous lacérer, dit-il, il grands discours sur la démocratie. rien n’y faisait. En même temps, je loin, même, d’en venir aux mains entre le père et le citoyen. Ils es- sous le nom de u scassu – celui y en aura encore pendant des « Ils me traitaient de “poire”, ra- voyais bien qu’il se passionnait avec Gaston Defferre, qu’il soup- pèrent tous les deux qu’Yvan finira d’une terre vouée à la vigne –, mais mois. » Sur la terrasse de leur mai- conte-t-il. Parfois, je me dis qu’ils pour l’histoire des révolutions, çonnait fortement d’avoir conclu par se rendre. » Il y a quelques se- ce sont d’abord des oliviers que son de Cladia, qui domine la baie, avaient raison. » qu’il se radicalisait. Mais je sup- « un pacte » avec Jacques Médecin. maines, il est allé à Bastia, où il a l’on y aperçoit. Derrière le long la mère d’Yvan, frêle et digne, En 1977, Jean-Hugues Colonna pose que je ne voulais pas vrai- Réélu député en 1988, il trouve en- rencontré un magistrat du parquet mur blanc s’étend une propriété de parle du « malheur qui est entré est élu conseiller municipal à Nice. ment me rendre compte. Plus tard, fin le soutien de deux hommes général. « Je lui ai demandé qu’on belle dimension, d’où l’on peut dans [leur] vie ». Jean-Hugues Co- En 1981, il devient député. La il a rompu avec les nationalistes. Il forts du mitterrandisme : Pierre me prévienne si, un jour, la justice sans peine admirer le golfe de Sa- lonna, lui, avoue qu’il laisse parfois même année, Yvan rentre à Car- était écœuré – comme d’autres – Joxe et Michel Charasse – alors mi- sait où il se trouve, raconte-t-il. Pour gone. La famille Colonna y a bâti monter ses larmes, sans se retenir. gèse, interrompant ses études par l’affairisme, les dérives crapu- nistres de l’intérieur et du budget. que je puisse aller lui parler le pre- quatre maisons, assez espacées les Le 25 mai, lui, l’ancien député d’éducation physique après le leuses. J’ai cru, j’ai voulu croire que Contre le « système Médecin », mier, pour essayer de le unes des autres pour s’y sentir (PS) des Alpes-Maritimes, candidat DEUG. « Il ne voulait pas avoir be- c’était fini. Je lui disais : “Heureuse- l’alliance de la police et des impôts convaincre. » chez soi, assez proches pour être à la mairie de Nice contre Jacques soin de moi pour obtenir un poste de ment que toi, tu as coupé avec tout s’avérera décisive. A Nice, Jean- Les descriptions que l’on fait de ensemble. En descendant du vil- Médecin et conseiller de trois mi- prof dans le Sud, se souvient son ça”. Il ne me détrompait pas. Peut- Hugues Colonna dépose des son fils, sommaires et parfois cari- lage pour rejoindre la mer, Jean- nistres de l’intérieur socialistes – père. Il voulait s’en sortir seul. » être par compassion. » plaintes, des recours administra- caturales, le révoltent. Il s’em- Hugues Colonna a arrêté la voiture Pierre Joxe, Philippe Marchand et Lorsque François Mitterrand se Durant près de dix ans, les tifs. Le maire vacille. Ses protesta- porte : « J’ai lu qu’il avait honte de sur le bas-côté. « Ces oliviers, dit-il, Paul Quilès – s’est résolu à lancer, tions contre la corruption n’en sa mère parce qu’elle est bretonne, ils sont à Yvan. Il y a quelques an- publiquement, un appel à son fils sont pas mieux accueillies, au mo- et qu’il portait toujours une arme. nées, je lui ai proposé de lui donner pour le convaincre de « se mettre à « Tu peux être sûr d’une chose, ment où surgissent les premières C’est complètement faux ! De mes une parcelle, comme à son frère et à la disposition de la justice ». « Yvan, « affaires » impliquant les socia- trois enfants, Yvan est le seul qui soit sa sœur, pour qu’il s’y construise une je veux te dire et te répéter que je lui avait-il dit, c’est que moi listes. « On me faisait comprendre resté très proche de ses grands-pa- maison. L’emplacement est superbe. t’aime », avait-il simplement dit que si je criais trop fort contre Mé- rents maternels, et il méprisait les Ici, une terrain comme celui-là a aux micros qui se tendaient (Le je n’y suis pour rien. » Il l’avait cru, decin, je risquais d’atteindre Bou- amoureux des armes, les chasseurs beaucoup de valeur lorsqu’il est Monde du 27 mai). Les mots cheron [Jean-Michel Boucheron, le de sangliers, qu’il traitait de “dé- constructible. Il m’a répondu : “J’en avaient surpris, ému. Ils expri- bien sûr. Ensuite sont venus les rumeurs puis, maire (PS) d’Angoulême], par rico- biles”.»Puis, en baissant la voix et ai rien à faire, d’un terrain maient surtout un remords. «Bien chet. » les yeux : « Et voilà que ça, ça va constructible !” Alors je lui ai ache- sûr que je ne me suis pas assez oc- très vite, les soupçons, les accusations La fuite du maire de Nice pour tuer un homme. Un préfet. » té des oliviers, et on les a plantés. » cupé de mes enfants, explique-t-il. l’Uruguay, puis ses condamnations Il se surprend, parfois, à parler Remonté en voiture, il esquisse un Un père doit toujours s’interroger seront autant de victoires. Mais il de lui au passé. « Ici, tout le monde sourire désabusé : « Voilà. Ici, à lorsqu’une chose pareille arrive. J’ai rend en Corse, en 1983, les fils Co- combats de Jean-Hugues Colonna garde de l’épreuve un arrière-goût l’adorait. Il faisait faire du sport aux Cargèse, les Colonna, ce sont les fous consacré beaucoup de temps au lonna couvrent les murs de Car- sont ailleurs : à Nice, où il s’est lan- de solitude, que les événements enfants du village, passait des qui ont planté des oliviers sur un ter- syndicalisme, à la politique. J’aurais gèse de graffitis antiprésidentiels. cé dans une lutte sans merci contre d’aujourd’hui semblent avoir ré- heures avec les anciens. Ils lui en- rain constructible... » dû les élever mieux. » « C’était surtout moi qu’ils voulaient Jacques Médecin, alors tout-puis- veillé. S’il est resté membre du PS, seignaient les mots corses pour dé- Depuis bientôt trois mois, ce Professeur d’éducation physique emmerder, dit-il. J’étais franche- sant maire de Nice, et le système il « ne veut plus se battre pour un signer chaque chose, même ceux sont aussi les parents de celui que à Ajaccio, il était secrétaire dépar- ment gêné. C’est le maire RPR qui a qui asservit la ville. Il se fait remar- parti qui ménage surtout des car- que personne n’utilise plus. Il avait les journaux appellent « l’homme temental de la Fédération de l’édu- dû faire nettoyer les murs ! » Il dit quer au sein du PS par ses prises rières et des intérêts ». « Là-dessus aussi appris comment calculer la le plus recherché de France ». C’est cation nationale (FEN). Petit-fils cela avec le sourire, presque un de position iconoclastes, ses prises aussi, j’ai été naïf, dit-il. J’ai compris pata – les cycles de la lune. Un jour, là, sur le domaine familial, que d’instituteurs, fils d’un huissier de brin de fierté. Si Yvan a hérité de parole virulentes. « Je protestais bien tard ce qu’était vraiment Mit- le cantonnier m’a dit : “Ton fils je Jean-Hugues, son père, croit lui justice, il militait au PS – courant quelque chose de lui, c’est assuré- contre l’abandon de la Côte d’Azur terrand. » Bien peu de ses « cama- l’adore. Il comprend tout ce que je avoir parlé pour la dernière fois. Mitterrand – et avait des principes. ment le tempérament, l’insolence. à Médecin et à sa bande, rappelle- rades » lui ont écrit, après la fuite lui explique.” C’est peut-être idiot, C’était le samedi 22 mai, sans Son épouse, Cécile, elle aussi « Il était intransigeant, mais d’abord t-il. Je demandais à mes camarades d’Yvan. Il ressent comme « un ma- mais ça m’a fait plaisir. » doute dans l’après-midi – quel- « prof de sport », militait au Parti avec lui-même, plaide-t-il. Et il s’il est normal qu’une majorité de laise », parle de « lâcheté », doute Sur les murs de Cargèse, là où ques heures avant qu’il ne dispa- communiste. Lorsqu’il voulut par- avait toujours le souci de la défense gauche ne fasse pas tout pour réta- encore de lui-même : « Est-ce que Yvan Colonna et son frère tra- raisse. « Tu peux être sûr d’une tir pour Nice, en 1975 – « Ajaccio, des minorités, cette attention aux blir le droit dans un département j’ai raison d’en vouloir à tous ceux çaient, il y a quinze ans, des slo- chose, lui avait-il dit, c’est que moi dit-il, j’avais fait le tour » –, il se faibles qui était éminemment poli- français. On m’écoutait. Certains re- qui n’ont pas osé me faire signe ? gans nationalistes, des hommages je n’y suis pour rien. » Il l’avait cru, heurta à l’opposition familiale. tique, et qui me séduisait. » gardaient leurs godasses. Mais rien Mais après tout, qu’est-ce qu’ils ris- anonymes sont apparus depuis son bien sûr. Ensuite sont venus les ru- « J’ai organisé un vote démocra- A Nice, au lycée, Yvan faisait le ne bougeait. Certains me prenaient quaient ? Quoi qu’ait fait Yvan, est- départ : « Yvan, gloria te », disent- meurs puis, très vite, les soupçons, tique, se souvient-il. Ma femme et coup de poing pour chasser les pour un fou. » En février 1987, il ce que je suis complice de quelque ils. « Il ne faudrait quand même pas les accusations. Le visage d’Yvan mes trois enfants ont voté contre. On racketteurs. En Corse, il dénonce frôle pourtant la mort avec son chose ? » qu’il devienne un héros, soupire son dans les journaux, bientôt sur les est quand même partis [il sourit « l’Etat colonial », emprunte les épouse sur la route de Toulon, Les sous-entendus, bien sûr, père. Ça, c’est peut-être ce qui m’in- avis de recherche. La douleur n’a franchement]. C’est le premier sentiers tourmentés du nationa- lorsque leur voiture se retourne sont parvenus jusqu’à lui. L’ancien quiète le plus. Ça me fait plus peur pas lâché son père depuis lors. Il la aperçu de la vie politique que je leur lisme. « Je prenais cela pour des subitement : les gendarmes édile socialiste n’aurait-il pas fait que tout le reste. » dissimule sous un visage buriné, ai donné... » Plus tard, Yvan et Sté- crises d’adolescence, se souvient constateront qu’un essieu avait été bénéficier son fils de quelques ap- des propos énergiques, une lucidi- phane, ses deux fils, se moqueront Jean-Hugues Colonna. J’avais beau scié. puis haut placés ? Ce soupçon aus- Hervé Gattegno LeMonde Job: WMQ0608--0010-0 WAS LMQ0608-10 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 09:46 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0271 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 RÉGIONS ROUTES ET DÉTOURS Maisons d’écrivains en Ile-de-France et en Normandie De Hugo à Michelet, de Rouen à Bougival, une route à feuilleter à petits pas. Dans certaines de ces demeures, le souffle de l’auteur est difficile à percevoir. D’autres, comme le moulin de Louis Aragon et d’Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines, offrent une image inattendue des habitants du lieu VOICI aujourd’hui la littérature Le moulin de Villeneuve, servie au public comme « produit » à Saint-Arnoult-en-Yvelines, touristique. Un circuit des maisons où vécurent Louis Aragon d’écrivains en Ile-de-France et Nor- et Elsa Triolet. mandie a vu le jour depuis la fin des années 80. Au menu Michelet, Flau- plus emblématique des commu- bert, Dumas, Zola, et bien d’autres nistes est ouverte depuis peu, en seigneurs de l’écriture. Auraient-ils 1995, en exécution du legs « à la na- goûté d’être mis en catalogue, tion française, quelle que soit la forme comme une nouvelle mise en bière, de son gouvernement », fait par Ara- supporté des processions de cars gon à sa mort, en 1982. déversant des foules en short et en Le domaine fut acheté progressi- robe à pois ? La littérature n’est-elle vement par Aragon et Elsa à partir pas le contraire des sentiers obli- de 1951. Cela finit par faire une belle gés ? propriété de près de 5 hectares, qui Injuste façon peut-être de passer peut jeter le trouble encore au- à la postérité. Il y a ceux qui jourd’hui chez le militant de base en n’eurent jamais de havre pour an- visite. Il y avait Ernest et Hélène, le crer leur plume. Dans ce circuit couple de domestiques. La sil- n’entrera jamais Genet, qui, lui, fai- houette de ce corps de bâtiments sait son bonheur – ou son mal- autour d’une cour pavée, sur les heur – d’une simple chambre d’hô- bords de la Rémarde, rappelle la tel, du côté de la gare de Lyon et des ferme de Marie-Antoinette au Tria- bistrots à mauvais garçons. Ni Sade, non. Le bureau d’abord : dans un ti- dont le toit – celui de la Bastille – roir du bas, Gérard Commailles, l’in- n’était pas des plus recomman- tendant des lieux, trouva après 1982, dables. Ni bien d’autres grands cru- enroulé dans des chiffons, un ma- cifiés, comme Gide : aucun lieu nuscrit de La Semaine sainte, qui fut pour parler de lui à Paris ; impos- composée ici. sible de pénétrer villa Montmoren- cy, où il habita dans les années 20. Dans l’entrée, paraît-il, il y avait On guette en vain toujours des valises, prêtes à partir, ce qui détonnait dans un intérieur si dans ce décor bourgeois. quelques signes de Ces écrivains, l’aventure surréaliste auraient-ils goûté OLIVIER THOMAS ou du règne Villequier HUGO ROUEN A28 Beauvais – Michelet à Vascœuil d’être mis en A1 Repères communiste. Rien Croisset Vascœuil – Corneille à Petit-Couronne catalogue, supporté FLAUBERT MICHELET PICARDIE b La route historique – Flaubert à Croisset que la vannerie Petit-Couronne A16 des maisons d’écrivains – La Varende au Chamblac des processions CORNEILLE Senlis rassemble en Ile-de-France – Hugo à Villequier d’Elsa. Et des livres HAUTE- SEIN et en Normandie une douzaine Siège : 13, avenue d’Eylau A13 E de lieux, habités par des 75116 Paris. de cars déversant NORMANDIE DUMAS (il y en a 28 000) Evreux Port-Marly auteurs : Tél. : 01-47-27-45-51. Bougival – Mallarmé à Vulaines des foules en short TOURGUENIEV partout, jusque dans – Chateaubriand b On peut consulter : Médan PARIS et en robe à pois ? ZOLA A4 à La Vallée-aux-Loups Le Guide des maisons d’artistes les soupentes MAETERLINCK – Triolet-Aragon et d’écrivains en région ÎLE-DE- La Vallée aux Loups FRANCE à Saint-Arnoult-en-Yvelines parisienne, par Dominique CHATEAUBRIAND Puis dans les années 30, celles des BASSE- A6 – Tourgueniev à Bougival Camus, La Manufacture 1995 ; Partout du rotin, tendu par Elsa, combats politiques, Gide s’installa NORMANDIE St-Arnoult-en-Yv. A5 – Dumas à Port-Marly et Les Hauts Lieux de la littérature pour cacher « la misère » des murs. rue Vaneau. L’appartement, que lui ARAGON/TRIOLET – Maeterlinck à Médan à Paris, par Jean-Paul Clébert, Ensuite la cuisine. Le salon, avec ses A10 Vulaines-sur-Seine avait spécialement aménagé Au- 20 km CENTRE A11 MALLARMÉ – Zola à Médan Bordas, 1992. hautes bibliothèques moulurées du guste Perret, a été racheté à la fille XVIIIe siècle, achetées dans une ab- de l’écrivain : on y voit encore le baye du voisinage, et le vieux poste piano, la bibliothèque, la banquette la main sur des sonnets écrits en national, dont le souvenir s’était centre culturel. Michelet reste ce férent... Tous les matins, je fais leur de radio, carrossé comme une bien rapée de cuir rouge, et une sa- français par Goethe. Ses sbires perdu. Le « lierre immense » sur la qu’il a été dans cette demeure, un toilette aux fleurs, avant la mienne. » Buick, un disque de Jean Ferrat en- gaie, vestige de son indignation afri- fouillèrent partout en vain. La Po- façade a disparu. Le château, qui invité. Il s’asseyait sur le banc de pierre, core posé sur la platine. On monte à caine. En fait il y avait deux apparte- logne communiste tenta de récupé- était en ruines et a été remis à neuf, La halte de Mallarmé à Vulaines- face à la Seine, ou passait derrière l’étage, dans les parties intimes. Une ments en un : celui du « devant », rer ce patrimoine, sans plus de suc- n’est plus qu’une coquille, aména- sur-Seine (Seine-et-Marne), au bord au jardin, rempli de groseillers. Il y cravate mauve pend à une étagère. où il se tenait « avec ses femmes », cès. C’est un lieu de résistance de gée pour recevoir des expositions. de la Seine, n’a rien d’aristocratique. mourut en 1898. Le conseil général a On touche ici aux mystères de la disait-il, et l’autre, en retrait, où il l’esprit. Dommage qu’il ne figure Les jardins ont été retracés. Le cabi- Elle a du mal à résister à l’envahisse- racheté la maison aux héritiers en chair et de l’écriture. Coup d’œil sur recevait ses proches. En 1951, il pas dans ce circuit. net de travail de Michelet – lui- ment urbain. Un pont lui bouche 1985. Cela sent un peu la gêne et la la salle de bains aux tons roses et la mourut là, dans un petit lit en fer, au Cette route est à feuilleter à petits même y trône en cire – a été re- une partie de la vue, une fabrique promiscuité. Les pipes sont encore chambre à coucher d’un vieux milieu d’une garde voltairienne, pas. Dans certaines de ces de- constitué au sommet de la tour oc- de matériaux la jouxte. Elle a pris la sur la cheminée, il y a aussi sa bi- couple à l’approche de la mort. En- prête à repousser l’assaut des meures, le souffle de l’auteur est dif- togone. L’œil de Michelet, comme sage solution de se retrancher der- bliothèque anglaise, quelques dé- fin le bureau d’Elsa, d’un bleu à prêtres. Mais tout cela ne se visite ficile à percevoir. C’est le cas à Vas- celui de De Gaulle à Colombey, rière un copieux feuillage, qui cors du « cabinet japonais ». Menus étourdir. Le calendrier est figé au pas. cœuil, dans l’Eure, à quelques pas plongeait ainsi sur la campagne et trempe sa chevelure dans les eaux objets pour l’accompagner dans sa 16 juin 1970, date de la mort d’Elsa. La capitale n’a pas cessé de re- de Rouen, un château, grand les entrailles profondes de la France. de la Seine. La façade est barrée par quête du Livre, « persuadé qu’au On guette en vain dans ce décor cueillir de mirifiques exilés. La Bi- comme un échalas, tout en hauteur Un musée tout au fond du parc, le une glycine et un escalier en pierre. fond il n’y en a qu’un, tenté à son insu quelques signes de l’aventure sur- bliothèque polonaise (quai d’Or- moyenâgeuse. Michelet écrivit là seul, semble-t-il, en France, permet Mallarmé avait commencé par louer par quiconque a écrit, même les Gé- réaliste ou du règne communiste. léans, dans l’île Saint-Louis), créée quelques chapitres de son œuvre. d’en savoir un peu plus sur l’œuvre quelques pièces le week-end « pour nies ». Rien de la fureur de l’époque, des après 1830, abrite le musée Mickie- Après l’avoir racheté en 1964, les et la vie. Le lieu, qui offre de grands tout oublier », en particulier la fer- Voici la surprise de cette route. Le luttes fratricides. Rien que la vanne- wicz et des trésors d’histoire litté- nouveaux propriétaires y décou- rendez-vous d’art contemporain (en veur des « mardistes » de la rue de moulin de Villeneuve, à Saint-Ar- rie d’Elsa. Et des livres (il y en a raire. En 1940, Hitler voulut mettre vrirent le séjour de notre historien ce moment Vasarely), est surtout un Rome. « Là je m’apparais tout dif- noult-en-Yvelines, la demeure du 28 000) partout, jusque dans les soupentes. Comme si l’image à don- ner était celle du seul artiste, d’un Hugo du XXe siècle. Au dire des gens de Saint-Arnoult, le « château » res- En Thiérache, un chapelet de « forts d’église » tait allumé toute la nuit. Pas pour VERVINS lants. Mais, surtout, ce coin de terroir pro- l’état d’esprit des villageois » qui les moines fondateurs, la nef de la paroisse, et faire la fête. Hugo, lui, se levait avec de notre envoyé spécial pice aux amoureux du tourisme vert, qui se construisirent de 1550 à 1700. Cent cin- les fortifications étaient sous la responsa- l’aube. Aragon passait ses nuits au Vervins (Aisne) se recroqueville autour vide peu à peu de sa jeunesse – la terre ne quante années d’une période extrême- bilité des villageois. En période de danger travail. Et le facteur, qui apportait de sa vieille église sous la brusque et vio- nourrit plus son homme –, possède un vé- ment troublée : guerres de religion et de et dès que le tocsin sonnait, on entassait les lettres, était le premier lecteur. lente giboulée qui la prend à la hussarde ce ritable trésor : un chapelet d’une soixan- Trente Ans, Fronde, campagnes de vaches laitières et matériel dans la nef, Aragon l’installait de force, paraît-il, matin-là. De l’avis de taine d’églises fortifiées. Louis XIV. Les populations subissent leur femmes, enfants vieillards dans les dans un fauteuil – en rotin – pour Thierry Pointier, le pa- Esquéhéries, Prisces, lot de tourmente, d’invasions et de rapines combles, et les hommes d’armes dans les lui livrer sa production nocturne. tron du Cheval noir – où Burelles, Plomion, Par- d’autant plus, d’ailleurs, qu’elles bordent défenses. Le reste de la population s’abri- L’ensemble est géré par une fon- Valenciennes Charleroi l’on peut déguster une fondeval, Beaurain (un les frontières. Devant le peu d’ouvrages tait dans les bois d’alentour. Cheminées, dation, où l’Etat et le PCF se succulente truite farcie, BELGIQUE peu excentrée, elle, tout défensifs et pour assurer leur sécurité, né- fours à pain, parfois puits, permettaient trouvent côte à côte. L’objectif est

pêchée dans les étangs de A2 près de Guise), Jeantes cessité faisant loi, ils imaginèrent donc, re- aux réfugiés de soutenir un siège de quel- bien plus que touristique. Il s’agit, Martigny –, « on n’a ja- Cambrai (superbement rénovée, groupés en « communauté rurale d’habi- ques jours. comme le voulait Aragon, d’ouvrir N43 mais vu cela depuis dix NORD grâce à l’argent hollan- tants », de « renforcer » leurs églises avec Sinon oublié, du moins quelque peu mé- un centre de création et de re- ans!». Voire ! La petite dais, et qui possède une les moyens du bord. Peu d’argent mais ar- connu, ce patrimoine architectural verna- cherches. Ce sera bientôt chose Le Nouvion La Capelle ville de 2 603 habitants, extraordinaire volée de gile, bois et main-d’œuvre bénévole à vo- culaire – où le militaire semble avoir dévo- faite, lorsque les manuscrits Guise chef-lieu de canton et peintures murales dues à lonté. ré le religieux – est une réussite du génie – conservés jusqu’ici par le CNRS – N29 Hirson très petite sous-préfec- THIÉRACHE l’artiste néerlandais rural, dont on voit bien ici qu’il a toujours rejoindront une chambre forte du St-Quentin ture, se trouve au cœur Vervins contemporain Charles DÈS QUE LE TOCSIN SONNAIT... su, avec bonheur, plier l’art aux exigences moulin. Dans le parc, qui occupe le de la Thiérache centrale, A26 Eyck)... Voilà pour les plus « Certaines de ces églises-forteresses pratiques du quotidien. Les promoteurs du fond du vallon, Aragon se prome-

N2 où il pleut au moins tout AISNE ARDENNES cotées. Sans oublier les furent réalisées d’un seul jet, comme un édi- tourisme s’attachent depuis peu à le valo- nait le long du canal. De l’autre côté autant qu’à Brest... sans D966 ravissantes églises de fice à double vocation cultuelle et militaire, riser et à le faire connaître. Ainsi, à Bu- de la Rémarde, c’était le royaume 15 km que cela n’amoindrisse, Laon Bancigny ou de Gronard, explique-t-on à l’office du tourisme ; mais, relles, un son et lumière remet les visiteurs d’Elsa. Tous deux sont enterrés sur d’ailleurs, le charme bu- dodues comme des pour la plupart, on entoura d’un système de dans l’ambiance de l’époque. « Pour nous, une éminence. Comme s’ils surveil- colique de cette région bocagère, coincée cailles, qui, à elles seules, valent bien le dé- défenses plus ou moins perfectionné des explique Patricia Gaudion, l’une des res- laient le visiteur. entre Picardie et Ardennes. Ici, l’herbe est tour. La liste n’est pas exhaustive. églises déjà en place, construites en pierre, ponsables de l’office, cette réappropriation reine mais quelques beaux restes forestiers Joseph Baillot, président de l’office de tout au moins pour les soubassements, dès le du patrimoine est essentielle, avant tout Régis Guyotat donnent du volume au paysage. tourisme intercommunal de Thiérache du XIIe siècle par les abbayes de la région. » pour les Thiérachiens eux-mêmes, dont on et Natacha Vallet Grand comme un mouchoir de poche, ce centre (OTITC), n’aime pas les termes Donjon, tourelles, mâchicoulis, bre- voudrait qu’ils soient les ambassadeurs de « pays d’eau, de bois et d’argile », à l’entité « églises fortifiées » ; il leur préfère ceux de tèches, meurtrières : les ajouts défensifs leurs communes et de leur région. » PROCHAIN ARTICLE : bien marquée, offre entre l’Oise et la Serre, « forts d’église » ou de « forts commu- sont typiques du Moyen Age. Curieuse- La traversée de Paris à pied vallons verdoyants, rivières et rus noncha- naux », qui sont, dit-il, « plus appropriés à ment, le chœur relevait de l’autorité des Ali Habib LeMonde Job: WMQ0608--0011-0 WAS LMQ0608-11 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 09:31 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0272 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 11 HORIZONS ENQUÊTE

’EST « une ma- les idées originales de Darwin, ces chine darwi- connaissances nouvelles ont, au nienne ». L’appa- moins, confirmé une chose : le ca- reil, qui ne paie ractère aléatoire de l’évolution. La pas de mine, fonc- transformation et l’avenir des es- tionne grâce à pèces sont les jouets de la grande « une plomberie Les bactéries, maîtresses loterie naturelle. Une loterie qui assez simple du comporte, en permanence, trois ti- C rages. Aux aléas de la transmission genre de celle des distributeurs de café que l’on trouve génétique et des modifications de dans la plupart des entreprises », ex- l’environnement viennent, en effet, plique l’un de ses inventeurs, Phi- s’ajouter ceux des catastrophes na- lippe Marlière, responsable du turelles. Les « archives » que groupe chimie-biologie à l’Institut constituent les fossiles montrent Pasteur. Mais c’est un « breuvage » des secrets de l’évolution que l’histoire de la vie sur Terre a très particulier qui circule dans ses été ponctuée d’extinctions de tuyauteries. Un bouillon de culture Elles ont été les seules habitantes masse qui, par cinq fois, ont entraî- dont les microbes – des escherichia né la disparition de la plus grande coli – ont été torturés par ces nou- de la planète pendant près de 3 milliards partie des espèces vivantes. On sait veaux Frankenstein de la biologie. aujourd’hui que les victimes Livrés à eux-mêmes, ils seraient ir- d’années. Leur incroyable diversité, n’étaient pas forcément les moins rémédiablement condamnés. La bien adaptées à leur environne- machine fait plus qu’assurer leur découverte récemment, a révolutionné ment. Si les dinosaures avaient survie : elle accélère considérable- survécu à celle survenue il y ment leur vitesse de reproduction. toutes les conceptions sur l’« arbre a 65 millions d’années, les Conçu par la firme privée Evologic, hommes n’existeraient qui l’exploite à Constance (Alle- de la vie ». Un arbre dont les animaux, peut-être pas ou auraient magne), ce prototype a déjà permis une apparence très diffé- de « fabriquer » une bactérie ca- et les hommes, ne sont plus rente... pable de se passer d’une protéine Quel est, dans ces condi- indispensable à tous les autres que de petites brindilles tions, le sens de l’évolution ? êtres vivants. « Une nouvelle forme Qu’est-ce qui la dirige ? Ri- de vie, inconnue dans la nature », chard Dawkins, professeur à Ox- précise fièrement Philippe Mar- ford, a une hypothèse étonnante. lière. travaille à l’identification de Luca Pour lui, « le fleuve de la vie est un « Les organismes vivants évoluent (acronyme pour l’anglais last uni- fleuve d’ADN ». Le règne vivant ne à la manière d’un avion qui serait versal cellular ancestor), l’ancêtre serait que l’instrument d’une gigan- modifié en vol, sans plan préalable, commun des micro-organismes qui tesque réaction de purification des explique le biologiste. Le crash, en ont donné naissance au monde vi- gènes. « Chaque génération est un l’occurrence l’élimination par sélec- vant actuel. Une tâche difficile. filtre, un tamis, estime Dawkins. Les tion naturelle, sanctionne les muta- « Luca était probablement déjà très bons gènes passent le tamis et parti- tions qui provoquent d’abord un af- complexe. Plus, peut-être, que cer- cipent à la génération suivante ; les faiblissement. En laboratoire, nous taines bactéries actuelles », estime- mauvais gènes terminent leur course pouvons donner leur chance aux ca- t-il. Comme, de surcroît, ses des- dans des corps qui meurent jeunes nards boiteux. Nous ouvrons à l’évo- cendants ont éliminé les formes ou sans s’être reproduits. » lution des voies que la nature leur a de vie précédentes, il est possible Pour stupéfiante qu’elle soit en fermées. » Pour l’instant, quand que ce dernier reste pour tou- apparence, cette théorie a le mérite elles survivent, les bactéries issues jours un inconnu. En démontant de fournir une explication plausible de la machine d’Evologic sont le mécanisme d’acquisition de à une foule de particularités ou de moins résistantes que l’organisme fonctions nouvelles par l’évolu- comportements – incompréhen- initial (elles pourraient donc être tion des bactéries actuelles, des sibles autrement – de nombreuses employées comme vaccin ou dissé- expériences comme celle de Phi- espèces animales. Elle n’explique minées dans les champs sans lippe Marlière pourraient, néam- pas, en revanche, la tendance mar- risque). « Mais le jour où nous en moins, aider à lever cette formi- quée de l’arbre du vivant vers une obtiendrons une plus performante dable énigme. complexification croissante, de la que l’original, nous commencerons Ces recherches n’ont pu bactérie à la plante, du poisson à peut-être à percer enfin le méca- prendre leur essor que ré- l’homme. « Quelle complexifica- nisme intime de l’évolution », lance cemment. A la fin des an- tion ? », rétorque Stephen Jay Philippe Marlière. nées 70, l’existence des ar- Gould. Pour le chercheur améri- Depuis quelques années, les bac- chaebactéries a été mise en cain, il ne s’agit là que d’une illu- téries sont devenues les vedettes évidence par le microbiolo- sion d’optique. Un effet du narcis- des recherches sur l’évolution des giste américain Carl Woese. sisme de l’homme qui, parce qu’il espèces. On s’est aperçu, en effet, « Comme les procaryotes est effectivement la créature la plus qu’elles étaient probablement les [bactéries « classiques »], complexe, se voit comme l’aboutis- plus qualifiées pour nous en dévoi- elles n’ont pas de noyau. Elles sement de l’évolution. ler les secrets. Une question d’an- sont pourtant très différentes Seul le monde bactérien consti- cienneté. Les plus vieux fossiles de de ces dernières ; certains de tue « un élément vraiment représen- bactéries datent de 3,5 milliards leurs mécanismes fondamentaux tatif de la totalité du vivant », es- d’années, alors que les premiers sont même proches de ceux des cel- time-t-il. Aujourd’hui comme il y a ancêtres des grands groupes d’ani- lules humaines, explique Jacques 3,5 milliards d’années, notre pla- maux connus aujourd’hui sont ap- Forterre. Mais, pour s’en rendre nète est « dans l’âge des bactéries ». parus il y a environ 540 millions compte, il faut analyser leurs molé- Elles occupent tous les habitats d’années, lors d’un « big bang zoo- cules et séquencer leur génome. » imaginables. On en trouve à la sur- logique », l’« explosion cam- face des glaciers, dans les sources brienne ». E telles méthodes d’inves- brûlantes du fond des océans et Si, pour faciliter la comparaison, tigation ont mis en lu- même sous terre, dans les nappes on ramène à un an les 4,6 milliards D pétrolifères et dans des roches ba- mière l’incroyable diversi- d’années passées depuis la nais- té du monde bactérien et graduel d’une es- saltiques à plusieurs kilomètres de sance de la Terre (le 1er janvier à révolutionné l’ « arbre de la vie ». Il commune pour pèce à une autre. Une profondeur. « La caractéristique 0 heure), les fossiles de bactéries les comporte désormais trois branches tous les êtres vivants, conséquence de la rareté majeure de l’histoire de la vie est une plus anciens vivaient le 28 mars. maîtresses : celle des eubactéries mais il pensait que ces der- des fossiles ? Pour en avoir stabilité du monde bactérien », af- Les premiers organismes multicel- (ex-procaryotes), celle des archae- niers répondaient à un « besoin », le cœur net, les Américains firme Gould. En revanche, « l’être lulaires, ancêtres des végétaux, ap- bactéries et celle des eucaryotes une force inhérente les poussant à Niels Eldredge et Stephen Jay humain est un pur produit du hasard paraissent vers le 9 novembre, l’ex- (cellules à noyau). Chacune d’elles s’améliorer. Le concept de sélection Plus fondamentalement, le dar- Gould se sont penchés sur l’une des et non le résultat inéluctable des mé- plosion cambrienne se produisant comporte de nombreuses ramifica- naturelle, lancé par Darwin en 1859 winisme trouve, avec la génétique, plus belles et des plus complètes canismes de l’évolution ». le 18 du même mois. Les mammi- tions. Dans cette nouvelle classifi- avec la publication de De l’origine le « mécanisme » qui lui manquait collections de fossiles connues. Cette thèse, comme toutes les re- fères ne suivent que le 15 dé- cation, champignons, plantes et des espèces, rejette ce finalisme : ce pour expliquer comment peut Une série de mollusques des ères mises en question ou interpréta- cembre, tandis que les premiers re- animaux ne sont plus que trois sont les conditions de l’environne- jouer la sélection naturelle. Ce mé- secondaire et tertiaire s’étendant tions nouvelles du darwinisme, est présentants de la famille des brindilles terminales du bouquet ment qui sélectionnent, au gré de canisme repose sur les quelques sans interruption sur des millions évidemment très discutée. Le vieux humains descendent de leur arbre des eucaryotes... leurs variations, les organismes les « erreurs » de transmission du d’années. Ils y ont fait une consta- Darwin, dont Gould comme Daw- le 31 décembre dans la soirée... Le changement est saisissant mieux adaptés. code génétique de génération en tation stupéfiante : les espèces ap- kins se veulent les héritiers, sent Pendant près de 3 milliards d’an- dans la mesure où, pendant long- Dans le deuxième épisode, la gé- génération, des mutations totale- paraissent nombreuses par bouf- toujours le soufre. Un siècle et de- nées, les bactéries ont donc été les temps, toutes les études concer- nétique et la biologie moléculaire ment aléatoires qui peuvent entraî- fées évolutionnistes, persistent mi après la publication de De l’ori- seules habitantes de notre globe. nant l’évolution se sont concen- font une entrée en scène fracas- ner des modifications physiolo- inchangées pendant 3 millions à gine des espèces, « les création- Qu’ont-elles fabriqué durant tout trées exclusivement sur ces trois sante. Elles apportent tout d’abord giques. La sélection naturelle 10 millions d’années, puis dispa- nistes » entendent toujours ce temps ? Pas grand-chose, ont brindilles. Il constitue, pourtant, la une preuve concrète de l’origine n’intervient qu’ensuite, en favori- raissent aussi brusquement qu’elles imposer, notamment aux Etats- cru, pendant longtemps, les spécia- sant les mutants les mieux adaptés sont nées, sans transition appa- Unis et en Australie, une interpré- listes. Mais les progrès des mé- au milieu où ils se trouvent. En rente. tation littérale de la Genèse bi- thodes d’investigation de la biolo- L’être humain est un pur produit du hasard bref, contrairement à ce que dit blique. D’autres n’ont pas renoncé gie et de la génétique ont démontré l’adage populaire, ce n’est pas la A théorie des équilibres à exploiter ses idées à des fins poli- qu’elles étaient loin d’être restées et non le résultat inéluctable fonction qui crée l’organe, mais le ponctués émise par les deux tiques et sociales. inactives en termes d’évolution. hasard. L Face à ces tentations, les cher- hommes en 1972 sur la base L’Américain Craig Venter, l’un des des mécanismes de l’évolution, Des études ont montré, cepen- de ces observations s’applique aus- cheurs sont souvent contraints de leaders mondiaux du séquençage dant, que la « dérive génétique » si à l’explosion cambrienne citée prendre part à un débat qui n’est du génome, a pu montrer ainsi, il y affirme Stephen Jay Gould peut être suffisante pour expliquer plus haut. Elle pourrait trouver un pas près de s’éteindre. Car, si le a moins de trois mois, qu’une bac- à elle seule, sans la sélection natu- début d’explication grâce, une fois principe de l’évolution n’est plus térie exotique, Thermogata mariti- relle, l’évolution des populations, de plus, aux généticiens, qui ont contesté par les scientifiques, de ma, sorte de « fossile vivant », par- suite logique d’une histoire qui, de- commune de tous les organismes précise André Langaney, généti- mis en lumière le rôle de certains larges zones d’ombre subsistent tage 25 % de ses gènes avec une puis près de deux siècles, joue les par la mise en évidence de l’univer- cien, professeur au Muséum natio- gènes dans la régulation du déve- quant à ses modalités. « Au point, autre famille de micro-organismes feuilletons à rebondissements. Le salité du code génétique, qui gou- nal d’histoire naturelle de Paris et à loppement des embryons. Des re- estime André Langaney, que le pro- très anciens, les archaebactéries. premier épisode a commencé avec verne leur reproduction, leur déve- l’université de Genève. C’est la cherches récentes ont montré que jet initial de décrire un mécanisme Une preuve de multiples échanges Jean-Baptiste Lamarck. Avant lui, loppement et leur fonctionnement. théorie neutraliste, qui porte un sé- – chez la mouche drosophile, au général de l’origine des espèces est génétiques qui témoigne d’une l’étude du règne animal et végétal La comparaison de la composition rieux accroc à l’orthodoxie darwi- moins – la régulation de ces gènes bien plus hors de portée de la science évolution très active, il y a proba- se bornait à l’observation et à la des protéines et du génome des dif- niste. Cette dernière va en subir un pouvait être perturbée par de aujourd’hui qu’il ne le semblait au blement plusieurs milliards d’an- classification hiérarchique de férentes espèces permet de préciser second lors d’un troisième épisode fortes agressions d’ordre environ- dix-neuvième siècle. » nées. l’« ordre souverain de la nature », et de vérifier la classification des es- où, cette fois, la paléontologie tient nemental (température, sécheresse, Laquelle est la plus ancienne ? considéré comme fixe et dominé pèces effectuée à partir des critères la vedette. etc.), entraînant des malformations Jean-Paul Dufour Difficile à dire, estime Jacques For- par l’homme. Dans son ouvrage La anatomiques ou des données pa- Darwin comme Lamarck étaient importantes transmissibles à la Dessin : Philippe Gerbaud terre, spécialiste des archaebacté- Philosophie zoologique (1809), le na- léontologiques. Moyennant cer- persuadés que l’évolution se fait descendance. Ces « macro-muta- ries à l’institut de génétique et mi- turaliste français est le premier à taines précautions, elle peut même graduellement. Mais, sauf dans le tions » sont-elles à l’origine des PROCHAIN ARTICLE : crobiologie d’Orsay (université parler d’évolution des espèces par fournir des indications sur la date cas d’espèces très voisines, les pa- sauts d’espèces ? Ce n’est pas im- Des singes et des hommes : Paris-IX-CNRS). Comme quelques transmission des caractères acquis. de séparation de deux espèces léontologistes trouvent rarement le possible. histoires de famille autres chercheurs dans le monde, il Cela impliquait déjà une origine proches. chaînon qui témoigne du passage Si elles ont quelque peu brouillé LeMonde Job: WMQ0608--0012-0 WAS LMQ0608-12 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 09:31 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0273 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 HORIZONS-PORTRAIT La révolte dorée de Nicolas Anelka ANS le pro- longement du château qui a bercé les vingt- deux Bleus pendant la Coupe du D monde 1998, la modeste bâ- tisse sommeille à l’ombre. Ache- vée, voilà une douzaine d’années, elle abrite une soixantaine de jeunes footballeurs de treize à seize ans, répartis en trois étages au gré de leur ancienneté. Les chambres, spartiates jusqu’à la caricature, sont bariolées de pos- ters d’idoles en chaussures à crampons. Deux lits superposés aux armatures en jaune ou noir renforcent l’impression d’une vie monacale. Un joyeux fatras mêle maillots et protège-tibias, ge- nouillères et shorts. C’est ici, au Centre technique national de Clairefontaine (Yve- lines), que Nicolas Anelka, le nou- veau prodige du sport français, qui vient de signer un des plus fa- buleux contrats de l’histoire du football professionnel, a bâti son destin. Dans ce centre de forma- tion, financé par la Fédération française de football (FFF), il sé- vissait avec les pupilles de la commune voisine de Trappes. Un peu plus grand que les copains, plus véloce et surtout plus vif, il épatait la petite chambrée. Les samedis après-midi, ils se retrouvent tous, scotchés à la main courante autour du stade. A treize ans, le virtuose est présenté par son entraîneur Luc Misserey aux éducateurs de l’Institut natio- nal du football (INF), à Clairefon- taine. « Il a réussi le concours d’en- trée sans éveiller particulièrement notre attention, se souvient André Mérelle, entraîneur à l’INF. Il ne nous avait pas impressionnés. Phy- siquement, il n’était pas très étoffé.

En revanche, il maniait déjà bien le MARC ASPLAND/THE TIMES ballon. Il a commencé à se révéler Nicolas Anelka a été courtisé par l’, la Juventus de Turin, la Lazio de Rome. Finalement, le Real de Madrid s’est montré la deuxième année, après avoir pris le plus convaincant, proposant 220 millions de francs pour son transfert et assurant au joueur 2 millions de francs net par mois. du poids et de la taille. » Les parents de Nicolas Anelka ont quitté la Martinique en 1974 Ecarté in extremis de la Coupe du monde, le 23 avril 1998 en Suède (0-0), dans sa hargne sur le terrain », a pour s’installer à Trappes. La nou- sans avoir transité par la case de observé Patrick Liéwig. « Sa réus- velle vie s’organise autour du l’attaquant d’Arsenal vient de signer l’équipe de France espoirs. Une site, c’est celle de l’inconscience : il square Van Gogh, dans une zone exception ! Finalement écarté de n’a peur de rien », estime André pavillonnaire en retrait d’un en- un des plus fabuleux contrats de l’histoire la présélection par Aimé Jacquet à Mérelle. Pour l’entraîneur d’Arse- semble sans âme. Le père, institu- trois semaines de la Coupe du nal, Arsène Wenger, « Nicolas n’a teur de formation, est fonction- du football professionnel. Itinéraire monde 1998, après avoir pourtant pas d’équivalent à son poste. Son naire au rectorat de Versailles et enlevé avec Arsenal le cham- potentiel physique et technique est la mère assistante au lycée de d’un surdoué de vingt ans au caractère pionnat et la Coupe d’Angleterre, unique. Son arrivée dans le cham- Rambouillet. Les trois enfants, Anelka marque un but détermi- pionnat d’Angleterre lui a permis trois garçons, sont élevés dans le bien trempé, programmé pour réussir nant en Russie (victoire 3-2) pour d’affiner son jeu, ce qui n’aurait respect de la laïcité. Didier, vingt- le premier match de référence de pas été possible aussi rapidement neuf ans, quitte l’université avec Un soir de contrariété, Nicolas de son apprentissage à l’INF, avoir à verser une indemnité de l’ère post-Mondial, le 10 octobre s’il était resté en France ». une maîtrise de gestion en entre- déboule des escaliers du dortoir Anelka rejoint durant l’été 1995 le transfert. Un mois plus tard, Arse- 1998. Cette France lui manque pour- prise. A la tête d’une société, la de Clairefontaine et balance un PSG, qui a négocié sa signature nal versera pour la forme 4,5 mil- tant. A Londres, où il vivait dans SCDN Management, il gère dé- grand coup de pied dans la porte deux ans auparavant. Dans les lions de francs au PSG, ce qui ne ’injustice et l’hypocrisie me une résidence discrète en compa- sormais le patrimoine financier d’entrée. La vitre ébréchée des- rangs de l’équipe réserve, il im- calme pas pour autant l’aigreur révoltent », confie le jeune gnie de son frère Claude et de de Nicolas et examine les contrats sine une étoile. Penaud, l’espiègle pressionne par sa puissance, son des dirigeants. L Salem, le fidèle ami, Anelka ne homme de sa voix douce. publicitaires qui commencent à regagne sa chambre. « Quand je art du contre-pied et sa facilité Catalogué « sauvageon de Nike est en train de le vérifier. sortait guère en dehors des en- affluer. Claude, trente et un ans, a l’ai vu culpabiliser, je ne l’ai pas ré- technique. Il lui reste à gagner en Trappes », Nicolas Anelka oppose Anelka a refusé de prolonger son traînements et des déplacements gravi tous les échelons du foot- primandé, j’ai senti le moment constance et à se plier aux exi- à ses détracteurs sa vie, une tra- contrat avec l’équipementier professionnels. Rien ne le retenait ball jusqu’à la lisière du profes- d’engager avec lui une dis- gences du football moderne en jectoire banale pour un jeune américain, qui ne lui avait pro- dans son exil anglais. Sa copine sionnalisme. Aujourd’hui, il s’oc- cussion », raconte André Mérelle, perfectionnant son replacement. homme hors du commun. «A posé en 1997 qu’une année de est restée à Saint-Germain-en- cupe du plan de carrière du petit qui a appris à dompter le gaillard. Luis Fernandez, qui entraîne les partir du moment où j’ai constaté contrat sur les bases salariales Laye. A Arsenal, la cohabitation frère et le conseille dans ses rela- Dès le début de sa deuxième professionnels du PSG, a remar- que j’étais plus fort que mes parte- d’un « joueur régional ». Erreur avec les deux attaquants néerlan- tions avec les médias. saison à l’INF, Nicolas Anelka qué le surdoué et lui donne sa naires, j’ai mis tout en œuvre pour fatale. « Je ne travaillerai plus ja- dais, Marc Overmars et Dennis Nicolas est né le 14 mars 1979. dévoile l’étendue de ses possibi- chance le 7 février 1996 lors d’un réussir », explique l’intéressé mais avec ces gens. » Une bénédic- Bergkamp, qui se délectaient à C’est un adolescent renfermé, aux lités, même si son copain Philippe match de championnat perdu avant de s’interroger : « Où est le tion pour Puma, qui compte sur court-circuiter le « Frenchie », colères volcaniques. L’école, les Christanval, aujourd’hui à (0-1) à Monaco. Il n’y aura pas de mal ? Je dis souvent : j’ai un destin. cette nouvelle vedette pour tendait de plus en plus à l’orage. cours, l’agacent prodigieusement. l’AS Monaco, est considéré suite. Anelka retourne dans les Il ne faut pas se méprendre sur gagner des parts de marché dans Et, pour tout arranger, les rela- « J’ai toujours voulu devenir foot- comme le plus doué de cette rangs des stagiaires. Son entou- cette affirmation. Cela signifie que ces banlieues si prisées des mar- tions avec la presse anglaise balleur professionnel », plaide le génération. « Nicolas en conve- rage l’encourage à réprimer ses je peux aller très haut dans ce mé- chands du temple. étaient désastreuses. Cet intro- nouveau buteur de l’équipe de nait, d’ailleurs », assure André frustrations. Il n’a que seize ans. tier et que je ne laisserai personne Mais qu’on ne compte pas sur verti, qui ne boit ni ne fume, sus- France. Un rêve partagé par des Mérelle. Il en convenait sans s’y La saison 1996-97 marque un s’y opposer. » Anelka pour sillonner son terri- citait l’exaspération des tabloïds. milliers de gosses, mais le petit résigner, comme en témoignent rupture pour le club parisien. Luis « Anelka n’est pas à vendre, et je dernier des Anelka n’est pas issu les nombreux duels balle au pied Fernandez est remplacé à la direc- rappelle qu’il est lié avec nous par d’un moule traditionnel. Ce qui le entre les deux amis à l’issue des tion technique du PSG par Ricar- « J’ai un destin. Il ne faut pas se méprendre contrat jusqu’en juin 2003 », avait distingue de ses copains relève du séances d’entraînement. do, qui prédit à l’attaquant un prévenu Arsène Wenger après le don, un don extraordinaire. «For- avenir somptueux. En attendant, sur cette affirmation. Cela signifie doublé de son protégé, qui avait mer un footballeur qui réunit au- E dois beaucoup à M. Mé- il ne fait appel à ses services permis à la France de s’imposer tant de talents n’est pas bien relle », reconnaît Anelka, qui qu’épisodiquement. « Nous ne que je peux aller très haut dans ce métier (2-0) pour la première fois de compliqué », reconnaît Patrick J voulions pas l’user prématurément l’histoire en Angleterre, le 10 fé- profite des rassemblements Liewig, qui l’a entraîné au Paris- de l’équipe de France à Clai- sur le plan physique », argue l’en- et que je ne laisserai personne s’y opposer » vrier. Peu importe, les enchères Saint-Germain après ses trois an- refontaine pour saluer son ancien traîneur brésilien. L’adolescent étaient lancées. L’Olympique de nées passées à Clairefontaine. formateur ou pour se rendre à n’a que faire de ces considéra- Marseille, la Juventus Turin, la Un caractère bien trempé. Le Saint-Germain-en-Laye en spec- tions. A chacune de ses appari- Rachid Khendek, l’un de ses en- toire à grands coups de slogans Lazio Rome étaient acheteurs cliché sied à merveille au jeune tateur des matches des stagiaires tions avec l’équipe de France ju- traîneurs au Paris-SG, décrypte le démagogiques. La foule le rebute, pour des sommes chaque fois stagiaire qui intègre l’INF en 1992. du Paris-SG. La notoriété ne l’a niors, sa supériorité marque les message : « Il a ses idées sur la so- et s’il se plie aux séances d’auto- plus rondes. André Mérelle découvre un pas égaré vers les chemins de tra- esprits. Les émissaires des grands ciété, le football, sa valeur et celle graphes, c’est pour ne pas déce- Finalement, le Real de Madrid « môme difficile à appréhender et verse. Rien dans son comporte- clubs étrangers sont subjugués des autres. Il a quitté le PSG car il voir ces gamins qui le regardent s’est montré le plus convaincant, avec qui il fallait être ferme pour ment n’illustre un goût pour l’es- par la classe de ce jeune homme se sentait supérieur à Patrice Loko avec les yeux de la passion. « Je ne proposant 220 millions de francs lui rappeler qu’il avait un compor- broufe. Seul l’achat d’un coupé au buste droit. et Dely Valdes, les deux attaquants veux pas être considéré comme un pour le transfert et assurant au tement social à respecter ». L’ins- Mercedes témoignait de l’aisance Quand la direction du Paris-SG titulaires. La suite lui a donné rai- modèle d’intégration, insiste-t-il. joueur 2 millions de francs net tructeur, qui a perfectionné des financière que lui valait son perçoit enfin le danger, il est trop son. Il pèse encore davantage sur Pour quelle raison mon histoire au- par mois. Anelka peut en espérer centaines de footballeurs, se contrat avec Arsenal (environ tard. David Dein, le président-dé- les défenses que Ronaldo ! » rait-elle valeur d’exemple ? Voilà autant en revenus publicitaires. heurte à un mur dès qu’il engage 500 000 francs par mois). « Tout légué d’Arsenal, présent lors d’un Chaque contrariété le renforce pourquoi je n’ai pas répondu à l’in- Ses gains pourraient à terme dé- la conversation. Il s’inquiète des ce qui fait l’environnement du foot France-Angleterre juniors disputé dans ses convictions, chaque vitation de TF 1 qui voulait m’inter- passer ceux de Ronaldo, dont il résultats scolaires, d’autant plus ne l’intéresse pas, qu’il s’agisse des à Fontainebleau fin 1996, est déci- conflit le cuirasse contre les aléas. viewer en direct dans le 20 heures espère éviter le déclin physique que le collège des Essarts, à une relations avec les médias ou avec le dé à finaliser les tractations me- Quand Gérard Houllier, sélection- au lendemain d’Angleterre-France. prématuré. « Le plan de carrière dizaine de kilomètres de Claire- public, assure André Mérelle. Il ne nées depuis des semaines avec la neur de l’équipe de France ju- Chacun, quelle que soit son identité de Nico est ficelé depuis longtemps, fontaine, consent l’effort d’ac- vit que pour le football, sa famille famille du joueur. Les ultimes niors, le critique publiquement ou son origine sociale, a au fond de soutient son frère Didier.L’argent cueillir ces apprentis footballeurs et ses potes de Trappes avec les- offres du PSG, avec à la clé un lors du championnat du monde lui un rêve auquel il s’accroche. » ne sera pas l’élément déterminant, qui, selon l’instructeur, «pra- quels il partage les mêmes contrat professionnel de six ans, de la catégorie en 1997, l’accusé Le destin dont il parle si même si nous n’allons pas faire tiquent le clanisme et piquent les repères. » n’y changeront rien. Arsenal s’ap- rumine sa revanche en silence. Il souvent reste à accomplir. L’am- semblant d’être des philan- filles des autres élèves ». Les Pour ne pas l’avoir compris, le puie sur la législation de l’Union la savoure moins d’un an plus bition, illimitée et vorace, est ins- thropes. » prêches ne servaient à rien : «Les Paris-Saint-Germain a perdu le européenne pour engager Nicolas tard pour sa première sélection crite dans ses gènes. « Sa fierté, sa cours le gonflaient. » joyau en janvier 1997. Au terme Anelka, le 15 janvier 1997, sans avec la grande équipe de France, volonté de réussir, se retrouvent Elie Barth LeMonde Job: WMQ0608--0013-0 WAS LMQ0608-13 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0274 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES ET DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 13 Vers un droit pénal européen 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F par Mireille Delmas-Marty Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Internet : http : //www.lemonde.fr E débat est enfin lancé de transformer nos pays en véritables comme un véritable laboratoire de supprimer le jeu incertain des sur la construction d’un paradis pénaux ». la mondialisation. Sa construction commissions rogatoires internatio- ÉDITORIAL droit pénal européen. Il est clair en effet, comme la devra nécessairement se faire de nales, à la condition essentielle de L façon pluraliste. Il ne s’agit de reve- respecter les droits de la défense et L’accent est générale- ministre de la justice vient de ment mis sur la protection des inté- l’écrire, que « les procédures clas- nir ni à l’Empire romain, ni à la le principe de garantie judiciaire. Le FMI et la Russie rêts financiers de l’Europe et le pro- siques de l’entraide judiciaire sont « grande nation » napoléonienne, Le risque est en effet que jet dit « Corpus juris », présenté à inopérantes ». De façon imagée, ni à plus forte raison au totalita- l’Europe des polices se construise UR la Russie, sur le attendre qu’elle disparaisse du la presse en 1997 par le Parlement l’un des magistrats qui avaient risme hitlérien. Toutes les tenta- plus vite que l’Europe judiciaire. FMI, sur les relations jour au lendemain. En fait, elle a européen et la Commission, fait lancé l’appel de Genève disait que tives d’unification hégémonique D’où l’urgence de créer un parquet S entre cette grande même plutôt tendance à s’accen- l’objet de débats publics dans plu- les systèmes judiciaires sont ayant échoué, la chance historique européen, indépendant du pouvoir puissance et cette ins- tuer. Malgré la transition annon- sieurs pays : en Italie et au Portugal, comme des éléphants : ils écrasent de l’Europe est d’être contrainte de exécutif (national et européen) et titution financière internationale, cée, ce sont, grosso modo, les sous l’égide du ministre de la jus- ceux qu’ils attrapent, mais ils se construire de façon pluraliste et responsable devant le Parlement et on croyait tout savoir. Le rapport mêmes hommes qui sont aux tice, et plus récemment en Angle- n’attrapent pas grand monde en dans le respect des diversités natio- la Cour de justice des Communau- sur l’utilisation des fonds prêtés commandes à Moscou. M. Gue- terre, à l’initiative de la Chambre ces matières où les criminels sont nales. tés. Ce parquet devrait lui-même par le FMI à Moscou, réalisé par rachtchenko dirigeait, hier, la des lords, ou en Allemagne, lors de comme des léopards, si rapides et si C’est évidemment beaucoup plus mener les enquêtes sous le contrôle le cabinet international Pricewa- Banque centrale de l’Union sovié- rencontres organisées par des uni- souples qu’ils échappent toujours... difficile. Il faudra apprendre à d’un « juge des libertés » désigné terhouse-Coopers et rendu public tique. Après un bref purgatoire, il versitaires et des responsables poli- connaître les diverses traditions comme tel par chaque Etat dans la presse russe ces derniers préside aujourd’hui aux destinées tiques à l’Académie de droit euro- juridiques européennes, ce qui membre. jours, confirme que l’on en savait de la Banque centrale russe. Les péen de Trèves. « Une absurdité implique de développer le droit En revanche, la création d’un tri- sans doute moins encore qu’on ex-réseaux soviétiques conti- En France, la ministre de la jus- comparé, longtemps considéré bunal pénal européen n’est sans ne le croyait ou le craignait. Ac- nuent à utiliser, sans complexe, tice a pris publiquement position consiste à ouvrir comme une spécialité purement doute pas aussi indispensable, du cessible désormais à tous, ce do- leurs méthodes d’antan. L’audit « pour une lutte européenne contre académique. Une meilleure moins dans une première étape, si cument, si l’on sait le décrypter, révèle ainsi que la Fimaco, cette le crime organisé » (Le Monde daté largement connaissance montre que bien les définitions de fond et les règles est proprement stupéfiant. Il est officine enregistrée dans l’île de 7-8 mars), annonçant qu’elle avait souvent des différences que l’on de preuve sont suffisamment uni- accablant pour la Russie tout au- Jersey et qui gère les réserves de proposé une réunion conjointe des les frontières croyait irréductibles, comme la fiées pour que les juridictions des tant que pour le FMI. la BCR, a été créée dès novembre ministres de la justice et des vieille opposition entre procédure divers Etats les appliquent dans le On y découvre en effet que l’un 1990, à l’époque de l’URSS donc. finances pour « mieux traiter la aux délinquants britannique « accusatoire » (laissée respect, qui s’impose à toutes, de la des grands pays de la planète, Tout cela, le FMI le sait et le sa- question des paradis fiscaux, du entre les mains des parties et de Convention européenne des droits l’un des membres influents du vait – plusieurs audits l’avaient secret bancaire, de l’anonymat des pour les refermer leurs avocats sans intervention de l’homme. Car la construction Conseil de sécurité de l’ONU, dé- déjà « révélé » . Un an à peine circuits d’argent sale ». active de représentants de l’Etat) et d’un droit pénal européen ne peut tourne, comme le feraient de vul- après le krach du rouble, ou plu- Il était temps que la France appa- aux organes chargés procédure continentale « inquisi- être qu’évolutive. Il serait logique gaires escrocs, par l’intermédiaire tôt « le scandale du rouble » – raisse autrement que sous la forme toire » (marquée par la double de commencer par les fraudes au de sociétés installées dans de l’effondrement de la monnaie particulièrement frileuse de la de la répression » intervention d’un juge d’instruction budget, car il s’agit de protéger des lointains paradis fiscaux, l’argent russe, à la mi-août 1998, avait per- réponse envoyée à l’occasion de la à la fois enquêteur et juge, et d’un intérêts supranationaux, européens de la communauté internationale mis la constitution de quelques Conférence interparlementaire parquet omniprésent dépendant par nature, intérêts d’une impor- pour permettre à quelques oli- fortunes privées –, il a pourtant réunie à Bruxelles en novembre Paradoxalement, le risque d’im- du pouvoir exécutif), sont très tance vitale pour l’Europe dont ils garques de s’enrichir. Pis, on y ap- décidé de reprendre ses prêts. Les dernier sur la protection des inté- punité pour les délinquants les affaiblies par l’évolution des pra- commandent la crédibilité et l’effi- prend que ce détournement de conditions posées ne sont guère rêts financiers du citoyen euro- mieux organisés n’exclut pas, pour tiques. cacité, en particulier au moment du fonds se fait, sinon avec l’accord, contraignantes. Les oligarques péen. A l’époque, ignorant l’initia- les quelques petits délinquants Mais la comparaison ne suffit lancement de l’euro. en tout cas en toute connaissance qui prospèrent à l’ombre du tive du Sénat en faveur de la finalement poursuivis, le risque de pas. Il faudra apprendre à ordonner Dans un deuxième temps, la de cause de la part des grands de Kremlin vont pouvoir poursuivre construction d’un « espace judi- traitement discriminatoire. Une le multiple, par exemple en combi- compétence du parquet européen ce monde : les responsables du leur vol. ciaire européen » (rapport Fauchon, étude récemment menée par une nant l’unification (des règles devrait s’étendre à la lutte contre FMI et d’abord Michel Camdes- Le prêt à la Russie est devenu, 1997) et prétendant s’exprimer au ONG (Fair Trials Abroad), qui communes strictement identiques) toute la criminalité organisée, celle sus, son directeur général, mais pour le FMI, une seconde nature nom de la chancellerie, l’Assemblée défend les droits des citoyens euro- quand elle est nécessaire et pos- qui concerne des intérêts interna- aussi, avec lui, nos ministres des et donc une habitude dangereuse. nationale motivait par « son atta- péens jugés dans un autre pays de sible et, sinon, l’harmonisation (des tionaux, européens par vocation finances, les Larry Summers Elle pourrait provoquer, un jour, chement au principe de la souverai- l’Union, démontre que depuis quel- principes communs pouvant être pourrait-on dire, car les organisa- (Etats-Unis), Gordon Brown la colère des contribuables occi- neté nationale » le refus d’un par- ques années les problèmes posés appliqués dans les différents Etats tions criminelles se déploient bien (Grande-Bretagne) et autres dentaux. Déjà, notamment aux quet européen. ont considérablement augmenté, avec une « marge nationale d’ap- au-delà des frontières nationales Dominique Strauss-Kahn, qui Etats-Unis, ils acceptent difficile- Et pourtant, qu’il s’agisse de lut- qu’il s’agisse de la détention provi- préciation »). et, selon la formule de la ministre sont tous administrateurs du ment qu’une partie de leurs im- ter contre le crime organisé dans soire, plus largement utilisée contre S’agissant des fraudes au budget de la justice, « l’argent sale bouge à Fonds. pôts serve à aider les pays les plus son ensemble ou plus spécifique- eux, de la preuve, beaucoup plus européen, ou de la criminalité la vitesse électronique ». La culture du détournement de pauvres. Bientôt, ils seront peut- ment contre les fraudes au budget difficile à fournir, ou tout simple- organisée, l’unification des défini- Cette construction juridique fonds publics est certes, en Rus- être révoltés d’apprendre qu’elle de l’Europe (80 % du montant ment du risque fréquent de double tions pénales est nécessaire, européenne, pluraliste et évolutive, sie, une tradition que soixante-dix sert en réalité à la constitution de relève de fraudes transnationales poursuite et de jugements par comme l’expérience en a surabon- est d’autant plus nécessaire qu’elle ans de socialisme d’Etat ont quelques grandes fortunes ma- fortement organisées), la nécessité défaut. damment fait la preuve, et pos- répond à un double objectif : mieux contribué à ancrer. Nul ne peut fieuses, notamment à Moscou. d’une « lutte européenne » n’est Il reste à savoir comment sible, comme le démontre le projet protéger les intérêts de l’Europe et plus à démontrer. Selon une for- construire cet « espace de liberté, de Corpus juris. Elle devra s’accompa- de ses citoyens et, plus largement, 0123 est édité par la SA LE MONDE mule du Corpus juris reprise par la sécurité et de justice » annoncé par gner d’une unification partielle des constituer une alternative à la Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Cour des comptes européenne en le traité d’Amsterdam. C’est à la règles de procédure, au moins à la menace d’une mondialisation Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; 1998, il convient d’apporter « une fois la difficulté majeure, compte phase préparatoire du procès qui le hégémonique qui étendrait à la pla- Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint réponse radicalement nouvelle à une tenu de la diversité des traditions plus souvent détermine la solution nète le système juridique de l’Etat Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau absurdité dénoncée par tous, mais juridiques nationales, et le défi le finale. La création de procès-ver- économiquement le plus puissant. Directeur artistique : Dominique Roynette toujours tolérée, qui consiste à ouvrir plus stimulant, car il préfigure celui baux européens d’interrogatoire et Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment largement les frontières aux délin- qui est aujourd’hui lancé à l’échelle d’audition pour les suspects et les Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; quants pour les refermer aux organes mondiale et, en ce sens, l’espace témoins, ou encore d’un mandat Mireille Delmas-Marty Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; chargés de la répression, au risque judiciaire européen apparaît d’arrêt européen, permettrait de est professeur à l’université Paris-I. Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan Médiateur : Robert Solé fonds anglo-saxons pour l’essen- encore s’agissant de militants pro- groupe bancaire du pays et dont le tiel. Ceux-ci détiennent la grande européens. Les « trésoriens » ont premier actionnaire n’est autre Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Le dernier Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; majorité du capital de Paribas et été les principaux concepteurs de que le Crédit agricole français ! La partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre de la Générale, comme de la plu- l’euro, ils en ont vanté tous les Commission européenne s’em- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président part des grandes entreprises fran- avantages économiques et finan- ploie, quitte parfois à utiliser la combat Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), çaises. Ce sont eux en réalité qui ciers auprès des politiques et de menace ou la force, à obliger les André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) vont décider de l’issue du conflit. l’opinion publique : ils s’opposent Etats membres à mettre en confor- Ce sont ensuite des banques aujourd’hui à toute idée de mité leurs discours proeuropéens Le Monde est édité par la SA Le Monde des «trésoriens» Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. d’affaires anglo-saxonnes, améri- mariage entre banques de l’Euro- avec leurs actes. Elle vient de Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, caines presque exclusivement, qui land. Ils s’accrochent à la thèse du condamner avec vigueur l’attitude Fonds commun de placement des personnels du Monde, Suite de la première page Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, sont chargées par chacun des belli- secteur « stratégique » qui, depuis protectionniste du gouvernement Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, Pendant toute cette bataille, gérants de concevoir les stratégies, la fin de l’encadrement du crédit et portugais. Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. Bercy n’a, de fait, eu qu’une seule les Goldman Sachs, Morgan Stan- la suppression du contrôle des On peut finalement se deman- et unique préoccupation : éviter ley, et autres Merrill Lynch. changes, a pourtant perdu une der si, derrière l’argumentation l’« internationalisation du conflit ». grande partie de sa pertinence. « nationaliste » des « trésoriens », ILYA50 ANS, DANS 0123 Si le ministre de l’économie n’a HYPOCRISIE FLAGRANTE Avocats de la modernisation et ceux-ci ne cherchent pas davan- plus les moyens de jouer au Il y a donc de la part des « ins- de la mondialisation financières, tage à préserver ce qu’il leur reste mécano, comme ses prédéces- pecteurs des finances-Trésor » une ils construisent aujourd’hui une de pouvoir. Partout ils sont sur la Guerre et richesses naturelles seurs, il n’en dispose encore pas grande hypocrisie à prétendre ligne Maginot dans le domaine défensive – tel Philippe Jaffré, à la moins de quelques instruments n’avoir, dans cette affaire, qu’un bancaire. Certes, Paris n’a pas, en tête d’Elf, aujourd’hui menacé par ON N’APPRÉCIE pas toujours à liers, etc., à tous les chantiers des pour influer sur le cours des seul objectif : maintenir en France, la matière, le monopole du souve- son concurrent Total dirigé par sa valeur le rôle essentiel du trans- pays occupés. Ce n’était ni pour choses. On vient de le voir avec la et dans « l’intérêt national », les rainisme. Le gouvernement portu- l’« ingénieur » Thierry Desmarest. port dans l’économie. Certains ont débarquer en Angleterre ni pour décision de la Commission des centres de décision de nos entre- gais en donne actuellement la Les « trésoriens » ont du mal à cependant calculé que, du coolie passer au travers d’un blocus qu’on opérations de Bourse (COB) de prises – le terme est utilisé dans le preuve : il s’oppose de toutes ses vivre les conséquences d’un mou- chinois au commandant de paque- n’avait guère d’espoir de forcer, mais bloquer les titres SG acquis par communiqué commun publié par forces, là encore sous prétexte de vement de libéralisation qu’ils ont bot transatlantique, 80 % de l’acti- simplement pour assurer les trans- l’assureur britannique CGU. Il a Bercy et la Banque de France. défense de l’« intérêt national », à eux-mêmes souhaité. Avec la vité de l’homme par le monde se ports du continent européen. donc activement mobilisé ces Quoi qu’ils prétendent, ces déci- un rapprochement entre le groupe direction du Trésor, ils étaient les dépensent en transports. Aux dis- Les pyrites d’Espagne, le fer de quelques organismes dits « indé- sions échappent déjà au pays. bancaire portugais Champalimaud maîtres, régentant les affaires du tances d’un continent comme Suède, le bois de Finlande, le blé de pendants » que sont le Comité des C’est là que se joue la vraie indé- et l’établissement espagnol BSCH. pays dans le secret des ministères, l’Afrique ou l’Eurasie le seul trans- Transylvanie, le pétrole de Rouma- établissements de crédit (Cecei) et pendance financière d’une nation. Et de nombreux autres pays euro- ils ne sont plus aujourd’hui que port économiquement acceptable nie, tout cela était bien à la disposi- la COB. Il ne devrait pas manquer Faute de banques d’affaires puis- péens ne font guère preuve d’une des acteurs comme les autres, est celui qui s’exécute par mer ou tion de Hitler, mais à condition de de les mobiliser encore si la BNP santes, faute d’un réel actionnariat ouverture d’esprit plus grande que obligés de se plier, au grand jour, par la navigation intérieure sans l’amener dans ce petit coin d’Europe conserve la moindre chance de collectif, la restructuration des la France. Le secteur bancaire alle- aux règles du marché. L’euro, ce écluses, en de rares régions favori- occidentale, du Pas-de-Calais à la pouvoir l’emporter à l’issue de la banques privées françaises est mand reste solidement cartellisé et formidable accélérateur de l’his- sées qui sont essentiellement le Rhin Ruhr, où il avait la prétention de bataille. conçue par des architectes, améri- difficilement pénétrable pour les toire économique sur un Vieux et les Grands Lacs. Si les trois quarts concentrer la majeure partie de Si l’on peut comprendre le souci, cains la plupart du temps – repré- établissements étrangers. Continent endormi, les déroute. de l’industrie mondiale sont concen- l’industrie européenne. La voie de politique, de DSK – il ne veut pas sentés parfois en France par des Les positions, toutefois, com- L’Europe était leur projet, elle est trés en Europe occidentale ou entre mer, ou la voie sensiblement aussi apparaître comme le ministre qui « trésoriens » justement ; elle est mencent à évoluer. En Italie, la devenue leur poison. New York et Chicago, c’est bien à économique de grands fleuves aura laissé la banque française décidée par des actionnaires banque centrale a donné son cause de la perfection naturelle de la comme le Rhin, convenaient seules passer sous la coupe des étran- étrangers, américains souvent. accord à la fusion entre Comit et Pierre-Antoine Delhommais voie d’eau en ces régions. à l’exploitation d’un ensemble à gers – l’argument, venant des L’hypocrisie est plus flagrante Banca Intesa, devenu le premier et Erik Izraelewicz L’un des traits les plus curieux de l’échelle de l’Europe. « trésoriens », n’en est pas moins la conduite allemande de la guerre surprenant. L’internationalisation est la commande, fin 1940, d’un ton- Camille Rougeron du conflit ? Cette bataille n’est-elle RECTIFICATIFS recherche médicale (elle lui représentait le cirque Romanès. En nage imposant de cargos, de pétro- (6 août 1949.) pas d’ores et déjà totalement apporte environ 4 milliards de légende, une erreur s’est glissée internationale. Au cours des der- WELLCOME TRUST francs par an), est en réalité indé- dans les coordonnées du spectacle. nières semaines, les présidents des L’article consacré à l’accord pendante du groupe Glaxo Well- Il fallait lire : Cirque Romanès, du 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS trois banques concernées ont franco-britannique sur la cons- come, né en 1995 du rachat de la 2 au 14 août, passage Lathuile, Télématique : 3615 code LEMONDE passé le plus clair de leur temps à truction d’un synchrotron présen- société Wellcome – dont Wellcome Paris 18e. Tél : 01-43-87-16-38. Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC Londres et New York pour y ren- tait Wellcome Trust, l’un des trois Trust détenait 39,5 % des actions – ou 08-36-29-04-56 contrer et y séduire les grands partenaires du projet avec les gou- par Glaxo. La fondation conserve CAMBODGE Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 investisseurs. vernements anglais et français, toutefois 4,7 % des parts du nouvel Dans nos éditions datées 4 août, Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 En raison du sous-développe- comme une fondation du groupe ensemble. l’article intitulé « Après trois décen- ment du capital en France, les vrais pharmaceutique britannique nies d’horreurs, le Cambodge se Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr arbitres de cette bataille sont les Glaxo Wellcome (Le Monde du CIRQUE ROMANÈS normalise » comportait une erreur actionnaires étrangers, les inves- 3 août). Wellcome Trust, fondation La photographie de Bertrand de date : les élections ont eu lieu Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 tisseurs internationaux, les grands privée de financement de la Desprez, dans Le Monde du 4 août, en juillet 1998, et non 1999. LeMonde Job: WMQ0608--0014-0 WAS LMQ0608-14 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0275 Lcp: 700 CMYK

14 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999

CONCENTRATIONS Dow deux mondial du secteur. b LE de Nemours. b LA FUSION, qui doit 168 pays. b LE SECTEUR est dans un poussent à un recentrage des Chemical et Union Carbide ont an- CHIFFRE D’AFFAIRES du nouveau être effective au premier trimestre cycle bas et se restructure en cou- groupes industriels. b L’HISTOIRE noncé leur projet de fusion, mercre- groupe sera de 24 milliards de dol- 2001, entraînera la réduction d’envi- pant le lien entre pétrole et chimie. d’Union Carbide et de Dow Chemi- di 4 août. Les deux américains vont lars. Il talonnera le numéro un mon- ron 4 % des effectifs, qui s’établi- Les rapprochements, qui ont égale- cal est jalonnée d’accidents indus- créer un géant de la chimie, numéro dial, également américain, DuPont ront à 49 000 personnes dans ment cours dans la pharmacie, triels qui ternissent leur image. Dow Chemical et Union Carbide créent le deuxième chimiste mondial En lançant une fusion amicale, les deux groupes américains vont talonner leur compatriote DuPont. Cette opération surprise relance l’intérêt de la Bourse pour la chimie, jusque-là largement boudée par les investisseurs LES AMÉRICAINS ont créé la d’ores et déjà annoncé, faisant état Le nouveau classement mondial dans la chimie En prenant le contrepied de ses turation interne qui a permis une surprise, mercredi 4 août, en an- de réduction d’emplois concernant concurrents, soucieux de désinves- réduction des coûts de fonctionne- noncant la création d’un nouveau 4 % des effectifs (soit 2 300 postes), CHIFFRE D'AFFAIRES 1998 en milliards d'euros tir dans la chimie de base, le PDG ment de 2,2 milliards de dollars, et géant, numéro deux mondial de la qui sera ramené à 49 000 personnes de Dow Chemical peut se montrer vendait pour un total de 10 mil- 25 chimie, par la fusion de Dow Che- dans 168 pays, essentiellement par fédérateur dans un secteur parti- liards de dollars d’actifs considérés mical avec Union Carbide. Ce pro- non-remplacement des départs. culièrement fragilisé. La nouvelle comme non stratégiques. Parallèle- jet amical, d’un montant de Dow Chemical et Union Carbide 20 entité se trouve dans le peleton de ment, le groupe a acquis plusieurs 11,6 milliards de dollars (10,9 mil- espèrent, grâce à la fusion, une ré- tête des fabricants de polyéthylène, autres sociétés, à nouveau pour un liards d’euros), a été approuvé par duction des coûts de fonctionne- 15 un matériau utilisé aussi bien pour montant total de 10 milliards de les conseils d’administration de ment « d’au moins 500 millions de les sacs plastiques que les embal- dollars, dont les principales sont chacune des deux entreprises amé- dollars par an ». La nouvelle société 10 lages alimentaires. Ensemble, Dow Sentrachem, Buna Sow Leuna Ole- ricaines. L’opération aura lieu sous pourra « parvenir à des objectifs fi- et Union Carbide détiendront envi- finverbund (BSL) et Mycogen. Le nanciers ambitieux, notamment une forme d’échanges d’actions, les ac- 5 ron 20 % du marché mondial de ces 2 août, la compagnie a annoncé un tionnaires d’Union Carbide rece- croissance annuelle du bénéfice par plastiques très répandus, et près de accord pour le rachat d’Angus Che- vant 0,537 action de Dow Chemical action supérieure à 10 % au cours de 40 % du seul marché américain. Les mical Company, une firme cana- 0 pour chacun de leurs titres, soit ce cycle », a indiqué William Sta- autorités de la concurrence devront dienne de spécialités chimiques. ICI une surcote de 37 % par rapport à vropoulos, le PDG de Dow Chemi- DSM juger si un tel poids n’est pas trop Cette dernière OPE sur son BASFBayer Solvay DuPont Rhodia Clariant la valeur boursière d’Union Car- cal. Pour William Joyce, PDG BPAmoco TotalFina Celanese fort. compatriote Union Carbide, vingt « dans une indus- /Un. Carbide Akzo Nobel Elf Atochem bide, début août. d’Union Carbide, Degussa Huls Rohm & HaasCiba Specialty et unième de son secteur, bouscule trie chimique en pleine restructura- ow « Cette La nouvelle entité – qui gardera D Royal Dutch/Shell LES EXPERTS PAS CONVAINCUS la donne dans la chimie. le nom de Dow Chemical et dont le tion avec moins de groupes mais plus La décision du PDG de Dow a transaction nous fait faire un pas de Source : Elf siège sera à Midland, dans le Mi- puissants, le rapprochement de Dow surpris tous les analystes financiers, géant afin de faire de Dow l’entre- chigan (siège de Dow) – pèsera et d’Union Carbide va créer une En fusionnant avec Union Carbide, n° 21 de la chimie mondiale, Dow Chemical d’autant que le groupe semblait prise chimique la plus productive au e e 24 milliards de dollars de chiffre nouvelle référence pour le secteur ». passe du 4 au 2 rang du classement. Le secteur de la chimie, dont le leader tenté par un renforcement dans les monde », a souligné M. Stavropou- est DuPont, est désormais dominé par deux conglomérats américains. d’affaires pour un bénéfice d’ex- sciences de la vie. Dow dispose los. Ce qui n’a pas convaincu les ex- ploitation de 3 milliards. Elle se RETOUR AUX MÉTIERS DE BASE d’une solide branche agrochimique perts financiers. Les actions Dow glisse entre DuPont de Nemours, Depuis quelques mois, le pay- chimie pour se concentrer dans les gissant leurs activités au plan mon- et avait déboursé 500 millions de Chemical ont sensiblement baissé à numéro un mondial de la chimie, et sage de la chimie et de la pharma- sciences de la vie : la fusion de San- dial. Dans le choix du portefeuille dollars pour acquérir une société l’annonce du projet, à Wall Street, l’allemand BASF. Grâce à cette ac- cie change définitivement de vi- doz et Ciba (Novartis) a vu naître d’activité, la chimie de base, activi- de biotechnologies renommée, alors qu’elles avaient grimpé de quisition, Dow Chemical gonfle ses sage. Beaucoup de grands groupes Clariant et Ciba Spécialités té cyclique par excellence, est de Mycogen. M. Stavropoulos, lors 37 % sur l’année. A l’annonce de activités d’environ 30 % et remonte pétroliers ne sont déjà plus des Chimiques, celle de Rhône-Poulenc plus en plus boudée. En effet, à la d’une téléconférence internatio- l’opération, en revanche, les autres de 25 places au classement Fortune chimistes, et réciproquement. Ain- et de Hoechst (Aventis) a abouti à Bourse, les groupes de chimie eu- nale, mercredi 4 août, a nié avoir sociétés chimiques ont connu un des 500 plus grandes compagnies si, DuPont s’est désengagé de la mise sur le marché de Rhodia et ropéens ont enregistré, en 1998, changé de stratégie, arguant avoir regain d’intérêt boursier. Nul doute américaines, pour s’établir au Conoco, sa filiale pétrolière, et les à la création de Celanese. une baisse de 14 % en valeur contre ciblé « en plein dans le mille ». «Les que l’émergence de ce nouveau 50e rang. Il prévoit une future capi- pétroliers Arco et Texaco, ou Dans le but de « créer de la va- une hausse de 25 % pour la phar- bons résultats d’Union Carbide en géant américain de la chimie n’ac- talisation boursière d’environ BP Amoco et Shell, de leur chimie. leur » pour leurs actionnaires, les macie et seulement 5 % pour les chimie de spécialités vont développer célère la mutation d’une industrie 35 milliards de dollars et des actifs Parallèlement, de nouveaux acteurs entreprises pratiquent une double compagnies « hybrides » (intégrant les performances globales du en fin de cycle. de plus de 30 milliards. chimiques se créent à partir de offensive : elles se spécialisent dans santé et chimie), selon les analyses groupe », a-t-il indiqué. Dès 1993, Un plan de restructuration est groupes qui séparent leurs activités leurs métiers de base, tout en élar- de Goldman Sachs. Dow Chemical opérait une restruc- Véronique Lorelle Une activité qui pèse sur les résultats de Hoechst Des groupes marqués par de graves accidents industriels La chimie a fait reculer les résultats semestriels de Hoechst, ren- dus publics par la firme allemande mercredi 4 août. Le groupe phar- « DOW CHEMICAL et Union Car- grands chimistes américains sont nate s’échappent et forment un beaux actifs. A la fin des années 80, maceutique, en cours de fusion avec Rhône-Poulenc, a prévu de re- bide sont des sociétés qui ont la même perçus avec méfiance. Le nom nuage noir sur la ville. En retom- son chiffre d’affaires a diminué de grouper, à l’automne, ses activités chimiques au sein d’une nouvelle culture et une grande complémentari- d’Union Carbide surtout reste asso- bant, ce nuage toxique fait moitié pour tomber autour de 5 mil- société qui sera baptisée Celanese AG (voir classement), pour pou- té entre elles (...). Depuis longtemps, cié à celui de la catastrophe de Bho- deux mille à trois mille morts dans liards de dollars. Il n’a jamais retrou- voir ensuite s’en séparer par le biais d’une mise sur le marché. En at- toutes les deux se sont engagées au- pal, considérée comme le plus grand la journée, quatre mille personnes vé par la suite sa taille d’antan. tendant, les pertes de cette branche se sont élevées à 189 millions près de leurs clients et de leurs sala- désastre de l’histoire industrielle. en un mois. Le bilan officiel de la A côté, les déboires de Dow Che- d’euros pour les six premiers mois de l’exercice en cours, faisant riés, dans le respect de l’environne- catastrophe de Bhopal est de mical apparaissent mineurs. Ils ont baisser de 33 % le résultat opérationnel de Hoechst. ment et de l’éthique dans les pays où CATASTROPHE À BHOPAL six mille cinq cents morts, tandis tout de même empoisonné la vie de Ce dernier affiche néanmoins un bénéfice net semestriel en elles travaillent », s’est félicité Wil- Dans la nuit du 2 au 3 décembre que des associations de défense la société pendant plusieurs années. hausse de 2 %, à 539 millions d’euros, en raison d’un élément extra- liam Joyce, PDG d’Union Carbide, 1984, une fuite apparaît dans le ré- parlent de plus d’une dizaine de mil- Spécialiste du plastique, Dow Che- ordinaire : la cession du fabricant de laques Herberts au numéro un lors de l’annonce de la fusion de son servoir 601 de l’usine de pesticides liers de victimes et de milliers de mical avait créé dans les années 60, mondial de la chimie, l’américain DuPont, pour 671 millions d’euros. groupe avec Dow Chemical. Dans le d’Union Carbide à Bhopal, capitale personnes handicapées à vie. en partenariat avec l’américain Cor- Le groupe a indiqué qu’il prévoit « de nouveau des facteurs exception- grand public, l’image de ces compa- de l’Etat indien du Madhya Pra- Aux lendemains du désastre, le ning, une filiale, Dow Corning, des- nels au second semestre ». gnies est un peu différente. Les deux desh : 40 tonnes de méthyl isocya- gouvernement indien paraît déter- tinée à la fabrication d’implants miné à demander des comptes et mammaires en silicone. Cette socié- poursuit Union Carbide devant les té devenait rapidement numéro un tribunaux américains en lui récla- aux Etats-Unis dans ce secteur. Mais Vade-mecum pour les actionnaires de Paribas et de la Générale mant 2,6 milliards de dollars de de nombreuses femmes, au fil des dommages et intérêts. La justice ans, se plaignirent de nombreux dé- « QU’ILS détiennent pour élevés que ceux du 29 janvier (res- b Fiscalement, chacune des principale de la Société générale de américaine s’estimant incompé- sagréments à la suite d’une implan- 10 000 francs ou 100 000 francs de pectivement 84 euros et 158 eu- offres subsidiaires est plus inté- 5 titres SG contre 8 titres Paribas tente, le dossier est transféré devant tation. Des études mirent même en titres, les petits actionnaires de la ros), à la veille de l’annonce de leur ressante car celles-ci se limitent à plus une soulte de 75 euros. les tribunaux indiens. L’affaire traîne doute l’innocuité de ces prothèses Société générale ou de Paribas en projet de fusion. Le sort de la BNP un échange de titres, alors que les – Si un actionnaire de SG désire en longueur : Union Carbide mammaires, laissant planer des ont assez ! Michel Pébereau a lancé est moins enviable : le 4 août, son offres principales comprennent le apporter ses titres à la BNP, il lui conteste toutes les demandes d’in- risques de cancer. Près de son raid sur SG-Paribas le 9 mars et titre avait perdu 3,75 % par rapport versement d’une soulte en liquide. faut détenir un multiple de 7 ac- demnisation, les estimant trop éle- deux mille Américaines déposèrent nous sommes le 5 août. En outre, le à son niveau du 9 mars, juste avant Mais les offres principales sont tions SG (offre principale) ou de vées. Désireux d’attirer des investis- plainte. résultat – provisoire – des OPE ne se- que Michel Pébereau ne lance son aussi plus intéressantes financière- 5 actions SG (offre subsidiaire). seurs américains, le gouvernement Incapable de faire face aux consé- ra connu que le 17 août ! Sans offensive ! Quelles sont les marges ment. b Que se passe-t-il si un por- indien finit par se montrer conci- quences financières de ces procès compter que l’ensemble des opéra- de manœuvre des actionnaires ? b Comment apporter ses titres teur décide de conserver ses liant. En 1989, Union Carbide est gigantesques, Dow Corning se réfu- tions est d’une rare complexité. Ils ne b Les actionnaires ont jus- à une offre ? titres ? Il est actionnaire de Pari- condamné à payer 470 millions de gia sous la protection du chapitre 11, savent plus à quel saint se vouer », qu’au vendredi 6 août minuit – Pour un actionnaire de Paribas, bas, et n’apporte ni à la BNP ni à la dollars au total, près de six fois qui régit les sociétés américaines en constate Yann Jourdren, chargé de pour se prononcer. Toutefois, s’ils sachant que la BNP s’est engagée à Société générale. La situation reste moins que la somme demandée ini- faillite. Emporté dans la tourmente, clientèle de la société de Bourse passent par des intermédiaires fi- accorder, pour 20 actions Paribas, floue pour l’heure. Si SG remporte tialement. La plupart des victimes, Dow Chemical essaya de dégager sa Ferri. nanciers, il leur faudra se rensei- 29 actions BNP assorties de Paribas, il peut y avoir fusion, pauvres, ne seront jamais indemni- responsabilité. La justice américaine Ces derniers jours, les petits por- puisque c’est ce que souhaitaient sées, l’argent versé ayant été large- le rappela à l’ordre, en le déclarant teurs inondent d’appels les stan- au départ les deux banques, auquel ment détourné. coupable de « négligence » et de dards des trois protagonistes. A la Mobilisation et optimisme dans les deux camps cas les actions Paribas feront l’ob- « conspiration » avec sa filiale Dow BNP, on traite entre 600 et 800ap- jet d’un échange automatique. IMPLANTS MAMMAIRES Corning. Aujourd’hui, la plupart des pels par jour, contre la moitié il y a A moins de deux jours de la fin de la bataille boursière qui oppose Mais si tel n’est pas le cas, de mul- Union Carbide, cependant, ne se procédures semblent achevées. une semaine. Celui de Paribas en la BNP à la Société générale et Paribas, fixée vendredi 6 août à mi- tiples cas de figure peuvent se pré- remettra jamais de cet accident. En Dow Chemical et sa filiale ont versé était mercredi à 800 appels par nuit, la mobilisation des équipes pour tenter de rallier les derniers senter. Si la BNP remporte la mise, 1985, le chimiste fait l’objet d’une déjà près de 5 milliards de dollars jour. indécis à leur projet restait intacte. La Société générale mène ainsi elle peut lancer une OPA sur les OPA hostile lancée par un spécia- aux plaignantes américaines, dix fois Depuis le début de l’opération, une campagne publicitaire agressive dans la presse anglo-saxonnne titres restants, mais elle peut aussi liste de l’immobilier, Samuel Hey- plus qu’Union Carbide pour les vic- 25 000 actionnaires individuels ont intitulée : « Say no to BNP ! » Et chacun des deux camps continue à s’arranger avec les autres action- man. Pour se défendre, le groupe times de Bhopal. pris contact avec le service afficher sa confiance dans la victoire. naires, ou encore laisser Paribas augmente son capital, s’endette et communication de Paribas sur les Daniel Bouton, président de la Société générale, a indiqué à La coté en tant que tel. Même chose est contraint de vendre ses plus Martine Orange 400 000 qui détiennent 10 % du ca- Tribune, jeudi 5 août, être « en légère avance sur la BNP ». Le pré- dans le cas où elle remporterait la pital de la banque. « Que dois-je sident de la BNP, Michel Pébereau, se dit de son côté assuré de déte- majorité du capital de la Société faire de mon argent, combien vais-je nir plus de 50 % de Paribas et de disposer dans la Société générale générale. Un petit porteur peut gagner, combien vais-je perdre, d’« une majorité permettant d’avoir le pouvoir effectif de contrôle sur le donc fort bien conserver pour Elf attaque TotalFina quelles sont les implications fis- capital de la Société générale ». Mais au regard de l’évolution des longtemps ses titres en l’état. cales ? », telles sont les questions titres, les marchés restent encore très indécis. b A partir des cours du 4 août, qui reviennent sans cesse, précise l’offre de la BNP sur SG valorise sur ses méthodes comptables le responsable du service, José l’action de cette dernière à Saint-Josse. gner sur l’heure de fermeture des 13 CVG (certificats de valeur ga- 168,24 euros pour l’offre principale ELF AQUITAINE a annoncé, jeudi 5 août, avoir saisi le Conseil natio- De fait, ils ont de quoi être dé- établissements et sur le mode de rantie), il lui faut apporter des quo- et à 163,90 euros pour l’offre subsi- nal de la comptabilité sur les règles comptables adoptées par Total sarçonnés. Depuis la mi-juin, les communication à adopter (par tités de 20 actions ou des multiples diaire (limitée à 30 % du capital). lors de sa fusion avec la compagnie belge Petrofina et que le groupe cours des trois établissements ne courrier, déplacement au gui- de 20. Autrement dit, s’il détient L’offre de BNP sur Paribas valorise entend utiliser s’il prend le contrôle d’Elf. La compagnie dirigée par cessent de s’effriter. Mercredi chet...) sachant qu’il leur faudra 23 actions, il ne lui est pas possible cette dernière à 115,72 euros par Philippe Jaffré s’en prend au régime dit de la « mise en commun d’inté- 4 août, le titre Paribas a plongé de remplir un formulaire type. d’apporter tout ses titres à l’offre action en tenant compte d’un CVG rêts » (pooling of interest), qui permet dans le cadre d’une fusion de 7,20 % à 99,20 euros, alors qu’il b Il n’est plus possible depuis sauf s’il vend les trois actions ex- à 7,7 euros (valeur théorique). En- rapprocher les bilans des deux sociétés concernées et d’éviter ainsi avait atteint un plus haut à mardi 3 août d’acheter des ac- cédentaires. S’il détient 17 actions, fin, l’offre principale de la Géné- tout amortissement de survaleur, à condition de détenir toutefois 119,50 euros à la mi-juin, celui de la tions, en plus de celles déjà déte- il ne lui est pas non plus possible rale sur Paribas valorise le titre à plus de 90 % de la société visée. Générale ayant abandonné 2,87 % nues, pour pouvoir apporter des de participer à l’OPE. Pour pouvoir 114,99 euros et l’offre subsidiaire à Par ailleurs, M. Jaffré estime dans un entretien au Wall Street Journal à 169 euros, alors qu’il valait plus titres à l’une ou l’autre offre. Le dé- le faire, il lui aurait fallu acquérir 112,67 euros. du 5 août que le marché « n’a pas compris » l’offre lancée par son de 180 euros à la même période. lai pour effectuer le règlement et la trois actions avant la date limite du groupe sur TotalFina en réponse à celle de ce dernier. Leurs cours restent toutefois plus livraison des titres est dépassé. 3 août. Même principe pour l’offre Sophie Sanchez LeMonde Job: WMQ0608--0015-0 WAS LMQ0608-15 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0276 Lcp: 700 CMYK

15 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999

DÉPÊCHES a PRESSE : le quotidien Le Bien public-Les Dépêches de Dijon Le patriarche de Bertelsmann organise son départ en douceur (groupe Hersant) se voit privé depuis deux ans de la publi- cation d’annonces légales en Reinhard Mohn, soixante-dix-huit ans, a transmis ses droits de vote à une société qui regroupe raison d’un article jugé « ten- dancieux » par le tribunal de les principaux dirigeants de cette maison d’édition, devenue le troisième groupe mondial de communication commerce de Dijon. Cette déci- sion, révélée par Le Canard FRANCFORT A l’avenir en effet, la Bertels- sera d’un droit de veto, et gardera dans 50 pays, pour un chiffre péens du secteur, en s’associant Enchaîné du mercredi 4 août, est de notre correspondant mann Verwaltungsgesellschaft sera ainsi une position centrale. d’affaires d’environ 28 milliards de avec la CLT (CLT-UFA). Aux Etats- intervenue à la suite d’un article Cette ultime étape devait sur- l’un des principaux centres névral- Néanmoins, la mise en place de deutschemarks (14,2 milliards Unis, le groupe se renforce dans paru en juin 1997 dans Le Bien venir au moment de sa mort. giques du troisième groupe mon- cette société marque une nouvelle d’euros). l’édition et se lance avec succès public, consacré à un jugement Reinhard Mohn, le patriarche de dial de communication. Elle est étape dans la retraite de Reinhard Reinhard Mohn voulait devenir dans le divertissement et l’édition rendu par le tribunal de commerce Bertelsmann, a précipité les événe- constituée de six membres, des Mohn. Particularité de cette transi- ingénieur, et c’est son père qui l’a musicale, en reprenant BMG Enter- et qui n’a pas « plu au greffier », a ments pour mieux les maîtriser. proches, voire des intimes de Rein- tion en douceur : la famille ne poussé vers les livres. En 1947, après tainment, puis l’éditeur Random indiqué à l’AFP Jean Viansson- L’homme qui a conduit depuis la hard Mohn, issus pour la plupart du reçoit qu’un des six sièges perma- trois ans de captivité dans des pri- House, en juillet 1998. Il devient le Ponté, directeur général du seconde guerre mondiale le formi- sérail. Mark Wössner, ancien pré- nents, qui sera occupé par l’épouse sons américaines pendant la plus important éditeur en langue journal. dable développement du groupe sident du directoire et actuel de M. Mohn, Liz. Ses deux fils sala- guerre, il reprend la direction de la anglaise. Ses ventes se répartissent a Gilles Dauxerre, rédacteur en multimédia a transmis, début juil- patron du conseil de surveillance, riés du groupe n’ont pas voix au maison d’édition familiale fondée de façon quasi égale entre les Etats- chef de L’Yonne républicaine, let, ses droits de vote (90 %) à une en sera le gérant. Thomas Middel- chapitre. Issu de la cinquième géné- en 1835. Il reconnaît d’ailleurs Unis, l’Europe et l’Allemagne. «En depuis mars 1984, est nommé société qui rassemble les princi- hoff, qui lui a succédé en 1998, y sié- ration Bertelsmann, Reinhard « n’avoir jamais eu de passion parti- moyenne, chaque Allemand passe rédacteur en chef de Paris Nor- paux dirigeants de Bertelsmann. gera également, tout comme Gerd Mohn a souhaité dissocier sa des- culière pour la littérature », et aurait une heure par jour avec des produits mandie (groupe France Antilles) à Officiellement, il se retire pour Schulte Hillen, patron de Grü- cendance, qui conserve 20,5 % du pu vendre aussi bien des voitures de la maison », estimait récemment partir du 1er septembre, où il rem- « raisons de santé ». A soixante-dix- ner & Jahr (la filiale presse du capital, de la gestion des affaires. ou du textile. Son coup de génie l’hebdomadaire Der Spiegel. placera Dominique Raffin. huit ans, expliquait-il récemment groupe), Dieter Vogel, l’ex-diri- En 1993, déjà, il avait confié à la fon- réside, entre autres, dans la créa- Aujourd’hui, seuls les américains a AUDIOVISUEL : selon Le au mensuel Manager Magazin, il est geant du conglomérat Thyssen, dation Bertelsmann près de 70 % tion des clubs de vente de livres, qui Time Warner et Disney pèsent plus Figaro, « les crédits budgétaires difficile de supporter une telle membre du conseil de surveillance, du capital que détenait la famille. fidélisent la clientèle abonnée, tout lourd en terme de chiffre d’affaires. [de l’audiovisuel public en 2000] charge de travail. En anticipant les et Erich Ruppik, un représentant du en assurant des ventes régulières. Mais dorénavant, Bertelsmann s’élèveront à 600 millions de échéances, M. Mohn, qui demeure personnel. De son vivant, M. Mohn CAPITALISME RHÉNAN Bertelsmann bénéficie alors de la affiche ses ambitions pour Internet. francs (91,4 millions d’euros) ». malgré tout fidèle à ses sorties quo- appartiendra naturellement à ce Car sous son égide, l’entreprise reconstruction du pays, ces années L’arrivée de Thomas Middelhoff Soit deux fois moins que les cré- tidiennes à vélo, aurait surtout cercle restreint ainsi que, pendant familiale est devenue un géant pla- de croissance forte qui donneront vise surtout à investir ce support dits promis par la ministre Cathe- voulu imprimer sa marque sur trois ans après son décès, son futur nétaire solidement implanté entre naissance au miracle ouest-alle- prometteur. Le groupe est d’ores et rine Trautmann pour compenser la l’organisme appelé, après son exécuteur testamentaire. Le deux continents, l’Europe et l’Amé- mand. déjà associé à AOL Europe. Sans diminution des ressources publici- départ, à superviser l’œuvre de patriarche de Gütersloh (Rhéna- rique du Nord. Près de 60 000 per- Conduite du fin fond de l’Alle- remettre en cause la décentralisa- taires imposée par sa future loi. toute une vie. nie-du-Nord-Westphalie) dispo- sonnes travaillent à son service magne protestante, la société tion héritée de M. Mohn, le nou- Par ailleurs, la hausse de la rede- devient une formidable machine de veau patron appelle à davantage de vance sera calquée sur la hausse marketing. M. Mohn s’attache à coopération entre les activités pour des prix (0,9 %) et devrait atteindre CORRESPONDANCE décentraliser les structures du bénéficier des synergies commer- 751 francs pour un téléviseur cou- groupe, accordant une grande ciales promises par le réseau des leur. Le budget de l’audiovisuel, autonomie aux dirigeants et aux réseaux. Avec l’aval du patriarche, il qui s’élevait pour 1999 à 18,47 mil- salariés. Bertelsmann devient un aura sans doute besoin de placer liards de francs, augmentera en Une lettre du directeur de la chaîne bosniaque RTV BiH des symboles du capitalisme rhé- certaines filiales en Bourse pour 2000 entre 3 % et 4 %, soit une pro- A la suite de notre article intitulé breuses conventions et des parte- reçoit et on regarde également la nan, modèle de rigueur, de rentabi- multiplier les alliances. Une révolu- gression supérieure à celle du bud- « Les médias au cœur de la démo- nariats avec les chaînes euro- RTV BiH sur l’ensemble du terri- lité et de participation des salariés. tion culturelle pour la veille garde get global de l’Etat (0,9 %). Bien cratisation en Bosnie » (Le Monde péennes membres de l’Union toire de la Bosnie-Herzégovine. En 1981, à soixante ans, Reinhard de Bertelsmann. Cependant, Rein- que tous les arbitrages ne soient du 28 juillet), nous avons reçu de européenne des radiodiffuseurs Enfin, ma nomination au poste Mohn cède son siège de patron. hard Mohn refuse encore d’intro- pas bouclés, ce budget devrait Mirsad Purivatra, directeur général (UER), comme la BBC et Arte. de directeur général de la chaîne a Mais dans les coulisses, il demeure duire l’ex-empire familial sur les dépasser le cap des 19 milliards de de la chaîne RTV BiH, les précisions Concernant le taux d’écoute (selon été soutenue par le Bureau du haut incontournable. Il accompagne la marchés financiers. Et il entend se francs. suivantes : l’organisme international et indé- représentant, l’institution officielle deuxième phase de croissance du faire respecter même après sa a La future chaîne d’informa- Vos déclarations sur la RTV BiH, pendant Mareko Index), la RTV de la communauté internationale groupe, la diversification et l’inter- mort : au cours des cinq années qui tion en continu de Canal+, i télé- « télévision bosniaque musulmane, BiH est « la » télévision de la Bos- en Bosnie. Je suis responsable nationalisation menées par Mark suivront son décès, les membres de vision, a pris 34 % de la société sous la coupe du parti SDA d’Alija nie-Herzégovine, elle est sa chaîne devant le seul conseil d’adminis- Wössner. Outre les activités de la Bertelsmann Verwaltungsge- éditrice du Journal de Chez Vous. Izetbegovic », sont fausses. La publique, représentant le peuple tration, dont tous les membres, librairie, et de presse (Grü- sellschaft n’auront pas le droit de Ce journal interactif de proximité RTV BiH poursuit depuis la guerre bosniaque en sa totalité multieth- ainsi que moi-même, ont été nom- ner & Jahr, détenteur de Prisma- prendre de décisions contraires à est actuellement disponible via le but d’atteindre un quota mini- nique, et c’est bien pour cela que més par la « commission interna- Presse en France), Bertelsmann se ses dernière volontés. CanalSatellite et Internet et sera mum de 50 % de programmes nous obtenons une part de marché tionale des médias » – et non par tourne vers l’audiovisuel, et devient accessible dès le 4 novembre sur européens et elle a signé de nom- entre 35 % et 40 %. En outre, on le président Izetbegovic. l’un des principaux acteurs euro- Philippe Ricard i télévision.

EUROPE ASIE - PACIFIQUE

TABLEAU DE BORD

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40 TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN

SHRQDRR TPQSDRH RPUTDUP IUQSVDIW IQPSRDQR IPQDRI

STSP TTPH RTWU

IVSQP IQP

ÉCONOMIE qui gère les droits de l’Etat IRSHT

SSPI TSIW RTHV IVHPH IQH norvégien sur son plateau IRHIU

a ÉTATS-UNIS : le Trésor a élaboré SQWH RSIV continental. Avec une TRIW IUSHV IPV

un ensemble de mesures pour pou- capitalisation de 50 milliards de IQSPU

SPSW TQIV RRPV

ITWWT IPS

voir racheter des instruments de la dollars, la nouvelle entité IQHQV

SIPV TPIV RQQV

ITRVR IPQ

dette avant qu’ils n’arrivent à disposerait de réserves évaluées à IPSRV

RWWU TIIU RPRV IPHSW IPI

échéance, en utilisant ses excédents ISWUP

17 milliards de barils. [[[ [[[ [[[ [[[ [[[ [[[

UwF PPtF SeF IH wF PP tF S eF UwF PPtF SeF UwF PPtF SeF IH wF PP tF S eF budgétaires. Sur l’année fiscale qui UwF PPtF SeF s’achève au 30 septembre, le gouver- b SEGA : la compagnie Indices cours Var. % Var. % Indices cours Var. % Var. % nement prévoit de réduire de 87 mil- japonaise de jeux électroniques Europe 10 h 15 f se´lection 05/08 04/08 31/12 Zone Asie 10 h 15 f se´lection 05/08 04/08 31/12

liards de dollars la dette détenue par a annoncé, jeudi 5 août, la ± ± EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QSTQDSP HDUT TDTP TOKYO xsuuis PPS IUQSVDIW IDVS PSDRH

les investisseurs. signature d’un accord avec le ± ± EUROPE ƒ„yˆˆ SH QSSV HDUV UDIT HONGKONG rexq ƒixq IQPSRDQR PDRV QIDWH

géant américain des ± EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR QHUDTP HDSV QDIH SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ HDHH FFFF SHDUI

a ALLEMAGNE : le nombre de de- ´ télécommunications ATT pour ± ± EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ PWUDTV HDSS TDTP SEOUL gyw€yƒs„i sxhiˆ IIPDHH QDRT UPDRU

mandeurs d’emplois est repassé au- ± RPUTDUP IDIR VDRU équiper sa nouvelle console de jeu PARIS geg RH SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ QHIVDWH HDRR UDQH

dessus du seuil psychologique des PARIS wshgeg HDHH FFFF FFFF QIDRR HDIH PPDRQ vidéo Dreamcast d’une BANGKOK ƒi„

4 millions en juillet, à 4,03 millions, ± ± PARIS ƒfp IPH PWQSDUQ IDHT IHDSP RTQSDTU HDIV SIDUP connection au réseau Internet. BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

affichant un taux de chômage brut de PARIS ƒfp PSH HDHH FFFF FFFF WELLINGTON xƒiERH PIVWDVT HDSP TDHQ

10,3 %, contre 10,1 % en juin, a annon-  HDHH FFFF FFFF b NORTEL NETWORKS : le PARIS ƒigyxh we‚gri

± ± SQQDIT IDQW HDWU cé jeudi l’Office fédéral du travail. groupe canadien de AMSTERDAM eiˆ

± ± PWPSDIQ HDTV ITDUU télécommunications a annoncé, BRUXELLES fiv PH Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

± SHRQDRR IDRV HDUR a FRANCE : la demande s’est « net- mercredi 4 août, la cession en FRANCFORT heˆ QH

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 04/08

±

TPQSDRH HDPR T

tement redressée » dans l’industrie au sous-traitance à cinq compagnies LONDRES p„ƒi IHH

¤ HDISPRS UDRRIS FRANC...... TDSSWSU URO ...... COURONNE DANOISE.

HDHH HDHQ FFFF deuxième trimestre, et elle devrait MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi ´ QDQSQVS VDQHQH nord-américaines d’une partie de DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

´ IDWQTPU QDQVUUR VDUSSS ± ± QPPQRDHH HDWP VDQH

« encore accélérer au cours du troi- ses activités de fabrication et de MILAN wsf„iv QH LIRE ITALIENNE (1000). LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

` QDWRPQV QTDQWQ

PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

± ± TUWIDVH IDSH SDIS

sième trimestre », selon les données réparation jusque-là effectuées ZURICH ƒ€s

QDPUIWH IDTQQH ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDTIIR de l’enquête de juillet réalisée par dans ses usines du Canada, des SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

´ ´ VDQPVWR PDHHSH

l’Insee auprès des chefs d’entreprises Etats-Unis, d’Irlande du Nord et PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

´ ´ PDWUTTH QPSDVP ´ PDPHQUI

publiées jeudi. de France. AMERIQUES FLORIN NEERLANDAIS FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU PSQDVV FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDPPTS MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS......

NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR

a PORTUGAL : le taux de chômage b DEUTSCHE TELEKOM : six

IHTURDE PSRH s’est établi à 4,5 % de la population opérateurs de téléphonie locale IDHU Taux d’inte´reˆt(%) Matif

active au deuxième trimestre, en IIPHW PVTR allemands ont porté plainte IDHV

baisse de 0,2 % par rapport à la même auprès de l’Union européenne Taux Taux Taux Taux Taux Cours Volume dernier premier IIHTI PUTU IDHU 04/08 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans 10 h 15 f 05/08 prix prix

période de 1998. contre Deutsche Telekom, a Notionnel 5,5

PDSH PDRS SDHR SDTT IHWIP PTUI IDHS FRANCE ......

VUDWS VVDIT

SEPTEMBRE 99 IWPH PDTW RDWH SDTP

annoncé le 4 août le porte-parole ALLEMAGNE .. PDSH

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IDHR Euribor 3 mois RDWV SDPR RDRR

a JAPON : la consommation des de l’opérateur allemand, lui GDE-BRETAG. SDIP

P WUDPH WUDPH PDTR SDIU SDVT

ITALIE...... PDSH SEPTEMBRE 99

IHTIS PRUU

ménages a reculé de 0,1 % en juin par reprochant d’abuser de sa position IDHP HDHR IDVV FFFF JAPON...... HDHS

´ RDWU RDVI SDWT TDIP IHRTT PQVH

rapport à son niveau du même mois dominante. Ceux-ci jugent que IDHI ETATS-UNIS...

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IDHP PDWU RDIV

de 1998, après avoir bondi de 2,4 % l’ancien monopole public exige SUISSE...... HDTS Retrouvez ces cotations sur le site Web : UwF PPtF ReF UwF PPtF ReF IH wF PP tF S eF

PDTR SDHT SDTW PAYS-BAS...... PDRS www.lemonde.fr/bourse en mai. une charge d’interconnexion à son a L’indicateur avancé de la réseau local trop élevée. Ame´rique Indices cours Var. % Var. % 10 h 15 f se´lection 04/08 veille 31/12 BOURSES CHANGES-TAUX

conjoncture, censé préfigurer ´ ± ETATS-UNIS hy‡ tyxiƒ IHTURDUU HDHP ITDPT

l’évolution de l’économie japo- b TELEWEST-MICROSOFT : le ´ À L’OUVERTURE, jeudi 5 août, le DANS LES PREMIÈRES transac- ± ETATS-UNIS ƒ8€ SHH IQHSDQQ IDPU TDIW

naise dans les six mois à venir, s’est câblo-opérateur britannique a ´ CAC 40 de la Bourse de Paris per- tions, jeudi 5 août, l’euro se négo- ± ETATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i PSRHDHH IDVS ISDVR

établi à 62,5 points en juin, contre annoncé jeudi 5 août une alliance dait 0,83 % à 4 290,20 points, après ciait à 1,0761 dollar après avoir fran-

± TORONTO „ƒi sxhiˆ TWTQDPH I UDQT

65 points en mai. avec le groupe informatique s’être replié la veille (– 0,66 %) chi la veille la barre des 1,07 dollar. ± SAO PAULO fy†iƒ€e IHPHQDHH HDTH SHDRH

américain Microsoft, qui détient pour la troisième séance consé- Le dollar restait faible face au yen, ± MEXICO fyvƒe PWHDRQ HDTP PRDWQ

a MALAISIE : le premier ministre près de 30 % de son capital, pour cutive. Le Footsie de la Bourse de s’échangeant, en début de matinée ± BUENOS AIRES wi‚†ev RTIDWR IDHR UDRI

Mahathir Mohamad a estimé, mer- lancer des services Internet à large Londres a également baissé mer- jeudi, à 114,58 yens. Le billet vert SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev IQIDUH IDIU UIDHR

credi, que l’économie malaise de- bande (ADSL), jusqu’à cent fois credi, de 0,24 %. A Francfort, était passé mercredi sous le seuil de ± CARACAS ge€s„ev qixi‚ev RTWQDUU HDPP IDWV vrait enregistrer une croissance plus rapides que la plupart des l’indice Dax, qui avait gagné 115 yens, malgré la réaffirmation comprise entre 2 % et 3 % au services actuels. 0,23 % mercredi, chutait de 1,01 % par le secrétaire américain au Tré- deuxième trimestre, contre une Coursdechangecroise´s à 5067,48 points dans les premiers sor, Lawrence Summers, que les contraction de 1,3 % au premier. b AVENTIS : la Commission échanges jeudi. Le Dow Jones de Etats-Unis souhaitaient toujours un Cours Cours Cours Cours Cours Cours européenne a repoussé au 9 août 05/08 10 h 15 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S. la Bourse de New York a terminé, dollar fort.

la date limite pour rendre sa mercredi, en quasi-stabilité, per- Les marchés obligataires européens

DOLLAR ...... FFFF HDVUPPP IDHUTUS HDITRIQ IDTIRRS HDTUQSI

AFFAIRES décision sur le projet de fusion YEN...... IIRDTSHHH FFFF IPQDRISHH IVDVRSHH IVSDIIHHH UUDPHSHH dant 2,54 points (0,02 %) après étaient mal orientés jeudi à l’ouver-

entre Rhône-Poulenc et Hoechst, ¤URO ...... HDWPVUP HDVIHPU FFFF HDISPRS IDRWWVH HDTPSTH avoir gagné plus de 100 points en ture. Les taux d’intérêt à 10 ans, qui b PÉTROLE : la Norvège selon un communiqué du 4 août. FRANC ...... TDHWPVS SDQIRQH TDSSWSU FFFF WDVQTTH RDIHQTS début de séance. Jeudi, le Nikkei montent lorsque les cours baissent,

envisage de fusionner la Cette fusion poserait des LIVRE ...... HDTIWRI HDSRHPH HDTTTUS HDIHITS FFFF HDRIUIS de la Bourse de Tokyo a perdu s’établissaient à 5,04 % en France et FRANC SUISSE...... IDRVRUS IDPWSHH IDSWVVS HDPRQUS PDQWUHS FFFF compagnie Statoil avec le SDOE, problèmes de concurrence. 1,9 % à 17 358,19 points. à 4,90 % en Allemagne. LeMonde Job: WMQ0608--0016-0 WAS LMQ0608-16 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0277 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

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QTQQDRR QQSH PVH QHIDPV b L’annonce, mercredi 4 août, de la bénéfice d’exploitation en baisse de QSWHDSW

QHHDUH QHRH fusion de Dow Chemical et d’Union 33 % par rapport aux six premiers PSU

Carbide aux Etats-Unis (lire page 14) mois de 1998. QTIRDHT PWUDTV PUPW

a profité aux valeurs chimiques en b La valeur Viag a chuté mercredi de PQR QSTQDSP

PRIW

Europe. A Londres, le titre Imperial 1,55 %, à 477,5 euros, après avoir PIP [[[[[[[[ [[[[[[[[

  †F S ey „ †vwwt IH ey „ S pi†F S ey „ †vwwt Chemical Industries a gagné mer- annoncé ses résulats semestriels II ey „ S pi credi 9 pence, à 752 pence. A Franc- 1999. Le conglomérat énergétique

e RDVT FFFF hu WWDRR FFFF qf IQDUW FFFF fort, la valeur BASF a gagné 5,32 %, à allemand a vu son bénéfice impo- FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD SMITHS IND PLC

e ASSURANCES e PDRH FFFF ps IV FFFF p‚ TSDRS FFFF 44,74 euros, et sa consœur Bayer sable chuter de 14,28 % et son chiffre G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- STMICROELEC SIC

e qf IVDSP FFFF hu RIDQW FFFF xy SDIP FFFF RTDW FFFF

2,13 %, à 41,3 euros, les marchés d’affaires de 29 %, du fait notam- GRANADA GROUP P DANISCO AGF /RM p‚ TANDBERG DATA A

e e e p‚ WRDS FFFF p‚ PQUDQ FFFF e p‚ QIDQW FFFF ± WDRS HDII HERMES INTL DANONE /RM ALLEANZA ASS s„ THOMSON CSF /RM

pariant sur une fusion des deux ment de la guerre des prix sur le mar- e e C s„ HDSR FFFF q‚ PRDPS FFFF hu UPDVW PDQR ± PQWDT IDQP HPI DELTA DAIRY ALLIANZ AG hi WILLIAM DEMANT

e ± xv QI FFFF qf WDUV FFFF RQUDSR IDSP IIDPW FFFF groupes. A Bruxelles, l’action Solvay ché de l’électricité aux particuliers. HUNTER DOUGLAS DIAGEO ALLIED ZURICH qf f DJ E STOXX TECH P

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± xv PQDI IDUH q‚ PWDVQ FFFF IVDPQ FFFF

a pris 1,66 %, à 67 euros, et le groupe b Le cours de British Steel a gagné KLM ELAIS OLEAGINOU ASPIS PRONIA GE q‚

e e qf QDTV FFFF p‚ IPH FFFF IHSDI FFFF HILTON GROUP ERID.BEGH.SAY / AXA /RM p‚

UCB a vu son cours grimper de mercredi 2,4 %, à 170,75 pence. Le e WDRW FFFF qf PDUQ FFFF p‚ SERVICES COLLECTIFS IPDSR FFFF MOULINEX /RM GREENCORE GROUP CGU qf

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± xy QDHS HDTH xv RWDP IDII e PSDS FFFF 2,81 %, à 40,49 euros. groupe britannique a été autorisé NCL HLDG HEINEKEN p‚ IIDUS FFFF CNP ASSURANCES ANGLIAN WATER qf

e e p‚ IHU FFFF q‚ PIDUH FFFF IUDPW FFFF

PATHE /RM HELLENIC BOTTLI iƒ ± V HDIW b L’action Hoechst a cédé mercredi par l’Union européenne à acheter CORP MAPFRE R BRITISH ENERGY qf

qf PDHP FFFF q‚ IQDIU FFFF e ± IHQ IDWH PENTLAND GRP HELLENIC SUGAR hi FFFF FFFF ERGO VERSICHERU CENTRICA qf

0,12 %, à 41,06 euros. Au premier une division du français Usinor, la e

qf QDUQ FFFF ps QP FFFF WIDTR FFFF PERSIMMON PLC HUHTAMAEKI I VZ q‚ e ± UDUV HDVW ETHNIKI GEN INS EDISON s„

semestre, le groupe pharmaceutique Sogerail, qui produit des rails en e ± e hi SR HDUR qf IHDUW FFFF ± RDT HDVT PREUSSAG AG KERRY GRP-A- s„ e PWR FFFF FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

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IIDHV FFFF

INVESTOR -B- ƒi

PTDPH FFFF

CMG qf e

RDQS FFFF

INDP NEWS AND M s‚ NOUVEAU

TSDQU FFFF

ALPHA CREDIT BA q‚ ±

PIDHV HDVS

KVAERNER -A- xy

QDST FFFF

COOKSON GROUP P qf e ±

QTDHT HDSS

e LAGARDERE SCA N p‚

IWDVW FFFF

ARGENTARIA R iƒ e

PTVDQ FFFF

LVMH / RM p‚

UWPVDSI FFFF

DAMPSKIBS -A- hu e ´ ± VDTS IDPT

e MEDIASET s„ MARCHE

IUDVS FFFF

BPINTOMAYORR €„ ´

PPDST FFFF

MYTILINEOS HOLD q‚ ENERGIE

±

VQWVDVR HDUW

DAMPSKIBS -B- hu

PHDHS FFFF

e PEARSON qf

IHDPS FFFF

BANCO ESSI R €„

QTDRQ FFFF

NORSK HYDRO xy

C

IHDPR FFFF hu IPPPVDUP HDPP

AKER MARITIME xy DAMSKIBS SVEND

TDWW FFFF

e REED INTERNATIO qf Cours % Var.

C

RTDW HDVT

BANK AUSTRIA AG e„

IQVDRP FFFF

OERLIKON-BUEHRL gr 05/08 10 h 19 f ¤

SDTW FFFF qf PDPH FFFF

BG qf DELTA PLC en uros veille

IQDTR FFFF

REUTERS GROUP qf

IUDTW FFFF

BANK OF IRELAND qf ±

IRDQW HDVQ

ORKLA -A- xy

IVDPI FFFF xy SDUW FFFF

BP AMOCO qf DET SONDENFJ NO IHDVR FFFF

SCHIBSTED xy

PTDSS FFFF

BANK OF PIRAEUS q‚

IPDTS FFFF

ORKLA -B- xy

ISDTP FFFF qf VDQU FFFF

BURMAH CASTROL qf ELECTROCOMPONEN AMSTERDAM

RDIH FFFF

e TELEWEST COMM. qf

QWDHW FFFF

BANKINTER R iƒ e

PTDRW FFFF

SONAE INVESTIME €„ e e ±

IHDUT FFFF hi VI RDIR

CEPSA iƒ EQUANT NV e

±

p‚ PQH FFFF PPDT

TF1 AIRSPRAY NV PDIT

C

PTDWI IDVQ

BARCLAYS PLC qf e ±

THDP HDVP

VEBA AG hi e e C

IITDS FFFF ps PSDT HDQW

ELECTRAFINA fi FINNLINES

qf IHDPS FFFF ± HDWP

e UNITED NEWS & M ANTONOV IDHV SRDR FFFF

BAYR.HYPO-U.VER hi

±

HDQI

f DJ E STOXX CONG P PUQDUR e

C ±

xv QHDT IDIQ

PDSV UDWS

Â

A

e @€u˜li™ite WOLTERS KLUWER C/TAC C RDWP HDTI

BCA FIDEURAM s„

±

±

qf VDVQ HDVS UDRS

e WPP GROUP CARDIO CONTROL QDPS C QDWS HDUU

BCA INTESA s„

±

PWPDQS HDVH FFFF

e f DJ E STOXX MEDIA P CSS ITDQS ± IDP IDTR

BCA ROMA s„ TE´LE´COMMUNICATIONS

C

VDS

e HITT NV HDSW

IIDUT FFFF

BBV R iƒ

C

qf ISDIU IDHI

FFFF

e BRITISH TELECOM INNOCONCEPTS NV IWDQS TUDPS FFFF

BCO POPULAR ESP iƒ

qf IIDST FFFF

± IS

e CABLE & WIRELES BIENS DE CONSOMMATION NEDGRAPHICS HOLD HDQQ

IHDIS FFFF

BSCH R iƒ www.lemonde.fr/aietek/

e

± hi QUDW PDHU

± PDI

DEUTSCHE TELEKO e POLYDOC RDSS ±

QHDT IDRS e xv PRDVS FFFF

BCP R €„ AHOLD

ƒi VDWI FFFF

± IHIDV

EUROPOLITAN HLD PROLION HOLDING HDPH QDQH FFFF e qf

URDS FFFF

BNP /RM p‚ ASDA GROUP PLC

e

p‚ TSDP FFFF

FFFF

FRANCE TELECOM RING ROSA U

QPDTT FFFF e q‚ IHWDR FFFF

CCF /RM p‚ ATHENS MEDICAL

q‚ IWDIS FFFF

FFFF

HELLENIC TELE ( e RING ROSA WT HDU ± e„ SHDUS HDIH

± QDTP PDIP

CHRISTIANIA BK xy AUSTRIA TABAK A

e

± xv QWDV HDUS

± IPDUS

KONINKLIJKE KPN e HDUV C UCC HOLDING NV

TRDS HDRU e hi T FFFF

COMIT s„ BEIERSDORF AG

FFFF FFFF

CAMDEN NATIONAL q‚ e p‚ SHDS FFFF

WHDQW FFFF

COMM.BANK OF GR q‚ BIC /RM

e

RHDW FFFF

PORTUGAL TELECO €„

UDWP FFFF e qf ± QHDR IDTP

COMMERZBANK hi BRIT AMER TOBAC

±

QQUDRT HDWP

SWISSCOM N gr e BRUXELLES ±

p‚ UWDU HDVU IHHDUW FFFF

DEN DANSKE BK hu CASINO GP /RM

FFFF FFFF

hu LES NOUVELLES

TELE DANMARK

± gr IVTSDQW HDVT IDUS FFFF C

QDPV HDQU

DEN NORSKE BANK xy CFR UNITS -A- ENVIPCO HLD CT

e

IPPDPS FFFF

TELECEL €„ e p‚ STR FFFF e PHDS FFFF

± SWDUS PDIQ

DEUTSCHE BANK hi CPT MODERNES /R FARDEM BELGIUM B

e

± WDPP HDVT

TELECOM ITALIA s„ e fi VHDW FFFF FFFF e QDP

IQH FFFF

DEXIA CC fi DELHAIZE INTERNOC HLD

e

± SDIQ IDIT

TELECOM ITALIA s„ e p‚ QHIDI FFFF e W FFFF

IIU FFFF

DEXIA FCE RM p‚ ESSILOR INTL /R INTL BRACHYTHER B

e

ISDRV FFFF

TELEFONICA iƒ e fi SPWDS FFFF e IH FFFF

± QVDI IDSS

DRESDNER BANK hi ETS COLRUYT LINK SOFTWARE B

e

± SDPP IDQP

TIM s„

C qf IDWW FFFF IDV HDST WWDSW FFFF

ERGO BANK q‚ TECHNOLOGIES FYFFES PAYTON PLANAR

± IVDQQ RDIH

VODAFONE AIRTOU qf e

± fi RHDS FFFF e WDI IDHW FFFF FFFF

FIRST AUSTRIAN e„ GIB SYNERGIA

± HDTS

f DJ E STOXX TCOM P TQUDUU

q‚ PWDIT FFFF IRDTV FFFF FOERENINGSSB A ƒi GOODYS

qf WDRH FFFF WDHQ FFFF FOKUS BK xy IMPERIAL TOBACC

e ± ps IIDT HDVS IPDIT FFFF HALIFAX qf KESKO -B- FRANCFORT

CONSTRUCTION e

p‚ SVP FFFF

QUDIP FFFF

qf L’OREAL /RM ± IHQ

HSBC HOLDS Avec 1&1AG&CO.KGAA IDUP

e

IQ FFFF e €„

iƒ RTDUT FFFF SHDUH FFFF

q‚ MODELO CONTINEN ACCIONA C HDSU IONIAN BK REG.S AIXTRON VIDU

QHDIQ FFFF e q‚

iƒ IHDIV FFFF VT FFFF hu PAPASTRATOS CIG ± SH

JYSKE BANK REG ACESA REG AUGUSTA BETEILIGUN IDQV

e

p‚ TIS FFFF C

q‚ IRDUH FFFF QRDPU HDQW

hu PROMODES /RM AKTOR SA C RPDVS KAPITAL HOLDING BB BIOTECH ZT-D HDRU

IPDVT FFFF e e qf

ps IS FFFF SH FFFF

fi ASKO OY RECKITT & COLMA FFFF

KBC BANCASSURAN BB MEDTECH ZT-D ISDVS

C

QDRU HDRR e qf

iƒ IVDPP FFFF IPDVR FFFF

qf SAFEWAY C IDVP LLOYDS TSB AUMAR R BERTRANDT AG ST

SDWH FFFF e e qf ±

± s„ UDRU HDTT RDWS I ps SAINSBURY J. PL

AUTOSTRADE ± ISDV

MERITA e BETA SYSTEMS SOFTW IDPS

ITPDU FFFF qf QDPW FFFF

ELF AQUITAINE / p‚ FKI e

SPDQ FFFF e p‚

C

s„ QDWS HDUU TSDTV FFFF

q‚ SEITA /RM

BCA INTESA ± ST

NAT BANK GREECE e CE COMPUTER EQUIPM HDVV

±

s„ SDSU HDSR

± PRDVT IDTH

ENI FLS IND.B hu

PDUP FFFF

e qf C

qf IDRH PDPH SUDWS FFFF

p‚ SMITH & NEPHEW

±

WQ

NATEXIS BICC PLC CE CONSUMER ELECTR QDTQ

TDWI FFFF

qf e

± QVDU HDIQ

ENTERPRISE OIL FLUGHAFEN WIEN e„

qf QDPT FFFF

qf UDHP FFFF IVDRI FFFF

qf STAGECOACH HLDG

BLUE CIRCLE IND ± ITW

NATL WESTM BK CENIT SYSTEMHAUS HDSW

C

xy UDSQ HDVI

ITDQH FFFF

F.OLSEN ENERGY GKN qf e

IVDHU FFFF e iƒ

± ± SDQW IDRT p‚ PTHDS IDVI

ƒi TABACALERA REG

± IIDI

NORDBANKEN HOLD BOUYGUES /RM DRILLISCH PDTQ

PDRW FFFF

LASMO qf QDTS FFFF

GLYNWED INTL PL qf e

QDU FFFF e ps

± qf TDIQ PDIU

IUDS FFFF

s„ TAMRO

FFFF

ROLO BANCA 1473 BPB e EDEL MUSIC E 98 FFFF C

VQDQ HDWU

OMV AG e„

IQDHQ FFFF

HALKOR q‚

qf PDSS FFFF

qf PDTH FFFF

IWDQH FFFF

qf TESCO PLC

CARADON ± SHDRS

ROYAL BK SCOTL e ELSA HDIH

QVV FFFF

PETROFINA SA BR fi

WDWI FFFF

HAYS qf e ±

PPDUS IDHW e xv

fi VSDSS FFFF IHDTV FFFF

ƒi TNT POST GROEP

±

IPPVDWQ

S-E-BANKEN -A- CBR EM.TV & MERCHANDI PDIT

C

IVDWR IDRS

PETROLEUM GEO-S xy e

±

hi SSDI IDRQ

±

HDQW e HEIDELBERGER DR RSSDVU

qf SDVP FFFF

ITW FFFF

p‚ f DJ E STOXX N CY G P

± PHDS

STE GENERAL-A-/ CHARTER e EUROMICRON PDQV

UI FFFF

PRIMAGAZ /RM p‚

QUDQS FFFF

e HELLAS CAN SA P q‚ €„ ITDHP FFFF ƒi IIDVV FFFF

CIMPOR R C IDSU

SV HANDBK -A- GRAPHISOFT NV IPDW

IHDIP FFFF

PROSAFE xy e

QDSP FFFF

e s„

± ITQ FFFF p‚ IFIL

gr PTWDTS PDIS

C

PPDS

UBS REG COLAS /RM e HOEFT & WESSEL PDPU

IWDVU FFFF

REPSOL iƒ

C

RDPW IDUW

e qf COMMERCE DISTRIBUTION ± qf IWDIT FFFF

RDHP HDUR s„ IMI PLC

FFFF

UNICREDITO ITAL CRH PLC e HUNZINGER INFORMAT IIDS

±

STDIS HDWU

ROYAL DUTCH CO xv

e ± hu SIDHT HDPT

± iƒ RSDT FFFF

SWDVH IDSS

hu ISS INTL SERV-B ± QDTR FFFF CRISTALERIA ESP qf IVS

UNIDANMARK -A- ARCADIA GRP INFOMATEC RDIW

ITDIR FFFF

SAGA PETROLEUM xy

e ±

hu WPDHS PDIR iƒ QQDIS FFFF

q‚ PSDWQ FFFF

KOEBENHAVN LUFT ± qf IIDQV FFFF PQH

XIOSBANK GRUPOS DRAGADOS e BOOTS CO PLC INTERSHOP COMMUNIC QDIH

±

QDVW HDPT

SAIPEM s„

e e C ± iƒ SS FFFF

PSVDHT HDRH PTDIS HDWU

f xv e ± IDIP IPP FFFF UHDU

DJ E STOXX BANK P FOM CON CONTRAT KON.NEDLLOYD CARREFOUR /RM p‚ KINOWELT MEDIEN

UDRP FFFF

SHELL TRANSP & qf

e e WVDV FFFF

p‚ e ps IPP FFFF ± PRR FFFF GROUPE GTM p‚ QQ

KONE B CASTO.DUBOIS /R LHS GROUP HDTH

IHDRV FFFF

SMEDVIG -A- xy

VDPP FFFF

qf e e

hi RSDV FFFF ± iƒ ISDRR FFFF IPU

HANSON PLC e LAHMEYER CENTROS COMER P LINTEC COMPUTER PDTV

IIWDP FFFF

TOTAL FINA /RM p‚

e

± WQDS HDRQ

PRODUITS DE BASE hi e e IVDI FFFF

HEIDELBERGER ZE iƒ TDT FFFF IWH FFFF

LEGRAND /RM p‚ CONTINENTE LOESCH UMWELTSCHUT

±

HDRP

f DJ E STOXX ENGY P QHHDIT

q‚ PIDRI FFFF

± IVDVH FFFF HELL.TECHNODO.R qf QI HDTR q‚ QWDVP FFFF IIDQP FFFF ALUMINIUM GREEC LEIF HOEGH xy DIXONS GROUP PL MENSCH UND MASCHIN

PTDQW FFFF

q‚ e ± hi RQDV FFFF USDWQ HERACLES GENL R e IDQW qf QDUT FFFF ± TPDS HDUW

ARJO WIGGINS AP LINDE AG hi GEHE AG MOBILCOM

e

C

hi RI HDPR

± WDVR FFFF HOCHTIEF ESSEN qf IT IDVR

ITDRS FFFF ƒi e ± QHDRS IDRT

ASSIDOMAEN AB SERVICES FINANCIERS MAN AG hi GREAT UNIV STOR MUEHL PRODUCT & SE

QIHDWH FFFF

gr e

IPS FFFF HOLDERBANK FINA p‚ SQ FFFF RDPI FFFF

ƒi e GUILBERT /RM MUEHLBAUER HOLDING ± IPWDQ SDPU

AVESTA MANNESMANN AG hi

qf IPDHT FFFF

± IISWDPQ IDIU

e gr 3I ± ± ƒi PRDUV HDRW QPDP HOLDERBANK FINA IDPQ

RPQ FFFF

BEKAERT fi e HENNES & MAURIT PFEIFFER VACU TECH ±

PIDU IDRI

METALLGESELLSCH hi

e

e fi SQ FFFF

IRSDR FFFF p‚ ALMANIJ e

C PWDIV FFFF IMETAL /RM €„ HDQH TTDR

RDSU FFFF

BILTON qf e JERONIMO MARTIN PLENUM

IWDQ FFFF

METRA A ps

e q‚ STDPU FFFF

C

IPDPR HDQQ

e s„ ALPHA FINANCE e ± C ± hi RTS IDHT QVDS ITALCEMENTI HDPT RSDUW IDQI

BOEHLER-UDDEHOL e„ KARSTADT AG PSI

RDPI FFFF

MORGAN CRUCIBLE qf

e qf VDQT FFFF

RDST FFFF s„ AMVESCAP

± qf IHDSW FFFF QP ITALCEMENTI RNC IDSR

PDTH FFFF

BRITISH STEEL qf KINGFISHER QIAGEN NV

QDSH FFFF

e NFC qf

e p‚ IPQ FFFF

IHQ FFFF

e p‚ BAIL INVEST /RM ± SDSU FFFF LAFARGE /RM qf IR HDUI ± IVDW IDQI

BUHRMANN NV xv MARKS & SPENCER REFUGIUM HOLDING A

±

UQDPR P

e NKT HOLDING hu

€„ IUDVW FFFF

IIDQQ FFFF

q‚ BPI R e

C ± hi SH HDPH QDIU MICHANIKI REG. IQ SDHW FFFF

BUNZL PLC qf METRO SACHSENRING AUTO

IRDVP FFFF

e OCEAN GROUP qf qf UDVS FFFF

C

IHDS HDRV

e ps BRITISH LAND CO IHDQU FFFF PHDS FFFF PARTEK qf ± TDQP HDTQ

CART.BURGO s„ NEXT PLC SALTUS TECHNOLOGY

ISDQT FFFF

PENINS.ORIENT.S qf

e qf TDQP FFFF

±

IUS PDPQ hi CAPITAL SHOPPIN e

± ± IRWDS HDPH PHILIPP HOLZMAN p‚

RQDS IDIR IUDPP FFFF

ELKEM ASA, OSLO xy PINAULT PRINT./ SCM MICROSYSTEMS

RDHI FFFF

e PREMIER FARNELL qf

fi STDP FFFF

IDRV FFFF qf COBEPA e

± s„ TDVT FFFF RRDW PILKINGTON PLC PDQW

IHDIT FFFF

ELVAL q‚ RINASCENTE SER SYSTEME

IUDWH FFFF

e RAILTRACK qf iƒ ISW FFFF

ITDRW FFFF e qf CORP FIN ALBA - e ± IWDS PDRS SDV FFFF RMC GROUP PLC ps

WDVS FFFF

INPARSA €„ STOCKMANN A SERO ENTSORGUNG

e

± QVDR HDWH

e xv

RIDQ FFFF

p‚ RANDSTAD HOLDIN

IDTH FFFF qf CPR /RM C

C PPQDRI HDIR RUGBY GRP gr QV FFFF WDRP PDRT

JOHNSON MATTHEY qf VALORA HLDG N SINGULUS TECHNOLOG

±

hu IHRDWS HDSI

e ± IUPDUW PDRU

gr RATIN -A- IUVDW FFFF

e p‚ CS GROUP N ± qf VDWV FFFF RS SAINT GOBAIN /R PDIQ ± RQDP HDPQ

MAYR-MELNHOF KA e„ W.H SMITH GRP SOFTM SOFTWARE BER

e C

IHWDSP HDVW

e hu p‚ SQW FFFF

ITDHS FFFF e €„ EURAFRANCE /RM RATIN -B- ± PDQV VDQQ FFFF PHDS SEMAPA qf VDQ FFFF

METSAE-SERLA A ps WOLSELEY PLC TDS

e e

ps IIDS FFFF p‚ IQTDV FFFF

QRDQP FFFF ƒi FONCIERE LYONNA RAUMA OY ± SKANSKA -B- QRHDQT FFFF RRDV HDRR PVDPU FFFF

MODO B FR ƒi f DJ E STOXX RETL P TECHNOTRANS

e

p‚ IIP FFFF

C qf QDSP FFFF

IUDUR HDUT

hu GECINA /RM RENTOKIL INITIA ± PTDT SUPERFOS QDPU ± QUDVV PDIV NORSKE SKOGIND- xy TELDAFAX

qf UDPH FFFF

qf IDWP FFFF RDUU FFFF

e HAMMERSON qf TARMAC ± QUDT REXAM QDSW IIDRS FFFF

OUTOKUMPU OY -A ps TELES AG

C

QRDPU HDQW

hu e

qf PDTW FFFF UWDVS FFFF KAPITAL HOLDING p‚ e TAYLOR WOODROW C UDS HAUTE TECHNOLOGIE PDUR RWDPS FFFF PECHINEY-A- p‚ REXEL /RM TIPTEL

e qf IPDSU FFFF

WWDQ FFFF p‚ e LAND SECURITIES ±

PIDW HDRS e e„

± RRDS TECHNIP /RM PDWU

SDUP FFFF

PORTUCEL INDUST €„ RHI AG e TRANSTEC

IRHDV FFFF

ALCATEL /RM p‚

qf FFFF FFFF

WPDSR FFFF

e q‚ LIBERTY INT.HDG

± SVRDQH FFFF TITAN CEMENT RE gr QUDP PDII

± TDQS IDRH RAUTARUUKKI K ps RIETER HLDG N W.E.T. AUTOMOTIVE

PIDVP FFFF

ALTEC SA REG. q‚

e e s„ WDPV FFFF

C

IIDV HDVS

UNICEM s„ MEDIOBANCA FFFF FFFF

ƒi PRDVR FFFF IUDVP FFFF

RIO TINTO qf SANDVIK -A- e

±

IIDRS IDPW

BAAN COMPANY xv

e

e ± s„ UDS IDHT

UDWQ FFFF

iƒ MEDIOLANUM

FFFF URALITA FFFF

q‚ PIDIV FFFF PRDWH FFFF

SIDENOR SANDVIK -B- ƒi e IIS FFFF

BARCO fi

e qf UDUW FFFF

WDPI FFFF

VALENCIANA CEM iƒ MEPC PLC FFFF FFFF

q‚ QHDSU FFFF RTVDTW FFFF SILVER & BARYTE gr

TDQP FFFF

SAURER ARBON N BRITISH AEROSPA qf

e e iƒ PIDVS FFFF

PQDIV FFFF

e„ METROVACESA

FFFF WIENERB BAUSTOF FFFF

PDVI FFFF

qf e PVDTU FFFF

SMURFIT JEFFERS ƒi

ISQDV FFFF

SCANIA AB -A- CAP GEMINI /RM p‚

e

± xv UDS IDHT

SDPV FFFF

e qf MEDIOLANUM FFFF WILLIAMS FFFF

€„ UDHQ FFFF

SONAE INDUSTRIA C ƒi PVDUP FFFF

WVDPQ PDWT

SCANIA AB -B- COLOPLAST B hu

e

p‚ WWDP FFFF

± HDHV

e f PISDUQ PARIBAS

FFFF DJ E STOXX CNST P FFFF

€„ IIDP FFFF

SOPORCEL C

qf PIDPP FFFF IRTUDQP HDWW

SCHINDLER HOLD gr COLT TELECOM NE

IQDHS FFFF

PROVIDENT FIN qf

FFFF FFFF

IIDWR FFFF

SSAB SW ST A FR ƒi e

p‚ QRDPS FFFF C IRWQDST HDRP

gr DASSAULT SYST./

e SCHINDLER HOLD

PQDIS FFFF

e RODAMCO NV xv

FFFF FFFF ± IPDI PDRP

STORA ENSO -A- ps e

HDVQ FFFF e s„ SWDS FFFF

SCHNEIDER ELECT p‚ FINMECCANICA

PIDSS FFFF

e SCHRODERS PLC qf

FFFF FFFF

± CONSOMMATION CYCLIQUE IPDR IDWV

STORA ENSO -R- ps e ±

TUDVS IDPR e hi

±

IDQ HDUT s„ FRESENIUS MED C

e SEAT-PAGINE GIA

TV FFFF

SEFIMEG N /RM p‚

C FFFF FFFF

PWDRU HDQW

SVENSKA CELLULO ƒi e

PPPDS FFFF ƒi WDHV FFFF

ACCOR /RM p‚ GAMBRO -A-

VDUS FFFF

e SECURICOR qf

VRDS FFFF

e SIMCO N /RM p‚ FFFF FFFF

IUR FFFF

THYSSEN hi e e

± ±

VUDUS PDPV xv QUDTS IDIV

ADIDAS-SALOMON hi GETRONICS

IQDRV FFFF

SECURITAS -B- ƒi

SDRP FFFF

SLOUGH ESTATES qf

FFFF FFFF

VDIU FFFF

TRELLEBORG B ƒi e ± ±

PDSU PDPV hu QPDPS IDTR

ALITALIA s„ GN GREAT NORDIC

± IHRHDRW IDUU

e SGS GENEVA BR gr

IPWDQ FFFF

e UNIBAIL /RM p‚

FFFF FFFF

QVDI FFFF

UNION MINIERE fi e ±

PHDU HDWT q‚ TTDSW FFFF

AUSTRIAN AIRLIN e„ INTRACOM R

QDTR FFFF

e SHANKS GROUP qf ±

HDRP PDQQ

e UNIM s„

FFFF FFFF ± QQDRS IDTP

UPM-KYMMENE COR ps e

STDRR FFFF xv FFFF FFFF

BANG & OLUFSEN hu e KON. PHILIPS EL

WUDV FFFF

e SIDEL /RM p‚ WDIS FFFF

e VALLEHERMOSO iƒ

FFFF FFFF

p‚ IRDT FFFF

USINOR C

SDQH HDVT xy VDVS FFFF

BARRATT DEV PLC qf MERKANTILDATA

qf SDIT FFFF

SDIS FFFF

WOOLWICH PLC qf INVENSYS

FFFF FFFF QRDUR FFFF

VIOHALCO q‚ PDVI FFFF qf VDSH FFFF

BEAZER GROUP qf e MISYS

p‚ PIWDR FFFF

± HDRS

e f DJ E STOXX FINS P PPQDTS SITA /RM

FFFF FFFF

PTDV FFFF

VOEST-ALPINE ST e„ e

± IDWI HDSP xy PDTI FFFF

BENETTON GROUP s„ NERA ASA

±

IWDRP HDSV

SKF -A- ƒi

FFFF FFFF

± HDPW

f IWVDQR DJ E STOXX BASI P C IP HDSI xy QIDQI FFFF

BERKELEY GROUP qf NETCOM ASA

PHDSH FFFF

SKF -B- ƒi e ± TDHV FFFF ps UQDUS QDSW

BRITISH AIRWAYS qf NOKIA

PQDSP FFFF

ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - hu e PDRI FFFF ps FFFF FFFF

BRYANT GROUP PL qf NOKIA -K-

e e

PQDTS FFFF

CHIMIE e STORK NV xv CODES PAYS ZONE EURO C SSDR HDUQ qf VDQU FFFF qf TDHI FFFF

CHARGEURS RM p‚ ALLIED DOMECQ NYCOMED AMERSHA

± SRPDRQ IDUH

e SULZER FRAT.SA1 gr e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne ± IQDVP FFFF p‚ WT FFFF qf FFFF FFFF xv IWDTS IDPT AGA -A- ƒi CLUB MED. /RM ASSOCIATE BRIT OCE

ITDPP FFFF

SVEDALA ƒi e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C ± IQDVP FFFF qf HDTV RDTS qf IQDVU FFFF s„ PDHV HDWS AGA -B- ƒi COATS VIYELLA BASS OLIVETTI

IPHWRDQR FFFF

e e SVENDBORG -A- hu LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche ± IRTDR FFFF qf WDWT FFFF e„ RQDR IDIR qf QDVQ FFFF AIR LIQUIDE /RM p‚ COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE ROLLS ROYCE

C

UDQW HDTP

e e T.I.GROUP PLC qf e FI : Finlande - BE : Belgique. FFFF FFFF qf PDRI FFFF p‚ QUH FFFF p‚ TIU FFFF AKZO NOBEL xv COURTAULDS TEXT BONGRAIN /RM SAGEM

C

QQ HDQU e e e xy e ± ± ± RQDWS HDTV hi ITDRS HDWH e„ RS FFFF hi PWR IDTU

BASF AG hi DT.LUFTHANSA N BRAU-UNION TOMRA SYSTEMS SAP AG CODESPAYSHORSZONEEURO

e C

VVDS HDPQ e e„ e ± ± RI IDPH ƒi IWDUT FFFF qf FFFF FFFF hi QQV IDHP

BAYER AG hi ELECTROLUX -B- CADBURY SCHWEPP VA TECHNOLOGIE SAP VZ CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e

± ps IHDUP PDSS ± IWDRU FFFF qf VDSH FFFF hu QUDHW IDRQ qf WDUQ FFFF

BOC GROUP PLC qf EMI GROUP CARLSBERG -B- VALMET SEMA GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e ± ± ± ± TWDWW IDQP p‚ IDQ FFFF hu QTDTW IDHW QSHDTI PDHQ hi UWDI I CIBA SPEC CHEM gr EURO DISNEY /RM CARLSBERG AS -A f DJ E STOXX IND GO P SIEMENS AG LeMonde Job: WMQ0608--0017-0 WAS LMQ0608-17 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0278 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 17

C ± SHDSH QQIDPT FFFF SPDIS TSDSS TT RQPDWQ HDTW TTDSH ISQ IRWDIH WUVDHQ PDSS ISS BIC...... SHDSH GROUPE PARTOUCHE ... SODEXHO ALLIANCE......

± FFFF FFFF FFFF WHDSH IPS IPQDTH VIHDUT IDIP IPW VS VS SSUDST FFFF TRDUH BIS...... WI GUILBERT...... SOGEPARC (FIN) ......

± ± ± UPDUH RUTDVV PDRP USDPS RQW RQUDSH PVTWDVI HDQR RUW PSDUU PSDPH ITSDQH PDPI PRDTU B.N.P...... URDSH GUYENNE GASCOGNE... SOMMER-ALLIBERT......

± ± ITQ IHTWDPI HDQI ITRDPH PPH FFFF FFFF FFFF PPVDSH RH QWDUH PTHDRI HDUS QVDHR VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITQDSH HACHETTE FILI.ME...... SOPHIA ......

C ± QUH PRPUDHR FFFF QTH PHWDPH PHU IQSUDVQ IDHS PIQ TWDWH UHDWH RTSDHU IDRQ TTDIS BONGRAIN ...... QUH HAVAS ADVERTISIN ...... SPIR COMMUNIC. # ......

± ± PTPDTH IUPPDSR IDHP PTP IRSDRH IRRDWH WSHDRV HDQR IRQDWH IIT IIT UTHDWI FFFF IHV BOUYGUES ...... PTSDQH IMETAL ...... ROCHEFORTAISE CO .....

C

± ± PWDWH IWTDIQ HDTU QI IVDUH IVDQI IPHDII PDHW IVDVH ITR ITQDWH IHUSDII HDHT IUPDSH b A l’ouverture de la séance, jeudi 5 août, l’action BOUYGUES OFFS...... PWDUH IMMEUBLES DE FCE ...... SUEZ LYON.DES EA ......

C ± ± UDRH RVDSR HDWR UDVH TPDWH TQDRS RITDPH HDVU TRDUS PQH PPSDSH IRUWDIV IDWT PQH

BNP perdait 2,01 % à 73 euros, tandis que le titre BULL#...... UDRU INFOGRAMES ENTER .... TF1 ......

± ± TQDSH RITDSQ HDTQ TVDVS PIDWH PIDWH IRQDTS FFFF PQDWW WWDQH WVDQH TRRDVI IDHI WT CANAL + ...... TQDWH INGENICO ...... TECHNIP......

Société générale cédait 0,77 % à 167,70 euros et ± ± ISPDPH WWVDQU IDHR ITHDIH PQDIH PQDIH ISIDSQ FFFF PQDVT QIDQW QIDHQ PHQDSR IDIS QRDIH CAP GEMINI ...... ISQDVH INTERBAIL...... THOMSON-CSF......

C C ± RS PWSDIV HDST SPDPS QHHDWH QHPDSH IWVRDPU HDSQ QHI IIWDPH IIV UURDHQ IDHI IPPDRH

que Paribas abandonnait 1,51 % à 97,70 euros après CARBONE LORRAINE..... RRDUS INTERTECHNIQUE...... TOTAL FINA SA......

± ± IPHDTH UWIDHV IDIS IQH TUDRS TUDRS RRPDRR FFFF UHDVH IPWDQH IPW VRTDIV HDPQ IPT

avoir plongé de 7,2 % mercredi. A ces cours, les nou- CARREFOUR ...... IPP ISIS ...... UNIBAIL ......

± UWDWH SPRDII HDTP VR WQ WQ TIHDHR FFFF VWDSS RU RU QHVDQH FFFF RVDWR CASINO GUICHARD ...... VHDRH KLEPIERRE...... UNILOG ......

± ± SHDPH QPWDPW HDSW SPDRH IIPDUH IIP UQRDTU HDTP IIQDIH IHTDIH IHTDIH TWSDWU FFFF IHP velles conditions de l’offre de la BNP sur la Société CASINO GUICH.ADP ...... SHDSH LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

± ± ± PQV ISTIDIV PDRT PRUDPH IHQ IHIDTH TTTDRS IDQT WPDTH IRDTH IRDQV WRDQQ IDSI IRDVP

générale valorisent l’action de cette dernière à CASTORAMA DUB.(L...... PRR LAFARGE...... USINOR......

± ± ±

IHV UHVDRQ IDPV IIHDTH QTDPT QTDPQ PQUDTS HDHV QUDPU UTDQS USDTH RWSDWH HDWV UUDSH

165 euros pour l’offre principale et à 160,60 euros C.C.F...... IHWDRH LAGARDERE...... VALEO ......

C C IRS WSIDIR FFFF IRW TIDPH TP RHTDTW IDQI TT QIDPS QIDQR PHSDSV HDPW QRDWS CEGID (LY) ...... IRS LAPEYRE ...... VALLOUREC......

± ± FFFF FFFF FFFF UDHP RUDRS RSDHV PWSDUI RDWW RVDIH PSDWH PSDVV ITWDUT HDHV PTDSH pour l’offre subsidiaire (limitée à 30 % du capital). CERUS...... TDWS LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ......

± ± ± RSDUQ PWWDWU IDQR SPDPH IWH IVVDTH IPQUDIQ HDUR PHPDQH UIDUH UHDRS RTPDIP IDUR UVDTH

L’offre de la BNP sur l’action Paribas est valorisée à CGIP ...... RTDQS LEGRAND ...... VIVENDI ......

C ± ± SSDRH QTQDRH HDUQ RU III IHWDSH UIVDPU IDQS IIVDSH IQDVT IQDVH WHDSP HDRQ IR

113,55 euros (en tenant compte d’un CVG dont la CHARGEURS...... SS LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL ..... ± RUDQH QIHDPU FFFF RU QTDVW QTDSH PQWDRP IDHT QUDTI IWSDIH IWSDIH IPUWDUU FFFF IWU CHRISTIAN DALLOZ ...... RUDQH LEGRIS INDUST...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C ±

IQWDSH WISDHT IDRI IRIDVH IHWDPH IHWDVH UPHDPR HDSS IHT valeur théorique est estimée à 7,7 euros). La CHRISTIAN DIOR ...... IRIDSH LOCINDUS......

± FFFF FFFF FFFF VHDUH SVP SUSDSH QUUSDHQ IDIP TQW

branche principale de l’offre de la Société générale CIC -ACTIONS A...... VRDSH L’OREAL ......

± ± TIDPS RHIDUU HDSU THDVH PTVDQH PTU IUSIDRI HDRV PSU CIMENTS FRANCAIS ...... TIDTH LVMH MOET HEN......

sur Paribas valorise cette dernière à 114,18 euros, ± VT STRDIP PDPU VRDSH ISH ISH WVQDWR FFFF ISVDTH CLARINS ...... VV MARINE WENDEL ......

± ± WR TITDTH PDHV WIDUH SDSV SDSI QTDIR IDPS SDWW

tandis que la branche subsidiaire la valorise à CLUB MEDITERRANE .... WT METALEUROP ......

± ±

PRDVS ITQDHI PDSS PRDTS QWDTW QWDSP PSWDPQ HDRQ QVDUH

111,80 euros. CNP ASSURANCES ...... PSDSH MICHELIN......

C ± VH SPRDUU HDQU VV QH QHDIH IWUDRR HDQQ QIDVT COFLEXIP...... VHDQH MONTUPET SA......

± ITQ IHTWDPI FFFF IUT WDRW WDRS TIDWW HDRP IH b Jeudi matin, le titre Elf Aquitaine gagnait 0,12 % COLAS ...... ITQ MOULINEX ......

C C IDVH IIDVI HDST IDUW SUDWS SV QVHDRT HDHW STDWH

à 162,90 euros, tandis que la valeur TotalFina cédait COMPTOIR ENTREP...... IDUW NATEXIS BQ POP......

C ± Compen- RIDSH PUPDPP HDRV RHDWH PTDIH PSDSH ITUDPU PDQH PV

CPR ...... RIDQH NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

1,01 % à 118 euros. Elf a saisi le Conseil national de la International sation ± ± f ISDQS IHHDTW HDTS IQDSH PPDRP PPDQV IRTDVH HDIV PIDWH

CRED.FON.FRANCE ...... ISDRS NORBERT DENTRES...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C ± QI PHQDQS HDTR QI PSDSH PT IUHDSS IDWT PRDVS comptabilité sur les règles comptables adoptées par CFF.(FERRAILLES) ...... QIDPH NORD-EST......

± ±

PU IUUDII PDSQ PTDQH UHDIS FFFF FFFF FFFF UI IIUDVH IIS USRDQS PDQV IPWDPH

Total lors de sa fusion avec la compagnie belge Pe- CREDIT LYONNAIS...... PUDUH NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C C ± SIDUH QQWDIQ HDQW SPDTS PIV PPH IRRQDII HDWP PRH RVDHU RTDSH QHSDHP QDPU SP

troFina. CS SIGNAUX(CSEE)...... SIDSH NRJ # ...... A.T.T. #...... ± ± ± UQDHS RUWDIV HDTI URDIH UDVI UDVH SIDIT HDIQ VDQU IVDQH IVDPH IIWDQV HDSS ITDWH DAMART ...... UQDSH OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

± ± PQS ISRIDSH HDWU PRVDSH WWDPH WVDIH TRQDRW IDII IHHDSH PUDSH FFFF FFFF FFFF PTDUI

b Le cours d’Accor ouvrait jeudi matin en baisse de DANONE...... PQUDQH PARIBAS...... CROWN ORD.#.....a

C

± ± ITIDIH IHSTDUS HDUR ISUDSH IHU IHSDWH TWRDTT IDHQ IIT PRDHQ PRDHS ISUDUT HDHV PQDUS

2,52 % à 216,90 euros. Le premier groupe hôtelier DASSAULT-AVIATIO ...... ITPDQH PATHE...... DE BEERS # ......

C ± ± QRDTS PPUDPW IDIU QTDPW RWDPS RW QPIDRP HDSI RSDUH TUDVH TT RQPDWQ PDTS TVDQH DASSAULT SYSTEME...... QRDPS PECHINEY ACT ORD ...... DU PONT NEMOURS.....

C ± SSDPH QTPDHW HDHW TH PSU PSU ITVSDVI FFFF PSV PWDHQ PVDPT IVSDQU PDTS PTDSH européen a vu son chiffre d’affaires au premier se- DE DIETRICH...... SSDIS PENAUILLE POLY.C ...... ERICSSON # ......

C C ± USDWS RWVDPH HDIQ UIDPH THDQH THDTH QWUDSI HDSH TIDQH RTDHP RT QHIDUR HDHR SIDHS

mestre progresser de 4,4 % à 2,854 milliards d’euros. DEVEAUX(LY)# ...... USDVS PERNOD-RICARD...... FORD MOTOR # ......

C ± ± IQ VSDPU PDSP IIDTP ISW ISUDRH IHQPDRV IDHI ISQ IHPDPH WWDSH TSPDTV PDTR IHWDPH DEV.R.N-P.CAL LI...... IPDTV PEUGEOT...... GENERAL ELECT. #......

C ± ± IISDUH USVDWR IDII IPIDVH IRWDVH IRWDUH WVIDWU HDHU ISW SV SVDIH QVIDII HDIU TQDVS DEXIA FRANCE ...... IIU PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL MOTORS # .....

± ± ± SDPS QRDRR HDQV SDRV IHPDRH IHIDUH TTUDII HDTV IHQ W VDUV SUDSW PDRR VDWI DMC (DOLLFUS MI)...... SDPU PLASTIC OMN.(LY) ...... HITACHI #......

C C

± PRDSI ITHDUV HDPS PSDVP UI UIDPH RTUDHR HDPV UVDRS IIQ IIHDPH UPPDVT PDRV IIVDIH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PRDRS PRIMAGAZ...... I.B.M # ......

± ±

TR RIWDVI FFFF TUDRH TIS TIH RHHIDQR HDVI TIPDSH TW TUDSH RRPDUU PDIU TI

______EIFFAGE ...... TR PROMODES...... ITO YOKADO #......

± ± ± ITIDPH IHSUDRH HDWP ITS IVP IVIDSH IIWHDST HDPU IVS PIDPH PHDVS IQTDUU IDTS PHDVP ELF AQUITAINE ...... ITPDUH PUBLICIS #...... MATSUSHITA #......

C C ± RH PTPDQV IDPQ QWDQH ITDPH ITDPP IHTDRH HDIP ITDTH QVDWS QW PSSDVP HDIQ RHDIS ERAMET ...... RHDSH REMY COINTREAU...... MC DONALD’S #......

ti hs S ey „ Cours releve´sa` 10 h 15

± ± IPH UVUDIS FFFF IPP SHDRH RWDVS QPTDWW IDHW RRDWS TPDIS TH QWQDSU QDRT TSDUH ERIDANIA BEGHIN...... IPH RENAULT ...... MERCK AND CO # ......

C

± ±

QHS PHHHDTU IDQH QHPDPH UWDVS UV SIIDTS PDQP USDHS UDSR UDSQ RWDQW HDIQ UDIS ESSILOR INTL ...... QHIDIH REXEL...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PR —ouÃt

C ± QII PHRHDHQ QDTU QHV PHDQP PHDPH IQPDSH HDSW IWDWH WQDUS FFFF FFFF FFFF WSDUH ESSILOR INTL.ADP...... QHH RHODIA ...... MOBIL CORPORAT.#......

C ± ± USDRH RWRDSW HDVU URDUS RUDIS RTDRH QHRDQT IDSW RTDWW IIUDSH IIS USRDQS PDIQ IPTDTH ESSO...... URDUS RHONE POULENC A...... MORGAN J.P. # ......

C ± SSS QTRHDST PDWU SWR PDVH FFFF FFFF FFFF PDVR IPDVU IPDVP VRDHW HDQW IPDSS EURAFRANCE...... SQW ROCHETTE (LA) ...... NIPP. MEATPACKER......

± Compen- ± IDPW VDRT HDUU IDRH SP SP QRIDIH FFFF STDRH QRDQS QQDVH PPIDUI IDTH QTDQS

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURO DISNEY...... IDQH ROYAL CANIN...... PHILIP MORRIS # ......

sation France C f ± IDRR WDRS IDQU IDRV IVQH IVQH IPHHRDHI FFFF IVPS VTDQH VTDWH SUHDHQ HDUH VTDTH

en ¤uros en ¤uros en francs veille EUROTUNNEL...... IDRT RUE IMPERIALE (L...... PROCTER GAMBLE ......

(1)

C FFFF FFFF FFFF UIDVS QTDVS QTDVS PRIDUP FFFF QSDTH ISDVH ITDQH IHTDWP QDIT IQDPH STRAFOR FACOM...... UPDSH SADE (NY) ...... SEGA ENTERPRISES ......

C ± IRUDHS WTRDSV PDHQ ISPDIH SQDPH SQDPH QRVDWU FFFF SQDSH PRTDWH FFFF FFFF FFFF PRV SU SUDHS QURDPP HDHW SUDWS B.N.P. (T.P)...... ISHDIH FAURECIA ...... SAGEM S.A...... SCHLUMBERGER #......

± ± ± FFFF FFFF FFFF IRPDQH IIR IIQDSH URRDSI HDRR IIVDPH IUVDWH IUSDSH IISIDPH IDWH ITV IIP IIHDQH UPQDSP IDSP IHWDUH CR.LYONNAIS(TP) ...... IRRDUH FIMALAC SA...... SAINT-GOBAIN...... SONY CORP. #......

C ± QVU PSQVDSS HDSP QTP IVDTH IVDTH IPPDHI FFFF IVDVQ VHDRS VHDPH SPTDHV HDQI VQDSH RENAULT (T.P.)...... QVS FINEXTEL...... SALVEPAR (NY) ...... a

± ± ± IUI IIPIDTW HDVU IUPDQH UIDTH UI RTSDUQ HDVR UHDVH QUDIR QTDPR PQUDUP PDRP RHDTV SAINT GOBAIN(T.P...... IUPDSH FIVES-LILLE...... SANOFI SYNTHELAB......

± IRU WTRDPT P ISPDPH IQTDVH FFFF FFFF FFFF IQSDQH TH TH QWQDSU FFFF TPDSH

THOMSON S.A (T.P ...... ISH FONC.LYON.# ...... SAUPIQUET (NS) ...... ABRE´VIATIONS

± ± ± PIUDVH IRPVDTU PDII PPV TSDPH TS RPTDQU HDQI TUDQH SWDSH SVDTS QVRDUP IDRQ SWDUH

ACCOR ...... PPPDSH FRANCE TELECOM...... SCHNEIDER ELECTR......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

± ± PI IQUDUS HDRU PHDIH UTQ FFFF FFFF FFFF UQR RSDVH RSDUS QHHDIH HDII RU AEROSPATIALE MAT ...... PIDIH FROMAGERIES BEL...... SCOR......

C

± ± RTDUS QHTDTT HDQP RUDRW IPRDUH IPQDWH VIPDUQ HDTR IQQDQH UHDTH UHDWH RTSDHU HDRP UPDSH AGF ...... RTDWH GALERIES LAFAYET ...... S.E.B...... SYMBOLES

C C ± ITDHW IHSDSR HDHT ITDSH URDPS URDSH RVVDTW HDQR UQ SPDQH SPDQS QRQDQW HDIH ST

AIR FRANCE GPE N ...... ITDIH GASCOGNE...... SEITA...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C ± IRUDVH WTWDSH HDWT ISHDPH TPDTS TPDSH RHWDWU HDPR TIDIS IHDIH IHDII TTDQP HDIH WDWI

AIR LIQUIDE ...... IRTDRH GAUMONT #...... SELECTIBANQUE...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

± ± ± IQTDSH VWSDQV QDHS IQH RUDSS RUDIS QHWDPV HDVR SHDHS RPDIS RIDVV PURDUI HDTR RR

ALCATEL ...... IRHDVH GAZ ET EAUX ...... SGE...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C ± ±

QIDSH PHTDTQ HDTQ QI IIP IIPDSH UQUDWS HDRS IIQ WUDVH WUDIH TQTDWQ HDUP IIRDVH

ALSTOM...... QIDUH GECINA...... SIDEL...... `

C ± DERNIERE COLONNE RM (1) : PQS ISRIDSH HDVT PQRDIH SQDPS SQDPS QRWDQH FFFF STDVH ISV ISUDWH IHQSDUT HDHT IRW ALTRAN TECHNO. #...... PQQ GEOPHYSIQUE ...... SILIC CA ......

C ± WV TRPDVR FFFF IHT PSDQS PSDUH ITVDSV IDQV PV VRDSH VR SSI HDSW VH ATOS CA...... WV GRANDVISION ...... SIMCO...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C ± ± IHR TVPDPH IDHS IIRDTH IPWDSH IQH VSPDUR HDQW IQH PIWDRH PIUDVH IRPVDTU HDUQ PIVDPH AXA...... IHSDIH GROUPE ANDRE S.A ...... S.I.T.A ...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C ± ± IPQDSH VIHDII HDRI IIVDSH PRDWH PRDVS ITQDHI HDPH PRDUH IRDRH IRDHS WPDIT PDRQ IPDVR BAIL INVESTIS...... IPQ GR.ZANNIER (LY) ...... SKIS ROSSIGNOL...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± ± IHHDRH TSVDSV HDUW IHS WVDVH WVDWS TRWDHU HDIS WS ITW ITTDPH IHWHDPH IDTT ISVDRH BAZAR HOT. VILLE ...... IHIDPH GROUPE GTM ...... SOCIETE GENERALE......

@€u˜li™iteÂA

± RIQDPS FFFF SDRH QSDRP FFFF SRDQS QSTDSI I GUILLEMOT #...... TQ CLAYEUX (LY)...... d IMMOB.BATIBA....

± PDHQ QDIQ RHDRH PTSDHI FFFF WDSH TPDQP FFFF GUYANOR ACTI .... HDQI CNIM CA#...... IMS(INT.META .....

± RWWDIV FFFF SRDIH QSRDVU FFFF RP PUSDSH IDIV NOUVEAU HF COMPANY...... UTDIH COFITEM-COFI ....d INFO REALITE......

± QHUDTR HDPI TSDUH RQHDWT FFFF SDPH QRDII FFFF HIGH CO...... RTDWH CIE FIN.ST-H ...... d INT. COMPUTE ....d

C C ±

PUHDSV HDIH IRT WSUDUH HDTV IIVDWH UUWDWQ IDTP

´ HOLOGRAM IND .. RIDPS C.A. PARIS I...... JET MULTIMED.... ± ± ± QTDVT HDSQ RVDSH QIVDIR HDPI IHP TTWDHV HDRW

MARCHE IGE + XAO...... SDTP C.A.ILLE & V...... LATECOERE #......

± QRDUU QDTR SH QPUDWV FFFF IHP TTWDHV FFFF ILOG # ...... SDQH C.A.LOIRE AT ...... d L.D.C......

± ± PVDPI PDPU RW QPIDRP FFFF UDIH RTDSU HDST

IMECOM GROUP .. RDQH C.A.MORBIHAN.... LECTRA SYST......

wi‚g‚ihs R ey „

± ± ± IPIDQS IDTH UUDSS SHVDTW HDHT QRDQH PPRDWW P INFONIE...... IVDSH C.A.DU NORD# .... LEON BRUXELL ....

± IPUDPT IDSP TQDVH RIVDSH FFFF IWDSH IPUDWI FFFF

INFOTEL #...... IWDRH C.A. OISE CC ...... d LOUIS DREYFU.....

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35

C ± IVTDSS HDHR WPDVS THWDHT HDIT IV IIVDHU FFFF INTERCALL # ...... PVDRR C.A.PAS CAL...... LVL MEDICAL...... d

C ± ITRDTS IDPI UVDTH SISDSV FFFF IWQ IPTT HDQT LEXIBOOK #...... PSDIH C.A.TOULOUSE.....d M6-METROPOLE ..

Cours Cours % Var. C C RWDPH IDQS THDSH QWTDVS FFFF PDPV IRDWT HDRR

JOLIEZ-REGOL...... UDSH CRCAM TOUR.P...d MEDASYS DIGI.....

Valeurs f en ¤uros en francs veille

C IDVR FFFF RSDSH PWVDRT FFFF QUDWH PRVDTI PDRQ JOLIEZ-REGOL...... d HDPV CROMETAL ...... d MANITOU #......

C ± ± UWDQU SDIQ VDTW SU HDTW FFFF FFFF FFFF RWDSH QPRDUH HDVH ADL PARTNER...... IPDIH LACIE GROUP...... DAPTA-MALLIN ... MANUTAN INTE...

C C ± VVDSS UDIR IWDUH IPWDPP QDTV RVDSH QIVDIR IDRP IHQ TUSDTR FFFF AB SOFT...... IQDSH MEDIDEP #...... GROUPE J.C.D...... MARC ORIAN ...... d

± IPTDTH QDSH T QWDQT FFFF QWDVH PTIDHU FFFF RUDWH QIRDPH FFFF ALPHAMEDIA...... IWDQH MILLE AMIS #...... d DECAN GROUPE..d MARIONNAUD P..

C ± PUDUS PDWV UDIT RTDWU PDPW TR RIWDVI FFFF QPDUV PISDHP FFFF ALPHA MOS ...... RDPQ MONDIAL PECH ... DU PAREIL AU ..... MECATHERM # ....

C C ± WIUDTV HDIR VDIV SQDTT PDQV QWDWW PTPDQP HDHQ QT PQTDIR FFFF ALTAMIR & CI...... IQWDWH NATUREX...... ENTRELEC CB...... MGI COUTIER ......

C C ± IQDQP QDQQ TWDVH RSUDVT IDIT WVDSH TRTDIP HDIS IPI UWQDUI FFFF APPLIGENE ON .... PDHQ OLITEC ...... ENTREPRISE I...... MICHEL THIER.....

± ± ± WDIP IDRP HDVH SDPS WDHW RS PWSDIV FFFF IHDHT TSDWW QDUQ ASTRA ...... IDQW OXIS INTL RG...... ETAM DEVELOP...d NAF-NAF # ......

C C ± VUDIV VDHS PP IRRDQI HDRS IHSDVH TWR HDUT PSDQS ITTDPW FFFF ATN...... IQDPW PERFECT TECH..... EUROPEENNE C... PHYTO-LIERAC.....

± ± QVWDTR I VDRH SSDIH FFFF RIDWS PUSDIU HDIP UPDSH RUSDSU FFFF AVENIR TELEC...... SWDRH PHONE SYS.NE..... EUROP.EXTINC .... POCHET ...... d

C ± RSVDSI FFFF IRDSS WSDRR HDQR RRDPH PVWDWQ HDTU TI RHHDIQ FFFF BELVEDERE...... TWDWH PICOGIGA...... EXEL INDUSTR .... RADIALL #...... d

± ± ± WIDIV FFFF UUDRH SHUDUI HDHT QH IWTDUW SDQT SPDPH QRPDRI HDIW BIODOME #...... IQDWH PROSODIE ...... EXPAND S.A...... RALLYE(CATHI......

± ± PVHDRP PDWS PVDWH IVWDSU FFFF IQW WIIDUV FFFF QUDII PRQDRQ PDTH BVRP EX DT S...... RPDUS PROLOGUE SOF.... FACTOREM...... d REYNOLDS......

C C C ± SSDIH IDPH RDPU PVDHI IDTU IV IIVDHU HDST PPDWH ISHDPI HDTS CAC SYSTEMES .... VDRH QUANTEL ...... FAIVELEY #...... RUBIS #......

C C ± IPPDWQ IDQH RUDQI QIHDQQ HDPI RDVS QIDVI FFFF IPH UVUDIS PDPV CEREP ...... IVDUR R2I SANTE ...... FINACOR ...... d SABATE SA #......

± ± RDSQ RDIU QVDVW PSSDIH HDPV UUDSH SHVDQU FFFF UIDWH RUIDTQ FFFF CHEMUNEX #...... HDTW RADOUX INTL ...... FINATIS(EX.L...... d SEGUIN MOREA...d

± PUSDSH FFFF IV IIVDHU HDPV ITT IHVVDVW FFFF IPRDIH VIRDHR FFFF COIL...... RP RECIF #...... FININFO ...... d SIDERGIE ......

C ± IRUDSW PDIU IWDWH IQHDSR IDHP RP PUSDSH FFFF PT IUHDSS FFFF CRYO INTERAC .... PPDSH REPONSE #...... FLO (GROUPE)..... SIPAREX (LY) ...... d

C ± PRWDPT PDUH UDQH RUDVV PDHI RUDSH QIIDSV FFFF PPDSI IRUDTT FFFF CYBER PRES.P...... QV REGINA RUBEN.... FOCAL (GROUP.... SOCAMEL-RESC....d

C ± THDPV FFFF PQDPH ISPDIV HDVU TR RIWDVI FFFF SVDQH QVPDRP HDQR RS PWSDIV FFFF CYRANO # ...... WDIW SAVEURS DE F ...... ARKOPHARMA #... FRAIKIN 2# ...... SOPRA # ......

± ±

IITDTW HDTI IPDSH VIDWW IDII WR TITDTH FFFF RIDUH PUQDSQ FFFF RDRH PVDVT FFFF

DESK # ...... IUDUW SILICOMP # ...... SECOND ASSUR.BQ.POP ..... GAUTIER FRAN.... SPORT ELEC S...... d

C ± ± VDSQ FFFF IHV UHVDRQ R PSDUH ITVDSV UDSS IDIV UDUR FFFF ITDWH IIHDVT HDQH DESK BS 98 ...... d IDQH SERP RECYCLA ..... ASSYSTEM # ...... GEL 2000 ...... d STALLERGENES....

C ± ______RSDWP FFFF RR PVVDTP PDPP IUSDIH IIRVDSV HDSU QIDIH PHR FFFF RH PTPDQV FFFF DMS # ...... U SOI TEC SILI ...... BENETEAU CA# .... GENERALE LOC ...d STEF-TFE #......

C

±

RVDPI HDSR PPDVV ISHDHV HDHR UDIW RUDIT FFFF UQ RUVDVS FFFF PDIS IRDIH FFFF

DURAND ALLIZ.... UDQS STACI #...... ´ BISC. GARDEI...... d GEODIS...... d SUPERVOX (B) ...... d

C ± ± PDTH TRTDIP HDTR RDPH FFFF SWDQH QVVDWV IDWV IDQH VDSQ FFFF SHDIH QPVDTQ IDUT DURAN DUBOI..... WVDSH STELAX ...... d MARCHE BOIRON (LY)#...... G.E.P PASQUI...... d SYLEA......

± IITDUT FFFF IUDRS IIRDRT FFFF PVDWH IVWDSU FFFF PR ISUDRQ IDVR IQDUS WHDIW FFFF EFFIK #...... IUDVH SYNELEC #...... BOISSET (LY) ...... d GFI INDUSTRI ..... TOUPARGEL (L.....d

C C C ± IVPDHQ PDRH IDVS IPDIR PDTQ VWDVH SVWDHS HDQR THDWH QWWDRV PDQS IHS TVVDUS FFFF ESKER ...... PUDUS LA TETE D.L...... BOIZEL CHANO.... GFI INFORMAT.... TRANSICIEL #......

ti hs S ey „

± ± SRWDQT RDUP PSDVH ITWDPR FFFF ITDVI IIHDPU HDTS THDSS QWUDIV FFFF RHDIH PTQDHR FFFF EUROFINS SCI...... VQDUS THERMATECH I.... BONDUELLE...... GO SPORT ...... d TRIGANO ...... d

C ±

UIDIU FFFF IIPDSH UQUDWS PDQU SDVW QVDTR FFFF IVDSH IPIDQS FFFF WT TPWDUP HDTP

EURO.CARGO S .... IHDVS TITUS INTERA ...... Une se´lection. Cours releve´sa` 10 h 15 BOURGEOIS (L .....d GPRI FINANCI .....d UBI SOFT ENT......

C ± ± RSPDTI HDSV IHIDVH TTUDUT FFFF RTDWW QHVDPQ HDHP SITHDSH QQVSHDTT FFFF IVDWH IPQDWV RDVV EUROPSTAT #...... TW TITUS INTER...... d BRICE...... GRAND MARNIE..d VIEL ET CIE ......

± ± ± VQDQI SDWQ QQDSH PIWDUS FFFF RRDSH PWIDWH IDII SH QPUDWV FFFF TW RSPDTI IDRQ FABMASTER # ...... IPDUH TRANSGENE # ...... BRICORAMA # ...... GROUPE BOURB..d VILMOR.CLAUS ....

Cours Cours % Var. C ± QWHDPW HDVS II UPDIT SDWV WT TPWDUP FFFF IUDRH IIRDIR FFFF SRDWS QTHDRS FFFF

FI SYSTEM #...... SWDSH TR SERVICES...... BRIOCHE PASQ .... GUERBET S.A...... d VIRBAC...... d

Valeurs f en ¤uros en francs veille

C C C ± SSDIH IDRS SDWS QWDHQ FFFF SUDRH QUTDSP HDUH QPDUS PIRDVQ QDQT VUDSS SURDPW IDIT FLOREANE MED... VDRH V CON TELEC...... d SOLERI ...... GUY DEGRENNE.. WALTER #......

± ± ± ± QUHDPW HDHW VDWW SVDWU HDII SR QSRDPP IDVP QH IWTDUW HDHU RWDWH QPUDQP FFFF QVDHI PRWDQQ FFFF GENERIX # ...... STDRS WESTERN TELE .... ADA...... CDA-CIE DES...... GUYOMARC H N..d AFIBEL ...... d

± ± WVDHU HDQQ VT STRDIP FFFF RS PWSDIV FFFF WIDRH SWWDSR QDPV QSDIR PQHDSH FFFF GENESYS # ...... IRDWS ...... AIGLE # ...... CEGEDIM #...... HERMES INTL...... AIRFEU#(NS) ...... d

C C ± ± PPPDTQ Q TVDWS RSPDPV IDRH WQDWH TISDWR HDII IHQDVH TVHDVV HDPW QP PHWDWI FFFF GENSET...... QQDWR ...... ALGECO #...... CERG-FINANCE.... HYPARLO #(LY ..... ALAIN MANOUK...d

IRQDSW FFFF VPDWS SRRDIP FFFF QPDSH PIQDIW FFFF PWDUH IWRDVP FFFF URDPS RVUDHS FFFF GROUPE D # ...... PIDVW ...... APRIL S.A.#( ...... CGBI...... d I.C.C.# ...... d BQUE TARNEAU...d

´ ´ IIRQDPU HRGHV IUVDHQ IITUDVH HRGHV IVWDUV IPRRDVV HRGHV REVENU-VERT ...... IURDPW ACTILION EQUILIBRE C *..... KALEIS EQUILIBRE D......

´ ´ ´ ´ ´ ´ IPHDQU HQGHV IURDTI IIRSDQU HRGHV IUWDRW IIUUDQV HRGHV Minitel : SEVEA ...... IVDQS ACTILION EQUILIBRE D * .... KALEı¨SSERENITE C......

´ ´ IHTHDPP HRGHV ITIDTQ ´ ´ ´ PHQTSDTW HRGHV IUTDHT IISRDVV HRGHV

SICAV 3616 CDC TRESOR (1,29 F/mn) SYNTHESIS ...... QIHRDUQ ACTILION PEA EQUILIBRE *. KALEIS SERENITE D ......

ITUDSW IHWWDQP HRGHV

QSVDRV HRGHV PQDVR ISTDQV HRGHV

UNIVERS ACTIONS ...... SRDTS ACTILION PRUDENCE C *.... LATITUDE C ......

PHWHWDVV HRGHV

FONSICAV C ...... QIVUDTW

IHUUDTI HRGHV ´ ITRDPV IVRDQI IPHVDWW HSGHV IQTDIV HRGHV

MONE ASSOCIATIONS...... ACTILION PRUDENCE D * ... PHDUT

´ ˆ LATITUDE D...... PHSPVDHR HRGHV

MUTUAL. DEPOTS SIC. C ..... QIPWDRV WIDQI SWVDWS HRGHV IWVDVT IQHRDRR HSGHV TUPDSS HRGHV

FCP UNIVAR C ...... LION ACTION EURO ...... OBLITYS D...... IHPDSQ VVDRT SVHDPT HRGHV IIWRDHR HSGHV IVPDHQ ´ PUPDIT HRGHV Sicav en ligne : UNIVAR D...... LION PEA EURO...... PLENITUDE D PEA ...... RIDRW

QVDPT PSHDWU HRGHV IRUTHDRI HRGHV 08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) UNIVERS-OBLIGATIONS ...... POSTE GESTION D...... PPSHDPI

 le™tionF

ne se ` RQHIPDHV HRGHV

´ POSTE PREMIERE SI...... TSSUDIS RIHDST HRGHV

ECUR. ACT. FUT.D PEA...... TPDSW Fonds communs de placements

` PSSISUDTQ HRGHV

´ POSTE PREMIERE 1 AN...... QVVWVDSQ RHDTT PTTDUI HRGHV IVPIDQQ PWGHU

ECUR. CAPITALISATION C.... INDOCAM VAL. RESTR...... PUUDTT

IQQDTV HRGHV

PHDQV ` SRRQQDHV HRGHV

Cours de cloˆ ture le 4 aouˆ t ´ CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 2-3...... VPWVDPU IQSQQDPU VVUUPDRQ HRGHV PUIDUH HPGHV

ECUR. EXPANSION C...... MASTER ACTIONS ...... RIDRP

QPDWV PITDQQ HRGHV

SPPPDHI HRGHV

´ ´ CM FRANCE ACTIONS ...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UWTDHW UHTDHU RTQIDSP HRGHV

IVPDWS HPGHV

ECUR. GEOVALEURS C...... MASTER OBLIGATIONS ...... PUDVW

IUHDSS HRGHV

PT ´ IHWWDQV HRGHV

´ CM MID. ACT. FRANCE...... THESORA C ...... ITUDTH RWDUT QPTDRH HRGHV

IPVDTQ HQGHV

Valeurs unitaires e Date ECUR. INVESTIS. D PEA...... OPTALIS DYNAMIQ. C ...... IWDTI

PPITDVI HRGHV QQUDWS ´ WRUDQQ HRGHV

E´metteurs f ´ ´ CM MONDE ACTIONS...... THESORA D...... IRRDRP PHVDSQ IQTUDVU HRGHV

IPSDPP HQGHV

¤uros francsee cours EC. MONET.C/10 30/11/98...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDHW

TUIDVQ HRGHV

IHPDRP ´

PVRTHUDVU HRGHV

´ ´ CM OBLIG. LONG TERME.... TRESORYS C...... RQQVVDIW IPQRDHS HRGHV IVVDIQ ´ IPIDSS HQGHV

EC. MONET.D/10 30/11/98...... OPTALIS EQUILIB. C ...... IVDSQ

PVDST IVUDQR HRGHV

PQTRDPH HRGHV

AGIPI ´ ´ CM OPTION DYNAM...... SOLSTICE D...... QTHDRP QQSDTS HRGHV SIDIU ´ IISDWU HQGHV

ECUR. TRESORERIE C...... OPTALIS EQUILIB. D...... IUDTV ´ QIWDTS HRGHV

´ ´ CM OPTION EQUIL...... RVDUQ RTDUU QHTDUW HRGHV

IISDVR HQGHV

ECUR. TRESORERIE D ...... OPTALIS EXPANSION C ...... IUDTT

ITSDSH HRGHV

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PSDPQ WVSDUU HRGHV

´ CM OBLIG. COURT TERME .. ISHDPV SG ASSET MANAGEMENT PVUDRQ IVVSDRP HRGHV

IISDQP HQGHV

ECUR. TRIMESTRIEL D...... OPTALIS EXPANSION D...... IUDSV

ITUDHU HRGHV

AGIPI ACTIONS (AXA)...... PSDRU PHIUDRT HRGHV

´ CM OBLIG. MOYEN TERME . QHUDST Serveur vocal : IVUDTH HRGHV

PVDTH ´ ´ ´ IIIDIP HQGHV

EPARCOURT-SICAV D...... OPTALIS SERENITE C...... ITDWR

IHUQDVH HRGHV

´ CM OBLIG. QUATRE...... ITQDUH 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn) IQVRWDUR HRGHV PIIIDQV ´ ´ ´ IHQDVR HQGHV

3615 BNP GEOPTIM C ...... OPTALIS SERENITE D ...... ISDVQ

IHRPDUU HRGHV

´ ISVDWU IPQWVDWT HRGHV

IVWHDPI Fonds communs de placements CADENCE 1 D...... SIWDSP HQGHV

GEOPTIM D...... PACTE SOL. LOGEM...... UWDPH

ISWDHS IHRQDQH HRGHV

QIRUDQS HRGHV

RUWDVI ´ CADENCE 2 D...... IUDSV IISDQP HRGHV

SQSDHT HQGHV

HORIZON C...... PACTE VERT T. MONDE...... VIDSU CM OPTION MODERATION .

UPSDPQ HRGHV

BNP ACTIONS EURO...... IIHDST

IHQIDQT HRGHV

´ ´ ISUDPQ WWDUU HRGHV

PREVOYANCE ECUR. D...... ISDPI CADENCE 3 D......

WVHDVS HRGHV

BNP ACTIONS FRANCE...... IRWDSQ

QQHDUQ HRGHV LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE INTEROBLIG C ...... SHDRP

TTWDIR HRGHV

BNP ACT. MIDCAP EURO..... IHPDHI CIC BANQUES ´ URDVU RWIDIP HRGHV

SVVDSW HQGHV

ASIE 2000...... VWDUQ INTERSELECTION FR. D......

PQIDPP HRGHV

BNP ACT. MIDCAP FR...... QSDPS CRE´DIT AGRICOLE ´ ´

IIVPDWS HRGHV

´ IVHDQR PIRTUDQI HQGHV QPUPDTU SELECT DEFENSIF C...... PIPDPH HRGHV

FRANCIC...... QPDQS SAINT-HONORE CAPITAL ....

IIIRDHI HRGHV

BNP ACTIONS MONDE...... ITWDVQ 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) ´

ISIIDUV HRGHV

´ ´ PQHDRU RPIDWI HQGHV TRDQP SELECT DYNAMIQUE C ...... IWRDPQ HRGHV

FRANCIC PIERRE...... PWDTI ST-HONORE MAR. EMER. ....

IITQDPU HRGHV

BNP ACTIONS PEA EURO..... IUUDQR ´ ´ IHSRDVR HRGHV

´ ITHDVI PTWDUQ HRGHV RIDIP ´ UIRDTH HQGHV ´ IHVDWR SELECT EQUILIBRE 2...... PWHDPT HRGHV

´ ATOUT AMERIQUE ...... EUROPE REGIONS...... RRDPS ST-HONORE PACIFIQUE ...... IVPDHQ HRGHV

BNP EP. PATRIMOINE...... PUDUS ´ ISSDIP IHIUDSP HRGHV IQHDSR HRGHV

IWDWH ´ ´ IWSTDRT HQGHV

´ ATOUT ASIE...... ST-HONORE VIE SANTE ...... PWVDPT SELECT PEA 3...... IWWDVH HRGHV

BNP EPARGNE RETRAITE .... QHDRT

RIQDIV PUIHDPV HRGHV PHISDQH HRGHV

´ ATOUT CROISSANCE...... QHUDPQ CIC PARIS SG FRANCE OPPORT. C...... ISHTIDVW HRGHV

BNP MONE COURT TERME . PPWTDIU

QVVDRQ PSRUDWQ HRGHV IWSUDQI HRGHV

PWVDQW SG FRANCE OPPORT. D ......

´ ATOUT FONCIER...... LEGAL & GENERAL BANK SUISDUS HRGHV

BNP MONETAIRE C...... VUIDQT

RTWDVW QHVPDPV HRGHV

IIWQDQV HRGHV

ATOUT FRANCE EUROPE ..... IVIDWQ SOGENFRANCE C......

IIHIDRP HRGHV

´ ASSOCIC ...... ITUDWI SPTIDIH HRGHV

BNP MONETAIRE D ...... VHPDHS

RPRDVT PUVTDWH HRGHV

PWRDPT HRGHV

ATOUT FRANCE MONDE...... RRDVT SOGENFRANCE D......

STWDQU HRGHV

AURECIC...... VTDVH ´ IWPPDRV HRGHV

´ PWQDHV VQHTVDHQ HRGHV

BNP MONE PLACEMENT C.. IPTTQDTR SECURITAUX ......

IVQDVR IPHSDWI HRGHV

TUIDPR HRGHV

ATOUT FUTUR C ...... SOGEOBLIG C...... IHPDQQ

IWVDST HRGHV

CICAMONDE...... QHDPU ´ IPUVDQW HRGHV

´ IWRDVW USWPVDVT HRGHV

BNP MONE PLACEMENT D.. IISUSDPV STRATEGIE IND. EUROPE ....

IIIVDQR HRGHV

IUHDRW ´ QHQDQI HRGHV

ATOUT FUTUR D...... SOGEPARGNE D...... RTDPR

RVTDRT HRGHV

CONVERTICIC...... URDIT ´

PIIPDUI HRGHV

´ ´ ´ QPPDHV IITSSDWT HRGHV

BNP MONE SECURITE ...... IUUTDWR STRATEGIE RENDEMENT ....

QIVDII PHVTDTT HRGHV

ISSWDRU HRGHV

COEXIS ...... SOGEPEA EUROPE...... PQUDUR

PHTPDHU HRGHV

´ ´ ECOCIC...... QIRDQT WQWTHWDPU HRGHV

BNP MONE TRESORIE ...... IRQPRPDSI ` RHUDQU PTUPDIU HRGHV

RHVDPU HRGHV

DIEZE ...... SOGINTER C...... TPDPR

SIVUDWH HRGHV

EPARCIC ...... UWHDVW

IHWIDSV HRGHV

BNP OBLIG. CT ...... ITTDRI Sicav Info Poste :

QRQRDWV HRGHV

EURODYN...... SPQDTT

WTIIDIS HRGHV

MENSUELCIC...... IRTSDPI Fonds communs de placements

PPTDQU HRGHV

BNP OBLIG. LT...... QRDSI 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn)

UISDIW HQGHV

INDICIA EUROLAND...... IHWDHQ

RQHQDTH HRGHV

TSTDHV ´ IHRDRQ HQGHV

OBLICIC MONDIAL...... DECLIC ACTIONS EURO...... ISDWP

IITHDWI HRGHV

IUTDWV ´ ITSDHR HRGHV

BNP OBLIG. MONDE...... PSDIT

PRWUDRW HQGHV

INDICIA FRANCE...... QVHDUR AMPLITUDE AMERIQUE C ...

IITIDWH HRGHV

´ IUUDIQ ´

QIQDWR HQGHV

OBLICIC ReGIONS ...... DECLIC ACTIONS FRANC ..... RUDVT

WPVDTR HRGHV

IRIDSU ´ ITQDTH HRGHV

BNP OBLIG. MT C...... PRDWR

ISVIDIP HRGHV

INDOCAM CONVERT. C...... PRIDHR AMPLITUDE AMERIQUE D...

ISWDWW HRGHV

PRDQW ´ PSRDQI HQGHV

RENTACIC...... DECLIC ACTIONS INTER...... QVDUU

IQRDUW VVRDIT HRGHV

PPUDIT HRGHV

BNP OBLIG. MT D...... QRDTQ IQWUDUV HRGHV

INDOCAM CONVERT. D ...... PIQDHW AMPLITUDE EUROPE C......

PQWIDRP HRGHV

QTRDSU ´ QQVDIS HQGHV

SECURICIC...... DECLIC BOURSE PEA ...... SIDSS

ITUDHS IHWSDUV HRGHV

PPIDVR HRGHV

BNP OBLIG. REVENUS ...... QQDVP IQIWWDVP HQGHV

INDOCAM EUR. NOUV...... PHIPDQH AMPLITUDE EUROPE D ......

PITIDHS HRGHV

QPWDRS ´ ´ IHPDTT HQGHV

SECURICIC D ...... DECLIC BOURSE EQUILIBRE ISDTS ITWDPI IIHWDWR HRGHV ISQIDIQ HRGHV

BNP OBLIG. SPREADS...... PQQDRP IIWUDPS HRGHV IVPDSP AMPLITUDE MONDE C......

INDOCAM HOR. EUR. C ...... ´ IIRDHI HQGHV

´ DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDQV IVPPDRP IIWSRDPW HRGHV PIQDVI IRHPDSH HRGHV

IHSTDTV HRGHV

BNP OBLIG. TRESOR...... INDOCAM HOR. EUR. D...... ITIDHW AMPLITUDE MONDE D ......

´ IPTDTH HQGHV

DECLIC PEA EUROPE ...... IWDQH

IQSDRI VVVDPQ HRGHV PPDRR IRUDPH HRGHV

WUTDIQ HRGHV

BNP SECT. IMMOBILIER ...... INDOCAM MULTI OBLIG...... IRVDVI AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

´ RQQDIW HQGHV

DECLIC SOGENFR. TEMPO .. TTDHR

PPDIP IRSDIH HRGHV PRRDVU HQGHV

INDOCAM ORIENT C...... QUDQQ AMPLITUDE PACIFIQUE D...

SWWWDTS HRGHV

www.cdc-assetmanagement.com LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WIRDTR ´ ...... RIDPV PUHDUV HRGHV PIVDQU HQGHV

INDOCAM ORIENT D ...... QQDPW ELANCIEL FRANCE D PEA....

SRUPDQP HRGHV

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQRDPS ´ ...... IHRDVQ TVUDTR HRGHV IIUQDQI HRGHV INDOCAM UNIJAPON...... IUVDVU ELANCIEL EURO D PEA......

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SICAV 5000 ...... ISVDHR ´ ...... QHDPU IWVDST HRGHV PHTUDVR HRGHV

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QISDPR EMERGENCE E.POST.D PEA.

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IUVDRV ´ IHUDHQ UHPDHU HRGHV IRISDQT HRGHV LIVRET B. INV.D PEA...... INDOCAM STR. 5-7 D...... PISDUU GEOBILYS C ......

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PIWDUT IRRIDSQ HRGHV THHDRH HRGHV OBLIFUTUR C...... WIDSQ Fonds communs de placements KALEı¨S DYNAMISME C...... LE´GENDE

RWDUW QPTDTH HRGHV IWHDIS IPRUDQH HRGHV PITDTU IRPIDPT HRGHV SQRDHI HRGHV PATRIMOINE RETRAITE C.... OBLIFUTUR D ...... VIDRI ACTILION DYNAMIQUE C * . KALEIS DYNAMISME D ...... e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.

´ QHHDVW HRGHV PHRDTH IQRPDHW HRGHV IVUDIP IPPUDRQ HRGHV IWPDUV IPTRDSS HRGHV PATRIMOINE RETRAITE D ... RSDVU ORACTION ...... ACTILION DYNAMIQUE D *. KALEı¨SEQUILIBRE C...... LeMonde Job: WMQ0608--0018-0 WAS LMQ0608-18 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0279 Lcp: 700 CMYK

18 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999

SPORTS Après un feuilleton de gnole du Real Madrid, en faveur de ros), un chiffre qui fait de est pourtant dans une situation fi- des nombreux clubs intéressés par cinq mois, le footballeur français laquelle il doit signer, jeudi 5 août, l’attaquant international le nancière difficile, même si les droits son transfert se sont livrés à des né- Nicolas Anelka, âgé de vingt ans, a un contrat de sept ans. b LE MON- deuxième joueur le plus cher de de retransmission pourraient contri- gociations-fleuves, entre bras de fer quitté le club anglais d’Arsenal TANT du transfert atteint 220 mil- l’histoire du football, après l’Italien buer à la redresser. b L’ENTOURAGE et poker menteur. (Lire aussi le por- pour rejoindre la formation espa- lions de francs (33,5 millions d’eu- Christian Vieri. b LE REAL MADRID du joueur français et les dirigeants trait de Nicolas Anelka page 12.) Nicolas Anelka devient un des footballeurs les plus chers de l’histoire En conflit avec son club anglais d’Arsenal, le jeune joueur français devait signer, jeudi 5 août, un contrat de sept ans en faveur du Real Madrid. Officiellement, le montant du transfert atteint 220 millions de francs et son salaire mensuel 2 millions de francs LE FOOTBALL n’a finalement autre espoir du football français, day Times, un rien vachard contre sion du champion. « C’est un peu mœurs peu amènes qui régissent proposition de contrat soumise guère eu de mal à passer du franc à Patrick Vieira, de Cannes au Mi- le perfide Frenchie qui renie Al- comme être père, se lamentait l’en- actuellement le monde du football. aux dirigeants d’Arsenal ? « Mon- l’euro. L’inflation de son économie lan AC, avait défrayé la gazette. Un bion. Arsène Wenger, le manager traîneur. Vous donnez le meilleur de De ce point de vue, la rocambo- sieur Cragnotti s’est moqué de a grandement facilité les conver- joueur de dix-neuf ans pouvait-il français des Gunners d’Arsenal, vous-même aux joueurs, et vous lesque succession de rebondisse- nous », assurait Didier Anelka, ar- sions. La parité est devenue sim- valoir 28 millions de francs et méri- hurle même aux détrousseurs. n’avez rien à espérer en retour. » ments qui a abouti au plus gros guant que le prix du transfert au- plissime : un ter 250 000 francs par mois, s’inter- « J’estime que 22 millions de livres, Voire. transfert du football espagnol est rait en fait été partagé entre la La- euro d’au- rogeait-on alors. c’est du vol », argue-t-il alors. Lui- En plus du montant du transfert, éloquent. « Le transfert de Nicolas zio Rome et la Juventus Turin, en jourd’hui Depuis deux ans, les deux même avait pourtant chipé, sans le club londonien a obtenu égale- Anelka est un soap opera », se plai- échange d’une future revente. De vaut un franc hommes ont évolué ensemble dans scrupule, le jeune prodige au Paris- ment en échange de Nicolas Anel- gnait Sergio Cragnotti, patron de la fait, ces négociations de gré à gré d’hier. Ou, le club londonien d’Arsenal ainsi Saint-Germain en 1997. L’entraî- ka la venue de Davor Suker. L’in- Lazio Rome, longtemps sur les avaient tout du billard à trois plutôt, pour qu’en équipe de France. Ils ont un neur avait profité d’un vide juri- ternational croate, meilleur buteur rangs. Sur la forme certainement : bandes, impliquant divers joueurs être plus autre point commun : en 1995, dique, ou plutôt d’un hiatus entre de la dernière Coupe du monde, l’accord « de principe » entre le et clubs. Pour preuve, le transfert proche des l’agent de Patrick Vieira était Marc la législation française, protégeant avait enchanté un temps les foules président du Real, Lorenzo Sanz, le de Nicolas Anelka à Madrid a dé- valeurs en Roger, celui-là même qui a piloté les clubs formateurs, et la règle eu- madrilènes. Blessé au genou, il vice-président d’Arsenal, David bloqué immédiatement celui de jeu, un million de la nouvelle mon- les tribulations estivales de Nicolas ropéenne, laxiste en la matière. était ensuite tombé en disgrâce au Dein, et Marc Roger a été arraché Thierry Henry, dont le transfert naie équivaut à un million de l’an- Anelka, entre Londres, Turin, stade Santiago-Bernabeu. Il a donc sur un yacht amarré dans le golfe entre la Juventus Turin et Arsenal a cienne. Rome et, finalement, Madrid. Dans ÉNORME PLUS-VALUE été poussé vers la porte et, à trente de Saint-Tropez. Sur le fond, le été conclu, mardi 3 août, moyen- Ainsi, jeudi 5 août, à Madrid, au les deux cas, l’impresario n’a ja- Devant l’émoi du club français, et un ans, a dû accepter une révi- feuilleton fut loin d’être à l’eau de nant 80 millions de francs. bout d’interminables tractations, mais hésité à user de toutes les fi- dépouillé sans vergogne, et pis, sion de son train de vie : à Londres, rose et les poignées de main em- « 220 millions de francs pour un Nicolas Anelka devait signer un celles de son métier pour parvenir sans indemnités, les Anglais son revenu sera de 1 million de preintes de franchise. joueur de vingt ans, c’est une folie ! contrat avec le Real Madrid. Mon- à ses fins. avaient accepté de verser une francs par mois, contre près de 2 à Nicolas Anelka, conseillé par ses Mais une folie merveilleuse », exul- tant du transfert : 33,54 millions « Le football opère de plus en plus obole : 4,5 millions de francs. En Madrid. « Je suis heureux qu’il ait deux grands frères, Claude et Di- tait Lorenzo Sanz. Mais le tout- d’euros (220 millions de francs). comme la boxe professionnelle : c’est une saison et demie, Arsenal a accepté de s’adapter à notre grille dier, aura multiplié les volte-face. puissant président a sans doute Montant du salaire mensuel : un monde d’arnaqueurs, un peu hy- donc réalisé une singulière plus-va- salariale », se réjouissait Arsène Affirmant vouloir jouer en Espagne l’arrière-pensée d’une fructueuse 300 000 euros net (2 millions de pocrite », concluait, le 1er août, un lue, même si Arsène Wenger peut Wenger. le 26 mai, rester à Londres le revente quand il ajoute : « Anelka, francs). En 1995, le transfert d’un article du journal britannique Sun- se targuer d’avoir favorisé l’éclo- Ces considérations illustrent les 27 juin, le joueur refuse finale- c’est un Ronaldo en devenir. C’est le ment, le 4 juillet, de rejouer dans meilleur transfert réalisé ces der- un club avec lequel il avait pour- nières années. » Dans la spirale spé- Le record appartient tant prolongé son contrat jusqu’en culative qui a saisi le football de- Les bonnes recettes financières du Real Madrid 2003. Réfugié dans la région pari- puis peu, même à des tarifs à Christian Vieri sienne, chez lui à Trappes (Yve- aujourd’hui jugés prohibitifs, les MADRID Ce serait compter sans la jusque-là, les droits d’exploitation lines), il fournira même un certifi- bonnes affaires sont toujours à ve- Avec un transfert d’Arsenal au de notre correspondante compréhension d’Arsenal, qui a de l’image du club. Dans le même cat médical justifiant un arrêt de nir. Real Madrid de 220 millions de Le football espagnol a un solide accepté que le paiement soit éche- temps, un contrat de dix ans avec travail, évoquant une dépression Encore Nicolas Anelka devra-t-il francs (33,5 millions d’euros), Ni- appétit. Surtout à l’entame de la lonné jusqu’en 2003 (un premier le firme Adidas rapportait 21 mil- nerveuse. Jusqu’au-boutiste, confirmer sa valeur marchande sur colas Anelka devient le saison 1999-2000, où les clubs de versement, puis des versements ré- liards de pesetas (126 millions Claude Anelka affirmera, le 2 juil- le terrain. A Madrid, il lui faudra deuxième footballeur le plus première division de la Liga, le guliers tous les six mois). Ce serait d’euros), dont une avance immé- let : « Il faut qu’Arsenal se dépêche trouver sa place entre Raul, meil- cher de l’histoire. La place de championnat national, ont déjà également compter sans l’esprit diate du quart. s’ils veut faire un transfert, sinon Ni- leur buteur du dernier champion- champion appartient à l’Italien dépensé un total de 2 milliards de d’entreprise d’un club qui a si bien Mais ce qui devait donner avant colas restera sans jouer pendant un nat d’Espagne et favori du public, Christian Vieri, pour lequel l’In- francs, soit 50 milliards de pesetas prouvé qu’il savait dépenser de tout au Real Madrid son meilleur an. » et Fernando Morientes, attaquant ter Milan a dû verser, il y a quel- (300 millions d’euros), pour s’assu- l’argent, mais aussi trouver les élan pour affronter l’avenir, c’est le international ibérique, qui n’a pas ques mois, 280 millions de francs rer la venue de certains joueurs. Le moyens d’en gagner, que le journal récent contrat conclu avec Soge- COUP DE BILLARD caché son peu d’enthousiasme à (42,7 millions d’euros) à la Lazio club qui a le plus investi est sans sportif AS lui a même dédié, il y a cable, l’opérateur du bouquet nu- Mais, dans ce poker menteur, accueillir un concurrent, affirmant : Rome. Ces chiffres rendent conteste le Real Madrid, avec deux ans, une couverture sous le mérique Canal Satélite Digital, l’entourage du Français n’aura pas « Je serai le no 9 du Real. » Mais presque ridicules les 171 millions 13,1 milliards de pesetas (78,6 mil- titre « Real : le roi du merchandi- pour les droits télévisés de retrans- été le seul à bluffer. L’Olympique quel président de club accepterait de francs (26 millions d’euros) lions d’euros), pour faire venir huit sing ». mission des matches des saisons de Marseille avait également multi- de voir son entraîneur mettre sur le que l’Inter Milan avait versés en joueurs. Un record atteint grâce au 2003-2004 à 2007-2008. Les parties plié ordres et contre-ordres quant banc des remplaçants un joueur 1997 au FC Barcelone pour dé- transfert de Nicolas Anelka. MANNE DE LA TÉLÉVISION de la Liga et de la Coupe du roi se- à un éventuel transfert du joueur, acheté 220 millions de francs ? baucher le prodige brésilien Ro- On pourrait se demander com- Il est vrai que le club a souvent ront retransmises sur les télévi- tout comme la Juventus Turin. La naldo. En France, le record est la ment ce transfert, dont le paie- effectué les bons choix, contrac- sions digitales, ce qui rapportera Lazio Rome s’était montrée plus Benoît Hopquin propriété de l’Olympique lyon- ment sera échelonné jusqu’en tant, par exemple, pour 250 mil- au club un minimum de 7 milliards persévérante dans sa démarche, nais, qui, grâce à la manne ré- 2003, le plus cher de toute l’his- lions de pesetas, une police d’assu- de pesetas par saison (42 millions riche des 280 millions de francs que a Les trois clubs français en lice cente de Pathé, a pu s’offrir les toire du football espagnol, qui rances, il y a trois ans, pour d’euros), plus des rétributions va- lui a rapportés le transfert de en Coupe Intertoto – Rennes, services de l’attaquant brésilien s’inscrit dans le Plan Renove, le pouvoir, s’il était consacré cham- riables en fonction du rapport des Christian Vieiri à l’Inter Milan. Le et Montpellier – se sont qua- Sonny Anderson (FC Barcelone), plan de relance du club, est à la pion d’Europe, payer les primes de parties retransmises en télévision club s’était déclaré intéressé le lifiés, mercredi 4 août, pour le cin- moyennant 116 millions de francs portée du Real Madrid ? Après dizaines de millions de pesetas payante. Soit, sur cinq ans, un total 15 juin et avait finalement renoncé quième tour de la compétition (al- (17,7 millions d’euros). L’Olym- tout, le club est profondément en- promises à ses joueurs. De même, flirtant avec les 50 milliards de pe- après d’ultimes tractations le ler : 10 août, retour 24 août), pique de Marseille détient, lui, le detté depuis longtemps, et le der- au printemps 1998, le club madri- setas (300 millions d’euros). Pers- 14 juillet. qualificatif pour le premier tour de record du transfert d’un joueur nier audit financier connu, effectué lène a négocié un prêt de 7,7 mil- pective dorée qui permet d’envisa- Mais le club romain souhaitait-il la Coupe de l’UEFA, en éliminant français en France, avec 70 mil- en juin 1998, faisait état d’une liards de pesetas (46,2 millions ger sans angoisse d’autres vraiment conserver son acquisi- respectivement l’Austria Vienne lions de francs (10,7 millions dette globale accumulée de d’euros) auprès de la firme Merril transferts records. tion ? N’avait-il pas plutôt l’idée (2-2, 0-2 à l’aller), le Polonia Varso- d’euros) pour le milieu de terrain 31,8 milliards de pesetas (191 mil- Lynch pour racheter à l’entreprise d’une rapide plus-value, celle-ci vie (1-1, 1-5, à l’aller) et Duisbourg lensois Stéphane Dalmat. lions d’euros). Gestsport, qui les exploitait Marie-Claude Decamps étant d’ailleurs déjà inscrite dans la (3-0, 1-1 à l’aller). Le recordman du monde de saut en hauteur Javier Sotomayor reconnu positif à la cocaïne

LA RUMEUR aura couru quel- de Rose, président de la commis- substance, a déclaré Mario Gran- vait le silence. Aucun média offi- pour rectifier ses pieds plats, deve- internationale d’athlétisme (FIAA) ques heures avant de devenir in- sion médicale de l’Odepa, a expo- da, directeur de l’Institut de méde- ciel cubain n’a fait mention de la nu champion à force de sacrifices, ne manquera pas d’ouvrir au plus formation. Mardi 4 août, alors que sé les premiers éléments de dé- cine sportive de Cuba et membre nouvelle et la télévision nationale malgré l’intransigeante politique vite devrait le contraindre à re- la lauréate du concours de saut en fense de la délégation cubaine : de l’Odepa, Nous pensons à une qui retransmettait une partie des de boycottage des JO de Los An- noncer au rendez-vous de l’année. hauteur des Jeux panaméricains, Javier Sotomayor, souffrant de manipulation d’aliments ou compétitions a gardé le silence sur geles (1984) et la litanie des bles- Mercredi soir, en préambule, le la Domini- l’estomac, a été soigné avec un thé d’autres choses qui ont facilité l’ap- le cas du champion. Là-bas, il sera sures qui est le lot des champions, président de la FIAA, l’Italien Pri- caine Juana provenant du Pérou. « Son méde- parition de la substance. » bien difficile d’admettre que cet a valeur d’exemple. mo Nebiolo, qui assistait, mercre- Arrendel, dix- cin affirme ne s’être ne s’est pas A La Havane, où Javier Soto- homme de 1,94 m et de 84 kilos, le Il sera encore bien plus difficile di soir, au meeting Herculis de neuf ans, se rendu compte que ce médicament mayor, recordman du monde, seul athlète à avoir sauté vingt- d’accepter l’idée que Javier Soto- Monaco, s’est dit « choqué ». «Je voyait retirer contenait de la cocaïne. Il a utilisé champion du monde (1993) et trois fois au-dessus des 2,40 m, ait mayor ne participe pas aux cham- ne peux pas comprendre, a-t-il sa médaille le thé comme cela se fait beaucoup champion olympique (1992), est pu tricher. L’histoire de cet enfant pionnats du monde de Séville (21- confié. Je me sens mal pour lui. » d’or après à Cuba, et aussi au Brésil, et appa- une idole, voire une légende, dou- rondouillard, portant des lunettes 29 août), puisque la procédure dis- avoir été remment ils ont manqué d’informa- blé d’un ambassadeur, on obser- et des chaussures orthopédiques ciplinaire que la Fédération Michel Dalloni (avec AFP) contrôlée po- tions », a expliqué le docteur de sitive aux stéroïdes anabolisants Rose. (Le Monde du 4 août), Winnipeg, la Coïncidence, le Britannique Lin- ville canadienne qui accueille la ford Christie, trente-neuf ans, compétition, jusqu’au 8 août, vainqueur du 100 m des Jeux Au meeting de Monaco, les athlètes se trouvent d’autres sujets de conversation bruissait. olympiques de Barcelone, en 1992, MONACO L’indifférence est une méthode qui a du bon (800 m en 1 min 42 s 57) et le Kenyan Bernard On murmurait qu’un autre ath- contrôlé positif aux stéroïdes ana- de notre envoyée spéciale si l’on s’en réfère à la médiocre performance Barmasaï (3 000 m steeple en 7 min 58 s 98). lète de très haut niveau, sauteur bolisants le 13 février (Le Monde Le dopage n’existe pas, ou bien les athlètes de Blandine Bitzner. Bonne dernière du S’ils récidivent à Zurich le 11 août, à Bruxelles lui aussi, était également impliqué du 4 août) et suspendu pour une s’en accommodent. L’annonce, mardi 3 août, 3 000 m, l’Alsacienne a sans doute laissé toute le 3 septembre et à Berlin le 7 septembre, ils dans une affaire de dopage. Le durée de deux ans, avait été soup- de la suspension du sprinteur américain Den- son énergie dans sa diatribe des champion- se partageront un magot de 1 million de dol- nom de Javier Sotomayor, trente çonné de dopage, lors des JO de nis Mitchell, suivie de celle du contrôle positif nats de France contre le dopage (Le Monde du lars offert par la Fédération internationale et un ans, ne tardait pas à être Séoul, en 1988, en même temps du Britannique Linford Christie, champion 3 août). Epuisée nerveusement, elle est en d’athlétisme amateur (IAAF). Pas de quoi se prononcé à voix basse. Invité à que le champion canadien Ben olympique du 100 m à Barcelone en 1992, puis passe d’être attaquée en justice pour diffama- révolter. plusieurs reprises à faire la lumière Johnson. Il avait été innocenté une la révélation par le quotidien Sud-Ouest, le tion par Fatima Yvelain – qu’elle a indirecte- Le mot de la fin est revenu à Driss Maazou- sur cette « affaire », le président fois admis le fait que son orga- lendemain, du contrôle positif du recordman ment accusée d’utiliser des produits illicites zi. Le recordman de France du 1 500 m et du du comité d’organisation (Odepa), nisme avait réagi bizarrement à du monde cubain du saut en hauteur, Javier pour s’adjuger le titre national du 5 000 m, mile, lui, ne soupçonne pas ses adversaires de Mario Vasquez Rana, refusait de l’absorbtion d’un thé au ginseng Sotomayor, aux Jeux panaméricains, n’ont pas mais dont le bilan sanguin effectué après dopage. « Sinon, ma tête lâcherait systémati- s’exprimer. « Je ne dirai rien avant avant la course. A l’époque, l’alibi mis le stade Louis-II de Monaco en émoi, mer- l’épreuve ne montre, selon son avocat, quement dans le dernier tour, dit-il. Bien sûr, on que les échantillons prélevés aient avait fait sourire. credi 4 août. Me Pautot, aucune trace de dopage –, par le voit des choses étonnantes, mais je reste persua- tous été analysés », répondait-il. La vie athlétique continue, avec ses objectifs SCO Sainte-Marguerite de Marseille, le club dé que les tricheurs sont des gens qui n’ont pas Vingt-quatre heures plus tard, il LES CUBAINS N’EN SAVENT RIEN individuels, comme la qualification pour les de l’athlète mise en cause, et par Chantal Dal- l’habitude de souffrir à l’entraînement. Par annonçait officilement que le re- Dans le cas Sotomayor, le doc- championnats du monde de Séville (20- lenbach, une autre demi-fondeuse, dont conséquent, on peut les battre. » Driss Maazou- cordman du monde cubain de saut teur de Rose, prévenant, a affirmé 29 août). Et les moyens d’y parvenir semble l’époux entraîne Fatima Yvelain. zi peut se laisser aller à cet optimisme rafraî- en hauteur (2,45 m, le 27 juillet que « la possibilité d’une contami- n’importer que peu. « Ça ne me regarde pas, Mieux vaut donc ne pas faire de vagues et chissant. Privé de l’aval de la Fédération 1993, à Salamanque, en Espagne) nation n’était pas exclue ». De la ça n’a rien à voir avec moi. Il a commis une ne rien dire, comme Marion Jones, domina- royale marocaine d’athlétisme pour courir avait été reconnu positif à la co- contamination à la manipulation, faute, il s’est fait prendre, il doit l’accepter », trice sur 200 m (elle a gagné en 22 s 15) et pour la France, il n’ira pas à Séville. Pour caïne, à la suite d’un contrôle ef- le pas a été vite franchi par les res- éludait l’Américain Maurice Greene, cham- triomphant pour la quatrième fois de la saison l’heure, il n’a donc qu’à se soucier de préser- fectué le 30 juillet, et, qu’en consé- ponsables cubains présents à Win- pion et recordman du monde du 100 m (9 s 79) dans un meeting de la Golden League, comme ver ses records de France. quence, la médaille d’or qu’il avait nipeg. « Nous sommes convaincus interrogé, mardi soir, sur le cas de Dennis la Roumaine Gabriela Szabo (3 000 m en emportée lui était retirée. Eduardo que notre athlète n’a pas pris cette Mitchell. 8 min 28 s 36), le Danois Wilson Kipketer Patricia Jolly LeMonde Job: WMQ0608--0019-0 WAS LMQ0608-19 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 09:32 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0280 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 19 POUR OU CONTRE Etes-vous Côte d’Azur ou Bretagne ? La côte dionysiaque contre l’apollinienne. L’heure est au ressourcement, au cocon familial, à l’écologie, à l’authentique. Des éléments qui rassemblent les deux clans LES RÉPUTATIONS ont la vie b PRO-BRETAGNE dure. Difficile de leur tordre le cou. Erik Orsenna Il pleut en Bretagne, tandis que la Ecrivain Méditerranée est baignée d’azur. Le « C’est d’abord la Bretagne, Pays d’Armor au guerrier, à celui qui parce que mes parents, mes grands- veut en découdre. Le Midi à l’épi- parents, mes arrière-grands-pa- curien. Chacun son royaume. « Non, rents, mes arrière-arrière-grands- il n’y a plus de clivage, affirme Marie- parents viennent dans l’île de Bré- Christine Duron, en charge du tou- hat depuis 1880. Il y a donc une at- risme à Belle-Ile, dans le Morbihan, tache familiale très forte. Et puis, il les gens sont itinérants. » Sur l’île y a une autre famille, une famille chère à Sarah Bernhardt, on croise géographique qui se retrouve là de- politiciens, avocats, psychiatres, pu- puis que je suis né. blicitaires, artistes... « De la gauche » Le Midi, je ne connais pas. J’y intello », résume Martine Guilhouet, suis très peu allé. C’est vrai que je qui a transformé sa villa 1900 en suis effrayé par un certain nombre chambres d’hôtes, « des anticonfor- de choses. D’abord, l’absence de mistes qui cherchent l’isolement ». marée. La mer, c’est du vent et des Retrouvera-t-on les « pro-Bre- marées. Chez nous le marnage dé- tagne » dans le Midi ? « J’ai besoin passe douze mètres. Il y a une varia- des deux, confie Olivier, le naviga- tion permanente du paysage. Et je teur, ce n’est pas le même produit, n’arrive pas à me faire à la stabilité pas le même médicament. On a for- du paysage de Méditerranée. C’est cément besoin de chaleur dans l’an- peut-être un goût de l’éphémère, née, d’un peu de Méditerranée (...). A un goût du renouvellement, une Saint-Tropez, j’aime l’inaction ; dès le sorte d’immense horloge, comme matin... en faire le moins possible. A ça, que l’on a devant les yeux. Et Saint-Briac, je me lève tôt, j’ai envie puis, une force en même temps. Je de bouger, de faire un tennis, du ba- sens une force de la mer que je n’ai teau. » pas ressentie en Méditerranée. Il pleut en Bretagne. La mode du Parce qu’il y a “ça”, c’est sans arrêt roboratif, du curatif, du tonifiant a à l’assaut ; ça repart, ça revient. Il y fait école. L’« accro Armorique » a ce grand balancier, cet immense sait de quoi il retourne. Il aime les chronomètre. Donc, j’ai un senti- grèves désertes, l’Océan qui hurle et ment du temps. Aussi bien du se retire si loin à marée basse que temps qui passe que du temps qu’il l’estran se noie dans la brume. Il sait fait. J’ai envie que ça bouge, que le qu’il doit tenir dans son bagage un paysage change. bon ciré et des bottes. Ne pas re- » Si je n’avais pas passé toutes chigner à arpenter le rivage en lut- mes vacances dans une île, je ne se- tant contre le vent et le crachin. rais pas devenu écrivain. C’est à la Qu’il faut prendre le soleil quand il fois la prison et le départ, c’est le est là. Un coup d’œil au ciel lui fait vide tout autour qu’il faut remplir dire qu’il aurait dû lever le camp et c’est évidemment un bateau. Les plus tôt. jours de tempête, on a l’impression Stéphane, chef d’entreprise, vante que l’île va s’en aller. Ça, c’est pour « le climat vivifiant et l’ambiance bon les grands souvenirs de “démar- enfant de la Bretagne, la convivialité, rage” de l’imagination. J’ai été l’anti-Saint-Trop, où les gens ne sont “fait” par la Bretagne. » pas là pour faire leur cinéma mais pour profiter de la nature. Il n’est pas rare que, en plein été, il fasse un b PRO-CÔTE D’AZUR temps d’hiver pendant quinze jours. Juliette Gréco L’atmosphère à la Hulot domine tou- Chanteuse jours sur les plages... On s’y promène « Je suis attachée à la Côte en famille. » d’Azur. Oui, mais je ne ressens pas de rivalités. Une complémentarité, « L’ABANDON À LA NATURE » plutôt. Je suis allée en Bretagne Marie, dermatologue, enfonce le quand j’étais petite. J’y ai envoyé clou : « Je suis allée très longtemps en posé un doigt. » Y a-t-il un vrai cli- régions : patrimoine naturel contre cours écologique qui plaît à une Le discours sur les dangers du so- ma fille toute son enfance. On m’a Bretagne, toujours en Bretagne, en vage entre les deux clans ? « Ce sont patrimoine culturel. « La Bretagne nouvelle classe moyenne-supérieure leil n’est pas étranger à l’opposition appris que c’était vivifiant, bon camping avec mes parents. J’ai des deux univers sensoriels très typés, vend la pureté, la solitude bien mesu- adepte de la randonnée, du cyclo- Ouest-Sud. « L’envie de retour au pour les enfants. » Notre choix de souvenirs épouvantables à Cancale, commente Jean-Didier Urbain, pro- rée. Point trop n’en faut, Robinson tourisme dans l’arrière-pays. « Elle vrai soleil, refoulée, contrôlée, cela vacances, à la joyeuse bande que Saint-Lunaire. Il faisait froid, il pleu- fesseur de sociologie. La Bretagne se était dépressif !, affirme le socio- est plus bigarrée sociologiquement, joue dans le sens de la Bretagne », ar- nous étions, c’était le Midi. C’était vait. A dix-huit ans, quand j’ai décou- présente comme un univers sauvage, logue. La Méditerranée demeure fon- affirme Jean-Didier Urbain, la clien- gumente Jean-Claude Kaufmann. Saint-Tropez, encore village de pê- vert le Sud, je ne savais pas que ça alors que la Méditerranée s’offre damentalement hédoniste, adepte des tèle locale se mêle à la population na- « La plage reste un territoire très par- cheurs. On se traînait à la plage vers pouvait exister... Puis ce fut le coup de comme un milieu urbanisé s’appro- “sea, sand, sun and sex” et fait salon tionale. » Tandis que, en Méditerra- ticulier qui devient de plus en plus deux heures, comme des larves. Et foudre pour Cogolin (...), le soleil, chant du modèle de la Floride. L’uni- à la plage. » née, le clivage est plus net. « A l’Est honteux », explique le sociologue. on s’amusait jusqu’au jour. Ici, il y a l’ombre, la lumière... des odeurs vers festif de la convivialité et du res- La Bretagne est d’abord bretonne. et en Corse, une clientèle haut de On doit avoir réussi ses vacances. Le une espèce de douceur qui favorise comme nulle part ailleurs. Mon Midi, sourcement social s’oppose à celui du Elle revendique une identité régio- gamme, par tradition. Le littoral po- plus inavouable, aujourd’hui, c’est la l’oubli. Or l’oubli, c’est quand c’est la pierre chaude à 11 heures du ressourcement naturel. » D’où la nale, joue le tourisme « nature-dé- pulaire, c’est le Languedoc. » plage, c’est bronzer idiot. Et pour- même la base des vacances. J’ai le soir, les bruits quand on se réveille le mise en scène exploitée par les deux couverte » et met en avant un dis- tant, l’attirance très forte pour l’ab- bonheur d’avoir une maison, matin, les gens qui se saluent d’une « UN TERRITOIRE HONTEUX » sence d’activité, pour le demi-som- d’avoir créé un lieu qui me fenêtre à l’autre. On sait l’heure qu’il Jean-Marc, qui travaille dans la meil, pour la rêverie, demeure. Se convient. Le seul bruit, c’est celui est sans ouvrir les volets. » Retour au naturel, chacun sa couleur communication, confie qu’il a de retrouver soi-même, pur, loin de la des enfants à la plage qui rient, qui « Pro-Méditerranée », Michel, moins en moins d’amis autour de lui civilisation, débarrassé du carcan de crient ; et c’est délicieux. Il y a plein son mari, parle de la lumière de l’es- Le succès de la Bretagne est porté par l’engouement pour le « re- à Beauvallon, ceux-là fuient la foule, l’être actif, est le désir secret. Mais il d’oiseaux. C’est très habité ici. Je prit, du berceau de la culture anti- tour au naturel ». Son littoral déroule 3 500 km pour une fréquenta- la démesure des prix : « Les grosses y a ce qu’on va raconter. « Les va- vois passer, rapidement, des que, de la philosophie, du théâtre. Il tion comparable à celle qu’enregistre la Riviera-Côte d’Azur de maisons, 5 à 15 millions de francs, se cances sont le temps de la reconstitu- écureuils. Ils ont un boulot terrible. oppose la côte dionysiaque à l’apol- Cannes à Menton (115 km). Ce vide relatif fut exploité dès 1989-1990 vendent aux Anglais et aux Alle- tion très forte d’une cellule familiale Ils ont toujours des rendez-vous ur- linienne. « La Bretagne c’est l’Océan, par les campagnes publicitaires « Bretagne-Nouvelle vague », qui dé- mands. Quand on aime la Méditerra- fermée et protectrice. Avec une ten- gents. Un renard est même venu à l’abandon à la nature. Dans le Midi, clinent grève sauvage et vélo, île déserte, chapelle de granit, départ à née, on est catalogué bronzage et ba- dance croissante au programme spor- la fenêtre de la cuisine nous regar- tout cela est domestiqué. Les tempêtes la pêche ou école de voile. teaux à moteur. C’est plus facile de tif pour chacun des membres dans un der jouer aux cartes, une nuit. ont conduit à l’Odyssée. C’est plus Dans le Midi, on déroule le tapis de la culture et de l’art de vivre, défendre la Bretagne, c’est plus viril, club éclaté. On joue sur deux sociali- » Je dors de manière un peu une tempête intérieure. C’est l’essai festivals en tout genre, richesse du patrimoine, kyrielle de musées, c’est sain : le bateau, le grand air, les sations. » étrange. Je m’éveille excessivement du discernement extrême, de la vérité. découverte de l’arrière-pays. La « Côte », qui a « l’Année pour sai- marées. Mais je connais peu de gens Il y a quinze ans, l’esbrouffe, la tôt et j’ai parfois droit à un ciel tur- Les éléments naturels violents, je les son », « l’Eté célébration » et « l’Hiver passion », tourne le dos à la mer qui font la fine bouche quand ils sont mode du clinquant, de l’affirmation quoise. C’est d’une grande beauté. évite, j’aime bien ceux où l’homme a et prend les couleurs ocre de la terre. invités. » de soi, qui mettait en danger la vie Je ne vois que la mer. Et la nature privée conjugale, étaient de mise et comme les mimosas, des chênes collaient à l’image qu’on se fait du et... la mer. Un soir d’il y a deux ans, Midi. « En l’espace d’une dizaine il était l’heure du dîner, et tout à Deauville - Le Touquet, Paris-à-la-mer contre Paris-plage d’années, on est tombé dans le coup, on a eu l’impression d’être as- contraire : on aspire à trouver des sis à l’intérieur d’une mandarine, FOLIES de la Belle Epoque, Deauville et Le d’Haussmann, trace les plans du Paris-à-la- par Lord Balfour, frère du roi, qui traverse la bases sécurisantes. Un vrai cocon pro- ou d’une citrouille. C’était Cendril- Touquet, rivales sans merci, s’ignorent avec mer. L’utopie sort de terre. Premier train, le Manche avec 80 familles d’aristocrates, dont tecteur. » La Bretagne, qui vend des lon. C’était complètement orange ! brio. Une histoire trop proche sans doute ? 23 mai 1863, qui met la capitale à cinq heures le vice-roi des Indes, lequel commande une valeurs familiales, colle à l’air du Ce sont des instants comme ça, mi- « On les appelle les sœurs ennemies », observe de rail. 1864, inauguration de l’hippodrome. villa. En 1929, aux 123 hôtels existants, le temps. raculeux. Ça donne envie de Patrice Deparpe, conservateur du musée du 1912-1913, construction de l’hôtel Normandy, Royal Picardy, nouveau fleuron qui aligne peindre, des peintures violentes Touquet. Créées de toutes pièces, les deux ci- 300 chambres avec salles de bains, 9 étages en étoiles, 500 chambres et suites Florence Evin parce que les couleurs sont vio- tés balnéaires qui bordent la Manche ont 1 700 portes, 900 croisées, 4 millions de tuiles, disposant de baignoires de dix mètres carrés, Dessin : Jean-Philippe Delhomme lentes. C’est brûlant. C’est une vio- émergé des dunes et des marécages avant le 11 km de tapis. Dans la foulée, le casino voit le lance un défi qui tient dans sa devise : « Ja- lence de passion. Ça ressemble tournant du siècle. L’une comme l’autre n’ont jour, puis l’hôtel Royal, style Directoire avec mais égalé ». beaucoup à la folie de la passion. Et pas ménagé efforts et investissements pour chapiteaux à palmes. Les Champs-Elysées La Flèche d’argent met Paris à 2 h 20, tandis LA SEMAINE PROCHAINE ça chauffe tout le temps, comme la attirer du « beau linge ». Il fallait imaginer le sont maintenant à moins de trois heures en que Londres est à 4 heures. Ravel habite la vil- Rap ou techno ? folie de la passion. » plus luxueux, le plus novateur. Offrir les plai- train. En 1927, on dénombre 645 villas. 1928 la « L’Heure espagnole ». Somerset Maug- sirs citadins dernier cri au bord de la mer. voit doubler l’hippodrome et le terrain de ham a ses propres quartiers, comme nombre BRETAGNE • CÔTES : 1 500 km en ligne droite La rivalité est sans partage. En 1926, voilà golf. Selon la formule de Tristan Bernard : d’artistes. La villégiature s’offre une piscine 3 500 en suivant la côte de Cancale à Pornic Biarritz en tête du trio gagnant des casinos de « On est à Deauville près de Paris, loin de la de 200 yards (182 mètres) avec décor Art déco, FINISTÈRE • FRÉQUENTATION (nuitées) : 65,4 millions CÔTES- • HÉBERGEMENT : 48,3 % en résidences France, suivi de Deauville et du Touquet. La mer. » Et d’ailleurs : « On ne vient pas, affirme gradins, patio à colonnades et bibliothèque D'ARMOR ILLE-ET- VILAINE secondaires, chez des amis ou en famille chance tourne. En 1928, Le Touquet occupe la Sacha Guitry, pour voir mais pour être vu. » en son centre. (42,6 % moyenne nationale). 4,7 % à l'hôtel, première place du peloton, avec 50 millions Au fil des ans, l’occupation allemande ou- MORBIHAN RENNES 19, 6% en camping, 11,1 % en location. de francs de mises dans l’année. Paris-plage LA VILLA DU VICE-ROI DES INDES bliée, Deauville s’encanaille un temps, c’est est la coqueluche des Anglais. Au point qu’une Le Touquet n’a pas à rougir de ses propres l’heure de Juliette Gréco, Philippe Clay et Az- protestation est émise au Parlement de exploits. Sur 1 600 hectares de dunes et de navour. Aujourd’hui, elle s’embourgeoise sans HTES-ALPES Londres. « Il y a plus de Lords autour des tables landes, achetés en 1837 par Dalloz, notaire à retenue et joue les BCBG façon faubourg PROVENCE-ALPES-CÔTE D'AZUR du casino du Touquet qu’à la Chambre », rap- Paris, est né Paris-plage. 1902, John Whitley, le Saint-Honoré. Le Touquet, la commune la • CÔTES : 737 km, dont 115 km pour les porte Patrice Deparpe. roi du linoléum, rachète le domaine. Le vi- plus minée de France (on a retrouvé ALPES-DE- ALPES- Alpes-Maritimes, 432 pour le Var, 190 dans les HTE-PROV. MAR. Reproduire la vie mondaine dans un climat sionnaire anglais, qui veut construire un re- 137 000 bombes dans les dunes), a mis du Bouches-du-Rhône. BCHES- vivifiant, voilà l’affaire qui devait rapporter sort pour la bonne société anglo-française, temps à relever la tête. De nouveau pimpante, • FRÉQUENTATION (nuitées) : 103,7 millions DU-RHÔNE VAR gros. Le tout-puissant duc de Morny, pilier du fait appel à Charles Garnier pour la concep- elle joue les sportives des quatre saisons. • HÉBERGEMENT : 52,4 % en résidences secondaires, parents, amis, 11,5 % à l'hôtel, Second Empire, est, en 1860, à l’origine de la tion et à Pierre de Coubertin comme direc- MARSEILLE 8,4 % en camping, 15,5 % en location. création de Deauville. Breney, émule teur de station. En 1904, le golf est inauguré Fl. E. LeMonde Job: WMQ0608--0020-0 WAS LMQ0608-20 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:19 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0281 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 AUJOURD’HUI ------Très orageux 06 AOUT 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI, une dépression est lents éclateront en soirée. Tempé- vers 12h00 DU VOYAGEUR centrée au sud de l’Irlande. Elle gé- ratures proches de 28 degrés. nère un flux de sud-ouest sur le Poitou-Charentes, Aquitaine, Peu pays dans lequel remontent des Midi-Pyrénées. – Le ciel se couvri- Belfast nuageux a FRANCE. Une nouvelle chaîne nuages instables. Le temps est très ra le matin et des foyers orageux Liverpool d’hôtels de catégorie 2 et 3 étoiles, Les lourd et de nombreux orages écla- se développeront. Les orages se- Varsovie Kiev Relais de Paris, vient d’être créée dans teront. Ceux-ci seront parfois vio- ront localement forts. L’après-mi- Amsterdam Berlin Brèves la capitale. Elle compte dix établisse- lents, en particulier sur un axe di quelques rayons de soleil agré- éclaircies ments rachetés, rénovés en totalité sud-ouest nord-est. menteront le ciel de Londres d’ici à la fin 1999 et situés dans des 50 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, Poitou-Charentes et de l’Aqui- Prague quartiers stratégiques, à proximité Basse-Normandie. – Le matin le taine. Il fera de 25 à 28 degrés. Couvert d’un monument célèbre (tour Eiffel, ciel sera très nuageux, l’après-midi Limousin, Auvergne, Rhône- Paris Vienne Opéra, Montmartre) ou d’une gare des éclaircies se développeront. Le matin le ciel se charge- (du Nord, de l’Est, Saint-Lazare). Des- Alpes. – Nantes Brume Des averses se déclencheront, elles ra rapidement sur le Limousin et Berne brouillard tinés aux « voyageurs européens et pro- prendront parfois un caractère l’Auvergne et les nuages seront Bucarest vinciaux qui recherchent l’au- orageux. Il fera de 20 à 25 degrés. parfois accompagnés d’ondées Lyon thenticité », ils affichent la chambre Milan Belgrade Nord-Picardie, Ile-de-France, orageuses. Sur Rhône-Alpes, le so- Sofia Averses double pour deux personnes à 470 F Centre, Haute-Normandie, Ar- leil sera présent le matin puis des Toulouse (71 ¤) et proposent carte de fidélité et Malgré des passages de orages assez forts éclateront. Il fe- forfaits. Réservations au 01-56-33- dennes. – Pluie nuages élevés la matinée sera bien ra de 24 à 28 degrés. Rome 75-55. ensoleillée. L’après-midi des Languedoc-Roussillon, Pro- Barcelone Naples a AÉRIEN. A la suite de l’accord o Madrid orages parfois forts se produiront. vence-Alpes-Côte d’Azur, 40 conclu entre Rockwell Collins, entre- Il fera de 23 à 29 degrés. Corse. – Les nuages seront nom- Lisbonne Athènes Orages prise de transmission de données sans Champagne, Lorraine, Alsace, breux le long du pourtour médi- fil à bord des avions, et Lufthansa, les Bourgogne, Franche-Comté. – terranéen. L’après-midi quelques Séville passagers de la compagnie aérienne Les bancs de brouillard présents le ondées orageuses pourront se Tunis Neige allemande pourront, d’ici à la fin 2000, matin se dissiperont rapidement et produire. En Corse le soleil domi- Alger envoyer des e-mails depuis leur siège. on profitera de belles périodes en- nera la journée. Il fera de 26 à L’équipement nécessaire a déjà été soleillées. Des orages parfois vio- 32 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort installé sur plusieurs Airbus.

PRÉVISIONS POUR LE 06 AOUT 1999 PAPEETE 22/29 N KIEV 16/26 N VENISE 21/29 S LE CAIRE 23/33 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/32 N LISBONNE 19/23 N VIENNE 16/28 S MARRAKECH 18/35 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 19/25 S LIVERPOOL 16/21 C AMÉRIQUES NAIROBI 14/24 N EUROPE LONDRES 16/25 N BRASILIA 13/27 S PRETORIA 4/20 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 15/25 N LUXEMBOURG 17/26 C BUENOS AIR. 8/18 P RABAT 19/25 N FRANCE métropole NANCY 14/26 S ATHENES 24/33 S MADRID 19/28 S CARACAS 25/30 P TUNIS 28/39 S AJACCIO 20/32 S NANTES 15/22 N BARCELONE 23/28 N MILAN 22/31 S CHICAGO 21/30 C ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 21/23 N NICE 21/27 S BELFAST 15/19 N MOSCOU 15/21 P LIMA 12/18 C BANGKOK 26/30 P BORDEAUX 17/23 N PARIS 15/30 N BELGRADE 17/31 N MUNICH 15/27 N LOS ANGELES 16/21 S BOMBAY 27/28 P BOURGES 15/27 N PAU 17/25 N BERLIN 17/28 N NAPLES 22/31 S MEXICO 13/22 N DJAKARTA 25/29 S BREST 15/20 N PERPIGNAN 20/31 S BERNE 16/27 S OSLO 8/19 C MONTREAL 15/22 S DUBAI 35/44 S CAEN 17/23 N RENNES 14/23 N BRUXELLES 16/26 S PALMA DE M. 24/30 N NEW YORK 22/31 S HANOI 27/31 P CHERBOURG 14/23 N ST-ETIENNE 17/28 N BUCAREST 17/28 S PRAGUE 15/28 N SAN FRANCIS. 12/17 C HONGKONG 27/30 P CLERMONT-F. 16/25 S STRASBOURG 16/23 S BUDAPEST 19/28 N ROME 20/30 N SANTIAGO/CHI 3/11 S 24/31 S DIJON 15/24 N TOULOUSE 20/27 N COPENHAGUE 17/25 P SEVILLE 19/29 S TORONTO 16/26 P NEW DEHLI 28/33 P GRENOBLE 18/27 S TOURS 15/26 N DUBLIN 14/18 P SOFIA 17/27 S WASHINGTON 20/34 S PEKIN 24/31 C LILLE 13/26 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 17/29 C ST-PETERSB. 14/21 P AFRIQUE SEOUL 22/28 N LIMOGES 16/21 N CAYENNE 22/30 N GENEVE 19/27 S STOCKHOLM 14/21 C ALGER 24/33 C SINGAPOUR 27/30 P LYON 20/26 S FORT-DE-FR. 24/31 C 11/22 C TENERIFE 18/24 N DAKAR 27/30 C SYDNEY 9/16 N MARSEILLE 22/31 S NOUMEA 17/20 C ISTANBUL 23/28 S VARSOVIE 17/25 C KINSHASA 21/28 N TOKYO 27/30 C Situation le 5 août à 0 heure TU Prévisions pour le 7 août à 0 heure TU

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99185 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 129 En collaboration avec

cimeterre à la main. – 8. En route. Respecte les usages. – 9. Met la L’Armada du siècle violette et l’iris au parfum. En fuite. – 10. Costume sans couture. « Vue d’un port Conducteur qui ne fera pas d’excès d’Orient », 1688. de vitesse. – 11. Peut venir de Hendrick Van Lhassa. – 12. D’un auxiliaire. Aires Minderhout sablées. (1632-1696). Huile sur toile. Philippe Dupuis Musée des beaux-arts de SOLUTION DU No 99184 Dunkerque, actuellement au HORIZONTALEMENT Musée des beaux-arts de I. Transgénique. – II. Retourne. – Rouen pour III. Attrait. Sauf. – IV. Na. Sa. Tito. – l’exposition « La V. Spa. Gemmes. – VI. Percuteur. BD. marine à voile – VII. Lei. Etriller. – VIII. Elue. Diana. de 1650 à – IX. Nones. OSN. In. – X. Tissées. 1890 », jusqu’au Gant. 15 septembre RMN/MUSÉE DE ROUEN VERTICALEMENT EN ÉCHO aux superbes voiliers Entre peinture d’histoire et pein- aux peintures ayant la mer pour HORIZONTALEMENT IX. Fâcheux quand ils nous venus du monde entier pour la ture de paysage, la tradition fran- sujet. tombent dessus. Double, c’est un 1. Transplant. – 2. Retapée. Oi. – prestigieuse Armada du siècle, le çaise de la peinture de marine I. Passe très vite à l’action. – don. – X. Crier en forêt. Travaillent 3. ATT. Ariens. – 4. Nord. Les. – Musée de Rouen réunit sur ses s’instaure dès le XVIIe siècle. Elle ne Dans quel pays ce genre a-t-il été II. Un bon tuyau. Coup de crayon. avec leurs fils dans nos jardins. 5. Sua. Gueuse. – 6. Grisette. – murs de grandes peintures de deviendra un genre à part entière représenté pour la première fois ? – III. Possessif. Souvent confondu 7. Entamer. Os. – 8. Ne. Muids. – bateaux à voiles et des marines que dans le deuxième quart du L’Angleterre avec l’UTC. Cercle littéraire. – VERTICALEMENT 9. Sterling. – 10. Quais. Là. – 11. Ut. réalisées entre le XVIIe et le XIXe siècle. La France IV. Remet de l’ordre à l’oral et à Bénin. – 12. Effondrant. XIXe siècle. Le port d’Orient peint par Hen- Les Pays-Bas l’écrit. – V. Note. Volontairement 1. Avancer dans la confusion. – drick Van Minderhout est composé Réponse dans Le Monde du blessant. Possessif. – VI. Poésie 2. Impose le silence. Vitrine de la dans le goût italianisant de l’épo- 13 août. satirique. En tête. Naît en Suisse presse. – 3. Lâché dans la négocia- que, avec un paysage d’arbres et avant de rejoindre le Rhin. – tion. Grand panier. – 4. Informa- des ruines antiques qui s’ouvrent Solution du jeu no 128 paru VII. Article retourné. Grande par- teur discret. En fait beaucoup dès sur la mer. Quelques personnages dans Le Monde du 30 juillet : le tie du monde. – VIII. Quand il qu’il parle. – 5. Opération commer- et des animaux animent le premier rentoilage consiste à doubler la prend deux verres, c’est pour répa- ciale. Métal dur. – 6. Fait l’ouver- plan, alors qu’un grand voilier toile d’origine d’une nouvelle toile rer les dégâts. Naît en Suisse avant ture à l’abattoir. Eaux franco- s’enfonce dans la brume. à l’aide d’un adhésif, pour renfor- de rejoindre le Danube. – belges. – 7. Allait au combat le Le nom de marine a été donné cer la toile peinte. LeMonde Job: WMQ0608--0021-0 WAS LMQ0608-21 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 07:33 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0282 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 21 Ce mois-ci dans « Le Monde diplomatique » :

CONTRÔLE DES ESPRITS : Mensonges de guerre au Kosovo (Robert Fisk). – La trahison des intellectuels (Edward W. Saïd). – Les médias reflètent-ils la réalité du monde ? (Ryszard Kapuscinski). – Penser la cyberguerre (Francis Pisani). – Télésurveillance globale (Paul Virilio). – Décervelage à l’américaine (Herbert I. Schiller). – La vie privée traquée par les technologies (Denis Duclos). – Faiseurs d’élections made in USA (Serge Halimi). – Newseum, le musée qui enterre le journalisme (Thomas C. Frank). – Qu’est-ce que la médiologie ? (Régis Debray).

AOÛTAOÛT 19991999 – Pages 18 et 19 par Pierre Péan 1999 AOÛT

e année No 545 - 46 b BETHLÉEM, 2 000 ANS APRÈS JÉSUS, Rencontre avec le sous-commandant Marcos

Par MANUEL VÁZQUEZ MONTALBÁN 4 et 25) (Pages 2

32 pages - 24 F¤ 28 F France métropolitaine : Canada3,66 : Antill./Guyane160 FB : 7,50 DMBelgique : 4,95 $US bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Cedex 05 Allemagne60,00 : ATS États-Unis : 7 500 lires Autriche : 600 PTA Italie : Portugal Espagne : 1 300 DR 20 DH 5,25 $C 2,90 £ Grèce : Maroc : 6,20 FS Publication mensuelle - 21 LA MANIPULATION DES ESPRITS G.-B. : 160 FL 28 F Suisse : Réunion : Luxembourg750 : PTE 1 500 F CFA. (Cont.) : 4 din. Zone CFA : Tunisie : ents : voir tarif page 20 Abonnem Mensonges de guerre au Kosovo ises par les racko, à dix kilomètres au sud de Pristina, de qua- es des atrocitéses commprésumées ont été Où va La découverte, le 23 juillet à G es eux-mêm inorité serbe (et les oitié des 10 000 victim torze cadavres de paysans serbes assassinés le confirme : une « contre-épuration eth- nique » se déroule au Kosovo. Victim troupes et milices de Belgrade – dont la m mes de la forceée de internationale libération du le Maroc ? ma, exhumées –, certainsaisons incendiées,Albanais exercent attentats leur contre vengeance desille églises hom contre orthodoxes, la m assassinats... : assan II nom ier Tsiganes). M Par IGNACIO RAMONETCertes, H anipulations . Abder- tandis que la plupart des réfugiés kosovars regagnaient la province, 160 000 Serbes– sur en février 1998, un prem 200 000 – devaient la fuir. Pour les trente-cinq m aroc, inistre socialiste, M TAN et les critiques contre les m ORT contrasté apparaît le bilan m oussoufi, tout en (KFOR), c’est un échec cinglant, aggravé par le refus de l’Arm rahmane Y CK) de restituer ses enéearmes par à lal’O date prévue. Voilà qui accentue les doutes sur du règne du roi du M Kosovo (U Hassan II, décédé le 23 juil- conservant le contrôle des les objectifs de cette guerre m ment let. Le souverain chérifien sut principales décisions en ue com matière de sécurité, de médiatiques qui l’ont entourée. Par ROBERT FISK * ritanniq er une fficier b voy e Fconsolider l’indépendance acquiseenté enpar défense, de justice et de poli- n o our en afin d dant à u n avis, p ucitrn 1956. Il s’efforça de rétablir l’unité tique extérieure (3). Il laisse à es de n à V mbait, et up faire, à so isio a nuit to territoriale de son pays, fragm son successeur,I, un lepays jeune qui ée des tro e uipe de télév orts. L de res- bitions coloniales de la France ohamed V rès l’arriv u traité d éq us les m lein les am M u EU ap n d ) à Pris- lmer to orter p ettre le et de l’Espagnearche (il vertelança, » enen direc-parti- e à grands cris des anisatio TAN fi raves, rep référa rem u’il réclam ations urgentes. A l’Org e nord (O e l’Irish Keith G rs q culier, la « M transform tlantiqu an, d , . C’est alo t sim- e monarchique (le l’A y Sherid ucitrn source et réaliste,dem ainp ait tou tion du Sahara occidental).onarchie Il sut aussi de risque, une fois encore, P in, Kath oiture à V es e au len BC av ns de a, en ju it en v mains d voyag éclaratio préserver le régim d’exploser. tin se rend x rit la vérité : la B daise aroc est une pou- imes, etite ville au rrivée là- app idonné les daliste irlan - Maroc reste la seule m Car le M T istre p es. A du ent b a journ e la pro ent opté pour le une sin rité serb lé éten plem an. L niqu tout le continent africain). Enfin, bien drière sociale. Le quart de la e sécu avre iso me Sherid io britan liquer à forces d n cad x policiers M p ent qu’ayant décidém population (soit plus de sept it u ombreu r, plus tint de la rad ourrait ex p occidental durantaintenir la son guerre pays bas, elle v e et de n térieu ob u’elle p ait réellemt et cam millions de personnes) vit en ne ru e l’in etour- esse q u’elle av nnemen MOHAMED MELEHI. – Sans titre (1985) dans u e d UP. R m e ce q n éto ue froide, il parvintètre à mdes non-alignés, et dessous du seuil de pauvreté ; inistère serb nyme M n tenn rent so nstata q dans le périm des actifs sont oitiéau chô- des du m s l’acro éclara à u l’an els ne fu lée. 23 % NU pour juil- us sou a, elle d ait vu. Qu rsqu’elle co t annu fit preuve d’initiatives audacieuses age ; plus de la m conn ristin C qu’elle av in alemen «Le m ent Sahara occidental prévu par en l’Oacceptantéfiant, unele réfé- fois t en hâte à P B e le co sa colère lo n raves : pour favoriser le rient.dialogue Ce n’estisraélo- pas rendum nan io de la B ais qu el- n était fi eith G e habitants restentans leencore classem anal- orter rad ucitrn, m . Qu l’émissio e K is, c’est qu arabe au Proche-O phabètes. D let 2000 (tout en seé, m du retour de la rep rps à V es » sa mentaire d rma istoires u un co oliciers serbBC diffu Com e, déso es h rien. des Etats selon leurain, indiceétabli de par déve- les ce dossier referm v lein de p , la B oyée roblèm ue d ent hum aroc se situelgé- au ilitaire sur la scène inté- «p lus tard ne env vrai p e veut q ais, sur d’autresoins aspects, positif. le bilan En loppem menace m était inutes p uel u uvert ublic n a- M ent m ques m n leq éco le p urn Nations unies, le entM derrière l’A rieure) ; rétablir des relations avec ortage selo ait d trocités. » ue les jo est nettem e rang, largem rie pour favoriserdu M aghrebla construc- arabe un rep daise av . d’a ce q jours et ti re de libertés,huit en ans particulier. que dural tism ce e 125 iie l’Alg U ion ersonnalité l irlan davres » f it c’est t des Egalement au sommaire a Palestine : Bethléem, deux mille ans après Jésus (Pierre Péan). a Amérique latine : Conversation avec le sous-commandant Marcos (Manuel Vázquez Montalbán). – Panama récupère son canal (Maurice Lemoine). a Burkina Faso : L’« affaire » Zongo (Bruno Jaffré). a Maroc : Qui sont les islamistes ? (Mohamed Tozy). a Japon : Une jeunesse ultraviolente (David Esnault). a Politique : La dépossession de l’Etat (Riccardo Petrella). a Economie : Vive la taxe Tobin ! (Bernard Cassen). a Affaire Sokal : Du mauvais usage littéraire de la science (Jacques Bouveresse). a Société : Les tribulations immobilières d’un ethnologue (Marc Augé). – Le bogue, petite peur de l’an 2000 (Ted Byfield). a Inédit : La culture européenne n’existe pas (André Malraux). ȫ

TARIFS 1 an 1 an 2 ans 2 ans ET POUR NE MANQUER AUCUN NUMÉRO, ABONNEZ-VOUS OU ABONNEZ UN AMI ! Bulletin à renvoyer à : Le Monde diplomatique, service abonnements, France 245 F 37,35 ¤ 445 F 67,84 ¤ 24, avenue du Général-Leclerc, 60646 Chantilly Cedex, France (y compris DOM-TOM et pays à accords postaux*) Ⅺ Ⅺ Tarif spécial (étudiants, lycéens, chômeurs, 210 F 32,01 ¤ 360 F 54,88 ¤ OUI, je souhaite m’abonner au Monde diplomatique je souhaite abonner un ami RMistes sur présentation d’un justificatif. Ⅺ Ⅺ France métropolitaine uniquement) 1an(12 numéros) 2 ans (24 numéros) Etranger Nom : Prénom : Voie normale 295 F 44,97 ¤ 545 F 83,08 ¤ Adresse : (y compris Union européenne par avion) Code postal : Ville : Pays :

Voie aérienne Je joins mon règlement Ⅺ en francs, soit... Ⅺ Je vous communique mes coordonnées Autres pays d’Europe, Algérie, Maroc. 325 F 49,55 ¤ 593 F 90,40 ¤ Ⅺ en euros, soit... Ⅺ Je vous communique les coordonnées de mon ami Tunisie (sauf Union européenne, Suisse) DOM, Afrique francophone 330 F 50,31 ¤ 618 F 94,21 ¤ Ⅺ Chèque bancaire Ⅺ Eurochèque Ⅺ Mandat international Etats-Unis, Canada, Moyen-Orient 350 F 53,36 ¤ 658 F 100,31 ¤ Amérique centrale, Amérique du Sud Ⅺ Carte bancaire internationale ou American Express no : Mexique, Afrique anglophone, Japon Chine, autres pays d’Asie 395 F 60,22 ¤ 748 F 114,03 ¤ ¤ ¤ TOM 410 F 62,50 778 F 118,61 Expire fin : Signature obligatoire : Océanie, Australie, Nouvelle-Zélande 435 F 66,32 ¤ 828 F 126,23 ¤ * Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Rép. centrafricaine, Comores, Congo, Côte-d’Ivoire, 901MDMQ2 Djibouti, Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo, Tunisie. LeMonde Job: WMQ0608--0022-0 WAS LMQ0608-22 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 09:32 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0283 Lcp: 700 CMYK

22 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 PORTRAIT L’ÉTÉ FESTIVAL Le Festival de Gibellina en Sicile, Quand la Révolution célébrait le travail L’improvisation sans recettes joliment baptisé « Orestiades », a prudemment attendu la fin du VIZILLE (Isère) Mars et terminer les quatre fers en Scènes de genre, postures triom- EN JUILLET 1998, à l’Olympia, en première partie du groupe rock Sonic Festival d’Avignon pour ouvrir sa de notre envoyé spécial l’air pour la plus grande joie des phalistes, où perce l’influence de Youth, Erik M (platines), Michel Doneda (saxophone) et Jean-Marc Mon- section théâtrale – il propose Voyons les Encyclopédistes : vrais manœuvres. A bas les dispa- l’Antiquité, inspiratrice de l’esthé- tera (guitare) avaient ébloui le music-hall parisien par leurs sons, leur pra- également des concerts, des « Travail : occupation journalière à rités : sur une estampe anonyme, tique révolutionnaire. Après avoir tique expérimentale, livrant une musique totalement improvisée, suppo- expositions et des rencontres laquelle l’homme est condamné par clergé, noblesse et tiers-état servi le roi, l’art est devenu le sée réservée à quelques festivals ou salles étiquetés « underground ». Né jusqu’au début de l’hiver – et son besoin et à laquelle il doit en s’unissent pour forger à coups de porte-parole de la Révolution en 1955 à Marseille, mi-Corse mi-Italien, Jean-Marc pour recevoir avec les honneurs même temps sa santé, sa subsis- marteau la nouvelle Constitution. bourgeoise. Pourtant, au milieu de Montera est de ceux qui ont fait, au début des années le directeur du Théâtre Maly de tance, sa sérénité, son bon sens et sa Pourtant aucun forgeron ne siège ces visions propagandistes ou 70, le choix du risque artistique maximum ; il s’y est te- Saint-Pétersbourg, Lev Dodine. vertu peut-être. » Une définition nu. Seul, avec des formations éphémères ou des Ce dernier a présenté une qui évoque l’étymologie du mot, LA PHRASE DU JOUR groupes plus stables pour parfaire des combinaisons adaptation du très beau roman tripalium, instrument de torture instrumentales, Montera ne peut être confondu avec d’Andreï Platonov, Tchevengour, romain. L’exposition du Musée de « Il faut utiliser un guitar hero appliqué à mimer chaque soir le solo ul- tout spécialement imaginée pour la Révolution française, à Vizille, D. R. time. Déroutante, chaotique, énergique, sa musique a être créée face aux ruines de la propose, en une centaine de les armes de la pop music J.-M. MONTERA un aspect inabouti, non poli, méfiante des recettes cité détruite par un tremblement pièces, d’explorer l’image que l’on – que l’improvisation aussi peut révéler –, nourrie de ce qui l’entoure, les de terre en 1968. A l’aplomb de la se fait du travail à cette époque. afin que les jeunes se passionnent lieux, le public, les circonstances. En 1978, cet enthousiaste aux faux airs mer Tyrrhénienne, dix hommes, Dans la France de l’Ancien Ré- de Droopy est l’un des fondateurs du Groupe de recherche et d’improvi- dix « cœurs purs », ont dit durant gime, le travail est le royaume de pour l’opéra » sation musicales (GRIM) à Marseille. Une structure d’organisation de quatre nuits leur espoir d’un l’inégalité. La terre est la richesse concerts, de stages, de séminaires, ouverte à la collaboration avec monde neuf qui aurait eu pour principale : n’apprend-on pas au Roberto Alagna, ténor d’autres lieux. Montera en est toujours le directeur artistique, toujours à conscience un communisme dauphin à tracer des sillons sous Marseille, définitivement sa ville. Guitariste, il détourne les deux marques humaniste. Etait-il raisonnable l’œil attentif de son percepteur ? symboles du rock : une Fender utilisée de manière « traditionnelle » et un d’être capable de tuer pour Et quand le cultivateur au repos parmi les députés de l’Assemblée techniciennes, les organisateurs instrument conçu à partir du manche d’une Gibson mis à plat sur une gagner un illusoire paradis ?, se lève les yeux au ciel, il y voit briller, nationale de 1789 et la loi Le Cha- ont voulu glisser une part d’huma- table avec des micros à chaque extrémité. A l’aide d’objets (règles, pin- demande Lev Dodine. à la place du soleil, l’anagramme pelier de 1791 interdit les associa- nité, avec deux beaux tableaux liés ceaux, brosses, éponges métalliques...), les cordes sont frottées, secouées, Evidemment, leur histoire, du roi Louis XV. L’Encyclopédie, tions de travailleurs et la grève. au travail dans les prisons, dont La détendues. Parfois, il laisse tomber des chaînes dessus... Outre ces fragment de l’Histoire, s’est elle, se passionne pour la tech- Les manufactures, comme celle Distribution du lait à Saint-Lazare, timbres, comme autant de reflets sonores de la société industrielle, Mon- terminée de manière tragique... nique : labourage, hersage, rou- consacrée « à la fabrication parti- d’Hubert Robert, où un escalier tera fait entendre, en filigrane, des sons du pourtour méditerranéen. Ce qui n’est pas le cas des deux lage, tous les épisodes de la culture culière de nécessaires à barbes et de impressionnant laisse passer les Expérimentateur ludique, Montera compose pour d’autres disciplines ar- nuits passées au Festival de sont mis en scène dans un décor rasoirs d’aciers fins », se peuplent bras tendus des incarcérés. tistiques – danse, théâtre, cinéma. Au festival de Mhère, créé par le cla- piano de La Roque-d’Anthéron qui, avec son moulin, son château d’enfants tâcherons. L’industrie se rinettiste et batteur Jacques Di Donato, Montera jouera, le 7 août, en duo en compagnie de Fou Ts’ong et et son arbre au premier plan, rap- mobilise pour la guerre : l’ouvrier Pierre Moulinier avec la harpiste Hélène Breschand ; et en trio, avec Doneda et Erik M, à de Radu Lupu. Ces deux artistes pelle les procédés des paysagistes Charté extrayant un camarade Mulhouse le 26. Pour l’un des instrumentistes les plus intègres des mu- exceptionnels, à quelques jours hollandais. d’un chaudron de salpêtre devient ૽ L’image du travail et la Révolu- siques improvisées, régulièrement programmé en Europe, l’été des festi- d’écart, ont ému, parfois plus La Révolution, ce sera fête et la- le modèle du dévouement frater- tion française. Musée de la Révo- vals français s’arrêtera là. qu’il est possible de le dire, le beur. Dans la « journée des nel et patriotique. L’exposition se lution française, Vizille (Isère). public fervent d’un festival qui brouettes », préparatoire à la Fête clôt sur la coupe d’une usine à co- Tél. : 04-76-68-07-35. Du mercredi Sylvain Siclier n’en a pas fini de déployer ses de la Fédération du 14 juillet 1790, ton : les bobines s’alignent sur six au lundi, de 10 heures à 18 heures. séductions au cœur de la on voit de belles dames s’exercer étages. Le machinisme capitaliste 20 F et 10 F. Catalogue : 170 F. Jus- ૽ 5e Fruits de Mhère, les 6, 7 et 8 août, Mhère (58). Tél. : 03-86-22-76-33. Provence mélomane. au terrassement sur le Champ de est en marche. qu’au 20 septembre. De 60 F à 120 F, abonnement 250 F. Avec les laissés-pour-compte du communisme expérimental Gibellina/Théâtre. Les XIIIes Orestiades de Gibellina ont accueilli « Tchevengour », la nouvelle production du Russe Lev Dodine eux des révolutionnaires que des Dodine sont servies par un scéno- TCHEVENGOUR, d’après Andreï “toqués”, des “cinglés” ». graphe remarquable : Alexeï Poraï- Platonov. Mise en scène : Lev Les Tchévengouriens, il est vrai, Koshitch. Le dispositif scénique se Dodine. Avec Sergueï Bekhterev, opposent leur communisme de chair révèle organique, il fait corps avec Sergueï Kurichev, Oleg Dimi- au communisme du verbe ; la frater- les corps, il est une autre pensée en triev, Nicolaï Lavrov, Igor Tcher- nité des étreintes aux directives de mouvement, capable de susciter une nevitch... l’appareil ; l’attention et le don à émotion renchérissant sur celle du TEATRO DEI RUDERI, Gibellina, chacun aux intérêts collectifs ; le rè- meilleur acteur. Sicile. Tél. : 00-39-924-67-955. glement immédiat aux traites loin- Durée : 2 h 10. Ce spectacle sera taines. Le salut auquel ils travaillent JUSQU’À LA DISPARITION repris au Théâtre national de dans une inactivité forcenée se situe Metteur en scène et scénographe Strasbourg (en russe surtitré juste derrière leur objectif premier : manient les éléments premiers (eau, français) le 15 octobre à la fin de l’Histoire, elle-même dé- terre, feu et l’air en cadeau) comme 20 heures, et les 16 et 17, à pendante de la destruction de la dans les grands récits des origines. 16 heures. bourgeoisie. Plus que des commu- Leur rétrovision ranime d’intimes nistes, ils seraient considérés au- quoique collectives sensations d’en- GIBELLINA (Sicile) jourd’hui comme des communauta- fance. Comment demeurer insen- de notre envoyé spécial ristes. Porteurs d’interrogations sible au désespoir des Tchévengou- Des étoiles comme au planéta- vitales, ils avancent du même pas riens glissant l’un après l’autre dans rium, dont pas une ne cille sous le déconcertant, les yeux fixés sur l’ho- l’eau qui cerne et nourrit leur terri- vent entêtant, hissé de la Tyrrhé- rizon solaire de l’utopie, livrant leur toire, poursuivant le rêve commu- nienne vers les cimes. Sur les gradins commune à la « folle avoine », qui nautaire jusque dans leur disparition érigés face aux ruines de l’ancienne fera les délices de Force proléta- physique ? Gibellina, détruite par un tremble- rienne, l’inusable Rossinante du Don Remonte alors miraculeusement à ment de terre en 1968, les specta- Quichotte local, Kopionkine. la surface la pierre qui les attirait teurs, montés par des chemins si- vers le fond, devenue leur contribu- nueux de Palerme, Trapani, COMME L’EAU COURANTE tion à l’histoire de l’humanité. Un Agrigente, Catane, vont assister à la Ce peuple d’hommes n’est que moment aussi poignant que leur ré- RITA CRICCHIO RITA naissance d’un monde, à ses convul- d’orphelins. Ils gardent au cœur Sur la scène de Gibellina, dix gueux, dix apôtres d’une idée appelée communisme. surrection en caleçon de pénitent et sions et à sa fin, comme posée sur l’image de la mère promise (de la leur communion brève avec les les points de suspension d’une résur- femme promise ?) comme d’une ne sont entravés que par eux- riens sont massacrés par des des autres, emmêlés, « en tas ». La ruines de Gibellina, arasées et pas- rection possible. Face à eux, dix terre promise, ou d’un ciel. Ils re- mêmes, par leur dénuement, leur « Blancs » – lesquels, compte tenu pratique soutenue du pathétique par sées à la chaux jadis par le peintre gueux persuadés que « l’homme des- connaissent, sans l’avouer, leur épo- ignorance, leur naïveté. Ils vont pas- du moment où le roman fut écrit, ne les Russes fait écho à des bribes de Alberto Burri. Une cité chargée de cend du ver », dix apôtres d’une idée pée suffisamment christique pour ne ser et disparaître, comme l’eau cou- peuvent être que des « Rouges ». Traviata diffusées sur un vieux tran- lumière blanche, dont la vie est ré- appelée communisme, guettent le pas trop se froisser de retrouver à rante, qui « elle aussi, coule pour aller Ceux de Lev Dodine choisissent de sistor, d’où émerge parfois la voix de duite à sa vision géométrique, un pa- lever du jour, car le Soleil, en leur in- l’entrée du siège du parti un « slo- où elle se trouve bien ! » se saborder. Ensemble. Sur scène, ils Toscanini. Le mélodrame se lit dans radis aux angles aigus sur lequel au- time conviction, représente le mo- gan » de saint Matthieu : « Venez à La vision de Lev Dodine se dé- exsudent d’un besoin d’amour fou leurs regards embués d’émotion par- cune idée ne peut plus prétendre dèle égalitaire absolu dans la redis- moi vous tous qui peinez et ployez sous marque sensiblement de celle de qui emporte tout. Y compris les ac- tagée, de compréhension mutuelle, pousser. tribution des bienfaits. Ces dix le fardeau et moi je vous soulagerai. » Platonov. Ne serait-ce que par la fin : teurs. Pour un oui ou pour un non, même lorsque se lève la colère. cœurs purs sont les Tchévengou- Les libres habitants de Tchevengour chez le romancier, les Tchévengou- ils se retrouvent dans les bras les uns Les images, éblouissantes, de Lev J.-L. P. riens. Tchevengour est le nom d’une lo- calité imaginaire, située dans la Lev Dodine, metteur en scène steppe en voie de soviétisation, qui donne son titre au roman (Robert Laffont, 428 p., 159 F) d’Andreï Pla- « Les idées fascistes sont comme les virus, elles ne disparaissent jamais » tonov (1899-1951), l’un des très grands Russes de ce siècle, dont Sta- GIBELLINA (Sicile) sans penser à Gibellina. Lorsque j’ai au passé, elles vivent toujours, c’est trer ce qui pourrait se passer dès vant Frères et sœurs, est plus line pensait avoir réglé une fois pour de notre envoyé spécial amené le spectacle ici, j’ai vu à quel pourquoi nous ne pouvons pas dire lors qu’on est acquis à certaines proche de la vie que Platonov ? toutes l’avenir littéraire par la men- « Qu’est-ce que le site de Gi- point ce qui était artificiel au que les événements de Tcheven- convictions, à la nécessité de les – Quand nous travaillions sur tion « salopard » portée en marge bellina a apporté à Tcheven- théâtre devenait réel. Au théâtre, les gour se passent il y a soixante-dix mettre en œuvre en dépassant ses Abramov, nous avions encore des d’une des œuvres. Dans Tcheven- gour ? comédiens devaient faire travailler ans. Les idées nationalistes ou fas- propres limites, au point d’être ca- espérances dans le changement. gour, écrit entre 1926 et 1929, et pu- – L’idée même du spectacle y est leur imagination, alors qu’ici tout cistes sont comme les virus, elles ne pable de tuer pour gagner le para- Maintenant, nous avons compris blié – partiellement – en 1972 en née. Il y a quelques années, nous était palpable. En un certain sens, disparaissent jamais. Notre spec- dis. que les choses ne changent pas Russie, Gorki avait pointé d’emblée avons été invités à visiter le lieu et nous sommes un peu embarrassés tacle n’est pas sur le passé, nous – Quand avez-vous découvert dans leur essence, qu’elles restent la « mentalité anarchiste » et renâclé imaginer ce qu’on pourrait y mon- de jouer à Gibellina, parce que les parlons des dangers du présent. Platonov ? comme il y a vingt ou quarante ans. devant des personnages dont il crai- ter. J’ai ressenti si violemment la choses vont au-delà du jeu. Ce n’est – Que faites-vous de la dimen- – J’ai commencé à lire ses récits Quand on a publié L’Archipel du gnait que « le lecteur voie moins en souffrance qui en émanait, celle des plus le jeu, c’est la vie. sion proprement russe du pay- dans les années 60. A l’époque, j’ai Goulag, nous étions convaincus que gens qui y avaient habité, que je me – Comment les jeunes comé- san chez Platonov ? tenté de mettre l’un d’entre eux en tout allait changer ; maintenant suis dit sur le champ : ici, je ferai diens peuvent-ils se placer dans – Nous n’interprétons pas les scène, mais aucun théâtre n’a ac- nous savons que non. En fin de Tchevengour. La souffrance provo- la situation de Tchevengour, il y paysans du temps de Platonov. cepté le projet. Dans les années 70, compte, peu de gens ont lu L’Archi- quée par la nature, par sa force des- a soixante-dix ans ? Nous ne pouvons pas le faire, pour j’ai pu lire Platonov à travers les sa- pel et la plupart sont persuadés qu’il tructrice, extérieure, donnait un – La dimension littéraire de Plato- la bonne raison que nous ne les mizdats et les éditions de l’Ouest. s’agit d’une chose du passé, qui ne paysage à la souffrance des gens de nov est si forte qu’elle emporte connaissons pas. En même temps, Platonov est un écrivain très singu- les concerne en rien. Tchevengour qui est intérieure, due tout. Elle donne une impulsion à nous les connaissons comme nous lier. On aimerait lui échapper, à » A partir du moment où on est à la destruction des hommes par l’imagination des comédiens. Et les nous connaissons nous-mêmes. cause de sa puissance précisément. conscient de cela, il est clair qu’il eux-mêmes. plus jeunes d’entre eux sont aussi Platonov n’a pas décrit les paysans Parce qu’il suscite des émotions si nous faut travailler sur la nature – Tchevengour pouvait-il ceux qui ont l’imagination la plus de son temps. Il n’a pas décrit des fortes qu’il est impossible de vivre profonde de l’homme, l’explorer naître ailleurs ? forte et la capacité d’aborder des hommes malades de leur temps, en permanence avec lui. La vérité pour comprendre ceux qui ne – Initialement, il me paraissait im- territoires inconnus. L’imagination mais des hommes malades des est si horrible qu’on a le désir de se veulent pas tenir compte des er- possible de mettre en scène le ro- des comédiens les plus âgés a vieilli, hommes. C’est un écrivain philo- cacher. Mais ses idées vivent en reurs du passé et sont prêts à les réi- man. Parce que l’espace du théâtre elle devient une imagination d’habi- sophe. C’est une chose de présenter nous et il est impossible de les ou- térer. » est trop étroit. Puis j’ai entrepris de tude. Par ailleurs – c’est dommage, un communisme du passé et une blier. travailler sur Tchevengour à Péters- mais c’est ainsi –, les idées du autre d’aller puiser son essence – Diriez-vous qu’Abramov, Propos recueillis par bourg, dans mon théâtre, le Maly, communisme n’appartiennent pas dans l’âme des comédiens. De mon- dont vous avez adapté aupara- Jean-Louis Perrier LeMonde Job: WMQ0608--0023-0 WAS LMQ0608-23 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0284 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 23

UN ÉTÉ À PARIS b LA PHOTOGRAPHIE DE BERTRAND DESPREZ

Zen New York, Sydney, Tokyo, Paris : l’architecture est récurrente : des tours hautes de cinq cents pieds, des parkings souterrains à dix niveaux, des lampadaires blafards. Parfois on croit deviner le même monstre de béton, un immense escargot avec ses deux antennes. Ici, avenue d’Ivry, se trouve un gastéropode en or, un des temples de la consommation. Mais pas de bousculade, tout le monde attend son tour calmement pour pénétrer chez Tang. Un lieu incontournable de la culture asiatique. Il faut musarder entre les rayons, s’emporter pour des dragons et finir, en sortant, par boire un verre de lait de coco. Rafraîchissant, dépaysant et zen ! Chez Tang, avenue d’Ivry, 75013 Paris. Tous les jours sauf le lundi. AGENCE VU La vérité nue de Fou Ts’ong et Radu Lupu La peinture d’Herbert Brandl, La Roque-d’Anthéron/Musique. Deux pianistes à l’humanité profonde chromatisme céleste conduit à la scène – ce chemin que surmonter un trac parfois si ef- vérité-là, nue, difficile parfois à en- A Issoire, un Viennois méconnu en France LEOS JANACEK : Sonate en mi bé- Macha Makeïeff a surnommé si jus- froyable que certains finissent par tendre, cette humanité sans ma- mol mineur I. X. 1905 – ROBERT tement le couloir de la mort. Il tra- renoncer à se produire en public quillage à des océans de beau piano comme ceux de Constable. Des SCHUMANN : Fantaisie en ut ma- vaille même la nuit : deux soirs de quand d’autres, le surmontant, impavide. On pense parfois au cher HERBERT BRANDL. PEINTURES nuances atmosphériques pal- jeur op. 17 – FRANZ SCHUBERT : suite, les tracteurs ont apporté les réussissent à faire passer dans le Vlado Perlemuter qui, certains soirs 1989-1999, Centre Nicolas-Pomel, pitent le long de traînées colo- Sonate en ut mineur D 958. Radu quatre grands Steinway sur la scène public une tension presque pal- plus difficultueux que d’autres, place de Verdun, 63500 Issoire. rées, un clair-obscur peut surgir Lupu (piano). vers une heure du matin ; les régis- pable. vous tirait les larmes rien que par la Tél. : 04-73-89-07-17. Tous les au bord d’une large touche noire. Parc de Florans, le 1er août. seurs les ont alignés comme à la pa- façon dont il attrapait les premières jours de 10 h 30 à 12 h 30 et de Le chromatisme est céleste, la FRÉDÉRIC CHOPIN : Prélude en rade et Fou Ts’ong les a essayés, VOYAGE SPIRITUEL notes des Oiseaux tristes de Ravel. Et 13 h 30 à 18 h 30. Entrée 10 F. Jus- matière picturale naturellement ut dièse mineur op. 45 ; Vingt- peinant à faire son choix. Il y en Bien ? Pas bien ? Quand on pour rien au monde on ne voudrait qu’au 19 septembre. légère, les mouvements fluides. quatre Préludes op. 28 ; Barcarolle avait bien un qui avait un son qui écoute Fou Ts’ong, on ne se pose voir des bras à la Victoire de Samo- Les formats sont grands. Il leur op. 60 ; Nocturnes op. 62 nos1 et 2 ; lui plaisait, mais sa mécanique ne le pas cette question. Il a un son venu thrace. ISSOIRE arrive de glisser au monumental, Mazurkas op. 63 nos1, 2 et 3 – Polo- satisfaisait pas ; l’autre avait les d’autrefois ; du Steinway, il tire les Le beau piano n’est pas non plus de notre envoyé spécial donnant plus de puissance vi- naise-Fantaisie op. 61. Fou Ts’ong qualités étaient inverses. Qu’à cela couleurs minérales d’un vieil Erard ; la préoccupation du Roumain Radu En Autriche, son pays natal, suelle au travail de Brandl. Cette (piano). ne tienne, la mécanique du second sa voix porte loin, capable de demi- Lupu. Que dire de son récital ? Le Brandl est un peintre largement extension l’attire aussi d’un côté Parc de Florans, le 4 août. a été placée dans le premier. Et le teintes feutrées, cristallines et cui- critique reste sans explication plau- montré et reconnu. En France, sa plutôt rare actuellement, celui de pianiste a eu le piano qu’il voulait. vrées tout à la fois, de brusques sible. La musique est le premier des présence est discrète, sa réputa- la peinture murale ou plafon- LA ROQUE-D’ANTHÉRON Tant d’heures de travail, tant éclats de violence qui provoquent arts, elle ne dit rien, elle est. Quand tion encore mal établie. Ce que nante, telle que la concevaient les de notre envoyé spécial d’hésitations pour faire son choix. l’effroi. Il accroche parfois, dans les elle vient, elle s’adresse à l’in- l’on sait de lui tient en peu de Vénitiens et les baroques. Il y a Depuis qu’il est arrivé à La Le public, qui applaudit, qui rejette passages les plus simples comme conscient, peu provoquer les réac- mots : il a quarante ans, il tra- dans ces peintures flottantes des Roque-d’Anthéron, le pianiste bri- aussi parfois, un artiste, sait-il tou- dans les préludes les plus virtuoses, tions les plus étranges que la raison vaille à Vienne, il est peintre. harmonies en ocre-rose et bleu- tannique d’origine chinoise Fou jours l’angoisse du musicien qui mais jamais ces fautes ne dévient le ne saurait expliquer. Oublieux du Viennois, donc expressionniste ? gris qui pourraient être inspirées Ts’ong travaille. Du matin au soir, monte seul sur scène ? Face à son cours de sa pensée. Avec courage, il monde qui l’entoure et de lui- Non. Quoique assez réduite, l’ex- de Véronèse, à moins que ce ne dans le parc, dans l’atelier où Denijs piano, le pianiste doit mobiliser va au bout, jusqu’au bout de ce même, Lupu joue. Jouer n’est pas le position d’Issoire – la première de soit de Tiepolo. Préféreriez-vous De Winter cajole ses pianos, dans la toutes ses forces physiques et psy- qu’il a à dire. A soixante-cinq ans, bon mot. Il n’y a rien de ludique, ce genre pour lui en France – suf- des références françaises ? Monet loge dont la grande porte fait face à chiques pour recréer un univers Fou Ts’ong n’a plus les doigts de ses rien de matériel, pas d’action non fit à démontrer la fausseté de n’est pas si loin, celui des pay- la grande allée de séquoias qui vers lequel il doit nous entraîner, vingt ans, mais l’on préfère cette plus dans ce voyage spirituel. Lupu l’hypothèse. sages neigeux de Norvège, et ce- nous immerge dans le son, parle Sans doute les toiles naissent- lui des paysages liquides de ses comme en transe, en dehors de lui. elles de larges gestes, de touches vingt dernières années. Brandl à A l’issue de son récital, quelques fortement appuyées qui se son tour demande à la peinture Riccardo Muti puni de sa suffisance musicale visages défaits. Ceux des pianistes croisent et se recouvrent. Mais les moyens de comprendre les va- Brigitte Engerer et Nelson Freire ces mouvements ne sont pas les riations de la lumière et leurs émus aux larmes. Celui de Nikolay signes d’un état d’âme, aucun conséquences sur la couleur. Salzbourg/Musique. Deux œuvres de jeunesse de Schubert et de Brahms Lugansky qui devait nous conter rythme vital ne s’y inscrit nette- La cohérence de la démarche une histoire troublante : « Il y a ment et ces abstractions n’ont ne fait pas de doute. Et nombre La Flûte enchantée, de Mozart, dans ses certitudes. Le Philharmo- quelques mois, un courant marin rien de lyrique. On les dirait plu- des toiles rassemblées à Issoire ORCHESTRE PHILHARMO- l’autre interprétait, au Mozarteum, nique, si, lui qui a compris l’intérêt m’a entraîné au loin ; pendant une tôt luministes, bien que ce terme ont du charme et même plus que NIQUE DE VIENNE, Riccardo deux pièces réunies par le chef ita- d’inviter John Eliot Gardiner et demie-heure j’ai pensé mourir, je ne serve d’ordinaire à l’analyse des cela. Ce qui déconcerte, c’est Muti (direction). Symphonie no 5 lien Riccardo Muti : les juvéniles même Philippe Herreweghe. Sans pouvais plus lutter dans une eau gla- œuvres anciennes. qu’un artiste d’aujourd’hui déve- en si bémol majeur D 485, de Cinquième symphonie, de Schubert, compter Rattle, que le Philharmo- ciale, puis un hélicoptère est venu Pourquoi luministes ? Parce que loppe un tel travail et rencontre Franz Schubert ; Sérénade no 1 et Première sérénade, de Brahms. Le nique de Berlin a eu mille fois raison quand j’allais abandonner et l’on chaque toile se définit essentielle- la faveur des collectionneurs, des en ré majeur op. 11, de Johannes premier compositeur avait dix- de préférer à Barenboim pour être m’a hissé hors de l’eau ; je viens de ment par l’éclat qui en émane ou galeries, en Autriche, en Alle- Brahms. neuf ans, le second vingt-cinq. Ni son prochain « patron ». vivre la même expérience en écou- s’y absorbe, par le rayonnement magne et en Suisse, et jusqu’à FESTIVAL DE SALZBOURG, l’un ni l’autre ne semblaient encore On pensait retrouver Muti plus à tant Radu Lupu et ma vie, comme qu’elle diffuse ou qui se perd en celle de la Kunsthalle de Bâle Mozarteum, le 3 août. Jusqu’au atteint par la mélancolie introspec- son aise dans Brahms. Cette Séré- celle d’autres personnes qui ont assis- elle. Inévitablement, on songe à cette année. Car voici de la pein- 29 août. Tél. : 00-43-662-80-45- tive qui les caractérise, mais ils pa- nade op. 11, si mozartienne dans le té à son récital, en sera changée. » des effets de nuages, de cou- ture, de la peinture qui ne se 579. www.salzburgfestival.at/ raissaient encore très marqués par la ton, mérite une subtilité de détail chants, de pénombre, d’aurores donne pour rien d’autre, qui ne se jubilation de l’héritage classique. que Muti néglige, un allègement du Alain Lompech boréales, à des paysages célestes pare d’aucun prestige conceptuel, SALZBOURG C’est dire qu’il ne faut pas engluer sostenuto qui ne la rend que plus in- qui se dispense de toute intention de notre envoyé spécial ces pièces symphoniques dans de tense (dans l’Adagio). Mais Muti pré- narrative et de tout argument au- Pendant le Festival de Salzbourg, trop lourds effectifs : de ce point de fère les cordes grasses, les archets tobiographique. le planning de l’Orchestre philhar- vue, la situation semblait idoine. lourds. Même Bruckner n’est plus En France, œuvrer de la sorte, monique de Vienne est affolant : Mais... dirigé comme cela... c’est immanquablement s’expo- cinq représentations du Doktor Au début des menuets de cette ser à des critiques sévères. C’est Faust, de Busoni (du 1er au 23 août), UN ÂGE DES TÉNÈBRES Sérénade, Muti a laissé commencer courir le risque de se faire traiter huit de Don Giovanni (du 5 au Mais il y a Riccardo Muti. Lors- seuls les bois, puis, au premier dé- d’arriéré et de nostalgique. C’est 29 août) et dix de La Flûte enchantée, qu’il entre, raide, hautain, sec, on se tour de phrase, il a battu de nou- passer pour quantité négligeable de Mozart (du 28 juillet au 25 août), dit qu’il n’a plus l’âge du rôle, celui veau comme pour guider le rallen- – ce qui ne viendrait à l’idée de cinq de Don Carlo, de Verdi (du 13 au d’un chef collégial, musicien-parte- tendo d’une cadence, avant de leur personne s’agissant de Brandl. A 26 août), auxquelles s’ajoutent onze naire plutôt qu’ordonnateur tout- laisser de nouveau la bride sur le juste titre assurément. Mais concerts symphoniques répartis en puissant. Il domine la musique d’une cou. Tout le monde sait, Muti le pre- Monique Frydmann ou Gérard cinq programmes, dirigés par Ber- baguette ferme, trop ferme pour mier, que trois ou quatre musiciens Traquandi, dont les expériences nard Haitink, Riccardo Muti, Kent cette symphonie de Schubert qu’il placés côte à côte n’ont pas besoin ne sont pas si éloignées de celles Nagano (remplaçant Pierre Boulez, eût fallu diriger comme Rattle diri- du chef pour négocier une fin de de Brandl, ni les œuvres moins qui, blessé à la main, était bien geait Haydn la veille, à la tête de phrase dans un parfait ensemble. accomplies, mériteraient d’être présent les 29 et 30 juillet au concert l’Orchestre de l’Age des Lumières, Mais Muti n’a pas résisté à montrer traités avec autant de considé- de ses propres œuvres qu’il n’a pu avec intelligence, vivacité, souplesse son « pouvoir ». Les choses étant ration. Il est assez curieux de diriger lui-même), Seiji Ozawa et Si- et imagination. Quel contraste ! Le bien faites, quelques instants plus constater cette différence de mon Rattle. Le Wiener Philharmoni- Wiener Philharmoniker, impeccable tard le chef italien a été puni de sa comportement. En attendant d’en ker ne chôme donc pas et se scinde mais banal sous la direction de Muti, fatuité : il a laissé choir par inadver- comprendre les raisons, on se parfois en deux : ainsi peut-il faire semble indiquer qu’un âge des té- tance sa baguette. On n’a pu s’em- réjouira que Brandl bénéficie entendre le même soir deux œuvres nèbres affecte un certain nombre de pêcher de voir du sens dans cet acte désormais d’un accueil à la ne nécessitant pas un gros effectif. formations, et, plus cruellement en- manqué. mesure de son travail. Le 4 août, pendant qu’une partie core, quelques chefs qui les dirigent. de l’orchestre jouait, à la Messehalle, Car Muti ne se refera pas, drapé Renaud Machart Philippe Dagen LeMonde Job: WMQ0608--0024-0 WAS LMQ0608-24 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 09:46 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0241 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 CULTURE

L’ennui d’un Ouest SORTIR

COLLIOURE on notera cette année : le trio de sans mystère (PYRÉNÉES-ORIENTALES) François Raulin ; les improvisations du danseur Michel Raji ; « Jazz Denis Darzacq Angkor », l’un des projets de Ce sont deux belles séries que Padovani ; BoloVarisTiboum ; Wild Wild West. Un feuilleton télévisé présente durant l’été le André Jaume en trio ; Ramon photographe Denis Darzacq Lopez en solo ; Jean-Marie qui exploitait avec succès les mythes du western (trente-sept ans), au château de Machado ; « Comme un seul Collioure : des visages en gros plan homme », par Philippe Delaigue devient un patchwork sans armature de noctambules et des citadins qui d’après Le Retour, de Platonov ; se croisent et forment le quotidien Sophia Domnacich en trio ; Tous bien d’autres choses que le feuil- de la ville. « Deux façons pour moi dehors ; le guitariste de flamenco Film américain de Barry Son- leton dont il s’inspire. En appa- d’interroger notre place dans notre Juan Carmona ; le quartette de nenfeld, avec Will Smith, Kevin rence, les deux agents américains rapport aux autres », dit le Massimo Rossi ; la Compagnie des Cline, Kenneth Branagh, Salma James West et Artemus Gordon, photographe. C’est bien la mise en musiques à ouïr ; le collectif Hayek (1 h 44.) séides aux ordres directs du géné- relation des images qui leur donne Polysons avec Erick M. et ral Grant, président des Etats- du sens. D’un côté, des regards Jean-Marie Maddeddu ; le Grand Ce n’est pas un film, c’est une Unis, reprennent du service. Si- intimes, surpris dans un espace clos Lousadzak de Claude Tchamitchian stratégie industrielle. Cette tuée à la fin du siècle dernier, l’in- et privé, légèrement flous, fatigués ou le quartette de Michel Macias. constatation, un peu abrupte, un trigue mêle des éléments de ou « habités » par on ne sait quelle Contes, fanfares et animations dans peu désabusée, s’impose si l’on science-fiction aux conventions rêverie, traqués ou sereins, tout le village. Stage de pêche à la cherche à comprendre les raisons du western. Les deux héros sont abandonnés ou en attente, le tout mouche. pour lesquelles Wild Wild West a ici chargés d’empêcher un général au moyen de couleurs chaudes, aux Jardin dans tous ses états, 46 Assier. vu le jour. Au départ, il y a une sé- sudiste, fou et cul-de-jatte, de dominantes fucshia, noire ou Du 6 au 8 août. Renseignements à rie pour le petit écran (intitulée en renverser le gouvernement améri- blanche ; de l’autre, des gens qui l’Association pour la renaissance du WARNER BROS WARNER France Les Mystères de l’Ouest), cain. Will Smith dans « Wild Wild West » : peu inspiré. marchent, discutent dans la rue, château d’Assier, La Gloriette, tél. : plutôt agréable et qui rappelle Il est loisible de constater que le cadrés en plan large et le plus 05-65-40-42-42. De 25 F à 130 F que la télévision, son économie souci des producteurs a d’abord taire. Il fonctionne, à l’instar de Alors, malgré l’artificialité d’une souvent surplombés, dominés par selon les spectacles ; abonnements : modeste, ses exigences de conci- été de reproduire le succès, deux toute réclame, sur la capacité structure où l’on sent le calcul à le photographe, au statut aussi 245 F, 340 F et 435 F. standardisé que la couleur est sion, a été le débouché possible ans plus tôt, de Men in Black, en pour le spectateur de reconnaître chaque séquence, pourquoi ne AIGUES-MORTES (GARD) de la série B cinématographique. reprenant le même réalisateur, le immédiatement l’univers de réfé- pas prendre du plaisir à ce qui se banalisée et précise. C’est la Le feuilleton avait pourtant déjà même interprète (Will Smith) et, rence montré. On trouve ainsi veut aussi une aimable parodie ? distance entre l’intime et le public, Festival des Nuits d’encens intégré l’ironie parodique et l’hu- surtout, la dernière partie d’un ré- tout ce qui peut constituer une Sans doute parce que, à part quel- la vie intérieure et celle affichée, Sixième édition des Nuits d’encens, mour d’une idéologie pop triom- cit qui voit simplement un combat mythologie portative contempo- ques éclats et trouvailles éton- entre les sentiments et les actes consacrée aux musiques de la phante dans les années 60. avec une araignée métallique de raine, dans un récit patchwork qui nants (les tueurs cachés dans des fonctionnels, qui sont ici mis en Méditerranée. Programme court et Les Mystères de l’Ouest n’auront trente mètres de haut remplacer synthétise d’anciens souvenirs de tableaux en trompe-l’œil), le film tension, avec bonheur. varié qui s’ouvrira le 6 août par un pas manqué cependant de la lutte avec le cafard géant extra- spectateurs pavloviens : les gad- souffre d’un scénario chaotique Château royal, 66190 Collioure. Tous hommage à la poésie connaître le destin de maintes sé- terrestre du précédent titre. gets et les belles filles de James fait de saynètes inégales, d’un les jours de 10 heures à 18 heures. arabo-andalouse du XIe siècle rendu ries, recyclées et réadaptées par le Bond, les films de kung-fu rappe- montage trop court, d’une suren- Fermé les 15 et 16 août. Tél. : par le musicien Abed Azrié, 04-68-82-06-43. Jusqu’au cinéma qui, en leur fournissant MYTHOLOGIES PORTATIVES lés par certaines scènes de combat chère assommante de moyens, originaire d’Alep (Syrie), entouré de des conditions de production sans Mais le récent succès du réalisa- à main nue, les films d’horreur go- d’une interprétation peu inspirée, 4 septembre. Catalogue, 22 p., 30 F. trois ensembles (espagnol, oriental commune mesure avec les bud- teur et la série télé d’origine ne thiques (un méchant dégommé le d’un finale trop long. Voilà pour- ASSIER (LOT) et français). Suivront des chants gets de la télévision, a dépouillé la constituent pas le seul modèle de temps d’une séquence ressemble quoi. traditionnels de l’Italie du Sud forme télévisuelle de sa singulari- cette œuvre. Wild Wild West res- au monstre de Frankenstein), les Jardin dans tous ses états no 14 interprétés et joués par La Moresca, té. Wild Wild West ressemble à semble aussi à un film publici- épisodes de La Guerre des étoiles. Jean-François Rauger C’est un village dans le Quercy, un groupe de huit musiciens (le 7) ; proche de Figeac, situé aux de l’afro-jazz, avec le flûtiste et croisements de routes où passaient saxophoniste nîmois Jean-Charles les troupeaux, les grandes foires, Agou en sextette (le 9) ; Sapho Le Festival de Moscou, instrument politique de Nikita Mikhalkov qui a encore sa gare de chemin de chantera Oum Kalsoum (le 10) ; fer et, surtout, son château enfin, une incursion plus classique MOSCOU tographique était avant tout desti- retenus) dans les autres festivals, de la meilleure mise en scène), au Renaissance. Des musiciens en sont dans la musique de l’Italie des correspondance né aux Moscovites : décideurs, faire venir le matériel, lancer les in- réalisateur espagnol Antonio Mer- tombés amoureux, dont XVIIe et XVIIIe siècles avec le Ouvert par le premier ministre hommes politiques, personnalités vitations dans un pays où la déli- cero pour L’Heure des braves (Prix Jean-François Prigent, fondateur du Requiem d’André Campra et Jephté, Sergueï Stepachine le 19 juillet et de tous ordres, à six mois des élec- vrance des visas et l’humeur de la spécial du jury pour « sa condam- festival Jardin dans tous ses états, un oratorio de Giacomo Carissimi, clos, dix jours plus tard, par la vice- tions législatives et dix mois de la police des frontières sont rétri- nation de la guerre et l’affirmation et Jean-Marc Padovani, qui y réside avec les chœurs de Cassis et de premier ministre en charge de la présidentielle. buables, rassurer artistes et produc- de la force éternelle de l’art capable et participe dorénavant à Martigues, dirigés par NIcolas culture, Valentina Matviyenko, le Fondé en 1959, en alternance bi- teurs quant à la sécurité des biens de sauver le monde... »). Le Saint- l’élaboration de la manifestation où Baralis (le 12). XXIe Festival de Moscou, à défaut sanuelle avec Karlovy Vary (Répu- (piratage) et des personnes en Rus- Georges d’or est allé au cinéaste ja- se mêlent la musique, les arts Bureau du festival, 13, rue du Port, de consacrer des films et des ci- blique tchèque), le Festival de Mos- sie, etc. ponais Kaneto Shindo, âgé de plastiques, la danse et diverses 30 Aigues-Mortes. Du 6 au 12 août. néastes, aura une nouvelle fois per- cou fut déclaré « annuel » au début quatre-vingt-sept ans, pour son performances. Dans un programme Concerts à 22 heures. Tél. : mis à Nikita Mikhalkov de faire la des années 90 mais ne se déroule, film La Soif de vie. qui laisse peu de place au farniente 04-66-73-91-23. 80 F et 100 F. preuve de son sens politique hors aujourd’hui encore, que tous les Un Saint-Georges Un Saint-Georges d’honneur a du commun dans ce pays. Elu pré- deux ans... La nomination de Nikita été décerné à Alain Delon, qui sident de l’Union des cinéastes de Mikhalkov au poste de président d’honneur a été n’était pas revenu à Moscou depuis Russie il y a un an et demi, nommé était censée assurer une assise, des décennies, pour l’ensemble de GUIDE président du Festival de Moscou voire une pérennité à cet événe- décerné à Alain Delon sa carrière. Ce prix est venu ré- l’hiver dernier, mais écarté de la ment, mais les problèmes poli- compenser celui dont la notoriété REPRISES CINÉMA mercredi au samedi, à 20 heures. Tél. : course au ministère du cinéma il y a tiques et économiques récurrents est exceptionnelle dans ce pays : en 08-03-07-50-75. 90 F et 110 F. Jusqu’au six mois ( Le Monde du 14 mai), le ont empêché les organisateurs d’ef- Le festival eut donc lieu. En moyenne trois de ses films sont dif- Badlands (*) 4 septembre. de Terrence Malick, avec Martin Sheen, Porcherie réalisateur du Barbier de Sibérie a fectuer leur travail à temps. Le dé- marge de la compétition, huit sec- fusés chaque mois sur les chaînes Sissy Spacek. Américain, 1974 (1 h 35). de Pier Paolo Pasolini, mise en scène de su donner à la Russie le festival cret stipulant la tenue du festival tions parallèles et six hommages de télévision nationales. Les festiva- Grand Action, Paris 5e (01-43-29-44-40) ; Stanislas Nordey. qu’elle n’attendait pas. n’a été signé que le 3 mai de cette montrèrent près de deux cents liers ont eu droit, en clôture, au Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60). Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevard Malgré un label de première ca- année, par Evgueni Primakov, quel- titres (courts métrages et vieux nouvel opus de La Guerre des Les Nerfs à vif Jules-Guesde, 93 Saint-Denis. Mo Saint- tégorie décerné par la Fédération ques jours avant son limogeage. films compris), le cinéma français étoiles, La Menace fantôme, à la de Jack Lee-Thompson, avec Gregory Denis Basilique. Du mardi au samedi, à internationale des producteurs de L’Etat russe a investi à lui seul étant à lui seul représenté par quin- veille de son lancement sur le mar- Peck, Robert Mitchum. Américain, 1962, 20 h 30 ; le dimanche, à 16 heures. Tél. : noir et blanc (1 h 45). 01-48-13-70-00. 50 F. Jusqu’au 22 août. films, une compétition internatio- plus de 15 millions de francs ze longs métrages récents, dont ché russe. Action Christine, Paris 6e (01-43-29-11- 50 F. nale jugée par un jury qui ne l’est (2,29 millions d’euros) dans la ma- La Dilettante de Pascal Thomas, en Le festival a surtout été l’occa- 30). Big Lucky Carter (blues) pas moins – il était présidé, cette nifestation, dont 3 millions compétition, pour lequel Catherine sion, pour les hôtes étrangers, de Du rififi chez les hommes New Morning, 7-9, rue des Petites- année, par Fernando Solanas –, un (460 000 ¤) par le biais du ministère Frot a reçu le prix d’interprétation découvrir ou de redécouvrir les de Jules Dassin, avec Jean Servais, Carl Ecuries, Paris 10e. Mo Château-d’Eau. Le marché qui se voulait lui aussi in- du cinéma, soit le tiers des subven- féminine. Les autres prix ont été films récents et anciens de l’ex- Möhner, Robert Manuel. Français, 1954, 5, à 21 h 30. Tél. : 01-45-23-51-41. De ternational (mais qui ne regroupait tions accordées aux dix-neuf festi- décernés à l’acteur Farkhat Abdraï- URSS, de visiter le studio Mosfilm noir et blanc (1 h 56). 110F à 130F. MK2 Beaubourg, Paris 3e ; L’Arlequin, 6e PARIS QUARTIER D’ÉTÉ (01-44-94-98-00 qu’une vingtaine de sociétés, russes vals russes soutenus par cette ins- mov pour le film russo-kazakh Fa- en pleine rénovation, d’assister à (01-45-44-28-80). et 0-803-808-803) pour la plupart) et quelques stars tance. Il fallut donc trouver à la ra, au réalisateur islandais Agust quelques tables rondes et à des sé- Piravi (La Naissance) b Compagnie Käfig mondiales, cet événement cinéma- hâte dix-huit films refusés (ou non Gudmundsson pour La Danse (Prix minaires dont l’un, « L’intelligentsia de Shaji N. Karun, avec Premji, Archana. Récital (danse hip-hop). est-elle pour le socialisme ? », fut Indien, 1988 (1 h 50). Cour du Palais-Royal, 13, rue de Rivoli, aussi agité qu’intéressant. Racine Odéon, Paris 6e (01-43-26-19-68) ; Paris 1er. Mo Palais-Royal. Le 5, à e Néanmoins, souffrant d’un défi- Les 7 Parnassiens, 14 (01-43-20-32-20). 22 heures (dernière). De 80 F à 100 F. INSTANTANÉ Devant l’ampleur et le volume liptique et moins habituelle, qui Rashomon b cit chronique d’information – la- Le Festin pendant la peste de l’ancienne friche industrielle, frôle en tangente deux piliers, et de Akira Kurosawa, avec Toshiro Mi- Mis en scène par Alain Milianti, Le Fes- RICHARD LONG devenue lieu d’exposition par la en intègre un troisième. Les pierres quelle n’est le plus souvent diffusée fune, Masayuki Mori. Japonais, 1950, tin confronte danse hip-hop, théâtre et volonté municipale, Smith eut une choisies sont de même nature que qu’en russe... –, incapable de sous- noir et blanc (1 h 30). rap. EN CHANTIER pensée pour son ancien condisciple celles dont est bâti l’ancien chan- titrer les films projetés dans une Studio des Ursulines, Paris 5e (01-43-26- La Cabane de l’Odéon-Théâtre de l’Eu- de la Saint Martin School, et l’ap- tier naval. « L’art peut être réalisé langue véhiculaire quelconque et 19-09). rope, 36-38, quai de la Loire, Paris 19e. (*) Films interdits aux moins de 12 ans. o Il y a des expositions compliquées pela. Long vint voir l’endroit, qui en n’importe quel lieu, plaide Ri- d’attirer à Moscou les acteurs M Jaurès. Les 5, 6 et 7, à 21 heures. 70 F commerciaux de l’industrie cinéma- et 80 F. à organiser, et d’autres qui se lui plut. Voilà comment s’est réali- chard Long. Il s’agit aussi bien de TROUVER SON FILM b Cabaret Achille Tonic montent entre copains. Ce dernier sée, presque à l’improviste, la der- trouver le bon endroit que d’as- tographique mondiale (pour des Jardin des Tuileries, place de la Tous les films Paris et régions sur le Mi- cas est celui de l’installation d’un nière installation en France d’un sembler [les pierres] de manière raisons objectives de rentabilité im- Concorde, Paris 8e. Mo Concorde. Jus- nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68- probable), le festival ne fait que qu’au 14 août, à 20 h 45 et 22 h 30. Re- ovale de pierres de 25 mètres d’en- des plus célèbres sculpteurs an- juste et de dire : voilà ce dont le 03-78 (2,23 F/mn) vergure et d’une quarantaine de glais. monde est fait. » susciter une question lancinante lâche dimanche. 60 F et 80 F. b tonnes, par Richard Long, au Chan- Plus connu pour ses travaux à dans l’esprit des étrangers : à quoi ENTRÉES IMMÉDIATES Romanès cirque tsigane sert-il ? Question superflue, mise en scène d’Alexandre Bouglione- tier naval opéra d’Antibes. Le l’extérieur, ce chef de file du Land Harry Bellet Le Kiosque Théâtre : les places du jour Romanès. sculpteur Serge de Hildebrandt pas- Art sait aussi tirer parti de l’archi- puisque le décret gouvernemental vendues à moitié prix (+ 16 F de commis- Chapiteau Romanès, 7, passage La- sait par là. Il y avait exposé en 1998, tecture des lieux clos qui parfois ૽ Richard Long, Sebastian Smith, relatif à la tenue de la prochaine sion par place). Place de la Madeleine et thuile, Paris 18e. Mo Place-de-Clichy. Jus- lors d’une manifestation biennale, l’accueillent. Surdimensionné et Serge de Hildebrandt. Chantier édition fut remis à Nikita Mikhal- Parvis de la gare Montparnasse. De qu’au 14 août, à 20 h 30. Relâche di- « Sculptures sous le soleil d’Anti- austère, le chantier naval a des naval opéra, quai des Milliar- kov lors de la clôture, ce qui lui per- 12 h 30 à 20 heures, du mardi au same- manche. 50 F et 100 F. b bes », destinée à mettre directe- murs bas, percés de voûtes. Sur un daires, port Vauban, 06600 Anti- mit de déclarer solennellement le di ; de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Spirit Pan African Brass Company Fanfare africaine. XXIIe Festival de Moscou... «tan- ChiencrU ment les artistes contemporains en côté, elles sont asymétriques et bes. Tél. : 04-92-90-54-90. Ouvert de la Compagnie Cahin-Caha, mise en Parc de Choisy, Paris 13e. Mo Place-d’Ita- gible ». contact avec le public. Il était ac- surbaissées. C’est peut-être ce qui a tous les jours, de 10 heures à scène de Gulko. lie. Le 5, à 21 heures. Jardin du Luxem- compagné d’un ami, le peintre bri- pu inspirer à cet adepte du cercle 12 heures et de 15 heures à Espace chapiteau du Parc de la Villette, bourg, Paris 6e. Les 5, 6 et 7, à 18 heures. tannique Sebastian Smith. parfait l’idée d’une forme plus el- 19 heures. Jusqu’au 10 septembre. Joël Chapron Paris 19e. Mo Porte-de-la-Villette. Du Accès libre. LeMonde Job: WMQ0608--0025-0 WAS LMQ0608-25 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 18:28 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0286 Lcp: 700 CMYK

LITTERATUREb ESSAIS VENDREDI 6 AOÛT 1999

LE FEUILLETON D’ÉTÉ DE FRANCIS MARMANDE page 26

RAYMOND DEPARDON MARTIN HEIDEGGER PATRICK MAURIÈS page 26 page 27 page 28

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb « Merdre ». 1896. Scandale. Un énergumène vient proférer la vérité nue Le triomphe d’Ubu du pouvoir. Jarry, prophète tout, et le pays où l’on se trouve, un goût prononcé pour les anti- blasphémateur, d’abord. C’est pour cette raison thèses violentes et le rapproche- qu’Ubu parle français. » ment des extrêmes. Il n’avait rien crée Ubu, monstre-mythe Ubu, roi par le bas, règne sur la non plus à apprendre, semble-t-il, servitude volontaire humaine. Il en matière sexuelle. L’un d’eux, U. La douleur à la descendance féconde E. La férocité vient aussi bien du Père Duchesne réprobateur, trouve que, « malgré (les larmes du Père Ubu) (la mâchoire du Père Ubu) de Hébert (nom, aussi, du profes- sa belle intelligence, il fut un éroto- seur dont l’élève Jarry se moquait mane un peu crapuleux » et que Les dessins que nous publions physique d’Ubu utilise le guignol avec ses camarades) que de Fou- « le respect de la femme était un sont ceux de Pierre Bonnard pour dire autre chose, une catas- quier-Tinville, lequel trouvait que sentiment qui lui était inconnu ». pour l’« Alphabet du Père Ubu » trophe métaphysique, une énor- les accusés du Tribunal terroriste On voit que tout se tient chez ce (voyelles), tiré de l’« Almanach mité verte (de langue, de crudité « complotaient contre son ventre » blasphémateur précoce, qui a raté illustré du Père Ubu − physique et de peur). Dans le lorsqu’il était temps d’aller dîner. trois fois son concours d’entrée à XXe siècle », 1er janvier 1901, même tournant historique, le sur- La Gidouille est née. Ubu : « J’ai l’Ecole normale supérieure. publié par Ambroise Vollard. homme nietzschéen et le sous- l’honneur de vous annoncer que, Quand il meurt, en 1907, à trente- ors de la première homme buté paraissent sur la pour enrichir le royaume, je vais quatre ans, il vient pourtant représentation d’Ubu roi, en 1896, scène mondiale. Comme le dit faire périr tous les Nobles et d’écrire : « Le père Ubu croit que le Les œuvres complètes d’Alfred JarryL a vingt-trois ans. C’est un Daniel Accursi dans un brillant prendre leurs biens. » L’argent, la O. L’admiration cerveau, dans la décomposition, Jarry ont été publiées dans la scandale. Un coup de génie ado- essai récent : « Ubu prophétise la bouffe, voilà l’essentiel. La pensée (le nombril du Père Ubu) fonctionne au-delà de la mort, et « Bibliothèque de la Pléiade » en lescent révèle soudain un monstre mondialisation de la Phynance, qui n’est plus qu’un mince appendice que ce sont les rêves qui sont le trois volumes. Le premier, dirigé qui va se transformer en mythe. de la panse. Tout est ruse même totale de la moelle épinière, Paradis. » Et ceci, beaucoup plus par Michel Arrivé et qui « Le public a été stupéfait à la vue Philippe Sollers et prédation, tout est sans oublier l’ouverture de la vessie étrange : « Il voit l’autre monde, et comporte notamment les de son double ignoble qui ne lui anal. Finalement, le mot natatoire et finalement la grande il lui parle, par courtoisie et par différentes versions d’Ubu, est avait pas été présenté. » Et aussi : elle-même déclenche l’apocalypse le plus répété est celui de trappe. décollation renouvelée de saint prudence, dans la langue de épuisé. Les deux autres tomes « C’est parce que la foule est une encéphalique. La phynance se subs- Ubu est un gros bébé vantard, Jean-Baptiste, le tout tiré des très l’Eglise. Il n’y a qu’un très vieux ont été dirigés par Henri masse inerte et incompréhensive et titue à la pensée.(1)» Ecrire phy- asexué, cocu et couard qui avoue Saintes Ecritures, tant de l’Ancien moine, très versé dans la théologie, Bordillon et Patrick Besnier. passive qu’il la faut frapper de nance, merdre, éthernité ou sans fard son désir de vengeance que du Nouveau Testament, mis en qui puisse apprécier le cas. » Les principales œuvres de Jarry temps en temps, pour qu’on oneilles ne relève donc pas de la et de domination par accumula- ordre, corrigé et perfectionné par figurent dans les catalogues des connaisse à ses grognements d’ours plaisanterie ou du canular, mais tion et exécutions. Ubu-bébé est l’ici présent Maître des Finances. » (1) La Philosophie d’Ubu, PUF, 1999. différentes collections de poche. où elle est – et ce qu’elle est. » d’une sorte de science nouvelle, le grossier père des familles. Mais Sans parler du pal, pratique cou- (2) Alfred Jarry, initiateur et éclaireur, Pour Ubu : Folio-Gallimard (1978, La foule fin-de-siècle, en effet, science des « exceptions », qui il ne serait pas aussi probant sans rante, qui pourrait être décrétée, in La Clé des champs, Sagittaire, 1953. no 980, par Noël Arnaud et Henri est furieuse. Elle ne reconnaît ici enregistre froidement la fin de la Mère Ubu, vieille sorcière avide, après les lendemains qui chantent (3) Cette mauvaise réputation..., Galli- Bordillon) et le Livre de poche aucune de ses valeurs habituelles, philosophie et son remplacement qui n’a rien à envier à la stupidité au Goulag et la fabrication nazie mard, « Folio » no 3149. classique (1962, no 838). c’est-à-dire la bien-pensance tas- par la pure bestialité du calcul. vorace de son époux. de la race élue, par le Conseil pla- sée, la frivolité sur commande, L’idéalisation du genre humain en nétaire de l’Ethique caricaturée et l’humanisme hypocrite, le clérica- prend un coup ? La suite des évé- des Droits de l’homme média- lisme patriotique ou républicain, nements va montrer de quoi il tiques. les petits soucis et les grosses retourne. Frémissements d’horreur dans affaires, la misère et la manie André Breton, dans un texte la salle. Cet Ubu n’est ni un éduca- sociale, la comédie de boulevard magnifique de 1953, insiste, lui teur ni un réformateur. Il n’attend et les romans fleur bleue. C’est aussi, sur la mystérieuse capacité aucun Godot et ne croit même l’époque où les faux-semblants et d’anticipation de Jarry qui « pro- pas que le monde est absurde. Il les clichés pullulent (Proust va phétise et stigmatise dans Ubu roi signale le déchaînement de l’arbi- venir radiographier tout ça), et et Ubu enchaîné les propositions traire le plus éhonté. Toute honte voilà qu’un énergumène vient aberrantes et meurtrières aux- bue, c’est Ubu. Pas de conscience, proférer la vérité nue du pouvoir. quelles nous allons avoir affaire pas de remords, pas de culpabi- Dès le fameux merdre inaugural, après lui ». Il s’agirait d’ailleurs, lité, aucune lamentation, aucune la lumière jaillit des coulisses. dit-il encore, de savoir lire Jarry en imprécation, l’action. L’imposture entier, de ne pas se contenter est énorme ? Il faut être énorme. d’une image convenue (l’adjectif On doit jouer Ubu avec des « ubuesque »), de comprendre de masques, dit Jarry, comme dans le quelle virtuosité imaginaire Jarry théâtre grec antique. Tendre à jouait en secret (voir, par I. La jubilation du Père Ubu l’impersonnel de la tragédie bouf- exemple, Le Surmâle) (2). Même fonne, comme dans Shakespeare. insistance chez Guy Debord : «On C’est le couple parfait et, en un Un conseil : « Si l’on veut que admet facilement, depuis plus de sens, moderne. Avarice et cruauté l’œuvre d’art soit éternelle un jour, soixante ans, et même sans l’avoir sur fond de lâcheté : la Phynance, autant la faire éternelle tout de lu, que Kafka annonçait une le Ventre, la Trappe. La démons- suite. » Personne n’y comprend grande part sinistre de l’esprit de ce tration d’Ubu porte sur la rente et rien dans un premier temps ? siècle. De même que l’on s’est le désir d’esclavage. On crie à la C’est fatal. « Si l’on tient absolu- depuis longtemps refusé à admettre liberté pour mieux s’écraser. On ment à ce que la foule entrevoie que Jarry en annonçait une part feint de désobéir pour mieux quelque chose, il faut préalable- beaucoup plus énorme. Ce sont obéir. Les Palotins, qui forment ment le lui expliquer. » En ces ceux qui savent ce qui se passe dans l’armée d’Ubu (ou plutôt son temps d’éclipse (qui donnent A. La Faim le monde qui goûtent ceux qui armerdre), procèdent à un décer- envie de relire La Lettre sur les (la panse du Père Ubu) savent en parler. (3) » Procès de velage permanent. Ce sont des aveugles de Diderot), méditons, Moscou, règlements de comptes, commissaires du peuple. Quant à avec Ubu, sur la beauté cachée de Le grand Apollinaire, lui, ne s’y pourriture totalitaire, bêtise bru- Ubu, personne, au XXe siècle, son être : « La sphère est la forme trompe pas, ni les dadaïstes, ni les tale, mafia endémique, marionnet- n’aura été plus inconsciemment parfaite, le soleil est l’astre parfait, surréalistes. Il s’agit d’un acte tisme généralisé, la liste est longue, imité. On le trouve à Moscou, à en nous rien n’est si parfait que la révolutionnaire, et Ubu est «un et elle n’est pas près d’être close. Berlin, à Madrid, à Rome, à Pékin, tête, toujours vers le soleil levée, et personnage en passe de devenir N’oublions pas qu’Ubu roi est à Cuba, à Belgrade, à Bagdad, à tendant vers sa forme, sinon l’œil et proverbial comme Gargantua, Gul- d’abord, et par définition, régicide, Tripoli, en Afrique. En Amérique, semblable à lui. La sphère est la liver et Robinson Crusoé ». Mais, de suivant en cela les conseils de sa il est en bonne voie. En France ? forme des anges. A l’homme n’est tous ces héros, Ubu est sans doute Mère Ubu. Le roi de Pologne ? « Je Restons discret, nous risquerions donné que d’être ange incomplet. celui qui a le moins vieilli, et qui tâcherai de lui marcher sur les le supplice : « Torsion du nez, arra- Plus parfait que le cylindre, moins s’impose, jour après jour, comme pieds, il regimbera, alors je lui dirai chement des cheveux, pénétration parfait que la sphère, du tonneau prophète. Guignol ? Oui, mais merdre, et à ce signal vous vous jet- du petit bout de bois dans les radie le corps hyperphysique. Nous, bien davantage, puisque la gui- terez sur lui. » La scène se passe oneilles, extraction de la cervelle son isomorphe, sommes beau. » gnolade, au fond, reste sentimen- polonaisement « Nulle Part » ? par les talons, lacération du posté- Ses camarades de lycée trou- talement attendrie. Le rire pata- Jarry précise : « Nulle Part est par- rieur, suppression partielle ou vaient que Jarry, à seize ans, avait LeMonde Job: WMQ0608--0026-0 WAS LMQ0608-26 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 18:31 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0287 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 le feuilleton

de Francis Marmande b

Sanfoulescore (suite) On fait les fêtes. Chacun en fait ce qu’il veut. Ou ce Le cadrage-débordement est une figure-clé. La qu’il peut. On ne tire plus de couronnes, c’est interdit seule à servir de matrice à toute philosophie politique – question de sur-sécurité, on en crèvera. gaie. Un des ailiers les plus doués de l’histoire du rug- Depuis exactement la même époque, dans les éle- by, Bernard (Beñat) Duprat, artiste du cadrage-dé- Sanfoulescore vages, partout en Europe (personne à s’en offusquer), bordement, son profil de chanteur basque, sa sil- on scie ou on brûle les cornes des génisses et des houette d’un jour sans pain, sacrifia des dons veaux : moins de coups de corne dans les troupeaux, miraculeux, en tournée tricolore, pour faire la fête. Au plus de facilité à caler les têtes dans les mangeoires grand dam des « gros pardessus » de la Fédération. automatiques, et probablement quelque sombre vo- Ainsi qu’on les nommait. lonté de ridiculiser la tête des vaches ainsi affublée Il ne s’entraînait jamais. Il ne se dopait pas. Il ne d’immenses oreilles qui semblent des escalopes. travaillait pas le rugby. Il jouait. Il jouait comme per- (Même époque encore, on ne leur donne plus de pré- sonne. Après quoi, il faisait rire. Sans doute y eut-il noms.) aussi, dans son éviction, quelque querelle politique (elles le sont toutes). L’indiscipline joyeuse de Beñat Duprat lui coûta sa place en équipe de France. Télépathie Mais, quand on a marqué les essais de pure course A deux reprises, ces derniers temps, la télévision a et de pure gaieté qu’il a marqués, tel l’envol de Parker établi un contact direct entre ceux qui font et ceux qui au break de Night in Tunisia – l’essai à Murrayfield le regardent. Céline Dion (tragique troupière) et un 10 janvier 1968, par exemple, signe avant-coureur de évêque (pas dans le même programme) ont demandé mai –, on peut rentrer en sautant au pays, chanter et à des troupeaux de derniers hommes de s’agiter pour jouer à la pelote. le mari (malade) et le pape (alité), grâce au même sé- Sanfoulescore, disent, devant ce type de talent, les same magique : « Allez-y ! il vous voit. » C’est encore rugbymen sénégalais. un peu naïf comme technique, mais ça vient. Premier étage de cette fusée métaphysique, il fau- drait remonter au curé du Boucau (Pyrénées-Atlan- Lune bleue tiques), il n’y a pas si longtemps, un peu moins d’un « Il leur avait semblé à tous les trois que c’était une siècle. Le saint homme se planquait dans un tonneau bonne idée d’acheter ce cheval. » Moins facile à devi- et hurlait à la congrégation rassemblée dans l’église : ner qu’on ne croit. Certaines premières phrases de ro- « Vous me voyez ? » – Non, criait joyeusement la foule. man, visiblement calculées pour faire « première « Eh bien, moi (il appliquait son œil à la bonde), je phrase », se laissent oublier. C’est leur chic. Evidem- vous vois ! Dieu, c’est pareil. » ment moins coulé dans le plomb que : « Nous étions à l’étude quand le proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait Comme la lune un grand pupitre. » Nous ? Qui, nous ? Jean-Pierre Haigneré, spationaute en rotation à (Mais pas moins mystérieux que : « On m’a appris à l’instant où l’on tape son nom autour de la Terre – en- regarder et à écouter. Et comme depuis le lycée j’ai un fin, on espère –, décrit ses impressions du premier pas souci d’excellence, je regarde et j’écoute excellemment. sur la Lune en juillet 1969 (Libération, 22 juillet). Il dit Mes misères viennent de là. ») le « long frisson » qui l’a alors parcouru. Il se rappelle 4 juillet, est brillante ; Daladier propose la création de Il s’agit du grand-père d’un petit prince : Joseph que « l’astre de la nuit – la blonde Phœbe, comme l’ap- l’ordre des médecins, la prime à la première nais- Kennedy. pelle Jules Verne –, avait été vaincu par l’esprit rationnel Eté 39 sance, un impôt sur l’alcool et les célibataires ; à Vi- et par la technologie ». Vaincu ? Il ne craint pas d’ajou- C’est un dimanche de fin juillet 1999. Dans un coin chy, cet été-là, on renonce à présenter Lohengrin pour ter : « C’était une victoire des hommes, la fierté de notre du 19e arrondissement de Paris accidenté comme la excès de wagnérisme, etc. 6 août 1946 génération et le viol de l’instrument de nos fantasmes. » vallée d’Aspe. Il fait une chaleur de 33 degrés, rue de Elle s’est fondée sur le livre de Maja Destrem, « Hier, retour des fêtes de Bayonne, qui sont la plus Le viol ? Laissons-le encore un peu tournicoter là- Crimée, elle se trouvait absolument déserte. Au sous- L’Eté 39 (Fayard). Elle a publié un album en vinyle du étonnante fiesta qu’il m’ait été donné de voir jusqu’à haut, ça le fera réfléchir. Il pleut des planètes, d’Alfred sol presque introuvable du no 19 de la rue d’Hautpoul, même titre (2110GM83) et un livre sur Johnny Hess présent : défilés en fanfare, promenades de petits Vidal-Madja (Hachette Littératures), est nettement L’Arbre en Scène, à l’heure où ne sortent plus jamais (Swing zazou et sentimental, El Ouns, 1997). groupes de jeunes gens jouant paisiblement de la mu- moins pulsionnel. les toros, 5 heures de l’après-midi, nous ne sommes Elle conclut par une chanson populaire cet été-là, sique basque ou marchant en tête de cortèges de dan- pas si nombreux. Juste ce qu’il faut. Dans la série Mazel Tov. seurs, galopades effrénées suivant des arrêts où tous « Chansons du siècle », une dame au visage très doux, s’asseyent en rond en battant des mains, farandoles de Joseph K. Ginette Marty, chante, accompagnée d’une bande en- filles et de garçons s’efforçant de capturer des passants Au moment où la Gestapo l’a arrêté, Tristan Ber- registrée que commande un homme aux airs de mari- Clair de lune aux cris de “Embrassez !” (c’est, en effet, un baiser qui nard s’est tourné vers sa femme en souriant : « Nous nier. Les arrangements swinguent à l’amiable. La voix Eté 39 : l’ambassadeur des Etats-Unis à Londres est constitue la rançon), (...) toro de fuego (qui provoque vivions jusqu’ici dans la crainte, nous vivrons désormais est posée, bien en place, sans force, sans effets. en vacances à Monte-Carlo. A une dame qui s’in- d’abord, par ses évolutions dans la demi-obscurité dans l’espoir. » Ginette Marty persille les chansons qui se chan- quiète : « Franchement, serais-je ici, madame, si la si- qu’on vient de faire, de grands remous de foule) (...) jus- taient à l’été 39 de paragraphes très simples sur les tuation était si grave ? » Il martèle que ces petites af- qu’à ce que, pour finir, soit envoyée haut dans les airs la événements du temps : « Il ne faut pas briser un rêve, faires n’ont aucune importance, les Etats-Unis ne s’en tourbillonnante “couronne” », etc. (Michel Leiris, Jour- Rendez-vous avec la lune Pourquoi m’avoir donné rendez-vous sous la pluie, Bat- mêleront sous aucun prétexte. Il est d’un antisémi- nal à la date du 6 août 1946, Gallimard.) « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixe- tement de cœur, Complainte de la pauvre céliba- tisme très antisémite. Il sera rappelé pour pro-na- Le baiser des fêtes a changé de prix. Les fêtes de ment. » (La Rochefoucauld, maxime 26, édition de taire... » Entre : la fête de l’ambassade de Pologne, le zisme affiché. Bayonne ont démarré hier. Elles sont extravagantes. 1678.)

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’aventurier L’été en îles Les yeux du monde Un roman d’apprentissage à Maurice Entre autobiographie et documentaire, amoureux d’une étoile et une élégie sensuelle au « Caillou » soixante-deux photos de Raymond Depardon fficier de Napoléon, té- Durant sept mois, Armand cherche à nir est verrouillé pour un îlot inha- Claustre, cette ethnologue fran- méraire explorateur du fléchir la vertueuse hypocrite. Il ne L’ÎLE DES DAMNÉS bité où il est à inventer. A peine RAYMOND DEPARDON çaise prise en otage au Tchad en désert africain, survi- badine pas, se montre fidèle et droit. de Daniel Vaxelaire. plus qu’un récif : on n’y trouve pas Préface de Michel Guerrin. 1974, qu’il retrouvera, photogra- vant miraculeux de Mais ses « caresses innocentes appa- Flammarion, 352 p., d’arbres, ni d’eau, ni presque d’hu- Nathan, « Photo Poche », 144 p., phiera, interrogera, filmera dans le deuxO années d’esclavage, membre raissent comme de terribles déprava- 120 F (18,29 ¤). mus. Qu’importe ! On y fera du si- 57 F (8,69 ¤). désert du Tibesti. Raymond Depar- du terrible clan des Treize, ruiné puis tions » aux yeux de cette « reine de sal, les paysans d’Europe ont be- (Inédit.) don est célèbre. Il écrit les mots richissime, le général de Montriveau Paris ». Il ne comprend pas, de- L’ÎLE DES MASQUES soin de ficelle. On emmène tout crus, des Notes, des légendes revient à Paris en 1816, précédé de sa mande des preuves d’amour justi- de Pierre Lestrade. quelques couples de travailleurs l faut le voir pour le croire. pour ce qu’on ne voit pas et pour réputation. Balzac lui donne la phy- fiées par la force du sien. En vain. Phébus, 140 p., 89 F (13,56 ¤). triés sur le volet. Raymond Depardon, cet ar- qu’on ne s’y trompe pas, devient sionomie de son caractère. De petite En plaçant sur une même balance Les motivations, le projet lui- tiste que le monde entier autobiographe, raconte le monde n gage que bien des I taille, il a le buste fort de « l’audace « la chute d’un empire de quatorze même, les techniques qui le nous envie, n’a l’air de rien. Il de sa tête qui raconte le monde au- tranquille », des traits saillants ans et la chute d’un gant de femme », lecteurs savoureront rendent théoriquement viable sont n’est pas bien grand, trapu, légère- tour. qu’une « énorme et abondante cheve- Montriveau se leurre. Les mois cette Ile des damnés, admirablement décrits, et l’on peut ment vouté, habillé de sorte à ne Soixante-deux photos et quel- lure noire » vient en- passent et Antoi- roman à l’ancienne so- s’attendrir sur les espoirs de cette pas payer de mine. Il n’a pas l’air ques obsessions : le désert, les dé- cadrer... Un portrait nette demeure aussi lidementO construit et dont l’in- famille de robinsons comme sur la vrai, comme photographe. Il se serts du Tchad, du Niger, de Dji- qui n’est pas sans rap- aguicheuse qu’in- trigue commence chez Jules Verne quincaillerie surannée qu’ils bri- tient, depuis longtemps, légère- bouti, d’Ethiopie, le désert peler l’écrivain lui- flexible. Découragé, pour finir chez Tarantino. Sous le colent pour survivre et triompher. ment à l’écart, « cinq à dix mètres, d’Egypte caressé tel un ventre de même. « Craint, esti- trompé, mais éter- récit d’une aventure épouvantable, A l’ingéniosité volontariste, dit-il, c’est ma distance ». Quand femme ; les brumes de la baie mé, peu aimé », il nellement épris, Ar- on perçoit une étude subtile de la presque visionnaire, du père, ré- nous l’avons pratiqué, ici au d’Along ; les ombres de la maison émane de sa personne mand décide une société, de ses mœurs, de ses réac- pondent la force et l’abnégation de Monde, en 1988 – une photo par familiale du Garet, de Lozère ou de une aura particulière. Figures vengeance à la tions en milieu hostile, une la mère, adorable personnage, dé- jour pendant quatre semaines de la Haute-Loire ; d’autres ombres, Naturellement bon de la Comédie Maure, imaginée par confrontation passionnante de ce vouée à son mari sans jamais rien campagne présidentielle –, il rou- d’hôpitaux psychiatriques, à mais rigide dans ses un Balzac qui fut lui- que l’homme a de meilleur avec ce abdiquer de sa personnalité. Le fils, lait à vélo, de Jacques Chirac à Naples ou, sur la photo de couver- sentiments, M. de b même éconduit par qu’il peut tramer de plus horrible, lui, mûrit vite dans l’environne- François Mitterrand, pour le ture, celle de l’homme recroquevil- Montriveau est aux MONTRIVEAU Mme de Castries alors tout cela à travers le microcosme ment difficile de l’îlot, presque un compte de l’agence Magnum. Il a lé en lui-même, tête enfouie sous antipodes « des petites ARMAND DE qu’il fréquentait les d’une famille et de ses employés. homme déjà ! A eux trois, unis, pris sa photo quotidienne, souvent la veste, sur une nappe à fleurs, à singeries parisiennes » Né vers 1780. salons en 1832. C’est la forme narrative choisie par portés par leur amour, ils réussi- en se retournant d’un coup, ni vu Turin. Téléscopage de quatre pho- qui égayent les salons Général. Montriveau re- l’auteur qui permet d’obtenir ce ront à coup sûr. Mais ils n’ont pas ni connu, et nous a donné, en la tos à la file, aveugles de Saïgon, du faubourg Saint- Fils du marquis prend contact avec panaché d’action et d’observation : prévu les moustiques, qui em- publiant, l’air de la politique avant une femme et son enfant au Rwan- Germain qu’il fré- de Montriveau. les Treize, enlève An- un vieux monsieur raconte un épi- pêchent les uns de sortir la nuit, et même que nous autres spécialistes da, Auschwitz-Birkenau, deux en- quente déguisé en Il apparaît toinette, menace de sode de sa jeunesse. L’enfant du le désir, qui empêche les autres de nous apercevions qu’il était en fants à l’hôpital psychiatrique car- mondain. principalement la marquer sur le passé vit des aventures périlleuses dormir. Ça va mal tourner. train de changer. relé blanc de Bacau, Roumanie. Cet homme d’ac- dans La Duchesse front, au fer rouge, comme dans les romans qu’il Sur un tout autre ton, Pierre Les- Il a retenu deux de ces photos Depardon cite souvent Robert tion inaugure la mode de Langeais, d’une croix de Lor- connaît par cœur, auxquels le récit trade célèbre une autre île, la Nou- dans son dernier recueil – dont un Frank, comme référence, parce des aventuriers que deuxième volet raine, renonce finale- ressemble en surface. Mais l’an- velle-Calédonie. Il met en scène, Lionel Jospin au geste impératif, qu’il a mêlé l’autobiographie et le l’on courtise par de la trilogie ment à cette sauva- cêtre qui se souvient, lui, vers 1946, le thème connu des lé- penché sur François Mitterrand documentaire. Un poète, disait de « amusement » au bal romanesque de gerie, choisit l’in- comprend ce qui se passe vrai- preux encagoulés envahissant un au-delà de son âge –, elles ne sont lui Jack Kerouac en préface à son rituel de la vicomtesse L’Histoire des Treize. différence. Humiliée, ment, il assiste à son propre ap- bal masqué : la hideur incognito, la pas l’essentiel qui est partout ail- livre Les Américains, « qui prend de Beauséant. Et c’est la duchesse réalise prentissage de la vie, et le com- contagion en embuscade. Une leurs. Une vie en soixante-deux rang parmi les poètes tragiques de

à cette occasion qu’il MAISON DE BALZAC PARIS 1842 J.-L. BISSON trop tard l’adoration mente. bonne manière de peindre et de photographies. Dix starlettes pour ce monde ». « Quels yeux ! », ajou- se laisse séduire par les charmes de dont elle fut l’objet et trouve refuge A l’île Maurice, en 1912, nous dé- critiquer la société coloniale commencer, photo de groupe de tait-il. On pourrait en dire autant la duchesse de Langeais, minaudière dans un carmel espagnol. Montri- couvrons donc un adolescent à comme le fait le héros. Noble, ré- 1960, avec Catherine Deneuve. Bri- de Depardon et – pardon – paro- magnifique qui s’ennuie dans un veau, après cinq ans de recherches, peine pubère que sa sexualité en- volté par ses souvenirs du temps gitte Bardot fait du vélo, pour dier carrément, pour finir, Kerouac mariage morganatique. Ni volage, ni viendra l’enlever, toujours aidé des combre beaucoup, il n’est pas le où personne n’hésitait à lui serrer suivre. C’était au temps où le beau qui, en conclusion de sa préface, frivole, Montriveau aime d’« un ser- Treize. La duchesse expie dans un seul dans son entourage, mais la main, compatissant envers ses Raymond, à dix-huit ans, menait demandait le nom et l’adresse de la ment fait à la manière des Arabes ». dernier souffle, la veille de sa chut ! Les complexités d’une socié- camarades de douleur, et dur avec une vie de paparazzi, de chic. « petite dame d’ascenseur » photo- Son appartenance à l’association se- libération. té multiraciale, paisible mais strati- lui-même jusqu’au sacrifice libéra- « Nous étions des requins, on faisait graphiée par Frank. Raymond, si tu crète des Treize, association frater- A la lecture du roman, Mme de fiée, pèsent sur la famille : la goutte teur. Si le personnage est roman- des “coups” pas permis. J’achetais as gardé l’adresse des toilettes nelle et romantique d’hommes sou- Castries se reconnaît sous les traits de sang indigène dans les veines du tique, la prose est parnassienne, les des fringues, je portais le costume- pour dames du magazine Géo dés par leur commun refus de la de la duchesse. Furieuse, elle bannit père, à peine décelable, l’empêche mots y prennent des couleurs, des cravate et je fréquentais les ve- (photo numéro 37), à New York, décadence, explique la nature et l’ex- définitivement Balzac, qui avait don- de progresser dans la plantation. parfums, du goût, et cette élégie dettes. » Il a bien changé. Ensuite, deux lavabos face aux gratte-ciel... clusivité de son engagement amou- né au général toute la rage et la dou- C’est un homme fier et courageux, sensuelle du « Caillou » compte c’est la fondation de l’agence Jean-Yves Lhomeau reux. Et décider d’avoir « pour maî- ceur qu’il n’avait su lui-même ma- « crâne » comme on disait alors : il plus, en définitive, que la fable sans Gamma en 1966, qui fera de Paris tresse Mme de Langeais » pèse aussi nifester avec la mondaine. choisit le changement, il quitte moralité du lépreux masqué. la capitale mondiale du photojour- Michel Guerrin lourd que la signature d’un contrat. Pascale Guillopé avec sa famille une île où son ave- Jean Soublin nalisme, l’affaire Françoise est journaliste au Monde LeMonde Job: WMQ0608--0027-0 WAS LMQ0608-27 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 18:03 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0288 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 27 b La révolution des sciences Princes au temps de l’absolu

De Copernic à Newton, Paolo Rossi montre les enjeux philosophiques Comment les Condé, au XVIIe siècle, ont assis leur puissance sur et métaphysiques des découvertes des temps modernes de multiples réseaux d’influence : portrait de groupe par Katia Béguin

gurent plus à titre de valeur. Tel est vaut à titre de révolution intellec- avec sérieux et raffinement que de ce monde. Pour lui, les princes LA NAISSANCE le premier changement des pra- tuelle. LES PRINCES DE CONDÉ l’apparente perte d’autonomie accomplissent un devoir distribu- DE LA SCIENCE MODERNE tiques scientifiques. Le fonctionne- La tragédie de Galilée – son ab- Rebelles, courtisans des Condé au sommet – surtout tif mais tout autant répondent à EN EUROPE ment des académies, qui fleurissent juration le 22 juin 1633, revêtu de la et mécènes dans la France après le retour en grâce de 1660 – une vocation défensive, média- (La nascita della scienza alors, repose sur la discussion pu- chemise blanche de pénitent, à du Grand Siècle n’épuise pas, bien au contraire, trice vis-à-vis du pouvoir royal. moderna in Europa) blique des théories. Cette pratique genoux devant les cardinaux de la de Katia Béguin. des modes de sociabilité nom- Souvent, par l’intermédiaire d’un de Paolo Rossi. courante est une innovation. La Congrégation – témoigne des Ed. Champ Vallon, « Epoque », breux et efficaces à la base. Car ministre, Colbert plus que Lou- Préface de Jacques Le Goff, communication est devenue une risques encourus par les acteurs 460 p., 190 F (28,97 ¤). les Condé surent maintenir de so- vois, ils sollicitent bénéfices, traduit de l’italien valeur en se substituant à l’initia- de cette révolution. Le nouveau sa- lides assises et de réels moyens places, grâces pour leurs affidés. par Patrick Vighetti. tion. La science moderne rompt voir scientifique « naît à la faveur ui ne connaît les pour continuer à peser, à modeler Alors que les institutions mo- Seuil, « Faire l’Europe », 416 p., avec la grande renaissance de la d’une âpre polémique contre le savoir Condé ? Chantilly, bien ces multiples réseaux de clientèles narchiques s’affirment, les Condé 170 F (25,92 ¤). magie du XVIe siècle. Marsile Ficin des moines, des scolastiques, des hu- sûr, Rocroi, la Fronde essentielles. n’en poursuivent pas moins leur Q et spécialement ce traduisit en 1463 les quatorze traités manistes et des professeurs ». Les re- Cette nébuleuse repose d’abord rôle protecteur, favorisant leur opernic était polonais, Ty- anonymes du Corpus hermeticum, tentissements métaphysique et prince, Louis, jeune et sur la solidité entretenue de la pa- autonomie clientélaire à travers cho Brahe danois, Galilée où s’exprimait la vision du monde théologique de ce savoir sont consi- brillant vainqueur des Espagnols, renté, plus imbriquée avec le des relations denses, quoti- et Torricelli étaient ita- de l’hermétisme, selon laquelle de dérables. Le Père Grassi n’avait pas protecteur du roi-enfant en 1648, clientélisme qu’on ne le croyait : diennes, discrètes mais que d’au- C rares élus sont en mesure d’at- tort de souligner la proximité des rapace et hautain, libertin et culti- les Condé favorisent et contrôlent cuns peuvent rendre plus expli- liens, mais la science mo- derne, qu’ils ont fondée, a pour lieu teindre la vérité cachée sous des thèses de Galilée à la fin du Saggia- vé, qui mènera la lutte contre son bien des unions de cousins ou cites à travers lettres de civilité ou de naissance l’Europe. Jacques Le symboles. Lorsqu’en 1637, au début tore avec celles d’Epicure, ce néga- souverain jusqu’à le trahir avant d’alliés, acceptent bien des parrai- livres dédicacés. L’influence per- Goff a confié à Paolo Rossi, du Discours de la méthode, Des- teur de Dieu et de la Providence. une rentrée en grâce domestique. nages. Elle s’alimente aussi à la siste et l’éclat de leur mécénat membre éminent de l’Accademia cartes affirme que le bon sens est Une nouvelle image de la nature et Ce bref portrait n’est pas l’ob- source de leur immense fortune s’avère être alors un autre moyen dei Lincei, la tâche de retracer la « la chose du monde la mieux parta- de la place de l’homme dans la na- jectif du livre précis, précieux et consolidée avec Henri par l’octroi d’entretenir les stratégies d’affir- naissance de cette puissante force gée », il prend position en faveur ture voit le jour. Les matérialistes du intelligent de Katia Béguin. Non de libéralités d’Henri IV et plus mation. Tandis que Versailles unificatrice. La révolution coperni- d’une science qui congédie le vaste XVIIIe siècle en donneront l’inter- seulement parce que l’ouvrage encore par son mariage avec prend de l’importance, les maîtres cienne s’étend sur cent cinquante héritage magico-astrologique de la prétation que l’on sait. Les princi- concerne les trois générations de Charlotte de Montmorency. de l’hôtel parisien du Faubourg, ans, de 1543, lorsque Copernic fait pensée antique et médiévale, atta- paux philosophes de la nature du la famille au XVIIe siècle (d’Hen- mais plus encore du château de paraître le De revolutionibus orbium chée à la distinction des profanes et XVIIe siècle concilient prudemment ri II, né en 1598, à Henri-Jules, INTERMÉDIAIRES Chantilly, pratiquent un mécénat coelestium, à 1687, quand Newton des initiés. la piété et une image du monde de mort en 1709) mais surtout parce Acquisitions, récupérations ambitieux, courageux parce que donne ses Philosophiae naturalis Le traditionnel mépris pour les type mécanique et corpusculaire. Le que la thèse de l’auteur, loin de d’héritage, intéressement aux af- non conformiste. Louis, en parti- principia mathematica. Elle ne se ré- arts mécaniques et l’opposition de monde est comparable à une ma- s’appuyer sur les individus, privi- faires du royaume permettront à culier, en offrant son hospitalité à duit pas à une révolution scienti- la technique et de la science qui en chine, à une horloge. Le Créateur légie le portrait de groupe, la né- Henri-Jules de se trouver à la tête des penseurs hétérodoxes, à des fique illustrée par des découvertes dérive sont d’autres obstacles que la est un divin horloger, et la science, buleuse des réseaux qui garantit de 31 millions de livres au début auteurs en délicatesse (Molière et de premier plan dans tous les do- révolution scientifique du assure Newton, enseigne la perfec- la puissance de la lignée. Enfin, du XVIIIe siècle, mais surtout de son Tartuffe), en favorisant des maines. Elle vaut à titre de révolu- XVIIe siècle a dû surmonter. Rossi tion de ses ouvrages. parce que l’originalité fondatrice continuer à octroyer des prêts, à modes d’expression honnis, tion intellectuelle ; de destruction présente les ouvrages des ingé- Quelques-uns des caractères fon- de ce travail s’articule autour de affermer des droits et des biens, à conforte cette image de protec- d’un système du monde millénaire, nieurs, des artistes et des techni- damentaux de ce que nous appe- la relation tumultueuse et répondre favorablement aux exi- teur des proscrits. essentiellement aristotélicien, et de ciens où s’élabore une nouvelle ap- lons « science » naissent dans les complexe des princes et de leur gences fiscales de l’Etat. Sorte Ainsi, les épisodes historiques naissance d’une nouvelle manière proche du travail et du savoir premières décennies du XVIIe siècle, roi. d’intermédiaires économiques, spectaculaires de la Fronde, que de penser. L’ambition de Paolo Ros- technique. Sans le De re metallica mais les inventeurs de la science Apparemment, l’histoire sé- les Condé, plus encore après 1660, l’on pensait être l’ultime soubre- si – et sa réussite – a été, sans re- (1556) de Georg Bauer – dit « Agri- moderne mêlaient, à l’instar de culaire de cette branche des Bour- perpétuent une autre fonction saut d’un orgueil décalé, appa- noncer à traiter de la nouvelle as- cola » –, sans les Mechanicorum libri Newton, l’alchimie et la créativité bons dessine le profil d’une puis- tout aussi ancestrale : celle d’in- raissent, à travers ce beau livre, tronomie, du principe d’inertie et de de Guido del Monte, publiés à Pesa- mathématique. Le mysticisme py- sance dépossédée, passée de la termédiaire politique. comme l’expression nouvelle la circulation du sang, d’exposer les ro en 1577, on ne comprendrait pas thagoricien inspirait Johannes Ke- révolte ouverte au loyalisme ser- Leur gouvernement de Bour- d’une lutte d’influence majeure. grands axes et les grands thèmes la confiance que place Galilée, en pler, et Tycho Brahe voyait dans vile. A son terme, elle illustrerait gogne, en particulier, situé en Une lutte qui oppose les ambi- qui furent au cœur de cette révolu- 1609, dans la lunette qu’il pointe l’astrologie une application légitime parfaitement le triomphe de l’ab- pays d’Etat, constitue une posi- tions nouvelles d’un Mazarin tion. Trois idées dominent cette vers le ciel. Instrument venu des ar- de sa science. A l’aube de la moder- solutisme monarchique appuyé tion stratégique majeure pour pressé d’étendre sa domination, forte synthèse, le rejet de la concep- tisans hollandais et partiellement nité, des perspectives que nous ju- sur l’abaissement des grands et l’entretien du patronage des et le souci ancien des Condé de tion sacerdotale ou hermétique du accueilli par les militaires mais mé- geons inconciliables coexistent. La leur domestication. Cette soumis- clientèles. La diversité sociale et pouvoir distribuer encore charges savoir, l’intérêt récent pour la tech- prisé par la science officielle, la lu- recherche historique, montre Paolo sion nobiliaire parachevée par culturelle de ces dernières, asso- et faveurs. Le repli obligé, entre nique, les enjeux philosophiques et nette, reconstruite par Galilée, de- Rossi, démêle difficilement l’entre- Louis XIV serait « le corollaire de ciant commensaux de tous 1650 et 1660, ne ruina pas pour- métaphysiques des recherches vient un instrument scientifique. lacs de la magie et de la science, et sa dépendance économique et de ordres, nobles, hommes d’af- tant ce système complexe et la scientifiques. L’entrée des instruments dans la révoque la légende positiviste d’une la perte de son pouvoir d’in- faires, officiers, domestiques, ec- puissance d’une grande maison Le goût du secret et l’art de la dis- science ne fut pas une entreprise fa- marche triomphale de la raison au fluence ». Toute la démonstration clésiastiques, n’empêche pas la fi- que Katia Béguin a su si bien simulation n’ont pas disparu de la cile ; la conviction qu’ils peuvent milieu des ténèbres. de Katia Béguin consiste à revenir délité de constituer – avant mettre en valeur ici. scène scientifique, mais ils ne fi- augmenter et non déformer la vue Jean-Paul Thomas sur cette vulgate pour montrer l’honneur – la valeur essentielle Alain Cabantous

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Heidegger au-delà des clichés Nostradamus historien Des photographies inédites du philosophe allemand prises par François Fédier en Forêt-Noire Deux ouvrages fort sérieux ou lors de ses séjours en Provence dans les années 60 révisent la vision de l’astrologue « prophète »

simple, pas du tout écrasante, ri- par pleurs venu. » Ce quatrain fait-il SOIXANTE-DEUX goureusement ordinaire serait-on PRÉSAGES EN VERS allusion aux succès d’Henri II sur les PHOTOGRAPHIES tenté de dire. Une présence qui en- (1555-1567), PRÉSAGES protestants et François d’Andelot DE MARTIN HEIDEGGER globerait, sans la figer ou la clai- EN PROSE (1550-1559) qu’évoque Chevignard ou aux vic- de François Fédier. ronner, l’idée du retrait. Malicieux DE NOSTRADAMUS toires du « dernier et plus grand des Gallimard, « L’infini », ou concentré, bienveillant, écou- Edition établie, rois de France » dans la troisième non paginé, 95 F (14,48 ¤). tant ou parlant, il est là, puissam- présentée et annotée guerre mondiale, qui selon Jean- ment certes, mais avec une puis- par Bernard Chevignard. Charles de Fontbrune (1) battrait son MARTIN HEIDEGGER sance débarrassée de toute Seuil, 484 p., 140 F (21,34 ¤). plein en 1999 ? Souvenirs et chroniques ostentation et de tout narcissisme, Cette salutaire leçon critique est de Frédéric de Towarnicki. de toute volonté ou de tout désir NOSTRADAMUS, LE MYTHE plus poussée encore dans le livre de Ed. Rivages, 188 p., d’hégémonie. En fait, on perçoit ET LA RÉALITÉ Roger Prévost. Car pour qui lit les 100 F (15,24 ¤). cette simplicité si l’on songe à son Un mythe au temps quatrains des Centuries comme un contraire, notablement plus répan- des astrologues formidable réseau de correspon- eci n’est pas un livre de du : une présence qui se moque de de Roger Prévost. dances à travers le temps, Nostrada- philosophie. On ne trou- cette idée de retrait, qui a besoin Robert Laffont, 270 p., mus ne fait qu’œuvre d’historien, vera en effet dans l’ou- sans cesse de s’affirmer en criant 119 F (18,14 ¤). chroniquant à mots couverts des C fébrilement : « Moi, Moi, Moi ! », scènes contemporaines exemplaires vrage de François Fédier – élève de Jean Beaufret, et intro- de se surveiller et de s’évaluer dans l était prévisible que la fin du au miroir d’autres arrachées au pas- ducteur, à la suite de ce dernier, de le regard des autres... siècle connaisse un accès de sé. Pour éviter tout délire interpréta- Martin Heidegger en France – au- Contrairement à ce que l’on fièvre « nostradamique ». Et les tif, il définit une stricte grille métho- pourrait croire, il n’est pas du tout I dologique : prendre en compte cune voie d’accès explicite, aucune sombres pronostications au- analyse qui puisse nous éclairer sur secondaire d’observer le visage, le tour de l’éclipse solaire du 11 août ne l’intégralité du texte, sans accommo- la pensée du philosophe allemand. corps, les mouvements du corps, risquent guère d’apaiser les esprits. Il dement possible ; recouper les in- Cependant, ces soixante-deux d’un écrivain, d’un artiste, d’un in- est pourtant des lectures plus doctes dices, optant pour le raisonnement photographies prises par l’auteur tellectuel. C’est-à-dire d’une per- des écrits du médecin fameux. contre l’intuition ; respecter l’esprit entre mars 1958 (conférence à sonne humaine. Simplement, lors- En donnant la première édition du temps, mentalités et stylistique du l’université d’Aix-en-Provence) et qu’il s’agit d’un philosophe – ou scientifique des Présages de Nostra- langage ; éviter enfin de traiter les septembre 1969 (troisième et der- d’un écrivain –, il est loisible, et damus, Bernard Chevignard fait textes isolément, pour préserver nier séminaire du Thor en Pro- même utile, de placer ce visage et œuvre utile. Non seulement il ex- l’écoute des échos, dégager le fil vence) apportent un éclaircisse- ce corps à côté de ce qui est pensé, hume ces textes oubliés que l’astro- conducteur qui fait la trame d’un ment, opèrent une ouverture. Mais dit et écrit. Ce qu’on obtient alors logue de Salon-de-Crau en Provence temps tissé. A ce prix seulement on il importe moins de définir cette n’est pas de l’ordre du quantifiable, publiait chaque année dans des Al- découvre un Nostradamus parcou- ouverture que d’en prendre ou même de l’exprimable. On ne manachs largement diffusés et re- rant le temps présent et passé, « sans conscience, de l’accueillir pour ce peut le faire servir à rien. Ce serait trace leur histoire chaotique, trouée jamais déborder sur le futur ». Tandis qu’elle est. Sans lui chercher un plutôt comme une sorte d’évi- de disparitions, de falsifications, de que les énigmes se décryptent, Pré- autre nom. Les choses se trouve- dence, de gratuité – qu’on gagne à récupérations, mais il les débarrasse vost analyse l’obsession chronolo- F. FÉDIER/GALLIMARD F. ront alors reliées et cet accueil « J’aime la Provence avec sa côte marine, parce que s’y annonce méditer... aussi de la gangue de commentaires gique, nécessaire pour entretenir le pourra être aussi, justement, celui le voisinage de la Grèce » : Martin Heidegger, ici au Thor en 1968 Frédéric de Towarnicki appar- plus ou moins poétiques ou frisson devant un inconnu, terrible à de la pensée. De plus, cette ap- tient, lui aussi, comme Fédier et absurdes, qui avaient fini par les force de masques, en regard des proche ne contredira pas celle de nage de la Grèce », avait-il dit à Aix « élèves » attentifs : Michel Deguy, Beaufret, avec lequel il dialogua recouvrir. bouleversements radicaux du Heidegger lui-même. le 20 mars 1958 pour remercier ses Dominique Fourcade, Barbara sur Heidegger, au cercle des fidèles Le parti adopté pour les présages XVIe siècle, où le rêve de retour d’un Un homme est donc là, dans les hôtes de l’université. Il avait ajou- Cassin, Giorgio Agamben... et des témoins de l’auteur d’Etre et en vers illustre bien l’intérêt de ce empire universel comme les rumeurs circonstances publiques ou ami- té, associant Cézanne à son Comme le note François Fédier, temps. C’est au printemps 1945 projet : sous chaque quatrain sont de fin du monde traduisent les an- cales de son travail, ou simplement « propre chemin de pensée » : Heidegger ne semble nullement qu’il rencontre le philosophe, chez rappelés source, variantes et com- goisses d’une société aux repères en promenade sur des chemins de « J’aime tout cela parce que j’ai la gêné par l’objectif. Il ne pose pas : lui, près de Fribourg. Il reviendra à mentaires. On peut mesurer ainsi, opaques. campagne. Il est âgé déjà – il meurt conviction qu’il n’y a pas d’œuvre aucune trace de cette « crispa- plusieurs reprises lui rendre visite. avec jubilation, tout ce qui sépare les Si Nostradamus prophète ne sur- en mai 1976, à quatre-vingt-six ans. essentielle de l’esprit dont les racines tion » qui affecte normalement ce- Les souvenirs qu’il publie au- formes d’interprétation du vit pas à l’investigation, il en renaît Dans une partie de ces clichés, le ne plongent dans un sol original sur lui que l’on prend pour modèle. Ce jourd’hui prolongent, et parfois ré- XVIe siècle des élucubrations historien. Une aubaine pour les sei- paysage est celui de Todtnauberg, lequel il s’agit de tenir debout. » qu’on appelle le « naturel » n’est pètent, ceux contenus dans son contemporaines. De ce point de vue, ziémistes. dans la Forêt-Noire, où le philo- Lors des séminaires du Thor, dans pas recherché ou composé : il est précédent ouvrage, A la rencontre le présage pour avril 1559 mérite Philippe-Jean Catinchi sophe résidait souvent. Les autres le Vaucluse – réunis à partir de immédiatement trouvé. Mais ce de Heidegger (Gallimard, « Le d’être lu : « Roy salué Victeur, Impera- et Olivier Christin images montrent la Provence : 1966 à l’invitation de René Char –, qui frappe le plus dans ces photo- Monde des livres » du 17 dé- teur. /La foy faussée, le royal fait « J’aime ce pays avec sa côte ma- on reconnaît autour de Heidegger, graphies, c’est l’étonnante pré- cembre 1993). congnu. / Sang Mathien, Roi fait su- (1) Nostradamus, historien et prophète rine, parce que s’y annonce le voisi- outre Jean Beaufret, de jeunes sence de Heidegger. Une présence Patrick Kéchichian perateur. / La gent superbe, humble (Rocher, 1980). LeMonde Job: WMQ0608--0028-0 WAS LMQ0608-28 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 17:58 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0289 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 portrait b Patrick Mauriès, un homme à part

Il aime les cafés belles choses, mais ils coûtent cher et rapportent peu, alors... » italiens et les « En fait, je ne coûte pas telle- ment cher, estime Patrick Mauriès, « papillonneries et mes livres se vendent comme ils le doivent, ceux de Federico Zeri sont diteur, écrivain, jour- humaines », « ces autour de 10 000, voire 12 000, les naliste, amoureux des excen- Soldati autour de 3 000 et même triquesE anglais, des cafés italiens choses qu’on croit Edith Sitwell, on la réimprime. Et – « ces endroits immatériels, transi- puis je suis dans un groupe où la vo- toires par essence » –, disciple pas- mineures et qui sont lonté d’Antoine Gallimard est de sionné – « mais pas confit » – de maintenir une identité, une forme Roland Barthes, chineur, biblio- au cœur de la vie » : de travail réel. » Sous ses airs phile, ami du couturier Christian d’adolescent flâneur (on ne peut Lacroix... La liste n’est pas exhaus- parcours en imaginer qu’il est né en 1952), tive et il est difficile d’enfermer d’esthète courant les ventes aux Patrick Mauriès dans une image. compagnie d’un enchères, prêt à s’endetter pour Et pourtant, cette époque, qu’il un objet qui le séduit, enclin à dé- voit comme « un moment de fer- « promeneur » en penser le salaire d’un mois pour meture, un retour en force du une édition originale, Mauriès sait XIXe siècle, de l’esprit de sérieux, du liberté dans le temps où il va. Et d’où il vient. Dans son ressentiment », a réussi à lui coller minuscule bureau, au dernier quelques étiquettes : dandy, pré- et les livres étage de l’immeuble de la rue de cieux, dénicheur de textes oubliés, Condé (Paris-6e) qui abrite aussi éditeur de curiosités, personnage Hechter, que je connais depuis Le Mercure de France, il peut, ca- délicieusement décadent, inactuel 1973. Puis tout s’est passé par capil- ché entre ses livres et des photos par excellence. Tous ces stéréo- larité. » qu’il aime, regarder l’avenir et le types, il les déteste, et s’il n’était La revue Le Promeneur, que passé avec une sorte de tranquilli- l’exemple même d’une certaine soutenait Franco Maria Ricci, ve- té et beaucoup d’humour (son as- douceur, d’une manière souriante nait de « l’idée d’une gazette, sistante étant au rez-de-chaussée, de regarder la vie et sa brutalité, il comme au XVIIIe siècle » et était c’est-à-dire quatre étages plus le dirait avec colère. Il se contente faite d’une feuille de vergé pliée bas, il doit quelquefois être mena- d’une délicate véhémence : « Cette en 16. Beau papier, belle typogra- cé de perdre cet humour, quand opposition entre “contemporain” et phie, belles gravures, publication surgissent des problèmes pra- “non contemporain” me paraît ri- de textes rares... tout pour ancrer tiques). dicule. Tout comme ce terme les clichés que refuse Mauriès. De Le petit garçon né à Saint-Ra- d’inactuel : je ne suis pas dans même, les livres du Promeneur phaël d’un père militaire et d’une l’inactuel. Repêcher, ce n’est pas sont cousus et non collés, ce sont mère d’origine libanaise n’était être tourné vers le passé, c’est « pas programmé » pour mettre au présent des choses sur Josyane Savigneau l’amour des livres, avec DAVID SEIDNER DAVID lesquelles on est passé. » « cette famille dépourvue Patrick Mauriès et, ci-dessous, son univers imaginaire vu par Pascale Laurent S’il fallait définir Patrick Mau- tous de beaux objets. « Mais pour- de tradition de culture ». Le jeune riès, le nom de sa maison d’édi- quoi voir de la préciosité ou de l’éli- élève du lycée de Nice, qui n’ai- « Un promeneur est, sement ni de l’aigreur, mais vient tes plus anciens qui se mettent à tion conviendrait assez bien : Le tisme dans cet amour du beau ? », mait pas Molière, auquel il préfé- d’un étonnement devant « cet im- parler de nouveau. Tout est dominé Promeneur. Comme en prome- se demande justement Patrick rait le fantastique, qui lisait Nova- par définition, amené mense mouvement de reniement » par le marketing, qu’accompagnent nade, Patrick Mauriès écrit depuis Mauriès. Il faudrait probablement lis et André Breton – il s’était après la vitalité des années 60 et une volonté d’acculturation reven- vingt ans des textes raffinés ; il a une thèse sur la dégradation du intéressé au surréalisme par goût à faire des rencontres. 70, dominées pour lui par Roland diquée et une sorte de jeunisme pro- eu la responsabilité des pages goût dans la seconde moitié du pour la peinture – n’aurait pas dû Barthes, si bien décrit dans le grammé. Comme si on décrétait un livres de Libération ; il a fondé en XXe siècle pour lui répondre. non plus se retrouver à l’Ecole Le goût de ces amitiés, court livre qu’il lui a consacré : changement de génération sous une 1981 la revue qui l’a fait remar- Sans attendre cette réponse im- normale supérieure de Saint- « Son visage était étonnamment impulsion publicitaire ». Il faut, quer, Le Promeneur ; il a accompa- probable, Mauriès a choisi, avec Cloud. « Jusqu’en première, je ne des hasards et mobile, passant avec la vitesse d’un d’urgence, « prendre la tangente ». gné Franco Maria Ricci dans la Le Promeneur, de tenir sa ligne, comprenais pas ce qu’on voulait de nuage de l’écoute la plus généreuse Nul ne sait mieux le faire que très belle aventure de la revue d’être fidèle à son programme : moi, j’étais inadapté au système de l’occasion : à une totale fermeture ; son regard Patrick Mauriès, toujours présent FMR ; il a travaillé avec Edouard « Un promeneur est, par définition, scolaire. Comme souvent, il y a eu était d’une grande tendresse, iro- où on ne l’attend pas, passant des de Andréis au magazine City et amené à faire des rencontres. Le une rencontre, avec un prof qui a de ces trouvailles nique et indulgent, mais contrastait « papillonneries humaines » (une aux éditions Rivages à leurs dé- goût de ces amitiés, des hasards et donné un sujet que j’ai trouvé in- en quelque sorte avec le reste du vi- évocation de Charles-Germain de buts ; il s’occupe de l’édition des de l’occasion : de ces trouvailles qui téressant. J’ai utilisé ce que je savais qui tombent à point sage : un nez cassé, proéminent, Saint-Aubin, qui se consacra «à la livres français de l’éditeur britan- tombent à point nommé, qui sur Léonard de Vinci. J’ai eu une une bouche lippue, dont il exagé- maîtrise de l’inutile » – accompa- nique Thames & Hudson ; il a tombent juste – tel est le principe, si très bonne note à ma dissertation. nommé, qui tombent rait, affectant une expression gnée de ses gravures sur « les pa- créé, en 1988, sa propre maison, c’en est un, qui nous a toujours gui- Je suis devenu bon. Je suis donc allé gouailleuse, la cigarette fichée au pillonneries humaines ») à ce très d’abord liée aux éditions Quai dés. » Il a ainsi publié quelque en hypokhâgne et en khâgne. Mais juste – tel est coin des lèvres, en une pose dont on émouvant et autobiographique Voltaire et, depuis 1991, intégrée cent soixante-dix titres (dont plus personne à Nice n’avait été reçu imaginait qu’elle correspondait à Vertige, avant de s’atteler à un pro- au groupe Gallimard : « C’est une de soixante-dix dans « Le cabinet depuis vingt ans. C’était comme un le principe qui m’a un stéréotype sexuel lointain et dé- jet autour de Dora Maar pour marque, précise-t-il, c’est-à-dire des lettrés », essentiellement acte gratuit d’aller en khâgne là- suet. » Thames & Hudson, puis défen- plus qu’une collection et moins consacré aux « vies brèves »). bas. » Patrick Mauriès, lui, a été toujours guidé » Il revendique cette « figure de dant avec ardeur mai 68 – « Les ac- qu’une maison d’édition. » « En Il vient d’entreprendre une édi- reçu. « Mon second choc, après la maître » et la liberté que Barthes a quis de cette période sont beaucoup fait, j’ai démarré avec la revue, tion des œuvres complètes découverte de la philo, a été la lec- su enseigner. Bien sûr, quand on plus importants que ses déficits, imaginée avec mon amie Michèle d’Heinrich von Kleist (en quatre ture de Barthes. J’ai tout lu. » Jeune qui a aimé ce livre, demande à Pa- veut garder présente « la forme c’était un moment de liberté, d’ou- volumes). Il publie Mario Soldati, homme passionné, il a écrit à trick Mauriès, non seulement de d’esprit qu’il a défendue », « on est verture » – et plaidant, avec la devenu quasi introuvable en Ita- Barthes. Et venu à Paris grâce à donner des critiques, mais de isolé face à ce néo-naturalisme qui même passion, pour les livres de b lie. Il a été le premier à publier en son intégration à Saint-Cloud, il a prendre la direction de la rubrique règne aujourd’hui un peu partout. Louise de Vilmorin qu’il sort à la biblio France Edmund White, Barbara suivi son séminaire. Deux fois ad- littéraire. Dans « sa dimension de Partout, le refus de la complexité, rentrée au Promeneur. Quand on Pym, Lytton Strachey et bien missible à l’agrégation de lettres, il découverte », le journalisme lui cette fausse moralisation qui est en ressort de son pigeonnier, on a Patrick Mauriès a écrit une tren- d’autres. Il a redécouvert un vieux se fait régulièrement coller à plaît, mais, dit-il, « je ne supporte fait tout son contraire, le retour aux l’impression d’avoir utilisé la ma- taine de livres, récits, essais et romancier que l’Amérique elle- l’oral. « On me répétait que je pas la contrainte du rapport au places bien définies pour tout : les chine à remonter le temps, dans « petits écrits », dit-il. Parmi eux : même avait oublié et qui se ca- n’étais pas fait pour ça. » Ce qui té- temps ». Dommage. On a aimé, personnes, la littérature, qui revient tous les sens, d’avoir fait le grand b Aux éd. du Seuil chait du côté de Princeton, W. M. moignait, de la part du jury dans Libération, partager son en- au XIXe siècle le plus conventionnel écart entre les contraires. Mais on Second manifeste camp (1979) Spackman, mais dans le même d’agrégation, d’une clairvoyance gouement pour l’Italie, sa décou- sous l’alibi du contemporain. Cette a surtout le sentiment d’avoir ren- Apologie de Donald Evans (1982) temps, il découvrait la jeune nou- inattendue. « De fait, ce milieu me verte de Giorgio Manganelli. Il ap- prétendue “nouvelle écriture fran- contré une personne, pas « une Le Mondain (1984) velliste Deborah Eisenberg. Il a faisait peur. Je voyais des profils très portait ce regard d’ailleurs, ce sens çaise” est en réalité beaucoup fonction », ce qui n’est pas, désor- Choses anglaises (1989) exhumé l’Anglaise excentrique déterminés, des carrières. J’ai pour- du jeu, cette alliance entre hu- moins contemporaine que des tex- mais, tellement courant. b Aux éd. Gallimard Edith Sitwell et promu Peter Ac- tant enseigné pendant quelques an- mour et conviction si rares dans le Le Méchant Comte (1992) kroyd. Il a amorcé, dès 1993, la nées. » journalisme. « Ma vie, ce sont des Le Vertige (1999) réévaluation de l’œuvre de Domi- Roland Barthes, lui aussi, avait cassures, conclut-il, un jeu entre le b Aux éd. Quai Voltaire nique Vivant Denon. Un éclec- compris que Mauriès était fait kitsch et le sérieux, un plaidoyer Quelques cafés italiens (1987) tisme qui n’est pas vraiment de pour autre chose, et il l’avait aidé pour l’ironie, pour des choses qu’on d’août b Aux éd. Rivages bon aloi pour les tenants de la à publier, au Seuil, son premier croit mineures et qui sont au cœur Dans Vies oubliées (1988) rentabilité du « produit-livre ». livre, Second manifeste camp, «la de la vie, qui sont fondatrices et 1999 b Aux éd. Plon Mauriès aurait donc dû rejoindre parodie d’un texte de Susan Sontag, qu’on veut parfois oublier. » Il a, en Les Lieux parallèles (1989) le rang de ceux qu’on extermine Notes on The Camp ». Au journal fait, toujours eu la sensation b Aux éd. de la Différence en disant : « Certes, ils font de Libération, Jean-Pierre Thibaudat, d’être un homme à part : au lycée, Fragments d’une forêt (1990) à Saint-Cloud, dans le journa- b Aux éd. du Promeneur lisme, dans l’édition, et même, Roland Barthes (1992) confie-t-il dans Le Vertige, dans Styles d’aujourd’hui, avec son amour des garçons : « Telle est « La culture européenne n’existe pas », Christian Lacroix (1995) la chance inhérente à l’amour de Sur les papillonneries humaines garçons : ne pas appartenir, être au entretien avec ANDRÉ MALRAUX (1996) ban interdit d’emblée toute idée Vies remarquables d’assomption dans un ensemble, (inédit 1945) de Vivant Denon (1998) une généralité, une identité, une b Aux éd. du Regard substance, ouvre “naturellement” Maniéristes (1983) les yeux à l’impossible arbitraire des b Aux éd. Franco Maria Ricci valeurs admises, aux fables René Gruau (1984) communes qu’elles servent, à ****** b Aux éd. Thames & Hudson l’ordre des choses. » On est loin Line Vautrin : bijoux et objets des revendications de conjugalité. (1992) Tous ceux qui imaginent un Pa- Retour sur l’affaire Sokal, Les Bijoux de Chanel (1993) trick Mauriès « fin de siècle », quel Coquillages et rocailles (1994) que soit le siècle, et qui le croient par Jacques BOUVERESSE Christian Lacroix, journal heureux dans ces ultimes années d’une collection (1996) du millénaire, décadence à tous b Aux éd. Schirmer Mosel les étages, seraient bien avisés de David Seidner (1989) lire Le Vertige et d’entendre sa ¤ D.R. nostalgie, qui n’est pas du ressas- En vente chez votre marchand de journaux - 24 F - 3,66 LeMonde Job: WMQ0608--0029-0 WAS LMQ0608-29 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:24 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0290 Lcp: 700 CMYK

CARNET ¼ LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 29

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Mme Simonne Bonne, André CARAUX, – Les familles Ratomahenina, son épouse, ancien délégué général Johary et Istasse a MAN’HA GARREAU-DOM- l’Assemblée nationale, il a été pré- Naissances Robert, Armande, Alain et Françoise d’Air France, ont le regret de faire part du décès de Bonne, BASLE, femme de lettres, est sident de la commission de la dé- cofondateur des Editions du Seuil, Les familles TURGIS et CRETON Georgette Cassini, Michèle et Louis- officier de la Légion d’honneur, Mme Odette RATOMAHENINA, morte mardi 3 août à Deauville à fense et des forces armées de 1973 sont heureuses d’annoncer la naissance de Pierre Grosbois, Nelly et Otis Timmons, née JOHARY, l’âge de cent un ans. Née le 11 juin à 1976. Il a aussi été maire de leur fille et petite-fille, Richard et Véronique Bonne, Xavier, Alexis, Nathalie, Emilie, est parti dans la paix, le 3 août 1999, à 1898 à Calais, Man’ha Garreau- Neufchâteau de 1963 à 1977, l’âge de quatre-vingt-sept ans, survenu le mardi 3 août 1999, à Emma, Camille, Raphaël, Antananarivo (Madagascar). Dombasle – Germaine Massenet conseiller général du canton de ses petits-enfants, de son nom de jeune fille – crée en Neufchâteau de 1963 à 1979 et pré- née le 1er août 1999. Arthur et Chloé, entouré de 1916 une revue littéraire, Muse, qui sident de l’UDF pendant plusieurs ses arrière-petits-enfants, Jacqueline, née Gautier de Charnacé, – Françoise Dehaeze-Vagné, publie Henri de Régnier, Leconte années en Lorraine. Au niveau na- 78000 Le Chesnay. Et tous ses proches, sa femme, son épouse, ont la tristesse de faire part du décès de Françoise et Daniel Rivet, Eric, Christophe et Bertrand Vagné, de Lisle, Francis Jammes... Après la tional, il a été membre du bureau, Michel et Marthe Caraux, ses enfants, première guerre mondiale, elle puis du comité directeur de la Fé- Le capitaine Etienne RENOUARD M. Paul BONNE, Gilles et Françoise Caraux, Ses petits-enfants, rencontre Rabindranâth Tagore et dération nationale des républi- et Mme, née Guigonne WATREMEZ, ingénieur des Arts et Métiers Denys et Brigitte Caraux, Sa famille, traduit certains de ses textes. En cains indépendants, avant de sié- partagent avec (Châlons 28), Laurent et Marianne Caraux, ont la tristesse de faire part du décès de Adrien, France, Marie, ingénieur IEG, 1927, elle publie chez Stock une ger au bureau politique du Parti Jean Caraux et Sylvie Chombart, Bathilde et Alban Elisabeth Caraux et Patrice Auguste, Michel VAGNÉ. traduction des Amours de Radha et républicain depuis sa création en la joie d’annoncer la naissance de survenu, le 2 août 1999, dans sa quatre- vingt-dixième année. ses enfants, de Krichna, du poète bengali du mai 1977. Albert Voilquin s’était Ses petits-enfants, La cérémonie religieuse aura lieu le XVe siècle Chandidas. Benjamin retiré de la vie politique en 1995. Inès, vendredi 6 août 1999, à 9 h 15, en l’église, Les obsèques ont eu lieu le jeudi 5 août, Et arrière-petits-enfants. Péret salue, neuf ans plus tard, son rue d’Enfer, à Saint-Michel-sur-Orge à Draguignan, le 30 juillet 1999. à L’Etang-la-Ville (Yvelines). (Essonne), suivie de l’inhumation au premier roman, Sati, qu’il qualifie a ALBERTO GIRONELLA, peintre La cérémonie religieuse sera célébrée cimetière de Saint-Michel-sur-Orge. de « surréaliste », également édité mexicain, est mort à son domicile Le présent avis tient lieu de faire-part. le samedi 7 août, à 11 heures, en l’église e chez Stock. Son mari, Maurice de Mexico, lundi 2 août, des suites – Belgique. Djibouti. France. Saint-Séverin, Paris-5 . 10, rue Bezout, Guadeloupe. Yémen. Résidence Les Aulnettes, 75014 Paris. Garreau-Dombasle, démissionne d’un cancer des os. Né le 26 sep- 31, rue Joseph-Bertrand, « Viens, bon et fidèle serviteur... dès juin 1940 de son poste d’atta- tembre 1929 à Mexico, Alberto Gi- Les quatre continents se sont donné la 78220 Viroflay. entre dans la joie de ton maître. » ché à l’ambassade de France à ronella avait fait des études de main pour la naissance, le 24 juillet 1999, Remerciements Washington ; c’est l’un des pre- lettres, en particulier de littérature de Ni fleurs ni couronnes. – Lucie Brossette, – Poitiers. miers diplomates à rejoindre de espagnole (son père était d’origine Lionel. sa fille, me Dons à la Fondation Raoul-Follereau. Gaulle, qui le désigne comme re- catalane), et avait écrit des M. et M Robert Brossette Les familles Pitié, Chevée, Lézin et présentant de la France libre aux poèmes avant de se tourner vers la Erika, Fathi, et leurs enfants, me 17, avenue de la Bourdonnais, Becker ses parents, M Ermine Herscher, remercient tous ceux qui se sont associés Etats-Unis puis au Mexique. A ses peinture. Rebelle à la tradition des Leurs familles et leurs proches, 75007 Paris. côtés, Man’ha Garreau-Dombasle muralistes, il se situait plutôt dans Rose-Mary, Bernard, à leur chagrin lors du décès, le 18 juillet Saïd, Hend, ont la douleur de faire part du décès de 1999, de prend une part active dans la Ré- la lignée du surréalisme amené à ses grands-parents, – Claude Cherki, Jean-Louis BROSSETTE, me sistance et accueille les écrivains Mexico par Leonora Carrington et Marcelle, Jean, Pascal Flamand, M Noëlle PITIÉ, exilés à New York. Là, elle se lie Remedio Barro dans les années 40. ses arrière-grands-parents. Ainsi que les membres du conseil née DUBUIS, survenu le 31 juillet 1999. ancienne élève de l’Ecole Normale d’amitié avec Saint-John Perse, Il a commencé à se faire connaître e.mail:[email protected] d’administration des Editions du Seuil, ont la tristesse de faire part du décès de d’Institutrices de Poitiers André Breton, Jules Romains... au début des années 50 avec des La cérémonie religieuse sera célébrée (1939-1942), puis, à Mexico – où elle publie un tableaux reproduisant des œuvres le vendredi 6 août, à 15 heures, en l’église nouveau roman, Masque –, avec célèbres, puis avec ses tableaux – Frederikstadt (Norvège). Paris. de Mas-Grenier (Tarn-et-Garonne). André CARAUX, veuve du Marseille. Tunis. Octavio Paz. Grande épistolière, authentiques trouvés dans les Cet avis tient lieu de faire-part. qui participa à la fondation de la maison professeur Jean PITIÉ. Man’ha Garreau-Dombasle cor- marchés aux puces, que l’artiste Alain, Betty, Christine, Danièle, dont il fut longtemps l’administrateur. respond dans les années 50 avec retouchait et restaurait avec iro- David, Fanny, Florence, Jean-Paul, Ray Bradbury, dont elle a adapté nie, s’en prenant aux valeurs d’hier Jérôme, Julie, Mathieu, Michèle, Le docteur Jean-Claude Lebeau et La cérémonie religieuse sera célébrée Nana, Sébastien, Théodora, etc., Mme, née Florence Brunel, au théâtre Farenheit 451. En 1984, et d’aujourd’hui. Gironella a pu le samedi 7 août 1999, à 11 heures, en sont heureux d’annoncer la naissance de ses enfants, e Anniversaires de décès elle publie une suite de récits chez exercer cet art de la « modifica- Stéphane et Jérôme Lebeau, l’église Saint-Séverin, Paris-5 . Stock, Mahève, puis un recueil de tion » sur les Ménines de Velas- Sara-Louise, ses petits-enfants, – Il y a un an, le 6 août 1998, Mme Marcelle Denain, L’inhumation aura lieu au cimetière de poèmes, Images (1987). quez ou des portraits de Goya, sur le 2 août 1999, à Frederikstadt (Norvège), sa sœur, Montmartre. Sheila Alexandra CHOISNE, les traits de Zapata ou ceux de la Et toute la famille, née SIMPSON, a ALBERT VOILQUIN, ancien dé- chanteuse Madonna. Ce jeu a aus- ont la tristesse de faire part du décès du nous quittait. au foyer de me puté puis sénateur (Républicains si étonné par la qualité de l’inter- Veni ROGEBERG – M. et M Gilbert Sonnery et Julien EYRARD. docteur Maurice BRUNEL, et leurs fils, Que ceux qui ont eu la chance de la et indépendants) des Vosges, est vention : un métier rapide, bril- me AIHP - CCA, M Arielle Dombasle, connaître aient en ce jour une pensée pour mort lundi 2 août à l’hôpital de lant, à la Hals ou à la Manet. En 94, rue de l’Olivier, et M. Bernard-Henri Lévy elle. Neufchâteau (Vosges). Né le 17 fé- France, où il avait reçu le prix de 13004 Marseille. survenu le 29 juillet 1999, à Paris. Mme Raoul de Ganay, vrier 1915 à Médonville (Vosges), peinture à la Biennale de Paris en Mme Françoise de Ganay, Selon la volonté du défunt, me – Pour le douzième anniversaire du Albert Voilquin a été inspecteur 1959, Gironella a été apprécié dans M Nicole Caval, rappel à Dieu de Anniversaires de naissance l’incinération a eu lieu dans l’intimité ont la douleur de faire part de la central du Trésor. Il est élu en 1958 l’entourage du critique d’art familiale, le 4 août. disparition de député de la quatrième cir- G. Gassiot-Talabot. En 1964, celui- – Téhéran, 5 août 1979. Vanina SOUHAM, conscription des Vosges et est ci avait inscrit les détournements Cet avis tient lieu de faire-part. Man’Ha Kambiz, une pieuse pensée est demandée à tous constamment réélu jusqu’en 1977, d’images du peintre mexicain au 4, rue Madame-de-Maintenon, GARREAU-DOMBASLE, ceux qui l’ont connue et aimée. année où il part siéger au Palais du programme de son exposition Déjà vingt ans ! 78120 Rambouillet. Luxembourg, jusqu’en 1995. A « Mythologies quotidiennes ». survenue le 3 août 1999, dans sa cent La vie est à toi. Fais un petit effort et deuxième année. croque-la à pleines dents. La cérémonie religieuse sera célébrée CARNET DU MONDE vice détaché à Electricité de France (EDF).] Nos abonnés et nos action- NOMINATIONS Bon anniversaire. naires, bénéficiant d’une dans la chapelle du cimetière de Fax : 01-42-17-21-36 [Né le 29 juillet 1943 à Vesoul (Haute- réduction sur les insertions Magagnosc (Alpes-Maritimes), le COUR DES COMPTES Saône), Jean-Louis Durand-Drouhin est Papa et maman. vendredi 6 août, à midi. Téléphone : du « Carnet du Monde », Francis Brun-Buisson, admi- diplômé de l’Institut d’études politiques de sont priés de bien vouloir L’inhumation aura lieu le même jour, 01-42-17-39-80 nistrateur civil hors classe, a été Paris, titulaire d’un DEA en sciences sociales Anniversaires de mariage nous communiquer leur dans l’intimité, au cimetière de 01-42-17-38-42 nommé conseiller maître à la Cour et ancien élève de l’Institut des langues Magagnosc. 01-42-17-29-96 – 4 août 1979-4 août 1999. numéro de référence. des comptes, au tour extérieur, par orientales vivantes. Il a été notamment di- (lire ci-contre) le conseil des ministres de mardi recteur adjoint de la bibliothèque et des ser- Pour Martine. 3 août. vices de documentation à la Fondation na- [Né le 31 mai 1947 à Ziguinchor (Sénégal), tionale des sciences politiques (1973-1982), «De Suarce à La Roque-d’Anthéron Francis Brun-Buisson est affecté au minis- secrétaire général de la préfecture de la Nos cœurs sont à l’unisson Déjà vingt années de résonance tère de l’intérieur à sa sortie de l’ENA (1971- Haute-Marne (1982-1987), chef de la mission Vingt années de bonheur, quelle chance 1973). Il est successivement directeur du ca- du Fonds social européen à la délégation à Comment exprimer autrement binet des préfets de Saône-et-Loire (1973- l’emploi du ministère des affaires sociales et [et sans détour 1975), du Pas-de-Calais (1975-1976) et de de l’emploi (1987-1991), sous-directeur des Ce sentiment étrange qui a [pour nom Amour. » Bourgogne (1976-1977). Affecté à la direc- personnels médicaux hospitaliers à la direc- tion du budget (1977-1979), il est chef de bu- tion des hôpitaux (1991-1993), sous-direc- Bernard. reau (1979-1980), avant de devenir sous-di- teur, chef de la division des relations inter- recteur de l’audiovisuel au service juridique nationales au ministère du travail et technique de l’information (SJTI), service 1992-1995), conseiller culturel, scientifique et Décès du premier ministre (1980-1985). D’octobre de coopération à Pékin (1995-1998).] – L’association « Enfants cachés » 1985 à février 1988, il est directeur général de a la douleur d’annoncer la mort de AGRICULTURE la Société française de production et de Odette ABADI, création audiovisuelles (SFP), puis, d’avril Christian Ferté a été nommé di- née ROSENSTOCK, 1988 à septembre 1989, directeur général ad- recteur général de l’établissement (Sylvie DELATRE joint d’Antenne 2. Il est ensuite président de public Les Haras nationaux, en dans la clandestinité), remplacement d’Yves Berger. Ce ancienne déportée Lyonnaise-Communications et président de des camps de Birkenau et Bergen-Belsen, la chaîne câblée Paris Première (1989-1992), nouvel établissement public, qui ancien médecin-chef puis conseiller de Jérôme Monod, président succède au service des haras, des des Services de lutte contre la tuberculose de la Lyonnaise des eaux-Dumez, pour les courses et de l’équitation, aura son et les maladies vénériennes à la Direction d’hygiène sociale de Paris, activités du secteur communication (1992- siège social à Pompadour, en Cor- 1993). Depuis juin 1993, Francis Brun-Buis- rèze. survenue à Paris, le jeudi 29 juillet 1999. son était chef du service juridique et tech- [Né le 16 avril 1945 à Mortefontaine nique de l’information et de la communica- (Aisne), Christian Ferté est diplômé de Les « Enfants cachés » associent son nom à celui de son mari, tion auprès du premier ministre.] l’Ecole supérieure de commerce de Lille. Il a d’abord été responsable commercial à la Moussa ABADI, SANTÉ Compagnie bancaire (1969-1971), puis chez écrivain et critique dramatique, Trois directeurs d’agences régio- 3 M France (1971-1973), avant d’être agri- décédé le 15 septembre 1997, fondateur nales d’hospitalisation ont été culteur. Maire (DVD) de Mortefontaine de avec elle du Réseau Marcel. nommés en conseil des ministres 1972 à 1989, membre du Conseil économique mardi 3 août : Marièle Boyer- et social de Picardie de 1974 à 1978, il est en- Ensemble, au péril de leur vie, ils ont Schaeffer en Picardie, Annie Po- suite secrétaire général, puis président de la sauvé de la déportation cinq cent vingt- sept enfants juifs dans la région de Nice. deur en Bretagne et Jean-Louis Fédération départementale des syndicats Durand-Drouhin dans le Limou- d’exploitants agricoles (FDSEA) de l’Aisne Les « Enfants cachés » n’oublient pas. sin. jusqu’en 1985. De novembre 1985 à mai 1987, 17, rue Geoffroy-l’Asnier, [Née en août 1948, titulaire d’une maîtrise il est élève à l’Ecole nationale d’administra- 75004 Paris. d’espagnol, Marièle Boyer-Schaeffer a été tion ; après sa sortie, il renonce au bénéfice (Le Monde du 5 août) nommée inspectrice des affaires sanitaires de sa scolarité à l’ENA et devient secrétaire et sociales en 1977. Affectée successivement général du groupe des coopératives agri- dans les Bouches-du-Rhône (1977-1981), les coles de Vic-sur-Aisne. Il est ensuite direc- Hautes-Alpes (1981-1986 et 1988-1992), le teur du département agriculture, puis du dé- Nord - Pas-de-Calais (1986-1988), elle a été partement gestion, du groupe d’édition ensuite directrice départementale des af- Liaisons (1989-1994) et secrétaire général du faires sanitaires et sociales de l’Aube (1992- Syndicat de la presse économique, juridique 1994), puis de la Somme (1994-1996). Depuis et politique (1993-1994). Depuis mai 1994, septembre 1996, Marièle Boyer-Schaeffer Christian Ferté était chef du service de la était directrice départementale des affaires communication du ministère de l’agriculture sanitaires et sociales du Nord.] et de la pêche.] [Née le 22janvier 1957 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Annie Podeur est licen- ciée en droit public, diplômée de l’Institut JOURNAL OFFICIEL régional d’administration de Nantes et de l’Ecole nationale de la santé publique et an- Au Journal officiel daté lundi 2- cienne élève de l’Ecole nationale d’adminis- mardi 3 août sont publiés : tration (1986-1988). A sa sortie de l’ENA, elle b Gouvernement : deux décrets est entrée à la Cour des comptes. Elle a été relatifs aux attributions de Domi- notamment directrice générale adjointe, nique Gillot, secrétaire d’Etat à la puis directrice générale des services départe- santé et à l’action sociale, et de mentaux de Maine-et-Loire (1993-1998). De- François Huwart, secrétaire d’Etat puis janvier 1998, Annie Podeur était en ser- au commerce extérieur. LeMonde Job: WMQ0608--0030-0 WAS LMQ0608-30 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 16:30 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0291 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 RADIO-TÉLÉVISION

JEUDI 5 AOÛT GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

19.40 Mort d’un facteur. Planète 21.55 Dexter Gordon Quartet. 14.15 Drôle d’endroit TÉLÉVISION DÉBATS 20.15 Reportage. 1970. Avec Dexter Gordon, ARTE saxophone ; George Cables, piano ; pour une rencontre aa La Mer des riches. Arte François Dupeyron (France, 1988, 21.20 Les Policiers Rufus Reid, contrebasse ; 19.00 Voyages, voyages. Franche-Comté. 20.20 Le Monde des chevaux. 95 min) &. Ciné Cinéma 2 TF 1 Eddie Gladden, batterie. Muzzik 19.45 Météo, Arte info. en blouse blanche. Forum Planète Le cheval de voltige. Odyssée 22.55 Concert de pibroch’. 15.20 De particulier 20.15 Reportage. La Mer des riches. 23.20 Théodore Monod, l’infatigable 20.35 Cinq colonnes à la une. Planète Lorient 1994. Muzzik à particulière a 18.05 Sous le soleil. &. 20.40 Thema. Amazonie. marcheur. Forum Planète Philip Goodhew (GB, Canada, 19.00 Les Dessous de Palm Beach. &. 20.45 Thema. Amazonie. Arte 23.40 Cycle Karajan. Philharmonie 20.45 Sur le fleuve Amazone. de Berlin, 1985. La 9e symphonie 1997, 100 min) &. Ciné Cinéma 1 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 21.00 Mémoire arménienne. 21.25 Colifichets et verroteries. de Bruckner, interprétée par 16.25 Les Hommes nouveaux aa 20.50 Navarro. MAGAZINES [1 et 2/3]. 1915. Histoire l’Orchestre philharmonique de Berlin, 22.20 Wayana, entre deux rives. Marcel L’Herbier (France, 1936, Le Cimetière des sentiments. &. 23.05 Rainer Grecco, 21.15 Les Grands Compositeurs. dir. H. von Karajan. Paris Première N., 110 min) &. Ciné Classics 20.40 Le Talk Show. [6/12]. Schubert. Odyssée 22.25 Made in America. le visage de la destruction. 18.05 La Sentinelle aa L’Homme aux deux épouses. Le repentir d’un exploitant forestier. Guy Montagné ; Matmatah. LCI 21.35 Des choix pour demain. [1/4]. TÉLÉFILMS Arnaud Desplechin (France, 1992, Téléfilm. Peter Werner. %. 23.35 Iracema a 20.55 Les Nouveaux Mondes. Les dieux de nos pères. Planète Film. Jorge Bodansky (v.o.). &. 145 min) &. Cinéstar 1 0.05 Notre XXe siècle. [5/8] L’Egypte : 22.30 Les moines signent 20.30 Les Moissons de l’océan. 1.10 Le Mas Théotime. éternels bâtisseurs. France 2 François Luciani [1/4]. Festival 18.25 L’Emprise a Le siècle de l’automobile. chez Virgin. Planète Sidney J. Furie (Etats-Unis, 1981, Téléfilm. Philomène Esposito. &. 21.05 Comment ça va ? Homéopathie : 20.40 Terre indigo. 125 min) ?. Ciné Cinéma 1 mythes et réalités. Dialyse trois étoiles. 22.30 Histoire du Vatican. [1/3]. Jean Sagols [8/8]. RTBF 1 FRANCE 2 Les nouvelles normes pour le diabète 1929 : Naissance d’un Etat. RTBF 1 18.50 Une étrange affaire aa M6 20.40 La Robe de sang. Pierre Granier-Deferre (France, 1981, de type II. TV 5 22.45 L’Ecume des villes. Tobe Hooper. 13ème RUE 18.30 Hartley, cœurs à vif. &. Lisbonne. Paris Première 100 min) &. Ciné Cinéma 3 18.30 The Sentinel. &. 21.10 Science info. 22.15 Le Curé de Tours. 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.35 Casino Royale aa 19.20 Mariés, deux enfants. &. La conquête de Mars. LCI Gabriel Axel. Festival 19.20 Qui est qui ? SPORTS EN DIRECT John Huston (Etats-Unis, 1967, 19.54 Le Six Minutes, Météo. 21.40 La Loi et vous. 23.00 L’Envers du tableau. v.o., 125 min) &. Cinétoile 20.00 Journal, Météo, Point route. 20.10 Zorro. &. Le Tribunal Penal International. LCI Steven Spielberg, Boris Sagal 20.55 Un jeudi soir sur la Terre. 18.45 Football. Championnat de D1. et Barry Shear. 13ème RUE 20.30 Les Géants de l’Ouest aa 20.45 Hors circuits. 22.15 Les Rituels d’amour. [5/7] Troyes - Lyon. Canal + vert Andrew V. McLaglen (Etats-Unis, 1969, Les Nouveaux Mondes. La cérémonie du mariage. France 2 115 min) &. Ciné Cinéma 1 [5/8] L’Egypte : éternels bâtisseurs. 20.55 On se calme et on boit frais 19.00 Tennis. Tournoi messieurs SÉRIES 22.15 Les Rituels d’amour. 22.40 Nautisme. Admiral’s Cup. LCI de Montréal. Eurosport à Saint-Tropez 20.55 Le Mariage de Betsy a La cérémonie du mariage. 22.45 Le Magazine de l’Histoire. Alan Alda (Etats-Unis, 1990, Film. Max Pecas. &. 20.45 Football. Championnat de D1. 20.45 Buffy contre les vampires. 23.10 L’Eté de la 25e heure. Les plaisirs de la vie. Histoire Le Havre - Marseille. Canal + 95 min) &. Téva 22.25 La Minute Internet. La métamorphose Sam Sheppard, coupable ou innocent ? 23.10 L’Eté de la 25e heure. de Buffy. Série Club 22.20 Le Bal aa 22.30 Profiler. Combat sans gloire. %. 21.00 Football. Real Sociedad - 0.05 Journal, Météo. Sam Sheppard, Werder Brême. Eurosport 20.50 Navarro. Ettore Scola (France - Italie, 1983, Toutes les cinq minutes. %. coupable ou innocent ? France 2 Le Cimetière des sentiments. TF 1 110 min) &. Ciné Cinéma 3 0.25 Ecce Homo. L’exploration. 0.10 L’Heure du crime. Mortelle sous tout rapport. %. 23.25 Le Club. MUSIQUE 21.10 Urgences. Mains froides, 22.25 Allons z’enfants aa Agnieszka Holland. Ciné Classics cœur chaud. %. Le mal par le mal %. Yves Boisset (France, 1980, FRANCE 3 21.35 Ombres et lumières La décision du docteur Carter. TSR 120 min) &. Ciné Cinéma 1 RADIO DOCUMENTAIRES du siècle d’Or. 21.30 Highlander. 22.45 Moi Ivan, toi Abraham aa 18.20 Questions pour un champion. Suspects irréprochables. Série Club Yolande Zauberman (Fr.- 18.50 Météo des plages. Par l’Ensemble Hespérion XX Rus., 1993, N., 110 min) &. Cinéstar 2 19.20 L’Age d’or de la RKO. [1/6]. et les Chœurs de la Capella Reial 22.30 Profiler. Combat sans gloire. %. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. FRANCE-CULTURE Naissance d’un titan. Ciné Classics de Catalunya, dir. J. Savall. Mezzo Toutes les cinq minutes. %. M6 20.05 Fa Si La. 20.35 Tout le sport. 20.30 Communauté des radios 20.55 Consomag. publiques de langue française. 21.00 Fréquence meurtre a [4/5]. Film. Elisabeth Rappeneau. %. 21.30 Euphonia. [4/5]. 22.40 Météo, Soir 3. 22.40 Carnets de voyage. [4/5]. 23.05 Belle de jour aaa PARIS PREMIÈRE FRANCE 2 FRANCE 3 Film. Luis Bunuel. ?. FRANCE-MUSIQUE 0.45 Benny Hill. &. 22.45 L’Ecume des villes : 20.55 Les Nouveaux Mondes 23.05 Belle de jour aaa 20.00 Festival de Sablé. Par A Sei Voci, dir. Lisbonne Egypte, éternels bâtisseurs, cin- Une jeune bourgeoise (Catherine CANAL + Bernard Fabre-Garrus : On dit que Lisbonne a été fondée quième épisode de la série de dé- Deneuve), épouse d’un médecin, Œuvres de Bachelier, Campra. 21.00 7e Festival ̈ En clair jusqu’à 20.45 par Ulysse. On dit que, certains couverte scientifique coproduite cherche à se libérer de ses fan- de musique de chambre 18.30 Seinfeld. &. soirs dans le port, on entend cla- avec la société Gédéon, emmène le tasmes en devenant, chaque après- de Salon-de-Provence. 19.00 Best of Nulle part ailleurs. quer les voiles des caravelles. Les téléspectateur sur des sentiers midi, pensionnaire d’une maison 23.00 L’Eté des festival de jazz. 20.05 Le Zapping. navigateurs qui ont « inventé ignorés des tour-opérateurs ou de rendez-vous. Le roman de Jo- 20.10 Football. Championnat de D 1. RADIO CLASSIQUE l’autre moitié du monde » sont par- inaccessibles au public. Avec, pour seph Kessel, écrit en 1930, était 23.05 Belle de jour aaa Le Havre - Marseille. tis d’ici, rappelle la cinéaste Inès de compagnon de voyage, Antoine de l’étude psychologique d’une per- Luis Buñuel. Avec Catherine 22.50 Histoire(s) du cinéma. 20.15 Les Soirées. 3a La monnaie de l’absolu. Deneuve, Jean Sorel (France - Italie, Œuvres de Grieg. Medeiros. Qu’est-ce qui définit le Maximy, guide enthousiaste et version et de la prostitution mon- 1966, 100 min) ?. France 3 23.15 City on Fire a 20.40 Ingres et la musique. Œuvres mieux Lisbonne ? Sa lumière ? Le sympathique. Le ton est léger, et daine. Jean-Claude Carrière et Luis 1.00 La Bête Film. Ringo Lam (v.o.). ?. de Liszt, Gounod, Haydn, Beethoven, fado ? La constance du désastre on apprend des petites choses qui Buñuel ont transposé le thème aux cinq doigts aa 0.59 10 secondes et des poussières. Gluck, Paganini, Mendelssohn-Hensel. Robert Florey (Etats-Unis, 1946, N., Le pape &. 22.40 Les Soirées... (suite). inscrite dans le paysage urbain ? donnent envie d’en savoir plus. dans les années 60. 90 min) &. Ciné Classics 1.00 Seinfeld. La lettre. &. Œuvres de Bruch, Zemlinski, Wolf.

VENDREDI 6 AOÛT GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

21.25 Arno Klarsfeld, DÉBATS SÉRIES 14.10 Le Secret magnifique aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE instantanés. Planète Douglas Sirk (Etats-Unis, 1954, 110 min) &. Ciné Cinéma 1 21.55 Itinéraire d’un bluesman 21.00 et 21.55, 23.25 Plateau 17.35 Highlander. 16.00 Une étrange affaire aa TF 1 13.50 La Cinquième rencontre... Violence aux USA. Odyssée écossais. Planète Le chant du bourreau. M6 Pierre Granier-Deferre (France, Les Français. 22.25 Un siècle de science-fiction. 17.45 Spin City. Même heure 1981, 100 min) &. Ciné Cinéma 1 16.15 Sunset Beach. &. 14.50 Appel d’air. [1/6]. MAGAZINES Le voyage dans le temps. 13ème RUE l’année prochaine. &. Canal + 16.10 Princess Bride aa 17.00 Vidéo gag. 15.45 Correspondance pour l’Europe. 22.45 Histoire de la symphonie. 18.05 Blague à part. Tonio. &. Canal + Rob Reiner (Etats-Unis, 1987, 17.15 Melrose Place. &. 16.30 Alf. &. 100 min) &. Cinéstar 1 13.50 La Cinquième rencontre... [1/6]. Haydn et Mozart. Mezzo 18.30 Hartley, cœurs à vif. France 2 18.05 Sous le soleil. &. 17.00 Histoire de comprendre. 19.30 The Skin Game a les Français. La fanfare. 22.45 Bill Monroe. Father 19.00 Les Dessous de Palm Beach. &. 17.10 Net plus ultra. 18.30 Seinfeld. Alfred Hitchcock (Grande-Bretagne, Invité : Nicolas Frize. La Cinquième of Bluegrass Music. Canal Jimmy La place de stationnement. &. Canal + 1931, N., v.o., 85 min) &. Cinétoile 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 17.30 100 % question. 23.35 Mort d’un facteur. Planète 14.00 20h Paris Première. 18.30 The Sentinel. Chute libre. M6 20.10 Sur la route de Nairobi a 20.50 50 ans de tubes. 17.54 Les Voyageurs du temps. Isabella Rossellini. Paris Première 23.45 Maurice Béjart. Michael Radford (Grande-Bretagne, 23.00 Terre indigo. 17.55 Les Grands Tournants Le temps d’un ballet. Paris Première 18.30 Deux flics à Miami. 16.30 La Semaine d’Histoire. L’insigne du déshonneur. RTL 9 1987, 110 min) &. RTBF 1 Feuilleton. Jean Sagols [6/8]. &. de l’Histoire. Kosovo. Les élections 23.50 Le Mystère Giono. Odyssée 20.55 Le Doulos aa 0.45 TF 1 nuit, Météo. 18.30 Le Monde des animaux. européennes. Les intoxications 18.30 Deux flics à Miami. Jean-Pierre Melville (France, 1963, alimentaires. Histoire 0.30 Cinq colonnes à la une. Planète La grande croisade. 13ème RUE 19.00 Tracks. N., 110 min) &. Cinétoile FRANCE 2 19.45 Météo, Arte info. 16.35 C’est l’été. Arcachon. 19.50 Happy Days. 21.00 Drôle d’endroit Invités : Sophie Favier ; SPORTS EN DIRECT Le chien de Fonzie. Série Club 20.15 Robert Delaunay. 16.30 Flic de mon cœur. &. Maité ; C Jay. France 3 19.50 Hélène et les garçons. pour une rencontre aa 20.45 Le Blanc à lunettes. François Dupeyron (France, 1988, 17.15 La Vie de famille. &. 16.40 et 20.40 Le Talk Show. LCI 20.00 Football. La poussière dans l’œil. RTL 9 Téléfilm. Edouard Niermans. &. Match amical. Bayer - 95 min) &. Ciné Cinéma 2 17.35 et 23.20 Un livre, des livres. 18.00 Stars en stock. Peter Sellers. 22.05 Contre l’oubli. Micha Gaillard, Haïti. Milan AC. Eurosport 20.00 Une fille à scandales. 21.00 Le Secret magnifique aa 17.40 Kung Fu, la légende continue. &. Debbie Reynolds. Paris Première Man Wakes Up With 22.15 Grand format. Si c’est ça le destin. 20.00 Football. Championnat de D1. Douglas Sirk (Etats-Unis, 1954, 18.30 Hartley, cœurs à vif. &. 18.30 Le Magazine de l’Histoire. Stranger in Pants (v.o.). Téva Documentaire. Helga Reidemeister. &. Lens - Monaco. Superfoot v.o., 105 min) &. Ciné Cinéma 3 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. Les plaisirs de la vie. Histoire 20.05 Les Simpson. 21.35 Misery aa 0.10 Tableau Ferraille a 21.30 Boxe. 19.20 Qui est qui ? Film. Moussa Sene Absa. &. 19.00 Tracks. No Respect : Les grandes voix. Marge Business. &. Canal + Rob Reiner (Etats-Unis, 1990, Championnat de France mi-moyens. 20.00 Journal, Météo, Point route. Tribal : Friends. Dream : Beach Boys. Klose - Monji. Pathé Sport 20.10 Zorro. Zorro et l’homme 105 min) ?. Cinéstar 1 Vibration : Mode importable. Clip : de la montagne. M6 22.05 Mollenard aa 20.55 Urgences. La vie continue. &. M6 Marilyn Manson, «The Dope Show». Robert Siodmak (France, 1937, La Saint-Valentin. %. Future : Action sur le Web. Backstage : DANSE 20.13 Alfred Hitchcock présente. Soirée d’anniversaires. &. ème N., 110 min) &. Ciné Classics 15.15 Le Saint. &. Brasil da lata. La loi du plus fort. 13 RUE 23.25 Millennium. 16.10 M comme musique. Live : Carlinhos Brown. Arte 21.40 La Sylphide. 20.40 Earth 2. Mutation. 13ème RUE 22.15 Le Salaire de la peur aaa Attention, chien méchant. %. 20.00 20h Paris Première. Chorégraphie d’August Bournonville. Henri-Georges Clouzot (France, 1953, 17.35 Highlander. &. 20.45 Stargate SG-1. version colorisée, 150 min) &. TSR 0.10 Journal, Météo. Romane Bohringer. Paris Première Musique de Herman S. Lovenskjold. 18.30 The Sentinel. &. Par le Royal Danish ballet. Mezzo Emancipation. Série Club 0.30 Le Tueur de l’ombre : 20.55 Thalassa. 22.45 Rue Cases-Nègres a 19.20 Mariés, deux enfants. &. 20.50 Le Clown. Euzhan Palcy (France, 1982, Jeux de garçons. Escale aux îles Eoliennes. France 3 19.54 Le Six Minutes, Météo. [1 et 2/2]. La tour en otage. M6 105 min) &. Cinétoile Téléfilm. Peter Edwards. %. MUSIQUE 20.10 Zorro. &. 22.15 Faut pas rêver. 20.55 Urgences. La vie continue. France 2 22.50 Danger, planète inconnue a USA : Les hommes du FBI. France : 20.45 Politiquement rock. 17.05 I Musici. 21.00 L’Homme de nulle part. Robert Parrish (Etats-Unis, 1969, FRANCE 3 Un marais dans la ville. Haïti : La ème 20.50 Le Clown. Venise 1990. Muzzik Marathon. Canal Jimmy v.o., 105 min) &. 13 Rue citadelle du roi Christophe. France 3 [1 et 2/2] La tour en otage. &. 17.30 Rodelinda. 15.10 Cagney et Lacey. &. 22.15 Ça se discute jour après jour. 21.30 Au-delà du réel, 16.05 Chroniques 22.40 La Minute Internet. Les troubles du sommeil. TV 5 Glyndebourne 1998. Mise en scène. Jean-Marie Villégier. Par l’orchestre l’aventure continue. de l’Amazonie sauvage. 22.45 X-Files, l’intégrale. The Age of Enlightenment, Le voyage de retour. %. Série Club 16.35 C’est l’été. La guerre des coprophages. %. DOCUMENTAIRES Ames damnées. %. dir. William Christie. Mezzo 21.30 Au-delà du réel. 18.20 Questions pour un champion. ème 0.30 Murder One, l’affaire Banks. &. 18.00 Gil Evans. La visite de Luminois. 13 RUE 18.50 Météo des plages. 17.10 Au royaume du tigre. Montreux 1983. Muzzik 1.25 Le Live du vendredi. Cesaria Evora. [2/6]. Eaux sacrées. Odyssée 21.45 Urgences. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 21.00 Phalanx Quartet. La Saint-Valentin. %. 17.25 Le Trésor de Yamashita. Planète A l’Alabama Hall de Munich. Muzzik Soirée d’anniversaires. France 2 20.05 Fa Si La. 20.35 Tout le sport. RADIO 17.40 Jacques Rivette. 22.30 Joe Jackson. Paris Première 22.15 Batman. [2/2]. Ciné Cinémas Un jumeau de trop. Canal Jimmy 20.55 Thalassa. Escale aux îles Eoliennes. 23.25 L’Heure espagnole. 22.15 Faut pas rêver. 18.25 Les Dessous du show-biz. [1/6]. Mise en scène. Philippe Sireuil. 22.45 X-Files. FRANCE-CULTURE La soirée des oscars. Planète Interprété par l’Orchestre national La guerre des coprophages. %. 23.05 Météo, Soir 3. 19.00 Georges Becker ou la passion de l’Opéra de Lyon, Ames damnées. %. M6 23.25 Un été à l’opéra. 20.30 Communauté des radios dir. Louis Langree. France 3 L’Heure espagnole. Opéra de Ravel. publiques de langue française. des champignons. Odyssée 23.00 Terre indigo. [6/8]. TF 1 23.35 Hirio. Festival interceltique 0.20 Festivales. Chronique Les inventeurs du futur [5/5]. 19.40 La Fabuleuse Histoire de Lorient. Muzzik 23.00 Le 16 à Kerbriant. du festival Jazz à Marciac 1998. 21.30 Euphonia. [5/5]. [3 et 4/6]. Histoire des bottes de cow-boy. Planète 0.20 Festivales. 22.40 Carnets de voyage. [5/5]. 20.10 Violence Made in USA. Festival Jazz à Marciac 1998. France 3 23.25 Millennium. Attention, CANAL + 0.05 Du jour au lendemain. [5/5]. La Loi et l’Ordre ; chien méchant. %. France 2 23.20 L’Enjeu aa L’Homme avec la mort en tête ; 0.35 New York Undercover. Barbet Schroeder. 16.15 Double Team. Film. Tsui Hark. ?. TÉLÉFILMS Avec Michael Keaton, Andy Garcia FRANCE-MUSIQUE Los Angeles, Département Sans pitié. %. 13ème RUE 17.45 Spin City. &. Homicides. Odyssée (Etats-Unis, 1997, 93 min) %. Canal + 19.45 Nijinski, la marionnette de Dieu. 0.55 Seinfeld. La place 0.30 Vive Henri IV, 18.05 Blague à part. &. 20.00 Concert. Par le Chœur symphonique 20.15 Robert Delaunay. Arte Philippe Vallois. Muzzik de stationnement (v.o.). &. Canal + de Londres, Stephen Westrop, chef de vive l’amour a 18.29 Jean-Luc et Faipassa. 20.35 Anciennes civilisations. 20.45 Le Blanc à lunettes. 1.20 Star Trek, Deep Space Nine. chœur et l’Orchestre des Jeunes de [10/13]. Les Vikings. Planète Claude Autant-Lara (France - Italie, ̈ En clair jusqu’à 21.00 l’Union européenne, dir. Colin Davis. Edouard Niermans. Arte L’implant (v.o.). Canal Jimmy 1961, 95 min) &. Cinétoile 20.45 Méditerranée. 18.30 Seinfeld. &. Œuvres de Beethoven. 20.55 Souvenirs du Vietnam. 2.05 Star Trek, la nouvelle génération. 19.00 Best of Nulle part ailleurs. 21.30 Festival international de piano de [10/12]. Mirage. Histoire Le premier rite (v.o.). Canal Jimmy Paul Wendkos [2/2]. Téva 20.00 Le Zapping. La Roque-d’Anthéron. 20.05 Les Simpson. &. Œuvres de Mozart, Bach, Liszt, 20.30 Best of 10 ans des guignols. Saint-Saëns, Vieru, Stravinsky. 23.00 L’Eté des festivals de jazz. 21.00 Spawn. Film. M. A.Z. Dippé. ?. 22.30 Jour de foot. 23.20 L’Enjeu aa RADIO CLASSIQUE Film. Barbet Schroeder. %. 20.15 Les Soirées. CANAL JIMMY CINÉ CINÉMA 3 FRANCE 3 0.54 10 secondes et des poussières. Œuvres de Marais, Rameau. Le pape 2. &. 20.40 Tchaïkovski et la France. 18.15 Woodstock diaries 21.00 Le Secret magnifique aa 22.15 Faut pas rêver 0.55 Seinfeld. Œuvres de Tchaïkovski, Berlioz, etc. Ce documentaire en trois volets Un fils de famille, millionnaire oi- Entre deux sujets « étrangers » La place de stationnement. &. 23.00 Don Quichotte chez la duchesse. 1.20 Un linceul n’a pas de poches a Opéra de De Boismortier. Par Le réalisé en 1994 par C. Hegedus, sif, égoïste, cause accidentelle- – la formation des agents du FBI et Film. Jean-Pierre Mocky. &. Concert spirituel, dir. Hervé Niquet. E. Laufer et D. A. Pennebaker ment la mort d’un médecin qui l’a la citadelle du roi Christophe à – auteur du remarquable Don’t soigné, puis la cécité de la veuve de Haïti –, un joli reportage sur le ma- Look Back, sur la tournée 1965 de celui-ci. Changeant d’identité, il va rais de Bourges. En pleine ville, un SIGNIFICATION DES SYMBOLES GEORGES PIERRE Dylan – a le mérite de présenter se racheter auprès d’elle. Ce sujet domaine réservé aux maraîchers et 0.40 Allons z’enfants aa Les codes du CSA Les cotes des films des images inédites. Témoignages, avait inspiré, en 1935, un beau mé- aux oiseaux. 135 hectares de jar- Yves Boisset. Avec Lucas Belvaux & Tous publics a On peut voir entretiens avec les organisateurs et lodrame de John M. Stahl. Chargé dins et de canaux au pied de la ca- (Fr., 1980, 120 min) &. Ciné Cinéma 3 % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer 1.15 En avoir (ou pas) a ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique extraits musicaux se mêlent pour du remake par Universal, Douglas thédrale, et des fossés en guise de Laetitia Masson (France, 1995, ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + resituer ces journées d’août 1969 Sirk réalise une histoire humaine clôture pour séparer les 1 500 par- 85 min) &. Cinéstar 1 ! Public adulte DD Dernière diffusion qui marquèrent l’irruption brutale et sentimentale. Rock Hudson est celles, toutes privées. Un petit pa- 2.05 Gueule d’amour aaa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Jean Grémillon (France, 1937, # de la contre-culture. remarquable. En v.o. radis tout près d’ici. N., 90 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0608--0031-0 WAS LMQ0608-31 Op.: XX Rev.: 05-08-99 T.: 11:40 S.: 111,06-Cmp.:05,12, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0292 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 6 AOÛT 1999 Mme Voynet prend ses distances avec Le gouvernement italien s’attaque le remaniement gouvernemental à la propagande électorale de Silvio Berlusconi DANS un entretien à Libération du jeudi 5 août, Dominique Voynet re- vient sur le remaniement gouvernemental et justifie son choix de conserver le ministère de l’environnement par le fait que le premier mi- nistre ne lui a pas fait de proposition « équitable ». « Le verre était plutôt Un projet de loi sur la publicité télévisée des partis politiques sera soumis au Parlement à la rentrée à moitié vide. C’est pour ça que j’ai refusé. Soyons clair, si on m’avait pro- posé un poste de secrétaire d’Etat à la santé avec un autre Vert au minis- ROME forme des impôts qu’il envisage, de vées, voici cinq ans, et l’avènement explique-t-il, d’enrayer l’envolée tère de l’environnement, j’aurais accepté », explique la ministre. Sur le correspondance sa recette pour combattre le chô- du partito azienda, le « parti-entre- des coûts dans la vie politique, de nucléaire, Mme Voynet indique qu’elle « mesure tous les jours qu’il n’y a Silvio Berlusconi n’apparaîtra mage ou encore de ses idées sur prise », Forza Italia. Une situation mettre l’Italie au diapason des pas au sein du gouvernement de gens prêts à mouiller le maillot... Cette plus sur ses télés pour vanter les l’Europe. Un matraquage qui qui semble pour l’instant sans is- autres pays européens ; cela n’est vraie difficulté tient au fait que le PCF n’est pas antinucléaire ». La veille, mérites de son parti, Forza Italia, n’avait pris fin qu’à la veille des sue, malgré les différentes tenta- pas du tout dirigé contre Berlus- dans un entretien au Monde (nos éditions du 5 août), Daniel Cohn- entre un spot pour la lessive et un élections. Selon les experts, ces pu- tives d’y mettre un terme avec des coni, précise-t-il. Si le chef de l’op- Bendit avait dénoncé la logique « pronucléaire » du gouvernement. In- autre pour les tortellini. Un projet blicités avaient influé sur le résultat projets de loi sur le « conflit d’inté- position la ressent ainsi, lâche terrogé, jeudi 5 août, sur Europe 1, le député européen estime que «ce de loi sur la publicité télévisée pour – plus de 25 % des suffrages – ob- rêts ». M. D’Alema, c’est qu’il faut renver- n’est pas juste qu’il y ait aujourd’hui trois ministres communistes et une mi- les formations politiques a été tenu par Forza Italia, devenu ainsi Mercredi 4 août, le dernier ser la question : « C’est lui qui a un nistre Verte ». adopté par le gouvernement et sera le premier parti italien. conseil des ministres d’avant les va- conflit d’intérêts. » présenté au Parlement à la rentrée. M. Berlusconi ne faisait rien d’il- cances a décidé qu’il fallait Pour l’opposition, qui se prépare à Il vise à réglementer les conditions légal : il achetait de l’espace publici- commencer par intervenir au livrer bataille devant le Parlement, il Le MDC juge « stupéfiant » d’accès et les formes de la propa- taire à des chaînes qui avaient of- moins sur la par condicio, l’égalité s’agit d’une atteinte majeure à la li- gande électorale. Les publicités qui fert à tous les partis la possibilité de en matière de propagande électo- berté. M. Berlusconi tonne contre passent brusquement dans les pro- diffuser de la publicité politique, ré- rale à la télévision. Une première « le régime » et sa décision « liberti- d’abandonner le synchrotron Soleil grammes seront désormais inter- plique-t-il à ceux qui l’accusent de tentative de réglementation avait cide ». En fait, la coalition de centre- dites. L’opposition de centre-droit profiter de la situation. Aucune été réalisée au cours de la cam- droit ne veut pas renoncer à sa posi- GEORGES SARRE, président délégué du Mouvement des citoyens crie au scandale et dénonce ce norme ne l’en empêchait mais, pagne des élections législatives tion mais au contraire continuer à (MDC), a jugé « stupéfiante », mercredi 4 août, la décision de Claude Al- qu’elle considère comme une ri- comme le dénonçaient ses adver- d’avril 1996. exploiter ce formidable outil de per- lègre, ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la techno- poste de la majorité aux résultats saires, M. Berlusconi était à la fois Le texte, qui vient d’être adopté suasion. D’ailleurs, elle le confirme logie, d’abandonner le projet de synchrotron Soleil. Pour l’élu parisien, des élections européennes, déce- propriétaire des chaînes et bénéfi- par le gouvernement, prévoit que en dénonçant le fait que la majorité, un tel choix « serait une faute, un mauvais coup porté à la recherche fran- vants pour celle-ci alors que l’on ciaire de leur décision de proposer les formations politiques pourront après avoir mis les mains sur le ser- çaise ». De leur côté, les Verts d’Ile-de-France, par la voix de Michel Mi- avait assisté à une formidable affir- ce genre de publicité. Et le tout pra- faire connaître leurs idées, mais à vice public, la RAI, s’attaque mainte- chelon, président de la commission de l’aménagement du territoire au mation des deux seuls partis qui tiquement à un coût nul, puisque ce l’approche des scrutins, cet au- nant à la seule voix libre qui existe conseil régional, estiment que « le partenariat européen et la mise en avaient utilisé massivement ce que l’homme politique versait tomne, elles devront se limiter à dé- encore en Italie, Médiaset. A droite, commun des équipements, des financements et des compétences repré- genre de publicité : Forza Italia et la d’une main, l’homme d’affaires battre avec les autres partis. Une on dit en tout cas une chose qui est sente l’avenir ». L’élu écologiste exprime « un seul regret : l’implantation liste d’Emma Bonino. l’empochait de l’autre. présence sera garantie à tous les sans doute vraie : alors que le pays de cet appareil dans l’Hexagone aurait eu, en termes d’aménagement du Lors de la campagne électorale partis, selon des modalités bien est confronté à des problèmes territoire, un effet rééquilibrant ». Enfin, la chambre de commerce de Pa- pour le scrutin du 13 juin, le chef de « TEXTE LIBERTICIDE » précises et tenant compte de leur comme la montée de la petite délin- ris « s’inquiète de l’affaiblissement du pôle de recherche francilien et ses l’opposition et propriétaire de l’em- Mais le comble, c’est que si quel- poids électoral. Mais, a déclaré le quance ou le chômage, la majorité conséquences néfastes pour le pays tout entier », tandis que René Garrec, pire télévisé Médiaset ne s’était pas que parti concurrent voulait profi- chef du gouvernement Massimo décide de s’occuper en priorité de la président (DL) de la région Basse-Normandie, qui était candidate à privé d’interrompre plusieurs fois ter de cette opportunité, il finissait, D’Alema en présentant le projet de par condicio parce qu’elle ne par- l’implantation, juge « incompréhensible » la décision de M. Allègre. les films ou les variétés diffusés sur en quelque sorte, par financer son loi, il deviendra impossible d’« en- vient à resserrer ses rangs qu’en Canale 5, Rete Quattro ou Italia 1, propre adversaire. Cette anomalie trer dans les foyers des Italiens pour s’attaquant à M. Berlusconi. les trois chaînes maison. Pour par- remonte à l’entrée sur la scène poli- vendre un parti entre une auto et une Des CAF de la région parisienne ler indifféremment du projet de ré- tique du magnat des télévisions pri- machine à laver ». C’est une façon, Salvatore Aloïse « au bord de la rupture de paiement » La découverte d’un nouveau gène pourrait améliorer PLUSIEURS caisses d’allocations familiales (CAF) de la région pari- sienne sont « au bord de la rupture de paiement » et un décalage de deux mois est à prévoir à Paris pour les versements des aides personna- les traitements contre les troubles du cholestérol lisées au logement (APL) en juillet et en août. Bernard Lerat, directeur de la CAF de Paris, a admis, mercredi 4 août, un retard dans le paiement LES CHERCHEURS de la firme Rhône-Pou- l’analyse du patrimoine héréditaire de per- d’affections coronariennes avant l’âge de de ces prestations, concernant quelque 5 000 allocataires parisiens, pré- lenc Rorer, associés aux équipes de l’université sonnes souffrant de la maladie de Tangier. Il soixante ans. cisant que ce retard devrait être « résorbé complètement » d’ici le 25 sep- de Munster (Allemagne) et des National Insti- s’agit là d’une affection rare, transmise de ma- « L’identification de ce gène représente une tembre. La section régionale de Force ouvrière (FO) des CAF de la ré- tutes of Health (NIH) américains, annoncent, nière héréditaire, à laquelle on a donné le nom avancée majeure dans ce domaine, estime Fran- gion parisienne avait tiré la sonnette d’alarme en début de semaine, dans le dernier numéro du mensuel Nature Ge- d’une île de la côte est des Etats-Unis où la ma- çois Meyer, directeur de la recherche de Rhône- affirmant que « plusieurs dizaines de milliers d’allocataires » de l’APL, netics (daté d’août), qu’ils ont identifié le gène ladie a été pour la première fois identifiée, en Poulenc Rorer. Cette découverte donne les clés versée directement au propriétaire, étaient concernés. Déjà en place dirigeant la synthèse d’une protéine impliquée 1964. Elle se caractérise par l’absence complète d’un mécanisme jusqu’ici inconnu et va per- dans l’ensemble des CAF de province, un nouveau système informatisé dans l’élimination cellulaire du cholestérol. de certaines lipoprotéines (celles dites de haute mettre l’élaboration d’une nouvelle classe de mé- de gestion des prestations, Cristal, est à l’origine de ce cafouillage. On sait depuis longtemps que le cholestérol densité, HDL, ou « bon » cholestérol), une ac- dicaments destinés à lutter contre l’athérosclé- M. Lerat a assuré que les autres prestations de juillet seront versées jeu- est impliqué dans la genèse et le développe- cumulation intra-cellulaire de cholestérol ainsi rose. » « Il s’agit là d’un très beau travail », di 5 août comme prévu « à l’ensemble des allocataires » et «au bon ment de l’athérosclérose, un phénomène pa- que des dépôts de graisses multiples entraînant estime le professeur Alain Castaigne (hôpital taux ». Un délai « maximal d’un mois » pourrait toutefois être nécessaire thologique lié à de nombreuses affections car- de graves complications vasculaires. Henri-Mondor, Créteil), avant d’en nuancer en cas d’ouverture de nouveaux droits. dio-vasculaires. Pour autant, la physiologie du aussitôt la portée : « Pour autant, il me semble cholestérol demeure encore, à certains égards, UN MÉCANISME JUSQU’ICI INCONNU difficile de prédire de quelle manière il pourra DÉPÊCHES mystérieuse. Outre les apports assurés par l’ali- Les chercheurs sont parvenus à identifier le conduire à élargir la gamme des médicaments a DROITE : Roselyne Bachelot, député RPR du Maine-et-Loire, a mentation, le cholestérol est synthétisé par dif- gène (baptisé ABC1) dirigeant la synthèse d’une hypocholestérolémiants. Il n’y a en effet rien de invité l’opposition, mercredi 4 août sur RTL, à « ouvrir le débat sur les férents tissus de l’organisme, notamment le molécule responsable du transport intra-cellu- mécanique entre le résultat des découvertes fon- problèmes de société ». Si la droite « n’est pas capable de cela », a-t-elle foie, avant d’être véhiculé, via le flux sanguin, laire de cholestérol ainsi que les mutations damentales et leur traduction pharmacologique. ajouté, « Jacques Chirac a déjà perdu la prochaine élection présiden- par certaines protéines spécifiques de basse dont il fait l’objet chez les personnes atteintes On avait ainsi cru que les travaux de Brown et tielle ». Interrogée sur la nouvelle direction du RPR, rendue publique densité (LDL ou « mauvais » cholestérol), qui le de la maladie de Tangier. Deux autres équipes Goldstein sur les récepteurs cellulaires des LDL – lundi par Nicolas Sarkozy (Le Monde du 4 août), Mme Bachelot a « re- transportent jusqu’aux cellules dans lesquelles annoncent, dans le même numéro du mensuel pour lesquels ils reçurent le prix Nobel de méde- gretté » que « l’œcuménisme » de cette équipe « ait quelques limites ». il est intégré. scientifique, être parvenues à des résultats si- cine en 1985 – allaient en quelques années per- Soulignant que ni Edouard Balladur, ni Philippe Séguin, ni Alain Juppé, On ne connaissait pas, jusqu’à présent, les milaires. Si la maladie de Tangier constitue la mettre le traitement des hypercholestérolémies ni elle-même n’y figuraient, Mme Bachelot a exprimé son souhait d’une molécules impliquées dans l’élimination cellu- forme la plus sévère des déficits en HDL, les familiales. Or, pour l’heure, on n’a toujours rien initiative du RPR en direction de Charles Pasqua. laire (ou « voie de retour ») du cholestérol. perturbations de cette catégorie de lipopro- trouvé. » a RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO : le Zimbabwe et les Pour résoudre cette énigme, les auteurs de la téines représentent l’anomalie la plus fréquem- autres pays d’Afrique australe engagés dans le conflit en Répu- publication de Nature Genetics ont procédé à ment rencontrée chez les personnes souffrant Jean-Yves Nau blique démocratique du Congo aux côtés de Kinshasa ont accusé, mercredi 4 août, les rebelles congolais et leurs alliés de violer le cessez- le-feu. De son côté, l’un des mouvements rebelles, le Mouvement de li- bération du Congo, a affirmé qu’un avion des forces gouvernementales Progrès dans l’enquête avait bombardé ses positions, mercredi, faisant près de 600 morts. – (AFP.) a RACISME : une affiche placardée dans 70 communes du Beaujo- sur le triple meurtre de Toudon lais et proposant des « vendangeurs européans » (sic) aux viticulteurs suscite la colère de SOS-Racisme et de l’ANPE locale qui y voient une SIX BRAS sans mains, six jambes Le troisième corps, lui, n’a pas « ségrégation raciale » dans le recrutement. SOS-Racisme Lyon a alerté sans pieds, trois troncs émasculés encore été identifié. Les enquêteurs le préfet et demandé le retrait immédiat de ces panneaux, qui émanent et éviscérés... Ces restes humains, ignorent s’il s’agit de celui de Fran- de l’association Appellation contrôlée, siégeant à (Pays- découverts le 18 mars le long d’une cis Benmokhtar. En revanche, ils Bas). « Vous cherchez des vendangeurs européans ? Appellation contrôlée petite route du massif de l’Estéron ont pu constater, lors d’une perqui- Une intervient gratuitement pour votre personnel temporaire », peut-on y lire. (Alpes-Maritimes), ont fini par li- sition, que l’appartement de ce der- « C’est strictement interdit, a souligné la sous-préfecture de Villefranche- vrer une partie de leur secret. L’en- nier à Antibes avait fait l’objet d’un sur-Saône. Seule l’ANPE est habilitée à faire du placement en France ». quête, menée par les gendarmes de nettoyage qualifié d’« extrêmement L’inspection du travail a été saisie. la section de recherche de Marseille précis, même sophistiqué » par le nouvelle et de la brigade de recherche de procureur de la République de Nice, a permis d’identifier deux des Nice, Eric de Montgolfier. trois corps, ceux d’un homme et L’hypothèse de crimes liés au Information judiciaire contre d’une femme considérés comme banditisme s’appuie sur la person- proches du milieu du grand bandi- nalité des victimes identifiées. tisme. Plusieurs pistes (rite sata- Jean-Pierre Caligaris était connu inédite deux associations des Hauts-de-Seine nique, tueur en série, mafia pour ses liens d’amitié avec Jean- russe...), évoquées après la décou- Pierre Lepape, assassiné à Paris le chargées du logement social verte des sacs poubelles par un 1er juillet 1998 et considéré comme cantonnier de Toudon, semblent un « braqueur » reconverti dans le de science-fiction UNE INFORMATION judiciaire a été ouverte, vendredi 30 juillet, par le pratiquement écartées. trafic de drogue. Après cet assassi- parquet de Nanterre sur des malversations supposées dans la gestion L’une des victimes était une nat, 25 kg de cocaïne avaient été de deux associations chargées du logement social dans les Hauts-de- femme d’une cinquantaine d’an- saisis dans un box du Plessis-Tré- Seine. Cette procédure, ouverte pour « abus de bien social », « abus de nées, Thérèse Conte. D’origine ita- vise (Val-de-Marne). Plusieurs per- L’Age des raisons confiance », « escroquerie », « infraction au code des marchés publics » lienne, elle était installée sur la sonnes, considérées comme des in- et « exercice illégal de la profession de banquier », fait suite à la transmis- Côte d’Azur depuis plusieurs an- termédiaires ou des complices du par Nancy Kress sion au parquet de Nanterre de trois rapports d’organismes publics nées en compagnie d’un Français trafic aux côtés de Jean-Pierre Le- épinglant très durement la gestion des associations concernées : L’habi- de cinquante-huit ans, Francis Ben- pape, avaient été interpellées. tation française, chargée de collecter et de gérer le « 1 % logement », et mokhtar, connu de la justice pour Après la mort de son ami, Jean- cahier spécial de 32 pages une association satellite, baptisée L’habitation pour tous. Partie civile une affaire de drogue. L’un des Pierre Caligaris était, semble-t-il, dans l’affaire, la nouvelle direction de L’habitation française reproche deux autres corps, identifié grâce parti vers la Côte d’Azur. « Il avait notamment à ses anciens dirigeants d’avoir, entre 1995 et 1998, octroyé aux analyses génétiques, est celui disparu de la circulation », indique des prêts ou opéré des montages financiers avec des sociétés dans les- d’un ami du couple, Jean-Pierre une source policière. Rien ne per- 0123 quelles eux ou leurs partenaires privés étaient intéressés. Le montant Caligaris, quarante et un ans, an- met toutefois d’établir un lien entre vendredi des fraudes s’élèverait à plusieurs centaines de millions de francs. cien videur dans une boîte de nuit ce volet « parisien » et les trois ca- corse. Son identification a été faci- davres de l’Esteron. litée par sa mère, qui avait signalé daté Tirage du Monde daté jeudi 5 août : 463 273 exemplaires. 1-3 6 août 7 sa disparition aux gendarmes. Philippe Broussard LeMonde Job: WIV3199--0001-0 WAS LIV3199-1 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 18:22 S.: 111,06-Cmp.:05,08, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0041 Lcp: 700 CMYK

LITTERATUREb ESSAIS VENDREDI 6 AOÛT 1999

LE FEUILLETON D’ÉTÉ DE FRANCIS MARMANDE page 26

RAYMOND DEPARDON MARTIN HEIDEGGER PATRICK MAURIÈS page 26 page 27 page 28

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb « Merdre ». 1896. Scandale. Un énergumène vient proférer la vérité nue Le triomphe d’Ubu du pouvoir. Jarry, prophète tout, et le pays où l’on se trouve, un goût prononcé pour les anti- blasphémateur, d’abord. C’est pour cette raison thèses violentes et le rapproche- qu’Ubu parle français. » ment des extrêmes. Il n’avait rien crée Ubu, monstre-mythe Ubu, roi par le bas, règne sur la non plus à apprendre, semble-t-il, servitude volontaire humaine. Il en matière sexuelle. L’un d’eux, U. La douleur à la descendance féconde E. La férocité vient aussi bien du Père Duchesne réprobateur, trouve que, « malgré (les larmes du Père Ubu) (la mâchoire du Père Ubu) de Hébert (nom, aussi, du profes- sa belle intelligence, il fut un éroto- seur dont l’élève Jarry se moquait mane un peu crapuleux » et que Les dessins que nous publions physique d’Ubu utilise le guignol avec ses camarades) que de Fou- « le respect de la femme était un sont ceux de Pierre Bonnard pour dire autre chose, une catas- quier-Tinville, lequel trouvait que sentiment qui lui était inconnu ». pour l’« Alphabet du Père Ubu » trophe métaphysique, une énor- les accusés du Tribunal terroriste On voit que tout se tient chez ce (voyelles), tiré de l’« Almanach mité verte (de langue, de crudité « complotaient contre son ventre » blasphémateur précoce, qui a raté illustré du Père Ubu − physique et de peur). Dans le lorsqu’il était temps d’aller dîner. trois fois son concours d’entrée à XXe siècle », 1er janvier 1901, même tournant historique, le sur- La Gidouille est née. Ubu : « J’ai l’Ecole normale supérieure. publié par Ambroise Vollard. homme nietzschéen et le sous- l’honneur de vous annoncer que, Quand il meurt, en 1907, à trente- ors de la première homme buté paraissent sur la pour enrichir le royaume, je vais quatre ans, il vient pourtant représentation d’Ubu roi, en 1896, scène mondiale. Comme le dit faire périr tous les Nobles et d’écrire : « Le père Ubu croit que le Les œuvres complètes d’Alfred JarryL a vingt-trois ans. C’est un Daniel Accursi dans un brillant prendre leurs biens. » L’argent, la O. L’admiration cerveau, dans la décomposition, Jarry ont été publiées dans la scandale. Un coup de génie ado- essai récent : « Ubu prophétise la bouffe, voilà l’essentiel. La pensée (le nombril du Père Ubu) fonctionne au-delà de la mort, et « Bibliothèque de la Pléiade » en lescent révèle soudain un monstre mondialisation de la Phynance, qui n’est plus qu’un mince appendice que ce sont les rêves qui sont le trois volumes. Le premier, dirigé qui va se transformer en mythe. de la panse. Tout est ruse même totale de la moelle épinière, Paradis. » Et ceci, beaucoup plus par Michel Arrivé et qui « Le public a été stupéfait à la vue Philippe Sollers et prédation, tout est sans oublier l’ouverture de la vessie étrange : « Il voit l’autre monde, et comporte notamment les de son double ignoble qui ne lui anal. Finalement, le mot natatoire et finalement la grande il lui parle, par courtoisie et par différentes versions d’Ubu, est avait pas été présenté. » Et aussi : elle-même déclenche l’apocalypse le plus répété est celui de trappe. décollation renouvelée de saint prudence, dans la langue de épuisé. Les deux autres tomes « C’est parce que la foule est une encéphalique. La phynance se subs- Ubu est un gros bébé vantard, Jean-Baptiste, le tout tiré des très l’Eglise. Il n’y a qu’un très vieux ont été dirigés par Henri masse inerte et incompréhensive et titue à la pensée. (1) » Ecrire phy- asexué, cocu et couard qui avoue Saintes Ecritures, tant de l’Ancien moine, très versé dans la théologie, Bordillon et Patrick Besnier. passive qu’il la faut frapper de nance, merdre, éthernité ou sans fard son désir de vengeance que du Nouveau Testament, mis en qui puisse apprécier le cas. » Les principales œuvres de Jarry temps en temps, pour qu’on oneilles ne relève donc pas de la et de domination par accumula- ordre, corrigé et perfectionné par figurent dans les catalogues des connaisse à ses grognements d’ours plaisanterie ou du canular, mais tion et exécutions. Ubu-bébé est l’ici présent Maître des Finances. » (1) La Philosophie d’Ubu, PUF, 1999. différentes collections de poche. où elle est – et ce qu’elle est. » d’une sorte de science nouvelle, le grossier père des familles. Mais Sans parler du pal, pratique cou- (2) Alfred Jarry, initiateur et éclaireur, Pour Ubu : Folio-Gallimard (1978, La foule fin-de-siècle, en effet, science des « exceptions », qui il ne serait pas aussi probant sans rante, qui pourrait être décrétée, in La Clé des champs, Sagittaire, 1953. no 980, par Noël Arnaud et Henri est furieuse. Elle ne reconnaît ici enregistre froidement la fin de la Mère Ubu, vieille sorcière avide, après les lendemains qui chantent (3) Cette mauvaise réputation..., Galli- Bordillon) et le Livre de poche aucune de ses valeurs habituelles, philosophie et son remplacement qui n’a rien à envier à la stupidité au Goulag et la fabrication nazie mard, « Folio » no 3149. classique (1962, no 838). c’est-à-dire la bien-pensance tas- par la pure bestialité du calcul. vorace de son époux. de la race élue, par le Conseil pla- sée, la frivolité sur commande, L’idéalisation du genre humain en nétaire de l’Ethique caricaturée et l’humanisme hypocrite, le clérica- prend un coup ? La suite des évé- des Droits de l’homme média- lisme patriotique ou républicain, nements va montrer de quoi il tiques. les petits soucis et les grosses retourne. Frémissements d’horreur dans affaires, la misère et la manie André Breton, dans un texte la salle. Cet Ubu n’est ni un éduca- sociale, la comédie de boulevard magnifique de 1953, insiste, lui teur ni un réformateur. Il n’attend et les romans fleur bleue. C’est aussi, sur la mystérieuse capacité aucun Godot et ne croit même l’époque où les faux-semblants et d’anticipation de Jarry qui « pro- pas que le monde est absurde. Il les clichés pullulent (Proust va phétise et stigmatise dans Ubu roi signale le déchaînement de l’arbi- venir radiographier tout ça), et et Ubu enchaîné les propositions traire le plus éhonté. Toute honte voilà qu’un énergumène vient aberrantes et meurtrières aux- bue, c’est Ubu. Pas de conscience, proférer la vérité nue du pouvoir. quelles nous allons avoir affaire pas de remords, pas de culpabi- Dès le fameux merdre inaugural, après lui ». Il s’agirait d’ailleurs, lité, aucune lamentation, aucune la lumière jaillit des coulisses. dit-il encore, de savoir lire Jarry en imprécation, l’action. L’imposture entier, de ne pas se contenter est énorme ? Il faut être énorme. d’une image convenue (l’adjectif On doit jouer Ubu avec des « ubuesque »), de comprendre de masques, dit Jarry, comme dans le quelle virtuosité imaginaire Jarry théâtre grec antique. Tendre à jouait en secret (voir, par I. La jubilation du Père Ubu l’impersonnel de la tragédie bouf- exemple, Le Surmâle) (2). Même fonne, comme dans Shakespeare. insistance chez Guy Debord : «On C’est le couple parfait et, en un Un conseil : « Si l’on veut que admet facilement, depuis plus de sens, moderne. Avarice et cruauté l’œuvre d’art soit éternelle un jour, soixante ans, et même sans l’avoir sur fond de lâcheté : la Phynance, autant la faire éternelle tout de lu, que Kafka annonçait une le Ventre, la Trappe. La démons- suite. » Personne n’y comprend grande part sinistre de l’esprit de ce tration d’Ubu porte sur la rente et rien dans un premier temps ? siècle. De même que l’on s’est le désir d’esclavage. On crie à la C’est fatal. « Si l’on tient absolu- depuis longtemps refusé à admettre liberté pour mieux s’écraser. On ment à ce que la foule entrevoie que Jarry en annonçait une part feint de désobéir pour mieux quelque chose, il faut préalable- beaucoup plus énorme. Ce sont obéir. Les Palotins, qui forment ment le lui expliquer. » En ces ceux qui savent ce qui se passe dans l’armée d’Ubu (ou plutôt son temps d’éclipse (qui donnent A. La Faim le monde qui goûtent ceux qui armerdre), procèdent à un décer- envie de relire La Lettre sur les (la panse du Père Ubu) savent en parler. (3) » Procès de velage permanent. Ce sont des aveugles de Diderot), méditons, Moscou, règlements de comptes, commissaires du peuple. Quant à avec Ubu, sur la beauté cachée de Le grand Apollinaire, lui, ne s’y pourriture totalitaire, bêtise bru- Ubu, personne, au XXe siècle, son être : « La sphère est la forme trompe pas, ni les dadaïstes, ni les tale, mafia endémique, marionnet- n’aura été plus inconsciemment parfaite, le soleil est l’astre parfait, surréalistes. Il s’agit d’un acte tisme généralisé, la liste est longue, imité. On le trouve à Moscou, à en nous rien n’est si parfait que la révolutionnaire, et Ubu est «un et elle n’est pas près d’être close. Berlin, à Madrid, à Rome, à Pékin, tête, toujours vers le soleil levée, et personnage en passe de devenir N’oublions pas qu’Ubu roi est à Cuba, à Belgrade, à Bagdad, à tendant vers sa forme, sinon l’œil et proverbial comme Gargantua, Gul- d’abord, et par définition, régicide, Tripoli, en Afrique. En Amérique, semblable à lui. La sphère est la liver et Robinson Crusoé ». Mais, de suivant en cela les conseils de sa il est en bonne voie. En France ? forme des anges. A l’homme n’est tous ces héros, Ubu est sans doute Mère Ubu. Le roi de Pologne ? « Je Restons discret, nous risquerions donné que d’être ange incomplet. celui qui a le moins vieilli, et qui tâcherai de lui marcher sur les le supplice : « Torsion du nez, arra- Plus parfait que le cylindre, moins s’impose, jour après jour, comme pieds, il regimbera, alors je lui dirai chement des cheveux, pénétration parfait que la sphère, du tonneau prophète. Guignol ? Oui, mais merdre, et à ce signal vous vous jet- du petit bout de bois dans les radie le corps hyperphysique. Nous, bien davantage, puisque la gui- terez sur lui. » La scène se passe oneilles, extraction de la cervelle son isomorphe, sommes beau. » gnolade, au fond, reste sentimen- polonaisement « Nulle Part » ? par les talons, lacération du posté- Ses camarades de lycée trou- talement attendrie. Le rire pata- Jarry précise : « Nulle Part est par- rieur, suppression partielle ou vaient que Jarry, à seize ans, avait LeMonde Job: WIV3199--0002-0 WAS LIV3199-2 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 18:23 S.: 111,06-Cmp.:05,08, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0042 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 le feuilleton

de Francis Marmande b

Sanfoulescore (suite) On fait les fêtes. Chacun en fait ce qu’il veut. Ou ce Le cadrage-débordement est une figure-clé. La qu’il peut. On ne tire plus de couronnes, c’est interdit seule à servir de matrice à toute philosophie politique – question de sur-sécurité, on en crèvera. gaie. Un des ailiers les plus doués de l’histoire du rug- Depuis exactement la même époque, dans les éle- by, Bernard (Beñat) Duprat, artiste du cadrage-dé- Sanfoulescore vages, partout en Europe (personne à s’en offusquer), bordement, son profil de chanteur basque, sa sil- on scie ou on brûle les cornes des génisses et des houette d’un jour sans pain, sacrifia des dons veaux : moins de coups de corne dans les troupeaux, miraculeux, en tournée tricolore, pour faire la fête. Au plus de facilité à caler les têtes dans les mangeoires grand dam des « gros pardessus » de la Fédération. automatiques, et probablement quelque sombre vo- Ainsi qu’on les nommait. lonté de ridiculiser la tête des vaches ainsi affublée Il ne s’entraînait jamais. Il ne se dopait pas. Il ne d’immenses oreilles qui semblent des escalopes. travaillait pas le rugby. Il jouait. Il jouait comme per- (Même époque encore, on ne leur donne plus de pré- sonne. Après quoi, il faisait rire. Sans doute y eut-il noms.) aussi, dans son éviction, quelque querelle politique (elles le sont toutes). L’indiscipline joyeuse de Beñat Duprat lui coûta sa place en équipe de France. Télépathie Mais, quand on a marqué les essais de pure course A deux reprises, ces derniers temps, la télévision a et de pure gaieté qu’il a marqués, tel l’envol de Parker établi un contact direct entre ceux qui font et ceux qui au break de Night in Tunisia – l’essai à Murrayfield le regardent. Céline Dion (tragique troupière) et un 10 janvier 1968, par exemple, signe avant-coureur de évêque (pas dans le même programme) ont demandé mai –, on peut rentrer en sautant au pays, chanter et à des troupeaux de derniers hommes de s’agiter pour jouer à la pelote. le mari (malade) et le pape (alité), grâce au même sé- Sanfoulescore, disent, devant ce type de talent, les same magique : « Allez-y ! il vous voit. » C’est encore rugbymen sénégalais. un peu naïf comme technique, mais ça vient. Premier étage de cette fusée métaphysique, il fau- drait remonter au curé du Boucau (Pyrénées-Atlan- Lune bleue tiques), il n’y a pas si longtemps, un peu moins d’un « Il leur avait semblé à tous les trois que c’était une siècle. Le saint homme se planquait dans un tonneau bonne idée d’acheter ce cheval. » Moins facile à devi- et hurlait à la congrégation rassemblée dans l’église : ner qu’on ne croit. Certaines premières phrases de ro- « Vous me voyez ? » – Non, criait joyeusement la foule. man, visiblement calculées pour faire « première « Eh bien, moi (il appliquait son œil à la bonde), je phrase », se laissent oublier. C’est leur chic. Evidem- vous vois ! Dieu, c’est pareil. » ment moins coulé dans le plomb que : « Nous étions à l’étude quand le proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait Comme la lune un grand pupitre. » Nous ? Qui, nous ? Jean-Pierre Haigneré, spationaute en rotation à (Mais pas moins mystérieux que : « On m’a appris à l’instant où l’on tape son nom autour de la Terre – en- regarder et à écouter. Et comme depuis le lycée j’ai un fin, on espère –, décrit ses impressions du premier pas souci d’excellence, je regarde et j’écoute excellemment. sur la Lune en juillet 1969 (Libération, 22 juillet). Il dit Mes misères viennent de là. ») le « long frisson » qui l’a alors parcouru. Il se rappelle 4 juillet, est brillante ; Daladier propose la création de Il s’agit du grand-père d’un petit prince : Joseph que « l’astre de la nuit – la blonde Phœbe, comme l’ap- l’ordre des médecins, la prime à la première nais- Kennedy. pelle Jules Verne –, avait été vaincu par l’esprit rationnel Eté 39 sance, un impôt sur l’alcool et les célibataires ; à Vi- et par la technologie ». Vaincu ? Il ne craint pas d’ajou- C’est un dimanche de fin juillet 1999. Dans un coin chy, cet été-là, on renonce à présenter Lohengrin pour ter : « C’était une victoire des hommes, la fierté de notre du 19e arrondissement de Paris accidenté comme la excès de wagnérisme, etc. 6 août 1946 génération et le viol de l’instrument de nos fantasmes. » vallée d’Aspe. Il fait une chaleur de 33 degrés, rue de Elle s’est fondée sur le livre de Maja Destrem, « Hier, retour des fêtes de Bayonne, qui sont la plus Le viol ? Laissons-le encore un peu tournicoter là- Crimée, elle se trouvait absolument déserte. Au sous- L’Eté 39 (Fayard). Elle a publié un album en vinyle du étonnante fiesta qu’il m’ait été donné de voir jusqu’à haut, ça le fera réfléchir. Il pleut des planètes, d’Alfred sol presque introuvable du no 19 de la rue d’Hautpoul, même titre (2110GM83) et un livre sur Johnny Hess présent : défilés en fanfare, promenades de petits Vidal-Madja (Hachette Littératures), est nettement L’Arbre en Scène, à l’heure où ne sortent plus jamais (Swing zazou et sentimental, El Ouns, 1997). groupes de jeunes gens jouant paisiblement de la mu- moins pulsionnel. les toros, 5 heures de l’après-midi, nous ne sommes Elle conclut par une chanson populaire cet été-là, sique basque ou marchant en tête de cortèges de dan- pas si nombreux. Juste ce qu’il faut. Dans la série Mazel Tov. seurs, galopades effrénées suivant des arrêts où tous « Chansons du siècle », une dame au visage très doux, s’asseyent en rond en battant des mains, farandoles de Joseph K. Ginette Marty, chante, accompagnée d’une bande en- filles et de garçons s’efforçant de capturer des passants Au moment où la Gestapo l’a arrêté, Tristan Ber- registrée que commande un homme aux airs de mari- Clair de lune aux cris de “Embrassez !” (c’est, en effet, un baiser qui nard s’est tourné vers sa femme en souriant : « Nous nier. Les arrangements swinguent à l’amiable. La voix Eté 39 : l’ambassadeur des Etats-Unis à Londres est constitue la rançon), (...) toro de fuego (qui provoque vivions jusqu’ici dans la crainte, nous vivrons désormais est posée, bien en place, sans force, sans effets. en vacances à Monte-Carlo. A une dame qui s’in- d’abord, par ses évolutions dans la demi-obscurité dans l’espoir. » Ginette Marty persille les chansons qui se chan- quiète : « Franchement, serais-je ici, madame, si la si- qu’on vient de faire, de grands remous de foule) (...) jus- taient à l’été 39 de paragraphes très simples sur les tuation était si grave ? » Il martèle que ces petites af- qu’à ce que, pour finir, soit envoyée haut dans les airs la événements du temps : « Il ne faut pas briser un rêve, faires n’ont aucune importance, les Etats-Unis ne s’en tourbillonnante “couronne” », etc. (Michel Leiris, Jour- Rendez-vous avec la lune Pourquoi m’avoir donné rendez-vous sous la pluie, Bat- mêleront sous aucun prétexte. Il est d’un antisémi- nal à la date du 6 août 1946, Gallimard.) « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixe- tement de cœur, Complainte de la pauvre céliba- tisme très antisémite. Il sera rappelé pour pro-na- Le baiser des fêtes a changé de prix. Les fêtes de ment. » (La Rochefoucauld, maxime 26, édition de taire... » Entre : la fête de l’ambassade de Pologne, le zisme affiché. Bayonne ont démarré hier. Elles sont extravagantes. 1678.)

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’aventurier L’été en îles Les yeux du monde Un roman d’apprentissage à Maurice Entre autobiographie et documentaire, amoureux d’une étoile et une élégie sensuelle au « Caillou » soixante-deux photos de Raymond Depardon fficier de Napoléon, té- Durant sept mois, Armand cherche à nir est verrouillé pour un îlot inha- Claustre, cette ethnologue fran- méraire explorateur du fléchir la vertueuse hypocrite. Il ne L’ÎLE DES DAMNÉS bité où il est à inventer. A peine RAYMOND DEPARDON çaise prise en otage au Tchad en désert africain, survi- badine pas, se montre fidèle et droit. de Daniel Vaxelaire. plus qu’un récif : on n’y trouve pas Préface de Michel Guerrin. 1974, qu’il retrouvera, photogra- vant miraculeux de Mais ses « caresses innocentes appa- Flammarion, 352 p., d’arbres, ni d’eau, ni presque d’hu- Nathan, « Photo Poche », 144 p., phiera, interrogera, filmera dans le deuxO années d’esclavage, membre raissent comme de terribles déprava- 120 F (18,29 ¤). mus. Qu’importe ! On y fera du si- 57 F (8,69 ¤). désert du Tibesti. Raymond Depar- du terrible clan des Treize, ruiné puis tions » aux yeux de cette « reine de sal, les paysans d’Europe ont be- (Inédit.) don est célèbre. Il écrit les mots richissime, le général de Montriveau Paris ». Il ne comprend pas, de- L’ÎLE DES MASQUES soin de ficelle. On emmène tout crus, des Notes, des légendes revient à Paris en 1816, précédé de sa mande des preuves d’amour justi- de Pierre Lestrade. quelques couples de travailleurs l faut le voir pour le croire. pour ce qu’on ne voit pas et pour réputation. Balzac lui donne la phy- fiées par la force du sien. En vain. Phébus, 140 p., 89 F (13,56 ¤). triés sur le volet. Raymond Depardon, cet ar- qu’on ne s’y trompe pas, devient sionomie de son caractère. De petite En plaçant sur une même balance Les motivations, le projet lui- tiste que le monde entier autobiographe, raconte le monde n gage que bien des I taille, il a le buste fort de « l’audace « la chute d’un empire de quatorze même, les techniques qui le nous envie, n’a l’air de rien. Il de sa tête qui raconte le monde au- tranquille », des traits saillants ans et la chute d’un gant de femme », lecteurs savoureront rendent théoriquement viable sont n’est pas bien grand, trapu, légère- tour. qu’une « énorme et abondante cheve- Montriveau se leurre. Les mois cette Ile des damnés, admirablement décrits, et l’on peut ment vouté, habillé de sorte à ne Soixante-deux photos et quel- lure noire » vient en- passent et Antoi- roman à l’ancienne so- s’attendrir sur les espoirs de cette pas payer de mine. Il n’a pas l’air ques obsessions : le désert, les dé- cadrer... Un portrait nette demeure aussi lidementO construit et dont l’in- famille de robinsons comme sur la vrai, comme photographe. Il se serts du Tchad, du Niger, de Dji- qui n’est pas sans rap- aguicheuse qu’in- trigue commence chez Jules Verne quincaillerie surannée qu’ils bri- tient, depuis longtemps, légère- bouti, d’Ethiopie, le désert peler l’écrivain lui- flexible. Découragé, pour finir chez Tarantino. Sous le colent pour survivre et triompher. ment à l’écart, « cinq à dix mètres, d’Egypte caressé tel un ventre de même. « Craint, esti- trompé, mais éter- récit d’une aventure épouvantable, A l’ingéniosité volontariste, dit-il, c’est ma distance ». Quand femme ; les brumes de la baie mé, peu aimé », il nellement épris, Ar- on perçoit une étude subtile de la presque visionnaire, du père, ré- nous l’avons pratiqué, ici au d’Along ; les ombres de la maison émane de sa personne mand décide une société, de ses mœurs, de ses réac- pondent la force et l’abnégation de Monde, en 1988 – une photo par familiale du Garet, de Lozère ou de une aura particulière. Figures vengeance à la tions en milieu hostile, une la mère, adorable personnage, dé- jour pendant quatre semaines de la Haute-Loire ; d’autres ombres, Naturellement bon de la Comédie Maure, imaginée par confrontation passionnante de ce vouée à son mari sans jamais rien campagne présidentielle –, il rou- d’hôpitaux psychiatriques, à mais rigide dans ses un Balzac qui fut lui- que l’homme a de meilleur avec ce abdiquer de sa personnalité. Le fils, lait à vélo, de Jacques Chirac à Naples ou, sur la photo de couver- sentiments, M. de b même éconduit par qu’il peut tramer de plus horrible, lui, mûrit vite dans l’environne- François Mitterrand, pour le ture, celle de l’homme recroquevil- Montriveau est aux MONTRIVEAU Mme de Castries alors tout cela à travers le microcosme ment difficile de l’îlot, presque un compte de l’agence Magnum. Il a lé en lui-même, tête enfouie sous antipodes « des petites ARMAND DE qu’il fréquentait les d’une famille et de ses employés. homme déjà ! A eux trois, unis, pris sa photo quotidienne, souvent la veste, sur une nappe à fleurs, à singeries parisiennes » Né vers 1780. salons en 1832. C’est la forme narrative choisie par portés par leur amour, ils réussi- en se retournant d’un coup, ni vu Turin. Téléscopage de quatre pho- qui égayent les salons Général. Montriveau re- l’auteur qui permet d’obtenir ce ront à coup sûr. Mais ils n’ont pas ni connu, et nous a donné, en la tos à la file, aveugles de Saïgon, du faubourg Saint- Fils du marquis prend contact avec panaché d’action et d’observation : prévu les moustiques, qui em- publiant, l’air de la politique avant une femme et son enfant au Rwan- Germain qu’il fré- de Montriveau. les Treize, enlève An- un vieux monsieur raconte un épi- pêchent les uns de sortir la nuit, et même que nous autres spécialistes da, Auschwitz-Birkenau, deux en- quente déguisé en Il apparaît toinette, menace de sode de sa jeunesse. L’enfant du le désir, qui empêche les autres de nous apercevions qu’il était en fants à l’hôpital psychiatrique car- mondain. principalement la marquer sur le passé vit des aventures périlleuses dormir. Ça va mal tourner. train de changer. relé blanc de Bacau, Roumanie. Cet homme d’ac- dans La Duchesse front, au fer rouge, comme dans les romans qu’il Sur un tout autre ton, Pierre Les- Il a retenu deux de ces photos Depardon cite souvent Robert tion inaugure la mode de Langeais, d’une croix de Lor- connaît par cœur, auxquels le récit trade célèbre une autre île, la Nou- dans son dernier recueil – dont un Frank, comme référence, parce des aventuriers que deuxième volet raine, renonce finale- ressemble en surface. Mais l’an- velle-Calédonie. Il met en scène, Lionel Jospin au geste impératif, qu’il a mêlé l’autobiographie et le l’on courtise par de la trilogie ment à cette sauva- cêtre qui se souvient, lui, vers 1946, le thème connu des lé- penché sur François Mitterrand documentaire. Un poète, disait de « amusement » au bal romanesque de gerie, choisit l’in- comprend ce qui se passe vrai- preux encagoulés envahissant un au-delà de son âge –, elles ne sont lui Jack Kerouac en préface à son rituel de la vicomtesse L’Histoire des Treize. différence. Humiliée, ment, il assiste à son propre ap- bal masqué : la hideur incognito, la pas l’essentiel qui est partout ail- livre Les Américains, « qui prend de Beauséant. Et c’est la duchesse réalise prentissage de la vie, et le com- contagion en embuscade. Une leurs. Une vie en soixante-deux rang parmi les poètes tragiques de

à cette occasion qu’il MAISON DE BALZAC PARIS 1842 J.-L. BISSON trop tard l’adoration mente. bonne manière de peindre et de photographies. Dix starlettes pour ce monde ». « Quels yeux ! », ajou- se laisse séduire par les charmes de dont elle fut l’objet et trouve refuge A l’île Maurice, en 1912, nous dé- critiquer la société coloniale commencer, photo de groupe de tait-il. On pourrait en dire autant la duchesse de Langeais, minaudière dans un carmel espagnol. Montri- couvrons donc un adolescent à comme le fait le héros. Noble, ré- 1960, avec Catherine Deneuve. Bri- de Depardon et – pardon – paro- magnifique qui s’ennuie dans un veau, après cinq ans de recherches, peine pubère que sa sexualité en- volté par ses souvenirs du temps gitte Bardot fait du vélo, pour dier carrément, pour finir, Kerouac mariage morganatique. Ni volage, ni viendra l’enlever, toujours aidé des combre beaucoup, il n’est pas le où personne n’hésitait à lui serrer suivre. C’était au temps où le beau qui, en conclusion de sa préface, frivole, Montriveau aime d’« un ser- Treize. La duchesse expie dans un seul dans son entourage, mais la main, compatissant envers ses Raymond, à dix-huit ans, menait demandait le nom et l’adresse de la ment fait à la manière des Arabes ». dernier souffle, la veille de sa chut ! Les complexités d’une socié- camarades de douleur, et dur avec une vie de paparazzi, de chic. « petite dame d’ascenseur » photo- Son appartenance à l’association se- libération. té multiraciale, paisible mais strati- lui-même jusqu’au sacrifice libéra- « Nous étions des requins, on faisait graphiée par Frank. Raymond, si tu crète des Treize, association frater- A la lecture du roman, Mme de fiée, pèsent sur la famille : la goutte teur. Si le personnage est roman- des “coups” pas permis. J’achetais as gardé l’adresse des toilettes nelle et romantique d’hommes sou- Castries se reconnaît sous les traits de sang indigène dans les veines du tique, la prose est parnassienne, les des fringues, je portais le costume- pour dames du magazine Géo dés par leur commun refus de la de la duchesse. Furieuse, elle bannit père, à peine décelable, l’empêche mots y prennent des couleurs, des cravate et je fréquentais les ve- (photo numéro 37), à New York, décadence, explique la nature et l’ex- définitivement Balzac, qui avait don- de progresser dans la plantation. parfums, du goût, et cette élégie dettes. » Il a bien changé. Ensuite, deux lavabos face aux gratte-ciel... clusivité de son engagement amou- né au général toute la rage et la dou- C’est un homme fier et courageux, sensuelle du « Caillou » compte c’est la fondation de l’agence Jean-Yves Lhomeau reux. Et décider d’avoir « pour maî- ceur qu’il n’avait su lui-même ma- « crâne » comme on disait alors : il plus, en définitive, que la fable sans Gamma en 1966, qui fera de Paris tresse Mme de Langeais » pèse aussi nifester avec la mondaine. choisit le changement, il quitte moralité du lépreux masqué. la capitale mondiale du photojour- Michel Guerrin lourd que la signature d’un contrat. Pascale Guillopé avec sa famille une île où son ave- Jean Soublin nalisme, l’affaire Françoise est journaliste au Monde LeMonde Job: WIV3199--0003-0 WAS LIV3199-3 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 17:46 S.: 111,06-Cmp.:05,08, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0043 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 / 27 b La révolution des sciences Princes au temps de l’absolu

De Copernic à Newton, Paolo Rossi montre les enjeux philosophiques Comment les Condé, au XVIIe siècle, ont assis leur puissance sur et métaphysiques des découvertes des temps modernes de multiples réseaux d’influence : portrait de groupe par Katia Béguin

gurent plus à titre de valeur. Tel est vaut à titre de révolution intellec- avec sérieux et raffinement que de ce monde. Pour lui, les princes LA NAISSANCE le premier changement des pra- tuelle. LES PRINCES DE CONDÉ l’apparente perte d’autonomie accomplissent un devoir distribu- DE LA SCIENCE MODERNE tiques scientifiques. Le fonctionne- La tragédie de Galilée – son ab- Rebelles, courtisans des Condé au sommet – surtout tif mais tout autant répondent à EN EUROPE ment des académies, qui fleurissent juration le 22 juin 1633, revêtu de la et mécènes dans la France après le retour en grâce de 1660 – une vocation défensive, média- (La nascita della scienza alors, repose sur la discussion pu- chemise blanche de pénitent, à du Grand Siècle n’épuise pas, bien au contraire, trice vis-à-vis du pouvoir royal. moderna in Europa) blique des théories. Cette pratique genoux devant les cardinaux de la de Katia Béguin. des modes de sociabilité nom- Souvent, par l’intermédiaire d’un de Paolo Rossi. courante est une innovation. La Congrégation – témoigne des Ed. Champ Vallon, « Epoque », breux et efficaces à la base. Car ministre, Colbert plus que Lou- Préface de Jacques Le Goff, communication est devenue une risques encourus par les acteurs 460 p., 190 F (28,97 ¤). les Condé surent maintenir de so- vois, ils sollicitent bénéfices, traduit de l’italien valeur en se substituant à l’initia- de cette révolution. Le nouveau sa- lides assises et de réels moyens places, grâces pour leurs affidés. par Patrick Vighetti. tion. La science moderne rompt voir scientifique « naît à la faveur ui ne connaît les pour continuer à peser, à modeler Alors que les institutions mo- Seuil, « Faire l’Europe », 416 p., avec la grande renaissance de la d’une âpre polémique contre le savoir Condé ? Chantilly, bien ces multiples réseaux de clientèles narchiques s’affirment, les Condé 170 F (25,92 ¤). magie du XVIe siècle. Marsile Ficin des moines, des scolastiques, des hu- sûr, Rocroi, la Fronde essentielles. n’en poursuivent pas moins leur Q et spécialement ce traduisit en 1463 les quatorze traités manistes et des professeurs ». Les re- Cette nébuleuse repose d’abord rôle protecteur, favorisant leur opernic était polonais, Ty- anonymes du Corpus hermeticum, tentissements métaphysique et prince, Louis, jeune et sur la solidité entretenue de la pa- autonomie clientélaire à travers cho Brahe danois, Galilée où s’exprimait la vision du monde théologique de ce savoir sont consi- brillant vainqueur des Espagnols, renté, plus imbriquée avec le des relations denses, quoti- et Torricelli étaient ita- de l’hermétisme, selon laquelle de dérables. Le Père Grassi n’avait pas protecteur du roi-enfant en 1648, clientélisme qu’on ne le croyait : diennes, discrètes mais que d’au- C rares élus sont en mesure d’at- tort de souligner la proximité des rapace et hautain, libertin et culti- les Condé favorisent et contrôlent cuns peuvent rendre plus expli- liens, mais la science mo- derne, qu’ils ont fondée, a pour lieu teindre la vérité cachée sous des thèses de Galilée à la fin du Saggia- vé, qui mènera la lutte contre son bien des unions de cousins ou cites à travers lettres de civilité ou de naissance l’Europe. Jacques Le symboles. Lorsqu’en 1637, au début tore avec celles d’Epicure, ce néga- souverain jusqu’à le trahir avant d’alliés, acceptent bien des parrai- livres dédicacés. L’influence per- Goff a confié à Paolo Rossi, du Discours de la méthode, Des- teur de Dieu et de la Providence. une rentrée en grâce domestique. nages. Elle s’alimente aussi à la siste et l’éclat de leur mécénat membre éminent de l’Accademia cartes affirme que le bon sens est Une nouvelle image de la nature et Ce bref portrait n’est pas l’ob- source de leur immense fortune s’avère être alors un autre moyen dei Lincei, la tâche de retracer la « la chose du monde la mieux parta- de la place de l’homme dans la na- jectif du livre précis, précieux et consolidée avec Henri par l’octroi d’entretenir les stratégies d’affir- naissance de cette puissante force gée », il prend position en faveur ture voit le jour. Les matérialistes du intelligent de Katia Béguin. Non de libéralités d’Henri IV et plus mation. Tandis que Versailles unificatrice. La révolution coperni- d’une science qui congédie le vaste XVIIIe siècle en donneront l’inter- seulement parce que l’ouvrage encore par son mariage avec prend de l’importance, les maîtres cienne s’étend sur cent cinquante héritage magico-astrologique de la prétation que l’on sait. Les princi- concerne les trois générations de Charlotte de Montmorency. de l’hôtel parisien du Faubourg, ans, de 1543, lorsque Copernic fait pensée antique et médiévale, atta- paux philosophes de la nature du la famille au XVIIe siècle (d’Hen- mais plus encore du château de paraître le De revolutionibus orbium chée à la distinction des profanes et XVIIe siècle concilient prudemment ri II, né en 1598, à Henri-Jules, INTERMÉDIAIRES Chantilly, pratiquent un mécénat coelestium, à 1687, quand Newton des initiés. la piété et une image du monde de mort en 1709) mais surtout parce Acquisitions, récupérations ambitieux, courageux parce que donne ses Philosophiae naturalis Le traditionnel mépris pour les type mécanique et corpusculaire. Le que la thèse de l’auteur, loin de d’héritage, intéressement aux af- non conformiste. Louis, en parti- principia mathematica. Elle ne se ré- arts mécaniques et l’opposition de monde est comparable à une ma- s’appuyer sur les individus, privi- faires du royaume permettront à culier, en offrant son hospitalité à duit pas à une révolution scienti- la technique et de la science qui en chine, à une horloge. Le Créateur légie le portrait de groupe, la né- Henri-Jules de se trouver à la tête des penseurs hétérodoxes, à des fique illustrée par des découvertes dérive sont d’autres obstacles que la est un divin horloger, et la science, buleuse des réseaux qui garantit de 31 millions de livres au début auteurs en délicatesse (Molière et de premier plan dans tous les do- révolution scientifique du assure Newton, enseigne la perfec- la puissance de la lignée. Enfin, du XVIIIe siècle, mais surtout de son Tartuffe), en favorisant des maines. Elle vaut à titre de révolu- XVIIe siècle a dû surmonter. Rossi tion de ses ouvrages. parce que l’originalité fondatrice continuer à octroyer des prêts, à modes d’expression honnis, tion intellectuelle ; de destruction présente les ouvrages des ingé- Quelques-uns des caractères fon- de ce travail s’articule autour de affermer des droits et des biens, à conforte cette image de protec- d’un système du monde millénaire, nieurs, des artistes et des techni- damentaux de ce que nous appe- la relation tumultueuse et répondre favorablement aux exi- teur des proscrits. essentiellement aristotélicien, et de ciens où s’élabore une nouvelle ap- lons « science » naissent dans les complexe des princes et de leur gences fiscales de l’Etat. Sorte Ainsi, les épisodes historiques naissance d’une nouvelle manière proche du travail et du savoir premières décennies du XVIIe siècle, roi. d’intermédiaires économiques, spectaculaires de la Fronde, que de penser. L’ambition de Paolo Ros- technique. Sans le De re metallica mais les inventeurs de la science Apparemment, l’histoire sé- les Condé, plus encore après 1660, l’on pensait être l’ultime soubre- si – et sa réussite – a été, sans re- (1556) de Georg Bauer – dit « Agri- moderne mêlaient, à l’instar de culaire de cette branche des Bour- perpétuent une autre fonction saut d’un orgueil décalé, appa- noncer à traiter de la nouvelle as- cola » –, sans les Mechanicorum libri Newton, l’alchimie et la créativité bons dessine le profil d’une puis- tout aussi ancestrale : celle d’in- raissent, à travers ce beau livre, tronomie, du principe d’inertie et de de Guido del Monte, publiés à Pesa- mathématique. Le mysticisme py- sance dépossédée, passée de la termédiaire politique. comme l’expression nouvelle la circulation du sang, d’exposer les ro en 1577, on ne comprendrait pas thagoricien inspirait Johannes Ke- révolte ouverte au loyalisme ser- Leur gouvernement de Bour- d’une lutte d’influence majeure. grands axes et les grands thèmes la confiance que place Galilée, en pler, et Tycho Brahe voyait dans vile. A son terme, elle illustrerait gogne, en particulier, situé en Une lutte qui oppose les ambi- qui furent au cœur de cette révolu- 1609, dans la lunette qu’il pointe l’astrologie une application légitime parfaitement le triomphe de l’ab- pays d’Etat, constitue une posi- tions nouvelles d’un Mazarin tion. Trois idées dominent cette vers le ciel. Instrument venu des ar- de sa science. A l’aube de la moder- solutisme monarchique appuyé tion stratégique majeure pour pressé d’étendre sa domination, forte synthèse, le rejet de la concep- tisans hollandais et partiellement nité, des perspectives que nous ju- sur l’abaissement des grands et l’entretien du patronage des et le souci ancien des Condé de tion sacerdotale ou hermétique du accueilli par les militaires mais mé- geons inconciliables coexistent. La leur domestication. Cette soumis- clientèles. La diversité sociale et pouvoir distribuer encore charges savoir, l’intérêt récent pour la tech- prisé par la science officielle, la lu- recherche historique, montre Paolo sion nobiliaire parachevée par culturelle de ces dernières, asso- et faveurs. Le repli obligé, entre nique, les enjeux philosophiques et nette, reconstruite par Galilée, de- Rossi, démêle difficilement l’entre- Louis XIV serait « le corollaire de ciant commensaux de tous 1650 et 1660, ne ruina pas pour- métaphysiques des recherches vient un instrument scientifique. lacs de la magie et de la science, et sa dépendance économique et de ordres, nobles, hommes d’af- tant ce système complexe et la scientifiques. L’entrée des instruments dans la révoque la légende positiviste d’une la perte de son pouvoir d’in- faires, officiers, domestiques, ec- puissance d’une grande maison Le goût du secret et l’art de la dis- science ne fut pas une entreprise fa- marche triomphale de la raison au fluence ». Toute la démonstration clésiastiques, n’empêche pas la fi- que Katia Béguin a su si bien simulation n’ont pas disparu de la cile ; la conviction qu’ils peuvent milieu des ténèbres. de Katia Béguin consiste à revenir délité de constituer – avant mettre en valeur ici. scène scientifique, mais ils ne fi- augmenter et non déformer la vue Jean-Paul Thomas sur cette vulgate pour montrer l’honneur – la valeur essentielle Alain Cabantous

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Heidegger au-delà des clichés Nostradamus historien Des photographies inédites du philosophe allemand prises par François Fédier en Forêt-Noire Deux ouvrages fort sérieux ou lors de ses séjours en Provence dans les années 60 révisent la vision de l’astrologue « prophète »

simple, pas du tout écrasante, ri- par pleurs venu. » Ce quatrain fait-il SOIXANTE-DEUX goureusement ordinaire serait-on PRÉSAGES EN VERS allusion aux succès d’Henri II sur les PHOTOGRAPHIES tenté de dire. Une présence qui en- (1555-1567), PRÉSAGES protestants et François d’Andelot DE MARTIN HEIDEGGER globerait, sans la figer ou la clai- EN PROSE (1550-1559) qu’évoque Chevignard ou aux vic- de François Fédier. ronner, l’idée du retrait. Malicieux DE NOSTRADAMUS toires du « dernier et plus grand des Gallimard, « L’infini », ou concentré, bienveillant, écou- Edition établie, rois de France » dans la troisième non paginé, 95 F (14,48 ¤). tant ou parlant, il est là, puissam- présentée et annotée guerre mondiale, qui selon Jean- ment certes, mais avec une puis- par Bernard Chevignard. Charles de Fontbrune (1) battrait son MARTIN HEIDEGGER sance débarrassée de toute Seuil, 484 p., 140 F (21,34 ¤). plein en 1999 ? Souvenirs et chroniques ostentation et de tout narcissisme, Cette salutaire leçon critique est de Frédéric de Towarnicki. de toute volonté ou de tout désir NOSTRADAMUS, LE MYTHE plus poussée encore dans le livre de Ed. Rivages, 188 p., d’hégémonie. En fait, on perçoit ET LA RÉALITÉ Roger Prévost. Car pour qui lit les 100 F (15,24 ¤). cette simplicité si l’on songe à son Un mythe au temps quatrains des Centuries comme un contraire, notablement plus répan- des astrologues formidable réseau de correspon- eci n’est pas un livre de du : une présence qui se moque de de Roger Prévost. dances à travers le temps, Nostrada- philosophie. On ne trou- cette idée de retrait, qui a besoin Robert Laffont, 270 p., mus ne fait qu’œuvre d’historien, vera en effet dans l’ou- sans cesse de s’affirmer en criant 119 F (18,14 ¤). chroniquant à mots couverts des C fébrilement : « Moi, Moi, Moi ! », scènes contemporaines exemplaires vrage de François Fédier – élève de Jean Beaufret, et intro- de se surveiller et de s’évaluer dans l était prévisible que la fin du au miroir d’autres arrachées au pas- ducteur, à la suite de ce dernier, de le regard des autres... siècle connaisse un accès de sé. Pour éviter tout délire interpréta- Martin Heidegger en France – au- Contrairement à ce que l’on fièvre « nostradamique ». Et les tif, il définit une stricte grille métho- pourrait croire, il n’est pas du tout I dologique : prendre en compte cune voie d’accès explicite, aucune sombres pronostications au- analyse qui puisse nous éclairer sur secondaire d’observer le visage, le tour de l’éclipse solaire du 11 août ne l’intégralité du texte, sans accommo- la pensée du philosophe allemand. corps, les mouvements du corps, risquent guère d’apaiser les esprits. Il dement possible ; recouper les in- Cependant, ces soixante-deux d’un écrivain, d’un artiste, d’un in- est pourtant des lectures plus doctes dices, optant pour le raisonnement photographies prises par l’auteur tellectuel. C’est-à-dire d’une per- des écrits du médecin fameux. contre l’intuition ; respecter l’esprit entre mars 1958 (conférence à sonne humaine. Simplement, lors- En donnant la première édition du temps, mentalités et stylistique du l’université d’Aix-en-Provence) et qu’il s’agit d’un philosophe – ou scientifique des Présages de Nostra- langage ; éviter enfin de traiter les septembre 1969 (troisième et der- d’un écrivain –, il est loisible, et damus, Bernard Chevignard fait textes isolément, pour préserver nier séminaire du Thor en Pro- même utile, de placer ce visage et œuvre utile. Non seulement il ex- l’écoute des échos, dégager le fil vence) apportent un éclaircisse- ce corps à côté de ce qui est pensé, hume ces textes oubliés que l’astro- conducteur qui fait la trame d’un ment, opèrent une ouverture. Mais dit et écrit. Ce qu’on obtient alors logue de Salon-de-Crau en Provence temps tissé. A ce prix seulement on il importe moins de définir cette n’est pas de l’ordre du quantifiable, publiait chaque année dans des Al- découvre un Nostradamus parcou- ouverture que d’en prendre ou même de l’exprimable. On ne manachs largement diffusés et re- rant le temps présent et passé, « sans conscience, de l’accueillir pour ce peut le faire servir à rien. Ce serait trace leur histoire chaotique, trouée jamais déborder sur le futur ». Tandis qu’elle est. Sans lui chercher un plutôt comme une sorte d’évi- de disparitions, de falsifications, de que les énigmes se décryptent, Pré- autre nom. Les choses se trouve- dence, de gratuité – qu’on gagne à récupérations, mais il les débarrasse vost analyse l’obsession chronolo- F. FÉDIER/GALLIMARD F. ront alors reliées et cet accueil « J’aime la Provence avec sa côte marine, parce que s’y annonce méditer... aussi de la gangue de commentaires gique, nécessaire pour entretenir le pourra être aussi, justement, celui le voisinage de la Grèce » : Martin Heidegger, ici au Thor en 1968 Frédéric de Towarnicki appar- plus ou moins poétiques ou frisson devant un inconnu, terrible à de la pensée. De plus, cette ap- tient, lui aussi, comme Fédier et absurdes, qui avaient fini par les force de masques, en regard des proche ne contredira pas celle de nage de la Grèce », avait-il dit à Aix « élèves » attentifs : Michel Deguy, Beaufret, avec lequel il dialogua recouvrir. bouleversements radicaux du Heidegger lui-même. le 20 mars 1958 pour remercier ses Dominique Fourcade, Barbara sur Heidegger, au cercle des fidèles Le parti adopté pour les présages XVIe siècle, où le rêve de retour d’un Un homme est donc là, dans les hôtes de l’université. Il avait ajou- Cassin, Giorgio Agamben... et des témoins de l’auteur d’Etre et en vers illustre bien l’intérêt de ce empire universel comme les rumeurs circonstances publiques ou ami- té, associant Cézanne à son Comme le note François Fédier, temps. C’est au printemps 1945 projet : sous chaque quatrain sont de fin du monde traduisent les an- cales de son travail, ou simplement « propre chemin de pensée » : Heidegger ne semble nullement qu’il rencontre le philosophe, chez rappelés source, variantes et com- goisses d’une société aux repères en promenade sur des chemins de « J’aime tout cela parce que j’ai la gêné par l’objectif. Il ne pose pas : lui, près de Fribourg. Il reviendra à mentaires. On peut mesurer ainsi, opaques. campagne. Il est âgé déjà – il meurt conviction qu’il n’y a pas d’œuvre aucune trace de cette « crispa- plusieurs reprises lui rendre visite. avec jubilation, tout ce qui sépare les Si Nostradamus prophète ne sur- en mai 1976, à quatre-vingt-six ans. essentielle de l’esprit dont les racines tion » qui affecte normalement ce- Les souvenirs qu’il publie au- formes d’interprétation du vit pas à l’investigation, il en renaît Dans une partie de ces clichés, le ne plongent dans un sol original sur lui que l’on prend pour modèle. Ce jourd’hui prolongent, et parfois ré- XVIe siècle des élucubrations historien. Une aubaine pour les sei- paysage est celui de Todtnauberg, lequel il s’agit de tenir debout. » qu’on appelle le « naturel » n’est pètent, ceux contenus dans son contemporaines. De ce point de vue, ziémistes. dans la Forêt-Noire, où le philo- Lors des séminaires du Thor, dans pas recherché ou composé : il est précédent ouvrage, A la rencontre le présage pour avril 1559 mérite Philippe-Jean Catinchi sophe résidait souvent. Les autres le Vaucluse – réunis à partir de immédiatement trouvé. Mais ce de Heidegger (Gallimard, « Le d’être lu : « Roy salué Victeur, Impera- et Olivier Christin images montrent la Provence : 1966 à l’invitation de René Char –, qui frappe le plus dans ces photo- Monde des livres » du 17 dé- teur. /La foy faussée, le royal fait « J’aime ce pays avec sa côte ma- on reconnaît autour de Heidegger, graphies, c’est l’étonnante pré- cembre 1993). congnu. / Sang Mathien, Roi fait su- (1) Nostradamus, historien et prophète rine, parce que s’y annonce le voisi- outre Jean Beaufret, de jeunes sence de Heidegger. Une présence Patrick Kéchichian perateur. / La gent superbe, humble (Rocher, 1980). LeMonde Job: WIV3199--0004-0 WAS LIV3199-4 Op.: XX Rev.: 04-08-99 T.: 17:46 S.: 111,06-Cmp.:05,08, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0044 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 6 AOÛT 1999 portrait b Patrick Mauriès, un homme à part

Il aime les cafés belles choses, mais ils coûtent cher et rapportent peu, alors... » italiens et les « En fait, je ne coûte pas telle- ment cher, estime Patrick Mauriès, « papillonneries et mes livres se vendent comme ils le doivent, ceux de Federico Zeri sont diteur, écrivain, jour- humaines », « ces autour de 10 000, voire 12 000, les naliste, amoureux des excen- Soldati autour de 3 000 et même triquesE anglais, des cafés italiens choses qu’on croit Edith Sitwell, on la réimprime. Et – « ces endroits immatériels, transi- puis je suis dans un groupe où la vo- toires par essence » –, disciple pas- mineures et qui sont lonté d’Antoine Gallimard est de sionné – « mais pas confit » – de maintenir une identité, une forme Roland Barthes, chineur, biblio- au cœur de la vie » : de travail réel. » Sous ses airs phile, ami du couturier Christian d’adolescent flâneur (on ne peut Lacroix... La liste n’est pas exhaus- parcours en imaginer qu’il est né en 1952), tive et il est difficile d’enfermer d’esthète courant les ventes aux Patrick Mauriès dans une image. compagnie d’un enchères, prêt à s’endetter pour Et pourtant, cette époque, qu’il un objet qui le séduit, enclin à dé- voit comme « un moment de fer- « promeneur » en penser le salaire d’un mois pour meture, un retour en force du une édition originale, Mauriès sait XIXe siècle, de l’esprit de sérieux, du liberté dans le temps où il va. Et d’où il vient. Dans son ressentiment », a réussi à lui coller minuscule bureau, au dernier quelques étiquettes : dandy, pré- et les livres étage de l’immeuble de la rue de cieux, dénicheur de textes oubliés, Condé (Paris-6e) qui abrite aussi éditeur de curiosités, personnage Hechter, que je connais depuis Le Mercure de France, il peut, ca- délicieusement décadent, inactuel 1973. Puis tout s’est passé par capil- ché entre ses livres et des photos par excellence. Tous ces stéréo- larité. » qu’il aime, regarder l’avenir et le types, il les déteste, et s’il n’était La revue Le Promeneur, que passé avec une sorte de tranquilli- l’exemple même d’une certaine soutenait Franco Maria Ricci, ve- té et beaucoup d’humour (son as- douceur, d’une manière souriante nait de « l’idée d’une gazette, sistante étant au rez-de-chaussée, de regarder la vie et sa brutalité, il comme au XVIIIe siècle » et était c’est-à-dire quatre étages plus le dirait avec colère. Il se contente faite d’une feuille de vergé pliée bas, il doit quelquefois être mena- d’une délicate véhémence : « Cette en 16. Beau papier, belle typogra- cé de perdre cet humour, quand opposition entre “contemporain” et phie, belles gravures, publication surgissent des problèmes pra- “non contemporain” me paraît ri- de textes rares... tout pour ancrer tiques). dicule. Tout comme ce terme les clichés que refuse Mauriès. De Le petit garçon né à Saint-Ra- d’inactuel : je ne suis pas dans même, les livres du Promeneur phaël d’un père militaire et d’une l’inactuel. Repêcher, ce n’est pas sont cousus et non collés, ce sont mère d’origine libanaise n’était être tourné vers le passé, c’est « pas programmé » pour mettre au présent des choses sur Josyane Savigneau l’amour des livres, avec DAVID SEIDNER DAVID lesquelles on est passé. » « cette famille dépourvue Patrick Mauriès et, ci-dessous, son univers imaginaire vu par Pascale Laurent S’il fallait définir Patrick Mau- tous de beaux objets. « Mais pour- de tradition de culture ». Le jeune riès, le nom de sa maison d’édi- quoi voir de la préciosité ou de l’éli- élève du lycée de Nice, qui n’ai- « Un promeneur est, sement ni de l’aigreur, mais vient tes plus anciens qui se mettent à tion conviendrait assez bien : Le tisme dans cet amour du beau ? », mait pas Molière, auquel il préfé- d’un étonnement devant « cet im- parler de nouveau. Tout est dominé Promeneur. Comme en prome- se demande justement Patrick rait le fantastique, qui lisait Nova- par définition, amené mense mouvement de reniement » par le marketing, qu’accompagnent nade, Patrick Mauriès écrit depuis Mauriès. Il faudrait probablement lis et André Breton – il s’était après la vitalité des années 60 et une volonté d’acculturation reven- vingt ans des textes raffinés ; il a une thèse sur la dégradation du intéressé au surréalisme par goût à faire des rencontres. 70, dominées pour lui par Roland diquée et une sorte de jeunisme pro- eu la responsabilité des pages goût dans la seconde moitié du pour la peinture – n’aurait pas dû Barthes, si bien décrit dans le grammé. Comme si on décrétait un livres de Libération ; il a fondé en XXe siècle pour lui répondre. non plus se retrouver à l’Ecole Le goût de ces amitiés, court livre qu’il lui a consacré : changement de génération sous une 1981 la revue qui l’a fait remar- Sans attendre cette réponse im- normale supérieure de Saint- « Son visage était étonnamment impulsion publicitaire ». Il faut, quer, Le Promeneur ; il a accompa- probable, Mauriès a choisi, avec Cloud. « Jusqu’en première, je ne des hasards et mobile, passant avec la vitesse d’un d’urgence, « prendre la tangente ». gné Franco Maria Ricci dans la Le Promeneur, de tenir sa ligne, comprenais pas ce qu’on voulait de nuage de l’écoute la plus généreuse Nul ne sait mieux le faire que très belle aventure de la revue d’être fidèle à son programme : moi, j’étais inadapté au système de l’occasion : à une totale fermeture ; son regard Patrick Mauriès, toujours présent FMR ; il a travaillé avec Edouard « Un promeneur est, par définition, scolaire. Comme souvent, il y a eu était d’une grande tendresse, iro- où on ne l’attend pas, passant des de Andréis au magazine City et amené à faire des rencontres. Le une rencontre, avec un prof qui a de ces trouvailles nique et indulgent, mais contrastait « papillonneries humaines » (une aux éditions Rivages à leurs dé- goût de ces amitiés, des hasards et donné un sujet que j’ai trouvé in- en quelque sorte avec le reste du vi- évocation de Charles-Germain de buts ; il s’occupe de l’édition des de l’occasion : de ces trouvailles qui téressant. J’ai utilisé ce que je savais qui tombent à point sage : un nez cassé, proéminent, Saint-Aubin, qui se consacra «à la livres français de l’éditeur britan- tombent à point nommé, qui sur Léonard de Vinci. J’ai eu une une bouche lippue, dont il exagé- maîtrise de l’inutile » – accompa- nique Thames & Hudson ; il a tombent juste – tel est le principe, si très bonne note à ma dissertation. nommé, qui tombent rait, affectant une expression gnée de ses gravures sur « les pa- créé, en 1988, sa propre maison, c’en est un, qui nous a toujours gui- Je suis devenu bon. Je suis donc allé gouailleuse, la cigarette fichée au pillonneries humaines ») à ce très d’abord liée aux éditions Quai dés. » Il a ainsi publié quelque en hypokhâgne et en khâgne. Mais juste – tel est coin des lèvres, en une pose dont on émouvant et autobiographique Voltaire et, depuis 1991, intégrée cent soixante-dix titres (dont plus personne à Nice n’avait été reçu imaginait qu’elle correspondait à Vertige, avant de s’atteler à un pro- au groupe Gallimard : « C’est une de soixante-dix dans « Le cabinet depuis vingt ans. C’était comme un le principe qui m’a un stéréotype sexuel lointain et dé- jet autour de Dora Maar pour marque, précise-t-il, c’est-à-dire des lettrés », essentiellement acte gratuit d’aller en khâgne là- suet. » Thames & Hudson, puis défen- plus qu’une collection et moins consacré aux « vies brèves »). bas. » Patrick Mauriès, lui, a été toujours guidé » Il revendique cette « figure de dant avec ardeur mai 68 – « Les ac- qu’une maison d’édition. » « En Il vient d’entreprendre une édi- reçu. « Mon second choc, après la maître » et la liberté que Barthes a quis de cette période sont beaucoup fait, j’ai démarré avec la revue, tion des œuvres complètes découverte de la philo, a été la lec- su enseigner. Bien sûr, quand on plus importants que ses déficits, imaginée avec mon amie Michèle d’Heinrich von Kleist (en quatre ture de Barthes. J’ai tout lu. » Jeune qui a aimé ce livre, demande à Pa- veut garder présente « la forme c’était un moment de liberté, d’ou- volumes). Il publie Mario Soldati, homme passionné, il a écrit à trick Mauriès, non seulement de d’esprit qu’il a défendue », « on est verture » – et plaidant, avec la devenu quasi introuvable en Ita- Barthes. Et venu à Paris grâce à donner des critiques, mais de isolé face à ce néo-naturalisme qui même passion, pour les livres de b lie. Il a été le premier à publier en son intégration à Saint-Cloud, il a prendre la direction de la rubrique règne aujourd’hui un peu partout. Louise de Vilmorin qu’il sort à la biblio France Edmund White, Barbara suivi son séminaire. Deux fois ad- littéraire. Dans « sa dimension de Partout, le refus de la complexité, rentrée au Promeneur. Quand on Pym, Lytton Strachey et bien missible à l’agrégation de lettres, il découverte », le journalisme lui cette fausse moralisation qui est en ressort de son pigeonnier, on a Patrick Mauriès a écrit une tren- d’autres. Il a redécouvert un vieux se fait régulièrement coller à plaît, mais, dit-il, « je ne supporte fait tout son contraire, le retour aux l’impression d’avoir utilisé la ma- taine de livres, récits, essais et romancier que l’Amérique elle- l’oral. « On me répétait que je pas la contrainte du rapport au places bien définies pour tout : les chine à remonter le temps, dans « petits écrits », dit-il. Parmi eux : même avait oublié et qui se ca- n’étais pas fait pour ça. » Ce qui té- temps ». Dommage. On a aimé, personnes, la littérature, qui revient tous les sens, d’avoir fait le grand b Aux éd. du Seuil chait du côté de Princeton, W. M. moignait, de la part du jury dans Libération, partager son en- au XIXe siècle le plus conventionnel écart entre les contraires. Mais on Second manifeste camp (1979) Spackman, mais dans le même d’agrégation, d’une clairvoyance gouement pour l’Italie, sa décou- sous l’alibi du contemporain. Cette a surtout le sentiment d’avoir ren- Apologie de Donald Evans (1982) temps, il découvrait la jeune nou- inattendue. « De fait, ce milieu me verte de Giorgio Manganelli. Il ap- prétendue “nouvelle écriture fran- contré une personne, pas « une Le Mondain (1984) velliste Deborah Eisenberg. Il a faisait peur. Je voyais des profils très portait ce regard d’ailleurs, ce sens çaise” est en réalité beaucoup fonction », ce qui n’est pas, désor- Choses anglaises (1989) exhumé l’Anglaise excentrique déterminés, des carrières. J’ai pour- du jeu, cette alliance entre hu- moins contemporaine que des tex- mais, tellement courant. b Aux éd. Gallimard Edith Sitwell et promu Peter Ac- tant enseigné pendant quelques an- mour et conviction si rares dans le Le Méchant Comte (1992) kroyd. Il a amorcé, dès 1993, la nées. » journalisme. « Ma vie, ce sont des Le Vertige (1999) réévaluation de l’œuvre de Domi- Roland Barthes, lui aussi, avait cassures, conclut-il, un jeu entre le b Aux éd. Quai Voltaire nique Vivant Denon. Un éclec- compris que Mauriès était fait kitsch et le sérieux, un plaidoyer Quelques cafés italiens (1987) tisme qui n’est pas vraiment de pour autre chose, et il l’avait aidé pour l’ironie, pour des choses qu’on d’août b Aux éd. Rivages bon aloi pour les tenants de la à publier, au Seuil, son premier croit mineures et qui sont au cœur Dans Vies oubliées (1988) rentabilité du « produit-livre ». livre, Second manifeste camp, «la de la vie, qui sont fondatrices et 1999 b Aux éd. Plon Mauriès aurait donc dû rejoindre parodie d’un texte de Susan Sontag, qu’on veut parfois oublier. » Il a, en Les Lieux parallèles (1989) le rang de ceux qu’on extermine Notes on The Camp ». Au journal fait, toujours eu la sensation b Aux éd. de la Différence en disant : « Certes, ils font de Libération, Jean-Pierre Thibaudat, d’être un homme à part : au lycée, Fragments d’une forêt (1990) à Saint-Cloud, dans le journa- b Aux éd. du Promeneur lisme, dans l’édition, et même, Roland Barthes (1992) confie-t-il dans Le Vertige, dans Styles d’aujourd’hui, avec son amour des garçons : « Telle est « La culture européenne n’existe pas », Christian Lacroix (1995) la chance inhérente à l’amour de Sur les papillonneries humaines garçons : ne pas appartenir, être au entretien avec ANDRÉ MALRAUX (1996) ban interdit d’emblée toute idée Vies remarquables d’assomption dans un ensemble, (inédit 1945) de Vivant Denon (1998) une généralité, une identité, une b Aux éd. du Regard substance, ouvre “naturellement” Maniéristes (1983) les yeux à l’impossible arbitraire des b Aux éd. Franco Maria Ricci valeurs admises, aux fables René Gruau (1984) communes qu’elles servent, à ****** b Aux éd. Thames & Hudson l’ordre des choses. » On est loin Line Vautrin : bijoux et objets des revendications de conjugalité. (1992) Tous ceux qui imaginent un Pa- Retour sur l’affaire Sokal, Les Bijoux de Chanel (1993) trick Mauriès « fin de siècle », quel Coquillages et rocailles (1994) que soit le siècle, et qui le croient par Jacques BOUVERESSE Christian Lacroix, journal heureux dans ces ultimes années d’une collection (1996) du millénaire, décadence à tous b Aux éd. Schirmer Mosel les étages, seraient bien avisés de David Seidner (1989) lire Le Vertige et d’entendre sa ¤ D.R. nostalgie, qui n’est pas du ressas- En vente chez votre marchand de journaux - 24 F - 3,66