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84 Les usages de drogues illicites en depuis 1999 Guillaume Sudérie*,MichelMonzel**,EmmanuelleHoareau*** l’analyse desévolutions desusagesausein delascènetechno. les observateurs extérieurs. C’estcettetypologiequiserviradefondement à quiconstituentdessous-populations », sélect »et« homogènes tantdufait duvécu identitairequeparlaperceptiondugroupe clubbing « soirées », « urbaines », alternatif « : quatregroupesd’affinité tion desespacesfréquentés, l’espace festifélectronique dans lecadrede TREND, réalisée faire lafêteautrement.C’estàpartirdecette configuration quel’étude, rassemblent unejeunessesoucieusede dans degrandsétablissementsnuit, organisés parfois déclarésounon, appelés , desévénementslégaux, deux, oùlemodedevienomadedes alternatif, dansunmodèle commerciale ;leseconddelafreepartiegratuiteenextérieur, delamusiqueélectroniqueintégrée vecteurs. Lepremierestceluiduclub, lerapàd’autresépoques. lapop, lerock, au mêmetitrequelejazz, changea alorsdestatutendevenant rapidementla référencepourunegénération lamusiqueélectronique tropes. Phénomènemarginal aucoursdesannées 1990, ment culturelspontanéetauto-organisé nerevendiquait unusagelibredespsycho- une placenonnégligeabledanssociétéoùdepuislongtempsaucunmouve- y auraientd’abordlieu[1]. elles enfaisant l’hypothèsequesidesévolutions apparaissaient, mation connus, opérationnelle aconsistéàinscrirel’observation dansdesespacesdeconsom- lastratégieplus émergents enmatièred’usagesdedrogues.Pourcefaire, nvntas l’évolution delatechnos’estexprimée autravers detrois En vingtans, Le début desannées2000futunepériodequivitlemouvement technoprendre L’objectif principaldudispositif TREND estladétectiondesphénomènes Évolution delascènetechno et des usages sein en son ***Sociologue, coordinatriceassociéedusitedeMarseille(TREND) **Responsable durecueilethnographiquesitedeMetz(TREND) 2 ]aéaoéuetplgedsigat enfonc- 3]aélaboréunetypologiedistinguant, [2, Substances psychoactives chez lesamateurs de *Anthropologue, coordinateurdusitedeToulouse(TREND) travellers fait référence.Entreles ■ Évolution de la scène et des usages en son sein 85 , sound , sound systems du matériel. Spiral . La société civile via . La société civile 3 Criminal Act of JusticeCriminal and , d’in- elle est issue du croisement 1 UN MOUVEMENT CULTUREL , sampling fête accompagné d’une saisie » qui accueille plusieurs milliers de personnes UNE MUSIQUE ’ en anglais) est un extrait de musique ou un son réutilisé, souvent joué en boucle, dans une , autorisant l’interruption de tout événement spontané, la saisie PLUS QU , sample Avon Free Avon . Cette sortie des clubs va donner naissance aux premières . aux premières raves. donner naissance va . Cette sortie des clubs 2 anglais, émigrent en France et introduisent le modèle britannique des En 1992, Les médias s’emparent du décède lors d’une rave. une jeune fille À la fin des années 1980,À la fin une loi imposant la fermeture vote l’Angleterre La musique techno a vu le jour à Détroit en 1986. Novatrice par l’utilisa- a vu le jour à Détroit en 1986. Novatrice La musique techno Le mouvement techno apparaît en France à partir de 1990. Les premières Le mouvement Les relations difficiles entre les ravers et la société civile anglaise se conclu- et la société civile ravers entre les Les relations difficiles A TECHNO nouvelle composition musicale. L'extrait original peut être une note, un motif musical ou sonore quelconque. Il peut être original ou réutilisé en dehors de son contexte d'origine. 2. Usines désaffectées, entrepôts, lieux de plein air isolés. 3. Il s'agit d'un événement d'envergure, organisé sans autorisation et rassemblant plusieurs fédérant à cette occasion plusieurs milliers de personnes. sujet. Le gouvernement anglais saisit l’occasion et tente de juguler le phéno- sujet. Le gouvernement mène. Le « fluences diverses. Cette musique répétitive,fluences diverses. hypnotique, presque rapidement est toucher musical va à la notion de transe. Ce courant associée par ses adeptes clubs « essentiellement par l’Angleterre où les l’Europe en passant branchés » styles. de naissance des différents constitueront les lieux heures du matin. Le public,des clubs après deux la fête poursuivre désireux de des lieux plus est contraint de sortir des clubs pour investir malgré cet interdit inhabituels la presse associe la techno aux usages de drogues et à l’ecstasy en particulier. Dans la presse associe la techno aux usages de drogues et à l’ecstasy en particulier. l’encontre des free parties, une action publique est mise en œuvre à ce contexte parfois,avec un arrêt brutal de la 1. Un échantillon ( Émergence de la musique techno de la musique Émergence de l’électronique et du tion exclusive L system parties,raves la fête « manière de faire une nouvelle important ainsi hors des murs français le premier teknival ». En 1993 s’organise du matériel et l’interpellation d’une partie des organisateurs et des participants. des organisateurs du matériel et l’interpellation d’une partie contre-culturelle du mouve- Cette réglementation renforcera la revendication Angleterre,ment en mais aussi un peu partout en Europe. techno en France La dans des lieux inhabituels (châteaux, Elles sont organisées sont payantes. raves catacombes, quelques centaines de personnes, forêts…) et rassemblent notam- Parallèlement,ment de la communauté homosexuelle. les Public Order Act Public Order donne lieu à une répression énergique qui aboutit à une migration vers l’Europe qui aboutit à une migration vers donne lieu à une répression énergique «continentale des fondateurs du mouvement free partie ». ront par la promulgation, en 1994, de la clause 58 du 86 Les usages de drogues illicites en France depuis 1999 uq’umi emi20 tlaedmn i ain » Mariani jusqu’au moisdemai2001etl’amendementdit« rités. Lacommunicationentrel’Étatetlesorganisateurs sembles’apaiser ment estencadréparunimpressionnantdispositifpolicier cantonnéàl’extérieur d’un terrainsuscitedesprotestationsdelapartriverains mêmesicetévéne- qu’il yaitdeproblèmessanitairesmajeurs.Lamiseà disposition parl’État participants. Jospin, correspondraàl'article53delaloi surlasécuritéquotidienne(LSQ) n°2001-1062du15novembre 2001. 5. Cetamendement,unefoisvotéàl'initiative deDanielVaillant, ministredel'Intérieurdugouvernement deLionel matériel àdisposition. tion utilisélorsd'unefête.Par extension,ildésigneégalementlegroupe d'organisateursdesoiréesmettantce »)désignelematérieldesonorisa- systèmedesonorisation 4. Ausensstrict,letermesoundsystem(en français« systems systems Collectifdes le« 000.Enjanvier 2000, 200 édition l’annéesuivante, 000personnes.Ladeuxième lapremière Techno paraderassemble130 année-là, légal etcommercialquisesontfédérésdanslecollectif Technopol. Cette organisateurs derave àsavoir ceuxquiontacceptédeseconformeràuncadre »au-delàdelasimplegratuité[4]. liberté le sensde« »prendraalors free leterme« free parties.Notonsquedanscecontexte répressif, »;ceuxqui refusenttoutcontrôlesocialcontinuerontàorganiser des raves « les espaces. Ceuxquichoisissentlalégalitécommercialisentleurssoirées, Order Act à hautsrisques akvl» epeirale ain,le1 ».LepremieralieuàMarigny, sarkoval « que NicolasSarkozy estdevenu ministredel’Intérieur–parleursdétracteurs rapidementbaptisés–alors », teknivals officiels proposée l’organisation de« relations entreorganisateurs etautoritésadministratives. Danscecontexte est »chargés defaciliter les médiateursdépartementaux nent lanominationde« non àunrégimedebonnespratiques.Les sitif etprévoit unrégimedifférencié selonquelesorganisateurs souscrivent ou undécretpréciseledispo- l’image transgressive qu’ilvéhicule.Enmai2002, L’attractivité qu’exerce cemilieusurlejeunepublicserenforcedufait de acteurs concernés.Ilspoursuivent leursactivités endehorsdel’ordreétabli. de personnesattendues.Cetteapprochenesatisfait paslesrevendications des lenombre lesmesuresdesécuritéetd’hygièneprises, lelieudelafête, sateurs, précisantl’identitédesorgani- les freepartiesàunedéclarationenpréfecture, rassemblements festifsàcaractère musical n20,l envld hmlyrsebejsuà9 0 esne,sans 000personnes, leteknival deChambley rassemble jusqu’à97 En 2004, n19,unesecondecirculaireinterministérielle reconnaîtunepartiedes En 1998, lacirculaireinterministérielle« En 1995, 4 » pourlapromotiondetechnolibrerassembleunecentaine français. Ilsréclamentlareconnaissancedesfreepartiesparlesauto- .Lsognstusdééeet edvsn,créantlàencoredeux ». Lesorganisateurs d’événementssedivisent, » auralemêmeeffet quele« sound systems ». Cetexte viseàsoumettretoutes rmnlAto utc andPublic Criminal Act ofJustice er e ore ae dessituations : les soiréesraves a 03 ndnmr 0000 mai 2003.Ondénombre40 se mobilisentetobtien- 5 « relatif àcertains sounds sound Évolution de la scène techno et des usages en son sein 87 « Borealis » en 1999, ou le « des Teknival versus , constaté et certains sounds systems se sont vu confis- a été 6 TEUFEURS ET USAGES DE DROGUES , mai 2009,Andélys, aux dans l’Eure. Cet événement a été promu, par le En se centrant sur la culture techno, TREND a mis en évidence des dispa- Les teknivals officiels sont organisés, officiels Les teknivals jusqu’en 2008, à raison de quatre par ECHNO er Tous les teufeurs ne se ressemblent pas… Tous encadré). En resserrant la focale sur la (voir rités selon les groupes d’affinité question des drogues, césure d’une l’identification ont permis les investigations «nette entre les groupes d’affinité alternatif » et des « soirées urbaines » et les groupes « sélect » et « clubbingde miques et culturelles de chaque groupe étant vraisemblablement à l’origine » [3]. Les caractéristiques sociales, écono- ces différences. T an. Ils continuent de rassembler des populations importantes,an. Ils continuent de rassembler des populations mais qui diminuent graduellement, en 2007, Rozières Toul 40 000 personnes à 20 à 30 000 000 en 2008. En 2009,personnes à Crucey n’a été organisé. officiel aucun teknival En revanche, « le Collectif des sounds systems a impulsé un teknival » le free 1 insoumis » en 2008). du teknival. On assiste à une médiatisation certaine de l’événement, certaine assiste à une médiatisation On du teknival. contri- à des cet espace alternatif ouvrir va Cette surmédiatisation à son succès. buant de curieux,populations Une marchandisation éloignées du mouvement. très de l’espace, inconnue jusque-là, Cela poussera ultérieurement se développe. des free parties, l’espace de teufers à se replier vers un certain nombre plus « et favorisant confidentiel l’entre soi À cette période, ». en réaction à cette démocratisation, parallèlement aux organisées des contre-manifestations sont événements autorisés, les «Teknival Contre », ou «Teknival Fuck » en langage indigène, d’événements alterna- dans une tradition de proposition s’inscrivant tifs (« Fuck Borealis » biais de sites internet spécialisés, sous l’appellation « Libres Les Ravers ». Il se voulait : « à l’ancienne, Organisé notre force (les organisa- de prouver afin de nos droits fondamentauxêtre privés teurs) et notre détermination à ne pas : la culture et la liberté 26 a rassemblé ». L’événement 000 personnes, dans des Le décès d’un jeune homme,conditions sanitaires difficiles. par les qualifié médias d’overdose quer leur matériel. 6. Information de l'AFP publiée le 02/05/09 à 15h54, modifiée le 03/05/09 à 12h01 et reprise par Le Point.fr ainsi Point.fr 6. Information de l'AFP publiée le 02/05/09 à 15h54, modifiée le 03/05/09 à 12h01 et reprise par Le que le site internet de presse Rue89. 88 Les usages de drogues illicites en France depuis 1999 dans unelogiquededistinctioncontre-culturellehédoniste. »développent unetonalitéplusrevendicative etidentitaireinscrite » alternatifs soiréesurbaines et « ceuxdesgroupes« », clubbers »et« select des groupes« les usagesditsrécréatifsrenvoient àunedimensionhédonistechezlesmembres de représentationsetcomportementsparticuliersparrapportauxdrogues.Si estaucentre quellequ’ellesoit, d’une appartenanceàuneculturealternative, Les usagesdedroguessontportéspardesvecteurs culturels.Larevendication électronique etétiquetées«Clubélectro»dontcertainssontlabellisés « » clubbing Le groupe« panel decequis’écoute parailleursdansl’espace alternatif. groupes. Lescourantsmusicauxappréciéssontvariésetcouvrentpratiquementle mation musicale.Laproportiond’étudiants estplusimportantequedanslesautres en festivalélectro.Sesmembreschoisissentavanttoutunlieupoursaprogram- » soiréesurbaines Le groupe« hardcore et de musiqueécoutéesontdifférenciésetleplussouvent,plusieursplateauxson porteurs d’une contre-culture, maisteintéed’une composantehédoniste.Lesstyles deraveseperçoiventégalementcomme couverts louéspourl’occasion. Lesamateurs 000personnes dansdeslieux raves parties,àentréepayante,regroupentjusqu’à 6 :hardcore,hardteck,tribe.Les tendances lesplusagressivesdelafamilleélectro sitions musicalesappréciéeslorsdecesrassemblementsseclassentdansles ».Lescompo- contre-culture diquent uneimagedécaléeetleurappartenanceà« à 800personnesenviron,sontgratuitesousurdonation.Lesamateursdefreereven- de teknivals.Leplussouventorganiséesàl’extérieur, lesfreepartiesregroupent200 » alternatif Le groupedit« Typologie desgroupes d’affinités eet»nese recoupequepeuoupasaveclesautres. select « programmation musicalecomposée essentiellementdehouseetdance.Legroupe »,etdécrient leur bourgeois »de« select finité qualifientleslieuxdeprédilection « »etuneimage chicetbranchée.Lesautresgroupesd’af- l’entre soi tion etcultive« » sélect Le groupe« drum’n’bass. par lesesthètesdusonélectroniquepeuventêtrediffusés,trance, jungleelectrodub, entendus ensoiréesurbainesoualternatives.Cependant,desstyles plusappréciés généralement delahouseetdance,courantsmusicaux rarement oujamais budget importantàsessortiesetsonhabillement.Lesmusiques diffuséessont Ce groupeestessentiellementconstituéd’une populationhédoniste,quiconsacreun dance floors et hardteck asetl hi e ers: laissent lechoixdesgenres . fréquente deslieuxaccessiblesleplussouventparcoopta- se réunitdansdesboîtesdenuitdédiéesàlamusique rassemble lesamateursdefreeparties,raveset se retrouvedansdesbarsmusicaux,etparfois trance, jungle,drum’n’bass gay friendly , maisaussi ». Évolution de la scène techno et des usages en son sein 89 . qui parcourt l’Europe satellites préférés. Bien entendu, . Les frontières y sont . Les frontières y et des trance traveller vivent totalement la dimension vivent sounds systems et de la fondateurs expérimentateurs jungle , des , de la . Ces derniers vivent plus en conformité avec les normes plus en conformité avec . Ces derniers vivent estiment souvent appartenir à l’histoire de l’underground, estiment souvent fondateurs . breakbeat free , du fondateurs expérimentateurs Un teufeur, effet, en les soirées de la pour laquelle est une personne Durant vingt ans, du renou- du fait les événements festifs techno ont évolué En 2007,TREND [5] a tenté de catégoriser la population de le dispositif Les mouvance techno alternative,mouvance leur régularité, quelle que soit lieu constituent le à la musique électronique, attaché Très de prédilection. n’écoute d’ailleurs qu’il les soirées,pas uniquement dans il a ses les teufeurs ne constituent pas un groupe homogène et se distinguent suivant pas un groupe homogène et se les teufeurs ne constituent autour du Les quatre principaux milieux s’organisent les courants musicaux. hardcore poreuses, circuler entre plusieurs espaces et il est fréquent chez les teufeurs de Ainsi,musicaux. leur trajectoire de participants, au cours de ils peuvent tel espace (free partie, tel ou privilégiée de façon fréquenter successivement partie,rave teknival) en âge, ; au fur et à mesure de l’avancée une on observe au détriment les soirées privées les soirées urbaines ou tendance à privilégier des soirées vellement de ses acteurs. La culture techno,vellement perçue comme uniforme souvent par les profanes, en réalité en courants musicaux, se décompose mais aussi en culturel à ce mouvement d’affiliation groupes sociaux construits selon le degré : ses modèles, ses codes,Autrement dit, son histoire. au-delà même des cultures musicales, être identifiés ou moins homogènes peuvent des sous-groupes plus de ce lien d’appartenance L’analyse une appartenance à cet univers. revendiquant les types de populations qu’en- permet de mieux comprendre et de différencier notion de culture techno. Du globe cette vaste au « alternative jeune errant en quête d’affiliation », en passant par celui qui sort occasionnellement « en teuf ou d’études, » après une semaine de travail les immenses. écarts sont en effet dépend de critères cultu- classification l’espace festif électronique alternatif. Cette rels, économiques et sociaux. Combinés entre eux, l’appartenance ils définissent aux groupes des et se sentent les héritiers des mouvements hippie et punk. Minoritaires,et se sentent les héritiers des mouvements ils et constituent des modèles identificatoires dur du mouvement forment le noyau En règle générale, de cette mouvance. aux populations plus périphériques Sensibles aux l’espace festif commercial ne les a jamais attirés ou satisfaits. que véhicule la musique,valeurs revendicatifs les textes ils apprécient souvent la société. Les ou critiques envers contre-culturelle aussi bien pour le temps de la fête que pour le quotidien. Il n’y a pas de discontinuité entre la semaine et le week-end contrairement au groupe des de la société, festif techno alternatif à l’espace mais préfèrent bien souvent celui dit « commercial plutôt dans une démarche d’opportu- ». Ils s’inscrivent nité (« la fête autrement faire identitaire. ») que dans une véritable affiliation dans l’espace alternatif pour sa gratuité,Ils vont sa liberté et la « déconnexion » 90 Les usages de drogues illicites en France depuis 1999 o sg ersnat ncex l’impossibilitédes’émanciper desusages encreux, son usagereprésentait, s’ilsutilisaientlavoie intraveineuse. consommateurs d’héroïned’autantplus, très virulentelaprésencedesopiacésetcontribuera àlastigmatisation des lemilieudelatechnonieralongtempset demanière produit danslesfreeparties, TRENDfaisait étatdelaprésencece déjà, injecteur désocialisé.Mêmesi, étaitessentiellementcelledel’héroïnomane de l’usagerdroguesàproblème, différentes durestedelasociété. ycompriscellesconcernantlechoixdespsychotropesseveulent pratiques, toutesles au profit desdroguesdesynthèse.Dansunprocessuscontre-culturel, » traditionnelles témoignentdurejetdecesmoléculesdites« tion desrisques, commelespremiersacteursdelaréduc- lesethnographes, monde delatechno, ».Lorsquelesinvestigations TREND débutent dansle showbiz la droguedu« tions [6]. vont avoir unimpactmajeursurlatransformationdesconsomma- du milieu, enliendirect avec lephénomènedemassification sive desvaleurs originelles, lerenouvellement desacteursetlaperteprogres- transformation del’espace, estaucentredesusagesdudébut desannées 2000. La peu connuàl’époque, finalement encore ».Ceproduit, transe électronique ecstasy estaucœurdela« lecouplemusiquetechnoet culièrement desdroguesdesynthèse.Eneffet, préoccupent dudéveloppement delaconsommationdroguesetplusparti- :résurgencedesproblématiquesaddictives Cocaïne, héroïne ce groupedes urbain seuil situésdansleszonesurbaines.Laporositéentreespacefestifet acteurs delaréductiondesrisquesl’espacefestifetparlesdispositifsbas repérées parles part desnouvelles populationsengrandevulnérabilitésociale, sansqu’ilyaituneréelleaffiliation alternative. Cegroupereprésenteune donné, àuninstant fête danscetespaceconstitueunmomentduparcoursd’errance, lefait defaire la pourd’autres, techno etstructureunmodedevieprécaire, seconstruitparuneidentification àlaculture relatifdanslesfaits, le nomadisme, personnes inscritesdansdesparcoursd’erranceoudeprécarité.Sipourcertains, espace. Legroupedes nibilité desproduitspsychoactifsdontcertainsnesontaccessiblesquedanscet etévidemmentaussipourladispo- qu’il représenteparrapportàleurquotidien, on,ateetdtdspronsaatuecnomto rbèe»(voirl'annexeméthodologique). àproblème soins, autrementditdespersonnesayant uneconsommation« 7. L'espaceurbain,pourTREND,recouvre leslieuxfréquentésparlapopulationencontactavecstructuresde ocratl oan,smoed adou el êe«taiinel », traditionnelle symboledeladroguefête« Concernant lacocaïne, autrementdit lafigure socialedutoxicomane, Rappelons qu’àcettepériode, »etlacocaïne diable l’héroïne alongtempsincarnéle« Dans cetespace, lesacteursdesantépubliquese Depuis l’originedumouvement techno, 7 dniieds20 a edsoii RN,concerneessentiellement identifiée dès2000par ledispositif TREND, , satellites satellites . apparaît commeétantàpartetestcomposéde Évolution de la scène techno et des usages en son sein 91 , à des états dépressifs ou anxieux 8 , terme apparu dans les années 1970, décrit la profonde angoisse parfois ressentie lors de la prise , autrement dit de crack, dans cet espace cesser de se diffuser qui ne va 9 bad trip La diabolisation de l’héroïnomane et le rejet des psychotropes festifs tradi- l’héroïnomane et le rejet des psychotropes La diabolisation de Parallèlement, opposent les d’usage différents des fonctions et des contextes Progressivement, d’usage, les parcours les échanges de pratiques en lien jusqu’au milieu des années 2000. L’apparition d’intoxications à l’ammoniaque, jusqu’au milieu des années 2000. L’apparition phénomène décrit régulièrement aujourd’hui par les acteurs de la réduction des risques, en est la preuve. drogues festifs classiques. Faire la fête autrement, classiques. Faire drogues festifs fête « la c’est faire hors des murs », nouvelle, sur une musique différentes, des pratiques avec de excluant fait, commerciale. les usages de drogues de la fête consommation d’al- cocaïne mais aussi certains types de tionnels comme la ce sens, usages de drogues dans cet espace. En structurer les cool vont le jeune drogues stimulantes et hallucinogènes,teufeur prenant des connues hors de peu ce milieu, Les dommages, nouvelle. festive une expérience s’inscrit dans comme spécifiques, modifiés les états de conscience distance les modèles mettent à festifs traditionnels. d’usage de drogues aux drogues, usages de défonce. Les dangers associés usages récréatifs aux de la surdose, voire du côté de la dépendance pensés exclusivement furent long- aux produits de « ou attribués niés temps minimisés voire coupe » même si l’usage de substances, comme l’ecstasy, le LSD, hallucino- les champignons gènes, les amphétaminiques, associées à des problèmes ont été rapidement psychologiques, les « à savoir bad trip » post-prise, à long terme [6]. En effet, ainsi qu’à des risques neurotoxiques les statut à la surdose létale qu’aux «représentations ne donnent pas le même bad trips » qui littéralement ne sont que de « voyages mauvais actions ». Seules les des problèmes auront permis de de la réduction des risques et l’autorégulation limiter les dégâts, rarement à l’origine d’une demande d’aide dégâts qui sont à l’arrêt des consommations. dynamique transfor- ont créé une du mouvement la massification direct avec mant les représentations, ainsi que les modalités les molécules consommées d’usage. Les « vieilles drogues traditionnelles », opiacés et cocaïne entre autres, ainsi que les modalités d’usage associées, « ont rattrapé certains teufeurs » de la « L’exemple engendrant des problèmes très classiques. rabla », perçue un reprendra rapidement son appella- (elle temps comme un produit spécifique tion d’origine, l’héroïne), de dépendances [7] est sera à l’origine de débuts qui de même pour la consommation de free à cet égard symptomatique. Il en va base d'hallucinogènes, notamment le LSD. du 9. Encore aujourd'hui les usagers de free base considèrent pour une grande majorité qu'ils ne consomment pas crack même si la connaissance du fait qu'il ne s'agit que d'une distinction sémantique progresse depuis peu. 8. Le 8. Le 92 Les usages de drogues illicites en France depuis 1999 tion desacteursdel’espace festif techno. l’usaged’opiacésstructurelacatégorisa- commeledegré deprécarité, nique, différencier lesacteurs.Commel’adhésionàlaculturedemusiqueélectro- consommations desopiacésagissentainsicommemarqueurs quiviennent lesmotivations etlescontextes de selon lesgroupessociaux.Lesmodalités, fait apparaîtredesspécificités d’usage depsychostimulantsetd’opiacés, gènes, de lacocaïnebase. %àdéclarerconsommer %et4,5 respectivement 13,4 enoutre, ».Les membresdeces groupes sont, amateurs dessoiréesurbaines %des« »et3,5 tifs 10. Consommationaucoursduderniermois. e efus l’usage récent autrementdit les teufeurs, », soirée urbaine »et« alternatif « parmi lesgroupesd’affinités, psychocatives chez lesamateurs del’espacefestifsÉlectro nent qu’unepetiteproportiondesacteursdecettemouvance culturelle. toutefois quecesscénariosdepertecontrôledesconsommationsneconcer- drogues horsdesfonctionsetcontextes d’usagefestiforiginels.Ilfaut noter exportent lesusagesde lacocaïnechlorhydrateetbase, associées àl’héroïne, lesdynamiquesdedépendancesetcompulsion d’autres typesdeproblèmes, ntre ulttf,l’observation despolyconsommations d’hallucino- En termesqualitatifs, ’neto nmle etf:l i ’ntbu? :lafind’un tabou L’injection enmilieufestif ntre uniais l’étuderéaliséedanslecadrede TREND, En termesquantitatifs, Loin desdroguesdetranseetd’introspectionpotentiellementàl’origine dans lesquellescespratiquesseréalisent. »rendd’autant plusdifficileslesconditionsdesalubrité teufeursinjecteurs de ces« de santépubliqueetdemeureunproblèmetrèssensibleen2009.Lamiseàl’écart des risques,cemoded’administration représenteunequestioncentraleentermes Toujours fortementstigmatisé,difficilementdiciblemêmesurunstandderéduction ou enintramusculaire. ments desubstitutionauxopiacéssontparfoisconsommésparvoieintraveineuse façon encoreplusrare,desproduitscommelakétamine,MDMAoumédica- L’héroïne etlacocaïnesontlesdeuxproduitsprincipalementinjectés,mêmesi,de tion majoritairementreprésentéelorsdecesévénementsfestifs. ;popula- pratiques d’injection àrisqueplusimportantesparmilajeunegénération d’injection àmoindrerisqueparlesconsommateurs,mêmesil’on observedes l’injection. Cetindicateurpeutégalementtémoignerdurenforcementdespratiques acteurs delaréductiondesrisques,peutrenforcerceconstatrelatifàhausse riels deprévention(kitsouseringues)délivrésàl’occasion decesévénementsparles les investigationsduréseauTREND[8].Lahausseconstatéenombredematé- Les pratiquesd’injection, longtempsniées,sontdécritesaujourd’hui clairementpar 10 ’éon s élr a 55%ds«alterna- %des« d’héroïne estdéclarépar15,5 23,indiqueque, [2,3], Substance Évolution de la scène techno et des usages en son sein 93 sont sont plus radicaux. expérimentateurs satellites comme les comme les fondateurs Les concepteurs de TREND ne s’étaient pas trompésLes concepteurs de : l’espace festif depuis Dans le monde alternatif,Dans le monde les des Les usages de drogues de la population On le voit, l’hétérogénéité des usages de psychotropes au sein de l’espace ONCLUSION techno, tendances, ont pu appréhender une partie des nouvelles les observateurs des drogues en France. du phénomène et des évolutions des phases de diffusion des substances stimulantes comme la MDMA,L’émergence la cocaïne chlor- plus généralement dans une approche festive des drogues,approche festive dans une plus généralement impor- la molécule et de la autour de la musique à un discours associent les produits tant peu. Ils fête. Les usages, de consommations de psycho- principalement autour organisés stimulants et d’hallucinogènes, des dynamiques de dépendance préservent les utilise les opiacés, de cocaïne base. Une minorité des usagers à l’exception le d’autres produits ou une optique de régulation de la prise dans plus souvent lors de « descentes Cependant, à la prise de stimulants. » consécutives les de mettre en diffi- de contrôle de l’usage sont susceptibles périodes de pertes informés des risques, conscients et d’entre eux. Souvent culté un certain nombre réduc- d’équipes de à des interventions du recours être à l’initiative ils peuvent d’événements festifs,tion des risques lors de réduire les par volonté soit dommages, s’agit d’événements plus impor- soit par contrainte légale lorsqu’il tants. Pour ceux qui le souhaitent, de prise en la formulation d’une demande n’est pas simple. Ces populations,charge peu concernées par la question de la dépendance aux opiacés, compulsifs, plus par des usages de cocaïne en parti- culier, a du qui à entrer dans un dispositif de prise en charge difficultés ont des [9]. mal à appréhender ce type de problème C Les observations permettent de décrire un groupe caractérisé par des usages permettent de décrire Les observations de psychotropes quotidiens, marqueurs de l’addiction, et des situations sociales et sanitaires parfois lourdes. Ici, les prises de drogues de l’espace festif techno du type ecstasy, LSD, kétamine s’articulent à des usages plus classiques d’alcool, de médicaments psychotropes et d’opiacés. La consommation de ces derniers, Subutex®, héroïne voire dans le cadre d’usages non-substitutifs [10], Les « intraveineuse. voie par la peut être quotidienne et s’effectuer des drogues teufeurs » ne constituent pas, dans ces populations, le cœur des usages de en fonction des opportunités. psychotropes mais plutôt des usages réalisés qui le fréquentent. De la des types de populations techno reflète la diversité et contre-culturelle,dimension alternative s’appuyant parfois sur un discours d’une forme de fête différente,idéologique fondé sur une expérimentation aux subis,processus de désaffiliation en matière de drogues recouvre l’expérience qui embrassent un spectre très large différentes des significations : de l’hédo- nisme à tonalité libertaire à la défonce pure et simple à visée d’oubli. 94 Les usages de drogues illicites en France depuis 1999 en plusdispersésetinaccessibles. couvrir unmaximumd’événementsquirisquentàl’avenir deserévéler deplus sera ducôtédelaréductiondesrisquesquidevra multipliersesefforts pour enestunepreuve. Ladifficulté alors en sommedefaire unretourauxsources, sound systems ciale onttuéenpartielesutopiesoriginelles.Lavolonté actuelledenombreux lemouvement technoenFranceestàlacroiséedeschemins. son émergence, quinzeansaprès matique entretechnoetusagesdedrogues.Quoiqu’ilensoit, fondéesurl’assimilationsysté- à unecertainestigmatisationdumouvement, de dépendance.Elleaattiréaussil’attentiondespouvoirs publicsetconcouru lesrenvoyant parfoisàdesproblèmestrèsclassiques », teufeurs d’usage des« éclectiques. Cettemutationaeuunimpactsurlesévolutions descarrières etengendrant deslogiquesd’usagededroguesspécifiques ettoutaussi culturel, s’inscrivant dansdesrapportsparticuliersavec cetespace teurs trèshétérogènes, ces dixdernièresannéesontpermisdemettreenévidencelaprésenced’ac- monde homogènemaisàdesréalitéstrèscontrastées.Lesinvestigations menées et pourdesfonctionsbienspécifiques quirenvoient deplusennon àun sontdespsychotropesconsommésdanscontextes parfois trèsconfidentielles, labenzylpipérazineoud’autresmoléculesdesynthèse, la lakétamine, l’héroïne, leLSD, cocaïne, », speed le« laMDMA, l’ecstasy, lités d’usage. Ainsi, adiversifié lesmoléculesconsommées etlesmoda- milieux festifseturbains, par l’expérience originelledes dufait del’arrivée denouvelles générationspeumarquées nouveaux usagers, graves chezdesusagersactifs. ainsi quelerecueildeséchantillonsàl’origined’intoxicationsplusoumoins tification delaplupartdesnouvelles moléculesapparuescesdernièresannées loppées danscetespace.EllesontpermisaussiauprogrammeSINTESl’iden- sont desphénomènesque TREND apudécriregrâceauxinvestigations déve- ladiffusion plus large delakétamine »del’héroïne, retour le« hydrate etbase, Références bibliographiques Il aétévictimedesonsuccèscarlamassification etlarécupérationcommer- ilsdousd ytèefrn ogep arfrne l’émergence de Si lesdroguesdesynthèsefurentlongtempslaréférence, OFDT, 2007. » électroniques musiques substances psychoactivesdansl’espace festif « [3] REYNAUD-MAURUPT(C.) », les amateursdel’espace festifÉlectro Substancespsychoactiveschez [2] REYNAUDMAURUPT(C.),CADET-TAÏROU (A.),« 2000. 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