VILDE FRANG Violon SOL GABETTA Violoncelle BERTRAND CHAMAYOU Piano Et Direction
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VILDE FRANG violon SOL GABETTA violoncelle BERTRAND CHAMAYOU piano et direction ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE DIMANCHE 31 MARS 2019 16h © MARCO BORGGREVE marco borggreve marco LUDWIG VAN BEETHOVEN Fantaisie pour piano en sol mineur opus 77 (10 minutes environ) PHOTOGRAPHY BY: PHOTOGRAPHY MAURICIO KAGEL Ludwig van, hommage à Beethoven (15 minutes environ) LUDWIG VAN BEETHOVEN Quintette pour piano et vents en mi bémol majeur, op. 16 1. Grave – Allegro ma non troppo - 2. Andante cantabile 3. Allegro ma non troppo (25 minutes environ) - Entracte - LUDWIG VAN BEETHOVEN Triple Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre en ut majeur, op. 56 1. Allegro - 2. Largo - 3. Rondo alla polacca (40 minutes environ) VILDE FRANG violon SOL GABETTA violoncelle HÉLÈNE DEVILLENEUVE hautbois NICOLAS BALDEYROU clarinette JULIEN HARDY basson « Quand les mots manquent, steinway parle ! » ANTOINE DREYFUSS cor JULIEN DABONNEVILLE alto NADINE PIERRE violoncelle YANN DUBOST contrebasse BERTRAND CHAMAYOU CAMILLE BASLE timbales steinway artist ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE JI-YOON PARK violon solo BERTRAND CHAMAYOU piano et direction Ce concert est diffusé en direct sur France Musique et présenté par Benjamin François. Steinway & Sons Paris Ce concert sera également disponible en streaming sur francemusique.fr pendant un mois. 230 bd Saint-Germain · 75007 Paris Tel: 01 45 48 01 44 · steinway.fr Steinway_Künstlerposter_Bertrand_Chamayou_140x210mm+5_4c.indd 1 14.03.19 09:22 LUDWIG VAN BEETHOVEN 1770-1827 MAURICIO KAGEL 1931-2008 Fantaisie pour piano opus 77 Ludwig van Composée à Vienne en 1809. Dédiée au comte Fanz von Brunsvik. Nomenclature : piano seul. Nomenclature : hautbois, clarinette, basson, cor, piano, timbales, contrebasse, alto, violoncelle. À quelques mois d’intervalle, Beethoven a composé deux fantaisies aussi En 1969, pour préparer l’anniversaire de la naissance de Beethoven différentes que possible. La première, et la plus connue, pour piano, (1770-1827), Mauricio Kagel délaisse un instant la musique et réalise un orchestre et chœur (opus 80, créée en décembre 1808) offre une pro- film qu’il intitule très sobrementLudwig van, auquel il ajoute le sous-titre gression remarquable du solo au tutti choral, tandis que le propos de la « Hommage à Beethoven ». Ce long métrage, produit par la WDR, traite le seconde (opus 77), confiée au seul clavier, reste longtemps insaisissable : sujet d’une manière caustique, comme on l’imagine. Le Beethoven de Kagel elle fait alterner Adagios méditatifs et Allegros fiévreux – ce qui permet ne ressemble pas à celui qu’aurait pu imaginer Ken Russell ou Syberberg : à l’interprète de faire montre de délicatesse autant que de virtuosité – on visite sa maison, on assiste à des scènes de rue et de gare, on voit les et, commencée en sol mineur, finit ensi majeur, un motif (qui n’est pas os d’une vieille pianiste, on se perd dans un zoo, etc. À cette technique de plus significatifa priori que les précédents) faisant alors l’objet de sept « métacollage » répond une musique arrangée dans l’esprit irrévérencieux variations. que Kagel prétend donner à son film. Et c’est une partie de cette musique Cette Fantaisie, loin de la cohérence de celles de Mozart, se situe dans qui a donné naissance à la pièce de concert elle aussi intitulée Ludwig van. le prolongement des Fantaisies, sonates et rondos (1779-1787) de Carl Cette œuvre un peu particulière est faite des fragments de partition collés Philipp Emmanuel Bach. Musique du ressenti (Empfindsamkeit) plus sur le plancher, les murs, les meubles, etc., d’une pièce de l’appartement de qu’improvisation, car une improvisation s’ancre sur des motifs propices Beethoven, comme l’explique Kagel dans le texte qui suit. aux extrapolations tandis que ceux qui se présentent successivement ici semblent surtout propres à être rejetés, foudroyés par d’implacables gammes descendantes. Leur récurrence et leur violence font de ces gammes l’élément le plus saillant de l’œuvre. Sont-elles à l’image de l’inspiration qui tombe du ciel (parfois bonne et plus souvent mauvaise) Instructions de Kagel pour l’interprétation de sa partition Ludwig van : La présente partition est composée de gros-plans d’objets ayant été complètement ou du trait de plume impitoyable qui raye une page dont l’encre n’est recouverts de textes musicaux de Ludwig van Beethoven. Quatre vues du lieu dans pas encore sèche ? lequel étaient déposés ces objets, qui dans mon filmLudwig van (WDR/Télévision, Ou les deux ? Ce trait rageur reviendra à l’extrême fin, mais privé de son Cologne, 1969) représentaient la chambre de musique 4 pouvoir, muselé. Il y a donc bien là une progression, mais d’atermoie- d’un imaginaire Musée-Beethoven. Le point de départ de cette matérialisation du 5 ments en atermoiements. collage musical fut une séquence dans laquelle la caméra – prenant la place des yeux du spectateur Beethoven lui-même – explorait les lieux à un rythme extrême- Gérard Condé ment lent. Le montage de ce fragment du film fut projeté à une formation de chambre de 16 musiciens, dont la tâche consistait à interpréter le texte musical « cinétique ». La suite des pages est ad libitum. Chaque page peut être considérée comme une pièce de musique complète ou comme partie d’un déroulement plus important. Les interprètes peuvent jouer tous la même page ou des pages différentes simulta- nément. Chacun des quatre bords d’un feuillet peut servir de bord inférieur. Le matériel musical noté sur une page peut n’être joué que partiellement. Chaque système peut être répété à volonté. (…) « LE COLLAGE ET LE CULTE » Pouvons-nous, face au culte voué à Beethoven durant les derniers cent trente ans, Entretiens avec Maurizio Kagel percevoir la musique de Beethoven encore comme de la musique ? Un concert Beethoven n’est-il pas devenu un rituel ? « Ludwig van » est à vrai dire un grand collage… Les concerts traditionnels sont plus un ersatz de rituel que le rituel lui-même. Oui et non. Il serait plus juste ici de parler de « métacollage » étant Toutefois, dans le cas de Beethoven, l’ennoblissement moralisateur rend cela donné que la musique de chambre beethovénienne a été la seule source insupportable. La devise : « Il a souffert pour nous, nous sommes en dette sonore. Des éléments étrangers ont été introduits au début et à la fin. avec son œuvre » évoque forcément des idées néothéologiques. L’héritage Mon intention était ainsi éviter d’éparpiller des citations dans un langage que Beethoven nous a légué, c’est l’armement moral. musical « contemporain ». J’avais en vue un élargissement énergique de la technique du collage. Que peut-on faire pour se débarrasser de cette image ? Occuper notre penchant à l’agression. La manière la plus efficace de Vous parlez de collage musical, vous voulez peut-être dire contexte musical ? combattre le XIXe siècle au XXe siècle, c’est encore d’éclairer les esprits dès Oui, les deux. Quand un compositeur utilise un matériau déjà exis- l’école. Toutefois, il faudrait d’abord que les institutions soient éclairées. Mais tant, des signaux qui peuvent être interprétés de manière différente les auditeurs plus âgés restent dans l’incertain. Pour nous, adultes, j’ai une s’allument tout à coup : hommage sincère ou ironie ? Distanciation de autre solution. On ne jouera plus Beethoven pendant un certain temps afin l’œuvre étrangère ou de la propre œuvre ? Banalisation du banal ou de permettre aux nerfs auditifs qui réagissent à sa musique de récupérer. bien insipide langage figuré ? L’auditeur d’une composition où des Cette solution peut peut-être se heurter à des difficultés semblables à celles citations musicales apparaissent sporadiquement est fréquemment réduit du planning familial aux Indes, mais le résultat en vaudrait la peine. Si en à un rôle qui rappelle celui de l’homme qui observe de sa fenêtre : plus on cessait de raconter des histoires apocryphes, il y aurait une chance des gens passent près de lui, il reste constamment à la même place ; que les auditeurs plus jeunes n’en soient pas infectés. lui arrive-t-il de connaître un passant, il fait poliment un signe de tête. C’est le contraire de ceci que j’avais en vue ; il s’agissait pour moi, en Vous croyez donc que l’effet d’usure se fait déjà tellement sentir chez Beethoven procédant à un minutieux croisement de pièces plus ou moins connues qu’il faudrait classer le compositeur, pendant les prochaines années, parmi les et sans adjonction de substance étrangère, de coller un montage aussi monuments historiques ? homogène que possible ; l’attention de l’auditeur devrait pouvoir se Oui, je trouve que nous sommes tenus de veiller à ce que les auditeurs ne se concentrer sur la substance musicale du contexte sans être détournée par déforment pas davantage. (…) une reconnaissance anecdotique. Ainsi, vous n’admettez pas le beau son rond auquel aspirent bien des chefs d’orchestre ? Votre travail était donc purement syntaxique. Vouliez-vous transformer vos Non. L’idéal serait d’interpréter Beethoven comme il entendait, c’est-à-dire 6 7 propres rapports avec la musique de Beethoven sans pour autant détruire mal. C’est ce que j’ai essayé de composer dans mon filmLudwig van. L’idée sa propriété ? de base était de réorchestrer sa musique de sorte que certaines régions so- Une conséquence définitive du principe du collage serait en fin de nores et certaines fréquences qu’un sourd perçoit à peine ou encore de ma- compte l’abolition de la propriété intellectuelle. Mais cette abolition n’est nière déformée soient conséquemment traitées. Les déformations de timbres pas synonyme de destruction. La vitalité immanente de la technique du nous ont permis encore une fois de constater clairement, lors des enregistre- collage repose peut-être sur la frontière fluide entre le passé et le présent, ments, à quel point il s’agit là d’une musique véritablement grandiose.