N°33 - 2015 Volume Publié Avec Le Concours De La Direction Régionale Des Affaires Culturelles D’Ile-De-France Et Du Conseil Général Du Val-De-Marne
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N°33 - 2015 Volume publié avec le concours de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France et du Conseil Général du Val-de-Marne. Clio 94 SOMMAIRE PRÉFACE .......................................................................................................... P.5 (MICHEL BALARD) LES ROSIÉRISTES DE MANDRES ......................................................................... P.6 (JEAN-PIERRE NICOL) LES YEUX DE SON MAITRE ............................................................................... P.30 (ÉLIANE CANDA - JEAN-LUC VIOLEAU) LES COMMUNES DU SUD-EST PARISIEN ET LA GRANDE GUERRE (ACTES DU COLLOQUE DE CLIO 94 DU 29 NOVEMBRE 2014) INTRODUCTION ............................................................................................... P.37 (FLORENCE BOURILLON) LES CONSCRITS DE 1914-1918 À SUCY-EN-BRIE ............................................. P.41 (MICHEL BALARD) LES BLESSÉS DE LA GRANDE GUERRE ............................................................. P.47 (JEAN-MARIE DURAND) LES ÉTABLISSEMENTS MILITAIRES EN VAL-DE-MARNE À LA VEILLE DE LA GRANDE GUERRE ......................................................................................................... P.53 (PIERRE GILLON) LA MUNICIPALITÉ D’ARCUEIL-CACHAN ET LA GRANDE GUERRE .................... P.75 (MARCEL BREILLOT) ÀMAISONS-ALFORT PENDANT LA GRANDE GUERRE : SITES RÉQUISITIONNÉS ET NOMS DE RUES .......................................................................................................... P.87 (MARCELLE AUBERT) LES BOISSÉENS ET LA GRANDE GUERRE ....................................................... P. 101 (ROGER GUILLEMARD) Clio 94 LES JEUNES À CHAMPIGNY DURANT LA GRANDE GUERRE ............................. P. 107 (ÉRIC BROSSARD) FONTENAY-SOUS-BOIS DANS LA GRANDE GUERRE ........................................ P. 139 (LOIC DAMIANI) LA QUEUE-EN-BRIE ET LA GRANDE GUERRE : UN CHOC DÉMOGRAPHIQUE, ÉCONO- MIQUE ET SOCIAL .......................................................................................... P. 157 (OLIVIER SANGOÏ) UNE RELIGIEUSE INFIRMIERE À NOGENT DURANT LA GRANDE GUERRE ......... P. 162 (NICOLE RENOLLET) LES VITRIOTS DE LA GRANDE GUERRE MORTS POUR LA FRANCE .................. P. 169 (FRÉDÉRIC BOURDON) LE MONUMENT AUX MORTS DE MAISONS-ALFORT ......................................... P. 183 (JOEL BACQUER) L’HOPITAL MILITAIRE CANADIEN N°6 ........................................................... P. 193 (RENÉ DENNILAULER) CONCLUSIONS ............................................................................................... P. 207 (JEAN-JACQUES BECKER) BIBLIOGRAPHIE VAL-DE-MARNAISE ............................................................... P. 209 SOCIÉTÉ ADHÉRENTES ET BUREAU DE CLIO 94 ............................................. P. 215 Clio 94 PRÉFACE La recherche historique est bien souvent stimulée par les grandes commémo- rations nationales : publications, expositions, films, parfois, se multiplient pour attirer l’attention du public sur un événement mémorable. Le centenaire de la Grande Guerre 1914-1918 est de ceux-là. CLIO 94 ne pouvait se soustraire à une telle rétrospective. Dans plusieurs de nos communes, ainsi qu’aux Archives départementales du Val-de-Marne, une exposition a été organisée pour rappeler l’impact de la guerre sur les populations civiles, le recrutement des soldats, les difficultés économiques engendrées par le conflit, ainsi que les pertes humaines pendant ces années terribles. Aussi avons-nous consacré notre colloque annuel des sociétés savantes du Val-de-Marne au thème “Les communes du Sud-est parisien et la Grande Guerre”. Sous la présidence de Jean-Jacques Becker, professeur émérite à l’Université Paris-Ouest Nanterre, qui a assuré les conclusions du colloque, Florence Bourillon, professeur à l’Université Paris-Est Créteil, a présenté les grandes lignes du sujet, en insistant sur la mobilisation générale, l’importance des liens des recrues avec les familles, l’économie de guerre et l’approvisionnement des populations civiles. Le recrutement des conscrits à Sucy-en-Brie a été étudié à partir des listes des conseils de révision, tandis qu’a été établie une cartographie des établissements militaires en Val-de-Marne à la veille de la Grande Guerre. Vint ensuite l’étude de la vie des populations civiles et de leurs rapports avec l’armée dans plusieurs des communes de notre département : Arcueil-Cachan, Maisons-Alfort, Boissy-Saint-Léger, Champigny, Fontenay, La Queue-en-Brie. Partout les mêmes problèmes se posent, mais d’ampleur inégale selon les com- munes : la déploration des disparus, le dévouement de valeureuses infirmières, la difficulté des approvisionnements, la vie chère, bref l’économie de guerre n’épargne personne. Le bilan de ces cinq années de conflit est terrible ; il se mesure au nombre des disparus dont les noms viennent emplir les plaques des monuments aux morts, construits dans chaque commune, à Vitry-sur-Seine comme à Nogent-sur-Marne ou à Maisons-Alfort. Une nouvelle odonymie célèbre les généraux français et les grandes batailles remportées par nos armées. Une mémoire de la guerre se consti- tue, qui marque à jamais l’histoire de nos rues et de nos monuments. Une évocation des rosiéristes de Mandres complète les actes de notre colloque et attire l’attention sur une production florale que la concurrence internationale a de nos jours beaucoup amoindrie. MICHEL BALARD PRÉSIDENT DE CLIO 94. Clio 94 5 LES ROSIÉRISTES BRIARDS Depuis mon enfance, je connais le travail des rosiéristes. Mon premier cama- rade de classe est fils de rosiériste, mon premier voisin est fils de rosiériste et a exercé le métier jusqu’à récemment. En essayant de narrer l’histoire des rosié- ristes, je mets peut-être une certaine émotion1. Cette étude tente de cerner l’histoire d’un métier plus que la splendeur d’une fleur renommée. Depuis l’Antiquité, poètes, musiciens et peintres ont représenté celle qui est considérée comme la reine des fleurs, l’image d’une passion, la fleur de l’amour avec un A majuscule. Depuis l’Antiquité, la rose inspire des chants et des tableaux. Cette fleur a servi d’ornement, a représenté la Beauté, a enchanté l’Amour, a symbolisé la Vertu, a reçu un sens mystique et bien d’autres attributs. L’histoire de la rose est parfumée, enchanteresse, noble et glorieuse. Celle que je vais tenter de retracer est plus humble, plus terrestre, même si elle est très forte- ment liée à celle de la fleur. La culture de la rose par des rosiéristes est apparue ici vers 1800. Elle s’est poursuivie jusqu’à maintenant, mais elle a perdu de son éclat et de sa présence. Elle a prospéré dans un petit pays, exercée par des hommes et des femmes, puis a décliné. Mais elle a marqué ce pays. Il était une fois, il y a plus de 200 ans, … UNE PRÉHISTOIRE FLEURIE Notre histoire commence dans le dernier quart du XVIIIe siècle, bien que la rose fût déjà cultivée à Provins. Une tradition – rapportée par tous les historiens de la rose – en attribue le mérite au comte de Champagne et de Brie, Thibaud IV, roi de Navarre (1201-1253). Celui-ci aurait rapporté du Proche-Orient, en reve- nant de la Croisade (1240), le rosier de Damas. Le fait est très probablement légendaire. La rose dite de Provins, cultivée pour ses vertus médicinales, est une rosa gallica, espèce bien antérieure2. D’aucuns ont prétendu que le nom de Rozay-en-Brie rappellerait que la rose y fut implantée. Rien n’est moins sûr. En ce cas, le mot Rose serait plus vraisem- blablement une déformation d’un ancien robur/rouvre devenu rore puis roze comme Beaurose (Férolles) ou la Roze (Boussy-Saint-Antoine). Mais il nous reste une belle légende, sinon un enjolivement de l’histoire… Une passion française3 Le premier rosiériste a œuvré dans le Jardin des Apothicaires à Paris. Cette institution, fondée sous le règne d’Henri IV, avait reçu mission de fournir en plantes médicinales les apothicaires parisiens, pharmaciens et herboristes. 6 Clio 94 Jacques Descemet a établi en 1778 un premier catalogue des variétés de roses qu’il cultivait et vendait. Un livre assez récent, Histoire de la rose, une passion française, a retracé l’engouement qui a saisi autant les jardiniers professionnels que les riches amateurs pour cette fleur dès le début du XVIIIe siècle. Les pre- mières roseraies, dont la plus connue fut celle de Joséphine de Beauharnais, impératrice des Français, au château de la Malmaison, sont implantées à cette époque. Jacques-Louis Descemet, né en 1761, qui avait hérité de la charge de son père en 1778, a fourni une grande part des plants, comme il en avait fourni en 1785 au château de Brunoy, propriété de Monsieur frère du Roi Louis XVI. En ce siècle, le goût du jardin d’ornement, avec parterres fleuris, buissons, verger et potager a été partagé par les élites riches, favorisant très tôt la création de pépinières (Alfroy à Lieusaint en 1702). Toute une littérature spécialisée a été diffusée alors. Jardiniers locaux et manouvriers ont trouvé un emploi. Amateurs éclairés et manipulateurs divers ont rivalisé pour obtenir des variétés nouvelles. La Corporation des jardiniers de Paris a essaimé en banlieue (Montreuil, Créteil, Vitry pour ne parler que des proches). De cette période est issue l’histoire de nos rosiéristes briards. “Préhistoire” d’une spécialisation L’origine de la culture de la rose dans notre région est généralement attribuée à Christophe Cochet, jardinier à Suisnes, dont des descendants pratiquent encore l’horticulture. La réputation des Cochet à Suisnes et Grisy (Seine-et-Marne) doit beaucoup à la qualité des