Du samedi 22 au lundi 31 octobre Intégrale des symphonies de Beethoven | Du samedi 22 au lundi 31 octobre au lundi 31 22 | Du samedi de Beethoven symphonies des Intégrale

22/10 CHAILLY.indd 1 17/10/11 11:34 Intégrale des symphonies de Beethoven

Depuis le début du XIXe siècle, les symphonies de Ludwig van Beethoven sont l’un des volets permanents du répertoire orchestral du Gewandhaus, qui s’enorgueillit d’avoir été le premier orchestre à donner une interprétation de la Première Symphonie, un an après la création (et avant la première impression de la partition). Du vivant même du compositeur, l’orchestre du Gewandhaus a été le premier à jouer toutes les symphonies de Beethoven pendant la saison de concerts 1825/1826. Depuis, chacun des chefs du Gewandhaus a soumis aux mélomanes « son » cycle Beethoven. Fidèles à cette tradition, Riccardo Chailly et l’Orchestre du Gewandhaus donnent ces neuf symphonies telles qu’ils les perçoivent.

Le Gewandhaus de Leipzig a joué un rôle de pionnier dans la diffusion des œuvres de Beethoven par un effort soutenu depuis plus de 200 ans. Il a immédiatement été perçu comme l’un des dépositaires les plus zélés de la musique du compositeur. Dans cette perspective, Friedrich Rochlitz a été un acteur essentiel. Il appartenait à la direction du Gewandhaus (en charge des programmes des concerts) et éditait le magazine Allgemeine musikalische Zeitung (AmZ), publié par le premier éditeur des œuvres de Beethoven, Breitkopf & Härtel. Cette publication jouissait d’une grande autorité dans le monde musical. Friedrich Rochlitz a poursuivi toute sa vie cet effort de propagation en intégrant une à une les œuvres du maître dans les programmes du Gewandhaus, ce qui n’a pas toujours été du goût du public, et en présentant chacune de manière approfondie dans l’Allgemeine musikalische Zeitung. La diffusion dans toute l’Europe des partitions de Beethoven est incontestablement due à cet effort de présentation et à leur programmation régulière dans le répertoire de l’orchestre. S’inscrivant dans cette lignée, le cycle Beethoven dirigé par Riccardo Chailly mène les musiciens au Musikverein de Vienne, au Barbican Center de Londres et à la Salle Pleyel à Paris.

Le cycle Beethoven 2011 associe, de manière novatrice, les symphonies de Beethoven avec des créations contemporaines. La place essentielle de Beethoven dans la vie musicale a incité le chef du Gewandhaus, Riccardo Chailly, à commander cinq œuvres. Chacun des concerts comprend donc l’exécution de l’une de ces partitions. Les compositeurs qui ont été choisis pour participer à ce cycle sont Steffen Schleiermacher (Leipzig), Bruno Mantovani (France), Carlo Boccadoro (Italie), Friedrich Cerha (Autriche) et Colin Matthews (Grande-Bretagne).

2

22/10 CHAILLY.indd 2 17/10/11 11:34 Sommaire

Samedi 22 octobre – 20h p. 4

Dimanche 23 octobre – 16h p. 11

Samedi 29 octobre – 20h p. 19

Dimanche 30 octobre – 16h p. 25

Lundi 31 octobre – 20h p. 32

Biographies p. 40

3

22/10 CHAILLY.indd 3 17/10/11 11:34 SAMEDI 22 OCTOBRE – 20H

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 2

entracte

Carlo Boccadoro Ritratto di musico – création française

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 5

Gewandhausorchester Leipzig Riccardo Chailly, Gewandhauskapellmeister

Fin du concert vers 21h45.

4

22/10 CHAILLY.indd 4 17/10/11 11:34 samedi 22 octobre | 20H

Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36

Adagio molto – Allegro con brio Larghetto Scherzo. Allegro Allegro molto

Composition : 1801-1802. Dédicace : au Prince Lichnowsky. Création : le 5 avril 1803 au Theater an der Wien sous la direction du compositeur. Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes en la, 2 bassons – 2 cors, 2 trompettes – timbales – cordes. Durée : environ 32 minutes.

Originaire de Bonn, Beethoven est venu à Vienne en 1792, désireux d’y « recevoir des mains de Haydn l’esprit de Mozart ». Au bout de dix années dans cette ville, il a déjà parcouru un bon bout de chemin : les quinze premières sonates pour piano ont vu le jour, deux concertos pour piano, une symphonie, plusieurs œuvres de chambre, dont les six Quatuors op. 18.

Esquissée dans les grands traits avant le séjour à Heiligenstadt, la Deuxième Symphonie conserve l’humeur joyeuse de sa première inspiration, laissant peu soupçonner le désespoir. Elle est encore ancrée dans l’héritage classique, fait appel à un orchestre par deux, et rappelle la Symphonie « Prague » K. 504 de Mozart, mais témoigne aussi d’innovations considérables par rapport à la Première Symphonie.

Le premier mouvement s’ouvre sur une vaste introduction lente, beaucoup plus importante que celle de la Première, qui débouche sur un Allegro con brio volontaire, tout du long parcouru par une même énergie, avec un premier thème léger et fringant, s’élançant des basses, puis un second thème en motif de fanfare.

Amplement développé, le Larghetto retrouve la veine lyrique des mouvements lents des sonates pour piano dans son premier thème généreux et serein, mis en contraste avec un deuxième thème enjoué et léger.

La Deuxième Symphonie est la première à remplacer explicitement l’habituel menuet par un scherzo, plus rapide, plus énergique mais aussi plus violent, avec son opposition brusque de dynamiques.

Une violence que l’on retrouve dans le finale, ouvert par un motif d’une densité explosive, une de ces « empreintes » si typiques de Beethoven, qui se gravent dans la mémoire, contenant en soi les cellules fondatrices du mouvement entier. Ce finale affirmatif, non dénué d’humour, privilégiant le geste et la théâtralité, révèle encore un puissant sens de la propulsion. Il frappe en outre par sa forme rondo-sonate déséquilibrée par une coda- développement terminale d’une longueur extraordinaire, qui allonge d’un tiers le mouvement.

5

22/10 CHAILLY.indd 5 17/10/11 11:34 Terminée peu de temps après le testament d’Heiligenstadt, la Deuxième Symphonie répond au désir d’une « voie nouvelle », que Beethoven avait déclaré chercher en 1802, et jette dans son langage les bases de la période héroïque. La Neuvième Symphonie, qui reprendra certains de ses motifs, semble renvoyer à cette époque qui a vu coïncider le désespoir et, dans la composition, la joie acquise par la volonté.

Marianne Frippiat

Carlo Boccadoro (1963) Ritratto di musico [Portrait de musicien] pour orchestre – 2011, création française

Durée : environ 15 minutes

« Sans une connaissance profonde de la tradition musicale, il est absolument impossible de créer quelque chose de nouveau, de différent. Un compositeur a le devoir de connaître et d’avoir assimilé l’histoire de la musique, pas seulement du classique, mais aussi du jazz, du rock ‘n’ roll, de la musique pop, du funk, de l’électro, etc. Et il doit être au courant de ce que font les autres compositeurs contemporains. Heureusement cette nécessité est dans mon cas un vrai plaisir ! »

Ainsi le compositeur et chef d’orchestre Carlo Boccadoro souligne-t-il l’effet productif d’une fréquentation de musiques les plus diverses : plus on connaît de choses, plus on peut écrire de façon personnelle. Mais qu’en est-il lorsqu’on vous demande d’écrire une pièce en rapport avec une œuvre existante ? Dans le cas de Ritratto di musico, que le Gewandhaus de Leipzig avait commandé en référence à la Cinquième Symphonie de Beethoven, cela n’a posé aucun problème : Boccadoro adore la musique de Beethoven, donc il n’a eu aucun mal à se pencher sur ses œuvres, encore moins sur la Cinquième, ce « miracle de construction, d’imagination et de technique de composition magistrale », un trait de génie visionnaire qui n’a aujourd’hui encore rien perdu de sa fraîcheur. Comme le souligne le compositeur italien, on ne peut qu’admirer la maestria avec laquelle Beethoven a construit une telle cathédrale sonore à partir de si petites cellules mélodiques et rythmiques. Cela reste une belle leçon pour un compositeur contemporain, estime-t-il.

Ces fameuses petites cellules de la Symphonie en ut mineur, Boccadoro les a donc regardées à la loupe ; puis il a décidé de partir de deux motifs fondamentaux tout en renonçant à des citations mélodiques. Il a ainsi retenu le rythme du célèbre thème du premier mouvement, ainsi que le rythme du thème lyrique qui ouvre le deuxième mouvement. L’un comme l’autre – séparément ou combiné avec l’autre – offre de multiples possibilités. Le compositeur en fait un usage de grande ampleur, donnant ainsi à sa pièce une solidité à l’écoute qu’elle aurait tout autant si on ignorait les liens qu’elle entretient avec la musique de Beethoven. On retrouve ces motifs augmentés, diminués et variés à l’envi dans les diverses parties, parfois l’un des deux domine l’ensemble, puis les deux font de nouveau jeu égal dans

6

22/10 CHAILLY.indd 6 17/10/11 11:34 samedi 22 octobre | 20H

l’échafaudage sonore des groupes instrumentaux. Les répétitions de note du fameux motif de tête de la Cinquième, ciment important pour toute la pièce, sont en outre différenciées et donnent lieu, en diverses divisions combinées, à des structures en profondeur faites de nombreuses strates.

Ce jeu inventif sur deux cellules rythmiques, Boccadoro l’intègre dans un mouvement clairement structuré de quinze bonnes minutes. La pièce, qui s’articule en deux grandes parties de longueurs comparables (Calmo – Più mosso et Allegro strepitoso) et une brève coda (Lento), développe sans arrêt de nouveaux épisodes qui couvrent un spectre expressif on ne peut plus large. De temps à autre, ils fusionnent dans un tutti puissant et très homogène (qui à plusieurs reprises s’interrompt dans le fortissimo), parfois ils forment le contexte de lignes mélodiques aux contours marqués – notamment chez les vents –, mais ils sont aussi régulièrement réduits comme peau de chagrin à de petites formules. Sans vouloir occulter la virtuosité et les raffinements techniques de l’écriture orchestrale dans son ensemble, force est de constater que les timbales tiennent un rôle de premier plan. Dans de nombreux passages, leur partie a un caractère si résolu que la pièce sonne comme un concerto instrumental. Pour autant, elles sont intégrées dans un timbre orchestral riche en couleurs : outre ses explosions stridentes récurrentes, l’orchestre se fait également sombre, abandonne ses aspérités pour bifurquer vers la douceur, et si ses couleurs sont le plus souvent éclatantes, ici et là il se retire dans des teintes blafardes. Dans l’ensemble, la pièce est poussée vers l’avant par une puissante énergie dynamique qui lui donne parfois un côté agité. C’est seulement dans la coda que cette agitation, soudainement, trouve l’apaisement.

Et c’est ici que Beethoven est entendu à nouveau très distinctement : trois brèves, une longue revient plusieurs fois dans le chant d’adieu des clarinettes et les accords mourants des cordes. Ainsi se pose dans cette coda la question du titre de la pièce le plus clairement : Ritratto di musico, « Portrait de musicien ». Ce titre renvoie-t-il exclusivement à Beethoven, le musicien tantôt héroïque et monumental, tantôt grand virtuose, tantôt artiste raffiné, grand technicien, créateur profond et passionné ? Non, nous dit Boccadoro : le titre renvoie tout autant à lui-même, le compositeur – et pas moins au chef d’orchestre de la création leipzigeoise (le 6 octobre dernier) car Ritratto, par plus d’une de ses exigences, s’adresse au talent artistique de Riccardo Chailly. C’est probablement la raison pour laquelle la pièce lui est dédiée.

Christiane Schwerdtfeger (Traduit par Daniel Fesquet)

7

22/10 CHAILLY.indd 7 17/10/11 11:34 Ludwig van Beethoven Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67

Allegro con brio Andante con moto Allegro Allegro

Composition : 1804-1808. Dédiée au Prince Lobkowitz et au Comte Razoumovski. Création : le 22 décembre 1808 au Theater an der Wien sous la direction de Beethoven. Publication : avril 1809, Breitkopf & Härtel, Leipzig (parties). Effectif : 2 flûtes et 1 piccolo – 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales – quintette à cordes. Durée : environ 35 minutes.

Qui croirait que la composition de la Cinquième Symphonie, si unie et si puissante dans son architecture, se soit étalée sur plusieurs années (1805-1808) avec des interruptions, et sur des idées qui remontaient jusqu’à 1795 ? Beethoven la gardait tout le temps dans un coin de sa tête, tout en écrivant, car il ne paressait point, d’autres chefs-d’œuvre de la même encre.

Célébrissime, la Cinquième l’est essentiellement pour son motif initial de quatre notes, ses fameuses trois brèves suivies d’une longue. « Le destin frappe à la porte », aurait dit Beethoven ; mais c’était la réponse désinvolte du maître à une question un peu naïve de son ami Schindler.

Un motif du destin, vraiment ? Ne serait-ce pas plutôt un motif suprêmement emblématique de la volonté, et contre le destin ? D’autres symphonistes, un Tchaïkovski, un Mahler pourront charrier dans leurs œuvres des motifs chargés de fatalité, mais celui-ci semble asséner au destin quatre coups bien sentis. D’où sa popularité immense (beaucoup de gens ne connaissent que ce « pa pa pa paaam »… et ignorent la suite !), et d’où son utilisation par la BBC pendant la guerre pour inciter à la résistance contre le nazisme.

Beethoven affectionne cette cellule rythmique, toujours avec la même connotation combative : on la retrouve dans la Sonate « appassionata », dans le Quatrième Concerto, dans l’ouverture d’Egmont… Ce motif ne reviendrait pas moins que 267 fois, paraît-il, tout au long du premier mouvement ; il réapparaît aussi au cours des trois mouvements suivants : c’est un motif unificateur de ce splendide poème du vouloir, mais aussi de la générosité et de la joie, qu’est la Cinquième Symphonie.

La forme sonate du premier mouvement, Allegro con brio, est très classique et prévisible, sauf vers la fin qui comporte une péripétie. Son exposition ne manque pas de marquer le contraste, très beethovénien, entre la véhémence du premier thème et la douceur du second. Ainsi, après les quatre notes initiales, le premier thème en do mineur entame une

8

22/10 CHAILLY.indd 8 17/10/11 11:34 samedi 22 octobre | 20H

escalade sur cette cellule, puis s’arrête net ; un appel de cors, toujours sur le même rythme, introduit le deuxième thème en mi bémol, lié, conjoint, d’une insistance persuasive ; le leitmotiv volontaire y figure encore, sous-jacent. Le développement, d’une écriture en blocs, très conflictuelle, oppose le motif principal à lui-même en répliques modulantes et vives, du tac au tac. Puis l’appel du deuxième thème est agrandi en éboulements furieux. La réexposition comporte une surprise, un solo de hautbois dont la mélancolie et surtout la lenteur étirée font diversion. Mais surtout, peu avant la coda, Beethoven insère tout un à-côté d’un intérêt palpitant, où les idées déjà rencontrées se voient totalement renouvelées, soit par un contre-chant tourbillonnaire, soit par un miroir saccadé en tutti du deuxième thème. Le morceau se termine, évidemment, sur le rythme concentré et coléreux qui l’avait commencé.

L’Andante con moto, moins rebattu que le premier mouvement, est largement aussi admirable, tant pour son intériorité que pour ses atmosphères diversifiées. C’est une succession de variations sur deux thèmes en alternance – ce type de mouvement est déjà courant chez Haydn – où le premier élément est méditatif, tandis que le second est triomphal. Mais Beethoven s’intéresse davantage à son premier thème, et l’impression globale est celle d’un repli au creux de la sagesse. Ce premier thème en la bémol majeur s’avance dans l’humble couleur des altos et des violoncelles ; sa désinence comporte une discrète allusion au leitmotiv de l’ouvrage, sans aucun volontarisme cette fois. Les variations de ce thème, fluides et tendres pour la plupart, évoquent les rivières de la Symphonie « Pastorale » exactement contemporaine. Le deuxième thème, en fanfare, n’apparaît qu’en des sortes d’intermèdes, comme des rappels périodiques de la grandeur. Plus étonnantes sont les dérives que Beethoven insère ici et là, ressassements sur quelque cellule rêveuse, qui semble décrocher de l’action ou même de la réalité : ces plages encadrent par exemple une variation en mineur du premier thème, sorte de cortège antique dont les énigmes semblent appartenir à quelque lointain passé.

Dans le troisième mouvement, Allegro, les forces se ramassent et s’organisent pour préparer le finale. À la montée sourde des violoncelles et contrebasses répond une marche très fière sur le motif de la volonté, en majesté. Les deux idées se succèdent puis s’amalgament, s’assouplissent avec un doigt de légèreté : ce mouvement qui ne s’intitule pas « scherzo » consent, dans de fugitifs passages, à en devenir un. La partie centrale comprend deux fugatos (débuts de fugue), l’un simple et bref, l’autre un peu plus élaboré et assorti d’un contre-sujet : ici l’écriture savante exprime une grande détermination, si l’on en croit la poigne avec laquelle les cordes graves attaquent leur propos ; et chacun de ces exposés finit paraphé par le leitmotiv, qui est tout sauf fatal. Le retour des idées initiales se fait en style pointilliste, avec des pizzicatos, des notes piquées de bois, un basson solo qui se promène, miniature de scherzando esquissée en passant.

Cette retenue ne préfigure en rien l’extraordinaire transition qui mène au quatrième mouvement. Les deux volets se succèdent sans interruption ; l’un se déverse dans l’autre, sur cette persistance de la timbale, ces ostinatos qui tournent, cette puissance qui se condense, comme des nuées en accumulation.

9

22/10 CHAILLY.indd 9 17/10/11 11:34 Le finale, l’une des synthèses musicales d’apothéose et de fête les plus réussies qui soient, se voit renforcé d’instruments nouveaux : le piccolo, le contrebasson et trois trombones, timbres jusque-là courants dans la musique religieuse ou d’opéra, mais que Beethoven invite pour la première fois dans le domaine de la symphonie. Le premier thème en do majeur éclate sur une sonnerie, un accord parfait superbe, et déclenche toute une réaction en chaîne d’idées altières et débordantes d’énergie. Un unisson, qui se précipite joyeusement comme s’il dévalait un escalier à toute vitesse, mène à un « pont » jovial, où les cors chantent à pleins poumons. Le deuxième thème, frénétique, s’active autour du leitmotiv volontaire. Dans le développement, Beethoven ne va s’occuper que de ce thème secondaire, une démarche rare chez lui, mais justement, la présence du leitmotiv l’intéresse : il en resserre les éléments avec un optimisme conquérant et la cellule de quatre notes abat le destin systématiquement, obstacle après obstacle. Soudain, un rappel du troisième mouvement, lent et limité à un effectif de chambre, rompt la tension et crée une expectative comparable à la transition entre les mouvements III et IV.

Après une réexposition des plus régulières, la coda, d’une riche imagination, passe carrément à un style chorégraphique et jubilant qui annonce la Septième Symphonie ; plusieurs motifs de ce finale sont transfigurés dans des accélérations, variations dionysiaques de quelque ballet à la gloire de la joie et des Dieux. Non seulement le destin est à nos pieds, mais il ne nous reste plus, sur un chemin tout pétillant d’étincelles, qu’à danser notre vie.

Isabelle Werck

10

22/10 CHAILLY.indd 10 17/10/11 11:34 DIMANCHE 23 OCTOBRE – 16H

Steffen Schleiermacher Bann. Bewegung. mit Beethovens erster – création française

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 1

entracte

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 7

Gewandhausorchester Leipzig Riccardo Chailly, Gewandhauskapellmeister

Fin du concert vers 17h50.

11

22/10 CHAILLY.indd 11 17/10/11 11:34 Steffen Schleiermacher (1960) Bann. Bewegung. mit Beethovens erster [Envoûtement. Mouvement. Avec la Première Symphonie de Beethoven] – 2010, création française

Durée : environ 15 minutes.

S’approcher musicalement d’un grand artiste du passé est toujours difficile. Le compositeur contemporain, dès lors qu’il veut dépasser la citation grossière et ne pas succomber à la tentation insensée de « dans le style de », se heurte vite à des limites. Reprendre à son compte des idées esthétiques ou même des raffinements techniques et les transplanter dans sa propre création (et dans sa volonté) ne tient pas vraiment la route. Car cela suppose que les fondements d’une composition soient des idées extra-musicales intemporelles qui attendent d’être exprimées et utilisées dans une langue musicale quelconque. Aborder l’œuvre de référence en profondeur (en la jouant, en l’écoutant, en l’analysant) avec l’espoir qu’elle exerce ensuite une influence sous-jacente dans l’acte de composition paraît également au moins discutable. Par ailleurs, composer sa plus belle pièce et la dédier au grand homme est sans doute la tentative d’approche la plus honnête, mais elle court le risque de l’interchangeabilité.

Que faire alors ? Face à Beethoven, il est impossible de gagner, pour peu qu’on veuille se mesurer à lui en duel… Il vaut donc mieux oublier le face à face. Je suis toujours charmé à l’écoute de la Première Symphonie de Beethoven. Et ému. Surtout par le premier mouvement dans lequel je trouve, y compris dans le détail, ce merveilleux couple de contraires : envoûtement et mouvement. Dès le premier thème qui apparaît après l’introduction : les cordes se répandent en un mouvement agité, elles tendent même franchement au bavardage ; et les bois freinent, ils restent pour ainsi dire immobiles. Mouvement ici, envoûtement là. Cette dialectique se retrouve presque constamment sous les formes les plus diverses : notes rapides et tempo vif – immobilité harmonique ; harmonie et mélodie qui avancent – bourdon obstiné à la basse ; éléments mélodiques chromatiques – harmonisation particulièrement diatonique ; élans virtuoses – accompagnement lourd… Beethoven exploite ces contraires sur tous les plans de manière géniale et parfois presque acharnée.

Mon œuvre joue elle aussi presque exclusivement avec ces deux éléments qui apparaissent parfois l’un après l’autre, le plus souvent cependant simultanément : celui-ci enflamme celui-là, ou celui-là freine celui-ci. Suivant le point de vue… Au début, par exemple : seulement quatre accords différents, hachés dans l’espace vide du temps. Grande énergie et force centrifuge intense. Ils se contentent cependant de permuter et n’arrivent pas vraiment à avancer, ils restent longtemps collés à la basse tenue et pénétrante. Mouvement envoûté. Beethoven, pardonne-moi, une citation, une seule, m’a échappé, encore qu’elle prend une forme cubiste : le hautbois s’essaye à un chant suave. Mais les temps ont changé…

12

22/10 CHAILLY.indd 12 17/10/11 11:34 dimanche 23 octobre | 16H

Beethoven ouvre sa Première Symphonie par une dissonance. À l’époque, cela a été jugé scandaleux. Ma pièce commence par un clair accord de do majeur, exactement le même que celui avec lequel Beethoven conclut le premier mouvement de sa Première Symphonie. Est-ce un scandale, aujourd’hui ?

Steffen Schleiermacher

Moteur sous-jacent

En lisant le texte de Steffen Schleiermacher sur sa nouvelle pièce, on a le sentiment que la commande d’une œuvre liée à la Première Symphonie de Beethoven a représenté pour lui un véritable défi – sur le plan esthétique, compositionnel et historique. Certes, écrire avec l’œil fixé sur Beethoven réduit un peu la liberté de décision, mais l’exercice offre en même temps des points de repère que le compositeur n’aurait sinon peut-être pas trouvés (ou pas poursuivis dans le détail). L’œuvre ainsi née fait effectivement référence clairement et directement à Beethoven. Dans sa coupe originale et par son idée compositionnelle (que l’on peut certainement interpréter diversement), elle présente une vision très personnelle du classique viennois : non seulement par son instrumentation et la question qu’elle pose de citer Beethoven ou pas et comment, mais aussi par le tracé de l’ensemble, le recours à des gestes et des phrasés typiquement beethovéniens, ainsi que l’utilisation de certaines tournures caractéristiques pour certains instruments.

Comment Beethoven peut être présent dans la musique d’aujourd’hui, c’est ce que montrent d’emblée, on ne peut plus clairement, les accords fortement accentués du tutti qui rappellent ceux du début de l’Héroïque, indépendamment du fait qu’ils sont en do majeur (mais tout le monde n’a pas l’oreille absolue), et plus généralement les tournures finales souvent employées par Beethoven pour libérer les énergies résiduelles de ses œuvres orchestrales. Par ailleurs, Schleiermacher utilise exactement la même indication de tempo (Allegro con brio) pour ses deux parties extrêmes que Beethoven dans la partie principale du premier mouvement de sa Symphonie en ut majeur ; il y a en outre cette citation métamorphosée du hautbois, une ligne marquante descendant par tons entiers que Schleiermacher place presque au milieu de son œuvre (l’original de Beethoven se trouve dans l’exposition du premier mouvement, dans le prolongement du deuxième thème). Trait essentiel également, le fait que la réflexion sur la Première de Beethoven ait effectivement amené les répercussions « sous-jacentes » dont parle le compositeur : par exemple cela ne peut pas tenir du hasard lorsque le premier thème de Beethoven s’appuie principalement sur une quarte ascendante en rythme pointé et que précisément ce geste pointé ascendant réapparaît – certes métamorphosé – chez Schleiermacher. Et comme Schleiermacher travaille ce motif dans plusieurs passages, le décomposant complètement, inversant la direction de son mouvement et le réinterprétant partiellement avec des formules répétitives, Beethoven est inhérent à sa pièce également de cette manière. Sous-jacente donc.

13

22/10 CHAILLY.indd 13 17/10/11 11:34 Mais le rapport à une œuvre de référence ne peut devenir visible et fonctionner que lorsque la nouvelle pièce se détache suffisamment de son modèle. Ceci est une autre propriété essentielle de Bann. Bewegung, dans laquelle cette volonté de se détacher se fait clairement entendre et constitue une impulsion fondamentale au moins dans les premières minutes de la pièce. Car ces séries d’accords au tutti ne commencent pas seulement par l’accord de do majeur de Beethoven, ils retombent dessus à plusieurs reprises. Le mouvement s’efforce de façon répétée de se libérer de son point de départ, de se débarrasser de ce do majeur de référence. Mais il faut attendre une longue minute jusqu’à ce qu’une nouvelle formule mélodique arrive à se frayer un passage entre les coups du tutti (qui se produisent toujours dans les mêmes registres et sont donc vraiment complètement « enlisés ») et ensuite presque autant jusqu’à ce que les accords initiaux soient abandonnés (pas définitivement) et que le mouvement puisse enfin mettre en jeu de nouveaux éléments.

Ceux-ci sont également marqués par un face à face entre traditionnel et moderne du point de vue du geste musical et des moyens expressifs. Ainsi le triton est un des intervalles les plus importants de la pièce, les entrées – notamment de soli – sont fréquemment placées sur des temps faibles, l’harmonie change sans arrêt entre un cadre diatonique et une structure libre. Ce faisant, Schleiermacher travaille avec un nombre limité d’éléments principaux qui dominent chacun des passages entiers. Parmi eux figurent, outre les accords initiaux qui débouchent ensuite sur un « mouvement d’horlogerie » à six voix des cordes aiguës (violons, altos), des accords tenus dans les groupes sonores, des quintolets de croches de formes variées (notamment des dérivés du thème initial de Beethoven) et le motif ascendant pointé (qui dépasse la quarte originale de Beethoven pour atteindre le triton). L’orchestre s’exprime le plus souvent de façon unie : de nombreux passages sont écrits en blocs, mais à l’intérieur les groupes sonores sont toujours différenciés. La grande section centrale, dans cette pièce construite pratiquement de façon symétrique, apparaît clairement en retrait. Y dominent les cordes – on entend notamment plusieurs solistes qui font entendre des motifs pointés.

Le début et la fin de la pièce, qui s’articule en trois parties (la première s’étend sur une bonne moitié de la durée totale), sont clairement liés : après douze minutes, l’orchestre fait à nouveau entendre les accords du début (entre autres complétés par des répétitions de notes pointées aux timbales). La question est ainsi posée de savoir s’il est possible de se détacher durablement de l’accord de do majeur initial. La réponse est claire : Bann. Bewegung ne se termine précisément pas par ces sonorités souvent qualifiées d’« inédites » avec lesquelles Beethoven débute ses grandes symphonies. Donc : rapprochement, oui ; imitation, non. Tout est bien qui finit bien.

Christiane Schwerdtfeger (Traduit par Daniel Fesquet)

14

22/10 CHAILLY.indd 14 17/10/11 11:34 dimanche 23 octobre | 16H

Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie n° 1 en ut majeur op. 21

Adagio molto – Allegro con brio Andante cantabile con moto Menuetto. Allegro molto e vivace Adagio – Allegro molto e vivace

Composition : entre 1799 et 1800. Création : le 2 avril 1800 à Vienne, sous la direction du compositeur. Effectif : flûtes, hautbois, clarinettes et bassons par deux – cors et trompettes par deux – timbales – cordes. Durée : environ 27 minutes.

La Première Symphonie semble avoir été bien accueillie du public, même si quelques critiques négatives nous sont parvenues ; Beethoven se permettait déjà d’étonnantes libertés. C’est ainsi que le premier mouvement de cette symphonie commence par s’interroger sur quelques mesures un peu excentriques qui suggèrent trois tonalités successives, fa, do et sol ; puis cette introduction lente se stabilise enfin en do, et déroule une mélodie pleine de bonté. L’Allegro qui lui succède comporte beaucoup de dialogues, de répliques, voire de disputes entre les pupitres se renvoyant la balle à une mesure ou à un temps près. Le premier thème, entêté et fonceur dans le grave des cordes, se poursuit aussitôt en une ascension héroïque ; le deuxième thème, qui commence dans de tendres échanges à la Mozart, ne tarde pas à se prolonger en petites péripéties et fausses conclusions plus énergiques. Le développement exploite de courtes cellules du premier thème en quatre épisodes très variés, volontaires et conquérants ; il semble néanmoins un peu court si l’on considère toute l’énergie de l’exposition. Après une réexposition enrichie, la coda se montre bien caractéristique du maître par ses rallonges affirmatives.

L’Andante est la pièce la plus classique de l’ouvrage et pourrait être confondu avec un mouvement lent de Haydn : il est tout en modération ; et puis surtout sa forme sonate met en jeu deux thèmes qui se ressemblent comme deux visages d’un thème unique. Le premier thème est présenté en fugato (exposition de fugue) d’une paisible régularité. Dans toute la pièce, l’intensité méditative fait la part belle aux cordes, relevées ici et là de luisantes doublures de bois. Intéressant est le jeu lancinant des timbales, qui tracent de longs chemins de rythmes pointés ; ceux-ci sous-tendent tout le développement, où couve une orageuse angoisse.

Le soi-disant « menuet » est à la fois le premier et le dernier de ce nom à figurer dans une symphonie de Beethoven ; en fait, par sa vitesse presque rageuse, c’est bien un scherzo, qui tourne le dos à l’ancien régime compassé, et qui ouvre déjà la porte aux tempi de l’action. Menée par un orchestre dense, la première reprise du menuet est expédiée en moins de dix secondes ; la deuxième, beaucoup plus longue en proportion, zigzague avec fougue entre les ripostes des groupes instrumentaux. Un peu plus éclairci dans ses timbres, le trio central, tout aussi preste, fait dialoguer, comme une Symphonie « Pastorale » accélérée, des appels poétiques de vents et de gracieux serpentins de violons.

15

22/10 CHAILLY.indd 15 17/10/11 11:34 Le finale est une forme sonate extravertie et très enjouée. L’élément le plus typique de Beethoven s’annonce au début, dans la courte introduction lente : le thème se hasarde avec un humour hésitant, sa gamme se forme devant nous note après note. Une fois entrées dans le vif du sujet, ces gammes si agiles et omniprésentes sont plutôt des traits, de lumineuses fusées sonores qui se réjouissent dans un esprit très haydnien ou mozartien. Dans le développement, leurs dialogues rivalisent d’esprit et de légèreté. La coda feint de nouveau, dans une intention joueuse évidente, d’avoir oublié comment on décline une gamme ; puis les dernières mesures montrent déjà la propension du compositeur à conclure assez longuement et fermement. La critique de l’époque s’est plainte de ce style selon elle trop « militaire » ; mais qu’aurait-elle dit si on lui avait proposé de but en blanc la turquerie de la Neuvième Symphonie ?

Symphonie n° 7 en la majeur op. 92

Poco sostenuto – Vivace Allegretto Presto Allegro con brio

Composition : 1811-1812 ; achevée le 13 mai 1812. Création : le 8 décembre 1813 à l’Université de Vienne, sous la direction du compositeur. Effectif : flûtes, hautbois, clarinettes et bassons par deux – cors et trompettes par deux – timbales – cordes. Durée : environ 40 minutes.

Exactement contemporaine de la Huitième (les deux symphonies sont jumelles comme la Cinquième et la Sixième), la Septième Symphonie est réputée pour son cachet « rythmique », non seulement dans le groupe des neuf symphonies de Beethoven, mais dans le répertoire symphonique en général. Richard Wagner, dans L’œuvre d’art de l’avenir (1849), l’a gratifiée d’un surnom aussi célèbre que pertinent : « l’apothéose de la danse », distinction valable surtout pour les deux derniers mouvements, mais aussi pour le premier. Quant au deuxième mouvement, c’est une marche lente, sans doute funèbre. En somme, tout l’ouvrage est placé sous le signe du geste physique.

Beethoven tenait autant que possible à créer ses œuvres lui-même, malgré sa surdité croissante, et sa direction ne se déroula pas sans quelques petits incidents, car il ne percevait plus les pianissimos. Le succès de l’ouvrage fut néanmoins immédiat, même si quelques notes discordantes ont percé dans la critique : c’est ainsi que Carl Maria von Weber a âprement considéré que « Monsieur Beethoven [était] mûr pour les petites maisons » (l’asile d’aliénés).

Le premier mouvement est précédé d’une introduction lente considérable et, détail original, cette introduction comprend deux thèmes bien différents, tandis que l’allegro qui suit sera

16

22/10 CHAILLY.indd 16 17/10/11 11:34 dimanche 23 octobre | 16H

pour ainsi dire monothématique. Cette introduction, pleine d’expectative, est tout un monde, une vaste mise en condition. Première idée : un motif lié, qui se coule d’un pupitre de bois à l’autre, puis prend l’ampleur des grandes ambitions, et que raye en montant une gamme piquée, impatiente d’agir ; deuxième idée : un balancement champêtre, sorte de réminiscence de la Pastorale. L’introduction finit sur un long signal, la note mi, répétée, hésitante, tendue, tremplin vers le vivace qui va suivre.

Celui-ci maintient un rythme omniprésent (un peu comme dans la Cinquième), un rythme volontariste et pointé, mais déjà dansant, à 6/8. Certes, la forme sonate est bien là, régulière, mais le compositeur met en avant un facteur beaucoup plus élémentaire : cette trépidation constante, qui interpelle le corps, lui infuse du ressort et du dynamisme. De gros silences, des points d’orgue suspendent parfois le discours avec un sans-façon intimidant. Des à-côtés pleins d’indépendance explorent des tonalités lointaines, créent des effets de recul, de développement, et ce bien avant le développement lui-même : ainsi le pont de l’exposition, long et aventureux. La réexposition à son tour est développante, avec tout un épisode sombre, où les basses remâchent le rythme principal avec une nuance de menace. La coda, très sobre, reprend la conclusion de l’exposition où les cors fêtent leur combativité d’une voix bien cuivrée.

La marche funèbre du deuxième mouvement est étrangement indiquée allegretto ; selon Schindler, l’ami de Beethoven, le maître aurait voulu dire andante quasi allegretto, soit un tempo lent, mais non traînant. Cette page très noble présente bien des parentés avec son homologue dans l’Eroica : alternance du ton mineur avec, dans les parties secondaires, son homonyme majeur ; présence d’un fugato ; et, dans l’ensemble, la même rencontre sublime entre la grandeur et la résignation. Les contemporains ne s’y trompèrent pas qui, aux deux premières exécutions de l’ouvrage, obtinrent un bis. Le thème initial est d’abord présenté avec dépouillement, tout en rythmes lents et accablés, confinés aux contrebasses, violoncelles, altos ; sans doute inspirera-t-il Schubert quelques années plus tard dans le Wanderer (1816) et La Jeune Fille et la mort (1817). Le crescendo orchestral, par couches successives et par montée d’octave en octave, comporte l’adjonction d’un très beau contrechant ; trois variations se déposent ainsi nappe après nappe, le tutti de la dernière atteignant un sommet d’intensité dramatique.

La deuxième section, en contraste total, offre un épisode en majeur, pacifiant, consolateur ; il privilégie le groupe des bois et, par son côté pastoral, il semble découvrir le côté calmement inépuisable de la vie. Cette mélodie balancée permet à la clarinette et au cor de se répondre dans un mini-intermède. Une transition en gammes plongeantes, aussi simple qu’adroite, ramène le premier thème et son chagrin. L’idée initiale est à présent méditée en un fugato, dévolu aux cordes seules comme un camaïeu gris qui, après l’exposé des quatre entrées, s’enflamme vers le tutti et pousse devant lui une version exaspérée du thème. Un retour de l’épisode pacifique, abrégé, fait place à la coda où l’orchestre se fragmente ; les bouts du thème sont tout juste complétés, à-mi-voix, par les pizzicati des cordes. Le mouvement se termine, comme un grand soupir, sur l’accord qui l’avait inauguré.

17

22/10 CHAILLY.indd 17 17/10/11 11:34 Le scherzo et le finale forment un ensemble uni par son rythme irrésistible. Simplement indiqué presto, le scherzo a une structure redoublée, comme celui de la Quatrième Symphonie. Sa partie principale comporte deux reprises dont la première est très courte et la deuxième longue, développée et voyageuse – Beethoven est assez coutumier du fait. La mesure à un temps (à trois temps très vifs), l’incitation fréquente des timbales, l’articulation ferme et quasi percussive de tous les pupitres soulignent beaucoup moins le plan d’ensemble qu’une propulsion vers l’avant, sur la cellule bondissante de l’iambe. Tout à l’opposé, le trio central rêve à la campagne, à la lune et au passé. De longues notes tenues enveloppent les clarinettes, cors, bassons, flûtes, qui se chantonnent doucement à eux-mêmes un petit motif en va-et-vient : quoique tranquille, c’est encore un rythme qui prédomine.

Ce scherzo mais surtout le finale illustrent l’irruption somptueuse du dionysiaque dans la musique de concert, grâce à Beethoven. Friedrich Wieck, le père de Clara Schumann, n’y entendait, avec un mélange de justesse et d’effroi, que « l’œuvre d’un homme ivre » ; mais s’il y a ivresse en effet, elle appartient à un niveau élevé et libérateur. Beethoven aurait confié à sa jeune amie Bettina Brentano, tout juste rencontrée en 1810 : « La musique est une révélation supérieure à toute sagesse et à toute philosophie… Je suis le Bacchus qui vendange le vin dont l’humanité s’enivre… Celui qui a compris ma musique pourra se délivrer des misères où les autres se traînent ». Ce vin-là, mis en cuve dans une forme sonate bien classique, fait pendant au premier mouvement dans sa volonté de maintenir une pulsation d’un bout à l’autre ; il rejoint aussi la future Neuvième Symphonie, dans sa divinisation de la joie. Le tempo martialement mené à deux temps pourrait appartenir à une marche militaire, ce que certaines sonneries triomphales de cors évoquent par moments ; mais en réalité, plusieurs rythmes essentiels entretiennent la jubilation chorégraphique. Ainsi, le rythme du début, très sec, lancé dans une brève et fulminante annonce, et qui va notamment marquer les transitions ; le rythme du thème principal, tournoyant comme une foule de bacchantes, en connivence avec le feu et le souffle chaud du vent ; ou les rythmes pointés, infatigables jusque dans les modulations les plus acrobatiques… Le thème principal possède une tournure très populaire (Wagner y entendait une danse hongroise), que renforce sa coupe en deux reprises, plusieurs fois réitérée. La coda, enrichie d’un développement supplémentaire, provoque un long suspense sur un grondement des basses, superbe accumulation de tension ; puis l’énergique bouquet final éclate, comme une consécration de la force humaine.

Isabelle Werck

18

22/10 CHAILLY.indd 18 17/10/11 11:34 SAMEDI 29 OCTOBRE – 20H

Colin Matthews Grand Barcarolle – création française

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 8

entracte

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 3 « Eroica »

Gewandhausorchester Leipzig Riccardo Chailly, Gewandhauskapellmeister

Fin du concert vers 22h.

19

22/10 CHAILLY.indd 19 17/10/11 11:34 Colin Matthews (1946) Grand Barcarolle pour orchestre – 2011, création française

Durée : environ 15 minutes.

« À notre époque, le rôle de la nouvelle musique devrait être de stimuler la perception musicale du public, de la défier, de l’améliorer et de la renforcer. » C’est ainsi que Colin Matthews définissait en 2006 sa vision du rôle de la musique contemporaine, et dans cette optique la commande d’une œuvre qui serait créée dans le cadre d’une intégrale des symphonies de Beethoven a dû lui paraître particulièrement séduisante. Car lorsqu’on joue des œuvres nouvelles avec le répertoire traditionnel, on peut espérer que l’écoute de celui-ci soit influencée par celles-là, qu’une lumière nouvelle soit jetée sur l’ancien, que dans le soi-disant connu soit aiguisée la conscience du potentiel innovateur.

Il est aussi probable qu’un compositeur comme Colin Matthews puisse s’arranger pour que n’apparaissent pas trop de brèches entre le passé et le présent – après tout, il compte parmi ceux qui écrivent leur musique non pas sous le signe d’un « isme » quelconque, mais recueillent dans leurs œuvres des influences de traditions, de styles et de compositeurs divers. Ceci a peut-être à voir avec ses activités artistiques variées (mais, inversement, celles-ci ne peuvent que résulter de ses multiples domaines d’intérêt). Matthews a travaillé avec Benjamin Britten, a fondé en 1989 la maison de disques NMC (New Music Cassettes), qui se consacre à la publication de nouvelle musique britannique, a transcrit, plus ou moins librement, toute une série d’œuvres, notamment de Britten, Berlioz, Debussy et Schumann – on lui doit aussi une version orchestrale des Variations sur le chant populaire « Rule Britannia » de Beethoven. Et dans ses propres compositions apparaissent un peu partout des aspects de sa réflexion sur la musique du passé. Ceci se manifeste dans le fait que ses œuvres font appel au genre du concerto, de la suite ou du divertimento, mais aussi dans son traitement du matériau musical.

Si l’œuvre de Matthews est liée à toutes sortes de musiques du XXe siècle, Mahler a exercé une influence particulièrement déterminante sur elle (l’origine de ce lien remonte aux années 1960 : à l’époque, Matthews aida le musicologue Deryck Cooke à réaliser une partition d’orchestre de la Dixième Symphonie de Mahler à partir des esquisses du compositeur). Ainsi, les années 1900-1914 lui paraissent-elles encore aujourd’hui essentielles et la musique de la première moitié du XXe siècle constitue-t-elle pour lui un point de référence fondamental. Outre Mahler, Schönberg, Berg, Sibelius, Strauss, Stravinski, Scriabine, Bartók, Ravel et Debussy ont laissé des traces (parfois audibles, parfois sous-jacentes) dans ses partitions. Leurs compositions ont peut-être aussi contribué à donner à sa musique ses couleurs volontiers sombres, ce côté ombragé qui détermine souvent chez lui le parcours de mouvements entiers, voire de toute une œuvre.

Ceci vaut notamment pour la pièce orchestrale Grand Barcarolle, avec laquelle Colin Matthews prend place de manière tout à fait originale dans l’intégrale des symphonies de Beethoven du Gewandhaus et l’ensemble de pièces commandées pour l’occasion. Sans

20

22/10 CHAILLY.indd 20 17/10/11 11:34 samedi 29 octobre | 20H

faire usage de citations directes, il part exactement de l’endroit où Beethoven (notamment dans sa Huitième Symphonie) avait trouvé un potentiel créatif : extérieurement, il travaille avec des modèles apparemment conventionnels tout en tissant à l’intérieur, de façon harmonieuse, des idées raffinées. Ainsi prend-il l’ancien genre de la barcarolle – ce chant de gondolier vénitien qui fit son entrée dans la musique savante au XIXe siècle et dont on trouve des exemples dans la musique pour piano de Mendelssohn et celle de Chopin – pour former le cadre extérieur de quatre épisodes variés et reliés musicalement de façon multiple où l’écriture se caractérise entre autres par une mélodie qui se balance ou coule en douceur (la plupart du temps dans une mesure à 9/8 ou 12/8) et semble parfois « infinie ». D’une quinzaine de minutes, la pièce reflète de diverses manières la musique postromantique, sonne de façon un peu couverte du fait que, dans de longs passages, les tessitures graves sont privilégiées et les couleurs atténuées, s’appuie à grande échelle sur un son de cordes généreux, tend par endroits (sans doute une conséquence de la fréquentation de Mahler) à la citation et à l’association d’idées, et ailleurs – la barcarolle est après tout un chant – semble dire un texte.

Mais en dépit de la mise en jeu des caractéristiques essentielles de la barcarolle, aux atours musicaux flatteurs, l’auditeur aurait tort de se renverser dans son fauteuil. L’écriture change régulièrement et, dans ces moments-là, met l’auditeur au défi de percevoir une foule de détails dans le développement musical – que ce soit une accélération passagère du tempo combinée avec des soli fortement déclamés, des changements de couleurs imperceptibles mais qui se reproduisent en réalité de nombreuses fois, ou un arrêt de courte durée sur des accords ostinato, exacerbé en crescendo. Ainsi la forme prétendument limpide se montre-t-elle ouverte à maints égards et donne envie de relever le défi de la perception du détail – et finalement peut-être pas seulement dans la pièce de Matthews, mais aussi dans ce Beethoven que l’on croit connaître.

Christiane Schwerdtfeger (Traduit par Daniel Fesquet)

21

22/10 CHAILLY.indd 21 17/10/11 11:34 Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie n° 8 en fa majeur op. 93

Allegro vivace e con brio Allegretto scherzando Tempo di Menuetto Allegro vivace

Composition : 1811-1812 (terminée en octobre 1812 à Linz). Création : le 27 février 1814, avec la Septième Symphonie, Grande salle de la Redoute, Vienne. Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes en si bémol, 2 bassons – 2 cors, 2 trompettes – timbales – cordes Durée : environ 25 minutes.

Beethoven passe l’été 1812 en Bohême, dans les villes d’eaux de Teplitz et de Karlsbad (actuelles Teplice et Karlovy Vary). C’est à Teplitz, d’où il écrit sa lettre fameuse à l’« immortelle bien-aimée », qu’il compose pour l’essentiel la Huitième Symphonie, dans la suite immédiate de la Septième.

La symphonie se distingue par son choix de simplicité et sa durée d’ensemble qui revient aux proportions classiques de la Première Symphonie. Seul le finale apporte un peu d’extravagance, contrastant avec le déroulement très sage des trois premiers mouvements. Plus modeste, elle présente aussi un intéressant traitement soliste des instruments.

L’Allegro vivace e con brio offre une structure de forme sonate nettement délimitée, avec un premier thème bon enfant, mélodique plus que rythmique, et un deuxième thème léger, en syncopes, sur un accompagnement non legato du basson. Le développement est construit sur un grand crescendo par paliers, avec la réexposition pour climax. Vient ensuite, non un mouvement lent, mais un divertissement, Allegretto scherzando, d’une grâce légère, un peu désuète, avec des touches d’humour renvoyant à l’esprit de Haydn. Sans trompettes ni timbales, il met en vis-à-vis les deux groupes des vents et des cordes, et montre une écriture plus intime, quasiment de chambre, caractérisée par son dialogue entre instruments. La forme est simple : binaire ABA’B’, l’écriture, ciselée dans l’articulation, non legato quasiment d’un bout à l’autre, dans une pulsation démultipliée de doubles et triples croches en 2/4.

La Huitième est la seule à posséder un vrai menuet. Celui-ci s’ouvre forte sur un motif de brouhaha très marqué, évoquant le décor joyeux et animé d’une foire. De caractère rustique, un peu pesant, avec des ponctuations de trompettes et timbales, il retient par sa mise en valeur des instruments : le basson soliste, qui fait une brève apparition dans la deuxième partie du menuet, et surtout les deux cors et la clarinette solo dans le trio, sur un accompagnement en triolets pizzicato des violoncelles.

L’Allegro vivace couronne avec énergie cette œuvre plus discrète et renoue avec le finale de la Deuxième Symphonie : de forme rondo-sonate comme celui-ci, il présente de

22

22/10 CHAILLY.indd 22 17/10/11 11:34 samedi 29 octobre | 20H

même une dilatation de la coda-développement terminale, qui fait presque la moitié du mouvement. Petit grain de fantaisie : après l’énonciation du premier thème, pianissimo, aux cordes, un ut dièse ff marque sa reprise au tutti. Cet élément étranger trouvera sa légitimation dans la réexposition du deuxième thème en ré bémol majeur et sera complètement résolu dans la coda.

Symphonie n° 3 en mi bémol majeur op. 55 « Eroica »

Allegro con brio Marcia funebre. Adagio assai Scherzo. Allegro vivace Finale. Allegro molto

Composition : 1802-1804. Dédicace : au Prince Lobkowitz. Création : le 7 avril 1805 au Theater an der Wien (après une première audition privée l’été 1804 au Palais Lobkowitz). Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes si bémol, 2 bassons – 3 cors, 2 trompettes – timbales – cordes. Durée : environ 50 minutes.

L’histoire du surnom de la Troisième Symphonie est bien connue : Beethoven avait d’abord envisagé de dédier l’œuvre à Bonaparte et de l’intituler « Bonaparte », en admirateur du héros des idéaux républicains qu’il représentait pour lui, ou pour des raisons plus pragmatiques (plusieurs fois, il a exprimé à cette époque son désir d’aller faire carrière à Paris). Lorsqu’il apprit le sacre de Napoléon, il retira la dédicace et modifia le titre en « Symphonie héroïque pour fêter le souvenir d’un grand homme ». Jamais une symphonie n’avait eu pareilles proportions, pareille durée. Son gigantisme, son ton épique et grandiose, sa conception globale tendue vers le finale, son association aux figures de Bonaparte et de Prométhée, font de cette symphonie l’œuvre type de la phase héroïque de Beethoven et de la « nouvelle manière » qu’il annonçait en 1802.

Le premier mouvement est à plusieurs égards extraordinaire : par son foisonnement d’idées – il multiplie les thèmes au sein de la forme sonate (quatre dans l’exposition, un cinquième dans le développement) ; par son allongement du temps et ses dimensions colossales, reflétant une pensée à grande échelle et un nouvel équilibre des forces, avec un très ample développement et une vaste coda ; par ses hardiesses mélodiques et harmoniques (l’ut dièse dans le profil du premier thème), modulatoires (large brassage de tonalités), ou formelles (cor anticipant la réexposition avec le thème 1 à la tonique, sur pédale de dominante) ; par sa dynamique conçue de manière structurelle et sa cassure brusque du 3/4 dans des traits d’accords accentués groupés par deux.

La Marcia funebre en ut mineur trahit l’influence française des marches funèbres pour les grands hommes de la Révolution et renvoie à la Marcia Funebre sulla morte d’un Eroe,

23

22/10 CHAILLY.indd 23 17/10/11 11:34 troisième mouvement de la Sonate pour piano op. 26, de 1802. Ici aussi, on est frappé par l’allongement des proportions : la reprise de la marche après la partie centrale donne lieu à un nouveau développement.

Le Scherzo présente un matériau pensé en fonction de la vitesse, fondé sur un motif de broderie rapide de seconde. À l’écoute du trio, on comprend l’ajout à l’orchestre par deux d’un troisième cor, permettant de faire sonner aux cors seuls l’accord parfait complet.

Le thème du finale à variations provient du finale du ballet Les Créatures de Prométhée op. 43 de 1800-1801, dans lequel Prométhée, avec l’aide des dieux, donne vie à deux statues. Il était présent également dans la septième des Douze Contredanses WoO 14 composées entre 1791 et 1801. Avant d’être repris dans le finale de l’Eroica, il a servi aux Variations pour piano op. 35 de 1802, où Beethoven varie non seulement le thème, mais aussi sa basse. Ces Variations ont servi d’étude préliminaire au finale de l’Eroica. Le finale s’ouvre sur un grand geste théâtral de gamme descendante, qui prépare l’entrée en scène du thème : il expose et varie d’abord la basse, comme si Beethoven-Prométhée donnait peu à peu vie au thème, sa « créature ». Après son entrée en scène, les variations, sur le thème ou sur sa basse, vont se suivre dans une ordonnance parfaitement calculée. Beethoven répartit de manière stratégique les effets de surprise et les coups de théâtre, comme l’irruption d’une variation sur la basse supportant une musique tzigane qui semble étrangère au thème ou la disparition de la basse dans cette variation qui réexpose le thème dans un tempo ralenti (poco andante). La symphonie se termine sur un presto marquant le « triomphe » du thème.

Marianne Frippiat

24

22/10 CHAILLY.indd 24 17/10/11 11:34 DIMANCHE 30 OCTOBRE – 16H

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 4

Bruno Mantovani Upon one note – création française

entracte

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 6 « Pastorale »

Gewandhausorchester Leipzig Riccardo Chailly, Gewandhauskapellmeister

Fin du concert vers 18h.

25

22/10 CHAILLY.indd 25 17/10/11 11:34 Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie n° 4 en si bémol majeur op. 60

Adagio – Allegro vivace Adagio Menuetto. Allegro vivace Allegro ma non troppo

Composition : quelques semaines de l’automne 1806. Création privée en mars 1807 chez le prince Lobkowitz, à Vienne ; création publique le 15 novembre 1807 au Hoftheater, Vienne. Effectif : 1 flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 2 trompettes, 2 cors – timbales – cordes. Durée : environ 35 minutes.

En l’automne 1806, Beethoven est hébergé en Silésie chez son principal mécène, le prince Lichnowsky, qui lui verse une forte pension et qui lui témoigne, ainsi que son épouse, beaucoup d’intérêt compréhensif. Ce séjour finira par une violente rupture, provoquée par Beethoven qui refuse de jouer devant des officiers français (l’Allemagne est alors occupée par Napoléon) ; cette rébellion lui aurait été pardonnée, comme tant d’autres, si le Maître ne s’était enfui en envoyant à son protecteur ce billet lapidaire et fameux : « Vous êtes prince par le hasard de la naissance. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Mais il n’y a qu’un seul Beethoven ». Après ce pavé dans la mare aussi grandiose que peu utile, le compositeur s’est retrouvé dans la gêne financière.

La Quatrième Symphonie est la seule de Beethoven qui ait fait l’objet d’une commande. En effet, pendant qu’il séjournait chez Lichnowsky, un seigneur voisin, le comte Oppersdorff, possesseur d’un bon orchestre et qui avait déjà fait exécuter la Deuxième Symphonie, lui propose d’écrire cette Quatrième. La composition a été rapide, et le ton général de l’ouvrage est enjoué et heureux. Une tradition attribue cette gaîté à de prétendues fiançailles que Beethoven aurait contractées en mai 1806 avec Thérèse von Brunswick ; mais cette légende sentimentale est contestée de nos jours.

L’introduction lente qui préface le premier mouvement est l’une des plus fascinantes de Beethoven, comparable à celle de la Septième Symphonie ou des ouvertures Leonore ; le compositeur prend modèle sur les dernières symphonies de Haydn. En mineur et très modulante, cette introduction se partage en deux motifs, l’un mystérieusement lié, l’autre hasardé en petits pas entrecoupés et circonspects. Les dernières mesures fortissimo exigent le déclenchement du brillant allegro.

L’exposition très riche et dynamique de celui-ci démontre que cette symphonie, moins célèbre que ses sœurs impaires, est largement aussi entraînante qu’elles. Un démarrage insistant s’exerce sur un bref trait ascendant, la levée du thème, fusée qui sera exploitée tout au long de la pièce. Le premier thème descend les marches de l’accord parfait avec une agilité qui

26

22/10 CHAILLY.indd 26 17/10/11 11:34 dimanche 30 octobre | 16H

pressent le finale de la Cinquième. Le pont commence peu après sur le trottinement de deux bassons ingambes et se poursuit en un orageux crescendo. Les charmes du deuxième thème s’apparentent à ceux de la future Symphonie « Pastorale » : deux épisodes différents ouvrent un ciel clair sur les chants du basson solo, de la clarinette ou de la flûte entrelacés, mais toujours animés de cet esprit actif et rapide, qu’encouragent de leur grosse voix quelques tutti exclamatifs. La section conclusive jette ses cadences sur des syncopes presque désinvoltes.

Le développement se consacre entièrement au premier thème. Il commence dans une atmosphère détendue ; la flûte bondit gracieusement, entourée par une courtoisie d’écriture qui annonce Mendelssohn ; Beethoven pourtant ne tarde pas à s’impatienter et à lancer ses tonnerres, tout comme il s’attarde, de façon très caractéristique, sur une cellule qu’il rumine à l’infini, en l’occurrence le trait de levée, la fusée initiale, geste sonore qui devient songeur en s’interrogeant sur la suite à donner… La timbale, qui roule longuement à l’horizon, conquiert une place nouvelle pour l’époque. Après une réexposition très régulière, la coda exalte le début du thème avec autant d’énergie que de satisfaction.

L’admirable Adagio, sommet de l’ouvrage, conjugue une sérénité, une douceur très humaines, avec une part de mystère. Musicalement, il s’équilibre entre deux éléments, le galbe très cantabile des thèmes, simples et émouvants, et une cellule rythmique constante, isolée ou sous-jacente, qui est en quelque sorte le battement de cœur du morceau. Longue-brève, ce rythme tonique est l’iambe, que Beethoven affectionne, mais qui traversera ici des variantes – des triolets incomplets, par exemple. Les violons exposent la cantilène du premier thème, que la flûte reproduit, par la suite, à l’octave supérieure. Dans le pont, le motif rythmique se transforme en un remous arpégé, tandis que des fragments mélodiques voyagent et agrandissent l’espace. Le deuxième thème, confié à une clarinette crépusculaire, présente un profil beaucoup plus incertain et dubitatif. Après la section conclusive portée par le rythme en ostinato, où les deux bassons rêvent, le retour ornementé du premier thème se substitue à la traditionnelle barre de reprise.

Le bref développement, seul passage dramatique de ce mouvement, suscite un nuage sombre et lourd de destin ; le premier thème en mineur n’en finit pas de descendre, accablé de sforzandos. Après une transition, la réexposition et la coda reprennent à l’envi, et pour notre plaisir, les idées initiales, en particulier les méandres du premier thème si apaisant. Le soi-disant menuet est un scherzo tiraillé qui alterne des secousses autoritaires avec des lignes sinueuses et étranges, parfois gonflées en crescendo-decrescendo. La section secondaire, ou trio, y est énoncée deux fois, dans un schéma A-B-A-B-A abrégé (coda). Ce trio met en dialogue le groupe des bois d’une part, que Beethoven aime isoler en chœurs un peu lointains, et les réponses glissantes, furtives des cordes, d’autre part.

Le finale, mené à un tempo expéditif, est un mouvement perpétuel qui anticipe Mendelssohn sous son jour frénétique. Le véritable personnage principal, plus que les thèmes qui sont peu significatifs, est ce fourmillement des doubles-croches qui traverse tout un plan de sonate à fond de train, comme s’il en supervisait les sections, en diagonale. L’écriture mi-furieuse, mi-joyeuse déclenche en passant quelques courts-circuits, son

27

22/10 CHAILLY.indd 27 17/10/11 11:34 énergie se heurte à un dissonant obstacle puis repart de plus belle. La réexposition est clairement amorcée par un basson hâtif, timbre qui décidément est très à l’honneur dans cet ouvrage. Les accords conclusifs sont précédés du seul passage ralenti : cette vieille tactique est remplie, en l’occurrence, d’un certain humour.

Isabelle Werck

Bruno Mantovani (1974) Upon one note [Sur une note] pour orchestre – 2011, création française

Durée : environ 15 minutes.

La « musique sur de la musique » est depuis des siècles fort prisée des compositeurs comme du public. On compte plus de 8600 œuvres liées expressivement à une œuvre existante et elles sont dues à presque 3000 compositeurs différents (c’est en tout cas les chiffres qui ressortent de la liste établie en 2004 par le musicologue Klaus Schneider dans le dictionnaire du même nom). La palette est large, depuis les variations, les transcriptions et les hommages jusqu’à la musique sur la pratique musicale qui ne fait pas référence à des œuvres concrètes mais au concert, au jeu instrumental, etc., en passant par l’utilisation du patrimoine (par exemple les chants populaires) et l’imitation de styles. Vastes possibilités qui le sont encore même quand les données de départ sont serrées, comme dans le cas de l’intégrale Beethoven du Gewandhaus : on a demandé à cinq compositeurs d’écrire chacun une pièce qui fasse référence à une symphonie de Beethoven précise. En comparant les pièces qu’ils ont écrites, on constate que non seulement les signatures artistiques sont foncièrement différentes, mais aussi le choix de la méthode. Le compositeur français Bruno Mantovani, qui est depuis quelques années l’un des talents les plus prometteurs de sa génération et dont les œuvres sont jouées par les ensembles et les orchestres les plus renommés, a imaginé, en rapport avec la Quatrième Symphonie de Beethoven, une pièce sonore moderne dont le titre Upon one note (« Sur une note ») donne déjà une indication fort précise de la manière dont il a abordé le problème de la référence au maître.

Le point de départ de sa pièce est un si bémol joué à l’unisson par les bassons, les cors et les cordes graves, d’une durée diverse suivant les pupitres, qui tient jusqu’à près de sept secondes et fait ainsi figure de signal. Dans la suite de la pièce, il revient régulièrement, jouant le rôle de note centrale : il peut aussi bien former un large fondement (par exemple les contrebasses jouent exclusivement cette note durant de longs passages) que le point de départ à partir duquel des espaces sonores sont développés verticalement et horizontalement. La première question que l’on se pose est pourquoi si bémol et pas une autre note. Une des réponses possibles serait que si bémol (écrit « B » en allemand) symbolise le nom de Beethoven (Reiner Bredemeyer avait par exemple utilisé ce symbole dans sa pièce Bagatellen für B. écrite pour le bicentenaire de la naissance de Beethoven en 1970). Mais cet aspect n’intéresse pas Mantovani. L’important pour lui était le lien

28

22/10 CHAILLY.indd 28 17/10/11 11:34 dimanche 30 octobre | 16H

musical concret entre sa pièce et l’œuvre de référence : le « B » n’est autre que la note fondamentale de la Quatrième Symphonie de Beethoven, en si bémol majeur, et ainsi a-t-elle stimulé son inspiration avec quelques autres caractéristiques de l’introduction lente.

Au début de son œuvre, Beethoven s’appuie sur une fonction harmonique multiple du si bémol qu’il introduit également à l’unisson (et auquel il revient à la fin du premier mouvement en renonçant à la tierce et à la quinte). Mantovani exploite cette idée et utilise le si bémol également comme un paramètre variable dans sa pièce. Dans l’écriture aussi, on trouve dans Upon one note des ressemblances avec l’introduction de la Quatrième de Beethoven : les deux œuvres tirent une bonne partie de leur énergie initiale (la réalisation est certes très différente dans le détail) de la confrontation d’une note tenue (une pédale) avec l’épanouissement d’un geste musical, toutes deux font appel à un fort chromatisme, toutes deux développent le matériau petit à petit et de manière très systématique.

La pièce de Mantovani atteint sur plusieurs plans le grand son orchestral. Partant de deux éléments on ne peut plus complémentaires – le si bémol tenu et le vagabondage du hautbois autour de la note centrale dans un espace de plus en plus vaste –, elle trouve son cheminement propre avec l’ajout de nouveaux groupes instrumentaux, la démultiplication des sons tenus jusqu’à des clusters de demi-tons et de quarts de ton, l’élargissement des tessitures, la différenciation rythmique, l’épanouissement dynamique dans des crescendos multiples, et finalement l’ouverture des blocs de sonorité par de brèves formules. Désormais se développent sans arrêt de nouvelles surfaces et de nouveaux actes, les changements de couleur, d’intensité et de direction se suivent parfois de près, tant et si bien que l’orchestre, vite devenu extraverti et puissant, gesticule par endroits presque sauvagement, parfois résolument « sur B » et en mettant en évidence ce si bémol, avant que se referme la réflexion sur Beethoven sur un accord de quatre sons decrescendo.

Dans ses formulations variées, Upon one note reflète peut-être aussi la fascination que Beethoven et sa musique exercent sur Bruno Mantovani. D’une façon générale, le maître est pour lui « l’alpha et l’oméga » ; il se souvient de la Cinquième Symphonie comme de l’une de ses premières impressions musicales ; parmi ses premières compositions figurait un mélodrame sur le « Testament d’Heiligenstadt » ; quant à la Quatrième Symphonie, il la trouve fascinante à plusieurs égards : elle n’utilise pas seulement des traits typiques de la musique du XVIIIe siècle, mais par plus d’un aspect entre de plain-pied dans le Romantisme. Par ailleurs, ajoute Mantovani, l’abstraction de certains éléments – par exemple l’unisson du début – a quelque chose d’extrêmement moderne.

L’histoire de la musique ne serait alors qu’une boucle ? Si boucle il y a, dans la perspective de ces deux œuvres, elle se referme en « B ».

Christiane Schwerdtfeger (Traduit par Daniel Fesquet)

29

22/10 CHAILLY.indd 29 17/10/11 11:34 Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68 « Pastorale »

« Éveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne ». Allegro ma non troppo « Scène au bord du ruisseau ». Andante molto mosso « Réunion joyeuse de paysans ». Allegro « Orage, tempête ». Allegro « Chant de pâtres, sentiments de contentement et de reconnaissance après l’orage ». Allegretto

Composition : 1807-1808. Dédicace : au prince Lobkowitz et au comte Razumovsky. Création : le 22 décembre 1808 à Vienne au Theater an der Wien. Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes en si bémol, 2 bassons – 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones – timbales – cordes. Durée : environ 45 minutes.

Lorsque le public viennois découvre la Symphonie « Pastorale », le 22 décembre 1808, il assiste à un véritable festival Beethoven. En effet, le programme de cette soirée exceptionnelle affiche de surcroît la Cinquième Symphonie (créée elle aussi ce jour-là), le Quatrième Concerto pour piano, des extraits de la Messe en ut majeur, l’air de concert « Ah! perfido » et la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre op. 80, précédée d’une improvisation pianistique du compositeur. Celui-ci, mécontent de sa situation à Vienne, laisse croire qu’il accepte le poste que Jérôme Bonaparte lui offre à Cassel. Il organise alors ce « concert d’adieux », où il déploie toutes les facettes de son génie, afin – espère-t-il – que ses riches protecteurs se montrent plus généreux. Il présente ainsi ses cinquième et sixième symphonies. On ne peut imaginer contraste plus saisissant : d’une part l’expression tragique et la victoire obtenue à l’issue d’un combat acharné ; d’autre part le lyrisme serein et l’évocation champêtre. La Pastorale est la plus radieuse et la plus confiante des partitions orchestrales de Beethoven. Si quelques ombres se glissent, elles disparaissent aussitôt. Certes, l’Orage trouble un instant l’effusion paisible, une rupture s’avérant nécessaire pour maintenir en éveil l’attention de l’auditeur. Mais cette tempête, d’autant plus spectaculaire qu’elle reste brève, met en valeur la lumineuse quiétude des autres épisodes.

La partition a fasciné bien des musiciens romantiques, qui ont vu là une préfiguration de leurs recherches et de leurs aspirations : une œuvre à programme et l’exaltation de la nature. Toutefois, en dépit des titres inscrits en tête de ses mouvements, sa narration se limite à l’idée d’une contrée idyllique, peuplée de paysans francs et enjoués, brièvement perturbée par le fracas du tonnerre. Elle ne s’inspire d’aucun substrat littéraire et ne livre pas une autobiographie romancée, au contraire de ce que réalisera Berlioz dans sa Symphonie fantastique. En définitive, la Pastorale apparaît moins dramatique que la Cinquième. Elle reste fidèle à la forme sonate dans les premier et deuxième mouvements, mais – attitude rare chez Beethoven – sans la théâtraliser. De plus, la nature est ici dépourvue du mystère et de la dimension fantastique qui hanteront les œuvres romantiques. Elle ne reflète ni inquiétudes métaphysiques, ni solitude de l’artiste en conflit avec la société de son temps. La Symphonie n° 6 transpose les impressions ressenties par le compositeur dans un paysage bucolique.

30

22/10 CHAILLY.indd 30 17/10/11 11:34 dimanche 30 octobre | 16H

« Plutôt expression du sentiment que peinture », indique Beethoven sur sa partition. Probablement souhaite-t-il éviter les interprétations trop anecdotiques et trop précises. Pourtant, s’il se montre plus évocateur que descriptif, il donne à plusieurs de ses mélodies un contour populaire et accorde de nombreux solos aux bois et aux cors (instruments associés aux scènes pastorales depuis l’époque baroque). À la fin de la Scène au bord du ruisseau, il introduit le chant du rossignol, de la caille et du coucou, confiés respectivement à la flûte, au hautbois et à la clarinette. D’ailleurs, l’orchestration individualise et caractérise les cinq tableaux : le piccolo et les timbales apparaissent dans l’Orage, afin de traduire le déchaînement des éléments et de créer l’illusion d’une dilatation de l’espace. Les trompettes sont absentes des deux premiers mouvements, les trombones des trois premiers. Les Viennois de 1808 ont sans doute été sensibles à cette musique qui célèbre leurs paysages, puisqu’ils ont accepté les conditions que son auteur exigeait.

Hélène Cao

31

22/10 CHAILLY.indd 31 17/10/11 11:34 LUNDI 31 OCTOBRE – 20H

Friedrich Cerha Paraphrase über den Anfang der 9. Symphonie von Beethoven – création française

entracte

Ludwig van Beethoven Symphonie n° 9 « Hymne à la joie »

Gewandhausorchester Leipzig Chœur de Radio France Riccardo Chailly, Gewandhauskapellmeister Christiane Oelze, soprano Annely Peebo, alto Kor-Jan Dusseljee, ténor Thomas E. Bauer, baryton Matthias Brauer, chef de chœur

Fin du concert vers 21h50.

32

22/10 CHAILLY.indd 32 17/10/11 11:34 Lundi 31 octobre | 20H

Friedrich Cerha (1926) Paraphrase über den Anfang der 9. Symphonie von Beethoven [Paraphrase sur le début de la Neuvième Symphonie de Beethoven] – 2010, création française

Durée : environ 15 minutes.

Lorsque l’Orchestre du Gewandhaus me demanda si je serais intéressé par la commande d’une petite pièce que l’on jouerait avant la Neuvième Symphonie de Beethoven et qui aurait si possible des liens avec celle-ci, ma première réaction fut un non catégorique ; je ne voulais pas faire de la musique sur la musique d’un autre. Mais dans les jours suivants, le début de la symphonie n’arrêtait pas de me hanter et je n’arrivais pas à m’en débarrasser. Il m’a toujours particulièrement fasciné, depuis le moment où j’entendis l’œuvre pour la première fois dans mon enfance : les mystérieuses chutes de quinte et de quarte sur un tremolo jusqu’à la formule cadentielle puissante et décidée. Ce matériau commença à se transformer dans ma tête et à proliférer comme du mycélium.

Les éléments se métamorphosèrent toujours plus jusqu’à ce que leur origine devienne méconnaissable. Petit à petit se dégagea des représentations nébuleuses de mon imagination la dramaturgie d’une pièce – sans que j’écrive une seule note. Finalement j’acceptai la commande. Je m’installai à mon bureau et me lançai avec fureur dans le premier jet de la pièce.

La première version de mes œuvres est toujours la plus courte. Lors de la mise au propre, la pièce s’allonge le plus souvent, d’une part, parce que ce qui a été tout d’abord directement juxtaposé nécessite des transitions soignées, d’autre part, parce que l’imagination ne s’arrête pas de fonctionner après la première mouture et continue de s’ouvrir de nouvelles portes. Pour autant, la pièce entière ne dure pas plus de quatorze minutes.

L’harmonie est construite sur la chaîne de quartes descendantes qui forme le premier motif de la Neuvième Symphonie. L’instrumentation est celle de Beethoven, mais les trois percussionnistes jouent d’autres instruments.

J’espère de tout cœur que le fossé entre ma paraphrase et l’œuvre paraphrasée ne sera pas perçu comme une rupture définitive entre deux éléments étrangers, mais que la parenté demeurera sensible.

Friedrich Cerha

De Beethoven à Cerha

Parenté, et non correspondance ; lien, mais pas imitation – Friedrich Cerha décrit dans son texte sur sa nouvelle œuvre Paraphrase l’un des nombreux problèmes, sinon le principal, auxquels est confronté le compositeur chargé d’écrire une pièce en rapport avec une œuvre existante.

33

22/10 CHAILLY.indd 33 17/10/11 11:34 Car exprimer sa propre position artistique face à un monument classique pose forcément la question de savoir dans quelle mesure l’œuvre de référence peut donner au compositeur le point de départ de sa conception sans le faire pour autant renoncer à sa personnalité – et au pire tomber dans une sorte de « re-création » illustrative. Indépendamment de cette question, les possibilités de référence musicale sont nombreuses et lancent autant de défis au compositeur dans le processus de décision : depuis la citation claire et reconnaissable (là aussi les possibilités sont très diverses) jusqu’au lien conceptuel – le compositeur remet sur le tapis certaines questions artistiques, voire philosophiques essentielles et tente d’y répondre dans une perspective actuelle – en passant par le montage, le collage et l’extraction de formules beethovéniennes pour en faire de nouveaux éléments structurels.

Friedrich Cerha a cherché le point de départ de sa Paraphrase écrite en 2010 dans la structure de l’œuvre de Beethoven – et au bout du compte il met également en évidence une relation conceptuelle. Ne serait-ce que d’un point de vue historique, la commande arrivait chez Cerha en terrain fertile car il entretient un rapport certain aux classiques viennois : « Je me sens lié à la tradition beethovénienne et viennoise par cette façon de penser en développement thématique immédiatement perceptible. » Travail du matériau suivant la technique de variation ou en lui faisant subir une métamorphose, utilisation de principes de composition clairs et déploiement d’un langage musical très personnel, original et parfaitement limpide à l’écoute – telles sont les caractéristiques qui s’appliquent aussi bien à la Paraphrase de Cerha qu’aux symphonies de Beethoven. Le titre de l’œuvre (pensé ici sans doute plus d’un point de vue linguistique – « explication de texte » – que par référence historique à la transcription libre) établit un lien aussi étroit avec l’œuvre de Beethoven que la démarche compositionnelle permet de s’en détacher : des chutes de quinte et de quarte servent de point de départ et renvoient au début de la Neuvième Symphonie de Beethoven, mais elles constituent en même temps un matériau qui se prête à de nombreuses variantes de par son adirectionnalité.

Non seulement l’introduction de Beethoven sert à Cerha de point de départ structurel, mais les deux œuvres sont dans un premier temps également parentes dans leur écriture : ici comme là, quintes et quartes tombent droit, ici comme là, tout se passe d’abord à tâtons et pianissimo, ici comme là, l’introduction fait figure de présentation d’une situation spécifique. Il est vrai pourtant que Cerha formule les choses complètement différemment. Il utilise les chutes de quarte et de quinte, qu’il confie à divers instruments de percussion, pour compléter la structure dodécaphonique, met en jeu les cordes et les bois dans leur totalité, en groupes sonores tout d’abord homogènes, et à partir de cet état initial commence tout de suite à sonder le matériau pas à pas. Durant presque un quart d’heure, il le soumet à une métamorphose continue, modifiant petit à petit et inexorablement la structure interne des groupes sonores qui, avec les nuances les plus fines, en crescendo, dans des mouvements toujours plus rapides et suivant des lignes toujours plus nettes, sont amenés à un premier point culminant. Celui-ci, sauvage et primitif, relevant presque du rituel, revient dans la deuxième partie et sert de parenthèse musicale essentielle dans une pièce qui, avec une conséquence implacable, parcourt deux fois un mouvement crescendo- decrescendo de grandes dimensions et à strates multiples. Paraphrase est en outre une

34

22/10 CHAILLY.indd 34 17/10/11 11:34 Lundi 31 octobre | 20H

forme close du fait que la fin entretient un rapport avec le début, les deux passages reposant sur les sons tenus des cordes ; par ailleurs, avec le retrait temporaire des vents et les répétitions obstinées des percussions, la fin donne l’impression d’un lointain écho de ce qui vient d’être vécu.

Beethoven mis à part, ce qui rend Paraphrase fascinant, c’est notamment la multitude d’avatars que produit la métamorphose du matériau et le découpage conséquent qui, quelle que soit la modernité harmonique et sonore, n’est jamais fragilisé. Le passage d’un domaine expressif à l’autre, l’articulation de moments aux forts accents rythmiques et d’autres tissés avec douceur, les fines nuances de dynamique et d’écriture (en règle générale les éléments fortement contrastants ne sont pas mis en opposition directe mais présentés successivement), l’intensité permanente du discours se combinent pour former une pièce musicale très dense. L’écouter constitue une expérience – indépendamment de la question de sa parenté avec Beethoven.

Christiane Schwerdtfeger (Traduit par Daniel Fesquet)

Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie n° 9 en ré mineur op. 125 « Hymne à la joie »

Allegro, ma non troppo, un poco maestoso Molto vivace Adagio molto e cantabile Presto

Composition : achevée en février 1824. Création : le 7 mai 1824 à Vienne sous la direction de Michael Umlauf avec la collaboration du violoniste Schuppanzigh. Effectif : 2 flûtes, 1 piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 1 contrebasson – 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales, grosse caisse, triangle, cymbales – cordes – soprano, alto, ténor et basse solo – chœur mixte. Durée : environ 70 minutes.

Pendant les douze années qui ont séparé la Huitième Symphonie (1812) de la Neuvième, le compositeur a médité divers projets, lesquels ont fini par converger dans cette somme de styles symphoniques et vocaux édifiée avec une rare cohérence. Beethoven a désiré mettre en musique l’Hymne à la joie de Schiller (1759-1805) dès ses vingt-deux ans, en 1792 ; le poète a d’ailleurs été prévenu en 1793, par un ami, qu’un certain « Ludwig van B. », très talentueux, caressait cette idée. Le musicien, en réalisant son rêve sur le tard, a eu l’audace de couronner une symphonie par cette grande cantate ajoutée, et il a fusionné dans son œuvre tous ses idéaux, sa psychologie tourmentée, sa volonté de fer, sa générosité sans bornes ; la Neuvième Symphonie est la synthèse non seulement d’un style artistique personnel, mais d’une vie ; d’où son côté emblématique et son impact qui semble inépuisable.

35

22/10 CHAILLY.indd 35 17/10/11 11:34 Le thème musical proprement dit de l’« Hymne à la joie » figure déjà dans un ouvrage antérieur de Beethoven, la Fantaisie pour piano, chœurs et orchestre op. 80 (1808) qui est souvent considérée comme une étude préparatoire de la Neuvième Symphonie ; par ailleurs, l’idée de confier à un chœur une louange à la liberté, à l’amour, à la fraternité a déjà été accomplie par le compositeur dans la scène finale qu’il a ajoutée à Fidelio en 1814 : l’opéra se termine, comme la Neuvième Symphonie, à la façon d’un oratorio.

La symphonie, créée avec des moyens qui paraîtraient aujourd’hui insuffisants, a rencontré immédiatement l’adhésion du public. Beethoven se tenait debout aux côtés du chef Umlauf, il suivait son travail tout en restant muré dans sa surdité. Après le dernier accord, l’assistance a manifesté un enthousiasme énorme, et c’est l’alto Caroline Unger qui a gentiment pris le compositeur par le bras pour qu’il se retourne et voie la salle en délire.

Le premier mouvement, empli d’une énergie concentrée et sombre, suit un plan de sonate régulier mais qui semble coulé dans le bronze ; l’exposition se passe de la traditionnelle reprise, la coda rappelle tout un pan du développement, et l’ensemble se perçoit comme un flux, toujours braqué face à l’adversité, et toujours porté par un souffle de grandeur. L’œuvre commence dans un décor mystérieux de quartes et de quintes qui semble présider aux origines du monde ; dans un crescendo, ce dessin se resserre dramatiquement et laisse exploser le thème principal, un unisson de stature titanesque. Le deuxième thème est entrepris sur une idée tendre et conjointe qui pressent, comme une vague utopie, le futur « Hymne à la joie » ; mais bientôt tout un chapelet d’idées secondaires le conduit à un climat d’insistance et de détermination qui ressemble déjà à un développement. Celui-ci, ouvert par un retour du décor de quartes initial, comporte en son centre un remarquable fugato à trois entrées, dont la noble allure rappelle son homologue dans le deuxième mouvement de la Symphonie n° 3. En tête de la réexposition, l’introduction, devenue terrible avec ses timbales qui tonnent pendant plus d’une minute (trente-huit mesures), est un cataclysme, véritable point culminant du morceau. Enfin la coda invite une idée nouvelle et magnifique, une marche funèbre en crescendo dont la dignité accablée évoque encore l’Eroica.

Le scherzo, le seul dans les symphonies beethovéniennes à être placé en deuxième position, est un tourbillon de danse, tout frémissant d’intelligence et de caractère. Dans un tempo haletant, la mesure à trois temps se bat en réalité à un temps. La péremptoire introduction n’hésite pas à laisser éclater les timbales seules ; puis le thème principal se déclenche comme une farandole en cinq entrées fuguées : thème dionysiaque, protéen dans sa bondissante allégresse avec cet arrière-goût furieux si typique de Beethoven, coupé de silences humoristiques ou de sursauts qu’assurent décidément les timbales. Cette trame de notes piquées, précise et infatigable, veut relier tous les êtres dans sa ronde et aspire déjà à l’universalité : certains passages du finale reprendront ce style. La partie scherzo, plus vaste et complexe qu’il ne paraît, est en fait une forme sonate. Dans le trio central, très idyllique et à deux temps, de nombreux pupitres se partagent à tour de rôle une petite chanson aussi conjointe et aussi simple que l’« Hymne à la joie » ; les effets répétitifs et doux dessinent des horizons vallonnés analogues à ceux de la Symphonie « Pastorale ».

36

22/10 CHAILLY.indd 36 17/10/11 11:34 Lundi 31 octobre | 20H

L’admirable et long Adagio peut être considéré comme le fondateur et le modèle de ceux que signeront, notamment, Bruckner ou Mahler plus tard. Il met en présence deux thèmes, en majeur tous les deux, qui seront variés tour à tour : le premier, d’une sérénité crépusculaire et un peu mélancolique, est chanté essentiellement par les cordes, mais rencontre d’émouvants échos du côté des clarinettes et bassons ; le deuxième, indiqué andante moderato, est plus fluide et chaleureux. Les transitions entre les épisodes sont d’une lenteur et d’un imprévu magiques. Dans sa première variation, le thème principal est délayé en doubles-croches de violons avec un accompagnement en pizzicati ; sa structure, toujours pourvue d’échos, est parfaitement reconnaissable. La variation – unique – du deuxième thème laisse celui-ci presque intact, en le confiant aux bois, dans une sorte de valse aérienne. Un intermède, fausse variation, semble s’interroger, maintenu sur une expectative perplexe ; il prépare le véritable retour du premier thème, dans sa deuxième version, aisée et affectueuse : entre les bois d’un côté et les violons de l’autre, il se superpose à sa propre variation avec une richesse très gratifiante pour l’oreille. La coda, considérable, est introduite par deux sonneries, comme un appel au réveil, où retentissent les trompettes qui s’étaient tues jusque-là. Après un surcroît de variantes lointaines et ornementales, une majestueuse cadence conclut cette page emplie d’idéalisme, d’amour et de tendre gravité.

Le finale est aussi fameux pour son utilisation pionnière de la voix dans le répertoire symphonique que pour son message humaniste. Le musicien n’a retenu en définitive que trente-six vers sur la centaine de Schiller : « Il a choisi les strophes les plus grandioses, nous indique André Boucourechliev ; la Joie, belle étincelle des Dieux, est celle de l’amitié, de l’amour, de la fraternité universelle, de la foi. Beethoven s’est si bien approprié le poème, il en a si bien coupé, interverti, enchaîné les vers qu’il ne s’agit plus d’un poème de Schiller, mais d’un poème de Beethoven. » Quant à « l’Élysée » dont la Joie est la fille, d’après les éclaircissements de Schiller lui-même, ce n’est pas un paradis lointain, mais une réalisation de l’idéal sur terre, grâce à la vaillance et à la solidarité des femmes et des hommes. Le compositeur insiste particulièrement sur les huit premiers vers, porteurs du thème célébrissime, qui revient régulièrement comme un refrain ou comme un sujet de variation ; cette mélodie apparemment si simple et si facile à retenir, futur hymne européen, lui a coûté de nombreux tâtonnements.

Ce finale comporte quatre grandes parties : une exposition instrumentale, puis une exposition vocale, toutes deux centrées sur le thème de l’hymne qui est traité en variations ; une troisième section sur le thème de l’embrassement (« Seid umschlungen, Millionen ») ; et enfin une importante coda. Deux pôles stylistiques y cohabitent en bonne intelligence : une frénésie païenne héritée du scherzo, et une solennité religieuse à la Haendel ; l’une et l’autre font l’objet de fugues suprêmement brillantes.

L’exposition orchestrale commence par ce que Wagner surnommait « la fanfare de l’effroi », jetée sur une brutale dissonance. Un récitatif bourru de violoncelles et contrebasses s’interrompt de temps à autre pour laisser surgir des citations des mouvements antérieurs, comme un index de cette symphonie : l’aube du premier volet, les bonds du deuxième,

37

22/10 CHAILLY.indd 37 17/10/11 11:34 un soupir du troisième… que suit une esquisse de l’« Hymne à la joie ». Celui-ci est enfin énoncé, dans toute la longueur de ses cinquante-six mesures, aux cordes graves, chant d’autant plus captivant qu’il a été préparé par tout ce suspense. D’après ses notations sur le manuscrit, Beethoven rejette l’une après l’autre, comme obsolètes, les formules des mouvements précédents puis, à côté de l’hymne, il s’écrie : « Ah ! le voici, il est trouvé, joie ! »

L’exposition vocale commence comme un décalque de la précédente ; quand le baryton solo proclame : « Non, pas cela, mes amis, mais autre chose de plus gai », les paroles ne sont pas de Schiller mais de Beethoven qui, selon son habitude, conçoit et réfléchit tout haut jusque dans son œuvre même. Dans cette deuxième partie, la variation la plus amusante de l’hymne est celle, alla marcia, dite « turque », à cause de sa sympathique quincaillerie de percussions, grosse caisse, triangle, cymbales : le ténor et le chœur d’hommes nous invitent à avancer, fiers comme des soleils, dans l’espace. La familiarité de ton, le côté à la fois militaire et plébéien sont un apport très franc de Beethoven dans la sphère symphonique : il ne dédaigne pas la musique de la rue et s’adresse à tout un chacun.

« Seid umschlungen, Millionen » [« Embrassez-vous, millions d’êtres »] est une section globalement plus lente et d’une haute dévotion ; c’est là que la Neuvième Symphonie affirme sa vocation de messe déiste et laïque, dont le pendant sacré, exactement contemporain, est la Missa solemnis (1822). Le thème est annoncé par les voix d’hommes et les trombones avec une quasi-sévérité qui emprunte au chant grégorien. Un sommet purement magique est atteint sur l’évocation de la voûte étoilée : l’empilement des instruments et des voix, du grave à l’aigu sur un seul accord suspensif et doux, nous fait littéralement lever la tête vers un brouillard cosmique où les astres planent en tremblant. Soudain les voix féminines, énergiques comme des flèches de lumière, déclenchent un fugato qui entrelace les deux thèmes de l’embrassement et de la joie.

La coda porte à un sommet d’incandescence dionysiaque l’esprit de la danse. Elle commence par un développement très rapide du thème de l’embrassement ; puis, après une ultime et splendide invocation à la joie par tout le chœur, rempli de gratitude, l’orchestre conclut dans une flambée rythmique très enlevée.

Isabelle Werck

38

22/10 CHAILLY.indd 38 17/10/11 11:34 22/10 CHAILLY.indd 39 17/10/11 11:34 Biographies des compositeurs le 6 octobre 2011. Se consacrant par l’Orchestre Philharmonique de Munich ailleurs à la direction orchestrale, ou l’Orchestre de la Suisse Romande, Carlo Boccadoro Carlo Boccadoro a eu l’occasion de sous la direction de chefs comme Diplômé du Conservatoire G. Verdi de diriger diverses formations comme Vladimir Ashkenazy, , Milan en piano et percussion, Carlo l’Orchestre du Théâtre de la Scala de Ingo Metzmacher, Vladimir Jurowski ou Boccadora a étudié la composition Milan, l’Orchestre National Symphonique Fabio Luisi. Il a gravé plus de 60 disques dans ce même établissement avec de la RAI, les Pomeriggi Musicali de (dont la première intégrale de l’œuvre divers professeurs dont Paolo Arata, Milan, l’Orchestre G. Verdi de Milan, pour piano de ). Ses tournées Bruno Cerchio, Ivan Fedele et Marco l’Orchestre de Toscane, l’Orchestre du l’ont mené dans de nombreux pays à Tutino. Depuis 1990, ses œuvres ont Teatro Regio de Turin et l’Orchestre travers l’Europe, l’Amérique du Sud et été à l’affiche de prestigieuses saisons de la Fondation Arena de Vérone. La l’Extrême-Orient. Depuis 1988, il est en de concerts : l’ont ainsi programmé commission radiophonique italienne charge de la série « musica nova » au le Théâtre de la Scala de Milan, la (RAI) l’a sélectionné en 2001 pour Gewandhaus de Leipzig. En 1989, il a Biennale de Venise, le Bang On A Can participer à l’IRC, forum international fondé l’Ensemble Avantgarde. Il a dirigé Marathon de New York, le Festival des compositeurs organisé à Paris par le Festival de Janvier du Museum der d’Aspen, les Monday Evening Concerts l’UNESCO. Il est l’auteur de plusieurs bildenden Künste de Leipzig de 1993 à de Los Angeles, l’Orchestra Filarmonica écrits sur la musique publiés chez Editore 2000, ainsi que le festival KlangRausch della Scala, la Filarmonica ‘900 du Einaudi. Nombre de compositions de de la MDR de 2000 à 2010. Parmi ses Teatro Regio de Turin, le Gewandhaus Carlo Boccadoro sont disponibles en commandes récentes, mentionnons de Leipzig, l’Alte Oper de Francfort, le enregistrement, pour des labels tels que Kokain, pour l’Opéra de Bonn (2004), les Festival de Lucerne, le Concertgebouw EMI Classics, BMG, Ricordi, Canteloupe pièces pour orchestre Gegen Bild (2006) d’Amsterdam, le National Concert Music, Agorà/Warner, Velut Luna, et Das Leuchten der singenden Kristalle Hall de Dublin, la Royal Academy de Materiali Sonori, Sensible Records et (2009) pour l’Orchestre du Gewandhaus Glasgow, le Maggio Musicale Fiorentino, Phoenix Classics. de Leipzig, Die Beschwörung der l’Orchestre National Symphonique de la trunkenen Oase (2009) pour l’Orchestre RAI, les Pomeriggi Musicali, l’Orchestre Steffen Schleiermacher Symphonique de la WDR, Das Tosen G. Verdi, la Fondation Arena de Vérone, Né en 1960 à Halle, Steffen des staunenden Echos (2009) pour le Festival MITO, l’Unione Musicale de Schleiermacher est pianiste, compositeur musikFabrik, Ataraxia (2009) pour Turin, le Mittelfest in Cividale del Friuli, et organisateur de concerts. Il étudie le le RIAS- Kammerchor et Four Pieces le Teatro Comunale de Bologne, Ferrara piano avec Gerhard Erber, la composition to interpolate the Bach-Mass (2008) Musica, l’Aterforum, l’Orchestre Arturo avec et Friedrich pour le Festival de Musique d’Église Toscanini d’Émilie-Romagne, le Teatro Schenker, et la direction d’orchestre avec d’Oslo. Il travaille actuellement sur des Regio de Parme, l’Orchestre de Toscane, Günter Blumhagen au Conservatoire œuvres pour l’Akademie für Alte Musik les Cantiere Internazionale d’Arte de Felix Mendelssohn-Bartholdy de Leipzig Berlin, l’Orchestre Français des Jeunes, Montepulciano, l’Accademia Filarmonica de 1980 à 1985. Pendant l’année 1986- le Konzerthausorchester Berlin et le Romana, le Festival RomaEuropa, le 1987, il prépare un master à l’Akademie Festival Pèlerinage de Weimar. Steffen Teatro Massimo de Palerme, le Teatro der Künste de Berlin auprès de Schleiermacher a obtenu de nombreux Comunale de Cagliari parmi bien d’autres. Friedrich Goldmann (composition) puis prix et distinctions : prix Gaudeamus Carlo Boccadoro a beaucoup écrit pour il suit des études complémentaires au (1985), Eisler (1986), Kranichstein (1986), le théâtre et collaboré avec de nombreux Conservatoire de Cologne auprès d’Aloys de la Fondation Christoph et Stephan compositeurs de jazz. Riccardo Chailly Kontarsky (piano). Il s’est produit en tant Kaske, de Munich (1991), bourses de lui a récemment commandé Ritratto di que soliste avec des formations comme l’Académie allemande Musico, pièce pour orchestre créée par l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le de Rome (1992), de la Fondation du l’Orchestre du Gewandhaus à Leipzig Deutsches symphonie-Orchester Berlin, Japon (1997), de la Cité des Arts à Paris

40

22/10 CHAILLY.indd 40 17/10/11 11:34 Biographies

(1999)… En 2010, il a été élevé au grade of Birmingham Symphony Orchestra. de NMC Recordings, Colin Matthews a de chevalier dans l’ordre des Arts et des Compositeur associé du Hallé Orchestra également produit des enregistrements Lettres. de 2001 à 2010, Colin Matthews est pour de nombreuses autres maisons de maintenant leur compositeur émérite. Il disques. En 1998, Colin Matthews s’est Colin Matthews a achevé pour cet ensemble l’ambitieux vu décerner un doctorat d’honneur de Colin Matthews est né à Londres en 1946. projet d’orchestration des vingt-quatre l’Université de Nottingham, établissement Il a étudié la musique aux universités Préludes de Debussy en mai 2007. où il occupe le poste de special professor. de Nottingham et du Sussex, où il a Alphabicycle Order a été créée par le Il est actuellement prince consort également enseigné. Il a été l’assistant Hallé Orchestra au Festival International professor of music au Royal College of de Benjamin Britten de 1972 à 1976, et de Manchester en 2007. Night Rides, Music, dont il a été nommé fellow en a travaillé avec Imogen Holst de 1971 à commande du London Sinfonietta, a 2007, membre honoraire de la Royal 1984. Il a collaboré durant de nombreuses été créé en mai 2011, No Man’s Land, Academy of Music (2010), distinguished années avec Deryck Cooke sur la commande du City of London Sinfonia visiting fellow en composition de reconstitution de la Dixième Symphonie à la mémoire de Richard Hickox, a été l’Université de Manchester. Nominé pour de Mahler. Depuis le début des années donnée aux Proms de 2011, et Grand le Prix RPS/PRS Leslie Boosey en 2005, 1970, sa musique, qui va du piano seul Barcarolle a été créée par l’Orchestre il a été élevé au rang d’officier dans au répertoire pour ensemble ou grand du Gewandhaus de Leipzig et Riccardo l’Ordre de l’Empire Britannique lors de la orchestre en passant par le quatuor à Chailly cet automne. De nouvelles cérémonie du Nouvel An 2011 pour ses cordes, a été jouée dans le monde entier, commandes lui ont été faites par le BBC services rendus à la cause musicale. et enregistrée chez Unicorn, Virgin, Symphony Orchestra, le Birmingham Collins Classics, Deutsche Grammophon/ Contemporary Music Group et le Quatuor Bruno Mantovani Decca, Hallé, Naxos et NMC. De 1992 Elias. Colin Matthews occupe également Bruno Mantovani est né le 8 octobre 1974. à 1999, il a été compositeur associé les fonctions d’administrateur de la Holst Après avoir remporté cinq premiers prix du London Symphony Orchestra, Foundation (chaire du Britten Estate), au Conservatoire National Supérieur de collaboration qui a entre autres donné ainsi que de conseiller fondateur et Musique de Paris (analyse, esthétique, naissance à son Concerto pour violoncello directeur musical de la Britten-Pears orchestration, composition, histoire n° 2, écrit pour Mstislav Rostropovich. Foundation. Il a été membre du conseil de la musique) et participé au Cursus En 1997, sa pièce orchestrale et chorale de l’Aldeburgh Foundation de 1983 à d’informatique musicale de l’Ircam, il Renewal, commandée par la BBC pour le 1994, et a conservé des liens étroits avec débute une carrière internationale, et ses cinquantième anniversaire de Radio 3, le festival d’Aldeburgh et le programme oeuvres sont jouées au Concertgebouw a reçu le Prix de la Royal Philharmonic Britten-Pears pour jeunes artistes, d’Amsterdam, à la Philharmonie de Society. Son ballet Hidden Variables a notamment en tant que codirecteur Cologne, au KKL de Lucerne, à La Scala ouvert la saison 1999/2000 du Ballet du Contemporary Composition and de Milan, au Carnegie Hall et au Lincoln Royal et sa vaste pièce pour ensemble Performance Course, qu’il a fondé avec Center à New York, à la Cité de la musique Continuum a été jouée en tournée par le Oliver Knussen en 1992. Il a été membre et à la salle Pleyel à Paris. Fidèle à ses Birmingham Contemporary Music Group du conseil de la Society for the Promotion interprètes de prédilection, il collabore et Simon Rattle en 2000. Ses œuvres of New Music durant près de vingt ans, avec de prestigieux solistes (Jean-Efflam récentes comprennent Reflected Images, et directeur de la Performing Right Bavouzet, Alain Billard, Jean-Guihen écrite pour le San Francisco Symphony Society de 1992 à 1995. Depuis 1985, il Queyras, Antoine Tamestit, Tabea Orchestra, Berceuse for Dresden, pour le siège au bureau musical du Radcliffe Zimmermann), chefs d’orchestres (Pierre New York Philharmonic, Turning Point, Trust. Membre du conseil de la Royal Boulez, Sir Andrew Davis, Péter Eötvös, pour l’Orchestre du Concertgebouw Philharmonic Society depuis 2005, il est Laurence Equilbey, Günther Herbig, d’Amsterdam, et un Concerto pour actuellement membre de son comité Emmanuel Krivine, Susanna Mälkki, violon, pour Leila Josefowicz et le City exécutif. Fondateur et producteur exécutif Jonathan Nott, Pascal Rophé ou François-

41

22/10 CHAILLY.indd 41 17/10/11 11:34 Xavier Roth), ensembles (Accentus, il est un invité privilégié depuis 2001, lui imposé depuis comme la pièce maîtresse intercontemporain, TM+) et orchestres a consacré un portrait en 2006. Bruno de sa production, le cycle Spiegel. En (Symphonique de Bamberg, BBC de Mantovani débute à partir de 2010 une 1979, il a complété la partition de Lulu, Cardiff, Symphonique de Chicago, WDR collaboration régulière avec l’Opéra opéra inachevé en trois actes de Berg, de Cologne, La Chambre Philharmonique, National de Paris (création du ballet ce qui lui a valu la reconnaissance Radio de Francfort, Philharmonique de Siddharta pour la première saison, et d’un internationale. Durant une grande partie Liège, BBC de Londres, Académie de opéra sur la vie de la poétesse russe Anna de sa carrière, Friedrich Cerha s’est Lucerne, Orchestre de Paris, Orchestre Akhmatova en mars 2011). Passionné immergé dans différents styles musicaux de l’Opéra de Paris, Philharmonique par les relations entre la musique et les du XXe siècle comme le dodécaphonisme, de Radio France, Radio de Sarrebruck, autres formes d’expression artistique, le néoclassicisme ou la musique sérielle. Philharmonie Tchèque, NHK de Tokyo, il collabore avec les romanciers Hubert Il porte par ailleurs un intérêt constant RAI de Turin, Sinfonia Varsovia, RSO de Nyssen et Eric Reinhardt, les librettistes pour les développements émotionnels Vienne). Il est directeur du Conservatoire Christophe Ghristi et François Regnault, le reproductibles, notion qui imprègne National Supérieur de Musique de cuisinier Ferran Adrià, les chorégraphes à la fois ses œuvres orchestrales et Paris depuis septembre 2010. Bruno Jean-Christophe Maillot et Angelin de chambre. Le théâtre musical joue Mantovani reçoit plusieurs distinctions Preljocaj, le cinéaste Pierre Coulibeuf. également un rôle important dans sa dans des concours internationaux Son travail questionne régulièrement production de compositeur. Cerha a ainsi (Stuttgart en 1999, Tribune des l’histoire de la musique occidentale (Bach, créé une version de Spiegel incluant compositeurs de l’Unesco en 2001), les Gesualdo, Rameau, Schubert, Schumann) mouvements, lumières et accessoires. prix Hervé-Dugardin, Georges-Enesco et ou les répertoires populaires (jazz, On lui doit peu après la pièce de théâtre le Grand Prix de la Sacem en 2000, 2005 musiques orientales). Bruno Mantovani musical Netzwerk. À la fin des années 70, et 2009, le Prix André-Caplet de l’Institut est aussi chef d’orchestre, et dirige Cerha s’est fortement intéressé à Baal en 2005, le Prix du nouveau talent de régulièrement des ensembles de musique de Bertold Brecht, composant une pièce la SACD en 2007, le Prix Belmont de la contemporaine (Accentus, Alternance, éponyme avec pour thème la relation fondation Forberg-Schneider la même Cepheus, intercontemporain, Sospeso, entre l’individu et la société. Ont suivis année, la Victoire de la Musique du « TM+) ainsi que l’Orchestre National Der Rattenfänger (1984-1986) et Der compositeur de l’année » en 2009, le de Lille. Parmi ses projets récents ou Riese vom Steinfeld (1997). Parmi ses Prix Claudio-Abbado de la Philharmonie à venir, mentionnons une œuvre pour œuvres orchestrales majeures figurent de Berlin et le Prix de la presse musicale l’ Orchestra dirigé par Langegger Nachtmusik III et Impulse. internationale en 2010, ainsi que de Pierre Boulez, une autre pour l’Orchestre Durant ces dernières années, il a écrit de nombreuses récompenses pour ses du Gewandhaus de Leipzig et Riccardo multiples concertos pour soliste, comme enregistrements discographiques. Chailly, un concerto pour violon destiné son Concerto pour violon et orchestre Il est fait Chevalier dans l’ordre des Arts à Renaud Capuçon. Ses œuvres sont (2004), son Concerto pour saxophone et des Lettres en janvier 2010. Il est en éditées aux Éditions Henry Lemoine. soprano et orchestre (2003/2004) et son résidence au Herrenhaus d’Edenkoben Concerto pour clarinette et orchestre en 1999, au festival Octobre en Friedrich Cerha (2009). Plus prolifique que jamais, Normandie pour son édition 2001, à Né à Vienne en 1926, Friedrich Cerha est Friedrich Cerha vient de composer Bologne dans le cadre du programme depuis longtemps considéré comme l’un diverses pièces dont un Concerto pour « Villa Médicis hors les murs » de l’AFAA des compositeurs majeurs de son pays. percussion et orchestre créé à l’automne en 2002, à l’Académie de France à Rome En 1958, il a fondé « die Reihe », 2009 (Martin Grubinger, Orchestre (Villa Médicis) en 2004/2005, au Festival ensemble viennois constitué de du Mozarteum de Salzbourg), suivi de Besançon des éditions 2006 à 2008, talentueux solistes, sous sa direction par Instants (Orchestre Symphonique et auprès de l’Orchestre National de Lille pendant plusieurs dizaines d’années. de la WDR), Like a Tragicomedy (BBC de 2008 à 2011. Le festival Musica, dont En 1960-1961, Cerha a écrit ce qui s’est Philharmonic Orchestra) et Kammermusik

42

22/10 CHAILLY.indd 42 17/10/11 11:34 Biographies

für Orchester (Orchestre de l’ORF de Hogwood, Marek Janowski, Fabio Luisi, reflète aussi bien son répertoire d’opéra Vienne), interprété durant les Festwochen Sir Neville Marriner, Kurt Masur, Kent que de concert, avec une prédilection de Vienne en 2010. En septembre 2010, Nagano et Sir Simon Rattle. En 2010, pour Mozart et la musique du XXe l’Ensemble Modern et Hans Holliger se elle a interprété un vaste répertoire siècle (incluant des cantates d’Anton sont réunis pour la création mondiale de comprenant les Quatre Derniers Lieder Webern sous la direction de Pierre son Quintette pour hautbois et quatuor à de Strauss (Orchestre Philharmonique Boulez pour Deutsche Grammophon). cordes. À l’occasion de son quatre-vingt- d’Israël/Christoph von Dohnányi), A Forbidden Songs, son dernier récital cinquième anniversaire en février, Cerha Child of Our Time de Michael Tippett discographique regroupant des œuvres a été mis à l’honneur de la Biennale de (Orchestre Symphonique de la SWR/ de compositeurs allemands en exil Salzbourg lors de son festival en mars. Sir Roger Norrington), des lieder avec comme Ullmann, Korngold, Eisler et Parallèlement à son activité intense de orchestre de Richard Strauss (tournée Weill, a reçu un accueil très favorable compositeur, Friedrich Cerha a enseigné avec la Sächsische Staatskapelle de de la critique. Au nombre de ses à la Hochschule für Musik de Vienne Dresde/Neeme Järvi), la Symphonie n° 4 enregistrements les plus récents, on jusqu’à 1988, comptant parmi ses élèves de Mahler au Festival de Saint-Denis peut également citer Vier Dramatische Georg Friedrich Haas et Karlheinz (Orchestre National de France/Daniele Gesänge de Manfred Gurlitt avec Essl. Titulaire du Grand Prix National Gatti), au Festival du Schleswig-Holstein, l’Orchestre Symphonique de la Radio Autrichien, il est membre de l’Académie à Budapest et à Grafenegg (Orchestre de Berlin ainsi que Deux Psaumes Européenne des Arts et des Sciences et Symphonique de la NDR/Christoph d’Ernest Bloch avec le Deutsches Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Eschenbach), la Symphonie n° 2 Symphonie-Orchester de Berlin dirigé En 2006, la Biennale de Venise lui a remis de Mahler à Cologne (Orchestre du par Steven Sloane, chez Phoenix. le Lion d’Or pour l’œuvre de sa vie. Gürzenich/Markus Stenz), ainsi qu’Un Née à Cologne, Christiane Oelze s’est requiem allemand de Brahms à Paris formée auprès de Klesie Kelly-Moog à (Orchestre National de France/Hartmut la Hochschule für Musik de Cologne, Biographies des interprètes Haenchen). En 2011, son programme de d’Erna Westenberger à Francfort concerts comprend Un requiem allemand et d’Elisabeth Schwarzkopf lors de Christiane Oelze (Philharmonie de Dresde/Rafael masterclasses privées. Elle a enseigné La soprano Christiane Oelze s’est Frühbeck de Burgos), la Missa Solemnis de 2003 à 2008 à la Hochschule fait connaître dans des rôles aussi de Beethoven (Orchestre Symphonique Robert-Schumann de Düsseldorf. contrastés que la Comtesse des Noces de de Bamberg/Christoph Eschenbach), la Figaro et Mélisande. Elle s’est produite Symphonie n° 4 de Brahms (Orchestre Annely Peebo sur des scènes emblématiques telles que Residentie de La Haye/Jun Märkl), les Annely Peebo a étudié le piano et la Bayerische Staatsoper de Munich, le Altenberg Lieder de Berg (Orchestre obtenu un diplôme de chef de chœur Royal Opera House Covent Garden de Philharmonique de Radio France/ à l’École de Musique de Viljandi, en Londres, le Festival de Glyndebourne, Pablo Heras-Casado), Des Knaben Estonie, son pays natal. Par la suite, la Staatsoper de Hambourg, le Festival Wunderhorn de Mahler (Orchestre elle s’est formée au chant auprès de de Salzbourg et l’Opéra de Paris. En Symphonique de Düsseldorf/Andreï Gerhard Kahry à l’Académie de Musique concert, les meilleures salles du monde Boreïko), la Symphonie n° 8 de Mahler et d’Arts du spectacle de Vienne, où et les grands festivals l’ont accueillie (Orchestre du Gürzenich de Cologne/ elle a également étudié le lied avec avec des chefs d’orchestre comme Markus Stenz), la Symphonie n° 9 de Kurt Equiluz et l’opéra avec Kurt Malm Claudio Abbado, Pierre Boulez, Herbert Beethoven à Vienne, Paris et Londres et Uwe Theimer. Cette saison, elle Blomstedt, Riccardo Chailly, Christoph (Orchestre du Gewandhaus de Leipzig/ donnera des concerts à Vienne, Milan, von Dohnányi, Sir John Eliot Gardiner, Riccardo Chailly), ou encore une tournée Paris, Londres, Munich, Moscou, Turin Michael Gielen, Carlo Maria Giulini, en Amérique du Sud avec l’Orchestre (Orchestre de la RAI), Bonn, Cologne, Nikolaus Harnoncourt, Christopher de Chambre de Munich. Sa discographie Tokyo, Singapour, Stockholm et Prague.

43

22/10 CHAILLY.indd 43 17/10/11 11:34 À l’opéra, elle se produit dans Carmen, et du lied recherchée. Elle a donné pique de Tchaïkovski à la Komische Ariane à Naxos, Wozzeck, Rigoletto, des concerts à Vienne, Berlin, Leipzig, Oper de Berlin et au Teatro Regio de L’Or du Rhin, Così fan tutte, I Capuleti Munich, Stuttgart, Rome, Turin, Paris, Turin, du rôle-titre d’Otello de Verdi e I Montecchi ou La Chauve-souris. Elle Madrid, Helsinki, Stockholm ou Tallinn. à la Staatsoper de Dresde et du rôle- s’est produite dans des maisons d’opéra Son répertoire de concert comprend des titre de Lohengrin au Staatstheater comme La Scala de Milan, le Teatro San œuvres de Bach, Haendel, Telemann, de Braunschweig. Avec l’Orchestre Carlo de Naples, le Teatro Carlo Felice Mozart, Haydn, Beethoven, Dvorák, Symphonique de la NDR de Hambourg de Gênes, le Teatro Reggio de Turin Rossini, Schubert, Schumann, Bruckner, sous la baguette de Christoph von et l’Opéra National de Finlande. À la Berlioz, Brahms, Mahler, Chostakovitch, Dohnányi, Kor-Jan Dusseljee a participé Staatsoper et à la Volksoper de Vienne, Richard Strauss, Schönberg, Verdi, au concert télévisé ouvrant le Festival du elle a pu développer un large répertoire Ravel… Elle a travaillé avec de nombreux Schleswig-Holstein en juillet 2009, dans comprenant les rôles de Cenerentola chefs d’orchestre, dont Georges Prêtre, la Symphonie n° 9 de Beethoven. Début (La Cenerentola), Rosina (Le Barbier de Rafael Frühbeck de Burgos, Claudio 2010, le ténor a retrouvé la scène de la Séville), Dorabella (Così fan tutte), Donna Abbado, Plácido Domingo, Sir Neville Komische Oper de Berlin pour Grandeur Elvira (Don Giovanni), Cherubino (Les Marriner, Neeme Järvi, Paavo Järvi, et Décadence de la ville de Mahagonny Noces de Figaro), Sesto (La Clémence Dennis Russell Davies, Manfred Honeck, et La Dame de pique. Par la suite, on a de Titus), Idamante (Idomeneo), Hänsel Ulf Schirmer, Ton Koopman, Michael pu l’entendre dans la Messe glagolitique (Hänsel und Gretel), Carmen (Carmen), Gielen, Christopher Hogwood, Stefan de Janácek avec l’Orchestre du Maggio Octavian (Le Chevalier à la rose), Soltesz, Fabio Luisi ou Bertrand de Musicale Fiorentino et dans le rôle de Nicklausse (Les Contes d’Hoffmann), Billy. Elle a eu l’opportunité de chanter Florestan à Braunschweig. Riccardo Le Compositeur (Ariane à Naxos), avec Juan Diego Flórez et Grace Chailly a invité Kor-Jan Dusseljee pour Maddalena (Rigoletto), Fricka (L’Or du Bumbry lors du concert « Christmas quatre concerts télévisés à l’occasion Rhin) ou Orlofsky (La Chauve-souris). in Vienna » 2006 (paru en DVD). des festivités du Nouvel an 2011 (dans Annely Peebo a eu l’opportunité de la Symphonie n° 9 de Beethoven) avec travailler avec des metteurs en scène Kor-Jan Dusseljee l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. comme Franco Zeffirelli (La Traviata), Kor-Jan Dusseljee débute la saison Au cours de ces dernières saisons, Giorgio Strehler (Così fan tutte à Milan), 2011/2012 par des concerts avec Kor-Jan Dusseljee a débuté avec succès Robert Carsen (Orlando de Haendel à l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig dans divers rôles dont Lohengrin, Ravenne et Reggio d’Émilie), Dario Fo sous la direction de Riccardo Chailly Don Alvaro (La Force du destin), le Prince (Le Voyage à Reims à l’Opéra National à Vienne, Paris et Londres dans la (Rusalka) et Hoffmann (Les Contes d’Helsinki), Michael Hampe (Così fan Symphonie n° 9 de Beethoven. Par la d’Hoffmann) à Braunschweig, Radames tutte au Teatro Carlo Felice de Gênes suite, il chante le rôle de Florestan dans (Aida) à Aix-la-Chapelle, le Tambour- et La Flûte enchantée au Megaron une nouvelle production de Fidelio de major (Wozzeck) à Essen ou Max d’Athènes), Stéphane Braunschweig Beethoven au Teatro Regio de Turin, (Der Freischütz) à la Komische Oper de (Jenufa à La Scala), Philippe Arlaud le rôle-titre des Contes d’Hoffmann Berlin. Le ténor néerlandais a collaboré (Così fan tutte à l’Opéra de Nancy et d’Offenbach au Théâtre de Magdebourg, avec de nombreux chefs d’orchestre de au Festspielhaus de Baden-Baden). la reprise de Grandeur et Décadence de renom, dont Arnold Östman, Hartmut Récemment, elle a participé à une la ville de Mahagonny de Kurt Weill à Haenchen, Kenneth Montgomery, production de La Cenerentola à Aix-en- la Komische Oper de Berlin ainsi que le Kirill Petrenko, Silvio Varviso et Valery Provence et à la création de Penthesilea rôle principal masculin dans la création Gergiev, et chanté avec des orchestres de Christian Ofenbauer dans le cadre de Solaris de Detlef Glanert au Festival de premier plan tels l’Orchestre des Wiener Festwochen et en tournée de Bregenz 2012. Il a reçu un accueil du Concertgebouw d’Amsterdam, au Japon. Annely Peebo est également enthousiaste pour ses interprétations l’Orchestre Philharmonique de une interprète du répertoire baroque du rôle d’Hermann dans La Dame de Rotterdam, le Scottish Chamber

44

22/10 CHAILLY.indd 44 17/10/11 11:34 Biographies

Orchestra, la Staatskapelle de Dresde et l’Orchestre Philharmonique de Varsovie Zelenka (Frieder Bernius) et plusieurs l’Orchestre Symphonique de Bamberg. (Krzysztof Penderecki), l’Orchestre disques de lieder de Schumann. Son Kor-Jan Dusseljee a fait ses études aux du Gewandhaus de Leipzig (Riccardo enregistrement d’Apollo e Dafne de Pays-Bas au Conservatoire d’Utrecht Chailly) ainsi que l’Orchestre de l’Opéra Haendel (Fabio Bonizzoni) a reçu le dans la classe du baryton allemand Udo de Zurich (Adam Fischer). Thomas Prix Stanley-Sadie récompensant le Reinemann, dont il est sorti diplômé E. Bauer sillonne l’Europe avec la meilleur enregistrement d’une œuvre en 1988, participant par ailleurs à des compagnie de théâtre La Fura dels Baus de Haendel en 2011. Retraçant l’histoire masterclasses d’Elisabeth Schwarzkopf, au sein d’une production spectaculaire d’une de ses tournées de concerts Hartmut Höll et Mitsuko Shirai. des Carmina burana de Carl Orff. En particulièrement aventureuse en En 1987, il a été lauréat du 3e Concours 2009, on a pu l’entendre dans le rôle- Transsibérien, le documentaire de Klaus International de Chant de Clermont- titre de Celan de Peter Ruzicka à l’Opéra Voswinckel intitulé Le Voyage d’hiver – Ferrand, ce qui lui a valu plusieurs de Brême et Eight Songs for a Mad King Schubert en Sibérie a déjà été diffusé invitations pour des concerts en France de Peter Maxwell Davies au Theater an à plusieurs reprises à la télévision. (Festival de Besançon), aux Pays-Bas der Wien de Vienne. Ses débuts lors de (radio et télévision), en Finlande (Festival la Semaine Mozart à Salzbourg sous Riccardo Chailly de Savonlinna), en Suisse et en Allemagne. la direction de René Jacobs en 2011 Riccardo Chailly se consacre aussi bien serons suivis d’une tournée en 2012. au répertoire de concert qu’à l’opéra. Thomas E. Bauer En 2013, il incarnera Wotan dans des Né à Milan, il a dirigé les orchestres Thomas E. Bauer est l’un des barytons extraits du Ring de Wagner à l’Opéra de philharmoniques de Berlin et de Vienne, les plus demandés de sa génération. Dijon. Débutant au Festival de Salzbourg l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, Il s’est produit avec diverses formations en 2006 dans Quaderno di strada de l’Orchestre Philharmonique de Munich, de renom comme le Boston Symphony Salvatore Sciarrino, Thomas E. Bauer a le London Symphony Orchestra, Orchestra (Bernard Haitink), le National également participé à de nombreuses l’Orchestre Philharmonique de New Symphony de Washington (Iván Fischer), créations mondiales d’œuvres de York, les orchestres de Cleveland, le Concentus Musicus de Vienne Krzysztof Penderecki, , Philadelphie et Chicago, et il s’est produit (Nikolaus Harnoncourt), l’Orchestre La Luigi Nono, Wilhelm Killmayer et dans les d’opéras les plus prestigieux Scintilla (Riccardo Chailly), l’Orchestre Wolfgang Rihm. Il s’est vu remettre en – La Scala de Milan (où il a débuté en Philharmonique de la Radio Néerlandaise 2003 le Prix Schneider-Schott pour ses 1978), l’Opéra de Vienne, le Metropolitan d’Hilversum (Masaaki Suzuki), prestations exceptionnelles en matière Opera de New York, Covent Garden, l’Orchestre Philharmonique Royal des de musique contemporaine. En récital la Bayerische Staatsoper de Munich Flandres, l’Orchestre des Champs- avec le pianofortiste Jos van Immerseel, et l’Opéra de Zurich. Il a participé Élysées, l’Orchestre Symphonique Thomas E. Bauer s’est récemment fait en 1984 à l’ouverture du Festival de de la WDR de Cologne, l’Orchestre entendre à la Cité de la musique, au Salzbourg et a été invité à diriger au Philharmonique de Chine, l’Orchestre du Concertgebouw de Bruges ou au BOZAR Festival de Pâques de Salzbourg ainsi Concertgebouw d’Amsterdam, l’Orquesta de Bruxelles. Leur premier disque de qu’au Festival de Lucerne. Riccardo Nacional de España de Madrid, ou Lieder, Le Voyage d’hiver de Schubert, Chailly a été chef invité permanent encore l’Orquesta Sinfónica de RTVE de a reçu l’Orphée d’or à Paris en 2011. du London Philharmonic Orchestra Madrid (Walter Weller), avec lequel il a Une collaboration avec Roger Vignoles de 1983 à 1986 et chef titulaire de récemment interprété Le Chant de la pour d’autres récitals a débuté en 2011. La l’Orchestre Symphonique de la Radio Terre de Mahler. Ses projets de concerts discographie de Thomas E. Bauer inclut de Berlin de 1982 à 1989. De 1986 l’amènent à collaborer avec Anima la Symphonie n° 9 de Beethoven (Jos à 1993, il a occupé les fonctions de Eterna, l’Orchestre Symphonique de la van Immerseel), des cantates de Bach directeur musical du Teatro Comunale NDR (Thomas Hengelbrock), l’Orchestre (Philippe Herreweghe), Vier Toteninseln de Bologne, où il a dirigé de nombreuses du Gürzenich de Cologne (Markus Stenz), (Johannes Kalitzke), la Missa votiva de productions d’opéra avec un succès

45

22/10 CHAILLY.indd 45 17/10/11 11:34 retentissant. Depuis sa nomination au nombreux ont été primés – Prix Edison, vaste avec un nombre de concerts poste de chef titulaire de l’Orchestre du Gramophone Award, Diapason d’or, Prix hors du commun. Ceci est dû en partie Concertgebouw d’Amsterdam, qu’il a de l’Académie Charles-Cros, Prix Unga à ses multiples fonctions : orchestre occupé de 1988 à 2004, il s’est consacré Konotomo au Japon ou Prix Toblacher en concert au Gewandhaus, orchestre de manière croissante au répertoire Komponierhauschen – ou sélectionnés d’opéra à l’Opéra de Leipzig et orchestre symphonique. Il emporte l’adhésion pour le Grammy. Il a récemment été de chambre à l’église Saint-Thomas pour d’un public toujours plus nombreux non nomme « artiste de l’année » par les des cantates avec le célèbre chœur seulement dans le répertoire classique revues Diapason et Gramophone. C’est d’enfants du même nom. Avec plus mais aussi avec la musique du XXe en 1986, au Festival de Salzbourg, qu’a de deux cents concerts dans ces trois siècle. Il a fait de nombreuses tournées eu lieu la première rencontre artistique lieux et lors de nombreuses tournées, le avec l’Orchestre du Concertgebouw de Riccardo Chailly avec l’Orchestre Gewandhausorchester est aujourd’hui dans les principaux festivals européens du Gewandhaus et en septembre 2005 le cœur musical de la ville de Leipzig (dont le Festival de Vienne et les Proms qu’il en a pris la direction musicale. En et son premier ambassadeur musical. de Londres), achevant récemment la 2010, Riccardo Chailly a reçu le Prix Felix Mendelssohn, Arthur Nikisch, Tournée du Millénaire avec des concerts Alexander-von-Zemlinsky ainsi que Wilhelm Furtwängler et Bruno Walter aux États-Unis, au Canada, au Japon l’Orphée d’or « Prix H. von Karajan ». comptent parmi les plus prestigieux et dans toute l’Europe. Ses tournées directeurs musicaux du Gewandhaus. avec le Concertgebouw l’ont également Gewandhausorchester Leipzig Herbert Blomstedt, lequel a succédé à mené en Amérique du Sud, en Chine, Plus ancien orchestre municipal au Kurt Masur en 1998, était le dix-huitième en Corée et à Taiwan. En 1994, il a été monde, le Gewandhausorchester directeur musical, et depuis septembre nommé Grand Officier de la République (Orchestre du Gewandhaus) tire son 2005, Riccardo Chailly occupe le poste italienne et en 1996 membre honoraire origine d’une société de concerts de dix-neuvième directeur musical du de la Royal Academy of Music de intitulée « Le Grand Concert », et fondée Gewandhaus. Le Sunday Times a fait Londres. En novembre 1998, à l’occasion en 1743 par seize marchands. Après son figurer le concert du Nouvel An 2009 de son dixième anniversaire à la tête emménagement en 1781 dans la salle du Gewandhausorchester parmi les de l’Orchestre du Concertgebouw, il a de réunion des marchands d’étoffe (le quinze évènements les plus marquants reçu des mains de la reine Beatrix la Gewandhaus), l’ensemble a pris le nom des dix dernières années. En 2009 le médaille de Chevalier de l’Ordre du Lion de Gewandhausorchester. En 1884, il Gewandhausorchester a été nommé néerlandais. En 1998, il a également a déménagé dans une nouvelle salle « marque du siècle » de son pays. été fait Chevalier de la Grande Croix de concert construite grâce à la vente À l’automne 2010, l’enregistrement de la République italienne. En plus de de parts de la fondation. Ce bâtiment Mendelssohn Discoveries a obtenu le ses fonctions à Amsterdam, Riccardo ayant été détruit par les raids aériens Choc du mois de la part du magazine Chailly a accepté le 1er juillet 1999 le de 1944, un nouveau Gewandhaus a été Classica ainsi que le Diapason d’or poste de directeur musical de l’Orchestra inauguré en 1981 sur Augustusplatz. du mois. La série Grand Concert du Sinfonica di Milano Giuseppe Verdi et Peu d’orchestres ont autant contribué Gewandhaus a été nommée « meilleur occupe ce poste jusqu’en 2005. Sous sa que le Gewandhausorchester au programme de concerts de l’année direction, cet orchestre municipal fondé développement de la tradition 2008/2009 ». Pour le Deutscher par des citoyens de Milan est devenu un symphonique. L’ensemble a ainsi Musikverleger-Verband (association ensemble de renommée internationale interprété l’intégrale des symphonies de des éditeurs de musique allemands), avec à son actif dix enregistrements Beethoven du vivant de ce compositeur, le Gewandhausorchester a présenté pour Decca. Riccardo Chailly enregistre présenté le premier cycle complet de la meilleure programmation pour en exclusivité pour Decca un large Bruckner et, dans les années 1970, le la saison 2008/2009. Le premier répertoire symphonique et lyrique. Parmi premier cycle Chostakovitch. L’orchestre enregistrement CD et DVD de Riccardo la centaine de disques à son actif, de défend un répertoire exceptionnellement Chailly avec le Gewandhausorchester,

46

22/10 CHAILLY.indd 46 17/10/11 11:34 Biographies

paru en septembre 2005, présente le Riccardo Chailly Markeljan Kocibelli concert inaugural du 2 septembre 2005 Gewandhauskapellmeister Mari Iimura (Académie au Gewandhaus de Leipzig et s’est vu d’orchestre Mendelssohn) remettre le Prix ECHO Klassik en 2006. Andreas Schulz Le CD des Symphonies n° 2 et 4 de Gewandhausdirektor Altos Schumann (dans la version remaniée Vincent Aucante (1er soliste) de Mahler) et celui des concertos pour Violons I Olaf Hallmann (Soliste) violon de Mendelssohn et Bruch avec Christian Funke (1er Konzertmeister) Ruth Bernewitz la soliste Janine Jansen ont reçu le Frank-Michael Erben (1er Konzertmeister) Alice Wedel Prix ECHO Klassik en 2007. Le double Conrad Suske (Konzertmeister assistant) Heiner Stolle CD des concertos de Brahms avec Henrik Hochschild Henry Schneider le pianiste Nelson Freire est paru à (Konzertmeister assistant) Konrad Lepetit l’occasion de la tournée européenne Veronika Starke Katharina Dargel de mars 2006 et a reçu le Diapason Jürgen Dase Matthias Weise d’or de l’année. Cet enregistrement a Uwe Boge Immo Schaar ensuite été nominé pour la quarante- Heinz-Peter Püschel David Lau neuvième cérémonie annuelle des Regine Korneli Steffen Weise Grammy Awards dans la catégorie Dorothea Vogel Ivan Bezpalov « meilleure performance de soliste(s) Ina Wiehe avec orchestre », recevant également Christian Krug Violoncelles en 2007 le Gramophone Award dans Johanna Berndt Jürnjakob Timm (1er soliste) la catégorie « meilleur concert » Anna Schuberth-Meister Hartmut Brauer (Soliste) avec la mention « enregistrement de Irene Serban Uwe Stahlbaum l’année ». L’enregistrement DVD du Julia Zyzik Matthias Schreiber Grand Concert donné les 1er et 2 juin Dobromiła Hańćka Hendrik Zwiener 2006 avec la pianiste Martha Argerich Anne-Sophie Kühne Ulrike Strauch est paru en octobre 2006. En 2006, Christian Erben le Gewandhausorchester a été nommé Violons II Christoph Vietz « Editor’s Choice » par le magazine Peter Gerlach (1er Konzertmeister) Henriette-Luise Neubert Gramophone pour le caractère avant- David Wedel (1er Konzertmeister) Michael Peternek gardiste de ses « Decca Concerts », Karl Heinrich Niebuhr (Konzertmeister) Nicolas Defranoux concerts d’importance enregistrés en Markus Pinquart direct et téléchargeables sur iTunes. Sebastian Ude Contrebasses Au nombre des parutions récentes Werner Janek Rainer Hucke (1er soliste) chez Decca, on notera en 2010 Gudrun Spörl Rainhard Leuscher (Soliste) trois disques consacrés à Bach : les Udo Hannewald Karsten Heins (Soliste) Concertos brandebourgeois (janvier), Rudolf Conrad Tobias Martin la Passion selon saint Matthieu (mars) Kathrin Pantzier Christoph Krüger et l’Oratorio de Noël (septembre). Lars Peter Leser Andreas Rauch En février 2011 est paru un disque Tobias Haupt Eberhard Spree consacré à Gershwin avec le pianiste Alexander Butz Thomas Stahr Stefano Bollani. En octobre 2011 Katharina Schumann Slawomir Rozlach paraît, toujours chez Decca, l’intégrale Nemanja Bugarcic des symphonies de Beethoven. Kana Akasaka

47

22/10 CHAILLY.indd 47 17/10/11 11:34 Flûtes Timbales d’Hilversum. En septembre 2006, Cornelia Grohmann (Soliste) Mathias Müller Matthias Brauer a été nommé directeur Anna Garzuly-Wahlgren (Soliste) Thomas Greenleaves musical du Chœur de Radio France. Manfred Ludwig Gudrun Hinze (Piccolo) Percussion Chœur de Radio France Jeremie Abergel (Académie Gerhard Hundt Le Chœur de Radio France est le seul d’orchestre Mendelssohn) Steffen Cotta chœur professionnel permanent à Frank Babe vocation symphonique en France. Il Hautbois est le partenaire privilégié des trois Henrik Wahlgren (Soliste) Matthias Brauer autres formations de Radio France, Domenico Orlando (Soliste) Né à Dresde, Matthias Brauer est l’Orchestre National de France, Roland Messinger membre pendant huit ans du Dresdner l’Orchestre Philharmonique de Radio Simon Sommerhalder (Cor anglais) Kreuzchor. Il étudie l’orgue et la direction France et la Maîtrise de Radio France. d’orchestre à Dresde et à Weimar, et Son interprétation des grandes œuvres Clarinettes est engagé comme chef de chœur au du répertoire lyrique et symphonique est Peter Schurrock (Soliste) Théâtre National de Weimar et à la mondialement reconnue. Au cours de sa Andreas Lehnert (Soliste) Staatsoper de Berlin. De 1995 à 2007, longue histoire, les chefs d’orchestre les Sayaka Schmuck Matthias Brauer est directeur du Chœur plus réputés l’ont dirigé : Désiré-Émile Volker Hemken (Clarinette basse) de la Semperoper de Dresde. Fondateur Inghelbrecht, Leonard Bernstein, Charles du Philharmonischer Chor Weimar et Munch, Karl Böhm, Marek Janowski, Bassons de la Singakademie au Staatstheater Lorin Maazel, Wolfgang Sawallisch, Seiji Thomas Reinhardt (Soliste) Brandenbourg, il est régulièrement Ozawa, Riccardo Muti, Georges Prêtre, David Petersen (Soliste) invité à diriger de nombreux chœurs Pierre Boulez, Claudio Abbado, Carlo Albert Kegel (Soliste assistant) de radios allemandes et travaille Maria Giulini, Vladimir Fedosseiev, Kurt Eckehard Kupke (Contrebasson) également à Amsterdam, Prague, Masur, plus récemment Mariss Jansons, Salzbourg, Shanghai, Prague, et avec Valery Gergiev et bien sûr Daniele Gatti Cors le Chœur de l’Accademia Nazionale di et Myung-Whun Chung. Il collabore Clemens Röger (Soliste) Santa Cecilia à Rome. Il collabore avec aussi régulièrement avec la Salle Pleyel Bernhard Krug (Soliste) la plupart des grands chefs d’orchestre, et le Théâtre des Champs-Élysées, Jochen Pleß notamment Riccardo Muti, Giuseppe et est souvent invité en Allemagne, Raimund Zell Sinopoli, Bernard Haitink, Kurt Masur, en Autriche ou en Russie. De 1980 à Jürgen Merkert Myung-Whun Chung, Daniele Gatti, 2004, il a été successivement dirigé par Eckhard Runge Colin Davis, Simon Rattle, John Eliott Jacques Jouineau, Michel Tranchant, Gardiner, Daniel Harding, Kent Nagano, François Polgár et Philip White. Depuis Trompettes Daniel Barenboim, Toni Papano, Christian septembre 2006, Matthias Brauer en Lukas Beno (Soliste) Thielemann, Mariss Jansons, Michael est le directeur musical. Grâce à la Gabor Richter (Soliste) Tilson-Thomas… Parmi les nombreux structure de son effectif et à l’emploi Gunter Navratil enregistrements discographiques de la géométrie variable, le Chœur Ulf Lehmann auxquels Matthias Brauer a participé, de Radio France se produit dans des le Stabat Mater de Dvořák a reçu programmes a cappella où son vaste Trombones le Grand Prix du Disque. Chargé de répertoire lui permet de s’illustrer tant Tobias Hasselt (Soliste) cours aux Hochschule de Dresde et dans la musique ancienne que dans la Dirk Lehmann de Berlin, il participe à de nombreux musique romantique sous la direction Rolf Handrow (Trombone basse) festivals dont ceux de Salzbourg et de chefs de chœur au talent reconnu :

48

22/10 CHAILLY.indd 48 17/10/11 11:34 Biographies

Norbert Balatsch, Bruno Casoni, Marcus Sopranos I Catherine Maurisse Creed, Eric Ericson, Romano Gandolfi, Blandine Arnould Florence Person Simon Halsey, Donald Palumbo, Vladislav Marie-Noëlle Baccarat Isabelle Senges Tchernouchenko. Le Chœur de Radio Nelly Barry Angélique Vinson France est aussi le créateur d’œuvres Sylvie Bertho Brigitte Vinson majeures des plus célèbres compositeurs Jeanine Bonamy de la deuxième moitié du XXe siècle Kareen Durand Altos II tels que Pierre Boulez, György Ligeti, Nell Froger Sophie Dumonthier Maurice Ohana, Arvo Pärt, Iannis Xenakis Alexandra Gouton Daïa Durimel ou Ton-That Tiêt. Aujourd’hui encore, il Manna Ito Olga Gurkovska collabore activement à l’éclosion d’une Laurya Lamy Claudine Hovasse nouvelle génération de compositeurs Laurence Margely Fabienne Hubert comme Kaija Saariaho, Bruno Ducol, Catherine Napoli Madeleine Jalbert Bruno Mantovani, Éric Fisher ou Annick Porebski Tatiana Martynova Guillaume Connesson. En 2011/2012, Alessandra Rizzello Anita Nardeau le Chœur de Radio France articule sa Naoko Sunahata Marie-Claude Patout saison autour des concerts a cappella Elodie Salmon ainsi que des concerts symphoniques et Sopranos II Martine Terrier lyriques. Matthias Brauer poursuit son Barbara Assouline Diane Zheng travail autour de Bach (les cantates Martine Chédeville n° 1, 2 et 3 de l’Oratorio de Noël, la Anne Coret Ténors I Passion selon saint Jean) et rend Urzsula Cuvellier Pascal Bourgeois hommage à Liszt et Kodály à travers Caroline Delaporte Adrian Brand des œuvres pour chœur et orgue. Le Marie-Christine Ducrocq Matthieu Cabanès répertoire français est à l’honneur tant Marie Gourcy Christian Cabiron a cappella (Duruflé, Poulenc, Debussy, Karen Harnay Pierre Catala Hersant) qu’avec l’Orchestre National Claudine Margely Johnny Esteban de France (Ravel, Poulenc). C’est avec Laurence Monteyrol Patrick Foucher Daniele Gatti et Myung-Whun Chung que Paola Munari Charles Obadia le chœur retrouve Parsifal de Richard Asayo Otsuka Christophe Poncet Wagner et la Neuvième Symphonie de Geneviève Ruscica Francis Rodière Beethoven avant Chostakovitch, Haydn, Marie-Thérèse Téchené Daniel Serfaty Verdi et Don Pasquale de Donizetti Isabelle Trehout-Williams Arnaud Vabois en version scénique au Théâtre des Barbara Vignudelli Pierre Vaello Champs-Élysées. Le chœur collabore Gilles Vitale aussi avec le Ballet de l’Opéra de Paris Altos I et l’Orchestre National d’Île-de-France Hélène Blajan Ténors II pour Psyché de César Franck au Palais Marie-Françoise Duclou Nicolas Chopin Garnier. Dans le cadre du Festival de Marie-Hélène Gatti Jacky Da Cunha Saint-Denis, il interprète le Requiem Soazic Grégoire Bertrand Dubois de Mozart, la Messe en mi bémol de Anne-Marie Hellot Régis Ducrocq Schubert et le Requiem de Berlioz. Béatrice Jarrige Daniel Durand Marion Lebègue Paul Gaugler Carole Marais Dominique Guillemin

49

22/10 CHAILLY.indd 49 17/10/11 11:34 Laurent Koehl Alexandre Laiter Euken Ostolaza Yu Shao

Barytons Philippe Barret Christian Bihel Renaud Derrien Grégoire Guérin Patrick Ivorra Daniel Lavall Vincent Menez Alain Munier Mark Pancek Patrick Radelet Jean-Christophe Rousseau Richard Tronc Patrice Verdelet

Basses Pierre Benusiglio Joachim Bi Bernard Dehont Philippe Devine Philippe Eyquem Marc Fouquet Laurent Grauer Robert Jezierski Vincent Lecornier Sylvain Levasseur Philippe Parisotto Bernard Polisset Pierre Roux

Salle Pleyel Président : Laurent Bayle

Notes de programme Cité de la musique Éditeur : Hugues de Saint Simon Exposition www.citedelamusique.fr |01 44 84 44 84 Rédacteur en chef : Pascal Huynh Rédactrice : Gaëlle Plasseraud au Musée de la musique Graphiste : Elza Gibus Stagiaires : Christophe Candoni, du 18 octobre 2011 au 15 janvier 2012 Carolina Guevara de la Reza.

50

22/10 CHAILLY.indd 50 17/10/11 11:34 NP PUB KLEE.indd 1 17/10/11 11:25 Cité de la musique Exposition www.citedelamusique.fr |01 44 84 44 84 au Musée de la musique du 18 octobre 2011 au 15 janvier 2012

NP22/10 PUB CHAILLY.indd KLEE.indd 1 51 17/10/11 11:2511:34 22/10 CHAILLY.indd 52 Les Les partenaires médiadela Salle Pleyel européenne. le cadre delaprésidence polonaise del’Union Mickiewicz et del’Institut Polonais àParis, dans patrimoine nationalpolonais, del’Institut Adam Avec lesoutien duministère delaculture et du Rafal Blechacz, piano Grzegorz Nowak , direction Sinfonia Varsovia Orchestra Symphonie n°4«Italienne » Felix Mendelssohn Concerto pourpianon°2 Frédéric Chopin Ouverture deconcert op. 12 Karol Szymanowski VENDREDI 11NOVEMBRE, 20H Salle Pleyel | et aussi… de T Coproduction Orchestre NationalduCapitole Olga Borodina, mezzo-soprano Tugan Sokhiev, direction de Toulouse Orchestre NationalduCapitole Symphonie n°1 Johannes Brahms Chants et danses delamort Modeste Moussorgski Roméo et Juliette (Ouverture) Piotr Ilitch Tchaïkovski SAMEDI 17DÉCEMBRE,20H oulouse, Salle Pleyel. Maurizio Pollini, piano Klavierstück Karlheinz Stockhausen Sonate n°27 Sonate n°26 «Les Adieux » Sonate n°25 «Allatedesca » Sonate n°24 «ÀThérèse » Ludwig van Beethoven Perspectives Pollini MARDI 14FÉVRIER, 20H Salle Pleyel. Coproduction Productions Internationales Sarfati, Albert Frank Peter Zimmermann,violon , directionAlan Gilbert New York Philharmonic Daphnis et ChloéSuite n°2 Maurice Ravel Symphonie entrois mouvements Igor Stravinski Concerto pourviolon Ludwig van Beethoven LUNDI 6FÉVRIER, 20H Celso Antunes , chef dechœur baryton-basse Hanno Müller-Brachmann, Roberto Sacca, ténor Karen Cargill, mezzo Jessica Rivera, soprano Bernard Haitink,direction Grand ChœurdelaRadio néerlandaise Chamber Orchestra of Europe Symphonie n°9«Hymneàlajoie» Symphonie n°1 Ludwig van Beethoven LUNDI 5MARS, 20H Bernard Haitink , direction Chamber Orchestra of Europe Symphonie n°7 Symphonie n°4 Ouverture Leonore III Ludwig van Beethoven SAMEDI 3MARS, 20H Frank Braley, piano Gautier Capuçon, violoncelle Renaud Capuçon, violon Bernard Haitink , direction Chamber Orchestra of Europe Symphonie n°6«Pastorale » Triple Concerto Egmont (Ouverture) Ludwig van Beethoven VENDREDI 2MARS, 20H 17/10/11 11:34

Imprimeur la galiote | Imprimeur BAF | Licences : 1027391, 1027392, 1027393