VENDREDI 5 JANVIER 2001 L’ENFER DE TAZMAMART NIETZSCHE, Côté fiction HÉROS SOLUBLE avec La chronique dans le feuilleton de Roger-Pol Droit de Pierre Lepape page V côté document avec le témoignage d’Ahmed Marzouki page II PASCAL PIA YIRMIYAHU YOVEL LE MONDE DES POCHES page III page VI Un supplément de 16pages Symphonie astrale

mer comme l’un des écrivains les d’armes en intempéries, les hommes morphoses de son style, il emboîte tous les chemins sur lesquels peut se plus importants de son époque. Et se retrouvent au Cap, puis sur l’île de Contée par le Révérend vingt romans dans un seul ensemble lancer son imagination ? « Comme l’un des plus secrets, par la même Sainte-Hélène, avant de retourner en baroque, au gré des illusions d’opti- s’il n’y avait pas un seul Destin, sup- occasion : toujours aucune photo du Amérique du Nord. Là, ils mèneront Cherrycoke, l’histoire des que, des fantasmes et des rêves de pute Mason, mais bien plutôt une pro- personnage, en dehors d’un unique à bien la besogne qui les fit, ironique- ses protagonistes. « Si un acteur ou fuse quantité de Destins possibles. » Le cliché datant de 1959 (un jeune hom- ment, entrer dans l’Histoire. A la astronomes Mason et un portrait peint peut représenter un vertige des possibles est l’apanage de me aux oreilles vaguement décol- demande du sieur Penn et de Lord personnage qui n’est plus vivant, ne cette « extrémité particulière du mon- e toutes les quali- lées), pas d’interviews, pas de rencon- Baltimore, Mason et Dixon dessine- Dixon, qui dessinèrent pourrait-il exister aussi bien d’autres de » où se déroule le roman. Sur la tés qui signalent un grand écrivain, la tres. Où vit-il, à quoi ressemble-t-il ront l’immense ligne qui séparera les au XVIIIe siècle la modalités de l’Apparence ?, s’interro- terre ? Oui, Pynchon n’a jamais cessé Dplus frappante est sans doute son aujourd’hui ? Mystère. Lisez-moi, Etats du Maryland et de la Pennsyl- ge Mason, à qui sa défunte femme d’écrire l’histoire sombre et tumul- aptitude à faire entendre une musi- semble dire Pynchon à travers ses vanie – ce tracé destiné à devenir, vient régulièrement rendre visite. tueuse des pérégrinations humaines que absolument singulière. D’autres, silences, écoutez-moi, laissez-vous moins de cent ans plus tard, la fron- frontière entre Maryland Non, la Raison est étrangère à tout et celle de son pays, dont Mason moins doués, maîtrisent l’art d’arran- prendre par la mélodie si particulière tière entre les tenants de l’esclavage cela. » A la réfraction, aux lentilles et & Dixon offre une nouvelle interpré- ger les mots, celui de raconter une de mon écriture, voilà tout ce qui et les abolitionnistes. et Pennsylvanie, devient, aux télescopes, répondent les facé- tation. La Terre, donc, mais sous l’in- histoire et même, à l’occasion, la compte. Car cette musique est sem- Or c’est une histoire de frontière ties d’un texte qui tire le lecteur à hue fluence des astres, et tout particuliè- manière de façonner quelques jolies blable au fameux « bruit de fond » (et, donc, de transgression) que con- sous la plume de et à dia, qui fait intervenir un chien rement de la Lune. Dans un univers phrases, mais leurs textes ne produi- perçu par les scientifiques à l’écoute te Pynchon, par la bouche de son nar- parlant dès la page 21, des horloges nocturne, peuplé d’insomniaques sent aucun son véritable. Leurs de l’univers. Une insistante et puis- rateur – et des multiples convives qui Thomas Pynchon, philosophes et une oreille vivante, (« le mal de l’astronome »), où les livres ? Etouffés, monocordes, pres- lui coupent fréquem- avide de confidences, au fond d’un deux bouts du temps se rejoignent, que sans voix. Thomas Pynchon, lui, ment la parole. Le Révé- une épopée tourmentée bocal de formol. Cet organe, du res- où l’Eden touche la fin du monde. Là ne se soucie visiblement pas d’engen- Raphaëlle Rérolle rend Cherrycoke, te, constitue le clou d’une scène sûre- où, finalement, le temps n’existe pas drer un texte bien tenu, reposant, ni « grand voyageur » et baroque. ment inspirée de Lewis Caroll et de et les frontières non plus. Ce monde rien de léché comme un parterre sante rumeur, qui veut dire les contra- devant l’Eternel et soucieux de s’atti- son Alice, où l’on passe magnifique- obscur de la mort, dont la raison n’a débarrassé de ses mauvaises herbes. dictions de l’homme dans sa conquê- rer les bonnes grâces d’un riche beau- Une confrontation ment de la science à la science-fic- jamais réussi à se rendre la maîtresse. La joliesse, pourrait-on dire, n’est te de la modernité. frère, relate les faits et gestes de tion. pas son genre de beauté. Mais alors, Des scientifiques, justement, sont Mason et Dixon à ses neveux, pour vertigineuse Enchaîné à ses histoires pour MASON & DIXON quelle vigueur dans l’acoustique ! les héros de cet énorme roman que les occuper. En plein siècle des Lumiè- gagner le gîte et le couvert (comme de Thomas Pynchon. Plus qu’un récit, Mason & Dixon est l’on pourrait dire d’aventures – à pre- res, son récit renvoie, dos à dos, l’aspi- entre raison et passion Schéhérazade l’était aux siennes Traduit de l’anglais (Etats-Unis) une symphonie, le brassage extraor- mière vue, du moins. Charles Mason ration nouvelle à la raison et les pour sauver sa vie), le narrateur par Christophe Claro dinaire d’un bouquet de sonorités et Jeremiah Dixon, astronomes vieilles passions de toujours. Entre Mason. A nos yeux, les jours se doivent donne le ton en insinuant que le récit et Brice Matthieussent, étranges, orchestrées par un chef anglais au service de la Royal les deux, une impalpable frontière, d’être identiques, et de comporter le lui-même n’est qu’illusion. Où passe Seuil, « Fiction & Cie », 768 p., hors du commun. Society, sont chargés d’aller observer sans cesse franchie. « Nous sommes même nombre de secondes, chacune la frontière entre vérité, mensonge et 180 F (27,44 ¤). Avec ce roman, son cinquième, le passage de Vénus, le 6 juin 1761, des hommes de science, tente bien n’avançant que dans une unique fiction ? A quelles délices, à quels l’auteur américain continue de s’affir- depuis l’île de Sumatra. Las ! De faits d’affirmer Dixon au mélancolique Direction, irréversible. » Mais il a tourments n’est pas livré le narra- e Lire également page IV l’article de beau faire, Dixon, et l’auteur a beau teur, lorsqu’il se tient au carrefour de Serge Chauvin sur l’œuvre de Pynchon parsemer son roman de données physiques (« Les Astronomes vont s’ef- forcer de déterminer quatre moments de tangence parfaite entre le disque de Vénus et celui du Soleil »), les pas- sions finissent toujours par l’empor- ter. L’art de Pynchon consiste à présen- ter ces deux composantes de la na- ture humaine comme si, vraiment, raison et passion s’affrontaient en toute liberté dans le roman, presque indépendamment de la volonté de l’auteur. Ou, plus exactement, com- me si la superstition, la sensualité, l’orgueil et la luxure, la violence, le chagrin, l’ivresse et la démesure ruaient sans cesse entre les bran- cards de la science et du sérieux. Sain- te-Hélène n’est-elle pas « l’île dont la malédiction ancienne et le nom secret sont Désobéissance » ? Le roman, très tôt, se fait le miroir vibrant de cette insoumission, dans sa forme même. Partant d’une coquetterie dont la lan- gue anglaise faisait usage au XVIIIe siècle, Pynchon gratifie les noms communs de majuscules en milieu de phrase (surtout les noms abstraits, mais pas uniquement). Les personnages s’interrompent dans le cours d’un développement logique, pour exprimer une sensation subite ou une impression fugitive – lesquel- les peuvent être accompagnées de bruits variés : « Ahrrh ! », laissent échapper ces savants lorsqu’ils sont contrariés, « Aahckk ! », « Yaach ! ». On chante aussi beaucoup, dans Mason & Dixon, façon comédie musi- cale, pour illustrer un propos par quelques refrains. Et l’on se parle in petto, parfois, comme au théâtre. Pynchon, en somme, refuse de confi- ner son roman dans l’enclos du roman classique. Jouant des méta- Carte astrologique tirée de « Sea Atlas or Waterworld » de Johannes

ROYAL GEOGRAPHICAL SOCIETYVan LONDON/THE BRIDGEMAN ART LIBRARY Keulen (vers 1800) II / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b

mine de l’intérieur et attaque le système immunitaire. CETTE AVEUGLANTE Quand on porte en soi la haine, elle finit toujours par vous ABSENCE DE LUMIÈRE broyer. » Dans l’extrême fragilité physique et psycholo- de Tahar Ben Jelloun. gique où demeurent les enterrés, la moindre conces- Seuil, 232 p., 110 F (16,77 ¤). sion à l’univers des sentiments peut être fatale. Il faut aussi écarter de soi, oublier, faire disparaître tout ce e sujet de ce roman appartient à l’histoire. Dix-huit ans qui n’est pas strictement indispensable à la survie, l’es- Dans l’état actuel de notre information, il poir comme le désespoir, l’amour de soi comme sa peut se résumer en quelques lignes. Le détestation, le besoin de vivre comme l’envie de mou- 10 juillet 1971, des troupes marocaines ont rir. Même le corps, cette masse informe et crasseuse de Lparticipé à un coup de force dont le but était de tuer le souffrance et de dérèglements, doit être maintenu à la roi Hassan II. Les militaires ont envahi la résidence de en enfer juste distance : « Je ne m’éloignais pas trop de là où Skhirat, tirant dans la foule des invités du monarque. j’avais laissé mon corps, de peur qu’on vienne le prendre Celui-ci sort alors de sa cachette et retourne la situa- et l’enterrer. » tion lorsque les cadets font allégeance au « comman- Il reste les mots, et le silence ; le bon usage du silence deur des croyants ». Les chefs de l’opération sont pas- et des mots. Si les prisonniers ne se voient pas, ils peu- sés par les armes ; les exécutants, pour la plupart de jeu- vent encore s’entendre, pour le meilleur et pour le pire. nes sous-officiers de l’académie militaire, ont été jugés, Ils mettent au point une discipline collective de la paro- après quelques mois d’interrogatoires. Ils ont commen- le. Dans la nuit atroce du livre, c’est la seule plage de cé à purger leur peine. Deux ans après, on est venu les sérénité. Des histoires circulent, des contes, des chercher dans leur prison pour les transférer. Pendant romans, des poèmes, des récits de films, des versets du dix-huit ans, personne n’a plus eu de leurs nouvelles. Coran, des commentaires. Au fond de leur puits, dans Au début des années 80, des informations ont com- ture, elle ne fait pas taire la parole : elle essaie de la l’absolu du dénuement, ces bouches édentées réinven- mencé à circuler dans la presse française. Petit à petit, comprendre, d’imaginer sa vérité. Imaginer la vérité de Arrêtés à la suite de l’attentat manqué tent les mille et une nuits, remodèlent du temps, un on a appris, ici, ce qui se passait au bagne de Tazma- l’horreur, de la férocité, de la haine insensée ; mais aus- avant et un après, du sens, des significations, de la rai- mart, malgré les consignes de secret absolu dont était si celle du silence, de la prière, de la folie, du temps ; contre Hassan II en 1971, de jeunes son, de la discussion, de l’humanité. entourée la vengeance royale. Les détenus, cinquante- mais encore celle de la résistance, de la volonté de huit condamnés répartis en deux unités, avaient été vivre, de la dignité, voilà les vrais enjeux romanesques officiers sont enfermés au bagne de ais parfois, aussi, les mots mènent trop jetés dans des cellules exiguës et obscures, sans lit, sans de ce livre. loin, les choses qu’ils évoquent devien- soin, avec juste la ration d’eau et de féculents indispen- Tazmamart. En 1991, les rares nent trop réelles, les têtes s’enfièvrent, la sable pour ne pas mourir de faim et de soif. Il fallait our aller au fond de cette exploration, Tahar folie s’empare des esprits. Il faut savoir que la mort vienne lentement, très lentement. Ben Jelloun a construit son roman autour rescapés sont enfin libérés. Tahar Ben Mrendre sa place au silence, à la reconquête de soi, au En octobre 1991, sous la pression internationale, les d’un seul personnage, le narrateur, celui qui, repli sur cet espace sans dimension qu’on nomme la survivants de Tazmamart ont été libérés après dix-huit d’un bout à l’autre, parvient à dire « je ». Lors- Jelloun a fait sienne leur histoire pour vie intérieure, « la pierre noire qui purifie l’âme de la années de torture permanente. Du bagne no 1, où les Pqu’on le précipite dans son tombeau, c’est un jeune gra- mort ». Nul mysticisme dans les pages si belles où conditions étaient un peu moins effroyables, sortirent dé sérieux, cultivé et sans passion politique. Son père, lui offrir les dimensions de la fiction. Tahar Ben Jelloun parle de la prière, mais l’expression vingt-deux survivants sur vingt-neuf condamnés. Au un lettré assez abject est le bouffon du roi : il lui récite la plus extrême de la résistance. Les bourreaux ont vou- bagne B, trois hommes avaient résisté à l’ensevelisse- des poèmes, il lui invente des bons mots, il le fait rire. Pour imaginer la vérité de l’horreur et lu, planifié jusqu’au plus petit détail, une mort affreu- ment, à la cage de ciment, au froid, à la folie, au corps Dès qu’il apprend que son fils est arrêté, le père se pré- se, dégradante, ignoble. Au fond de leur trou, parmi les qui se délite, aux scorpions, à l’immobilité, à la nuit, au cipite aux pieds du souverain pour renier sa progénitu- tenter de faire comprendre rats, la vermine et les scorpions, quelques damnés, les désespoir. Parmi eux, Aziz, dont le témoignage a inspi- re et appeler sur elle les pires châtiments. Le thème du membres pourris, continuent à « rebâtir les choses com- ré le roman de Tahar Ben Jelloun qui lui est dédié. père ressurgit à chacun des nœuds du roman ; il est leur trou sans que plus rien ne se passe, sinon l’infinie me si la fosse n’était pas la dernière demeure ». Ils n’ont Voilà pour l’histoire. Elle s’enrichira d’enquêtes, de l’image négative du courtisan, de l’intellectuel dévoyé, souffrance de leur corps plié, de leurs yeux aveugles, plus de visage faute de pouvoir le voir, ils n’ont plus de récits. Des détenus diront l’horreur de cette agonie pro- de l’ignominie élégante qui permet au fils de trouver de leurs muscles atrophiés. Il leur faut aussi apprendre passé, ils ont disparu de la surface de la terre, et pour- grammée ; des militants raconteront comment ils ont sans cesse de nouvelles ressources de résistance, de à se défaire de leur passé : « Se souvenir, c’est mourir. tant ils échappent encore à l’extinction programmée réussi à fissurer puis à démolir la forteresse de silence volonté absolue de ne pas céder. La mort morale du J’ai mis du temps avant de comprendre que le souvenir par leur ennemi. et d’oubli qui avait été érigée autour de Tazmamart. père apprend au fils le chemin de la survie. était l’ennemi. Celui qui convoquait ses souvenirs mourait On ne le voit pas cet ennemi, sauf un instant. Il n’est Personne ne pourra visiter le bagne puisqu’à peine ses Il n’a rien d’exceptionnel, ce fils ; c’est un homme juste après. C’est comme s’il avalait du cyanure. Com- pas nommé ; il est le véritable fantôme de ce livre des victimes évacuées, raconte Tahar Ben Jelloun, il a été ordinaire. Il a obéi à ses chefs, sans trop réfléchir. Il a ment savoir qu’en ce lieu la nostalgie donnait la mort ? » ombres. On comprend tout des protagonistes du rasé par des bulldozers et on a planté sur son emplace- accepté le verdict de son procès – dix ans de pri- Peu à peu, le narrateur apprend à se défaire des mortel- roman sauf cette férocité, absolue elle aussi, sans rai- ment de grands arbres afin de manifester que rien de son – comme la juste conséquence de son inconséquen- les images de sa vie d’avant, à les traiter comme ce son, sans répit, sans mesure. Monstrueuse plus encore tout cela n’a jamais existé : Tazmamart est un délire ou ce. Il aurait accepté la mort si le tribunal l’avait ordon- qu’elles sont, des rêves, des fantasmagories, des illu- qu’inhumaine. un cauchemar. née. Mais lorsqu’on l’enterre vivant dans la nuit perpé- sions destinées à détourner l’esprit de l’essentiel : l’infi- Cette aveuglante absence de lumière est un grand Avec cette histoire, Tahar Ben Jelloun a écrit un tuelle de Tazmamart, il comprend qu’il commence une ni du présent. Tahar Ben Jelloun écrit un roman où le roman parce qu’il est parvenu à rendre compte de l’ex- roman. Cette aveuglante absente de lumière n’est pas un seconde vie, sans aucune mesure commune avec la pre- temps ne passe pas. Plus d’événement, plus d’histoire, trême avec les mots les plus nus et les plus justes. Le con- compte rendu d’enquête ; l’écrivain n’a pas davantage mière, une vie marquée dans toutes ses manifestations simplement un prisonnier chargé de faire l’horloge jus- teur a abandonné ses ornements les plus séduisants, la prêté sa plume et ses mots aux survivants pour racon- par le sceau de l’absolu. Cette aveuglante absence de qu’à ce que la tête lui tourne, et la mort qui délivre les beauté des couleurs, l’invention des images, la poésie de ter à leur place ce que furent leur calvaire et la force lumière est un roman qui cherche à donner des mots et suppliciés, les uns après les autres, rompant un instant l’imagination. Pas de cri, ni de lyrisme, ni d’invective : insensée qui leur permit de survivre. Il a écouté l’histoi- des formes aux différentes figures de l’absolu. l’immobilité du temps. l’accompagnement simple, précis, dépouillé et déchi- re et l’a faite sienne pour lui offrir tout l’espace et tou- Et tout d’abord à la quasi-disparition du temps. Très Il faut aussi affronter l’absolu des sentiments. A Taz- rant de ce qui fut, sans métaphore, une visite aux enfers. tes les dimensions de la fiction. Sa voix ne couvre pas vite, les disparus de Tazmamart apprennent qu’ils mamart, on meurt de colère, de haine, de tristesse, celle des survivants avec les belles phrases de la littéra- n’ont pas d’avenir, qu’ils sont destinés à mourir dans d’obsession de l’injustice. « Avoir la haine diminue. Elle Tahar Ben Jelloun collabore au « Monde des livres » Un magistère sélectif Tazmamart au quotidien Neuf ans après la fermeture de Tazmamart, Tahar Ben Jelloun prend la parole. Ahmed Marzouki livre le témoignage bouleversant des dix-huit années Mais certaines voix s’élèvent pour lui reprocher son silence d’alors qu’il passa dans une cellule de trois mètres sur deux mètres cinquante

a polémique a précédé le Tahar Ben Jelloun a entrepris pourtant restée son « amie » ? Aucune cellule n’est éclairée. ment, les détenus du premier bâti- livre. Au mois de septem- son travail d’écrivain à partir du « Ce n’est pas possible », estime TAZMAMART CELLULE 10 Pour toute ouverture il n’y a que le ment s’efforcent de mettre sur bre, alors que Tahar Ben témoignage d’un rescapé, Aziz l’épouse de l’opposant marocain d’Ahmed Marzouki. judas de la porte et les dix-huit pied une vie sociale collective faite L Jelloun annonçait pour le Binebine. « Je n’ai écrit ce livre Abraham Serfaty, dont Tahar Ed. -Méditerranée/Tarik petits trous d’aération percés dans de discussions libres et de séances début de l’année la parution de que parce que j’ai été sollicité par Ben Jelloun avait été, à l’époque, édition, « Documents, le mur. Les toilettes se résument à d’étude du Coran. Le soir, avant son roman sur Tazmamart, et en des personnes voulant aller le premier à lui parler. «Il témoignages et divers », un trou d’évacuation étroit creusé l’heure de la prière, un prisonnier révélait le – très beau – titre, au-delà du document brut et du m’avait dit que c’était quelqu’un 334 p., 110 F (16,76 ¤). dans le sol. En guise de mobilier : raconte un film ou un roman. C’est Ahmed Marzouki, l’un des témoignage direct », a-t-il expli- de très bien, mais que c’était un une assiette, une carafe de plasti- le moment de la journée le plus anciens détenus dans les oubliet- qué dans une lettre parue le politique et que, pour sa part, il ne l faut souhaiter que la distri- que, et un broc d’eau de 5 litres attendu. tes de Hassan II, s’est indigné : 3 octobre 2000 dans Le Monde. ferait jamais de politique au bution de ce livre soit autori- rempli une fois par jour. Pendant Les gardiens (une quinzaine au « Tahar Ben Jelloun n’a pas écrit Après lecture du roman, Aziz Maroc, parce qu’il avait trop sée au Maroc. Et qu’en Fran- les trois premières années, les 58 total) changeaient rarement à Taz- un mot en faveur de ceux de Tazma- Binebine, le témoin commanditai- peur », se souvient Christine Dau- I ce sa diffusion ne se limitera officiers et sous-officiers expédiés mamart. Cette stabilité sera la pro- mart. Il s’est toujours tu. Pourquoi re, estime que « c’est vraiment le re-Serfaty. « En juillet dernier, pas à une poignée de librairies mili- à Tazmamart n’auront droit à vidence des détenus. « Ce fut grâce se manifeste-t-il aujourd’hui ? Taz- livre de Tahar, même s’il s’est beau- quand j’ai vu Tahar à Tanger, il tantes. Car, écrites sans fioriture ni aucun vêtement de rechange. L’hy- à cette sorte d’intimité (…) que nous mamart, c’est un océan de mal- coup inspiré de moi et de mon his- m’a répété, en toute sincérité, qu’il effet de style par un « ancien de giène est déplorable et, écrit pûmes, peu à peu, les corrompre, les heurs et de ténèbres. N’importe qui toire. D’abord parce qu’il a trans- n’avait tout simplement pas eu le Tazmamart » (toujours privé de Marzouki, « nous sentions plus mau- soudoyer et même, parfois, les émou- ne peut pas en parler et en tirer pro- posé les faits et les personnages courage de prendre position. En passeport), ces pages sur ce que vais qu’une benne à ordures ».Les voir. Intéressés ou non, brutes épais- fit. » Avec la publication quasi réels. Ensuite parce qu’il a tracé octobre, je lui ai envoyé une lettre fut la vie quotidienne au bagne repas sont à l’avenant. Le petit- ses pour la plupart, c’est à eux, en simultanée des deux livres, du un cheminement spirituel qui est le pour lui dire que je ne lui repro- mouroir constituent un témoigna- déjeuner se résume à 30 grammes dépit de tout et à des degrés divers roman de l’écrivain à succès et du sien, intimement ». L’ex-détenu, chais pas d’écrire sur Tazmamart, ge hors du commun sur une tragé- de pain et à une tasse de mauvais que 28 détenus – sur 58 au témoignage de l’ex-bagnard, le l’un des six survivants – sur vingt- mais de n’avoir rien dit avant. » die humaine qui inévitablement café. Au déjeuner, les bagnards ont départ – doivent d’être sortis de cet malaise persiste. La souffrance neuf prisonniers – du bâtiment B Faut-il tenir rigueur à un écri- renvoie à d’autres récits d’enferme- souvent droit à des pois chiches : enfer. » Des antibiotiques, des crè- d’autrui est-elle matériau à qui à Tazmamart, indique que l’écri- vain parce qu’il n’a dénoncé ce ment hantés par la mort – on son- les plus chanceux en comptent jus- mes dermatologiques, quelques let- veut bien s’en saisir ? Oui, pour ce vain lui a cédé la moitié de ses qui eût mérité de l’être ? On hési- ge au journaliste Jean-Paul Kauff- qu’à vingt-cinq dans leur assiette. tres, des crayons, un poste radio qui est du principe, mais dans les droits d’auteur. « J’ai cosigné le terait si Tahar Ben Jelloun ne mann, otage au Liban, voire aux En 1978, année remarquable, dit ont ainsi pu pénétrer dans le bâti- limites de la décence, dans cha- contrat d’édition », précise-t-il. s’était pas attribué un magistère témoignages de victimes du Gou- Marzouki, on nous a servi un verre ment no 1 de Tazmamart au fil des que cas précis. Le romancier ne cherche donc d’interpellation à tout propos, lag. Ce livre hallucinant nous fait de limonade. années. Les détenus de l’autre bloc Tahar Ben Jelloun a raison de pas à « tirer profit », sur le plan sauf au sujet du Maroc, son pays pénétrer dans un monde de ténè- n’eurent pas cette chance. revendiquer sa liberté d’auteur. pécuniaire, du drame que d’origine. L’écrivain a dénoncé la bres défiant l’imagination. ÉTAT DES LIEUX Le chapitre peut-être le plus Quels que soient les sentiments d’autres ont vécu. Il a même condition d’immigré et le racisme Sous-officier des Forces armées Les 58 bagnards (rejoints quel- émouvant du livre est intitulé « In des rescapés, des victimes et de annoncé qu’il verserait « une par- en , les tueries en Algérie, royales (FAR), Ahmed Marzouki a ques années plus tard par trois memoriam ». C’est la longue liste leurs familles, Tazmamart est tom- tie » de ses droits d’auteurs res- la guerre en Tchétchénie, la participé au coup d’Etat de Skhi- Français, les frères Bourequat) de ceux qui, victimes de la sinistre bé dans le domaine public depuis tants à « des organisations huma- tenue d’un sommet panafricain rat. Le 9 juillet 1971, il est de ceux étaient répartis dans deux bâti- loterie du bagne, sont décédés que Gilles Perrault a révélé au nitaires marocaines ». en juin 1994, en plein génocide qui, encadrant les cadets du colo- ments eux-mêmes enfermés dans dans cet endroit du bout du mon- grand jour, dans Notre ami le roi, au Rwanda. Il a pris la plume nel Ababou, firent irruption au une caserne perdue à plus de 1 000 de avec, pour chacun d’eux, le récit l’existence du bagne secret (1). INTERROGATIONS pour souhaiter « Bonne chance à palais, sur la côte Atlantique à mètres d’altitude non loin de la de leurs derniers jours. Certains Heureusement, d’ailleurs, puis- Il subsiste, cependant, une Mohammed VI », le successeur de proximité de Rabat, où le roi Has- frontière maroco-algérienne. Dans ont réussi à se suicider. D’autres que, sinon, il n’y aurait peut-être interrogation : après s’être tu Hassan II, sans dire un mot criti- san II célébrait avec faste, comme la première bâtisse, 7 détenus sur ont préféré se laisser mourir et se pas eu de survivants… En 1992, tant que le mouroir existait, pour- que sur l’héritage du père. En chaque année, son anniversaire au 29 sont décédés ; dans la seconde, sont éteints en silence, sans préve- Christine Daure-Serfaty, qui était quoi l’écrivain s’est-il emparé du décembre 1992, parlant de l’écri- milieu d’une foule d’invités maro- en revanche, c’est l’hécatombe : 6 nir leurs voisins de cellule. déjà à l’origine des pages poignan- scandale neuf ans après la ferme- vain du tiers-monde, il avait pour- cains et étrangers. Mal préparé, personnes seulement survivront D’autres encore ont sombré dans tes dans le best-seller de Gilles ture du bagne ? Maintes fois tant soutenu que celui-ci « sait mal conduit, le putsch échoue mais sur 29. Pourquoi une telle dispro- la folie. Avant de disparaître, l’un Perrault, a publié l’intégralité de interrogé à ce sujet, Tahar Ben qu’il est attendu et qu’on lui plus de deux cents personnes portion ? La topographie a joué. deux confiera un message à son enquête dans Tazmamart. Jelloun n’a eu de cesse de répéter demandera des comptes. (…) Il (civils et militaires) y laissent la vie. L’eau avait tendance à stagner l’auteur : « Dis à mon fils que j’ai Une prison de la mort au Maroc qu’il ne savait « rien de précis » doit être non seulement un créa- Traduit comme plusieurs centaines sous le bâtiment no 2, situé à con- trouvé la mort avec un seul immense (2). On ne voit pas au nom de sur Tazmamart, que la gauche teur mais aussi un avocat, une d’autres militaires devant un tribu- trebas, fragilisant les détenus qui y regret, celui de lui avoir donné le pré- quel interdit l’auteur de La Nuit marocaine s’était également tue, assistante sociale, un justicier, un nal militaire, le sous-officier vivaient. Plus important, le bloc nom d’un de nos tortionnaires. Dis- sacrée, en 1987, qu’il n’avait découvert toutes ces amuseur, un pédagogue, un confi- Marzouki est condamné à trois no 1 comptait 15 officiers contre 9 lui que, s’il tient vraiment à la n’aurait pas de s’inspirer horreurs qu’a posteriori. Com- dent et un professionnel de la années de prison. Il passera en réa- dans celui qui le jouxte. La hiérar- mémoire de son père, eh bien qu’il du symbole, côté ombre, du long ment l’ancien professeur de philo dénonciation ». C’était, peut-être, lité dix-huit années et trente-neuf chie des grades, pense l’auteur, «a change de prénom. » Pour que le règne de Hassan II. Parce qu’il au lycée Mohammed V à Casa- une trop grande exigence. jours – 6 550 nuits ! – dans la permis aux détenus du bâtiment no 1 livre puisse être distribué au n’était pas, lui-même, embastillé blanca a-t-il pu ignorer l’inlassa- Stephen Smith pénombre d’une cellule de de s’organiser plus vite et beaucoup Maroc, l’éditeur a fait gommer le dans le mouroir ? L’Histoire n’ap- ble combat que menait, depuis 3 mètres de long et de 2,50 mètres mieux que leurs camarades de prénom du tortionnaire. Il s’appe- partient à personne, chacun étant les années 80, sa collègue d’an- (1) Gallimard, 1990. de large avec pour tout lit une dal- l’autre bloc ». De fait, même s’ils lait Hassan. libre de se l’approprier. tan, Christine Daure-Serfaty, (2) Stock, 1992. le de ciment de 1 mètre de large. ne se voient qu’exceptionnelle- Jean-Pierre Tuquoi littératures LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / III b Pascal Pia, l’homme de l’ombre Une « voix dissonante » Sa passion de la littérature et des livres, Pascal Pia n’en fit jamais étalage. Sans aigreur mais avec férocité, Marcelin Pleynet Sa correspondance avec Albert Camus comme ses critiques montrent pourtant combien cette passion était vive commente ce qu’il voit et lit du « bavardage culturel »

Pia n’a nullement ce désir. Revenu sincérité. » La mort d’Ernst Jünger, CORRESPONDANCE 1939-47 en France, il s’entremettra en 1941 LES VOYAGEURS en février 1998, l’incite aussi à une d’Albert Camus et Pascal Pia. auprès de Paulhan et des responsa- DE L’AN 2000 relecture instructive du Journal pari- Edition présentée et annotée bles de Gallimard pour faire de Marcelin Pleynet. sien, qu’on méditera, comme lui, par Yves Marc Ajchenbaum. publier L’Etranger, Le Mythe de Sisy- Gallimard, « L’Infini », avec profit… Fayard/Gallimard, 154 p., 120 F phe et Caligula. En attendant, il est 272 p., 95 F, (14,48 ¤). Marcelin Pleynet a en outre un (18,29 ¤). engagé par Pierre Lazareff à Paris- grave défaut, aux yeux de ceux qui Soir. Pia insiste auprès de ce der- l est très instructif, et assez pourraient rendre compte de son FEUILLETONS LITTÉRAIRES nier pour faire venir également désolant, de voir partout œuvre et s’en gardent bien : il lit les tome II : 1965-1977 Camus. Puis, ce sera la résistance et commenté le journal de journaux à la loupe et les commen- de Pascal Pia. la publication clandestine de Com- Renaud Camus (c’était le cas te avec une cruauté sans pareille. Préface de Maurice Nadeau, bat. A la Libération, les deux hom- avantI même la polémique autour C’est un homme dépourvu Fayard, 938 p., 298 F (45,43¤). mes prennent la direction du jour- de La Campagne de France,en d’aigreur – ce qui déplaît –, mais nal, cette fois au grand jour. Le 2000) tandis que le silence règne sur d’une constante férocité – ce qui ascal Pia est l’une des 31 août 1944, Camus, dans un édito- celui de Marcelin Pleynet, dont déplaît plus encore. Ainsi de son figures possibles de rial, écrit : « Que voulons-nous ? Une vient de paraître l’année 1998, sous analyse de toutes les commémora- l’amour de la littérature. presse claire et virile au langage res- le titre Les Voyageurs de l’an 2000.Il tions journalistiques des trente ans D’après celle-ci, l’amou- pectable. » Mais dès le printemps est vrai que Pleynet est réfractaire à de Mai 68 : « Il faut faire popu. » reuxP place son orgueil dans la 1945, les droits et les intérêts de la toute confidence, à toute idée de Roman-feuilleton ici, souvenirs là, volonté de passer inaperçu, de se politique se remettent en place. Les communauté, que personne, en le XIXe siècle à tous les étages pour rendre lui-même le plus invisible divergences entre les deux amis lisant, ne peut « s’identifier ». Il commenter ce soubresaut du possible et, à la fin, de disparaître vont s’accentuer. Jusqu’à la ruptu- n’est pas, lui, d’une radicalité feinte XXe siècle qui ne pouvait man- sans laisser de traces – du moins re – qui sera violente, blessante, et ne prend aucune pose. Sa quer de « faire frémir un pays accro- biographiques. Autre caractère dis- définitive. L’itinéraire politique de réflexion – dont il ne livre que des ché aux deux prothèses de la Troisiè- tinctif : l’attrait pour la littérature Pascal Pia suivra alors son propre extraits, ne publiant pas son journal me République, le pétainisme et le est aussi, en même temps, à parts cours, jusqu’à l’Algérie française. dans son intégralité – est d’une radi- stalinisme – maladies sexuellement égales, un désir des livres comme Mais à partir de 1955, le journa- calité totale. Cette réflexion s’ins- transmissibles ». objets. La science bibliophilique liste devient chroniqueur littéraire crit-elle exactement dans ce qu’il Pour couronner le tout, ce juge- naît là. Accessoirement – mais c’est à Carrefour. Cette activité semble est convenu de nommer Journal ? ment définitif sur les mauvais presque une habitude, une loi non lui convenir. Il n’exerce aucun Pas vraiment. Pleynet le sent bien, romans à succès, dans ce temps où, écrite ! –, la littérature érotique magistère. Semaine après semaine, qui met sur la couverture de son selon le mot de Guy Debord, «le constitue, pour ce type d’amou- il s’exprime aussi bien sur les ouvra- livre « Romans ». Mais ce clin d’œil vrai est un moment du faux » (« dans reux-expert, une sorte de violon ges récents que sur l’histoire litté- ne résout pas la question, à laquelle cette perspective, souligne Pleynet, d’Ingres. raire – avec tout de même, les il devrait tenter de répondre : com- la mauvaise littérature est d’une Lorsqu’il meurt en septem- années passant, une préférence ment nommer ce propos ? incontestable efficacité »): « Les FONDS PASCAL PIA/ARCHIVES IMEC bre 1979, à Paris où il était né Albert Camus et Pascal Pia pour ce deuxième chapitre. Outre Toute lecture – parfois au hasard, mauvais romans n’ont de succès soixante-seize ans plus tôt – le deux essais – sur Baudelaire (1952) parfois pour les besoins d’une qu’auprès de ceux dont la vie est un 15 août 1903 –, Pascal Pia (de son d’hommages (Lettres nouvelles, 1928, Histoire de l’œil de Georges et sur Apollinaire (1954) –, Pia lais- recherche ou d’une émission de mauvais roman. C’est dire s’il y a vrai nom Pierre Durand) ne laisse 1981). Orphelin (son père est tué Bataille. Il débute dans le journa- sera ainsi des centaines d’articles radio – est l’occasion pour Pleynet foule. » derrière lui aucun journal ou livre en 1915), pauvre et autodidacte, il lisme – au Progrès de Lyon –au critiques. Maurice Nadeau, autre d’un petit essai sur le sujet. Ainsi, Si par hasard tout cela ne suffi- de souvenirs. Journaliste lui-même exerce divers métiers, dont celui de moment du Front populaire. compagnon de Pia, a préfacé les pour rendre compte du tome VIII sait pas à décourager les médias de une bonne partie de sa vie, il n’a groom de grand hôtel. Dans les En 1938, comme le raconte Yves quelque 2 000 pages de ce rassem- de la Correspondance de Roger continuer de donner la parole à pas non plus cru bon de se livrer, années d’après guerre, il fréquente Marc Ajchenbaum dans l’éclairante blement (le premier volume a paru Martin du Gard, lit-il les sept cette « voix dissonante dans le bavar- dans l’autre sens, aux délices narcis- les milieux libertaires et pacifistes. préface de son édition de la corres- chez Fayard en 1999). Pas plus que volumes précédents. Et découvre- dage culturel », Pleynet en rajoute siques de l’interview. « Le droit au Au début des années 20, il lie con- pondance avec Camus, Pia s’embar- dans ses lettres à Camus, la figure t-il qu’en 1936, soit un an avant contre l’air du temps. Il refuse de néant » : tel est le sous-titre du por- naissance avec des écrivains : Max que pour l’Algérie. Il devient admi- de Pascal Pia n’y paraît dans une d’obtenir le prix Nobel de litté- voir en Péguy l’inventeur de la trait qu’écrivit son ami Roger Gre- Jacob, , André nistrateur délégué du journal Alger totale lumière. Mais la vraie place rature, Martin du Gard persistait à modernité, cite abondamment Hei- nier (Gallimard, 1989). Malraux, Jean Cocteau… et publie, républicain, puis de Soir républicain du lecteur, de l’amoureux des li- « croire à une certaine sincérité dans degger, voudrait faire relire Pin- On doit ainsi renoncer à une trop avec un certain succès, quelques et appelle Albert Camus à ses vres, n’est-elle pas d’abord dans le désir de paix de Hitler », ajoutant dare, rappelle son peu de goût pour grande curiosité et ne connaître de poèmes. Habitué de la Bibliothè- côtés. Ils travailleront ensemble l’ombre ? à cet aveuglement assez répandu l’intime – « lorsque je vis ce que l’on ce que fut le parcours intellectuel que nationale, il se fait une spéciali- quatorze mois, jusqu’en jan- Patrick Kéchichian un souhait, « Tout plutôt que la aimerait me faire raconter, je n’ai et politique de Pia que quelques té de son « enfer » (1). Dans ce vier 1940. L’amitié entre les deux guerre (…). Même le fascisme en d’autre désir que de le vivre ».Un faits : ceux que consigna Jean-José même domaine, il publie sous le hommes est réelle, même si les tem- (1) Les Livres de l’enfer du XVIe siècle à France ! », et une conviction : «Ily vrai bonheur, plus personne n’est Marchand dans un « essai de bio- manteau des érotiques, comme Le péraments et les projets sont oppo- nos jours, de Pascal Pia, a été réédité a dans les rodomontades de Hitler, aussi peu complaisant. graphie » au début d’un volume Con d’Irène d’Aragon, puis, en sés : Camus veut devenir écrivain, chez Fayard en 1998. par instants, des accents d’une réelle Josyane Savigneau

autres Greg Bear par son ton humoristique. Et ce dès les données premiè- SCIENCE-FICTION res de cette expédition vers Mars : son « promoteur » n’est nullement un Naître à la parole b par Jacques Baudou organisme officiel voué à la conquête de l’espace, mais un producteur hol- lywoodien de troisième zone qui a l’idée du siècle. A savoir, utiliser le vais- seau spatial mis en orbite dans l’optique d’une expédition russo-américai- Comme dans « Anchise », Maryline Desbiolles cherche à ne vers la quatrième planète du système solaire qui n’a jamais eu lieu Inclassable pour envoyer une équipe cinématographique tourner un film dans ce faire entendre la part sauvage et archaïque de ses personnages décor inédit ! Ledit vaisseau a été baptisé le « Mary Poppins » (« Mary Poppins », vous savez, ce joli film des usines Disney où Julie Andrews « Elle est comme projetée en avant, joue les « nanny » volantes et où Dick Van Dyke danse avec des pin- LE PETIT COL DES LOUPS pas dans l’avenir, non pas du tout PLASMA gouins de dessin animé !) : comment mieux affirmer le caractère de haute de Maryline Desbiolles. dans l’avenir, elle est dans le dessin de Walter Jon Williams. fantaisie de ce délicieux roman aimablement satirique et pétillant de drô- Seuil, « Fiction & Cie », d’elle infiniment déployé en figures, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Guy Abadia, lerie dont on appréciera la chute exhilarante et si machiavéliquement 128 p., 75 F (11,43 ¤). aucune figure n’est-elle, elle n’est que J’ai lu, « Millénaires », 394 p., 89 F (13,56 ¤). orchestrée par l’auteur. Un petit bonheur ! (Traduit de l’anglais [Etats- dans le bougé de toutes ces figures vite Unis] par Michèle Charrier, Bifrost/Etoiles vives, 230 p, 79 F [12,04 ¤].) aryline Desbiolles est feuilletées. Elle est dans le bougé. Elle ’œuvre romanesque de Walter Jon Williams est d’une telle diver- b LA LUNE SEULE LE SAIT, de Johan Heliot un écrivain des disso- est dans l’allant. » sité qu’il n’est guère aisé de la définir. Quoi de commun en effet Après Hervé Jubert et sa Bibliothèque noire, après Gaborit et Colin et nances. Elle sait admira- Cette absence de paroles, elle la entre l’épopée cyberpunk de Câblé, le space opera aux accents leur automate quinceyen, voici un nouveau roman qui ancre le « steam- blement, au sein d’un retrouve aussi dans les lettres que lupiniens des Joyaux de la couronne et le thriller dérapant in fine punk à la française » à l’époque du second empire et de Naboléon, ainsi Mmême monde, juxtaposer les êtres et Vincent lui adresse. Lettres qui ne Ldans la quatrième dimension qu’est Sept jours pour expier, sinon un talent que le surnommait l’exilé des îles Anglo-Normandes qui est d’ailleurs, les choses, faire se heurter leur solitu- disent rien, sinon le désert, qui ne très sûr de romancier. Plasma ne vient pas déparer ce tableau, qui ne res- sous un anonymat tout relatif, l’un des héros du livre. Encore convient-il de, leur silence. Parfois, au lieu de ce montre rien de ce pays, l’Algérie. semble en rien aux titres précités, sinon par la grande sûreté de l’écriture de préciser que Johan Heliot a choisi la voie de l’uchronie en faisant de silence, c’est une parole excessive, « Elle ne sait pas parler, ce sera à lui, et la maîtrise ensorceleuse de conteur qui s’y déploie dès les premières Napoléon III le vainqueur de Sedan et le massacreur de la Commune, puis exagérée par l’isolement ou le mal- lui si peu loquace, si démuni pourtant, lignes : « Une silhouette en feu, haute de dix étages, parcourt les rues. Elle est l’allié à partir de 1889 des survivants d’un peuple extraterrestre en pleine heur, qu’elle donne à entendre. Mais ce sera à lui de la reconnaître et de lui nue, son corps un véritable holocauste de flammes tourbillonnantes. Les déshérence, les Ichkiss, qui lui ont permis d’établir une colonie sur la rien, dans cette parole, ne semble se donner un nom. » Ce n’est pas du gens, dans la rue de l’Intendance, se ratatinent carbonisés, sur son passage, Lune, la base Cyrano. Selon une formule que René Réouven a portée à la répondre, coïncider, correspondre. tout de la culpabilité qu’elle ressent. ne laissant derrière elle que de petits moignons noirs figés dans la position du perfection, Johan Heliot a lancé dans une aventure tout droit sortie d’une Quant aux personnes, elles ne se ren- Simplement, elle n’a pas appris, n’a fœtus. » Comment ne pas être intrigué par la force de cette image, par sa imagination fertile des personnages – connus ou moins connus – emprun- contrent que pour faire saillir l’étran- pas eu le temps d’apprendre que violence, par son côté tout aussi insolite que cauchemardesque ? Ce « sen- tés à l’Histoire ou encore à la fiction. C’est ainsi qu’aux côtés d’un Jules geté qu’elles représentent les unes à l’acte – anodin, naturel – par lequel se of wonder » qui est peut-être plus que toute autre chose le caractère Verne à qui est donnée l’occasion d’explorer cette Lune dont il fit l’enjeu l’égard des autres. on fait des enfants appartient à un distinctif de la science-fiction a déjà saisi le lecteur au bout de trois phra- de deux de ses « voyages extraordinaires », on croisera tout aussi bien Cependant, ces heurts, cette disso- monde de mots et d’attitudes. ses, l’a transporté dans un ailleurs qui gardera tout au long du roman un l’Isidore Beautrelet qui impressionna Arsène Lupin lui-même dans nance et toute cette étrangeté sont la Marie-Marthe, elle, sait. Elle est exotisme radicalement dépaysant n’offrant que peu de points de repères. L’Aiguille creuse que ce curieux préfet Andrieux dont la postface nous rap- vie même. C’est la vie, non pas sur même saturée de ce savoir, qui cepen- Inclassable, Plasma l’est indéniablement, qui peut tout aussi bien être pelle qu’il fut le père adultérin de Louis Aragon. Mais aussi, et ce n’est pas son versant social et urbain mais dant ne l’aide pas à vivre parce qu’il revendiqué par les adeptes de la science-fiction pure que par les tenants la figure la moins importante de cette épopée anarchisante et utopiste, dans ses tonalités les plus âpres et se confond trop avec sa colère et son de la fantasy la plus ouverte. Walter Jon Williams n’a décrit la civilisation Louise Michel, l’égérie de la Commune, qui réussit ici sa révolution socia- archaïques, les moins séductrices, dépit. Elle a été mariée, a aimé – en planétaire qu’il y met en scène que par quelques traits saillants si peu nom- liste… Avec ce roman généreux, inventif et ambitieux, Johan Heliot fait que Maryline Desbiolles cherche à bas, au bord de la mer, le patron d’un breux qu’ils en paraissent d’ailleurs emblématiques : sa dépendance une entrée remarquée sur la scène d’une S-F française décidément en appréhender. Comme dans son pré- hôtel de luxe. Elle est trop « irrémé- envers une source d’énergie mystérieuse, le plasma du titre, dont certains pleine effervescence (éd. Mnémos, « Icares », 278 p., 110 F [16,76 ¤]). cédent roman, Anchise (1), ce sont les diablement déplacée », avec ses effets peuvent donner lieu à des catastrophes, une hiérarchie sociale qui b ORCHÉRON, de Pierre Bordage mystères de la naissance, de l’amour « troupeaux de rages, de mélancolies dépend beaucoup de la couleur de la peau des peuples qui la composent, Orchéron n’est pas exactement la suite d’Abzalon : entre l’action des et de la mort qui scandent l’ex- récalcitrantes ». son caractère totalement urbain puisque la cité dans laquelle se déroule deux romans, du temps s’est écoulé ; le vaisseau spatial Esterion s’est posé istence, exercent leur contrainte et Entre les deux femmes, tellement l’action « a la taille du globe » et le ceinture, la présence d’un « Bouclier » sur une planète, les survivants ont essaimé sur l’un des continents de ce font la loi. Pour mieux donner à dissemblables et dissonantes, se qui isole la planète du reste de l’univers… nouveau monde, et une société de type matriarcal s’est affirmée au cours éprouver cette scansion, et faire sen- noue une sorte de relation d’appren- Quelques touches seulement viendront s’ajouter au cours du récit à ce des siècles, imposant sa loi même à ceux qui ne souhaitaient pas la parta- tir ce poids, l’écrivain n’a laissé visible tissage. Maryline Desbiolles ne s’em- portrait sommaire mais suffisant pour que les personnages y tracent leur ger. Mais au moment où débute Orchéron, cette société rurale organisée qu’un linéament d’histoire. Une barrasse pas de psychologie. Ce qui trajectoire, et l’une d’elles se rapporte à un rêve politique – la Cité Nouvel- en grands domaines agricoles sous la tutelle des « mathelles » (elles jeune fille est enceinte. Le père de importe, ce sont les perspectives le – qui ne nous est esquissé que de manière très vague, mais qui connaît règnent puisque c’est de leur fécondité que dépend la réussite de cet ense- l’enfant, Vincent, pas beaucoup plus ouvertes par chacune des protagonis- une soudaine résurgence à cause de l’héroïne du roman, une jeune fem- mencement planétaire…) est en crise : certains hommes regroupés dans la âgé, est parti faire la guerre en Algé- tes. Et le croisement qui se produit me, Ayah, et de sa décision très volontaire de prendre son destin en main société secrète des « protecteurs des sentiers » commencent à contester rie. Nous sommes dans l’arrière-pays entre elles. C’est Marie-Marthe, bien dès que l’opportunité lui est donnée… Une décision qui bouleversera sa de façon radicale le pouvoir des femmes et à éradiquer ce qu’ils appellent niçois. La jeune fille cache son ventre sûr, qui parle surtout. De cette parole vie de petite fonctionnaire très au-delà même de ce qu’elle pouvait imagi- les « lignées maudites ». Cette guerre des sexes a un fondement mythologi- rond à tous ses proches, sauf à la mar- torrentielle se détachent deux ou ner et la transformera en agent d’une révolution. « Millénaires » nous que et même, pourrait-on dire, cosmogonique : c’est ce que le lecteur raine qu’enfant elle s’était choisie, trois discours – récit de son mariage, offre là un roman d’une qualité remarquable. On espère que son directeur découvrira au terme d’un récit captivant où Pierre Bordage s’affirme une Marie-Marthe. Celle-ci, une sauva- de la trahison de sa mère… – qui sont ne nous fera pas attendre trop longtemps sa séquelle intitulée « City on fois encore comme un auteur de toute première grandeur en déclinant geonne, vit seule, faisant et défaisant plus et mieux que des morceaux de fire » ! avec une virtuosité de plus en plus confondante son thème de prédilec- des murs de pierre, devant sa maison bravoure. C’est comme une voix gut- b VOYAGE VERS LA PLANÈTE ROUGE, de Terry Bisson tion : celui de la quête identitaire, doublé ici par celui du parcours initiati- du « Petit col des loups ». Elle parle turale, venue de très loin, et qui On connaissait en France le grand talent de nouvelliste de Terry Bisson, que, afin d’illustrer finalement celui de la Renaissance du monde : les avec ivresse, « comme elle boit, dépas- résonne longtemps après avoir été récompensé d’ailleurs récemment d’un grand prix de l’imaginaire, mais, noces du nouvel Adam et de la nouvelle Eve (éd. L’Atalante, « La dentelle sant la mesure, elle parle comme si elle émise. hormis la novellisation d’un film de Luc Besson et son travail sur la suite du cygne », 466 p., 129F [19,66 ¤]). rendait en paroles ce qu’elle a bu, com- P. K. inachevée de « Un cantique pour Leibowitz », on ne connaissait rien de On saluera ici la naissance, chez le jeune éditeur Nestiveqnen, d’une me si elle rendait même sa soif ». Pour son œuvre de romancier. Voici aujourd’hui une faille comblée avec ce nouvelle collection intitulée « Fantasy », sous de belles couvertures de l’autre, c’est le contraire. Pas de paro- (1) Seuil, « Le Monde des livres » du roman qui participe de l’engouement récent pour la planète rouge, mais Florence Magnin, en attendant que la qualité des ouvrages proposés nous les pour dire ce « corps spacieux » : 4 juin 1999. qui se distingue très nettement des œuvres des Kim Stanley Robinson et permette d’en vanter les mérites... IV / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 littératures b Pynchon, aux marges de l’Amérique

nature. Dans L’Arc-en-ciel de la gra- Il est l’un des écrivains vité, c’est un mystérieux prototype de V2 qui attire les convoitises des les plus importants de individus les plus inattendus, vrais- faux SS africains ou anarchistes son époque. Et aussi – argentins, espions alliés ou resca- pés de l’expressionnisme berlinois, ’homme invisible des à l’instar de Salinger – avec pour seul indice un jeune offi- lettres américaines. Trop souvent, l’un des plus secrets. Mais cier américain nommé Slothrop, Lon réduit Thomas Pynchon à cette dont les érections semblent entrete- étiquette commode, sous prétexte nir des affinités troublantes avec qu’il fuit toute apparition publique, le mystère qui l’entoure les fusées en question… ne livre aucune information biogra- Pynchon ne raconte peut-être phique et refuse de montrer son n’a pas réussi à éclipser pas l’histoire secrète du XXe siècle, visage. Résistance somme toute rai- où les grands événements ne sonnable à la médiatisation des écri- ses romans-chaos seraient qu’épiphénomènes, mais à vains, qui culmina lorsque Pynchon tout le moins il en explore les mar- envoya un acteur recevoir à sa pla- où se dessine l’histoire ges obscures : les crises oubliées ce le prestigieux National Book entre grandes puissances, la coloni- Award pour L’Arc-en-ciel de la gravi- des Etats-Unis du point sation allemande en Afrique austra- té (1). Mais outre que cette attitude le et la politique d’extermination a alimenté les spéculations les plus de vue des exclus. Celle qui l’accompagna, le bombarde- folles (Salinger et Pynchon ne ment de Malte, les liens unissant feraient qu’un !) chez certains admi- d’une promesse trahie avant guerre industriels allemands rateurs s’efforçant obsessionnelle- et américains… Si L’Arc-en-ciel de ment de reconstituer ses faits et ges- dont la silhouette se profile sans ces- la gravité s’ouvre sur le second Blitz tes, moins mystérieux d’ailleurs se dans les lointains est à la fois la qui vit les V2 ravager Londres pen- qu’on ne le croit, elle s’est révélée chose qu’on scrute, le monstre qu’on dant l’hiver 1944, l’essentiel du contre-productive : l’homme vou- pourchasse et le manuscrit qu’on roman se déroule dans l’Allemagne lait s’effacer derrière l’œuvre, il ten- déchiffre : des divers aspects du V2 le en ruine d’après l’Armistice, vaste drait plutôt à l’éclipser par son mys- roman fait une sorte de somme théo- « Zone » vacante et poreuse propi- tère même. Et on traque tous les logique », écrit dans son indispensa- ce aux trafics, aux disparitions et signes qui révèlent quelque chose ble Histoire de la littérature américai- aux quêtes les plus insensées. Ce no de lui, de la belle préface à la réédi- ne Pierre-Yves Pétillon, grand pas- man’s land, ou plutôt ce waste land BETTMANN/CORBIS tion de ses nouvelles, L’homme qui seur de Pynchon en France (2). (la « terre vaine » empruntée à T. Thomas Pynchon en 1955 apprenait lentement, aux notes de Et de fait, il est facile d’être rebu- S. Eliot), voit se croiser d’innombra- pochette d’un album de Lotion, obs- té par cet objet sans cesse fuyant, bles marginaux et personnes dépla- ges officiels. Quoi de plus satisfai- se, et ce dévoilement hypothétique L’Arc-en-ciel de la gravité s’autorise cur groupe de rock new-yorkais. par la multiplication des personna- cées, figures fantomatiques évo- sant alors qu’une hypothèse conspi- de la vérité prend l’allure aveuglan- une brève rêverie, entre Rabelais et A cela près qu’il ne susciterait pas ges, l’obscurité des intrigues et des luant entre deux mondes. Hanté rationniste ? La théorie du complot te d’un anéantissement. Dans Tex Avery, qui voit les navires puri- une telle fascination si ses romans enjeux, la complexité et l’étendue par l’Orphée de Cocteau, Pynchon a l’avantage de conférer une cohé- l’élan de l’Occident moderne vers tains gagner le Vieux Monde en n’étaient devenus des livres « cul- encyclopédique des références (de s’attache à tous ces morts-vivants rence au chaos. Ainsi Oedipa le progrès, Pynchon débusque un marche arrière, et le vomi remon- tes », ouvrant des pistes inépuisa- la science la plus pointue à la anonymes, laissés-pour-compte de Maas, l’héroïne de Vente à la criée inconscient viva la muerte : la con- ter dans le gosier des pèlerins pris bles à l’exégèse, tant à l’Université culture populaire la plus triviale, l’Histoire ou de la société : sans- du lot 49, se trouve-t-elle écartelée quête missionnaire du territoire, de mal de mer. que chez les lecteurs les plus dispa- celle de la bande dessinée et des abri des friches industrielles et des entre la tentation de la paranoïa, de la « frontière » américaine à la Mais il est trop tard pour cette rates, et lui conférant un statut plus séries B, en passant par les arcanes dépotoirs californiens (Vente à la où la satisfaction d’y voir clair a Namibie, conduit au génocide ; utopie-là : le film de l’histoire se proche des romanciers populaires de l’ésotérisme) et surtout par une criée du lot 49), survivants suicidai- pour prix la certitude d’être piégée, l’élan vers les étoiles, l’arrache- déroule inexorablement, et le proje- ou des icônes de la contre-culture écriture proliférante qui joue avec res des destructions nazies dans et le vertige de l’aléatoire, où les ment à la pesanteur représentés ter à l’envers ne le rendra pas que des figures de l’establishment tous les niveaux de langue, mêlant b par la fusée interplanétaire, triom- moins implacable. Le pire est arri- littéraire. Peut-être tout simple- anglais et américain, argots et extrait phe rêvé de la raison technicienne, vé, le reconstituer est un luxe de ment parce que ce descendant archaïsmes, vocabulaire technique sont inséparables de la retombée survivants, voire un récit d’outre- d’une longue lignée de puritains, et chansons paillardes. Chaque « Et voilà, explique Mason à son modeste public du George, purement meurtrière des missiles. A moins, tombe : le plus terrifiant dans les réécrivant l’histoire de son pays du phrase de Pynchon est une aventu- et, pourrait-on dire, dangereusement, voilà un Temps auquel on doit comme Slothrop, de se perdre bombardements de V2, premiers point de vue de ses exclus, incarne re, un chemin susceptible de bifur- nier sa liberté de s’écouler. Comme si, tant que ces jours restent gelés, dans l’anonymat, de se fondre engins supersoniques, c’est qu’on mieux que quiconque les contradic- quer à chaque instant et dont la la Mort elle-même ne pouvait faire valoir ses droits. A des lieues à la dans le paysage, de s’éparpiller ne pouvait les entendre qu’après tions irréductibles de l’Amérique. destination est rigoureusement ronde, les habitants sentaient une Présence, – une chose beaucoup dans les détails plutôt que de pous- leur chute. Le son de la trajectoire, imprévisible. Non seu- trop effrayante pour qu’aucun des domestiques habituels du Château ser toujours plus avant vers la véri- postérieur à celui de l’impact, était lement il privilégie la de Shilburn ne s’en approche. Macclesfield dut embaucher des étran- té et la vision globale des choses. le gage qu’on en avait réchappé. Serge Chauvin digression, mais la gers venus de loin, de très loin vers l’Est. (...) Pour Pynchon, au fond – et en Mais peut-être subsiste-t-il un ins- moindre métaphore Sa Seigneurie, relate Mason, requit un peuple qui entretenait une rela- cela encore il est bien, quoiqu’à tant infinitésimal entre vie et Et qu’il en est aujourd’hui le plus peut se voir dotée d’une existence tion tout à fait autre au Temps, – une relation qui, contrairement à la rebours, l’héritier de la « jéré- néant, 1 et 0. C’est vers lui que tend grand prosateur, dont l’influence propre qui mérite un détour du nôtre, ne nourrissait pas en son sein la terreur de l’écoulement du miade » puritaine –, l’Amérique est tout L’Arc-en-ciel, où la fusée des- sur les meilleurs de ses cadets est récit. Le destin d’une ampoule élec- Temps, – préférant bien plutôt une indifférence au Temps, aussi pure une promesse trahie : dans sa tructrice lancée en 1945 semble prê- sinon revendiquée (Stephen Wright), trique peut faire l’objet d’un chapi- et transparente que possible. Les verbes de leur langue ne possédant remontée vers la genèse de la catas- te à s’abattre sur l’Amérique de du moins patente (Colson White- tre entier, un sérum de vérité provo- pas davantage de Temps que leurs noms de désinence du cas, – car ces trophe, il y a toujours ce moment 1969 : en attendant l’apocalypse head, Jonathan Lethem). Et tout quer des cascades de jeux de mots, gens restaient aussi insouciants des séquences temporelles que déga- de bifurcation où le pays a pris la dans une salle obscure propice aux auteur de livre fleuve un tant soit le souvenir d’un harmonica tombé gés de toute préoccupation de sujet, d’objet, de possessif, ou même de mauvaise route. Oedipa Maas se ébats, il reste aux victimes en sursis peu ambitieux se voit accoler la dans une cuvette de WC conduire à tout ce qui parmi les Anglais requiert une préposition. demande ce qu’il est advenu de la l’ultime consolation d’une commu- réputation de « nouveau Pyn- une plongée dantesque dans le “Quant au genre, – eh bien, mon D..., c’est là encore toute une autre terre des possibles à laquelle elle nion dans le chant. Comme dans chon », comme on parlait naguère monde des égouts. Et le récit saisit histoire, n’est-ce pas, bien sûr, enfin...Nonobstant, – grâce aux bons croyait, détrônée par un système Vineland les rescapés des sixties de « nouveau Dylan ». la moindre occasion pour se muer, offices d’un intermédiaire Hongrois, – ” binaire (celui du « Eux » contre remontaient en chœur l’histoire de Pourtant, cette œuvre rare (six le temps d’une chanson impromp- Protestations de toute la Compagnie. « Nous »). L’ancêtre de Slothrop leur musique, du rock’n’roll (« l’une nouvelles et cinq romans, seize ans tue, en comédie musicale qui doit « Quoi ? les genres ? Très bien, – des genres, ils en ont trois, – Mascu- fut banni de Nouvelle-Angleterre des dernières vocations honorables », de silence entre L’Arc-en-ciel de la moins à Busby Berkeley qu’aux lin, Féminin, et le Troisième Sexe dont personne ne parle, – Mort. par les puritains pour avoir préconi- selon Pynchon) jusqu’au blues. Et gravité et Vineland, huit entre ce Marx Brothers. Quelles sont donc, vous êtes sans doute curieux de le savoir, les rela- sé une vie de jouissance terrienne Oedipa Maas trouve plus de vérité dernier et Mason & Dixon) peut Et pourtant, cette tentation bur- tions émotionnelles entre Mâle et Mort, Femelle et Mort, Mort et et de fraternisation avec les dans le chant d’un marin que dans sembler intimidante, voire écra- lesque ne saurait faire oublier la gra- Mort ? Hein ? Bon. Quid des triangles amoureux ? Deviennent-ils auto- Indiens, bref l’abandon à la luxu- une improbable révélation. Dans le sante : à l’exception de la brève vité profonde de Pynchon, pas plus matiquement quadrilatéraux ? Quand la Mort n’est plus simplement riance du nouvel Eden plutôt que chaos tonitruant que restituent ces parenthèse de Vente à la criée du lot que la multiplication des personna- un départ, quand elle n’est plus la barrière ni la sanction qu’elle était, sa confiscation et son exploitation romans-monstres, on entend alors 49 (1966), elle est scandée par des ges et des situations n’occulte la que deviennent les Vœux du Mariage, – comment devons-nous redéfi- au nom du profit ; c’est bien sûr la comme un souffle, désinvolte et sommes monumentales, et surtout quête qui toujours sous-tend le nir la Fidélité... ? » (Mason & Dixon, pp.197-198). seconde solution qui chez ses suc- poignant, présence ténue et têtue : dominée par L’Arc-en-ciel de la gra- récit. Plus exactement, celui-ci est cesseurs l’a emporté. Et dans c’est la chanson de Pynchon. vité (1973), à l’aune duquel on éva- typiquement écartelé, et ce dès les Vineland seules quelques commu- lue toute la production antérieure nouvelles de jeunesse, entre aban- L’Arc-en-ciel… Dans Vineland, il lit- coïncidences ne révèlent rien, où le nautés clandestines de planteurs (1) Tous les ouvrages de Thomas Pyn- ou postérieure de Pynchon : V don paresseux aux aléas et quête téralise le caractère surnaturel de malheur et l’aliénation n’offrent de marijuana entretiennent enco- chon sont traduits au Seuil, dans la col- (1963) s’en trouve rétrospective- monomaniaque. Dans V, les aventu- ces oubliés en dépeignant les Tha- même pas la consolation de la logi- re – mais pour combien de lection « Fiction & Cie ». ment éclipsé (trop classique dans res picaresques d’un marin en bor- natoïdes, fantômes incapables de que. S’il est séduisant de percevoir temps ? – la mémoire de la « terre (2) Fayard, 1992. Voir aussi La Grand- son écriture, trop explicite dans sa dée alternent avec les efforts d’un se détacher de l’humble quotidien partout les signes d’un dessein, si vineuse » des découvreurs vikings. Route, Seuil, « Fiction & Cie », 1979. structure), Vineland (1989) avec ses fils de diplomate pour reconstituer de ce monde. Dans la théologie mystérieux soit-il, il vient un 400 pages fait figure de haïku pares- la vie de son père, présent dans tou- puritaine, sa faveur va aux Prétéri- moment où ces signes sont telle- seux (déception due à une attente tes les crises oubliées du premier tes, ceux qu’a négligés le dessein de ment omniprésents (comme l’em- trop longue et trop fervente, mais demi-siècle et constamment con- Dieu et qui n’ont droit ni à la dam- blème du système postal Tristero qui masque la beauté lyrique du tex- fronté à la mystérieuse V, femme nation ni au salut. Exclus du choix dans Vente à la criée du lot 49) te le plus intime de son auteur, élé- réelle ou rêvée qui n’est peut-être binaire, ses personnages occupent qu’ils en perdent tout leur sens et gie à la révolution trahie des six- que la métaphore de la déshumani- un entre-deux presque impercepti- sombrent dans l’insignifiance. ties) et Mason & Dixon (1997) sation croissante de l’Occident. ble, une sorte de spectre sonore qui C’est le danger inhérent à tout sys- d’exercice de style archaïsant (mais L’Oedipa Maas de Vente à la criée n’est ni parole ni silence. Et l’on tème. Reste alors un dernier le titre laissait présager plutôt une du lot 49, apprenant par hasard comprend alors que la volonté d’ex- espoir : celui d’une révélation ulti- réflexion sur le clivage Nord-Sud l’existence d’un mystérieux et sécu- haustivité de Pynchon n’est peut- me, qui laisserait voir le vrai visage aux Etats-Unis). Or, si L’Arc-en- laire réseau de poste clandestine, être qu’un effort héroïque pour ne de V, de Tristero ou de la V2. Les ciel… est incontestablement le finit par en découvrir l’ubiquité au laisser rien ni personne sombrer signes qui parsèment les romans Moby Dick du XXe siècle, il s’agit à point de se demander s’il s’agit d’un dans l’oubli. n’auraient pas été alors de simples ce titre d’un livre-continent que le leurre, d’une hallucination, ou s’il Ballottés par une histoire qui indices, mais des épreuves initiati- lecteur doit longtemps et patiem- lui faut réinterpréter l’Histoire à la leur échappe, ses personnages ques, voire des présages divins. ment arpenter avant d’y trouver sa lumière de ce fait, en attendant d’en s’acharnent donc à y trouver un Mais le Livre des révélations, dans place. « Comme la baleine, la fusée percer, espère-t-elle, la véritable sens ailleurs que dans les menson- la Bible anglaise, c’est l’Apocalyp- La chronique LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / V

de Roger - Pol Droit b

Changement de édition Colli-Montinari déjà édi- NIETZSCHE. LES AVENTURES tée par Gallimard. Les textes établis DE L’HÉROïSME de conception par Colli-Montinari et les traduc- d’Antonia Birnbaum tions françaises de « l’édition gri- Payot, « Critique Nietzsche, héros soluble de l’héroïsme, se » sont ici conservés, avec quel- de la politique », ques rectifications, mais le principe 296 p., 145 F (22,01¤). Pléiade, grand projet est différent, puisque les œuvres sont accompagnées de notices et ŒUVRES Internet. de notes qui éclairent les allusions de Nietzsche. ou les points difficiles. Les T. I, sous la direction Le philosophe, mort meilleurs spécialistes ont collaboré de Marc de Launay à cette édition (2) qui ne manquera Gallimard, « Bibliothèque en 1900, se porte bien pas de rendre de nombreux servi- de la Pléiade », 1 158 p., ces à l’étudiant comme à l’« honnê- 310 F (47,25¤) jusqu’au 31 en 2001 te homme ». Il est à signaler égale- janvier puis 360F (54,88¤). ment que ce tome contient bon nombre de textes publiés pour la HYPERNIETZSCHE, première fois en français, notam- sous la direction de Paolo d’Iorio monde comme il vient, indéfini- ment trois cahiers de 1868, en fin PUF, « Ecritures électroniques », ment multiple et insensé pour nous de volume, présentés tels qu’ils se 204 p., 157 F (23,93 ¤). tous, et d’y vivre aussi loin que pos- trouvent dans les manuscrits. Ils sible d’étranges et obliques destins. permettent de se faire une idée de es héros anciens, chacun Voilà les héros nouveaux : des gens la manière dont travaillait le jeune sait comme ils furent : car- qui rient, évidemment. Nietzsche et de lire de belles pages rés, tranchés, silhouettes Conseil de Nietzsche : « Vous consacrées à Démocrite. L aux arêtes vives. Toujours devriez d’abord apprendre l’art de la Paolo d’Iorio, qui présente ces bien découpés, impossibles à con- consolation de l’ici-bas – vous Cahiers de jeunesse dans « la Pléia- fondre. Glorieux, drapés dans de devriez apprendre à rire, mes jeunes de », a pris d’autre part l’initiative hauts faits, perpétuellement nim- amis, si toutefois vous tenez absolu- de lancer un ambitieux projet de bés de mythes et entourés d’éclats. ment à rester pessimiste. Ainsi, peut- réseau Internet, intitulé Hyper- Reconnaissables à des signes exté- être qu’un jour en riant vous enverrez Nietzsche. Ce projet, dont la con- rieurs de vaillance, tuniques vives au diable toute cette consolation ception informatique et juridique ou draperies d’or. Peu importe ce métaphysique – à commencer par la est déjà bien avancée, comme le que furent leurs prouesses, à cha- métaphysique elle-même ! » On trou- montre le volume collectif publié que fois différentes selon les temps ve cette phrase dans l’Essai d’auto- aux PUF, consiste à mettre en ligne et les circonstances. L’essentiel est critique qui précède la réédition, en la totalité des manuscrits numéri- qu’ils demeuraient singuliers, abso- 1886, du premier ouvrage de Nietzs- sés de Nietzsche, de leurs traduc- lument. Figures sans pareille, indivi- che, La Naissance de la tragédie, tions disponibles et de leurs com- dualités majeures, irremplaçable éli- paru en 1872. Le premier volume de mentaires. Ainsi, en lisant tel apho- te. Ils étaient au-dessus de l’humai- réflexion est en effet nourrie de lec- prix, aimé quoi qu’il dise. Sa politi- Peut-être le plus important est-il l’édition de Nietzsche dans la risme de Nietzsche, sera-t-il possi- ne piétaille. Voisins des dieux, les tures très exactes, mais n’est pas que finale ne parvient pas à tenir dans la disparition de la pesanteur « Bibliothèque de la Pléiade », qui ble d’en comparer les différentes héros étaient des gens lumineux, subjuguée par la grande œuvre de les promesses que contient pour- des vieux héros. Ils étaient graves, en comprendra trois, s’ouvre par ce traductions, de savoir quels travaux verticaux, hissés à l’étage au-dessus Nietzsche. Elle ne tente pas de sau- tant sa conception du héros moder- sérieux, lourds jusque dans leurs texte. L’effet est assez curieux. Il en fournissent un commentaire et du nôtre. C’était au temps où exis- ver à tout prix la totalité de ses affir- ne. Car Nietzsche permet de dessi- envols. Les modernes sont légers, s’agit de faire découvrir Nietzsche de s’y reporter immédiatement. Les taient la transcendance, les arrière- mations. Antonia Birnbaum mon- ner une silhouette de héros tout à joyeux, imprévisibles et toniques selon l’ordre chronologique de ses spécialistes de Nietzsche pourront mondes et Dieu lui-même. Autant tre au contraire combien la ques- fait en rupture avec l’ancienne, cel- comme l’écriture de Laurence Ster- publications. Or est il étrange, également publier leurs études dire il y a longtemps déjà. tion de l’héroïsme, centrale chez le du temps des mythes et de la ne. Leurs prouesses sont infimes, avant d’aborder ce premier livre, de directement sur HyperNietzsche, Que devient le héros quand tout Nietzsche, est traversée par une ten- transcendance. Le principal apport multiples, quotidiennes. Ils s’em- lire cette préface tardive où l’auteur selon un dispositif précisément le monde s’habille à l’identique, et sion majeure. de ce livre est de mettre en lumière ploient à devenir de bons voisins dit pis que pendre de son travail de décrit. Il s’agit d’utiliser efficace- plutôt tristement, quand les cieux D’un côté, il conserve l’image du la figure nouvelle. Le héros moder- des choses, à vivre partout des aven- jeunesse : « Aujourd’hui, c’est pour ment la puissance d’Internet au ser- sont vides, le monde désenchanté, héros au-dessus du troupeau, insis- ne n’accomplit pas des exploits tures, à suivre à chaque instant des moi un livre impossible – je le trouve vice de la recherche et de la connais- la foule égalitaire ? Qu’a voulu dire te sur l’aristocratisme et l’élitisme grandioses. Il lui faut plutôt endu- routes inattendues et vite effacées. mal écrit, lourd, pénible, frénétique sance. Bonne idée, à laquelle il faut Walter Benjamin, contre toute nécessaires à la politique à venir. rer continûment l’absence de signi- Ils prennent même la mort à la légè- et chaotique dans l’image, sentimen- souhaiter soutiens et succès. 2001, apparence, en affirmant que «le Cette conclusion à laquelle Nietz- fication du monde, supporter la re. Mourir pour eux n’est pas une tal, sucré ici et là jusqu’à l’efféminé, odyssée Nietzsche ? héros est le vrai sujet de la moderni- sche se rallie, il faudrait, selon découverte des mauvais penchants grande affaire. Ce n’est ni un sacrifi- inégal dans le tempo (...)». Il eut sans té » ? Nietzsche offrirait-il une pos- Antonia Birnbaum, la mettre à son derrière les valeurs, persister dans ce ni un moment remarquable, doute été plus logique que ce désa- (1) Voir « Le Monde des Livres » du sibilité d’élucider cette énigme, et passif. Il y aurait là un signe de cet le courage de connaître. Il lui faut juste une nécessité dont il y a peu à veu fût renvoyé en fin de volume. 25 août 2000. de saisir ce que sont à présent les aveuglement qui lui fait croire que aussi assumer sa propre liberté, dire. Cela aussi est fort éloigné de la Cette nouvelle édition de Nietz- (2) Ont collaboré à ce premier volume héros ? C’est autour de ces interro- la démocratie organise l’uniformi- découvrir la patience de demeurer recette de l’héroïsme à l’ancienne, sche dans « la Pléiade », que Marc Michèle Cohen-Halimi, Marc Crépon, gations qu’Antonia Birnbaum a té, alors que lui veut multiplier les dans notre solitude et notre heu- où un morceau d’os est toujours de Launay a déjà présentée dans Pascal David, Paolo d’Iorio, Francesco construit un livre remarquable d’in- différences. Le philosophe au mar- reuse errance, expérimenter avec prescrit pour le fond de sauce. Il ces colonnes (1) fournit un outil de Fronterotta, Max Marcuzzi, Pierre telligence, de finesse et de clarté. Sa teau n’est donc pas ici suivi à tout le corps. s’agit au contraire de prendre le lecture complémentaire de la gran- Rusch. Perpétuelles naissances de l’art L’art d’aimer l’art Avec « Ouvrir le rien, l’art nu », le philosophe Henri Maldiney livre Dans un livre magnifique, Hubert Damisch analyse comment et pourquoi il a tenté sa méditation la plus ample et la plus rigoureuse de modifier profondément les conditions d’exposition des œuvres d’art dans un musée

de l’échange par lesquels les cho- propres desseins. Braque disait réduit des objets extrêmement démontré par l’expérience que le OUVRIR LE RIEN, L’ART NU ses font, chaque fois, monde. «Le qu’il faisait ce qu’il pouvait, non ce L’AMOUR M’EXPOSE divers dans leurs intentions, leurs lieu et le mode de présentation d’Henri Maldiney. vide est l’ouvert dans lequel toutes qu’il voulait. d’Hubert Damisch. fonctions et leurs natures matériel- peuvent transmuer l’objet indus- Ed. Encre marine (Fougères, choses sont entre elles », et nous Le commerce de toute une vie Yves Gevaert Editeur (Seuil les à un plus petit commun dénomi- triel en objet réputé artistique. Sui- 42220 La Versanne), avec elles. C’est lui qui dans l’art avec les œuvres picturales donne diffusion), 134 p., 140 F (21,34¤). nateur, l’art, dont de surcroît per- vant son conseil, Damisch joue 482 p.,16 reproductions, « appelle le souffle rythmique géné- aux analyses de Maldiney leur acui- sonne ne peut raisonnablement aux échecs. Il y prend tant de plai- 350 F (53,36 ¤). rateur d’espace », et donne aux for- té peu commune. Il étudie tout n 1998, Hubert Damisch a espérer donner une définition satis- sir qu’il décide qu’à Rotterdam les mes un élan, un avenir, une vie qui d’abord les grands pionniers, Kan- conçu une exposition pour faisante. Aussi introduit-on des œuvres seront disposées sur un es vieux peintres ont par- vont au-delà d’elles, au-delà du tra- dinsky, Robert Delaunay, Mon- le musée Boijmans Van notions annexes – la rareté, la échiquier, cases blanches, cases fois des gestes d’aurore. Et cé. On retiendra particulièrement drian. L’étude de l’évolution de E Beuningen de Rotterdam. valeur marchande par exem- noires. Ce dispositif a pour pre- certains philosophes aussi. la splendide analyse d’un lavis du leur style au cours du temps est Deux ans auparavant, il lui avait ple – qui, à défaut d’éclaircir la mier effet visuel de surprendre le L Avec ce nouveau livre, XIIIe siècle, quelques simples fruits très éclairante, mais cette clarté ne été demandé de choisir des œuvres question, la règle d’autorité. visiteur, qui ne s’attendait pas à Henri Maldiney, né en 1912, long- dont la puissance n’est compara- va pas sans un regard critique par- du musée et de les disposer selon pareille mise en scène. Déconcer- temps professeur d’esthétique et ble qu’à celle de pommes de fois devant certaines fermetures et la méthode qui lui semblerait juste. LE POUVOIR DU MUSÉE té, il regarde mieux, peut-on espé- de philosophie à Lyon, nous don- Le projet s’appelait « Moves ». Que le musée, sous couvert de rer. Il cherche les diagonales. Il ne ce qui forme, après Regard, Extrait Le livre, qui doit son titre à Raci- conservation et d’exposition, rédui- soupçonne que des rapports parole, espace (éd. L’Age d’hom- « Une œuvre d’art n’est pas un objet de repré- ne, n’est pas seulement le récit de se la portée des œuvres et limite le secrets lient les œuvres, devenues me, 1974), Art et existence (éd. sentation et je n’existe pas à me la représenter. cette expérience. Des éléments champ de leur action sensible et pièces d’une partie géante. Donc, il Klincksieck, 1985) et, plus récem- Elle n’est soluble dans aucune représentation d’autobiographie y sont insérés, intellectuelle est, en soi, une déduc- les scrute. L’opération est réussie : ment, L’Art, l’éclair de l’être (éd. qu’on puisse se donner d’elle. Son existence se éléments à partir desquels il tion aussi attristante que banale. à l’intérieur du musée, il aura été Comp’act, 1993), sa méditation la dérobe à toute activité consciente et libre qui en serait facile – trop facile probable- Observant l’art contemporain obnu- possible de rompre avec la mauvai- plus ample et la plus rigoureuse revendiquerait la responsabilité. Son altérité ment – de croire reconstituer la bilé par les lieux institutionnels, se habitude du regard flottant et sur l’art plastique. Ami de Francis irréductible, opposable à son auteur tout autant naissance d’une vocation d’histo- Damisch ajoute que production et respectueux. Benjamin approuve. Ponge et d’André du Bouchet, Mal- qu’à son récepteur, est la marque de sa transcen- rien d’art. Damisch le serait-il deve- présentation sont désormais, de Les peintures, ainsi traitées, pour- diney a souvent écrit sur la poésie, dance. Mais cette altérité soustraite à notre pou- nu dès 1938, quand, enfant, il rem- plus en plus souvent, du ressort du raient-elles retrouver leur aura mais ici, à l’exception d’une très voir n’est pas opaque comme celle de la chose. porta « le second prix au concours musée et de ses personnels, échap- d’autrefois ? belle étude sur l’architecture reli- C’est une altérité rayonnante au point de dispa- de châteaux de sable de Juan-les- pant donc aux artistes. Le musée Autre mérite, plus allégorique : gieuse baroque au Brésil, l’ensem- raître dans son propre rayonnement » (p. 28) Pins » ? L’architecture et la perspec- commande. Le musée organise. Le « La distribution des pièces sur l’échi- ble de ce fort volume est consacré tive le préoccupaient déjà, alors musée « accorde son label à des quier peut elle-même être considé- à la peinture. Introduction et con- Cézanne. Ainsi s’explique la pre- pétrifications. L’admiration ne s’af- qu’il découvrait l’Exposition univer- entreprises sans autre garantie que rée (…) comme le produit d’une his- clusion établissent avec densité, mière partie du titre, Ouvrir le firme que dans la lucidité. Puis, selle, qui eut lieu à Paris en 1937. celle que leur confère le fait de pren- toire (la succession des coups dont dans un style tendu, les questions rien : le peintre laisse l’Ouvert de sous le titre « Trois clairières de La visitant, se promenant dans les dre place dans son enceinte ».Ilale elle est la résultante) ou comme une fondamentales d’une démarche l’espace, qui n’est pas une chose, l’Ouvert », Maldiney se tourne rues entre Trocadéro et Alma, il pouvoir. Il dirige le passé, en le “ position ” – autrement dit un systè- phénoménologique novatrice, qui, se déployer dans l’exclamation vers Jean Bazaine, Nicolas de Staël aurait pu croiser Walter Benja- recomposant, et le présent, en le me – qui contient toute l’informa- nourrie de Husserl, d’Erwin Straus silencieuse de son geste. et son grand ami Pierre Tal Coat min – l’une de deux figures qui sélectionnant. « Entre l’histoire telle tion nécessaire et suffisante (…).» et de Heidegger, approfondit Quant à L’Art nu, c’est l’art sans (auquel il a consacré de nombreux habitent le livre. Il aurait pu aussi, qu’on l’écrit et l’histoire telle qu’elle Tout tableau – de Rembrandt, de au-delà d’eux la dimension du sen- alibi, sans l’alibi de la représenta- essais, recueillis en 1995 dans Aux sans plus le reconnaître, croiser est en train de se faire, le musée tra- Kandinsky ou de Magritte – appa- tir. tion, l’art qui, selon la célèbre for- déserts que l’histoire accable, éd. l’autre, Marcel Duchamp. vaille à abolir toute différence, sinon raît donc simultanément comme C’est autour de deux foyers que mule de Klee, « ne rend pas le visi- Deyrolle, d’un titre emprunté à L’amour m’expose est en effet, toute distance. » un élément pris dans des trames le livre s’organise. Le premier n’est ble, mais rend visible ». La seconde Guillaume Apollinaire). aussi, une conversation à trois. Ben- Il n’est pas nécessaire d’en dire historiques et causales et comme autre que la peinture d’Extrême- partie du livre, la plus longue, étu- Au-delà des polémiques acrimo- jamin, Damisch et Duchamp – dans plus. Formulée discrètement, pres- une singularité qui doit être consi- Orient. En Occident, la peinture de die la genèse et les diverses possibi- nieuses entre les blasphémateurs l’ordre alphabétique – y parlent du que sous-entendue, la conclusion dérée comme telle, hors de tout paysage ne forme qu’un genre par- lités de la peinture abstraite au et les inquisiteurs de la moderne musée, de peinture, du jeu n’en est pas moins radicale. Après savoir complémentaire. Sa liberté mi d’autres, qui n’imposa que tar- XXe siècle. Renoncer aux objets religion de l’art, c’est à un regard d’échecs, de séductions et de Valéry, après Blanchot – qu’il est préservée, autant que le musée divement sa dignité et son autono- n’est pas s’enfuir du monde, ni pénétrant et serein, où la pensée déceptions. Ils parlent librement, cite –, Damisch condense en un le permet. Tel est le modèle qui se mie par rapport à la peinture d’his- créer un arrière-monde, mais trouve dans l’art une ressource avec ce que ce ton suppose d’allu- chapitre parfait l’analyse de la dégage du livre : un grand amateur toire. En Chine, sous le nom de ouvrir de nouvelles dimensions de pour exister impromptue et sions, d’évocations et de légèreté. machine-musée au XXe siècle : «Il de peinture, qui est aussi un grand Montagne et Eau, elle est en quel- communication avec sa réalité. neuve, qu’Henri Maldiney nous Il permet l’impertinence, l’ironie. a pu sembler que l’entrée au musée historien d’art, cherche et trouve le que sorte, dès l’origine, la peinture « L’art n’est pas constitué d’objecti- convie. Le musée en fait les frais. « En tant constituait désormais le critère ulti- juste équilibre entre la science et la même. Loin de n’être qu’absence, vités irréelles, mais de réalités inob- Jean-Louis Chrétien qu’institution publique, le musée tra- me de l’œuvre d’art, quoi qu’il en fût délectation – Duchamp aurait dit le vide, longuement étudié par jectives. » Et l’artiste, s’il est, dit vaille à imposer, à travers la multipli- par ailleurs des apparences de celle- entre l’intellectuel et le rétinien. Maldiney à travers des œuvres Maldiney, « maître d’ouvrage », e Signalons également l’essai Penser cité et la diversité des œuvres qu’il ci, de sa forme, de sa substance, voi- L’amour m’expose est une magnifi- variées, y est condition de la pré- n’est pas pour autant « maître l’homme et la folie, publié aux édi- accueille, une certaine idée de l’art, re de sa nature même. » que leçon sur l’art d’aimer les sence. De la présence, et aussi de d’œuvre », car l’appel qui se saisit tions Jérôme Millon (« Le Monde des en même temps qu’il s’en présente Duchamp opine en silence. Ses œuvres. la respiration, du mouvement et de l’œuvre est plus haut que ses livres » du 13 mars 1992). comme le destin ultime. » Le musée ready-made, précisément, ont Philippe Dagen VI / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 essais b Fromm Les Européens au miroir déformant du judaïsme Rencontre, à Jérusalem, avec le philosophe Yirmiyahu Yovel, qui, en analysant le rapport de Hegel et de Nietzsche aux juifs, inédit cherche l’une des origines de notre modernité losophe, représentent de fait com- juifs, tandis que Nietzsche, sou- Or, souligne Yovel au terme révolution dionysiaque qu’il appel- REVOIR FREUD LES JUIFS SELON HEGEL me un « miroir déformant »dans vent considéré à tort comme l’un d’une éclairante comparaison, il le de ses vœux, seule à même de Pour une autre approche ET NIETZSCHE lequel les Européens se sont tou- des pères de l’antisémitisme en ira à l’inverse chez Nietzsche, revitaliser l’Europe « décadente ». en psychanalyse La clef d’une énigme jours interrogés sur le sens même moderne, sinon du nazisme, appa- qui, après avoir lui aussi été infecté La mise au jour de cette logique d’Erich Fromm. de Yirmiyahu Yovel. de leur culture et de leur histoire. raît ici comme un « anti-antisémi- par le « virus » de l’antisémitisme, permet mieux, du coup, de com- Présenté Gérard D. Khoury Traduit de l’anglais (Etats-Unis) Tandis que la deuxième Intifada te » convaincu. saura ensuite pleinement reconnaî- prendre la cohérence et la virulen- et Rainer Funk, par Sylvie Courtine-Denamy, fait rage et que le son du canon se Est-ce à dire que le rationalisme tre la force créatrice et non reli- ce des attaques du Nietzsche de la Armand Colin, 226 p., 140 F Seuil, « La Couleur des idées », fait entendre depuis le quartier de n’immuniserait nullement contre gieuse accumulée par les juifs dans maturité à l’encontre de l’antisémi- (21,34 ¤). 346 p., 160 F (24,39 ¤). Guilo, au sud de Jérusalem, cet l’antisémitisme ? C’est bien le la modernité. La dimension nova- tisme, cette névrose populaire où homme posé, fût-ce dans l’œil du point où Yovel veut en venir en trice de l’analyse vient ici de ce que il voit se dessiner une nouvelle orteuse d’une remise à epuis le succès rencon- cyclone, qui se définit à la fois com- montrant que jamais l’auteur de la l’historien de la philosophie ne se « révolte des esclaves ». Car qui l’honneur du facteur tré en Israël par son me un « philosophe de la raison Phénoménologie ne parviendra à se contente pas de reprendre l’idée, sont au fond les antisémites ? social au sein de la théorie livre sur Spinoza, dont finie » et comme un « sioniste mini- dégager tout à fait des préjugés de déjà avancée par Sarah Kofman Tous des « hommes du ressenti- P freudienne, l’œuvre du psy- D la parution, il y a une maliste, autolimité », continue d’in- sa jeunesse, alors qu’il stigmatisait dans Le Mépris des juifs (Galilée, ment », assène-t-il, des faibles mus chanalyste Erich Fromm décennie, avait suscité controver- voquer Spinoza et les marranes avec férocité le légalisme des juifs 1994), d’une simple « ambivalen- par l’appétit de vengeance. (1900-1980), bien diffusée aux Etats- ses et contestations, le philosophe pour réaffirmer, au nom de son et leur « esprit d’esclavage ». Hegel ce » nietzschéenne. Il en décompo- Hegel et Nietzsche nous appren- Unis, en Italie ou en Allemagne, reste Yirmiyahu Yovel est devenu, dans attachement à un judaïsme laïc, va certes évoluer sur cet aspect, se les éléments, en montrant avec nent ici une chose : pour combat- largement méconnue en France. Ain- son pays, une célébrité. On s’en qu’il conviendrait enfin d’arrêter mais l’auteur – et c’est là le point clarté que le judaïsme se présente, tre les dérives de la haine, une phi- si faut-il saluer aujourd’hui la publica- rend vite compte, sur place, aux les prétentions de l’Etat d’Israël au fort de sa démonstration – met chez Nietzsche, sous trois visages losophie de la volonté peut se révé- tion groupée de plusieurs inédits, « Ah ! vous êtes venu rencontrer “le pied du mont du Temple. En intel- bien en évidence le fait que ces distincts. Point capital qui explique ler plus efficace qu’une pensée de même si l’on aurait souhaité qu’une philosophe de Jérusalem” », mi-iro- lectuel de gauche à qui on n’en la raison. C’est pourquoi, au-delà préface facilite l’accès de ce volume niques, mi-envieux, de ses collè- remontre pas, Yovel suit son che- Yirmiyahu Yovel de son objet spécifique, il convient quelque peu hétéroclite – la présente gues de l’Université hébraïque, ou min sans avoir cure des plus jeunes Né en 1935 dans la Palestine sous mandat bri- de lire cet essai comme une invite édition se contentant d’une table ron- encore aux regards, pas seulement qui, comme le sociologue de Tel- tannique, Yirmiyahu Yovel partage son activité à abandonner « le rêve kantien de autour de l’actualité frommienne. féminins, qui, dans les cafés, se Aviv Shlomo Zand, lui reprochent de professeur de philosophie entre l’Université d’une raison pure », voire d’un L’ouvrage constitue cependant tournent sur son passage. parfois d’avoir renoncé à sa fonc- hébraïque de Jérusalem, où il a par ailleurs fon- humanisme trop abstrait, ainsi que une bonne introduction à la pensée Direct et chaleureux, le genre de tion critique au profit d’une certai- dé l’Institut international Spinoza, et la New le suggère l’auteur lui-même. Car de ce clinicien engagé, qui se définis- personnalité taillée dans un seul ne reconnaissance officielle. Aux School for Social Research de New York. Il a que vaut un principe rationnel aus- sait comme « socialiste et homme criti- bloc, la soixantaine séduisante et turbulents « nouveaux histo- auparavant enseigné à la Sorbonne, à l’Ecole si longtemps qu’il ne s’est pas que », et qui n’a jamais cessé de pro- décontractée au visage buriné d’ac- riens », coqueluches des médias des hautes études en sciences sociales (Ehess) et incarné dans la vie, les habitudes mouvoir le renouveau dialectique teur de western, Yirmiyahu Yovel, autant que déconstructeurs achar- à l’université de Princeton. sociales et les institutions ? Une d’une psychanalyse qu’il invitait à qui manie le français à la perfec- nés de la mythologie traditionnelle Parmi ses ouvrages traduits en français : Kant et observation où l’on retrouve dépasser « son conformisme positivis- tion, appartient, comme l’histo- du sionisme, il se contente d’oppo- la philosophie de l’histoire (Méridien Klincksieck, l’écho de cette approche « réalis- te » pour se tourner vers les sciences rien Zeev Sternhell, à cette généra- ser telle de ses prises de position 1989), ainsi que Spinoza et autres hérétiques te » du problème israélo-palesti- sociales : juif allemand issu d’une lon- tion d’intellectuels israéliens chez pacifistes récemment parues dans (Seuil, 1991). nien sur laquelle, jusqu’en ces gue lignée de rabbins, cet esprit cos- qui l’intervention politique la presse – où il intervient à inter- Il a reçu, en mai 2000, le prix d’Israël, la plus hau- temps troublés, Yirmiyahu Yovel mopolite (de l’Allemagne au Mexi- emprunte encore quelques traits valles réguliers depuis trente ans –, te distinction culturelle dans son pays. ne transige pas. Voilà qui préfigure que en passant par les Etats-Unis) se au modèle sartrien. Jamais, chez allant au moins aussi loin qu’eux au demeurant son ambitieux pro- passionna aussi bien pour l’étude du Yovel, la vie publique n’est ainsi en matière de concessions à faire appréciations négatives n’entrent comment Nietzsche pourra simul- jet à venir : une réflexion, nous con- Talmud que pour le droit ou la socio- distinguée de la philosophie, et aux Palestiniens. en rien en contradiction avec le tanément admirer le judaïsme bibli- fie-t-il, sur la manière dont les dif- logie de l’école de Francfort, et fut le jamais celle-ci ne demeure engon- Rien de surprenant, donc, si plaidoyer courageux du vieux que, haïr le judaïsme “sacerdotal” férentes conceptions philosophi- précurseur d’une certaine gauche cée dans la pure érudition. «La dans cet ouvrage initialement écrit Hegel en faveur de l’émancipation, des prêtres du Second Temple, à ques de la volonté ont contribué freudo-marxiste soucieuse d’explo- question de la modernité me fasci- en hébreu Yirmiyahu Yovel prend le seul qu’on retienne générale- qui il reproche avant tout d’avoir aux phénomènes les plus saillants rer l’influence des tensions sociales ne », dit-il. Cette modernité « à une nouvelle fois de front une ment. Le philosophe d’Iéna, expli- engendré le christianisme – la gran- de la modernité, de l’hyper-techno- sur le développement du sujet. Loin l’américaine », qui renvoie avant question brûlante, à contre-cou- que Yovel, s’est montré incapable de « maladie » de l’Europe –, tout logie aux nationalismes. Sans dou- d’envisager l’analyse comme un ins- tout au respect du pluralisme des rant des idées les plus répandues d’entrevoir le rôle positif que les en fondant ses plus grands espoirs te est-ce enfin, de Jérusalem, une trument d’adaptation à la société, il identités, il en cherchait hier les sur les origines intellectuelles de la juifs « en tant que juifs » pour- dans le judaïsme postchrétien de manière de réaffirmer que, de part défendait la vocation émancipatrice prémices chez Spinoza et Kant. judéophobie contemporaine. La raient jouer dans la modernité. la diaspora. Nietzsche compte en et d’autre, les hommes restent tou- d’une écoute qui préfère le C’est encore la genèse de notre thèse, audacieuse, servie par une C’est en tant qu’hommes abstraits effet qu’en se mêlant aux autres jours libres, pourvu qu’ils le souhai- face-à-face à la cure sur le divan, et époque qui l’intéresse ici, abordée relecture serrée des textes, sou- que Hegel, fidèle au principe de Européens, non pas pour s’y dis- tent – mais ont-ils vraiment le qui vise avant tout à « apporter la pre- cette fois à travers la question du tient en effet qu’entre Hegel et justice des Lumières, souhaite leur soudre (comme chez Hegel) mais choix ? –, de rétablir le lien, selon mière chandelle dans l’existence de judaïsme chez Hegel et Nietzsche, Nietzsche, c’est paradoxalement le émancipation. Sortis du ghetto, il en leur apportant leurs ressources la formule de Gramsci, entre «le quelqu’un », c’est-à-dire à libérer l’hu- à ses yeux beaucoup plus centrale premier, le penseur par excellence ne voit guère pour eux se dessiner et leur vigueur existentielle, raffer- pessimisme de la raison et l’optimis- main des chaînes de l’aliénation. dans leur œuvre qu’on ne le pense de la « raison universelle », qui qu’un seul avenir : devenir chré- mies par des siècles d’épreuves, les me de la volonté ». Jean Birnbaum d’ordinaire. Les juifs, insiste le phi- poussa le plus loin le mépris des tiens et disparaître comme juifs. juifs sauront contribuer à cette Alexandra Laignel-Lavastine

livraisons b HENRY KRUTZEN, JACQUES LACAN. Séminaire A l’écoute de l’enfant sans parole 1952-1980 Divisé en thèmes, noms d’auteurs et concepts, cet ouvrage est indispensable à tous ceux qui veulent effectuer des En explorant les zones les plus archaïques de l’inconscient, Melanie Klein a fait éclater le cadre du freudisme recherches dans l’ensemble de l’œuvre orale de Jacques Lacan – les fameux séminaires – qu’ils soient inédits ou originel. Le « Dictionnaire » de Robert Hinshelwood rend justice au caractère novateur de sa pensée publiés (Index référentiel, Anthropos, 862 p., 375 F [57,16 ¤]). E. Ro. mann, Hanna Segal, etc). L’ensem- Soutenue par Ernest Jones, elle sécutent ou gratifient chaque b ADOLESCENTS DANS LA VIOLENCE. Méditations édu- DICTIONNAIRE DE ble est accompagné d’une solide s’installe à Londres en 1926 et sujet, adulte ou enfant, indépen- catives et soins psychiques, de Pierre Kammerer LA PENSÉE KLEINIENNE, bibliographie. devient, au fil des années, le maî- damment des liens que celui-ci Psychanalyste de terrain, formé à l’ethnologie, Pierre Kam- (Dictionary of Kleinian A cet égard, il s’agit bien d’un tre à penser d’une école qui finira peut établir consciemment avec merer livre dans cet ouvrage des études de cas d’adolescents Thought) recensement exhaustif de l’hérita- par rayonner dans le monde des personnes réelles. délinquants, enfants d’immigrés pour la plupart, internés de Robert D. Hinshelwood. ge et de l’état actuel de la pensée entier. On ne retrouvera une telle La pensée kleinienne est donc dans des foyers, des centres de réadaptation ou des prisons. Traduit de l’anglais par Gabrièle et de la pratique kleiniennes et audace qu’avec la refonte lacanien- fascinante dans la mesure où elle La réflexion est d’autant plus intéressante qu’elle se veut multi- Nagler. Revu et corrigé post-kleiniennes en Grande-Breta- ne des années 1950-1970. Et inscrit le désordre et la folie au dimensionnelle. L’analyse sociale et politique se mêle en par Jacqueline Parent, gne. On ne saurait donc reprocher d’ailleurs, si le kleinisme ne s’est cœur de l’inconscient, allant effet à l’approche psychique sans que les différents niveaux PUF, 580 p., 498 F (75,91¤). à l’auteur de n’avoir pas inclus l’ex- pas implanté en France en tant même jusqu’à exclure de la situa- soient confondus. L’auteur évite ainsi les écueils de l’ethno- tension du kleinisme dans le reste que mouvement, c’est parce que le tion analytique toute forme de réa- psychanalyse tout en respectant l’idée que le processus d’in- embre de la British du monde, notamment au Cana- lacanisme a été dans ce pays la ver- lité matérielle au profit d’une pure tégration de l’adolescent violent passe à la fois par une écou- Psychoanalytical So- da, au Japon et dans les pays sion subversive d’une relecture réalité psychique conforme à l’ima- te des singularités subjectives, par une prise en compte de ciety (BPS), Robert latino-américains. Pour être cohé- des textes freudiens équivalente ge que le psychotique se fait du l’inconscient et par le rôle thérapeutique de l’institution (pré- M Hinshelwood explique rent, un ouvrage de ce genre se sur bien des points à celle du klei- monde et de lui-même. On com- face de Caroline Eliacheff, Gallimard, 359 p., 129 F [19,66 ¤]). s’être inspiré du célèbre Vocabulai- devait d’exposer sa logique inter- nisme. Mieux encore, c’est à Lacan prend alors la raison de son suc- E. Ro. re de la psychanalyse de Jean ne et ses limites, ce que l’auteur que l’on doit d’avoir le premier cès. Elle a permis d’intégrer à la b LIBERTÉ, ÉGALITÉ, PSYCHIATRIE, de Jean Maisondieu Laplanche et Jean-Bertrand Ponta- n’a pas manqué de faire dans sa pris en compte, dès 1938, dans son psychanalyse, non seulement le Psychiatre des hôpitaux, exerçant à l’hôpital de Poissy, Jean lis (PUF, 1967) pour réaliser ce Dic- préface. fameux texte, Les Complexes fami- traitement des enfants en bas âge, Maisondieu est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés tionnaire de la pensée kleinienne.Et D’origine hongroise et analysée liaux (repris aux éditions Navarin mais celui des psychoses, des états aux relations entre la psychiatrie et la folie. Dans ce beau pourtant, s’il est certain que l’œu- d’abord par Sandor Ferenczi, en 1975), les travaux de Klein vers limites (borderline) et des troubles livre, humaniste et décapant, il s’en prend aux dérives actuel- vre pionnière venue de France a Melanie Klein poursuit sa forma- lesquels s’orienteront ultérieure- de la personnalité liés au déclin de les de sa discipline. Quand la souffrance se réduit au symptô- servi de modèle à cet ouvrage, tion à Berlin auprès de Karl Abra- ment Didier Anzieu, André Green la famille patriarcale et à l’essor me et quand le traitement se limite à une ordonnance de psy- publié en anglais en 1989, rien ne ham. Elle s’intéresse alors à la ou Julia Kristeva (1). d’une société démocratique de chotropes, dit-il en substance, le patient devient une molécu- permet de dire qu’il lui ressemble. question des relations précoces En parcourant les entrées de ce plus en plus marquée par l’émer- le. Du coup, la psychiatrie disparaît puisqu’elle se montre Hinshelwood propose en effet une entre la mère et l’enfant, ce qui la Dictionnaire, on imagine ce qu’est gence du culte de soi et par la valo- incapable de guérir le fou transformé en malade mental. Pis approche technique et clinique plu- conduit à critiquer la conception la représentation kleinienne de risation de la place fantasmatique encore, en se médicalisant à outrance, sans obtenir des résul- tôt qu’une véritable classification viennoise représentée par Anna l’univers psychique : un monde accordée à une sorte de toute-puis- tats comparables à ceux de la médecine, elle contribue à une historico-critique des concepts klei- Freud. étrange, disait un jour Riccardo sance sauvage de l’enfant dans nouvelle fabrique de la folie où le sujet, étiqueté «malade», niens. Son Dictionnaire est donc Steiner, un monde semblable à l’adulte. Et l’on sait bien qu’une éprouve une véritable terreur d’être pris pour un fou avant tout un excellent manuel FORÊTS PÉTRIFIÉES celui des forêts pétrifiées de Max telle valorisation n’est pas exemp- (Bayard, 284 p., 130 F [19,81¤]). E. Ro. d’introduction à la pensée de Mela- Dans cette querelle des anciens Ernst, un monde où règnent la des- te de violence à l’égard des b PLAIDOYER POUR L'INFAMIE, de Michel Thévoz nie Klein et de ses successeurs. et des modernes, il devient très truction, la folie, la haine, la barba- enfants. Un essayiste qui affirme que les seules conférences auxquel- Dans la première partie, on trou- vite évident que les positions klei- rie. En bref, une sorte d’envers de Du même coup, on comprend la les il se rend sont les siennes, car il préfère générer l'ennui ve un exposé en treize points, et niennes font éclater le cadre clini- la raison dans lequel la vie fantas- crainte que cette pensée inspirait que le subir, et qu'il préfère encore écrire, puisque « c'est le sans ordre alphabétique, des que et théorique du freudisme ori- matique inconsciente envahit à Freud. Si Melanie Klein a raison, moyen de parler sans être interrompu » (Jules Renard), inspire grands concepts inventés par ginel selon lequel l’analyse d’un entièrement l’univers conscient du disait-il à Joan Rivière en 1927, « il confiance. Michel Thévoz livre de « petits exercices de résis- Klein (envie, identification projec- enfant ne doit pas avoir lieu avant sujet. n’y a vraiment plus d’enfants. Natu- tance à la pensée unique », destinés à ménager ce que les psy- tive, fantasme inconscient – ou l’âge de 4 ans, ni être menée en Selon l’optique kleinienne, le rellement, c’est l’expérience qui chanalystes appellent un « espace transitionnel », un état de phantasme –, objets internes, posi- direct sans la médiation d’une psychanalyste n’est pas un aura le dernier mot. Jusqu’à pré- mise en suspens de la responsabilité personnelle, l'initiative tion dépressive et paranoïde-schi- autorité parentale. « écran neutre » renvoyant le sent, ma seule constatation est laissée au désordre des pensées. « La haine de l'art », il l'a zoïde, situation d’angoisse préco- Klein impose donc une véritable patient à son angoisse, il est au qu’une analyse sans visée éducative trouvée infaillible chez le docteur Cesare Lombroso qui, sur ce, etc.), auxquels s’ajoutent des doctrine de l’infans (l’enfant de 2 à contraire « impliqué » dans la ne fait qu’aggraver l’état des le cas de Baudelaire et de quelques autres, était arrivé à la notions issues du corpus freudien 3 ans), c’est-à-dire de l’enfant qui cure par ses propres sentiments enfants et a des effets particulière- conclusion que retrouvera Jean Dubuffet, positivement cette mais remaniées selon la perspecti- ne parle pas mais qui n’est déjà inconscients, au point de devenir ment pernicieux chez les enfants fois : « La création d'art, où qu'elle apparaisse, est toujours, ve kleinienne (technique, surmoi, plus un nourrisson parce qu’il a le révélateur de l’état d’esprit du abandonnés ou asociaux ». Ce juge- dans tous les cas, pathologique ». Constatant que l'incorrupti- complexe d’Œdipe, etc.). refoulé en lui le nourrisson, com- patient ou encore le « contenant ment souligne bien que la critique bilité suisse a abouti à un saccage bétonnier du paysage, il Quant à la deuxième partie, elle me l’adulte a refoulé en lui l’en- maternel » des projections de n’interdit pas la mise à l’épreuve convainc en plaidant pour la corruption, et il se demande si rassemble cent quarante-huit ter- fant. A partir de cette révolution celui-ci. Quant à la subjectivité d’une théorie. A cet égard, on la question qui se pose désormais n'est pas de savoir si la mes rangés par ordre alphabéti- dans l’approche du psychisme humaine, elle est peuplée d’objets peut être aujourd’hui freudien et Suisse peut abriter un nombre illimité de musées, mais si un que, où se mêlent des notions, des infantile, Klein transforme de fond « internalisés » ou « clivés », d’ob- kleinien. musée peut abriter la Suisse. Michel Thévoz est suisse, donc moments historiques, des cou- en comble la doctrine psychanaly- jets terrifiants surgis d’un imagi- Elisabeth Roudinesco humoriste, et son incorrection politique d'historien de l'art rants et des acteurs de l’histoire tique en explorant de manière sys- naire infantile sans foi ni loi. Déta- est revigorante. (PUF, « Perspectives critiques », 146 p., 88 F du kleinisme, vivants ou morts tématique les régions les plus chés de toute réalité extérieure, (1) Le Génie féminin (Fayard) (« Le [28,66 ¤].) M. Ct (Wilfred Ruprecht Bion, Paula Hei- archaïques de l’inconscient. ces objets – bons ou mauvais - per- Monde des livres » du 31 mars 2000). essais LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / VII b Par la grâce des larmes L’hommage Piroska Nagy retrace l’histoire du « don des larmes », dont elle révèle l’importance pour apprécier norvégien l’évolution de la spiritualité, des pratiques religieuses, des conceptions de l’homme et de son corps entre le Ve et le XIIIe siècle à Charlemagne commande pas, il se mérite : il est inspirées que les foules adulent, LE DON DES LARMES un charisme, un don gratuit de mais dont l’Eglise officielle se refu- LA SAGA DE CHARLEMAGNE AU MOYEN ÂGE l’amour de Dieu, une marque de la se obstinément à reconnaître la (Karlamagnús Saga) Un instrument spirituel présence divine qui fait irruption à sainteté. De l’autre, les théologiens Traduit du norrois en quête d’institution l’improviste dans l’effusion liquide scolastiques, tels Thomas d’Aquin par Daniel W. Lacroix, (Ve-XIIIe siècle) du corps d’un saint homme, à la sur- et plus encore Albert le Grand, à Le Livre de poche, « La de Piroska Nagy. face de ses yeux de chair transpa- l’école du naturalisme d’Aristote, Pochothèque/Classiques Préface d’Alain Boureau, rents aux « yeux de l’âme ». s’intéressent à la physiologie des modernes », 920 p., 135 F Albin Michel, « Bibliothèque Cette idée de la « grâce des lar- humeurs du corps sans pouvoir se (20,58 ¤). Histoire », 448 p., 140 F mes » vient d’Orient : les Pères résoudre à faire des larmes le véhi- (21,34 ¤). grecs du désert d’Egypte sont les cule de l’Esprit. i Charles et Hogier s’affron- premiers, dans le christianisme, à On aurait pu s’attendre que saint tent depuis des siècles, otre époque a les yeux rendre compte de ce mode de rela- François devînt la plus haute incar- c’est seulement sur les secs : c’en est fini des tion privilégié, individuel et « verti- nation du don des larmes, mais fina- S tables de jeu, le roi de pleureuses engagées cal » entre l’homme et Dieu, et lement, il n’en fut rien. Premier cœur et le valet de pique ne por- N lors des funérailles, et tout au long du Moyen Age, dans saint à recevoir les stigmates, il tant pas la même couleur. Dans les les « lamentations rituelles » étu- l’Occident latin, au temps de Gré- déplaça sur son corps les marques dix branches de la saga norroise diées naguère par Ernesto De Mar- goire le Grand puis de nouveau à de l’empreinte divine : avec lui, les qui propose au XIIIe siècle, à la tino sont mises aujourd’hui au partir du XIe siècle, l’idéal des ermi- larmes achèvent de se changer en demande du roi norvégien Haa- compte du folklore. Que le chance- tes grecs servira de référence aux sang et les yeux sont détrônés par kon IV, une passionnante synthè- lier Kohl peine à dissimuler son moines réformateurs ou aux mysti- le cœur, les mains et les pieds. C’en se de la matière épique française émotion lors des obsèques de Fran- ques les plus portés à cultiver le est alors bien fini des tentatives de dont Charlemagne est la figure çois Mitterrand, et les caméras don des larmes. C’est le mérite de reconnaissance du caractère charis- centrale, les deux hommes restent étonnées se braquent sur ses yeux ce livre, non seulement de révéler matique des larmes : le danger que liés, et, si la branche « Ogier le embués. Car, pense-t-on après des les enjeux surprenants de cette his- recèle le don charismatique pour Danois » mentionne une vive alter- siècles de pédagogie de la maîtrise toire, mais de démontrer que celle- l’institution ecclésiale a été désa- cation entre eux, le porte-enseigne du corps et des émotions, seuls les ci ne s’est pas déroulée de façon morcé. Restent les larmes comme restera jusqu’à sa mort un cham- enfants et, à certaines conditions, linéaire, et qu’à chaque époque la expression de la dévotion indivi- pion du roi chrétien. les femmes sont autorisés à pleurer « grâce des larmes » n’a pas fait duelle, dont la fin du Moyen Age Traduit pour la première fois, cet en public. Le Moyen Age, à l’exem- l’unanimité, n’affectant que cer- inaugure l’âge d’or, en attendant le ensemble composite suit essentiel- ple du prophète Jérémie, de Marie- tains milieux bien circonscrits au dolorisme baroque et la piété dou- lement des manuscrits anglo-nor- Madeleine et du Christ lui-même, sein de l’Eglise. cereuse du XIXe siècle… mands, dont il lisse les incohéren- qui « par trois fois pleura », s’est bai- Au XIIe siècle, les cisterciens, Piroska Nagy relativise bien, ces pour camper une geste exem- gné, au contraire, dans une « vallée dans la ligne de saint Bernard et dans le fil des siècles et à chaque plaire où la phase ascendante (jeu- de larmes » : les chansons de geste plus encore de son disciple Aelred époque, l’importance du don des nesse, éthique de la prouesse, com- et les romans courtois, comme les de Rievaulx, s’en font les cham- larmes. Et elle sait faire du charis- bat contre les païens) prépare un chroniques et les Vies des saints, pions, mais simultanément, les clu- me, de ses succès et des blocages finale plus sombre avec, passé d’or- s’abreuvent de larmes de deuil et nisiens négligent le don des larmes qu’il entraîne le critère d’un certain gueilleuses rodomontades à Cons- de joie, de dévotion et d’extase mys- au profit d’un projet de réforme col- type d’organisation sociale et idéo- tantinople (branche VII), la tique. lective et « horizontale » de la logique : chaque fois qu’il s’impose, « bataille de Roncevaux » (branche Un Johan Huizinga, un Lucien société ecclésiale. Quant aux cha- le don des larmes exprime un désir VIII) et l’intégration mélancolique Febvre ont jadis posé les jalons noines parisiens de Saint-Victor, ils d’unité et de continuité verticale d’un Guillaume d’Orange vieilli, THE BRIDGEMAN ART LIBRARY d’une histoire des émotions, reca- Vitrail du XIIIe siècle représentant la Vierge Marie privilégient la médiation cléricale entre la terre et le ciel, dont les que la défense monastique de la drée depuis, de manière plus (Chewton Mendip, Somerset) dans l’administration du sacrement théologiens grecs se sont fait l’ex- chrétienté irrite. Signe de la fin convaincante, dans une histoire de pénitence : les larmes sont pour pression, mais auquel l’augustinis- d’un monde où l’épée Durendal, des gestes rituels. Piroska Nagy du phénomène, dont elle révèle nir de la Passion du Christ, et qui se eux le signe et l’instrument du me latin, en réhabilitant l’autono- que Charles seul peut retirer des prend un autre parti, qui n’est plus l’importance pour apprécier l’évolu- plaignait pourtant de ne point pos- repentir, pas une grâce divine. Ain- mie du monde et du corps, a barré mains de Roland mort, disparaît étroit qu’en apparence. Elle ne pré- tion de la spiritualité, des pratiques séder « le don des larmes ». Les lar- si le don des larmes reste-t-il tou- durablement la voie. Avec Augus- dans l’eau pour que nul ne l’em- tend pas faire l’histoire de toutes religieuses, des conceptions de mes et le don des larmes sont donc jours en mal d’« institution », sans tin, pleurons sur nos péchés ou ver- ploie après lui. La mort de Charle- les larmes, et pas même de toutes l’homme et de son corps entre le Ve deux choses différentes : les premiè- parvenir à dissiper totalement la sons des larmes de douleur, mais magne, d’une douceur onirique, dit celles qui ont coulé au Moyen Age et le XIIIe siècle. Qu’on en juge par res accompagnent le sentiment de méfiance qu’il suscite. Cela est plus n’allons pas prétendre que c’est l’Es- le terme d’un idéal évanoui, com- pour cause de religion, mais retra- une anecdote célèbre concernant le la faute et une piété axée sur le net au XIIIe siècle : d’un côté, le prit qui, ainsi, entend nous confier me ces preux à l’œil sec dont les cer dans sa durée, qui est fort lon- futur Saint Louis, qui était accoutu- sacrifice du Sauveur ; elles sont une désir du don des larmes se diffuse, une mission ou nous investir de syncopes préfigurent la mort et gue, l’histoire du « don des lar- mé à verser d’abondantes larmes à pratique vertueuse, un habitus.Le dans la mouvance franciscaine, quelque pouvoir. augurent la résurrection. mes », de l’expression, du concept, la pensée de ses péchés et au souve- don des larmes, au contraire, ne se auprès des béguines et de femmes Jean-Claude Schmitt Philippe-Jean Catinchi Le cardinal et le bouddhisme L’histoire humaine à l’aune du plan divin Dans ce nouveau volume des œuvres complètes d’Henri de Lubac sont dépeintes Pierre Bordreuil et Françoise Briquel-Chatonnet les relations, depuis l’Antiquité, entre la sagesse de Bouddha et l’Occident proposent une lecture originale de nombreux épisodes de la Bible

dont la republication vient bien à foi ne connaît point de partage et les concernant, de les confronter truction d’un État, la difficile et LA RENCONTRE son heure. l’athéisme, où qu’il se trouve, lui fait LE TEMPS DE LA BIBLE aux sources extérieures et de met- imparfaite marche vers le mono- DU BOUDDHISME Dès cette époque, en effet, horreur. (…) Il n’est que trop vrai, de Pierre Bordreuil tre en évidence les raisons des théisme apparaissent rétrospective- ET DE L’OCCIDENT, Lubac a pressenti l’intérêt, voire pour l’être à qui Dieu s’est montré, à et Françoise Briquel-Chatonnet. choix faits par les rédacteurs. Ain- ment comme des acquis immémo- œuvres complètes, l’engouement de l’Occident pour le qui Dieu s’est offert, que céder à la Préface de Javier Teixidor, si, des épisodes qui paraissent à riaux et placés sous le patronage XXII, sixième section bouddhisme – et notre temps ne tentation bouddhique, ce serait choi- Fayard, 462 p., pemière vue incompréhensibles d’un personnage emblématique. d’Henri de Lubac. peut que lui donner raison. Quand sir “le silence de la créature retran- 150 F (22,87 ¤). ou illogiques (on ne compte pas les Par chance pour l’historien, la mise Edition de Georges Chantraine un Richard Gere fait publiquement chée dans son refus intégral, la doublets contradictoires d’un en œuvre de traditions divergentes et Michel Sales allégeance au dalaï-lama, Hol- quiétude incestueuse de l’âme assi- n peut lire la Bible sans même épisode, reflets de moments et les remaniements successifs avec la collaboration lywood lui-même consacre l’am- se sur sa différence essentielle”. parti pris, mais, mieux différents de la rédaction) pren- n’ont pas réussi à éliminer les sco- de Fabienne Clinquart, pleur du phénomène : si le séduc- L’homme porte en lui “l’horreur de vaut, à chaque lecture, nent tout leur sens, celui d’aider à ries révélatrices des tensions et des sous l’égide de teur est séduit, que dire de plus ? ce qui n’est pas l’Absolu”, il aspire à O adopter un angle de vue, la construction d’une identité com- échecs. Le choix tardif par David l’Association internationale rompre “le cercle affreux de la Vani- un filtre qui mette en relief un mune en dépit des origines compo- d’une ville étrangère et déjà millé- Cardinal-Henri-de-Lubac, TENTATION BOUDDHIQUE té”. Mais s’il croit y parvenir, à la sui- aspect particulier de cette somme sites du « peuple élu ». On regrette- naire, Jérusalem, « la ville du dieu préface de Jean-Noël Robert, D’où l’importance d’une œuvre te du plus profond sans doute parmi composite aux richesses inépuisa- ra que davantage d’indications ne Salem », comme centre du royau- éd. du Cerf, 350 p., érudite comme celle-ci, pour rappe- les spirituels laissés à leurs propres bles. Sous un titre un peu banal et soient pas fournies sur la date ulti- me au contact de deux entités riva- 165 F (25,15¤). ler l’ancienneté et la complexité lumières, en reniant la foi qu’il avait peu en harmonie avec la richesse me de rédaction des passages étu- les, la concurrence et la cohabita- des liens entre bouddhisme et Occi- reçue d’en haut, alors, en vérité, il ne de l’analyse proposée, Pierre Bor- diés, rarement antérieure au VIe siè- tion longtemps maintenue de epuis quelques années, dent : Lubac excelle à recenser, réussit qu’à “parfaire le blasphème dreuil et Françoise Briquel-Chaton- cle, souvent entre le Ve et le IIe siè- Yahweh avec les autres dieux cana- avec l’accord de la pro- recouper et surtout discuter les païen”. Et cette apostasie, quoi qu’il net, historiens, proposent une lec- cles av. J.-C. néens, notamment dans le royau- vince jésuite de France, hypothèses qui tissent d’éventuels en soit des apparences individuelles, ture originale de nombreux épiso- me du Nord, obligeaient les rédac- D l’Association internatio- liens entre bouddhisme et présocra- est en même temps une régression des bibliques, lecture historique LENTE ÉMERGENCE teurs à réinterpréter chaque épiso- nale Cardinal-Henri-de-Lubac est tisme, platonisme, plotinisme, mentale. » On voit la pointe de la sans aucun doute mais sans être En dépit de cette légère réserve de de manière à ce qu’il trouve sa l’éditeur scientifique des Œuvres manichéisme, gnose, bref, tant de critique : ce que le futur cardinal historicisante. (mais ne faudrait-il pas d’épais place dans un projet divin conçu complètes du cardinal, aux éditions courants philosophico-religieux de reproche au bouddhisme, c’est son Il ne s’agit pas en effet d’essayer volumes pour exposer l’état de la dès les origines du monde. Avec du Cerf, sous la direction de Geor- notre Antiquité païenne ou chré- enfermement sur le sujet méditant, de retrouver, comme on l’a fait question ?), le résultat de l’enquête l’entrée d’Israël dans l’histoire, aux ges Chantraine et Michel Sales, tienne. Il décrit les rencontres entre son incapacité volontaire à s’ouvrir longtemps non sans naïveté, quels ne cesse d’être passionnant. Migra- IXe-VIIIe siècles, les bases devien- assistés de Fabienne Clinquart. Pas religieux chrétiens et moines à une Altérité radicale qui l’entraî- faits se cachent sous les divers épi- tion d’Abraham, descente en Egyp- nent plus assurées et des sources moins de cinquante volumes sont bouddhistes, dès le Moyen Age, ne dans le jeu d’une alliance et, si sodes historiques (la migration te et retour en Canaan concourent extérieures permettent à l’histo- prévus, en dix ans, dont quelques- notant que, « dans le ton du moine l’on ose ainsi dire, qui le sorte hors d’Abraham, la fuite en Egypte, la ainsi à expliquer la communauté rien de confronter les données uns ont déjà paru. d’Europe relatant sa rencontre avec de lui, dans une ex-stase qui ne soit monarchie davidique, etc.), mais de comportement qui ne pouvait bibliques aux réalités. Mais cela ne Cette initiative colossale permet le moine d’Asie, s’exprime paradoxa- pas seulement une « en-stase ». plutôt de souligner les intentions manquer d’être soulignée avec les confère pas au récit une plus gran- de mesurer l’ample érudition et la lement, en même temps qu’une Le lecteur moderne, le théolo- qui animent les rédacteurs dans autres peuples sémitiques du Pro- de objectivité, car « la Bible mesure vigueur de pensée de ce génial tou- réprobation douloureuse, un senti- gien, peut comprendre l’objection. leur recomposition du passé, sou- che-Orient et la parenté culturelle les événements de l’histoire humai- che-à-tout, jésuite, prêtre, mem- ment de parenté ». Il retrace les Il trouvera néanmoins que le ton vent plusieurs siècles après les faits avec la vallée du Nil, tout en souli- ne à l’aune du plan divin » :aux bre de l’Institut, né en 1896 et découvertes missionnaires (Fran- est daté, en une époque – la supposés. Non qu’il n’y ait pas, ici gnant fortement combien la con- bons rois, un règne prospère, aux mort en 1991, peu de temps après çois Xavier, bien entendu, mais nôtre – où les croyants et, parmi ou là, des traces d’histoire réelle, quête de Canaan obéissait à un méchants et aux impies, les défai- avoir été créé cardinal – une barret- tant d’autres avec et après lui) et eux, les chrétiens (et, parmi les chré- mais l’essentiel consiste bien en ordre divin ; Yahweh mettait fin lui- tes et les fins tragiques. te de remerciement pour services scientifiques, les syncrétismes plus tiens, quoi qu’il en soit de certaines une histoire mythique, recompo- même à une longue errance qui L’entreprise de Pierre Bordreuil rendus à la théologie catholique. A ou moins sérieux des XIXe et XXe siè- récentes reculades, les catholiques) sée à partir d’éléments disparates prenait à son tour une signification et Françoise Briquel-Chatonnet côté d’œuvres plus attendues, d’an- cles. Bref, le lecteur est placé considèrent que leur foi est désor- ordonnés de manière à leur don- religieuse puisque loin d’être con- constitue en définitive un antidote thropologie chrétienne, d’histoire devant une somme considérable de mais impossible sans le geste de ner un sens a posteriori dans une çue comme un simple épisode de puissant à cette négation de l’His- du dogme ou de l’exégèse (on documents, de personnages, s’ouvrir au dialogue avec les autres perspective nationale. nomadisme dans la vie du groupe, toire que constitue le maintien découvrira bientôt avec intérêt, à d’auteurs, de notes, de jugements croyants. Considèrent, si l’on veut, Ainsi, les livres historiques de la elle apparaissait comme le signe d’exigences politico-religieuses fon- ce propos, la réédition scientifique et s’étonne du nombre de passeurs que l’on ne peut boire à sa propre Bible nous instruisent d’abord sur même de l’élection divine. Et l’on dées sur un texte multimillénaire, des quatre tomes de son Exégèse qu’il y eut de tout temps entre la source sans admirer ceux qui la manière dont les rédacteurs perçoit à merveille, dans l’histoire lui-même réécrit en vue de justifier médiévale), d’ecclésiologie ou sagesse du Bouddha et les cultures forent ailleurs d’autres puits. Ce d’un Israël en cours de constitu- des origines, la banalité de l’histoi- des entreprises passées. Leur livre même d’une ample correspondan- de l’Occident. que Lubac écrivait là il y a près de tion ressentent la nécessité de con- re d’Israël là où, au contraire, les donne à comprendre, avec intelli- ce (avec Blondel, avec Teilhard, Le texte de Lubac se termine par cinquante années, gageons qu’il en cevoir leur histoire. En d’autres ter- rédacteurs de la Bible s’emploient gence et dans le respect des croyan- entre autres), on trouve des textes un jugement qui, aujourd’hui, sem- eût aujourd’hui revu sinon la perti- mes, à défaut de nous restituer à souligner la singularité. ces, comment un peuple recons- consacrés au bouddhisme. Parmi ble bien sévère, stigmatisant ce nence, du moins la fermeté. Son l’histoire d’Abraham, de Moïse et Car Israël, comme tous les peu- truit son histoire pour faire coïnci- eux, La Rencontre du bouddhisme qu’il nomme l’« athéisme » du cœur autant que son intelligence le de David et de bien d’autres, dont ples, émerge progressivement com- der, au fur et à mesure du temps et de l’Occident, vingt-deuxième bouddhisme, et citant d’abondan- lui eussent imposé, et il leur eût l’historicité n’a, parfois, aucune me le résultat de mélanges, de con- qui passe, un passé incertain avec volume sur les cinquante prévus, ce, pour le soutenir dans son refus, cédé. consistance, les auteurs ont choisi frontations, d’intégrations de peu- un avenir rêvé. est un long essai daté de 1952 déjà, « les violences d’un Claudel : (…) la Benoît Lobet de décortiquer les récits bibliques ples voisins et divers. La lente cons- Maurice Sartre VIII / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 actualités b

L’EDITION FRANÇAISE Les PUF à l’heure de la relance b « Alter ego » chez Fayard. Après la crise que connut la maison d’édition en 1999 et qui l’obligea à changer de stratégie, en abandonnant notamment Fayard crée une nouvelle collec- tion de littérature, « Alter ego », sa librairie, le redressement se poursuit. Mais Michel Prigent doit affronter son opposition syndicale dirigée par Jean-Luc Moreau. Chaque auteur doit se livrer à une a fin de siècle a été dure Libris, qui est constituée par les tion représentait un chiffre d’affai- breux problèmes, fréquents en cas difficultés des PUF ce n’était pas sa autobiographie fictive. Pour pour les Presses universi- auteurs et directeurs de collection res de 31,5 millions de francs con- de changement de distributeur. librairie mais bien sa partie éditoria- Fayard, la collection « s’inscrit taires de France (PUF). de la maison. Là encore, cela ne tre 22 millions de francs en 1999 et Après un bon premier semestre le. Or, on tourne toujours avec la dans la vogue actuelle de la biogra- Confrontée à une grave s’est pas fait dans la sérénité. L’en- sans doute à peine 20 millions en marqué par les ventes du Journal même équipe dirigeante, les mêmes phie, de l’autobiographie (voire de criseL de trésorerie en 1999, l’entre- trée de Flammarion a été une sur- 2000. Le nombre d’exemplaires de Michel Polac (environ 30 000 directeurs de collection, qui n’ont l’« autofiction ») tout en changeant prise a frôlé la catastrophe. En prise dans la mesure où un rappro- vendus est passé sous la barre du exemplaires), le deuxième semes- pas tous le temps de faire travailler allègrement, et non sans quelque 2000, elle a changé de structure, chement avec Gallimard avait été million d’exemplaires par an. Le tre a été décevant, malgré le succès les manuscrits. Il y a trop de livres perversité, les règles du jeu ». Les abandonné sa librairie et ses activi- annoncé. Ce retournement de contenu laissait aussi parfois à dési- du livre de Frédéric Pajak Le Cha- qui n’ont pas de public, en dehors deux premiers titres publiés en tés de distribution, et enfin démé- situation décidé par Michel Prigent rer. Un récent « Que sais-je ? » con- grin d’amour (« Le Monde des des universitaires qui les font. » janvier sont : Le Bandoulier du Mis- nagé. « C’est une année de cicatrisa- ne lui a pas attiré que des éloges. sacré au bel canto a été ainsi con- livres » daté 3 octobre 2000). « Nous sommes un éditeur de sissippi, d’Alain Demouzon, et La tion. On a fait de la chirurgie, à la Quelques mois plus tard, l’action- damné pour plagiat et retiré de la savoir, réplique Michel Prigent, On Vitesse de la lumière d’Hubert fois lourde et fine. On a aussi fait de naire lui-même était vendu au vente. CHANTIERS À VENIR a un projet scientifique et culturel, Haddad. la chirurgie psychologique », expli- groupe italien Rizzoli. Au-delà de « Que sais-je ? »,, En 2001, Michel Prigent veut ce qui n’empêche pas parfois d’être b Collections d’Amérique. que Michel Prigent, président du c’est presque tous les indicateurs donner la « priorité à la refondation grand public. Mais on reste un édi- L’éditeur Michel Houdiard, spécia- directoire. Cela ne va pas sans dou- RASSEMBLEMENT de la maison qui étaient au rouge, éditoriale » : « Tous les chantiers teur universitaire. Il ne faut pas lisé dans les lettres américaines, leur. L’amputation de la librairie a La « cicatrisation » va se poursui- marqués par la baisse du chiffre sont ouverts ». Un conseiller édito- nous couper de notre légitimité. vient de créer deux collections. été le signe le plus visible de cette vre en 2001, car certaines plaies res- d’affaires, l’augmentation des défi- rial, Jean-Christophe Brochier, a Nous avons un souci de vulgarisa- « Biographies américaines » réu- crise, même si la reprise par Joseph tent vives. Mais Michel Prigent sou- cits et l’accroissement du nombre été recruté pour renforcer le servi- tion, mais il ne faut pas l’avoir par- nit « deux personnages emblémati- Gibert a finalement empêché sa haite faire de cette année celle de de titres. Le tout dans un contexte ce de presse. L’attention va être tout. » ques autour d’un thème ». Les pre- fermeture. la relance des PUF. Dans cette mai- très difficile pour l’édition de scien- portée sur la douzaine de collec- Les PUF doivent également pren- miers titres sont : Franklin et Jeffer- L’autre symbole de ce change- son prestigieuse, les symboles sont ces humaines. 2001 va confirmer le tions – sur près de cent – qui réali- dre leur place sur Internet. Le site son, aux sources de l’amitié franco- ment d’époque a été le départ de la plus importants qu’ailleurs. Fin jan- mouvement de réduction de la pro- sent les trois quarts du chiffre d’af- puf. com va être entièrement revu, américaine, 1776-1806, de Nicole famille Angoulvent – qui a incarné vier sera inauguré le nouveau siè- duction engagé en 2000 – de l’or- faires des PUF. Il s’agit des collec- toujours autour de la collection Fouché, et Lewis et Clark, la traver- l’histoire des PUF – des instances ge des PUF. « C’est la première fois dre de 30 % –, « Que sais-je ? » tions de poche « Que sais-je ? » et emblématique, avec la création de sée d’un continent, 1803-1808. dirigeantes de la société. Cela s’est dans notre histoire que tout le mon- devant donner l’exemple. « Nous « Quadrige« – qui bénéficie d’une quesaisje. com. Michel Prigent affi- Houdiard présente aussi « Ecritu- fait, là encore, dans la douleur. de est rassemblé dans un même avions trop de titres et trop de nouvelle présentation – ; des che deux principes : « présence et res d’Amérique », qui introduit Pierre et Anne-Laure Angoulvent, lieu », constate M. Prigent. Les stocks, explique Michel Prigent, les manuels, comme « Thémis », prudence ». Le site doit d’abord des auteurs américains auprès du fils et petite-fille du fondateur des PUF étaient disséminées dans qua- traductions ont été un échec grave, « Droit fondamental », « Major » mettre en valeur la richesse du public français, avec La Maison de PUF, Paul Angoulvent, sont partis tre ou cinq lieux différents du je le regrette, mais nous n’avons plus et « Premier cycle » ; des collec- catalogue et donner une idée préci- mots. Réflexions autour de Carpen- au terme d’un violent conflit avec Quartier latin. L’entreprise est les moyens d’en faire autant. Je crois tions comme « Perspectives criti- se du contenu des livres. « Nous ter’s Gothic de William Gaddis Michel Prigent. L’entreprise a per- aujourd’hui avenue Reille, dans le aussi que nous avions la faiblesse de ques », « Fil rouge », « Nouvelle réfléchissons à la possibilité de met- d’Emmanuelle Ertel (11, rue Mon- du son statut de coopérative pour 14e arrondissement, dans un penser qu’il suffisait qu’un livre soit Clio », « Epiméthée », etc. Pour la tre en ligne des contenus, gratuits, ticelli, 75014 Paris, tél. : devenir une société anonyme, afin immeuble loué à la Ville de Paris. bon pour qu’il se vende. » rentrée, les PUF comptent sur mais surtout payants », conclut 01-45-42-52-27). de constituer selon les termes de Les amateurs de symboles note- Après un déficit de 10 millions L’Histoire de la vache folle de Pierre- Michel Prigent qui se méfie de «la b PRIX : Bernard Hoepffner a M. Prigent, « une institution avec ront, au choix, la proximité de la de francs en 1999, contre 6 en Marie Lledo, et sur La Politique de gratuité de contrefaçon » représen- remporté le Prix Halpérine- les moyens d’une entreprise »,au Santé, de Sainte-Anne ou du parc 1998, l’année 2000 devrait égale- précaution de Corinne Lepage, tée par le « photocopillage » et le Kaminsky Consécration doté de grand dam de M. Angoulvent et Montsouris... ment être déficitaire, « comme pré- deux livres qui témoignent de ce prêt en bibliothèques, qui ont 50 000 F pour l’ensemble de son des syndicats, farouchement oppo- Pour ne pas quitter l’univers sym- vu », précise Michel Prigent, qui que Dominique Lecourt appelle amplifié la crise de l’édition de œuvre de traducteur, à l’occasion sés à la modification du statut. bolique, c’est autour du renouveau ambitionne d’approcher de l’équili- « les inquiétudes sociales autour des sciences humaines. Internet risque de la parution d’ Anatomie de la Enfin, la société a fait entrer de de la collection emblématique de bre en 2001. En 2000, les PUF ont sciences ». d’accentuer ce phénomène et de mélancolie de Robert Burton (éd. nouveaux actionnaires, Flamma- la maison, « Que sais-je ? », que se également perdu la diffusion de Farouche adversaire de Michel donner de nouveaux concurrents José Corti). Le Prix Halpérine- rion et MAAF Assurances, qui construit la relance de la maison Verdier, de Complexe et de Maxi- Prigent, le délégué FO de l’entrepri- aux Presses universitaires de Fran- Kaminsky Découverte, doté de détiennent respectivement 18 % et (lire ci-dessous). La chute de « Que ma. En outre le passage dans le se, Gérard da Silva, est quelque ce : les sites Internet des univer- 10 000 F, a été attribué à Joëlle 9,6 % des parts. Les deux tiers du sais-je ? » était à la mesure de la cri- giron d’Union-Distribution, filiale peu sceptique sur les moyens du sités. Dufeuilly pour sa traduction du capital sont détenus par la société se de la maison. En 1995, la collec- de Flammarion, a entraîné de nom- redressement : « La vraie cause des Alain Salles hongrois de Tango de Satan de Laszlo Krasznahorkai (Gallimard). Joël Egloff a gagné le Prix Erck- mann-Chatrian pour Les Enso- leillés (éd. du Rocher). Le Prix du roman de la communauté fran- À L’ETRANGER çaise de Belgique a été attribué à Nouveaux atours du « Que sais-je ? » b Jean-Claude Pirotte pour Mont ITALIE : les cendres de Pirandello Afrique (Cherche-Midi). Le Grand Les restes de Pirandello, mort à Rome en 1936, avaient été inciné- Prix littéraire France/Wallonie- e premier titre de la collection « Que sais- pratiquement intouchée mais elle donne une plus rés dans la capitale, les cendres placées dans un magnifique vase Bruxelles (10 000 F) récompense je ? », fondée en 1941 par Paul Angoulvent, grande impression de légèreté, ce qui s’explique par grec, relique familiale, puis transférées jusqu’à la maison natale Petite révision du ciel d’Elisa Brune était intitulé Histoire de la biologie et portait le fait qu’au lieu de contenir quelque 240 000 signes du dramaturge, sur la colline de Kaos, à Porto Empedocle. On (Ramsay). Le Grand Prix suspen- en couverture une boussole, qui est restée le typographiques, chaque ouvrage n’en comptera pensait qu’elles avaient été ensuite ôtées du vase et scellées dans se et aventure a été attribué au Lsymbole de la collection : n’a-t-elle-pas pour objec- plus que 200 000 étalés sur le même nombre de une pierre, sous un pin séculaire du jardin. Le vase, supposé vide, Réseau Copernic de Michel Noir tif de guider le lecteur dans son odyssée sur les che- pages (128). C’est sûr, cela aère ! fut d’abord exposé dans la maison puis transféré au Musée (Actes sud) et au Concile de Pierre mins des savoirs et des connaissances ? Autre amincissement bienvenu, celui du catalo- archéologique d’Agrigente, où on l’oublia dans un coin. Il vient de Jean-Christophe Grangé (Albin Pour célébrer son soixantième anniversaire, mais gue. Au lieu de 300 titres par an, il n’y en aura plus d’être retrouvé. Ouvert il y a un mois en présence d’un expert en Michel). Le jury du Prix du livre aussi et surtout pour remettre un peu d’ordre dans que 180 et un tiers seulement de nouveautés paléontologie humaine de l’université de Pise, on y a trouvé d’architecture a été décerné à la collection la plus célèbre des PUF, Michel Prigent (5 titres par mois au lieu de 15). Une façon de se notamment un grand morceau d’os pariétal. Un examen d’ADN Gwenaël Delhumeau, pour L’In- et Jean-Christophe Brochier lui ont offert un lifting, recentrer, de rester dans la vocation encyclopédi- a été demandé par le directeur du Musée archéologique d’Agri- vention du béton armé (éd. un régime amaigrissant et la promesse d’une nouvel- que de la collection sans tomber dans le piège de gente, Giuseppe Castellana, et celui du musée de la maison nata- Norma/IFA). Annie Salager a le résidence sur la Toile, lors du Salon du livre, en l’exhaustivité. Il faut dire que certains titres lais- le du dramaturge, Antonio Perniciaro… gagné le Prix Louise-Labé pour mars 2000. La cure de Jouvence a mis fin aux étran- saient parfois les libraires (et les lecteurs) son- b GRANDE-BRETAGNE : Zadie Smith remporte son recueil Terra Nostra (Cherche ges couleurs des couvertures qui ne correspon- geurs… Ceux dont les résultats ne sont pas probants le Guardian Prize Midi). Le Grand Prix de la criti- daient à rien d’évident (seuls quelques initiés seront d’ailleurs retirés de la vente, ce qui fera pas- On a beaucoup parlé d’elle, car elle a figuré sur presque toutes que littéraire a été remis à Marc savaient peut-être que chaque couleur correspon- ser le fonds de 1900 titres à 1 500. Pour se consoler les listes de prix (elle est également finaliste du Whitbread pour Petit pour son ouvrage Eloge de la dait au dernier chiffre du numéro…). Les nouveaux de tous ces sacrifices, il y a une cerise sur le gâteau : la fiction qui sera décerné en janvier), mais surtout parce qu’à fiction (Fayard). Arthur Conte a « Que sais-je ? » se distinguent avant tout par leur « Que sais-je ? » entend renouer avec une politique vingt-quatre ans, Zadie Smith, de père anglais et de mère antillai- reçu le Prix de l’Académie pay- fond blanc. La marque, le nom de la collection, ceux d’auteurs, et parmi eux Alexandre Adler, dont on se, avait reçu une avance « de six chiffres » de son éditeur, sanne pour Les Paysans de Fran- des auteurs et surtout un visuel monochrome vien- attend Le Communisme pour le mois de mars. Hamish Hamilton, pour White Teeth. Un premier roman, situé ce : de l’an 1000 à l’an 2000 (Plon). nent en couleur selon un code précis permettant de Mais la grande nouveauté, moderne à souhait, ce dans l’Angleterre multiraciale, empreint d’une véritable verve Philippe Vigand a gagné le Prix se repérer à travers dix disciplines (la philosophie sera le site Internet (www.quesaisje.com) qui fourni- comique et qui fut et est encore un best-seller. Après l’Internatio- François-Sommer en littérature en rouge carmin, les religions et spiritualités en vio- ra aux internautes un moteur de recherche – autant nal Book Award, elle vient de remporter le prix du journal The et essai pour son ouvrage Prome- let, la littérature, la critique littéraire, la linguistique dire une boussole – leur permettant de circuler dans Guardian, pour un premier roman, doté de 10 000 £ (environ nades immobiles (éd. Anne Carriè- et les arts en vermillon…), le titre restant en noir. La tout le catalogue des PUF et d’avoir accès ainsi non 100 000 F [15 835 ¤]). re). Le Prix François-Sommer en quatrième de couverture est également « reloo- aux contenus des ouvrages, on s’en doute, mais à b ESPAGNE : nouvelle édition de la Célestine album a été attribué à Noël kée », de façon plus claire, plus simple, plus directe. leurs tables des matières : l’éventuel lecteur – et Le professeur Francisco Rico a dirigé la nouvelle édition critique Dijoux pour La Chasse au début L’impression d’ensemble est tout à fait satisfaisante acheteur – ira ainsi ensuite chez son libraire en tou- de la Célestine qui porte pour la première fois à côté du nom de du siècle par les cartes postales (éd. pour qui reprochait à la collection un côté un peu te connaissance de cause. Fernando de Rojas la mention de l’auteur ancien qui avait rédigé de Gerfaut). Le prix Georges- ennuyeux, voire ringard. La maquette intérieure est Martine Silber les prémices du texte, dans la collection « Biblioteca Clasica ». Jamati a récompensé Yves Cheval- Depuis cinq siècles, l’œuvre mélangeait sans aucune cohérence lier pour En voilà du propre !,un le premier acte rédigé donc par un auteur inconnu, la comédie en essai sur Les Bonnes de Genet seize actes de Fernando de Rojas, puis les cinq actes qu’il y avait paru à L’Harmattan. intercalés par la suite… La présente édition identifie clairement autour de la poétesse israélienne rences et de représentations théâtra- chacune des parties et pour le professeur Rico, il s’agit plus AGENDA d’origine roumaine Bluma Finkel- les (Maison du Livre de Bruxelles, d’« une première édition » que d’une « édition définitive ». stein (à 18 heures, Université ou- 28, rue de Rome, 1060 Bruxelles, L’ouvrage comporte 1 100 pages et a été tiré à 7 000 exemplaires. b LE 5 JANVIER. DES FORÊTS. verte, faculté des lettres, 30, rue rens. : 00-322-543-12-20). b Le Cervantès à Francisco Umbral FRANCE-CULTURE consacre une Megevand, 25030 Besançon, rens. : b LE 12 JANVIER. PINGET. À Le prix Cervantès, le plus réputé des prix littéraires espagnols, émission spéciale en hommage à 03-81-82-04-40). PARIS, l’équipe Littérature au pré- doté de 15 millions de pesetas (plus de 590 000 F [90 millions l’écrivain Louis-René des Forêts, b LE 11 JANVIER. BARTHES. À sent de l’université Denis-Diderot d’¤]) a été décerné à l’écrivain, essayiste, journaliste, chroni- avec lectures de textes et rediffu- PARIS, se tient une soirée de débats organise une journée d’étude « Lire queur Francisco Umbral, qui a déjà reçu de nombreuses récom- sion d’un grand entretien réalisé en autour de l’œuvre de Roland Bar- Robert Pinget » (à partir de 9 h 30, penses depuis le prix Nadal en 1975 jusqu’au prix Principe de 1983 (à partir de 22 h 30, « Surpris thes, sur le thème « Qu’est-ce que ça tour 34-44, 2e étage, salle 213, uni- Asturias, le prix National des lettres, celui de la critique en 1992, par la nuit »). veut dire ? » (à 18 h 30, Bibliothè- versité Paris-VII-Denis-Diderot, 2, ou encore le prix Fernando Lara. Il ne lui manque encore au b LE 8 JANVIER. AVENIR DU que nationale de France, site Fran- place Jussieu, 75005, rens. : tableau d’honneur des lettres espagnoles que le Planeta et s’il a LIVRE. À PARIS, pour l’ouverture çois-Mitterrand, quai François-Mau- 01-44-27-57-80). été fait docteur honoris causa de l’université complutense de de son cycle « Les rendez-vous de riac, 75013, rens. : 01-53-79-41-19). b LE 13 JANVIER. PHILOSO- Madrid, il n’est pas encore à l’Académie royale. Il est l’auteur l’édition », la Bibliothèque du b DU 11 AU 13 JANVIER. BIO- PHIE. À NANTERRE, les Tables d’une centaine de livres, dont la Trilogia de Madrid, El hijo de Gre- Centre Pompidou propose une pre- POUVOIR. À PARIS, le Centre rondes de philosophie politique con- ta Garbo, ou encore Mortal y Rosa. mière conférence avec l’historien d’études du vivant de l’université temporaine de l’université b IRLANDE : retour d’un manuscrit d’« Ulysse » Roger Chartier, autour de l’in- Denis-Diderot organise un colloque Paris-X-Nanterre proposent une La Bibliothèque nationale d’Irlande, à Dublin, a acquis lors fluence de la révolution numérique sur le thème « La fabrication de l’hu- conférence sur le thème « Fron- d’une vente chez Christie’s à New York le manuscrit original sur l’évolution du livre et la produc- main » (à partir de 14 heures, tières de la souveraineté, souverai- d’un des chapitres d’Ulysse de James Joyce pour 1 546 000 $ tion de l’écrit (à 18 h 30, Centre amphi 24, université Paris-VII, 2, neté des frontières », avec le philo- (près de 11 millions de francs [environ 1 600 000 ¤]). Ce texte Pompidou, entrée rue Saint-Martin, place Jussieu, 75005, inscription sophe Etienne Balibar (à partir de est un brouillon inédit – 27 pages écrites à la main – du chapitre 75004, rens. : 01-44-78-46-41). payante au 01-44-27-63-78). 9 h 30, université Paris-X-Nanterre, le plus long du livre « Circé ». Ce manuscrit appartenait aux b DU 10 AU 13 JANVIER. À b A PARTIR DU 12 JANVIER. bâtiment L, salle R13, rens. : héritiers de l’avocat américain John Quinn, à qui Joyce avait MONTPELLIER se tient un collo- RÉSISTANCE. À BRUXELLES, 01-40-97-75-17). envoyé au fur et à mesure le texte entier d’Ulysse, mais propre et que sur « L’allégorie, de l’Antiquité l’association les Héritiers de la b LE 13 JANVIER. NIETZSCHE. À recopié à la main, suite à un accord financier : Quinn avait ache- à la Renaissance » (à partir de mémoire et la Maison du livre de EVEUX, près de Lyon, le Centre té par avance le manuscrit pour venir en aide à Joyce, il l’avait 14 heures, université Paul-Valéry, Bruxelles accueillent l’exposition Thomas-More consacre une jour- également défendu, en 1920, lorsque des extraits d’Ulysse route de Mende, 34199 Montpellier, tournante « La rose blanche », née d’études à « Nietzsche, philo- avaient été publiés dans The Little Review et ses éditrices Marga- rens. : 04-67-14-24-35). consacrée aux différents mouve- sophe du langage » (à partir de ret Andersdon et Jane Heap attaquées pour obscénité. Quinn b LE 11 JANVIER. POÉSIE. À ments allemands de résistance au 10 heures, Centre Thomas-More, avait vendu en 1924 son manuscrit complet, qui figure actuelle- BESANÇON, les Jeudis de la Poésie nazisme, accompagnée d’une librai- La Tourette, Eveux, 69000, rens. : ment au Rosenbach Museum de Phildelphie, mais il avait gardé organisent une soirée de lecture rie thématique, ainsi que de confé- 04-74-26-79-71). le brouillon de « Circé ». LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 5 JANVIER 2001

LE MONDE DES POCHES VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT LE POCHE, GARDIEN WALTER BENJAMIN, SÉLECTION L’enfer, sur terre DU PATRIMOINE LA PENSÉE À VIF La liste des livres et dans les têtes, par Enquête sur les classiques L’ensemble des écrits critiques de poche parus Antonio Lobo Antunes p. III en petit format p. VIII et IX et philosophiques p. XII en décembre p. XV a Le retour de Pynchon a L’enfer de Tazmamart Lire nos deux suppléments SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 5 JANVIER. N˚ 17402 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17402 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 5 JANVIER 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Les marchés Balkans : les morts d’après la guerre sont dopés b Six jeunes Italiens, anciens « soldats de la paix » en Bosnie, sont morts récemment de cancer par la baisse b Quatre soldats français sont hospitalisés pour leucémie b « Que l’OTAN dise la vérité ! », exige le président des taux du conseil italien b L’usage de munitions contenant de l’uranium appauvri est mis en cause « JE VEUX savoir pourquoi je suis 6 novembre 2000, sans savoir. Bosnie et au Kosovo ? Y a-t-il un Amato. En France, quatre soldats en train de mourir » : Salvatore C’est la révélation de son décès – lien entre l’usage d’obus ou de ayant servi en ex-Yougoslavie sont aux Etats-Unis Carbonaro, vingt-quatre ans, le sixième d’un « soldat de la roquettes contenant de l’uranium traités pour leucémie, révèle le ancien « soldat de la paix » italien paix » italien de Bosnie – qui a pro- appauvri et l’apparition de cancer ministère de la défense. Ces interro- SI LE PRÉSIDENT élu George en Bosnie, atteint par une leucé- voqué la colère du président du chez de jeunes soldats, voire les gations, ces inquiétudes, s’étaient W. Bush se demandait qui est aux mie, écrivait cette supplique dans conseil italien, Giuliano Amato. populations civiles ? « Que l’OTAN déjà exprimées, mais avec moins CHARLES PLATIAU/REUTERS commandes de l’économie améri- son journal intime. Il est mort, le Quelles armes ont été utilisées en dise la vérité ! », exige Giuliano de force, en Espagne, aux Pays- caine, Alan Greenspan lui a appor- Bas, en Allemagne, au Portugal, en SÉCURITÉ té la réponse mercredi 3 janvier. Grèce, et surtout en Belgique, où le Par un coup de baguette magique, ministre de la défense, André le président de la Réserve fédérale Flahaut, demande à l’Union euro- Mort d’un a abaissé d’un demi-point son taux péenne d’intervenir auprès de interbancaire, ainsi ramené à 6 %, l’OTAN. Sur 12 000 soldats belges convoyeur et provoqué un spectaculaire ayant participé à des missions en rebond des marchés financiers, Bosnie et en Slavonie, 1 600 ont La sécurité des transports de fonds est sérieusement malmenés ces der- fait état de « malaises divers et de niers mois. Le Nasdaq, indice pha- problèmes de santé ». L’OTAN encore au cœur d’une sanglante actua- re de la nouvelle économie, a enre- rétorque qu’il n’existe « aucune lité. Un convoyeur de fonds de la gistré mercredi le gain quotidien le preuve scientifique que l’exposition Brink’s a été tué, mercredi 3 janvier, plus fort de toute son histoire à l’uranium appauvri puisse causer d’une balle en pleine tête par deux mal- (14,2 %). Economistes, financiers des problèmes sérieux de santé ». En faiteurs dans le hall d’accueil de l’Insti- ou politiques ont applaudi à ce Bosnie, 11 000 projectiles de ce coup de maître. George W. Bush a type ont été utilisés en 1994-1995, tut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de- salué la décision de la Fed, dont il et 31 000 pendant le conflit du Marne). Une table ronde réunissant n’avait pas été averti : « Cette bais- Kosovo. Après l’affaire du « syn- « l’ensemble des parties prenantes » se était nécessaire, elle affirme fer- drome du Golfe », il y a donc un du secteur du convoyage de fonds mement qu’il ne faut pas laisser « syndrome des Balkans ». devait être organisée, jeudi 4 janvier notre économie dégringoler. » Lire pages 2 et 3 dans l’après-midi, au ministère des Lire pages 17 et 18 et notre éditorial page 16 transports. p. 8 Arafat : « Oui, mais » Yvan Colonna écrit à « U Ribombu » pour nier être l’assassin du préfet Erignac LE PORTRAIT d’Yvan Colonna, présenté par affirme, de nouveau, n’avoir joué aucun rôle Sud). Promis à une carrière de professeur de au plan Clinton la justice comme l’auteur présumé de l’assassi- dans l’assassinat du préfet. « Je n’y suis pour gymnastique, il opte, en 1981, pour la vie de nat du préfet Erignac, le 6 février 1998, est affi- rien dans cette affaire. Je ne comprends pas pour- berger. Membre du Mouvement corse pour YASSER ARAFAT a accepté ché dans l’ensemble des commissariats et des quoi deux membres du commando m’ont dési- l’autonomie, il adhère ensuite à la Cuncolta a « avec des réserves » les proposi- mairies de France. Avec cette mention : « indivi- gné comme étant le tireur », déclare-t-il. « C’est naziunalista. Père d’un enfant, qu’il a élevé en tions de Bill Clinton pour la reprise du dangereux et armé ». Considéré, à l’instar à eux de dire pourquoi ils m’ont accusé et c’est à langue corse, homme d’action peu enclin au P. VICTOR/MAXPPP des négociations entre Israël et les d’Alfred Sirven recherché dans l’affaire Elf, com- eux aujourd’hui de rectifier leurs déclarations », discours politique, c’est un personnage discret Palestiniens. Israël a décidé de dépê- me une cible prioritaire par les policiers, il ajoute-t-il. à tel point que son nom n’est apparu qu’au THÉÂTRE, D’AVIGNON À PARIS cher à Washington Gilad Sher, le direc- n’avait, à ce jour, laissé filtrer aucune informa- Le fugitif précise qu’il n’a nulle intention de tout dernier moment dans l’enquête policière. teur de cabinet du premier ministre, tion sur son état d’esprit ou sur les conditions se rendre à la justice faute de pouvoir faire Les arrestations des membres du commando Huppert recrée chargé de s’informer de la position de sa fuite. Tout juste avait-il indiqué, lors « confiance » à ses représentants, notamment Erignac avaient commencé depuis deux jours, palestinienne. Yasser Arafat devait en d’une conférence de presse, le 22 mai 1999, aux magistrats appartenant à la quatorzième lorsque le 23 mai 1999, à 2 heures du matin, rendre compte, jeudi 4 janvier, au pré- « n’avoir aucune responsabilité » dans la mort section, dite antiterroriste, du parquet de Didier Maranelli a dit aux policiers pour la pre- « Médée » sident égyptien et au comité arabe de du préfet. Le lendemain, à 4 heures du matin, il Paris. Selon lui, dans l’esprit de ces personnes, mière fois : « Yvan Colonna était chargé d’abat- Le 12 juillet 2000, Isabelle Huppert suivi et de soutien à l’Intifada réuni partait aux chèvres, « prendre du recul », com- son sort serait scellé et sa culpabilité démon- tre le préfet et Allessandri de protéger Yvan. » A créait Médée, d’Euripide, dans la Cour au Caire. « Aucune décision définitive me il l’avait expliqué à ses parents, et échappait trée d’avance. Yvan Colonna dément toute par- 16 heures, Pierre Allessandri affirme, à son d’honneur du Palais des papes à Avi- palestinienne concernant les proposi- ainsi à l’intervention des enquêteurs qui inves- ticipation à l’attaque de la brigade de gendar- tour, qu’Yvan Colonna « avait la charge d’assas- tions américaines ne sera prise » avant tissaient son domicile deux heures plus tard. merie de Pietrosella (Corse-du-Sud), dans la siner le préfet au moyen de l’arme que nous avi- gnon. Elle reprend son rôle à l’Odéon, ces consultations, a déclaré le ministre Et voilà que l’hebdomadaire nationaliste nuit du 5 au 6 septembre 1997, au cours de ons dérobée lors de l’action contre la gendarme- où le spectacle est présenté du 5 jan- palestinien de la coopération interna- U Ribombu a eu des nouvelles d’Yvan Colonna, laquelle avait été dérobée l’arme qui a servi à rie de Pietrosella. » vier au 10 février. A quelques jours de tionale, Nabil Chaath, en accueillant par le biais d’une lettre manuscrite rédigée en tuer le préfet Erignac. la première, elle raconte, dans un entre- M. Arafat à l’aéroport du Caire jeudi corse, reçue par ce journal fin décembre 2000, Fils d’un ancien député socialiste des Alpes- Jacques Follorou tien au Monde, son voyage d’actrice, matin. comme l’a révélé, jeudi 4 janvier, L’Est républi- Maritimes, Jean-Hugues Colonna, Yvan a vécu cain. L’authenticité de ce courrier a été confir- une partie de son adolescence à Nice avant de Lire nos informations page 30 sa Médée, une figure « reconnaissable Lire page 4 mée par son frère, Stéphane. Yvan Colonna revenir avec sa famille à Cargèse (Corse-du- et la situation économique en Corse page 11 en chacun ». p. 25 L’Afrique Gerhard Schröder intérieure à mi-mandat ACCÉLÉRER les réformes ou la paralysie dans laquelle elle était observer une pause ? La question embourbée depuis la fin du règne que doit examiner le chancelier de Helmut Kohl. Sa principale réus- Gerhard Schröder à mi-mandat site est d’avoir fait adopter en peut sembler surprenante : l’année juillet la réforme fiscale, serpent de 2000 a été celle des réformes et les mer de la politique allemande, Allemands en savent gré à leur alors qu’il ne disposait pas de la KLAVDIJ SLUBAN chancelier, qui se porte à merveille majorité au Bundesrat, la Chambre dans les sondages. représentante des Länder. Mais il a UNE SÉRIE DE FRANÇOIS MASPERO Pourquoi changer une méthode « acheté » les voix des régions pau- CHARLES PASQUA qui gagne ? Selon l’institut Forsa, vres, codirigées par l’Union chré- Voyage dans en cas d’élection directe du chance- tienne-démocrate (CDU), leur pro- MIS en cause par l’enquête sur des lier, M. Schröder recueillerait en mettant en échange le soutien ventes d’armes en Angola, Charles effet 48 % et 45 % des voix contre financier de l’Etat fédéral. Plus fon- la Caraïbe Pasqua se défend de toute implica- 28 % et 31 % aux deux leaders de damentalement, à mi-mandat, l’op- tion dans cette affaire et de tout lien l’opposition, Angela Merkel et position s’est trouvée bien en pei- 1. – Porto Rico avec Jean-Christophe Mitterrand. Edmund Stoiber. Le Parti social- ne de s’opposer à une réforme qui Ses réseaux africains vivaient en très démocrate (SPD) est crédité de allait, dès janvier 2001, alléger sen- l’américaine bonne entente avec ceux de l’ancien 40 % des voix, contre 36 % aux chré- siblement la feuille d’impôt de tous Après son voyage à Cuba, l’écrivain Fran- chef de l’Etat. tiens-démocrates, score excellent les Allemands. çois Maspero enquête sur Porto Rico, selon Manfred Güllner, patron de D’autres dossiers ont été déblo- Haïti et la République dominicaine. La pre- Lire page 6 Forsa et proche de M. Schröder, qués : la réforme de la Bundeswehr pour un gouvernement à mi-man- a été commencée, même si l’on n’a mière île est un quasi-Etat américain mais Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, dat. Selon l’institut de recherche pas osé supprimer la conscription ; l’idée d’indépendance y survit comme un 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Forschungsgruppe Wahlen de le dossier du nucléaire qui risquait appel à la différence et à la dignité. p.13 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- Mannheim, 62 % des Allemands de miner la coalition SPD-Verts a gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; sont satisfaits du travail du gouver- été réglé politiquement, même si, Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International...... 2 Tableau de bord ...... 18 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; nement et seuls 17 % pensent que dans la pratique, certaines centra- Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Aujourd’hui ...... 22 l’opposition chrétienne-démocrate les nucléaires continueront à tour- Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société...... 8 Météorologie-Jeux...... 24 ferait mieux, alors que la croissan- ner pendant encore une vingtaine Régions ...... 11 Culture ...... 25 ce revient et que le chômage n’est d’années. Carnet...... 12 Guide culturel ...... 27 plus, selon Emnid, le premier souci Horizons ...... 13 Kiosque ...... 28 des Allemands. Arnaud Leparmentier Entreprises...... 17 Abonnements ...... 28 Cette année, M. Schröder est par- Communication...... 18 Radio-Télévision ...... 29 venu à faire sortir l’Allemagne de Lire la suite page 16 LeMonde Job: WMQ0501--0002-0 WAS LMQ0501-2 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0259 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001

ARMÉES L’Italie a demandé des qué que l’affaire était « délicate ». concerne des militaires de plu- Flahaut, a demandé à l’Union eu- du Golfe. b L’OTAN a rejeté les éclaircissements à l’OTAN après le « La solidarité indiscutée envers sieurs pays européens qui ont par- ropéenne d’intervenir auprès de soupçons, estimant « virtuelle- décès d’un sixième militaire ayant l’Alliance n’autorise ni réticences ticipé à des missions dans la ré- l’OTAN. b L’URANIUM APPAUVRI a ment » nuls les risques pour la servi en Bosnie. Le chef du gouver- ni omissions », a-t-il dit. b LE gion depuis 1992. b EN BELGIQUE, été testé à une grande échelle par santé. L’organisation discutera de nement, Giuliano Amato, a indi- « SYNDROME des Balkans » le ministre de la défense, André les Américains pendant la guerre la question le 9 janvier à Bruxelles. Les gouvernements européens s’inquiètent du « syndrome des Balkans » A la suite de la mort d’un sixième militaire ayant servi en Bosnie, l’Italie a demandé des éclaircissements à l’OTAN En Belgique, plusieurs décès suspects ont aussi été enregistrés. Au banc des accusés : l’uranium appauvri qui équipe les pointes d’obus antichars BRUXELLES marche. Elle recoupe des inquié- neurotoxiques, la pollution fiques, un porte-parole de l’al- des avions A-10 Thunderbold (les constaté que sur douze mille sol- de notre bureau européen tudes similaires exprimées tout chimique, l’utilisation de médica- liance assure que l’uranium « tueurs de chars ») étaient entrés dats ayant participé à des missions En demandant à l’OTAN de lui particulièrement en Belgique, ments expérimentaux comme la appauvri « est même moins radio- en action. S’agissant des opérations en Bosnie et en Slavonie, fournir des explications sur l’utili- mais aussi en Espagne, aux Pays- pyridostigmine, le « stress du actif que l’uranium naturel ». « Il qui se sont déroulées en Bosnie mille six cents ont fait état de « ma- sation de munitions contenant de Bas, en Allemagne, au Portugal et champ de bataille », voire une n’y a aucune preuve scientifique, dans les années 1994-1995, les laises divers et de problèmes de l’uranium appauvri au cours de la en Grèce. anomalie chromosomique, ont ajoute-t-il, que l’exposition à l’ura- chiffres avancés portent sur quel- santé ». guerre de Bosnie, le président du Cette polémique doit être reliée été avancés pour tenter de fournir nium appauvri puisse causer des que 11 000 projectiles à l’uranium S’agissant d’autre part de ceux conseil italien, Giuliano Amato, a à celle du « syndrome de la guerre une explication aux quelque problèmes sérieux pour la santé. » appauvri. La réponse – forcément qui se sont rendus au Kosovo, si donné un coup de projecteur sur du Golfe », qui a pris une forte 100 000 cas qui, dans ces trois Il est vraisemblable que la de- dilatoire – de l’OTAN pourrait ce- quatre cas de décès à la suite d’un une polémique qui, pour être an- ampleur aux Etats-Unis, en pays anglo-saxons, relèveraient mande de M. Amato fera l’objet pendant ne marquer qu’une étape cancer ont été constatés dans un cienne, a pris une soudaine am- Grande-Bretagne et au Canada du « syndrome de la guerre du d’une réponse similaire à celle que d’une prise de conscience euro- seul bataillon, les analyses d’urine pleur ces dernières semaines dans depuis 1994. S’agissant cependant Golfe ». Lord Robertson, le secrétaire gé- péenne qui va grandissante. pratiquées en liaison avec une plusieurs pays de l’Alliance atlan- de l’origine des décès et maladies néral de l’OTAN, avait apportée à Le ministre belge de la défense, éventuelle exposition à l’uranium tique. La mort d’un sixième soldat inexpliqués de combattants ayant INFORMATIONS GÉOGRAPHIQUES Kofi Annan, son homologue des André Flahaut, a écrit la semaine appauvri « avant, pendant et après italien ayant participé aux opéra- servi pendant le conflit avec l’Irak, S’agissant de son « avatar » bal- Nations unies, lorsque celui-ci, en dernière à son homologue suédois, la mission, se sont révélées néga- tions en Bosnie en 1994-1995, l’exposition à des munitions kanique, les choses semblent plus mars dernier, avait demandé des Björn von Sydow, pour lui deman- tives ». En septembre dernier à Pa- dont le décès pourrait être attri- contenant de l’uranium appauvri simples, mais à un stade em- ris, devant le congrès de médecine bué au « syndrome des Balkans », n’était que l’une des explications bryonnaire. Pour le moment, le nucléaire, le professeur Asaph Du- est à l’origine d’une telle dé- avancées : tour à tour, les gaz président du conseil italien se Dix mille Portugais soumis à des tests de radiation rakovic, ancien expert auprès du borne à demander à l’OTAN des Pentagone, avait évoqué le rôle informations sur l’utilisation Quelque dix mille Portugais ayant participé à des missions dans possible d’une exposition à l’ura- « géographique », en Bosnie, des les Balkans dans les années 90 vont être soumis à des tests de dépis- nium 236, une variété dite « appau- munitions contenant de l’uranium tage pour déterminer s’ils ont été exposés à des radiations par vrie », s’agissant du « syndrome de Le gouvernement italien somme appauvri. M. Amato va sans au- l’usage d’armes à uranium appauvri dans la région. Le type de tests la guerre du Golfe ». Il se basait sur cun doute obtenir satisfaction, à effectuer et les endroits où ils seront réalisés n’ont pas encore été les résultats d’analyses d’urine ef- comme l’a confirmé au Monde, arrêtés. L’état-major général des forces armées a annoncé que les fectuées chez seize anciens l’OTAN de s’expliquer mercredi 3 janvier, un porte-pa- quelque neuf cents militaires portugais ayant servi au sein de la combattants, montrant « une pré- ROME passé. » Le ministre devait se role de l’Alliance atlantique. Cette Force multinationale de paix au Kosovo (KFOR) allaient les premiers sence significative » d’uranium ap- de notre correspondante rendre ce jeudi à Sarajevo. Lors de demande de Rome a été officielle- subir un examen médical. Le Portugal a toutefois décidé d’élargir les pauvri neuf ans après la fin du « Que l’OTAN dise la vérité ! » : le ce voyage prévu depuis longtemps, ment adressée, à la fin de l’année, tests de dépistage à tous ses ressortissants pouvant être touchés par conflit. président du conseil, Giuliano les questions d’actualité ne man- par la représentation italienne au- le « syndrome des Balkans ». La presse avait mis en cause l’uranium André Flahaut reconnaît bien vo- Amato, se refuse à attendre davan- queront pas dans les casernes des près de l’OTAN, et l’Italie est le appauvri dans la mort d’un militaire portugais en mars dernier, trois lontiers qu’à ce stade « aucun lien tage après la révélation, mardi, de soldats italiens, saisis d’angoisse, seul pays à avoir agi ainsi, en dé- semaines après son retour du Kosovo. Mais selon les responsables de causalité » n’a pu être établi la mort par leucémie le 6 no- plus encore que leurs compatriotes pit des inquiétudes exprimées, de militaires, l’autopsie du corps prouverait que sa mort a été provo- entre les maladies et décès suspects vembre dernier d’un sixième soldat restés chez eux. façon informelle, par plusieurs quée par un virus. – (AFP.) au sein de l’armée belge et l’utilisa- de la paix rentré de Bosnie en Le parquet de Turin a ouvert une autres pays membres de l’Al- tion de munitions à l’uranium ap- mai 1999. Dans une interview au enquête sur la cause de ces décès. liance. pauvri. « Je vais bientôt obtenir des quotidien La Repubblica mercredi Désormais, pour le gouvernement Au siège de l’OTAN, on rappelle explications s’agissant de l’utilisa- der que la Suède, qui préside informations sur la situation de l’ar- 3 janvier, le chef du gouvernement italien, la balle est dans le camp de que si les obus et projectiles tion de munitions contenant de l’Union européenne depuis le mée belge, sur une base scientifique. égrène une série de questions, l’OTAN. Sur le plan médical, rien contenant de l’uranium appauvri l’uranium appauvri lors du conflit 1er janvier, entreprenne une dé- Je crois donc utile de les mettre à la « l’alarme étant plus que légitime » , ne permet d’établir un lien de sont « les seuls capables de perfo- du Kosovo, en 1999. marche communautaire à ce sujet. disposition d’autres pays. C’est une souligne-t-il. Quelles armes ont été cause à effet. Même les ONG ita- rer les véhicules blindés », il s’agit L’OTAN avait alors adressé à La Commission de Bruxelles n’avait question que nous devrions examiner utilisées en Bosnie et au Kosovo ? liennes présentes dans les Balkans de « munitions internationalement M. Annan une carte de la région pas encore été saisie, mercredi, de en commun, au niveau européen, et Y a-t-il un lien entre l’usage de ces soulignent le manque de recul : utilisées et légales », et il n’a donc montrant dans quels secteurs ces cette initiative, sur laquelle M. Fla- qui mérite de retenir l’attention d’une armes à uranium appauvri et l’ap- « 1995 en Bosnie, 1999 au Kosovo, le pas été question d’ouvrir une en- munitions avaient été employées, haut nous a aporté plusieurs préci- prochaine réunion des ministres de la parition de leucémie, de méla- nombre d’années écoulées depuis quête à ce sujet au sein de tout en confirmant que quelque sions. La Belgique, explique-t-il, en défense », nous a-t-il indiqué. nome ou de cancer chez les jeunes ces interventions est trop court. » l’OTAN. Se fondant sur des rap- 31 000 projectiles de ce type avaient est encore « à une phase de récolte recrues ? « Au-delà des contrôles Enfin, force est de rappeler qu’en ports d’organisations scienti- été tirés, soit « à chaque fois » que d’informations ». A ce jour, elle a Laurent Zecchini médicaux que nous menons, il doit y Bosnie, il y a six ans, des milliers de avoir des vérifications technico-mili- casques bleus étaient présents sur taires qui sont d’abord de la respon- le terrain lors des frappes. En re- sabilité de l’OTAN et qui doivent être vanche, au Kosovo, il y a deux ans, faites en toute transparence », es- les frappes sont intervenues dans « Je veux savoir pourquoi je suis en train de mourir » time le président du conseil. des lieux qu’occupait la seule po- ROME renvoyé, il doit payer les examens médicaux, militaire italien est mort de leucémie », ex- Le président Amato reste pulation civile. Celle-ci n’est d’ail- de notre correspondante les soins intensifs et les séjours en chimiothé- plique le jeune volontaire chasseur alpin. prudent sur les conclusions à venir. leurs pas absente des préoccupa- Le rideau du secret-défense se lève, et ap- rapie. Sa sœur aujourd’hui se souvient : «Ja- Et puis viennent en contrepoint des témoi- Mais il émet de nouvelles craintes. tions actuelles des autorités paraissent au fil des journaux italiens les por- mais aucun militaire ne nous a appelés pour gnages de gradés, publiés par la presse. « Cet uranium appauvri, nous avons italiennes, comme de celles de cer- traits de jeunes soldats abandonnés à leur avoir de ses nouvelles. A présent ils le savent, ils Comme celui d’un colonel en retraite, Mario toujours su qu’il avait été utilisé au taines ONG, qui vont jusqu’à de- maladie. Ils étaient partis assurer la paix dans savent qu’il est mort. » Dans les dernières Pellegrini, qui commandait en 1996 à Sarajevo Kosovo, mais non en Bosnie. Comme mander l’extension des contrôles les Balkans, pour une poignée de lires en plus, phrases de son journal, Salvatore accuse. «Je un régiment de la brigade multinationale ins- nous avons su également que sa sanitaires aux Bosniaques et aux prime d’une mission balisée par la hiérarchie veux savoir pourquoi je suis en train de mourir. tallée dans l’hôpital pour enfants. « Pendant dangerosité ne se révèle que dans Kosovars de la zone d’interven- militaire, comme au siècle dernier de jeunes C’est le benzène avec lequel je nettoyais les six mois, raconte-t-il au Corriere della sera, les des contacts étroits, exceptionnels, tion. recrues partaient pour la conscription, fils de armes, j’en suis sûr. Eux, les supérieurs, savaient soldats italiens sont restés exposés à des radia- comme celui avec une plaie ouverte. pauvres qui se vendaient pour remplacer les que c’était un produit dangereux, que j’aurais tions d’uranium dix fois supérieures à celles ad- Maintenant, au contraire, nous LEUCÉMIE FOUDROYANTE enfants de riches sur le front. Il ne fait pas dû avoir des gants et un masque pour m’en ser- mises. » Le colonel Beraldo, toujours en poste commençons à avoir une sacrée Si une extrême prudence est bon tomber malade au champ d’honneur... vir, et ils ne m’ont rien dit, et maintenant je dans la capitale bosniaque, confie sa surprise peur que les choses ne soient pas donc de rigueur, l’inquiétude doit Salvatore Carbonaro, né il y a vingt-quatre meurs. » à l’envoyé spécial de la Repubblica. « Ici, aussi simples. » Loin d’assimiler les cependant être prise au sérieux. ans à Syracuse, en Sicile, est mort le 6 no- même chez les employés bosniaques, personne six décès à un seul scénario, il tient Car l’histoire est têtue. Elle a vembre dans un hôpital de Pavie, après avoir « MILITAIRE EN CONVALESCENCE » ne savait rien de l’uranium appauvri, on n’en à préciser que chacun des cas doit commencé en septembre 1999, par été des mois avant congédié par l’armée, qui Corrado Di Giaccobe, vingt-quatre ans, ca- avait jamais entendu parler, jusqu’à ce que être examiné singulièrement, ce la mort après une leucémie fou- l’avait jugé « inapte » au service en consta- poral-chef né dans les Pouilles, se bat encore nous arrivent en fin d’année les nouvelles offi- que font d’ailleurs les six experts droyante d’un jeune soldat sarde tant sa leucémie. C’est ce qu’il a raconté dans contre son cancer, et à ses propres frais lui cielles d’Italie. » Les troupes et leur hiérarchie de la commission médicale ad hoc de retour de Bosnie. Puis, le 8 no- son journal, tenu jusqu’à son dernier souffle. aussi. « J’ai vécu deux ans en Bosnie, et mainte- veulent rester calmes. Mais ils sont nombreux mise en place par le ministère de la vembre 1999, ce fut au tour d’un Page après page, il évoque son calvaire. A nant j’ai le mal d’Hodgkin, témoigne-t-il. Pour à s’inquiéter : 60 000 militaires italiens ont défense. « Mais, à ce point, cela ne carabinier de Varèse, rentrant lui vingt ans, un premier séjour en Bosnie, sans l’armée, je ne suis qu’un militaire en convales- servi dans les Balkans et 15 000 civils ont par- suffit plus », assène Giuliano Ama- aussi de Bosnie, de mourir d’un histoire, puis un second en 1998, où il est af- cence. » C’est en rentrant de Sarajevo qu’il a ticipé aux activités humanitaires. to. mélanome. Jusqu’à ce 6 novembre fecté à l’entretien des armes. Jusqu’au mois découvert sa maladie. « J’ai effectué mon ser- Ce même 3 janvier, mais dans un 2000 où s’éteignit, après une de mai 1999 où la leucémie se déclare. Bientôt vice à la Tito Barracks, la caserne où un autre D. R. autre quotidien, le Corriere della longue leucémie dans un hôpital Sera, le ministre de la défense, Ser- de Pavie, un Sicilien, le soldat Sal- gio Mattarella, renchérit prudem- vatore Carbonaro, artilleur en ment. « Je sais, tous veulent savoir si Bosnie. La liste de ces décès sus- Un manuel du droit des conflits remis aux soldats français la cause de la mort de certains de pects est-elle close ? D’autres sol- nos militaires est l’uranium appau- dats de la paix sont en cure, on LES COMBATTANTS sont te- au moyen d’un index alphabé- faire l’objet d’aucune attaque vo- tribunaux judiciaires français ou vri. Moi aussi je veux comprendre. l’apprend ces jours-ci, où les nus de respecter, en toutes cir- tique et, dans la pratique, recen- lontaire ». Le principe de propor- des instances internationales. Mais je crois que ce n’est l’affaire ni langues se délient. constances, les règles du droit des sant quatre cents considérations tionnalité enfin. Il doit exister une En revanche, le manuel en ques- des politiques ni des militaires, c’est conflits. C’est un principe qui re- juridiques. « adéquation » entre les moyens tion n’évoque pas les voies de re- à la science de nous dire ce qui s’est Danielle Rouard monte aux conventions interna- A la lecture de ce répertoire, il utilisés et l’effet militaire recher- cours offertes, par la législation tionales de Genève ou de apparaît que trois principes fon- ché. Il n’est pas exclu que « des française, à tout subordonné qui La Haye. Encore faudrait-il damentaux inspirent ce droit des dommages collatéraux » – dont la refuserait d’exécuter un ordre de connaître ces règles. Il ne suffit conflits armés. Une logique d’hu- population serait victime – se ses supérieurs manifestement illé- pas que le Bulletin officiel des ar- manité, d’abord. On ne peut pas produisent dans le feu de l’action, gal et contraire au droit des mées françaises les ait récapitu- user de n’importe quel moyen, ni mais « à condition que les dom- conflits. Cette opportunité, même lées, pour ce qui est de leur ultime de n’importe quelle méthode de mages collatéraux ne soient pas ex- si son application est délicate, a version, en 1998, pour que tous guerre. Ainsi de la torture, des cessifs par rapport à l’avantage mi- été officiellement reconnue, y les personnels sous l’uniforme, traitements qualifiés de « cruels », litaire concret et direct attendu ». compris dans le statut général des appelés en intervention exté- d’« inhumains » ou de « dégra- militaires, et elle se fonde sur des rieure, aient eu entre les mains dants » par les conventions inter- RÈGLES DE COMPORTEMENT arguments éthiques. Un tel re- l’outil pédagogique capable de nationales. « Toute bataille gagnée Dans le détail des textes qui les cours s’affranchit de la voie hiérar- « cadrer » leur action sur le ter- au mépris de la dignité humaine, régissent, sont décrits les crimes chique, jusqu’au ministre de la dé- rain. est-il notamment expliqué, est, en de génocide, de guerre, contre fense, qui statue en dernière C’est la raison qui a incité la di- effet, tôt au tard, une bataille per- l’humanité ; la légitime défense analyse. Mais il comporte des li- rection des affaires juridiques, au due. » Un principe de discrimina- ou les règles d’engagement et de mites, voire des inconvénients, ministère français de la défense, à tion ensuite. C’est une autre ver- comportement selon qu’il s’agit comme le devoir fait au subordon- rédiger un manuel, rendu public sion d’un principe connu, d’opérations de maintien, de sou- né d’être assuré de son jugement, jeudi 4 janvier, qui servira à ins- aujourd’hui, sous le vocable de tien, d’imposition ou de rétablis- de n’avoir commis lui-même au- truire les membres des armées « principe de précaution ». Il faut sement de la paix. La direction cune erreur d’appréciation et de françaises déployées hors des tout faire pour que les belligé- des affaires juridiques rappelle ne pas en appeler à tort et à tra- frontières. Ce manuel se présente rants distinguent les cibles mili- que les infractions aux règles du vers à l’arbitrage supérieur. sous la forme d’un abécédaire de taires des objectifs civils (popula- droit des conflits, si elles sont avé- cent quarante pages, consultable tions et biens) « qui ne doivent rées, sont sanctionnables par les Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ0501--0003-0 WAS LMQ0501-3 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0260 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 3 Plus de 60 000 personnes ont manifesté à Prague pour l’indépendance de la télévision publique Le mécontentement grandit contre les principaux partis politiques Lors du plus grand rassemblement tenu à volonté de mainmise des deux principaux partis par des journalistes qui demandent la démission Prague depuis 1989, des dizaines de milliers de politiques sur la télévision publique. Les locaux du directeur. Le gouvernement social-démocrate personnes ont dénoncé, mercredi 3 janvier, la de la chaîne sont occupés depuis deux semaines cherche à désamorcer la crise.

PRAGUE puis deux ans, selon lequel l’ODS Cette politisation rampante de Le retentissement à l’étranger de notre correspondant permet au CSSD minoritaire de la télévision publique a même eu de cette grève à la télévision A Prague, les mois de janvier se gouverner, en échange de postes- raison de la loyauté de M. Zeman tchèque semble avoir aussi suivent et se ressemblent. L’an clés dans des institutions de l’Etat. qui, jusqu’à ces derniers jours, convaincu le gouvernement so- dernier, quelques dizaines de mil- Dénoncée à de nombreuses re- avait observé un silence bienveil- cial-démocrate de trouver rapide- liers de personnes réclamaient prises par le président Vaclav Ha- lant sur « la bataille de la télévi- ment une solution. Les syndicats dans la rue le départ du premier vel, mais jusqu’alors sous-estimée sion ». Le premier ministre a esti- de journalistes de plusieurs pays ministre et chef du parti social-dé- par la population tchèque, la mise mé, mercredi, « comprendre les et la Fédération internationale des mocrate (CSSD), Milos Zeman, et en coupe réglée des institutions demandes de démission de M. Ho- journalistes, ainsi que l’associa- du président de la Chambre des publiques par les deux partis, qui dac », à la vue de la composition tion Reporters sans frontière, ont députés et du Parti démocratique se partagent leurs sphères d’in- de la nouvelle direction de CT. apporté leur soutien aux grévistes. civique (ODS, droite), Vaclav fluence, est apparu en plein jour M. Zeman a été sensible aux argu- Ils ont aussi alerté la Commission Klaus. Un an plus tard, plus de avec la désignation de Jiri Hodac à ments de son successeur désigné à européenne, lui demandant de se soixante mille manifestants (selon la tête de la télévision par un la tête du CSSD, le vice-premier pencher sur les « atteintes à la li- Une radioactivité faible les organisateurs) ont participé, Conseil dominé par cinq délégués ministre des affaires sociales, Vla- berté d’expression » en République mercredi 3 janvier, à un rassemble- ODS et trois CSSD. dimir Spidla, qui a tenté de jouer tchèque, pays candidat à l’adhé- ment de soutien aux journalistes l’intermédiaire entre les grévistes sion à l’Union européenne. mais une haute toxicité chimique de la télévision publique (CT), en UNE PURGE SANS PRÉCÉDENT et M. Hodac. Une réunion extraordinaire de grève-occupation depuis quinze Ce journaliste, qui collabora Favorable à la démission de ce la Chambre des députés consacrée AVANT le « syndrome des Bal- par les états-majors et par les in- jours pour protester contre la no- avec le régime pro-soviétique des dernier, M. Spidla, qui mènera le à la crise à CT pourrait permettre, kans », qui motive aujourd’hui les dustriels de l’armement. Il a été re- mination d’une nouvelle direction années 70 avant d’émigrer en 1980 CSSD aux prochaines élections lé- vendredi 5 janvier, de trouver une demandes d’explications de plu- tenu parce qu’il permet d’amélio- inféodée à l’ODS (Le Monde du en Grande-Bretagne et de travail- gislatives, prévues en 2002, a par- issue en révoquant le Conseil de la sieurs pays membres de l’OTAN, il rer – par rapport au tungstène 29 décembre 2000). ler à la rédaction tchèque de la ticipé à la manifestation. Sous les télévision et, par la même, y a eu le « syndrome de la guerre du traditionnel – la capacité d’un Cette dernière manifestation, la BBC, est un proche de M. Klaus. huées de la foule, il a annoncé que contraindre M. Hodac, privé de Golfe ». Pour la première fois, en obus, tiré par un char, ou d’une ro- plus importante dans le pays de- Les collaborateurs qu’il a amenés le gouvernement avait adopté un son dernier soutien, à la démis- juillet 1993, le journal de l’armée quette, lancée depuis un avion ou puis la « Révolution de velours », avec lui dans le cadre d’une purge projet d’amendement à la loi sur sion. Le président Havel, qui a re- de terre américaine a fait mention un hélicoptère, à perforer un blin- est révélatrice du mécontentement sans précédent à la tête de CT sont la télévision prévoyant un nou- poussé son départ en vacances à de l’usage de munitions à uranium dage adverse. C’est la pointe de croissant de la population face à la tous, peu ou prou, liés à l’ODS ou veau mode de désignation du Lanzarote en raison de la situation appauvri (UA) contre les troupes l’obus-flèche ou de la roquette qui classe politique, et, singulièrement, personnellement à M. Klaus, à Conseil de la télévision. L’adop- politique, compte également sur de Saddam Hussein. Le Army est recouverte d’un tel matériau. devant les deux principaux partis, commencer par la directrice de tion de cet amendement, qui doit les députés pour mettre un terme Times, reprenant une enquête du L’UA, en raison même de ses per- accusés d’employer des méthodes l’information, Jana Bobosikova, encore être voté par le Parlement, au conflit. bureau des évaluations technolo- formances, sert accessoirement à d’un autre temps. Ceux-ci sont liés qui fut conseillère de l’ex-premier constitue une des revendications giques du Congrès, révélait que, durcir le blindage de protection par un « accord d’opposition » de- ministre. des journalistes contestataires. Martin Plichta sur les 148 GI morts en opération d’un char face à des tirs ennemis. dans le Golfe, 34 furent tués par La plupart des scientifiques esti- des tirs « amis » et que, parmi ces ment que l’UA est très peu radio- derniers, 15 l’ont été par des armes actif, dès lors que sa radioactivité, UA. Une trentaine de véhicules comme l’affirme le médecin géné- En Grande-Bretagne, vrais châtelains contre « aristostars » américains – notamment des chars ral Henri Delolme, sous-directeur LONDRES qu’ils ont des ambitions architecturales. Le mé- de bienfaisance de leur paroisse, pratiquent le Abrams et des blindés Bradley – du service de santé des armées de notre correspondant lange des styles multiplie les risques de fautes de cricket, la chasse à courre ou le polo et en- ont été contaminés, leur protec- françaises, est surtout à base de A première vue, se comporter comme un goût. » Quant aux journaux populaires, ils ont voient leurs enfants dans les meilleurs collèges tion perforée par de telles muni- rayonnements alpha et qu’elle est aristocrate anglais n’est pas plus difficile que la fait leurs vaches grasses de ce faux pas de privés. « A l’inverse des nobles souvent désargen- tions. inférieure à celle de la radioactivité plupart des autres choses que l’homme est ca- l’homme aux vingt et une victoires en Grand tés, ces hobereaux ont les moyens financiers né- Cette même étude de l’office du naturelle dans les mines d’uranium pable d’accomplir. Mais cela prend beaucoup Prix qui s’est décrit un jour comme le « gentle- cessaires pour recréer les splendeurs passées de Congrès avouait qu’il était impos- ou, par exemple, dans certaines de temps avant d’acquérir cette patine inimi- man pilote ». ces belles résidences. Ils organisent des fêtes sible de prévoir le nombre des dé- terres granitiques du centre de la table. Les stars du show business et du sport somptueuses et entretiennent une domesticité France. Ces rayonnements sont fa- qui, de nos jours, investissent la haute société CRICKET ET ŒUVRES DE BIENFAISANCE digne de l’avant-guerre », indique Perry Press, cilement arrêtés. Mais la toxicité du royaume en font la cruelle expérience. A l’instar de Damon Hill, on ne compte plus fournisseur attitré de manoirs aux beautiful La France utilise une de l’UA est, d’abord, de nature A quarante et un ans, Damon Hill a tout : les vedettes du spectacle et du sport qui sont people dans un rayon de cent kilomètres au- chimique, c’est-à-dire comparable gloire, argent, famille et, depuis peu, une vaste devenues de gros propriétaire terriens. George tour de l’aéroport londonien d’Heathrow. technologie similaire à celle que dégage tout métal demeure de style néoclassique datant du début Harrison, Eric Clapton, Elton John, tout Mais la cohabitation entre les deux mondes lourd. du siècle. Le champion du monde 1996 de For- comme Jackie Stewart, le boxeur Chris Eubank n’est pas exempte de frictions. Le parfum de La France a mis au point des mule 1 a requis les talents d’un décorateur du ou le footballeur David Beckham, possèdent scandales (drogue-sexe) du passé entourant obus-flèches à uranium appauvri DES PARTICULES TRÈS FINES Tout-Londres dont le goût ne saurait s’expri- des demeures seigneuriales et des milliers certains rockers, l’ascension sociale trop (UA), qui équipent ses chars de De sorte que la menace majeure mer à moins d’un million de livres, pour amé- d’hectares dans les shires, les comtés ruraux de voyante, les intérieurs trop richement décorés combat Leclerc depuis leur mise en pour la santé réside dans le double nager son château de Godalming (Surrey). l’Angleterre. Mick Jagger est ainsi propriétaire de la jet-set peuvent choquer la haute société service à partir de 1991. Ces obus fait suivant. D’un côté, l’uranium, Mais la construction de trois jardins d’hiver, d’un château tricentenaire près de Londres couleur muraille. Malgré l’avènement de la sont des obus de 120 millimètres. même peu radioactif, peut se fixer l’utilisation de briques roses et de tuiles tape- avec des pièces superbement réaménagées dé- méritocratie, la division des classes teintée de En principe, en 2005, l’armée de sur le squelette, les zones vascula- à-l’œil et le remplacement des portes d’époque corées d’antiquités et de tableaux de maîtres. snobisme reste profonde outre-Manche. Ainsi, terre française disposera de l’inté- risées des os, les ganglions lym- par des battants blindés lui ont valu les sar- Exposée au milieu des disques d’or recouvrant sur la photo de sa rencontre avec l’héritier au gralité de ses 406 chars Leclerc. A phatiques ou le foie devenant des casmes du magazine Country Life. tous les murs du salon-fumoir, une photo le trône, l’ex-chanteur des Rolling Stones a gardé l’heure actuelle, seize d’entre eux sites de rétention dans le corps. De Cette institution qui réfléchit sur papier gla- montre en habit en compagnie du prince ostensiblement une main dans la poche de son sont basés au Kosovo, depuis l’en- l’autre côté, les pointes des armes cé tous les visages de la vraie upper class, a Charles. pantalon. Faux pas ou ultime provocation de trée de l’OTAN en juin 1999, mais fabriquées avec l’UA se vaporisent qualifié de « kitsch » cette rénovation flam- Les nouveaux châtelains ont certes adopté « l’aristostar » ? les munitions UA n’ont, selon le au moment de l’impact et donnent boyante : « Jusque-là, les nouveaux venus se li- les us et coutumes de la gentry de la campagne. ministre de la défense, Alain Ri- naissance à des aérosols de parti- mitaient à décorer leur intérieur. Mais voilà Ils se dépensent sans compter pour les œuvres Marc Roche chard, jamais été employées. cules très fines que des combat- C’est sur le causse de Gramat tants et la population avoisinante (Lot) que la conception de ces peuvent ensuite inhaler. armes a débuté, voire que les pre- C’est cette dernière hypothèse L’arrivée de la Grèce ne bouleversera pas l’Union monétaire miers tests ont eu lieu, mais qui, dans le cas du Golfe et dans d’autres sites ont contribué à leur celui des Balkans, est la plus pro- mise au point. A des titres divers bable. « Le risque chimique, admet La BCE demande à Athènes de mettre en œuvre de nouvelles réformes structurelles ont été associés plusieurs parte- le médecin général Delolme, pro- naires, comme l’établissement viendrait d’une absorption digestive FRANCFORT sule hellénique sera comparable à 1,6 % du PIB en 1999, année de ré- poussée de fièvre dans le courant technique de Bourges (Cher), le ou d’une inhalation respiratoire, qui de notre correspondant celui du Portugal. férence pour l’adhésion, soit en de l’année 2000, pour remonter à site du Commissariat à l’énergie a lieu lors de la projection de pous- Un grand pas pour la Grèce, un Le gouverneur de la Banque deçà du seuil limite de 3 %, l’en- 4,2 % en rythme annuel en no- atomique de Vaujours-Moronvil- sières dans l’atmosphère suite à petit bon pour l’Union monétaire : centrale grecque, Loucas Papade- dettement public représentait en- vembre. liers (Seine-Saint-Denis) et les l’impact ou, mais à un moindre ni- l’élargissement de la zone euro est mos, qui siégera au conseil de la core 104,4 % du PIB, largement au- Trois types de raisons expliquent usines du constructeur du char veau, lors de la remise en suspension une première depuis l’avènement BCE, est précédé d’une réputation delà des 60 % fixés par le traité de ces tensions. L’effet des réductions AMX-30, puis du Leclerc, le groupe ultérieure de la poussière contami- de la monnaie unique, en janvier de rigueur à la hauteur des progrès Maastricht. Le rapport de conver- d’impôts, et certains accords pas- GIAT industrie, situées à Salbris née, autour des impacts de muni- 1999. Wim Duisenberg, le pré- réalisés par son pays ces dernières gence publié par la BCE en mai sés avec les milieux d’affaires pour (Loir-et-Cher). tions. » Les zones à risque, sur sident de la Banque centrale euro- années. C’est lui, entre autres, qui 2000 adressait une mise en garde stabiliser les prix ont tout d’abord place, sont donc celles de l’envi- péenne (BCE), n’a pas boudé son a piloté d’une main de fer le spec- voilée à Athènes. Saluant les pro- tendance à s’estomper. La Grèce ronnement immédiat des véhi- plaisir, mi-décembre, en com- taculaire recul de l’inflation, pas- grès accomplis, la BCE avait sou- serait ensuite plus sensible que ses cès ultérieurs parmi les soldats cules blindés qui ont été détruits mentant l’événement. Le nouveau sée de 20 % en 1990 à 2,7 % en ligné qu’« il est particulièrement partenaires à l’envolée des prix américains qui pourraient encore par des armes UA. Dès que l’ura- venu permet à l’Union monétaire 2000, tout en stabilisant la mon- important que la Grèce consente des énergétiques. Enfin, le mouvement conserver des éclats d’armes UA nium entre dans l’organisme, ce de démontrer qu’elle est suscep- naie nationale, la drachme. efforts permanents en vue de favori- de baisse des taux d’intérêt, qui dans leurs chairs. corps forme de petites aiguilles in- tible de s’élargir, alors que les C’est lui aussi qui a supervisé ser la stabilité durable des prix ». s’est achevé, mercredi 27 dé- La guerre du Golfe a fourni l’oc- solubles qui envahissent progres- autres candidats naturels à l’euro l’ultime étape de rapprochement cembre, avec l’adoption des taux casion de tester, pour la première sivement les poumons ou les reins – Grande-Bretagne, Suède et Da- avec l’Union monétaire, réduisant en vigueur dans la zone (4,75 %) fois en vraie grandeur, ces muni- et y provoquent des dégâts impor- nemark – semblent avoir du mal à par étape le niveau des taux d’inté- Le regain de force empêche de contrecarrer les ten- tions de tous calibres qui équipent, tants. « Cette toxicité de l’UA, surmonter leurs réticences. rêt, pour les faire converger avec sions à la hausse des prix. dans les forces américaines, des ajoute le médecin général De- Toutefois, le président de la BCE ceux de la zone euro. L’orthodoxie de la monnaie Toutefois, vu le poids écono- chars Abrams, des avions d’assaut lolme, peut induire des tubulopa- a laissé entendre que l’enjeu prin- de M. Papademos ne devrait pas mique de la Grèce, l’optimisme A 10 et des hélicoptères d’attaque thies rénales. » cipal de cette adhésion concernait faire fausse note au sein d’un unique enregistré domine. Le regain de force de la Apache. C’est au Koweït même et A l’OTAN, les Américains ont été moins l’union que la Grèce elle- conseil des gouverneurs où il vient monnaie unique enregistré depuis dans l’est de l’Irak qu’elles ont été réticents, jusqu’à présent, à fournir même : « C’est en effet un moment renforcer le poids des « petits depuis quelques quelques semaines ne devrait pas le plus souvent employées. De- des informations détaillées sur historique. Il est à la fois très satis- pays », dont la croissance et le ni- être menacé par ce premier élar- puis, comme ces mêmes armes ont leurs tirs dans les Balkans, comme faisant et gratifiant pour un veau d’inflation, à l’instar de l’Ir- semaines ne devrait gissement. « Le seul risque pour servi dans les Balkans, en Bosnie et ils ont mis du temps à instaurer, en membre de l’Union européenne lande, sont au-dessus de la l’euro et la stabilité économique de au Kosovo, l’inquiétude des 1996, soit cinq années après la d’être capable de remplir tous les moyenne. pas être menacé la zone serait celui d’une instabilité pays qui ont fait partie de la guerre du Golfe, un système de critères relatifs à l’entrée dans la Néanmoins, la Grèce est atten- politique en Grèce, ce qui n’est ac- coalition anti-Milosevic trouve à suivi médical des « vétérans » vic- zone euro. Nous devons reconnaître due au tournant. Son adhésion a tuellement pas le cas », indiquait s’alimenter. times des armes UA, qui sont pro- que la Grèce a fait de grands et suscité des vagues chez certains M. Duisenberg estime d’ailleurs récemment Marc Touati, écono- Au banc des accusés, l’uranium duites dans plusieurs usines, dans louables efforts pour atteindre ce experts, en particulier du côté de que le douzième pays de l’euro miste de Natexis/Banques popu- appauvri est constitué à plus de le Tennessee, l’Etat de New York palier. » la Bundesbank allemande, où l’on « continue d’avoir beaucoup de tra- laires. L’adhésion représente néan- 99 % de l’isotope 238, lequel, aux (fermée depuis), l’Ohio et le Min- De fait, l’adhésion de la Grèce, n’est pas toujours convaincu par vail à faire ». La BCE a d’ores et moins un défi d’envergure pour le côtés des isotopes 235 et 234, entre nesota. La Grande-Bretagne, pour l’éternelle lanterne rouge des les efforts consentis par Athènes. déjà appelé Athènes à mettre en gouvernement d’Athènes qui perd dans le mélange qui compose sa part, a reconnu en 1993 qu’elle Quinze, ne devrait pas changer « Les marchés financiers ont perçu œuvre de nouvelles réformes ainsi, comme tous les membres de l’uranium dit naturel, décelable détenait de telles armes, dont les grand-chose pour l’Union moné- négativement le fait que les critères structurelles pour accompagner l’union, la possibilité de jouer sur dans des gisements ou dans des tests, pour ses chars Challenger, taire, et ne risque pas de déséquili- de convergence n’aient été remplis son adhésion à l’euro. Du côté de la politique monétaire et les taux mines. Métal le plus lourd et le ont, en réalité, commencé après brer l’édifice. L’économie du nou- que de justesse », observe Chris- Francfort, on craint que la stabili- de change pour stimuler la ma- plus dense au monde, l’UA est 1980. veau promu représente moins de toph Hausen, économiste de la sation des prix ne soit due qu’à des chine économique. d’une faible valeur économique. 2 % de celle de la zone euro, sa po- Commerzbank, à Francfort. Si le facteurs temporaires. L’inflation Ce qui expliquerait aussi son choix Jacques Isnard pulation, 3 %. Le poids de la pénin- déficit budgétaire a culminé à grecque a en effet connu une vive Philippe Ricard LeMonde Job: WMQ0501--0004-0 WAS LMQ0501-4 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0261 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 INTERNATIONAL Yasser Arafat a accepté avec des réserves les idées Joschka Fischer affiche son passé de militant gauchiste BERLIN. Le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, affiche américaines pour la reprise des pourparlers de paix sans se cacher son passé de militant gauchiste, parfois violent, au début des années 70, dans une interview à l’hebdomadaire allemand Stern, à paraître jeudi. « Oui, j’étais militant », a déclaré le ministre Des discussions israélo-palestiniennes pourraient s’engager prochainement écologiste. Le journal publie également des photos jusqu’ici inconnues de l’ac- Le président palestinien Yasser Arafat a ren- comité de suivi et de soutien à l’Intifada de la accepté avec des réserves. Le gouvernement is- tuel vice-chancelier, prises en avril 1973 alors que, âgé de 25 ans, il contré le président égyptien Hosni Moubarak, Ligue arabe. A l’ordre du jour, le plan de paix du raélien a dépêché un émissaire à Washington donnait un coup de poing à un policier pendant une manifestation. jeudi 4 janvier, au Caire, avant une réunion du président américain Bill Clinton, que M. Arafat a pour s’informer de la position palestinienne. Selon Joschka Fischer, la police s’était lancée aux trousses des ma- nifestants après les avoir dispersés. « Alors, pour la première fois, je WASHINGTON 2) Il souhaite connaître tous les terrogations de Yasser Arafat et se ser les bras, étudie les réserves pa- ne me suis pas enfui, mais je suis allé à la rencontre de la police, seul de notre correspondant détails du compromis sur la sou- disent optimistes sur la reprise im- lestiniennes pour voir si elles sont et sans rien dans les mains », a-t-il confié au journal. Il s’est égale- Les Palestiniens ont accepté, veraineté de l’esplanade des Mos- minente de négociations à bas ni- compatibles avec l’architecture de ment souvenu de son passé de squatteur. « Nous avons occupé des avec des réserves, l’ultime plan de quées et du mur des Lamenta- veau qui pourraient, en cas de suc- son propre plan – qu’il n’est pas maisons et, quand celles-ci devaient être vidées, nous nous sommes paix présenté par Bill Clinton. Yas- tions. cès, être suivies d’un sommet question de modifier – ou si elles défendus. On nous a rossés de coups, mais on y a répondu », s’est-il ser Arafat, qui était resté bouche 3) Il n’acceptera de signer un ac- Arafat-Barak avant la passation de en remettent en cause une ou plu- rappelé.– (AFP.) close après ses deux entretiens à la cord mettant fin au conflit que pouvoirs entre Bill Clinton et sieurs de ses fondations. Elle re- Maison Blanche, mardi 2 janvier, lorsque les accords de paix auront George W. Bush, le 20 janvier. cherche les points de convergence, est reparti mercredi vers Le Caire, été exécutés. les bases communes entre les re- Quinze morts dans deux attentats où devait se tenir le lendemain une 4) Il veut connaître avec préci- RÉDUIRE LA VIOLENCE vendications israéliennes et pales- réunion de la Ligue arabe, en se sion la méthode de calcul du pour- C’est sans doute aller un peu tiniennes. Et elle en discutera sé- contentant de dire que « le proces- centage de la Cisjordanie qui sera vite. Les Américains n’ont pas gar- parément à Washington avec les attribués aux islamistes armés en Algérie sus de paix doit aller de l’avant » ; cédé à Israël pour regrouper les dé le souvenir d’un Yasser Arafat négociateurs des deux camps au mais des sources proches de l’OLP colonies de peuplement juives, sa entrant si loin dans les détails. La cours des seize jours qui lui ALGER. Quinze personnes, dont onze militaires, ont été tuées mer- à Washington se montraient opti- localisation exacte et celle du ter- Maison Blanche n’a pas l’impres- restent. Mais on n’a pas encore la credi 3 janvier, à l’est et au sud d’Alger, dans deux attentats attribués mistes sur une reprise des négocia- ritoire qui sera donné aux Palesti- sion non plus d’avoir repris à son certitude, à Washington, de la ve- à des islamistes armés, ont annoncé deux journaux d’Alger. Onze tions avec Israël. Parallèlement, niens en échange. compte les objections de l’OLP, nue imminente d’un émissaire pa- militaires ont été tués dans l’explosion d’une bombe à Teniat Larbaâ Ehoud Barak, le premier ministre 5) Enfin, il souhaite connaître la comme l’affirme celle-ci. Bill Clin- lestinien. dans la région de Batna (400 kilomètres à l’est d’Alger), selon Liber- israélien, a dépêché son chef de délimitation des zones arabe et ton s’est contenté de les trans- Risque-t-on d’assister dans les té. Et quatre personnes ont été égorgées, mercredi, en fin de mati- cabinet, Gilad Sher, dans la capi- juive à Jérusalem-Est, comment mettre à M. Barak et de dire à jours à venir à un déblocage après née, à Laghouat, dans le sud algérien, par un groupe armé, rapporte tale américaine pour être mis au sera assurée leur contiguïté à l’in- M. Arafat que c’est avec les Israé- des mois de sang versé ? Le pré- Le Matin. courant de la position du président térieur de la ville et avec le reste liens qu’il devra en discuter. On ne sident américain ne peut se payer Selon le MAOL, un groupe d’officiers dissidents installés en Europe, de l’Autorité palestinienne et voir de la Cisjordanie. croit pas, du côté américain, à une le luxe d’être pessimiste, entend- le bilan des violences s’établirait, pour l’année 2000, à 9003 victimes si les Palestiniens sont prêts à coo- Avec cette acceptation condi- reprise du dialogue aussi long- on en réponse, et il fera tout, jus- parmi lesquelles 607 militaires, 113 « supplétifs » et 900 « terro- pérer pour juguler le terrorisme et tionnelle, l’OLP estime avoir repris temps que se poursuivra l’escalade qu’à la dernière heure du dernier ristes ». Les autres victimes seraient des civils, selon le MAOL, qui reprendre les pourparlers. l’avantage diplomatique et psy- de la violence qui durcit, de part et jour de son mandat, pour tenter assure que ces chiffres confidentiels émanent du ministère de la dé- Que s’est-il donc passé ? Selon chologique et retourné la situation d’autre, les opinions publiques. Si de relancer la machine, ou du fense. Toujours selon la même source, qui a contacté Le Monde jeudi ces sources proches de l’OLP, en renvoyant la balle dans le camp l’on veut qu’une prochaine négo- moins pour empêcher qu’elle ne 4 janvier, il y aurait eu l’année passée 71 massacres de civils. M. Arafat a « donné sa bénédiction israélien. Elle pense qu’il sera plus ciation ait quelque chance d’abou- s’enraye définitivement. En même aux propositions de Clinton », qu’il difficile à Bill Clinton de l’accuser tir, il faut au préalable, dit-on à temps, le porte-parole du départe- considère comme un grand pas en de bloquer le processus de paix Washington, que les contacts par- ment d’État a parlé de « pas en Des armes nucléaires russes à Kaliningrad, avant pour les Palestiniens. Mais il comme ce fut le cas en juillet viennent à la réduire. C’est d’ail- avant », même s’il reste encore l’a assortie de réserves sur cinq 2000 , après le sommet de Camp leurs ce dont souhaite discuter en bien du travail à faire. Le ministre points fondamentaux : David. Les sources proches de la premier lieu M. Barak. israélien des affaires étrangères, selon le « Washington Times » 1) Il continue de tenir au droit au centrale palestinienne interrogées En attendant, l’équipe présiden- Shlomo Ben Ami, estime que cela retour des réfugiés, tout particuliè- par Le Monde estiment que le pré- tielle américaine, loin d’être relèverait du miracle. WASHINGTON. Les Etats-Unis ont déclaré, mercredi 3 janvier, avoir rement à ceux du Liban, dont Bey- sident américain sortant a quasi- convaincue qu’un accord est pos- l’intention de discuter avec Moscou d’informations selon lesquelles routh souhaite le départ. ment repris à son compte les in- sible, mais qui n’entend pas bais- Patrice de Beer la Russie a déployé des armes nucléaires dans l’enclave de Kalinin- grad, située entre la Pologne et la Lituanie, sur la mer Baltique. « Nous surveillons la situation de près », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Richard Boucher en référence à une informa- tion publiée par Washington Times. Citant des « respon- Circonspection en Israël après le « oui, mais... » palestinien au plan Clinton sables des services de renseignements américains », le journal affirme JÉRUSALEM C’est donc sans profonde conviction que les ayant plusieurs fois déclaré cette semaine qu’il que Moscou chercherait par ce déploiement à renforcer sa pression correspondance Israéliens reprennent le chemin de Washing- ne la céderait jamais, alors que la position du sur l’OTAN. Au mieux, les responsables israéliens sont ton. La décision a été prise dès mercredi soir cabinet de sécurité semblait plus souple. Celui- L’enclave de Kaliningrad est, en principe, une zone dénucléarisée. Le sceptiques sur les possibilités d’aboutir à un ac- par le cabinet de la paix, lequel réunissait ci aurait précisé qu’Israël tenait à conserver la ministère russe de la défense a réagi mercredi en démentant l’infor- cord d’ici à la fin du mandat de Bill Clinton ; au MM. Barak, Sher, Shahak, Beilin, Pérès, Sarid souveraineté sur le sous-sol, où se trouvent les mation. Toutes les armes nucléaires russes, y compris les missiles pire, ils sont suspicieux quant aux intentions de et Uzi Dayan, chef du Conseil de sécurité na- vestiges du Deuxième Temple, premier lieu tactiques, sont à leur emplacement permanent habituel et n’ont été Yasser Arafat. « Compte tenu de la perte pré- tionale. Gilad Sher, directeur de cabinet du saint du judaïsme, et sur toute la longueur du transférées nulle part, a affirmé une source au ministère citée par cieuse de temps engendrée par la réponse tardive premier ministre, devait rencontrer Dennis mur des Lamentations, et non sur la seule par- l’agence russe Interfax.– (AFP. ) d’Arafat à Clinton, et considérant la tiédeur de Ross à Washington, jeudi 4 janvier. Mais les tie où les Juifs prient aujourd’hui. Les Israé- cette réponse, il sera surhumain d’obtenir un ac- négociations ne reprendront que si Yasser Ara- liens ont également formulé des réserves sur le cord avant la fin du mandat de Clinton », décla- fat s’engage publiquement à faire baisser la chapitre de la sécurité. L’état d’urgence est prorogé rait, mercredi 3 janvier au soir, Shlomo Ben violence et que l’Autorité palestinienne coo- Mais le sentiment dominant, en Israël, est Ami. « La chance de conclure un accord dans les père avec les Israéliens contre les terroristes : que la réponse palestinienne arrive trop tard. jours restants relèverait d’un miracle providen- autrement dit, si elle procède à l’arrestation de Trop tard parce que le compte à rebours, avant d’un an au Soudan tiel », a ajouté le ministre des affaires étrangères ceux qu’elle a récemment libérés. A cet effet, le le départ du président Clinton, est largement israélien, en visite en Suède, pays qui assure la président Clinton aurait obtenu la création entamé. Trop tard parce que les élections is- KHARTOUM. Le président soudanais, le général Omar El Bechir, a présidence de l’Union européenne. Cependant, d’un comité de sécurité israélo-palestinien, raéliennes auront lieu dans trente-trois jours décidé de proroger d’une année l’état d’urgence en vigueur dans le il est de « notre plus grande obligation morale et sous la houlette des Américains, mais les Is- et que, désormais, un accord obtenu à la hâte pays depuis décembre 1999, a annoncé, mercredi 3 janvier, l’agence diplomatique » d’essayer, a-t-il aussitôt précisé. raéliens attendent des résultats concrets sur le risquerait d’être perçu comme une manœuvre de presse soudanaise SUNA. Le général El Bechir a promulgué un Mais nombre de responsables israéliens se terrain. Amnon Lipkin Shahak, ancien chef électorale. Le débat sur l’illégitimité du pre- décret présidentiel prorogeant l’état d’urgence jusqu’au 31 dé- demandent surtout si la réponse tardive de d’état-major et ministre des transports, qui se- mier ministre israélien à négocier en période cembre 2001, a précisé l’agence. Le chef de l’Etat soudanais a été réé- M. Arafat ne relève pas d’une manœuvre tac- rait le représentant israélien au sein de ce électorale, initié par la droite et relancé par la lu vendredi pour un deuxième mandat de cinq ans par 86,5 % des tique. Le « oui, mais... » serait alors uniquement comité, devrait rapidement rejoindre les Etats- lettre du conseiller juridique du gouverne- voix au cours d’élections contestées par l’opposition. une façon d’échapper aux conséquences d’une Unis ainsi que Shlomo Ben Ami. ment, Elyakim Rubinstein (Le Monde du 3 jan- M. El Bechir avait décrété l’état d’urgence et dissous l’Assemblée na- réponse négative faite aux Etats-Unis. Ainsi, les vier), s’en trouverait relancé. Trop tard surtout tionale (Parlement) en 1999 pour écarter son éminence grise, deve- Palestiniens ne seraient pas considérés comme TROP TARD parce que, depuis une semaine que les Israé- nue son rival, le dirigeant islamiste Hassan El Tourabi, qui assurait responsables de l’échec de discussions engagées Les Israéliens ont émis leurs propres réserves liens ont donné leur réponse positive aux alors la présidence du Parlement. Décrété le 12 décembre 1999 pour depuis des mois, et ils préserveraient l’image de vis-à-vis des propositions de Bill Clinton. Américains, les attaques et les attentats contre une période de trois mois, l’état d’urgence avait déjà été prolongé l’Autorité palestinienne au sein de la commu- Celles-ci n’ont pas fait l’objet d’une publica- des Israéliens se sont multipliés, faisant par M.El Bechir jusqu’à la fin de l’année 2000.– (AFP, Reuters.) nauté internationale, qui lui apporte d’impor- tion officielle détaillée, mais ont été évoquées 4 morts et des dizaines de blessés. Dans ces tantes aides financières. Pour le journaliste lors de la réunion du cabinet de sécurité du conditions, la majorité des Israéliens, échau- DÉPÊCHES Danny Rubinstein, du quotidien Ha’aretz, il ne 27 décembre, qui avait donné une réponse po- dée, inquiète et méfiante, est de moins en a IRAK : Bagdad a démenti, mercredi 3 janvier, que le président fait guère de doute que le « oui, mais... » de sitive, sous conditions, au plan américain. Elles moins encline à faire des concessions territo- Saddam Hussein ait été victime d’une embolie cérébrale, comme M. Arafat est en fait un « non », compte tenu du consistent surtout dans le refus catégorique riales majeures, notamment sur Jérusalem ; et l’ont affirmé certains médias. Il a été précisé qu’il avait présidé une nombre de « mais » qui assortissent son « oui ». d’accepter un droit au retour des réfugiés en elle risque fort de ne pas approuver un tel ac- réunion du conseil des ministres. La mise au point de Bagdad inter- « Aucun porte-parole palestinien n’a interprété la Israël. A propos de la souveraineté sur le mont cord lors des élections du 6 février. vient après qu’un opposant de l’Assemblée suprême de la révolution réponse d’Arafat à Clinton comme une réponse du Temple – l’esplanade des Mosquées –, la islamique en Irak (ASRII-chiite), basée à Damas, a affirmé, lundi, positive au plan [américain] », précise-t-il. position israélienne est ambiguë, M. Barak Catherine Dupeyron dans un communiqué, que Saddam Hussein avait été victime la veille d’« une sévère embolie cérébrale ».– (AFP.) a BIÉLORUSSIE : les petits commerçants ont entamé, mercredi 3 janvier, une grève nationale pour protester contre l’imposition de Malgré un frémissement, la paix demeure très hypothétique droits de douane sur les marchandises en provenance de Russie, a annoncé le syndicat indépendant des petits entrepreneurs. L’organi- TROIS HEURES d’entretiens, missements qui, tels quels – c’est- Toutes ces questions sont ultra- l’Autorité palestinienne reprennent sation tablait sur une participation d’au moins 150 000 commerçants mardi 2 janvier, à la Maison à-dire en l’absence de précisions – sensibles pour les Palestiniens qui, les négociations – pour l’heure il ou employés. Les grévistes de Minsk, la capitale, prévoyaient de Blanche, entre le président Bill n’autorisent aucun pronostic sur la en un peu plus de trois mois, ont n’est question que de discussions maintenir leur mouvement jusqu’au 5 janvier.– (AFP.) Clinton et le chef de l’Autorité pa- relance effective des discussions, payé un très lourd tribut – plus de par Américains interposés – tout a ETATS-UNIS : Hillary Clinton est entrée, mercredi 3 janvier, lestinienne, Yasser Arafat, ont- ni a fortiori sur leur aboutissement. 300 morts et des milliers de bles- restera encore à faire. Les idées de dans l’histoire politique des Etats-Unis en prêtant serment comme Yasser Arafat était allé aux sés – pour réclamer le respect de M. Clinton sont en effet des lignes sénateur démocrate de l’Etat de New York en présence de son mari. ANALYSE Etats-Unis entendre de la bouche leurs droits. Sur Jérusalem et les ré- directrices, un canevas fait souvent C’est la première fois que l’épouse d’un président en exercice est Si les négociations du président américain des éclair- fugiés, M. Arafat doit également d’« ambiguïté constructive », pour élue au Congrès. La galerie de presse était comble pour cet événe- cissements sur les paramètres sug- consulter les pays arabes, qui re- reprendre une expression chère à ment. Nouvelle star du Sénat, Mme Clinton a indiqué qu’elle voulait reprennent, tout restera gérés et lui dire de vive voix jettent toute souveraineté israé- l’administration américaine. Les être traitée comme ses collègues, sans favoritisme.– (AFP.) encore à faire pour – après les lui avoir communi- lienne sur les Lieux saints musul- deux parties devront, sur cette aboutir à un accord quées par écrit – quelles sont les mans, voire sur l’ensemble de base, tenter de parvenir à une en- objections palestiniennes. Celles- Jérusalem-Est, et dont certains ac- tente, à un moment où la défiance Manifestations en Equateur ci concernent des questions fon- cueillent depuis cinquante-deux réciproque a atteint des sommets, elles vraiment suffi à débloquer le damentales, telles que celle de Jé- ans la majorité des quelque 4 mil- où le premier ministre israélien est processus de paix israélo-palesti- rusalem-Est – et plus spécifique- lions de Palestiniens chassés ou en équilibre instable à domicile et contre la politique économique nien ? Rien n’est moins sûr, tant il ment l’esplanade des Mosquées – ayant fui leurs foyers lors des où la population palestinienne es- est vrai que les inconnues sont en- ou celles des réfugiés, de la conti- guerres de 1948 et de 1967. Le pré- time n’avoir plus rien à perdre que QUITO. De violentes manifestations d’étudiants se sont poursuivies, core nombreuses. nuité territoriale du futur Etat pa- sident palestinien devait faire un ses chaînes. Si séduisante soit-elle mercredi 3 janvier, en Equateur, pour la deuxième journée consé- M. Arafat a accepté, « avec des lestinien, de l’étendue des terri- premier compte-rendu, jeudi, au au niveau des idées, l’« ambiguïté cutive, contre une importante hausse du prix des combustibles et réserves », les paramètres que le toires qui seraient restitués par Caire, à un petit nombre d’entre constructive » se révèle souvent dif- des transports (respectivement 75 % et 100 %). Malgré ces troubles, chef de l’exécutif américain a pro- Israël, des colonies de peuple- eux. Les « frères » arabes l’aban- ficile à mettre en pratique. Les sept qui ont fait 7 blessés et entraîné 67 arrestations selon la police, le posés comme base pour la reprise ment, des frontières, du contrôle donneront-ils en rase campagne années qui se sont écoulées depuis gouvernement a réaffirmé sa détermination à poursuivre sa poli- des négociations entre Israël et les des ressources, bref de tous les – quitte à l’accuser de « trahison » les accords dits d’Oslo l’ont suffi- tique économique. « Le pays doit aller de l’avant », a déclaré le mi- Palestiniens. Le gouvernement is- attributs de la souveraineté (Le s’il fait des concessions – ou lui samment montré, ce qui explique nistre de l’intérieur, Juan Manrique, qui a exclut pour l’instant de dé- raélien d’Ehoud Barak, qui a déjà Monde du 4 janvier). Cela fait apporteront-ils clairement leur l’insistance palestinienne à voir les créter l’état d’urgence. accepté, avec « des réserves » lui beaucoup, même s’il est généra- soutien ? choses écrites noir sur blanc et des- Luis Villacis, président du Front populaire (FP, gauche), à l’origine aussi, les idées de M. Clinton, a lement admis que les problèmes Dans la meilleure des hypo- sinées sur des cartes. des mouvements de protestations a annoncé, mercredi, le lance- aussitôt dépêché un émissaire au- les plus épineux sont ceux de Jéru- thèses, c’est-à-dire si, malgré leurs ment progressif de manifestations sur l’ensemble du pays.– (AFP.) près de ce dernier. Ce sont des fré- salem et des réfugiés. « réserves » respectives, Israël et Mouna Naïm LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 5 (Publicité) 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001

JUSTICE La mise en liberté sous 2 janvier, de l’interdiction faite au se défend pourtant de toute implica- la France, qu’il avait créé avec Philip- développé, en Afrique, des réseaux caution – qui n’a pas été versée – de fils de l’ancien président de la Répu- tion dans les ventes d’armes en pe de Villiers, s’accompagne d’un dif- débordant du pré carré francopho- Jean-Christophe Mitterrand a été blique de rencontrer Charles Pasqua Angola, qui ont valu à M. Mit- férend entre les deux hommes au ne. A Luanda, José Leitao, secrétaire assortie par la chambre de l’instruc- et l’un des proches de ce dernier, terrand sa mise en examen. sujet du financement de ce parti. général de la présidence angolaise, tion de la cour d’appel de Paris, le Jean-Charles Marchiani. M. Pasqua b L’ÉCHEC du Rassemblement pour b L’EX-MINISTRE de l’intérieur a jouait un rôle-clef dans ce dispositif . Charles Pasqua nie toute implication dans les ventes d’armes en Angola Mis en cause indirectement par l’interdiction faite à Jean-Christophe Mitterrand de le rencontrer, le président du RPF est menacé, en outre, par le témoignage que son ancien allié, Philippe de Villiers, s’apprête à donner au juge chargé de l’enquête sur l’affaire Falcone

« TOTALEMENT TRANQUILLE » sion de la chambre d’instruction 55e et 25e positions. Ce que ne Le président du RPF dénonce, de quant aux conséquences politi- de la cour d’appel de Paris, qui a dément pas M. Pasqua. « Mais ça son côté, la « démarche de délation ques de cette nouvelle affaire, assorti la mise en liberté de Jean- ne le regarde pas ! Des amis, des minable » de son ancien compa- Charles Pasqua ne juge pas moins Christophe Mitterrand d’une inter- colistiers ont le droit de me faire con- gnon. « Il ne s’est pas remis du fait « scandaleux de voir associer [son] diction de le rencontrer ou de ren- fiance. Villiers pratique l’amalgame. que, lorsqu’il a quitté le RPF, les mili- nom » à l’enquête sur un trafic d’ar- contrer l’ancien préfet Jean-Char- Qu’une Française vivant au Gabon tants ne l’ont pas suivi », dit-il. En mes avec l’Angola. Candidat les Marchiani, bien que l’un et me prête de l’argent, c’est une chose, réponse aux « fantasmes » que cer- depuis un an, presque jour pour l’autre ne soient pas poursuivis mais ce n’est pas le Gabon, ce n’est tains nourrissent sur ses « préten- jour, à l’élection présidentielle, dans le cadre de l’instruction pas [le président] Bongo, qui me prê- dus réseaux », il récuse toute impli- l’ancien ministre juge que cette menée par le juge Philippe Cour- te », affirme M. Pasqua. cation dans l’affaire du trafic d’ar- échéance fait monter la tension. roye. Ce dernier n’a en effet enten- mes. Il ne connaît pas le marchand « Ils s’attaquent bien à Chirac, pour- du que brièvement M. Pasqua, fin « DÉLATION MINABLE » d’armes Pierre Falcone, il n’a ren- quoi ne s’attaqueraient-ils pas à décembre, lors de la persquisition Pour M. de Villiers, au contraire, contré l’homme d’affaires Arcadi moi ? Mais, à la différence de de son domicile, de son bureau du « ce prêt de 4 millions, c’est le nœud Gaydamak que « deux fois, à l’occa- Chirac, qui affirme ne pas pouvoir conseil général des Hauts-de-Sei- du problème ». Evoquant la nomi- sion de la libération des pilotes fran- se défendre, moi, je compte bien ne ne et du siège du RPF. Le juge nation de Jean-Charles Legris, pré- çais de Bosnie », et il n’y a « pas eu pas me laisser traîner dans la Courroye a par ailleurs convoqué sident de la compagnie régionale de contrat de la Sofremi avec l’Ango- boue », a-t-il affirmé au Monde. Philippe de Villiers, ancien vice- des commissaires aux comptes de la » lorsqu’il était au gouverne- Pour M. Pasqua, ce « ils » recou- président du RPF, pour l’entendre, Versailles, pour examiner les finan- ment. « En revanche, dit-il, oui, vre « certains magistrats qui instrui- le 10 janvier, sur le financement du ces du RPF, le député de Vendée j’aime l’Afrique et les Africains, et sent à charge, certains milieux de la mouvement, ce dont l’intéressé se ironise : « Ce M. Legris ne pourra j’estime depuis longtemps que les justice, voire de la police, de la fait « un plaisir ». proposer que deux solutions dans pays riches doivent aider à leur déve- presse, de l’ultragauche, qui entre- quelques semaines : ou la liquida- loppement. C’est pourquoi je déplo- tiennent une campagne de dénigre- GESTION « FANTAISISTE » tion du RPF, ou la nomination d’un re à la fois la politique africaine du ment ». « Ils ont essayé de me coller « Je vais lui raconter l’histoire de administrateur judiciaire auprès du premier ministre et l’absence de poli- dans l’affaire Elf, ils n’y sont pas arri- mes doutes et de leur gradation »,a futur président de la République. » tique africaine du président de la vés », ajoute le président du RPF, confirmé au Monde le député de tions restaient sans réponse, mais francs, M. de Villiers décide de quit- Tout aussi mordant, il confirme en République. » La main sur le cœur, avant de soupirer : « Dans quel Vendée. Le contentieux sur le les proches de Pasqua affichaient ter le RPF. « On n’imagine pas Bay- ces termes les menaces dont il M. Pasqua ajoute : « Je n’ai jamais pays vit-on ? » financement du RPF n’est pas nou- une grande sérénité face aux difficul- rou ou Hollande en mesure de con- serait l’objet : « M. Pasqua est été cherché de l’argent à l’étranger, En sa qualité d’ancien ministre, veau (Le Monde daté 22-23 octo- tés financières du mouvement. C’est sentir un prêt personnel de 4 mil- entouré de voyous à pois chiches qui ni au RPR, où ce n’était pas mon M. Pasqua a donc annoncé, mer- bre 2000). M. de Villiers reproche à cette sérénité qui m’a inquiété », lions à leur parti », dit-il aujour- se croient autorisés à parler en son rôle, ni pour le RPF, dont les fonds credi 3 décembre, sur RTL, qu’il son ancien colistier des élections affirme M. de Villiers. d’hui. Ce prêt, précise-t-il enfin, est nom pour m’envoyer des messsa- sont d’ailleurs si peu nombreux avait saisi le garde des sceaux pour européennes de l’avoir écarté, Au cours de l’été, après avoir garanti par deux personnes, Mar- ges. » M. de Villiers se défend, qu’ils seront vite identifiés. » Et lui demander d’engager des procé- depuis la création du RPF, à la fin pris connaissance de l’ampleur du the Mondolini et Robert Assadou- enfin, de procéder à un règlement d’ajouter, paraphrasant M. Chi- dures en diffamation contre tous 1999, de la gestion financière du trou financier du RPF – qu’il chiffre rian, domiciliées l’une à Libreville, de comptes politique, mais, ajou- rac : « Si j’étais un homme d’argent, ceux qui le mêleraient à l’affaire mouvement. Il dit avoir découvert à 9 millions de francs – et de l’ap- au Gabon, et l’autre à Monaco, et te-t-il, « je ne vois pas pourquoi un ça se saurait depuis longtemps. » du trafic d’armes. Il a par ailleurs peu à peu la gestion « fantaisiste » port d’un prêt personnel de M. Pas- présentes sur la liste des élections homme politique ne témoignerait déclaré « extraordinaire » la déci- ou « opaque » du RPF. « Mes ques- qua d’un montant de 4 millions de européennes, respectivement en pas devant la justice ». Jean-Louis Saux

Perquisition au siège de la Sofremi Les contradictions du Rassemblement pour la France l’ont conduit à l’impasse « CHARLES PASQUA n’est pas fait pour être liers, venait de recueillir 13,05 % des voix et lités. Les villiéristes, qui gagnent 57 fédéra- RPF ne veut plus être l’outil d’un rassemble- Le juge Philippe Courroye et les chef de parti. C’est un animateur, un orateur devançait celle de et d’Alain tions sur 94, espèrent sortir renforcés dans les ment », déclare-t-il, lui qui défend que « les policiers de la brigade financière brillant, un chef de réseau mais pas un chef de Madelin. Et, ce n’est pas moins de six mille instances nationales mais, au lieu d’organiser électeurs de droite et de gauche peuvent dans ont conduit, mercredi 3 janvier, parti », commente tristement ce proche du personnes qui se sont déplacées, les 20 et des élections, M. Pasqua annonce en juin qu’il des circonstances particulières, comme le rejet une perquisition au siège de la président du Rassemblement pour la France 21 novembre 1999, pour le congrès constitutif entend organiser un référendum auprès des de l’Europe, se retrouver sur un seul nom ». Société française d’exportation de (RPF) et président du conseil général des du RPF. Très vite pourtant ont éclaté les ambi- militants pour s’accorder les pleins pouvoirs. D’autres, encore au RPF sans plus y croire matériel et de systèmes du minis- Hauts-de-Seine. Après treize mois d’ex- guités, les quiproquos, sur lesquels s’était C’en est trop pour M. de Villiers qui annonce, vraiment, craignent que M. Pasqua s’englue tère de l’intérieur (Sofremi). L’an- istence, l’aventure RPF, qui devait être la construit le nouveau parti. Coexistence de le 19 juillet 2000, son départ du RPF. Il évoque dans les élections locales et ajoute à l’ambigui- cien directeur général de cette machine de guerre de Pasqua candidat à la deux cultures, l’une profondément catholique « la rumeur d’un trou financier de 9 millions de té de son positionnement. Ils déplorent qu’il société, Bernard Poussier, avait présidence de la République, se révèle en et conservatrice défendue par M. de Villiers, francs, creusé par le secrétaire général, Jean-Jac- ait confié les clefs du parti à ses collaborateurs été mis en examen et incarcéré le effet une expérience peu concluante. Elle l’autre plus sociale et républicaine, soutenue ques Guillet, et la gestion opaque du RPF ». des Hauts-de-Seine, le député Jean-Jacques 14 décembre, dans l’enquête sur vaut à l’ex-ministre de l’intérieur son plus fer- par M. Pasqua. Parallèlement Charles Pasqua fait face aux Guillet, et l’ancienne secrétaire départementa- les ventes d’armes en Angola. Les vent ennemi en la personne de Philippe de critiques de proches défendant un souverai- le du RPR, Isabelle Caullery, laissant ainsi pen- enquêteurs soupçonnent la Sofre- Villiers, ex-vice-président du RPF, ainsi que LES PLEINS POUVOIRS nisme « ouvert » comme William Abitbol. ser que les élections cantonales dans ce dépar- mi d’avoir favorisé des exporta- l’éloignement de compagnons qui voyaient Coexistence aussi de deux stratégies avec « Vous avez tué le RPF », lance celui-ci lors du tement l’inquiéteraient (lire ci-dessous). Il est tions d’armement vers ce pays en dans le porte-parole du « souverainisme » un ceux qui souhaitent un ancrage à droite et les bureau politique du 9 mai. Selon M. Abitbol, vrai que son élection à la présidence dépendra dépit des interdictions gouverne- futur président de la République, en rupture autres – minoritaires – qui veulent un vaste Charles Pasqua, en déjeunant le 12 avril avec du RPR et de l’UDF. Ils s’inquiètent des sonda- mentales. Certains de ces contrats avec le RPR et l’UDF. rassemblement débordant sur la gauche. , a lancé « des signaux contradic- ges qui, en juin 1999, évaluaient à 16 % les auraient été conclus par la société Tout semblait pourtant sourire à M. Pasqua Les élections des responsables départemen- toires » avec la stratégie de rupture de candi- personnes prêtes à voter pour des députés Brenco, dont le dirigeant, Pierre au lendemain des élections européennes de taux, qui ont lieu de décembre 1999 à mars dat à la présidence de la République. Et, le RPF, et seulement à 6 % en décembre 2000. Falcone, est lui aussi incarcéré 1999. La liste souverainiste qu’il avait présen- 2000, donnent lieu à violents affrontements 30 novembre, M. Abitbol annonce dans les depuis le 1er décembre 2000. tée avec le député de Vendée, Philippe de Vil- entre les représentants des différentes sensibi- colonnes du Monde qu’il quitte le RPF. «Le Christiane Chombeau Le mille-feuille africain de l’ancien ministre de l’intérieur Les élus des Hauts-de-Seine LORSQUE, en janvier 1997, le Sofremi, la Société pour l’exporta- Dubost, au sein d’une SA, Moncey cain » de ses deux promoteurs. Jac- nouveau PDG d’Elf Aquitaine, Phi- tion de matériel de sécurité du Investissements. Mais l’opposition ques Chirac a mis quatre ans pour s’interrogent sur l’après-mars lippe Jaffré, décide de se rendre en ministère français de l’intérieur, du de la Banque mondiale, et une for- s’apercevoir du danger. Le 12 octo- Angola, l’eldorado pétrolier de temps où M. Pasqua en était le titu- te pression sud-africaine, étaient bre 1992, il adresse une lettre à NANTERRE L’arrivée de Nicolas Sarkozy, qui, loin le plus prometteur d’Afrique, laire. L’associé de fait de Pierre Fal- venues à bout de son audace. tous les dirigeants du RPR, leur rap- de notre correspondant s’il le décide, a la possibilité d’être il apprend à ses dépens la pré- cone est Arcadi Gaydamak, un ami La vraie force de M. Pasqua, c’est pelant que ses « rapports person- Au conseil général des Hauts-de- candidat dans le canton de Neuilly- séance par rapport aux vrais chefs de Marchiani qui l’a décoré de l’or- d’être le grand récupérateur des nels avec les chefs d’Etat africains » Seine, que Charles Pasqua préside Sud, dont l’élu est son premier de réseau sur le continent : l’ex- dre national du Mérite, le 14 juillet réseaux franco-africains depuis relèvent de la seule compétence de depuis octobre 1988, on assure adjoint à la mairie de Neuilly-sur- ministre de l’intérieur Charles Pas- 1996, en récompense de l’aide que ceux-ci s’effilochent. Peu après ses deux mandataires, Jacques Foc- qu’entre les composantes de la Seine et troisième vice-président du qua ayant programmé au même apportée, grâce à de bons contacts son premier passage au ministère cart et Fernand Wibaux. majorité départementale la cohabi- conseil général, Louis-Charles Bary moment un déplacement à Luan- en Russie, à la libération des pilo- de l’intérieur, le 4 juillet 1988, il fon- Six mois plus tard, en mars 1993, tation « se passe bien ». Mais les (DL), ne semble pas, pour l’heure, da, le patron de la compagnie tes français détenus en Bosnie. Si de, avec Pierre Messmer, qui en Charles Pasqua se réinstalle place élus de droite redoutent des secous- d’actualité. Les choses devraient se pétrolière décale son voyage d’une l’on ajoute qu’à l’étage inférieur, Beauvau, au sein du gouverne- ses politiques au lendemain des compliquer au moment de l’élection semaine. « Pasqua l’Africain » ris- l’ancien garde du corps de Charles ment d’Edouard Balladur. Avec élections municipales et, surtout, des vice-présidents, chaque compo- quait, en effet, de monopoliser Pasqua, Daniel Léandri, peut comp- La vraie force l’aide de Michel Roussin, l’ancien cantonales, de mars. sante de la majorité souhaitant être non seulement les meilleurs inter- ter sur ses « frères » corses en directeur de cabinet de M. Chirac à La droite a encore en mémoire la mieux représentée. C’est d’ailleurs locuteurs à la présidence angolaise Angola, à commencer par les arma- de M. Pasqua, la mairie de Paris, devenu ministre l’hécatombe des cantonales de pour éviter des lézardes que M. Pas- mais, aussi, de nombreux cadres teurs et rois des jeux de hasard de la coopération, il continue à 1998, où le RPR avait, à lui seul, per- qua n’a pas procédé, à l’automne dirigeants d’Elf Angola. Mieux dans toute l’Afrique centrale, c’est d’être le grand démonter, pan par pan, les réseaux du cinq cantons au profit du Parti 1999, au remplacement de son pre- valait-il donc éviter le conflit de Robert et « Charlie » Feliciaggi, on chiraquiens en Afrique et devient, socialiste. Les élus semblaient mier vice-président, poste revendi- loyauté. Accompagné de ses deux commence à prendre la mesure des récupérateur de fait, l’allié objectif de François avoir été rassurés au printemps qué par l’UDF à la suite du décès de missi dominici, Daniel Léandri et relais pasquaïens dans l’ancienne Mitterrand. 2000 lorsque M. Pasqua avait pro- l’un des siens, Roger Prévot, maire Jean-Charles Marchiani, l’ancien colonie portugaise. des réseaux Le président socialiste l’a vite mis son soutien aux sortants de sa de Villeneuve-la-Garenne, mais qui locataire de la place Beauvau était En Afrique, M. Pasqua est moder- compris. Il se met à parler de «ce majorité (six RPF, cinq RPR, trois avait rejoint les rangs du RPF quel- de toute façon imbattable, avec le ne. Très tôt, il a débordé du pré car- franco-africains terrible Monsieur Pasqua », avec UDF et un divers-droite). Mais l’in- ques semaines avant sa mort. secrétaire général de la prési- ré francophone. Le président du bien plus de connivence que de quiétude renaît sur l’après-scrutin. Le fossé devrait s’élargir encore dence, José Leitao, au cœur de son conseil général des Hauts-de-Seine depuis que ceux-ci réprobation. Il sait pourquoi. Au C’est à ce moment-là, en effet, que un peu plus à l’approche des législa- dispositif et « l’amicale corse » en a innové dans la coopération décen- sein d’Elf, souvent présentée com- devraient apparaître les premières tives. Philippe Pemezec, maire du coulisse. tralisée, en consacrant 1 % de son s’effilochent me « pompe Afrique » de la classe divergences au sein de la droite. Plessis-Robinson, rappelle que la Le tissu relationnel de M. Pasqua budget à l’aide à l’Afrique, pour la politique française, le pouvoir se préoccupation d’une formation ressemble à un mille-feuille. En construction d’écoles et de routes, partage, sous la tutelle de Loïk Le L’UDF JOUE LES OBSERVATEURS politique est aussi « d’ordre finan- Angola, l’ex-agent des services notamment au Gabon d’Omar Bon- assume la présidence, l’association Floch-Prigent, nommé par M. Mit- « Les choses vont devenir plus clai- cier » et qu’il convient, pour le RPF, secrets français et ex-préfet du Var, go, pas vraiment le pays le plus France-Afrique-Orient, dissoute le terrand, entre le bras droit du PDG, res », estime-t-on à l’UDF, qui, jus- d’avoir le maximum de députés. Jean-Charles Marchiani, travaille nécessiteux. Enfin, en 1992, M. Pas- 30 novembre 2000, le jour-même Alfred Sirven, proche des amis de qu’à maintenant, joue les observa- Actuellement, le RPR détient six au plus haut niveau. En relation sui- qua avait songé à la création d’une d’une perquisition par les juges ins- M. Pasqua, et le chiraquien André teurs. Aujourd’hui, le groupe RPR, des treize circonscriptions du dépar- vie avec José Leitao, il assure égale- zone franche, doublée d’un pôle truisant l’affaire des ventes d’ar- Tarallo. Depuis lors, réseaux socia- rebaptisé Rassemblement pour les tement, l’UDF trois, le PCF trois et ment le lien, à Paris, avec un mar- financier off shore à Sao Tomé et mes illicites à l’Angola, reprochées listes et pasquaïens ont continué à Hauts-de-Seine en septembre 1999, le RPF une, celle de Jean-Jacques chand d’armes ayant vendu de Principe, l’archipel au large du à Jean-Christophe Mitterrand et à travailler souvent, en Afrique, la quelques semaines après la création Guillet, vice-président du RPF. Son l’équipement militaire à l’Angola, Gabon. Son fils unique, Pierre-Phi- Pierre Falcone. Initialement, Fran- main dans la main. du RPF, et qui est présidé par le sou- siège est très convoité par le RPR. Pierre Falcone, qui avait été le lippe, s’était même associé au pro- ce-Afrique-Orient avait pour mis- verainiste Jean-Paul Dova, est com- représentant officiel à Luanda de la moteur du projet, François sion de « gérer le relationnel afri- Stephen Smith posé à part égal d’élus RPR et RPF. Jean-Claude Pierrette FRANCE LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 7

Les syndicats veulent se mobiliser contre le Medef « L'Express » évalue sur les retraites complémentaires le train de vie L’organisation patronale réunit son assemblée générale le 16 janvier de Jacques Chirac En réponse à la pression du Medef, qui doit réu- pour adopter une stratégie commune de mobili- re (ASF), qui assure le financement des retraites nir son assemblée générale le 16 janvier, les syn- sation. Faute d’accord entre les partenaires complémentaires à 60 ans, est dépourvue dicats devaient se retrouver, vendredi 5 janvier, sociaux, l’Association pour la structure financiè- d’existence juridique depuis le 1er janvier. Un patrimoine de 7 millions de francs

ORCHESTRÉE avec soin par le teur du Medef. Alors qu’une réu- ne doivent pas s’inquiéter », a-t-il dredi, les cinq confédérations sont « JE NE SUIS PAS un homme d’ar- dont « la valeur fiscale retenue par le Medef, la pression sur le dossier des nion de l’association, présidée par ajouté. censées formaliser leurs contre-pro- gent », affirmait Jacques Chirac, sur couple Chirac se monte à 2,65 mil- retraites monte petit à petit. Vendre- un autre responsable patronal, Ber- Le gouvernement a commencé positions. Mais c’est moins sur les TF 1, le 14 décembre 2000. Le prési- lions de francs », ce qui paraît sous- di 5 janvier, les cinq confédérations nard Caron, est prévue le 12 janvier, par « sécuriser » le passé en vali- solutions que sur leur refus unani- dent de la République acquitte, évalué : l’appartement en question, syndicales devaient se retrouver au les rumeurs vont déjà bon train. Les dant, par un arrêté paru le me du projet patronal qu’elles doi- cependant, l’impôt sur la fortune, et mis en location, se situe au 5e étage, siège de la CFTC pour tenter d’adop- excédents de l’ASF seraient ainsi ver- 31 décembre 2000 au Journal offi- vent se retrouver. « Je ne nous vois L’Express (daté 4-10 janvier) estime avec balcon, d’un immeuble de la ter une stratégie commune après sés aux régimes complémentaires ciel, l’accord… de 1996 qui proro- pas, à FO, trouver un quelconque son patrimoine à 7 millions de rue de Seine, à deux pas du jardin l’échec des négociations sur les Agirc (cadres) et Arrco (salariés) geait l’ASF. Pour le Medef, en tout compromis avec le Medef sur la neu- francs. du Luxembourg. S’y ajoute le châ- retraites complémentaires dans la pour éviter qu’ils ne soient récupé- cas, les négociations sont closes et tralité actuarielle », souligne son res- Le Monde, qui avait tenté une éva- teau de Bity, à Sarran, en Corrèze, nuit du 22 décembre 2000. Dix jours rés par l’Etat… toute nouvelle rencontre est ponsable, Bernard Devy. luation des revenus mensuels du acheté en 1969 et estimé à 1,2 mil- plus tard, le 15 janvier, l’organisa- « exclue », selon M. Bazile. Son pro- L’enjeu de la réunion repose sur- chef de l’Etat (nos éditions du 4 sep- lion de francs par les Chirac, ainsi tion patronale réunira son conseil ACCORD SANS RÉPONSE jet d’accord, qui lie le renouvelle- tout sur une mobilisation commune tembre 2000), avait relevé que qu’une maison avec grange à Sainte- exécutif, suivie d’une assemblée Si la situation devait rester blo- ment de l’ASF à une réforme des jugée nécessaire, non seulement M. Chirac ne perçoit pas seulement Féréole, le village corrézien où M. générale, le lendemain, pour déci- quée, « le gouvernement prendra ses retraites complémentaires, ouvert à vis-à-vis du patronat, mais égale- un traitement mensuel de Chirac passait ses vacances adoles- der de la suite. En attendant, la responsabilités », a indiqué sur RTL, la signature des syndicats « jus- ment du gouvernement, dont l’inter- 44 061 francs en tant que président cent, estimée à 385 000 francs. retraite complémentaire des sala- mercredi 3 janvier, le porte-parole qu’aux premiers jours de janvier », vention n’est, pour le moment, de la République. Il cumule, en Selon L’Express, « les assurances esti- riés du privé est entrée dans une du PS, Vincent Peillon. « Jusqu’au est resté vierge. Ces derniers refu- réclamée par personne. « Nous ne effet, une série de pensions de retrai- ment les objets d’art et les meubles de zone d’incertitude juridique. 1er avril, ces retraites complémentai- sent l’allongement de la durée des sommes pas demandeurs », souligne te, dont la plus importante est celle collection du couple Chirac à 750 000 Formellement, en effet, depuis le res sont financées. Au cas où il n’y cotisation selon le principe de « neu- M. Devy. « Nous ne lui demandons de l’Assemblée nationale, au titre francs ». 1er janvier, l’Association pour la aurait pas d’accord, le gouvernement tralité actuarielle », qui reviendrait à pas de remplacer la mobilisation », de laquelle M. Chirac, qui a effectué L’hebdomadaire évoque les structure financière (ASF), créée en a déjà annoncé qu’il [les] prendrait calculer les futures pensions en renchérit Jean-Christophe Le Dui- plus de quatre mandats de député « vacances de luxe dans des palaces 1983 pour prendre en charge le sur- en charge lui-même, de telle sorte tenant compte de l’âge, de la durée gou, responsable CGT. Il reste à se de Corrèze, perçoit le montant maxi- tropicaux » et « trois allers-retours coût, pour les régimes complémen- que les retraités d’aujourd’hui (…) et de cotisation du bénéficiaire et des mettre d’accord sur la forme et sur mum prévu, soit 35 000 francs. Sa Paris-New York en Concorde, payés taires, de l’abaissement à 60 ans de ceux qui doivent arriver en retraite, taux de mortalité prospective. Ven- la date. FO penche pour l’organisa- retraite de maire de Paris se monte en cash, en 1993 », pour un montant l’âge légal du départ à la retraite, tion d’une grande manifestation, à 15 000 francs. Il reçoit une retraite de 120 000 francs comprenant les n’existe plus. Autrement dit, les rejointe par la CGC qui voudrait de 14 000 francs comme ancien con- frais d’hôtel. L’article, accompagné entreprises ne sont plus tenues de Michel Sapin veut rassurer les fonctionnaires exprimer « dans la rue le ras-le-bol seiller général de Corrèze. Il touche, de la photo du billet de M. Chirac, verser les cotisations ASF (1,16 % des salariés et des cadres ». La CGT enfin, 19 000 francs de retraite com- précise que la facture établie par sur la tranche A, 1,29 % pour la tran- Le ministre de la fonction publique et de la réforme de l’Etat, est tentée par un appel à la grève me ancien conseiller référendaire à l’agence de voyages l’avait été à un che B, le solde, 0,80 % à 0,89 %, Michel Sapin, a déclaré, mercredi 3 janvier sur LCI, qu’il n’y a « pas à dans les entreprises. Plus mesurées, la Cour des comptes, où il n’a pour- faux nom et à une fausse adresse. étant à la charge des salariés). Cer- avoir peur d’une réforme dans le domaine des retraites », ajoutant la CFDT juge néanmoins qu’il faut tant mis les pieds qu’un an, en 1959 Lors de son voyage à Washington tes, jusqu’au 31 mars, les réserves qu’« on devrait plutôt avoir peur d’une non-réforme ». Pour le ministre, « faire quelque chose » et la CFTC se et 1960. Ses revenus mensuels s’élè- en tant que président en exercice de de l’association, estimées à 17 mil- le système des retraites par répartition « va vaciller » si « on ne touche dit « prête à engager une mobilisa- vent donc, avant impôts, selon L’Ex- l’Union européenne, le 19 décem- liards de francs, permettent de faire à rien » : « Nous allons bouger pour faire en sorte que ce soit ce fonde- tion avec ses partenaires si le Medef press, à 127 000 francs. bre 2000, le chef de l’Etat avait face à toute éventualité et, d’un ment même de la solidarité qui soit maintenu », a prévenu M. Sapin, devait faire la sourde oreille ». Les M. Chirac avait déclaré, en 1995, acheté, selon le Washington Post, commun accord, patronat et syndi- pour lequel « il n’y a pas d’autre manière de mener à bien de grandes fonctionnaires se sentant particuliè- un patrimoine de 8,3 millions de pour 4 000 dollars (environ cats ont convenu d’une prorogation réformes que de le faire par petites touches, avec des effets progressifs ». rement visés par le dossier des francs, mais L’Express précise que 28 000 francs) de chemises et de cra- de forme jusqu’à cette date. Mais Le 21 décembre 2000, le gouvernement a transmis à Bruxelles le pro- retraites, la FSU a déjà prévenu c’est « en large partie à Bernadette » vates dans un célèbre magasin de la cet engagement est purement vir- gramme pluriannuel de finances publiques 2002-2004, dans lequel qu’elle participerait à « toutes les ini- Chirac, née Chodron de Courcel, capitale américaine. Depuis plus de tuel. « Si rien ne se passe, l’ASF entre- figure l’objectif d’aligner progressivement la durée de cotisation des tiatives unitaires ». « que le couple Chirac devait ses trente ans, M. Chirac vit dans les ra dans une période de liquidation », fonctionnaires pour une retraite au taux plein (37,5 ans) sur celle des 3,5 millions de francs placés en Bour- palais nationaux, où il est logé, nour- reconnaît Francis Bazile, le négocia- salariés du secteur privé (40 annuités). Isabelle Mandraud se ». « Les liquidités du couple prési- ri, blanchi, bénéficie d’un personnel dentiel se montaient (…) à 3,8 mil- de maison, de voitures avec chauf- lions en 1995. Selon l’Elysée, elles feur et de frais de représentation. A auraient baissé aujourd’hui d’envi- Matignon, à l’Hôtel de Ville comme Les Verts arrêtent leur plan de campagne pour Paris ron 1 million de francs en raison de à l’Elysée, il a toujours eu, en outre, charges familiales », ajoute l’hebdo- la disposition de fonds secrets en madaire. M. Chirac possède un liquide. Les écologistes estiment nécessaire « un accord programmatique » avec le PS pour le second tour appartement de 114 mètres carrés dans le 6e arrondissement de Paris, Raphaëlle Bacqué MIRACLE de Noël ? Bonnes culté. Il reste désormais d’autant préparer les lendemains », analyse de basculement de Paris à gauche, résolutions du XXIe siècle ? Les moins de temps, juge le candidat Denis Baupin, porte-parole natio- devront l’être dans les trois ou, au Verts parisiens semblent avoir pui- écologiste, que « les vacances sco- nal des Verts et candidat dans le plus, six premiers mois de la man- sé une nouvelle sagesse dans la trê- laires de février vont casser le ryth- 20e arrondissement. Il est temps, dature. Ce qui n’empêche pas Le président de la République ve des confiseurs. Divisés sur leur me de la campagne ». en effet, de « voir comment on envi- M. Contassot de continuer à tra- stratégie de campagne municipale L’approche des échéances a sage le second tour avec un accord vailler sur la question du « net- en décembre 2000, ils reviennent, donc conduit les Verts à clarifier programmatique et, surtout, son toyage » des listes électorales, pro- défend le Conseil constitutionnel en janvier 2001 en parlant pour leur stratégie à l’égard du PS. timing d’application », ajoute Péné- mettant des éclaircissements l’instant, d’une seule voix. Les « Elle tient en deux principes : expli- lope Komitès, ancienne directrice après le 28 février, date à laquelle RECEVANT, mercredi 3 janvier, les vœux du Conseil constitutionnel par griefs adressés à leur chef de file, quer pourquoi nous sommes diffé- de Greenpeace France et deuxiè- ces listes doivent être définitive- la voix de son président, Yves Guéna, Jacques Chirac a rendu hommage à Yves Contassot, qui, selon une par- rents et, donc, pourquoi nous som- me de liste dans le 12e arrondisse- ment arrêtées. la « fonction de vigilance » du Conseil. Il a souhaité que « son rôle, son tie des Verts, se polarisait sur les mes autonomes au premier tour, ment. Pour les Verts, les grandes influence, son prestige continuent à s’affirmer, sans pouvoir être affectés par « affaires » au détriment des dos- sans mordre les mollets du PS, et décisions qui seront prises en cas Béatrice Gurrey des polémiques parfois indignes » et il a ajouté qu’« il doit être respecté et siers de fond, paraissent remisés défendu par tous ceux qui croient en la République et en ses valeurs ». (Le Monde daté 24-25 décembre Rituel, le propos prend, cette année, un relief particulier. La décision de 2000). janvier 1999 du Conseil sur le statut pénal du chef de l’Etat avait, en effet, Le comité d’animation de la cam- « Il ne faut pas lâcher le truc, monsieur le Maire » été directement mise en cause, en octobre, par le président de l’Assem- pagne (CAC), composé d’une quin- blée nationale, Raymond Forni, et deux décisions récentes des juges zaine de personnes, s’est réuni LE RESTAURATEUR connaît déjà « Madame ».Il et demi, à la fin de son second mandat. Il ne faut pas constitutionnels (censurant l’écotaxe et des allégements de CSG) ont été mercredi 3 janvier. Il a établi un est cette fois « très fier, très content » de rencontrer, mêler le président à ces affaires bassement électoralis- contestées à gauche. programme de meetings pour les pour la première fois, Jean Tiberi. « Il ne faut pas tes… » Plus sérieusement, il songe déjà au second deux mois et demi qui restent lâcher le truc, monsieur le Maire », lui dit-il. « Soyez tour. « J’espère que le bon sens l’emportera », dit-il à avant le premier tour et affiné la rassuré, on ne lâchera pas », répond le maire de l’adresse de Philippe Séguin. Hervé Bourges dément avoir mis tactique, sans querelles ni combats Paris, avant de s’enquérir de la régularité du passa- apparents. Dominique Voynet, ge des motos-crottes. Mercredi 3 janvier, M. Tiberi « MON PARTI, C’EST PARIS » ministre de l’aménagement du ter- a commencé sa campagne de candidat en allant Deux mois après son exclusion du RPR, M. Tiberi en cause Dominique Baudis ritoire et de l’environnement, saluer quelques commerçants du 4e arrondissement. constate que la situation évolue favorablement pour devrait ouvrir le bal, mardi 16 jan- Dorénavant, le maire sera mobilisé très régulière- lui. « Ça a été moche sur le plan moral, indigne, mais, LE PRÉSIDENT du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Hervé Bourges, a vier, avec une manifestation ment, par son état-major de campagne, pour aller se sur le plan politique, je crois que ça a été une erreur assuré, mercredi 3 janvier, dans un courrier adressé au maire (UDF) de dédiée aux transports, thème cen- montrer, de préférence en fin de matinée, dans tous magistrale. » Ses premiers tracts proclament : « Mon , Dominique Baudis, qu’il ne l’avait jamais mis en cause comme tral dans la campagne des Verts, les arrondissements de Paris. Un ancien de La Lettre parti, c’est Paris ! » « Ah ! monsieur le Maire, on vous possible président du CSA. « Je n’ai à aucun moment prononcé votre nom traitant aussi bien des problèmes de la Nation, Patrick Rizzi, est chargé de coordonner en fait des misères ! », le rassure une vieille dame à la ni mis en cause la possibilité pour un élu, ayant quitté ses fonctions politi- de circulation et de stationnement cette campagne, au siège de la permanence centrale boulangerie. Un cafetier de la rue Saint-Antoine : ques, d’être nommé à la tête du CSA », affirme M. Bourges. que de pollution. « Nous avons pla- des listes « Ensemble pour Paris », rue François- « On vous aidera, si vous en avez besoin. On est fermé Sans nommer M. Baudis, il avait estimé, le 21 décembre, qu’« un ancien nifié le calendrier afin que chacun Miron, à deux pas de l’Hôtel de Ville. « L’avantage le dimanche. » journaliste qui exerce des fonctions politiques est un homme politique ». puisse s’organiser. Tout le monde avec lui, c’est qu’il n’est pas caractériel », dit-il. Piloté par Claude Roland, désormais adjoint à la Pour M. Bourges cette précision concerne « plusieurs anciens journalis- s’est félicité du bon climat de cette Arrivé avec un peu de retard, M. Tiberi s’excuse culture, et deux adjoints au maire du 4e arrondisse- tes », comme « le sénateur RPR François Gerbaud et les députés PS Fran- réunion », assure M. Contassot. auprès des journalistes : « C’est un peu tôt, non pas ment, le candidat Tiberi est pressé de rejoindre la çois Loncle et Vert Noël Mamère ». Des « assises de la santé » dans la matinée, mais dans l’année. On aurait pu rue des Rosiers, où réside une partie de la commu- devraient avoir lieu à la fin du attendre la semaine prochaine. » Cette semaine-ci, nauté juive de Paris, à laquelle il est toujours très mois de janvier, un meeting sur en effet, est marquée par la cérémonie, vendredi attaché. Un célèbre restaurateur lui réclame des par- Le duel Mercier-Millon l’urbanisme et le logement fin 5 janvier après-midi, des vœux du Conseil de Paris kings, une passante « des crèches, monsieur le Maire, février et un autre sur la démocra- au président de la République. Le maire sera entou- des crèches ». En deux heures de temps, ce seront les tie locale début mars, avant le mee- ré d’une dizaine de ses fidèles, mais il ne sait pas seules récriminations entendues, hormis cette invec- continue à Lyon ting de clôture, le 8. Un temps fort encore ce qu’il dira à Jacques Chirac et encore moins tive d’un automobiliste fort courageux qui lance, rue est prévu le 8 février, avec Daniel ce que lui répondra le président. Lui fait-on remar- Vieille-du-Temple, un « Tiberi, escroc ! » avant de LE CANDIDAT de la droite à la mairie de Lyon, Michel Mercier (UDF), Cohn-Bendit… à la Sorbonne. quer que des photos du général de Gaulle et de Geor- redémarrer précipitamment. n’en finit pas de buter sur Charles Millon, chef de file de la Droite libérale ges Pompidou, mais non de M. Chirac, ornent sa per- et chrétienne, également candidat aux élections municipales. Interrogé « PRÉPARER LES LENDEMAINS » manence ? Il s’amuse : « On l’accrochera dans six ans Jean-Louis Saux sur LCI, mercredi 3 janvier, M. Mercier s’est dit prêt à retirer ses listes au « Les Parisiens se moquent pas second tour dans les arrondissements où M. Millon arriverait en tête. Le mal de savoir si Séguin va se retirer socialiste Gérard Collomb a immédiatement dénoncé cette « alliance », au profit de Balladur, mais veulent rappelant que M. Mercier s’était engagé à la refuser. Dans un communi- savoir s’il y aura plus ou moins de qué diffusé mercredi, M. Mercier précise qu’il a parlé de « retrait » et non bagnoles dans les rues », affirme le de « désistement » et reproche à M. Millon d’être responsable de la « nou- chef de file des écologistes. Pour velle fracture au sein de la droite lyonnaise ». sa part, cependant, il se tient à l’hy- Dans un entretien au Figaro du 4 janvier, M. Millon se dit persuadé pothèse que la droite pourrait finir d’être « en tête dans tous les arrondissements », et se prononce pour « une par se rabibocher au moment où stratégie de rassemblement ». – (Corresp.) son candidat jetterait l’éponge, laissant ainsi « Balladur, Panafieu DÉPÊCHE et Tiberi se réconcilier plus ou a SOCIAL : les associations de chômeurs AC !, Apeis et MNCP ont moins ». « Je suis raisonnablement appelé, mercredi 3 janvier, à trois jours de manifestations contre la nou- optimiste mais prudent », ajoute velle convention d’assurance-chômage, du 9 au 11 janvier, devant l’As- M. Contassot, qui, tout en jugeant semblée nationale, où sera présenté le projet de loi de modernisation une victoire de la gauche à portée sociale. de main, ne mésestime pas la diffi- 8 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001

VIOLENCES Un convoyeur de cueil de l’Institut Gustave-Roussy, à matique de billets. b CETTE ATTA- dentes. Les policiers s’orientaient grève immédiate de la part de fonds de la Brink’s a été tué d’une Villejuif (Val-de-Marne), alors que le QUE, d’après les premiers éléments davantage vers la piste d’une délin- FO-transports. b UNE TABLE RON- balle en pleine tête, mercredi 3 jan- convoyeur, un homme de quarante de l’enquête, ne semble pas être le quance de banlieue. b CE NOUVEAU DE, au ministère des transports, vier, par deux malfaiteurs. Les faits ans, père de trois enfants, venait fait d’une bande organisée, comme MEURTRE a suscité de nombreuses devait aborder, jeudi 4 janvier, la se sont produits dans le hall d’ac- approvisionner un distributeur auto- dans la plupart des affaires précé- réactions syndicales, et un appel à la sécurité des convoyeurs de fonds. Le meurtre de Villejuif relance le débat sur la sécurité des convoyeurs de fonds Une table ronde devait être organisée, jeudi 4 janvier, au ministère des transports, après le meurtre d’un convoyeur de fonds dans le hall d’accueil de l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif. Cette nouvelle attaque a suscité un tollé des syndicats qui réclament l’application des mesures destinées à leur protection

UNE TABLE ronde réunissant né. Il a miraculeusement échappé à nu au sol par l’un des agresseurs, public, indique M. Ehrsam. Il revient main, cinq des auteurs présumés une politique audacieuse endiguerait « l’ensemble des parties prenantes » une blessure, une balle tirée par l’un pendant que le second tirait à bout au donneur d’ordres, et donc à la ban- des faits étaient interpellés dans un l’escalade de la violence, ajoute le du secteur du convoyage de fonds des malfaiteurs se fichant dans son portant sur le messager, l’employé que, de prendre les mesures de sécuri- pavillon de Paray-Vieille-Poste communiqué. Mais encore faudrait- devait être organisée, jeudi 4 jan- ceinturon. chargé de l’approvisionnement du sation. » Pour l’heure, la direction (Essonne), et une partie du butin il que les pouvoirs publics aient la vier dans l’après-midi, au ministère D’après les premiers éléments de distributeur. de la Brink’s a décidé de verser une avait pu être récupérée. volonté et le courage d’imposer aux des transports. Les représentants l’enquête, les malfaiteurs ont agi prime de 1 million de francs à toute Dans l’affaire de Villejuif, « nous donneurs d’ordres des mesures effica- des salariés et des employeurs, les dans l’affolement après que le gar- DES « POINTS NOIRS » personne qui permettra « de mettre ne sommes pas du tout dans le même ces de sécurité, sans délai, au lieu de ministères concernés (transports, de de la Brink’s eut dégainé son Selon Eric Ehrsam, chargé de la sous les verrous les lâches assassins » cas de figure », indique-t-on de sour- tergiverser. » intérieur, économie) et les don- arme. Plusieurs coups de feu communication à la Brink’s, le distri- du convoyeur. ce policière. Le modus operandi est La fédération CGT des transports neurs d’ordres, essentiellement les auraient alors été tirés. Les policiers buteur de l’IGR, appartenant à la Le drame de l’Institut Gustave- en effet totalement différent. Si réclame pour sa part des « mesures banques et les grandes surfaces, de la Brigade de répression du ban- BNP, fait partie des « points noirs » Roussy intervient huit jours seule- l’opération de Gentilly relève d’une immédiates » et insiste elle aussi sur devaient se pencher une nouvelle ditisme (BRB), chargée de l’enquê- qu’il faut « absolument éliminer en ment après l’attaque à Gentilly, tou- préparation quasi militaire, celle de « l’urgence » à aménager les fois sur la mise en œuvre de mesu- te, ont retrouvé sur les lieux une priorité ». Installé dans une zone de jours dans le Val-de-Marne, d’un Villejuif semble moins bien prépa- « points de desserte les plus dange- res destinées à améliorer la sécurisa- douille de 9 mm, laissant penser fort passage, le guichet en question fourgon appartenant à la même rée et être l’œuvre, selon un enquê- reux, qui pourraient même être fer- tion des transports de fonds, sec- que l’un des malfaiteurs était équi- n’est en effet pas sécurisé. « Nos société. Le 26 décembre, une dizai- teur de la BRB, d’une « délinquance més ». La CFE-CGC des activités du teur fortement touché ces dernières pé d’un pistolet automatique. Le employés ne peuvent pas surveiller les ne d’hommes lourdement armés de banlieue », milieu vers lequel transport et du transit suggère que années par des attaques souvent second était sans doute muni d’un lieux aussi facilement que dans un s’étaient emparés d’un butin évalué s’orientent les investigations. le gouvernement « débloque un sanglantes (lire ci-contre). revolver. Le garde aurait été mainte- endroit protégé et non accessible au à 34 millions de francs. Le lende- “budget spécifique sécurité” pour Cette table ronde intervient au IL Y A DÉSORMAIS « LE FEU » une mise en application dans les lendemain de la mort d’un Les syndicats des transports, qui meilleurs délais des différentes mesu- convoyeur de fonds de la Brink’s, Quatorze morts et une dizaine de blessés en cinq ans un mort et un blessé à réclament l’application rapide des res de sécurité ». Budget qui, selon tué d’une balle en pleine tête par Chennevières-sur-Marne mesures décidées il y a déjà plu- le syndicat, pourrait être remboursé deux malfaiteurs alors qu’il s’apprê- b 27 décembre 1995 :un poids lourd une violente collision (Val-de-Marne). Le commando sieurs mois (lire ci-dessous), ont vive- par les donneurs d’ordres par le tait à approvisionner un distribu- convoyeur est tué et deux autres avec un fourgon de la Brink’s, près prend la fuite sans emporter de ment réagi à l’annonce du décès du biais d’« une taxe de contribution spé- teur automatique de billets installé blessés lors de l’attaque d’un de Laigneville (Oise). Un butin. convoyeur de fonds de la Brink’s. cifique ». dans le hall d’accueil de l’Institut fourgon de la Brink’s à Lesquin, convoyeur est tué, deux autres b 27 avril 2000 : trois malfaiteurs Roger Poletti, secrétaire général de De son côté, la fédération CFDT Gustave-Roussy (IGR) de Villejuif près de Lille. blessés. Le butin est évalué à près attaquent à l’explosif un fourgon FO-transport, majoritaire dans le des transports a annoncé son inten- (Val-de-Marne). b 9 octobre 1997 : deux de 450 000 francs. de la société Transval à Grenoble, secteur, a appelé à une « grève tion d’appeler à une journée natio- L’attaque s’est produite vers convoyeurs de la société ACDS b 11 juillet : un convoyeur de la faisant un mort et deux blessés. Le immédiate ». Force Ouvrière « n’a nale d’arrêt de travail lors des obsè- 12 h 15, à un moment de grande sont tués lors de l’attaque d’un Brink’s est tué par un commando butin est estimé à plusieurs que foutre d’une réunion de suivi, pré- ques du convoyeur de fonds. affluence et en un lieu, proche fourgon dans des entrepôts de la de quatre hommes sur le parking millions de francs. vue en janvier par la direction des « Nous ne lançons pas comme ça une d’une cafétéria, d’un bar et d’une SNCF à Paris (18e arrondissement). du centre commercial GrandVar, à b 5 mai : plusieurs hommes transports terrestres, afin de tirer, grève, nous laissons les personnels en maison de la presse, fréquenté par b 20 novembre : un convoyeur La Valette du Var. cagoulés et armés attaquent à comme l’écrivaient les ministres, le décider s’ils le souhaitent », explique les malades, leurs familles et le per- est tué et un second blessé lors de b 22 décembre : un convoyeur de l’explosif un fourgon de la société bilan de l’ensemble des mesures pri- le secrétaire général de la branche sonnel de l’établissement. Les mal- l’attaque manquée d’un fourgon la Brink’s est tué à la sortie de Ardial à Nanterre ses en vertu de l’accord du 22 mai route CFDT, Joël Le Coq. Les per- faiteurs, au visage dissimulé par un de la société Ardial, devant la l’Intermarché des Aunettes à (Hauts-de-Seine). Un des 2000 », indique le syndicaliste, selon sonnels de la Brink’s étaient réunis bonnet et âgés de moins de trente succursale de la Banque de France Ris-Orangis (Essonne) par deux ou convoyeurs décède de ses lequel il y a désormais « le feu ». en assemblée générale jeudi matin. ans, selon une source policière, ont à Salon-de-Provence trois individus. blessures le 16 mai. Dans un communiqué, la fédéra- « La tendance est à un débrayage de réussi à prendre la fuite en emprun- (Bouches-du-Rhône). b 25 janvier 1999 : un convoyeur b 16 juin : un convoyeur est tué tion CFTC des transports a elle aus- solidarité jusqu’à la fin de la semaine, tant un couloir menant à un parking b 27 mars 1998 : un convoyeur de de la Brink’s est tué par balle et un par balles dans l’attaque d’un si appelé les convoyeurs à « rentrer et en tout cas jusqu’aux obsèques de pour rejoindre leur voiture, une Peu- fonds est tué dans une voiture second blessé lors d’un hold-up fourgon de la société Sazias à immédiatement dans les dépôts, en Jean-Luc Hulot, prévues vendredi », geot 106 blanche. Leur butin s’élève banalisée à Drancy commis à la sortie d’une Puget-sur-Argens (Var). faisant jouer le droit de retrait d’ur- précise Eric Ersham, qui indique à 450 000 francs. (Seine-Saint-Denis) par des succursale de la Banque populaire b 28 octobre : un convoyeur de la gence ». En clair, le syndicat deman- que les salariés des autres entrepri- La victime, Jean-Luc Hulot, âgée malfaiteurs qui lui volent à Bordeaux. société Ardial est tué par six de l’arrêt immédiat des livraisons ses du secteur devraient sans doute de quarante ans, était père de trois 70 000 francs. b 14 décembre : l’attaque à main hommes armés à Stains « sur les distributeurs automatiques suivre le mouvement. enfants. Son collègue, assurant la b 23 mai : un commando de six armée d’un fourgon blindé de (Seine-Saint-Denis). Deux autres de billets non sécurisés et les agences garde, a été fortement commotion- hommes provoque à l’aide d’un transport de fonds de la STSS fait sont blessés. bancaires non protégées ». « Seule Acacio Pereira

TROIS QUESTIONS À… récompense de 1 million de francs Les syndicats déplorent les retards dans la protection des sites à risques à toute personne permettant de ERIC EHRSAM mettre les bandits sous les ver- LA RECRUDESCENCE de la cri- armés peuvent plus facilement se neurs d’ordres pour aménager leurs Les banques rappellent enfin que rous. Il faut punir cet assassinat minalité relance avec force le débat cacher dans la foule. locaux », affirme M. Charles. Ce les mesures de sécurité, aussi effica- En tant que directeur de la com- lâche d’un père de trois enfants. sur la sécurité des convoyeurs de Le décret du 18 décembre 2000 décret a été pris à la suite de lon- ces soient-elles, ne peuvent pas 1munication de la Brink’s, qui fonds. Ce sont les distributeurs sur la sécurisation des transports gues discussions, après une grève remédier à tout, comme le montre emploie 2000 convoyeurs de Que pensez-vous des mesures automatiques de billets (DAB) ins- de fonds, en application de la loi des convoyeurs, du 9 au 23 mai. Ce le braquage de Gentilly (Val-de- fonds sur 6000, et porte-parole 2exigées par le décret sur la tallés dans les lieux publics, appe- votée en juillet, qui va contraindre mouvement avait montré qu’en Marne), le 26 décembre. Un four- du Synoval, syndicat regroupant sécurité des convoyeurs de lés « hors sites », qui posent le plus banques et commerces à d’impor- quelques jours, la pénurie de liqui- gon de transport de fonds blindé l’ensemble des sociétés de trans- fonds ? de problèmes. Ils sont situés dans tants travaux d’ici au 31 décembre dités pouvait s’installer sur tout le de la Brink’s avait été attaqué, sur port de fonds, quelle est votre J’estime complètement irréalis- des lieux très fréquentés : gares, 2002, avait été accueilli favorable- territoire. une avenue, par une dizaine d’hom- réaction à l’attaque de Villejuif, te pour nos clients (banques, gran- aéroports, grandes surfaces, maga- ment par les syndicats de con- mes armés de pistolets- qui souligne une nouvelle fois les des surfaces…) d’équiper dans un sins, stations de métro… Les syndi- voyeurs de fonds. Les banques « LARGEMENT IRRÉALISTE » mitrailleurs, de fusils à pompe et risques du métier de convoyeur délai de deux ans l’ensemble des cats, qui appellent à des arrêts de avaient manifesté leurs réticences. L’Association française des ban- d’explosifs. « Le risque a été reporté de fonds ? 70 000 lieux où les convoyeurs travail jeudi 4 janvier, en recensent Ce décret prévoit que les donneurs ques (AFB), l’organisation profes- sur les blindés, comme on le voit Les problèmes de sécurité sont interviennent. Cela pose des pro- 4 000 à 4 500 sur tout le territoire, d’ordres installent l’un des trois dis- sionnelle qui regroupe les établisse- dans les deux dernières attaques, où réglés sur le papier, avec le décret blèmes de financement. Ces mesu- dont 200 à 300 à Paris, sur un total positifs suivants : soit un sas per- ments financiers, s’était déclarée ils ont été bloqués durant leur tra- publié le 19 décembre, mais ne res se chiffrent à plusieurs mil- de 70 000 sites desservis par les con- mettant l’accueil d’un fourgon blin- « déçue », estimant que ses propo- jet », confirment des syndicalistes règlent en rien les vrais problè- liards de francs. C’est sur les points voyeurs de fonds. dé, qui serait ainsi abrité lors de la sitions n’avaient pas été enten- interrogés par l’AFP. Réclamant mes. Cela ne sert à rien d’accorder dangereux, 300 à 400 en Ile-de- Les syndicats demandent aux dépose ou du ramassage des dues. « Le texte reste très proche du des escortes policières sur certains un statut et d’accorder une prime France, que des mesures doivent donneurs d’ordres, les commer- fonds ; soit un « trappon » pour projet initial, et largement irréaliste transferts, les syndicats réitèrent à nos convoyeurs de fonds si les être prises : les lieux où toute des- çants – particulièrement les socié- l’accostage latéral du véhicule, per- dans l’essentiel de ses dispositions », également leur demande de tour- mesures de sécurité envisagées ne cente oblige les convoyeurs à sor- tés de grande distribution – et les mettant aux convoyeurs de péné- soulignait-on à l’AFB. « Bon nom- nées à horaires aléatoires, qui sont pas appliquées. On regrette tir de leur camion et à traverser banques, que des mesures soient trer dans les locaux sans être expo- bre d’agences ne pourront pas l’ap- empêchent les malfaiteurs de trop que les pouvoirs publics prennent les lieux publics. prises dans des délais urgents. «On sés au public ; soit un « trappon » pliquer. Il ne leur restera qu’à res- bien programmer leurs attaques. des dispositions seulement lors- C’est complètement irréaliste et ne peut pas attendre », lance Jac- pour l’accolement du véhicule, per- treindre le service de caisse », ajou- que le sang coule. Par ailleurs, dangereux d’obliger des con- ques Charles, délégué syndical cen- mettant un transfert des fonds sans tait l’organisation professionnelle. P. Sa nous sommes prêts à offrir une voyeurs à traverser des hôpitaux tral à la Brink’s, et responsable du que les convoyeurs ne descendent En d’autres termes, les banques par exemple. Les pouvoirs publics transport de fonds à la CFDT. Les de leur véhicule. envisagent de supprimer des DAB doivent légiférer au plus vite et se convoyeurs redoutent l’approvi- « C’est un bon décret, mais on ne là où les installations ne pourront focaliser sur ces points sensibles. sionnement de ces DAB, où l’insé- peut pas attendre deux ans, le délai pas être sécurisées. « Notre préoccu- Les banques semblent favorables curité est forte, car des malfaiteurs [jusqu’à fin 2002] laissé aux don- pation a toujours été que l’alimenta- à équiper en priorité ces points tion de ces distributeurs hors-site se noirs, qui sont les vrais problèmes. fasse dans des locaux fermés, dans des conditions de sécurité totale. Des Quelles nouvelles techniques travaux vont être effectués mainte- 3envisagez-vous de mettre en nant pour les mettre aux normes du place pour améliorer la sécurité ? décret. Dans les cas où cela s’avére- La Brink’s teste actuellement ra impossible, nous les fermerons », des puces à émetteur, complète- souligne-t-on ainsi à la Société ment indécelables. C’est l’arme Générale, interrogée par l’AFP. Les absolue. Cela consiste à placer des banques ajoutent que si le décret puces dans des liasses de billets, leur impose des investissements ce qui permet de localiser facile- lourds, il ne réglera pas pour ment les bandits. Nous sommes autant les problèmes de sécurité : actuellement en phase de tests. au lieu de survenir aux portes des Nous pourrions proposer cette agences, les attaques auront lieu, mesure à grande échelle d’ici à la selon elles, dans la rue, pendant le fin de l’année. ce qui serait très transport des fonds. Les équipe- dissuasif. ments lourds devraient selon l’AFB Parallèlement, nous testons n’être appliqués que dans les zones depuis une dizaine d’années les sensibles. technologies dites de maculation Les banques estiment encore de valises, qui consistent à remplir que la sécurité des convoyeurs est les mallettes d’encre. Mais cette aussi du ressort des pouvoirs technique n’est efficace qu’à publics, chargés d’assurer l’ordre 60 % car les liasses de billets sont dans la rue. Elles considèrent donc très serrées et seuls 40 % environ que les mesures de sanction encou- d’entre eux sont maculés d’encre. rues en cas de non respect de ces aménagements dans les délais ne Propos recueillis par sont pas « justes ». Pascale Santi 10 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 SOCIÉTÉ

Jean-Christophe Mitterrand n’entend pas payer De nouveaux vêtements les 5 millions de francs nécessaires à sa libération découverts dans l’affaire Sa famille semble avoir lancé une épreuve de force avec l’institution judiciaire des disparues de l’Yonne Jean-Christophe Mitterrand a fait savoir, mercre- pour que la remise ne liberté décidée par la dent de la République a indiqué n’avoir ni les di 3 janvier, qu’il n’entendait pas régler les 5 mil- chambre de l’instruction de la cour d’appel de moyens de rassembler cette somme ni souhaiter lions de francs de caution exigés par la justice Paris devienne effective. Le fils de l’ancien prési- qu’un tiers puisse la régler à sa place La fouille des sites désignés par Emile Louis se poursuit

JEAN-CHRISTOPHE MIT- moyens de payer la caution » et L’instruction française a établi men de ce dossier, qui invoquent LES GENDARMES ont exhumé, rier, épouse de Pierre Charrier, TERRAND reste en prison. Remis qu’il « ne souhaite pas que sa que ce compte avait été alimenté l’irrégularité de certains actes mercredi 3 janvier, des vêtements directeur de l’Institut Grattery de en liberté par la chambre de l’ins- famille ou ses amis règlent à sa pla- par Brenco Trading International effectués par les juges, notam- féminins lors des fouilles effec- 1974 à 1983, et qui occupait les truction de la cour d’appel de ce ». Les avocats ont précisé que Limited en 1997 et 1998. La socié- ment d’une ordonnance signée tuées sur l’un des sept sites de la fonctions d’éducatrice en chef de Paris, mardi 2 janvier, le fils aîné M. Mitterrand n’entendait pas non té, suspectée par les juges d’avoir par M. Courroye et datée du commune de Rouvray (Yonne) l’établissement, avaient été mis en de l’ancien président de la Républi- plus « solliciter une diminution du organisé, dans les années 1990, un 3 juillet 2000, alors qu’elle semble désignés par Emile Louis, 66 ans, cause dans un rapport de l’Inspec- que, mis en examen et placé en montant de la caution ». Déplorant trafic de matériels militaires entre avoir été établie au plus tôt le qui s’est accusé du meurtre de sept tion générale des affaires sociales détention provisoire à la maison la « situation de blocage » ainsi la France et l’Angola, y aurait fait 5 juillet suivant (Le Monde du 3 jan- jeunes femmes disparues dans le (IGAS) datant de 1993. Nicole d’arrêt de la Santé pour « complici- créée, ils ont néanmoins précisé verser, en quatre virements, un vier). département entre 1977 et 1979 Charrier, qui est devenue directri- té de commerce d’armes illicite, tra- qu’ils s’efforceraient « de trouver total de 1,8 million de dollars (envi- Interrogé sur cette controverse (Le Monde du 16 décembre). Un ce en 1983 du foyer pour adultes fic d’influence par une personne une solution rationnelle qui préser- ron 13 millions de francs) au profit par Gilbert Mitterrand, le procu- squelette et des fragments d’ha- handicapés Guette-Soleil, à Auxer- investie d’une mission de service ve son honneur ». de Jean-Christophe Mitterrand. reur de la République à Paris, Jean- bits avaient déjà été déterrés le re, avait apporté en 1982 un témoi- public, recel d’abus de biens sociaux Les avocats avaient, de fait, invo- Selon Me Versini-Campinchi, qui Pierre Dintilhac, n’a pas indiqué 18 décembre sur l’un des autres gnage de moralité en faveur d’Emi- et trafic d’influence aggravé » le qué dans un premier temps l’insuf- conteste formellement que ces quelles suites éventuelles le par- endroits indiqués par l’ancien le Louis, accusé à l’époque d’abus 21 décembre par les juges Philippe fisance des ressources de M. Mit- rémunérations aient été versées quet pourrait donner à cette affai- chauffeur de car. Par ailleurs, dans sexuel sur la fille de sa compagne, Courroye et Isabelle Prévost-Des- terrand, dont les « avoirs rési- dans le cadre de ventes d’armes, la re – à propos de laquelle certains un communiqué rendu public mer- pour lequel il a été condamné à majeure partie des fonds aurait avocats ont invoqué la qualifica- credi 3 janvier, la Fédération des quatre ans de prison ferme. été « investie dans des sociétés de tion pénale de « faux en écritures associations pour adultes et jeu- La date contestée de la rencontre avec M. Falcone pêche en Mauritanie ». publiques ». Il a néanmoins répon- nes handicapés (Apajh) faisait part GESTION CRITIQUÉE Après deux jours de réflexion, la du à la lettre que lui avait adres- de sa décision de suspendre le Pierre Charrier, lui, a été con- Les avocats de Jean-Christophe Mitterrand, Mes Jean-Pierre Versi- famille de M. Mitterrand semble sée, le 1er janvier, le député de la comité départemental de l’Yonne, damné à six ans de prison en 1992 ni-Campinchi et Rémy Wilner, ont réagi, mercredi 3 janvier, à la avoir choisi d’engager une épreu- Gironde en se retranchant derrière qui gère notamment l’Institut pour avoir abusé à plusieurs repri- publication, dans Le Monde (daté 4 janvier), d’un article retraçant l’i- ve de force contre l’institution judi- l’audience à venir devant la cham- médico-éducatif de la rue Gratte- ses d’une pensionnaire du foyer tinéraire du marchand d’armes Pierre Falcone – lui aussi poursuivi ciaire. « Même s’il pouvait payer sa bre de l’instruction. « Les questions ry, à Auxerre, établissement où Guette-Soleil, Nathalie. « La jeune dans la même affaire – qui évoquait les relations qu’auraient entre- caution, il refuserait par principe, que vous évoquez doivent être trai- quatre des jeunes handicapées dis- fille habite toujours au foyer en tenues les deux hommes dès l’été 1992, soit avant que M. Mitterrand car c’est une peine supplémentaire tées par la voie des règles procédura- parues avaient été scolarisées et 1993 », indiquent les inspecteurs n’abandonne ses fonctions de conseiller à l’Elysée pour les affaires à la détention qu’il a subie », assu- les définies par le législateur, où Emile Louis les conduisait. Cet- de l’IGAS, qui se demandent africaines. Affirmant que cette information était « inexacte et men- rent désormais ses défenseurs, c’est-à-dire par la saisine de la te décision a été prise dans l’atten- « comment la victime pourra établir songère », les avocats ont indiqué avoir, « à de multiples reprises » qualifiant d’« aberrante » la déci- chambre de l’instruction », a écrit te « des explications que devra four- avec la directrice du foyer [Nicole précisé que « M. Mitterrand avait fait la connaissance de M. Falcone à sion de la chambre de l’instruc- M. Dintilhac, dans une lettre datée nir l’association départementale, Charrier] » une « relation de con- la fin de l’année 1992, soit postérieurement à son départ de l’Elysée ». tion, rendue le 2 janvier, d’impo- du 3 janvier. Par ailleurs, le procu- convoquée depuis le 21 décembre fiance ». Le rapport critiquait éga- Le fils de l’ancien président avait donné aux enquêteurs la même ser une caution à leur client. «En reur fait part à Gilbert Mitterrand 2000 devant le conseil d’administra- lement la gestion de Nicole Char- version. décidant sa remise en liberté, les de l’« étonnement » que lui a inspi- tion fédéral », dont la réunion est rier, actuellement toujours directri- magistrats de la chambre de l’ins- rée sa démarche, « aucune disposi- prévue le 12 janvier. ce du foyer et compagne, depuis truction ont clairement signifié que tion législative ne conférant un droit Mis en examen pour enlève- une dizaine d’années, de Georges prez, a fait savoir qu’il n’entendait duels » en Suisse ne seraient pas les juges avaient eu tort de le placer d’intervention au frère d’une person- ments et séquestrations par le juge Decuyper, président de l’APJH. pas payer la caution de 5 millions supérieurs à 2 millions de francs. en détention, affirme Me Versini- ne majeure impliquée dans une pro- Benoît Lewandoski, à Auxerre, En suspendant son comité dépar- de francs qui lui est demandée Déposés sur le compte numéroté Campinchi. Or, ils lui demandent cédure pénale ». Emile Louis fait également l’objet temental de l’Yonne « devant l’ur- pour permettre sa libération. qu’il détient à Genève, auprès de en même temps de payer pour pou- Deux anciens barons mitterran- d’une plainte d’une jeune femme gence et la gravité des faits », le pré- Dans une déclaration adressée la banque Darier, et dont la décou- voir sortir, c’est une injustice flagran- distes, le sénateur (PS) du Puy-de- dans le département du Var, où il sident de la Fédération des APAJH au Monde, jeudi matin 4 janvier, verte a entraîné sa mise en exa- te. » Dôme, Michel Charasse, et le s’était installé à sa retraite en 1986, a rappelé que sa fédération « est ses défenseurs, Mes Jean-Pierre Ver- men, ces fonds ont été bloqués, le Dans leur déclaration adressée ministre de l’agriculture, Jean Gla- pour des faits commis en 1996. prête à assumer la direction et la ges- sini-Campinchi et Rémy Wilner, 26 décembre, par une décision du au Monde, les deux avocats de vany, ont apporté leur soutien, jeu- Dans l’Yonne, l’enquête sur cette tion des établissements comme elle ont indiqué que le fils de l’ancien juge genevois Daniel Devaux, saisi M. Mitterrand indiquent que, pour di, à la famille de l’ancien prési- affaire a mis au jour des dysfonc- l’a déjà proposé aux pouvoirs chef de l’Etat s’opposait au règle- d’une demande d’entraide judiciai- autant, ce dernier a décidé de «ne dent. Le premier a affirmé, dans Le tionnements, notamment de la publics en 1993, à la suite du rap- ment de la caution « même si des re par ses collègues parisiens. A pas s’associer aux demandes de nul- Figaro, qu’il fallait « sanctionner les part de l’association pour les jeu- port IGAS, et en 1997, après contact personnes tierces souhaitaient la cette ordonnance suisse s’ajoute la lité [de la procédure] qui seront juges fautifs ». Sur Europe 1, le nes adultes et handicapés (APJH), avec l’avocat des familles » des victi- payer pour lui ». Le député et mai- démarche effectuée par le procu- débattues le 12 janvier ». A cette second a manifesté sa « solidarité gestionnaire notamment de l’Insti- mes. Une enquête administrative re (PS) de Libourne, Gilbert Mit- reur général de Genève, Bernard date, la chambre de l’instruction active » à Danièle Mitterrand. tut médico-éducatif d’Auxerre fré- et une enquête judiciaire ont été terrand, a également affirmé, Bertossa, qui a ouvert, à la fin de de la cour d’appel de Paris doit exa- quenté par les victimes (Le Monde diligentées les 18 et 19 décembre. après lui avoir rendu visite en pri- l’année, une enquête distincte miner les requêtes déposées par Hervé Gattegno du 27 décembre). Certains de ses son, que son frère n’avait « pas les pour « blanchiment d’argent ». les avocats de plusieurs mis en exa- et Fabrice Lhomme responsables, dont Nicole Char- Paul Benkimoun L’assassinat d’un berger de Castellar, dix ans après, n’a toujours pas été jugé Elisabeth Guigou visite l’hôpital Une accumulation de négligences judiciaires a conduit à un nouveau report du procès Pompidou, touché par la légionellose CASTELLAR et qui s’était installé à Castellar, pale charge retenue contre Alain décharge de chevrotines dans le LA MINISTRE de l’emploi et de la solidarité, Elisabeth Guigou, a effec- (Alpes-Maritimes) auprès de ses parents, en 1982. Verrando, dont les mains et les dos puis d’être achevé d’un coup tué, mercredi 3 janvier, une visite à l’Hôpital européen Georges-Pompi- de notre envoyé spécial Dépité de ne pas avoir été enten- vêtements présentaient d’impor- tiré en pleine tête par la même dou, dans le 15e arrondissement de Paris, pour faire le point sur l’épidé- Jour après jour, depuis neuf ans, du par les juges, M. Le Bozec con- tants résidus de tir dans les heures carabine de chasse, Pierre Leschie- mie de légionellose qui affecte l’établissement. Cinq cas de patients hos- un homme croise l’assassin présu- fie à présent son témoignage : «La suivant le crime. Mais encore par- ra avait ainsi déposé plainte à la pitalisés infectés par la bactérie legionella ont été découverts depuis la mé de son fils. La scène se répète dernière fois que j’ai vu Pierre, en ce que les travaux des experts ont gendarmerie à la suite de « mena- mi-décembre dans cet établissement inauguré le 21 décembre par le sur un chemin qui surplombe le vil- août 1990, je l’ai interrogé sur les été interprétés différemment par ces de mort » proférées par deux président de la République. L’une des personnes atteintes est sortie de lage de Castellar (Alpes-Mariti- menaces de mort voilées qui lui les juges d’instruction successifs. membres de la famille Verrando l’hôpital « traitée et guérie de sa maladie et de la légionelle », selon la mes) où, le 17 août 1991, le berger étaient adressées depuis des années Pour sortir de l’impasse, M. Mala- distincts de l’accusé. direction de l’établissement. Mme Guigou a affirmé qu’« il faut avoir con- Pierre Leschiera avait été sauvage- par le clan Verrando. Pierre m’a trasi a ordonné un supplément Encore ce cercle familial n’est-il fiance dans cet hôpital ». Elle a notamment visité le service des urgen- ment tué alors qu’il rejoignait son répondu : “Ce ne sont plus des d’information et désigné un collè- pas le seul à avoir été désigné, en ces, dont l’ouverture, prévue mardi, a été repoussée sine die. « Les troupeau. Depuis le drame, son menaces, je suis désormais con- ge d’experts chargés d’éclairer les fin d’enquête et en des termes moyens supplémentaires mis en place par l’Assistance publique-Hôpitaux père monte à la bergerie pour s’oc- damné à mort” ». Le Breton, qui a travaux de leurs anciens collègues. identiques, par le parquet de Nice de Paris [dans les hôpitaux voisins] en faveur de l’accueil des urgences de cuper des bêtes. Au volant d’un écrit courant novembre au prési- Une autre étrangeté continue de et le dernier juge d’instruction l’Ouest parisien sont maintenus », précise un communiqué de l’AP-HP. véhicule tout-terrain, il emprunte dent de la cour d’assises, ajoute peser sur le cours d’un dossier déci- chargé du dossier. Tous deux ont la piste qui passe devant la maison que son ami lui avait raconté un dément singulier. Si Alain Verran- déploré qu’un vieux chasseur de DÉPÊCHES d’un voisin : Alain Verrando, mis « simulacre d’exécution » : le berger do reste l’unique accusé, il n’est Castellar, Emile Muratore, lui aus- a JUSTICE : la chambre criminelle de la Cour de cassation a reje- en examen depuis décembre 1991 avait dû passer sous « la haie d’hon- si en conflit avec le berger, n’ait té, le 13 décembre 2000, le pourvoi de l’ancien PDG d’Alcatel-Als- pour assassinat et alors détenu pen- neur composée par une dizaine de pas été renvoyé devant la justice. thom, Pierre Suard, condamné le 23 mars 1999 pour « abus de biens dant dix mois, est l’unique accusé à chasseurs qui avaient pointé leurs Une série Les charges retenues à son encon- sociaux » à deux ans de prison avec sursis et 2 millions de francs être renvoyé devant les assises. Les fusils vers lui ». De tout cela, M. Le tre – des résidus de tir ont été pré- d’amende pour avoir fait payer par le groupe industriel d’importants deux hommes se fixent du regard, Bozec n’a pu rendre compte, car la d’altercations avaient levés sur une main de M. Muratore travaux de sécurité à son domicile. dans un rituel quotidien, sans cour d’assises a renvoyé l’affaire à peu après le crime ; des cartouches a FAIT DIVERS : deux hommes sont morts, mercredi 3 janvier, jamais se saluer. L’un est convain- la session de septembre 2001. opposé le berger d’un calibre obsolète (16 millimè- dans un incendie d’origine accidentelle qui s’est déclaré dans un cu de la culpabilité de l’autre, qui En un commentaire rare, le prési- tres) correspondant à celles utili- immeuble du 11e arrondissement à Paris. Selon les premiers éléments clame son innocence. Après le cri- dent de la cour, Jean-Michel Mala- au « clan Verrando » : sées par l’assassin ont été retrou- de l’enquête, l’incendie est dû à l’explosion d’une petite bouteille de me, leurs familles sont demeurées trasi, a expliqué le report : « C’est vées chez lui ; M. Muratore a affir- gaz qui se serait produite à la suite d’un court-circuit électrique. dans ce village de six cents âmes, malgré nous que nous avons décidé une dizaine mé « connaître l’assassin », selon a Une mère de famille a été mise en examen pour assassinat et confiné sur un éperon rocheux de ce renvoi, mais cette décision est une écoute téléphonique – ne sont écrouée, mardi 2 janvier, pour avoir noyé son fils, âgé de neuf ans, dans l’arrière-pays niçois, dans un cli- indispensable à la manifestation de d’hommes, dont pas négligeables. « Il est extrême- la baignoire de son appartement à Montpellier (Hérault), dimanche. Cet- mat de peurs et de rancœurs. la vérité. » ment regrettable qu’au vu d’un tel te femme, âgée de quarante-trois ans, a reconnu avoir prémédité son ges- L’interminable huis clos est Il faut dire que, après neuf ans les deux frères faisceau d’indices convergents, te pour que son enfant ne retourne pas le lendemain chez son père, qui imposé par une série de négligen- de procédure et trois juges d’ins- M. Muratore n’ait point été mis en en avait la garde depuis deux ans. Le couple était en instance de divorce. ces judiciaires dans un dossier où truction successifs, les magistrats de l’accusé, passionnés examen », ont noté le parquet de a SANTÉ PUBLIQUE : un adolescent sedanais de dix-sept ans, chacun sait pourtant que la haine ont découvert, le matin de l’audien- Nice, en septembre 1999, ainsi que souffrant d’une méningite à méningocoque probablement de a tué. Début décembre 2000, le der- ce, que les deux experts intervenus par la chasse le magistrat instructeur. Mais la type C, a été hospitalisé, mercredi 3 janvier, au CHU de Reims (Mar- nier des ratés de la justice a été dans l’affaire manquaient à l’ap- cour d’appel d’Aix a balayé cette ne). Les personnes ayant fréquenté, le 29 décembre, le bar Le Gambri- souligné par les protestations d’un pel. Le premier, Loïck Le Ribault, et réputés violents analyse, en novembre 1999, lors- nus, à Sedan (Ardennes), la discothèque Le Warquan, à Illy, et, le vieil ami du berger. Christian Le est sous le coup d’un mandat d’ar- qu’elle a renvoyé le seul Alain 30 décembre, le bar Le Pont-Neuf, à Sedan, sont invitées à se rendre à Bozec, infirmier en Bretagne, rêt, en fuite à l’étranger, selon les Verrando devant les assises : « Ces l’hôpital pour un traitement préventif. s’était déplacé à Nice, le 6 novem- indications de M. Malatrasi ; l’an- pas le seul à avoir été en conflit éléments ne paraissent pas suffi- a VACHE FOLLE : une quarantaine d’agriculteurs du Calvados ont bre, afin de témoigner devant la cien patron d’un laboratoire privé ouvert avec le berger assassiné. Au sants pour justifier une mise en exa- mené une opération « coup de poing », mercredi 3 janvier, à Caen, en cour d’assises des Alpes-Mariti- de Bordeaux (Le Carme, mis en village, comme sous la plume des men de M. Muratore, son épouse murant la porte d’entrée de la direction départementale de l’agriculture. mes où devait comparaître Alain liquidation judiciaire en septem- magistrats de l’instruction et du assurant qu’il n’avait pas quitté le Les manifestants réclamaient des « mesures urgentes pour les éleveurs, la Verrando. Cité par la famille de bre 1991) a dérogé au contrôle judi- parquet, il est rappelé qu’une série domicile familial le jour des faits. » filière et ses emplois » et l’agrément du laboratoire d’analyses du départe- Pierre Leschiera, il avait prévu de ciaire qui lui était imposé et serait d’altercations avaient opposé le Après le report du procès, Castel- ment afin que soient lancés les tests systématiques de l’encéphalopathie rapporter des éléments nouveaux réfugié en Irlande. La seconde, berger au « clan Verrando » :un lar a replongé dans ses peurs et ses spongiforme bovine (ESB) chez les bovins de plus de trente mois. Aucun sur le contexte ayant conduit à la Michèle Rudler, ex-directrice du groupe d’une dizaine d’hommes incertitudes. Alain Verrando, qui bovin ne pouvait être abattu depuis mardi dans le Calvados en l’absence mort du berger, assassiné à l’âge laboratoire scientifique de la poli- de Castellar, dont les deux frères s’était constitué prisonnier à la de laboratoire. Le même jour, José Bové, porte-parole de la Confédération de trente-trois ans. Les deux amis ce de Paris, a été radiée de la liste de l’accusé, passionnés par la chas- veille de l’audience, a regagné le paysanne, et une cinquantaine d’agriculteurs ont manifesté à Privas (Ardè- s’étaient connus au Bénin, au des experts judiciaires ; sa citation se et réputés violents. L’origine de village. Cités comme témoins par che) pour demander la mise en place de ces tests dans le département. début des années 80, où ils partici- devant la cour lui a en outre été la querelle remontait à une histoi- l’accusé ou par la famille de la victi- a Un cas d’ESB a été détecté en Haute-Loire sur un animal prove- paient à des projets humanitaires. expédiée à une mauvaise adresse. re de droit de passage sur la piste me, une trentaine d’habitants de la nant d’un autre département, a annoncé la préfecture, mercredi 3 jan- De retour en France, le Breton a L’ensemble est particulièrement conduisant à la bergerie. Trois commune ont fait de même. vier. La bête, ainsi qu’une autre vache issue du même troupeau et pré- souvent rendu visite au berger, qui fâcheux. Non seulement parce que jours avant de tomber dans un sentant des signes suspects, a été abattue. était devenu le parrain de son fils ces expertises constituent la princi- guet-apens, de recevoir une Erich Inciyan 11 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 Le décollage de l’économie corse, défi majeur du processus de Matignon Les élus attendent du futur statut une nouvelle impulsion. Agriculture en crise, secteur industriel faible, nouvelles technologies encore peu développées, sous-capitalisation chronique : le tourisme sera-t-il le moteur d’un développement alliant écologie, identité et ouverture sur l’Europe ?

AJACCIO, BASTIA Un tertiaire omniprésent et de fortes distorsions structurelles avec le continent pole, destiné à accueillir les entrepri- de notre envoyé spécial ses de nouvelles technologies. Les L’un des enjeux des discussions EMPLOIS SALARIÉS PAR SECTEUR D'ACTIVITÉ ÉCART RELATIF DES PARTS DE VALEUR ÉTABLISSEMENTS SELON L'ACTIVITÉ ET LA TAILLE 6 hectares déjà aménagés commen- sur l’évolution du statut de la Corse AU 1ER JANVIER 1999 AJOUTÉE BRUTE SECTORIELLES EN 1996* EN CORSE AU 1ER JANVIER 2000 (hors agriculture) cent à se remplir. Trois nouvelles est l’aggiornamento de l’économie entreprises (conception de logiciels, insulaire. Tout le monde, ici, en est 80 000 AGRICULTURE 12 000 imagerie de synthèse, centre d’ap- conscient. Jean-Claude Guazzelli pel sur le Net) s’y sont installées. 70 000 SERVICE NON (RPR), vice-président du conseil MARCHAND INDUSTRIE 10 000 Viennent s’y ajouter cinq dé- exécutif de l’Assemblée de Corse et 60 000 localisations, dont le centre de trai- 8 000 président de l’Agence du développe- 50 000 tement des réservations de la Socié- ment économique de la Corse té nationale Corse-Méditerranée (ADEC), est catégorique : «En 40 000 6 000 (SNCM). Le Conservatoire national offrant les moyens de créer des pôles des arts et métiers (CNAM) y orga- 30 000 4 000 d’impulsion, le processus de Mati- nise un mastère sur les énergies 20 000 gnon est tourné vers cet objectif. » 2 000 renouvelables et doit créer plu- Pour la majorité des élus, cette 10 000 SERVICE sieurs laboratoires de recherche. réorganisation économique passe, BAT., GÉNIE CIVIL 0 Miguele Fabiani, directeur du parc, 0 MARCHAND en priorité, par le développement ET AGRICOLE attend dans l’immédiat cinq implan- AUCUN 1À9 10À49 touristique : plus question, pour 1990 1997 1998 1999 50 ET tations supplémentaires. Et de con- COMMERCE SALARIÉ PLUS eux, de continuer à disserter sur la clure : « Qu’on ne vienne pas me dire définition d’« un tourisme accep- AGRICULTURE INDUSTRIE CONSTRUCTION CORSE INDUSTRIE CONSTRUCTION que l’insularité est un frein ! » table ». Il s’agit maintenant d’avan- Il n’empêche : la sous-capitalisa- cer. Des orientations commencent TERTIAIRE ENSEMBLE FRANCE TERTIAIRE TOTAL tion chronique de l’économie corse, à se dessiner, elles devraient être * Quel que soit le secteur d'activité, la valeur de la France sert de base à la comparaison Source : INSEE conjuguée à un faible réseau d’éta- favorisées par la possibilité ouverte, (150 000 touristes), qui se désertifie rural, alors que sans cela l’agricul- devra respecter les contraintes euro- 130 salariés. Encore s’agit-il d’une blissements de formation (il n’exis- dans l’avant-projet du gouverne- chaque année un peu plus. ture de montagne va disparaître. » péennes, s’inscrirait dans le cadre filiale d’Aerospatiale, qui après de te pas, par exemple, d’école hôteliè- ment, d’adapter la « loi littoral » à L’ADEC, qui reconnaît que l’inté- A l’évidence, les responsables d’une économie « écologique et sérieux problèmes en 1993 a, sem- re), est un lourd handicap pour le la spécificité corse, qui inquiète pré- rieur est en « danger », songe à un corses ne pensent pas que l’agricul- identitaire », prônée par l’Assem- ble-t-il, trouvé sa vitesse de croisiè- développement de l’île. En dehors cisément les défenseurs de l’envi- modèle différent de celui qui pré- ture, qu’elle soit de montagne ou blée de Corse dans un rapport adop- re. de la « rente publique », pour ronnement. vaudrait sur la côte. Il s’agit de fon- de plaine, puisse être l’un des té il y a quelques mois et qui définit Au bout du compte, il est difficile reprendre la formule de Michel Big- L’idée force de M. Guazzelli est der le développement, dans une moteurs du décollage économique. une « ambition européenne pour la de trouver de francs succès d’entre- gi, directeur à Ajaccio du réseau de faire véritablement entrer la Cor- dizaine de « territoires », autour de En dehors de la viticulture, qui a su Corse ». prises corses. Sauf, peut-être, dans Eurisles (outil d’expression et de se dans l’économie de marché. thèmes porteurs correspondant s’installer sur le créneau de la qua- Ce type de production nécessite les métiers jugés d’avenir. Comme lobbying des îles européen- Même pour le tourisme – secteur aux activités traditionnelles (pro- lité, l’agriculture, handicapée par un fort apport de valeur ajoutée. Ce l’aquaculture marine, qui a effectué nes) – soit quelque 4 milliards de aujourd’hui le mieux placé –, « nous duits régionaux, artisanat, parcours l’étroitesse des productions et des peut être le cas, par exemple, pour une percée dans les golfes du Sud. francs par an transférés par le Tré- n’en faisons pas partie à ce stade par- pédestres et équestres, etc.). Là débouchés en Corse alors que les les fameux fromages et la charcute- sor français au titre de la spécificité ce que nous ne sommes pas une desti- aussi, l’aménagement de la « loi marchés sont internationaux et rie, comme cela a été fait pour le corse, dont 170 millions octroyés nation pour les tour-opérateurs », montagne » envisagé apparaît à ses ultraconcurrentiels, fait face à de miel, qui a obtenu une Appellation Corse Composites par le budget européen –, les sour- précise-t-il. Pour l’élu RPR comme défenseurs comme une chance graves difficultés. C’est pourquoi d’origine contrôlée (AOC), la ces de financement sont rares. pour de nombreux acteurs écono- pour le tourisme vert. René Modat, les responsables corses sont le plus deuxième pour ce produit en Fran- aéronautiques, Ainsi, La Corse ne possède qu’un miques, la dynamisation du touris- président de la chambre d’agricul- souvent favorables à une « autre » ce, avec l’appui du Critt (Centre seul outil de capital-risque, Femu me passe par le « reconditionne- ture de Corse-du-Sud, est cepen- agriculture, fondée sur une politi- régional d’innovation et de trans- la société Qui, aux ressources limitées à ment » du parc hôtelier existant et dant dubitatif sur la détermination que de labellisation, de sorte que fert technologique) de l’université 23 millions de francs. la construction de huit à dix établis- des élus : « On ne sent pas une volon- les produits soient clairement iden- de Corte. la plus importante, Certes, M. Guazzelli fonde de sements de 150 à 300 chambres. té précise de développer le tourisme tifiés. Un tel développement, qui Mais René Modat regrette la logi- grands espoirs sur l’effet d’entraîne- Cela suppose d’offrir un dispositif que libérale communautaire : ne compte ment de la loi-programme prévue d’accueil aux investisseurs, centré « Appliquer la législation européen- par les accords de Matignon. Ce sur des avantages fiscaux, notam- Une « ambition européenne » affichée ne, pour nous, [s’effectue] au détri- que 130 salariés programme exceptionnel d’investis- ment sous la forme de crédits d’im- ment de la rentabilité. » Et de stigma- sements – entre 12 et 13 milliards pôts. La commission des affaires européennes de l’Assemblée de Corse, tiser l’aveuglement de Bruxelles : de francs sur quinze ans – portera Si la philosophie générale est par- présidée par le nationaliste Jean-Guy Talamoni, a entrepris de fédé- « Comment comprendre qu’on doit Avec une production avoisinant les sur les infrastructures, notamment tagée par beaucoup, elle suscite des rer les énergies insulaires afin de dégager « une ambition européenne appliquer les mêmes normes lors- 1 000 tonnes (loups et daurades), l’installation d’un réseau téléma- interrogations dans certains pour la Corse ». Son rapport, adopté par l’Assemblée de Corse et qu’on traite 150 litres de lait par jour dont près de la moitié est exportée tique à haut débit. Mais, à moyen milieux, qui craignent que la pres- publié dans l’île (Le Monde du 4 novembre 2000), résulte de travaux pour la fabrication de fromages, d’un vers le marché européen, l’île est la terme, les investissements privés de sion touristique, relativement forte conjoints effectués, notamment, avec les deux conseils généraux et côté, et 10 000 litres de l’autre ? » troisième région de France dans ce grande ampleur ne peuvent venir (2 millions de touristes pour une les associations de maires, les chambres de commerce et d’industrie, La structure de l’industrie corse secteur, après le Nord – Pas-de que de l’extérieur. Comme la renta- population de 260 000 habitants), les chambres de métiers et d’agriculture. est aussi révélatrice de la dimension Calais et Provence-Alpes-Côte bilité sur l’île est supposée être la n’augmente encore. C’est le cas de Sous le titre « Une ambition européenne pour la Corse » et le sous- de l’économie insulaire : seules d’Azur. plus grande dans le domaine du tou- la mouvance écologiste et d’une titre « Environnement et identité au cœur du développement », il se 11 entreprises, sur un total de Mais les dirigeants corses fon- risme, les capitaux ont toutes les partie des nationalistes : ils vou- fixe notamment pour objectif de définir « un projet global de la Corse ». 1 723, comptent plus de 50 em- dent le plus d’espoir sur la nouvelle chances de se diriger principale- draient être certains que le dévelop- Il insiste sur la nécessité d’« inscrire toutes les actions dans le cadre d’une ployés. 758 ont moins de 10 sala- économie. Trente ans après le ment vers ce secteur. Vers la solu- pement touristique soit non seule- véritable politique européenne de la Corse ». Ainsi, le document prône riés, 861 aucun. La société la plus début de Sophia Antipolis, sur la tion de facilité ? ment maîtrisé sur le littoral, mais « l’ouverture aux entreprises et partenaires internationaux souhaitant importante, Corse Composites aéro- Côte d’Azur, l’île vient d’ouvrir un qu’il profite aussi à l’arrière-pays s’investir » dans le « créneau de l’économie écologique et identitaire ». nautiques, à côté d’Ajaccio, compte parc à Bastia, Futura Corse Techno- M. S.

TROIS QUESTIONS À... Ne craignez-vous pas que vos Le drame des agriculteurs surendettés 3demandes soient interprétées JACQUES ROSSI comme un discours d’exclusion ? AJACCIO-BASTIA qui frôle l’incompréhensible : insulaire, admet que la situation quinze dernières campagnes de Ce n’est certainement pas de l’ex- de notre envoyé spécial pour des emprunts initiaux d’un est inextricable, même s’il prend commercialisation de cet agrume Jacques Rossi, vous êtes secré- clusion. Pour le STC, un travailleur « Nous sommes sur un baril de total de 400 millions de francs, la la précaution de ne pas chiffrer les se sont trouvées confrontées à 1taire général du Syndicat des tra- corse, c’est quelqu’un qui vit et tra- poudre. » Joseph Colombani, prési- dette des 1 600 agriculteurs inté- cas désespérés : « Il est certain treize grèves des transports mariti- vailleurs corses (STC), qui revendi- vaille sur l’île. D’ailleurs, 40 % de dent nationaliste de la fédération ressés atteint aujourd’hui 1,3 mil- qu’il y a des gens qui sont foutus mes, alors que la production globa- que la « corsisation » des emplois. nos 3 500 adhérents sont des non- de Haute-Corse de la Fédération liard de francs. M. Colombani tire mais, pour ceux-là, il faut imaginer le annuelle de clémentines corses Comment la définissez-vous ? Corses, parmi lesquels on trouve nationale des syndicats des exploi- de ses classeurs un dossier exem- des solutions de conversion et de correspond à une semaine de con- L’objectif est d’empêcher que les des continentaux mais aussi des tants agricoles (Fnsea), est singu- plaire de la situation, parmi tant réinsertion. » Pour les autres, il sommation du continent. De son Corses soient discriminés sur le mar- Maghrébins, des Portugais, ou lièrement alarmiste sur l’avenir de d’autres : celui d’un adhérent de la estime que les partenaires natu- côté, le kiwi connaît aussi des diffi- ché local du travail. D’autant moins encore des Italiens. Pour nous, il y l’agriculture insulaire. L’endette- fédération départementale dont rels de l’agriculture corse, l’Etat et cultés, confronté aux grandes pro- que le taux de chômage ici est supé- a le souci de stopper le dépeuple- ment des exploitations, notam- la dette de départ était de le Crédit agricole, doivent jouer ductions, telle celle de Nouvelle- rieur à la moyenne nationale. La ment, notamment dans la Corse de ment celles situées dans la plaine 730 000 francs, et qui s’élève main- leur rôle en favorisant l’élimina- Zélande, bien trop compétitives. fonction publique emploie moins l’intérieur. Quand un jeune part, il orientale, explique cette dramati- tenant à 3,1 millions de francs. Le tion d’une partie de la dette. Jean Face au nombre croissant d’agri- de locaux que dans la plupart des ne revient qu’à la retraite. sation. Le récent refus du Conseil responsable agricole évalue à 300 Glavany, ministre de l’agriculture, culteurs pris au piège de l’endette- régions, qui comptent plus de constitutionnel d’autoriser les agri- le nombre d’exploitations – soit a créé à cet effet une commission ment, qui alimentent grandement fonctionnaires originaires de chez Propos recueillis par culteurs à jour de cotisations une superficie de 9 000 hecta- d’audit. la mouvance nationaliste, les pou- elles. Selon ce critère, la Corse Marcel Scotto pour 1999 et 2000 à bénéficier res – qui pourraient être saisies et, voirs publics et les créanciers ont arrive en dix-huitième position. d’un plan d’apurement de leurs pour lui, sans doute disparaître. ESPÈCES INADAPTÉES multiplié les plans de rééchelonne- Pour nous, à compétence égale, dettes sociales antérieures (Le Jean-Claude Guazzelli (RPR), Comment en est-on arrivé là ? ment des remboursements pour la priorité doit être donnée aux Monde daté 31 décembre vice-président du conseil exécutif Les choix de production n’ont pas ne pas alourdir le climat politique. Corses. Ces derniers ne peuvent 2000-1er janvier 2001) n’est pas fait de l’Assemblée de Corse et prési- toujours été judicieux. M. Colom- Ce laxisme a fini par alerter la jus- rivaliser avec les continentaux, pour améliorer les choses. dent de l’Agence de développe- bani explique que, par exemple, le tice, qui a ouvert une enquête et beaucoup plus nombreux à se pré- La mise en valeur de 32 000 hec- ment économique de la Corse développement de la clémentine mis en examen le Crédit agricole senter aux concours et qui pren- tares de terres le long du littoral (ADEC), qui fut longtemps direc- a, dans certains cas, entraîné la de Corse et plusieurs de ses res- nent les places la plupart du temps. au sud de Bastia, dans les années teur régional du Crédit agricole, sélection d’espèces inadaptées à la ponsables. Du coup, les étudiants qui sortent 60, a conduit à un surendettement principal créancier de l’agriculture Corse. Il rappelle aussi que les Personne, parmi les agricul- de l’université de Corte préfèrent teurs, ne veut disparaître. C’est renoncer et partir ailleurs. Il fau- pourquoi ceux-ci demandent pure- drait, au moins, appliquer un sys- Les contraintes imposées par Bruxelles Ce corps législatif concerne, ment et simplement de limiter les tème qui consiste à obliger les gens notamment, la consommation remboursements à la dette initia- à rester un minimum de cinq ans L’Union européenne a développé allaitante et de l’indemnité spéciale alimentaire (étiquetage qui permet le. Joseph Colombani, même s’il dans le poste qu’ils ont décroché deux types de « lois » qui montagne, qui avait conduit de vérifier que les produits ne est pour le développement d’un en Corse, de sorte que leur passage contraignent ses Etats membres la Commission européenne comportent pas d’ingrédients tourisme maîtrisé, craint que les ne relève pas que du carriérisme. à faire respecter la législation à la suspension des aides en 1994 et interdits), la pratique de la chasse, terres qui seraient retirées de européenne sur leur territoire : à stigmatiser l’inertie des autorités l’environnement et la pollution l’agriculture ne fassent l’objet de Avez-vous la même position b Les règlements. Arrêtés par françaises, suscite beaucoup de (donc la protection du littoral sous spéculations immobilières desti- 2pour le secteur privé ? les Quinze, ils s’appliquent suspicion à Bruxelles. ces deux aspects), le respect de la nées à construire des complexes Tout à fait. A compétence égale, directement et concernent surtout b Les directives. Adoptées concurrence, en regard des touristiques. René Modat, prési- on doit obliger les patrons à recru- l’agriculture. La latitude des conjointement par les Quinze subventions consenties dent de la chambre d’agriculture ter des Corses. Ils ont tendance à se gouvernements est pratiquement et le Parlement européen, aux compagnies de transport de Corse-du-Sud, lui aussi favora- tourner vers les cadres du conti- nulle. C’est, en partie, pour cette elles doivent être transposées dans et des aides fiscales accordées ble à un accroissement de l’activi- nent, parce qu’ils craignent que les raison que ce secteur est hors les législations nationales au terme aux entreprises industrielles té touristique comme la plupart Corses ne soient laxistes avec les per- processus de Matignon. Un d’un délai de deux à cinq ans. et aux sociétés de services. des responsables corses, est sonnels subalternes. En outre, les exemple : la plantation de nouvelles Dans le cas contraire, un Etat Des dérogations peuvent être moins radical que son collègue de milieux patronaux restent toujours superficies consacrées à la viticulture membre peut être condamné par consenties à l’issue de négociations Bastia. Mais il est tout aussi dans la logique qui consiste à croire est strictement interdite. En outre, la Cour de justice de Luxembourg. Il avec Bruxelles. La Commission est, catégorique : « Il y en a qui sont en que les continentaux sont meilleurs l’affaire des détournements des bénéficie d’un laps de temps pour ce en tout cas, hostile à une attente de la spéculation. » que les insulaires. Comment appré- primes européennes à la vache faire, qui est très limité. prorogation des zones franches. cier la compétence de ces derniers si M. S. on ne leur donne pas leur chance ? LeMonde Job: WMQ0501--0012-0 WAS LMQ0501-12 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0262 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Marie et Patrick Giacometti-Bertin, – Mme Philippe Letessier, – Mme Jean de Tonnac de Villeneuve, Jacques et Christine Giacometti née Yannick Garnaud, son épouse, Naissances et leurs filles Pauline et Lucie, son épouse, Anne de Tonnac Jean-Louis Giacometti, Eric et Florence Letessier, et ses enfants, Guy et Cathy ses enfants et petits-enfants, Lionel et Tania Letessier, Philippe et Pascale de Tonnac-Nivet Madeleine Barbulée BOUTEVILLE-LECAT ont la tristesse de faire part du décès de Frédéric et Corinne Letessier, et leurs enfants, ont le bonheur d’annoncer la naissance de Philippe et Emmanuelle Claire et Denis Pelletier-de Tonnac leur petite-fille, Mathieu Joseph François Malevergne de Lafaye, et leur fille, GIACOMETTI, ses enfants, Rémy et Maëlle de Tonnac-Llopis Des rôles de vieille dame excentrique Lou, Raphaël, Margaux, Florian, Albane, et leurs enfants, Flore, Solenn, Thibault, Opaline, ses enfants, survenu le 31 décembre 2000, à Paris, à LA COMÉDIENNE Madeleine outre la radio, elle sera de l’émis- chez Chloé et Léa, ses frères et leur famille, l’âge de quatre-vingt-deux ans. Barbulée, également auteur de sion télévisée « Au théâtre ce Hélène et Fabrice ses dix petits-enfants, ses beaux-frères et belles-sœurs de de CARNÉ CARNAVALET, Joëlle Letessier, Tonnac, Monnier, Leenhardt, pièces pour la jeunesse et peintre, soir » dès les origines. La levée de corps aura lieu le vendredi er sa sœur, font part du rappel à Dieu de est morte, lundi 1 janvier à Paris, Petite dame rieuse, aux cheveux le 28 décembre 2000. 5 janvier 2001, à 8 h 45, à la chambre Céline Hartman, à l’âge de quatre-vingt-dix ans. blancs coupés court, Madeleine funéraire de l’hôpital Cochin, 12, rue sa nièce Jean de TONNAC Méchain, Paris-14e. Née à Nancy (Meurthe-et-Mo- Barbulée avait débuté par des et ses enfants, Jeanne et Jules, de VILLENEUVE, selle) le 2 septembre 1910, Made- compositions de vieilles dames, Anniversaires de naissance Colette Letessier, avocat honoraire à la cour, Il sera inhumé au cimetière de Grosseto me leine Barbulée était montée sur les d’Anglaises excentriques, de fo- M. et M Jean-Pierre David, – Quinze ans ! (Corse), dans le caveau de famille, le ses cousins, le mercredi 3 janvier 2001. planches dès l’âge de trois ans. folles. Pendant toute sa carrière, samedi 6 janvier. ont la tristesse de faire part du rappel à Après des études à l’école des elle fut cantonnée dans ces rôles, Joyeux anniversaire à Dieu de Un service d’action de grâces sera beaux-arts de la ville et un premier aux côtés de partenaires comme 163, rue de Sèvres, célébré le vendredi 5 janvier, à 15 heures, Pauline ABOUT. prix de diction et de comédie au Robert Lamoureux, Michel Bou- 75015 Paris. M. Philippe LETESSIER, au temple de la rue Brueys à Montpellier. conservatoire local, elle avait re- quet, Robert Hirsch, Guy Tréjean, Big bisous. le 30 décembre 2000. « Ton salut remplira de joie mon cœur. joint l’équipe théâtrale du Groupe Jean-Pierre Marielle, Michel Gala- – Philippe et Michel Gribinski, Dad. C’est celui qui marche dans l’intégrité, des étudiants catholiques (GEC), bru ou Maria Pacôme. Elle partici- ses enfants, La cérémonie religieuse aura lieu le qui pratique la justice, avant d’intégrer en 1936 la compa- pa à la création de plusieurs pièces Serge et Banafsheh, Sonia, Mélanie, vendredi 5 janvier 2001, à 14 heures, en qui dit la vérité telle qu’elle est Elsa, l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine. gnie des Comédiens-routiers, de Félicien Marceau, Marcel Ay- – Bon anniversaire, dans son cœur. ses petits-enfants, L’homme intègre a accès jeune troupe issue du scoutisme et mé, et, surtout, qui Raphaël, Léo, Lucas, auprès de Dieu. » dirigée par Chancerel. lui écrivit des rôles sur mesure, Louis, ses arrière-petits-enfants, – Nous avons le regret de faire part du Psaumes 13-15. De 1940 à 1942, elle retrouve dans ou Abigail, Michela, décès de La Valse des toréadors Les en souvenir du 5 janvier 1983. ses belles-filles, 16, rue de la Merci, Grenier et Hussenot à Uriage. Elle Poissons rouges. M. Roger LORENTZ, 34000 Montpellier. tourne en leur compagnie dans les Elle a joué dans quelque cent Le plus beau jour de notre vie. Linette Cotta, maire des Clérimois (Yonne), villages de la zone libre. Elle sert cinquante pièces de théâtre et Que Dieu te protège. sa sœur, président du syndicat me de « courrier » de la Résistance tourné dans près de trois cents Françoise, Jacques Cotta, Nord-Est de la SAUR. – M Jean Widmann, Tes parents qui t’aiment. son épouse, durant l’Occupation. Pierre films, sans compter les téléfilms, Eliane Meltzer, ses nièces et neveu, Germaine Lorentz, Bernard et Nicole Widmann, Schaeffer l’engage comme speake- séries et pièces radiophoniques. J.-M.L. A.S.L. Renée Hatem, Huguette Weil, son épouse, Philippe Algan, rine du Radio-journal de la RDF On l’avait encore vue en octobre Gérard, Chantal, Alain, Hervé Lorentz, Rolande Widmann, (Radio-diffusion française), char- 2000 sur France 2, dans Mémoires ont la tristesse d’annoncer le décès de ses enfants, Geneviève et Yann Razafindramonta, Ses petits-enfants. Odile et Roger Gayte, gée de lire les messages des fa- en fuite, de François Marthouret, Cher Papa, ses enfants et alliés, milles françaises à la recherche de aux côtés de Geneviève Page et Emilie GRIBINSKI, ses petits-enfants et arrière-petit-fils, née PIPERNO, La cérémonie religieuse aura lieu à leurs proches. Après la guerre, Bernard Lecocq. nout te souhaitons, avec l’ensemble de la 15 heures en l’eglise des Clérimois, le ont la tristesse d’annoncer le décès de famille, un très heureux anniversaire en ce vendredi 5 janvier 2001. jour du 5 janvier 2001. survenu le 27 décembre 2000, dans sa Jean WIDMANN, quatre-vingt-seizième année, Cet avis tient lieu de faire-part. Jean-Pierre, Gilles, Florence. survenu le mardi 2 janvier 2001, à l’âge et rappellent la mémoire de son époux, Chemin de Derrière, de quatre-vingt-douze ans. 89190 Les Clérimois. Edouard Guibert Décès Silvain GRIBINSKI, La cérémonie religieuse a eu lieu le jeudi 4 janvier, en la chapelle Sainte-Anne – Poitiers. disparu le 6 mars 1980. – Sébastien, Damien, Séverine de Toulon, suivie de l’inhumation au Journaliste de télévision et dirigeant syndical et Marion Maurice, cimetière du Beausset. Mme Colette Bloch, Les obsèques ont eu lieu aux Hogues ses enfants, JOURNALISTE de télévision et L’activité professionnelle son épouse, (Eure), dans l’intimité. Joëlle Boyer, Le présent avis tient lieu de faire-part. ancien président du Syndicat na- d’Edouard Guibert est indisso- Laurent, Isabelle, Martine, son amie, ses enfants, Et toute sa famille, 911, boulevard du Faron, tional des journalistes (SNJ), ciable de son engagement syndi- 97, place Emile-Jamais, 83200 Toulon. Ses petits-enfants, 30670 Aigues-Vives. ont la peine de faire part du décès de me 10, rue Vandrezanne, Edouard Guibert est mort di- cal. Président du SNJ de 1970 à M Marianne Milhaud, 38, rue de Turenne, me 75013 Paris. manche 31 décembre 2000 des 1974, il fut parallèlement président M Claude Bloch, 75003 Paris. Claude MAURICE, suites de maladie. de l’Union nationale des syndicats ses sœurs, directeur adjoint à la banque Ses neveux et nièces, Né le 10 avril 1937 à Lyon, il était de journalistes (UNSJ). Vernes Artesia, font part du décès de Daniel GUILLOT, Rectificatifs entré en 1960 à l’ORTF, à la radio En 1981, il est appelé par Guy er bibliothécaire-documentaliste. survenu le 1 janvier 2001, à Paris, – Dans le faire-part de décès de puis au journal télévisé du bureau Thomas, nommé PDG de M. Michel BLOCH, dans sa cinquante-neuvième année. officier des Palmes académiques, régional de Nancy où il participa, , pour réorganiser le ré- Etincelle d’intelligence et de passion M. Louis-René des FORÊTS, en 1963, à la création du Festival seau de la chaîne dont il devint, de médaille de la Résistance avec rosette. artistique, meurtri par la dure condition de La cérémonie religieuse sera célébrée travailleur handicapé moteur, disparu à le samedi 6 janvier, à 10 h 30, en la international de théâtre aux côtés 1982 jusqu’en 1984, directeur de Ses obsèques ont eu lieu le mercredi chapelle du cimetière du Père-Lachaise, à paru dans le carnet daté mercredi l’âge de cinquante-trois ans, à l’aube du e 4 janvier 2001, il fallait lire : de Jack Lang. Nommé reporter à l’information. Proche des réalités 3 janvier 2001, à l’espace funéraire de troisième millénaire. Paris-20 . Poitiers. France-Inter en 1967, il fut, en mai régionales, il finit par démission- La levée du corps aura lieu le vendredi 1968, l’un des animateurs des ner à la suite d’un désaccord avec L’incinération suivra au crématorium Les obsèques auront lieu le lundi du Père-Lachaise. 5 janvier, à 9 heures, à l’amphithéâtre de 138, rue de la Mérigotte, 8 janvier 2001, à 16 h 30, au cimetière de luttes syndicales pour dénoncer la le directeur général Serge Moati. 86000 Poitiers. l’hôpital Cochin, 12, rue Méchain, mainmise du pouvoir sur la radio- Délégué de son organisation dans Fontenay-aux-Roses, avenue 15, rue Georges-Le-Tiec, Paris-14e. télévision publique. Licencié puis diverses organisations profession- Jeanne-et-Maurice-Dolivet. 94120 Fontenay-sous-Bois. – Claudine et Claude Mendes réintégré, il prit également une nelles, il consacra ensuite l’essen- De la part de Conférences part très active, à la tête de la sec- tiel de son activité à la formation et leur fille, Lucette Boukhors Marcelle Vernet, – Le président, tion ORTF du Syndicat national des jeunes journalistes au CFPJ. et ses enfants, sa compagne dans les petites joies et les Le conseil d’administration de – A l’invitation du Bnaï-Brith Ben des journalistes (SNJ), lors des Homme de convictions ancrées à Alain et Annick Boukhors peines. l’Association des journalistes-écrivains Gourion, le professeur Maurice-Ruben mouvements sociaux qui ont se- gauche, il apporta, ces dernières et leurs enfants, pour la nature et l’écologie Hayoun traitera du thème suivant : Daniel et Joyce Boukhors « Terra sit tibi levis. » ont l’immense tristesse de faire part du « Comment prénomme-t-on les enfants coué l’organisme public au mo- années, son soutien à l’hebdoma- er et leurs enfants, décès, survenu le 1 janvier 2001, à dans le judaïsme ? Un enfant peut-il ment de son éclatement en 1974. daire Politis dans son conseil de ses enfants et petits-enfants, 8 bis, rue Mordillat, Saint-Molf, de son président-fondateur, porter le prénom de son grand-père ou Marquant son désaccord, il quitta surveillance. ont la tristesse de faire part du décès de 92260 Fontenay-aux-Roses. de sa grand-mère ? En est-il la alors Antenne 2 en invoquant la Pierre PELLERIN, réincarnation ? » Mme Juliette BOUKHORS, journaliste, écrivain. clause de conscience. Michel Delberghe – Nous avons la tristesse de faire part Le jeudi 11 janvier 2001, à 20 h 15, salle des mariages de la mairie du 16e, survenu le 2 janvier 2001. du décès de la comédienne Amoureux de la nature et de la Terre, il nous a beaucoup appris. 71, avenue Henri-Martin, Paris-16e. a ROGER DUROURE, ancien dé- ans de carrière à Hollywood, dont Les obsèques ont eu lieu le mercredi Wanda KERIEN, Il nous a montré tant de voies depuis ce Renseignements : puté (PS) des Landes, est mort di- certains écrits avec son frère ju- 3 janvier, au cimetière de Pantin. née MALACHOWSKI, jour de 1969 où il fonda notre association Tél. : 01-40-82-26-02. manche 31 décembre 2000 à l’hôpi- meau Philip, mort en 1952. Les veuve de E-mail : [email protected] Cet avis tient lieu de faire-part. qu’il nous faudra des années pour les tal de Dax. Né le 8 octobre 1921 au frères Epstein et Howard Koch par- Jean-Pierre KERIEN, explorer toutes... Val-d’Ajol (Vosges), instituteur tagèrent en 1943 l’Oscar du meilleur 115 bis, rue de Paris, – Conférences du Marais : 94220 Charenton-le-Pont. Il restera pour nous une référence car, agricole, Roger Duroure a été dé- scénario pour Casablanca. En quête survenu le 2 janvier 2001, dans sa pour se revendiquer « journaliste de la « Le monde, subir ou agir ». puté des Landes de 1973 à 1986. Il a de travail après son diplôme de quatre-vingt-deuxième année. nature et de l’environnement » dès les Quatre conférences, quatre mercredis été conseiller régional d’Aquitaine journalisme, qu’il obtint durant la – Jacotte et Marianne Caupenne, années 50, il fallait à la fois du courage et de suite, à 20 h 30, à l’église réformée du (1973-1986) et conseiller général du grande dépression, Julius Epstein M. et Mme André Saragné, De la part de beaucoup de talent. Marais, entrée crypte : 15, rue Castex, Laure Obolensky-Kerien, Paris-4e, métro Bastille. Entrée libre. canton de Mimizan (1979-1985). De devint scénariste en 1933 avant de leurs enfants et petits-enfants, ont la tristesse d’annoncer le décès de sa fille, Salut, Pierre. Libre participation aux frais. juillet 1981 à février 1982, Roger Du- signer un contrat avec la Warner en Michel Malachowski, « Parents aujourd’hui ». Le JNE, roure a été parlementaire en mis- 1935, dont il fut un des piliers. Son Mme Jean CAUPENNE, son frère, 10 janvier, avec Frédéric de Coninck sion auprès du premier ministre, nom figure également au générique Les familles Malachowski, Kerien, 38, rue Croix-des-Petits-Champs, (sociologue) et Pierre Lassus née Marie-Claude 75001 Paris. BALDENSPERGER, Boucherot, (psychopédiatre). Pierre Mauroy. Chargé de faire des d’Un dimanche après-midi, de ses neveux et nièces. « Précarité et famille ». Le 17 janvier, propositions pour améliorer la ges- Raoul Walsh (1941) et d’ Arsenic et survenu le 26 décembre 2000, à Pau. avec Emmanuel Terray (sociologue) et tion de la forêt, il avait remis un vieilles dentelles, de Frank Capra La cérémonie religieuse sera célébrée – Marie-France, Nicole Leguy (directrice du CASP). rapport qui proposait notamment (1944). L’inhumation a eu lieu au cimetière de le vendredi 5 janvier, à 14 h 30, en son épouse, « Secte et liberté ». Le 24 janvier, avec Laure et Julien, d’associer la politique de la forêt à a GEORGES RAYMOND, fonda- Durfort (Tarn). l’église Saint-Roch, 296,rue Jean-Arnold de Clermont (président de la Saint-Honoré, Paris-1er. ses enfants, Fédération protestante de France) et celle de l’industrie du bois. teur et patron du circuit cinémato- ont la douleur d’annoncer le décès de Jean-Paul Willaime (sociologue). a TANAQUIL LE CLERCQ, an- graphique français CGR Cinémas, – Magali Gauthier, L’incinération aura lieu le samedi « Pourquoi travailler ? » Le cienne danseuse étoile américaine, est mort lundi 1er janvier à La Ro- son épouse, 6 janvier, à 9 h 15, au crématorium du Angel VILLARROYA, 31 janvier, avec Olivier Abel (philosophe) Gilles et Brigitte Gauthier, Père-Lachaise, place Gambetta, Paris-20e. et Jean-Paul Morley (pasteur). est morte dimanche 31 décembre chelle des suites d’un cancer du survenu le 1er janvier 2001. 2000 dans un hôpital new-yorkais. poumon, à l’âge de soixante-sept Hélène et Laurent Kaspi, Marie, Sophie, Elise et Mathilde, Tanaquil Le Clercq était née à Paris, ans. Il avait commencé sa vie pro- Parents et alliés, – Le secrétaire perpétuel, L’inhumation aura lieu dans l’intimité Communications diverses le 2 octobre 1929, d’une Améri- fessionnelle dans une boutique ont la douleur de faire part du décès de Et les membres de l’Académie familiale. caine, Edith Whittemore, et de d’horlogerie-bijouterie à Saintes française LE COLLÈGE DES ÉTUDES JUIVES ont la tristesse de faire part de la Une cérémonie de recueillement se Jacques Le Clercq, un écrivain et (Charente-Maritime), sa ville na- M. Georges GAUTHIER, déroulera le samedi 6 janvier, à 11 h 30, (AIU) disparition de leur confrère, organise avec poète français, mais ses parents tale, mais s’était rapidement dirigé docteur en droit, en la chapelle du cimetière du ancien receveur régional des douanes, l’université Paris-IV - Sorbonne s’installèrent à New York lors- vers l’exploitation cinématogra- Père-Lachaise, entrée boulevard de avocat, M. , Ménilmontant (face à la rue de la le dimanche 21 janvier (et non le 7) qu’elle avait trois ans. Dès l’âge de phique. En 1960, il avait acheté Roquette). son cinquième dialogue biblique survenu le 1er janvier 2001, à l’âge de décédé le vendredi 29 décembre 2000, à quatre ans, elle suivit des cours de avec sa femme une salle de cinéma La faute d’Eve danse et entra en 1940 à l’Ecole de à Civray (Vienne) dans laquelle il soixante-dix ans. Paris, dans sa quatre-vingt-deuxième année. l’American Ballet, où elle eut assurait la projection, le nettoyage, Les obsèques auront lieu le vendredi Nos abonnés et nos actionnaires, notamment comme professeur la caisse et la vente de confiserie. Il 5 janvier, à 14 h 15, au cimetière Le service religieux sera célébré à bénéficiant d’une réduction sur les – Pierre Mendès France aurait eu d’Eygalières (Bouches-du-Rhône). Paris, le mardi 9 janvier 2001, à 10 h 30, quatre-vingt-quatorze ans, le George Balanchine. Devenue une rachète ensuite plusieurs salles insertions du « Carnet du Monde », 11 janvier 2001. A cette occasion, des principales danseuses du New avant de créer, en 1964, Prociné, en l’église Saint-Germain-des-Prés. Cet avis tient lieu de faire-part. sont priés de bien vouloir nous com- Jean-Pierre Chevènement tiendra une York City Ballet à partir de une société spécialisée dans l’édi- er (Le Monde daté 31 décembre 2000-1 janvier 2001) muniquer leur numéro de référence. conférence sur le thème « Qu’est-ce 1948, elle créa notamment de nom- tion de programmes publicitaires qu’une République moderne breuses chorégraphies de Balan- pour le cinéma. Après quelques an- aujourd’hui ? », mardi 9 janvier, à 18 heures, dans les locaux de l’Institut chine, dont elle fut l’épouse de 1952 nées uniquement consacrées à la CARNET DU MONDE Pierre-Mendès-France, 52, rue du à 1969. En 1956, Tanaquil Le Clercq publicité, il rachète le cinéma À NOS ABONNÉS TARIFS ANNÉE 2001 - TARIF à la ligne Cardinal-Lemoine, Paris-5e . Tél. : 01-44-27-18-81. contracta la polio et resta paralysée Olympia et le Café de la Paix à DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, des membres inférieurs. Cette fin La Rochelle qu’il transforme en Pour vos changements ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 141 F TTC - 21,50 E E tragique de sa carrière ne l’empê- multiplexe. C’est le point de départ d’adresse ou suspensions TARIF ABONNÉS 119 F TTC - 18,14 Soutenances de thèse cha cependant pas de devenir de CGR Cinémas (pour Cinémas d’abonnement NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, professeur au Dance Theater de Georges Raymond) qui gère trois MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS – Irène Bonnaud soutiendra sa thèse Harlem. cent cinquante salles de cinéma et durant vos vacances 600 F TTC - 91,47 E FORFAIT 10 LIGNES de doctorat, « Brecht, période E a JULIUS EPSTEIN, scénariste vient d’ouvrir son dix-septième TARIF ABONNÉS 491 F TTC - 74,85 FORFAIT 10 LIGNES américaine », le 6 janvier 2001, à 9 h 30, La ligne suppl. : 60 F TTC - 9,15 E à l’université Paris-III, 17, rue de la américain, coauteur de , multiplexe à Bruay-la-Bussière, Casablanca un seul numéro THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 E Sorbonne, salle G.-Bourjac. de Michael Curtiz, est mort samedi près de Béthune (Pas-de-Calais). Le COLLOQUES - CONFÉRENCES : Le jury sera composé de Michel Cadot 30 décembre 2000 à Los Angeles. Il groupe CGR Cinémas a réalisé 0803 022 021 Nous consulter (Paris-III), Jean Jourdheuil (Paris-X), était né le 22 août 1909 à New York. 580 millions de francs de chiffre m 01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] Jean-Pierre Morel (Paris-III), Daniel Mortier (université de Rouen), Béatrice Une cinquantaine de ses scénarios d’affaires et accueilli quatorze mil- Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Les (0,99 F TTC/mn) lignes en blanc sont obligatoires et facturées. Picon-Vallin (CNRS) et Jean-Pierre furent portés à l’écran en soixante lions de spectateurs en 2000. Sarrazac (Paris-III). LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 13 HORIZONS ENQUÊTE

N ne peut pas répéter que VOYAGE DANS1 LA CARAÏBE Cuba est une île à la dérive, on ne peut pas rela- ter la souffran- ce du peuple sous le régime issu d’une révo- lution trahie, on ne peut pas traduire Oles réquisitoires de la romancière Porto Rico l’américaine Zoé Valdès, sans se poser la ques- tion : et à côté, les choses, comment vont-elles ? Porto Rico, par exem- ple : voici un pays, un peuple, que tout rapproche de Cuba. Même mer, même climat tropical justifiant le titre de « perle des Caraïbes ». Même année de découverte par Christophe Colomb. Mêmes peuple- ment, colons et esclaves, après l’ex- tinction des habitants d’origine. Mêmes luttes d’indépendance con- tre la métropole. Et puis, en 1898, brusque divergence : Cuba, à l’issue de la guerre d’indépendance et du traité entre l’Espagne et les Etats- Unis, devient une république indé- pendante – une indépendance long- temps étroitement surveillée. Porto Rico devient une colonie nord-améri- caine, pour évoluer vers le statut d’« Etat libre associé » des Etats- Unis, dont la forme actuelle a été définitivement acquise en 1952. Tout concourt donc pour faire de San Juan de Porto-Rico et de La Havane des sœurs jumelles. Et je me dis, en débarquant : puisque tous les voyageurs qui sont passés par La Havane s’accordent pour décrire une ville qui, au lendemain de la Révolution, il y a quarante ans, s’est figée dans le temps, une ville qui n’a pas connu les transformations des grandes cités modernes, ce qui fait pour beaucoup son charme à la fois nostalgique et pathétique, eh bien ! je vais trouver à San Juan une image de ce qu’elle aurait pu devenir si elle avait poursuivi sa marche dans la modernité ; et si la révolution castris- te selon les uns, le blocus américain pour les autres, ou les deux, n’en avaient pas fait une ville déshéritée. Pour l’heure, ce que nous trou- vons, c’est, au contrôle des passe- ports, la petite carte verte qui nous accorde le droit de séjourner trois mois sur le territoire des Etats-Unis, KLAVDIJ SLUBAN en nous rappelant, en anglais, que nous sommes censés ne pas nous une pension plus modeste, dans le Octobre 2000, statut, pour ne pas perdre tout ce écrit dans un espagnol qui mêle la aujourd’hui remise en cause, et les adonner à la drogue et ne jamais quartier du Condado. Ici, comme dans les faubourgs qu’il a gagné en cent ans de luttes : syntaxe du Siècle d’or et la luxurian- nouvelles sociétés installées à coups avoir été atteints de maladies honteu- dans le quartier résidentiel proche de Bayamon. les subventions fédérales surtout, ce caraïbe du vocabulaire – plus un de privilèges fiscaux – sociétés ses. A ces conditions, bienvenue aux de Santurce, la vie est paisible. A dans un contexte de crise où le chô- chapitre où un touriste sexuel s’ex- notamment pharmaceutiques : c’est Etats-Unis. Et accessoirement à Por- part le personnel « de service » et les mage est le double de celui de la prime dans un anglais désopilant, ici qu’est fabriqué la plus grande to Rico. Nous cherchons la navette, employés de magasin, on y est majo- métropole, où 55 % de la population revu et corrigé localement –, se pas- part du Viagra – appliquent la règle OCÉAN le bus. En vain. Nos questions se ritairement blanc, anglophone, on y vivent au-dessous du seuil de pauvre- se entièrement dans le milieu des du profit maximum immédiatement ATLANTIQUE heurtent à ce qui doit être l’équiva- fait son jogging le soir sur les trot- té des Etats-Unis, où il manque drag-queens portoricaines. réexporté. D’où la fracture : un nom- PORTO RICO lent, en anglais, d’un haussement toirs, on y promène son chien, on 150 000 logements, pénurie aggra- bre réduit d’emplois hautement qua- d’épaules. En anglais, parce qu’un affiche à l’arrière de sa voiture le bad- vée par les ravages du cyclone Geor- OIRE – « pas tout à fait, corri- lifiés, et une masse vouée à la précari- touriste qui débarque doit, c’est évi- ge des Chevaliers de Colomb ou des ge, en 1998. ge-t-elle, regarde mes tresses, sation et à la paupérisation. Et puis, RÉPUBLIQUE dent, parler cette langue, à l’excep- Vétérans du Vietnam. Les supermar- DOMINICAINE Dans ce contexte, l’intégration Net n’oublie pas qu’ici il y a surtout, la drogue. tion de toute autre. Un haussement chés regorgent de produits : le Pen- PORTO RICO (EU) définitive serait une manœuvre encore dix-sept catégories de Noirs, ça La drogue : omniprésente dans les d’épaules parce que nous n’avons ney’s a la réputation d’être la plus pour laisser l’île plus démunie, en la reste inscrit dans les mentalités » –, conversations. Une hantise. « Chez qu’à prendre un taxi, « comme tout le grande surface commerciale d’Amé- privant des quelques avantages qui elle enseigne à l’université de San vous aussi, vous avez la drogue ? » On San Juan monde ». Et aussi parce qu’il n’y a rique. Et donc de la planète. Les pla- SAINT- la différenciaient du plus pauvre des Juan et est fréquemment invitée par en parle toujours, on ne la voit pas de centre-ville. Il y a bien la ciu- ges sont bien gardées, et désertes DOMINGUE Ponce Etats de l’Union. L’idée d’indépen- les universités américaines. Elle habi- jamais. Les statistiques fédérales offi- dad vieja, la vieille ville, mais elle est dès la tombée de la nuit ; les clients Iles Vierges dance, en revanche, survit comme te « de l’autre côté du pont », celui de cielles sont pourtant formelles : en tout sauf au centre : sur une étroite des immenses complexes d’hôtels- un appel à la différence et à la digni- l’autoroute qui écrase la capitale, et 1997, il a été importé dans l’île pour Mer des Antilles péninsule, entre mer et lagune, à l’ex- casinos de trente étages, ouverts sur té. Ainsi lui, Victor Garcia, lorsqu’il a veut nous faire voir « son » Porto 20 milliards de dollars de cocaïne en trémité de l’agglomération, elle- la mer et clos sur le monde, n’ont fait, tout récemment, un mois et Rico. Celui où l’on croise toutes les provenance d’Amérique du Sud. 125 km même en longueur. Il en faut moins guère de raison d’en sortir, sauf pour demi de prison… Parce qu’il sort de nuances des dix-sept catégories Redistribuée au Nord, certes, mais pour nous décourager. Va pour cette quelques tours organisés vers les prison ? Oui, et ce n’est pas la pre- ci-dessus mentionnées. Celui des fau- revendue aussi de plus en plus sur destination. Et en cherchant bien, parcs naturels luxuriants des monta- mière fois. Et pourquoi ? Cette fois, bourgs populeux de Bayamon où place, générant un chiffre d’affaires nous finissons par trouver un bus gnes. Car la nature est aussi splendi- il s’agissait de protester contre le l’on vit dans la rue, où la musique local, au bout de la chaîne, de 25 mil- qui mène à tel arrêt, où nous en trou- de que les plages, à Porto-Rico, c’est Après son maintien de la base militaire de l’île des boutiques, des échoppes en liards… Un poids occulte dans l’éco- verons un autre, qui lui-même… garanti dans tous les dépliants. Et de Vieques, la plus importante de plein air produit un vacarme assour- nomie du pays supérieur à celui des Entre deux bus, une demi-heure d’at- c’est vrai. voyage à Cuba, toute l’Amérique. Le peuple était der- dissant. Celui de sa bourgade de Loi- investissements légaux. « D’où crois- tente : nous aurons tout loisir de con- rière lui, car il ne veut plus de cette za, lieu de pèlerinage où l’on honore tu que viennent les capitaux de ces templer le paysage sous la chaleur RANDE ville moderne sans l’écrivain base où ont été expérimentées dans chaque année avec fracas saint Jac- palaces qui surgissent du jour au len- moite. D’immenses avenues bordées beaucoup d’âme, toutes les le passé des bombes à uranium et ques sous son quadruple visage demain ?, me demande un membre de flamboyants et de palmiers, des Gcaractéristiques de l’ameri- François où, à la veille de l’intervention au d’apôtre, de guerrier matamoros, de de Bordes. Comment expliques-tu embouteillages monstres de grosses can way of life ? « Porto-Rico n’est pas Kosovo, l’US Air force s’est livrée à protecteur des femmes et des autrement que des appartements se voitures dernier modèle, des buil- une anomalie, mais un miroir de l’ave- Maspero des bombardements, en dimensions enfants, et de Chango, le dieu de la vendent 500 000 dollars dans un pays dings d’affaires, des centres de jeux, nir. Son association avec les Etats-Unis réelles, qui ont fait une victime civile. religion africaine. Celui des marchés en pleine crise ? » des banques, toutes les usines à bouf- préfigure (…) ce que devrait être un enquête sur Et que pense-t-il de Cuba ? Il sourit : à perte de vue où l’on trouve tous les Dans le taxi collectif – la guagua – fe connues, et une sorte d’entonnoir jour l’intégration latino-américaine », « Vous savez bien qu’en tant que res- objets, les racines et les plantes de la qui nous conduit à l’autre bout de renversé en béton, genre palais des disait l’écrivain Mario Vargas Llosa. Porto Rico, sortissant des Etats-Unis, la loi m’inter- santeria. Mayra est une adepte de l’île, mon voisin évoque sa nostalgie sports, qui affiche – toujours en Après tout, les Portoricains ne doi- dit d’y aller… » Ce qui ne veut pas cette religion. Une manière encore de la finca familiale où son père culti- anglais – des combats de coqs. vent pas être mécontents de leur Haïti et la dire qu’il ne l’a pas fait. Et il voit plus d’affirmer une authenticité face aux vait tabac et yucca, élevait cochons et Il faudra nous y faire. San Juan est sort, puisqu’ils n’ont été que 2,5 % à loin que le régime actuel. « Quand la innombrables sectes protestantes du vaches… Le long de l’autoroute s’élè- une ville où tout habitant qui se res- voter pour le Parti de l’indépendan- République situation aura évolué, Cuba, avec le Nord. Et elle est indépendantiste. vent des immeubles neufs de quatre pecte se doit d’avoir sa voiture. Les ce lors du récent référendum – dix haut degré de ses techniciens et leur Pour elle, la Caraïbe est une. Sous le étages, boîtes d’allumettes édifiées à distances sont infranchissables à fois moins que dans les années 50 ; dominicaine. savoir-faire, sera une concurrence for- travesti, son peuple reste intact, et l’économie pour parer à la crise du pied, les artères en forme d’autorou- et qu’ils ont opté pour le maintien midable pour nous », dit-il. son avenir est au sein d’une fédéra- logement. Et mon voisin de voyage : tes impraticables, les transports en du statut d’Etat associé plutôt que Les Le passage de Victor Garcia aura tion, dans « l’Amérique métisse » que « Chez vous aussi, vous avez la dro- commun en désuétude. D’ailleurs, de devenir le cinquante et unième eu le mérite de changer l’attitude chantait José Marti. gue ? Regardez ces cités. On ne peut suants et soufflants avec nos sacs, Etat des Etats-Unis. Un statut qui « merveilles » des gens de l’hôtel. Désormais, fini Au cœur de la vieille ville, dans la même plus y entrer. Je ne comprends nous faisons figure de Martiens, à leur garantit les droits d’un citoyen l’anglais. « Mais alors, vous êtes lati- librairie La Tertulia, les universitaires pas : plus ils sont pauvres, plus ils se dro- côté de quelques passagers placides américain, passeport, déplacements, de Christophe nos ? » C’est un peu comme si on de la rédaction de la revue Bordes guent. » Mais il ajoute aussitôt : étonnés de notre présence : ménagè- travail – tous, sauf celui de participer nous découvrait des liens familiaux. analysent le passage de leur société « Chez vous aussi, vous avez des Domi- res sur le retour, écoliers en unifor- à l’élection du président et de dési- Colomb sont Sentiment qui ne fera que s’ampli- àla« post-modernité ». Leur vision nicains ? » Car il a son explication : me, désœuvrés indéfinissables. Au gner des représentants au Congrès fier avec le débarquement de notre est sombre. Pour eux, l’indépendan- c’est l’exode massif de la République moins, ici, je retrouve la douceur fédéral. frappées amie Mayra Santos Febres. Je dis ce relève de l’incantation. L’île est dominicaine qui pourrirait Porto- musicale du parler créole espagnol, A peine installés, grand remue- notre amie, mais, une minute avant, frappée par une crise qui en fait com- Rico. Clandestins, les Dominicains plus réservé cependant, moins prodi- ménage à la réception de notre pen- de maux elle était juste un nom et un numé- me un précipité explosif de tous les viennent dans l’espoir de passer aux gue des petits mots affectueux du sion. Exclamations joyeuses, allégres- ro de téléphone. Une minute après, avatars de la globalisation. Non, Etats-Unis et, refoulés, travaillent au vocabulaire cubain. En tout cas, voi- se générale, on nous appelle. Victor identiques : nous nous tutoyons et nous nous c’est vrai, il n’y a plus d’émigration noir pour des salaires de misère. là qui évoque un peu le métro de Garcia, l’unique représentant indé- découvrons un tas d’amis com- comme jadis, parce que la politique Sales, délinquants, drogués. Je lui dis New York, puisque, on le sait depuis pendantiste à la Chambre de Porto- drogue, muns, à Cuba – dedans ou dehors – de l’« association » consistait juste- que demain, justement, nous pre- West Side Story, il y a presque autant Rico, est venu nous chercher. Je ne et ailleurs, des références commu- ment à fixer la population sur place, nons le bateau pour l’île voisine. de Portoricains aux Etats-Unis que sais pas si les employés font partie corruption, nes, Aimé Césaire, Severo Sarduy, et il n’y a pas de bidonvilles de type Pour la République dominicaine. sur leur île natale. des 2,5 % de ses partisans, j’en doute Jésus Diaz… Écrivain, sa culture est sud-américain, parce que l’exode Nous ne resterons pas dans la fortement, mais une chose est certai- précarité, profondément hispanique et sa des décennies passées est allé peu- François Maspero vieille ville, parce qu’elle n’est accessi- ne, nous le vérifierons ailleurs : il est liberté d’expression totalement amé- pler les ghettos du continent. Mais ble que par une autoroute toujours populaire. Non, me dit-il, l’idée d’in- misère et ricaine. « Pour moi, Porto-Rico, c’est les usines traditionnelles ont fermé, bloquée, et parce que le prix des dépendance n’est pas morte. C’est comme un travesti… » Et elle sait de le revenu de la population vient PROCHAIN ARTICLE : hôtels… Mieux vaut se replier dans vrai, le peuple a voté dans le sens du émigration quoi elle parle : son dernier roman, pour un tiers de l’aide fédérale Saint-Domingue l’explosive 14 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 HORIZONS-DÉBATS Pour le plus vieux prisonnier de France par Jean-Marc Varaut

NE nouvelle fois, le prési- temps, Maurice Papon risque de ne Dans la proposition d’orienta- ne les grâces médicales, « régalien- est atteint d’une maladie mettant en de mort, sans que l’ordre public ait dent de la République a pas se voir réhabilité de son vivant. tion sur la politique pénitentiaire, ne », c’est-à-dire que son instruc- jeu le pronostic vital. Cette procédu- été pour autant mis en cause. Il rejeté la demande de grâ- Mais il existe une autre voie de le Sénat propose de libérer les tion est secrète et sa décision sans re pourrait également concerner les n’est pas digne non plus de laisser Uce de Maurice Papon. recours : le peuple, dans la person- grands malades et les détenus en motivation. Dans le cas de Maurice détenus et dépendants, dont la pré- mourir en prison des détenus âgés Cette démarche se fondait sur ne de ses représentants. La déci- fin de vie : « La commission d’en- Papon, où les experts ont constaté sence en prison ne se justifie plus en qui ne présentent par définition l’aggravation constante et grave de sion de Jacques Chirac a été ren- quête estime indispensable d’intro- qu’il existait « un danger engageant termes de protection de la société. » aucune dangerosité pour la socié- l’état de santé du détenu, menacé due au terme d’une instruction duire une possibilité de suspension le pronostic vital pour le patient à Allant plus loin, le même rapport té. L’article 3 de la Convention de mourir en prison du fait de sa « habituelle », selon la formule de de peine pour les condamnés dont il demeurer en détention », la grâce a parlementaire traite de l’extrême européenne des droits de l’hom- condition pénitentiaire, mais aussi la direction des affaires criminelles est établi, par expertise médicale, été refusée. vieillesse, et plus particulièrement me, qui condamne « les traitements sur cette considération humanitai- et des grâces, c’est-à-dire secrète. qu’ils sont atteints d’une maladie C’est pourquoi la commission de du cas des 21 octogénaires et du inhumains et dégradants », est une re que l’on pouvait croire décisive : C’est la seule décision dont on ne mettant en jeu le pronostic vital. Cet- l’Assemblée nationale, pour ce qui nonagénaire : « Il n’est pas digne de invitation à légiférer sans tarder, Maurice Papon allait entrer le peut connaître les pièces sur les- te mesure serait prononcée par le la concerne, mais rejoignant en mourir en prison. La question du comme le souhaitent les deux 3 septembre 2000 dans sa quelles elle se fonde. Le droit d’ac- maintien en détention des détenus assemblées. 91e année. cès récemment reconnu de chacun malades ou âgés se pose donc. La Mais la discussion d’une grande Condamné comme « bouc émis- à son dossier médical connaît là Maurice Papon est aujourd’hui le doyen grâce médicale n’est accordée loi pénitentiaire, compte tenu de saire », pour crime d’appartenance une exception. C’est pourquoi on aujourd’hui que par le président de l’ordre du jour chargé du Parle- à l’administration française, objet la dit « régalienne ». Elle est une des prisonniers français et sans doute la République. Cette mesure paraît ment pour la session à venir, sera d’un transfert de la culpabilité col- exception au droit républicain. cependant être proposée parcimo- nécessairement longue. Compte lective, récente et obsessionnelle, Mais cette exception est injustifia- européens, car les criminels nazis, eux, nieusement et accordée encore plus tenu des positions déjà prises par pour avoir été en fonctions à Bor- ble quant il s’agit d’une demande prudemment. » les rapports du Sénat et de l’Assem- deaux il y a plus d’un demi-siècle, de grâce médicale. Il ne s’agit pas, sont libres, et la plupart des pays européens Et la commission constate : «La blée nationale, le président de la sans qu’aucun fait n’ait pu lui être en effet, d’une réponse arbitraire à présence de ces personnes dans les République s’honorerait à précé- imputé personnellement, Maurice une demande gracieuse, mais limitent à 70 ou 72 ans l’âge limite établissements pénitentiaires pose der ce débat en faisant usage du Papon est aujourd’hui le doyen des d’une demande fondée sur un ris- très concrètement la question de la droit de grâce dont il dispose en prisonniers français et sans doute que « vital » constaté par le corps de l’exécution d’un emprisonnement mort en prison. Les personnels sur- graciant, avant qu’ils ne meurent européens, car les criminels nazis, médical et dont la réponse n’est veillants, les autres détenus ne sont en prison, les détenus de plus de eux, sont libres, et la plupart des pas à la convenance du président pas préparés à cette éventualité et 80 ans, alors que vient de prendre pays européens limitent à soixante- de la République. juge de l’application des peines. Les cela celle du Sénat, relève : « Il sem- rien n’est fait de façon très encadrée fin ce siècle de ténèbres. dix ou soixante-douze ans l’âge Un prérapport d’expertise, dont prisons françaises tendent, en effet, ble nécessaire de revoir les procédu- pour accompagner le détenu dans Il anticiperait ainsi, dans un limite de l’exécution d’un empri- la défense n’aurait pas dû sans dou- à devenir des mouroirs, seule la grâ- res de grâce médicale. Rien ne justi- ses derniers moments. Mourir en pri- esprit de justice, sur la décision que sonnement. te avoir connaissance, avait conclu ce médicale permettant la libération fie plus que cette décision relève son, c’est affronter une solitude sans devrait prendre la représentation Que faire devant l’injustice ? précédemment sans équivoque : des détenus en fin de vie. Or ces grâ- encore actuellement du président de espoir ; c’est un constat d’échec et de nationale. La chambre criminelle de la Cour « Dès maintenant, il existe un dan- ces médicales ne sont accordées que la République. La procédure devrait gâchis pour les familles qui n’ont pu de cassation a refusé d’examiner ger engageant le pronostic vital pour parcimonieusement et après de relever du juge d’application des pei- être présentes dans les derniers son pourvoi contre l’arrêt de la le patient à demeurer en détention longs délais. » nes, qui pourrait, pour prendre sa moments. » Jean-Marc Varaut est avocat cour d’assises de Bordeaux au dans sa cellule. » La procédure actuelle de grâce décision, s’appuyer sur des expertises La France a su, par sa représenta- et membre de l’Académie des scien- motif qu’il ne s’était pas constitué Or, à la suite de la publication du est de fait, même en ce qui concer- médicales établissant que le détenu tion nationale, mettre fin à la peine ces morales et politiques. prisonnier (« mise en état la veille livre du docteur Véronique Vas- de l’audience »). Cette disposition seur sur son expérience de méde- « archaïque », selon le mot que cin à la prison de La Santé, une Mme Guigou, alors ministre de la jus- émotion considérable de l’opinion tice, m’a emprunté, condamnée a suscité la création par le Sénat et par la Cour européenne des droits par l’Assemblée nationale d’une de l’homme, a cessé d’être mise en commission d’enquête sur les con- œuvre au lendemain de l’arrêt de ditions de détention dans les éta- déchéance prononcé contre Mauri- blissements pénitentiaires en Fran- ce Papon. Ce dernier sera donc, ce. Le titre du rapport du Sénat est dans l’histoire du droit pénal, le explicite : Prisons : une humiliation dernier à s’être vu appliquer cette pour la République. disposition jugée contraire à la Ces deux rapports, les premiers notion devenue cardinale de « pro- depuis cent vingt-cinq ans, cès équitable ». devraient conduire à un large Certes, la Cour européenne des débat parlementaire et à l’adop- droits de l’homme est saisie d’un tion d’une loi qui définisse les buts recours dont la motivation devrait de la peine et ses conditions, ainsi inévitablement entraîner la censu- que les droits et devoirs des déte- re de la condamnation sacrificielle nus. et conjuratoire prononcée. Saturé Ces deux rapports ont relevé un de fautes arbitrairement projetées point généralement ignoré, celui sur lui, Maurice Papon n’a jamais de l’évolution des prisons vers la été le complice des arrestations illé- prison-hospice, en raison de l’allon- gales ordonnées par les nazis et gement de la durée des peines. exécutées par la police sous leur Aujourd’hui, 337 détenus, selon le contrainte. Mais les délais de la pro- rapport du Sénat, sont septuagénai- cédure européenne ne permettent res. Vingt et un sont octogénaires pas de solution prochaine. Con- et un est nonagénaire depuis le damné pour avoir vécu trop long- 3 septembre 2000.

AU COURRIER DU « MONDE » partiens, a participé activement depuis 1945 à ce résultat. Mais le QUELS vieillissement de la population coû- CHIRURGIENS-DENTISTES ? te cher et la médecine actuelle est J’ai été profondément choqué victime de son succès. Comment par le titre en page 9 de l’édition du refuser l’angioplastie des coronai- samedi 30 décembre : « Les chirur- res ou la dialyse à des patients de giens-dentistes : on nous oblige à plus de 80 ans qui ne demandent faire du dumping ». Les chirurgiens- qu’à vivre ? Ils ne posaient pas ce dentistes. Sans exception. Une fois problème il y a 30 ans, car leur de plus, on regroupait ces méde- hypertension artérielle était moins cins dans la même catégorie, et efficacement traitée, et ils décé- l’on ne donnait la parole qu’aux daient d’un accident vasculaire plus intransigeants. Dans l’article, cérébral à 65 ans. (…) il s’agissait essentiellement des Les médecins ne demandent pas doléances de deux dentistes, qu’on leur déroule le tapis rouge et étayées d’informations incomplè- de les encenser parce qu’en 40 ans tes qui contrastaient nettement l’espérance de vie a augmenté de avec les autres papiers consacrés à plus de 15 ans. Ils demandent à ce la couverture-maladie universelle. qu’on les laisse travailler dans la Les soins et actes sont payés à sérénité, sans les mesures symboli- des tarifs pour le moins bas. Certes, ques (à tous les sens du terme) mais la Sécurité sociale, qui vient à vexatoires et inefficaces représen- peine d’en finir avec les déficits tées par la baisse des actes, alors abyssaux de ces dernières années, qu’ils travaillent plus pour répon- pouvait-elle faire vraiment plus ? dre à un besoin de santé publique. Le pire était le passage dénonçant Si les actes baissent, c’est que leur le plafonnement des soins et l’avè- cotation était erronée, et donc que nement d’une dentisterie « à deux l’argent des cotisations a été gas- vitesses ». En effet, ce contingente- pillé. Alors, messieurs les décideurs ment, comme vous omettez de le responsables, remboursez ! Il nous dire, est purement théorique : un reste tant à faire : messieurs les chirurgien-dentiste peut parfaite- politiques et les technocrates de la ment invoquer une impérieuse rai- CNAM, invitez-nous à discuter de son médicale pour pratiquer tous formation continue, de rationalisa- les actes qu’il juge nécessaires, à tion (et non pas de rationnement) condition bien sûr que le dentiste- des soins, de la prévention. Préoc- conseil de la Sécurité sociale par- cupez-vous de la démographie tage cet avis (…). médicale à la dérive : essayez de J’ajoute que les ratés de la télé- prendre un rendez-vous chez un transmission sont essentiellement ophtalmologiste, contemplez le dus aux matériels fournis aux prati- délai et regardez son âge (plus de ciens et non à la Sécurité sociale. 50 ans en moyenne). Sur cent néph- Maxime Gauin rologues libéraux, trois ont moins Prayssas (Lot-et-Garonne) de 40 ans ! Mais de grâce, lâchez-nous, ou LA MÉDECINE VICTIME démasquez-vous : expliquez à nos DE SON SUCCÈS concitoyens que leur santé coûte (…) Notre système de santé est trop cher, et faites-nous la liste des bon et efficace : il est qualifié par patients à laisser au bord du l’OMS comme parmi les meilleurs chemin ! du monde. Réjouissons-nous ! La Charles Chazot médecine libérale, à laquelle j’ap- Tassin (Rhône) HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 15 « Erika » : la piste économique La France n’a pas d’outil par Antoine Jeancourt-Galignani de coopération efficace ’ABORD il y a eu le choc, pecter, indemniser les risques, c’est qu’on recherche. Pour négocier de à ces dispositifs qui visent tout sim- l’émotion. Puis les ras- la fonction économique de l’assuran- telles garanties, les armateurs plement à établir partout une respon- par François Crémieux et Jean-Louis Machuron semblements pour crier ce, que les frontières n’arrêtent pas. devraient se plier à des contrôles sabilité financière adéquate. Le con- Dla colère. Puis la solidari- Par une incroyable perversion, les sérieux auprès de sociétés de sécuri- trôle des garanties requises pourrait A mission interministérielle D’autre part, ce n’est pas faire té, la générosité dans les premiers professionnels du commerce mariti- té que les assureurs sélectionne- être laissé aux chargeurs eux- pour l’Europe du Sud-Est, preuve de cynisme que de constater nettoyages. Aujourd’hui, les victimes me se sont exonérés du risque de pol- raient eux-mêmes avec une atten- mêmes, dont la responsabilité serait plus connue du nom de son que ce sont d’abord la coopération naviguent entre les « chicanes de l’in- lution. Avec la complicité des arma- tion à la mesure du montant de leurs alors engagée s’ils négligeaient de le Lprésident, Roger Fauroux, humanitaire puis l’aide à la recons- demnisation » (Le Monde du teurs, des chargeurs pétroliers et des propres engagements. faire. Les litiges seraient résolus par a mis fin à ses activités à la fin de truction qui permettent, dans un 6 décembre 2000). D’autres bateaux pouvoirs publics, les mutuelles mari- Croit-on que l’Erika aurait été les juges, qui développeraient, com- l’année dernière. Créée en 1999 à troisième temps, le développement sombreront. Aussi nos ministres veu- times spécialisées, qui dominent le contrôlé comme il l’a été s’il avait dû me ils le font depuis longtemps en l’initiative du premier ministre, cet- des coopérations économiques. Les lent-ils légitimement renforcer à la marché, sont parvenues à limiter afficher une couverture de 2,5 à assurances maritimes, une jurispru- te mission avait pour objectif la hôpitaux bosniaques font désor- fois la prévention et l’indemnisation. leur garantie à des montants beau- 3 milliards de francs, comme il aurait dence normative, elle-même source coordination des différentes mais appel à l’industrie biomédicale Leur plan est fondé d’abord sur la coup trop faibles pour couvrir les ris- dû le faire pour faire escale dans un de prévention supplémentaire. actions françaises dans les Balkans. des pays avec lesquels ils ont lié les mobilisation de tous les ressorts de ques que les cargaisons pétrolières port américain ? Sans doute les Point n’est besoin d’appareils Durant sa courte existence, elle a meilleures relations pendant et sur- l’action publique : des agences, des font peser sur l’environnement. coûts d’assurance et donc de trans- administratifs nouveaux pour veiller réalisé un remarquable travail de tout au lendemain de la guerre. fonctionnaires, des inspections, des à l’application de ces règles. Les gou- coordination, de soutien aux organi- Dans le dispositif français de coopé- fonds publics, et sans doute des vernements, en revanche, peuvent sations humanitaires et d’orienta- ration, assurer le lien entre l’action condamnations pénales. Les bateaux Croit-on que l’« Erika » aurait été contrôlé prendre l’initiative de conventions tion stratégique de l’aide à la recons- des militaires, celle des associations échappent au périmètre de l’autorité internationales nouvelles qui interdi- truction et au développement. ou ONG, celle des diplomates et cel- nationale. La Commission de Bruxel- comme il l’a été s’il avait dû afficher sent les déviations que constituent Mais l’efficacité de la mission Fau- le des entreprises n’est finalement les, friande de nouvelles compéten- les actuels plafonds d’assurance- roux durant deux ans et sa le métier de personne. ces, est séduite par les propositions une couverture de 2,5 à 3 milliards de francs ? environnement, exigent au contraire disparition éclairent singulièrement L’une des conséquences est que françaises, et en rajoute même. des garanties minimales suffisantes l’inadaptation technique de l’admi- les associations françaises, pourtant Mais nos partenaires partagent de et prévoient la chaîne des responsabi- nistration française pour intervenir les plus actives au début des crises, moins en moins notre enthousiasme Ainsi l’assureur de l’Erika va-t-il port maritime augmenteraient-ils. lités qui en assurent la couverture. dans des pays en crise. Elle était une s’essoufflent très vite et ne peuvent pour les solutions administratives et débourser en toute légalité moins de Mais aux contributions « politi- Ainsi le politique assumerait-il dans mission souple et efficace, capable rivaliser avec leurs consœurs étran- pour la création de nouveaux fonc- 100 millions de francs pour un dom- ques » versées après coup au Fipol cette affaire son rôle éminent qui d’impulser une réelle dynamique et gères. Ce sont les agences de déve- tionnaires. Parmi eux, les nations mage de plusieurs milliards de se substituerait un mécanisme de n’est pas d’étendre l’administration de mobiliser ou de soutenir des loppement, lorsqu’elles existent, maritimes du Nord veulent traiter le francs. Refuser ces plafonds et impo- prix aux enchaînements vertueux : et l’impôt, mais de fixer avec soin les énergies qui sans elle se seraient qui soutiennent ces associations et sujet dans le cadre de l’Organisation ser au contraire, comme aux Etats- qui risque davantage de polluer doit règles qui permettent à des hommes découragées. En juin 1999, alors les aident à acquérir des assises maritime internationale. En dépit de Unis depuis le naufrage de l’Exxon- payer davantage. Ainsi les bateaux libres et responsables de conduire que l’OTAN entrait au Kosovo et financières importantes et une la remarquable ténacité de notre Valdez, qu’un bateau ne puisse tou- moins sûrs, s’ils trouvaient les garan- leurs affaires sans porter tort à l’inté- que la Minuk s’installait sous l’auto- envergure internationale. La pion- ministre, le résultat risque d’être cher un port européen sans justifier ties nécessaires, coûteraient plus rêt commun. rité de Bernard Kouchner, l’action nière de l’humanitaire français, décevant. d’une garantie de responsabilité cor- cher aux chargeurs. Ceux-ci seraient de la France était tétanisée. Médecins sans frontières, est la seu- Pourquoi les autorités françaises respondant aux risques auxquels il incités à affréter des bateaux plus D’un côté, un choix diplomatique le exception capable de se passer ne proposent-elles pas, pour une expose l’environnement, ce serait récents dont la construction serait Antoine Jeancourt- qui dictait que toute coopération d’un tel soutien. fois, de mettre en œuvre des solu- enclencher un mécanisme de mar- alors stimulée. Aucun pavillon de Galignani est président des devait obligatoirement transiter par Enfin, l’efficacité de la contribu- tions économiques ? Prévenir, ins- ché exactement adapté à l’objectif complaisance ne pourrait faire échec Assurances générales de France. les organismes internationaux tion d’un pays à la définition des (ONU, OSCE, Union européenne politiques multilatérales ne se mesu- ou HCR) ; de l’autre, une administra- re pas seulement aux déclarations tion techniquement impuissante, de principe, si importantes soient- dépourvue d’outil efficace lui per- elles. Les Français ne sont pas les mettant d’intervenir rapidement plus nombreux dans les organismes dans une zone en crise. Alors que internationaux, et leur influence y d’autres disposaient d’organismes reste mesurée. Les experts qui con- gouvernementaux compétents et seillent et accompagnent actuelle- aux moyens financiers adaptés, la ment les pays de l’Est dans leurs res- France ne disposait pas d’agence de tructurations administrative et poli- développement opérationnelle. tique sont bien rarement français. L’impuissance technique rejoignant La construction européenne repose- le principe des diplomates, le ra aussi sur les rapprochements recours aux organismes internatio- entre systèmes sociaux différents, naux devenait autant une option et ces futurs candidats à l’entrée politique que l’unique moyen d’ac- dans l’Europe seront bien plus tion. En dépit de ce succès de la mis- imprégnés des modèles d’organisa- sion Fauroux, plus d’une année tion sociétale anglo-saxons que de après, alors que nos partenaires ont l’exemple français. su intelligemment lier aide humani- Le lien entre coopération bilatéra- taire d’urgence, appui à la recons- le et construction politique peut truction, développement économi- d’ailleurs parfois également devenir que et soutien diplomatique, la banalement concret : les agences de coopération gouvernementales, lorsqu’elles existent, sont de vrais Dans le dispositif organismes de formation et de recrutement pour les organisations français de internationales. Nos collègues bri- tanniques venus travailler au Koso- coopération, assurer vo ont ensuite été recrutés par l’Or- ganisation mondiale de la santé ou le lien entre l’action l’Union européenne. L’unique tentative de coordina- des militaires, celles tion fut la cellule d’urgence du Quai d’Orsay, qui avait mis en place des des associations missions en Albanie, en Macédoine, puis à Mitrovica, au Kosovo. Il n’est ou ONG, celle pas un visiteur français à Mitrovica qui n’ait ainsi bénéficié dans son des diplomates et accueil par les autorités locales du prestige de la cellule d’urgence et de celles des entreprises l’image de la France qu’elle véhicu- lait. Mais, à l’instar de la mission n’est finalement Fauroux, le manque de moyens et surtout les débats récurrents au le métier de personne sein de l’administration sur son opportunité ont fait avorter l’expé- rience en moins d’un an. France a également dépensé des Il devient donc urgent que la Fran- millions, mais par tant d’intermé- ce se dote d’un outil moderne et effi- diaires différents et avec si peu de cace de coopération. Il faut créer lisibilité sur le terrain qu’il est impos- une structure capable de soutenir les sible d’en tirer un prestige national choix politiques français et de les tra- collectif qui permette aux ONG, aux duire en actions sur le terrain. De la entreprises ou aux diplomates d’as- distribution d’aide humanitaire d’ur- seoir leurs actions sur un bilan gence à l’aide à la reconstruction et français. au développement économique, cet- Trois raisons au moins méritent te structure devra savoir maintenir que la France s’interroge sur ses la cohérence et la cohésion de l’ac- outils de coopération. tion française au fur et à mesure de D’une part, la France est pré- la sortie de crise de ces pays. C’est sente, pas toujours pour les mis- aussi la condition pour que le politi- sions les plus faciles, et bien au-delà que ait les moyens de ses responsabi- de son implication dans les organisa- lités et que le rôle de la France dans tions internationales. Constatons une région comme les Balkans ne se seulement que l’armée française est définisse pas seulement comme la au commandement dans les deux juxtaposition de décisions adminis- villes divisées de la région : Mostar tratives et d’actions militaires de coo- et Mitrovica. L’image de la France pération civile. serait certainement meilleure et la tâche des militaires facilitée si les interlocuteurs des communautés François Crémieux, ancien bosniaques et kosovares n’étaient directeur de l’hôpital de Mitrovica pas seulement des officiers de puis coordonnateur hospitalier pour liaison de l’armée de terre, mais l’OMS au Kosovo d’août 1999 à mai plus souvent des représentants 2000, est directeur adjoint du centre civils d’un organisme de coopéra- hospitalier de Clermont-de-l’Oise tion. S’il est utile que les militaires (Oise). apportent leurs compétences sur le terrain humanitaire, il est peu Jean-Louis Machuron, réaliste d’attendre d’eux qu’ils assu- ancien coordinateur de la cellule ment à la fois les fonctions de main- d’urgence en Albanie puis à Mitrovi- tien de la paix et celle d’agence fran- ca de février 1999 à mai 2000, est çaise d’aide humanitaire et de cofondateur de Pharmaciens sans développement. frontières. 16 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Très chère armée de métier 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F EN 2001, les armées françaises dépenseront dans sa note de synthèse de décembre 2000, à l’entretien des matériels, à la réfection des Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 davantage pour payer les soldes des hommes son « inquiétude » face à la préparation de la infrastructures, à l’achat de munitions ou à Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr et des femmes qui servent dans leurs rangs programmation militaire 2003-2008 « sur la l’instruction opérationnelle des formations. que pour s’équiper en matériels nouveaux. base de volumes de crédits décroissants », qui Tel est le prix à payer pour la professionnali- ÉDITORIAL D’un côté, 85 milliards de francs ; de l’autre, seront préjudiciables à l’équipement des sation. La réduction du format des armées 83,4 milliards. C’est un fait inédit en France, armées. crée des emplois nouveaux – inférieurs en la rançon de la mise sur pied – décidée en nombre à ceux qui disparaissent mais qui reve- 1996 – d’une armée professionnelle, qui va « EFFET DE CISEAUX » naient moins cher – pour lesquels il faut pré- La guerre et ses syndromes coûter en fin de compte plus cher que prévu Depuis dix ans, mais la professionnalisation voir de verser une panoplie d’innombrables même si ses effectifs sont réduits. Il y a quatre a notablement accéléré le cours des événe- indemnités ou primes à la validité discutable. ES armées d’Occident, plication des pays concernés. Plu- ans, on a probablement sous-estimé l’impact ments, on assiste à « un effet de ciseaux », Ce maquis d’avantages plus ou moins corpora- hantées par le double sou- sieurs d’entre eux s’étaient d’une telle initiative. La réalité s’impose pour reprendre l’expression de Maurice Blin, tistes amène les experts à s’interroger d’ores ci politique de soigner contentés de faire part de leurs aujourd’hui. Le gouvernement est obligé de rapporteur spécial du budget au Sénat et séna- et déjà sur sa pérennité, même pour compen- Lleur réputation et de craintes à l’OTAN. L’Italie va plus tailler dans les crédits d’équipement des teur (Union centriste) des Ardennes. Ce qui ser les sujétions propres aux armées. La réduc- ménager les opinions nationales, loin en demandant formellement armées pour compenser la hausse régulière, signifie que les crédits de fonctionnement, tion du format oblige aussi, dès lors que la ont peaufiné depuis quelques à l’Alliance des informations pré- voire incompressible, du budget de fonction- autrefois limités à 49 % de la totalité des durée des carrières militaires est limitée par années des concepts qui tous cises sur l’utilisation « géographi- nement et, singulièrement, l’explosion des dépenses avant 1996, se sont brutalement gon- contrat pour préserver le recrutement de jeu- visent à faire oublier les inévita- que » des munitions douteuses. rémunérations et des charges sociales. flés au point de déborder le budget d’équipe- nes, à payer des pécules de départ ou de bles ravages de leurs interven- Cette démarche attire l’atten- Les rapporteurs parlementaires et les états- ment et de représenter désormais 56 % de l’en- reconversion qui finissent par peser sur le tions. Elles prétendent mener des tion sur le traitement quelque majors viennent de s’en alarmer. Malgré la semble des crédits militaires. Dans cette budget. « guerres propres », avec des peu désinvolte que l’état-major baisse des effectifs militaires de 23 % d’ici à ascension des dépenses de fonctionnement, « frappes chirurgicales ». Elles américain, maître de l’Alliance, 2002, on observe un « surcoût » que le chef du la progression entre 1996 et 2001 des rémuné- « AU DÉTRIMENT DES ÉQUIPEMENTS » affirment s’employer à réduire inflige à ses alliés européens : contrôle général des armées, Yvon Jouan, rations et des charges sociales, pour les per- « S’il est tout à fait logique, estime le G2S, leurs propres pertes en poursui- ceux-ci n’ont en effet jamais été juge « incontestable » mais lié « à la période sonnels militaires et civils, incite à la que les dépenses de fonctionnement soient en vant l’objectif du « zéro mort », officiellement informés de l’usa- intérimaire actuelle », et dont il prédit qu’il réflexion. Avec 85 milliards de francs prévus nette progression pour tenir compte de la mise ou à épargner le plus possible les ge par l’OTAN dans les Balk- devrait se stabiliser, une fois la professionnali- pour 2001, soit près de la moitié du budget de sur pied de la professionnalisation, il est, en populations civiles, souvent ota- ans – en Bosnie puis au Koso- sation consolidée. la défense, ces dépenses de rémunérations et revanche, anormal que cela se fasse au détri- ges des forces ennemies, en limi- vo – de munitions à uranium Subordonné direct du ministre de la défen- les charges sociales consomment 80 % des cré- ment des équipements nécessaires à cette tant les « dommages collaté- appauvri, une matière qui rend se pour tout ce qui concerne la gestion des dits alloués au seul fonctionnement des armée professionnelle. » Sous-entendu : les raux ». Mais, les gouvernements les obus antichars plus denses et armées, le contrôle général paraît un peu trop armées. retards apportés à moderniser les armées fran- et les états-majors le savent bien, plus résistants. L’Europe a le optimiste en escomptant que la situation Ce qui induit, outre la moindre capacité à çaises sont contre-productifs à terme, en il n’existe aucune « guerre pro- droit de savoir à quels maux ses s’améliorera avec le temps. A l’inverse, le financer des équipements modernes, un décourageant par avance ceux qui, d’aventu- pre », même si les maux que les soldats sont exposés et donc d’exi- groupe de liaison G2S, fort de ses quatre sérieux tour de vis donné au fonctionnement re, sont tentés de servir dans leurs rangs. soldats rapportent des champs de ger le maximum d’informations cents généraux membres, crie sans doute au courant des unités militaires, au risque, note Désormais, il est clair que, dès 1996, l’inci- bataille tardent parfois à se mani- du Conseil atlantique, qui exami- loup en exprimant, comme il vient de le faire le G2S, de devoir serrer les dépenses relatives dence financière de la professionnalisation fester. Cette vieille leçon acquiert nera ce dossier à Bruxelles le des armées n’a pas été correctement évaluée, une nouvelle actualité, ces jours- 9 janvier. en dépit des mises en garde, sur le moment, ci, avec le décès en Italie d’un L’OTAN ne peut s’en tenir à ses de nombreux élus ou cadres d’active qui sixième soldat ayant servi en Bos- habituelles réponses dilatoires, Maladies imaginaires par Guillaume Dégé étaient pourtant des partisans de l’armée de nie, et qui pourrait être attribué insuffisantes à calmer une inquié- métier. au « syndrome des Balkans » tude européenne qui ne manque- Il ne s’agit pas là d’un débat rétrospectif. Au Il est encore trop tôt pour ra pas de resurgir à chaque nou- sein d’un budget de la défense contraint à savoir si la mort mystérieuse par veau décès suspect. On ne peut francs constants, la priorité donnée aux cancer de ce jeune artificier – et oublier qu’un autre syndrome, dû dépenses de fonctionnement obère les inves- celle des autres victimes – est à des contaminations chimiques, tissements à venir dans la recherche, les étu- liée, de près ou de loin, au fait celui de la guerre du Golfe, pour- des, le développement et la production des qu’il serait entré en contact avec rait avoir fait des milliers de victi- matériels, au point qu’on constate des délais des munitions contenant de l’ura- mes aux Etats-Unis, en Grande- importants dans leur mise en service : quator- nium appauvri. Aucune preuve Bretagne et au Canada depuis ze ans de chantier pour le porte-avions médicale n’a pour l’instant 1994. Cette inquiétante affaire nucléaire Charles-de-Gaulle, à nouveau en conforté cette hypothèse, et les met aussi à nouveau en lumière panne, et seize ans pour l’avion de combat scientifiques continuent d’obser- l’extrême sensibilité des gouver- Rafale, rattrapé par son rival direct à l’exporta- ver, dans cette affaire, une extrê- nements européens à tout ce qui tion, l’Eurofighter. « C’est une politique, déplo- me prudence. Il n’empêche : la touche, de près ou de loin, à la re M. Blin, qui contribue à un dépassement des dangerosité de la matière radioac- santé de leurs citoyens. Rien ne devis initiaux et, sans doute, à une obsolescence tive incriminée, dans certaines cir- semble plus, dans leur esprit, des matériels » dès leur mise en service. constances, est assez inquiétante devoir échapper au principe de Sur la base d’un plan prospectif à trente pour justifier des demandes d’ex- précaution. Pas même la guerre. ans, le PP30, visant à mener à bien huit grands systèmes de forces interarmées, l’Elysée, Mati- gnon et le ministère de la défense ont détermi- 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani né un modèle d’armée « à l’horizon 2015 », Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; dont la réalisation dépendra, étape par étape, Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint d’une série de programmations militaires Directeur de la rédaction : Edwy Plenel sexennales. L’exercice – gestion quotidienne Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette et équipement sur le long terme – se révèle de Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment plus en plus compliqué à conduire de front, Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; au fil des ans. La réforme de l’institution fran- Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; çaise de défense est une entreprise administra- Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; tive dont on reconnaît, toutes familles politi- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan ques confondues, qu’elle est exceptionnelle. Mais les armées ne sont pas une simple admi- Médiateur : Robert Solé nistration. Elles ont des rendez-vous opéra-

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg tionnels sur le terrain, quand elles sont con- Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; frontées à de violentes réalités, qui sont, pour partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre les hommes et les matériels, l’heure de vérité.

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Jacques Isnard Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA LE MONDE celier n’étant pas parvenu à pas- vivement contesté dans les rangs tinat et dans le Bade-Wurtem- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Gerhard Schröder ser en force contre les syndicats. du SPD, au lendemain de la berg. Mais les Verts, aiguillon libé- Fonds commun de placement des personnels du Monde, Mais la reculade concerne démission du keynésien Oskar ral du gouvernement, veulent Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. l’après-2010, et le chancelier n’a Lafontaine. empêcher tout assoupissement du à mi-mandat pas renoncé à l’essentiel : créer Aujourd’hui, le SPD semble chancelier. Selon leur coprési- des fonds de retraite par capitalisa- trouver que la barque est déjà très dent, Fritz Kuhn, « le gouverne- ILYA50 ANS, DANS 0123 Suite de la première page tion, dans lesquels les salariés pleine. En 2002, année des législa- ment ferait une erreur gigantesque pourront investir jusqu’à 4 % de tives, la population va devoir s’il faisait maintenant une pause Les petits cafouillages des der- leur salaire. Il avait agi de même échanger ses deutschemarks con- dans les réformes ». M. Güllner, de Les communistes s’emparent de Séoul niers temps – démission des minis- pour la réforme du code de la tre des euros, accepter une loi sur l’institut de sondages Forsa, tres de la culture et des transports, nationalité, début 1999, renon- l’immigration annoncée par estime lui aussi que la population SÉOUL est tombé sans combat Arthur annonçait, ce matin jeudi polémique sur les mesures compen- çant à accorder la double natio- M. Schröder, alors que le débat ne veut pas moins, mais plus de aux mains des communistes. Sans 4 janvier, que « les forces des satoires de la hausse des prix de nalité aux étrangers. Mais à se sur l’élargissement de l’Union réformes. observer la pause qu’elles avaient Nations unies ont quitté Séoul dans l’essence – semblent surmontés. 6concentrer sur cet abandon, les européenne aux pays de l’Est bat- Pour preuve, la gauche alleman- l’habitude de faire avant d’attaquer un ordre parfait et se sont repliées Le chancelier donne cependant Allemands n’avaient pas vu que tra son plein. de a perdu toutes les élections une nouvelle position, les forces comme prévu sur des positions de l’impression d’infléchir sa poli- l’essentiel avait été préservé avec régionales de 1999 parce que sino-coréennes, qui ont déclenché défense ». La VIIIe armée est main- tique et de multiplier depuis quel- l’introduction d’une dose de droit PARLER AU CŒUR DES MILITANTS M. Schröder n’entreprenait pas leur offensive le 1er janvier et percé tenant au sud du fleuve Han. En ques mois les gages aux syndicats du sol. Et, à la différence des élections les réformes promises. Le SPD le dispositif allié dans la journée du dépit de la destruction des ponts et et à la gauche du parti. A l’au- Tactiquement, M. Schröder ne de 1998, le modernisateur n’est parvenu à conquérir le pou- 2, ont poursuivi leur marche, retar- des pontons, le cours d’eau, de tomne, il a torpillé un projet de veut pas, il est vrai, lancer de trop Schröder, devenu entre-temps voir en 1998, après seize années dée seulement par quelques élé- l’avis des observateurs, ne consti- libéralisation des heures d’ouver- grandes réformes en fin de man- patron du SPD, aura aussi à jouer d’opposition, que parce que ments de couverture alliés chargés tue pas un obstacle infranchis- ture de magasins initié par les Län- dat : il a en mémoire l’expérience pendant la campagne électorale le Gerhard Schröder a su conquérir d’opérer les dernières destructions. sable. Des chars amphibies ont der ; il a lancé une réforme de la de Helmut Kohl, qui avait commis rôle qui avait été celui d’Oskar l’électorat centriste. Et celui-ci ne C’est dans une ville morte que les brisé la glace dans un rayon de loi sur la cogestion, augmentant l’erreur de lancer ses réformes Lafontaine en 1998 : parler au lui sera acquis que s’il continue de soldats communistes ont fait de 50 mètres de chaque côté des les droits des salariés dans les trop tard, en deuxième moitié de cœur des militants. M. Schröder moderniser fermement l’Allema- nouveau leur entrée à la fin de la arches pour empêcher les commu- PME, suscitant les hauts cris du sa dernière législature, et s’était doit aussi ménager les caciques du gne. Mais il ne faut pas non plus nuit. Le correspondant de l’AFP, nistes de jeter de nouveaux ponts, patronat ; fin décembre, il a fait fait torpiller par l’opposition. Sur parti, qui pensent à leur réélec- désespérer les camarades : c’est qui a quitté l’aérodrome de Kimpo mais le cours gelé du Han per- machine arrière sur le projet de le fond, le chancelier veut éviter tion : après neuf mois sans scrutin ainsi qu’il faut sans doute com- à midi heure locale (3 heures du mettra sans doute aux forces sino- réforme des retraites, contesté de de se couper de la population com- – un exploit pour ce pays où l’on prendre le léger virage à gauche matin GMT), signalait que les coréennes de traverser. La marine tous bords, en particulier par les me l’avait fait son prédécesseur. vote sans cesse –, les Allemands actuel. incendies allumés depuis quelques des Nations unies croise au large syndicats, renonçant à baisser Son obsession est d’« emmener sont de nouveau appelés aux heures dévoraient les derniers bâti- de la côte ouest de la Corée pour autant que prévu le niveau des avec lui » les Allemands sur la voie urnes, fin mars, en Rhénanie-Pala- Arnaud Leparmentier ments qui avaient été épargnés fin participer au « redéploiement » retraites par répartition. « Toutes des réformes. Il est tiraillé entre septembre lors de la prise de la des forces de l’armée de terre par les réformes sont arrêtées, les élec- ses réflexes consistant à coller aux ville par le corps expéditionnaire. voie de mer en cas de nécessité. tions s’approchent et le chancelier peurs des Allemands – flattant RECTIFICATIFS ERIC WATSON Un communiqué du général Mac (5 janvier 1951.) vire à gauche, accusait début une population inquiète, le minis- Une coupe a rendu incompré- décembre le magazine Stern. Pour tre-président de Basse-Saxe avait ANGOLA hensible la chronique du disque la clientèle du SPD, le chef du parti exigé en 1997 que l’on mette « les Dans notre enquête sur l’Ango- Full Metal Quartet, du pianiste 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS fait des cadeaux et des interven- criminels étrangers dehors et vite », la (Le Monde du 30 décembre), Eric Watson, parue dans Le Mon- tions dignes d’Oskar » [Lafon- et qualifié en 1998 l’euro nous avons donné par erreur le de du samedi 30 décembre 2000. Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr taine], l’ancien président du SPD, d’« enfant chétif et prématuré » – nom de Spinoza, au lieu de Spino- Au lieu de « Cette organisation rival de M. Schröder. et son expérience de chancelier, la, au général porté au pouvoir au idéalement réfléchie, les thèmes Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) Il est pour l’heure difficile de qui lui a appris que la fermeté pou- Portugal par la « révolution des entretiennent certains codes du ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) savoir s’il s’agit seulement de vait payer et que la population œillets ». Par ailleurs, l’Angola, jazz… » il fallait lire : « De cette gages ou d’un réel infléchisse- voulait qu’il dirige le pays. Il sait grand comme la France et la organisation idéalement réfléchie Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 ment politique. Certes, la réforme qu’il a dû sa survie politique à sa péninsule Ibérique réunies, n’est dans ses citations internes on peut Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 des retraites, dernier gros dossier détermination à imposer le plan évidemment pas un « petit pays », dégager les thèmes un à un, autant Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 de la législature, sera sans doute d’austérité de son ministre des comme nous l’avons écrit par dans leur rapport à certains codes moins libérale que prévu, le chan- finances Eichel en 1999, alors inadvertance à la « une ». du jazz… ». 17 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001

FINANCE Par un de ces coups de point son taux interbancaire, rame- 14,2 %, le Nasdaq, indice phare de la lar s’est raffermi et la plupart des pla- Unis, applaudi la décision de la baguette magique dont il a le secret, né à 6 %, et provoqué un spectacu- nouvelle économie, qui a perdu ces boursières américaines, euro- Fed. M. Bush a déclaré : « Cette bais- Alan Greenspan, le président de la laire rebond des marchés financiers. 39 % en 2000, a enregistré mercredi péennes et asiatiques sont reparties se était nécessaire, elle affirme fer- Réserve fédérale américaine, a abais- b L’EFFET DE SURPRISE a joué à fond le gain quotidien le plus fort de son à la hausse. b ÉCONOMISTES ET mement qu’il ne faut pas laisser sé mercredi 3 janvier d’un demi- à Wall Street. Avec une hausse de histoire. b DANS LA FOULÉE, le dol- POLITIQUES ont tous, aux États- notre économie dégringoler. » Alan Greenspan baisse les taux et provoque un électrochoc sur les marchés Pour la première fois depuis novembre 1998, la Réserve fédérale américaine a réduit le loyer de l’argent pour faire face au ralentissement de l’activité économique. Cette décision surprise a été saluée par le président élu, George W. Bush

NEW YORK La Fed contre la récession M. Greenspan pour faire ralentir de notre correspondante l’économie à coups de hausses suc- Si le président élu George TAUX AMÉRICAIN INTERBANCAIRE INDICE NASDAQ INDICE DOW JONES EURO EN DOLLAR cessives des taux entre juin 1999 et W. Bush se demandait qui est aux au jour le jour de la Bourse de New York mai 2000, prévoient d’autres bais- commandes de l’économie améri- 6 le 3/01/2001 4 500 2 616,69 11 400 10 945,75 0,96 0,9306 ses des taux, pour parvenir à un caine, Alan Greenspan lui a appor- 6,5 le 3/01/2001 le 3/01/2001 le 3/01/2001 taux interbancaire de 4 % à la fin 11 200 té la réponse mercredi 3 janvier : 0,94 de l’année. 4 000 par un nouveau coup de baguette 11 000 A Austin, où il recevait une tren- 0,92 magique, le président de la Réser- 6,0 taine de grands patrons, pour la 3 500 10 800 ve fédérale a abaissé d’un demi- 0,90 plupart amis du Parti républicain, point son taux interbancaire, ainsi 10 600 dans le cadre d’un mini sommet 5,5 0,88 ramené à 6 %, et immédiatement 3 000 10 400 sur l’économie, M. Bush a salué la provoqué un spectaculaire rebond décision de la Fed, dont il n’avait 10 200 0,86 sur les marchés financiers, sérieu- 2 500 pas été averti : « Cette baisse était sement déprimés ces derniers 5,0 10 000 0,84 nécessaire, elle affirme fermement mois. qu’il ne faut pas laisser notre écono- 2 000 9 800 L’effet de surprise a marché à 0,82 mie dégringoler », a déclaré le futur fond à Wall Street. Avec une haus- 4,5 JASOND JASOND J A S O N D président à la presse. M. Bush en a se de 14,2 %, le Nasdaq, indice 1998 1999 2000 2000 2000 2000 profité pour vanter à nouveau son phare de la nouvelle économie et Source : Bloomberg plan de réductions massives d’im- des valeurs technologiques, qui a A la surprise générale, la réserve fédérale américaine (Fed) a abaissé mercredi 3 janvier ses taux directeurs pour soutenir l'activité économique aux Etats-Unis pôts, qu’il considère comme une connu sa plus mauvaise année en et les marchés financiers affaiblis. stimulation indispensable de l’éco- 2000 en perdant 39 % de sa valeur, nomie. Loin de penser que la déci- a enregistré dans l’après-midi de des réunions régulières du comité et qui sont peut-être plus faibles déclin, pour le quatrième mois drer » : c’est, estimaient mercredi sion de la Fed rend son plan super- mercredi le gain quotidien le plus monétaire, n’attendait pas de déci- que prévu ; et « elle peut aussi avoir consécutif, a provoqué une nouvel- soir l’ensemble des analystes, le flu, il estime qu’elle lui donne rai- fort de toute son histoire. Il a sion si tôt. Ceux des économistes décidé d’assouplir sa politique le baisse de la Bourse. Même si le message qu’a voulu adresser la son et lui permet d’allier l’arme fis- retrouvé, à 2 616 points, son qui avaient bien interprété l’esprit monétaire dès maintenant pour pou- secteur manufacturier ne représen- Fed aux acteurs économiques. Au cale à l’arme monétaire : « Nous niveau du début 1999. Les autres du dernier communiqué de la voir procéder à une nouvelle baisse te plus qu’un cinquième de l’activi- moment où George W. Bush, le avons besoin d’actions audacieuses, indices boursiers, qui avaient un Fed – la banque fédérale avait lais- des taux le 31 janvier ». Une autre té économique américaine, l’effet président élu, affirme que la réces- et pas seulement de la part de la peu moins souffert ces derniers sé les taux inchangés mais s’était thèse circulant à Wall Street est cel- psychologique de ces chiffres, ajou- sion est toute proche, face à quoi Fed », a-t-il dit, indiquant qu’il sou- déclarée plus préoccupée par les le d’une division de la Fed sur l’am- té à celui d’autres statistiques le président sortant Bill Clinton mettrait le plus tôt possible son risques de récession que par les ris- pleur de la menace de récession : récentes traduisant une baisse de riposte qu’il ne s’agit que d’un plan d’allégements fiscaux au Con- L’effet de surprise ques d’inflation – ont quant à eux M. Greenspan, selon les tenants de la confiance des consommateurs ralentissement d’une croissance grès « comme partie intégrante du été surpris par l’ampleur de la pre- cette thèse, n’aurait pas réussi à et des ventes au détail décevantes qui avait trop tendance à s’embal- plan de relance de l’économie ».A a joué à fond mière baisse des taux depuis convaincre l’ensemble du comité en fin d’année, aux contre-perfor- ler, M. Greenspan veut montrer ses côtés, Jack Welch, PDG de novembre 1998 : ils s’attendaient à monétaire le 19 décembre de l’ur- mances de la Bourse et à la hausse qu’il existe des outils pour agir sur General Electric, s’est aussi félicité à Wall Street. une réduction d’un quart de point, gente nécessité d’une baisse des des coûts de l’énergie, contribue à l’activité économique et qu’il n’hé- de la décision de M. Greenspan, de à 6,25 %, dans la tradition de la pru- taux. renforcer l’impression que, plus site pas à s’en servir le moment nature à « remettre l’économie sur Le Nasdaq est dence de la Fed, alors qu’Alan Si c’est le cas, les derniers chif- qu’un atterrissage en douceur, venu. les rails ». A vrai dire, comme l’a Greenspan a lâché un demi-point fres économiques lui auront sans c’est une récession qui guette. Hormis l’effet psychologique, souligné sur CNBC un économiste remonté de 14,2 % d’un coup. Le taux d’escompte, de doute apporté les munitions néces- En écho à certains économistes déjà sensible sur les marchés finan- de Wall Street, « même adoptée cet- portée plus symbolique, a été saires. Mardi 2 janvier, la rentrée pour lesquels le facteur psychologi- ciers, quel va être l’effet concret de te année par le Congrès, une réduc- abaissé d’un quart de point, boursière a été assombrie par la que et le facteur confiance sont la baisse des taux d’un demi- tion d’impôts, quelle qu’elle soit, temps, ont eux aussi été immédia- à 5,75 %. publication de l’indice de l’activité plus importants que jamais dans le point ? La plupart des économistes n’aura pas d’effets sur l’économie tement propulsés par l’électro- Economistes, financiers ou politi- manufacturière de la National contexte actuel, Alan Greenspan a sont sceptiques sur d’éventuels avant l’année prochaine. Donc, en choc : le Dow Jones a augmenté de ques, tous ont applaudi à ce coup Association of Purchasing Manage- donc joué la surprise et retourné le effets avant le milieu de l’année et 2001, la seule à avoir les cartes en 2,8 % et le Standard and Poor’s de maître tout en spéculant abon- ment, tombée en décembre à son débat sur la récession. « On est sur prédisent de nouvelles turbulences mains, c’est la Fed ». 500, jugé le plus représentatif, damment sur le moment choisi. plus bas niveau depuis avril 1991, à le coup et nous sommes déterminés dans les six mois à venir. Certains, de 5 %. « Alan Greenspan n’avait pas baissé la fin de la dernière récession. Ce à empêcher l’économie de s’effon- faisant valoir qu’il a fallu un an à Sylvie Kauffmann En précisant, lors de sa dernière les taux en décembre, dans l’espoir réunion du 19 décembre, qu’il qu’il y ait une petite reprise à la fin « continuerait de surveiller de de l’année, comme cela se passe par- près » l’évolution de l’économie, le fois, estime un banquier new-yor- L’euphorie boursière américaine fait bondir les places européennes comité monétaire avait clairement kais. Quand il a vu que cela ne se laissé entendre qu’une réduction produisait pas, il a pris la décision LA BAISSE d’un demi-point du loyer de l’ar- progressé de 26 %, et eBay de 30 %. Les deux credi. Le billet vert a repris 2,26 % contre la mon- des taux était possible dès janvier, qui s’imposait, sans attendre. » Bru- gent décidée par la Reserve fédérale américaine géants de l’informatique, Microsoft et Intel, se naie unique, pour finir à 0,9281 dollar pour un avant même la réunion prévue des ce Steinberg, économiste en chef à (Fed), mercredi 3 janvier, pour éviter un ralentisse- sont contentés de gains plus modestes, mais néan- euro après être descendu dans la journée à 30 et 31 janvier s’il le fallait (Le Merrill Lynch, voit pour sa part ment trop brutal de l’économie, a donné une bouf- moins appréciables, de l’ordre de 10 %. 0,957 dollar. Jeudi dans les premiers échanges, il Monde daté 21 décembre). Mais deux autres explications possi- fée d’oxygène aux marchés d’actions américains, réduisait ses gains, s’échangeant à 0,9373 dollar. M. Greenspan n’est pas un habitué bles : la Fed pourrait avoir été préa- et principalement aux entreprises de la nouvelle LE DOLLAR REGAGNE DU TERRAIN L’euphorie boursière américaine s’est propagée des coups de théâtre et Wall lablement informée des chiffres de économie. Bon nombre d’entre elles, dans une L’afflux de capitaux sur les actions a fait reculer à l’ensemble des places européennes. L’indice Street, accoutumée à le voir modi- l’emploi de décembre, dont la situation de trésorerie difficile et qui seraient dure- fortement le marché obligataire américain, sur CAC 40 de la Bourse de Paris effaçait ses pertes de fier les taux d’intérêt à l’occasion publication est attendue vendredi ment pénalisées en cas de forte baisse de la crois- lequel s’étaient dernièrement réfugiés en masse la veille lors de l’ouverture, jeudi. Il gagnait 2,04 % sance, ont été soutenues par l’assouplissement les investisseurs. Evoluant mécaniquement à au lendemain d’une chute de 1,98 %. Alors que des conditions d’emprunt, qui leur permettront l’inverse du prix des titres, le rendement des obli- Madrid bondissait de 4,36 %, Londres prenait de trouver de nouvelles ressources à un coût gations du Trésor à dix ans a bondi, mercredi, à 2,28 %, dès l’ouverture après une baisse la veille George W. Bush cherche moindre. 5,14 %, contre 4,91 % mardi en clôture, tandis que de 2,18 %. A Francfort, la hausse était plus modes- Sur le marché, au lendemain d’un plongeon de l’emprunt à trente ans est passé à 5,48 %, contre te en début de séance, de 0,14 % seulement. Le 7,23 %, l’indice Nasdaq des valeurs de la nouvelle 5,35 %. « C’est le moment de vendre. L’argent va sor- marché allemand, qui ferme ses portes plus tard la bonne voie économique économie a enregistré, mercredi, sa plus forte tir pour se placer sur les actions », indiquait à Reu- que ses homologues européens, était ouvert au hausse historique de 14,17 %. Certains titres ont ters un spécialiste à la Wells Fargo Bank. Les moment de l’annonce de la Fed et avait déjà pris QUELLE CROISSANCE pour en train de s’affaiblir en raison de la enregistré des gains de 20 % à plus de 30 % ! Par- emprunts d’Etat européens suivaient le mouve- 2,31 % en clôture. Seule la Bourse de Tokyo, pre- demain ? Alors qu’un vif débat hausse des taux d’intérêt et du coût mi les plus fortes hausses, on note Cisco, le numé- ment en se repliant dès l’ouverture jeudi. Le taux mière grande place boursière dans l’ordre chrono- oppose l’administration sortante de l’énergie. Dans un entretien ro un mondial des équipements de réseaux, qui a des titres à dix ans remontait, mécaniquement, à logique à réagir aux événements américains, n’a (qui estime que l’économie est tou- repris par le quotidien britannique progressé de 24 %. Le fournisseur d’équipements 4,91 % en France et à 4,76 % en Allemagne. pas été entraînée par le mouvement. L’indice Nik- jours solide) et l’équipe en passe de The Guardian du 2 janvier, l’homme de réseaux Juniper Networks a gagné près de Le dollar, reculant régulièrement depuis plu- kei a clôturé en baisse de 0,68 %, jeudi. prendre les commandes, le 20 jan- d’affaires d’origine hongroise Geor- 29 %, et le fabricant de composants de fibres opti- sieurs semaines face à l’euro, a profité de la baisse vier (qui prévoit un fort ralentisse- ge Soros a plutôt joué les Cassan- ques JDS Uniphase 36 %. Enfin, Amazon.com a des taux de la Fed pour regagner du terrain mer- Cécile Prudhomme ment de l’activité en 2001), George dre, prédisant un atterrissage brutal W. Bush avait décidé, dès la confir- de l’économie américaine qui aura mation de son élection, de se faire « de lourdes conséquences sur la son propre jugement. Le gratin des croissance mondiale ». La « vigou- L’OPEP veut réduire sa production pour faire remonter les cours du pétrole économistes et des hommes d’affai- reuse » baisse des taux d’intérêt res américains se sont donc retrou- qu’il prévoyait en début d’année a RETOUR à la case départ. En ce ments successifs de production et mercredi Chakib Khelil, ministre teur d’origine libanaise Spencer vés, le 3 janvier à Austin, Texas, bien eu lieu, « mais (…) trop tard début de siècle, les cours du pétro- du ralentissement de la croissance. algérien du pétrole et nouveau pré- Abraham, qui succédera au démo- pour un mini-sommet consacré à pour éviter un ralentissement bru- le ont retrouvé leurs niveaux du Vers Noël, les cours étaient de nou- sident de l’OPEP. L’organisation crate Bill Richardson, le président « l’état de l’économie et les défis qui tal », estimait-il, ajoutant que l’insti- début de l’an 2000. Mercredi 3 jan- veau inférieurs à 22 dollars. Pour pourrait réduire sa production de élu George W. Bush a insisté sur la attendent le pays », selon les termes tut d’émission américain « suit vier, le brent qualité de référence endiguer le mouvement et le stabili- 500 000 barils par jour de façon nécessité de réduire la dépendance du porte-parole du président élu, actuellement plus les marchés qu’il ne de la mer du Nord, pour livraison ser autour de 25 dollars, les produc- automatique avant la réunion du de son pays en matière pétrolière. Ari Fleischer. Autour de George les guide ». en février, s’échangeait à 25,10 dol- teurs envisagent maintenant de 17 janvier si le prix de son panier « Le monde idéal est celui dans Bush, s’était rassemblé le futur La décision surprise de la Fed d’as- lars le baril. Le light sweet crude réduire le débit de leurs puits. Une de référence de diverses qualités lequel nous n’avons pas à nous sou- noyau dur de la politique économi- souplir mercredi sa politique moné- négocié à New York progressait de décision devrait être prise le 17 jan- de brut restait inférieur à 22 dollars cier de quelqu’un qui réduit les que américaine : le secrétaire au Tré- taire a cependant été saluée par le 79 cents, à 28,00 dollars. L’état des vier lors de la réunion de l’OPEP à pendant dix jours ouvrables. approvisionnements sur les marchés sor, Paul O’Neill, le secrétaire au FMI. « Cet ajustement de la politique esprits est cependant radicalement Vienne. Pour que cette mesure ait mondiaux. » commerce, Don Evans, et son con- monétaire est opportun pour contri- différent. Voilà un an, rien ne sem- un effet, les membres du cartel doi- « LE MONDE IDÉAL » Le futur locataire de la Maison seiller économique, Lawrence buer à assurer un atterrissage en dou- blait pouvoir enrayer la progres- vent impérativement apparaître Afin de limiter l’ampleur des fluc- Blanche est un familier de ces ques- Lindsey. ceur de l’expansion aux Etats-Unis et sion des cours du brut, qui avaient unis, quitte à se mettre d’accord tuations, l’OPEP a instauré un tions : il a été gouverneur du Texas, Redonner du tonus à l’économie pour renforcer les perspectives d’une doublé en quelques mois. Cette fer- avant sur les efforts demandés à mécanisme prévoyant d’augmen- un Etat pétrolier, et sa famille a tou- est à l’évidence une des préoccupa- croissance durable de l’économie meté faisait ressurgir la peur d’un chacun. ter le débit de 500 000 barils/jour si jours été proche de cette industrie. tions de George Bush. Certains éco- mondiale », a déclaré le directeur choc pétrolier dans les pays indus- L’Arabie saoudite, premier pro- les cours restent pendant dix jours « Je me réjouis de travailler avec le nomistes n’hésitent plus à parler général de l’institution, Horst trialisés. Les Etats consommateurs ducteur mondial et leader du car- supérieurs à 28 dollars et de le sénateur Abraham pour faire en sor- d’un coup de frein cette année. Et si Köhler. Les débats d’Austin pressaient l’OPEP (Organisation tel, a donné le ton en annonçant réduire d’autant s’il devient infé- te que nous disposions d’une énergie la plupart des experts ne prévoient devaient se poursuivre jeudi 4 jan- des pays exportateurs de pétrole), dès le 31 décembre la nécessité de rieur à 22 dollars. Ces perspectives à bas prix et disponible pour tous les pas de récession brutale, ils esti- vier en présence d’une vingtaine de dont les onze membres contrôlent réduire de 1,5 à 2 millions de barils ont entraîné depuis quelques jours Américains », a-t-il ajouté. Ces pro- ment que le risque de récession est spécialistes de la haute technologie. près de 40 % de la production mon- la production quotidienne du car- un redressement des prix du brut. pos apparaissent comme une incita- largement plus élevé en 2001 que Sujets du jour : la promotion du diale, d’ouvrir les vannes. tel, estimée actuellement à 26,2 mil- Mais le marché est sensible aussi tion à reprendre des investisse- depuis de nombreuses années. Il libre-échange, dont George Bush Le point culminant a été atteint lions de barils. « Il y a maintenant au comportement des pays con- ments dans l’exploration-produc- provient, selon eux, du fait que les est un ardent défenseur, et l’amélio- en septembre, avec un prix du baril un large consensus au sein des mem- sommateurs, et d’abord à ceux du tion pour augmenter l’offre dispo- deux moteurs qui tiraient l’écono- ration du système éducatif. de plus de 37 dollars. Puis, au cours bres de l’OPEP pour réduire la pro- premier d’entre eux, les Etats-Unis. nible et faire baisser les cours. mie – la robuste consommation des de l’automne, la tendance s’est duction, mais je ne peux pas dire Mardi 2 janvier, en présentant le ménages et l’investissement – sont Babette Stern inversée, en raison des relève- quelle en sera l’ampleur », a déclaré futur secrétaire à l’énergie, le séna- Dominique Gallois 18 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 b ENTREPRISES Londres bloque le rachat PSA donne un coup d’accélérateur du brasseur Bass par Interbrew COUP DUR pour le géant brassicole belge Interbrew : le gouverne- pour dépasser Renault, en perte de vitesse ment britannique s’est opposé, mercredi 3 janvier, au rachat de son concurrent Bass, conclu au printemps pour 3,5 milliards d’euros. Inter- brew espérait, grâce à cette acquisition qui suivait de peu celle de En 2000, plus de cinq millions de véhicules français ont été vendus dans le monde Whitbread, s’installer à la deuxième place du marché mondial de la bière, où il possède déjà les marques Stella, Jupiler, Leffe, Labatt, La dernière année du siècle aura été celle de lions de voitures et de véhicules utilitaires dans japonais Nissan, Renault accuse toutefois une etc. Le gouvernement de Tony Blair s’est rangé à l’avis de la Commis- tous les records pour les constructeurs français. le monde et revendiquent ensemble, une part de baisse de régime. PSA en profite pour accroître sion de la concurrence, selon laquelle la société belge aurait constitué Renault, Peugeot et Citroën ont vendu 5,1 mil- 9 % du marché. Absorbé par l’intégration du ses ventes et rester parmi les grands. un « duopole de fait » outre-Manche avec son rival Scottish and New- castle. Interbrew est donc invité à revendre Bass, une cession qui ris- C’EST UNE ANNÉE en trompe- et révèlent une tendance à la baisse cement de sa berline de milieu de Fiat et Nissan », jubilait le président que de lui faire perdre au moins 750 millions d’euros. l’œil que vient de boucler l’automo- de 5,7 % sur la deuxième moitié de gamme Laguna 2, présentée au du groupe, Jean-Martin Folz, au « Cette mesure disproportionnée défie la logique », assure-t-on au siège bile française. En apparence, tout l’année, après la croissance de Mondial de l’automobile en octo- Mondial de l’automobile, affirmant de la société belge, où l’on manifeste toutefois l’espoir de pouvoir rou- va bien. Le marché français semble 6,2 % affichée au premier semestre. bre, mais qui ne sera sur le marché que PSA serait passé en deux ans vrir la discussion, même si la décision de Londres semble sans appel. s’être stabilisé à un niveau proche En Europe occidentale, où elle que fin janvier 2001. Du coup, « il du neuvième au sixième rang mon- C’est en effet l’option la plus radicale qui a été retenue par le gouver- du record de 1999, à 2,13 millions réalise encore 80 % de ses ventes nous a manqué 70 000 voitures pour dial. Confirmation par les chiffres nement de Tony Blair, alors qu’Interbrew s’attendait, dans la pire des de voitures. Dans le monde, (hors Nissan), la marque a reculé satisfaire la demande sur ce segment dévoilés jeudi 4 janvier pour l’an- hypothèses, à devoir procéder à quelques aménagements mineurs de Renault et PSA Peugeot Citroën sur douze mois de 4 %. Ses volumes en 2000 », affirme M. Hinfray. née 2000, où 2,8 millions de véhicu- son offre. Hugo Powell, le PDG canadien du groupe, avait déclaré il y ont vendu l’an dernier 5,1 millions s’effritent nettement sur les princi- Autre virage raté par Renault : celui les Peugeot et Citroën ont été ven- a moins de deux mois : « Il y a plus de risques à attendre la réponse bri- de voitures et de petits véhicules uti- paux marchés de la zone, en Allema- du diesel. Faute d’avoir prévu le dus (+ 11,7 %). PSA a réalisé un tannique qu’à lancer notre opération d’entrée en Bourse. » Les faits lui litaires, une croissance de 5,7 % qui gne (- 20,7 %), en Espagne retour en force de ce type de moto- sans-faute en Europe de l’Ouest ont donné tort : le groupe de Louvain, qui a fait son entrée il y a un permet à l’industrie nationale de (- 11,5 %), en Italie (- 6,2 %) et au risation, qui représente désormais (+ 7 %) autant qu’à la grande expor- mois seulement à la Bourse de Bruxelles, a perdu 25 % en l’espace revendiquer désormais plus de 9 % Royaume-Uni (- 2,2 %). En France, 32 % des ventes en Europe (Le Mon- tation (+ 33 %). PSA a doublé ses d’une journée après la décision de Londres. – (Intérim.) du marché mondial. les utilitaires ont assuré à eux seuls de du 19 décembre), la marque au ventes en Turquie, les a quadru- Pourtant, lorsqu’on regarde de la croissance (+ 1,6 %). Quant à l’Eu- losange a tardé à se doter des capa- plées en Iran. Et même sur des mar- plus près les chiffres dévoilés cette rope centrale, Renault y accuse une cités de production nécessaires. Cet- chés incertains ou en crise, comme Un mobile pour deux Français semaine par les constructeurs, on baisse globale de ses ventes de te vague porteuse a en revanche l’Argentine, la Chine ou le Japon, il s’aperçoit que la situation est plus 3,3 %. Finalement, la firme ne doit été parfaitement exploitée par son a réussi à augmenter ses volumes, LA FRANCE compte 29 681 300 clients de téléphonie mobile au contrastée. Le marché français a, son salut qu’au travail de terrain rival PSA, dont un véhicule sur parfois fortement (+ 85 % en 31 décembre 2000, soit un taux de pénétration de 49,4 %. Les trois opé- depuis six mois, amorcé une phase fourni par ses équipes sur les mar- deux vendu dans le monde roule au Japon). Une dynamique que le grou- rateurs ont réussi à recruter 3,5 millions de clients supplémentaires au de baisse assez sensible, dont rien chés émergents, au Maghreb, en gasoil. pe présidé par M. Folz entend pour- dernier trimestre (+ 13,3 %) et plus de neuf millions sur l’année entière ne permet de dire s’il s’agit d’un Turquie, en Russie, en Roumanie, suivre en 2001, affichant d’ores et (+ 44 %). Les promotions de la période de Noël ont été cependant plus trou d’air passager ou l’amorce et à la montée en puissance de sa UN SANS-FAUTE déjà un objectif de « 3 millions de modestes que celle de l’an dernier, et le nombre de recrues au dernier d’un retournement durable, dans nouvelle usine au Brésil, où Grâce au diesel, mais aussi au suc- véhicules vendus ». trimestre a été inférieur d’un million à celui de la même période de une industrie connue pour être Renault a accru ses ventes de 78 %. cès des produits vedettes de ses Mais le ralentissement observé 1999. France Télécom Mobiles (Itinéris et Ola) et Bouygues Telecom cyclique. Quant aux performances « 2000 a été une année de transi- deux marques, la Peugeot 206 et la tant en Europe qu’aux Etats-Unis sont les deux gagnants de cette année. Le premier conserve son rang mondiales des deux champions tion », concède François Hinfray, le Citroën Picasso, le groupe de la fait de 2001 une « année de tous les de numéro un, avec 14,3 millions d’abonnés (48,2 % de parts de mar- nationaux, elles se révèlent, à l’ana- directeur commercial du groupe, famille Peugeot affiche, lui, une dangers » pour l’automobile, avec ché). Le second a enregistré une croissance de son parc de 31 % sur les lyse, très disparates. Tout se passe qui explique ce passage à vide par croissance soutenue pratiquement la préparation des deux grands évé- six derniers mois, ce qui porte sa part de marché à 17,6 %. Le numéro comme si Renault, tout entier inves- « un manque de nouveaux pro- sur tous les marchés où il est pré- nements de l’année 2002 : le passa- deux français SFR, filiale de Vivendi, a vu sa part de marché ramenée ti, ces deux dernières années, dans duits ». Renault a dû retarder le lan- sent. « Nous avons doublé Honda, ge à l’euro et la remise en cause par à 34,2 %, contre 35,6 % un an plus tôt. sa mondialisation par la reprise en la Commission européenne du sys- mains du numéro deux japonais, tème de distribution exclusive et Nissan, n’avait pas vu revenir en for- L’automobile française : 9 % du marché mondial sélective. Dans cette perspective, Commandes en hausse pour Boeing ce son vieux rival PSA. Celui-ci est Renault a annoncé mercredi qu’il avide de démontrer qu’il peut res- b Les deux groupes automobiles (742 000 en France), 75 000 en allait ramener le nombre de ses con- LE CONSTRUCTEUR aéronautique Boeing a enregistré en 2000 des ter un grand constructeur sans français, Renault et PSA Peugeot Europe Centrale et de l’Est, et plus cessionnaires et succursales de ven- commandes portant sur 611 avions civils. Compte tenu des annula- fusions ni acquisitions. Citroën, ont accru leurs ventes de de 400 000 dans le reste du monde. te en Europe de 3 000 à 800 dans tions, le solde net s’élève à 587 appareils, soit une nette amélioration Le groupe présidé par Louis près de 6 % en l’an 2000, avec b Peugeot a vendu 1,68 million de les cinq ans. Une restructuration par rapport au total de 389 avions de 1999. Boeing totalise fin décem- Schweitzer est, au vu des chiffres 5,1 millions de véhicules (voitures véhicules dans le monde, dont qui permettra d’intégrer davantage bre un carnet de commandes de 1 612 appareils. Si l’on inclut son acti- communiqués mercredi 3 janvier, et utilitaires), dans un marché 1,35 million en Europe occidentale Nissan à son dispositif. En espérant vité de services à l’aviation, les nouvelles commandes enregistrées par entré dans une zone de turbulen- mondial en augmentation de 4 % (397 500 en France) et que la filiale japonaise, en bonne Boeing dans l’aviation civile peuvent être chiffrées à 50 milliards de ces. Les 2,3 millions de véhicules environ, à 56 millions de véhicules. 324 000 dans le reste du monde. voie de redressement financier, dollars, sur la base des prix catalogue. Concernant les livraisons, Renault vendus en 2000 dans le b Renault a vendu 2,3 millions de b Citroën a vendu 1,14 million de aura aussi amorcé la reconquête de Boeing a fabriqué 489 avions commerciaux en 2000, soit 131 de moins monde (dont 330 000 utilitaires) véhicules environ dans le monde véhicules, dont 983 000 en Europe ses parts de marché perdues. qu’en 1999 (620 appareils). Une grève de près de quarante jours des représentent une infime progres- en 2000. Plus de 1,8 million ont été de l’Ouest (338 600 en France) et 19 000 techniciens et ingénieurs de Boeing au début 2000 avait freiné sion (0,5 %) sur l’année précédente, vendus en Europe de l’Ouest 157 000 hors d’Europe. Pascal Galinier les livraisons d’avions commerciaux.

EUROPE ASIE - PACIFIQUE TABLEAU DE BORD

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La Fed baisse ses taux TIPU IQWTV WPDW

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directeurs par surprise aéronautique a remporté, jeudi [[[ [[[ [[[IQRPQ [[[ [[[ [[[

RyF ITxF RtF RyF ITxF RtF RyF ITxF RtF

RyF ITxF RtF RyF ITxF RtF 4 janvier, un contrat de RyF ITxF RtF LA RÉSERVE FÉDÉRALE a surpris 1,3 milliard de dollars pour Indices cours Var. % Var. % Indices cours Var. % Var. %

les marchés mercredi 3 janvier en construire au moins trois satellites Europe 12 h 30 f se´lection 04/01 03/01 31/12 Zone Asie 9h57 f se´lection 04/01 03/01 31/12

± ± ± RUSVDIP PDIH HDQH IQTWIDRW HDTV HDTV réduisant ses taux directeurs et en de télécommunications à bande EUROPE EURO STOXX 50 TOKYO xsuuis PPS

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± ± i ‚y ƒ„yˆˆ QPR QVWDRH PDIH HDTI IWPHDUS QDIV HDQP ses pourraient suivre. Elle estime engagées sur le terrain. EUROPE SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

± QSTDSW IDRV HDVW UHDIR UDPV IHDUP qu’un ralentissement trop brutal de EUROPE STOXX 653 SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

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± ± TRPVDVU HDHW HDHU que monétaire. La prochaine réu- participation, indiquent Les Echos FRANCFORT heˆ QH

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MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi QDQSQVS IDWSSV Le taux des federal funds, le loyer de DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE

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l’argent au jour le jour entre ban- MILAN wsf„iv QH LIRE ITALIENNE (1000). LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

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RDUTUHQ UDRQQQ (Lire page 17.) b LIBERTY SURF : le SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

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a ÉTATS-UNIS : les dépenses du fournisseur d’accès gratuit à PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

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AME´ RIQUES FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU IDRPTT bâtiment ont diminué de 0,6 % en l’Internet déposera vendredi FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FORINT HONGROIS ....

IDIHQPR PRUQH données CVS en novembre, après 5 janvier sa candidature à la MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS......

NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR avoir progressé de 0,8 % en octobre reprise du spécialiste des cartes

IHWRSDUS PTITDTW

(+ 0,9 % en première estimation). téléphoniques prépayées Intercall, HDWRT Taux d’inte´reˆt(%) Matif

IHWUU QSPQ Les ventes de la grande distribution a indiqué le quotidien Les Echos HDWRU

Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier

IHUUT QPUT ont modestement progressé dans la jeudi. Selon Le Figaro de mercredi, HDWPQ Taux 03/01 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 12 h 30 f 04/01 prix prix

Notionnel 5,5 RDTS RDVT SDQI semaine du 23 au 30 décembre Liberty Surf et l’opérateur belge RDVQ IHSUT QHQH

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MARS 2001 ...... VHHRPDHH RDVQ RDUH SDPR

(+ 0,3 % contre + 3,9 % la semaine Belgacom « pourraient annoncer ALLEMAGNE .. RDVP

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fêtes de Noël mais affectées par des HDVPT ETATS-UNIS...

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b SUISSE...... QDPS Retrouvez ces cotations sur le site Web : RyF ITxF QtF RyF ITxF QtF

conditions météorologiques défavo- ETOYS : le groupe américain RyF ITxF RtF RDUU RDVS SDPT PAYS-BAS...... RDVH www.lemonde.fr/bourse rables. qui vend des jouets sur Internet, Indices cours Var. % Var. % a annoncé, mercredi 3 janvier, la Ame´rique 9h57 f se´lection 03/01 02/01 31/12 SUR LES MARCHES

a EUROPE : le taux de chômage fermeture, vendredi 19 janvier, IHWRSDUS PDVI IDRU E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ BOURSES TAUX ET CHANGES

dans la zone euro est ressorti à de son site européen lancé il y a IQRUDST SDHI PDHU E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

8,8 % en novembre, sans change- quinze mois. JEUDI 4 janvier, en milieu de jour- LES EMPRUNTS d’Etat européens PTITDTW IRDIU SDWP E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

ment sur le mois précédent. Le chif- née, l’indice CAC 40 de la Bourse se repliaient, jeudi matin, dans le VWQUDUV QDUW HDHS TORONTO „ƒi sxhiˆ

fre d’octobre a été révisé en baisse à b EUROTUNNEL : Eurotunnel et de Paris gagnait 2,25 %, à sillage de la forte baisse du marché ITSWWDRP FFFF VDUV SAO PAULO fy†iƒ€e

QPSDPV SDQQ PDWR 8,8 % (contre 8,9 %). le groupe britannique BAA, MEXICO fyvƒe 5 812,03 points, dans le sillage du obligataire américain la veille,

RRVDVW UDPI UDUI spécialisé dans la gestion BUENOS AIRES wi‚†ev Nasdaq qui a bondi de 14,17 % et après la baisse surprise des taux de

a

WWDWU HDSW RDIR ALLEMAGNE : la croissance éco- d’aéroports et de leurs galeries SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev du Dow Jones qui a gagné 2,81 % la Réserve fédérale américaine. Evo-

± TVQWDTV HDPQ HDPI nomique ralentira à 2,5% en 2001 , commerciales, ont annoncé, jeudi, CARACAS ge€s„ev qixi‚ev après la baisse des taux surprise de luant à l’inverse du cours, le taux contre 3 % attendu pour 2000, puis avoir réglé leur conflit par un la Fed. A Francfort, le DAX qui clô- de l’obligation du Trésor français à elle reprendra à 2,7 % en 2002, pré- accord à l’amiable. ture plus tard que les autres bour- 10 ans s’affichait en hausse à voit l’Institut allemand d’études éco- Coursdechangecroise´s ses européennes avait déjà intégré 4,91 %. Les taux longs aux Etats- nomiques DIW qui table sur un sen- FINANCES la nouvelle mercredi, finissant en Unis avaient clôturé à 5,14 % sur les Cours Cours Cours Cours Cours Cours sible renforcement de l’euro. 04/01 12 h 30 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. hausse de 2,31 %. Il reculait de titres à 10 ans, et à 5,48 % sur ceux

b

BCP : la première banque DOLLAR ...... FFFFF HDVURPR HDWRTSS HDIRRQV IDRWWUS HDTPPHV 0,33 %, à 6 413,64 points, à la à 30 ans. Le dollar, qui s’était vive-

a CHINE : les recettes fiscales ont privée portugaise veut prendre YEN...... IIRDQVSHH FFFFF IHVDPUHHH ITDSHSHH IUIDSQHHH UIDIHSHH mi-séance, jeudi. Le Footsie de Lon- ment apprécié la veille face à l’euro

progressé de 22,8 % en 2000, à une participation à hauteur de 5 % EURO ...... IDHSTRU HDWPQTP FFFFF HDISPRS IDSVRUS HDTSTTS dres bondissait de 2,31 %, jeudi à la grâce au geste de la Banque centra-

153 milliards de dollars, grâce à l’ac- dans la banque allemande FRANC ...... TDWPTQH TDHSUUH TDSSWSU FFFFF IHDQWHTS RDQHVIH mi-journée, à 6 179,50 points. A le américaine, réduisait ses gains

LIVRE ...... HDTTTUV HDSVQHH HDTQIHS HDHWTPS FFFFF HDRIRSS célération de la croissance économi- Bankgesellschaft Berlin, qui FRANC SUISSE...... IDTHUSH IDRHTQS IDSPPUH HDPQPHH PDRIPQH FFFFF Tokyo, en revanche, l’indice Nikkei dans les premiers échanges, jeudi. que, selon l’administration fiscale. prendrait aussi 5 % de BCP. a perdu 0,68 %, à 13 691,49 points. Il cotait 0,9373 dollar pour 1 euro. FINANCES ET MARCHÉS b LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 19

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

RUSVDIP

VALEURS EUROPE´ENNES QSTDSW

RHS SRUP

QSSDPW SPUV [BANDO]]VALEURS EUROPÉENNES QWR QTIDTU RVIIDWR

b RUHTDWU SHVQ Les valeurs technologiques à lui, a bondi de 8,54 %, à 142,4 euros. QVP

Francfort, qui ont pâti, durant une b Avant la baisse des taux décidée QSWDHT RVVW QUI RUSVDIP

RURSDIR bonne partie de la séance, des révi- par la Fed, Vodafone a chuté mer- QSTDSW

QRVDWU

RTWS

sions de prévisions de bénéfices fai- credi de 6,8 %, à 225 pence. Selon QTH RTPPDRR

RSHH tes par les banques Lehman Bro- les analystes, l’action a souffert de QRV

[[[[[[[[ [[[[[[[[

t†wwt R tex†F S t svF R tex†F t†wwt thers et Schröder Salomon Smith la tendance à la baisse du secteur R tex†F S t svF R tex†F

Barney sur leurs homologues améri- technologique, mais aussi d’une

C e C e ± caines, ont profité du bond des mar- crainte de trop-plein d’actions Voda- ± SWDQS PDTV qf IHDUV RDUS hu STDWU RDRP p‚ PPTDTH HDTI SEB p‚ DIAGEO VESTAS WIND SYS PINAULT PRINT.

C e C e ± ± IWS PDHI q‚ PDVR HDHW p‚ RRDUH QDVU qf HDVW UDTW chés en fin de séance mercredi 3 jan- fone, à la suite de la multiplication SODEXHO ALLIANC p‚ ELAIS OLEAGINOU VIVENDI ENVIRON SIGNET GROUP

C C e C e

± PDUV UDUS p‚ WWDQH IDRV ƒi IUDHS HDWW gr PPUDQQ IDIR

vier. Epcos, l’un des titres les plus d’acquisitions réglées en titres. TELE PIZZA iƒ ERID.BEGH.SAY VOLVO -A- VALORA HLDG N

C C C e e ± IPVPDSP IDUU xv RS HDTT ƒi IUDRR HDWU xv IQDVI IDPS THE SWATCH GRP gr HEINEKEN HOLD.N VOLVO -B- VENDEX KBB NV

C C touchés jusqu’à l’annonce de la D’autres valeurs TMT (technolo- C PTRDIQ PDVI q‚ PDQS FFFF RVUDSS PDRH qf TDVW HDWQ THE SWATCH GRP gr COCA COLA HBC f DJ E STOXX IND GO P W.H SMITH

C C ± RVDWW SDQS q‚ IDVI HDVV qf TDWT IDIS

Réserve fédérale (Fed), a finale- gies, médias et télécoms) avaient THOMSON MULTIME €e HELLENIC SUGAR WOLSELEY PLC

C C e C e

IDQH R hi IIDTS SDWI QTRDHV HDWH

ment gagné 0,36 %, à 90 euros. Infi- également terminé en forte baisse. WW/WW UK UNITS s‚ KAMPS f DJ E STOXX RETL P

C

IIDWI IDPI qf PPDIQ FFFF WILSON BOWDEN qf KERRY GRP-A- ASSURANCES

C C e

RDVI QDIP s„ PDPT IDQS

neon a pris 3,09 %, à 39,02 euros, et Sema a abandonné 9,5 %, à 262 pen- WM-DATA -B- ƒi MONTEDISON

C

PDIQ PDPU

AEGIS GROUP qf

e C

± PHDQV HDHS gr PRISDWH QDRI

WOLFORD AG e„ NESTLE N e HAUTE TECHNOLOGIE

Siemens 2,96 %, à 140,65 euros. ce, Autonomy (logiciels) 17,2 %, à ± RPDWH IDRH

AEGON NV xv

C e

±

TDWI xv SHDPH QDWP

f DJ E STOXX CYC GO P ISTDUP KONINKLIJKE NUM

e C e p‚ UR IDQU

IISDSH FFFF AGF hi

SAP, qui avait beaucoup souffert 1 406 pence, Baltimore (logiciels de e AIXTRON

IDUW FFFF

PARMALAT s„ e ±

e C s„ ITDRI IDIR

TIDPS IPDQW ALLEANZA ASS ALCATEL-A- p‚

e C URDSH IDPP

mardi de l’avertissement sur résul- cryptage) 10,6 %, à 285 pence, et PERNOD RICARD p‚ e

± C hi QWIDSH IDTQ

IDHP IDTH

ALLIANZ N ALTEC SA REG. q‚

e C PDPS RDIU

RAISIO GRP -V- ps

e C

C

IIHDHS HDHS tat lancé par le groupe Intershop, Psion (ordinateurs de poche) 8,3 %, xv

QDTR SDSH

PHARMACIE ASR VERZEKERING ARC INTERNATION qf

±

UDQR HDTR

SCOTT & NEWCAST qf

e C

e C p‚ ISUDVH PDUQ

PSDRU PIDHT

AXA ASM LITHOGRAPHY xv C

RUVDWV RDVW

présent sur le même secteur que à 243 pence. ACTELION N gr C

UDUV PDUI

SOUTH AFRICAN B qf

C e

gr IIVTDTH IDIV ±

PDTH HDQV

e BALOISE HLDG N BAAN COMPANY xv ±

ISTDSH PDVH

ALTANA AG hi C RDPI IDSQ

TATE & LYLE qf

C

C

qf ITDPV IDWV

SDHR IIDWQ

BRITANNIC BALTIMORE TECH qf ±

SHDPV RDUW

ASTRAZENECA qf RDHS FFFF

UNIQ qf

C

C

qf IUDPS PDRR

IRDVI IQDIT

e CGNU BOOKHAM TECHNOL qf

±

VIDVH QDUI

AVENTIS p‚ e

±

xv TR TDIT

C UNILEVER xy RRDTP HDVP

NORSK HYDRO e C p‚ RR IDHQ

IU FFFF

CNP ASSURANCES SPIRENT qf C

IHTTDQT QDRR

BB BIOTECH gr

±

qf VDUQ PDWW

C UNILEVER PQDUP HDVU

Code Cours % Var. qf e

OXFORD GLYCOSCI C iƒ IWDVH FFFF

SDUS HDPV

CORP MAPFRE R BAE SYSTEMS qf C

ITDWH IDTP

04/01 12 h 44 f CELLTECH GROUP qf

±

VDUI HDIV

pays en euros 03/01 qf

e C WHITBREAD

p‚ ISDQP HDIQ

RHODIA e C e hi IVP IDII

PHDTH FFFF

ERGO VERSICHERU BROKAT hi C

QIDUS PDVP

ELAN CORP si

± PDTQ

e f PSRDQV

± DJ E STOXX F & BV P fi SVDVS HDPS

±

SOLVAY e C q‚ PDHT PDPW

RDTR RDWV

ETHNIKI GEN INS BULL p‚ e C

QQR HDTH

ESSILOR INTL p‚

e C

QHDQH RDIP

AUTOMOBILE fi e C

TESSENDERLO CHE e C p‚ SSDPH HDQT

SHDTH UDPU

e EULER BUSINESS OBJECT p‚

± VRDIS QDVQ

e FRESENIUS MED C hi

±

xv PPDIH IDST

±

e C C KON. VOPAK NV

hu UWDHW HDTI

p‚ ITTDPH SDIW ITDHR IDUU

AUTOLIV SDR ƒi CODAN CAP GEMINI

±

UDRW HDUR

GAMBRO -A- ƒi ´

C

IQDUU HDII

qf BIENS D’EQUIPEMENT e ±

e WS ATKINS C fi QSDIS IDTV

qf PQDWR IUDQT RV FFFF

BASF AG fi FORTIS (B) COLT TELECOM NE PWDPP FFFF

GLAXO WELLCOME qf

±

IDQH

f RHVDRV e ± C

e C e RIDQS HDTH DJ E STOXX CHEM P s„ ±

gr IIHDUI QDQU ps IQDTS RDPH QRDUH PDPS

BMW hi ABB N GENERALI ASS COMPTEL ± IHQDPP PDSQ

H. LUNDBECK hu

e C C

e C e e„ IUWDVH FFFF

gr TUHDIU QDIQ p‚ TVDVS VDHV IUDPH IDIV

CONTINENTAL AG hi ADECCO N GENERALI HLD VI DASSAULT SYST. ± IVTIDQU RDRV

NOVARTIS N gr

e

e C qf TDIU FFFF ±

s„ WDHU HDII qf VTDWT FFFF RSDVH IDUV

DAIMLERCHRYSLER hi AEROPORTI DI RO INDEPENDENT INS DIALOG SEMICOND ± IVTDQR RDRU

´ NOVO-NORDISK -B hu

CONGLOMERATS ± C C

e C q‚ PDHI PDHW

qf TDTI HDWU ƒi IPDRT IRDQT PSDWI HDPQ

s„ AGGREKO INTERAM HELLEN ERICSSON -B- FIAT C VDUW PDSV

NYCOMED AMERSHA qf

C

e e e C ± qf IPDVR HDPS ±

p‚ PTDTT IDPT ps RDRU Q C IUDPS HDPW s„ e

PQS HDPI fi ALSTOM IRISH LIFE & PE F-SECURE FIAT PRIV. e C PQ HDRR

D’IETEREN SA ORION B ps

e ±

e C

e C ± s„ SDVH IDTW

p‚ UQDQH HDRI qf TDSW QDHP QUDUR IDUQ p‚ e

± VSDPS RDPI

MICHELIN p‚ e ALTRAN TECHNO FONDIARIA ASS FILTRONIC QVDSH FFFF

AZEO QIAGEN NV xv

C e

e C ± ± qf Q QDVQ

gr SVQDRR IDQQ s„ QWDSS QDSR C PRQ PDIH p‚ e

PSQDPH IDPV

PEUGEOT fi ALUSUISSE GRP N LEGAL & GENERAL FINMATICA ± IQIQHDUS HDHU

GBL ROCHE HOLDING gr

e C C

e C

e C s„ IPDQV TDUP

ƒi IWDST PDWR xv TDRW TDSU C QDUT PDUQ s„ e

RPDUS HDSW PIRELLI SPA fi ASSA ABLOY-B- MEDIOLANUM GETRONICS ± IHUHWDSW IDRP

GEVAERT ROCHE HOLDING G gr

e

± C

e C hi QUV IDVP ±

qf SDUW IDWS hu IVDUU WDQV C hi QPTH HDTI

RDVU TDPI

DR ING PORSCHE qf e ASSOC BR PORTS MUENCH RUECKVER GN GREAT NORDIC ± TSDTH QDVV

INCHCAPE SANOFI SYNTHELA p‚

e C

C C

e C e ps RUDUS PDRU

ƒi PPDSV VDQI hi QWDVH TDRP C p‚ SRDVS IDPH

V IDSQ

RENAULT xy e ATLAS COPCO -A- POHJOLA GRP.B INFINEON TECHNO ± STDIH RDSW

KVAERNER -A- SCHERING AG hi

C

C

e C e C qf IUDQT PDSP

ƒi PIDUR UDRT p‚ IVDUH SDTS p‚ RTDTR QDWH C

IDIU HDTW q‚ ATLAS COPCO -B- PRUDENTIAL INFOGRAMES ENTE VALEO C ITDUH QDHP

MYTILINEOS SHIRE PHARMA GR qf

e

±

e C ± ± s„ ITDIP IDUI

q‚ IDHW HDPR q‚ QDHV IDRT C hi SRDIH IDQI

PQUDIW TDIV

gr ATTICA ENTR SA RAS INTRACOM R VOLKSWAGEN C WVSDSS HDPU

UNAXIS HLDG N SERONO -B- gr

C

C C

± qf VDWV QDPU

qf WDUU IDIP qf RDVW RDUS PISDQI HDUQ

± PIDPW IDTU

f DJ E STOXX AUTO P xy BAA ROYAL SUN ALLIA KEWILL SYSTEMS ± RDUU PDPU

ORKLA SMITH & NEPHEW qf

e C

C C s„ PI IDWR

qf SDSV IDUQ qf PSDTI UDUI e C

IDPU QDPS

€„ BBA GROUP PLC SAI LOGICA IQDIU FFFF

SONAE SGPS SMITHKLINE BEEC qf

e C

C C ps SWDPH HDQR

qf PQ QDWQ gr PTRDUV WDSI

± PDSI HDTQ

qf BTG SAMPO LEONIA IN LOGITECH INTL N C VDSU SDPR

TOMKINS SSL INTL qf

C

e C ± gr PTIPDQS HDUW

s„ PDSP IDIV qf IIDQU WDUU

QPWDWV FFFF CIR SWISS RE N MARCONI BANQUES f C UVUDIP IDUH

DJ E STOXX CONG P SULZER AG 100N gr

e C

C C e

p‚ SUDTH PDVT

UDPR QDIS ps RTDUW IPDHS

CAPITA GRP qf SCOR NOKIA C gr USTDPR PDWS

C

IWDTR IDPP

ABBEY NATIONAL qf SYNTHES-STRATEC

C

e e C

± ƒi ITDVV VDPR

WDHI PDHU xv IUDSS PDQQ

e CDB WEB TECH IN s„ SKANDIA INSURAN OCE ± fi QW HDSI

e C

PSDTV SDSS

ABN AMRO HOLDIN xv UCB

C C

e e C

qf TDTT IDRS

RWDWW SDWI s„ PDRT TDWT

´ ´ CGIP p‚ ST JAMES’S PLAC OLIVETTI TELECOMMUNICATIONS C hu RWDQQ PDPP

C

IHDVW IDIU

ALL & LEICS qf WILLIAM DEMANT

± C

xy UDSV HDUW

qf TPDPW FFFF

RDPR IHDPW

CMG STOREBRAND PSION qf e C

iƒ ISDWR SDHI

C

C

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qf ZELTIA IDTT IPDWH

ALLIED IRISH BA ATLANTIC TELECO qf

C

C C

qf VDWV QDPU

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COOKSON GROUP P qf ROYAL SUN ALLIA SAGE GRP ±

SQIDQH PDUR

±

e C

RDUP HDTV q‚ f

PDST QDTR

ALPHA BANK EIRCOM s‚ DJ E STOXX HEAL

C

C C e gr VVSDHP HDHU VQUVDSV IDTQ p‚ IRQ SDIS

DAMPSKIBS -A- hu SWISS LIFE REG SAGEM

e C

C

e„ THDWH QDWP

WDTI VDSU

BA HOLDING AG BRITISH TELECOM qf

C e C hu PIDRS FFFF IHHSRDPW TDQV hi IIHDVH UDSU

DAMPSKIBS -B- hu TOPDANMARK SAP AG

C

C

qf ITDWP HDTT

IRDUH TDWH

BANK OF IRELAND CABLE & WIRELES qf

C

C e C gr TSQDHW HDRH hu IPWQTDSP IDSV IQVDRH PDSW

DAMSKIBS SVEND ZURICH FINL SVC SAP VZ hi

±

e C q‚ PDIV IDPP

QRDVH QDRP

BANK OF PIRAEUS DEUTSCHE TELEKO hi E´NERGIE

C

e C gr TSQDHW HDRH ±

TIDUH QDPW qf RDRH TDII

E.ON AG hi ZURICH FINL SVC SEMA

± e

qf IIDHS HDIR ±

IHV HDRT

BK OF SCOTLAND E.BISCOM s„

±

C e C ± RTPDVR HDQS RDIW PDPI p‚ PQDPQ HDIU gr SWRDTI IDTW

BG GROUP qf EADS SICO. f DJ E STOXX INSU P SEZ HLDG N

e C

C

iƒ QWDSH RDSH

PDST QDTR

BANKINTER R EIRCOM si

C e C ± VDRQ HDUR qf IHDSV RDSQ hi IRP RDHQ

BP AMOCO qf ELECTROCOMPONEN SIEMENS AG N

C

C qf QRDIP QDHI

PPDVH QDTR

BARCLAYS PLC ELISA COMMUNICA si

C e C e e iƒ WDPR HDRQ hi WSDPS VDPR

QDUH FFFF

CEPSA EPCOS MB SOFTWARE hi

e C

C hi TIDSH QDQT

UDUS ISDPW

BAYR.HYPO-U.VER ENERGIS qf

e e C

IRPDSH FFFF p‚ IDHS FFFF qf WDHV SDQP

COFLEXIP p‚ EUROTUNNEL MEDIAS SPIRENT

e C

e C s„ VDWW HDPP

PUDVH TDWP

BCA AG.MANTOVAN EQUANT NV hi

C e C e

SUDSH FFFF qf IT SDUS p‚ RRDVR IIDVP

DORDTSCHE PETRO xv EXEL STMICROELEC SIC

e C e C s„ VDWU HDUW

C

s„ IQDQR HDQH

VDUP SDRI

BCA FIDEURAM EUROPOLITAN HLD ƒi MONDADORI

e C e ±

TDVH HDRR qf RDQH WDTV s„ PDVQ FFFF

ENI s„ F.I. GROUP TECNOST

C e C

qf IUDWI SDRH e C

s„ SDII P

WPDSH TDWR

BCA INTESA FRANCE TELECOM p‚ BSKYBGROUP

C C ±

qf WDHI IDPI hu IRHDUT IDRS

RDUS TDUV

ENTERPRISE OIL GROUP 4 FALCK TELE 1 EUROPE ƒi

e C e C

p‚ QDTU QDQV s„ IHDWW HDIV ±

PDHT HDWH

BCA LOMBARDA HELLENIC TELE ( q‚ CANAL PLUS

C

PITDVP RDUT

e THINK TOOLS gr

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qf TDIP FFFF A e @€u˜li™ite s„ RDTV FFFF

IHPDTH FFFF

MONTE PASCHI SI HELS.TELEPH E ps CAPITAL SHOPPIN

C

HDVS QDVS

THUS qf

C e C qf WDRR IDQT

C s„ PHDPS HDPS

QDTH QDTR

BCA P.BERG.-C.V KINGSTON COM qf CARLTON COMMUNI

e C

PVDVS UDPS

TIETOENATOR ps

C e C

qf IQDUU IDVU e C s„ SDTS SDRI IRDUU IRDHS

BCA P.MILANO KONINKLIJKE KPN xv DLY MAIL & GEN

C

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e f DJ E STOXX TECH P UWVDPV ± e C

xv IRDSH IDHP e C s„ IIDVP PDUV IPDQH SDIQ B.P.VERONA E S. LIBERTEL NV xv ELSEVIER

C e C

qf IQDIS PDUP e C s„ IDIW IDUI UW IDWR BCA ROMA MANNESMANN N hi EMAP PLC

C e ± IDQW QWDUQ e qf iƒ ISDWV RDVT

QTDRH FFFF

BBVA R MOBILCOM hi FUTURE NETWORK SERVICES COLLECTIFS e C e C s„ VDIW WDPH

€„ IUDTI IDUW ± IDHI HDUW ESPIRITO SANTO PANAFON HELLENI q‚ À NOS ABONNÉS GRUPPO L’ESPRES

e ± ± qf IHDIS IDPQ C

e C e iƒ QTDRS HDRW WDWH RDWV s„ IIDUU RDRR BCO POPULAR ESP PT TELECOM SGPS €„ GWR GROUP ACEA

e e C p‚ ISDIP SDQU

C e e C s„ IVDPS FFFF ps PHDUH IPDPH QDHS PDTW B.P.SONDRIO SONERA HAVAS ADVERTISI AEM s„

e C e C s‚ QDPT SDIT

C €„ SDTI HDQT PUTDPV PDIW qf WDSS FFFF BCP R SWISSCOM N gr INDP NEWS AND M ANGLIAN WATER

C e C

qf WDQV HDSI C s„ TDSH TDST ± SHDWR QDPT qf QDSW WDST BIPOP CARIRE TELE DANMARK -B hu Pour vos changements d’adresse INFORMA GROUP BRITISH ENERGY

e C e C

p‚ THDRS PDSR C e C s„ QDPS PDSP IPDHT RDVU qf RDHP IDPH BNL TELECEL €„ LAGARDERE SCA N CENTRICA

C e ± q‚ IDVW HDRP

e C e p‚ WRDRH QDPV ± s„ IIDVR PDQQ IIDQP IDSU BNP PARIBAS TELECOM ITALIA LAMBRAKIS PRESS EDISON s„

e C e C p‚ QV IHDIR

C e C e iƒ IIDUR SDIH TDIH IDQQ fi PQWDPH IDTT BSCH R TELECOM ITALIA s„ ou suspensions d’abonnement M6 METROPOLE TV ELECTRABEL

e C C

s„ IPDQQ RDIR C e xy SDVS HDVQ ± SDSI VDQS €„ QDSV HDST CHRISTIANIA BK TELIA ƒi MEDIASET ELECTRIC PORTUG

e C e C

p‚ PWDUH V e C e s„ UDQH HDIR ± VDRH RDUR iƒ IWDTH IDSI COMIT T.I.M. s„ NRJ GROUP ENDESA

C

± PSDPQ S e qf e q‚ TDVH IDUR ± ± s„ IVDHS SDWW RDHW HDPR

COMM.BANK OF GR TISCALI durant vos vacances PEARSON ENEL s„

e C e C iƒ IUDVH SDSI

e C e hi QHDRH IDQQ IH IRDPW e„ QP FFFF COMMERZBANK VERSATEL TELECO xv PRISA EVN

e C e C

hi QIDVS QDRI C e p‚ QVDUP PDSU ± QDVT VDRR ps RDPT HDPQ CREDIT LYONNAIS VODAFONE GROUP qf PROSIEBEN SAT.1 FORTUM

e C C €„ PTDPT UDIV C

C e hu IWDVR PDHU SDWU iƒ PHDQH HDHS DANSKE BANK f DJ E STOXX TCOM P TWUDQT PT MULTIMEDIA R GAS NATURAL SDG

e C C p‚ QR IDWS

e C xy SDTQ IDQH PHDRI HDSR DNB HOLDING -A- PUBLICIS GROUPE HIDRO CANTABRIC iƒ

C e C SHUDVV QDHU

gr e hi WHDTH PDWS ± IRDST IDTP DEUTSCHE BANK N PUBLIGROUPE N IBERDROLA iƒ

e C ± qf IHDRP PDRW C fi IWIDRH IDQW QDII HDSI

DEXIA CONSTRUCTION un seul numéro REED INTERNATIO INNOGY HOLDINGS qf

C

e C

IUDUW WDUT qf e hi RTDSH RDUQ

SDPT FFFF

DRESDNER BANK N e REUTERS GROUP ITALGAS s„

±

QWDQU IDTH

ACCIONA iƒ

e C C v VVDTH IDVR

q‚ PDUV HDIH ±

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EFG EUROBK ERGA RTL GROUP KELDA qf

e C

PTDTH QDIH

ACS iƒ

e ± qf RDPU HDUR ±

e„ RUDVI HDRH ±

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ERSTE BANK SMG NATIONAL GRID G qf

C 0803 022 021

IDPV PDSQ

AGGREGATE IND qf

e C C

iƒ PHDSI SDRS ƒi ITDIH IDHS

±

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FOERENINGSSB A SOGECABLE R INTERNATIONAL P qf

C

HDWR IDRS

AKTOR SA q‚

C C

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± IHQDSH HDIH

HALIFAX GROUP TAYLOR NELSON S OESTERR ELEKTR e„

QHDPT FFFF

AMEY qf (0,99 F TTC/mn)

C C qf IDUI TDWQ

qf ITDHV UDHS ±

IHDPH IDSQ

HSBC HLDG TELEWEST COMM. PENNON GROUP qf

e C

IVDSH IDHW

UPONOR -A- ps

e C e C p‚ STDIS IPDQH

hi ISDVS HDQP ±

WDWT HDWR

IKB TF1 POWERGEN qf

e C

IUDVH HDHT

AUREA R iƒ

C

e C

qf UDQH IDHW fi RTDHR IDUS

±

UDWI PDUP

KBC BANCASSURAN e TRINITY MIRROR SCOTTISH POWER qf

±

WDUH HDPI

ACESA R iƒ

C C

qf IQDPV HDPR qf IIDUS RDTS ±

IIDHV PDUU

LLOYDS TSB UTD BUSINESS ME SEVERN TRENT qf

UDQU FFFF

BLUE CIRCLE IND qf

e C ±

e C q‚ IDQU HDSV s„ IDIV SDQT ± xv IIDIW IVDSR

e C SDQU IDTU

q‚ HELLENIC PETROL FINMECCANICA IVVDTH HDPI

NAT BANK GREECE UNITED PAN-EURO SUEZ LYON EAUX p‚

e C

RWDWR TDTH

BOUYGUES p‚

C e C

e C qf QDIS HDSI IUDUH QDSI e ps ± p‚ UHDIS QDWQ

WQDIS HDRV

p‚ LASMO FINNLINES ITDUU FFFF

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C

RDQP QDHP

BPB qf

C ±

e C qf PDQP P C qf QDUP VDPW

xv SPDWS RDIQ UDVV IDRR

ƒi LATTICE GROUP ITDUU FFFF

NORDEA e FKI VNU SYDKRAFT -C- ƒi

±

IHDIP IDVR

BRISA AUTO-ESTR €„

e C

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xv PUDTH IDWW WDRS IDRR

hu OMV AG IWDPQ FFFF

NORDEA FLS IND.B WOLTERS KLUWER THAMES WATER qf

e C

WDSR HDRP

BUZZI UNICEM s„

e C C IQDVW FFFF e xy e„ QVDQP HDRU ± qf IQDVS IIDQI

e C IWDWS HDSH

s„ PETROLEUM GEO-S

IWDWW HDSH

ROLO BANCA 1473 FLUGHAFEN WIEN WPP GROUP FENOSA iƒ

C

QDIV IDSP

NOVAR qf

e C e C iƒ IUDWV HDQQ ± C iƒ PSDUS HDWT RHUDIT QDTT

qf PRDWS PDQQ

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ROYAL BK SCOTL GAMESA f DJ E STOXX MEDIA P UNITED UTILITIE qf

C

QIDHU IDSS

CRH PLC qf e ±

C

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ROYAL DUTCH CO ± IHDPH IDPQ

S-E-BANKEN -A- e GKN VIRIDIAN GROUP qf

±

PSDUV IDSU

CIMPOR R €„ e ±

C SDVU PDWV s„ e e C

xv PQDWH QDPR

s„ IUDPW QDPP

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SAN PAOLO IMI HAGEMEYER NV f DJ E STOXX PO SUP P QPUDUH

e C

SVDWS IDPW

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±

qf VDTT HDUP C ± q‚ HDUH IDSP ISDVW TDWI

STANDARD CHARTE qf e SHELL TRANSP HALKOR BIENS DE CONSOMMATION

± IPDQR HDPR

GRUPO DRAGADOS iƒ e

±

p‚ ISSDSH HDVW C e C

qf SDUW RDPU TVDRH SDPQ

STE GENERAL-A- p‚ TOTAL FINA ELF HAYS e

e ±

xv QQDPP IDSR ± PIDQT IDUH

FCC iƒ AHOLD

±

QRQDVW HDTV C e C

ƒi IV PDSS

TUDSH QDPI

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ISIDIH RDQU

GROUPE GTM p‚ ALTADIS -A-

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ƒi QDWW HDPV

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SWEDISH MATCH HUHTAMAEKI VAN ps e C

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iƒ VDSS UDSS

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GRUPO FERROVIAL iƒ AMADEUS GLOBAL

C

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VDSS QDHI

UBS N IFIL s„

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q‚ IDIQ HDRU

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HANSON PLC qf ATHENS MEDICAL EURO e C C

s„ SDTP P

QDWS UDQH

UNICREDITO ITAL SERVICES FINANCIERS IMI PLC qf e

± e C e„ SV IDSQ

RWDSS IDSR

HEIDELBERGER ZE hi AUSTRIA TABAK A ______

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UNIDANMARK -A- iƒ

C INDRA SISTEMAS C

qf IWDTH VDUU

qf QDRP HDRU ±

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HELL.TECHNODO.R q‚ 3I GROUP AVIS EUROPE

C

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f DJ E STOXX BANK P ƒi

e C IND.VAERDEN -A- e ± fi RI HDST hi IIIDWH PDUH ±

P IDWU

HERACLES GENL R q‚ ALMANIJ BEIERSDORF AG NOUVEAU

C

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INVESTOR -A- ƒi e

± C TDQH FFFF e q‚ p‚ RH IDUP PHDWS PDUH

HOCHTIEF ESSEN hi ALPHA FINANCE BIC

C

ƒi ISDQI IDRV

C INVESTOR -B- ± C qf PPDIP UDIP

qf UDSW VDUS IPTIDSH HDUQ

HOLDERBANK FINA gr AMVESCAP BRIT AMER TOBAC ´

C MARCHE

UIDHS HDWS

PRODUITS DE BASE e hu ± ISS e

± C PWDPH IDTV e hi p‚ IHUDUH HDSS IPP IDRI

IMERYS p‚ BHW HOLDING AG CASINO GP

e C

ps PDSH RDIU

e C C e C JOT AUTOMATION C QDSQ RDIQ e €„ gr PUHTDWT QDUV

iƒ WDTR PDHI WDHQ HDUV

s„ BPI R

ACERALIA ITALCEMENTI RICHEMONT UNITS Cours % Var.

C

ƒi PHDIP PDPU

C

e C e C KINNEVIK -B- C UDSI HDRP e qf p‚ VSDWH HDRU iƒ QRDQH IDPR WIDRH PDQS

ACERINOX R LAFARGE p‚ BRITISH LAND CO CLARINS 04/01 12 h 44 f en euros 03/01

C

hu WPDPQ IDIT

C e

COPENHAGEN AIRP ± qf UDWU PDRR ± fi RWDTP HDST q‚ SDWH IDQW HDRR FFFF

ALUMINIUM GREEC MICHANIKI REG. q‚ CANARY WHARF GR DELHAIZE

e C

ps UQDSH HDTV

e C C C TDIP FFFF

qf KONE B fi RTDUW QDIQ qf TIDTT SDTW IDVV HDVS

ANGLO AMERICAN PILKINGTON PLC qf CAPITAL SHOPPIN COLRUYT AMSTERDAM

e C

p‚ PHS IDVR

C C C

C QDWR HDRH qf LEGRAND qf RDHS IDIW ƒi IWDIU HDPW IHDIU SDSV

ASSIDOMAEN AB RMC GROUP PLC qf CATTLES ORD. FIRSTGROUP

C FFFF

e ISDSH

hi SI IDSW

e C AIRSPRAY NV

± C IUDTQ QDPR e qf ± LINDE AG qf IDSS P fi RUDSH PDRR ITUDPH QDUW

BEKAERT SAINT GOBAIN p‚ CLOSE BROS GRP FREESERVE

HDTU FFFF

e C

hi PWDIS HDVU e C ANTONOV C

± C s„ PDPT IDQS TDST RDQV MAN AG qf qf RDQH UDHW RPDPS HDVH

BILLITON SKANSKA -B- ƒi MONTEDISON GALLAHER GRP

QDRW FFFF

e C

hi IQDSH SDRU e C C/TAC e C

e C C fi TR IDSW RQDWH HDQR MG TECHNOLOGIES fi e„ QRDQR HDTP PDVS IDIP

BOEHLER-UDDEHOL TAYLOR WOODROW qf COBEPA GIB

RDSH FFFF

e C

IWDPH PDRH e ps CARDIO CONTROL C C

C THDRH FFFF e hi gr PVQDSI HDVP TDVS PDQT qf WARTSILA CORP A ISRDSH HDWV

BUNZL PLC TECHNIP p‚ CONSORS DISC-BR GIVAUDAN N

PQDWH FFFF

e C

IIDSH PDTV e ps CSS ± e C

± iƒ PSDUV HDUU ± hi TTDVH HDQH IDIU PDUV qf METSO SDRQ PDHV

CORUS GROUP TITAN CEMENT RE q‚ CORP FIN ALBA HENKEL KGAA VZ

TDTS FFFF

C

C RDVW IDQI qf HITT NV

± C PHVDTI SDIQ e gr ± qf IHDWI RDIU HDTH IDUS q‚ MORGAN CRUCIBLE IWDHR HDTW

ELVAL WIENERB BAUSTOF e„ CS GROUP N IMPERIAL TOBACC

PHDHS FFFF

C

e C RIDHV QDSP ƒi INNOCONCEPTS NV e C e C C

hi UWDWH IDIR €„ IIDIS IDQT xv QDIH WDIS PDHI

ISPAT INTERNATI f DJ E STOXX CNST P PPVDWW DEPFA-BANK NETCOM -B- JERONIMO MARTIN

IQ FFFF

e C NEDGRAPHICS HOLD C PSQDQU RDUI

hu e C hi QWDUQ FFFF ps IIDHU PDSH ITDRR IDWT

JOHNSON MATTHEY qf DIREKT ANLAGE B NKT HOLDING KESKO -B-

PDVH FFFF

C C SOPHEON

IT SDUS qf e e C ± qf WDSS HDTU p‚ VQDUH IDQH RUDWH HDTS

MAYR-MELNHOF KA e„ MAN GROUP EXEL L’OREAL

WR FFFF

C e C e C PROLION HOLDING UDHP QDPT

e qf p‚ UTV IDUP ± xv WDSS IDTH VDPH IDPH METSAE-SERLA -B ps CONSOMMATION CYCLIQUE EURAFRANCE PACE MICRO TECH LAURUS NV

FFFF

e e PDSR ± RING ROSA

± C ps IQ HDUT ±

fi QSDIS IDTV qf PDVI HDST

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HOLMEN -B- ƒi FORTIS (B) PARTEK MORRISON SUPERM

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ACCOR p‚

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e C RING ROSA WT ±

e C ±

xv QSDPH IDSR qf S PDWQ qf IRDHI PDUR

VDIH QDUI

OUTOKUMPU ps FORTIS (NL) PENINS.ORIENT.S RECKITT BENCKIS

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ADIDAS-SALOMON hi

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e e C UCC GROEP NV ± e C

± p‚ IHH IDWT ps PIDTP TDSH qf RDTV PDQI RUDVQ IDUU

PECHINEY-A- p‚ e GECINA PERLOS SAFEWAY

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e C

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± fi SH FFFF qf TDWU HDPQ qf TDHI QDHT

QDVS QDUU

RAUTARUUKKI K ps GIMV PREMIER FARNELL SAINSBURY J. PL

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C C

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IWDIT UDPT

RIO TINTO qf GREAT PORTLAND RAILTRACK STAGECOACH HLDG

C

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AIRTOURS PLC qf

C

e C e

qf UDSI PDQU ± hi IQDHS FFFF xv IUDPH PDHV HDTT HDVI

SIDENOR q‚ HAMMERSON RANDSTAD HOLDIN T-ONLINE INT BRUXELLES

e C

IDVV IDTP

ALITALIA s„

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xv VUDRS HDRI ± iƒ IQDQH IQDUU

qf QDRS FFFF RDQP HDUR

SILVER & BARYTE q‚ ING GROEP RENTOKIL INITIA TERRA NETWORKS TDRV FFFF

e C ARTHUR

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AUSTRIAN AIRLIN e„

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C

C

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qf PDHU HDUU QDUH PDTQ

SMURFIT JEFFERS REALDANMARK REXAM qf TESCO PLC HDSH FFFF

e C ENVIPCO HLD CT

IPDUS HDQW

AUTOGRILL s„

C e C

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e C qf IQDRU IDIW xv PTDSS PDWI

ps IPDQH RDTV VTDSS HDWQ

STORA ENSO -A- LAND SECURITIES p‚ TNT POST GROEP FFFF REXEL PHDPS

C FARDIS B

QWDIR RDPW

BANG & OLUFSEN hu

C e C

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qf UDUW IDHP

e C p‚ V TDTU

ps IPDQS QDQS PHDRU HDIH

STORA ENSO -R- LIBERTY INTL e„ WANADOO FFFF RHI AG HDVI

e C INTERNOC HLD

PDPS IDQS

BENETTON GROUP s„

e C e C

hi IIIDRH IDQT ±

xv UDTH PRDSW

± ƒi PPDRU HDPS QIHDUV IDRT

SVENSKA CELLULO MARSCHOLLEK LAU gr WORLD ONLINE IN FFFF RIETER HLDG N VDSP

C INTL BRACHYTHER B

IIDWI HDTU

BERKELEY GROUP qf

e C C

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s„ IIDWV HDSW C

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hi IUDRH HDVU QDPI PDSQ

THYSSENKRUPP MEDIOBANCA qf f DJ E STOXX N CY G P FFFF ROLLS ROYCE QDRQ

C LINK SOFTWARE B

TDHW IDQP

BRITISH AIRWAYS qf

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e C

iƒ ISDWR PDWI C

fi RHDWH PDTT PQDWV QDQU

UNION MINIERE METROVACESA ƒi FFFF SANDVIK HDRS

e C PAYTON PLANAR

IQDPR SDHV

BULGARI s„

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qf SVDPI FFFF

C ps QRDVH FFFF

RUWDTQ IDQW

UPM-KYMMENE COR PERPETUAL PLC SAURER ARBON N gr

e C

RWDWV TDTT

CHRISTIAN DIOR p‚

C

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qf ISDTP HDVP

C IQDPV PDSS

p‚ e UTDVH IDVT

USINOR PROVIDENT FIN SCHNEIDER ELECT p‚ COMMERCE DISTRIBUTION

e C

WSDUH QDIQ

CLUB MED. p‚

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xv RIDIH FFFF ±

q‚ IDTI QDPQ

e C

PDHR TDPS

VIOHALCO RODAMCO CONT. E SEAT PAGINE GIA s„ C e C

PTDQS IDQS qf VDTT HDWP

DT.LUFTHANSA N hi ALLIANCE UNICHE FRANCFORT

e e C

xv RHDRS HDVU ±

e„ PTDVS IDUP

RODAMCO NORTH A ± PDSI HDTQ

VOEST-ALPINE ST qf

C SECURICOR e ±

IRDUH TDHS hi QR IDRS

ELECTROLUX -B- ƒi AVA ALLG HAND.G

IUDPR FFFF

C UNITED INTERNET

C

qf PPDHT SDTV qf SDQV HDVW

SCHRODERS C IVDQW RDII

J DWETHERSPOON e SECURITAS -B- ƒi

±

SDWH FFFF qf WDUR PDSQ

EM.TV & MERCHAN hi BOOTS CO PLC

FFFF

AIXTRON IISDSH

e e C

p‚ UPDSH HDSS ± p‚ IUDTT HDUW

SIMCO N C VDRW PDVU

WORMS N qf

SERCO GROUP e C

VDVS FFFF xv PWDTS PDPR

EMI GROUP qf BUHRMANN NV

FFFF

AUGUSTA TECHNOLOGIE PHDQP

± C

qf TDRU HDRW IVPDIR IDRV

f SLOUGH ESTATES e C

STDVH RDPP DJ E STOXX BASI P hi

C

e C SGL CARBON e

HDSU IDUW p‚ TVDWS HDIS

EURO DISNEY p‚ CARREFOUR

FFFF

BB BIOTECH ZT-D IIWDSH e C

p‚ IUHDRH HDPR

UNIBAIL C

qf QDSU IDQS

C SHANKS GROUP e

IIDQV RDHS p‚ PSS FFFF

GRANADA COMPASS qf CASTO.DUBOIS

IVDUH FFFF

e C BB MEDTECH ZT-D

TDSU HDWP

VALLEHERMOSO iƒ e ±

p‚ RTDWU PDIS

C

e C SIDEL e

IRPDRH HDPV iƒ IPDSH PDVH

HERMES INTL p‚ CC CARREFOUR

FFFF

BERTRANDT AG IIDPQ e C

hi ISDUH IDPW

CHIMIE WCM BETEILIGUNG C qf PDSI QDPS

C

e C INVENSYS IDIU QDSR gr ISUDTW HDPI

HPI s„ CHARLES VOEGELE

FFFF

BETA SYSTEMS SOFTWA SDSS

±

HDTR

f DJ E STOXX FINS P QIUDQW e

hi QT FFFF

e e C e ± SINGULUS TECHNO ISPDSH HDPT xv QI IDVI iƒ IWDHP FFFF

AIR LIQUIDE p‚ HUNTER DOUGLAS CONTINENTE

FFFF

CE COMPUTER EQUIPME IS

C

ƒi ISDRP SDUS

e e e C

± ± SSDVS IDWQ xv PQ IDPW fi PQS HDPI

AKZO NOBEL NV xv KLM SKF -B- D’IETEREN SA

FFFF

CE CONSUMER ELECTRO IUDSH

± qf IPDRW IDIQ e C

RV FFFF qf QDSR UDTW qf RDSP FFFF

BASF AG hi HILTON GROUP SMITHS GROUP DEBENHAMS

FFFF

ALIMENTATION ET BOISSON CENIT SYSTEMHAUS ITDSH ± hu PWDHW HDRT

C e e C ± SRDIH PDSP p‚ TWDVS IDWU qf RDHQ P BAYER AG hi LVMH SOPHUS BEREND - DIXONS GROUP

C qf WDHV SDQP

C C e e ± ITDRH PDIU hi IHT FFFF qf TDWW HDTU p‚ PHTDPH PDSR BOC GROUP PLC qf MEDION ALLIED DOMECQ SPIRENT GAL LAFAYETTE

qf TDRP FFFF C e C e e

± ± PH HDPS p‚ RDSH HDTU qf VDHT HDWU hi QVDUH PDTR

CELANESE N hi MOULINEX ASSOCIAT BRIT F T.I.GROUP PLC GEHE AG e CODES PAYS ZONE EURO

C

gr IIPTDVI HDPW C e C ± ±

UIDTP HDPQ iƒ IQDPH IDWQ qf IIDWR IDVW qf VDQH IDTW

CIBA SPEC CHIMI gr NH HOTELES BASS TECAN GROUP N GREAT UNIV STOR FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

e C C C C e e iƒ IWDIW VDII ± QUSDIT HDIU qf RDTS QDVW e„ RQ HDTT xv WRDSH UDTW

gr TELEFONICA

CLARIANT N P & O PRINCESS BBAG OE BRAU-BE GUCCI GROUP IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

e C C C e C e iƒ SDVS IIDTR QTDVH IDQV qf QDVT FFFF e„ RHDSQ IDQQ ƒi IV UDQQ

hi TPI

DEGUSSA-HUELS PERSIMMON PLC BRAU-UNION HENNES & MAURIT LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

e C C C e C e e p‚ SRDSH PDRR ± QTDUV HDUR xv QWDRV IRDTH qf UDPW SDIR hi QSDTH QDRW

DSM xv ROY.PHILIPS ELE CADBURY SCHWEPP THALES KARSTADT QUELLE

FI : Finlande - BE : Belgique.

C

C e ± ± xy PHDVI QDWH RWRUDRR HDQQ hi QWDWH FFFF hu TRDQS SDVV qf UDTP HDPI EMS-CHEM HOLD A gr PREUSSAG AG CARLSBERG -B- TOMRA SYSTEMS KINGFISHER

C C C C qf TDHI IDHT VDUT PDWU qf PDVQ HDST hu TQDHI FFFF qf QDHS PDTT

ICI qf RANK GROUP CARLSBERG AS -A TRAFFICMASTER MARKS & SPENCER CODESPAYSHORSZONEEURO

C C C

e C ± gr PQUDIW TDIV SDSI IDIH si IIDRH IDQQ hu RQDVR HDWI qf IIDIT QDTU

KEMIRA ps RYANAIR HLDGS DANISCO UNAXIS HLDG N MATALAN CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e C C C e e

± IDTI e„ QHDWW IHDVT HDIS gr ITUDSR FFFF p‚ ISPDPH QDWU hi SHDWH IDVH

LAPORTE qf SAIRGROUP N DANONE VA TECHNOLOGIE METRO GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C C e ± ± TIWDSV FFFF hu IIDTH RDVS q‚ IDSH IDWQ xv IPDVH IDSW qf IPDQS IDIR LONZA GRP N gr SAS DANMARK A/S DELTA HOLDINGS VEDIOR NV NEXT PLC

20 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 b FINANCES ET MARCHÉS

C C C RHHDIQ IIDWQ SRDSH UTV SHQUDUS IDUP USSDHH RHDQW PTRDWR SDIV QVDRH ALCATEL...... w TI EURAFRANCE...... w REMY COINTRE..... w

C C C Compen- QPSDQS PIDPR FFF HDSU QDUR IDUW HDST SRDWH QTHDIP IDPW SRDPH RWDTH w w

ALCATEL O ...... EURO DISNEY...... RENAULT ...... Cours Cours % Var.

sation C International ± f IUSDIR IDII PUDHH IDHS TDVW FFF IDHS VTDSS STUDUQ HDWQ VSDUS

ALSTOM ...... w PTDUH EUROTUNNEL...... w REXEL...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

C C RUVDVS FFF UQDHH RVDSU QIVDTH TDUS RSDSH ISDRS IHIDQS HDWV ISDQH VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN..... w UQ FAURECIA ...... w RHODIA...... w

C C ± ± RVUDHS WDHQ TVDIH QTDSH PQWDRP HDQQ QTDQV TDPS RI HDUW FFF TRHDSH RPHIDRH IDRT FFF ATOS CA ...... w URDPS FIMALAC SA C...... w ROCHETTE (LA...... ADECCO ......

C C C TSDTH FFF FFF UVDSH SIRDWQ PDVV FFF IHTDUH TWWDWI PDTH IHRDHH THDSH QWTDVS VDVI FFF ARBEL...... IH F.F.P. (NY) ...... ROYAL CANIN...... w AMERICAN EXP......

[BANDO]]VALEURS FRANCE C ± ± SQWDPH QDPR VRDWS IPS VIWDWS QDVS FFF THDWH QWWDRV PDWT FFF PI IQUDUS FFF FFF w VPDPH

b AVENTIS ...... FINAXA...... ROUGIER #...... AMVESCAP EXP ......

C C IHQTDRI PDVT ISQDTH IHTDIH TWSDWU FFF FFF IWSH IPUWIDIT FFF FFF QI PHQDQS HDUV FFF Après l’envolée de l’indice Nasdaq, l’ac- AXA ...... w ISV FIVES-LILLE...... RUE IMPERIAL ...... ANGLOGOLD LT ....

C ± ± SSWDPH RDPI VWDHH PUDTH IVIDHR IDRQ FFF RUDIH QHVDWT FFF FFF PIDHW IQVDQR QDHV FFF

tion Alcatel était réservée à la hausse jeudi AZEO(EXG.ET ...... w VSDPS FONC.LYON.#...... SADE (NY) ...... A.T.T. # ......

C C ± ± UUSDQR IDSH IPHDHH WPDPS THSDIP TDTS VTDSH IRPDVH WQTDUI S IQTDHH IUDIP IIPDQH RDVW FFF w IIVDPH w w

4 janvier, quelques minutes après le début BAIL INVESTI...... FRANCE TELEC...... SAGEM S.A...... BARRICK GOLD......

C C ± ± VUIDUU IDST FFF RIQ PUHWDIH HDIP FFF VV SUUDPR TDVH FFF TQDWH RIWDIT QDVR FFF BAZAR HOT. V...... IQPDWH FROMAGERIES...... SAGEM ADP ...... COLGATE PAL......

C C

± ± PTQDTW IDPQ RHDUH PHTDPH IQSPDSV PDSR PHIDIH ITUDSH IHWVDUQ QDWU ITIDIH VDIR SQDQW HDPS FFF des cotations pour finalement être cotée à BIC...... w RHDPH GALERIES LAF...... w SAINT-GOBAIN...... w CROWN CORK O ....

C C

± WWTDRH UDSV FFF RQ PVPDHT FFF FFF TRDUS RPRDUQ IDIS FFF PWDQH IWPDPH TDSS FFF

61,9 euros, soit un bond de 13,58 %, dans la BIS ...... ISIDWH GAUMONT #...... SALVEPAR (NY...... DE BEERS #......

C ± ± ± TIWDPP QDPV WIDRH WWDTS TSQDTT PDQH IHPDHH TSDQH RPVDQR RDQP TVDPS IIDIP UPDWR RDWT FFF BNPPARIBAS...... w WRDRH GECINA...... w SANOFI SYNTH...... w DIAGO PLC......

C C C matinée. Dans le secteur technologique, ± IQSIDPU HDWT PHVDHH UHDSH RTPDRS PDIU TWDHH UTDIS RWWDSI HDWW USDRH QUDIW PRQDWS QDIT FFF BOLLORE...... w PHT GEOPHYSIQUE ...... w SCHNEIDER EL ...... w DOW CHEMICAL....

C C C ± PUHDWI HDUH FFF PQDSH ISRDIS UDVH PIDVH SUDPS QUSDSR PDPQ STDHH SHDSH QQIDPT PDHP FFF

STMicroelectronics gagnait 15,09 %, à BOLLORE INV...... RIDQH GFI INFORMAT ..... w SCOR ...... w DU PONT NEMO....

C C C

PTPDQV PDVQ FFF IWDWH IQHDSR SDWT IVDUV SWDRH QVWDTR PDUU SUDVH HDRS PDWS FFF FFF

49,15 euros, Dassault Systems 9,89 %, à BONGRAIN ...... RH GRANDVISION ...... w S.E.B...... w ECHO BAY MIN ......

C ± QPVDQI TDVQ RTDVS FFF FFF FFF FFF RRDIT PVWDTU QDRS RSDUR FFF FFF FFF FFF BOUYGUES...... w SHDHS GROUPE ANDRE ... SEITA...... w ELECTROLUX......

C C C QRHDII IDSU SIDHS VHDIH SPSDRP HDHT FFF IRDWH WUDUR FFF FFF IQP VTSDVT IDSR FFF 70 euros et Liberty Surf 11,64 %, à 7 euros. BOUYGUES OFF..... w SIDVS GROUPE GASCO.... SELECTIBAIL(...... ELF GABON ......

C C ± QHDPR RDQH RDRP TH QWQDSU FFF FFF RTDWT QHVDHR PDIU RVDHH IPDRS VIDTU IQDPV IHDWW

b Le titre France Telecom grimpait de BULL# ...... w RDTI GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... w ERICSSON #...... w

C C ± ± QQIDSW UDIU RUDIU ISIDIH WWIDIS RDQU FFF ISW IHRPDWU HDQV FFF PTDRS IUQDSH TDIV FFF w SHDSS

8,09 %, à 93,5 euros jeudi matin. L’opérateur BUSINESS OBJ...... GROUPE GTM ...... SILIC CA...... FORD MOTOR #.....

C C ± FFF FFF FFF SV QVHDRT IDTW FFF UPDSH RUSDSU HDSS UPDIH SHDWS QQRDPI WDQQ FFF B T P (LA CI...... FFF GROUPE PARTO.... SIMCO...... w GENERAL ELEC ......

C C C C SPIDRW IDUW FFF VQDUH SRWDHR HDPR VQDSH IUDHR IIIDUV HDPR FFF SUDUS QUVDVP QDVU FFF a annoncé avoir conforté son rang de pre- BURELLE (LY) ...... UWDSH GUYENNE GASC.... w SKIS ROSSIGN...... GENERAL MOTO....

C C C

± PQDWR PDVP QDSS ISDIQ WWDPS SDRR IRDQS TVDRH RRVDTU SDPQ TSDHH QDRS PPDTQ IDRQ FFF

mier réseau de téléphonie mobile au quatriè- CANAL + ...... w QDTS HAVAS ADVERT ..... w SOCIETE GENE ...... w GOLD FIELDS......

C C C ± IHVVDVW SDHT ISVDHH IPP VHHDPU IDRI IPHDQH IWS IPUWDIP PDHI IWWDHH RDWS QPDRU QDST FFF w ITT w w

me trimestre 2000 avec une part de marché CAP GEMINI...... IMERYS ...... SODEXHO ALLI ...... HARMONY GOLD .. C C C ± QPQDQW HDWR RWDUU IPRDVH VIVDTQ IDRT FFF VS SSUDST IDVH FFF WDRS TIDWW TDHT FFF CARBONE-LORR .... w RWDQH IMMOBANQUE ..... SOGEPARC (FI...... HITACHI #......

C C

RSPDTI HDPP TVDVS FFF FFF FFF FFF STDVH QUPDSV FFF STDVH IT IHRDWS QDPQ ISDSH de 49,6 % et 1,7 million de ventes brutes. CARREFOUR...... w TW IMMEUBLES DE .... SOMMER ALLIB ..... w HSBC HOLDING..... w

C C C

± UHUDUV HDQU IHVDQH IVDUH IPPDTT SDTS IUDUH QHDQV IWWDPV IDPU QHDHH WWDUS TSRDQP UDQU WPDWH

b L’action Sagem s’envolait de 8,13 %, à CASINO GUICH...... w IHUDWH INFOGRAMES E..... w SOPHIA...... w I.B.M...... w

C C ± RSSDVW HDTR FFF FFF FFF FFF FFF TH QWQDSU RDHV SUDTS VDWP SVDSI SDST FFF CASINO GUICH...... TWDSH IM.MARSEILLA ...... SOPRA # ...... w I.C.I......

C C C 89,1 euros, jeudi, lors des premières transac- ± IUQSDHI PDTR PSUDUH PUDVH IVPDQT R PTDUQ UPDIH RUPDWR RDRW TWDHH RWDPS QPQDHT IDTH FFF CASTORAMA DU.... w PTRDSH INGENICO ...... w SPIR COMMUNI .... w ITO YOKADO #......

C C C ± IPHSDTS PDTV FFF UWDPH SIWDSP IDIS UVDQH QUDWW PRWDPH HDPT QUDVW QSDIS PQHDSU UDUR FFF

tions. Le groupe a annoncé une hausse de CEA INDUSTRI ...... IVQDVH ISIS...... w SR TELEPERFO...... w I.T.T. INDUS......

C C C RSWDVQ HDIR FFF PHDPH IQPDSH IDUT IWDVS WDUS TQDWT IDHR FFF UDTQ SHDHS FFF UDTQ UHDIH w w

25,5 % de son chiffre d’affaires en 2000, à CEGID (LY)...... KAUFMAN ET B ..... STUDIOCANAL ...... KINGFISHER P ......

C C C PRWDWP HDPT FFF IHI TTPDSP FFF IHIDHH PWWDUH IWTSDWH PDTR FFF PSDRH ITTDTI RDTT FFF CFF.RECYCLIN ...... QVDIH KLEPIERRE...... w SUCR.PITHIVI...... MATSUSHITA ......

C C C C QPUDWI SDWI RUDPH WIDSH THHDPH PDRT VWDQH IVVDSH IPQTDRV HDIT IVVDPH QSDHI PPWDTS HDHQ FFF 28 milliards de francs. CGIP ...... w RWDWW LAFARGE...... w SUEZ LYON.DE ...... w MC DONALD’S ......

C ± ± ± RTSDUQ PDPH FFF THDRS QWTDSQ PDSR SVDWS UHI RSWVDPT RDVV FFF WQDIS TIIDHP QDRU FFF

b Le titre Casino progressait de 0,18 %, à CHARGEURS ...... UI LAGARDERE ...... w TAITTINGER ...... MERK AND CO ......

C C C ± SHSDHW HDVS FFF TP RHTDTW HDVI TIDSH STDIS QTVDQP IPDQH SHDHH UDQT RVDPV HDRI FFF UU w w

108,5 euros, jeudi, lors des premiers échan- CHRISTIAN DA...... LAPEYRE ...... TF1...... MITSUBISHI C......

C C C ± QPVDWT UDHP RTDVT ST QTUDQR HDWH FFF SRDSH QSUDSH PDRR SQDPH PRPH ISVURDIT QDPH PSHHDHH CHRISTIAN DI...... w SHDIS LEBON (CIE) ...... THALES (EX.T ...... w NESTLE SA # ...... w

C C

UTUDRU FFF FFF PHS IQRRDUI IDVR PHIDQH ISRDSH IHIQDRS HDWV ISQDHH FFF FFF FFF FFF ges. Le distributeur a renoncé à son projet de CIC -ACTIONS ...... IIU LEGRAND ...... w TECHNIP...... w NORSK HYDRO ......

C C C

±

QRPDRI HDQV SPDHH IIS USRDQS QDSI FFF RVDWH QPHDUT SDIT RTDSH RTDIS QHPDUP RDPU FFF

prise de contrôle du Philippin Uniwide faute CIMENTS FRAN ..... w SPDPH LEGRAND ADP...... THOMSON MULT.. w PFIZER INC......

C C ± ± STIDIU HDHT VSDSH RSDPH PWTDRW PDUQ RRDHH ISSDVH IHPIDWV HDUH ISTDWH RRDQH PWHDSW UDSQ FFF CLARINS...... w VSDSS LEGRIS INDUS...... w TOTAL FINA E ...... w PHILIP MORRI ......

C C d’accord avec les créanciers du groupe. C ± TPTDUU PDWT WPDVH UDHQ RTDII IPDIP TDPU QVDIH PRWDWP VDUH QSDHS UVDUS SITDSU RDQU FFF CLUB MEDITER ..... w WSDSS LIBERTY SURF ...... w TRANSICIEL #...... w PROCTER GAMB ....

C C C C PVUDII HDSI RQDSS IIS USRDQS HDVV FFF RHDRH PTSDHI I RHDHH IWDSH IPUDWI VDTR FFF b L’action Axa gagnait 2,54 %, à 157,5 euros CNP ASSURANC..... w RQDUU LOCINDUS...... UBI SOFT ENT...... w RIO TINTO PL......

C C

± ± TRWDUQ RDRV IHQDUH VQDWS SSHDTV I VRDVH IUHDRH IIIUDUS HDPR IUHDHH VQDRH SRUDHU HDQH FFF

jeudi matin. L’assureur a réussi à porter sa COFACE ...... w WWDHS L’OREAL ...... w UNIBAIL ...... w SCHLUMBERGER...

C C C ± WQTDUI HDPI IRPDSH TUDTH RRQDRQ PDHQ FFF VQ SRRDRR TDSS UUDWH IHDHW TTDIW IDPH FFF COFLEXIP ...... w IRPDVH LOUVRE #...... UNILOG...... w SEGA ENTERPR......

C C C C QVUDHI IDQU SVDPH TWDTH RSTDSS IDTI TVDSH IQDPW VUDIV PDTQ IPDWS RDQU PVDTU QDVH RDPI participation dans le capital de sa filiale amé- COLAS...... w SW LVMH MOET HE.... w USINOR...... w SEMA GROUP # ...... w

C C C ± PVIDRI PDIR FFF WHDVH SWSDTI PDIR VVDWH RTDSH QHSDHP QDSW RRDVW VDTH STDRI IDUI FFF

ricaine à 100 % à l’issue de la prolongation de CONTIN.ENTRE ..... RPDWH MARINE WENDE ... w VALEO...... w SHELL TRANSP ......

C C C ± QRRDQV IDQS FFF IHDRH TVDPP QDQV FFF SR QSRDPP HDPV SRDIS UTDUS SHQDRS UDRP UIDRS SPDSH w w

la période d’offre d’échange réalisée conjoin- CPR...... MAUREL ET PR...... VALLOUREC ...... SONY CORP. # ......

C C C VSDTU HDHV FFF SDRS QSDUS RDVI FFF QPDHI PHWDWU FFF FFF IHTDRH TWUDWR TDRH FFF CRED.FON.FRA ...... IQDHT METALEUROP ...... VIA BANQUE ...... T.D.K. # ......

C C C C PSQDWW PDSU QUDUS QUDUR PRUDST IDUQ QUDIH STDIS QTVDQP HDHW FFF UDPH RUDPQ Q FFF tement avec sa filiale Axa Merger Group. CREDIT LYONN ..... w QVDUP MICHELIN ...... w VICAT...... TOSHIBA #......

C ± ± ± IVQDHV PDHU FFF PIDPU IQWDSP HDUS FFF TQDQH RISDPP QDQT TSDSH VH SPRDUU PDPR FFF CS COM.ET SY...... PUDWI MONTUPET SA...... VINCI...... w UNITED TECHO .....

C C ± SQIDQQ HDIP FFF RDSH PWDSP HDTU FFF RRDSH PWIDWH RDQH RTDSH HDRT QDHP FFF FFF DAMART...... VI MOULINEX ...... VIVENDI ENVI ...... w ZAMBIA COPPE......

C ± ± IHHQDTI QDRU ISVDSH WQDQH TIPDHI HDQP WQDTH UHDHS RSWDSH QDUV TUDSH DANONE ...... w ISQ NATEXIS BQ P...... w VIVENDI UNIV...... w

C C

± IRIHDQI HDHS FFF PQDTI ISRDVU HDHR PQDTH V SPDRV TDTU UDSH

´ DASSAULT-AVI ...... PIS NEOPOST ...... w WANADOO...... w ABRE´VIATIONS

C PREMIER MARCHE C ± RSSDPQ VDWS TQDUH IVDIH IIVDUQ HDST FFF IUDTT IISDVR HDUW FFF

DASSAULT SYS ...... w TWDRH NORBERT DENT ... WORMS (EX.SO ......

B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

C ± RPTDHR HDTW TSDRH PT IUHDSS FFF FFF PVVDTH IVWQDHW HDST PVUDHH ______w TRDWS w DE DIETRICH ...... NORD-EST...... ZODIAC ......

C ± SRUDUP IDRU FFF PWDQS IWPDSP TDUQ PUDSH FFF FFF FFF FFF DEVEAUX(LY)#...... VQDSH NRJ GROUP ...... w ...... SYMBOLES

ti hs R tex†si‚ C ± WTDQT HDRI FFF IUDQU IIQDWR SDPU ITDSH FFF FFF FFF FFF

Cours a` 12 h 30 DEV.R.N-P.CA...... IRDTW OBERTHUR CAR.... w ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

C C

IHUDWH RDRR FFF UDIR RTDVR P FFF FFF FFF FFF FFF

DMC (DOLLFUS..... ITDRS OLIPAR...... a coupon de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PS j—nvier

C ± IVRDQP TDQQ FFF QWU PTHRDIS QDWQ FFF FFF FFF FFF FFF

DYNACTION...... PVDIH OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

C ±

RRRDUR IDHP TVDSH RUDVP QIQDTV IDUR RUDHH FFF FFF FFF FFF w TUDVH w

EIFFAGE...... PECHINEY ACT...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

± Compen- ± WRDPH IDTR IRDTH RUDSH QIIDSV IDHR FFF FFF FFF FFF FFF w IRDQT

Cours Cours % Var. ELIOR...... PECHINEY B P ......

sation de re`glement diffe´re´. France f C ISTDUU FFF FFF TWDVH RSUDVT HDVU TWDPH FFF FFF FFF FFF

en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... PQDWH PENAUILLE PO ...... w ......

(1)

C ` ´ IWHDPQ FFF FFF URDSS RVWDHP IDPW UQDTH FFF FFF FFF FFF ENTENIAL(EX ...... PW PERNOD-RICAR .... w ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

C C C

PWPDST PDUT RQDRH RR PVVDTP HDTW RQDUH PRQDSH ISWUDPT PDQI PQVDHH FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RRDTH ERAMET ...... w PEUGEOT...... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

C C ±

RVTDHT IDSI UQDHH WWDVS TSRDWU PDHR WUDVS PPTDSH IRVSDUR HDTT PPVDHH FFF FFF FFF FFF AGF ...... w URDIH ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C C ± PRHDIS IDUP FFF QQR PIWHDWH HDTH QQPDHH IHSDUH TWQDQS HDIW IHSDWH FFF FFF FFF FFF

AFFINE(EXIMM...... QTDTI ESSILOR INTL ...... w PLASTIC OMN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ;

C C ± ITRDRS RDRT PRDHH TSDSH RPWDTS HDIS FFF UIDWS RUIDWT HDHU FFF FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w PSDHU ESSO ...... PSB INDUSTRI...... Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± WWWDTV HDQQ ISPDWH SSDPH QTPDHW HDQT SSDHH QRDRV PPTDIU QDQW QQDQS FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w ISPDRH EULER...... w PUBLICIS GR...... w ......

C C C IRTDWQ WDQV IRDWS WVDHU RDTW PVDUI IVVDQQ UDQQ IIV UURDHQ FFF COALA # ...... PPDRH HIMALAYA ...... PICOGIGA...... GENERALE LOC ....

C C ± IVQDTU SDTT S QPDVH IQDWH SW QVUDHI IDTU SS QTHDUV FFF COHERIS ATIX ...... PV HI MEDIA...... PROSODIE #...... GEODIS......

C

NOUVEAU ± IRRDQI FFF TRDQH RPIDUV SDHU PH IQIDIW FFF PRDTH ITIDQU IDSP COIL...... PP HOLOGRAM IND .. PROSODIE BS ...... d SECOND GFI INDUSTRI......

C C

± ± QIDSS WDVP IRDUI WTDRW HDPH WDVS TRDTI UDIV UT RWVDSQ QDHT

CION ET SYS...... RDVI HUBWOO.COM ..... PROLOGUE SOF ... ______GO SPORT ......

C C

PIQDIW UDHV PQDSH ISRDIS RDRR IDPI UDWR FFF TIUTDSH RHSISDIV FFF

´ CONSODATA # ..... QPDSH IB GROUP.COM .... PROXIDIS...... d GRAND MARNIE... d C C ±

QTDRI RDQI RDRS PWDIW QHDVV QHDIS IWUDUU TDIT RU QHVDQH FFF

MARCHE CONSORS FRAN... SDSS IDP ...... QUALIFLOW ...... MARCHE´ GROUPE BOURB...

± ± VIDWW FFF IDHU UDHP FFF RDPP PUDTV HDPR IRV WUHDVP IDQQ CROSS SYSTEM .... IPDSH IDP BON 98 (...... d QUANTEL ...... GROUPE CRIT ......

C C VTDSW IDSR ISDWW IHRDVW HDSU PDSI ITDRT FFF IQUDSH WHIDWR FFF

CRYO # ...... IQDPH IGE +XAO ...... QUANTUM APPL .. d GROUPE J.C.D ......

ti hs R tex†si‚

C C TUDTW IPDHS PU IUUDII PDPU IIDPH UQDRU FFF IRP WQIDRT FFF CRYONETWORKS. IHDQP ILOG #...... R2I SANTE...... HERMES INTL...... w ti hs R tex†si‚

C C

± ±

WDIV HDUP IDUH IIDIS PIDRQ PT IUHDSS QDTU QR PPQDHQ HDTI

CYBERDECK #...... IDRH IMECOM GROUP.. RECIF # ...... HYPARLO #(LY......

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 12 h 30

ne se le™tionF

C ± ´ ` PHWDWI HDIT IDSP WDWU IVDPV RPDSH PUVDUV FFF QTDQS PQVDRR FFF CYBER PRES.P ...... QP INFOSOURCES...... REPONSE #...... Cours relevesa12 h 30 I.C.C.#...... d

C ± PTDPR VDII QDTH PQDTI FFF VDPH SQDUW FFF UDVV SIDTW IDSH CYBERSEARCH ..... R INFOSOURCE B..... d REGINA RUBEN.... IMS(INT.META ......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C C C C IPDUW IRDHR QV PRWDPT VDSU IWDHU IPSDHW IDVU URDTS RVWDTU IDIS

CYRANO # ...... IDWS INFOTEL # ...... RIBER #...... INTER PARFUM ....

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C C C C IHSDHP PDTQ PRDTH ITIDQU WDQV IIUDPH UTVDUV IDWI SVDPH QVIDUU IDPP DALET #...... ITDHI INFO VISTA...... RIGIFLEX INT...... JET MULTIMED.....

C C C C C C UQDRU HDWH WDRH TIDTT RDRR SDVQ QVDPR UDWT IIDVH UUDRH UDQU QU PRPDUH PDHU IHV UHVDRQ HDWQ ABEL GUILLEM..... IIDPH DATATRONIC ...... INTEGRA NET ...... w RISC TECHNOL..... AB GROUPE ...... L.D.C......

C C C ± ± QTDHV UDRP PDSQ ITDTH IH FFF FFF FFF IRDRH WRDRT PDHR TDWH RSDPT QDSH QI PHQDQS IDWU AB SOFT ...... SDSH DESK #...... INTEGRA ACT...... SAVEURS DE F ...... ACTIELEC REG...... LAURENT-PERR ....

C C C C ± TIDQQ VDSW SUDWS QVHDIQ SDTS PDRT ITDIR FFF ISDVS IHQDWU HDTQ IIH UPIDSS IDPH IPDRW VIDWQ HDHV ACCESS COMME... WDQS DEVOTEAM #...... w INTERCALL #...... d GUILLEMOT BS .... ALGECO #...... LECTRA SYST......

C C C C C ± ITQDWW PDHR IIDPH UQDRU PDUS IIH UPIDSS IDVS UDIP RTDUH IQDPH RUDQH QIHDPU TDPW IIDTW UTDTV PDIV ADL PARTNER ...... PS DMS #...... IPSOS # ...... SELF TRADE...... ALTEDIA...... LOUIS DREYFU .....

C C C C C SPDRI TDSQ UV SIIDTS VDQQ V SPDRV FFF SVDSH QVQDUQ IHDRV ISSDWH IHPPDTR TDUV VH SPRDUU IDTS ALGORIEL #...... UDWW D INTERACTIV...... IPSOS BS00 ...... d SILICOMP #...... ALTEN (SVN)...... w LVL MEDICAL......

C C C C ± IUDQV SDIT UP RUPDPW FFF VDVH SUDUP IPDIH QHDIH IWUDRR IIDHU PHSDWH IQSHDTP HDRR QV PRWDPT IHDIR ALPHAMEDIA...... PDTS D INTERATIVE...... d IT LINK...... SITICOM GROU .... APRIL S.A.#( ...... M6-METR.TV A...... w

C C C ± ± SPDIS VDWH RH PTPDQV IDPQ PDRH ISDUR WDRQ II UPDIT FFF ISQDVH IHHVDVT HDHU IHQDTH TUWDSU PDHU ALPHA MOS # ...... UDWS DIOSOS ...... IXO...... SODITECH ING..... ARKOPHARMA # .. MANITOU #......

C C ± ± WQVDHP HDWH HDVS SDSV TDPS IDIW UDVI FFF IV IIVDHU IRDPW SP QRIDIH FFF RQDSH PVSDQR IDIT ALTAMIR & CI...... IRQ DURAND ALLIZ.... JOLIEZ-REGOL...... SOFT COMPUTI.... ASSYSTEM #...... MANUTAN INTE...

C C C C C ± QRDII R PTDIQ IUIDRH RDSP IRDUH WTDRQ S PRDIV ISVDTI TDUS IT IHRDWS HDQV IQT VWPDIH HDSI ALDETA...... SDPH DURAN DUBOI..... KALISTO ENTE ...... SOI TEC SILI...... w AUBAY ...... MARIONNAUD P ..

C C C UHDUI ISDWI IDWS IPDUW FFF QDVW PSDSP IIDIR IW IPRDTQ FFF IQRDUH VVQDSU QDSR IIU UTUDRU FFF ALTI #...... IHDUV DURAN BS 00 ...... d KEYRUS PROGI ..... SOI TEC BS 0...... d BENETEAU CA# .... PARCDESEXPOS....

C C C ± VIDHI FFF WDVH TRDPV QDHS IDRH WDIV UDTW TDHP QWDRW PDQV UH RSWDIU HDSH IV IIVDHU FFF ALTI ACT.NOU...... d IPDQS EFFIK # ...... KAZIBAO ...... SQLI ...... BOIRON (LY)#...... PCAS #......

C C C ± ± IRPQDRQ IDQT SIS QQUVDIV PDTW TDUH RQDWS PDWP UDHS RTDPR SDPP PVDVH IVVDWP FFF RP PUSDSH QDRS A NOVO # ...... PIU EGIDE #...... LACIE GROUP...... STACI # ...... BONDUELLE...... PETIT FOREST......

C C ± UPDIT IDVS IHDSS TWDPH TDUV PH IQIDIW FFF HDSH QDPV FFF WSDUH TPUDUS FFF TRDSH RPQDHW HDUU ARTPRICE COM .... II EMME(JCE 1/1...... LEXIBOOK #...... STELAX...... BQUE TARNEAU... PIERRE VACAN......

C C C C C ± UDHP IIDRT SP QRIDIH IDWT QH IWTDUW TDQV IUDWH IIUDRP PDPW SIDIH QQSDIW IDQS QHDRU IWWDVU IDWI ASTRA ...... IDHU ESI GROUP...... LINEDATA SER...... SYNELEC #...... BRICORAMA # ...... PINGUELY HAU.....

C C C C ± PTDUH IH UDPH RUDPQ SDVV UDVH SIDIT HDTR PSDQH ITSDWT IDRH IHUDTH UHSDVI HDVR VH SPRDUU FFF AUFEMININ.CO.... RDHU ESKER...... MEDCOST #...... SYSTAR # ...... BRIOCHE PASQ .... POCHET......

C C C C ± VPDTS FFF QRDTH PPTDWT IVDRS VT STRDIP TDQH RDUH QHDVQ RDTV IIDPS UQDVH IDQS ITTDSH IHWPDIU PDRH AUTOMA TECH..... IPDTH EUROFINS SCI...... MEDIDEP #...... SYSTRAN ...... BUFFALO GRIL..... RADIALL #......

C C C ± QRDWT RDSI IHDRH TVDPP FFF VS SSUDST FFF IPDHQ UVDWI SDWH WIDIH SWUDSV HDII TP RHTDTW IDRQ AVENIR TELEC ...... w SDQQ EURO.CARGO S .... d METROLOGIC G ... TEL.RES.SERV...... C.A. OISE CC ...... RALLYE (LY)...... w

C C C ± IQDUV FFF IHDHW TTDIW UDQR WDWW TSDSQ IIDQU VDQH SRDRR RDVH PPV IRWSDSV FFF QIWDWH PHWVDRI HDSQ AVENIR TELEC ...... d PDIH EUROPSTAT #...... w MICROPOLE ...... TELECOM CITY..... C.A. PARIS I...... RODRIGUEZ GR....

C C ± ± UUDHU PDHV UDIW RUDIT SDUR SDSI QTDIR HDIV IDWV IPDWW FFF IQU VWVDTT FFF QSDSS PQQDIW IDVH BAC MAJESTIC...... IIDUS FIMATEX # ...... w MONDIAL PECH ... TETE DS LES ...... d C.A.PAS CAL ...... SABATE SA #......

C C ± ± IHRDWS FFF IQDSH VVDSS IIDPH WDTS TQDQH UDRT PQDHI ISHDWR FFF RPDPI PUTDVV SDRT WR TITDTH QDRW BARBARA BUI ...... IT FI SYSTEM # ...... w MULTIMANIA #..... THERMATECH I.... CDA-CIE DES ...... SECHE ENVIRO .....

C ± ± ± IPUDWI QDWR IDRI WDPS FFF IIDVS UUDUQ FFF IPDHP UVDVS PDTU RUDRH QIHDWP QDHU PP IRRDQI RDQS BCI NAVIGATI...... IWDSH FI SYSTEM BS...... d NATUREX...... TITUS INTERA ...... CEGEDIM # ...... SINOP.ASSET......

C C C C VTDSW WDHW WDQH TI FFF PSDQH ITSDWT SDRP QDUS PRDTH IHDPW III UPVDII HDVP PWDWS IWTDRT FFF BELVEDERE...... IQDPH FLOREANE MED .. NET2S # ...... TITUS INTER...... CIE FIN.ST-H ...... SIPAREX CROI ......

C C C C PWDUV UDSV TDPH RHDTU FFF IVDHI IIVDIR IIDIH SR QSRDPP QDVS SV QVHDRT IDUS QIW PHWPDSH FFF BOURSE DIREC..... RDSR GAMELOFT COM . NETGEM...... w TRACING SERV ..... CNIM CA# ...... SOLERI ...... d

C C C ± ± QQRDSR QDHQ QPDTH PIQDVR IDPI RDVH QIDRW TDWH PUDUH IVIDUH SDQP SSDSH QTRDHT FFF UWDWH SPRDII IDQH BRIME TECHNO... SI GAUDRIOT #...... NETVALUE # ...... TRANSGENE # ...... COFITEM-COFI..... SOLVING #......

C C C IPDSQ FFF PPDVV ISHDHV IUDWR R PTDPR ISDPU IIDUH UTDUS FFF UDSP RWDQQ UDSV RS PWSDIV FFF BRIME TECHN...... d IDWI GENERIX # ...... NEURONES #...... UBIQUS...... d DANE-ELEC ME.... STEF-TFE # ......

C C C C ± RPDHS SDHV SPDVS QRTDTU PDTP VHDSH SPVDHS HDRW HDIP HDUW FFF SSDSH QTRDHT HDSR IHW UIRDWW PDWQ BUSINESS INT ...... TDRI GENESYS #...... NICOX # ...... UNION TECHNO .. ENTRELEC CB...... STERIA GROUP .....

C C C C PVPDHT WDRI IQDIT VTDQP HDIS QVDII PRWDWW IPDHW WDRH TIDTT TDQQ WDTH TPDWU FFF RQDIH PVPDUP FFF BVRP ACT.DIV...... RQ GENESYS BS00...... OLITEC...... VALTECH ...... w ETAM DEVELOP ... SYLEA ...... d

C C C C ± RHTDHR FFF RP PUSDSH PDRR RDSI PWDSV HDPP SDWW QWDPW IWDVH WQDPH TIIDQS RDRI QIDTH PHUDPV SDQQ BVRP ACT.NV...... d TIDWH GENSET...... w OPTIMA DIREC ..... V CON TELEC...... EUROPEENNE C... SYLIS # ......

C C C ± PPDQH FFF QSDIT PQHDTQ TDSS QDVH PRDWQ FFF TDIH RHDHI HDIT RVDSH QIVDIR UDUV ST QTUDQR HDVV CAC SYSTEMES..... d QDRH GL TRADE # ...... OPTIMS #...... VISIODENT #...... EXPAND S.A ...... SYNERGIE (EX ......

C C C ± ± IRIDHQ PDPU RH PTPDQV PDST HDTR RDPH FFF TPDSH RHWDWU UDUT IQ VSDPU QDUS PRDSI ITHDUV HDIT CALL CENTER ...... PIDSH GUILLEMOT #...... OXIS INTL RG...... WAVECOM #...... w FINACOR...... TEAM PARTNER....

C C C C C IUVDPP IH HDPU IDUU IUDQW THDSH QWTDVS SDPP PDUH IUDUI WDQI IHVDUH UIQDHQ FFF QS PPWDSV IDPR CAST ...... PUDIU GUYANOR ACTI.... PERFECT TECH ..... WESTERN TELE .... FINATIS(EX.L...... d TRIGANO ...... w

C C ± ± THQDRV IDIH TT RQPDWQ IDRW VDQW SSDHQ FFF FFF FFF FFF QWDRH PSVDRS HDWP ITU IHWSDRS IDRU CEREP...... WP HF COMPANY...... PERF.TECHNO...... d ...... FININFO...... UNION FIN.FR ......

C C ± ± UDHV QDVS VSDQH SSWDSQ IPDPR IWDPH IPSDWR FFF FFF FFF FFF PTDIH IUIDPH QDQQ UTDWH SHRDRQ HDUU CHEMUNEX # ...... IDHV HIGH CO.# ...... PHARMAGEST I .... d ...... FLEURY MICHO.... VILMOR.CLAUS .....

C C C ± IIIDRS PDWU IQH VSPDUR IHDPT T QWDQT FFF FFF FFF FFF TQDVH RIVDSH HDQI VRDTH SSRDWR IDIR CMT MEDICAL...... ITDWW HIGHWAVE OPT... w PHONE SYS.NE ...... FOCAL (GROUP.... VIRBAC......

´ ´ ´ QTSSDUV HQGHI PQDQU ISQDQH PVGIP WWSSDTW TSQHSDHS HPGHI IUWDSW IIUVDHQ HQGHI HORIZON C...... SSUDQP RENTACIC...... STRATEGIE INDICE USA...... SELECT EQUILIBRE 2......

IPHQDVV HQGHI ´ IVQDSQ QVWRDVI PWGIP

Fonds communs de placements UNION AME´RIQUE ...... SWQDUT SELECT PEA DYNAMIQUE ....

www.lapostefinance.fr ´ ITUSDHS HQGHI

SICAV et FCP ´ ´ SELECT PEA 1...... PSSDQT PSPDVI HQGHI ECUREUIL EQUILIBRE C...... QVDSR Sicav Info Poste :

QRVVDQV HQGHI

´ www.clamdirect.com SG FRANCE OPPORT. C...... SQIDVH

PPHDSQ HQGHI

ECUREUIL PRUDENCE C ...... QQDTP 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn)

QPTTDPU HQGHI

SG FRANCE OPPORT. D ...... RWUDWR

PWUDWR HQGHI

E´CUREUIL VITALITE´ C ...... RSDRP

IHQDSH TUVDWP HQGHI SVRDRT QVQQDVI HQGHI IRRUDTQ HQGHI ´ PPHDTW ADDILYS C ......  le™tionF

ne se Cours de cloˆ ture le 3 janvier EURCO SOLIDARITE ...... SOGENFRANCE C......

´ PVDWI IVWDTR HQGHI SPTDTW QRSRDVT HQGHI TPRTDRP HQGHI LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WSPDPT AMPLITUDE AMERIQUE C ... SOGENFRANCE D......

´ IVSDWT HQGHI ´ PVDQS IHVDIQ UHWDPW HQGHI

SRSQDPQ HQGHI CREDIT AGRICOLE VQIDQR AMPLITUDE AMERIQUE D... SOGEOBLIG C......

Valeurs unitaires e Date LION 20000 D/3 11/06/99 ......

PTQDIH HQGHI RHDII ´ PWIDTR HQGHI ´ RRDRT IQHWDIT HQGHI

Emetteurs f 08 36 68 56 55 (2,21 F/mn) SICAV 5000 ...... IWWDSV AMPLITUDE EUROPE C...... SOGEPARGNE D......

Euros francsee cours

QVDWR PSSDRQ HQGHI

PVHDQT IVQWDHR HQGHI PPTVDQT HQGHI

SLIVAFRANCE ...... QRSDVI AMPLITUDE EUROPE D ...... SOGEPEA EUROPE......

QSPIDUH HQGHI

ATOUT CROISSANCE...... SQTDVV

PTRDVT IUQUDQU HQGHI

TWDQQ RSRDUU HQGHI PTIDHI HQGHI

AGIPI SLIVARENTE ...... QWDUW AMPLITUDE MONDE C...... SOGINTER C......

PPPIDUW HQGHI

ATOUT FONCIER...... QQVDUI

PQWDUI ISUPDQW HQGHI

IIIUDSS HQGHI

SLIVINTER ...... IUHDQU AMPLITUDE MONDE D ......

THRDUW HQGHI

ATOUT FRANCE ASIE D...... WPDPH Fonds communs de placements IVUDVH HQGHI

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PVDTQ

IWDRQ IPUDRS HQGHI

RVUIDHI HQGHI

TRILION...... URPDSV AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

PPQDTQ IRTTDWP HQGHI IQHDVH HPGHI

ATOUT FRANCE EUROPE ..... DE´CLIC ACTIONS EURO...... IWDWR IWVDVP HQGHI

AGIPI ACTIONS (AXA)...... QHDQI

IPQDTS HQGHI

AMPLITUDE PACIFIQUE D... IVDVS

QTIDIH HQGHI SSDHS ´ RPTDRR HPGHI

ATOUT FRANCE MONDE...... Fonds communs de placements DECLIC ACTIONS FRANC ..... TSDHI

QRPDVU HQGHI

E´LANCIEL FRANCE D PEA.... SPDPU

PRIDVP ISVTDPR HQGHI PTHDVU HQGHI

3615 BNP ´ QWDUU

IQTUDHI HQGHI

ATOUT FUTUR C ...... ACTILION DYNAMIQUE C * . PHVDRH ´ DECLIC ACTIONS INTER......

VQIDIT HQGHI

ELANCIEL EURO D PEA...... IPTDUI

IRQUDRH HQGHI PIWDIQ ´ RHIDTR HPGHI (2,21 F/mn) TIDPQ IQIUDPW HQGHI

08 36 68 17 17 ATOUT FUTUR D...... ACTILION DYNAMIQUE D *. PHHDVP ´ DECLIC BOURSE PEA ...... PTIDPH HQGHI

´ EMERGENCE E.POST.D PEA. QWDVP IPVDUQ VRRDRI HQGHI IIVDSQ HPGHI

´ ´ IVDHU

STRDIP HQGHI

ATOUT SELECTION ...... ACTILION PEA DYNAMIQUE VT DECLIC BOURSE EQUILIBRE

ISVHQDQV HQGHI

´ PRHWDPI ´ USVDQS HQGHI

BNP MONE COURT TERME . GEOBILYS C ...... IISDTI

QQSDIW PIWVDUH HQGHI IISDIP HPGHI

´ ´ IUDSS IPQUDPU HQGHI

COEXIS ...... ACTILION EQUILIBRE C * .... IVVDTP DECLIC OBLIG. EUROPE......

VTVSIDVT HQGHI ´ IQPRHDRV

TWUDSR HQGHI

BNP MONE PLACEMENT C.. GE´OBILYS D...... IHTDQR

QHURDHI HQGHI ` RTVDTQ PHH HPGHI

DIEZE ...... ´ ´ QHDRW IIVPDUT HQGHI

ACTILION EQUILIBRE D *.... IVHDQI DECLIC PEA EUROPE ......

UUVRRDWI HQGHI ´ IIVTUDQV

IQHDVT HQGHI

BNP MONE PLACEMENT D.. INTENSYS C...... IWDWS

TQPDVV RISIDRP HQGHI SHUDVR HPGHI

EURODYN...... ´ UUDRP IIRHDVR HQGHI

ACTILION PRUDENCE C *.... IUQDWP DECLIC SOGENFR. TEMPO ..

WVTVQPDSQ HQGHI ´ ´ ISHRRIDTS

IIQDTV HQGHI

BNP MONE TRESORERIE ..... INTENSYS D...... IUDQQ

IRIDIP WPSDTW HPGHI RQVQDVQ HPGHI

INDICIA EUROLAND...... TTVDQI IHVVDRQ HQGHI

ACTILION PRUDENCE D * ... ITSDWQ SOGINDEX FRANCE C ......

ITTDVS IHWRDRT HQGHI

ITHWDIW HQGHI

BNP OBLIG. CT ...... KALEIS DYNAMISME C...... PRSDQP

RVIDQU QISUDSV HPGHI FFFF FFFF

INDICIA FRANCE...... FFFF IRTHDHQ HPGHI

INTERLION...... PPPDSV ......

QRDTR PPUDPP HQGHI

ISTSDHS HQGHI

BNP OBLIG. LT...... ´ KALEIS DYNAMISME D ...... PQVDSW RSDUI PWWDVR HQGHI

FFFF FFFF

INDOCAM AMERIQUE...... FFFF UQPDUH HQGHI

LION ACTION EURO...... IIIDUH ......

IRVDIQ WUIDTU HQGHI

THPDIU HQGHI

BNP OBLIG. MT C...... KALEIS DYNAMISME FR C ... WIDVH

PHDWI IQUDIT HQGHI

FFFF FFFF

INDOCAM ASIE ...... FFFF UQVDPV HQGHI

LION PEA EURO...... IIPDSS ...... WHVDVQ HQGHI

IQVDSS ´ IQUSDRV HQGHI

BNP OBLIG. MT D...... KALEIS EQUILIBRE C...... PHWDTW

IUIDWI IIPUDTT HQGHI

FFFF FFFF

INDOCAM MULTI OBLIG...... FFFF

IIUSDHV HQGHI

IUWDIR ´ IQQPDSI HQGHI

BNP OBLIG. SPREADS...... KALEIS EQUILIBRE D ...... PHQDIR

QRDIH PPQDTV HQGHI

FFFF FFFF

INDOCAM ORIENT C...... FFFF

IPRTHDHQ HQGHI

´ IVWWDSP ´ ´ ´ IPSQDTH HQGHI

BNP OBLIG. TRESOR...... KALEIS SERENITE C ...... IWIDII

QHDQV IWWDPV HQGHI FFFF FFFF

INDOCAM ORIENT D ...... FFFF

IPIIDVI HQGHI

Fonds communs de placements KALEIS SE´RE´NITE´ D...... IVRDUR

ITTDUP IHWQDTI HQGHI

FFFF FFFF

INDOCAM JAPON...... FFFF IUSDHI HQGHI

CM EURO PEA ...... PTDTV ......

STTDTP HQGHI

KALEIS TONUS C...... VTDQV

IISWHDTQ HQGHI

BNP MONE´ ASSOCIATIONS . IUTTDWV QQRDTU PIWSDPW HPGHI

FFFF FFFF

INDOCAM STR. 5-7 C ...... FFFF RSDTS HQGHI

CM EUROPE TECHNOL...... TDWT ......

UIQDWR HQGHI

OBLITYS D ...... IHVDVR

PPHDII IRRQDVQ HPGHI FFFF FFFF

INDOCAM STR. 5-7 D...... FFFF PVSDPI HQGHI

CM FRANCE ACTIONS...... RQDRV ......

QPTDQR HQGHI

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT PLE´NITUDE D PEA...... RWDUS

WUDPH TQUDSW HQGHI

FFFF FFFF

OBLIFUTUR C...... FFFF PRWDIQ HQGHI

CM MID. ACT. FRANCE...... QUDWV ......

ITSUIDWU HQGHI

POSTE GESTION C...... PSPTDQV

VQDTT SRVDUU HQGHI

FFFF FFFF

www.bpam.fr 08 36 68 22 00 (2,23 F/mn) OBLIFUTUR D ...... FFFF

PPUVDRH HQGHI

CM MONDE ACTIONS ...... QRUDQR ......

ISIVTDSP HQGHI

POSTE GESTION D...... PQISDIU

IUPDVS IIQQDVP HQGHI

FFFF FFFF

REVENU-VERT ...... FFFF

PIHQDUP HQGHI IHQDWV TVPDHT HQGHI

BP OBLI CONVERTIBLES...... QPHDUI CM OBLIG. LONG TERME.... ` ...... RSHSQDRP HQGHI

POSTE PREMIERE ...... TVTVDQS

TRDII RPHDSQ HQGHI

FFFF FFFF

UNIVERS ACTIONS...... FFFF

IHRDUV TVUDQI HPGHI PQQDIQ HQGHI

BP OBLI HAUT REND...... CM OPTION DYNAM...... QSDSR ` ...... PTURPQDPR HQGHI

POSTE PREMIERE 1 AN...... RHUTVDRI

RIDWR PUSDII HQGHI

FFFF FFFF

UNIVERS-OBLIGATIONS...... FFFF

SWSDTU HPGHI ´ ´ WHDVI ´ QTQDPH HQGHI

BP MEDITERRANEEDEV...... CM OPTION EQUIL...... SSDQU ` ...... SUTIRDPV HQGHI

POSTE PREMIERE 2-3...... VUVQDPR

FFFF FFFF

´ FFFF ITVDHU IIHPDRU HPGHI IHRIDHU HQGHI

BP NOUVELLE ECONOMIE... CM OBLIG. COURT TERME.. ISVDUI ......

SUQDHR HQGHI

Fonds communs de placements PRIMIEL EUROPE C ...... VUDQT

FFFF FFFF FFFF

SHDPS QPWDTP HQGHI PISHDRP HQGHI

BP OBLIG. EUROPE...... QPUDVQ ...... TQUDVS HPGHI WUDPR CM OBLIG. MOYEN TERME.

SIRIDVS HQGHI

ATOUT VALEUR ...... REVENUS TRIMESTRIELS..... UVQDVU

FFFF FFFF FFFF

TSIQRUDTT HQGHI

´ ´ WWPWUDQI ......

IHUSDWU HQGHI BP SECURITE ...... ITRDHQ

PHWTDSU HPGHI QIWDTP CM OBLIG. QUATRE ......

IIVQDHV HQGHI

INDOCAM VAL. RESTR...... THE´SORA C...... IVHDQT

FFFF FFFF FFFF

IIPIDHQ HQGHI

EUROACTION MIDCAP ...... IUHDWH ...... SPDHQ QRIDPW PWGIP

IHHIDVR HQGHI

MASTER ACTIONS...... Fonds communs de placements THE´SORA D...... ISPDUQ

FFFF FFFF FFFF

VQTDIS HQGHI

FRUCTI EURO 50...... IPUDRU ...... PWDWS IWTDRT PWGIP

PWWUPRDTT HQGHI

MASTER OBLIGATIONS...... ´ TRE´SORYS C...... RSTWPDUQ IPSDRP HQGHI

CM OPTION MODERATION. IWDIP

FFFF FFFF FFFF

TURDIQ HQGHI

FRUCTIFRANCE C ...... IHPDUU ......

PIDQI IQWDUV HPGHI

PQSIDWQ HQGHI

OPTALIS DYNAMIQ. C...... SOLSTICE D ...... QSVDSS

FFFF FFFF FFFF

PQHPDHP HQGHI

FRUCTIFONDS FRANCE NM QSHDWR ...... IQRDHV HPGHI

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IQHDVT HPGHI

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IPPDRH HPGHI

OPTALIS E´QUILIB. D...... IVDTT ´

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AMERIQUE 2000...... IRUDQH

SIWDSV HQGHI

DE´DIALYS MULTI-SECT...... UWDPI FFFF FFFF

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NORD SUD DEVELOP. C...... RWIDIV ...... IPPDTH HPGHI

OPTALIS EXPANSION C ...... IVDTW

RTVDVV HQGHI

ASIE 2000 ...... UIDRV

TTVDPW HQGHI

DE´DIALYS SANTE´ ...... IHIDVV

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NORD SUD DEVELOP. D ...... QWVDTU ...... IPIDUS HPGHI

OPTALIS EXPANSION D...... IVDST ITVVDVW HQGHI

NOUVELLE EUROPE...... PSUDRU

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DE´DIALYS TECHNOLOGIES.. TTDUQ

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´ ´ ´ ...... FFFF IITDUT HPGHI

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IHSDSR HPGHI

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PIUPVDQI HQGHI

08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) SAINT-HONORE´ CAPITAL D QQIPDRT

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RWUDWR HPGHI

PACTE SOL. LOGEM...... USDWI

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ST-HONORE´ CONVERTIBLES QQQDTI

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QWIDPI HQGHI

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PACTE SOL.TIERS MONDE ... VHDUV ´ RPUDHW HQGHI

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´ PIDVQ POSTE PREMIERE 8 ANS D ..

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UNIVAR D...... IVQDSH WUVDTP HQGHI

ST-HONORE´ TECH. MEDIA.. IRWDIW

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´ ST-HONORE VIE SANTE...... RHIDUW SG ASSET MANAGEMENT QRWDHQ HQGHI

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ECUR. DYNAMIQUE DPEA...... FFFF

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QWDTP PVGIP

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RISDTS PUPTDRW HQGHI ISUDPP IHQIDQH HQGHI PTUDHR HQGHI ´ RHDUI

QSDVS PQSDIT HQGHI FFFF FFFF ECUR. EXPANSIONPLUS C ... CIC EPARCIC ...... WEB INTERNATIONAL...... CADENCE 1 D ...... FFFF

ITVDSH IIHSDPW PWGIP ISSDIR IHIUDTS HQGHI RPIDQW HQGHI ´ TRDPR

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QWDQT PSVDIV PVGIP ISQDSV IHHUDRP HQGHI IRPQDVP HQGHI ´ ´ PIUDHT FFFF FFFF

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IRSRUDPW HQGHI IRPUDRU WQTQDSW PVGIP USPUDQI RWQUSDWP HPGHI PUUDQP IVIWDIH HQGHI GE´OPTIM C...... PPIUDUP MENSUELCIC ...... STRATE´GIE CAC...... SE´LECT DYNAMIQUE C...... LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 21 (Publicité) LeMonde Job: WMQ0501--0022-0 WAS LMQ0501-22 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0263 Lcp: 700 CMYK

22 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001

MODES DE VIE Les adeptes siques et mentales – semblent plus ils suivent les conférences et conditions de vie (Credoc), estime REMARQUE qu’avec la mode zen on des pratiques qui proposent un enri- nombreux en France. b À LA RE- achètent des manuels qui vantent la qu’il faut effectuer une distinction assiste « à un passage conceptuel chissement de la personne – de la CHERCHE d’une forme d’harmonie pensée positive. b ROBERT ROCHE- entre « les pratiques (le yoga, la mé- fondamental et extrêmement du- séance de yoga à la méditation en que le modèle occidental semble au- FORT, directeur du Centre de re- ditation, etc.), qui sont le fait d’une rable qui augure d’une autre façon passant par diverses pratiques phy- jourd’hui incapable de leur apporter, cherche et de documentation sur les minorité, et la consommation ». b IL de vivre la consommation ». La voix du zen se fait entendre au royaume de la consommation S’adonner aux délices d’une retraite spirituelle dans un centre yogi ou consommer des produits estampillés zen : même si la pratique reste encore en France le fait d’une minorité urbaine, ce courant de pensée semble introduire une rupture fondamentale dans les mentalités LES MAINS TENDUES vers le cette tendance auprès d’un public nous sommes trop rationalistes pour y ciel, les jambes légèrement fléchies, plus large. adhérer totalement ». Ideo fait signe à ses élèves de re- De Salons en séminaires ou Hélène Weber, consultante en dresser la tête et le buste. Il corrige conférences (Médecine douces et feng shui à Paris (l’art des énergies leurs mauvaises habitudes, celles Marjolaine attirent à eux deux positives dans l’habitat), confirme qui nous font parfois courber le dos 100 000 visiteurs et l’on recense cette méfiance des Français à l’égard et rentrer les épaules. Il est ce que 300 conférences par mois à Paris des pratiques orientales, souvent mal l’on appelle un sensei, c’est-à-dire autour du zen), de romans new age perçues dans le monde des affaires. un maître de yoga. (L’Alchimiste de Paulo Coelho a at- « Je consulte de grandes entreprises L’homme est robuste et ne teint les 800 000 exemplaires) en françaises mais toutes refusent que je montre pas les signes de sa cin- livres d’enseignement ou essais phi- révèle leur identité, dit-elle, de crainte quantaine. « L’exercice me permet losophiques (Le Guide illustré du de paraître ridicules aux yeux des de rester toujours jeune. Chaque jour, feng shui de Lilian Too, 3 millions concurrents ou des salariés. » je fais travailler le corps et l’esprit d’exemplaires) la nébuleuse du zen Plus décontractés, les grands pa- pour faire passer l’énergie », dit-il en séduit de plus en plus de Français, trons britanniques ne s’en cachent figurant un huit autour du corps attirés par un discours efficace et pas : celui d’Orange, la compagnie formant le passage imaginaire du ki rassurant. téléphonique rachetée par France Té-

(terme qui désigne l’énergie). Ideo CHRISTOPHE BRUNCK/AGNÈS lécom, confie à la presse nationale sa est japonais et tient un petit restau- MAUX COURANTS passion pour le feng shui. Et, tou- rant de sushis à Paris, baptisé Wada Quelles que soient les pratiques France, mais des agences proposent L’éditeur Guy Trédaniel, pionnier couvre le top model Christy Turling- jours selon la presse britannique, ce- (la paix). Confidentiel, voire secret, (feng shui, yoga, shiatsu, qi gong, des séjours dans le Massachusetts, sur le marché du « livre zen » ton, elle-même adepte du hatha lui de British Airways aurait dépensé l’endroit attire pourtant une clien- ayurveda), toutes proposent un en- au Kripalu Center, le plus grand (20 millions de chiffre d’affaires et yoga depuis douze ans (une forme en 1997 250 millions de livres tèle nombreuse, informée par le richissement de la personne en pro- centre de yoga des Etats-Unis une croissance de 20 % par an de- de yoga plutôt physique), en posi- (2,5 milliards de francs) pour la re- bouche-à-oreille. Au fond de sa cui- mettant de combattre « les énergies (www.kripalu.org) ou au Baronbap- puis cinq ans) constate chez ses lec- tion de méditation avec ce message construction de son siège aux sine, on trouve affichés des mots de négatives ». Angoisse, stress, déva- tiste (www.baronbaptiste.com). teurs un désir de « vivre autre- sans équivoque : « Ecoutez votre normes feng shui. remerciements, ceux de Vanessa Pa- lorisation de soi sont les maux les Ainsi, à côté de pratiques quoti- ment ». « Ils sont déçus par la cœur et libérez votre esprit. » Au-delà de l’exploitation commer- radis ou encore de Luc Besson ve- plus courants que l’on retrouve ci- diennes consistant le plus souvent à politique et ne croient plus au pouvoir Plus connue des Français, la ciale d’une philosophie et d’un art de nus ici trouver un peu de calme et tés dans les brochures vantant les apprendre par soi-même à travers des institutions pour changer les marque de l’activiste « éthique » et vivre, le zen cristallise les contradic- d’anonymat pour un dîner en ville mérites d’une vie zen. Mais ce seul les livres, un club de sport ou une choses. Ils se tournent vers le zen. milliardaire Anita Rodrigue, The tions d’une société de consomma- loin des cantines en vogue. facteur ne suffit pas à expliquer association de quartier, s’ajoute un Parce que cette pensée positive leur Body Shop, n’est pas en reste sur ce tion qui se cherche à nouveau, avec Les adeptes du zen, à travers la l’engouement pour des activités autre facteur, plus culturel, expli- permet de transformer leur vie au créneau. Ses kits « bienfait de l’es- le risque de s’enfermer dans un ul- diversité des pratiques et des parfois contraignantes. quant cette tendance. quotidien. Ce n’est pas une mode, prit » (Ayurveda Life Wisdom) ou time paradoxe. A trop vouloir encou- croyances, disent le plus souvent re- Selon le magazine américain W, « Il existe une demande idéolo- mais une tendance lourde. » ses produits de bains Spirit Lifter rager les modes et celle du zen en chercher « une forme d’harmonie » bible de la mode, les retraites et les gique chez un nombre croissant d’in- surfent aussi sur la vague zen, rivali- particulier, la mode elle-même se que le monde occidental semble au- week-ends dans des « camps de dé- dividus, constate Michel Lacroix, au- MARCHÉ RENTABLE sant d’intelligence et de sophistica- trouverait ainsi prise au piège de son jourd’hui incapable de leur appor- conditionnement » à la vie citadine teur de l’essai L’Idéologie du New Idéologie ou mode passagère, le tion pour proposer des produits aux propre jeu, lorsque les consomma- ter. Mais à l’inverse de la révolution sont devenus un « must ». Dans ces Age (Flammarion, 1996). Le socia- phénomène né en Occident en réac- emballages attrayants. Mais «si teurs, parvenus à l’équilibre et à l’as- culturelle californienne des an- ashrams d’un nouveau genre, les lisme, le libéralisme, la rationalité tion à la société de consommation, l’offre de produits zen explose depuis cèse, se demanderont, comme dans nées 60, dont les hippies furent les objets électroniques sont le plus technocratique, la philosophie du représente désormais un marché quatre ans en France, constate Cé- une chanson d’Alain Souchon, à quoi représentants les plus radicaux en souvent interdits, et le séjour im- progrès n’emportent plus guère rentable exploité par le marketing cile Benoît, consultante chez Mar- servent « tous ces rêves qu’on nous in- rejetant le principe de l’American plique le respect quasi obligatoire l’adhésion, de sorte qu’il y a une et la publicité. Le dernier parfum de keting Intelligence, une société de flige et qui nous affligent ». way of life, on observe aujourd’hui des séances de yoga et de médita- place à prendre pour des idéologies la marque japonaise Shiseido s’ap- conseil, ce n’est pas aussi fort que une démocratisation et un essor de tion. Rien de tel n’existe encore en de substitution. » pelle tout simplement Zen. On y dé- dans le reste de l’Europe parce que B. Dan.

TROIS QUESTIONS À... et un engagement, les Français Je ne le crois pas, parce qu’il ré- conservent une approche plutôt vèle bien plus qu’une simple aspira- ROBERT ROCHEFORT consumériste. tion au bien-être et à l’équilibre in- térieur. Ce qui est en jeu, c’est le En tant que directeur du Centre Voulez-vous dire qu’en France le passage de l’individu à la personne. 1 de recherche et de documenta- 2 zen sert surtout à stimuler les C’est-à-dire que nous entrons dans tion sur les conditions de vie (Cre- ventes ? une société plurielle, où les logiques doc), observez-vous une véritable Je veux simplement distinguer d’appartenance sont multiples. Cha- « tendance zen » en France au- entre les pratiques (le yoga, la médi- cun fait son marché dans des jourd’hui ? tation, etc.), qui sont le fait d’une cultures différentes, et le zen fait Il y a effectivement un courant minorité, et la consommation. Je ne partie de ces nouveaux courants. zen, mais qui ne se traduit pas forcé- suis pas sûr qu’il y ait aujourd’hui Dans cette société, les consomma- ment par une augmentation des plus d’adeptes du zen qu’il y a dix teurs privilégient leur projet person- pratiques. C’est dans la consomma- ou vingt ans, car la pratique est nel. Le problème n’est plus de fabri- tion que cette tendance s’affirme le contraignante. On ne trouve pas, quer de la différence, mais de mieux. Elle concerne par exemple comme à San Francisco, des cen- séduire dans la recherche d’équi- les lieux de distribution. C’est le cas taines de personnes faisant du taï- libre. Voilà pourquoi aujourd’hui le des boutiques Nature et découverte, chi le matin dans les parcs. D’ail- zen est très porteur. Ce n’est pas un qui ont conçu un espace de vente en leurs, il y a une ambiguïté dans la fa- hasard si ce sont d’abord les fonction d’un imaginaire zen et du çon de vendre les produits zen : la marques de cosmétiques qui s’en produit lui-même, par exemple les publicité communique sur la valori- sont emparées. Elles parlent directe- cosmétiques et les parfums. Ensuite, sation de la personne et sur le béné- ment à la personne. Avec le zen, on il y a des gisements de produits zen, fice. Or les principes philosophiques assiste à un passage conceptuel fon- comme les bougies d’intérieur ou le de l’enseignement zen sont à l’op- damental et extrêmement durable, mobilier. Enfin, la publicité a récupé- posé : ils supposent l’abandon de qui augure d’une autre façon de ré les codes du zen pour créer un soi. vivre la consommation. univers spirituel autour des produits. Mais, à l’inverse des Etats-Unis, où la Le phénomène pourrait-il s’es- Propos recueillis par tendance s’appuie sur des pratiques 3 souffler ? Bruno Danto

Guide des principales pratiques Techniques de mobilisation de l’énergie interne (chi), fondées sur la b Yoga « science de la vie ». Selon les respiration et le mouvement des Technique de méditation et de enseignements, la bonne santé et le mains. « Qi » signifiant l’énergie et concentration qui se propose bien-être ne sont possibles que si « gong » le mouvement. d’aider l’individu à retrouver son les trois énergies travaillent en A lire : Qi gong, voie de guérison, de essence, celle de l’univers, désignée harmonie. Or elles changent dynamisme et de santé, de Maître par les textes indiens comme la d’intensité en fonction de notre Lam Kam Chuen (Ed. Le Courrier conscience pure. Le terme « yoga » style de vie, des saisons et du du livre, 2000, 160 p., 145 F, 22,11 ¤). désigne l’unité entre le soi individuel temps. b Shiatsu (jiva) et le soi cosmique (atman). A lire : Le Livre de l’ayurveda, de Technique de massage qui consiste A lire : Les Etapes de la méditation, Judith H. Morrison (Ed. Le Courrier à effectuer des pressions (atsu) avec de Sa Sainteté le dalaï-lama du livre, 1995, 192 p., 145 F, 22,11 ¤). les doigts (shi) sur des trajets pour (Ed. Guy Trédaniel, 2000, 264 p., b Taiji quan harmoniser le flux de l’énergie 120 F, 18,29 ¤). Méditation en mouvement dont le vitale. b Hatha yoga terme signifie « boxe de l’ombre ». A lire : Le Livre complet de la Postures dynamiques et statiques Il est un antidote au stress et à la thérapie du shiatsu, de Toru ayant pour but l’entretien du corps fatigue psychique. Les mouvements Namikoshi (Ed. Guy Trédaniel, 1998, et du mental. Il aide à devenir plus de base sont conçus pour relâcher 378 p., 180 F, 27,44 ¤). fort face au stress et à la maladie. et tonifier les articulations du corps. b Feng shui Selon ses enseignements, cette Cette discipline reste l’une des plus Mélange de croyances mystiques et dernière ne serait qu’une faciles à apprendre. de sens commun, art de la perturbation de notre énergie vitale A lire : Manuel pratique de taiji circulation des énergies positives, du (prana). quan, de Maître Lam Kam Chuen yin et du yang dans l’habitat. Le A lire : Hatha yoga, de Claire (Ed. Le Courrier du livre, 1999, terme signifie « vent et eau ». Ses Truchot (Ed. Le Courrier du livre, 143 p., 139 F, 21,19 ¤). principes visent à vivre en harmonie 1996, 540 p., 220 F, 33,54 ¤). b Tai-chi avec l’environnement. Certaines b Ayurveda Gymnastique taoïste fondée sur la couleurs ou positions peuvent par Système thérapeutique traditionnel circulation des énergies, grâce à une exemple être plus ou moins de l’Inde (vieux de 5 000 ans) série de mouvements lents et précis. favorables à l’équilibre intérieur utilisant les combinaisons des trois A lire : Dynamique interne du tai-chi, dans une maison ou un bureau. énergies vitales : vata (air), pitta de Mantak Chia et Juan Li (Ed. Guy A lire : Le Guide illustré du feng shui, (feu) et kapha (eau). Le terme Trédaniel, 1999). de Lillian Too (Ed. Guy Trédaniel, sanskrit signifie littéralement b Qi gong 1998, 226 p., 98 F, 30,18 ¤). LeMonde Job: WMQ0501--0023-0 WAS LMQ0501-23 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0264 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 23

DÉPÊCHES a BASKET-BALL : Le Mans est de- Jacques Fouroux revient au cœur de la mêlée venu, mercredi 3 janvier, coleader du championnat de France Pro A avec Villeurbanne, qui compte un match en moins. Les Manceaux se L’ancien capitaine et entraîneur du XV de France est candidat à la présidence de la Fédération française sont imposés au Havre (89−86). Le Paris Basket Racing a pour sa part de rugby (FFR). « Au rugby, dit-il, j’ai tout connu, sauf le vrai pouvoir » enregistré sa 5e défaite consécutive en s’inclinant à Bourg (83−71). Au Sur les terrains, on l’avait surnommé le « petit raisons. Mais ses qualités, Jacques Fouroux les comme son fils spirituel, le lui laisserait en hé- un tour du côté du rugby à XIII, mais sans classement, l’Asvel et Le Mans Napoléon » en raison de sa taille, d’un sens employa alors à la conquête du pouvoir. Un ritage. Las, une sévère brouille vint ternir les grand succès. Aujourd’hui, escorté de Ro- (22 points) devancent Chalon de tactique étonnant et d’une évidente aptitude pouvoir dont il pensait qu’Albert Ferrasse, relations entre les deux hommes et, au mo- bert Paparemborde et de Jean-Pierre Bas- deux longueurs. au commandement. Une fois les crampons re- alors président de la Fédération française de ment de la succession, c’est Bernard Lapasset tiat, il repart à la conquête de la FFR dont le a CYCLISME : le grimpeur espa- misés, le surnom lui est resté pour les mêmes rugby (FFR), qui le présentait volontiers qui fut investi. Jacques Fouroux s’en alla faire prochain président doit être élu le 24 février. gnol de l’équipe Kelme, Roberto Heras, vingt-six ans, vainqueur du AVEC LE TEMPS, l’homme a pris (Le Monde du 19 décembre 2000). bon ménage. Il préconise l’implan- forçant la qualité de l’offre. Au- rait à la belle saison dans de grands Tour d’Espagne 2000 et 5e du Tour un peu d’épaisseur : visage et tour Il n’en fallait pas davantage pour tation d’un rugby de haut niveau jourd’hui, on s’entraîne de plus en stades devant vingt mille ou de France 2000, a signé, mercredi de taille arrondis par les ans,mais re- relancer Jacques Fouroux dans dans les grandes régions écono- plus et on joue de moins en moins », trente mille personnes « parce qu’il 3 janvier, un contrat avec l’équipe gard clair toujours aussi vif et voix sa quête présidentielle. « Au rugby, miques par la mise en place s’alarme-t-il. L’ancien président du faudra bien accroître le niveau des américaine US Postal, a annoncé le toujours aussi forte. A cinquante- j’ai tout connu, sauf le vrai pouvoir », d’équipes issues de sélections pui- FC Auch (Gers) avance le projet recettes ». porte-parole de la formation cy- trois ans, dit-il. sées dans les clubs. d’une révolution culturelle qui ins- Mais avant tout, il faut d’abord cliste, Dan Osipow. « Avec Roberto Jacques Fou- Des honneurs du XV de France « Les clubs, c’est la base de notre taurerait la sélection permanente convaincre. Jacques Fouroux et ses Heras aux côtés de Lance Armstrong, roux n’a pas dont il fut en tant que joueur le lea- rugby. Il faut s’appuyer sur eux pour des meilleurs par la promotion du colistiers en lice pour l’élection du nous avons renforcé nos chances de changé. Le der incontesté pour le deuxième alimenter ces équipes régionales qui plus grand nombre. Il prône la fin de prochain comité directeur de la FFR remporter le Tour de France pour une « petit Napo- grand chelem des Bleus dans le s’affronteraient dans une compétition la « course aux armements » et des s’y emploient. « On va essayer d’or- troisième année de suite », a-t-il sou- léon » défend Tournoi des cinq nations en 1977, relevée. Il faut multiplier le nombre de « salaires faramineux pour quelques ganiser sept ou huit réunions dans les ligné. ses convictions avant d’en devenir l’entraîneur de matchs de haut niveau, tout en ren- uns », imagine un rugby qui se joue- régions », affirme-t-il. Les révolu- a FOOTBALL : Tony Vairelles, l’at- le verbe haut et 1979 à 1988, à la descente vers l’oubli tions ne se menant pas en un jour, taquant international de l’Olym- la combativité en 1994, tandis qu’il cédait aux si- Jacques Fouroux propose des objec- pique lyonnais, a été prêté, mercre- intacte. Les batailles perdues n’ont rènes du XIII et aux chants du ma- Hausse sensible du nombre des licenciés tifs à court terme. di 3 janvier, aux Girondins de en rien entamé sa volonté et le voilà gnat de la télévision Rupert Mur- Le premier tend à imposer la te- Bordeaux jusqu’à la fin de la saison de nouveau revenu d’un exil, prêt à doch, Jacques Fouroux a La Fédération française de rugby (FFR) comptait, au 31 décembre nue d’une assemblée générale extra- 2000-2001. ferrailler, en bon Gascon qui se res- effectivement tout traversé. « Je suis 2000, 7 619 licenciés de plus qu’un an auparavant, soit 250 308 contre ordinaire qui modifierait le système a VOILE : les avaries se succèdent pecte. Jacques Fouroux reste ce ca- un enfant du“ferrassisme” », clame- 242 689, ce qui représente une hausse de près de 4 %, a indiqué un électoral. En la matière, il souhaite sur les bateaux participant à The pitaine impatient d’en découdre t-il, en reférence à l’ancien « pa- responsable de la Fédération mercredi 3 janvier. Le secteur joueurs a que les clubs élisent directement les Race. Après Playstation, Warta-Pol- dans l’attente d’un assaut dont il sait tron » du rugby français, qu’il ap- le plus fortement bénéficié de cette progression, passant dans le instances dirigeantes, en lieu et pharma devait effectuer une escale à par avance la vanité. pelle de son surnom, « Bébert la go- même temps de 210 540 à 217 404 , tandis que celui des dirigeants at- place des grands électeurs. « Si on Gibraltar, jeudi 4 janvier, pour répa- Sa dernière croisade a démarré à dasse », avec un brin de tendresse. teignait 29 176 personnes, contre 28 645 à la fin de l’année 1999. ne change pas le système électoral, on rer son matériel de transmission In- la fin du mois de novembre 2000, L’effectif féminin a lui reçu le renfort de 224 jeunes filles, ce qui le ne peut pas gagner », analyse-t-il, marsat, de même que Team-Legato, lorsque Bernard Lapasset, président « LA BISE MAFIEUSE » porte à 3 728. réaliste. Le prochain président de la pour des problèmes de grand-voile. de la Fédération française de rugby « Je l’ai revu, une fois à Agen pour Selon la FFR, « toutes les tranches d’âge jusqu’au moins de dix- FFR sera élu le 24 février 2001. Le Le trio de tête, Team-Adventure, (FFR), a convoqué l’assemblée gé- un match Agen-Auch ; il m’a fait la neuf ans enregistrent un solde positif, en particulier les moins de temps pour le candidat Fouroux Club-Med et Innovation-Explorer, a nérale élective pour le samedi 16 dé- bise. La bise mafieuse, celle qu’on fait huit ans, avec une augmentation de 2 283 licenciés ». La FFR attribue d’affûter ses arguments. commencé son parcours atlantique, cembre. Aussitôt, flanqué de ses fi- à un membre de la famille, pas celle cette naissance de vocations à « la médiatisation croissante du rugby » mais sa progression est ralentie par dèles lieutenants Robert de Judas. Celle-là, il me l’avait déjà et « aux initiatives prises pour favoriser les différentes formes de jeu ». Yves Bordenave des vents très faibles et de face. Paparemborde et Jean-Pierre Bas- faite auparavant », raconte-t-il. tiat, grognards d’un empire aux Jacques Fouroux n’aime rien tant contours incertains, Jacques Fou- que ces confrontations. Hâbleur et roux est parti en campagne, comme pugnace comme toujours, il rêve pour rajouter une ligne supplémen- désormais de débouter l’héritier de taire à la liste de ses défaites. Mais l’ancien potentat agenais. « Histoire Ce mois-ci dans « Le Monde diplomatique » : cette fois, en prélude aux joutes à de faire entendre quelques idées sur venir, Jacques Fouroux a gagné la ce que devrait être le rugby », première manche. avance-t-il. JUSTICE : Pilier ou béquille de la démocratie ? (Jean-Paul Jean) – Naissance d’une mythologie (Anne-Cécile Le 15 décembre, moins de vingt- L’ancien représentant en foie gras Robert) – Un champ d’action pour le Sud (Monique Chemillier-Gendreau) GLOBALISATION : L’«Empire», quatre heures avant ce qui aurait dû de son Gers natal, reconverti récem- être la réélection triomphale de Ber- ment dans la vente de pizzas surge- stade suprême de l’impérialisme (Toni Negri) – Irréversible, la mondialisation ? (Bernard Cassen) nard Lapasset, fonctionnaire des lées, énonce quelques recettes, AMÉRIQUE LATINE : Cultures illicites, narcotrafic et guerre en Colombie (Maurice Lemoine) – MAROC : douanes détaché auprès de la FFR, concoctées voilà une bonne dizaine le juge des référés a exigé le report d’années. Selon lui, rugby et spec- Dérive autoritaire du gouvernement (Aboubakr JamaÏ) CORÉES : Les incertitudes d’un rapprochement du scrutin « à une date ultérieure » tacle doivent définitivement faire (Selig Harrison) UNION EUROPÉENNE : L’adhésion fait peur aux Polonais (Bruno Drweski)

Dans la tourmente, le Racing CF JANVIER 2001 t 7 Pages 6 e

1 ER 200 veut encore croire à la gloire JANVI e année SAL o - 48 ER N 562 I - UNIV A LA BELLE ÉPOQUE des an- joueurs issus de l’école de rugby à VIVEND nées 80, Franck Mesnel et Eric laquelle manque encore un peu ● LA GAUCHE ISRAÉLIENNE REPREND LA PAROLEUn – prédateur Blanc faisaient le bonheur des d’assurance. Très souvent, elle a lignes arrières de l’équipe de rugby manqué la victoire d’un rien : trop à l’ère d’Internet .) du Racing club de France (RCF). de fébrilité, à certains moments ; (Page 25 Aujourd’hui, ils en sont les indis- trop d’enthousiasme, à d’autres. - 25 F pages Û UE» 32 3,81 pensables piliers. En janvier 2000, Malgré les piètres résultats, il af- taine : VIÉTIQ étropoli 28 F SO nce m uyane : : onde-diplomatique.fr LA Fra tilles/G Canada ww.m M An 160 FB US LE « À : 8 D ique : : 4,95 $ ICO emagne S Belg s-Unis ires GR les deux coéquipiers, par ailleurs firme qu’un tiers de l’équipe a le All 60 AT TA Etat 8 000 l A triche : 650 P Italie : ugal T Au spagne : 400 DR H Port DICA 50 $C E rèce : 1 : 20 D 0 FS N 5, ,90 £ G Maroc sse : 6,5 , rue Claude-Bernard, 75242 Paris Cedex 05 - w SY .-B. : 2 60 FL 8 F Sui bis UN G urg : 1 ion : 2 A. associés au sein de la société de niveau pour évoluer en première uxembo E Réun 00 F CF ensuelle - 21 L : 800 PT FA : 1 5 e 4 (Cont.) . Zone C f pag Publication m e : 4 din r tari Tunisi : voi ements prêt-à-porter Eden Park, sont de- division. Et il est « persuadé que Abonn Voyage au cœur i- venus les patrons de la section ces jeunes vont reconstruire l’his- ent mod étiquem des mes gén centre organis lture au , la ne, des ’agricu uctiviste professionnelle alors en pleine toire du club ». S’ils peuvent s’ap- de la FNSEAla dioxi remis l nt prod des ulet à les ont en ava fiance es au po scanda la fuite é la mé ural ormon fférents artout, renforc onde r uf aux h folle, di iétés. P mes et ent le m r la tourmente. Ils avaient à cœur de puyer sur son expérience, ils béné- Du bœ vache nos soc s problè largem yées su M) à la agitent ravé le sormais nt appu t, la iés (OG urs qui ont agg asse dé es se so puissan f t des pe pides, ture dép s dériv at tout- ’une ébats e rofits ra agricul ance, le syndic rôlant d ficient également de la présence d he de p nir de l’ . En Fr i sur un ). Cont stres, ne pas laisser à l’abandon le club Porto AlegreNET echerc s. L’ave ilisation is auss (FNSEA ux mini O r ur iv ma s s a RAM mmate eu de c éenne, agricole volonté rançais NACIO conso un enj e europ oitants ant ses ndicat f Par IG ns de la devenu ommun d’expl eu, dict rnier sy nt si ce de leurs amours. « Associer le Ra- dans leurs rangs du Néo−zélandais atre coi - et est ricole c ndicats du mili st le de vier diro - des qu signifi ique ag le des sy uctures SEA e 31 jan nfédéra Venus ecteurs - polit ationa des str ic, la FN lture du à la Co à ces « s t à l’ac ration n -totalité nt publ ’agricu rement mence lanète, pposen t Fédé la quasi e l’arge mbres d rticuliè cing à Eden Park, c’était assurer la Shaune Dermody. « Il est fantas- cle com ui, p qui s’o ique e de fer anne d ux cha tout pa temps. eau siè ceux q catifs » économ e main de la m ctions a isme, et le beau nouv . Tous re, arbarie éralism éficiant Les éle plural luie et E Alegre une aut tuelle b néolib s- bén tique ». stile au tout la p Porto e ou d’ n- t le indépa la sovié cipe ho ire par protection de l’image du club », ex- tique, très motivant pour le reste de manièr nt la mo refusen rizon n « à par prin uer à fa d’une critique , en « ho s un éla dicat – contin * n- tent ou e réunir comme nter, dan a- syn nne – va RNEG A sure contes e vont s ans vont te r de nov n paysa L GO uyau ? ue, olibéral 2001, d sable » qualifie ri- tio ar PAO it M.G épubliq pliquent-ils. l’équipe », se félicite Franck Mes- ation né anvier nt le aut bien d’un vé P chercha de la R tion Ldialis au 30 j ù se tie qu’il f es bases rto Que ésident nterdic 5 l o r l o pr l’i t, du 2 u Brési n pas , de jete ir (6) à P s à sur le amer enant effe u sud d (1). No teur -pouvo éleveur chérir de récl Ou, pr e ville d ondial ttle, à e contre t-ils d’ dhé- enait imales ? n du C’est que le vénérable RCF tra- nel. C’est aussi pour cela qu’il ne cett social m à Sea tabl N son rte d’a qui v ines an émotio er um me ntre . ? BIE ur ca le s far e l’ ne- 1 For er, com eurs, co Alegre ment là OM voyé le nationa otale de n otag gouver protest e et aill stres précisé ve- oir ren ration es t ment e nir du ra- pour à Pragu les désa rquoi e est de av la Fédé agricol ynique t-il obte estructu ington, alités et s le Pou to Alegr es, nt de itants uc c espérai d’une r ise, verse une période pour le moins doute pas de l’avenir et prépare la Wash s inég ut dan ue Por anné 9) re ’explo .L ublic, ment frança ices, le parto e, arce q elques n » (195 ats d ent, M p nance ovine ? injust un peu e (lir P is qu Capi- nératio Cyndic résid n du t le fi ière b nnées les t, lism epu e. Gé s p atio en fil s a voquen olibéra ). ue, d matiqu o IN.– « des à son déclar m ute la reuse es

e pro du né assen n emblé nde d R HERB EA) e sa ’abat- de to nomb ier l u C D E - l l q s excès nard e cité io Gra GUST ut légi (FNS suite d ant « tion uis de e oub difficile. Relégué en deuxième di- saison 2001-2002. Avec Eric Blanc, onde, le de Ber t positif un tat de R u Bré- AU té, ne pe , à la réclam nt le rise dep nt fair syndi- m ’article n espri e de l’E ional d e fiscali on des Guyau 2000, és ava en c , voula de son ge 4, l , dans u oser un tal s mérid entine atière d tisfacti embre ovins n nse à encore rsations halopa- pa r tenter de prop t l, le plu de l’Arg ent en m . La sa ue, en 7 nov s les b de répo Ou tergive l’encép ais pou tte fois, rmettan Su ontière Alegre s m a guise telle q de tou guise n des nces et tion de , enten- vision à l’issue de la saison 1999- ils croient au maintien et de- M uctif ce ique pe e l, à la fr Porto l que de rer à s tefois été réélu tage 96 », en xtensio sile ropaga (ESB) , constr et prat de typ si ruguay, re socia t fé est tou du PT a illet 19 par l’e sur la p bovine e lait et orique lisation , de l’U boratoi garden toyens andidat de 63 % 15 ju uscitée e ? cat iforme teur d - adre thé mondia e monde et rte de la naux re ci 00, le c c plus nique s n Franc spong produc nsif lai c ger une ’un autr t t une so ernatio ). tobre 20 irie ave la pa folle e dans thie i, le age inte 2000, il occupe actuellement la mandent que tous les respon- ’envisa rmer qu aire, es es eurs int ation (7 oc e la ma e vache oignard -il, lu r l’élev les – en d t d’affi s solid bservat fascin l tête d cas d p de p spon- dait rotége hes fol dernière place de son champion- sables de Racing club de France y l i à l nat avec dix défaites pour seule- croient avec eux. Egalement au sommaire ment deux victoires. La relégation Afrique : Spectaculaire retour de la Libye (Bruno Callies de Salies) - Pourquoi la coopération franco-africaine a est proche. « La descente serait « UN CHAMP DE RUINES » catastrophique », annonce Eric « On veut bien tout faire pour ai- échoué (Jean-Pierre Cot) Sécurité : Ce trafic «légal» des armes légères (Steve Wright) - Comment limiter la prolifé- Blanc, aujourd’hui président de la der la section rugby, à condition ration (Philippe Rivière) Asie centrale : Carnets de voyage (Bernard Chambaz) Histoire : L’Exposition colo- section rugby. qu’on ne nous mette pas des bâtons niale de 1931 (Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel) Idées : L’humanité, l’imagination et la cin- Alors, pour éviter un nouvel dans les roues, lance Eric Blanc. quième dimension (Edward Bond) Droits humains : Tout est cousu d’enfance (Claire Brisset) échec, Franck Mesnel, trente- Nous ne pouvons même pas nous neuf ans, est sorti de sa retraite appuyer sur les infrastructures du pour rejouer et aider ses coéqui- club, ce qui est un peu frustrant. » ✂ piers à surmonter cette passe déli- Et de déplorer que les rugbymen TARIFS 1 an 1 an 2 ans 2 ans ET POUR NE MANQUER AUCUN NUMÉRO, ABONNEZ-VOUS... OU ABONNEZ UN AMI ! cate. « J’espère que les jeunes sont n’ont pas accès aux installations Bulletin à renvoyer à : Le Monde diplomatique, service abonnements, sensibles à mon engagement, dit-il. ultra−modernes de La Croix-Cate- 250 F e 460 F e France 38,11 70,13 60646 Chantilly Cedex, France Tant qu’ils considèrent que ma pré- lan. « Nous n’avons pour unique (y compris DOM-TOM et pays sence est un plus, je suis prêt à leur lieu d’entrainement que le stade à accords postaux*) OUI, je souhaite m’abonner au Monde diplomatique apporter, si ce n’est mon expérience, Yves−du−Manoir, à Colombes Tarif spécial 220 F 33,54 e 375 F 57,17 e 1 an (12 numéros) 2 ans (24 numéros) en tout cas mon enthousiasme. » Et [Hauts−de−Seine], qui est un (étudiants, lycéens, chômeurs, pourtant, il reconnaît qu’il n’a ja- champ de ruines. En plein hiver, on RMistes sur présentation d’un justificatif) je souhaite abonner un ami mais été confronté à une situation n’a même pas de gymnase à notre (France métropolitaine uniquement) si difficile. « Avec Eric, confie-t-il, disposition. Nous sommes le seul Prénom : ------Nom : ______nous avons été élevés comme des club professionnel en France dans Etranger enfants gâtés. » cette situation. » Adresse : ------e e Il reste maintenant dix ren- Voie normale 305 F 46,50 565 F 86,13 CHAMPION EN 1990 contres au Racing pour tenter de (y compris Union européenne par avion) Code postal :------Ville : ------L’ancien international (57 sélec- sortir la tête de l’eau. A priori, le Voie aérienne tions) a connu la gloire lors de la club parisien dispose d’un calen- Autres pays d’Europe, Algérie, Maroc, 325 F 49,55 e 593 F 90,40 e Pays :------victoire du Racing en finale du drier plus favorable que ses deux Tunisie (sauf Union européenne, Suisse) Je joins mon règlement en francs, soit ... Je vous communique championnat de France, en 1990, à rivaux directs, Istres et Nîmes, DOM, Afrique francophone 330 F 50,31 e 618 F 94,21 e mes coordonnées l’issue d’une rencontre échevelée pour sauver sa place en deuxième contre Agen (22-12). C’est au nom division. Ce n’est qu’une fois ce sa- Etats-Unis, Canada, Moyen-Orient 350 F 53,36 e 658 F 100,31 e en euros, soit ... Je vous communique les coordonnées de mon ami de ce souvenir qu’il rêve de nou- tané maintien acquis que le club Amérique centrale, Amérique du Sud, veaux sommets pour les Ciel et parisien pourra envisager de re- Mexique, Afrique anglophone, Japon, Chèque bancaire Eurochèque Mandat international e e Blanc. « Le club n’est pas à sa place, nouer avec la gloire ou à défaut de Chine, autres pays d’Asie 395 F 60,22 748 F 114,03 Carte bancaire internationale ou American Express n° : assure-t-il. Nous avons imaginé un retrouver le plus haut niveau du TOM 410 F 62,50 e 778 F 118,61 e

programme sur trois ans pour rugby français, lui qui lui a tant ap- 101MDMQ1 Océanie, Australie, Nouvelle-Zélande 445 F 67,84 e 845 F 128,82 e rendre au club son prestige d’an- porté. *Bénin , Burkina Faso, Cameroun, Rép. centrafricaine, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, tan. » Il a pleine confiance en cette Djibouti, Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo, Tunisie Expire fin : Signature obligatoire équipe composée à 60 % de Geoffroy de Fautereau LeMonde Job: WMQ0501--0024-0 WAS LMQ0501-24 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0265 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 AUJOURD’HUI ------(Publicité) Pluie, vent et douceur 05 JANVIER 2001 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Un long ruban Poitou-Charentes, Aquitaine, vers 12h00 nuageux et pluvieux va envahir la Midi-Pyrénées. – Journée plu- France dans un flux de sud-ouest vieuse et venteuse (rafales de Peu particulièrement doux. Peu de ré- 70 km/h à 90 km/h de l’intérieur Belfast nuageux gions échapperont aux intempé- vers les côtes) en Poitou-Cha- Liverpool Dublin ries et, sur la Bretagne, ce sont 20 rentes. Les nuages apportent des Varsovie Kiev à 30 litres d’eau au mètre carré qui pluies en soirée sur une bonne Amsterdam Berlin Brèves sont attendus vendredi entre partie du Sud-Ouest. En Midi tou- éclaircies 0 heure et 12 heures. lousain, le temps reste sec par ef- Londres 50 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, fet de fœhn. Douceur, de 15 à Prague Basse-Normandie. – Il pleut fort 20 degrés. Couvert le matin, puis le ciel s’éclaircit mais Limousin, Auvergne, Rhône- Paris Strasbourg Vienne Budapest quelques averses peuvent se pro- Alpes. – Les nuages donnent fré- Brume duire. Le vent souffle à 70 km/h quemment de la pluie en Limou- Nantes Berne brouillard dans l’intérieur, 90 km/h sur les sin. L’Auvergne et Rhône-Alpes Bucarest côtes. Il fait de 12 à 14 degrés. bénéficient d’un sursis, les pluies Lyon Milan Belgrade Nord-Picardie, Ile-de-France, n’arrivant qu’en cours d’après-mi- Sofia Averses Centre, Haute-Normandie, Ar- di. La neige ne se manifeste qu’au- Toulouse Istanbul dennes. – Il pleut une grande par- dessus de 2 000 mètres. Tempéra- tie de la journée. Le vent de sud- tures de 11 à 14 degrés. Rome Pluie ouest atteint 70 km/h, parfois plus Languedoc-Roussillon, Pro- Barcelone Naples o Madrid en Manche. Il fait 10 degrés. vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. 40 Champagne, Lorraine, Alsace, – Le ciel se montre encore assez Lisbonne Athènes Orages Bourgogne, Franche-Comté. clément le matin, puis il se charge – Les pluies envahissent l’en- peu à peu, pouvant déjà donner Séville semble des régions et persistent le quelques ondées l’après-midi, sauf Tunis Neige plus souvent jusqu’en soirée. En en Languedoc-Roussillon. Le vent Alger montagne, le vent de sud-ouest est de sud atteint 70 km/h. Tempéra- sensible. Il fait environ 10 degrés. tures de 14 à 17 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 05 JANVIER 2001 PAPEETE 24/29 P KIEV -1/2 C VENISE 0/10 S LE CAIRE 13/19 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 22/29 S LISBONNE 11/17 P VIENNE 0/5 S NAIROBI 17/21 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 25/28 P LIVERPOOL 5/8 P AMÉRIQUES PRETORIA 16/31 S EUROPE LONDRES 5/9 P BRASILIA 21/30 S RABAT 11/19 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 6/11 P LUXEMBOURG 4/8 P BUENOS AIR. 23/36 S TUNIS 11/19 S FRANCE métropole NANCY 5/11 P ATHENES 9/16 S MADRID 6/14 P CARACAS 21/27 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 9/17 S NANTES 8/13 P BARCELONE 10/16 S MILAN 1/7 C CHICAGO -6/1 S BANGKOK 21/31 S BIARRITZ 13/18 P NICE 8/15 N BELFAST 2/4 S MOSCOU -5/-4 C LIMA 19/22 C BEYROUTH 13/18 C BORDEAUX 9/14 P PARIS 6/12 P BELGRADE 4/7 C MUNICH 1/5 S LOS ANGELES 10/19 C BOMBAY 17/30 S BOURGES 7/12 P PAU 6/17 C BERLIN 2/6 S NAPLES 10/16 S MEXICO 6/21 S DJAKARTA 27/31 S BREST 6/12 C PERPIGNAN 6/16 C BERNE 2/10 C OSLO -5/0 * MONTREAL -16/-3 * DUBAI 16/24 S CAEN 6/10 P RENNES 7/13 P BRUXELLES 6/11 P PALMA DE M. 10/19 S NEW YORK -6/3 P HANOI 19/22 C CHERBOURG 4/11 P ST-ETIENNE 6/11 P BUCAREST -6/3 C PRAGUE 0/3 S SAN FRANCIS. 7/14 S HONGKONG 17/22 S CLERMONT-F. 7/13 P STRASBOURG 5/11 P BUDAPEST 1/4 C ROME 9/16 S SANTIAGO/CHI 13/29 S JERUSALEM 9/17 S DIJON 6/11 P TOULOUSE 6/16 C COPENHAGUE 2/6 C SEVILLE 14/17 C TORONTO -7/-2 C NEW DEHLI 6/18 S GRENOBLE 3/11 C TOURS 7/12 P DUBLIN 2/4 S SOFIA -5/3 C WASHINGTON -5/2 C PEKIN -9/2 S LILLE 5/11 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 1/8 P ST-PETERSB. -2/0 C AFRIQUE SEOUL -9/-4 S LIMOGES 7/11 P CAYENNE 23/25 P GENEVE 4/6 P STOCKHOLM 1/3 C ALGER 10/20 S SINGAPOUR 25/30 S LYON 7/13 C FORT-DE-FR. 23/29 S HELSINKI 1/2 C TENERIFE 12/17 S DAKAR 21/27 S SYDNEY 22/30 S MARSEILLE 8/17 N NOUMEA 24/29 C ISTANBUL 9/11 S VARSOVIE -2/2 C KINSHASA 21/28 S TOKYO 3/8 S Situation le 4 janvier à 0 heure TU Prévisions pour le 6 janvier à 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES a SIÈGES FRANÇAIS. Les cent Des tankas tibétains exposés à Paris vingt antiquaires du Salon de Bor- deaux 2001 donnent la vedette au siège français, dont toutes les va- AU MÊME TITRE que la sta- dhiques venus d’Inde et du réper- encore confidentiels, mais sûre- dhisme tibétain, les formes irritées trois yeux à l’expression colérique riantes seront exposées. De l’esca- tuaire ou l’architecture, les tankas, toire spécifiquement tibétain. Réa- ment aussi grâce aux efforts du da- des divinités paisibles sont repré- surmonté d’une tiare formée de belle gothique au pouf capitonné peintures sacrées du Tibet, font lisés en grand nombre au cours laï-lama pour faire connaître la sentées par des êtres effrayants en- cinq crânes séchés (XIXe, 15 000 F, du XIXe siècle, chaque époque sera partie des grandes expressions ar- des siècles, les tankas se dis- culture de son pays. veloppés d’un halo de flammes me- 2 290 ¤). représentée, à côté des meubles et tistiques du bouddhisme. Peints tinguent par une précision linéaire Datés des XVIIe, XVIIIe et naçantes et tenant apparemment Du côté des divinités paisibles, le des objets classiques. Du samedi 6 sur soie ou sur coton, ils symbo- étonnante, qui permet de repro- XIXe siècles, des tankas peints sont plus du démon que de l’ange. Ils bouddha Manjushri symbolise l’in- au dimanche 14 janvier, de 10 à lisent des concepts spirituels, ex- duire les plus infimes détails. Ils se exposés à Paris à la galerie Toit du apparaissent ainsi pour aider les fi- telligence, la sagesse et la puissance 19 heures, le 10 jusqu’à 23 heures. primés par la représentation de di- divisent en plusieurs catégories : monde, spécialiste de l’Extrême- de l’esprit. Il est représenté comme Entrée : 35 F (5,34 ¤). vinités et de leurs attributs. les plus courants sont peints, cer- Orient, jusqu’au samedi 20 janvier. un jeune homme faisant le geste de a RECORDS. Lors des ventes de Fourmillante et colorée, leur tains sont brodés ou appliqués de Leurs prix varient selon la qualité, Peints sur soie ou l’enseignement, tenant un livre et prestige organisées à l’Hôtel iconographie, qui correspond à soie de différentes couleurs, les la rareté du sujet représenté, l’an- une épée (XVIIIe, 50 000 F, 7 620 ¤). George-V par l’étude Tajan, s’est des canons extrêmement précis, plus beaux rehaussés de fil d’or ou cienneté, l’état de conservation et sur coton, les tankas Egalement paisible, Lokesvara, sei- vendu le meuble le plus cher de est issue d’une tradition plus que d’argent, d’autres imprimés. les dimensions. Les exemplaires gneur de la compassion, entend les l’année 2000. Adjugée 23 millions millénaire, remontant à l’introduc- Ils intéressent aujourd’hui les proposés ici sont annoncés entre symbolisent des supplications du monde des vi- de francs (25 millions de francs tion du bouddhisme au Tibet en Occidentaux, phénomène qui s’est 6 000 F et 80 000 F (915 et 12 200 ¤). vants. frais compris, respectivement 3,5 l’an 640. amplifié ces dernières années en Un des plus beaux figure la divi- concepts spirituels, C’est une des déités les plus po- et 3,8 millions d’euros) le 20 dé- Ce renouveau religieux engen- partie à cause de l’évolution du nité Vajrakila, « aspect irrité » de pulaires du Tibet, où il est figuré cembre, cette paire de cabinets, dra la création d’un art original, marché de l’art, qui pousse sur le Vajrasattva, sur fond noir (XVIIe, exprimés par sous différentes formes avec cha- dans le goût de Boulle, a été réali- synthèse des éléments boud- devant de la scène les rares objets 80 000 F, 12 200 ¤). Dans le boud- cune leur nom. On le voit ici sous sée à l’époque Louis XVI par la représentation les traits de Tchenrézi à quatre Etienne Levasseur, spécialiste de bras, tenant un lotus et un rosaire ce type de marqueterie à fond Calendrier (Haute-Savoie), disques et samedi 6 et dimanche 7 janvier, de divinités de cristal (XVIIIe, 7 500 F, 1 145 ¤). d’ébène ou d’écaille agrémentée bandes dessinées, samedi 6 et tél. : 02-37-43-58-26. Symbolisée par une jeune femme de motifs en laiton. Le même jour, COLLECTIONS dimanche 7 janvier, b Le Mans (Sarthe), séduisante, la Prajnaparamita est mais à Drouot, la commode la b Les Vans (Ardèche), bourse tél. : 02-38-30-45-02. samedi 6 et dèles à écarter les obstacles spiri- en fait la sagesse transcendante du plus chère de l’année a obtenu aux jouets (au profit des dimanche 7 janvier, tuels qu’ils rencontrent. Bouddha (XVIIIe, 6 000 F, 915 ¤). 20 millions de francs (22,15 mil- enfants démunis), samedi ANTIQUITÉS-BROCANTE tél. : 02-43-86-66-25. Dans ce groupe, la déesse Palden lions de francs avec les frais, res- 6 janvier, b Segonzac (Charente), b Paris, porte d’Auteuil, Lhamo est une des grandes déités Catherine Bedel pectivement 3,05 et 3,38 millions tél. : 04-75-94-99-55. samedi 6 et dimanche 7 janvier, samedi 6 et dimanche 7 janvier, féminines du Tibet, protectrice par- d’euros). Il s’agit d’un modèle de b Roubaix (Nord), disques tél. : 05-57-43-97-93. tél. : 01-45-89-32-07. ticulière de la ville de Lhassa et du ૽ Tankas tibétains, galerie Toit du l’ébéniste du XVIIIe siècle Jean- et bandes dessinées, samedi b Chartres (Eure-et-Loir), b Monaco, Monte-Carlo, dalaï-lama (XVIIIe, 50 000 F, monde, jusqu’au samedi 20 jan- François Leleu, de style Transi- 6 janvier, samedi 6 et dimanche 7 janvier, du samedi 6 7 620 ¤). Egalement irrité, le protec- vier, 6, rue Visconti, 75006 Paris, tion, à décors de marqueteries re- tél. : 03-20-13-09-38. tél. : 02-37-43-58-26. au dimanche 14 janvier, teur Vajrapani est représenté avec tél. : 01-43-54-27-05. Du mardi au haussées de bronzes dorés (Etude b Evian-les-Bains b Dreux (Eure-et-Loir), tél. : 00-377-97-98-50-00. un corps bleu nuit et un visage à samedi, de 13 heures à 19 heures. Piasa).

Retrouvez nos grilles PROBLÈME N° 01 - 004 o MOTS CROISÉS sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION N 203 En collaboration avec

123456789101112 Lavande et valériane. Règle sur table. - 9. Ville de Roumanie. Il Miroir, mon beau miroir... I faut un plan pour l’aménager convenablement. - 10. Grandes et LA HAUTE-NORMANDIE « Nusch au miroir » (1938), II maigres. Relève les plats plats. - 11. consacre plusieurs expositions au de Man Ray (1890-1976). Préposition. Joue avec les mots. - 12. thème du miroir, expositions Epreuve aux sels d’argent, III Leur bavette protège les travailleurs. qu’accompagnent des confé- 11,1 × 7,4 cm. Saint-Denis, rences, concerts, spectacles de Musée d’art et d’histoire. IV Philippe Dupuis danse et projections de films. Au Au Musée des beaux-arts Musée des beaux-arts de Rouen, de Rouen pour l’exposition V SOLUTION DU N° 01 - 003 le visiteur est accueilli dans le Jar- « A travers le miroir, din des sculptures par une magni- de Bonnard à Buren » VI Horizontalement fique installation conçue par Paul jusqu’au 21 janvier. Buren pour l’occasion : Couvrir, VII I. Reproducteur. - II. Ecouvillon. - Recouvrir, Entrouvrir, Découvrir. III. Bulbes. Or. Ac. - IV.Amie. Tenture. Les œuvres proposées, peintures, VIII - V. Ré. Norme. Non. - VI. Buis. Ai. photographies, sculptures, instal- Vins. - VII. Aso. Pignes. - VIII. Te. lations, sont présentées dans l’une IX Patron. Ru. - IX. Durée. Iaur (ruai). - des quatre rubriques de l’exposi- X. Florissantes. tion : « Miroir et féminité », « Mi- X roir et autofictions », « Le Miroir, Verticalement objet de spéculation » et « Le Mi-

roir, outil d’appropriation de l’es- D’ART ET D’HISTOIRE MUSÉE SAINT-DENIS, HORIZONTALEMENT Personnel. Mesure qui a pris de la 1. Rébarbatif. - 2. Ecumeuse. - 3. pace ». hauteur. - X. Particulièrement Poli. Io. Do. - 4. Rubens. Pur. - 5. Ove. Nusch au miroir trouve naturel- numéro paru de Dada à New York, côté de sa pratique photogra- I. Libère les bras du voyageur. - importantes. Pari. - 6. Distraites. - 7. Ul (lu). lement sa place dans la première en 1921. C’est Marcel Duchamp phique – il est l’inventeur du rayo- II. Vue d’ensemble. Transforma en Emigrés. - 8. Clone. Nô. - 9. Tort. d’entre elles. Son auteur, Emma- qui le persuade de s’installer à Pa- gramme et de la solarisation –, arc-en-ciel. - III. Marqués pour la VERTICALEMENT Venin. - 10. En. Unis. At. - 11. Aron. nuel Rudnitsky, dit Man Ray, a ris, où il fréquente le milieu artis- Man Ray est également cinéaste. vie. Grande réunion. - IV. Voyage en Rue. - 12. Recenseurs. rencontré Marcel Duchamp à New tique de Montparnasse et réalise En 1928, il réalise L’Etoile de mer, territoire interdit. Compétition en 1. Marquages du temps qui passe. York en 1915, édité avec lui le seul des portraits de l’intelligentsia. A sur un poème de : terrain accidenté. - V. Pour faire - 2. Crée le mouvement dans l’œil. court… dans toute sa longueur.Voleuse Mesures à prendre sur le champ. - – Guillaume Apollinaire ? et bavarde une fois renversée.- VI.Evite 3. Qui ne dira pas tout. - 4. Réponse du jeu no 202 paru toute vulgarisation. - VII. Cran dans la Détournent les mots de leur sens. Se dans Le Monde du 29 décembre – André Breton ? ceinture. Evite les répétitions en court. lance. - 5. Mit l’euro en place. Livré 2000. Fait la liaison. - VIII. Vendu sous le aux Anglais, son port fut libéré par C’est le peintre Jacques-Louis – Robert Desnos ? manteau, il se déguste sous la Dugommier. - 6. Descendue. David (1748-1825) qui fut l’élève serviette. En hauteur, en longueur, Conjonction. Vient d’avoir. - 7. Pur, de Joseph-Marie Vien, d’abord à Réponse dans Le Monde du mais pas en largeur. - IX. Voyelles. clair et calme. - 8. Militaire américain. Paris, puis à Rome. 12 janvier. 25 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001

ENTRETIEN Isabelle Huppert re- gnon cet été et a tourné, depuis, en du Palais des papes, « un moment lyse ». b RÉVÉLÉE PAR LE CINÉMA, scène par Bob Wilson en 1993. « J’ai- prend Médée à partir du 5 janvier, à Belgique et en province. b À QUEL- intense, donc parfois inconforta- l’actrice renouait avec le théâtre en merais que le théâtre me procure au- l’Odéon - Théâtre de l’Europe. Mise QUES JOURS de la première à Paris, ble ». Elle raconte sa Médée, une 1989 avec Un mois à la campagne, tant de plaisir que le cinéma, dit-elle. en scène par Jacques Lassalle, la piè- la comédienne se souvient de ses figure « reconnaissable en chacun » puis il y eut Mesure pour mesure en (…) Au théâtre, je suis souvent plus ce avait été créée au Festival d’Avi- premiers pas dans la Cour d’honneur et à l’« incroyable capacité d’ana- 1991 et un sublime Orlando mis en dans la volonté que dans le plaisir. » Le sûr chemin d’Isabelle Huppert vers l’amour du théâtre Dans un entretien au « Monde », la comédienne, révélée par le cinéma, explique comment, par la fréquentation des plateaux, la patiente construction des personnages, elle s’est prise à aimer la scène et cette « Médée » d’Euripide, créée en juillet à Avignon et reprise à l’Odéon du 5 janvier au 10 février

LE 12 JUILLET 2000, Isabelle Hup- – Est-ce que Médée vous faisait pert créait Médée, d’Euripide, dans peur ? la Cour d’honneur du Palais des – C’est le fait de la jouer qui me papes. Le spectacle, mis en scène par faisait peur. Pas elle, sinon je ne l’au- par Jacques Lassalle, ouvrait le rais pas jouée. Médée pose d’une 54e Festival d’Avignon (Le Monde du manière immédiate la question du 14 juillet 2000). C’était la première bien et du mal qu’on peut avoir en fois qu’Isabelle Huppert affrontait la soi. Elle ne me fait pas peur parce Cour, et le plein air, l’an dernier parti- que je pense qu’aucun de nous n’est culièrement froid. Depuis, elle a joué si loin de ce qui la traverse. Médée en tournée, en Belgique et en – C’est justement pour cela France. Elle reprend son rôle à qu’elle pourrait faire peur. Et l’Odéon - Théâtre de l’Europe, où le elle est six fois meurtrière et spectacle est présenté du 5 janvier au deux fois infanticide. 10 février. A quelques jours de la pre- – Non. Une chose qu’on reconnaît mière, Isabelle Huppert raconte son ne peut pas faire peur. Et tout l’inté- voyage d’actrice, sa Médée. rêt, justement, est que Médée ne fas- « Six mois après la création de se pas peur, qu’elle soit “re- Médée, quel souvenir gardez-vous connaissable” en chacun. On sait d’Avignon ? tous qu’on n’est pas loin du passage – Le souvenir d’un moment in- à l’acte. Comme actrice, il n’y a pas tense, donc parfois inconfortable, besoin de passer par des parce que, dans l’intensité, il y a tou- constructions savantes pour accéder jours du bon et du mauvais. Ce qui à cette connaissance. C’est très pro- était bon, c’était l’aventure que repré- che, donc assez simple. Ce qui est sente le fait de jouer dans la Cour. Ce mystérieux, dans le meurtre ou l’in- qui était mauvais, c’était la peur, la fanticide, ce n’est pas le pourquoi pression qui s’exerce en si peu de mais le comment. Comment y arri- temps – on n’a joué Médée que ve-t-on ? Comment fait-on le geste ? douze fois. Il y a eu aussi les condi- – A Avignon, vous avez revendi- tions climatiques difficiles, le froid, le qué le fait de jouer Médée com- vent. Mais cela, finalement, c’était me une héroïne de fait divers plu- plutôt bien, comme une diversion. tôt que comme un personnage La dureté climatique devenait la mythique. N’est-ce pas une façon métaphore de la dureté de la pièce. de se débarrasser de la part mons- Avignon est tout de même un bon trueuse de Médée ? souvenir. – L’un n’empêche pas l’autre. Et – Est-ce que la cour vous a je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas appris quelque chose ? une part de monstre chez Médée, – Depuis Avignon, nous avons quelle que soit la manière dont on la joué le spectacle dans différents présente. Petite ou grande, my- théâtres, à Marseille, Créteil, Bruxel- C. BELLAICHE / CORBIS SYGMA thique ou ordinaire, Médée enfante les, Chalon-sur-Saône… Passer du MÉDÉE. Isabelle Huppert joue, en juillet 2000, pour la première fois dans la Cour d’honneur du Palais des papes, sous la direction de Jacques Lassalle. le monstre en elle. Je crois que la plein air à des salles fermées, et par- Elle donne à voir la part de monstre chez Médée mais aussi la femme multiple – mère, amante, sorcière, épouse, déesse et héroïne de fait divers. grande figure tragique convoque la fois petites, change tout, évidem- figure ordinaire, et inversement. La ment. Ça m’a fait mesurer que pied sur le plateau, on ressent vient vrai. J’ai franchi un pas, récem- y a le fait de goûter chaque moment. – Sauriez-vous dire où est la dif- question est : comment porte-t-on j’avais mis en place des axes de jeu immédiatement que c’est grand. ment. Au théâtre, j’ai souvent fait – L’avez-vous ressenti à Avi- férence, dans le plaisir, entre le le monstre en soi ? Comment Mé- propres à la cour, comme tous les Mais ce n’est pas démesuré. Pas du des choses qui relevaient un peu de gnon, ce plaisir du jeu ? théâtre et le cinéma ? dée accueille-t-elle le monstre en comédiens. Sur le moment, c’était tout. l’exploit physique, que ce soit Orlan- – Oui, j’ai fini par le ressentir. – Oh ! ça n’a rien à voir. J’aime- elle ? Euripide a créé une figure qui instinctif. Je n’avais pas le senti- – Le premier personnage im- do, avec Bob Wilson, ou Jeanne au Mais c’est court, douze représenta- rais que le théâtre me procure est très en avance sur les figures de ment que ça nous emmenait si loin portant que vous avez joué, dans bûcher, avec Claude Régy. Dans la tions. Le plaisir dont je parle s’ac- autant de plaisir que le cinéma. son époque : Médée est à la fois de nous que ça. Bien sûr, dans la Aloïse, le film de Liliane de Kerma- Cour aussi, il y a ce côté exploit phy- quiert tard – au bout de trente ou C’est arrivé récemment. Mais, dans son drame et à distance de son Cour, on s’éloigne un peu de la dec, disait : “Ça ne me fait pas sique qui peut faire oublier le souci quarante représentations. Peut- même au cinéma, je n’ai pas accédé drame. Elle vit une chose qui est de note intime de sa propre voix. Mais peur, une grande scène vide. Ce du détail, le plaisir du jeu, tout sim- être que si on ne fait que du théâ- au plaisir tout de suite. C’est venu l’ordre de la tragédie, c’est- à-dire ce n’est pas si inconfortable, parce n’est pas ça qui me fait peur.” plement. Quand on commence, on tre, et qu’on joue trois ou quatre plus tard. Dans le plaisir, il y a une chose annoncée, qui la dépasse, qu’on sent le public proche. La cour – Oui. J’y pense tout le temps. se dit que le principal est d’y arriver. pièces par an, il vient plus tôt. Mais l’abandon, l’oubli. Jouer, et essayer et en même temps elle en fait le n’est pas Bercy. Quand on met le C’était il y a longtemps, et ça rede- Mais il n’y a pas que ça, au théâtre. Il je n’ai pas fait tant de théâtre. de bien jouer, c’est peu à peu renon- commentaire. La pièce d’Euripide cer à une série de pauses et de pos- est écrite comme ça. Médée s’appar- tures qui sont des constructions de tient totalement. L’émotion n’est la volonté et qui vous empêchent pas l’unique colonne vertébrale du d’accéder à plus de liberté. Ces pos- personnage. Il y a aussi son incroya- tures sont parfois celles par quoi on ble capacité d’analyse qu’il me plaît plaît. Y renoncer, c’est ne plus vou- de dégager de plus en plus. loir plaire à tout prix, peut-être – Avez-vous beaucoup retra- même oublier tout à fait de plaire. vaillé, depuis Avignon ? C’est donc extrêmement difficile. – Je ne pense pas qu’on travaille, Ça ne veut pas dire qu’on n’est pas je pense qu’on est travaillé. Et ça, je bien quand on impose quelque cho- le dis depuis longtemps. Je n’ai pas se par la volonté, le contrôle ou la retravaillé Médée ; je l’ai jouée un rigueur. Mais on s’en lasse... J’ai fait certain nombre de fois. Le jeu, au un peu le tour de cette question. Au cinéma, m’évoque la musique. Au théâtre, je suis souvent plus dans la théâtre, il m’évoque la sculpture. volonté que dans le plaisir. J’en suis C’est comme une matière qui est tra- consciente. Je n’ai pas encore réussi vaillée au cours des représentations, à me débarrasser de toutes les cons- par soi, mais aussi par tous les autres tructions. Enfin, j’ai réussi à cer- comédiens, le public, la dimension tains moments, certains soirs. de la salle… Cette matière est très – Vous avez régulièrement dit mouvante, elle bouge tout le temps. être devenue actrice non pour C’est très mystérieux, le théâtre. raconter des histoires, mais pour C’est la recherche d’un point lumi- raconter votre histoire. Quelle neux, soir après soir, dans une sorte

MONIQUE RUBINEL /place ENGUERAND occupe Médée dans cette d’immense obscurité. C’est aussi 1991. MESURE POUR MESURE histoire ? être à la fois public, et privé. C’est Dans la pièce de Shakespeare mise en scène par Peter Zadek, Isabelle est Isabelle, novice – C’est vrai que j’ai longtemps une représentation du monde et, en à qui un magistrat, séduit par sa grande beauté, propose d’échanger sa virginité contre la vie dit ça. Mais je n’ai plus envie de le même temps, l’envers du monde. de son frère, emprisonné. Entourée d’acteurs de premier plan, Isabelle Huppert mène le jeu dire, parce que l’histoire dont je C’est vraiment l’art de faire exister avec une force magnifique. C’est la première fois qu’elle joue à l’Odéon - Théâtre de l’Europe. parlais était surtout construite sur les contraires. Ce point lumineux MARC ENGUERAND la violence. Je pensais que jouer, qu’on recherche n’est pas atteint 1989. UN MOIS c’était se confronter à sa propre tous les soirs, et même quand on À LA CAMPAGNE violence. Aujourd’hui, j’ai juste- l’aperçoit, c’est par instants. La repré- La comédienne renoue avec ment envie de renoncer à la vio- sentation idéale n’existe donc pas. le théâtre, après quinze ans lence, parce que, dans la violence, Mais cette recherche commence à consacrés au cinéma. Elle joue il y a de la peur aussi. Et je crois me plaire beaucoup. C’est tout à fait Natalia Petrovna, actrice que le théâtre consiste à apprivoi- récent. Je sens que je suis en train embarrassée d’un mari gentil ser ses peurs, à revivre ses terreurs d’aimer le théâtre.» et amoureuse d’un jeune homme. pour les rendre plus sensibles, La pièce de Tourgueniev, mise plus accessibles – les apaiser. Y Propos recueillis par en scène par Bernard Murat, compris dans un rôle comme celui Brigitte Salino sert d’écrin à sa grâce nerveuse. de Médée. Cela ne s’applique sans doute pas à un vaudeville ou à une e Médée, d’Euripide. Mise en scè- pièce de Sacha Guitry, mais dans ne : Jacques Lassalle. Avec Isabelle tous les cas aux pièces qui ont une Huppert, Pierre Barrat, Anne Benoit, 1993. ORLANDO certaine intensité, une certaine Jean-Quentin Châtelain, Michel Pey- Isabelle Huppert, Bob Wilson et émotion. Une fois débarrassé de relon, Jean-Philippe Puymartin, Virginia Woolf : une trinité de rêve ses peurs, on peut arriver à un riva- Emmanuelle Riva, Pascal Tokatlian. triomphe à l’Odéon - Théâtre de ge complètement différent. C’est Odéon - Théâtre de l’Europe, 1, pla- l’Europe. Seule en scène pendant une très grande découverte, pour ce Paul-Claudel, Paris 6e.Mo Odéon. plus de deux heures, homme et moi. Je crois qu’avant j’avais fon- Tél. : 01-44-41-36-36. Du mardi au femme, ange et démon, Isabelle damentalement peur. L’abandon samedi, à 20 heures ; dimanche, à Huppert met le public en état est l’unique réponse qu’on peut 15 heures. De 50 F (7,62 ¤) à 200 F d’apesanteur. Sublime. apporter au théâtre. (30,48 ¤). Du 5 janvier au 10 février. P. VICTOR / MAX PPP 26 / LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 CULTURE

DÉPÊCHES a HOMMAGE : Catherine Tasca, Marek Janowski, rédempteur ministre de la culture, a rendu hommage au poète Louis-René des Forêts, disparu le 30 décem- bre 2000, à l’âge de quatre-vingt- du Philharmonique de Monte-Carlo deux ans. « Il a rejoint pour tou- jours le silence qui était la marque de son œuvre littéraire, toute de luci- Le chef d’orchestre a quitté Radio France pour le Rocher, où il est chargé dité et de considération pour le mal- être de l’homme contemporain, de « remettre en forme » la célèbre phalange avec des moyens exceptionnels déclare la ministre dans un commu- niqué. Dans ses livres s’exprime un MONTE-CARLO un chef spécialisé dans la musique tion sont exceptionnels. Vous avoue- poète dont la langue a fasciné et de notre envoyée spéciale germanique. Néanmoins, aucun rez que c’est assez rare d’arriver influencé les plus grands stylistes de Matin mutin et lumière sur la répertoire n’est plus utile à la forma- dans un endroit où l’on vous deman- son temps. Entre peinture et musi- mer. Il est 10 heures : Monaco tion d’un orchestre – élaboration de le nombre de musiciens dont que, littérature et silence, fiction et s’éveille. Aux abords du Casino, d’une sonorité propre, perception vous avez besoin ! » La création de impossibilité de la fiction, Louis- les jardiniers palabrent parmi les d’un phrasé musical, maîtrise des quinze nouveaux postes, pourvus René des Forêts a signé une œuvre à yuccas et les palmiers. Douceur de différents challenges solistes ou du par des jeunes venus d’horizons nulle autre pareille qu’il a revisitée décembre. Dans le hall de l’Hôtel tutti, et aussi l’indispensable travail différents (certains de l’Orchestre à longueur de vie. » Hermitage, Marek Janowski arrive d’extrême précision. Concernant cet français des jeunes), suscite bien a CHANSON : Jimmy Zambo, roi de son pas vif, détendu et sou- orchestre, il s’agit finalement plus sûr une saine émulation, infusant du hit-parade en Hongrie, est riant : une humeur de prince. Quel- d’une “remise en forme” que d’un dans les veines de l’orchestre une mort le 2 janvier en se tirant une ques mots d’excuse pour expliquer sauvetage. » énergie neuve et la capacité balle dans la tête par erreur au que les répétitions annulées la d’enthousiasme que l’on imagine, cours d’une fête bien arrosée. Jim- veille l’ont été pour cause de QUINZE NOUVEAUX POSTES mais porte aussi l’effectif orches- my Zambo, quarante-deux ans, bonne conduite. « Supprimer une Et comment résister aux yeux de tral à une centaine de musiciens, était surnommé « Le Roi » dans répétition au dernier moment parce la princesse Caroline et… de Car- ouvrant des perspectives de réper- son pays. Il avait accumulé les que les musiciens ont avancé plus men, le système de haute techno- toire jusqu’alors interdites. albums et les prix. Il animait sa vite que prévu, c’est gratifiant pour logie acoustique unique au monde propre émission de télévision. Son tout le monde », dit-il. L’ex-patron qui équipe la salle des Princes du UNE POLITIQUE DE CRÉATION dernier album, Noël avec Jimmy, de l’Orchestre philharmonique de Forum Grimaldi, permettant de Pour Marek Janowski, c’est une est en tête des ventes depuis plu- Radio France est satisfait de son moduler la réverbération du son motivation sans égale. « On a cer- sieurs semaines. – (AFP.) nouvel ensemble, confiant dans en fonction des prestations. Si l’on tainement un peu chargé la saison a Le guitariste Papa Noël se voit les dispositions de cet Orchestre y ajoute la rénovation prochaine cette année, mais il ne fallait pas consacrer un album, Bel Ami, de Monte-Carlo que certains di- de l’auditorium Rainier-III rater ce nouveau départ. A moyen publié sur le label Stern’s par Night saient en péril, voire en perdition. (1 000 places), qui deviendra le terme, j’envisage une politique plus and Day. C’est un florilège du Bon Consciente du danger, la prési- quartier général de l’orchestre, la active de création, mais il nous faut Samaritain et de Haute Tension, dente de l’Orchestre, Caroline, salle de l’Opéra-Garnier (700 pla- tout d’abord combler un retard en deux disques que cette personna- princesse de Hanovre, n’avait pas ces), sans parler de quelques ce qui concerne les chefs-d’œuvre THIERRY MARTINOT lité essentielle de la rumba congo- hésité à solliciter personnellement menues salles d’appoint, l’orches- de ces cinquante dernières an- « C’est assez rare d’arriver dans un endroit où l’on vous laise avait publiés en 1984 et 1994. l’homme qui a su transformer en tre dispose d’une infrastructure nées. » Sans compter la création, demande le nombre de musiciens dont vous avez besoin ! » a BNF : le site François-Mit- moins de quinze ans l’orchestre que bien de ses pairs peuvent lui dès janvier 2001, d’une académie terrand de la Bibliothèque natio- Cendrillon de Radio France en l’un envier. Après quinze années de qui permettra à de nouveaux geantes directions artistiques baiser de Siegfried à sa belle nale de France élargira ses horai- des meilleurs orchestres français. guerre picrocholine au sein de la talents de s’exercer plusieurs mois (Paul Paray, Igor Markevitch et Walkyrie endormie. res d’ouverture à compter du 8 jan- « En 1984, se souvient-il, le petit Maison ronde, Monaco apparaît au sein de l’orchestre – « un sys- Lovro von Matacic, pour ne citer vier. La bibliothèque du rez-de-jar- Nouvel Orchestre philharmonique donc comme un havre de paix : ce tème qui n’existe pas en France, qu’eux). « Nous avons tous énor- Marie-Aude Roux din sera désormais ouverte le lundi de Radio France (NOP) était là pour ne sont ni l’ampleur de la tâche à mais qui donne de beaux résultats mément travaillé pour prendre ce de 14 heures à 20 heures (c’était faire ce que le “grand” Orchestre effectuer ni quelques conventions en Allemagne et aux Etats-Unis ». nouveau virage, mais je suis sûr e Prochain concert : Symphonie une revendication ancienne des uti- national ne voulait pas faire. » La collectives à renégocier qui effraie- Le troisième millénaire offre que d’ici deux ans le Philharmo- no 3, de Gustav Mahler, avec Anna lisateurs) et du mardi au samedi, de méthode Janowski ? Quasi infail- ront le vainqueur de Paris. donc à la musique monégasque nique de Monte-Carlo comptera Larsson (contralto), Chœur de l’Opé- 9 heures à 20 heures. Elle sera fer- lible : un mélange de rigueur (par- D’autant plus que les Monégas- des visées ambitieuses. Le pari parmi les meilleures phalanges. » ra de Monte-Carlo, Maîtrise de mée le dimanche. La bibliothèque fois impatiente), de patience (tou- ques ont décidé de mettre les n’est pas mince pour cet orches- On le voit, si Marek Janowski Radio- France, Orchestre philharmo- d’étude du haut-de-jardin sera jours rigoureuse) et une disponibi- petits plats dans les grands. « J’ai tre au passé prestigieux, qui vit s’est déjà attaché au Rocher, ce nique de Monte-Carlo, le 7 janvier, ouverte du mardi au samedi, de lité chaleureuse envers chacun. Le bien sûr accepté ce poste parce que en près d’un siècle et demi défiler n’est pas en Prométhée de la à 18 heures. Forum Grimaldi, 10 heures à 20 heures, et le diman- répertoire ? « Quoi qu’on ait pu l’orchestre m’intéresse, mais aussi la fine fleur de la baguette inter- musique, mais plutôt, tel un Monaco. Tél. : 377- 92-16-22-99. De che de 12 heures à 19 heures. Elle dire ou me reprocher, je ne suis pas parce les moyens mis à ma disposi- nationale et officia sous d’exi- héros wagnérien, pour porter le 100 F (15,24 ¤) à 200 F (30,48 ¤). sera fermée le lundi. Les Français expriment dans un sondage de « Beaux-Arts Magazine » un surprenant désir d’art 62 % des sondés considèrent l’art comme une valeur essentielle et universelle, et plébiscitent son enseignement dès l’école primaire

LA REVUE Beaux-Arts Magazine fait partie de l’apprentissage de la me le meilleur ministre de la qu’aime la presse en France, journalistes non spécialisés considè- Par contre, lorsqu’on leur pré- publie dans sa livraison de janvier pensée. Pourquoi l’apprentissage des culture de ces quarante dernières c’est-à-dire le cinéma et le livre. La rent a priori que la culture est margi- sente des images d’œuvres un sondage commandé à l’institut mathématiques serait-il plus impor- années, trouve pour sa part dans culture, pour eux, c’est ça. Le reste nale. » Sauf peut-être Bernard contemporaines d’artistes français BVA sur « Les Français et l’art ». tant que l’apprentissage de l’art ? les résultats de ce sondage un (danse, architecture, beaux-arts), ils Pivot, qui a animé une des plus for- vivants, sans explication, ils ne « En 1992, explique Fabrice Bous- Les mathématiques sont moins opé- encouragement à son projet en s’en foutent. C’est stupéfiant. » Pour tes émissions culturelles de la télé- choisissent pas en priorité Balthus, teau, rédacteur en chef de la rationnelles dans la vie quotidienne faveur de l’éducation artistique en Fabrice Bousteau aussi, les journa- vision, et reçoit une surprenante comme on pouvait le penser, mais revue, nous avions déjà fait un son- que les images. » milieu scolaire. listes portent leur part de responsa- récompense des sondés, qui le plé- la station de métro du Palais- dage sur les Français et l’art. Nous Invité par la revue à commenter bilité : « Peut-être que si les grands biscitent comme ministre de la Royal de Jean-Michel Othoniel. avons voulu voir si leur position sur LA RESPONSABILITÉ DES MÉDIAS le sondage, le journaliste Guillau- médias questionnaient plus souvent culture idéal. Laquelle, avec ses perles de verre l’art a évolué ou pas. » Il est vrai que ce sondage témoi- me Durand a des mots très durs : les politiques sur des sujets culturels, et sa fonte d’aluminium, est déco- Pour la sociologue Raymonde gne d’un surprenant désir d’art de « Les politiques aiment ce qu’ai- ces derniers seraient contraints de CRÉER DU BEAU rative et kitsch au possible. Moulin, qui en commente les résul- la part des personnes interrogées. ment tous les bourgeois français, ce s’y intéresser ! Mais la plupart des Autre symbole de culture, Notre- Mais le troisième choix est une tats, « la permanence l’emporte sur 62 % le considèrent même comme Dame. Pour Fabrice Bousteau, «il œuvre d’Annette Messager, que le changement. (…) Aujourd’hui com- une valeur essentielle, universelle. ne s’agit plus du bâtiment, mais de les sondés déclarent aimer non me hier, l’art actuel est mal connu et Le même pourcentage en deman- Van Gogh, Monet et Notre-Dame de Paris l’évocation du nom, et des valeurs parce qu’elle est belle, mais parce mal aimé ». Fabrice Bousteau est de davantage à la télévision. Cette qui y sont liées. La culture est per- qu’elle est intéressante. Ce qui plus optimiste : « Les Français enquête montre aussi le fossé Les trois artistes préférés des Français sont Van Gogh (41 %), Monet çue, dans cette partie du sondage, confirme une tendance très encou- aiment l’art tout court, mais s’inter- entre les aspirations des Français (37 %) et Vinci (36 %). Le premier artiste vivant cité n’arrive qu’en en masse, de façon patrimoniale. rageante : si 37 % des personnes rogent, et ne savent pas quoi penser et l’impéritie qu’ils perçoivent vingt-troisième position, avec 4 % des voix : Daniel Buren. Leur monu- Même la tour Eiffel, que la majorité interrogées pensent que le rôle de l’art contemporain. Parce qu’ils chez les hommes politiques en ment préféré est la cathédrale Notre-Dame de Paris (50 %), suivie des voulait détruire immédiatement d’un artiste consiste à créer du n’ont pas les clés, et ils le reconnais- matière culturelle. Ni Jacques Chi- pyramides d’Egypte (47 %) et de la tour Eiffel (45 %). S’ils reconnais- après son érection. Plus personne beau, elles sont 23 % à estimer sent. Apprenez-nous ! Quand 62 % rac ni Lionel Jospin ne sont iden- sent en Jack Lang le meilleur ministre de la culture de ces quarante aujourd’hui ne se pose la question qu’il a pour mission d’inventer des des sondés demandent un enseigne- tifiés comme des hommes de dernières années (41 %), ils verraient bien Bernard Pivot diriger le de savoir si c’est beau ou laid : elle formes nouvelles, 15 % d’être un ment artistique dès l’école primaire, culture. Pour Fabrice Bousteau, le ministère, dont ils sont 40 % à proposer de doubler le budget. Ni Lio- est perçue simplement comme un observateur de la société, et 14 % et 91 % du primaire à l’université, on constat est clair : « La gauche n’a nel Jospin ni Jacques Chirac ne semblent « impliqués en matière de élément du patrimoine ». Quant de donner du sens à ladite société. ne peut pas faire passer ça pour un pas su développer l’après-Lang : il culture » pour 43 % des sondés. 44 % se déclarent prêts à acheter une aux artistes, Van Gogh arrive sans Soit un total de 52 % qui assignent simple souhait de confort. C’est une n’y a pas de pensée politique dans œuvre d’un jeune artiste. Enfin, 91 % des sondés estiment qu’il faut surprise en tête. Selon Fabrice à l’artiste un rôle des plus actifs aspiration vraie, sinon une prise de la culture aujourd’hui. Catherine enseigner l’art à l’école, et 67 % pensent qu’il s’agit de « quelque chose Bousteau, « ce qui est préféré par dans la cité, que semblent lui conscience du rôle que peut jouer Tasca, comme ses prédécesseurs, se d’universel et d’essentiel pour l’humanité ». (Sondage BVA réalisé du les Français, c’est le produit qui a la dénier les politiques. l’art dans une société. Il faudra bien contente de gérer. » Jack Lang, que 16 au 18 novembre 2000 en face-à-face auprès d’un échantillon de plus grande notoriété : et le produit admettre que l’apprentissage de l’art 41 % des sondés considèrent com- 1 017 personnes.) le plus connu, c’est Van Gogh ». Harry Bellet CULTURE LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 27 Tout l’art SORTIR PARIS au samedi, de 10 heures à 19 heures. Tél. : 01-53-63-13-40. Vu à Cuba Entrée libre. de Pierre Soulages Le photographe Robert Van der Michel Graillier Hilst parcourt le monde entier et Riccardo del Fra depuis le début des années 60. Un duo de rêve d’une précision Le Musée de Toulouse présente, L’Amérique latine est une et d’une musicalité indiscutables. destination qu’il affectionne Michel Graillier, pianiste, et jusqu’au 19 février, quatre-vingt-deux toiles particulièrement. Cuba, qui l’a Riccardo del Fra, contrebassiste, accueilli en tant que boursier en viennent d’enregistrer Soft Talk qui forment un portrait exact du peintre 1997-1998, n’a certainement pas (Sketch Records/Harmonia apprécié le travail qu’il fit lors Mundi), l’un des disques phares Mousseigne, « fait le pari du plaisir de son premier séjour, car, de l’année 2000 (Le Monde SOULAGES, 82 PEINTURES. Les et de la beauté ». lorsque le photographe veut du 8 décembre 2000), d’où Abattoirs, 76, allée Charles-de- Dès le hall d’entrée, elle sur- y retourner quelques années plus transparaissent l’amitié Fitte, 31300 Toulouse. Tél. : 05- prend : délaissant les murs et les tard pour un reportage, il est et la complicité de ces deux 62-48-58-00. Ouvert du mardi au cimaises, trois toiles récentes, noi- arrêté à son arrivée et expulsé. formidables hommes de jazz. dimanche, de 12 heures à 20 heu- res, dont les griffures, les sillons et Ce n’est que fin 1998 que Robert En concert, au premier étage res. Jusqu’au 19 février. Cata- les andains accrochent la lumière, Van der Hilst peut à nouveau du Sunside (dont les sous-sols, logue : 128 p., 159 F (24,24 ¤). sont suspendues au milieu de la revenir dans le pays de Castro. version Sunset, accueillent

pièces, tenues par des câbles. Les JEAN LOUIS LOISI, PARIS La Photo-Galerie du monde les mêmes soirs l’électronique TOULOUSE tableaux dressés comme des stèles Peinture 324 × 362 cm, 1985, polyptyque C, huile sur toile, des Amériques présente une belle swingante de No’Jazz), on leur de notre envoyé spécial rappelleront aux connaisseurs de Centre Georges-Pompidou, Musée national d’art moderne. exposition des photos de ces deux accordera une attention de En 1996, le Musée d’art moder- la biographie de l’artiste sa décou- périodes, où l’on découvre une chaque instant. ne de la Ville de Paris avait présen- verte, dans sa jeunesse, des men- lement réalisé pour l’occasion. On si du rouge (au début des réalité cubaine, tout en couleurs 2001 s’annonce bien. té une rétrospective de l’œuvre de hirs gravés dans les Causses envi- peut, devant les fragiles et fortes années 60), ou du bleu (au début et contrastes, au travers du regard Sunside/Sunset, 60, rue des Pierre Soulages, dont le parcours, ronnants sa ville natale, Rodez. A peintures au goudron sur verre, ou des années 70). Mais, « un jour de personnel de l’artiste. Lombards, Paris-1er.Mo Châtelet, établi par le conservateur Jean- Bernard Ceysson, ancien directeur les œuvres peintes au brou de noix janvier 1979, je peignais et la cou- Photo-Galerie du monde Les Halles. Les 5 et 6 janvier, Louis Andral avec la complicité de du Musée de Saint-Etienne, Soula- réunies dans la même salle, se pas- leur noire avait envahi la toile. (…) des Amériques, 3, rue Cassette, 21 heures. Tél. : 01-40-26-21-25. l’artiste, avait la particularité de ges confiait jadis : « Quand je suis ser de savoir qu’à trente ans à pei- J’ai vu un autre fonctionnement de Paris-6e. Jusqu’au 31 mars, du lundi De 80 F à 120 F. proposer une chronologie inver- touché par un menhir, gravé par ne, le jeune provincial monté à la peinture : elle ne reposait plus sur sée, commençant par les œuvres des hommes dont j’ignore tout, ce Paris avait déjà trouvé sa voie, et des accords ou des contrastes fixes les plus récentes pour se terminer n’est pas que j’y retrouve leurs états commençait d’exposer avec les de couleurs, de clair et de foncé, de GUIDE par les plus anciennes. Avec une d’âme ni la transcription de ce plus grands. Dont Hans Hartung noir et de couleur ou de noir et exception, dans la dernière salle, qu’ils sont, et que je ne saurai qui, lors de la première exposition blanc. Mais plus que ce sentiment où un tableau de 1948 voisinait jamais ; ce qui m’émeut, c’est à tra- personnelle de Soulages, en 1949 à de nouveauté, ce que j’éprouvais FESTIVAL CINÉMA Eric Huchet, Antonin Maurel, Jérôme avec une œuvre très récente : la vers l’organisation des traits, la qua- la galerie Lydia Conti, lui conseilla touchait en moi des régions secrètes Savary, Sophie Tellier, Gérard Daguer- re (direction), Jérôme Savary (mise en cohérence était manifeste (Le Mon- lité de l’incision, la volonté obstinée de « rapprocher les œuvres qui se et essentielles ». L’Homme au masque de fer de James Whale (Etats-Unis, 1939), à scène). de du 12 avril 1996). que j’y lis de marquer une trace ressemblent ». Déjà. Sentiment généralement parta- Opéra-Comique - salle Favart, 5, rue 19 heures. e Organisée à l’initiative d’Alain dans cette pierre dressée et de l’éle- Cela donne donc cette salle gé : on peut passer des heures, La Momie Favart, Paris-2 . Jusqu’au 6 janvier, Mousseigne, l’actuelle exposition ver à la dignité de figure. » époustouflante où les brous de accoudé à l’impressionnante mez- de Karl Freund (Etats-Unis, 1933), à 20 heures. Tél. : 08-25-00-00-58. De du Musée de Toulouse est tout noix peints en 1999, en 2000, joux- zanine du Musée de Toulouse, à 21 h30. 50 F à 190 F. Cinémathèque française, Palais de La Flûte enchantée entière basée sur ce dernier princi- NOIRS CHALEUREUX ET LUMINEUX tent ceux des années 70, et leurs regarder changer la lumière sur les de Mozart. Piotr Beczala, Werner Güra pe, juxtaposant des œuvres par On peut ainsi suivre toute l’expo- prototypes, ceux des débuts, dans toiles accochées en contrebas. Et Chaillot, 7, avenue Albert-de-Mun, Paris-16e. Le 5 janvier. Tél. : 01-56- (Tamino), Dorothea Röschmann, Inger affinités formelles, ou techniques, sition en se laissant simplement l’immédiat après-guerre. La matiè- d’autres heures, face aux mêmes, à 26-01-01. Dam-Jensen (Pamina), Detlef Roth, sans accorder à la chronologie plus gagner par ce type d’émotion, en re si particulière a peut-être été uti- reconstituer le passage d’un pei- Markus Werba (Papageno), Gaële d’importance qu’elle n’en mérite, oubliant la naissance à Rodez, le lisée, dans sa jeunesse, pour des gne qui griffe, d’une truelle qui lis- TROUVER SON FILM Le Roi (Papagena), Natalie Dessay, Dé- sirée Rancatore (la Reine de la nuit), et démontrant par là même l’absur- 24 décembre 1919, dans un quar- raisons d’économie : elle a surtout se, d’un geste figé à jamais dans la Tous les films Paris et régions sur le Chœur et Orchestre de l’Opéra natio- dité de voir dans son travail une tier d’artisans, ses expériences ado- une qualité de ton qui n’appar- peinture. Plus que d’autres, les Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : nal de Paris, Ivan Fischer, Stéphane progression linéaire. Elle présente lescentes d’archéologue amateur, tient qu’à elle, un noir tirant par- peintures de Soulages demandent 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). Denève (direction), Benno Besson tout Soulages, ou presque, en huit son goût pour l’art roman, renfor- fois vers le roux, chaleureux et du temps. Elles en contiennent un (mise en scène). stations et un choix de quatre- cé par sa découverte de l’abbatiale lumineux à la fois. Car le noir n’est peu, aussi. Elles sont, pour qui vou- EXPOSITIONS Opéra de Paris - Palais Garnier, place de l’Opéra, Paris-9e. Les 5 et 6 janvier, vingt-deux tableaux, sur plus de de Sainte-Foy de Conques. Celle- pas, et chez Soulages moins enco- dra bien jouer le jeu, un formida- Paris pour escale 19 h 30. Tél. : 08-36-69-78-68. De 30 F à mille deux cent peints depuis cin- là même que, plus de quarante ans re que chez les autres peintres, ble vecteur à pensées. Musée d’art moderne de la Ville de 670 F. quante ans, dans un accrochage plus tard, il dotera de vitraux, absence de couleur. Il les contient Paris, ARC, 11, avenue du Président- Little Milton and Revue e raffiné qui, selon le vœu d’Alain lumière sertie dans un verre spécia- toutes. Et puis Soulages, c’est aus- Harry Bellet Wilson, Paris-16 . Tél. : 01-53-67-40-00. Jazz-Club Lionel-Hampton, 81, boule- De 10 heures à 17 h 30 ; samedi et vard Gouvion-Saint-Cyr, Paris-17e.Jus- dimanche de 10 heures à 18 h 45. Fer- qu’au 6 janvier, 22 h 30. Tél. : 01-40- mé lundi. Jusqu’au 18 février. 27 F, 68-30-42. 140 F. 19 F (tarif réduit), 14 F (jeunes). Marc Ducret, Bruno Chevillon, « Treize étroites têtes », fable prenante de Joël Pommerat Méditerranée. De Courbet à Matisse Eric Echampard Galeries nationales du Grand Palais, Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom- avenue du Général-Eisenhower, en- bards, Paris-1er.Mo Châtelet. Les 5 et un instant les désespérances d’un militaire vio- Ces têtes assurément étroites, prises en e trée Clemenceau, Paris-8 . Tél. : 01-44- 6 janvier, 21 heures. Tél. : 01-42-33- TREIZE ÉTROITES TÊTES, de Joël Pom- leur et suicidé, d’une prostituée mourante ciné- tenaille par des lumières latérales, basses com- 13-17-17. De 10 heures à 20 heures ; 22-88. 100 F. merat. Mise en scène : Joël Pommerat. Avec matographiée vive. me un crépuscule neigeux, ne cessent de rétré- mercredi jusqu’à 22 heures. De 10 heu- Alain Jean-Marie, Eric Vinceno Agnès Berthon, Philippe Carbonneaux, Pas un des treize qui n’ait la volonté farouche cir sous nos yeux. Leurs porteurs tentent de res à 13 heures visites uniquement sur Le Franc Pinot, 1, quai de Bourbon, e o Pierre-Yves Chapalain, Lionel Codino, Chris- d’apparaître au-devant de la scène. Non sans s’élever sur des plans inclinés qui les renvoient réservation ; Tél. : 08-92-68-46-94. Fer- Paris-4 .M Pont-Marie. Les 5 et 6 jan- mé mardi. Jusqu’au 15 janvier. 50 F, tophe Hatey, Pierre Meunier… exigence personnelle, comme ce « cinéaste » au centre, dans l’espoir d’un micro ou d’un pro- vier, 21 h 30. Tél. : 01-46-33-60-64. avec réserv. 56 F ; lundi : 35 F, avec 90 F. PARIS-VILLETTE, 211, avenue Jean-Jaurès, qui « a peur de ce qui ne ressemble pas à de l’im- jecteur, commandé par le plus invisible d’entre réserv. 41 F. Olivier Témime Quartet e o Paris-19 . Tél. : 01-42-02-02-68. M Porte-de- mortel dans ses goûts ». Mais pas un non plus eux, un « intellectuel » dénommé Arthur, qui a Petit Opportun, 15, rue des Lavandiè- Pantin. De 65 F (9,91 ¤) à 135 F (20, 58 ¤). qui ne bute contre la langue. De l’art réputé tout pouvoir sur ce monde. Il est difficile de ne ENTRÉES IMMÉDIATES res-Sainte-Opportune, Paris-1er.Mo Châ- telet. Les 5 et 6 janvier, 22 h 30. Tél. : Durée : 1 h 45. Jeudi 4 et vendredi 5 janvier, comique du calembour, ils ne connaissent que pas lui trouver une ressemblance avec le met- Le Kiosque Théâtre : les places de cer- à 21 heures ; samedi 6 (dernière), à 19 h 30. la face dramatique. Ils ne jouent pas avec les teur en scène. Il serait alors comme un marion- 01-42-36-01-36. 80 F. tains des spectacles vendues le jour Automatik B’Day 3 Years Together mots, mais sont roulés comme galets par eux, nettiste qui laisse entrevoir ses mains, simple- même à moitié prix (+ 16 F de commis- Rex Club, 5, boulevard Poissonnière, L’à-peu-près. Comme identité, condition, des- des coulisses à la scène. Ils étouffent sous l’exi- ment pour montrer combien elles ressemblent sion par place). Paris-2e.Mo Bonne-Nouvelle. 23 h 30, le tin. Les personnages de Joël Pommerat se nom- gence de parole, mais n’en cessent pas moins à celles de ses créatures. Fragiles comme cer- Place de la Madeleine et parvis de la 5 janvier. Tél. : 01-42-36-83-98. 70 F. gare Montparnasse. De 12 h 30 à ment Lacqueline, Sylville, Mivianne. Pour de vouloir se dessiner, en une seule phrase de tains des acteurs qui les soutiennent. Dévouées Mama Sissoko 20 heures, du mardi au samedi ; de La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Pa- l’exemple. Résonances vieille France de pré- préférence, qui les contiendrait en entier. à entretenir ce qu’on nomme un climat, de plus e o 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. ris-20 .M Gambetta. Le 5 janvier, noms altérés par un état civil écervelé. Leurs Ils se creusent sans fin la tête pour en extraire en plus prenant. Légère en août 20 h 30. Tél. : 01-40-33-30-60. 100 F. traits s’entremêlent au sein d’une parentèle quelque aphorisme du type : « On peut très bien Après Pôles et cette nouvelle version de de Denise Bonal, mise en scène de Valé- Rad confuse qui se comprend « comme les poissons. mettre plus de temps à rester chez soi qu’à faire le Treize étroites têtes, Joël Pommerat en conti- rie Fouchier, avec Florence Da Silva, New Morning, 7-9, rue des Petites- Valérie Fouchier, Jean-François Mar- e o Avec les yeux ». Leurs silhouettes émergent à tour de la planète. » Et, à force de s’escrimer à nuera l’exploration du 9 au 20 janvier, avec un Ecuries, Paris-10 .M Château-d’Eau. Le tyn, Sévérine Pin, Adeline Tahar, Natha- 5 janvier, 21 heures. Tél. : 01-45-23- peine d’une bourgade provinciale embrumée. parler beau, se retrouvent tout endimanchés de inédit : Mon ami. lie Untersinger et Sonia Weber. 51-41. De 110 F à 130 F. Seuls édifices probables : le tribunal, la prison, tournures qui les maintiennent fiers « comme Kiron Espace, 10, rue de la Vacquerie, la caserne, le bordel, le cinéma. Prêts à abriter une statue sur ses grands chevaux ». Jean-Louis Perrier Paris-11e. Jusqu’au 6 janvier, 21 h 30. RÉGIONS Tél. : 01-44-64-11-50. 50 F. Monsieur chasse Un siècle d’arpenteurs, second volet de Georges Feydeau, mise en scène de Antibes - Juan-les-Pins (06). Musée Pi- Jean-Luc Moreau, avec Philippe Cheval- casso, château Grimaldi, place Marié- Sara Baras, chorégraphe flamenca, reine du zapateado lier, Régis Laspalès, Sophie Broustal, jol. Tél. : 04-92-90-54-20. De 10 heures Sébastien Azzopardi, Bruno Chapelle, à 12 heures et de 14 heures à 18 heu- celle de Juana, devenue folle elle qu’à cultiver l’ellipse. Elle sait Sara Baras n’est pas gitane. Un Helena Grouchka, Chrystelle Labaude res. Fermé lundi. Jusqu’au 21 janvier. et André Valardy. 30 F. BALLET FLAMENCO SARA d’être trop trompée par un hom- le pouvoir d’abstraction du fla- handicap dans le milieu flamenco, Théâtre du Palais-Royal, 38, rue Mont- Yayoi Kusama BARAS. Théâtre des Champs- me qui ira jusqu’à la faire enfer- menco, sa capacité à résister à que cette fille d’un militaire et pensier, Paris-1er. Du mardi au ven- Dijon (21). Le Consortium, Centre d’art Elysées, 15, avenue Montaigne, mer dans un monastère. Elle lui une narration trop appuyée tout d’une professeur de flamenco dredi, 20 h 30 ; le samedi, 17 h 30 et contemporain, 16, rue Quentin. Tél. : Paris-8e.Mo Alma-Marceau. Tél. : donnera deux fils (dont le futur en injectant le sens là où il faut. grandie à Cadix se targue d’impo- 21 heures ; dimanche, 15 h 30. Tél. : 03-80-68-45-55. De 14 heures à 18 heu- 01-49-52-50-50. Jusqu’au 6 janvier, Charles Quint) et perdra la raison Le travail de bras, très simple, ser comme un label, alléguant que 01-42-97-59-81. De 70 F à 250 F. Jus- res. Fermé dimanche et lundi. Jusqu’au qu’au 30 juin. 20 janvier. Entrée libre. à 20 heures ; le dimanche 7, à à sa mort, en 1506. Noblesse presque classique avec ses arron- l’on est ou pas flamenco. Elle Hamlet (en anglais, stf) Dijon (21). L’Usine, 37, rue de Longvic. 15 heures et 20 heures. De 60 F d’une sentimentale contre désin- dis, ses lignes droites, défend vient d’être honorée en Espagne de William Shakespeare, mise en scène Tél. : 03-80-68-45-55. De 14 heures à (9,15 ¤) à 290 F (44,21 ¤). volture d’un papillonneur : le l’idée d’une harmonie épurée. par l’édition d’un timbre aux de Peter Brook, avec Jeffrey Kissoon, 18 heures. Fermé dimanche et lundi. résultat du combat est connu. Quant au zapateado (martèle- côtés de Julio Iglesias, Alejandro Adrian Lester, Bruce Myers, Scott Han- Jusqu’au 20 janvier. Entrée libre. dy, Natasha Parry, Naseeruddin Shah, Settecento : le siècle de Tiepolo, Sara Baras est l’étoile flamenca Mais Jeanne était-elle vraiment ment des pieds), il prend ici tout Sanz, Antonio Banderas, Miguel peintures italiennes du XVIIIe dont on parle. La discussion ne folle, ou disait-elle sa passion son relief et une multiplicité de Indurain et le footballeur Raul. Shantala Shivalingappa et Rohan Siva. Bouffes du Nord, 37 bis, boulevard de Lyon (69). Musée des Beaux-Arts, fait que commencer vu l’audace dans une société qui ne pouvait sens palpitants. Il raconte aussi La Chapelle, Paris-10e. Le 5 janvier, palais Saint-Pierre, 20, place des Ter- thématique de son troisième spec- l’entendre ? Là est la question bien l’excitation de la rencontre, Rosita Boisseau 20 heures ; le 6 janvier, 15 heures et reaux. Tél. : 04-72-10-17-40. De 10 h 30 tacle, Juana la Loca. Basé sur la pour Sara Baras, qui s’est adjoint la fièvre sexuelle qui monte, la 20 heures. Tél. : 01-46-07-34-50. 120 F à 18 heures. Visites commentées lundi et 160 F. Jusqu’au 12 janvier. à 12 h 15 et samedi à 11 heures. Fermé petite histoire de Jeanne la Folle, les services du metteur en scène rage de l’humiliation, l’impuissan- mardi. Jusqu’au 7 janvier. 25 F. reine de Castille (1479-1555), tom- Luis Olmos pour plonger dans ce d’échapper à soi-même. Il atti- Le Silence de Molière de Giovanni Macchia. René Loyon La Section d’or, bée raide amoureuse de ce tom- l’abîme de cet excessif amour. re l’autre et le rejette, il séduit et il (mise en scène), avec Chantal Mutel et fortune du cubisme, 1912-1925 beur de Philippe le Beau (dansé méprise, allant même jusqu’à don- François Noury. Montpellier (34). Musée Fabre, pa- par José Serrano), le scénario va DANSE SURFILÉE DE FANTAISIE ner la sensation de pouvoir faire Atalante, 10, place Charles-Dullin, Pa- villon, esplanade Charles-de-Gaulle. ris-18e. Jusqu’au 28 janvier, 20 h 30 ; Tél. : 04-67- 14-83-00. De 10 heures à jusqu’à la mettre en scène encein- Pour tout oser : le duo estam- disparaître quelqu’un par la seule 19 heures ; nocturne vendredi jusqu’à te sur la dépouille mortelle de son pillé nuit de noces avec imbrica- violence de la frappe sur le sol. dimanche 16 h 30 (rel. mardi). Tél. : 01-46-06-11-90. 70 F et 100 F. 21 heures. Fermé lundi. Jusqu’au mari et tanguant dans un flamen- tion des corps et estocade à Sara Baras est une experte en La Belle Hélène 18 mars. 35 F. co ventre en avant d’une beauté valeur hautement sexuelle ; la zapateado, aussi à l’aise dans les d’Offenbach. Elisabeth Conquet, Mimi qui laisse bouche bée. Dans la fou- séquence de crêpage de chignons pétarades ultra-vives que dans les Roussin, Corinne Valoy (Hélène), Jean- lée d’un Antonio Canales qui n’hé- entre femmes au cours de laquel- affleurements presque caressants Luc Fabri, Dominique Ploteau, Didier Chaque samedi avec site pas à faire jouer La Casa de le Jeanne arrache le postiche de sa du plancher. Dans la courte pièce Verdeille (Pâris), Olivier Podesta, Phi- lippe Rondest, Olivier Till (Ménélas), Bernarda Alba par cinq hommes rivale (un détail gratiné dont l’iro- Suite flamenca, elle apporte la Alexis Degay (hautbois), Catherine – lui se risquant d’ailleurs à inter- nie ne nuit pas à la véracité de la preuve de son talent de percus- Merle (violon), Hervé Dupuis, Akémie 0123 préter le rôle de la mère avec une scène) ; un pas de deux avec un sionniste en faisant jouer à ses Souchay-Okumura (piano), David DATÉ DIM./LUNDI vigueur inquiétante (Le Monde du portemanteau auquel est pendue pieds deux rythmes différents. Gurwicz (chorégraphie), Philippe Erme- 26 décembre 1998) –, Sara Baras, une écharpe (celle de Philippe, Ses semelles, parfois, crépitent si lier (mise en scène). Théâtre du Tambour-Royal, 94, rue du vingt-huit ans, fonce. bien sûr !), que Jeanne drague suavement qu’on croit entendre Faubourg-du-Temple, Paris-11e. Mardi, retrouvez Sa franchise, son authenticité comme on l’imagine (dans les limi- quelqu’un marcher dans la neige mercredi, vendredi et samedi, 21 heu- sont pour beaucoup dans la séduc- tes de l’instrument, évidem- fraîche. Elle a surtout cette grâce res ; dim. 15 heures ; jusqu’au 30 jan- tion du spectateur, qui avale sans ment !). rare de basculer au quart de secon- vier. Tél. : 01-48-06-72-34. De 100 F à LE MONDE mot dire quelques lourdeurs cho- Sara Baras craignait de ne pas de d’un personnage de femme 130 F. La Périchole régraphiques tant la danseuse savoir raconter une histoire. Qu’el- racée à une gamine blagueuse, d’après Offenbach. François Borysse, TELEVISION semble le défier de ne pas croire à le se rassure, elle est une conteuse surfilant de fantaisie une danse Denis Brandon, Elise Caron, Jacqueline son histoire. Et quelle fable que merveilleuse. Ne reste plus pour peu encline à l’humour. Danno, Michel Dussarat, Mona Heftre, 28 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 Des ministres en flagrant délit d’excès de vitesse L’hebdomadaire « Auto Plus » a filé plusieurs membres du gouvernement pour savoir si leurs chauffeurs respectent le code de la route. Limitations de vitesse dépassées, feux rouges brûlés, lignes blanches franchies : un palmarès édifiant

PRENDRE en filature les mem- les utilisées par la police pour verbali- ministre franchit quelques lignes ver trois feux rouges et une ligne la catégorie des ministres raisonna- bres du gouvernement lors de ser les excès de vitesse », précise blanches et oublie un feu à proximi- blanche franchie, mais aussi une bles. Son véhicule circule à une leurs déplacements et surveiller le l’hebdomadaire), les limiers d’Auto té du Sénat. Juge inflexible, Auto circulation en sens inverse. Le « allure modérée », même si, sor- comportement de leurs chauffeurs Plus ont traqué les véhicules offi- Plus ôte dix-sept points de permis ministre des transports, que l’heb- tant de chez le coiffeur, la ministre à l’égard du code de la route : l’idée ciels à la sortie du conseil des minis- au chauffeur de Laurent Fabius et domadaire ne manque jamais de de l’environnement prend quelque est peut-être un peu démagogique tres et des sièges des radios ou des lui inflige 17 260 francs d’amende critiquer en temps normal, a fait liberté avec les feux rouges et une mais, en ces temps de mobilisation télévisions. pour deux feux rouges grillés, une l’objet d’une surveillance serrée voie réservée aux bus pour parve- générale contre l’insécurité routiè- Premier constat, le principe de interdiction de tourner à gauche (cinq jours de filature !). Au final, nir à l’heure à son rendez-vous. re, elle tombe finalement assez discrétion (plus de gyrophares et négligée, une ligne blanche fran- le bilan n’a rien d’exeptionnel : bien. Dans son édition du 2 jan- de sirènes utilisés à tout bout de chie, une circulation sur la bande deux feux rouges, trois feux oran- QUELQUE CHOSE DE PARADOXAL vier, l’hebdomadaire Auto Plus champ) établi par Jacques Chirac d’arrêt d’urgence et un excès de ge, quatre excès de vitesse. Sur le Quant à Alain Richard, le minis- (groupe Emap) livre les résultats de au lendemain de son élection à la vitesse supérieur de 20 km/h. chemin d’une inauguration en tre de la défense, il constitue «un plusieurs semaines de traque. Per- présidence de la République, en Les filateurs de la voiture de fonc- Lozère, la voiture conduite par le exemple ». La seule infraction (une chés sur deux scooters, équipés mai 1995, est globalement res- tion de Marylise Lebranchu, garde chauffeur de Jean-Claude Gayssot ligne blanche, un feu orange) qui d’une mini-caméra numérique scot- pecté. Pas de « pin-pon » à tout- des sceaux, ont dû rapidement atteint les 160 km/h (vitesse rele- lui est reprochée a été commise chée sur un casque et d’une paire va. En revanche, nos ministres n’in- d’Auto Plus, 80 km/h en ville et renoncer. « N’arrivant plus à suivre vée au compteur de l’automobile pour ne pas arriver en retard au de jumelles Eurolaser capable de terdisent pas à leurs chauffeurs de 110 km/h sur le périphérique pari- le rythme imposé, nous avons décro- suiveuse d’Auto Plus) sur auto- conseil des ministres. Enfin, l’heb- mesurer instantanément la vitesse griller les feux ni d’avoir le pied sien ne sont pas exceptionnels. ché au bout d’une minute », racon- route. domadaire fait l’éloge des convois d’un véhicule (« les mêmes que cel- trop lourd. D’après les relevés Espionné, le chauffeur du premier tent-ils. Ce fut suffisant pour rele- Dominique Voynet appartient à présidentiels qu’il a suivis pendant une journée. « Dans les encombre- ments de la capitale, le président fait DANS LA PRESSE décennie un formidable rôle d’en- tant du monde. Ne serait-ce qu’en re une preuve supplémentaire du sifs de tous les corps de la nation la comme tout le monde, il patiente », traînement sur l’économie mondia- raison de l’effet traditionnel de pragmatisme d’Alan Greenspan. lui fournissent. (…) Il a choisi son se félicitent les enquêteurs. C’est LCI le, à un brutal effondrement outre- balancier. (…) Une fois de plus, l’Eu- (…) Le message est d’une clarté thème et agite systématiquement tout juste si la voiture de Jacques Pierre Luc Séguillon Atlantique. rope peut se dire redevable du aveuglante : la Fed ne laissera en la muleta de la réforme sous le nez Chirac s’autorise une pointe à a Une fois encore, Super Greens- doigté du président de la Banque aucun cas l’économie sombrer de Lionel Jospin. Il le pousse même 80 km/h sous le tunnel de l’Etoile, pan a donc frappé. Et il a frappé LE FIGARO centrale américaine. A elle de prou- dans la récession et soutiendra les vigoureusement sur les pistes les où la vitesse est limitée à 50 km/h. fort. En anticipant de surprise et Philippe Reclus ver désormais que son économie marchés américains, en particulier plus dangereuses pour le gouverne- Très à cheval sur les principes de en amplifiant une baisse attendue a La décision de la Banque centra- dispose des arguments pour s’affi- le Nasdaq, tombé à des niveaux ment. Il l’incite à réformer d’urgen- la sécurité routière, cette enquête a des taux d’intérêt, le président de le américaine de bousculer son cher en relais crédible de la crois- excessivement bas. (…) La stabilisa- ce l’éducation nationale, sachant quelque chose de paradoxal de la la Réserve fédérale américaine a calendrier en décidant dès hier sance mondiale. tion des marchés aux Etats-Unis qu’à la moindre initiative, parents part d’un hebdomadaire qui s’op- asséné un brutal dopant à une éco- d’abaisser ses taux d’intérêt en dit lèverait une des rares, quoiqu’im- d’élèves, enseignants et lycéens se posa au permis à points, soutint nomie américaine saisie de lan- long sur l’ampleur des dégâts qui portantes, hypothèques qui pèsent mettent en mouvement ; il exige Bernard Pons, ministre des trans- gueur. (…) La médication du doc- menaçaient. La manœuvre d’Alan Philippe Mudry encore sur la croissance toujours du neuf en ce qui concerne les ports d’Alain Juppé, qui refusait de teur Alan Greenspan permet dans Greenspan est une fois de plus très a La Fed n’a-t-elle pas agi trop solide du Vieux Continent. La BCE retraites, n’ignorant pas que le gou- dissimuler les radars et, aujour- l’immédiat de freiner un ralentisse- habile. (…) Mais le coup de pouce tard, alors que les signes de ralen- ne doit pas tarder à en profiter. vernement ne peut proposer que d’hui, ne manque pas une occasion ment brutal de l’économie améri- sur les taux est on ne peut plus tissement brutal sont déjà des efforts et des sacrifices supplé- de s’en prendre au délit de très caine après dix années d’une excep- salutaire pour redonner de l’oxygè- patents ? La polémique à ce sujet RTL mentaires, rarement populaires ; il grande vitesse (appliqué, en cas de tionnelle croissance, voire d’en- ne à l’ensemble d’une planète bour- ne fait que commencer, d’autant Alain Duhamel l’engage à réformer l’Etat, manière récidive, lorsque l’excès constaté rayer un processus de récession. sière au bord de la crise de nerfs. que sa spectaculaire initiative révè- a Pendant les huit premiers jours imparable de mécontenter sur-le- dépasse de 50 km/h la vitesse li- C’est une bonne nouvelle pour (…) Or [le] risque [de récession] pro- le une inquiétude manifeste de l’année, le président de la Répu- champ tous les fonctionnaires. La mite) qu’a instauré le présent gou- l’économie européenne. Celle-ci voqué par un choc brutal et mal devant la dégradation conjonctu- blique possède une fenêtre de tir cohabitation est un métier, Jac- vernement ! n’a aucun intérêt, après que les amorti de l’économie américaine relle, d’une déconcertante rapidité. quasi quotidienne contre le chef de ques Chirac en devient le meilleur Etats-Unis ont joué durant une n’est pas sans danger pour le res- Les optimistes y verront au contrai- gouvernement : les vœux succes- ouvrier de France. Jean-Michel Normand 0123 SUR LA TOILE A LA TELEVISION groove.net ET A LA RADIO PIRATE a Coolio (de son vrai nom Dennis Le Monde des idées Un outil de travail en équipe qui combine tous les modes de communication existant sur Internet Moran), le pirate informatique de LCI dix-huit ans accusé d’avoir détour- Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 RAY OZZIE, le père du célèbre stratégie bien rodée sur Internet : né les sites de plusieurs agences Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 logiciel de messagerie et de si le produit est adopté par un fédérales, de la police de Los Ange- Le lundi à 11 h 10 bureautique Lotus Notes, vient de nombre suffisant d’internautes, il les et de la société de sécurité in- ࡯ lancer sur Internet un nouveau s’imposera dans le monde entier formatique RSA (Le Monde du er Le Grand Jury programme de « collaboration comme l’application de référence 1 juillet), a plaidé coupable devant horizontale » baptisé Groove, ser- et la norme de facto. La société un tribunal de l’Etat du New RTL-LCI Le dimanche à 18 h 30 vant à créer des espaces de travail Groove Networks pourra alors Hampshire. Il risque de neuf à dou- virtuels qui accueilleront des pro- vendre aux entreprises des ver- ze mois de prison et 15 000 dollars ࡯ jets communs à une équipe d’inter- sions faites sur mesure pour leurs d’amende. Le jugement définitif La rumeur du monde nautes éparpillés sur le réseau. besoins spécifiques, par exemple sera prononcé au printemps. Coo- FRANCE-CULTURE Où qu’ils se trouvent, les mem- plus sécurisées, bridées, ou au con- lio, laissé en liberté, conserve le Le samedi à 12 heures bres du groupe pourront travailler traire enrichies… droit d’utiliser des ordina- ࡯ ensemble sur une présentation Au-delà de l’accueil du public, la teurs. – (AP.) Libertés de presse scientifique, un jingle sonore, un grande inconnue reste l’attitude projet architectural ou un busi- de Microsoft face à l’arrivée de VIS-À-VIS FRANCE-CULTURE ness plan sans se soucier du décala- Groove sur le marché. Ray Ozzie a Ababacar Diop, l’ancien porte- Le troisième dimanche ge horaire ni de l’actualisation de ne sait pas ce que Bill Gates lui parole du mouvement des sans- de chaque mois à 16 heures leurs fichiers : les versions du pro- réserve : il peut aussi bien décider papiers, va vendre aux enchères sur ࡯ jet sauvegardées sur les différents de collaborer que de déclencher Internet les parts qu’il détient dans A la « une » du Monde ordinateurs lors d’une précédente les hostilités. Cela dit, M. Ozzie ne la marque Vis-à-vis et le cybercafé RFI session seront mises à jour auto- se fait aucune illusion. Il espère du même nom, situé dans le 18e ar- Du lundi au vendredi matiquement à chaque nouvelle surtout attirer les internautes indé- rondissement de Paris. M. Diop et à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) connexion. Si les participants sont d’échange de fichiers, et même franchit sans encombres la plupart pendants et les équipes dévelop- ses associés avaient déjà reçu ࡯ en ligne au même moment, ils procédés de téléphonie ou de visio- des « firewalls » d’entreprise, car il pant des projets inter-entreprises, 24 millions de francs du groupe La « une » du Monde pourront, grâce à l’interface Trans- phonie. En outre, l’architecture est bâti à partir du protocole car il sait déjà que Microsoft aura Vivendi, détenteur de la marque ceiver, communiquer en temps ouverte de Groove permet d’inté- hypertexte universel du Web. les moyens d’imposer ses futurs Vizzavi, qui souhaitait éviter un pro- BFM réel en combinant à leur guise grer tous les logiciels de bureauti- Disponible en téléchargement produits concurrents de Groove cès pour violation de marque. Du lundi au vendredi toute la panoplie des outils de dia- que usuels. Par ailleurs, les travaux depuis octobre 2000, il est entière- pour satisfaire les besoins des gran- M. Diop a fait savoir qu’il a besoin à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi logue existant sur Internet : en cours sont protégés contre les ment gratuit. M. Ozzie compte des entreprises sur le plan interne. d’argent pour investir dans des pro- 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 e-mail, messagerie instantanée, pirates par un système d’identifica- malgré tout gagner de l’argent jets de développement au Sénégal, tableau noir virtuel, système tion assez puissant. Enfin, Groove grâce à Groove, en adoptant une Jean Lasar où il vit actuellement. – (AFP.) Abonnez-vous au Oui, je souhaite m’abonner au Monde pour la durée suivante : Bouillie bordelaise par Luc Rosenzweig 3 MOIS - 562 F 6 MOIS - 1 086 F 1 AN - 1 980 F Jusqu’à au lieu de 585 F* au lieu de 1 170 F* au lieu de 2340F* LORSQUE, mercredi soir vers re rencontré par le film tiré du blent bien d’époque… Rien n’étant * Prix de vente au numéro (Tarif en France métropolitaine uniquement) Soit 360 F d’économie 21 h 45, nous transhumâmes d’Ar- roman de Régine Deforges. Tous parfait en ce bas monde, nous F te sur France 2, nous crûmes à les ingrédients qui doivent, norma- avons quand même à regretter que je joins mon règlement soit : F 101 MQ 001 ———————— une hallucination. A un retour lement, assurer la réussite d’une l’on fasse revenir un caporal d’un 360 par chèque bancaire ou postal à l’ordre du Monde quelques mois en arrière, lorsque œuvre de ce genre sont là : les intri- Oflag, camp où les Allemands ne par carte bancaire N° cette même chaîne diffusait La gues amoureuses, les différences gardaient que les officiers prison- d’économie Date de validité Signature : Bicyclette bleue, fiction à succès se sociales, la guerre, les morts tragi- niers, et que le dialogue fasse dire déroulant dans les milieux vitico- ques et l’espoir qui vit dans les à un personnage qu’un autre le soit M. Mme Nom : ———————————————————— les du Bordelais, juste avant et grands yeux innocents d’enfants « gonfle », alors que cette expres- Prénom : —————————————————————————— pendant la dernière guerre. Il nous modèles. Peu rodés à nous y recon- sion, utilisée dans le sens d’impor- avait semblé reconnaître le châ- naître dans les méandres psycholo- tuner, ne date que du début des Adresse : 7 semaines —————————————————————————— teau, les vignes, les costumes des giques des drames familiaux, aussi années 80… Localité : —————————————— Code postal: hommes et les coiffures des filles. limpides qu’une bouillie bordelai- Mais ce ne sont là que défauts de lecture TARIFS HORS FRANCE Ce n’est que lorsque, las d’atten- se, nous nous sommes concentrés mineurs au regard de ce qui sem- dre une Laetitia Casta qui avait, à sur l’aspect reconstitution histori- ble, à nos yeux, un scandale : la * Belgique Autres pays USA - CANADA Pays-Bas de l’Union notre souvenir, l’excellente habitu- que de ce film. monopolisation récente par le Bor- Luxembourg européenne « Le Monde » (USPS=0009729) is published daily for $ 892 GRATUITE Suisse per year « Le Monde » 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 de de se mettre à l’aise lorsqu’il fai- Là, il faut avouer que ce n’était delais du feuilleton historico-senti- Offre valable jusqu’au 31/12/2001 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Champlain N.Y. 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Les motos sont des rendant mieux compte de la diver- automatique, les tarifs d’abonnement etc. d’un feuilleton, Les Filles du maître Monet-Goyon ou des Gnome et sité de notre beau pays : cela don- ET DEVENEZ LECTEUR Téléphonez au 01-42-17-32-90 de 8 h 30 à 18 heures du lundi au vendredi. de chai, rediffusion d’un téléfilm Rhône, les coiffures des femmes nerait Les Filles du maître meunier, • Pour un changement d’adresse, un transfert ou une suspension vacances de 1996, que l’on a dû exhumer en de la ville rappellent les publicités Les Filles du patron pêcheur, Les MONDE un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99 F TTC/min). pensant qu’il pourrait bénéficier pour la brillantine Roja, et les bre- filles du maître reblochonnier, etc. PRIVILÉGIÉ DU Bulletin à renvoyer accompagné de votre règlement à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex des retombées du succès populai- telles à boutons du gamin sem- De l’imagination, que diable ! * Pour tout abonnement d’une durée de 1an. LeMonde Job: WMQ0501--0029-0 WAS LMQ0501-29 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 09:29 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0266 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 5 JANVIER 2001 / 29 JEUDI 4 JANVIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.30 Histoires oubliées de l’aviation. 0.00 Jazz à Vienne 2000. 13.45 Le Grand Ziegfeld aaa DÉBATS Pogostick, le nez en l’air. Planète Trumpet Summit. Avec Jon Faddis, Lew Robert Z. Leonard (EU, 1936, N., TÉLÉVISION ARTE 20.35 Le Cinéma Solof, Randy Brecker, v.o., 180 min) &. Ciné Classics 21.00 Le Clonage : aventure, 19.00 Voyages, voyages. Costa Rica. de Jean Rochefort. Canal + Terrell Stafford, Cedar 14.30 La Neuvième Porte aa ethique et progrès... 19.45 Météo, Arte info. 20.45 Thema. Recherche Walton, Peter Washington, Roman Polanski (France - Espagne, TF 1 Invités : Jean-François They, 20.15 360o , le reportage GEO. famille désespérément, les mystères Idris Muhammad. Muzzik 1999, 130 min) %. Canal + Vert Louis-Marie Houdebine, Xavier 17.30 Sunset Beach. Survivre dans le désert. de la généalogie. Arte 0.50 Certains Leeb jazz. 15.20 Capitaine Conan aa Vignon, Laurence Simonneaux. Forum 18.15 7 à la maison. [3/4]. Les maîtres bâtisseurs du désert. 21.00 Rachmaninov, Concert enregistré à Nice, en 2000. Bertrand Tavernier (France, 1996, 22.00 Les Dinosaures et leur évolution. Avec Herbie Hancock, Stephano Di 130 min) %. Ciné Cinémas 1 19.05 Le Bigdil. 20.45 Thema. Recherche famille the Secret Island. Mezzo désespérément, les mystères Invités : Véronique Barriel, Pascal Battista, Count Basie Orchestra, Flavio 15.45 Autour de minuit aa 20.00 Journal, Tiercé, Météo. Tassy, Armand de Ricqlés, Eric Robin, de la généalogie. 21.05 Du rugby et des hommes. [1/5]. Boltro Quintet, John Hicks Trio. TF 1 Bertrand Tavernier (Fr. - EU, 1986, 20.55 Navarro. La Colère de Navarro. Aotearoa, terre des guerriers. TV 5 20.46 Les Liens de sang, Denis Pons, Jean Genermont. Forum 125 min) %. Ciné Cinémas 3 22.30 Dossiers confidentiels. une saga islandaise. 21.25 Le Clonage. Un saut 16.15 La Lettre aaa Téléfilm. Peter Smith %. Documentaire. Béatrice Corck. dans l’inconnu. Planète TÉLÉFILMS MAGAZINES Manoel de Oliveira (Fr. - Esp. - Port. 0.35 TF 1 nuit, Météo. 21.40 Nom de famille. 21.50 Sur les grandes avenues. 1999, 104 min) &. Canal + Documentaire. Macky Alston. 20.30 Bonjour tristesse. 0.50 Certains Leeb jazz. 18.30 L’Invité de PLS. LCI Le Royal Mile, à Edimbourg. Odyssée 22.40 Tu n’es pas un ange. Peter Kassovitz. Festival 16.20 Ziegfeld Folies aaa Documentaire. Marie Dumora. 18.55 Nulle part ailleurs. Canal + 22.50 Légendes. Marilyn Monroe. Téva 20.55 Le Mas Théotime. Vincente Minnelli (Etats-Unis, 1946, 23.45 Le Rêve de Pinkas. v.o., 110 min) &. Cinétoile FRANCE 2 19.00 Le Grand Journal. LCI 0.40 Grand format. Philomène Esposito &. TMC Documentaire. Ruth Walk. 22.20 Les Années belges. Le Crachet : La Route du sel au Tibet. Arte 21.00 La Course à la bombe. 18.15 Le Petit Criminel aaa 17.20 Flic de mon cœur &. Jacques Doillon (France, 1990, 0.45 Un siècle d’écrivains. Allan Eastman. [1/3] le passé et l’avenir réconciliés. 100 min) %. Ciné Cinémas 3 18.05 S.O.S. Fantômes a M6 Invité : Jean Puissant. RTBF 1 Arthur Schnitzler, voyage dans aux médailles 1933-1942 &. Histoire Film. Ivan Reitman &. la pénombre des âmes. France 3 22.05 Mémoires en fuite. 19.05 20 000 Lieues sous les mers aa 18.20 Chasseurs de tornades. 23.30 Prise directe. Richard Fleischer (Etats-Unis, 19.50 Un gars, une fille. François Marthouret. Festival Téléfilm. Noel Nosseck &. Des psys partout : un bien 1954, 120 min) &. Disney Channel 19.55 Image du jour : Dakar 2001. 20.05 Une nounou d’enfer &. ou un mal nécessaire ? France 3 SPORTS EN DIRECT 22.30 Made in America. Dossiers 20.00 Journal, Météo. confidentiels. Peter Smith. %. TF 1 20.30 Regarde les hommes 20.40 Décrochages info, Passé simple. 0.00 Howard Stern. Paris Première 20.50 Point route. 20.30 Basket-ball. SuproLigue. 22.45 Les Visiteurs du futur. tomber aa 20.50 Le Boulanger de Valorgue 20.55 Les Z’amours. DOCUMENTAIRES Panathinaïkos - Asvel. Barry Samson. %. M6 Jacques Audiard (France, 1993, Film. Henri Verneuil &. A Athènes (Grèce). Eurosport 100 min) %. Ciné Cinémas 1 23.05 La Nuit des Rois. 22.45 Les Visiteurs du futur. 19.15 Le «Guernica» SÉRIES 21.00 La Poursuite infernale aaa Film. Trevor Nunn. Téléfilm. Barry Samson %. de Pablo Picasso. Histoire John Ford (Etats-Unis, 1946, N., 0.10 Chapeau melon et bottes de cuir. MUSIQUE v.o., 95 min) &. Cinétoile 19.30 Le Temps du marché noir, 20.35 Julie Lescaut. Tableau noir. RTBF 1 FRANCE 3 23.00 Jazz à Vienne 2000. 20.40 Significant Others. 1940-1950. Odyssée 17.35 La Piste du Dakar. 20.05 Esprit des peuples premiers. Wilson Picket. Muzzik The Plan (v.o.). &. Série Club RADIO Canada, les gardiens du feu. Planète 23.45 Nabucco. Opéra de Verdi. 20.55 Navarro. La Colère de Navarro. TF 1 18.15 Un livre, un jour. 20.15 360o , le reportage GEO. Mise en scène de Roberto 21.25 Les Superminds. [1/2] 18.20 Questions pour un champion. Survivre dans le désert [3/4]. de Simone. Interprété par Episode pilote. &. Série Club 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. FRANCE-CULTURE Les maîtres bâtisseurs du désert. Arte l’Orchestre et le Chœur 22.15 P.J. Racket ; Cambriolage. TV 5 20.10 Tout le sport. 20.25 Parachute ! de la Scala de Milan, 22.15 Roswell. 20.15 Le Journal du Dakar. 21.00 Le Gai Savoir. [1/4]. Chute libre. Odyssée dir.Riccardo Muti. Mezzo Four Square (v.o.). &. Série Club Sabine Melchior-Bonnet. 20.30 Mister Bean. 22.12 Multipistes. 21.00 Retour vers le futur III 22.30 Surpris par la nuit. Film. Robert Zemeckis &. Ils ont tué Walter ! 23.00 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. Marc 23.30 Prise directe. Des psys partout : Chénetier (La perte de l’Amérique). un bien ou un mal nécessaire ? 0.45 Un siècle d’écrivains. FRANCE-MUSIQUES ARTE CANAL+ FRANCE 3 Arthur Schnitzler, voyage dans la pénombre des âmes. 20.00 Concert. Par l’Orchestre de Bretagne, 20.45 Thema : Recherche famille 21.30 Le Mari de la coiffeuse a 0.45 Un siècle d’écrivains : dir. Stefan Sanderling : Variations sur un thème russe, de Rimski-Korsakov, désespérément. C’est le film d’une obsession, d’un Arthur Schnitzler. 21.30 Le Mari de la coiffeuse a CANAL + Glazounov, Liadov et Withol ; Concerto pour piano et orchestre, de Cras, Abdel Les Liens du sang, une saga islan- fantasme, poursuivis depuis l’en- La figure d’Arthur Schnitzler est Patrice Leconte. 16.15 La Lettre aaa Avec Jean Rochefort, Rahman El Bacha, piano ; Symphonie daise, de Béatrice Korc ; Nom de fa- fance. A douze ans, Antoine aimait tout entière inscrite dans un cadre, Film. Manoel de Oliveira &. no 3 op. 44, de Rachmaninov. Anna Galiena (France, 1990, 17.59 Entre chien et chat &. mille, de Macky Alston ; Tu n’es pas aller se faire coiffer par une rousse Vienne, et une époque, les quel- 75 min) &. Canal + 22.30 Jazz, suivez le thème. Blood Count. un ange, de Marie Dumora ; Le opulente. Elle le troublait. Il décida ques décennies qui vont de la fin 22.30 I Love L.A aa f En clair jusqu’à 20.35 23.00 Le Conversatoire. 18.00 Chris Colorado &. Rêve de Pinkas, de Ruth Walk d’être, plus tard, le mari d’une coif- du XIXe siècle aux préliminaires du Mika Kaurismaki (France - Etats-Unis, 1998, 105 min) &. Cinéstar 1 18.30 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE − cette « Thema » s’engage sur les feuse. Dans cette soirée consacrée second conflit mondial. L’antisé- 20.35 Le Cinéma de Jean Rochefort. 22.35 L’homme qui tua 20.40 Les Rendez-vous du soir. sentiers, souvent bouleversés et à Jean Rochefort – et par ailleurs mitisme grossit à vue d’œil ; il va Le Cinéma de Jean Rochefort. Liberty Valance aa Par l’Orchestre philharmonique bouleversants, de ceux pour qui le bien composée –, ce film de Patrice bientôt devenir une bête malfai- Documentaire. Jérôme Caza. de Moscou, dir. Dmitri Yablonski, John Ford (Etats-Unis, 1962, N., 21.30 Le Mari de la coiffeuse a v.o., 125 min) &. Cinétoile Jean-Bernard Pommier, piano : Toccata lien familial, perdu ou inconnu, de- Leconte est le plus original et le sante et meurtrière. Schnitzler, qui Film. Patrice Leconte &. et Fugue BWV 565, de Bach vient le problème majeur de l’exis- plus insolite. Prix Louis-Delluc se sent viennois plus que juif, d’un 0.40 Les Désaxés aa 22.45 Un étrange voyage aa et Dupin ; Œuvres de Beethvoen, John Huston (Etats-Unis, 1961, Film. Alain Cavalier &. Tchaïkovski, Rossini. 22.40 (suite). tence. 1990. regard inquiet, observe, note... N., 120 min) &. Cinétoile 0.25 Calmos. Film. Bertrand Blier %. Œuvres de Schubert, Brahms, Dvorak.

VENDREDI 5 JANVIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.30 The Art Ensemble of Chicago, 19.50 Mozart. Concerto pour violon 13.05 L’homme qui tua DÉBATS o LA CINQUIÈME/ARTE portrait. Muzzik et orchestre n 5. Liberty Valance aa TÉLÉVISION Avec Franck Peter Zimmermann, 20.55 Un château à tout prix. Odyssée John Ford (Etats-Unis, 1962, 14.05 Toi mon bébé. [5/5] Penser. 21.00 Chars à voile, violon. Dir. Bernard Haitink. Mezzo N., 110 min) &. Cinétoile TF 1 14.35 Un siècle de découvertes. les voiliers des sables. Forum 21.55 L’Illusion esthétique. 21.00 Soirée Art Ensemble of Chicago. 13.25 Le Docteur Jivago aaa Barcelone 1900. Histoire The Art Ensemble of Chicago & Cecil Les mystères de l’Univers [2/2]. 22.00 Justice, mensonge et vidéo. Forum David Lean (Etats-Unis, 1965, 13.50 Les Feux de l’amour. 22.00 Classic album. Taylor. Châtelet, 1984. Muzzik 185 min) &. Ciné Cinémas 1 15.30 L’Aventure photographique. 23.00 Cassavetes : un homme 14.35 Un billet pour le danger. [10/10] Le nu. « The Joshua Tree », U2. Canal Jimmy 23.00 Jimi Hendrix Plays Monterey. 14.55 Fanny et Alexandre aa d’influence. Forum 22.05 Fous D’Animaux. Monterey, juin 1967. Canal Jimmy Téléfilm. Stuart Cooper %. 16.00 Souviens-toi du futur. Ingmar Bergman (Suède, 1983, De Bob Dylan à Björk. La cité des loutres. Disney Channel 23.05 Jazz Box 99. 185 min) &. Cinétoile 16.00 Chien de flic 2. MAGAZINES Festival de jazz de Montréal. Film. Charles T. Kanganis. 16.30 Les Trésors de l’humanité. 22.15 Grand format. 15.20 La Neuvième Porte aa 17.30 Sunset Beach. Les monuments de l’Islam. Freedom Highway. Chants Andy Bey, piano et chant. Muzzik Roman Polanski (France - Espagne, 18.15 7 à la maison. 17.20 Le racisme au quotidien. 14.00 C’est mon choix. France 3 de résistance et de liberté. Arte 23.20 Pavarotti and Friends 2000. 1999, , 130 min) %. Canal + 19.05 Le Bigdil. 17.30 100 % question 2e génération. 17.00 Les Lumières du music-hall. 22.30 Des voiles sur le sable. Planète Modène, juin 2000. TMC 16.15 Smoke aa 20.00 Journal, Météo. 17.55 Eléments déchaînés. Michèle Torr. 22.45 Parachute ! 23.45 Thésée. Opéra de Lully. Wayne Wang (Etats-Unis, 1995, Laurent Voulzy. Paris Première [1/4]. Chute libre. Odyssée Par les Arts florissants, v.o., 105 min) &. Cinéfaz 20.55 Les Sept Péchés capitaux. 18.30 La Vie secrète des coatis. dir. William Christie. Mezzo 18.55 Nulle part ailleurs. 23.15 Scientologie, 16.30 Le Petit Criminel aaa 23.05 C’est quoi l’amour ? Hommes, 19.00 Tracks. Invités : Jean-Louis Trintignant, Jacques Doillon (France, 1990, femmes : les clefs pour s’aimer. 19.45 Météo, Arte info. une dangereuse mafia ? Odyssée Marie Trintignant ; THÉÂTRE 100 min) %. Ciné Cinémas 1 0.20 Les Coups d’humour. 20.15 360o , le reportage GEO. Brigitte Senut. Canal + 23.25 Esprit des peuples premiers. [5/13]. 18.25 Les Parents terribles aaa 0.55 TF1 nuit, Météo. [4/4] Survivre dans le désert. 20.50 Nos ancêtres les Gaulois. Canada, les gardiens du feu. Planète 23.05 Si je peux me permettre. Jean Cocteau (France, 1948, 1.10 Certains Leeb jazz. 20.45 D’amour et d’eau salée. Invités : Christophe Lambert ; 23.45 Un siècle de danse. Pièce de Robert Lamoureux. France 2 N., 95 min) &. Ciné Classics Téléfilm. Edwin Baily. José Bové ; Inès Sastre ; Julie Snyder ; [1/5]. Du romantisme au néoclassique : 20.30 Sous les ponts aa FRANCE 2 22.15 Grand format. Freedom Highway. Jérôme Dreyfus ; Virginie Lemoine ; le ballet romantique. Histoire TÉLÉFILMS Helmut Kautner (Allemagne, 1944, N., Chants de résistance et de liberté. Franck Dubosc ; Mario Luraschi ; v.o., 100 min) &. Ciné Classics Jean-Pierre Rives ; Henri Salvador ; 23.50 Les Grands Moments 14.00 Quand j’étais p’tit. 23.45 Just Married. Anne de Leseleuc. France 2 du Lido. France 3 17.50 Robin des Bois. John Irvin. &. M6 21.00 Diamants sur canapé aa Téléfilm. Daniel Janneau &. Film. Rudolf Thome (v.o.). Blake Edwards (Etats-Unis, 1961, 21.00 Thalassa. Escale à Belém. France 3 23.55 Histoires oubliées de l’aviation. 18.15 La Controverse de Valladolid. 15.35 Baldi et Radio-Trottoir. 1.05 Le Dessous des cartes. v.o., 115 min) &. Cinétoile Téléfilm. Claude D’Anna &. 21.00 Lucy, Ramsès et Cie. Pogostick, le nez en l’air. Planète Jean-Daniel Verhaeghe &. Histoire 1.15 Haute pègre aaa 19.00 Docteur Quinn, femme médecin. 21.00 L’Effrontée aa 17.05 Flic de mon cœur. &. Film. Ernst Lubitsch (v.o.). Focus : Crayssac, dans le Quercy. Claude Miller (France, 1985, Beth Sullivan &. Ciné Cinémas 18.00 Football. Repère : la naissance de Paris. SPORTS EN DIRECT 95 min) %. Ciné Cinémas 2 Focus : la cité d’Empuries. 19.05 La Maison du futur. Coupe de la Ligue : Rennes - Nantes. M6 Repère : Malte. Histoire 13.00 Combiné nordique. LeVar Burton. Disney Channel 19.50 Un gars, une fille. 21.00 Recto Verso. Coupe du monde. Eurosport 20.30 Victoire 20.00 Journal, Météo, Point route. 13.30 Rendez-vous Jean-Hugues Anglade. Paris Première 20.50 Nos ancêtres les Gaulois. à la Maison Blanche. 14.30 Tennis. Tournoi messieurs de Doha ou la Douleur des femmes. Téléfilm. Alex Zamm &. 21.05 Rock Press Club. Que vaut le rock (Qatar) : 5e jour. Eurosport 23.00 Bouche à oreille. Nadine Trintignant [1/3]. %. Festival 15.10 Britney Spears à Hawaï. français ? Canal Jimmy 18.00 Football. 23.05 Si je peux me permettre. 20.45 D’amour et d’eau salée. 16.05 Le Temple de l’éléphant blanc a 22.25 Faut pas rêver. Coupe de la Ligue (16e de finale) : Edwin Baily. Arte Pièce de Robert Lamoureux. Rennes - Nantes. France 2 0.45 Journal, Météo. Film. Umberto Lenzi. &. Pologne : Le cimetière juif de Varsovie. 20.45 Un tueur dans New York. 17.50 Robin des Bois. France : Les fondus du plomb. 1.05 Passion Dakar. Jud Taylor. RTL 9 Téléfilm. John Irvin &. Etats-Unis : Venice Beach. France 3 DANSE 20.50 Le 10e Royaume. David Carson et 19.50 I minute, Le Six Minutes, Météo. 23.05 C’est quoi l’amour ? Hommes, Herbert Wise [3/5]. &. M6 FRANCE 3 femmes : les clefs pour s’aimer. TF 1 21.00 A Folk Tale. Ballet. 20.05 Une nounou d’enfer. 23.15 Paris dernière. Chorégraphie d’August Bournonville. 20.55 George Dandin. 14.00 C’est mon choix. 20.40 Cinésix. Jean-Claude Brialy. &. TMC e Jacques Higelin. Paris Première Par le Royal Danish ballet. 14.55 Estouffade à la Caraïbe. 20.50 Le 10 Royaume. Avec Silja Schandorff (Hilda), 22.20 Un bonheur si fragile. Film. André Hunebelle. Téléfilm. David Carson Jette Buchwald (Muri), Sorella Englund Jacques Otmezguine. Festival 16.45 Chroniques du dernier continent. et Herbert Wise [3/5] &. DOCUMENTAIRES (Viderick). Avec Le Danish Radio 22.20 Sliders, les mondes parallèles. Concert Orchestra, 0.00 La Dame aux camélias. Jean-Claude Le rêve de la fourmi à miel. Brialy. Festival 23.55 Brooklyn South. 17.20 Picasso, portraits. Planète dir. Harry Damgaard. Mezzo 17.35 La Piste du Dakar. 22.55 Le Soldat / Steps. 18.15 Un livre, un jour. 17.25 Objectif nature. Des voyageurs entre COURTS MÉTRAGES 21.00 Ben Hur aa deux mondes. Odyssée Chorégraphie d’Ashley Page. William Wyler. 18.20 Questions pour un champion. RADIO Musique d’Igor Stravinski. Par la Avec Charlton Heston, 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 17.55 Eléments déchaînés. [8/8]. Rambert Dance Company. Mezzo 1.35 L’Ame sœur. Défier les volcans. La Cinquième Stephen Boyd (Etats-Unis, 1959, 20.10 Tout le sport. Olivier Chrétien. &. France 2 v.o., 205 min) &. Ciné Cinémas 3 FRANCE-CULTURE 18.10 Journal d’un globe-trotter. MUSIQUE 20.15 Le Journal du Dakar. Afrique du Sud. Odyssée SÉRIES 20.30 Mister Bean. 20.30 Black & Blue. 18.30 Le Monde des animaux. La vie 17.25 Mendelssohn. Sonate pour alto 21.00 Thalassa. Escale à Belém. La double vie de Milt Jackson. secrète des coatis. La Cinquième et piano. Avec Gérard Caussé, alto ; 20.30 Mister Bean. 22.25 Faut pas rêver. 21.30 Cultures d’islam. 18.30 L’Actors Studio. Sabine Vatin, piano. Muzzik Mr Bean coiffé au poteau. France 3 23.25 Météo, Soir 3. Les jardins de Marrakech. Norman Jewison. Paris Première Invité : Mohammed El-Faïez, historien. 17.55 Mendelssohn. Sextuor pour piano 23.50 Les Grands Moments du Lido. 20.45 L’Instit. Carnet de voyages. TSR 22.12 Multipistes. 19.10 John Cassavetes. Planète et corde, opus 110. Muzzik 0.50 On en rit encore ! Gustave Parking. 20.45 New York District. 22.30 Surpris par la nuit. 19.55 Les Emeus, de drôles ème 1.45 Tex Avery. 18.30 Mozart. La Grande Messe Le mal du pays. 13 RUE Qui a peur de l’Easy Listening ? de compagnons. Odyssée en ut mineur, KV 427. 23.45 Murder One, l’affaire Jessica. 20.15 360o, le reportage GEO. Avec Ruth Ziesak, soprano ; Chapitre XVI (v.o.). Série Club CANAL + FRANCE-MUSIQUES Survivre dans le désert. Carmen Oprisanu, mezzo-soprano ; 0.45 Brooklyn South. [4/4] Sursis dans le désert. Arte Giuseppe Sabbatini, ténor ; 13.45 Jugement explosif. Erreurs de jeunesse &. M6 Téléfilm. Robert Marchand &. 20.05 Concert franco-allemand. 20.25 Les Merveilles du delta Michele Pertusi, basse. Donné par l’Orchestre symphonique de Par l’Orchestre et le Chœur 1.00 Chapeau melon et bottes de cuir. 15.20 La Neuvième Porte aa Berlin, dir. Herbert Blomstedt. Œuvres de l’Okavango. Odyssée de la Scala, dir. Riccardo Muti. Mezzo Un Steed de trop. &. Série Club Film. Roman Polanski %. de Haydn, Bruckner. 17.30 Mickro ciné. 22.30 Alla breve. f En clair jusqu’à 21.00 22.45 Jazz-club. Le trio de Marc Ducret. 18.00 Chris Colorado. &. 21.00 Journal intime aaa 18.30 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE Nanni Moretti. Avec Nanni Moretti, 20.35 Allons au cinéma ce week-end. Giovanna Bozzolo, Sebastiano 21.00 Le Corrupteur 20.40 Les Rendez-vous du soir. M6 CINÉCINÉMAS 3 une version restaurée). Plus Nardone (Italie, 1994, v.o., Film. James Foley ?. Œuvres de Mozart, Chopin, Debussy, Chabrier, Ravel, Rimski-Korsakov, 100 min) &. Cinéfaz 22.50 Shakespeare in Love aa 20.50 Le 10e Royaume [3/5]. 21.00 Ben Hur aa connue et souvent diffusée, la ver- Schubert, R. Schumann, Schoenberg. sion de William Wyler traite avec 21.30 La Neuvième Porte aa Film. John Madden &. 22.35 Les Rendez-vous du soir (suite). Après Alice aux pays des merveilles Publié en 1880, le roman du géné- Roman Polanski (France - Espagne, 0.47 Histoire muette. sérieux un sujet trop connu pour Œuvres de Mozart, Reichardt, et Les Contes des mille et une nuits, ral Lew Wallace − récit des aven- 1999, 125 min) %. Canal + Vert 0.55 Un hiver au bout du monde Hummel, Zelter, Mozart, Eberweln, être modifié. Le film donne aux Film. Can Togay (v.o.) &. Mendelssohn, Schubert, Beethoven. les producteurs Robert Halmi, 22.50 Shakespeare in Love aa tures dramatiques et héroïques du personnages une dimension psy- John Madden (Etats-Unis, 1998, père et fils, ont voulu rendre hom- prince Judah Ben Hur, aristocrate chologique grâce à laquelle ils 117 min) &. Canal + mage aux frères Grimm avec Le juif de Jérusalem victime de la existent bien dans un tableau his- 23.35 Tess aa SIGNIFICATION DES SYMBOLES 10e Royaume, adapté de leur haine d’un officier romain, entre la Roman Polanski (Fr. - GB, 1979, torique exact, et représente, dans 165 min) &. Canal + Vert Les codes du CSA Les cotes des films œuvre. Un monde peuplé de fées, & a naissance et la mort du Christ − ses superbes scènes spectaculaires 23.40 Viva Maria aa Tous publics On peut voir de trolls, de géants et de lutins qui connut un extraordinaire succès au comme dans sa partie intimiste, un % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer Louis Malle (France - Italie, ? aaa sont en conflit permanent. Réalisa- théâtre puis dans la première su- hymne à la liberté de l’homme et 1965, 110 min) &. Cinétoile Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + tion efficace de David Carson et perproduction de la MGM réalisée un acte de foi. Ce cinéma popu- 0.10 Autour de minuit aa ! Bertrand Tavernier Public adulte DD Dernière diffusion Herbert Wise, des décors magni- en 1925 par Fred Niblo (proposée laire ne se réduit pas à des effets Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour (France - Etats-Unis, # fiques. par Arte en décembre 1999 dans d’imagerie. 1986, 125 min) %. Ciné Cinémas 2 Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0501--0030-0 WAS LMQ0501-30 Op.: XX Rev.: 04-01-01 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0267 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 5 JANVIER 2001 Armata corsa revendique RSF note Chiffre têtu par Pierre Georges un léger mieux EST-CE la distance ? Ces quel- n’en déplaise à ceux qui, vite, ont deux assassinats et huit attentats ques centaines de kilomètres qui vu ou feint de voir dans les tour- nous séparent de Paris, qui ne ments judiciaires infligés au fils pour la liberté de sont rien, un souffle de TGV, et une manière de revanche contre tout, un autre monde ? Toujours le père défunt. A avancer cet ar- Ce mouvement clandestin corse menace Paris d’« actions meurtrières » la presse en 2000 est-il qu’on n’a pas la même per- gument, à vouloir une fois de ception de ce qu’il est convenu plus, et de trop, faire simplement LE GROUPE NATIONALISTE réaction au sein de la classe poli- a assuré, mercredi, qu’il s’agissait L’ASSOCIATION Reporters sans d’appeler les affaires. Et, com- de l’un le seul fils de l’autre, on clandestin Armata corsa a reven- tique locale. Ils affirment égale- d’une « ultime mise en garde » qui frontières (RSF) dresse un bilan en ment dire, on n’éprouve pas la escamote la vérité. diqué, mercredi 3 janvier, deux ment avoir placé un autre véhi- devait être « prise au sérieux aussi demi-teinte de la réalité de la liber- même qualité de compassion et La vérité, la seule établie, non « exécutions » en Corse et huit at- cule piégé, le 7 novembre 2000, à par José Rossi [le président de l’As- té de la presse dans le monde au d’indignation pour le présumé contestée, c’est que Jean-Chris- tentats. Ce mouvement armé n’a proximité des bâtiments de la semblée de Corse] et son entou- cours de l’année écoulée. D’une malheureux innocent persécuté tophe Mitterrand, et non plus pas donné de précision sur l’iden- DDE, à Corte (Haute-Corse). Ils rage le plus proche, ainsi que les manière générale, la situation s’est par la coalition des juges et des « Papa m’a dit », disposait d’un tité des deux victimes. Les auteurs revendiquent l’opération menée, nationalistes qu’ils manipulent ». améliorée, même si près d’un tiers envieux. compte en Suisse. Que, sur ce de la revendication présentent le 26 août 2000, en plein jour, Les auteurs de cette revendica- de la population mondiale vit en- Ainsi de Jean-Christophe Mit- compte en Suisse, ont transité l’ensemble des ces actions comme contre les locaux de la direction tion paraissent nourrir une cer- core dans un pays où l’absence de terrand, fils de président, un fait 13 millions de francs. Que ce ne autant d’actes de représailles aux départementale de l’équipement taine amertume au regard des liberté reste la règle. L’observatoire mais pas un titre, et affublé, ja- sont certes ni les chiches écono- assassinats, le 7 août 2000, à L’Ile- (DDE) à Bastia (Haute-Corse). Ils lenteurs de la justice et de la po- mis en place par cet organisme re- dis, en ses activités africaines de mies d’un ancien de l’AFP, ni les Rousse (Haute-Corse) de Jean- affirment être à l’origine de lice dans l’enquête sur la mort de lève ainsi que « tous les indicateurs filii dominici, du sobriquet « Papa émoluments d’un conseiller aux Michel Rossi, considéré comme quatre attaques à l’explosif contre MM. Rossi et Fratacci. « Nous (journalistes assassinés, interpellés, m’a dit ». Il eut du pouvoir, de affaires africaines qui permettent un proche d’Armata corsa, et de l’Office de l’environnement de mettons en cause les patrons de la agressés, menacés, médias censurés) l’influence, un poste à l’Elysée. d’expliquer pareille somme. La son garde du corps, Jean-Claude Corte. direction centrale des renseigne- sont à la baisse. Le nombre de jour- Sur ses seuls mérites et connais- vérité, la rude vérité, c’est Fratacci. « Dès le 1er février, précise ments généraux qui possèdent tous nalistes emprisonnés est le plus bas sances du continent africain d’abord celle-là, celle du chiffre ! le communiqué transmis à un UNE LETTRE À LIONEL JOSPIN les éléments permettent de ré- qu’on ait connu ces dernières an- comme journaliste à l’Agence Il fait beaucoup plus scandale journaliste de l’agence Gamma, si Enfin, Armata corsa revendique soudre toutes ces affaires. » Enfin, nées. Le nombre de pays où il France-Presse ? Sur son nom ? dans les campagnes que l’achar- l’affaire Rossi-Fratacci n’est pas la tentative d’attentat à la voiture ces nationalistes clandestins dé- n’existe aucune liberté de la presse Sur la confiance que pouvait nement d’un juge à en détermi- élucidée, nous entamerons dans la piégée, commise, le 20 octobre noncent les protections dont bé- diminue inexorablement ». avoir en lui son père en lui délé- ner la provenance. capitale des actions aveugles et 2000 à Marseille (Bouches-du- néficieraient, de la part du gou- Ce constat serait plutôt rassu- guant, pour le mieux contrôler, Jean-Christophe Mitterrand meurtrières afin de démontrer que Rhône), en précisant que la vernement, Jean-Guy Talamoni, rant si l’association animée par Ro- un mandat de représentation en s’est enrichi. Beaucoup. Légale- la vie de deux jeunes Corses vaut charge de 100 kg avait été « volon- actuel porte-parole de la coalition bert Ménard n’avait dressé la ce traditionnel domaine réservé ment ? Illégalement ? Pour prix celles de plusieurs Français. » tairement désamorcée ». « Mais nationaliste Corsica nazione, in- sinistre comptabilité des 26 journa- de l’Afrique francophone ? Ou, de ses conseils éclairés ? Pour Ces menaces sont jointes à la nous notons, poursuit le groupe, terlocuteur du gouvernement listes – 36 en 1999 – tués dans encore, parce que son père-pré- solde de quelque participation à liste des attentats commis par Ar- que l’enveloppe destinée à Lionel dans le « processus » Matignon. l’exercice de leur métier ou pour sident l’estimait en mesure, par des opérations douteuses, à des mata corsa. Les membres de ce Jospin a disparu. » Un interlo- Armata corsa avait déjà reven- leurs opinions. Onze d’entre eux ses qualités et sa compétence, de trafics d’armes ? La suite de l’ins- groupe s’attribuent ainsi l’atten- cuteur téléphonique anonyme diqué l’assassinat, le 21 juillet ont été assassinés par des groupes remplir cette fonction ? truction le dira, qui semble le tat à la voiture piégée commis, le avait, au moment des faits, avisé 1999, de Dominique Savelli, rebelles ou des indépendantistes On n’en sait rien et ne veut dire déjà, trop vite, trop fort. 13 août 2000, contre l’Agence de la presse que cette action consti- membre du milieu toulonnais, ac- en conflit armé avec le pouvoir, no- rien en savoir, n’étant pas dans le Mais une chose est de débattre développement économique de la tuait « un avertissement à Jospin cusé d’avoir voulu tuer Jean-Mi- tamment en Sierra Léone ou au Sri souci mesquin et la férocité tar- sur la mise en détention et la re- Corse (ADEC) à Ajaccio (Corse- car lui seul connaît nos attentes et chel Rossi. Dans la nuit du 20 au Lanka. En Colombie, deux journa- dive d’instruire une éventuel mise en liberté virtuelle, vu l’am- du-Sud), qui avait suscité une vive nos revendications ». Armata corsa 21 juin 1999, Paul Grimaldi, soup- listes, dont le directeur de la radio procès en népotisme du Prince. pleur de la caution, de Jean- çonné d’être le commanditaire du communautaire Galaxia Estereo, Ce qu’on sait par contre, c’est Christophe Mitterrand. Une contrat confié à M. Savelli, et an- ont été victimes des groupes para- que très probablement Jean- chose aussi sera de dire si un ma- Un groupe apparu en juin 1999 cien bras droit de Jean-Louis Far- militaires d’extrême droite alors Christophe Mitterrand n’aurait gistrat trop zélé a pu antidater gette, l’ancien parrain du Var, qu’ils enquêtaient sur la corruption jamais représenté la France en des actes de procédures, chose Le groupe clandestin Armata corsa est apparu en juin 1999, en af- était, à son tour, tué par un et la violence de ces groupes Afrique si son père n’avait été la inadmissible. Reste cependant, firmant qu’il entendait se situer sur le terrain du débat politique pu- commando de deux hommes. Son armés. France à l’Elysée. Pas plus que loin de Paris et du tumulte, une blic et que son « organisation en force armée » vise à « préserver le pa- assassinat n’avait pas été revendi- En Asie, et au Pakistan en parti- Claude Chirac n’aurait été un certitude tranquille : le jour où il trimoine insulaire en butte à la spéculation foncière et immobilière » et qué. Les liens notoires qui exis- culier, des trafiquants de drogue et jour conseiller à l’Elysée si sera décrété scandaleux, indigne, à « exercer une vigilance accrue vis-à-vis des agissements mafieux ». Ar- taient entre Paul Grimaldi et Do- la mafia locale s’en sont pris à des Jacques Chirac... abusif, de voir un juge s’intéres- mata corsa est réputée proche de François Santoni, ancien dirigeant minique Savelli laissaient reporters qui tentaient de dénon- Donc cela fut. Et voici, vingt ser au compte suisse d’un ex- d’A Cuncolta, vitrine légale du FLNC-canal historique et de Jean- entendre que Armata corsa pou- cer leurs pratiques délictueuses. En ans après, qu’une sale affaire rat- « Papa m’a dit », ou de tout Michel Rossi, assassiné en août 2000. Avant cet assassinat, lors d’une vait avoir un lien avec cette af- Espagne, les journalistes sont de- trape Jean-Christophe Mitter- autre, il vaudra mieux fermer les conférence de presse clandestine dans la nuit du 6 au 7 février 2000, faire. venus une cible particulière du rand. Pas comme fils de son père, palais de justice en ce pays ! Armata corsa avait soutenu le processus de Matignon, en se disant mouvement indépendantiste ETA. alors prête, sous certaines conditions, à s’autodissoudre. Jacques Follorou Avec l’assassinat, le 7 mai 2000, de José Luis Lopez de Lacalle, chroni- queur de l’édition régionale du quotidien El Mundo au Pays Le moral des ménages français basque, RSF relève que « des jour- nalistes sont régulièrement menacés ou dénoncés dans des listes noires à un niveau record fin 2000 publiées par des mouvements proches de l’ETA ». LE MORAL DES MÉNAGES n’a jamais été aussi bon en France. L’indicateur résumé d’opinion des ménages de l’Insee a battu un 300 MÉDIAS CENSURÉS nouveau record en décembre 2000 (+ 3), selon les chiffres publiés Quatre pays détiennent le triste jeudi 4 janvier. Le précedent record (+ 2) datait de juillet 2000. Les privilège de garder derrière des ménages sont très optimistes sur leur niveau de vie, tant pour le barreaux la moitié des journa- passé récent que pour le futur proche. Leur opinion continue aussi listes emprisonnés dans le de s’améliorer concernant leur propre situation financière passée, monde : la Birmanie (13), la Chine présente et à venir. L’opportunité d’acheter, stable depuis sep- (12), l’Iran (10) et l’Ethiopie (9). tembre, a nettement rebondi en décembre. Mais l’opportunité Certes, le nombre d’interpella- d’épargner a elle aussi progressé, d’autant que les ménages sont tions est en régression, puisque beaucoup plus nombreux à s’estimer en mesure de mettre de l’association en a recensé 329 l’argent de côté dans un futur proche. L’enquête révèle en outre contre 446 en 1999. Dans certains une nouvelle amélioration des perspectives d’évolution de l’emploi pays, cette pratique est particuliè- dans les prochains mois. rement inquiétante dans la me- sure où elle ne s’accompagne DÉPÊCHES d’aucune explication. Ce fut le cas a PHOTOGRAPHIE : annoncée en septembre 2000, l’acquisition en République démocratique du de 70 % du capital de l’agence Rapho par Hachette Filipacchi Congo, où 25 journalistes ont été Médias est effective depuis le mercredi 3 janvier. Rapho, une des arrêtés, maltraités et battus dans plus anciennes agences photographiques françaises, dont la créa- les cachots de Kinshasa. tion remonte à 1933, vient renforcer le pôle image de HFM, déjà A Cuba, ce sont 22 journalistes, constitué par Gamma, Hoa Qui, Jacana, Katz et Keystone. dont 3 restent incarcérés, qui ont a ALIMENTATION : un saumon d’élevage contient jusqu’à dix été interpellés, soupçonnés « d’ac- fois plus d’éléments polluants qu’un saumon sauvage, selon des tivités contre-révolutionnaires ». recherches rendues publiques mercredi 3 janvier en Grande-Bre- Pour l’association, les conditions tagne. Le polychlorobiphényle (PCB), qui se retrouve dans l’ali- de détention restent déplorables, mentation des saumons d’élevage, peut, à fortes doses, attaquer les notamment en Birmanie et en Sy- systèmes nerveux et immunitaire. « Le risque d’infections et de rie, où des journalistes condamnés troubles pendant l’apprentissage est bien plus grand pour les enfants à longues peines sont volontaire- qui auront consommé davantage de PCB », a déclaré à la BBC le doc- ment privés de soins, malgré un teur Miriam Jacobs, de l’université de Surrey, auteur de l’une des état de santé déficient. études. RSF constate que près de trois a PRESSE : France-Soir baisse son prix de vente à partir du lundi cents médias ont été censurés ou 8 janvier. Racheté le 21 décembre 2000 par le groupe italien Poligra- suspendus durant l’année 2000, fici Editoriale à Georges Ghosn, le quotidien passera de 5,5 F comme en Iran, en Turquie et plus (0,84 ¤) à 5 F (0,76 ¤) et l’édition de fin de semaine avec le supplé- récemment au Maroc, où trois ment L’Événement de 10 F (1,52 ¤) à 7 F (1,07 ¤). hebdomadaires ont été interdits a Fabrice Nora, quarante-neuf ans, directeur général adjoint (Le Monde du 23 décembre 2000). du groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe), a annoncé son départ à Parallèlement, des régimes ont mis la fin du mois de juin. Entré en 1986 dans la société, l’ancien direc- en place des systèmes de contrôle teur général du Parisien de 1991 à 1998, chargé depuis des projets de contre « ce formidable outil de développement, a indiqué vouloir donner une nouvelle orientation contournement de la censure » à son activité professionnelle. qu’est Internet. La méthode privilégiée, celle de LOTO la suppression des fournisseurs a Résultats des tirages no 1 effectués mercredi 3 janvier. Premier d’accès ou leur reprise en main par tirage : 17, 23, 35, 37, 43, 45 ; numéro complémentaire le 47 . Rap- le pouvoir, reste en vigueur au ports pour 6 numéros : 1 530 645 F (233 345 ¤) ; 5 numéros et Turkménistan et en Tunisie, alors complémentaire : 52 880 F (8 061,5 ¤) ; 5 numéros : 5 070 F (773 ¤); que la Chine maintient des sanc- 4 numéros et complémentaire : 252 F (38,4 ¤) ; 4 numéros : 126 F tions très lourdes contre les « cy- (19,2 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : 30 F (4,57 ¤) ; 3 numéros : ber-dissidents ». Enfin, Reporters 15 F (2,29 ¤). Second tirage : 1, 30, 35, 44, 46, 49 ; numéro complé- sans frontières ne pouvait éviter de mentaire le 26. Rapports pour 6 numéros : 13 034 080 F mentionner les prises d’otages en (1 987 033 ¤) ; 5 numéros et complémentaire : 124 920 F (19 044 ¤); Colombie, sur l’île de Jolo aux Phi- 5 numéros : 11 715 F (1 786 ¤) ; 4 numéros et complémentaire : 394 F lippines et en Tchétchénie, qui se (60 ¤) ; 4 numéros : 197 F (30 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : sont achevées par l’évasion ou la li- 36 F (5,5 ¤) ; 3 numéros : 18 F (2,75 ¤). bération des détenus après plu- sieurs mois de captivité. Tirage du Monde daté jeudi 4 janvier 2001 : 468 205 exemplaires. 1 - 3 Michel Delberghe VENDREDI 5 JANVIER 2001

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT LE POCHE, GARDIEN WALTER BENJAMIN, SÉLECTION L’enfer, sur terre DU PATRIMOINE LA PENSÉE À VIF La liste des livres et dans les têtes, par Enquête sur les classiques L’ensemble des écrits critiques de poche parus Antonio Lobo Antunes p. III en petit format p. VIII et IX et philosophiques p. XII en décembre p. XV

SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 5 JANVIER. N˚ 17402 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE actualités bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb sommaire b Shakespeare dans « un souci de fidélité » b LITTÉRATURES Connaissance « Bouquins » publie l’ensemble des « Comédies » dans de nouvelles traductions de l’enfer d’Antonio Lobo Antunes vec les deux tomes des Comédies pouvons suivre deux siècles de l’histoire sur la coordination des traductions. Ce n’est (p. III) de Shakespeare, la collection d’Angleterre. La commodité a été un de nos pas une série de traducteurs qui juxtaposent Parties fines « Bouquins » aborde l’avant-der- principes directeurs. leurs vues. Nous avons des relectures réci- de Jean-Yves Cendrey nière partie des Œuvres complètes – Avez-vous opéré des changements par proques très complètes. Cette volonté d’ho- (p. IV) Adu barde. Les Tragédies (deux volumes) ont rapport à l’édition de référence ? mogénéité n’en a pas moins cherché à préser- Trente mille jours été publiées en 1995 (Le Monde du 10 novem- – Pour Le Roi Lear, Oxford a publié deux ver les différences qui sont celles de Shakes- de bre 1995), et les Histoires (deux volumes) en textes – celui de l’in-folio et celui de l’in- peare. (p. IV) 1997. Les deux derniers tomes devraient pa- quarto – qui se répètent à 95 %. Nous repre- – Avez-vous pris en compte la dimen- Lettres d’Egypte raître à l’automne 2002. Après la disparition nons celui de l’in-folio, et présentons ensuite sion scénique ? suivi d’Un été au Liban de Michel Grivelet, Gilles Montsarrat est des extraits de l’in-quarto. C’est la seule mo- – Nous avons privilégié la lisibilité. Les de Jean Grenier (p. IV) l’unique maître d’œuvre de cette vaste opéra- dification importante. Par ailleurs, nous metteurs en scène anglais n’hésitent pas à Vienne au crépuscule tion. Il expose la démarche de son équipe. avons fait quelques corrections mineures, modifier, à élaguer, à transposer les jeux de d’Arthur Schnitzler « Le choix du bilinguisme s’est-il im- soumises aux éditeurs anglais. De la sorte, mots qui ne peuvent être rendus. Nous (p. V) posé d’emblée ? nous présentons le meilleur texte d’Oxford avons choisi le parallélisme exact au texte an- La Porte Mandelbaum – L’initiateur du projet, Guy Schoeller, sou- actuellement disponible. glais. Nous avons eu un souci de fidélité de Muriel Spark (p. V) haitait adapter l’édition des Belles Lettres à – A qui destinez-vous cette édition ? qu’on peut ne pas avoir quand on prépare Le Marida celle, très novatrice, d’Oxford, dont il avait – Au grand public cultivé et angliciste. un texte pour la scène. de Myriam Anissimov acheté les droits. Rapidement, l’adaptation Nous avons voulu des traductions qui puis- – Que faites-vous des variantes ? (p. V) nous est apparue impossible. Il fallait des tra- sent se lire par elles-mêmes, tout en demeu- – Nous en avons fait une sélection que Livraisons (p. X) ductions nouvelles. rant aussi fidèles que possible au texte an- nous mettons en bas de page, avec les notes. – Pourquoi n’avez-vous pas suivi la chro- glais du point de vue du sens. Quand nous Nos notes sont moins nombreuses que dans b ROMANS nologie de Stanley Wells et Gary Taylor sommes obligés de nous en écarter, ce qui ar- l’édition anglaise parce que celle-ci doit expli- POLICIERS pour Oxford ? rive avec des rimes contraignantes, notam- quer de nombreux termes inconnus du lec- Remords secrets – Ils ont fait deux éditions en un volume. ment lorsqu’il s’agit de vers courts, nous teur moderne. La traduction en fait l’écono- de Colin Dexter (p. VI) L’une en orthographe ancienne pour les spé- avons souvent opté pour une traduction qui mie. Paradoxalement, le lecteur français ac- Livraisons (p. VI) cialistes, l’autre en orthographe modernisée. s’éloigne du sens, mais respecte la rime, tout cède ainsi plus directement à Shakespeare Ils ont présenté les pièces dans l’ordre chro- en mettant en note un mot à mot qui per- que le lecteur anglais. » b SCIENCE-FICTION nologique. Il nous a semblé que les pièces re- mette de suivre le texte anglais de plus près. Propos recueillis par Les Olympiades groupées par genre seraient plus accessibles – Vous avez mobilisé huit traducteurs Jean-Louis Perrier truquées aux lecteurs français. En particulier les piè- différents pour les onze comédies. Quel- de Joëlle Wintrebert ces historiques, que nous n’avons pas pu- les directives leur avez-vous données ? e Comédies, de William Shakespeare, Laffont, (p. VII) bliées dans la chronologie de leur composi- – Nous avons un protocole extrêmement « Bouquins », 2 vol., 870 p. et 810 p., 179 F (27,29 ¤) Nadya tion mais dans celle de l’histoire : ainsi, nous détaillé sur ce qu’il convient de faire. J’insiste chacun ou 358 F (54,58 ¤) en coffret. de Pat Murphy (p. VII) Livraisons (p. VII) b ENQUÊTE Les classiques en « poche » (p. VIII et IX) b Un clown dans le jardin de l’édition JEUNESSE Livraisons (p. X) Le succès international, inattendu et mérité du dernier titre de Michel Quint b ESSAIS Œuvres n septembre 2000, les éditions France 3 le 25 novembre (rediffusion le les ventes au Brésil, au Portugal, en Scandi- de Walter Benjamin Joëlle Losfeld publient dans la col- 27 décembre), et « Première édition » sur navie, en Corée et en Chine ! D’importants (p. XII) lection de semi-poche, « Arca- France Culture le 19 décembre. producteurs de cinéma américains ont mani- Pensées nes », un texte de Michel Quint in- Mais bien entendu, si une telle conjonc- festé leur intérêt. Il ne reste plus qu’à espé- de Pascal (p. XIII) tituléEEffroyables jardins (64 p., 35 F [5,34 ¤]), tion de forces a pu s’opérer, cela tient princi- rer, comme le souligne Joëlle Losfeld, que Léviathan tiré à 4 000 exemplaires. Trois mois plus palement au texte, remarquablement émou- « le succès de ce roman rejaillisse sur tous les de Thomas Hobbes tard, près de 70 000 exemplaires ont été ven- vant, original et intelligent. Et il y a une livres de Michel Quint ». (p. XIII) dus. Un succès inattendu pour Joëlle Los- suite : Susanna Lea, qui s’est illustrée derniè- Emilie Grangeray Lipstick Traces. feld : « Je publie Michel Quint depuis treize rement en vendant à Steven Spielberg les Une histoire secrète ans et les autres titres ne se sont jamais vendus droits cinématographiques de Et si c’était du vingtième siècle qu’à 500, voire 700 exemplaires. » Mais bien- vrai, le best-seller de Marc Levy (Robert Laf- Rectificatifs de Greil Marcus (p. XIII) venu : « Michel Quint a un imaginaire extra- font), prend contact avec les éditions Joëlle b Un paragraphe a malencontreusement Le Système politique ordinaire, j’ai toujours voulu qu’il trouve son Losfeld. Susanna Lea – qui a quitté Robert été omis dans la chronique science-fiction israélien public. » Laffont pour fonder son propre cabinet de du « Monde des poches » du 1er décembre. de Julien Bauer (p. XIV) Que s’est-il passé ? Les représentants en li- vente de droits à l’étranger – explique : Après « l’aboutissement logique de Histoire de l’Islam. brairie « ont fait un travail formidable en « Comme c’est un texte court, on a pu gagner l’autre ? », il fallait lire : « La réédition au Li- Doctrines amont ». Les libraires ont suivi : par exem- du temps en l’envoyant non par Chronopost vre de poche du recueil de nouvelles de John et fondements ple, L’Atelier, rue du Jourdain à Paris, en a ou Federal Express comme on le fait habituel- Campbell, l’influent rédacteur en chef d’As- de Sabrina Mervin fait son livre « choc » de rentrée ; puis la lement mais par mail. C’était un vendredi. tounding SF à l’époque de l’âge d’or, (p. XIV) Fnac le sélectionne pour sa liste « Attention Dès le lundi, on a reçu des offres d’éditeurs al- s’adorne d’une préface de Gérard Klein fort La Vierge, femme Talent ! ». Les librairies du Furet du Nord et lemands, italiens et anglais. » intéressante où il affirme que John Campbell au visage divin d’Extrapole suivent. Une semaine après sa Finalement, après des enchères entre sept est à la fois surestimé lorsqu’il est présenté de Sylvie Barnay (p. XIV) sortie, première réimpression, à 6 000 exem- maisons d’édition allemandes, c’est Bertels- comme le créateur de toute la science-fiction Livraisons (p. XI) plaires. Puis les médias en parlent : « Le mann qui emporte la mise pour plusieurs moderne, mais sous-estimé “dans son rôle as- Monde des poches » du 6 octobre 2000, Télé- centaines de milliers de francs. En Grande- sumé pendant plus de trente ans d’accou- b SÉLECTION rama, Le Journal du dimanche, L’Express…A Bretagne, Effroyables jardins sera publié par cheur de la S-F américaine moderne” ». Par La liste des livres la télévision, c’est « Droit d’auteurs » sur La Viking Penguin, en Italie par Rizzoli, aux ailleurs, l’ouvrage de Guy Goffette sur Bon- de poche parus Cinquième, le 12 novembre, et des ventes Etats-Unis par Riverhead/Putnam, Fusosha nard, Elle, par bonheur et toujours nue, a été au mois de décembre multipliées par dix dans la semaine qui suit. au Japon, Salamandra pour l’Espagne et publié chez Gallimard, et non chez Flohic (p. XV) Il y aura ensuite « Un livre un jour » sur l’Amérique latine,… En 2001 seront signées comme nous l’avions annoncé par erreur. II - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 JANVIER 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Voyage au bout de la nuit

CONNAISSANCE DE L’ENFER des temps différents, comme dans un (Conhecimento do Inferno) rude jeu de miroirs. Là encore, l’auteur a d’Antonio Lobo Antunes. puisé dans sa pratique médicale quel- Traduit du portugais ques-unes des spécificités de son écri- par Michelle Giudicelli. ture. « Lorsque je cherchais à me forger Seuil, « Points », 372 p., 45 F (6,87 ¤). une voix personnelle, a-t-il un jour dé- (Première édition : claré, j’ai appliqué certaines techniques Christian Bourgois, 1998.) médicales apprises à l’université. J’ai com- pris, notamment, que la vie émotionnelle es fous cet homme-là connaît peut faire coïncider le passé, le présent et beaucoup plus que les simples le futur. » lieux communs. Car avant D’où l’intense décloisonnement qui ca- même de devenir romancier, ractérise ses livres et, du coup, la hantise AntonioD Lobo Antunes exerçait le métier de l’illusion. Car une fois les frontières ef- de psychiatre dans un hôpital de Lis- facées entre rêve et réel, entre fou et bien- bonne – où l’écrivain continua, dit-on, de portant, qui se trouve à l’intérieur et qui recevoir des journalistes longtemps dehors ? L’œuvre est parsemée de mi- après que son activité médicale eut cessé roirs à facettes, qui tournent sur eux-mê- de l’occuper à plein temps. Lorsqu’il évo- mes de manière vertigineuse. Que faire, que le monde des aliénés, comme il le fait pour éviter l’angoisse ? « Nous aurions dans Connaissance de l’enfer, le roman- tous dû faire dentaire, réparer des molai- cier portugais l’observe donc de l’inté- res avec des gestes minutieux d’horloger, rieur, brisant au passage toutes les parois cohabiter sans appréhension avec des cani- censées se dresser entre l’univers des nes, dire “Rincez-vous la bouche” et nous fous et celui des gens sains d’esprit. C’est sentir en paix avec nous-mêmes, sans in- sans doute la force de ce regard, jointe à quiétude ni remords », songe le narrateur. un immense talent littéraire, qui font de Telle serait, en effet, la voie du repos. ses livres des chefs-d’œuvre. Exigeants, Mais Antonio Lobo Antunes, contraire- ILLUSTRATION (COUVERTURE ET DÉTAIL INTÉRIEUR) : LORENZO MATTOTTI certes, parfois même décourageants au ment à tant d’autres, n’a jamais choisi ce premier abord et cependant importants. chemin-là, Dieu merci pour ses lecteurs. Rentrer dans ses ouvrages revient, le et sa compassion pour les malades, sem- Raphaëlle Rérolle plus souvent, à pénétrer dans une sorte Le romancier ble perdre progressivement pied. Usant de maquis très dense. Qui est qui ? Qui alternativement du « je » et du « il » (1) Christian Bourgois, 1998. parle à qui ? L’auteur semble caché der- portugais dans la conduite de son récit, l’auteur pro- (2) Métailié, 1983, et en format de poche dans rière des taillis d’où il agite des voix sans mène son narrateur du statut de per- la collection « Suite portugaise », 1997. visage, comme un marionnettiste agres- Antonio Lobo sonne raisonnable, autonome, à celui sif ou facétieux. d’un être observé de l’extérieur par la b Mais en très peu de temps, quelques pa- Antunes fait science, d’un patient – de quelqu’un qui ges à peine, la musique si particulière de subit, donc. Aux prises avec sa mémoire, extrait Lobo Antunes se met à sourdre de ces pa- éclater les ses tourments, la voix qui s’élève se dé- ragraphes qui, soudain, s’éclairent. Son bat entre les horreurs du monde réel et Je suis médecin je suis médecin je suis rythme tragique et fiévreux, secoué par frontières entre réel celles d’un cauchemar, sans pour autant médecin, j’ai trente ans, deux filles, je un torrent d’imprécations, de plaintes et se départir d’un humour glacial. « L’uni- suis revenu de la guerre, je me suis de regrets, s’impose dans toute sa splen- et cauchemar, que chaise libre était celle des fous, de acheté une voiture bon marché il y a deur. Une irruption poétique de furie et l’autre côté de la table », se souvient le deux mois, j’écris des poèmes et des de chagrin, dont les échos se faisaient en- entre folie et santé jeune médecin. Ce jour-là, le chef de ser- romans que je ne publie jamais, j’ai mal à tendre dès ses tout premiers livres. Les- vice l’a convoqué, pour conduite dé- une dent de sagesse du haut et je vais quels furent publiés « par hasard », dit mentale, entre viante. « Dès qu’ils commencent à s’agiter être psychiatre, comprendre les gens, Lobo Antunes, grâce à l’intervention coincez-les avec le bureau, recommandait déchiffrer leur désespoir et leur angoisse, d’un ami qui les avait trouvés dans un ti- passé, présent un spécialiste de l’hôpital Santa Maria à les tranquilliser grâce à mon sourire com- roir. L’auteur avait alors trente-six ans. ses internes, la façon de s’en sortir avec eux pétent de prêtre laïque manipulant les Mémoire d’éléphant (1) et Le Cul de Ju- et futur. Et impose c’est de les coincer avec le bureau et d’ap- hosties des comprimés en des eucharis- das (2) sortirent à quelques mois d’inter- peler aussitôt l’infirmière de service : les ties chimiques, je vais finalement être valle, déjà propulsés par la même colère la splendeur écraser comme des punaises, vous avez une personne respectable penchée sur qui portera le reste de l’œuvre. Antonio compris ? On dirait une plaisanterie de un bloc d’ordonnance dans une hâte dis- Lobo Antunes, parti dix-sept mois de son rythme mauvais goût, se dit-il, c’est comme si traite d’altesse royale, à prendre après comme médecin militaire pendant la c’était moi la punaise. » les repas, à prendre avant les repas, au guerre d’Angola, y brassait à pleines phra- tragique et lever, au coucher, avec une boisson ses l’horreur des asiles et celle des Comme très souvent chez Lobo Antu- chaude (…) soyez sage sinon je vous fi- champs de bataille, jetant dans un même fiévreux, secoué nes, le temps sort de ses gonds habituels. che une cure de sommeil carabinée, sere- charnier les morts par balles et les faux-vi- Lorsqu’ils prennent la parole, ses person- nelfi largactil niamide nozinan bialminal, vants des hôpitaux psychiatriques. par un torrent nages remontent le plus souvent les fils bonsoir, il resserra son nœud de cravate Connaissance de l’enfer ne rompt pas tortueux de leur histoire, mais ce voyage en prenant modèle sur le gaucher du mi- avec ces obsessions. Paru juste après Le d’imprécations, dans le passé n’est jamais rectiligne. Il roir, s’examina de face, de trois quarts, Cul de Judas, ce livre – probablement le s’agit plutôt d’une espèce de reptation, de profil, je suis médecin, je suis méde- plus clairement autobiographique de de plaintes et coupée de pauses et de demi-tours, de cin, je suis interne en psychiatrie (…) il re- Lobo Antunes – retrace le trajet d’un flottements et même d’une angoissante tourna à la table, s’installa royalement jeune médecin entre le sud du Portugal de regrets forme de surplace, suggérée par de nom- sur la chaise et, par les vitres de la fenê- et Lisbonne, où il travaille dans un ser- breuses répétitions. A l’image de ce tre, il eut comme en un vertige l’impres- vice psychiatrique. Un jour et une nuit temps morcelé, le corps humain lui- sion de voir un homme voler, un homme d’enfer, où souvenirs et fantasmes re- même est mis en morceaux, présenté par banal, ni jeune ni vieux, qui agitait les montent à la surface, envahissant peu à petits bouts, comme une succession d’ob- manches de sa veste dans le bleu de peu la conscience du narrateur. Lequel, jets isolés les uns des autres. Sans cesse, juillet et volait. Il se dit : Je suis foutu écartelé entre sa profession (qui le place l’écrivain se plaît à enchevêtrer des Connaissance de l’enfer, du côté de l’ordre, donc de la répression) points de vue, des niveaux de langue et pages 73 et 74. VENDREDI 5 JANVIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - III littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Equipée La Loire, l’enfance et Genevoix sauvage Un recueil de neuf récits pour redécouvrir les multiples versants de l’homme et de l’écrivain

PARTIES FINES TRENTE MILLE JOURS plus âgée qu’eux. Ils sont amis comme on juste, simple et solide, d’un grain assez serré de Jean-Yves Cendrey. de Maurice Genevoix. l’est à leur âge, ils veulent tout partager, et pour lui assurer la durée. » Il n’atteint pas Ed. Mille et une nuits, Omnibus, 868 p., 155 F (23,63 ¤). prétendent tout sacrifier au nom de l’ami- toujours cet objectif ; sa prose, sensible et 64 p., 10 F (1,52 ¤). tié. Lequel aura la fille ? Lequel la perdra ? poétique, nous touche par une élégance un (Inédit.) l fit partie de ces auteurs que révéla Le fleuve, moins impassible qu’on ne croit, peu surannée, mais elle perd parfois en la Grande Guerre, ceux qui découvri- observe en douce les stratagèmes, les ser- clarté ce qu’elle gagne en lyrisme. Le omme dans les rent dans la boue des tranchées l’ur- ments et les disputes. L’ambiance est IIIe Ré- mot – ou la tournure – régional l’encombre beaux quartiers, gence d’écrire pour témoigner. Mau- publique : internats rugueux, familles stric- souvent. On comprend qu’il les emploie ils s’appellent riceI Genevoix, grand blessé, grand mutilé, a tes, rêves immenses, érotisme affolant. parce qu’ils appartiennent à son enfance, et Pierre-Philippe écrit une demi-douzaine de livres sur son Les autres textes du recueil relèvent de que l’enfance, autant que le val de Loire, est etC Paul-Olivier. Mais nous expérience de soldat. Puis il est passé à l’introspection. A plus de soixante-dix ans, la véritable « région » de cet écrivain qui re- ne sommes pas dans les d’autres aspects de la vie, sur un autre « ver- l’auteur se raconte, se justifie, et surtout fuse à juste titre l’étiquette de régionaliste. beaux quartiers, et les frè- sant », comme il disait, bien plus ensoleillé s’explore. C’est un nouveau « versant » de Ce qu’il recherche, en « clerc qui n’a res Destouffe ne savent que l’autre. C’est celui des romans de la l’œuvre, celui du mémorialiste, qui rappro- jamais trahi », c’est la réalité, « mais une réa- pas toujours bien se tenir. Loire, fleuve vénéré pour sa beauté chan- che un peu Genevoix du Tolstoï des lité profonde, lentement assimilée, devenue ri- Le second, qui lit avec at- geante et pour avoir bercé l’enfance de premiers livres, avec qui il partage l’obses- chesse intérieure, consubstantielle en vé- tention Bouvard et Pécu- l’auteur. Il s’installa sur ses rives dès la paix sion pour un paysage unique et la nostalgie rité ». Il a besoin pour cela de matériaux chet, est plutôt jardinier ; revenue et n’en bougea presque plus. Les li- de l’enfance. On osera suggérer que cette bruts qu’il transmutera par une sorte d’ex- le premier bricole. vres se succédèrent, tous plus ou moins si- enquête obstinée, minutieuse, parfois répé- tase : « Une très lointaine ivresse ; de joie de C’est la Toussaint, l’épo- tués dans le val de Loire ou dans les forêts titive, sur lui-même, qui culmine à quatre- vivre, d’augmentation de l’être, de capiteux et que des froidures, des qui le bordent. Le plus fameux, Raboliot, re- vingt-dix ans avec un titre grandiose, Trente éternels printemps. » Ces données, il les solitudes et des chrysan- çut le Goncourt en 1925. Mille Jours, est ce qui touchera le plus nos prend dans le paysage qui l’entoure, repéré, thèmes. Or donc, bien que Une telle persistance dans les thèmes, sensibilités contemporaines. quadrillé, mais aussi respiré depuis tou- le printemps soit loin, les une telle permanence du décor ont sans Jeux de glaces, qui date de 1961, initie jours. Il va de même les chercher chez les deux compères, notable- doute nui à la réputation de l’auteur, ce qui cette recherche. Genevoix y narre sa vie et jeunes, qu’il présume plus proches de la vé- ment démangés par la ne l’empêcha d’ailleurs pas de mener fort y étudie son œuvre. On y découvre un rité : « C’est de l’enfance que je voudrais me chose, décident de donner bien sa carrière jusqu’au secrétariat perpé- homme timide et sincère, formé à la réclamer, de son élan, de sa façon loyale et gé- libre cours à leurs plus tuel de l’Académie. Ce volume réunit neuf rigueur par un système éducatif alors pro- néreuse, ardente aussi, d’aller au-devant, de érotiques instincts. «Et titres, précédés par une utile et convain- che de sa perfection, par une famille unie, s’oublier. » Atteint-il son but ? Parfois, pas Paul-Olivier d’exposer à cante préface d’Albine Novarino. Parmi et par toute une province laborieuse. toujours, mais on s’incline volontiers de- Pierre-Philippe baba com- eux, La Loire, Agnès et les garçons, réédité Formé aussi, on pourra le regretter, à la dis- vant cette réflexion d’un vieillard modeste ment il entendait qu’ils rom- également par les Editions du Rocher (1), crétion sur sa vie privée : Genevoix nous et passionné sur le métier qu’il a si long- pissent avec leur vitreuse est un charmant exemple du style romanes- émeut avec le regard des hommes qu’il a temps exercé. existence pour en embras- que de Genevoix. Il date de 1962. Près de la tués entre Marne et Meuse, mais il ne livre Jean Soublin ser une faite de dépense Loire, un peu en amont d’Orléans, un peu pas celui des femmes qui l’auraient troublé. sexuelle… » Bien sûr, en ce avant la Grande Guerre, deux adolescents Commentant ses livres, il s’attarde peu sur (1) La Loire, Agnès et les garcons, Editions du domaine surtout, on a par- marivaudent avec une jeune fille un peu son instrument de travail : « Une langue Rocher, 200 p., 98 F (14,96 ¤). fois du mal à faire coller l’imagination et la réalité. D’où la perpétuelle re- lance de la vieille machine désirante. Pour décrire les mau- Promenades orientales vaises mœurs d’une pro- vince pas très catholique et l’équipée sauvage de Les « Lettres d’Egypte » d’un Jean Grenier amoureux de la Méditerranée à son ami Louis Guilloux ces bougres de Destouffe, Jean-Yves Cendrey visite LETTRES D’ÉGYPTE 1950 daient. De lui à moi, de moi à lui, tout était de ces Lettres d’Egypte vaque d’un sujet à les zones interlopes du suivi d’Un été au Liban reçu et donné dans une même facilité. » En- un autre, s’attache puis rompt le fil de son langage. Outre les mots et de Jean Grenier. semble, ils se sentaient, selon l’expression discours ; il se promène, libre de tout de- les tournures, il en a tiré Gallimard, « L’Imaginaire », de Jean Grenier, « en haute mer »… voir, ouvert à toute expérience, aban- un rythme, un phrasé. 182 p., 46 F (7,01 ¤). Renouant avec la tradition des récits donné et incontrôlable – heureux en ces Il y a dans son style du (Première édition : Gallimard, 1962.) épistolaires et des relations de voyages, ce- paysages et sociétés où la nature, et Boudard postmoderne et lui-ci désira privilégier, dans ses lettres à d’abord , décide pour l’individu de du Céline du pauvre. Mais n décembre 1945, le philosophe Louis Guilloux, les impressions de sa nou- l’organisation du temps, des sensations, il y a surtout autre chose. Jean Grenier, détaché de l’univer- velle vie quotidienne en Egypte, les descrip- des activités : « Pour aimer Le Caire, il faut Une chose très person- sité de Lille, prit le bateau à Mar- tions des paysages (le Mariout, le quartier aimer la chaleur un peu trop. Alors l’ombre nelle et violente que l’on seille avec sa famille pour rallier du Mouski, le Sinaï), des coutumes (les por- la plus avare, la boisson la plus simple et le pouvait déjà lire dans les EAlexandrie, où il avait été nommé… Amou- traits du Fayoum, le Zikr et le Zar), des per- plus petit refuge prennent un attrait singu- cinq romans publiés chez reux des paysages de la Méditerranée, ce sonnages (les fellahs, les initiés). « Voyager lier. (…) J’ai passé, quant à moi, les meil- POL, et dans son dernier, Breton, originaire de Saint-Brieuc, avait en Orient, c’est revenir au Moyen Age sans leures heures de ma vie à attendre, enfermé Les Petites Sœurs de sang déjà enseigné, dans les années 30, à Alger en partager la foi. Mais c’est aussi vivre pour dans une chambre intérieure, tous volets fer- (L’Olivier, 2000). Cendrey – où il avait eu comme élève le jeune soi-même enfin, c’est épuiser dans une jour- més, au centre d’un grand hôtel, le déclin de ne mime pas le langage Albert Camus – et s’apprêtait à passer cinq née les joies simples que l’on se réservait de cet astre sans lequel la vie ne serait pas pos- des faubourgs. Il ne le re- années en Egypte, d’abord à Alexandrie, goûter lorsqu’on se retirerait du monde, car sible et dont la disparition même, à condi- garde pas de loin, comme puis au Caire. tout de suite et dès l’aurore on a le temps de tion qu’elle succède à une présence absolue, une chose pittoresque ou Il laissait derrière lui un grand ami, lui prendre les choses comme elles viennent. » représente un nouveau bienfait. » exotique. Ses héros, figu- aussi briochin : Louis Guilloux, avec lequel Revenu en France au début des an- Claire Paulhan res outrées mais vérifia- la « conversation » avait commencé un nées 50, Jean Grenier reprit ses propres bles de notre présent, sont jour de l’été 1917, à la bibliothèque de lettres, en effaça le caractère personnel, re- e Signalons également la réédition d’un pe- des proches, des intimes. Il Saint-Brieuc. Dans des pages émouvantes groupa le tout en quinze petits chapitres. tit texte de Jean Grenier, profonde médita- voit même en eux une de L’Herbe d’oubli (Gallimard, 1984), Comme dans Les Grèves, roman autobio- tion sur l’agonie de son chien Taïaut, en sorte d’élégance. Guilloux a dit l’importance de cette rencon- graphique composé à peu près à la même 1955 : Sur la mort d’un chien (Gallimard, 58 F Patrick Kéchichian tre : « Nos pensées se complétaient, se précé- époque (Gallimard, 1957), le Jean Grenier [8,84 ¤]). IV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 JANVIER 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les âmes de l’Autriche Mariage Le grand roman d’Arthur Schnitzler sur les contradictions de la Vienne fin de (XIXe) siècle iconoclaste

VIENNE AU CRÉPUSCULE Mais à cause de l’actualité récente on ne ses guinguettes, ses bals, ses duels, ses sa- LE MARIDA (Der Weg ins Freie) peut s’empêcher de privilégier, dans la lons, ses concerts, ses tournois d’escrime et de Myriam Anissimov. d’Arthur Schnitzler. trame extrêmement riche tissée par Schnit- surtout la grande roue du Prater, qui tourne Seuil, « Points », Traduit de l’allemand par Robert Dumont. zler, la chronique de la Vienne fin de siècle lentement, inexorable comme la vie… 256 p., 39 F (5,95 ¤). Stock, « La Cosmopolite », et le thème de la « question juive ». Politiciens, médecins, financiers, militai- (Première édition : 352 p., 65 F (9,91 ¤). L’auteur de La Ronde, qui avait commencé res, aristocrates, écrivains, chanteuses, jeu- Julliard, 1982 .) (Première édition : Stock, 1985.) son roman vers 1900 et le publia à Vienne nes filles de bonne famille ou grisettes, juifs en 1908, dix ans avant l’explosion de l’Autri- et catholiques se croisent, se côtoient, se l n’y a pas d’écri- ’Autriche est un pays qui pose pro- che-Hongrie, s’était en effet mis, selon le frôlent dans une sorte de valse lente emme- vains-juifs-français blème. Depuis la victoire, en fé- critique Carl Busse, à « souffrir de l’Autri- née par les deux meneurs de bal, les deux comme il y a des vrier 2000, de la coalition des che ». Et c’est un tableau précis, lucide et personnages emblématiques du roman, écrivains-juifs-amé- conservateurs et des populistes cruel qu’il offre d’un empire au bord de Georges de Wergenthin et Henri Bermann. ricains.I Pour toutes sortes Ld’extrême droite de Jörg Haider, on s’inter- l’abîme, un empire rongé par les poisons Georges, le beau baron, « joyeusement de raisons, toutes excel- roge à nouveau sur le destin de cette na- du conservatisme et de l’antisémitisme, conscient de sa jeunesse et de son indépen- lentes. Mais avec pour- tion qui inventa la modernité au tournant alors même qu’une bonne partie de son dance », élégant, égotiste, musicien doué tant une conséquence du XIXe et du XXe siècle, tout en étant une élite (notamment intellectuelle et artisti- mais dilettante, et Henri, juif, écrivain, éter- néfaste : on a souvent incarnation du conformisme bon vivant, et que, à commencer par Schnitzler, mais nel « étranger », moche, mal fagoté, centré tendance à croire que ces accueillit Hitler à bras ouverts en 1938. aussi Freud, Klimt, Mahler et bien d’autres) sur son art, et lucide, absolument lucide : écrivains juifs, si per- Bref, sur ce « passé qui ne passe pas » et re- est constituée de juifs « assimilés ». Des « La seule chose qui me donne une certaine cutants, si iconoclastes, surgit périodiquement comme de vieux juifs pour qui l’Autriche a été une terre pro- assurance est de connaître mon pouvoir de si fascinants, sont tous rots de l’Histoire. Pour tenter de compren- mise de l’intégration parce que François-Jo- pénétrer dans les âmes… » Vienne au crépus- américains et même tous dre, il y a bien sûr les analyses politiques et seph leur avait accordé en 1867 le plein sta- cule fait aussi la part belle aux femmes, ces new-yorkais. Myriam Anis- les travaux des historiens. Mais il est aussi tut de citoyen, et qui voient cette atmo- femmes qui, comme Thérèse, la juive, ou simov, par exemple, en éclairant de se replonger dans l’at- sphère libérale progressivement menacée Anna, la catholique – que Georges aimera voilà une qui n’est pas mosphère de ce moment où, visiblement, dès les années 1880 et quasiment anéantie puis abandonnera – sauront elles américaine pour deux tout s’est mis en place, admirablement dé- en 1895 par l’élection à la mairie de Vienne aussi trouver le « chemin de la liberté » ou ronds : elle est née dans crite dans le grand roman d’Arthur Schnitz- de Karl Lueger, leader populiste, catholi- prendre la « route du large » – deux des tra- un camp de réfugiés en ler réédité par Stock, Vienne au crépuscule. que et… antisémite. ductions possibles du titre original du ro- 1943, sa langue mater- Ce n’est bien entendu pas l’unique raison De tout cela, Schnitzler ne parle pas direc- man, qui indique son sens profond. Et, nelle est le yiddish et elle de découvrir ou de relire ce chef-d’œuvre à tement. Ce serait inélégant, et trop didacti- tous, Georges, Henri, Thérèse, Anna et les a passé sa jeunesse à la fois psychologique, politique et poéti- que, chez un auteur pour qui l’art est la autres, on ne les quitte qu’à regret, comme Lyon. Tout comme Hanah que, à la composition remarquable, impres- forme supérieure de l’esprit. Avec son im- de vieilles connaissances auxquelles on Rosenfeld, narratrice es- sionniste et circulaire (eh oui !, La Ronde, mense talent narratif, et une légèreté tou- s’est profondément attaché. Comme les sentielle de ce Marida. c’est aussi Schnitzler…), mélange de perfec- te… viennoise, il fait doucement tournoyer créatures d’un auteur qui affirmait qu’un ar- Le mariage qu’évoque tion classique et de très grande modernité de multiples personnages, dans cette ville tiste devait avoir « une relation humaine le titre n’est que la péripé- – notamment dans la perception et l’ana- qui est elle-même un personnage à part en- avec les personnages qu’il a créés ». tie finale de la relation vi- lyse de la « pénombre des âmes ». tière, avec ses cafés, ses kiosques, son Ring, Fabienne Darge goureuse de l’enfance et de l’adolescence d’une jeune fille en colère. Il faut dire qu’il y a de quoi : étouffée dans l’amour- haine, la honte et la cul- Le tango des espions pabilité, l’énervement – d’être une « mochetée » comme d’avoir une fa- Muriel Spark brosse le tableau d’un Moyen-Orient au bord de l’embrasement mille grotesque et vul- gaire (et qui parle mal le LA PORTE MANDELBAUM conversion. Elle doit retrouver en Jordanie charmant Hamilton, se livre à des activités français) –, l’envie de di- (The Mandelbaum Gate) son amant, Harry Clegg, Anglais lui aussi, énigmatiques « de l’autre côté », en cet Is- gnité sans laquelle il n’y a de Muriel Spark. divorcé, issu d’un milieu catholique défavo- raël que son père désigne comme la Pales- pas de vie possible, un Traduit de l’anglais par Pierre Marly, risé. Barbara enseigne la littérature à Lon- tine occupée ? Pendant que Barbara se ca- peu d’œdipe pour faire Marie-Christine et Robert Mangin. dres, Harry, archéologue, travaille sur le che dans une maison en bordure du désert bon poids... Rivages poche, 466 p., 68 F (10,37 ¤). site de Qumran peu après la découverte pour échapper aussi bien à la police qu’aux Rien d’étonnant à ce (Premières éditions : Buchet-Chastel, des manuscrits de la mer Morte, à l’époque poursuites de la directrice du lycée de jeu- qu’Hanah aspire au ma- 1968 et 1988. ) du procès d’un certain Eichmann. A son hô- nes filles qui l’emploie à Londres, une autre riage comme à une déli- tel, Barbara rencontre Hamilton, attaché partie de cache-cache se joue entre les fonc- vrance qui mettra un ohn Le Carré ou Graham Greene ? de l’ambassade du Royaume-Uni en Israël, tionnaires du Foreign Office et certaines or- terme à sa vie de jeune Ni l’un ni l’autre, mais Muriel Spark. jeune homme qui apprivoise avec son sim- ganisations clandestines financées par fille et lui permettra de se La romancière anglaise fait preuve ple sourire le Moyen-Orient compliqué. Il Le Caire. tirer de chez elle en toute J de justesse psychologique et d’hu- veillera sur elle à Jérusalem-Est car ses origi- Tout le monde surveille tout le monde impunité, sans risques de mour froid en métamorphosant un nes juives pourraient lui attirer de sérieux en ce bal oriental écrasé de chaleur, chacun grincements de dents et faisceau de récits classiques en thriller reli- ennuis en ce temps où la Jordanie n’était cache la vérité, diplomates, femmes du de reproches sans fin. gieux et politique. Voici donc le lecteur pro- pas encore le seul voisin ami d’Israël. monde, contrebandiers, filles de joie, jeu- Sauf que bien entendu, le jeté à Jérusalem et sur les rives du Jour- Une fois passée la porte Mandelbaum, nes Arabes décidés à rompre avec de trop mariage d’Hanah lui don- dain, en 1961, bien avant la guerre des Six piètre passage au milieu de la ville divisée, lourdes traditions ; même Barbara se ment nera l’occasion de faire Jours, bien avant que la résistance palesti- le piège se referme autour de Barbara. Arri- à elle-même lorsqu’elle prétend ne pas vou- grincer les dents des deux nienne, retranchée au sein du royaume ha- vera-t-elle à ne pas se faire repérer par les loir épouser son amant en dehors de familles, la sienne et celle chémite, ne soit anéantie lors d’un mois de Jordaniens, attentifs aux agents israéliens l’Eglise catholique. Ce thriller à l’odeur de de son futur époux (dont septembre dit noir. ou présumés tels ? Pour qui travaille Joe jasmin, avec ses retours en arrière ponc- on se demande une fois le Barbara Vaughan, anglaise mi-juive mi- Ramdez, propriétaire d’une agence de tués de répétitions appuyées et de clins livre refermé combien de catholique, arrive à Jérusalem-Ouest avec voyages, d’une compagnie d’assurances et d’œil significatifs, fait penser à un tango temps il résistera à sa fou- l’intention de faire un pèlerinage en Terre d’un réseau de prostituées ? Quelles sont que dansent entre eux les vrais et les faux gueuse épousée, mais ceci sainte afin d’affirmer ainsi sa double iden- ses intentions, alors que son fils, l’envoû- hommes de l’ombre. est une autre histoire...). tité, la dernière ayant été obtenue par tant Abdul, ami et professeur d’arabe du Edgar Reichmann M. Si. VENDREDI 5 JANVIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - V romans policiers bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b Morse désamorcé b VAGABONDAGES, de Michèle Rozenfarb Au début on se dit que ça ne marchera pas. Le coup de l’amnésie L’ultime enquête de l’inspecteur inventé par Colin Dexter est un classique du roman policier, mais Michèle Rozenfarb pousse le procédé à l’extrême. D’un côté, la police qui enquête REMORDS SECRETS jusqu’au bout des ongles, roulant en sur une série de meurtres ; de l’autre, le principal suspect, un vaga- (The Remorseful Day) Jaguar, flegmatique et cultivé, original et bond dont la pensée s’effiloche, qui ne comprend pas de quoi on de Colin Dexter. imprévisible. l’accuse et voudrait bien, de bonne foi, savoir ce qui s’est passé. Traduit de l’anglais par Jacques Guiod. Sa disparition annoncée n’enlève rien à Habituellement le lecteur a un fil auquel se raccrocher. Il en sait 10/18, « Grands détectives », l’intérêt de sa dernière enquête, bien au un peu plus que les enquêteurs pour avoir assisté au crime ou un 416 p., 55 F (8,38 ¤). contraire. Non seulement pour ce bou- peu plus que l’assassin parce qu’il suit pas à pas les progrès de la (Inédit.) quet final Colin Dexter s’est surpassé, procédure policière. Rien de semblable ici, le roman est constitué mais il donne à cet ultime roman un côté d’un interrogatoire de cinq jours, un dialogue de sourds entre des l avait commencé en 1974 une testament qui le rend particulièrement policiers qui pataugent et un accusé prêt à collaborer mais qui ne brillante carrière qui fit de lui un des émouvant. La mort d’Yvonne Harrison n’a leur est d’aucun secours. Sur ce canevas original et audacieux, Mi- policiers les plus célèbres d’Angle- jamais été élucidée. On l’a retrouvée assas- chèle Rozenfarb parvient à tisser une histoire non seulement par- terre. Depuis l’affaire du Dernier sinée dans sa maison de Lower Swinstead, faitement crédible mais rapidement captivante. Comme au théâ- BusI pour Woodstock jusqu’à celle de la près d’Oxford, nue, menottée et bâillon- tre, dans un huis clos parfait, tout repose sur le simple jeu des ré- mort d’Yvonne Harrison qui est l’objet de née dans son lit. Le mari, un banquier pliques : le dévoilement d’un passé proche plutôt sanglant et d’un sa dernière enquête, l’inspecteur Morse londonien, absent au moment des faits, a passé plus lointain guère moins violent, le choc des personnalités, n’a cessé de faire la preuve de son incroya- été mis hors de cause grâce à un alibi inat- le lent dévoilement de la vérité. De l’interrogatoire policier consi- ble ingéniosité et surtout de son caractère taquable, les enfants aussi. On a plus ou déré comme un des beaux-arts ! Vagabondages, de Michèle Ro- si typiquement britannique. Mais sa noto- moins conclu, faute de mieux, à un crime zenfarb, possède toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre riété a largement dépassé les frontières de de rôdeur, lorsque de nouvelles informa- d’un bon roman policier, plus une qui fait souvent défaut : une son pays puisque le feuilleton inspiré par tions anonymes parvenues à la police in- écriture. (Gallimard, « Série noire », 226 p., 38 F [5,79 ¤]. Inédit. ) ses exploits a fait le tour du monde. Il citent à rouvrir le dossier. L’affaire est vient de mourir d’un infarctus du myo- confiée à Morse et à son inséparable b SUEURS CHAUDES, de Sylvie Granotier carde à l’hôpital d’Oxford. Et sa mort n’est cadet, l’inspecteur Lewis. Grace s’est laissé convaincre par son cousin Alf, devenu avocat pas une surprise puisque Colin Dexter, « Il avait appris que travailler avec Morse d’affaires aux Etats-Unis, que les galeries de New York n’atten- son créateur, avait clairement annoncé n’était jamais chose facile, mais ne pouvait daient que l’arrivée d’une jeune peintre française pour « dynami- que l’inspecteur ne survivrait pas au nier le fait que sa propre carrière au sein de ter le système protectionniste américain ». Elle n’a pas trop mal treizième épisode de ses aventures. la police avait été incommensurablement en- réussi, sauf en amour, car elle vient de se faire plaquer par Tom, Bien qu’il ne soit pas d’usage dans une richie au fil des ans par cette étroite associa- l’homme de sa vie. Alors, au lieu de préparer sa prochaine exposi- notice nécrologique d’insister sur les dé- tion avec l’homme grincheux, rapiat et étran- tion, elle décide d’aller à un vernissage et de se faire le premier fauts du disparu, force est pourtant de gement vulnérable qui était son chef. » L’ins- mec venu. Ça tombe bien, Victor, un beau gosse, passait juste- constater que l’inspecteur Morse doit son pecteur Lewis a cette fois l’impression que ment par là. Mais à chaque fois qu’ils essaient de passer à l’acte, humanité – et par là sa popularité – à ses c’est lui qui fait tout le travail pendant que un cadavre leur tombe dessus. D’un coïtus interruptus à l’autre, défauts tout autant qu’à ses qualités. Morse s’enferme chez lui pour s’adonner ça finit par faire beaucoup de morts. Et la pauvre Grace ne sait D’abord il n’a jamais quitté Oxford, où à sa nouvelle passion, l’ornithologie, et à plus à qui se fier : son cousin, son ex-amant, le nouveau, tous ont son géniteur enseigne le grec et le latin de- une plus ancienne, le whisky. Et pourtant l’air de jouer un rôle trouble dans cette affaire où la mafia russe puis trente-cinq ans. Colin Dexter a de son c’est bien Morse qui fait progresser l’en- infiltre le marché de l’art. D’autant plus qu’elle n’est toujours pas propre aveu créé Morse à son image, quête. Et Lewis comprend peu à peu que parvenue à ses fins. Sur fond de cavale new-yorkaise, le portrait alors, disons-le tout net, pour un flic, son chef n’est pas seulement partisan de la de l’héroïne mi-branchée mi-paumée est très réussi. Des Grace Morse est bien souvent d’une pédanterie « virgule d’Oxford », du beau langage, de comme elle, on en redemande. (Gallimard, « Folio policier », insupportable. Grand amateur de mots l’épithète homérique, mais aussi de la 262 p., 29 F [4,42 ¤]. Première édition : « Série noire », 1997.) croisés, il ne cesse de surveiller son lan- maïeutique socratique appliquée aux affai- gage, mais surtout celui des autres. S’il ne res criminelles, et qu’il est tout bonne- b LA POLICE JUDICIAIRE. La scène du crime, s’est jamais rendu à Bayreuth, à Vienne ou ment en train de lui passer le relais en lui de Béatrice Durupt à Salzbourg, bien qu’il soit un mélomane léguant sa méthode. Fondée en 1907 par Georges Clemenceau, la police judiciaire a passionné, ce n’est pas parce qu’il a peur toujours été considérée comme l’aristocratie de la police. Mais de prendre l’avion mais parce qu’il est af- L’affaire se corse lorsque les amants de la des brigades du Tigre à la lutte antiterroriste, les missions et sur- fecté de ptérophobie. Quand il discute un belle Yvonne, et ils furent nombreux, sont tout les méthodes de la PJ ont évolué. Au culte de l’aveu s’est sub- peu vivement avec un de ses subordonnés, assassinés les uns après les autres. Re- stituée la recherche des preuves, aidée par le développement des il ne s’agit naturellement pas d’une en- mords secrets est la quintessence du roman techniques scientifiques, en particulier l’analyse des traces gueulade, mais de rien de moins qu’une sti- d’énigme anglo-saxon dans la grande tradi- d’ADN. Avec environ 5 200 fonctionnaires, la PJ intervient dans chomythie. Bref, ce pisse-froid de l’ortho- tion du genre, d’Edgar Wallace, de tous les domaines : du proxénétisme à la délinquance en col doxie langagière ne cesse d’asséner des re- G. K. Chesterton, d’Agatha Christie, aux- blanc, du trafic de stupéfiants à l’antiterrorisme. Béatrice Durupt, marques sur le bon usage dont tout le quels Colin Dexter ne cesse de rendre hom- elle-même lieutenant de police au 36 quai des Orfèvres, connaît monde se fiche comme de l’an quarante, mage, mais il cite aussi volontiers ses bien la maison dont elle propose ici la visite guidée en texte et en expression dont nous ne raconterons pas auteurs de prédilection comme Charles images. Un petit traité qui devrait rendre service à tous les ici l’histoire pour ne pas sombrer dans le Dickens, Thomas Hardy ou Philip Larkin. auteurs de polars débutants, et pas seulement à ceux qui briguent même travers que lui, mais dont l’origine Il réussit, en outre, un exercice de style par- le prix du Quai des Orfèvres. (Gallimard, « Découvertes », 128 p., bien sûr est dûment commentée par l’ins- ticulièrement délicat : la mort du héros. 75 F [11,43 ¤]. Inédit.) pecteur Morse. Dans cette enquête où tout le monde A part cela, il boit trop, ce que per- ment à des degrés divers, la trouvaille de b LE CONTE DE LA NOVICE, de Margaret Frazer sonne, dans l’univers alcoolisé du polar, l’auteur est d’inclure Morse dans le lot. Après les curés enquêteurs et les moines détectives, voici la ne songerait à lui reprocher. Tout au plus Lewis découvre en effet que son chef pour- nonne à tête chercheuse qui débrouille les pires affaires dans peut-on noter que pour un amateur de rait bien avoir été un des amants de la l'Angleterre du XVe siècle, l'époque mouvementée du règne pure malt, il affectionne une marque qui belle Yvonne et que des pièces compromet- d'Henri VI, le roi-enfant, alors qu'on va bientôt brûler Jeanne n’est pas vraiment le haut de gamme. Ses tantes ont mystérieusement disparu des ar- d'Arc à Rouen et que la guerre des Deux-Roses prépare ses épi- libations immodérées ne seront pas sans chives de la police. Qui était Morse exacte- nes. C'est Mère Frévisse, du prieuré de Sainte-Frideswide, flan- effet sur sa disparition prématurée, car ment, un héros homérique au cœur pur ou quée de son comparse Chaucer (pas le poète mais son fils). Morse, souffrant de diabète, mélange allé- un simple mortel pétri de contradictions ? Margaret Frazer est le pseudonyme de deux romancières améri- grement piqûres d’insuline, pintes de L’enjeu dès lors est de taille, puisqu’il ne caines qui se sont associées pour créer une pittoresque bonne bière et overdoses de whisky en guise d’ali- s’agit pas seulement de débrouiller l’af- sœur dont les débuts dans Le Conte de la novice seront suivis mentation solide. Mais il est mort, et on faire Harrison, mais de sceller définitive- d'une demi-douzaine d'aventures. (Traduit de l'anglais – Etats- ne peut que le regretter, car l’inspecteur ment la place de Morse dans nos mémoi- Unis – par Christian Fournier. 10/18, « Grands Détectives », Morse incarnait une espèce en voie de res et au panthéon des grands détectives. 320 p., 47 F [7,17 ¤]. Inédit.) disparition, le gentleman britannique Gérard Meudal VI - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 JANVIER 2001 science-fiction bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Jeux de piste b b MAGIE DE LA TERREUR, de Peter Straub Le lifting des collections S-F, fantasy et fantastique de J’ai lu Après avoir été l’un des auteurs les plus importants du roman d’hor- reur américain, Peter Straub a exploré, dans sa fameuse trilogie de LES OLYMPIADES TRUQUÉES tion qui n’est finalement pas si éloignée de la « Blue Rose », un territoire neuf empiétant très largement sur le de Joëlle Wintrebert. celle des jeux du cirque dans la Rome anti- roman policier et mettant en scène des monstres ne relevant ni du J’ai lu, « Science-fiction », que. Joëlle Wintrebert a développé fantastique ni du surnaturel. Des monstres appartenant à cette es- 314 p., 41 F (6,25 ¤). d’autres thématiques tout aussi brillam- pèce humaine dont ils sont pourtant de féroces prédateurs et à ment : celle du clonage, avec le person- cette catégorie de criminels terrifiants qu’on appelle les « serial NADYA nage de Maël à la recherche de sa place killers ». Il a entamé depuis une nouvelle phase de son œuvre qui de Pat Murphy. dans le monde en raison de l’ambiguité de n’appartient plus à cette veine mêlant horreur et thriller. Mais ce re- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) sa position au sein même de sa famille. Et cueil, d’ailleurs dédié à Lawrence Block, le père de Matt Scudder, se par Geneviève Blattmann. aussi celle des dérives sexuelles induites situe très nettement dans l’orbe de la trilogie. L’un des textes qui le J’ai lu, « Fantastique », par un taux trop élevé de population mas- compose – « Au bon pain », dédié, lui, à Stephen King – parle d’un 510 p., 50 F (7,62 ¤). culine. Elle a su mêler très habilement, jardin de roses bleues et de la mort de celui qui a fait pousser ces sans aucune lourdeur démonstrative, tou- fleurs étonnantes dans un environnement terrible. Un autre, « Le es éditeurs sont comme les jolies tes ces thématiques, par le biais des itiné- village fantôme », a la guerre du Vietnam pour décor et rappelle femmes vieillissantes : ils éprou- raires chantournés qui conduisent ses tout aussi bien Koko qu’Apocalypse Now. Ici aussi, il est question de vent parfois le besoin d’un deux héroïnes, fort joliment dessinées, monstres humains – tueurs psychopathes, violeurs d’enfants, tor- « coup de jeune », de se faire re- vers une rencontre explosive. Seule la des- tionnaires –, et de ce qui les « fabrique ». Peter Straub nous pro- Lfaire une beauté, en l’occurrence de « ra- cription de cette société future coercitive pose dans la plupart des récits une plongée dans les profondeurs les fraîchir » la présentation de leurs ouvra- et répressive, contestée par une guérilla ul- plus glauques de la psyché humaine dont le lecteur ne sort pas in- ges. C’est désormais chose faite chez J’ai traminoritaire, date aujourd’hui ce roman demne, ni sans avoir éprouvé cette terreur insidieuse qui naît lu où les collections relevant des littératu- qui, pour le reste, porte très beau ses vingt d’avoir côtoyé des abîmes vertigineux. Deux nouvelles détonnent. res de l’imaginaire, désormais placées ans d’âge. L’une, « Isn’t it romantic ? », conte la dernière mission d’un tueur sous la responsabilité de Benoît Cousin, professionnel des services secrets, avec un petit arrière-goût gra- viennent de changer de couvertures. La Pour l’horreur ou plutôt pour le fantasti- ham-greenien. L’autre, « Mr Clubb and Mr Cuff », est un parfait modification majeure est le regroupement que, J’ai lu s’est fendu d’un inédit, signé chef-d’œuvre d’humour noircissime. L’ensemble, remarquable, est sous une couverture du même style des d’un auteur américain de première impor- à déconseiller aux âmes sensibles : c’est du brutal ! (Traduit de l’an- collections de S-F, de fantasy et de fantasti- tance qui n’a été, malheureusement, que glais – Etats-Unis – par Michel Pagel. Pocket, « Terreur », 436 p., que. L’illustration de première page peu traduit en France : l’excellente Pat 41 F [6,25 ¤].) change également de style avec l’arrivée Murphy, aussi bonne romancière que re- de nouveaux graphistes. marquable nouvelliste (1). Dans Nadya, b LES VAGABONDS DU RÊVE n˚ 1 Pour marquer l’importance de ce « reloo- elle s’attaque au thème du loup-garou en Sous ce beau titre poétique, les jeunes éditions Oxalis lancent une kage », J’ai lu a réédité, sous cette nouvelle pratiquant avec un bonheur rare le mé- revue consacrée aux littératures de l’imaginaire qui présente une présentation, plusieurs ouvrages de son lange des genres, car le roman est aussi un double particularité. La première est de n’avoir fait appel qu’à des fonds, du Neuromancien de William Gib- western. Fille d’un émigré polonais et écrivains francophones et d’ouvrir très largement le sommaire à son, le maître-livre du mouvement cyber- d’une paysanne française vivant dans une des auteurs débutants. Pas de noms connus ici, pas de « vedet- punk, à La Maison des damnés de Richard ferme du Missouri et possédant le don tes » : Les Vagabonds du rêve ont pris le parti et le risque de la dé- Matheson, impressionnante variation sur – ou la malédiction – de se transformer à couverte avec tout ce que cela implique, les bonnes surprises le thème de la maison hantée, en passant la pleine lune en loups, Nadya Rybak est (comme L’Eté indien d’Eric Trigance, Le Manuscrit de Philippe par des titres de Van Vogt, Abraham Mer- obligée, pour avoir vengé la mort brutale Heurtel ou Le Masque de Méduse de Pierre-Luc Lafrance, trois in- ritt, Clifford D. Simak pour les classiques, de ses parents, de fuir vers l’Ouest, vers téressantes nouvelles fantastiques) comme les textes médiocres ou de David Brin, Clive Barker et Kim Stan- ses horizons encore sauvages, afin d’y ou inaccomplis. La seconde est de centrer la plus grande partie de ley Robinson (avec l’admirable Rivage trouver sa place loin des chasseurs de son sommaire sur un thème. Ce premier numéro décline en huit oublié), ou encore le cycle de Tschaï de loup. Déguisée en garçon, elle croise la nouvelles et un article celui de la confrontation entre « Femme et Jack Vance réédité ici en un fort volume route d’Elizabeth et de Jenny sur la piste imaginaire » et c’est justement un auteur femme, Lea Silhol, qui de près de 900 pages (exotisme garanti !). des pionniers vers la Californie. débute l’ensemble des fictions et qui signe le texte le plus brillant, Mais bien évidemment, Benoît Cousin a La seconde partie du roman, la plus im- le mieux écrit, le plus achevé. L’expérience des Vagabonds du rêve aussi choisi de publier quelques nouveaux portante, narre leur long et difficile péri- mérite d’être encouragée, mais il faudra, pour qu’elle perdure, que titres : un pour chacun des genres ac- ple dans une nature hostile, traversée par la rédaction se montre plus exigeante, plus rigoureuse. Rendez- cueillis désormais sous cette nouvelle cou- des bandes d’Indiens parfois dangereux, vous donc au deuxième numéro qui aura « Le temps » pour verture. Et on ne saurait trop le féliciter de et la façon dont les épreuves souvent dra- thème. (Ed. Oxalis, 3, rue de Paris, 06000 Nice ; 146 p., 59 F son choix qu’on souhaite emblématique. matiques vécues tout au long du parcours [8,99 ¤].) Car pour la fantasy, il a choisi Le Trône de les rapprochent avant de les séparer une fer, de George R.R. Martin, publié initiale- fois atteinte la « terre promise ». Et Na- b FÉES, NAÏADES ET NYMPHES, anthologie ment chez Pygmalion et qui débute l’un dya devra gagner d’autres territoires de Dominique Besançon des meilleurs cycles romanesques du do- moins civilisés pour pouvoir enfin se « po- Après le volume dédié aux « Morts, fantômes et revenants », maine, une sorte d’épopée médiévale ser » dans un environnement extraordinai- c’est aux peuples féminins du légendaire populaire que Domini- haute en couleurs qui tresse avec énergie rement mêlé. Roman d’apprentissage que Besançon a consacré cette nouvelle anthologie, en suivant la et talent une pleine brassée d’intrigues et tout autant qu’éducation sentimentale, même formule : contes puisés dans La Revue des traditions popu- de complots. Pour la science-fiction, il réé- plaidoyer subtil en faveur de la « diffé- laires, qu’ils soient d’origine corse, hindoue, malgache ou suisse, dite, dans une version remaniée, un ro- rence », portant un regard juste sur les In- ou bien tirés des recueils collectés par les grands folkloristes man paru en 1980 chez Kesselring, dans la diens, Nadya est surtout une lecture parti- comme Jean-François Blade, Paul Sebillot et Henry Carnoy, ou collection « Ici et maintenant », auquel culièrement roborative qui est comme la encore textes d’auteurs littéraires comme Gérard de Nerval et l’actualité sportive de ces dernières années version féminine, voire féministe, de The Charles Deulin. Et en déclinant aussi la même répartition entre confère d’indéniables résonnances : Les Big Trail (La Piste des géants), le formida- « Contes des pays de France » et « Contes des pays du monde », Olympiades truquées, de la seule vraie star, ble western cinématographique de Raoul afin de bien montrer que ces créatures étranges, « parées de leur au sens complet du terme, de la science-fic- Walsh. Il possède le même souffle souve- éternelle jeunesse » et de leur beauté miraculeuse, ont fasciné les tion française, Joëlle Wintrebert. rain, un zeste fort bien venu de bizarre en hommes de tous les pays, ont hanté nombre de traditions orales Il serait très injuste de réduire l’intérêt prime. de leurs pouvoirs enchanteurs, au point même parfois d’être de- du roman à sa vision d’un futur bien trop Jacques Baudou venues, comme Mélusine ou Morgane, de véritables personnages plausible où les autorités sportives, bénéfi- mythologiques. L’anthologiste proclame haut et fort que les fées ciant de la complicité tacite du pouvoir po- (1) Comme en témoignent La Cité des ombres « se portent bien » et le prouve avec cette kyrielle qui nous en- litique, n’hésitent pas à doper des nageu- (Denoël, « Présence du fantastique »), Rachel traîne du côté de la reine des poissons, de la dame de la verte fo- ses (et autres athlètes) avec des substan- amoureuse (dans « Univers 1989 », J’ai lu) ou rêt ou des femmes-cygnes de la mer en une ronde… magique. ces aux effets effroyablement nocifs. Et où De l’amour et du sexe chez les invertébrés (dans (Ed. Terre de Brume, « Les Contes du monde entier », 192 p., 49 F les Jeux olympiques remplissent une fonc- Etoiles vives n˚4). [7,47 ¤]). VENDREDI 5 JANVIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - VII enquête bbbbbb bbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le poche,

demeurant modèle d’édi- qui offre un portrait sur fond de couleur tion) que « Folio » n’hé- tramé au milieu d’une page et d’un dos site pas à illustrer d’un ta- blanc immaculé. Il en va de même de « La bleau de Roy Cosmopolite » chez Stock, qui, dans sa nou- Lichtenstein : velle édition, conjugue le rose à un docu- on fait ainsi ment excentré à la marge qui fait contre- croire à un public point. Quant à l’amateur de couleurs plein adolescent que le champ, qu’il aille consulter la très sympathi- texte donne à lire une que « Petite Bibliothèque » de Rivages po- violence visuelle très à la che : il y trouvera de quoi satisfaire ses yeux mode dans l’image autant que ses goûts originaux et éclecti- d’aujourd’hui (couleurs, ques en matière de lecture. dessin, lettres éclatant en onomatopées très référencées à la AU BONHEUR DES TEXTES BD), alors même que la tragédie joue Car l’objet premier du poche classique sur une violence essentiellement verbale. n’est pas de plaire par son aspect mais de sé- Toujours chez « Folio », Le Père Goriot, na- duire par le texte proposé, la qualité de son guère illustré d’une peinture de Pagnest, édition et de son accompagnement (pré- ongtemps les textes classi- est aujourd’hui « relooké » avec le Portrait face, notes, dossier, index…). Et, dans ce do- ques furent le domaine ré- De l’Antiquité d’homme de Dubuffet (ce qui permet, au de- maine, force est de constater que les édi- servé des « petits classi- meurant, sans rien changer de l’ouvrage, teurs ont pris conscience qu’il y avait un pa- ques » destinés aux scolai- à l’époque de le faire « glisser » de la catégorie 3 à la trimoine à sauvegarder et à diffuser : d’où le res (que de Cid en Larousse, catégorie 4 et ainsi d’en augmenter le prix… travail de très bonne qualité générale effec- d’Avare en Vaubourdolle ou contemporaine, de 1 F !). tué pour rendre accessibles à un très large d’Andromaque en Bordas Dans ce jeu des jaquettes, celles de Poc- public les textes dans une impeccable pré- ont dû être vendus au fil de générations de français ou ket ne cherchent vraiment pas à convain- sentation éditoriale. Travail qui s’est effec- Lculottes – encore – courtes ou de tabliers cre, et comme le papier est vilainement re- tué selon trois grands axes. pour jeunes filles – à peine – en fleur !) ou étrangers, cyclé et les coquilles aussi présentes que le Au premier chef, la couverture du patri- des éditions savantes (Droz, Champion, Di- chiendent, il faut vraiment n’avoir pas moine littéraire national, des origines à dier et, mieux distribués mais non moins les classiques ont d’autre choix pour succomber à cette non- l’époque contemporaine. Pour celles-là, les exigeants, ces Garnier déclinés en broché tentation. En revanche, et mis à part les dé- efforts remarquables de Jean Dufournet ont sous jaquette jaune, en relié de toile ou en trouvé avec le rives signalées, reconnaissons aux autres porté leurs fruits chez GF ; « Folio », adap- « Prestige » avec dos, mors, coins et nerfs collections le réel mérite de faire du format tant les réalisations des « Pléiade » de la sé- de cuir fauve, plats et gardes en papier mar- poche un territoire de poche un livre attrayant dès sa couver- rie animée par Daniel Poirion ou publiant bré, et que concurrencèrent à partir de ture : sans doute « Folio » est-il plus inven- des titres réservés aux spécialistes (ainsi la 1931 les « Pléiade » reliés par Babouot…). privilégié. tif, plus systématiquement graphique ; Le Passion d’Arboul Gréban), a aussi contribué Longtemps les classiques furent donc l’ob- Livre de poche plus sobre et épuré avec une à nous rendre proches de ces textes encore jet de deux domaines éditoriaux aux pu- Où le pire côtoie véritable élégance (on songe aux deux volu- réservés, il y a peu, aux seuls médiévistes ; blics radicalement séparés par l’âge ou l’ar- mes de Nerval, au Père Goriot) ; GF soigné mais, incontestablement, il convient de sa- gent : les cours d’école et les rayons des le meilleur, mais typographiquement, moins uniforme dans luer le travail effectué par Le Livre de poche amateurs, les étudiants faisant le lien entre ses choix. Assuré- avec la série « Lettres gothiques » que di- les deux. L’apparition des formats de poche où la qualité ment, la palme rige Michel Zink et qui, sous une élégante ne modifia pas immédiatement les choses : de l’élégance re- couverture, est en passe de permettre d’ac- quelques maigrichonnes pages extirpées et le sérieux des vient à la col- céder (souvent en version bilingue) à tout d’un livre à la signature prestigieuse en lection «poé- un pan ignoré de nos lettres – ou trop sou- guise de préface ne pouvaient ni concurren- éditions domine sie / Galli- vent réduit à des digest cer les « Petits classiques » ni satisfaire mard », approximatifs. amateurs et étudiants. Il en va désormais – présentations tout autrement avec la multiplication des séries consacrées aux textes classiques élégantes, dans les diverses collections de poche. Aussi, devant les piles qui se dressent sur préfaces, les tables ou les rayonnages qui s’allongent chez les libraires, le client-lecteur ne peut commentaires que demeurer dubitatif. Quel Goriot choi- sir ? Quelle Recherche du temps perdu privi- et dossiers légier ? Préférer Henry V traduit par Dé- prats ou le même dans la version de Sylvère de haut niveau. Monod, aguichés que nous sommes par le visage en gros plan de Kenneth Branagh ? Comment s’y

STRATÉGIES EN TOUT GENRE retrouver ? Une adaptation télévisée ou cinémato- graphique fait immédiatement reparaître Panorama critique le titre-support, et nul doute que l’acteur- vedette – le même sous les traits d’Edmond Dantès ou de Jean Valjean – projeté sur la couverture ne dicte le choix. Mais est-ce bien raisonnable de confier le plaisir de lire des textes à la seule « gueule » d’un « ba- rillesque » saltimbanque ? Il est vrai que les couvertures jouent un rôle de marketing allant parfois jusqu’à des comportements ILLUSTRATIONS racoleurs, comme ce Britannicus (au RITA MERCEDES VIII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 JANVIER 2001 enquête bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbb bbb gardien du patrimoine

Le lecteur curieux y retrouvera, dans leur (« Poésie/Gallimard »), Büchner (GF) ou iade, Sophocle en jus, Roland et Tristan, Lancelot et Pathelin, Kafka (revisité par Bernard Lortholary chez « Folio »), Pontalis mais y découvrira aussi tous ces héros des GF). Sans oublier les Espagnols, Portugais, (Rousseau en « Fo- gestes épiques, ces truculents personnages Russes et, cerise sur le gâteau, les Scandina- lio ») ou Gattégno de fabliaux, ces poésies de Marie de France ves ou les exotiques (auxquels GF consacre (Carroll, Wilde en ou de Rutebeuf moins connues que celles de courageusement une part de son catalogue : « Folio ») qui veut ! Si Villon. Côté contemporains, outre Proust, Strindberg, Averroès, Confucius, le Mahab- certains se contentent chéri de tous les éditeurs, Barrès, Radiguet, harata, tous impeccablement présentés). du minimum syndical, Morand, Reverdy, Sarraute ou Ionesco (ces Mais les collections de poche ne se d’autres fournissent deux derniers assez mal servis par leurs com- contentent pas de gérer les certitudes : elles un véritable travail (on mentateurs en « Folio/théâtre ») ouvrent jouent le jeu de l’ouverture en pariant sur pense aux très docu- une voie qui promet d’être féconde dans les l’intelligence du lecteur, conscientes de mentés « GF/dossiers » prochaines années. Suggérons à la collec- combler un espace qui balisent le texte dans tou- tion « Poésie/Gallimard » de proposer enfin pédagogique aujour- tes ses dimensions, contextuel- une édition critique d’Alcools d’Apollinaire d’hui vacant. Un les et intertextuelles, tels le Sa- (et qu’elle ne soit pas la reprise de l’indigent bref retour en lomé de Wilde ou le Saint-Genest texte de « La Pléiade »…). de Rotrou), digne de ce que l’Univer- Littérature médiévale et littérature sité peut produire de meilleur. On a contemporaine n’ont pas pour autant ainsi d’admirables Platon traduits et in- écrasé l’entre-deux : les troduits par Monique Canto (GF), un auteurs-phares ont vu leur Henry V de Shakespeare que Gisèle catalogue s’étoffer (à ti- Venet éclaire dans tous ses aspects, tre d’exemples, Lour- y compris à travers un copieux « his- des et Rome ont re- torique de la mise en scène » Les collections joint chez « Fo- (trop souvent bâclé dans nom- lio » Les Rou- bre de volumes de la même ne se contentent gon-Mac- collection « Folio/théâtre »), des Mallarmé minutieuse- pas de gérer ment et aériennement éluci- dés par Bertrand Marchal les certitudes : elles (« Poésie/Gallimard »), des Fleurs du mal renouvelées jouent par la lecture de John Jackson (Livre de poche), pour ne citer le jeu de que quelques-unes des plus éclatantes réussites. l’ouverture Dans ces deux derniers cas, les éditeurs ont eu la bonne idée de demander à Yves en pariant sur Bonnefoy de préfacer les volumes : peut-on arrière rêver meilleure plume pour initier à la lecture l’intelligence montrera le rôle de Mallarmé et de Baudelaire que l’auteur de qu’elles ont joué dans la réaccli- L’Improbable (« Folio/essais ») ? Et un Dis- du lecteur matation des écrivains. Qui pouvait lire cours de Rousseau longuement analysé par quart, de Huysmans il y a une trentaine d’années ? Starobinksi (« Folio/essais ») ou un même que les Trois Dis- 10/18 commença de publier les romans de la Double dostoïevskien éclairé par le cours de Corneille sont venus période naturaliste (aujourd’hui introuva- docteur André Green (« Fo- – dans une remarquable édition criti- bles) ; puis A rebours (très belle édition de lio ») ? De même, lorsque Mau- que – compléter par la théorie, chez GF, le Marc Fumaroli en « Folio ») fut découvert rice Agulhon nous guide dans corpus des œuvres dramatiques), et des tex- et apprécié et, dans la foulée, le cycle de Dur- La Conquête de Plas- tes peu distribués jusqu’à présent sont tal fut réédité (« Folio », GF). Barbey d’Aure- sans de Zola venus rejoindre les grands classiques (ainsi villy, de même, hormis ses Diaboliques au ti- (édition Henri du roman du XVIIe siècle jusqu’à il y a peu tre sulfureux, était presque introuvable : Mitterand, réduit à la seule Princesse de Clèves et désor- aujourd’hui, tous ses romans sont disponi- « Folio »), mais complété par les productions de Ros- bles – en particulier l’envoûtante Ensorcelée peut-on espé- set [Livre de poche], Furetière, Scarron, – tant en « Folio » qu’en GF. Et que dire de rer meilleur Saint-Réal [« Folio »], Sorel ou autres ces textes qui hantaient notre inconscient éclaireur que Cyrano et Saint-Amant [Le Page disgracié, collectif – La Dame aux camélias (exem- cet amoureux « Folio »]). plaire édition en GF avec les trois versions : de la Pro- le roman, le drame, l’opéra) ou les Scènes de vence, de la OUVERTURE ET DÉCOUVERTE la vie de bohème de Henry Murger (« Fo- République Loin de s’enfermer dans une francité lio ») – sans qu’il fût possible de s’y reporter et de l’ensei- d’hier, les poches ont aussi joué à plein le aisément ? De même, GF s’est attaché à pu- gnement ? Il y jeu des éditions – souvent bilingues – des blier des ouvrages partout cités et bien peu a dans ces lectu- grands textes du patrimoine mondial. Si la souvent lus : le Contr’Un de La Boétie, les res « décalées » part belle revient au monde anglo-saxon (de Sermons de Maître Eckhart, l’Esquisse d’un tout cet ( ces) ar- Shakespeare, servi par des traductions tableau historique de l’esprit humain de rière-texte(s) qu’un d’Yves Bonnefoy ou de Jean-Michel Dé- Condillac… lecteur, aussi perspi- prats, à Wilde, en passant par Thackeray, cace soit-il, ne saurait Fielding, Poe, Hawthorne), les autres terri- DE L’APPORT DU COMMENTAIRE spontanément imaginer. toires ne sont pas ignorés, et l’on peut Souvent confiés à des universitaires spé- Telle n’est pas la moindre aujourd’hui, pour quelques dizaines de cialistes de l’auteur ou de l’œuvre, préfaces réussite des poches classi- francs, lire La Divine Comédie de Dante et commentaires en tout genre se ressentent ques que d’avoir tenté et ga- (GF), Les Fiancés d’Alessandro Manzoni parfois d’une écriture laborieuse et répéti- gné ce pari. (« Folio ») ou Moravia (GF) ; Hölderlin tive. N’est pas Fumaroli, Vidal-Naquet (L’Il- Daniel Couty VENDREDI 5 JANVIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - IX livraisons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

l’apparente banalité des vies. Dans L’Annulaire, une jeune fille est engagée dans littératures un mystérieux laboratoire dirigé par un non moins mystérieux professeur qui b naturalise des « spécimens ». Pas des papillons étalés dans des cartons ou des grenouilles dans des bocaux de formol, non, les spécimens, ici, peuvent être des b LE RÉEL EST UN CRIME PARFAIT, MONSIEUR BLACK, champignons microscopiques, une mélodie, une cicatrice, des cheveux… Bref, de Jacques Bellefroid des bribes de souvenirs, conservées et… oubliées comme dans un cimetière. Jacques Bellefroid est un écrivain rare, ne serait-ce qu’à deux titres : il publie Happée par l’atmosphère de cet étrange endroit, la jeune fille deviendra à son peu et écrit de manière si belle et virevoltante qu’on en reste ébaubi. Double tour un des spécimens du professeur… (Traduit du japonais par Rose-Marie Ma- raison pour lire ou relire ce roman qui tire sur le noir et joue à se faire passer kino-Fayolle. Actes Sud, « Babel », 96 p., 33 F [5,03 ¤].) F. Da. pour un polar. Monsieur Black est un héros à géométrie variable, tantôt « joueur d’échec(s), auteur de romans policiers, voyageur, ouvreur de portes, détective b QUASI OBJETS, de José Saramago imaginaire, père adoptif, champion de bridge, veilleur de nuit », et qui s’égare de Un homme prisonnier de sa voiture, un royaume organisé autour d’un cime- jour en jour et de chapitre en chapitre. Il a « moins l’impression de vivre que d’être tière, des objets qui se révoltent… Les nouvelles du recueil – écrites avant les vécu », allant jusqu’à se sentir « conduit » par un rendez-vous, doutant de la réa- grandes œuvres romanesques du Prix Nobel de littérature – mettent en scène lité de ce qui l’entoure et qui vire au décor. Le lecteur se perd en conjectures mais a des personnages aux prises avec un changement progressif, d’abord presque la chance parfois d’assister aux réflexions de ce détective qui joue les Nero Wolfe imperceptible, de leur environnement. Le fantastique a toujours des allures réa- ou les Hercule Poirot, récapitulant les épisodes précédents pour mieux décrire les listes chez Saramago. « Le Centaure » est l’une des plus belles nouvelles : «Il faits aux personnages rassemblés non pour un épilogue mais pour tâcher de s’y re- ne rêvait jamais comme rêve un homme. Il ne rêvait jamais non plus comme aurait trouver un peu dans ce jeu à facettes où la boule roule à l’infini. (Gallimard, « Fo- rêvé un cheval. Durant les heures où ils étaient éveillés, les occasions de paix ou de lio », 296 p., 40 F [6,10 ¤].) M. Si. simple conciliation n’étaient pas nombreuses. Mais le rêve de l’un et le rêve de l’autre composaient le rêve du centaure. » (Traduit du portugais par Claude Fa- b L’AMOUR DE PIERRE NEUHART, d’Emmanuel Bove ges. Seuil, « Points », 190 p., 39 F [5,95 ¤].) A. S. On redécouvrit Emmanuel Bove il y a une vingtaine d’années. Au cours de son existence assez courte (1898-1945), il publia beaucoup. Jean-Luc Bitton avait, b APRÈS TOUT, d’Edward St Aubyn en 1999, présenté un choix de ses romans dans la collection « Mille & une pa- Le dernier tome de la trilogie de Patrick Melrose confronte son héros au choc ges » (Flammarion). L’univers de Bove est généralement triste et gris. Les per- des trente ans. Le jeune homme est toujours aussi cynique, aussi hautain, aussi sonnages sont enfermés dans des prisons invisibles. La joie est rare, et toujours dédaigneux, il s’est désintoxiqué des années passées pendu à une seringue à l’état d’espoir déçu. Ainsi de ce Pierre Neuhart, quadragénaire tombant mais oublie encore, quand il se rend aux toilettes, qu’il n’y est entré que pour amoureux d’une toute jeune fille. Cela se terminera mal, le héros marchant ré- pisser. Il ne se gêne pas pour débiner les NA (Narcotics Anonymous), mais on solument vers sa perte (Seuil, « Points », 122 p., 35 F [5,34 ¤]). Dans la même sent que c’est la fin, le réel le guette. Il ne lui reste plus qu’à se réconcilier avec collection, du même Emmanuel Bove, Le Pressentiment, histoire d’un homme l’image de son père (dont la mort faisait l’objet du précédent ouvrage, Mau- rompant avec son milieu (aisé) pour retrouver dans un autre (plus pauvre) exac- vaise nouvelle). Le voici convié avec toute l’aristocratie branchée londonienne à tement les mêmes travers. (Seuil, « Points », 130 p., 39 F [5,95 ¤].) P. K. une soirée à laquelle doit assister la princesse Margaret, qui ne va pas s’en- nuyer. Lui, oui, sûrement. (Traduit de l’anglais par Sophie Brunet. 10/18, 160 p., b UNE MÈRE ET SA HONTE, de Robert Dessaix 41 F [6,25 ¤].) M. Si. Descendant d’une famille savoyarde émigrée en Australie au XIXe siècle, Ro- bert Dessaix a été adopté à la fin de la deuxième guerre mondiale et n’a fait la b DES MOTS POUR LA VIE connaissance de sa mère qu’à quarante-cinq ans. Onze ans après, il se sou- Quarante écrivains ont écrit un texte pour aider le Secours populaire à dévelop- vient : « Elle a été un peu déçue. J’étais homosexuel. Elle aurait voulu que je sois per des projets culturels en faveur des personnes défavorisées. Un éditeur, Poc- plus normal. Elle a eu de l’affection pour moi, mais elle a tout de même été déçue. ket, publie ces textes en trois recueils (Contes, Nouvelles, Pièces Courtes), regrou- Jusqu’à la fin. » Le narrateur, qui s’appelle Robert Dessaix, fait intervenir dans pés en coffret. Les libraires jouent le jeu en ce début d’année en le mettant sur cette autobiographie fictive ses deux mères, l’adoptive et la naturelle, et dévoile leurs tables : il ne manque plus que des lecteurs… Il est bien évident qu’étant sa passion pour les langues, sa fascination pour la Russie, son mariage, son ho- donné la diversité des auteurs qui se sont prêtés au jeu, choisissant d’ailleurs mosexualité, au fil de la plume et des réflexions, sans suivre d’ordre établi. (Tra- pour la plupart de se situer dans le contexte des personnes en difficulté, le résul- duit de l’anglais – Australie – par Ninette Noothroyd. Le Livre de poche, 224 p., tat est surprenant : il faut dire qu’on ne passe pas tous les jours d’Anna Gavalda 30 F [4,57 ¤].) M. Si. à Christian Jacq, de Fred Vargas à Jean-Christophe Ruffin, d’Eric-Emmanuel Schmitt à Olivier Py, de Susie Morgenstern à Gudule. Mais la surprise est plutôt b LE PORTRAIT DE JENNIE, de Robert Nathan bonne et le contenu d’excellente qualité. Voilà une bonne opération pour de Un peintre méconnu rencontre une petite fille dans un parc, modèle idéal qui bonnes résolutions. (Pocket, respectivement 182 p., 216 p. et 252 p., en coffret : l’initie à la pureté. Sans se douter qu’il a affaire à un fantôme, celui d’une jeune 90 F [13,72 ¤].) M. Si. femme morte des années plus tôt, et qui lui réapparaît épisodiquement, d’étrange façon, vieillissant chaque fois un peu plus jusqu’à devenir telle qu’elle fut lorsqu’elle disparut. Ce texte, ici préfacé par Robin Cook, qui en sou- jeunesse ligne le charme secret, fut encensé jadis par les surréalistes (ils virent dans cette b cascade de métamorphoses une rêverie sur l’amour fou) et fit l’objet d’une adaptation cinématographique de William Dieterle (en 1948), avec Jennifer Jo- b SI MÊME LES ARBRES MEURENT, de Jeanne Benameur nes et Joseph Cotten. (Traduit de l’anglais par Germaine Delamain. Ed. Joëlle Grand Aigle est seul, muré dans un silence blanc, immobilisé sur un lit d’hôpi- Losfeld, « Arcanes », 138 p., 55 F [8,38 ¤].) J.-L. D. tal, lui dont l’énergie indomptable se jouait des ascensions… Céline et Mathieu tentent de l’accompagner dans cette bulle inhumaine, hors la ville, pour pou- b FORTUNE DE GUERRE, de Patrick O’Brian voir nouer avec le monde. Un livre magnifique et bouleversant de Jeanne Bena- Mort le 2 décembre 2000 à Dublin, Patrick O’Brian est l’auteur de cette épopée meur dont Le Petit Etre, paru à l’automne 2000, délivrait, sur le ton de la fable, un mythique, cette saga des guerres napoléoniennes en vingt volumes, véritable message aussi juste. (Ed. Thierry Magnier, 112 p., 43 F [6,55 ¤]). A partir de phénomène éditorial qui a débuté avec Maître à bord et dont Fortune de guerre 11 ans. Ph.-J. C. est le sixième épisode. Les héros de ces romans d’aventures pour adultes, le lieu- tenant de la Royal Navy Jack Aubrey et son ami, le chirurgien Stephen Maturin, b LE FEU AU LAC, de Jean-Hugues Oppel sont aussi mal assemblés qu’on peut l’être : le premier est romantique, opti- Quatre nouvelles aventures de l’intrépide Yannick Le Ruffet, dit « le Furêt ». miste, volubile, généreux, le deuxième est cynique, désespéré, morose. Mais ils Avec quelques mois d’avance, une célébration du centenaire du père de l’Aéro- aiment tous deux la musique et la même femme, et sont liés par une amitié qui postale avec Le Vol du Mermoz, où Guillaume d’Arnand se joue à fond des con- les mènera sur les sept mers. Fortune de guerre a pour cadre historique la guerre ventions de la collection, brûlant le camion Mercedes de la famille ou attirant d’indépendance des colonies américaines contre l’Angleterre, et le lecteur, em- la fidèle Loubia, d’ordinaire fixée à Malakoff, jusqu’à Toulouse. Mais c’est l’es- porté par un ton alerte et sympathique, y trouvera aussi un vrai souci de vérité capade d’Oppel qui retient l’attention. Sa Suisse lisse et glacée, vue de Neuchâ- historique. (Traduit de l’anglais par Florence Herbulot, Pocket, 374 p., 41 F tel, couvre les criminels nazis avec autant de discrétion que les secrets bancai- [6,25 ¤].) M. Si. res. Terrible parce que potentiellement actuel. (Albin Michel, « Le Furêt en- quête », 140 p., 35 F [5,34 ¤].) A partir de 12 ans. Ph.-J. C. b L’ANNULAIRE, de Yôko Ogawa Yôko Ogawa aime les piscines, les salles de bains, la pluie, les plantes, les insec- b FESSES tes, les glaces qui coulent et les gâteaux qui dégoulinent. Yôko Ogawa a l’art du Nouvelles noces de l’art et du livre Jeunesse avec « Form’art » qui propose, en détail qui tue. Après La Piscine, Les Abeilles et La Grossesse (Actes Sud, « Ba- une douzaine de tableaux, une approche anatomique de la facture picturale. bel », 196 p., 45 F [6,86 ¤]), on retrouve dans L’Annulaire la douceur avec la- Sans commentaire mais avec de strictes références. Ici Gauguin, Vélasquez, Cé- quelle la romancière japonaise installe, par petites touches, une atmosphère zanne ou Klimt ; d’autres pour Nez, Lèvres et Regard (Mango, « Form’art », étrange et inquiétante. Son goût pour la cruauté et la morbidité, cachées sous 24 p. , 59 F [8,99 ¤].) A partir de 5 ans. Ph.-J. C. X - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 JANVIER 2001 livraisons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

b HORRIBLE BABY-SITTING, de Gudule et Fañch voyée par le gouvernement populaire et le Parti communiste pour observer à la Une bonne affaire, deux cents francs, pour garder l’adorable petit Timothée loupe les bouleversements provoqués dans le village par une subite distribution dans la villa de ses parents, Léa n’hésite pas ; mais elle se programme une soi- des terres et une nouvelle répartition des rôles de pouvoir. Hinton fait parler des rée TV d’épouvante dont l’atmosphère funeste la rattrape… Un court récit très centaines de paysans sur le passé de leur village, quand un système de sanctions bien ficelé, superbement illustré par Fañch en congé de « Bonté Divine ». (Ma- et de faveurs, de prêts et d’usure mais aussi le recours permanent à la force bru- gnard, « Les P’tits Fantastics », 48 p., 38 F [5,76 ¤].) A partir de 7 ans. tale assuraient le pouvoir des propriétaires fonciers ; il observe en sociologue et Ph.-J. C. raconte en journaliste la brusque abrogation des pouvoirs de l’aristocratie locale et plus encore ce fanshen, véritable renversement des valeurs dans les faits et les b JE VEUX GRANDIR ! et WOUAH ! QUELLE VOIX, de Ricardo Alcantara esprits, qui ne se fit pas sans excès de violence, sans terreur et sans injustice. Un et Emilio Urberuaga document exceptionnel, dont la mise en page désastreuse ne doit pas découra- Deux premières aventures de Roméo, le petit lion, parues à Barcelone en 2000, ger le lecteur. (Pocket, « Terre humaine Poche », 770 p., 50 F [7,62 ¤].) A. My qu’Autrement propose déjà au public français. Les difficiles apprentissages d’un lionceau craquant, servis ici par un dessin tendre et élégant d’une persis- b ENCYCLOPÉDIE DES RELIGIONS, de Gerhard J. Bellinger tante séduction. (Autrement, 28 p., 49 F [7,47 ¤].) A partir de 3 ans. Ph.-J. C. Signe des temps ? Les encyclopédies consacrées aux religions foisonnent en édi- tion de poche. Celle-ci, soigneusement illustrée, fait la part belle aux grandes religions (religions du Livre, bouddhisme, hindouisme…) et aux hérésies multi- essais ples qui n’ont cessé de les vivifier après les avoir menacées. Mais elle rend b compte des religions disparues ou devenues fossiles : religions cananéennes dont on retrouve certains thèmes dans les récits bibliques, religions élamites, b PLANS DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE, de Ferdinand Alquié orphisme, ancienne religion des Basques qui ne cédera la place au christia- Il était de ces grands professeurs qui peuvent subjuguer quelques générations nisme qu’au VIIe siècle… L’encyclopédie – le lui reprochera-t-on ? – ouvre ses de lycéens et d’étudiants. Ferdinand Alquié (1906-1985), qui a enseigné au ly- pages aux sectes, le plus souvent pour quelques lignes (26 pour la Scientologie) cée Louis-le-Grand à Paris et à la Sorbonne, avait proposé, dès 1934, aux édi- et à nombre de petits mouvements religieux qui se multiplient, aujourd’hui, en tions Chantiers de Carcassonne, sa ville natale, ces Plans de philosophie géné- Afrique (amicalisme), au Japon (Ananaikyo), aux Etats-Unis (Black Muslims), rale où il exposait, de manière très pédagogique, les objets essentiels de la phi- comme partout ailleurs. Une prolifération qui peut inquiéter les uns si elle ras- losophie tels qu’ils les concevait : la connaissance, la nature, Dieu, la liberté, la sure les autres. Mais la présentation de « tant de terreurs cachées et d’indicibles philosophie elle-même. Rappelant comment chaque grand philosophe modifie espérances », comme les désigne Pierre Chaunu, qui préface l’œuvre, est impec- l’approche de chaque problème, Alquié n’hésitait pas à conclure, à « prendre cable. (Le Livre de poche, « La Pochothèque », 808 p., 158 F [24,09 ¤].) A. My parti de son mieux ». Une manière de montrer que par la philosophie – ce qui n’est pas le cas, jugeait-il, avec la religion ou la science – « l’esprit (…) se pense, b LE DICTIONNAIRE DES SYMBOLES MUSULMANS, de Malek Chebel il se recueille, il trouve sa propre paix, il parvient à la conscience de soi ». Un pano- Les lecteurs des Mille et Une Nuits, les amoureux des dictionnaires, les curieux rama qui ne manque pas d’utilité, et une profession de foi. (La Table ronde, avertis ou ignorants de l’univers islamique plongeront dans ce dictionnaire par « La Petite Vermillon », 128 p., 45 F [6,86 ¤].) A. My l’une ou l’autre de ses 1 600 entrées. Il pénétrera alors tout un imaginaire pro- fond, provenant en grande partie de la tradition soufie mais où l’actualité a b L’ÉDUCATION DES ENFANTS, d’Alfred Adler aussi laissé sa trace. Des nombres à la flore, du bestiaire aux couleurs, des Publié à New York en 1930 et rédigé en anglais, The Education of Children pré- noms d’Allah aux définitions plus attendues, c’est un univers qui s’ouvre pour céda de peu l’installation définitive d’Alfred Adler (1870-1937) à New York. Le faire autant réfléchir que rêver. (Albin Michel, « Spiritualités vivantes », 502 p., médecin autrichien, disciple dissident de Freud, avait trouvé aux Etats-Unis un 59 F [8,99 ¤].) M. Si. écho à ses soucis pédagogiques qui lui avait été refusé dans son pays. Con- vaincu que c’est en développant le sens de la communauté chez un enfant que b L’ÉCOLE DE PARIS, L’Atelier cosmopolite, de Jean-Louis Andral l’éducation l’amène à épanouir ses facultés, à prendre confiance en lui et à sur- et Sophie Krebs monter, seul, ses difficultés, Adler propose, ici, à l’adresse des parents et des L’école de Paris s’expose au Musée d’art moderne de la Ville de Paris jusqu’au éducateurs, un mélange subtil de théorie et de conseils pratiques. A partir de 11 mars (Le Monde du 4 décembre 2000). Sous cette appellation, utilisée pour nombreux cas concrets, il analyse les dynamismes psychiques qui peuvent ame- la première fois en 1925 par un critique de la revue Cœmedia, on a pris l’habi- ner un individu à se défaire du sentiment d’infériorité qui l’accompagne depuis tude de regrouper quelques dizaines d’artistes étrangers, peintres mais aussi la petite enfance pour en arriver à valoriser sa personnalité. Où il est question sculpteurs et photographes, venus travailler à Paris dans les trente premières de l’oppression liée à un lourd cursus scolaire, d’éducation à l’égalité des années du XXe siècle. Ils ont constitué une communauté d’artistes partageant sexes, de parents et de professeurs découragés. L’ouvrage n’a pas pris une les mêmes ateliers, fréquentant les mêmes cabarets, échangeant idées et modè- ride. Traduit de l’anglais par D. de Lannoy, Petite Bibliothèque Payot, 254 p., les mais sachant préserver une grande disparité d’expression plastique. Parmi 64 F [9,76 ¤].) A. My eux, pour ne citer que les plus connus : Picasso, Pascin, Foujita, Chagall, Zad- kine, Brancusi, Modigliani, Van Dongen, Gris, Soutine… Pour accompagner b LA FATIGUE D’ÊTRE SOI, Dépression et société, d’Alain Ehrenberg l’exposition, la collection « Découvertes/Gallimard » propose un hors-série de Admise dès les années 70 comme le trouble mental le plus répandu dans le conception ingénieuse, sur papier cartonné, dont les pages pliées ou dépliées monde, la dépression s’est imposée comme « notre principal malheur intime ». permettent de écouvrir quelques œuvres en grand format (21,5 × 26,5 cm), Dans quelle mesure cette suprématie reconnue de la dépression sur les autres d’observer d’un même regard les différences d’inspiration sur un même thème, troubles mentaux est-elle révélatrice des mutations de l’individualité à la fin du de retrouver les lieux et les groupes où s’exprimèrent tant de « prodigieuses for- XXe siècle ? Après Le Culte de la performance et L’Individu incertain, Alain Ehren- ces vives ». Le procédé, déjà utilisé à plusieurs reprises depuis 1999 pour présen- berg, qui dirige au CNRS le groupement de recherches « Psychotropes, politi- ter une œuvre (Le Baiser de Rodin, la Vénus de Milo) ou un aspect du travail que et société », poursuit sa tentative de cerner les figures de l’individu contem- d’un artiste (les natures mortes de Manet, Matisse et le Maroc) le sera une nou- porain. L’histoire de la notion de dépression qu’il propose veut expliquer le velle fois en février avec un volume consacré à l’œuvre érotique de Picasso. « succès » tant médical que sociologique de cette pathologie mentale à la- (« Découvertes/Gallimard »/Paris-Musées, 48 p., 45 F [6,86 ¤].) A. My quelle aucun grand nom de la psychiatrie n’a, véritablement, attaché son nom. « Pathologie du temps » (le déprimé est sans avenir) et « pathologie de la motiva- b L’ODYSSÉE BLANCHE, de Nicolas Vanier tion » (le déprimé est sans énergie), la dépression apparaît comme l’envers On connaît l’amour de la nature en blanc qui a lancé Nicolas Vanier dans plus exact des normes actuelles de socialisation. Si l’intention critique d’Ehrenberg d’une vingtaine de grandes expéditions en Sibérie, Laponie, Alaska ou dans les est délibérément politique, elle s’appuie sur un examen rigoureux des littératu- montagnes Rocheuses. Cette fois, il entraîne ses lecteurs dans une course con- res psychiatriques française mais aussi américaine, des années 30 jusqu’à tre la montre : parcourir en moins de cent jours en traîneau à chiens, par moins aujourd’hui. Cela donne à son travail une puissance d’autant plus saisissante 55˚, les 8 600 kilomètres du Grand Nord canadien qui séparent les océans Paci- qu’il est question ici d’une modification de la subjectivité à l’œuvre chez fique et Atlantique. A lire au coin du feu, avec une boisson chaude, en cares- l’homme moderne. Une modification dont la dépression, comme, par ailleurs, sant son chat. (Pocket, 318 p., 32 F [4,88 ¤].) M. Si. l’addiction, pourrait constituer la « face sombre ». (Odile Jacob/Poches, 418 p., 55 F [8,38 ¤].) A. My b MÉDOR, PUPUCE, MIRZA, RINTINTIN ET LES AUTRES, Le Dictionnaire des noms de chien, de Pierre Enckell b FANSHEN, La révolution communiste dans un village chinois, Le titre n’incite pas à la lecture, mais « les gens à chien », ceux qui font partie de de William H. Hinton ces « petites entités familiales dont l’un des membres au moins est un chien », s’in- Quand, en octobre 1947, le comité central du Parti communiste chinois promul- téresseront peut-être à ces noms reflétant tradition et phénomènes de mode, gue la loi agraire qui va donner corps à la révolution anti-impérialiste, les mille et s’amuseront certainement en découvrant qu’Aston était impliqué dans l’af- habitants du village de la Grande-Courbe, à 600 kilomètres au sud-ouest de Pé- faire Elf, qu’Emile qui jouait Dragon dans Le Chien de Montargis mourut sur kin, dans la province du Shan-hsi, vivent encore, à peu près, comme vivaient scène empoisonné, que Raton fut offert par Mme de Maintenon à Ninon de Len- leurs ancêtres, depuis plusieurs centaines d’années. Quelques mois plus tard, clos, ou qu’un certain Ulysse fut surnommé « Lulu ». (Mots & Cie, 122 p., 59 F William Hinton, technicien agricole américain, intègre une équipe de travail en- [8,99 ¤].) M. Si. VENDREDI 5 JANVIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - XI essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Walter Benjamin, la pensée à vif

ŒUVRES grette parce que de telles séparations em- réalistes ; et avec Picasso, Klee, Atget, San- (Textes extraits Il fut un esprit pêchent de mesurer la cohérence de der, Chaplin, Eisenstein. Rien de ce qui se des Gesammelte Schriften) l’homme. Entre Sens unique et L’Œuvre passe en Europe et aux Etats-Unis ne lui de Walter Benjamin. sans cesse d’art à l’ère de sa reproductibilité techni- demeure indifférent, ni la photographie Traduit de l’allemand que, des passerelles peuvent être tendues, – dont Gisele Freud lui révèle des élé- par Maurice de Gandillac, en mouvement, des passages creusés, comme entre En- ments d’histoire – ni le cinéma – qu’il re- Rainer Rochlitz fance berlinoise et Paris, capitale du garde avec méfiance, soupçonnant quelle et Pierre Rusch. à la fois essayiste, XIXe siècle. Autrement dit, il manque une industrie du loisir populaire croît et se per- Présentation de Rainer Rochlitz. édition française des œuvres complètes fectionne, d’autant plus sûre de faire des Gallimard, « Folio Essais », romancier, de Benjamin. Deux volumes de la bénéfices qu’elle visera plus bas. 3 vol., 400 p., 458 p. et 482 p., « Pléiade » seraient parfaits. Benjamin n’a en effet qu’un ennemi 49 F (7,47 ¤) chacun. journaliste, – mais polymorphe, éternel, invincible et (Inédit sous cette forme. ) En attendant, relisons ces textes où la ré- qui finit par le pousser à la mort. Cet critique flexion avance étrangement, selon des ryth- ennemi se nomme barbarie, inhumanité, ourquoi, désormais, faudra-t-il mes irréguliers. Elle est tantôt lente et fascisme. Il est le groupe contre l’individu, avoir ces trois volumes toujours à et philosophe. comme louvoyante, tantôt ultrarapide et la norme contre la singularité, l’industrie portée de main ? Parce qu’ils sont « Folio » réunit comme foudroyante. Il arrive que, écrivant, contre l’art, l’image contre l’œuvre, le slo- P nécessaires à quiconque veut es- Benjamin rencontre une objection, une ré- gan contre le raisonnement. Quand il le sayer de comprendre quelque chose au férence, une hypothèse à laquelle, sem- reconnaît, quand il le dénonce, Benjamin XXe siècle. Benjamin appartient au très pe- en trois volumes ble-t-il, il ne s’attendait pas. Dans ce cas, la se fait féroce – férocement juste. Bien tit nombre de ceux dont la pensée reçoit plupart des auteurs, qui ont été formés à avant Warhol, il formule la maxime essen- sans cesse de nouvelles confirmations en l’ensemble de composer de beaux plans logiques, soit re- tielle du monde devenu film : « Chacun provenance de la réalité. Il s’est tué en commencent tout, soit négligent cette ap- aujourd’hui peut légitimement revendiquer 1940 ; mais la seconde moitié du siècle est ses écrits critiques parition incongrue. Lui agit à l’inverse : il d’être filmé. » Ce qui donne, appliqué à inscrite dans ses textes, irréfutablement, fait place à la nouvelle venue, si déran- l’écriture : « Avec la spécialisation crois- dans le détail de ses pires métamorpho- et philosophiques : geante soit-elle, l’examine, la discute le sante du travail, chacun a dû devenir, tant ses. De quels autres peut-on en dire temps qu’il faut, interrompant le cours bien que mal, un expert en sa matière autant ? D’Adorno, un ami de Benjamin il n’y a pas d’achat prévu de son argumentation. Eventuelle- – fût-ce une matière de peu d’importance – et l’un de ses correspondants. De Bataille, ment, il ne la reprendra pas et il suivra la et cette qualification lui permet d’accéder qui, en les abritant à la Bibliothèque natio- plus urgent, voie qui s’est ouverte jusqu’à son terme. au statut d’auteur. » Par anticipation, il rè- nale durant l’Occupation, sauva une par- Pour caractériser cette manière d’écrire, le gle son compte au culte béat du patri- tie des manuscrits de Benjamin. Ceux-ci de lecture mot « honnêteté » vient à l’esprit. Benja- moine : « Car il n’est pas un témoignage de ne se laissent pas prendre en flagrant délit min est d’une scrupuleuse honnêteté avec culture qui ne soit en même temps un témoi- de candeur ou d’illusion. Qu’ils considè- plus nécessaire. les idées : pas de tricheries, pas de subterfu- gnage de barbarie. » Et, d’une formule, il rent des systèmes idéologiques, des com- ges, pas d’assertions péremptoires. se présente, il est celui qui « se donne pour portements personnels, des œuvres litté- Parce que le lire, Il se conduit de la même manière avec tâche de brosser l’histoire à rebrousse- raires ou artistiques, c’est chaque fois aïeux et contemporains, proches ou loin- poil ». Jusqu’à ce que les chairs soient à vif. avec une certaine retenue. Non qu’ils refu- c’est mieux tains. Il donne le sentiment de se glisser le Philippe Dagen sent d’approuver et d’admirer. Mais qu’il long de leurs pensées les plus profondes, leur faille pour cela de bonnes raisons, des comprendre les plus secrètes, jusqu’à atteindre le foyer (1) « Le Monde des livres de poche » du 6 octo- raisons philosophiques. e central, l’origine de la chaleur et de la lu- bre 2000. Les dictionnaires disent d’Adorno qu’il le XX siècle mière. Ainsi procède-t-il avec Goethe, Höl- (2) Sauf pour Enfance berlinoise, réédité avec était philosophe, négligeant qu’il était mu- derlin, Baudelaire, Mallarmé, Dostoïevski, Sens unique, 10/18, « Domaine étranger », sicologue. Ils disent de Bataille qu’il était Kafka, Krauss, Valéry, Proust, Gide, les sur- 192 p., 44 F (6,71 ¤). écrivain, comme s’il n’était pas philoso- phe. Ils font de même de Benjamin, qui b fut essayiste, romancier, journaliste, criti- que et philosophe. Et dont on pourrait te- extrait nir Sens unique pour un recueil de poèmes en prose (1). Une telle diversité de prati- Le caractère monumental de l’art fasciste vient de ce Le fascisme est donc intéressé à limiter le caractère ques est en elle–même remarquable. Elle qu’il s’adresse aux foules. Mais entre ces deux traits, le fonctionnel de l’art de manière qu’il n’ait à craindre de définit Benjamin : un esprit sans cesse en lien n’a rien d’immédiat. Tout art de masses n’est pas sa part aucune remise en cause de la situation de mouvement, indifférent aux catégories pour autant monumental : les récits de Hebel pour les classe du prolétariat – lequel constitue la majeure par- professionnelles, prenant indices et preu- almanachs paysans ne le sont pas davantage que les tie des groupes touchés par cet art, et une moindre ves partout, ennemi de l’immobilité, trop opérettes de Lehar. Si l’art fasciste est monumental – et partie de ceux qui l’exécutent. C’est à cette politique inquiet pour s’arrêter à aucune supposée il l’est jusque dans son style littéraire –, il faut attribuer de l’art que sert la « création monumentale ». Et cela certitude, trop actif pour ne pas expéri- à ce fait une signification particulière. de deux manières. Elle flatte d’une part l’ordre exis- menter le plus grand nombre possible L’art fasciste est un art de propagande. Il est donc exé- tant dans sa soumission docile aux exigences de l’éco- d’écritures – des plus pressées aux plus cuté pour des masses. La propagande fasciste doit, en nomie, en le repésentant sous ses « traits éternels », lentes, des plus dialectiques aux plus ellip- outre, pénétrer la vie sociale tout entière. L’art fasciste, c’est-à-dire comme une réalité immuable. Le IIIe Reich tiques. de ce fait, n’est pas seulement exécuté pour des masses, prétend durer des millénaires. D’autre part, elle De là vient la seule réserve que suscite mais aussi par des masses. C’est pourquoi l’on serait exerce sur les exécutants et les spectateurs une fascina- la publication de ces Œuvres. Elles réunis- tenté de croire que la masse, dans cette forme d’art, a af- tion sous l’effet de laquelle ils ne peuvent que s’appa- sent les articles, essais et études qui tou- faire à elle-même, qu’elle s’y explique avec elle-même, raître à eux-mêmes comme monumentaux, c’est-à- chent à l’histoire et à l’actualité des idées, qu’elle y est maîtresse chez elle : maîtresse dans ses dire incapables d’actes réfléchis et autonomes. Ainsi de la littérature, des arts visuels et – néces- théâtres et ses stades, maîtresse dans ses studios de ci- l’art augmente son pouvoir de suggestion au sairement donc – de la politique. Donc le néma et ses maisons d’édition. Chacun sait que ce n’est détriment de son influence intellectuelle et émancipa- Benjamin le plus philosophe. Les autres, pas le cas. C’est au contraire l’« élite » qui règne en ces trice. L’art fasciste éternise les rapports existants en le narrateur et fabuliste de Rastelli ra- lieux. Et l’élite ne souhaite pas que la masse, dans l’art, frappant de paralysie les individus (exécutants ou conte, l’autobiographe d’Enfance berli- parvienne à s’expliquer avec elle-même. Car un tel art spectateurs) qui pourraient changer ces rapports. Le noise et du Journal de Moscou, ne figurent serait un art prolétarien, un art de classe par lequel la fascisme enseigne que le comportement qui leur est pas dans cet ensemble. Il faut aller les réalité du travail salarié et de l’exploitation serait recon- imposé dans cet état de fascination permet seul aux chercher dans des éditions séparées, par- nue comme telle, ce qui serait le premier pas vers son masses de s’exprimer. fois anciennes, parfois rares (2). On le re- abolition. Mais cela ne ferait pas l’affaire de l’élite. Œuvres, pages 160 et 161. XII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 JANVIER 2001 essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Lire dans les « Pensées » Instinct L’édition de Gérard Ferreyrolles rend les fragments de Pascal intelligibles au lecteur contemporain situ

PENSÉES titué un principe d’édition des « lias- ce donc et dans ce comme toute la distance LIPSTICK TRACES de Pascal. ses » – que l’on intitule Pensées – dont Fer- du (pré)convaincu à celui qu’il s’agit de con- Une histoire secrète Présentation et notes reyrolles justifie qu’il « respecte à la fois leur vaincre. Car comment le discours pascalien du vingtième siècle de Gérard Ferreyrolles, texte et, autant qu’elle puisse être appréhen- peut-il convaincre le sceptique, qui affirme de Greil Marcus. Livre de Poche, 736 p. dée, leur structure ». « Dieu sensible au cœur, non à la raison » Traduit de l’anglais (tables de concordances, Texte imparfait, sans doute, mais pasca- (fr. 680) mais ne cesse d’user de la raison (Etats-Unis) index, glossaire), 35 F (5,34 ¤). liennement très plausible. Reste que le pour persuader qu’il faut « s’engager », par Guillaume Godard. profane, auquel Pascal s’impose comme un « parier » ? Gallimard, « Folio-actuel », ’édition pascalienne a le vent en monument de notre panorama culturel, Le travail de Ferreyrolles n’a pas pour 604 p., 78 F (11,89 ¤). poupe : le printemps 2000 a vu peut se demander : pourquoi éditer un tel objet de substituer la chaire à la page : il ex- (Première édition : l’achèvement des Œuvres complètes « texte » ? Et quel plaisir y trouver ? Car, si celle à rendre intelligible ce qui est obscur à Allia, 1998. ) L dans la « Pléiade » ; deux biogra- l’on excepte quelques admirables pages qui n’est pas un habitué de la démarche pas- phies lui ont été consacrées cet d’une coulée toute classique, comment s’at- calienne. Car le propre de Pascal est de ne ublié en 1989, puis automne (1) ; enfin, Gérard Ferreyrolles pro- tacher à ces centaines de fragments pas séparer logique (au sens mathématique remarquablement pose une remarquable édition des Pensées. obscurs ? du terme) et apologétique. Dès lors, deux traduit en 1998, En plus de sept cents pages, le nouveau maî- Et c’est là que Ferreyrolles a, sinon le nouvelles questions se posent : qui peut édi- P Lipstick Traces tre des études pascaliennes offre non son génie de l’efficacité, du moins celui du pro- ter de bonne foi Pascal, sauf à maîtriser par- n’est pas un récit historique édition – il reprend en effet le texte proposé sélyte. Adoptant le point de vue pascalien, faitement la logique et son histoire, la théo- (comme l’indiquerait son par Philippe Sellier –, mais son interprétation il met le lecteur que nous sommes dans la si- logie et ses débats en ce XVIIe siècle de sous-titre), mais une thèse de l’ultime « ouvrage » projeté par Pascal. tuation même de l’interlocuteur postulé controverses, la rhétorique… ? Or Pascal est universitaire. Un lien secret Car ces Pensées ont d’abord une histoire par l’homme de Port-Royal : « Pascal, qui confisqué par les littéraires. Au nom de relierait les punks et éditoriale, histoire qui fait l’objet d’un rap- s’adresse à l’incroyant, ne peut d’emblée lui quelle justification scientifique ? S’ensuit la Johnny Rotten, le chanteur pel d’une remarquable précision qui con- parler le langage de la foi et de la Révélation seconde question : quel lecteur peut être des Sex Pistols, à Guy De- court à la compréhension du profane. Et ce que son interlocuteur ne recevrait pas. Il re- convaincu cordialement et non rationnelle- bord et aux situationnistes, rappel des aventures des quelque huit cents courra donc à l’expérience qui leur est com- ment, voire esthétiquement par l’argumenta- Isidore Isou et l’Internatio- fragments disparates par leur support (de mune. Que recherche l’homme ? La réponse tion pascalienne ? Est-ce à dire que le tra- nale lettriste, Dada, Saint- la feuille à la paperole), par leur forme (de de l’apologiste est celle de l’homme : le bon- vail de Ferreyrolles est superflu ? Que Just (?), les hérétiques du la page rédigée et élaborée à la note cur- heur. » Mais la réponse est biaisée – logi- nenni, puisqu’il nous restitue, lisible et com- Moyen Age et, pour finir, la sive) et, plus encore, par leur destination quement en raison des présupposés de Pas- préhensible grâce à son magistral travail secte des Hachichiyins. (pour le projet apologétique avoué ou cal –, qui n’admet, dès lors que tout ce qui paratextuel, ce que Pierre Lepape, dans son Tous ont brandi l’étendard d’autres fins), est une autre interprétation. ressortit à la « concupiscence » est évincé, « feuilleton » du « Monde des livres » (1), de la subversion, manié le Car s’il choisit une voie plutôt qu’une autre, pour seules solutions que « le vrai et le appelait « le plaisir de voir briller la blasphème et l’outrage, l’éditeur pascalien indique déjà une lecture bien ». Question et réponse circulent à l’in- langue ». tenté de dépasser le nihi- qui, elle-même, oriente le lecteur. Au classe- térieur d’un même cercle, sans qu’il soit pos- D. Cy lisme, en restant ignorés de ment thématique des premiers éditeurs, sible d’en sortir. « Chercher Dieu, c’est donc l’histoire officielle, du puis au reclassement que l’on qualifiera de l’avoir trouvé, comme le désirer c’est le possé- (1) « Le Monde des livres » du 17 novembre moins aux Etats-Unis. virtuel des éditeurs du XIXe siècle, s’est subs- der déjà », conclut Ferreyrolles : il y a dans 2000. Ancien critique de Rolling Stone et de Creem, intellec- tuel revendiqué de la criti- que rock, passionné de culture populaire, Greil Marcus délaie cette idée L’Etat, moral et souverain aussi originale que contes- table sur près de six cents pages grâce à une érudition Nouvelle traduction du « Léviathan » de Hobbes, texte fondateur de la tradition politique moderne immense (et parfois assom- mante), puisée dans une LÉVIATHAN grand renfort de mots que le philosophe an- rard Mairet, qui s’est déjà inquiété de l’ex- masse de livres, revues, dis- de Thomas Hobbes. glais juge irrémédiablement dépourvus de tinction possible du principe de souverai- ques. Sa démonstration Traduction inédite de l’anglais signification. neté en Europe (Le Principe de souverai- fonctionne essentiellement de Gérard Mairet. Loin d’être une œuvre de circonstance, neté, « Folio/Essais », 1997), a choisi de tra- sur des associations libres, Gallimard, « Folio/Essais », Léviathan a ainsi pour objet, dès l’origine, duire Léviathan en se référant à l’édition an- des rapprochements forcés 1027 p., 85 F (12,96 ¤). d’exposer les fondements métaphysiques glaise la plus récente, celle établie, en 1991, et anecdotiques, assénés des Etats historiques en commençant par par Richard Tuck dans la collection « Cam- avec la force de l’évidence. uand, au printemps 1651, Tho- fonder théorèmes et axiomes de la mora- bridge Texts in the History of Political Ainsi de la filiation, assez ri- mas Hobbes fait paraître ce Levia- lité. Quatorze ans après le Discours de la mé- Thought » (Cambridge University Press). A sible, entre Jean de Leyde, than, or The Matter, Forme thode de Descartes, Hobbes s’en prend l’édition Head en format courant (1651) sur roi de la ville libre de Müns- Q & Power of a Commonwealth Ec- donc, à son tour, aux vérités d’autorité, aux laquelle ont été fondées jusqu’à aujour- ter, et John Lydon (le vrai clesiastical and Civil (« Matière, « définitions des anciens auteurs », à cette d’hui toutes les éditions françaises, y com- nom de Johnny Rotten) forme et puissance de l’Etat chrétien et ci- « glu » d’où on ne s’extrait plus, si on ne pris – avec ses variantes latines – celle, no- – qui ne repose que sur l’ho- vil »), l’Angleterre, qui sort d’une guerre ci- traite le langage avec des soins de géomè- vatrice, de Tricaud (Sirey, 1971), Richard monymie. Evidemment, ce vile et d’une révolution, connaît le chaos et tre. Hobbes définit et définit encore : la sen- Tuck a préféré l’édition Head en grand for- n’est pas parce que Rotten subit le despotisme de Cromwell. Elle est sation, l’imagination, la parole, mais aussi mat (1651). Et il ne s’agit pas là, bien sûr, de a vraisemblablement lu Lea- au cœur d’un bouleversement qui va s’éten- Dieu au terme de centaines de pages d’exé- confort de lecture. Hobbes, exilé en ving the 20th Century : The In- dre à l’Europe. Un monde nouveau appa- gèse biblique, mais aussi l’Etat et ce con- France, n’a pas eu le loisir d’apporter les complete Work of the Situa- raît où s’affirme la puissance civile au détri- cept de souveraineté, inventé, près d’un siè- corrections définitives au Léviathan que tionnist International,de ment du pouvoir des Eglises. Mais une puis- cle plus tôt, par Jean Bodin et qui attendait plusieurs imprimeurs ne cessaient de met- Christopher Gray, qu’il est sance civile qu’il reste à fonder philosophi- toujours une véritable élaboration philoso- tre en vente. Seules furent ainsi corrigées l’héritier de Debord, même quement si l’on veut sortir des « ténè- phique, celle qui à peu de choses près ins- de la main de l’auteur les épreuves d’une s’il déclarait récemment : bres », où, note Hobbes, les passions tien- pire, aujourd’hui encore, la pensée politi- édition grand format que les éditeurs du « Ce que les situationnistes nent si bien les hommes. Il s’agit désormais que européenne. temps réservaient aux œuvres destinées à ont réalisé de manière intel- de penser la finitude humaine pour mieux Quand le poids des mots soutient à ce « faire sensation » (« to make a splash »). lectuelle, nous l’avons fait à extraire le champ de la moralité de l’état de point l’architecture d’une œuvre, les choix Curieusement, on l’avait oublié. notre manière, à l’instinct. » nature où la scolastique le maintient, à du traducteur prennent sens à leur tour. Gé- André Meury Bruno Lesprit VENDREDI 5 JANVIER 2001 - LE MONDE DES POCHES - XIII essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Israël , la crise L’islam des paradigmes au pouvoir Sabrina Mervin dresse un tableau général de l’évolution des idées dans le monde musulman

LE SYSTÈME POLITIQUE HISTOIRE DE L’ISLAM Henri Laoust. Elle présente le large spectre rations. ISRAÉLIEN Doctrines et fondements des diverses façons que les musulmans ont C’est ce que démontre justement, avec de Julien Bauer. de Sabrina Mervin. eues de penser leur doctrine depuis l’épo- brio et érudition, l’autre ouvrage que pu- PUF, « Que sais-je ? », Flammarion, « Champs Université », que du Prophète jusqu’à aujourd’hui. En te- blie simultanément Sabrina Mervin sur le 128 p., 42 F (5,40 ¤). 312 p. (dont 70 p. de glossaires), nant compte des contraintes de cette collec- réformisme chiite au Sud Liban entre 1880 (Inédit.) 56 F (8,55¤). tion, l’essentiel y est : Révélation, Coran, et 1943, et qui s’adresse à un public plus (Inédit.) Prophète, droit et théologie, sunnisme, averti (1). Au cœur de sa réflexion figurent ui peut gouver- chiisme et diverses sectes dites schismati- en effet les modes de modernisation et ner Israël ? L’im- ’entrée de jeu, Sabrina Mervin ques, mystique et soufisme. d’adaptation des pratiques religieuses, du broglio électoral prévient le lecteur qu’Histoire de En revanche, le parti pris d’ignorance dé- rapport au sacré, de l’instruction et de la Q provoqué par l’islam traite des doctrines, et libérée des sciences sociales – qui pouvait formation, qui virent le jour dans les monta- la démission, le D non de « l’islam comme civilisa- se justifier pour une approche du dogme gnes chiites du Jabal Amil. Ce travail pion- 9 décembre 2000, du pre- tion ». On n’y trouvera donc point présen- dans les temps anciens – atteint ses limites nier, qui relate, à travers les biographies mier ministre Ehoud Barak tes les sociétés musulmanes, mais on y lira dans la dizaine de pages décevantes consa- des oulémas, le rapport de ceux-ci aux a mis en lumière la fragilité un tableau général de la genèse et de l’évo- crées aux courants de pensée dans l’islam changements du monde environnant, per- du système politique israé- lution des idées, dans le cadre du dogme. contemporain. Outre que l’auteur doit se met de se représenter comment fut élabo- lien. Julien Bauer décrit ce En proposant une mise en perspective de résoudre à utiliser, faute de mieux (?), les rée la doctrine qui construisit les représen- que la complexité du sys- l’islam aujourd’hui par rapport à hier, travaux des « politistes » si décriés, on n’y tations religieuses de l’univers au sein tème doit à l’Histoire et à l’auteur veut privilégier la longue durée trouve pas vraiment de traitement original d’une population qui se constitua en com- l’extrême sensibilité d’une face aux « analyses conjoncturelles » des des productions dogmatiques des mouve- munauté politique et qui fut marginalisée, société, dans un pays sans « politologues », que la médiatisation des ments islamistes ou de leurs adversaires, et et généralement méprisée, lorsque se créa Constitution écrite où les mouvements islamistes contemporains a on regrettera qu’une spécialiste du corpus le Liban moderne. Aujourd’hui, alors que institutions publiques ont projetées dans les devantures des librairies, chiite soit si peu prolixe sur le substrat doc- les chiites représentent la première compo- été créées sans plan d’en- au détriment des « études de fond » des his- trinal de la révolution iranienne, et que sante confessionnelle du Liban, qu’ils sont semble. Les onze lois fon- toriens. Il est vrai que les études islamologi- l’œuvre d’Ali Chariati, par exemple, ne soit appelés à jouer un rôle essentiel dans la re- damentales qui encadrent ques classiques ont eu du mal à trouver un pas même citée. C’est que les idées composition de ce pays, ce livre est une con- la vie politique israélienne lectorat en dehors du cénacle des spécialis- d’aujourd’hui ne se comprennent pas seule- tribution majeure à l’étude de la formation ont, tour à tour, été adop- tes, et il est louable qu’un jeune auteur ait ment par référence aux dogmes du passé, intellectuelle de leur communauté, une clé tées (entre 1950 et 1992) fait l’effort de mettre à la disposition du pu- même quand elles s’en inspirent explicite- d’interprétation pour la genèse et les déve- sur fond de crise. Une ma- blic, dans un format de poche, un ouvrage ment, mais aussi par les conditions socia- loppements ultérieurs qu’illustreront aussi nière qui s’est longtemps de synthèse à la fois clair, facile d’accès et les, intellectuelles, politiques, etc., de leur bien le mouvement Amal que le Hizballah. accordée avec le dyna- bien documenté, qui manquait indéniable- environnement contemporain – auquel el- Gilles Kepel misme d’une société et sa ment et qui rendra de grands services. les réagissent en adaptant les moyens héri- volonté de renverser, au Sabrina Mervin – elle-même spécialiste tés dont elles disposent, et qui ne sont pas (1) Un réformisme chiite. Ulémas et lettrés du jour le jour, tous les obsta- du chiisme – a pour souci de décrypter les seulement transmis par une tradition sa- Jabal Amil de la fin de l’Empire ottoman à cles à sa survie. « pluralismes dans l’islam », à la suite du vante figée, mais par les aléas de l’accès à l’indépendance du Liban, éd. Karthala, 520 De plus en plus empê- maître regretté de l’orientalisme français, l’éducation et au savoir des nouvelles géné- p., 195 F (29,73 ¤). trée dans une tradition de bureaucratie « lourde et ta- tillonne », empruntée à l’Empire ottoman, la démo- cratie israélienne souffre, par-dessus tout, de son La Vierge, mère de Dieu et des hommes souci de faire représenter au Parlement le moindre courant idéologique. Si De Myriam à Marie, Sylvie Barnay retrace deux mille ans de construction d’une figure religieuse une telle volonté de repré- sentation démocratique LA VIERGE, Femme au visage divin nière de l’ancienne et de la nouvelle al- Cette capacité de protection accordée à s’imposait lorsque l’Orga- de Sylvie Barnay. liance entre Dieu et son peuple. En obéis- la Vierge, son pouvoir d’intercession nisation sioniste mon- Gallimard/Découvertes, 146 p., sant à l’invitation divine, la Vierge, auprès de Dieu, affirmé dès la fin du XIIe diale, et ses membres épar- 75 F (11,43 ¤). comme on la nomme depuis Justin, philo- siècle, tout comme la nature de sa concep- pillés dans le monde je- (Inédit.) sophe et martyr, mort vers 165, prend tion (avec ou sans péché originel) ont ali- taient les bases du futur une place prépondérante dans l’histoire menté d’incessants débats doctrinaux Etat, l’« hyperreprésentati- lle se nommait, sans doute, My- du salut, que les théologiens n’en finis- dans la chrétienté. Des débats qui ne sont vité » qu’elle entraîne se riam ; les Grecs diront Mariam sent plus de définir. Quand, au début du pas étrangers au Grand Schisme d’Orient réalise, aujourd’hui, note qui donnera Marie. Comme tou- Ve siècle, les querelles sur l’unité des (1378-1417) ou au succès de la Réforme. Bauer, au détriment de la E tes les jeunes filles juives de son deux natures du Christ (divine et hu- On lui aura donné tous les noms (Reine gestion des affaires du temps, elle a pu rêver, entre deux prépara- maine) embrasent l’Orient chrétien, la des cieux, Mère de miséricorde, Dame de pays. L’élection du pre- tions de shabbat, qu’elle allait donner nais- pureté et la sainteté réaffirmées de Ma- chaque peuple, Mère douloureuse…). On mier ministre au suffrage sance à ce messie qui, selon les prophètes, rie permettent à Cyrille, patriarche aura donné d’elle toutes les repésenta- universel direct (depuis inaugurerait, pour le peuple de Dieu, une d’Alexandrie, de l’emporter sur Nesto- tions (Vierges à l’enfant, Vierges au man- 1996) a été décidée (en ère de salut et de paix. Pour elle, et pour rius, patriarche de Constantinople. Le teau protecteur, Piétas…) ici remarquable- 1992) pour renforcer le elle seule, le rêve se réalisera vers l’an -6 ou concile d’Ephèse (431) établit comme un ment présentées dans leur infinie diver- pouvoir des grands partis. -5, avec la naissance du Christ. Mais à la fi- dogme que la Vierge est bien la mère de sité. On aura multiplié pour elle les lieux et Elle ne fait que favoriser la gure historique de Myriam s’en est substi- Dieu. Cette vénération orientale gagnera les modes de dévotion à travers le monde. personnalisation du pou- tuée une autre, figure de croyance celle-là, progressivement l’Occident. Les Carolin- La Vierge est toujours présente quand, voir, les alliances occasion- qui, depuis deux mille ans, se mêle étroite- giens, soucieux de définir leur souverai- dans la chrétienté, se développe une oppo- nelles et, comme on l’a vu, ment à l’histoire des hommes. C’est l’his- neté comme une royauté sacrée, associe- sition entre tradition et modernité, entre le recours aux artifices juri- toire de cette substitution, engagée dès les ront Marie à l’exercice du pouvoir. Et, intellectuels et dévots. Sylvie Barnay ne se diques dans un pays où récits évangéliques et poursuivie aujour- après eux, bien d’autres jusqu’à Louis contente pas de restituer, en quelques di- l’individualisme le dispute, d’hui encore, que retrace ici, et de bien XIII, plaçant le royaume de France sous zaines de pages, deux mille ans d’histoire. de plus en plus, au rêve belle manière, Sylvie Barnay. la protection de la Vierge (1637), jus- Elle dit ce que la rencontre entre le ciel et partagé. Dans le contexte d’une Eglise nais- qu’aux Etats-Unis, proclamant son pa- la terre doit à un visage de femme. A. My sante, Marie se situe d’emblée à la char- tronnage patriotique… en 1919. A. My XIV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 JANVIER 2001 n Bibliothèques, 10/18, Bobowicz. Zofia par polonais du Traduit ghetto du Journal Janusz KORCZAK ¤). (3,20 F 21 n Folio, Gallimard, moi c'est Sissy, Patrick LAPEYRE ¤). (6,25 F 41 n poche, de Livre Le Crevier. Richard par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit filles de mémoire De Erica JONG ¤). (7,32 F 48 n lu, J'ai Simone Christine HAYDAR ¤). (3,96 F 26 p., 224 n poche, de Livre Le Vieille-Lune la de L'Hôtel Roger HANIN ¤). (5,03 F 33 p., 288 tagr n étranger, Domaine 10/18, Klein. Gérard par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit ciel le dans L'Œil K. Philip DICK ¤). (4,27 F 28 p., 224 n Folio, Gallimard, froid Cœur Le Jacques STERNBERG ¤). (6,10 F 40 p., 304 n Folio, Gallimard, Papemik Emmanuel MOSES ¤). (4,42 F 29 p., 160 6 . 0F(,2¤). (7,62 F 50 p., 368 n poche, de Livre Le Boulongne. Sabine par l'anglais de Traduit Grâce la et Pardon Le Susan HOWATCH ¤). (3,81 F 25 p., 160 n lu, J'ai Ramoisé. Patricia par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Portrait-robot Carol ELLIS ¤). (7,16 F 47 n lu, J'ai Dariot. Valérie par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit vipère de Langue : 5 Zoé Prénom Katherine APPLEGATE ÉTRANGÈRE b n poche, de Livre Le montagnes des Elise Monique GRAND LE BROSSARD FRANÇAISE b oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Matthieussent. Brice par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Outsider Thomas McGUANE n lu, J'ai Tolila. Isabelle par l'anglais de Traduit compte de Règlement : 4 vif à cœurs Hartley, Jacquie KENT o o o 42 0 . 2F(,8¤). (4,88 F 32 p., 208 3452, 21 3 . 5F(,8¤). (8,38 F 55 p., 336 3201, ¤). (5,49 F 36 p., 320 14971, LITTÉRATURE LITTÉRATURE o o 76 2 p., 128 5746, p., 384 5636, o o 28 5 p., 256 3248, 46,76p., 736 14968, o 5744, o o o 5708, 3451, 3450, o o o 14972, 14970, 3249, 5 . 3F(,3¤). (5,03 F 33 p., 256 n poche, de Livre Le transfert Mortel Jean-Pierre GATTEGNO ¤). (6,86 F 45 p., 256 Labyrinthes, Masque, d'âmes Voleur Le Paul André DUCHÂTEAU ¤). (5,95 F 39 p., 480 ¤). (7,01 F 46 p., 512 n poche, de Livre Le accompagnée Baignade Serge BRUSSOLO ¤). F (6,40 42 p., 288 Masque, Le Tronchot. Alain par l'anglais de Traduit feu du nom Au Jo BANNISTER POLICIERS b ¤). (7,32 F 48 p., 128 littéraires, Etudes PUF, Andromaque Jean RACINE b eLved oh,n poche, de Livre Le Possessions Julia KRISTEVA ¤). (6,86 F 45 p., 320 Masque, Le Masque, Delage. Laurence par l'anglais de Traduit dévorante passion Une Reginald HILL n policier, Folio Gallimard, chaudes Sueurs Sylvie GRANOTIER ¤). (5,03 F 33 n poche, de Livre Le Bré. Robert par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit 03 Vixen Clive CUSSLER ¤). (6,40 F 42 p., 288 Masque, Le L'Etouffoir Danielle CHAREST ¤). (3,96 F 26 n poche, de Livre Le thalasso en Meurtre Madeleine CHAPSAL ¤). (3,96 F 26 n lu, J'ai Peellaert. Elisabeth par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit neufs Draps Les Catherine TEXIER n étranger, Domaine 10/18, Jorgensen. Inès par danois du tout Traduit de premier du Fête La Jorn RIEL n étranger, Domaine 10/18, Pétris. Michel par l'anglais de Traduit Wigan de Quai Le George ORWELL eLved oh,n poche, de Livre Le Breitman. Susi et Michel par l'allemand de Traduit d'Imhotep Malédiction La Philipp VANDENBERG ¤). (4,27 F 28 p., 192 o o o o o o 46,12p., 192 14966, p., 224 17158, ¤). (5,79 F 38 p., 176 3247, ¤). (7,16 F 47 p., 272 3250, 8,22p,2 44 ¤). (4,42 F 29 p., 272 187, p., 256 14976, ROMANS THÉÂTRE o 5635, o o o 14973, 17159, 14967, almr,Flo n Folio, Gallimard, là sont monte-en-l'air Les Pierre SINIAC ¤). (4,57 F 30 p., 160 n poche, de Livre Le piège un tend Maigret Georges SIMENON ¤). (4,27 F 28 n lu, J'ai Lear. Elisabeth par l'anglais de Traduit (4) Tilley et Lawless de Enquêtes Les Malcolm ROSE ¤). (9,60 F 63 p., 480 Labyrinthes, Masque, Breuil. du Laure par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit l'apothicaire de Rose La Candace ROBB ¤). (7,32 F 48 p., 704 n poche, de Livre Le Cohen. Bernard par l'anglais de Traduit numéroté Compte Christopher REICH ¤). (6,10 F 40 p., 256 Labyrinthes, Masque, l'hermine de Conspiration La Béatrice NICODÈME ¤). (5,03 F 33 p., 352 cec-ito,n science-fiction, Folio Gallimard, twist du Temps Le Joël HOUSSIN ¤). (4,27 F 28 n détectives, Grands 10/18, Gucchi. Bernard par l'anglais de Traduit Brading Collection La Patricia WENTWORTH ¤). (6,86 F 45 p., 192 Labyrinthes, Masque, Cléopâtre de Dîners Les Patrick WEBER ¤). (3,81 F 25 p., 160 oo.Ja u n lu, J'ai Godoc. Maud par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit diable du Maison La L. R. STINE ¤). (4,42 F 29 p., 304 0 . 6F(,9¤). (5,49 F 36 p., 304 oi cec-ito,n science-fiction, Folio Gallimard, Martin. Bruno par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Licorne la de Signe Le Roger ZELAZNY ¤). (4,88 F 32 n science-fiction, Folio Gallimard, Lambun. Simone et Papy Jacques par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit temps du l'abîme Dans P. H. LOVECRAFT ¤). (3,81 F 25 p., 304 n lu, J'ai Dariot. Valérie par l'anglais de fil Traduit du bout au Mort La Rey GARTON b n poche, de Livre Le Comberousse. Pierre par grec du Traduit nuit la de Journal Petros MARKARIS n poche, de Livre Le Aghion. Soula par l'anglais de Traduit vache de peau d'une Mort Hilary WHELAN o o 47,28p,3 50 ¤). (5,03 F 33 p., 288 14975, ¤). (7,16 F 47 p., 352 3229, SCIENCE-FICTION o o 68 9 p., 192 5688, 71 9 p., 192 5711, o o o 5709, 7 0 p., 400 37, 36, o 185, o o o 14231, 17160, 17161, o 38, ttioaiain N trigonalisation. et Diagonalisation Matrices. linéaires. Applications vectoriels. Espaces Daniel ALIBERT ¤). (8,99 F 59 p., 160 Deug-Exos, Ellipses, 2 . 2F(,0¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, Age Moyen au France La André CHEDEVILLE ¤). (6,40 F 42 p., 128 ¤). (7,47 F 49 p., 128 Philosophies, PUF, social contrat le et Rousseau Lélia PEZZILLO ¤). (7,47 F 49 p., 128 Philosophies, PUF, langage le et Leibnitz Frédéric NEF ¤). (7,47 F 49 p., 128 Philosophies, PUF, psyché et ego conscience, Sartre, Jean-Marc MOUILLE ¤). (6,40 F 42 p., 128 6p,3 48 ¤). (4,88 F 32 p., 96 Réseau, Ellipses, l'Eloge et Blâme Le Martine FLOCH LE - BLATTER ¤). (8,99 F 59 p., 176 Deug-Exos, Ellipses, HUMAINES b n ?, sais-je Que PUF, Suisse la de Histoire Jean-Jacques BOUQUET b n ?, sais-je Que PUF, judaïsme le dans philosophie et Exégèse - juive L'Exégèse Maurice-Ruben HAYOUN ¤). (7,47 F 49 p., 96 Diderot, Forum PUF, ? Afrique en vivant être Peut-on Dominique LECOURT et Pierre FEDIDA b 4 . 2F(,8¤). (4,88 F 32 p., 144 Réseau, poésie Ellipses, la de découverte la A Denis FAUCONNIER ¤). (5,49 F 36 p., 96 Résonances, Ellipses, Yseut et Tristan Béroul, Catherine DURVYE ¤). (6,40 F 42 p., 128 bac, Major PUF, éviter à fautes soixante-cinq cent trois Anglais, Collectif ¤). (8,99 F 59 p., 176 Ellipses, Lycée physiques. sciences de notions Premières Michel CLAUDON ¤). (4,88 F 32 p., 144 Réseau, Ellipses, L'Epique Isabelle GUILLAUME et Christine CHAMIOT-PONCET N idéal. indéterminée, une à polynômes entiers, : commutative algèbre et Arithmétique Daniel ALIBERT b ¤). (7,47 F 49 p., 96 Diderot, Forum PUF, femmes les entre sexes des différence la De Dominique LECOURT et Pierre FEDIDA SCIENCES HISTOIRE PHILOSOPHIE ENSEIGNEMENT EDEI5JNIR20 EMNEDSPCE XV - POCHES DES MONDE LE - 2001 JANVIER 5 VENDREDI o o o o 6 69, 140, 3579, o 7 2 . 2F(,0¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, sanguine Transfusion La Philippe ROUGER ¤). (8,99 F 59 p., 128 société, et Médecine PUF, santé et politique Ethique, Christian HERVÉ ¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, Logo Le Benoît HEILBRUNN ¤). (6,40 F 42 p., 128 ¤). (4,88 F 32 p., 64 œuvres, Ellipses, social contrat Du Rousseau. Luc VINCENTI ¤). F (5,49 36 p., 96 40/4, Ellipses, Alcools Apollinaire. Michel TICHIT ¤). (4,88 F 32 p., 64 Philo-textes Kant Ellipses, : I Section mœurs. des métaphysique la de Fondements Isabelle PARIENTE-BUTTERLIN ¤). (6,10 F 40 p., 128 Résonances, Ellipses, prose en poèmes Petits Paris, de Spleen Baudelaire. Florence RICARD et Michèle NARVAEZ ¤). (4,88 F 32 p., 64 Philo-textes Ellipses, Hegel de droit du philosophie la de critique la à L'Introduction Marx, Eustache KOUVELAKIS ¤). (9,15 F 60 p., 128 Philo, Ellipses, mal du théorie une à Post-scriptum déchéance. et Aliénation André JACOB ¤). (5,49 F 36 p., 80 Philo-textes, Ellipses, l'Etat de hégélien droit du Critique Marx, Karl François GUERY ¤). F (5,49 36 p., 96 40/4, Ellipses, Yseut et Tristan Béroul, Corinna GEPNER ¤). (6,40 F 42 p., 128 U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, L'Acupuncture Collectif PRATIQUE VIE b ¤). (7,93 F 52 p., Z 350 à Application, A Micro de ligne en Bourse La Franck THIBAULT ¤). (7,93 F 52 p., 300 Application, Micro 5 Flash Stéphane DECLERCQ ¤). (7,93 F 52 p., 300 Application, Micro Internet sur vendre et Acheter Olivier ABOU b U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, douanier Contentieux Le Jean-Marc FEDIDA SANTÉ, INFORMATIQUE o o o o 3136, 3586, 705, 3583,

0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du mois b de décembre 2000. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs.