Maestros De Oaxaca. Ethnographie Post-Exotique Des Pratiques Et Espaces Politiques Locaux Au Mexique
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Université de Montréal Maestros de Oaxaca. Ethnographie post-exotique des pratiques et espaces politiques locaux au Mexique par Julie Métais Département de géographie Faculté des arts et des sciences Faculté des études supérieures et postdoctorales en vue de l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.) en géographie Thèse menée en cotutelle avec l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS) à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) Décembre 2014 © Métais, 2014 Université de Montréal Faculté des études supérieures et postdoctorales - Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales Cette thèse intitulée : Maestros de Oaxaca. Ethnographie post-exotiques pratiques et espaces politiques locaux au Mexique Présentée par : Julie Métais a été évaluée par un jury composé des personnes suivantes : Alban Bensa, co-directeur de recherche Jean-Louis Briquet, président du jury Dejan Dimitrijevic, rapporteur Claudio Lomnitz, rapporteur Patricia Martin, co-directrice de recherche Cynthia Milton, membre du jury David Recondo, membre du jury RÉSUMÉ Cette thèse propose une analyse des liens entre enseignants, populations locales et Etat au sein d’une configuration locale mexicaine, Oaxaca. Les « maestros », opérateurs privilégiés de la médiation politique, membres d’un syndicat qui constitue un contre-pouvoir important face au gouvernement local, relais historiques de l’Etat via l’institution scolaire, occupent une position spécifique, cruciale et ambivalente au sein de la configuration politique mexicaine. Du plantón aux écoles, des festivités culturelles locales aux instances municipales coutumières, ils se situent aujourd’hui au cœur de l’actualité des négociations et déclinaisons contemporaines – libérales et décentralisées – de la « modernité » politique. Croisant les travaux de l’anthropologie et de la science politique, cette recherche s’attache aux lieux et à la trame concrète des relations politiques qui impliquent ces maestros, elle en explore les articulations et les imbrications, entre espaces syndicaux et villageois, mouvements indiens et sphère éducative. Cette contribution apporte donc un éclairage empirique, historique et critique sur la médiation et la politique contestataire au Mexique. Elle sonde les reconfigurations des canaux qui lient l’Etat et la population, s’intéresse aux processus de redéfinition des contours de la nation et de la citoyenneté. De façon transversale, ce travail traite de la dispute continue qui se joue autour des acceptions différenciées de la nation et de la citoyenneté à l’heure du néolibéralisme et du multiculturalisme. Liant exigence théorique et souci épistémologique, l’écriture de cette thèse, descriptive et narrative, nourrie d’un important socle ethnographique, donne accès à des aspects inédits des réalités sociales et politiques en question. Cette contribution constitue ainsi un apport aux travaux sur l’Etat et les dimensions culturelles du politique. Elle montre enfin comment la nation demeure un territoire symbolique et concret privilégié de la contestation politique. Mots-clés : enseignants, maestros, pratiques politiques, Etat, médiation politique et culturelle, syndicat, institution scolaire, école, Oaxaca, Mexique, ethnicité, ethnographie, anthropologie politique. ! i! SUMMARY This thesis proposes an analysis of the links between teachers, local populations, and the State within the local context of Oaxaca, Mexico. The « maestros », privileged operators of political mediation, members of a union that represents an important opposition to local government, historical carriers of the State via the school system, occupy a specific crucial and ambivalent position within the Mexican political configuration. From the plantón to the schools, from local cultural festivals to municipal issues, today they are situated at the heart of contemporary negotiations and declinations – liberal and decentralized – of political « modernity ». Through an approach that combines anthropology and political science, this research attaches itself to the places and the concrete framework of political relationships that engage these maestros, it explores the articulations and implications between union spaces and villages, Indian movements and education. This contribution sheds an empirical, historical, and critical light on mediation and contentious politics in Mexico. It examines the reconfiguration of the channels that join the State with the population, and is interested in the process of the redefinition of the contours of the nation and citizenship. Transversely, this work analyzes the ongoing dispute that is at play in the different meanings of the nation and of citizenship during the time of neoliberalism and multiculturalism. Linking theoretical rigor and epistemological concern, the writing of this descriptive and narrative thesis contributes to ethnographic knowledge and gives access to new aspects of the social and political realities being studied. This research also contributes to work on the cultural and political dimensions of the State. Finally, it shows how the nation remains a symbolic and concrete territory of political contest. Keywords: teachers, maestros, political practices, State, political and cultural mediation, unions, education systems, schools, Oaxaca, Mexico, ethnicity, ethnography, political anthropology. !! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ii! 1 INTRODUCTION!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 2 1.!Oaxaca,!l’APPO,!les!maestros!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ! • « Au maestro, avec tendresse » 4 • « On n’y voit rien ». L’événement comme aporie ou comme ressort du questionnement 6 • Oaxaca, terre indienne, terre fragmentée, terre conflictuelle 7 ! ! ! 2.!Mexique!profond!versus!Etat!oppresseur!?!Une!nécessaire!ethnographie!! des!espaces!et!pratiques!politiques!locaux!à!Oaxaca.! 10 ! ! 10 • On n’y voit rien ? • Rendre compte des modalités renouvelées de l’articulation 12 des espaces politiques au Mexique • Ambiguïtés et frontières du politique : apports de l’anthropologie 16 ! ! ! 3.!Cheminements!méthodologiques,!cheminements!épistémologiques!et!! 17 partiJpris!d’écriture.! ! ! ! ! • « L’épiement sans trêve et la curiosité de tout » 17 • Boîte à outils de l’écriture ethnographique 18 • Désexoticiser Oacaxa, désexoticiser le Mexique 19 ! ! ! CHAPITRE!1.!! «!DANS!LE!PAYSAGE!A!OAXACA,!IL!Y!A!TOUJOURS!UN!INSTITUTEUR!»* 23 ! ! ! 1.!LE!PLANTON!DU!MOIS!DE!MAI!! 24 ! ! 1.1.!«!Ils!monopolisent!l’espace!public!»!! 24 ! 1.2.!Qu’estJce!qu’un!plantón?!! 29 ! ! 29! • Le potentiel heuristique de la description ! iii! • Le plantón : un forum politique 31 ! ! 36 2.!MAESTRAS!ET!MAESTROS!A!OAXACA! ! ! 37 2.1.!Anatomie!d’un!groupe!socioJprofessionnel! ! ! 42 2.2.!Anatomie!d’une!section!syndicale!locale!du!SNTE! ! • Une section locale « combattive » au sein d’un puissant syndicat 42 • Une organisation complexe, hiérarchisée, bureaucratisée, bicéphale 45 ! ! 3.!OAXACA,!UNE!«!PERIPHERIE!AUTORITAIRE!»!?!! 57 ! ! 3.1.!Occuper!le!territoire!:!une!subversion!politique! 57 ! ! • Un répertoire syndical ritualisé 59 • Les barricades de l’APPO 68 ! 3.2.!¿Ya*cayó!?![Alors,!il!est!tombé!?]! 71 ! • Violences et répression politiques à Oaxaca au prisme de l’APPO 71 • Que faire de la « transitologie » ? 76 ! CHAPITRE!2.!! ENSEIGNER!ET!VIVRE!DANS!LES!VILLAGES!DE!OAXACA!:!UN!«!SACERDOCE!»!?!! 85 ! ! 1. EXPERIENCES QUOTIDIENNES D’ENSEIGNANTS DANS LES LOCALITES 86 RURALES ET INDIENNES DE OAXACA ! ! 87 1.1.!Un!«!pèlerinage!»!initiatique! ! 87 • La production sociale des instituteurs • La fabrique des maestros : les normales rurales, 89 « pépinières de révolutionnaires » • « Carrières morales » de maestros 96 ! iv! ! 1.2. Quelques aspects des conditions matérielles d’existence des maestras et maestros au village 98 ! ! 99 • « L’instituteur est arrivé ! » 105 • Un quotidien vécu comme spartiate ! ! 1.3.!L’école!au!village!:!une!télésecondaire!à!l’Aguacate! 107 ! ! 2.!LA!RELATION!AUX!PARENTS!D’ELEVES!ET!AUTORITES!LOCALES!DANS!LES!VILLAGES! 111 ! ! 2.1.!Agir!pour!le!village! 111 ! ! • L’organisation des fêtes patronales 112 • Courtiers communautaires 113 ! ! ! 2.2.!Des!rapports!entre!collaboration,!contrôles!réciproques,!tensions!et!!!!! 117 !!!!!!!négociations.! ! ! 117 • Collaborer : le « tequio scolaire » 118 • « Se mêler » des affaires de la vie locale 125 • Femmes maestras : éducatrices et grilleras émancipées 132 • « Les instituteurs dans les classes, pas sur les places ! » ! ! 2.3.!Traductions!villageoises!des!conflits!politiques!régionaux! 136 !et!nationaux!!!!! ! !! • Le Programme « Oportunidades » 136 • La « guerre des écoles » : section 22 versus section 59 140 ! ! v! ! ! CHAPITRE!3.!! ! L’ECOLE,!LE!SYNDICAT,!LE!MAESTRO!ET!LA!NATION!! 147! ! ! ! ! ! 1.!LA!FORMATION!DE!L’ETAT!DOCENTE![ENSEIGNANT]!MEXICAIN!! 149! ! ! ! ! 1.1.!La!genèse!préJrévolutionnaire!de!l’école!rurale!mexicaine.! 149! ! • L’école des premières lettres 149! • L’école porfirienne 152! ! ! ! ! 1.2.!L’école!et!les!maestros,!vecteurs!de!transformation!de!la!! 156! !!!!!!!société!mexicaine!(1911J1940)!! ! ! ! ! ! • La diffusion progressive et négociée du système scolaire mexicain 157! dans les années 1920 ! • « ¡Tierra e educación ! » [Des terres et l’éducation !]. 160! Affirmation de l’Etat et consécration cardéniste de l’instituteur rural ! ! ! ! ! ! ! 2.!UN!PROJET!HEGEMONIQUE!?! 166! ! ! ! ! 2.1.!Des!situations!régionales!différenciées,!une!hégémonie!négociée!