Revue Langues, cultures et sociétés, Volume 5, n° 2, décembre 2019

Le Bahbi, un Ahidous amazigh traditionnel au sud-est du Maroc

Mustapha KHIRI Faculté Polydisciplinaire d’ Université Moulay Ismail – Maroc

Résumé- Le Bahbi est un Ahidous traditionnel amazigh des Iqbliyens des ksours de Goulmima et de Tinjdad au sud-est du Maroc. Il meublait jadis la vie des Iqbliyens dans toutes les cérémonies à l’intérieur des ksours est actuellement menacé de disparition. Les facteurs ayant conduit l’Ahidous Bahbi au déclin sont multiples. Mais l’espoir pour le préserver renait. Les jeunes iqbliyens ont un regain de conscience quant à l’importance de l’Ahidous Bahbi dans leur identité. Aussi, Bahbi refait surface sur la scène artistique locale ainsi que sur les réseaux sociaux Facebook et YouTube grâce à plusieurs initiatives louables. Mots clés - Bahbi, Ahidous amazigh traditionnel, Iqbliyens, Sud-est du Maroc, culture, identité, menacé de disparition, préservation. Title : Bahbi, a traditional Amazigh Ahidous in south-east Abstract1- Bahbi, a traditional amazigh Ahidous of the Iqbliyens of Goulmima ksours and Tinjdad in southeastern Morocco, was once part and parcel of the lives of Iqbliyens in all ceremonies. However, over the years it has been threatened with extinction. The factors that lie behind the decline of Bahbi are manifold. Today, since young Iqbliyens associate Ahidous Bahbi with their identity, a lot of initiatives have been launched to preserve it. In fact, this song has started emerging in local art scenes as well as in social media platforms such as Facebook and YouTube. Keywords : Bahbi, traditional Amazigh Ahidous, Iqbliyens, South-East Morocco, culture, identity, threatened with extinction, preservation.

Introduction Le sud –est du Maroc connait une multitude de styles et de formes des chants traditionnels amazighs dont la pratique perdure jusqu’aujourd’hui. Un petit détour au Mouessem des fiançailles d’Imilchil2 suffit pour brosser un tableau de différentes expressions musico- artistiques de cette région. Ainsi, le visiteur peut se réjouir de voir défiler devant lui les troupes d’ahidous des tribus des Ait Hdidou, des Ait Yahya, des Ait Izdeg, des Ait Merghad et des Ait Atta, etc. Mais, il manque au décor, et ce depuis des décennies, "Bahbi", l’ahidous identitaire des Iqbliyens3 de Goulmima, de Tinjdad et de Tinghir4.

1 Nous remercions M. Radouane FAIZI, enseignant-chercheur à l’ENSIAS-Rabat, pour la traduction du résumé en anglais. 2 Moussem qui remonte à une lointaine histoire organisé chaque année (fin septembre) par les Ait Hdidou à Imilchil au Haut Atlas oriental (Maroc). 3 Iqbliyens (Pl. de [aqbli] habitant de [lqǝblt] « direction de la Mecque (où doit se tourner tout musulman- pratiquant pour effectuer sa prière). Le terme "iqbliyens" ne désigne pas exclusivement les Amazighs de race noire, mais il englobe tous les Amazighs (noirs et blancs) anciens habitants sédentaires des ksours du sud-est du Maroc. 93

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L’Ahidous Bahbi a perdu la force de s’imposer non seulement dans les mouessems, mais aussi parmi les siens eux-mêmes à l’occasion des célébrations des évènements familiaux comme les mariages. Etant épris de la magie de la combinaison des mots des chants du Bahbi, nous avons constaté que ce type d’ahidous amazigh est écarté de la scène artistique ksourienne pour ne survivre que dans la mémoire de quelques passionnés dont le nombre s’amoindrit de jour en jour. Préoccupé par l’état désolant de l’Ahidous Bahbi que nous ne considérons pas seulement comme un simple objet d’étude, mais aussi comme une passion, nous avons enregistré environ six heures des chants du bahbi et transcrit près de cent vers. Cette étude ne prend pour objet du travail que des chants de l’Ahidous Bahbi. Les rythmes, la musique et la danse caractérisant l’Ahidous Bahbi ne seront abordés qu’à titre indicatif. Les vers du Bahbi, donnés en exemples ici, sont extraits de quelques chants produits à Goulmima et à Tinjdad. Pour la présentation des vers, nous donnons en premier lieu la transcription phonétique5, puis la traduction mot à mot en français et enfin la traduction du sens en français également. Avant de traiter les causes du repli de l’intérêt pour Bahbi, il est important de présenter d’abord quelques données socio-anthropologiques le concernant, ensuite ses particularités poétiques et linguistiques et enfin les causes de son déclin et les moyens à déployer pour sa revitalisation. 1. Cadre théorique et méthodologie 1.1. Cadre théorique Le présent travail s’inscrit dans le cadre le l’anthropologie linguistique. Il prend appui sur l’étude des chants traditionnels du Bahbi, voués à l’oubli, d’une communauté linguistique bien déterminée, celle des Iqbliyens du sud-est du Maroc. Pour collecter les données anthropologiques et linguistiques en rapport avec le Bahbi, nous avons mené une enquête à deux dimensions, l’une concerne le recueil d’un corpus, et l’autre quelques travaux académiques ayant pour objet d’étude des chants de l’Ahidous Bahbi. 1.2. Enquête et méthodologie 1.2.1. Enquête et méthodologie Nous n’avons pas rencontré les grands poètes-chanteurs6 de l’Ahidous Bahbi parce qu’ils ne sont plus, pour la plupart, de ce monde. Quelques uns, parmi eux, encore en vie ne sont pas collaboratifs. Nous avons entrepris depuis 2006 la collecte des chants du Bahbi. Mes informatrices principales sont Bazzi7, Tôche Hbi8 et Zzi Abou9. La passion pour le Bahbi nous est transmise

4 Nous employons aussi les anciennes appellations pour désigner ces trois localités : Ghris pour Goulmima, Ferkla pour Tinjdad, Taghya pour 5 La notation phonétique adoptée est la suivante : [š] palatale fricative ; [j] palatale occlusive ; [D] dentale occlusive sonore emphatique ; [r] vibrante sonore ; [x] vélaire fricative sourde ; [R] vélaire fricative sonore, [H] pharyngale fricative sourde ; [ç] pharyngale fricative sonore ; [ꞌ] glottal occlusive sourde ; [y] glide palatale ; les consonnes restantes sont identiques à celle du français ; les emphatiques ( en lettres capitales) ; les géminées (par le redoublement des consonnes). 6 Ils sont également appelés en tamazight des ksours et dans ce travail « inchadens » pluriel de « anchad » 7 Analphabète, originaire d’Asrir (Tinjdad), décédée à l’âge de 85 ans 8 Analphabète, originaire d’Ait Kettou (Goulmima), âgée de 74 ans 9 Analphabète, originaire de Zerrara, (Goulmima) âgée de 58 ans. 94

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par nos trois principales personnes ressources ; d’elles, nous avons appris notre premier vers de l’Ahidous Bahbi qui dit10 : [ataTfi niwaliwn niçššaqni, ammi d rraZaR lluz itamamti] - Sucrées paroles des amoureux, comme casser amandes pour le miel « Oh comme ils sont délicieux les mots doux des amoureux, comme si on mange des amandes au miel. » Ce vers constitue l’accroche qui nous a attiré pour nous intéresser aux chants du Bahbi. En plus de nos personnes ressources, nous avons rencontré également plusieurs passionnés du Bahbi, et en particulier les descendants des anciens chanteurs-poètes. En plus de cette cueillette émanant de notre initiative personnelle, une occasion en or s’est offerte à nous : l’organisation du tout premier festival de "l’art du Bahbi" à Ait Lbzem, ksar Asrir à Tinjdad en 2016. Les organisateurs du festival nous ont envoyé une invitation en tant que chercheur et passionné du Bahbi. Lors de ce festival, nous avons découvert avec satisfaction que l’Ahidous Bahbi a encore des disciples et qu’il est encore, en partie, vivant dans les cœurs des Bahbiens (relatif à Bahbi). Pendant le festival, nous n’avons glané pour notre collecte que quelques nouveaux vers; les chants interprétés, lors de cet événement, sont, en général, des chants populaires, consommés et récités parmi la petite communauté des Bahbiens, à l’exemple de : [aya mazan] « oh messager ! » [Slla çla nbi MuHammadin, ay digan amzwaru nwawalan] « Salut sur le prophète, c’est en son nom que tout discours s’entame. » [iwaliwn niçššaqni] « Les mots des amoureux » [aTTalb iy tarun] « Oh ! Le toi le fqih qui me prescrit des amulettes » Durant l’enquête, nous avons constaté que plusieurs textes du Bahbi sont anonymes ; d’autres sont assignés à plusieurs auteurs. Mais ce qui est plaisant, c’est la concurrence entre Ait Ghris (Goulmima) et Ait Ferkla (Tinjdad) quant à la paternité de plusieurs textes que chaque partie s’approprie et attribue aux poètes de renom de leurs ksours respectifs. 1.2.2. Collecte du Bahbi sur Internet Un autre terrain de la collecte des chants du Bahbi est l’Internet. Nous avons crée depuis 2013 un groupe sur Facebook appelé "Iwaniwn ni3acha9ni (Groupe nBahbi)"11 dans le but de recueillir des vers de cet ahidous traditionnel et de constituer une petite communauté bahbienne. Cette page n’a pas connu de succès, toutefois elle nous a permis de glaner quelques vers. Il semble que cette page dédiée aux chants du Bahbi est la seule sur Facebook jusqu’à présent. La disette des données constatée sur Facebook est compensée par une certaine "opulence" sur YouTube. Nous avons trouvé quinze vidéos postées entre février 2008 et février 2019, leur durée varie entre 4 et 28 minutes, leur nombre de vues vont de 1 228 vues à 82 224 vues. Les vidéos postées à partir de 2016 (année de l’organisation du premier festival de l’art du Bahbi) s’élèvent à neuf vidéos contre six avant cette date. Il s’avère que l’art du Bahbi n’a pas la cote sur le net non plus. Jusqu’à présent une moyenne de moins de deux vidéos est postée par an. Le nombre de vues est aussi très faible. Pourtant l’avenir du Bahbi n’est pas si sombre, le festival a donné un coup de pouce à sa résurgence. Sur YouTube, plusieurs chanteurs, poètes et collecteurs ont franchi le pas et ont

10 Dans ce travail, le sens du verbe "dit" est un calque du verbe amazigh [inna] « dire » ; [ini Bahbi] « lit. dire Bahbi » pour « créer et chanter Bahbi ». 11 Les chiffres 3 et 9 utilisés ici comme des lettres correspondent respectivement à [ç] et [q]. 95

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vaincu leur hésitation et posté des vidéos du Bahbi. Ainsi, trouvons-nous des vidéos de Ben Athman et de Tissi12, ainsi que celles concernant des troupes du Bahbi nouvellement créées13. Notre soif n’est pas assouvie, ces vidéos ne contiennent en général que des chants connus et récités par les plus ordinaires des passionnés du Bahbi. Par ailleurs, trois vidéos (d’une durée dépassant les 27 minutes chacune) enregistrées depuis les années 70 et postées récemment par la chaine YouTube "AJC " renferment des chants moins connus. 1.2.3. Le Bahbi dans les travaux académiques Le recueil d’un corpus bahbien ne peut suffire pour nous rendre compte du Bahbi. Nous nous sommes dit qu’il y aurait certainement beaucoup de travaux académiques effectués sur ses chants, mais les travaux existant sont comptés sur les doigts d'une main. Le corpus collecté et les données socio anthropologiques le concernant depuis l’âge d’or du Bahbi jusqu’à sa décadence puis sa résurgence actuelle, nous invitent à l’étudier sous deux angles : l’un socio anthropologique et l’autre anthropolinguistique. 2. Le Bahbi, un patrimoine identitaire à préserver Le Bahbi constitue un patrimoine immatériel de la culture des Iqbliyens, il représente à côté du parler ksourien amazigh en (n)14 l’une des composantes essentielles de leur identité. Comment peut-on donc définir le Bahbi ? Quelles sont ses origines ? Ses types ? Et ses grands interprètes ? Quelle est sa situation aujourd’hui ? Et comment peut-on le préserver ? 2. 1. Le Bahbi, essai de définition et origines 2.1.1. Essai de définition Le Bahbi est l’ahidous traditionnel des Iqbliyens amazighs15 de Oasis Ghris et de Oasis Ferkla au sud-est du Maroc. Le mot « Bahbi » signifie selon toute vraisemblance "père". Etymologiquement, "Bahbi" provient de "bba", "ibba" ou "baba" qui renvoient à "père". L’ahidous Bahbi est mixte. Il réunit des femmes et des hommes dans un jeu rythmé. Les hommes (en rangée soudée épaule contre épaule) se mettent en face d’une autre rangée de femmes. Les hommes battant les tambourins mènent le jeu avec leur voix grave ; les femmes s’affairent à battre des mains et d’une voix aigue répondent. D’autres formes du Bahbi peuvent s’organiser entre femmes ou entre hommes. Le poète principal (Anchad) donne en premier la première moitié d’un vers que ses répéteurs (Irddadn) reprennent ensuite ; Anchad relance le chant en insérant la moitié restante du vers, et ainsi de suite jusqu’à la fin du texte poétique. Les cris des youyous signalent qu’un anchad vient d’improviser un vers "tellement beau qu’il fait vibrer les cœurs". Anchad, d’un battement distinctif sur le tambourin, marque le passage à un autre couplet de vers. Les hommes composant la troupe de l’Ahidous Bahbi s’appellent [ayt lçamt] ; ils ont une grande autorité sur l’organisation des chants pendant les fêtes familiales. Par ailleurs, les chants du Bahbi rimaient avec la vie quotidienne des ksours, les femmes les chantaient aussi durant l’accomplissement des tâches domestiques.

12 Deux chanteurs de Tinjdad qui interprètent parfois Bahbi en employant des instruments musicaux modernes. 13 Troupe Bahbi de Maroutcha, celle d’Asrir et celle de Goulmima. 14 Ce parler est aussi désigné dans ce travail par « parler des Iqbliyens » 15 Iqbliyyins (sing. Aqbli) habitant de [lqǝblt] (direction de la Mecque) par rapport aux amazighs du versant sud du Haut-Atlas central et oriental du Maroc, Cette appellation désigne les sédentaires (noirs et blancs) des deux oasis (Ghris et Ferkla). 96

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2.1.2. Aux origines du Bahbi Le « Bahbi » est appelé ainsi parce que ces chants débutent souvent par le refrain chanté [ya Bahbinu, ya Bahbinu] « Oh ! Mon père, Oh ! Mon père ». Le mot « Bahbi » qui ouvre les chants est donc un appel ou un cri pour invoquer un père tant vénéré, "perdu probablement dans des circonstances douloureuses". C’est pour cela qu’une grande partie des chants de l’Ahidous Bahbi sont dits dans un rythme mélancolique qui tire les larmes. Nous pouvons ainsi dire que « le Bahbi », un chant triste à l’origine, pourrait être une version amazighe des chants chiites de déploration en l’honneur de Houssein Ibn Ali16, d’autant plus que le sud-est du Maroc a opté, pendant une longue période de son histoire, pour la pratique chiite. Les séquelles de cette période perdurent encore aujourd’hui au sud-est du Maroc ; la prédominance des prénoms Ali, Hassan, Houssein et Fatima en est l’une des preuves. Ces prénoms sont souvent évoqués dans la poésie bahbienne, notamment dans les chants nuptiaux célébrant les mariés. Dans le vers suivant le prénom "Ali" est évoqué : [a mimmi zzurR zark rbbi d nbi d ayt mulay çli] - Oh fils mon commencer dieu et prophète et Ait moulay Ali « Oh mon fils je te mets sous la protection de dieu, du prophète et en fin de la famille de Moulay Ali » Un autre vers évoque Fatima, [a çiša d mrim a faTma tiHbibin illis n rrasul] - oh Aicha et Mrim, oh ! Fatma fille du prophète « Oh ! Aicha et Mrim, oh ! Fatma, les biens aimées, la fille du Prophète. » Si les Iqbliyens du Sud-est héritent de l’amour des membres de la maison du prophète Mohamed (Sa fille Fatima et son mari Ali ainsi que leurs enfants), n’hériteront-ils pas aussi de la douleur du massacre de Houssein ibn Ali. Certes, cette tristesse a, depuis l’adoption de la pratique sunnite par les Iqbliyens a perdu, au fil des siècles, de l’ardeur qu’on connait aujourd’hui aux chiites. 2.1.2. Caractéristiques poétiques et linguistiques du Bahbi Le Bahbi est-il une prose chantée, une poésie en prose ou des vers libres ? Le Bahbi est improvisé, chanté, répété et récité généralement par des oasiens paysans et analphabètes. C’est un chant qui s’est transmis de génération en génération par voix orale ; ce n’est pas une poésie savante. Elle était produite par les plus ordinaires des hommes et des femmes et elle était facilement mémorisée et récitée par le reste de la population de l’oasis. Par conséquent, le Bahbi, en tant que genre littéraire abordait souvent des sujets en rapport avec la société locale, dans un style imagé et contourné sans heurter la pudeur, la décence et la sobriété connues aux oasiens. L’anchad du Bahbi ne se soucie donc que du contenu et la manière de le transmettre. La rigueur des formes poétiques caractérisant la poésie arabe classique ou française (d’avant le XIX) lui est étrangère. Les textes du Bahbi sont d’ailleurs dépourvus des titres ; les chants sont identifiés par la première moitié du premier vers. La poésie du Bahbi est formée de vers libres ; sa forme est

16 Houssein Ibn Ali est le deuxième fils de Ali ibn Abi Talib et Fatima Zahra, fille bien aimé, du Prophète Mohammad. Houssein fut tué ainsi que plusieurs membres de sa famille dans des conditions alarmantes en 680 apr. J-C à Karbala en Iraq, au cours d’une bataille (l’opposant à Yazid Ibn Mouawiya), après avoir subi la soif et l'oppression pendant des jours.

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métrique mais non rimique. Le sens de la poésie se développe par couplet (unité minimale de l’idée). Le deuxième vers est le complément ou la réplique de celui qui le précède, ex. [iniyaRn may taçnit, ninyam wayT atadda tnyurun] - dis moi comment souffres tu, disons nous te un autre oh celle qui a procrée les (enfants). « Demande- moi comment vais-je, je te demanderai moi aussi comment vas-tu, toi qui a procrée des enfants (comme moi) » [adag tiwilt iwçrrim, iwa han içdawan taman lçafiyt] - quand marier toi ton enfant, il existe les ennemis près du feu (lieu central de la maison ksourienne) « Quand le mariage du fils est consommé, et bien sache que les ennemies sont dans le cœur de la maison. » Le Bahbi n’est donc ni une prose chantée, puisqu’il est constitué de vers et non de lignes formant un paragraphe, ni une poésie en prose parce que les vers des poèmes du Bahbi ont une longueur équivalente. Le Bahbi est donc un chant en vers libres. Au niveau stylistique, Le Bahbi déploie beaucoup de figures du style, et en particulier la comparaison et la métaphore. Pour la comparaison, nous ne trouvons mieux pour l’illustrer que deux vers très chers à nos amis du ksar Asrir, Hmad Oudaoud dit : [han asrir iga am izm isars aqmu xf taxbašin - Asrir est comme le lion poser la bouche sur les griffes « Ksar Asrir ressemble à un lion, les mâchoires sur les griffes » [unna diks isxxan asksu igrasd iSrman s akal - celui qui déformé le regard jette lui les tripes par terre « Celui qui le regarde méchamment, l’éventrera et lui tire les tripes » Deux vers qui suivent ces deux premiers contiennent une hyperbole où Hmad Oudaoud vante l’éloquence et la force du verbe de son ami et poète Ouazza et les siens évidemment : [hat digs uazza dyttakn xf uzru ibsi ig aman] - il s’y trouve Ouazza qui passe sur la pierre se fondre et devient eau « Il s’y trouve Ouazza qui de son pied écrase la pierre qui se fond. » - il s’y trouve le poète-chanteur aiguisé Hmad Oudaoud qui coupe le fer « Il s’y trouve aussi le poète-chanteur aiguisé Hmad Oudaoud qui est le maître du verbe. » Par ailleurs, la métaphore est attestée dans ces vers où « le salut sur le prophète Mohamed » est comparé au « savon » (Le salut sur le prophète purge les péchés comme le savon qui nettoie les saletés.) [Sella çla nnbi muHemmadin ayd igan amzwaru n wawal - Prie sur le prophète Mohamed c’est lui le premier de la parole « Que le salut soit sur le prophète, c’est en son nom que toute discussion s’entame. » [ntta ayd igan SSabun da yessirid bla tiRbula] - lui c’est le savon nettoie sans les sources d’eau « C’est lui le savon qui nettoie sans utiliser de l’eau. » Quant aux particularités linguistiques des chants du Bahbi, il y a lieu de signaler que, sur le plan phonétique, ils sont conçus en parler des ksours amazighs en (n) dont la principale caractéristique phonétique est la réalisation systématique du /l/ en [n]17. Ce qui fait que les

17 KHIRI, Mustapha (2009) Parler arabe d’Errachidia des ksour à la ville, Thèse de Doctorat national, Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Kénitra. 98

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chants du Bahbi authentique et original sont chantés en (n). Toutefois, le Bahbi est dit aussi en (l) par Iqbliyens influencés par le parler amazigh des autres ksours en (l). Comme la réalisation systématique du [n] au lieu du [l] est considérée comme dévalorisée et dévalorisante, l’interprétation des chants du Bahbi avec l’emploi du [l] "là où il faut" prend le dessus sur la prononciation systématique du [n]. Les chanteurs modernes (Ben Atmane et Tissa), par exemple, le chante en [l]. L’une de mes informatrices, ZZi Abbou, la plus jeune, le fait aussi en [l]. Sur le plan morphosyntaxique, les structures du Bahbi sont identiques aux parlers amazighs du Sud –est, notamment aux parlers en (n). C’est vrai que sur le plan morphologique, nous avons constaté quelques différences, ex. [muHammad] « mohamed » devient « [muHammadin], ce qui est à signaler ici est l’ajout de [in] après [muHammad] pour des raisons rythmiques, quant à la gémination du [m] dans [muHammad], elle est systématique dans le parler des Iqbliyens de Tinjdad. Au niveau lexical, le Bahbi contient plusieurs mots inusités aujourd’hui dans les parlers amazighs des iqbliyens, nous citons à titre d’exemples [IRulad], « montagnes », [adduz] « pouvoir », [tarita] « le cortège de la mariée », [aHanu] « chambre », [lmuna] « provision », [izul] « bon », [tabaRa] « tabac », [ismDan] « tombes », [tafrut] « aile », [aganuz] « morsure », [ikru] « enfant », [tiwiri] « utilité », [agari] « le feu des armes », [tisrafin] « ravins », [timzgida]18 « mosquée » etc. 2.2. Les différents types du Bahbi Les chants du Bahbi sont construits sur plusieurs rythmes desquels découle leur typologie. Du plus court [agzzal] au plus long [amsrH] « lit. allongé » (selon la longueur des vers). Une autre typologie selon les refrains est aussi utilisée. 2.2.1. Bahbi agwzzal En tamazight, "agwzzal" signifie « court ». Ce type du Bahbi est connu par ces vers cours. Il est utilisé lorsqu’il s’agit de s’exprimer sur des sujets d’actualité, ex. famine, catastrophe, exil, faits divers, grande injustice, etc. Les poèmes conçus sur ce modèle sont les plus populaires et les plus récités par la population. 2.2.2. Bahbi appelé « wahya dani » Cette appellation désigne littéralement « Eh toi Dani ». « Dani » est un ancien prénom au Sud-est. Il se peut qu’il soit à l’origine adressé à l’attention de ce soi-disant « Dani » par un Anchad pour lui faire l’éloge, l’invectiver, le conseiller ou le dévaloriser. L’usage de cette forme est préféré dans des chants échangés par inchadens et notamment lors des échanges satiriques. Ali Abbou, un anchad du ksar Zerrara a répondu à quelqu’un du ksar Tiouanine19 qui l’a qualifié de "vaniteux" : [dduzR a djjaR l mllaH ula Tiçwanin] - pouvoir je avoisiné mellah et non Tiouanine - Je pourrais habiter près du Mellah et non de Tiouanine. 2.2.3. Bahbi nddikr

18 Les chants du Bahbi referment l’emploi du mot [timzgida] « mosquée » qui est remplacé dans le parler amazigh des ksours par le mot d’origine arabe [jjamç]. 19Zerrara (appelé aussi Izrrarn en tamazight) et Tiouanine sont deux ksour limitrophes à Goulmima. 99

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Littéralement Bahbi nddikr est un chant en rapport à la religion. Son but est ddikr qui veut dire « rappel au dieu ». C’est un type du chant pour ramener les gens sur le droit chemin. Ce Bahbi religieux est probablement à l’origine de la poésie bahbienne. 2.2.4. Bahbi n Ubn Yidir Ubn Yidir est le prénom du chanteur-poète qui a crée ce type de Bahbi selon l’information colportée à Goulmima et à Tinjdad. Généralement, Anchad recourt à Ubn Yiddir pour exprimer ses émotions personnelles sur des questions qui l’intéressent lui-même (et à travers lui sa communauté d’appartenance). Les chants conçus selon ce type sont l’apanage des chanteurs aguerris et sont difficilement mémorisables par le commun des amateurs du Bahbi, ex, quelques vers d’une lettre du poète Ali Oudaoud : [a tabrat ddu ar çmmi Hmad Rr adRar nnig ddidda lujab nns] - Lettre part chez oncle Hmad vers le lieu où provient réponse sa - « Oh ma lettre part à destination de mon oncle Hmad, exactement à l’adresse où sa réponse m’est parvenue. » [adas iniR iga çli awHid ur inni mimi insa iRf] - Pour dire lui devenir Ali seul ne pas posséder aucun mettre la tête « Pour lui dire, Ali est devenu solitaire, personne ne s’occupe de lui. » [zrint igllin id çmmis d id Ralis d aytmas dayssana laRlubiyt] -délaisser le pauvre ses oncles paternels et ses oncles maternels fait pleurer le désespoir « Le pauvre est délaissé par ses oncles paternels et maternels, le désespoir s'apitoie sur son sort. » D’autres types moins conformistes sont aussi joués notamment dans des fêtes familiales et conviviales comme les mariages ; il s’agit de « tabssout », « tahwawiyt », « Bahbi ah yana » et « Bahbi nbu mama ». Toutefois, les gens distinguent aussi les chants selon les refrains, ainsi les appellent-il « yadani », « ahwaya », « aya mazane », « aHyyana ». 2.3. Le Bahbi : principaux thèmes chantés Le poète-chanteur du Bahbi était bien ancré dans la vie quotidienne de sa communauté. Il réagissait également aux événements autour de lui au niveau local, régional et même international. Sa position à l’intérieur du ksar était centrale. C’était une personne à la fois respectée et redoutée. Mais, il était avant tout le défenseur de "l’honneur" de son ksar par le verbe. Selon le corpus recueilli, les textes poétiques du Bahbi abordent l’amour de la bien aimée et tout ce qui s’y rattache comme le courage, le plaisir, la souffrance, le chagrin, les retrouvailles, la trahison, la jalousie et le messager (entre deux amoureux). Les vers suivants l’illustrent : [sidi TTalb nay tarun hat urid iRnka ay digi, Rs amarg nway lHubba wu ma lHruZ ggudin Ruri] - monsieur fqih qui écrit ce ne pas maladie est en moi, seulement amour de amant mais les amulettes beaucoup chez moi « Monsieur le fqih, toi qui guérissait (avec des amulettes), moi je ne suis atteint d’aucune maladie, je souffre tout simplement de l’amour de mon bien aimé (ma bien aimée), et si çela ne tient qu’aux amulettes, j’en ai beaucoup. » [aya marg aya naSrani tiwiti Rr tizza çlanine] - oh amour toi chrétien amener moi vers sentiers élevés « Oh Amour, tu es sans cœur, tu m’as conduit vers des cimes raides. »

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[una urRiyn ad nR mR immut Rf idm waln tibrakanin, imatta lmHibba nadiks(i)] - celui ne peut pas tuer ou mourir sur celles yeux noirs, quel amour possède « Celui qui n’ose pas tuer ou être tué pour les belles aux yeux noirs ; alors que connait-il de l’amour ? » La religion occupe aussi une grande part des thèmes du Bahbi. Dieu et son prophète Mohamed sont évoqués dans des textes entiers. Beaucoup de textes bahbiens s’ouvrent par des introductions dédiées à Dieu et au Prophète. En plus de ces genres, les chanteurs bahbiens se sont exprimés sur les grandes questions nationales comme l’occupation française et la résistance à l’occupant, l’exil du Roi Mohamed V et son retour, ainsi que la fête du Trône et la Marche verte. Le poète-chanteur du Bahbi "dit" également sur l’immigration, les élections, la sécheresse, l’exil, les travailleurs en Europe, etc.

2.4. Noms de quelques inchadens du Bahbi à Goulmima et à Tinjdad La liste des poètes-chanteurs dits "inchadens" est fermée depuis des années. Aujourd’hui ce genre de poètes n’existe plus ; les plus récents parmi-eux ne sont plus de ce monde. La plupart des personnes âgées encore en vie et ayant été membres de [ayt lçamt] « groupe Bahbi du ksar » ont choisi de taire leur côté bahbien. Les inchadens, les plus cités par les passionnés du Bahbi sont 20 : çaqqadir (Hart) Ali Oudaoud (Asrir), Bahddou (Mounahya), Brouk Ouazza (Asrir), Dada Akki (Ait Guettou21), Diyan Haddou (Mou), Hamad Oudaoud (Asrir), Hemmach (Mou), Hha Irkha (Ait Yahya Otmane), Hsasa (Ait Yahya Otmane), Kki Hessou (Goulmima), les Frères Ait Abbou (Lahbib, Hmad et Ali), Lhou Oubassou (Goulmima), Ouaziz (ksar Ssat), Oudriss (Tanalt), Ouhbibi (Izrrarn), Oukettou (Ait Yahya Outmane), Y. Oukheddi (Ait Guettou), La création du Bahbi n’était pas exclusivement l’œuvre des hommes, mais les femmes avaient aussi leur mot à dire ; quelques vers poétiques des chanteuses-poétesses comme Herrou Ouâli (Ait Mouch) et Itto Nusidi (Hart) sont encore chantés aujourd’hui. Si Bahbi est principalement une création des hommes, les femmes demeurent ses conservatrices essentielles ; et ce sont elles qui ont assuré et assurent encore sa transmission. La poétesse Zzi Oulgout (Asrir) constitue aujourd’hui l’héritière des grands poètes du Bahbi. 3. L’état du Bahbi aujourd’hui Que pouvons dire du Bahbi aujourd’hui ? Le Bahbi est tout simplement en voie de perdition parce que sa transmission aux nouvelles générations est presque interrompue. La prédominance du Bahbi dans les ksours d’Iqbliyens a commencé à s’affaiblir progressivement depuis 1960 avec l’introduction de la radio puis de la télévision qui diffusaient des chansons venant d’autres lieux. Mais le coup de grâce est porté à l’ahidous Bahbi avec la propagation massive des radios-cassettes. Les gouts musicaux des jeunes Iqbliyens se sont diversifiés ; il y a ceux qui écoutaient à outrance les chanteurs amazighs du Moyen Atlas, d’autres étaient plutôt pour les groupes musicaux marocains parus dès 1970 ; et une autre partie était fidèle aux ténors de la chanson arabe classique. Evidemment, il y avait plusieurs qui s’intéressaient à tous ces genres mêlés.

20 Cette liste n’est pas exhaustive. 21 Ecrit officiellement Ait Guettou, mais prononcé par les siens et les autres Iqbliyens [ayt kǝTTu] 101

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Même dans les fêtes comme les mariages, les fiançailles et les circoncisions, les troupes du Bahbi sont occultés. Les chants du bahbi sont considérés par les jeunes comme étant ceux "des vieux". Un autre facteur qui décourage les jeunes à s’adonner aux chants bahbiens, c’est qu’une grande partie de ces chants sont crées en parler des Iqbliyens en (n) qui est stigmatisé dans la région, même par les siens. Malgré tous ses facteurs qui ont conduit à la marginalisation du Bahbi, quelques initiatives louables laissent entrevoir une lueur d’espoir. Actuellement, des tentatives de ranimer les chants du Bahbi (ou au moins ce qui en reste) sont constatées. De jeunes chanteurs Iqbliyens comme Ben Athmane et Tissi ont redonné vie à certains chants du Bahbi22. Toutefois, ce qui a revitalisé les chants du Bahbi, c’est l’organisation par l’Association Ait Lbzem pour le Développement et la Solidarité de la toute première édition du festival de l’art du Bahbi sur le thème « Les pionniers de l’art du Bahbi : Hmad OUDAOUD et Mbark OUAZZA » en 2016 à Ait Lbzem, Ksar Asrir, Tinjdad. Ce festival qui a soufflé sa quatrième bougie en 2019 est une occasion qui a permis aux jeunes iqbliyens d’assumer leur identité bahbienne en toute fierté et d’encourager les personnes âgées (hommes et femmes) passionnées du Bahbi de sortir de leur mutisme et d’interpréter quelques chants du Bahbi en plein public. Ce regain d’intérêt pour les chants du Bahbi a pour conséquence immédiate la création de quelques groupes de l’Ahidous Bahbi à Goulmima et à Tinjdad ; les chanteurs Ben Atmane et Tissi ont posté de nouvelles vidéos, des reprises de quelques chants anciens du Bahbi. Conclusion Le Bahbi fait partie du patrimoine immatériel des Iqbliyens de Ghris, de Ferkla et aussi de Taghya. Sa préservation est une urgence parce que la disparition de chacun de ses détenteurs se traduit par la perte de pans de chants de cet Ahidous. Si aucun effort sérieux n’est fourni, notamment de la part des associations locales et des chercheurs, les chants du Bahbi seront voués à une disparition inéluctable. Les textes du Bahbi échangés actuellement ou postés sur YouTube sont les plus chantés et récités. Un travail de grande haleine reste à faire. Des enquêtes doivent être effectuées auprès des anciens passionnés afin d’enregistrer le maximum de chants qu’ils détiennent encore. Des personnes qui s’intéressaient à Bahbi et qui ont encore des enregistrements anciens des chants du Bahbi devraient faire preuve d’altruisme et partager ce dont ils disposent avec les chercheurs. Les chants du Bahbi constituent une mine d’informations sur la langue et la culture des Iqbliyens. Ils peuvent fournir un riche corpus sur le parler des Iqbliyens en (n) et son évolution. Le fruit de la collecte des textes des chants du Bahbi pourrait également être exploité par des chercheurs dans d’autres disciplines des sciences humaines. Bibliographie AZDOUD, Driss (2011) : Anthologie de la poésie amazighe, IRCAM, Rabat, 500 p. BRUNEAU, Michel (2015) : « Le patrimoine menacé des Grecs pontiques, entre Turquie et Grèce », Anatoli [En ligne], 6 | 2015, mis en ligne le 13 juin 2016, consulté le 26 octobre 2019. URL : http://journals.openedition.org/anatoli/315 ; DOI : 10.4000/anatoli. 315

22 La vidéo sur YouTube de Ben Atmane en 2008 et celle de Tissi en 2014 102

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KHIRI Mustapha (2017) : « Le parler beldi de la ville d’Errachidia : langue, espace et identité », Revue Langues, cultures et sociétés, volume 3, n°1, Rabat, CNRST- IMIST, p. 100-112. (Lien : https://revues.imist.ma/index.php?journal=LCS) KHIRI Mustapha (2009) Parler arabe d’Errachidia des ksour à la ville, Thèse de Doctorat national, Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Kénitra. LEVI-STRAUSS, Claude (1974) : Anthropologie structurale, Paris, Plon, 306 p. MESSAOUDI, Leila, BOUARICH, Houria et BELHAJ, Laila (coord.) (2009) : Culture orale et variation linguistique au Maroc, Kénitra, Okad, 300 p. OUCHNA, Zaid (2019) : « Ahidous nBahbi » sur « http://yassin.man.free.fr/lahidous.htm », consulté le 24 septembre 2019 TALBI, Hamid « Achchiçr ꞌal ꞌamaziRi : taçrifat, tasnifat, wa mouqaranat », in http://tamazgha-rich.blogspot.com/2016/10/tamdyazt.html, consulté le 01octobre 2019 TASSADIT Yacine-Titouh (1988) : L’Izli ou l’amour chanté en kabyle, éd. Maison des sciences de l’homme, Paris, 294 p. VIROLLE-SOUIBES, Marie (1989) : « Le Raï entre résistances et récupération », In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°51, Les prédicateurs profanes au Maghreb, p. 47-62

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