Henri Tréziny (dir.)

Grecs et indigènes de la Catalogne à la mer Noire Actes des rencontres du programme européen Ramses2 (2006-2008)

Publications du Centre Camille Jullian

1. Grecs et indigènes autour de Vélia. Présentation

Henri Tréziny

Éditeur : Publications du Centre Camille Jullian, Éditions Errance Lieu d'édition : Aix-en-Provence Année d'édition : 2010 Date de mise en ligne : 13 février 2020 Collection : Bibliothèque d’archéologie méditerranéenne et africaine ISBN électronique : 9782957155729

http://books.openedition.org

Édition imprimée Date de publication : 1 juin 2010

Référence électronique TRÉZINY, Henri. 1. Grecs et indigènes autour de Vélia. Présentation In : Grecs et indigènes de la Catalogne à la mer Noire : Actes des rencontres du programme européen Ramses2 (2006-2008) [en ligne]. Aix-en- Provence : Publications du Centre Camille Jullian, 2010 (généré le 03 avril 2020). Disponible sur Internet : . ISBN : 9782957155729. PREMIÈRE PARTIE : APPROCHES RÉGIONALES - CHAPITRE 4 : GRECS ET INDIGÈNES AUTOUR DE VÉLIA

Fl. Calore 22

20 21 7 19 8 17 18

Fl. Alento 6 16 4 15 5 3 9 14 13 2 12 11 10

T. BadolatoFl. Palistro

1 T. Fiumarella 27

26 23 Fl. Mingardo 24

0 10 km 25

Fig. 104. Le territoire de Vélia :

1 - Vélia ; 2 - Torricelli ; 3 - Omignano ; 4 - Sessa ; 5 - Punta della Carpinina ; 6 - Lustra Cilento ; 7 - Ogliastro ; 8 - Ostigliano ; 9 - Salento ; 10 - Castelnuovo Cilento ; 11 - Pattano ; 12 - Angellara ; 13 - ; 14 - Moio della Civitella ; 15 - Acerito ; 16 - ; 17 - ; 18 - Calore ; 19 - Mammolessa ; 20 - Tempa del Grattapone ; 21 - Tempa Calore ; 22 - ; 23 - Castelluccio ; 24 - Le Saline ; 25 - Palinuro ; 26 - Roccagloriosa ; 27 - Caselle in Pittari. (H. Tréziny, fond de carte Google maps).

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Henri Tréziny

elon Hérodote (I, 167), les Phocéens qui fon- conséquence des navigations grecques sur les côtes dent Vélia quelques années après 540 achètent tyrrhéniennes, mais sans que l’on puisse établir un lien le site aux populations indigènes. Pourtant, à de cause à effet. A la fin du VIe s., la chute de Sybaris l’exceptionS d’une occupation du Bronze moyen, il n’y est sans doute une des causes de la décadence de Sala a pas trace à Vélia d’un habitat indigène antérieur à la Consilina, puis de la disparition de Palinuro. colonisation (Morel 1980). Un fragment de céramique indigène retrouvé dans un contexte cultuel n’a évidem- Les relations entre Vélia et le sont ment aucune signification (Maffettone 1992b, p. 18). attestées par certains types de matériel comme la cruche à deux anses orthogonales, de production sans doute L’occupation du territoire n’est guère mieux attes- éléate (mais pratiquement absente à ce jour des autres tée pour l’époque archaïque. Elle se limite, pour la sites phocéens) ou les coupes de type « Panionion ». La céramique grecque, à quelques fragments de coupes fréquence de ces matériels à Palinuro, dans le Vallo di ioniennes et d’amphores grecques occidentales retrou- Diana, dans la Val d’Agri, suggère que ces trafics se fai- vés à la Civitella di Moio (n° 14 ; les numéros renvoient saient d’abord au départ de Palinuro. La présence dans à la carte Fig. 104) et à Torricelli di Casalvelino (n° 2), une tombe de Sala Consilina de vases en bronze analo- à un vase isolé indigène provenant d’Ostigliano (n° 8) gues à ceux de Poséidonia serait, selon J. de La Genière, et un fragment d’Angellara (n° 12), près de Vallo della la preuve de l’intérêt de Poséidonia pour l’arrière-pays. Lucania (Maffettone 1992b, p. 18). La zone dans laquelle Tout cela accroît l’impression de vide de l’arrière-pays s’installent les Phocéens dépend donc d’une commu- de Vélia à l’époque archaïque et sans doute encore au nauté indigène qui occupe assez peu la région avant la V e s., et dans la première moitié du IV e s. fin de l’époque archaïque, et même sans doute plus tard, et les Eléates eux-mêmes ont laissé peu de traces d’oc- Dans l’arrière-pays de Vélia, comme dans la plupart cupation. L’exiguïté et le manque de fertilité du territoire des régions de la Grande-Grèce, tout change vers le de Vélia sont sans doute un topos (Pierobon 1995), mais milieu du IV e s. On signale alors de nombreuses traces Vélia archaïque est à l’évidence une cité maritime, qui d’occupation, qu’il s’agisse d’habitats groupés, généra- n’accorde que peu d’importance à son arrière-pays. lement fortifiés, ou d’habitats isolés (fermes ou groupes de fermes ?), souvent signalés par quelques tombes. Par contre, la zone côtière au Sud de Vélia est beau- coup plus fréquentée, à commencer par Palinuro, en On énumèrera, au Nord, dans la vallée de l’Alento et relation avec le Vallo di Diano par la vallée du Mingardo, le massif du Cilento : et surtout autour de la vallée du Noce, où E. Greco a – Ogliastro (n° 7), tombes et vestiges, archives proposé de situer les Serdaioi. On a pu considérer la fon- Surintendance (Greco, Greco Pontrandolfo 1981 p. 148, dation de Vélia, favorisée par les Poséidoniates, comme n° 65) ; une tentative pour créer une zone tampon entre la cité – Lustra Cilento (n° 6), tombe et urnes cinéraires, achéenne et un monde indigène en forte expansion. Le archives Surintendance (Greco, Greco Pontrandolfo site de Tempa della Guardia à Palinuro est avant tout 1981 p. 148, n° 66) ; un port au débouché de la vallée du Mingardo. Dans – Casalvelino, loc. Torricelli (n° 2), colline fortifiée la nécropole, qui n’a été que partiellement publiée par (Greco 1975, p. 85) ; au pied de la colline, établissement Neutsch, Sestieri signale cependant des tombes sous rural avec travail du métal (Maffettone 1992a, p. 176) ; tuiles avec incinération et matériel exclusivement – Salento, loc. Tempone (n° 9) : tombe vers 300 et sans grec, mais la documentation est difficilement vérifiable doute ferme (Maffettone 1992a, p. 176) ; aujourd’hui. Surtout, la fondation de Palinuro semble – Omignano, loc. Cerreta (n° 3), tombe, en liaison avec à peu près contemporaine de celle de Vélia, peut-être un établissement rural et un four, archives Surintendance

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(Greco, Greco Pontrandolfo 1981 p. 148, n° 65 ; – Roccagloriosa (n° 26, Roccagloriosa I et II) ; Maffettone 1992a, p. 176) ; – Caselle in Pittari (n° 27). – Sessa Cilento (n° 4), tombe de la première moitié du IV e s. (Maffettone 1992a, p. 176) ; Tous ces sites ont fait l’objet de reconnaissances, – Perdifumo, Punta della Carpinina (n° 5), site fortifié mais très peu ont été fouillés, moins encore sont publiés, (Greco 1975, p. 83-84). si bien que notre documentation reste très lacunaire. Dans l’optique qui est la nôtre dans ce volume, il est Dans les vallée du Palistro et du Badolato : donc très difficile de dire si ces sites étaient occupés par – Castelnuovo Cilento, loc. Foresta (n° 10), ferme située des Grecs ou des Lucaniens et s’ils appartiennent ou non à peu de distance de Vélia (3 km selon Maffettone 1992a, au territoire de la cité grecque. Les quatre sites fortifiés en fait 7 km sur la carte), dernier quart du IV e s. Situé le les plus proches de Vélia (n° 5 – Punta della Carpinina, long de la route Vélia-Moio. Sans doute aussi lié à une n° 2- Torricelli, n° 14 – La Civitella di Moio et n° 23 – petite nécropole, donc occupation permanente plutôt que Castelluccio) posent un problème spécifique, que l’on temporaire (Maffettone 1992a, p. 168-173) ; abordera infra (Bats et al.) à partir de l’exemple de la – Pattano, loc. Chiuse delle Grotte (n° 11) : nécropole Civitella, seul site qui ait fait l’objet de fouilles archéo- sans doute liée à une autre ferme, dernier quart du IV e s. logiques. Par la comparaison entre le matériel de la (Greco 1975, p. 90-92 ; Greco, Greco Pontrandolfo 1981, Civitella et celui de Vélia (infra Gassner, Trapplicher), p. 149 n° 73 ; Maffettone 1992a, p. 175) ; Pattano, église on essaiera de déterminer si le faciès céramique d’un de S. Filadelfo : matériel à partir du IV e s. (Maffettone habitat fortifié comme la Civitella vers la fin du IV e s. 1992a, p. 175). est analogue ou non à celui de Vélia. Mais il s’agit aussi de savoir si, comme on l’a supposé (Greco 1975), avant Près de Moio : d’être des habitats fortifiés, ces sites ont pu être, dans le – Cannalonga (n° 13), à l’Est de Moio : matériel hellé- courant du IV e s., des phrouria défendant le territoire de nistique (information Surintendance) ; la ville grecque. – Scanno Chiuso, sur les pentes du Monte Sacro (Greco On fera également le point sur un site indigènesré- 1975, p. 87) ; cemment fouillés au Nord du territoire de Vélia, Monte – loc. Acerito (n° 15), en contrebas de la route de Pruno di Roscigno (n° 22, G. Greco). Campora, 1,9 km au NW de Moio, tombe en bâtière avec ceinturon de bronze italique (information Surintendance ; c’est peut-être à cette découverte que se réfère Maffettone 1992a, p. 176, s.v. Campora) ; BIBLIOGRAPHIE – Stio (n° 17) : fragments de tuiles et de céramiques à vernis noir (information Surintendance) ; – Campora, loc. Raialunga (n° 16), tuiles, tessons (infor- Greco 1975 : GRECO (E.) – Velia e Palinuro. Problemi di topografia antica. MEFRA, 87, 1975, p. 81-142. mation Surintendance). Maffettone 1992a : MAFFETTONE (R.) – Il territorio di Elea. Nuovi dati su insediamenti e viabilità. In : Archeologia e territorio. Ricognizioni, scavi e Vers (informations Surintendance) : ricerche nel Cilento. Regione – Centro servizi culturali del Cilento, – loc. Calore (n° 18), céramique du IV e s., bloc (de Edizioni dell’Alento, 1992, p. 167-182. Maffettone 1992b : MAFFETTONE (R.) – Colonizzazione focea e culture porte ?) ; indigene della Lucania occidentale. Apollo, Bollettino dei Musei Proviciali e e – loc. Mammolessa (n° 19), tombes IV -III s. ; del Salernitano, 8, 1992, p. 17-42. – loc. Tempa del Grattapone (n° 20), matériel provenant Morel 1980 : MOREL (J.P.) – Vestiges de l’âge du bronze sur l’acro- d’une nécropole du IV e s. ; pole de Vélia. In : Forschungen und Funde. Festschrift Bernhard Neutsch, Innsbrucker Beiträge zur Kulturwissenschaft. Innsbruck, 1980, p. 299-307. – loc. Tempa Calore (n° 21), tuiles hellénistiques du Morel 2005 : MOREL (J.P.) – Un demi-siècle de recherches sur Vélia et les même type que celles de la loc. Acerito supra (observa- Phocéens d’Occident. In : Velia, Atti del XLV° Convegno di Studi sulla Magna tion H. Tréziny). Grecia, Taranto 2005, Naples 2006, p. 23-61. – Monte Pruno di Roscigno (n° 22, infra, contribution Pierobon 1995 : PIEROBON-BENOIT (R.) – Focea e il mare. In : Arcelin (P.), Bats (M.), Garcia (D.), Marchand (G.), Schwaller (M.), éd., Sur les pas de G. Greco) des Grecs en Occident. Hommages à André Nickels. Paris-Lattes 1995 (Coll. Etudes massaliètes, 4), p. 401-418. Au Sud de Vélia : Roccagloriosa I : GUALTIERI (M.), FRACCHIA (H.) – Roccagloriosa I. – Pisciotta, loc. Castelluccio (n° 23) (Greco 1975, p. 88). L’abitato: Scavo e ricognizione topografica 1976-1989. Naples 1990 (Centre Jean Bérard). – Palinuro, loc. Saline (n° 24), nécropole (Greco 1975, Roccagloriosa II : GUALTIERI (M.), FRACCHIA (H.) – Roccagloriosa II. p. 99, 108 ; Maffettone 1992a, carte, fig. 13) ; L’abitato : l’ oppidum lucano e il territorio. Naples 2001 (Coll. Centre Jean – Palinuro (n° 25, Greco 1975, p. 94-108) ; Bérard, 20).

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