Les Cartes a Jouer Et La Cartomancie
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THE HISTORY OF PLAYING CARDS AND CARD-CONJURING. LES CARTES A JOUER ET LA CARTOMANCIE PAR P. BOITEAU D^AMBLY. (ILLUSTRATED WITH FORTY CURIOUS WOODCUTS.) LONDON : JOHN CAMBEN HOTTEN, 9ntii)uaiian fiooftsdler. PICCADILLY. 1859. Digitized by Google s <3- .U'I UNIVEI'lS: i . LIBRAkY O ‘Z ^ y ^ ; i I Digitized by Google , PRÉFACE. LETTRE A BÉRANGER. Mon bien cher et excellent maître Je mets ce volume sous le patronage de votre nom. Ce n’est pas que je l’en croie digne; c’est parce que vous avez bien voulu paraître curieux de le lire. Il faut avouer que je suis content de dire au public que vous avez encouragé l’auteur à l’écrire, et que vous avez jugé intéressant le sujet dont il s’est occupé. Si le public n’est pas de votre avis , me voilà autorisé à lui reprocher son indifférence. Par-dessus le marché, vous êtes un joueur acharné, et, à ce titre, vous devez me servir de parrain. La l’apprendra cette épître : postérité par Béranger , en sa verte vieillesse , a joué un nombre incalculable de piquets à écrire; ce jeu l’ennuyait fort et il revenait , y tous les soirs. Élevé à votre école je sais le prix du bon sens et , de la clarté désir est qu’on s’en aperçoive ici ma ; mon ; crainte qu’on ne s’en aperçoive pas assez. , Digitized by Google , , II PRÉFACE. Je m’excuserai en alléguant la peine que j’ai eue à marcher droit au milieu des broussailles de l’érudi- tion. Et ce n’est pas là une excuse pour la forme. Il y a trois ou quatre ans, vous m’accusiez de ne pouvoir vivre un quart d’heure sans écrire en vers élégiaques un éloge quelconque de la saison fraîche du muguet reverdi , des eaux vives et limpides, etc. J’expie ces élégies. Il me reste à exprimer un vœu à la romaine : DU velint ! c’est-à-dire puisque vous prétendez fortunare , ne pas entendre le latin : « Que les dieux me soient propices ! » c’est-à-dire enfin : « Plaise aux dieux que, parmi ceux qui jouent aux cartes , un individu sur mille achète le présent volume ! » et Lisez-moi , mon bien cher excellent maître , et ne soyez pas trop sévère pour Votre élève respectueux et reconnaissant Paul Boiteau. Juin 1854 Digitized by Google LES CARTES A JOUER. PREMIÈRE PARTIE. UISTOIRK DES CARTES. I. Entrée en matière. H y a sur la terre une race d’hommes qui s’y promènent sans se soucier des dissertations que messieurs les érudits ont fabriquées pour avoir l’air d’expliquer leur origine. Je veux parler des Bohémiens. Sorciers, bateleurs ou filous, Gais Bohémiens, d’où venez-vous? leur demande la chanson du maître; et elle ré- pond de leur part : D’où nous venons? L’on n’en sait rien. L’hirondelle, D’où nous vient-elle ? 146 a Y Google 2 LES CARTES A JOUER. La chanson est parfaitement sage. On ne sait pas très-nettement d’où ils viennent, et c’est fâcheux; si on le savait, on saurait du môme coup d’où nous sont venues les cartes* Eh quoi! les dictionnaires et les encyclopédies trompent donc le public, lorsqu’ils lui affirment que les cartes ont été inventées sous Charles VI par un miniaturiste attaché à la cour et nommé Gringon- neur? Les dictionnaires et les encyclopédies trom- pent le public, cela est très-cerlain. Il est donc nécessaire, avant de marcher plus avant, que tout lecteur français se démunisse d’une certaine quantité de son patriotisme et qu’il renonce à croire aveuglément que les cartes à jouer sont une invention nationale, imaginée à l’effet d’amuser Charles VI dans ses jours de folie Il y a une con- solation attachée à ce sacrifice, celle de savoir que nul autre peuple d’Europe n’a de meilleures raisons à donner pour sa part, et celle aussi de pouvoir affirmer que la France a, comme en toutes choses, tiré le meilleur parti de l’invention étrangère, I. C’est le P. Ménestrier, dans les dernières années du siècle de Louis XIV, qui, trouvant dans les comptes de Charles VI le nom du peintre Gringonneur, et une mention de jeux de cartes enlu- minés par lui, a rédigé une dissertation dans laquelle il a enchâssé sa trouvaille. Depuis le P. Ménestrier, les savants ont découvert des cartes bien plus anciennes, ou plutôt des témoignages bien plus anciens; mais les savants seuls ont vu que leur devancier avait commis une bévue, et le vulgaire vit toujours sur l’opinion qui a été accréditée et qu’on n’a pas suffisamment contredite. Digitized by Google LES CARTES A JOUER. 3 qu’elle y a réglé le désordre ei qu’elle y a mis de l’esprit. La vérité est que les cartes à jouer nous viennent de l’Asie, comme les échecs, et que leur origine remonte à la plus haute antiquité. Nous allons nous en convaincre. Une autre vérité, c’est que les cartes ont été intro- duites en Europe par les Bohémiens, vers la fin du XIII* siècle, et qu’elles ont été connues dans les con- trées méridionales avant d’être répandues en France. Ces caries, venues de si loin, ne ressemblaient guère à celles dont nous nous servons aujourd’hui, et qui, en effet, sont de création française. C’é- taient des images symboliques combinées mysté- rieusement par la sagesse de l’Inde , et plutôt des- tinées à l’interprétation des volontés de la divinité inconnue que préparées pour l’amusement des profanes. Nos cartes à nous sont bien différentes. On n’a malheureusement pas conservé les échan- tillons des premiers jeux de cartes connus en Eu- rope, et on ne peut s’en faire une idée que d’a- près les cartes-tarots, qui les représentent plus au vif que nos cartes. On joue encore aux tarots en Suisse et en Allemagne; on y joue même en Alsace et dans la Franche-Comté. Mais les Parisiens ne connaissent pas les tarots, et c’est pourtant la seule image qui nous reste des cartes antiques, telles que les Bohémiens les ont apportées en Europe. Digitized by Google 4 LES CARTES A JOUER. Peut-être un jour, en fouillant le sol de l’Asie, trouvera-t-on des monuments enfouis qui vien- dront servir de base à l’histoire des temps héroï- ques du jeu de cartes. En l’incertitude où nous sommes aujourd’hui, qu’il faire c’est pas ce y a de mieux à , de ne nous égarer au milieu d’hypothèses aventureuses. Nous ne pouvons connaître qu’une moitié de la vérité ; mais, cette moitié-là, cherchons du moins à la dégager de notre mieux. Ainsi, peu importe ce qu’ont été les cartes en Asie aux temps fabuleux de leur origine. Nous ne les connaissons que du jour où les Bohémiens les introduisent en Europe, et leur histoire certaine ne peut être que le récit de leurs aventures sur la terre européenne. IL Origine orientale des cartes. Les cartes sont venues de l’Orient et ont été in- troduites en Europe par les Bohémiens. Soit; mais il faudrait d’abord prouver cela. O mes lecteurs, et vous surtout, ô mes lectrices, vous ne vous doutez pas des ennuis que je vous évite en lisant pour vous les pièces du procès. Jamais procureur de comédie n’a été plus obscur Digitized by Google LES CARTES A JOUER. 5 et plus diffus que ne le sont les mémoires et les dissertations que j’ai dû analyser. Si quelqu’un veut, lui aussi, puiser à ces sources bourbeuses, je faisant, au les lui indiquerai, chemin bas des pages ; mais pour vous, lecteurs paresseux ou affairés, lec- trices délicates et dédaigneuses , confiez-vous à ma bonne foi et croyez-moi un peu sur parole. Oui, les cartes viennent de l’Orient. Maintenant, de quelle partie de l’Orient viennent-elles? Elles viennent de l’Orient, et ce sont les Bohé- miens qui les ont apportées. D’où viennent donc les Bohémiens? Sorciers, bateleurs et filous, Gais Bohémiens, d’où venez-vous? Les Bohémiens ne répondront pas ; la chanson ’ ne répond guère ; mais les savants ont pris pour eux la parole. Ils ont remarqué depuis longtemps les analogies qui existent entre la langue de ce peuple vagabond et celle des peuples de l’Hindoustan. On a été plus loin, et on a presque démontré que les Bohémiens sont l’une des branches de la poétique famille des parias. Ils ont pris la fuite un jour devant la cava- lerie d’un conquérant venu du Thibet et de la Mon- golie ,et se sont réfugiés d’abord dans le pays des I. Marsden, par exemple, Pallas, Bernouilli, Rüdiger, Grell- mann et bien d’autres. Digitized by Google , 6 LES CARTES A JOUER. Zinganes; chassés encore, ils traversent la Perse avec leurs hôtes et arrivent en Arabie ; de là ils se répandent sur les contrées européennes. Nous les avons baptisés du nom de Bohémiens ; les Anglais les appellent Gypsies (Égyptiens) : mais ce sont là des noms de fantaisie. En Italie , ils sont les Zm- gari; en Allemagne , les Zigeuner. Un peintre qui revient de la Moldau, du Danube et de la Theiss, Théodore Valérie, a rapporté dernièrement un portefeuille plein d’aquarelles qui sont leurs por- traits ; belles tètes , surtout belles têtes de femme grands yeux noirs, cheveux à reflets bleuâtres. Je les admirais sous les haillons éclatants qui les cou- Il vrent à peine. les nommait Tsiganes , et je ne le comprenais pas.