«Hollywood – Manhattan» Orchestre Philharmonique Du Luxembourg
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2016 19:00 13.05.Grand Auditorium Vendredi / Freitag / Friday Aventure+ / Autour de l’orgue «Hollywood – Manhattan» Orchestre Philharmonique du Luxembourg Alexander Shelley direction Cameron Carpenter orgue Après le concert / im Anschluss an das Konzert Grand Foyer Cameron Carpenter International Touring Organ Ce concert sera enregistré par radio 100,7 et diffusé le 22.06.2016 dans le cadre de l’émission «Soirée philharmonique». John Adams (1947) Short Ride in a Fast Machine. Fanfare for Orchestra (1986) 4’ Cameron Carpenter (1981) The Scandal op. 3 for organ and orchestra (2010) 32’ — John Adams City Noir (2009) 35’ Cameron Carpenter photo: Heiko Laschitzki À la Banque de Luxembourg, nous cultivons depuis toujours un état d’esprit particulier, en plaçant l’humain au cœur de nos pré- occupations et de nos actions. Être aux côtés de nos clients aux moments importants de leur vie, pour veiller durablement sur leur patrimoine et contribuer ainsi à la réalisation des projets qu’ils souhaitent conduire est notre réponse à la confiance qu’ils nous accordent. De la même manière, nous sommes redevables à l’égard de la communauté luxembourgeoise, qui nous offre le cadre de notre développement. Notre tradition de mécène, engagé depuis tou- jours dans la vie de la Cité, en est la contrepartie. Ainsi, de tout temps, nous avons soutenu la scène musicale lu- xembourgeoise. Que ce soit comme partenaires de la produc- tion discographique de l’Orchestre Philharmonique du Luxem- bourg, comme mécène au lancement des programmes «jeune public» de la Philharmonie, ou aujourd’hui encore, comme par- tenaires fondateurs de la Fondation «EME – Écouter pour Mieux s’Entendre». Au nom de la Direction de la Banque de Luxembourg, je vous souhaite une belle soirée et un excellent concert! Luc Rodesch Membre du Comité de Direction Banque de Luxembourg 4 A Daimler Brand Hollywood – Manhattan John Adams, Cameron Carpenter Franck Mallet Incarnation du melting-pot à l’américaine à la suite de ses illus- tres aînés, George Gershwin et Leonard Bernstein, John Adams s’est toujours félicité d’avoir grandi dans une maison où l’on vénérait à la fois Benny Goodman et Mozart… Un choral de Bach, un standard de Duke Ellington, un air de Weill, La Mer de Debussy, un solo de Coltrane, une chanson des Beatles ou de Grateful Dead, Petrouchka de Stravinsky, ou la 5e Symphonie de Sibelius… Contrairement à la mentalité encore dominante en Europe, il n’y avait pas d’opposition entre musiques «savante» et «populaire». Voilà pourquoi, ce jeune diplômé de Harvard, à l’approche de l’été 1971, refuse la voie toute tracée pour un jeune compositeur américain: aller se frotter à l’avant-garde eu- ropéenne, représentée par Berio, Stockhausen et Pierre Boulez. Ses parents lui ont offert Silence de John Cage, dont la lecture agit sur lui: «comme une bombe à retardement». Publié dix ans plus tôt, ce texte expose le credo de Cage; tout est musique: le mur- www.mercedes-benz.lu mure de la pluie, un camion qui roule, les parasites entre les sta- Consommation de carburant cycle urbain/extra-urbain/mixte : 7,6 – 6,3/5,1 – 4,4/5,9 – 5,1 l/100 km tions de radio. L’étude des philosophies orientales, la notion de Émissions de CO en cycle mixte : 144 - 125 (g/km) 2 hasard, les sources sonores anti-conventionnelles, et l’héritage d’un minimalisme venu des arts plastiques et infusé dans la forme musicale: John Adams se sent pousser des ailes… La nouvelle Classe E. Il fourre alors tout ce qu’il possède dans sa Coccinelle pour Masterpiece of intelligence. aller s’installer en Californie. Même si la côte Ouest lui est tout d’abord hostile, il se rapproche des milieux alternatifs qui «noyautent» le conservatoire de San Francisco, monte un en- semble de musique contemporaine avec un groupe d’amis et d’étudiants, et établit des contacts avec des Anglais (Gavin 7 60151-MER-ANNONCE_PHILHARMONIE_CLASSE_E_115x175_PROD.indd 1 02/03/2016 16:14 Bryars, Brian Eno et Michael Nyman) – eux aussi en rupture avec l’institution musicale. Tout d’abord influencé par le mini- malisme de Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass – dont il est le cadet d’une dizaine d’années –, il célèbre l’art de la répétition avec Phrygian Gates, pour piano (1977) et le sextuor à cordes Shaker Loops, l’année suivante. Entre joyeux chahut, énergie dévastatrice et extase langoureuse À l’orée des années 80, le compositeur combine minimalisme à l’américaine et lyrisme européen. Revitaliser la grande forme romantique, se laisser porter par «une architecture grandiose, des motifs répétitifs comme des vagues, certaines plus longues, d’autres plus complexes»: c’est l’une des clés de son écriture. À l’orchestre, le résultat oscille entre joyeux chahut, énergie dévas- tatrice et extase langoureuse — comme si Liszt et Bernstein bat- taient les cartes sous l’œil goguenard de Sibelius et Stravinsky! Adams poursuit la voie de Reich et Glass avec un retour à la pul- sation et une harmonie aux contours bien définis. Il aligne une série de pièces maîtresses comme le délirant Grand Pianola Music (1982), Tromba Lontana (1986) Short Ride in a Fast Machine (1986), Fearful Symmetries (1988) et, bien sûr, au sommet, Harmonielehre (1985). Cette page somptueuse, d’une quarantaine de minutes, capte l’héritage romantique et minimaliste, mais aussi la richesse diversifiée du 20e siècle, l’ambiguïté tonale de Mahler et Schön- berg, la noire somptuosité de Sibelius, comme la clarté de De- bussy et Ravel. 8 Tel un ouragan salvateur sur l’orchestre de l’extrême fin du 20e siècle, Harmonielehre est assurément l’une de ses partitions les plus jouées. Cette seconde phase créatrice concentrée sur l’orchestre n’est pas moins passionnante dans sa poursuite d’un hédonisme esthétique. Il s’amuse des clichés, quitte à en jouer à l’envi jusqu’au travestissement: c’est l’époque des références plus ou moins cachées. Ainsi, Schönberg est malmené dans la Chamber Symphony (1992) au rythme du célèbre Bip-Bip des des- sins animés de Tex Avery, le Concerto pour violon (1993) singe au- tant la virtuosité romantique que les mélodies saturées du jazz. Mais, plus encore, avec les paysages mystérieux de Naïve et Sen- timental Music (1997–1998) et de Guide to Strange Places (2001), le compositeur atteint une complexité organique à l’orchestre qui témoigne d’un nouvel intérêt pour «l’inquiétante étrangeté» de la polyrythmie foisonnante de Charles Ives, l’un des pères de la musique américaine. À l’image de son récent The Dharma at Big Sur, pour violon élec- trifié et orchestre, le musicien paraît s’affranchir des limites de l’écriture occidentale: une ambition récurrente chez les mu- siciens de ce côté de l’Amérique qui fait face à l’Orient et ses gammes non tempérées. Du coup, souffle sur sa partition un vent de renouveau, et des harmonies mystérieuses issues de l’esprit West Coast qui reflètent les préoccupations spirituelles de l’ancienne génération beatnik, éprise de retour à la nature, de philosophie bouddhiste et de méditation. Classicisme ou sagesse? Ni l’un ni l’autre, car lorsque la Philharmonie de Los Angeles dévoile en création City Noir (2009) – qui, après El Dorado et The Dharma at Big Sur, offre un troisième portrait bigarré et trouble de la Californie au tournant des années 40, dopé par le rythme du jazz –, on songe autant à Milhaud (La Création du monde) et Gershwin (Rhapsody in Blue) qu’à l’ambiance vénéneuse d’un Da- vid Lynch (Mulholland Drive), dans le tohu-bohu de ces cordes galvanisées et renforcées par une section de cuivres, une cascade de harpe, cinq percussionnistes et un batteur de jazz… Short Ride In a Fast Machine a été créé par Michael Tilson Thomas à la tête de l’Orchestre symphonique de Pittsburgh, à Mansfield 10 photo: Deborah O’Grady / Konzertdirektion Schmid / Konzertdirektion photo: Deborah O’Grady John Adams (Massachusetts), le 13 juin 1986. Avec Tromba Lontana – créé quelques semaines plus tôt, à Houston, le 4 avril –, l’œuvre se rattache à un bref diptyque de «fanfares pour orchestre» com- mémorant des événements liés à la constitution des États-Unis. Deux facettes du compositeur s’offrent ainsi à l’auditeur, intro- spectif (Tromba) et extraverti (Short Ride). Lié à l’inauguration du Great Woods Summer Festival de Mansfield, Short Ride est d’une allégresse folle, avec sa pétarade de cuivres sur-vitaminés, son rythme de «wood-block» martelé outrageusement, et ce com- mentaire amusé du compositeur: «Vous savez ce que c’est, lorsqu’on vous propose de faire une virée dans une voiture de sport rutilante – et qu’ensuite, effrayé par la vitesse, on regrette d’être à bord?» Une suite de tableaux changeants Commande conjointe du Los Angeles Philharmonic, et du Lon- don Symphony Orchestra, associés à la Cité de la musique-Salle Pleyel à Paris, à la Fondation Eduard van Beinum d’Amsterdam (ZaterdagMatinee) et au Toronto Symphony Orchestra, City Noir fut créé au Walt Disney Concert Hall, par le Philharmonique de 11 Los Angeles, sous la direction de son chef d’orchestre Gustavo Dudamel, le 8 octobre 2009. Adams trouva l’inspiration dans un ouvrage de l’historien Kevin Starr, Embattled Dreams, et plus par- ticulièrement son chapitre Black Dahlia consacré au journalisme à sensation et au film noir américain de la fin des années qua- rante et cinquante, en Californie. «Ces images et l’atmosphère qui s’en dégage ont ouvert mon appétit pour une œuvre orchestrale qui, sans nécessairement faire référence à la bande- son de ces films, pourrait cependant évoquer le climat de l’époque – com- mente Adams.