Lettres Écrites D'italie
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PUBLICATION DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES RABELAISIENNES LETTRES ÉCRITES D’ITALIE PAR FRANÇOIS RABELAIS (Décembre 1535-Février 1536) NOUVELLE ÉDITION CRITIQUE, AVEC UNE INTRODUCTION, DES NOTES ET UN APPENDICE PAR V.-L. BOURRILLY PARIS HONORÉ CHAMPION LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES ETUDES RABELAISIENNES 5, QUAI MALAQUAIS 1910 LETTRES ÉCRITES D’ITALIE PAR FRANÇOIS RABELAIS (Décembre 1535-Février 1536) PUBLICATION DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES RABELAISIENNES .... ----------- LETTRES ÉCRITES D’ITALIE PAR FRANÇOIS RABELAIS (Décembre 1535-F évrier- 1 536) NOUVELLE ÉDITION CRITIQUE, AVEC UNE INTRODUCTION, DES NOTES ET UN APPENDICE PAR V.-L. BOURRILLY PARIS HONORÉ CHAMPION L1BRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES RABELAISIENNES 5, QUAI MALAQUAIS I9IO CETTE ÉDITION A ÉTÉ PUBLIÉE AUX FRAIS DE LA DONATION PEYRAT FAITE AU COLLÈGE DE FRANCE PAR MADAME LA MARQUISE ARCONATI VISCONTI INTRODUCTION I. C’est en compagnie de Jean du Bellay que Rabelais est allé en Italie et qu’à trois reprises il a séjourné à Rome. Il n’entre pas dans notre sujet de rechercher les origines, d’ailleurs obs cures et, semble-t-il, assez lointaines des relations de Rabe lais avec l’évêque de Paris. Nous nous contenterons d’observer que très probablement ces relations avaient déjà commencé lorsque Rabelais vint au printemps de 15 3 2 se fixer à Lyon et qu’il fut nommé, le 1er novembre de cette même année, médecin à l’hôpital de cette ville, aux appointements de 40 livres par an. Dans le courant de l’année 15 3 3 , Jean du Bellay et notre médecin purent se rencontrer plusieurs fois, car le premier fit à Lyon trois séjours d’inégale durée. Nous l’y trouvons au mois de juin1, lorsque le roi et la reine, en route pour le Midi, viennent y faire leur entrée. Il y revient dans la seconde quinzaine de juillet pour accompagner le duc de Norfolk, ambassadeur du roi d’Angleterre2. Enfin, dans les derniers jours de novembre et au début de décembre, il y repasse, lorsque François 1 e r l’envoie à Londres pour exposer à son allié Henry VIII les résultats de l’entrevue de Marseille et combiner 1. François 1er et la cour sont à Lyon dans les derniers jours de mai et durant tout le mois de juin. Voir le P. Hamy, L ’entrevue de Boulogne, pièce n°95. Voir aussi L ’entrée de monseigneur le Daul- phin faicte en l’antique et noble cité de Lyon, l'an mil cinq cens trente et troys, le x x v j de may. S. 1. n. d. In-4°. L ’entrée de la Royne faicte en l'antique et noble cité de Lyon, l'an mil cinq cens trente et troys, le xxvij de may. S. 1. n. d. In-4”. Cf. Catalogue des actes de François 1er, VIII, p. 482. 2. Voir le P. Hamy, op. cit., pièce n° 100. Le duc de Norfolk et sa compagnie arrivèrent à Lyon le 20 juillet et y restèrent au moins une quinzaine de jours. Ils rejoignirent François 1er à Montpellier entre le 18 et le 24 août. I les démarches à faire en cour de Rome en vue d’obtenir le divorce avec Catherine d’Aragon1. Pour Rabelais, ce furent, sans doute, autant d’occasions de reprendre contact avec son « patron » et de s'assurer une pro tection contre les ennemis que ses premières publications venaient de lui créer. Le Pantagruel avait mis en mouvement Parlement et Sorbonne, et Rabelais était certain de rencontrer en la personne de Jean du Bellay un appui contre des adver saires qui, — coïncidence curieuse, — se trouvaient en ce moment même chercher noise à l’évêque de Paris et à son vicaire2. Peut-être même, lorsque l’ambassadeur quitta Lyon pour gagner l’Angleterre, prévoyait-il que sa mission à Londres aurait comme suite une mission à Rome, et Rabelais laissa-t-il entrevoir, s’il ne l’avait déjà fait, car c’était alors le rêve de tout humaniste, son vif désir de visiter l’Italie, terre d’origine de l’humanisme, et la Ville Éternelle3. Peut-être l’évèque de Paris se décida-t-il seulement au milieu de janvier 1534, lors qu’il repassa par Lyon, à prendre avec lui le médecin de l’hô pital, dont il avait besoin, car il souffrait d’une sciatique et le voyage lui était pénible, particulièrement en cette saison. Quoi qu’il en soit, ce qui est sûr, c’est que lorsqu’il franchit les Alpes en plein hiver et pour la première fois entra dans Rome, il était accompagné par François Rabelais, dont c’était aussi le premier voyage outre-mont-4. Jean du Bellay avait fait un séjour très bref en Angleterre : arrivé à Londres le 17 décembre, il en repartait le 29 et, le 10 janvier 1534, il rejoignait François 1er à Fontaine-Française. 1. Jean du Bellay quitta la Côte-Saint-André (Isère) le 29 no vembre. Bibl. nat., Clairambault 1215, fol. 72. Voir dans le P. Hamy, op. cit., pièce 11° 115, les instructions qu’emportait Jean du Bellay. Il était à Paris le 8 décembre. Voir V.-L. Bourrilly et N. Weiss, Jean du Bellay, les protestants et la Sorbonne, p. 57. 2. Sur ces démêlés, voir V.-L. Bourrilly et N. Weiss, Jean du Bellay, les protestants et la Sorbonne, p. 5i-62. 3. C’est ce que suppose notamment M. Léon Dorez, Rabelaesiana, " maistre Jehan Lunel" (extrait de la Revue des bibliothèques, 1905), p. 2-3. 4. Les voyages et les séjours de Rabelais en Italie en compagnie soit de Jean du Bellay, soit de Guillaume du Bellay, sieur de Lan- gey, ont été étudiés en détail pour la première fois par M. Arthur Heulhard, Rabelais, ses voyages en Italie, son exil à Metz, Paris, 1891, in-4°. Le 12, à Langres, il recevait ses nouvelles instructions pour sa mission à Rome1. Il dut passer quelques jours à Lyon, car il semble bien que Rabelais ait touché lui-même une partie de son traitement, le samedi 27 janvier2. Ce serait ce jour-là seulement qu’on se serait mis en route. Le voyage fut pénible, mais encore rapide, puisque dans les premiers jours de février, peut-être dès le 2, nos Français arrivaient à Rome3. « J’ay tant faict avec l’ayde de Dieu, écrit Jean du Bellay au sieur de Castillon, ambassadeur de France à Londres, que je suis icy, et afin que vous ne pensiez que ce ayt esté sans peyne, j’en ay esté jusques à ne pouvoir endurer que hommes me portassent en une chaire. Pour le mieux, j’en eschapperay pour un peu de sciatique4... » Les documents susceptibles de nous renseigner sur le pre mier séjour de Rabelais à Rome sont rares. La correspon dance de Jean du Bellay, quelques épaves seulement, ne traite que des questions politiques pour lesquelles il avait été dépê ché auprès du Pape5. On peut glaner quelques détails rétros pectifs dans plusieurs lettres que des amis et des « clients » lui adressèrent de Rome dans les mois qui suivirent son départ, et où d’ailleurs, à aucun moment, il n’est fait la 1. « A M. Jehan du Bellay, evesque de Paris, 2,25ol. t. par lettres à Langres, 12 janvier 1533 [a. s.], sur et tant moins et en déduction de ce qui luy sera taxé des voyages qu’il a ja faits et encore présen tement fait de l’ordonnance du Roy, partant de la Coste St André le 29 novembre 1533, allant en diligence en Angleterre porter lettres de creance au roy dudit pays et luy exposer certaines choses et dont il a apporté response au lieu de Fontaine Françoise le 10 jan vier 1533 et, ce fait, estre venu avec le Roy jusques à Langres le 12 janvier, où le Roy l’a expédié pour aller en semblable diligence en la ville de Rome devers N. S. Pere, luy porter autres lettres de creance et pareillement luy exposer les instructions que à ceste fin led. Seigneur a baillé aud. du Bellay, qui touchent et concernent le bien de toute la chrestienté... » Bibl. nat., Clairambault 1215, fol. 72; ms. fr. 15629, n° 572. C f. Catalogue des actes de François 1er, II, n° 6696. 2. A . H eulhard, op. cit., p. 27, n. 1. 3. P. Friedmann, Anna Boleyn, Londres, 1884, t. I, p. 275-276. 4. Jean du Bellay au sieur de Castillon, Rome, 8 février [1534]. Bibl. nat., ms. fr. 5499, fol. 191. 5. Voir V.-L. Bourrilly, Le cardinal du Bellay en Italie (juin 1535-mars 1 536), Paris, 1907 (extrait de la Revue des Études rabe laisiennes), p. 1-5. moindre allusion à Rabelais. Mais des relations et des occu pations de l’évêque de Paris, on peut conclure, dans une cer taine mesure et sans craindre de trop s’aventurer, à celles de son médecin. Le texte le plus important, pour ne pas dire unique, est la lettre adressée à Jean du Bellay, le 3 1 août 1534, par laquelle Rabelais lui fait hommage de l’édition que Sébastien Gryphe allait publier de la Topographia romana de Marliani1 : à la suite d’éloges hyperboliques (et peu justifiés par les résultats) des qualités oratoires et diplomatiques de son protecteur, il y a là des détails précis et précieux sur la manière dont il utilisa lui-même les quelques semaines qu’il passa à Rome. Rabelais avait préparé son voyage, — qu’on supposait devoir être plus bref qu’il ne fut en réalité, — de façon à en tirer le meilleur parti possible. Il s’était dressé une sorte de programme, ce qui tendrait à faire croire que le départ ne fut pas impro visé.