Gidon Kremer | Oleg Maisenberg | S Amedi 17 Mars
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Kremer 17 mars pleyel:Kremer 17 mars 9/03/07 17:17 Page 1 SAMEDI 17 MARS – 20H Franz Schubert Sonate pour violon et piano en sol mineur D. 408 György Kurtág Tre Pezzi (Trois Pièces) op. 14e, pour violon et piano Franz Schubert Introduction et variations sur « Trockne Blumen» D. 802, pour violon et piano entracte Giya Kancheli Time… and Again « Was ich Euch hier schreibe – Gott weiss, dass ich nicht lüge » (Gal, 1, 20), pour violon et piano Franz Schubert Sonate pour violon et piano en la majeur, D. 574 « Grand Duo» | 17 mars Samedi Gidon Kremer, violon Oleg Maisenberg, piano Fin du concert vers 22h. Gidon Kremer | Oleg Maisenberg Oleg Maisenberg | Gidon Kremer Kremer 17 mars pleyel:Kremer 17 mars 9/03/07 17:17 Page 2 Kremer 17 mars pleyel:Kremer 17 mars 9/03/07 17:17 Page 3 SAMEDI 17 MARS Franz Schubert (1797-1828) Sonate pour violon et piano en sol mineur D. 408 I. Allegro giusto II. Andante III. Menuetto IV. Allegro moderato Composition : avril 1816. Durée: environ 17 minutes. La dimension modeste des trois sonates « pour pianoforte avec accompagnement de violon » – formulation désuète qui évoque le XVIIIe siècle – leur a valu d’être éditées sous le nom de « sonatines », alors que leur facilité n’est qu’apparente. Postérieure de quelques semaines à ses deux sœurs aînées, la Sonate D. 408 est l’œuvre d’un compositeur de dix-neuf ans qui, admiratif de Mozart, se rapproche de l’univers de Weber ou de Beethoven. Contemporaine du travail sur la Symphonie n° 4, la sonate est en quatre mouvements, de facture classique. L’impétueux Allegro giusto initial, qui trouverait son modèle dans la Sonate K. 379 de Mozart, vaut surtout pour son large développement en ré bémol majeur, dont le mystère est entretenu par la singulière utilisation de la nuance pianissimo. Dans une forme sonate assez proche se déploie la cantilène de l’Andante en mi bémol majeur. Un ton plus beethovénien se fait entendre dans le vigoureux Menuetto, avec lequel le trio dansant contraste sous la forme d’un ländler, puis lors du brillant Allegro moderato final, dans un style alla ungarese un peu décousu, conclu par une triomphale coda en sol majeur. 3 Kremer 17 mars pleyel:Kremer 17 mars 9/03/07 17:17 Page 4 György Kurtág (1926) Tre Pezzi (Trois Pièces) op. 14e, pour violon et piano (1979) I. Öd und traurig II. Vivo III. Aus der Ferne. Composition : 1979. Dédicace : à Judit Hevesi et István Kerekes. Éditeur : Editio Musica Budapest. Durée : environ 7 minutes. Transcriptions de la Herdecker-Eurythmie op. 14b, les Trois Pièces op. 14e sont dédiées à la violoniste Judit Hevesi et au pianiste István Kerekes. « Morne et triste», la première pièce offre un contraste saisissant entre les résonances naturelles des cordes à vide du violon et l’accompagnement du piano, pianississimo et avec beaucoup de pédale, centré sur les dièses dans les registres grave et médium. Le dialogue s’anime et le violon énonce des intervalles plus dissonants ; mais ses ultimes notes sont des quintes, appoggiaturées par la tierce mineure puis majeure de l’accord parfait. Le piano orne lui aussi ses valeurs longues de figures rapides en doubles croches. Celles-ci forment progressivement des lignes plus amples et plus loquaces. Dès qu’est énoncé le la bécarre, la note qui manquait au total chromatique, la pièce se referme. La seconde miniature, très « vive», confie au violon un jeu en harmoniques pianissimo qui tranche plus loin avec des pizzicati arrachés et féroces. Sous ce « chant d’oiseau», le piano multiplie les difficultés techniques : larges intervalles, cellules rythmiques incisives, trémolos et trilles rapides, appoggiatures périlleuses, utilisation de toute l’étendue du clavier. La forme ABA, « objet sonore équilibré» selon Kurtág, se repère grâce aux changements dans la partie de violon : le mi suraigu laisse place à des quintes et tritons en doubles cordes, avant de réapparaître pour la conclusion. Dans Aus der Ferne enfin, les notes tenues du piano – des « fleurs » liées et étagées sur plusieurs octaves – accompagnent la mélodie « très douce, extrêmement lente » du violon. Fragmenté, lacunaire, énoncé sur la corde grave par un violon hésitant qui change de coup d’archet à chaque note, cet air diatonique semble revenir, presque inaudible, « du lointain», du fin fond de la mémoire. Outre la référence à Beethoven, le titre évoque un thème qui, repris ailleurs par Kurtág, est lié à un poème de Hölderlin : « Si de très loin, puisque nous sommes séparés, tu me connais encore…». 4 Kremer 17 mars pleyel:Kremer 17 mars 9/03/07 17:17 Page 5 SAMEDI 17 MARS Franz Schubert Introduction et variations sur « Trockne Blumen » D. 802, pour violon et piano Introduction. Andante – Thème. Andantino – Variations I-VII Composition : janvier 1824. Durée : environ 17 minutes. En janvier 1824, avant même que le cycle La Belle Meunière soit édité, Schubert entreprend un thème et variations sur les « Fleurs séchées» (lied n° 18), dont le caractère bipartite est souligné par la dualité tonale mi mineur/mi majeur – contradiction éminemment schubertienne. L’unique œuvre de Schubert pour flûte et piano appartient également au répertoire des violonistes, dont l’instrument possède une tessiture très semblable à celle de la flûte. La forme générale en neuf mouvements (introduction, thème et sept variations) présente des aspects symétriques : à l’imposante introduction, où est préservée la nature funèbre et mélancolique du lied original, répond la dernière variation qui, fidèle à la coutume romantique, possède les proportions les plus larges ; une transition relie l’introduction et le thème, comme les deux variations finales ; la troisième variation, indiquée « maggiore», se trouve au centre de l’œuvre. Plus ornementé, le thème est également accéléré (andantino au lieu de « assez lent »), pour en accentuer le caractère instrumental. Les variations montent en intensité et virtuosité (chromatisme, vélocité, mise en valeur des capacités expressives) – telle la cinquième, qui réunit de nombreuses difficultés techniques. La sixième variation fait entendre un surprenant 3/8 en do dièse mineur, avant la tonitruante marche militaire de la septième, entièrement en mi majeur. Œuvre creuse ? Contresens indécent vis-à-vis d’un lied évoquant la mort, ou ironie volontaire ? Relisons Hans Gal : « Chez Schubert, c’est souvent sous la superficie plaisante que se cache la profondeur de l’œuvre.» 5 Kremer 17 mars pleyel:Kremer 17 mars 9/03/07 17:17 Page 6 Giya Kancheli (1935) Time… and Again « Was ich Euch hier schreibe – Gott weiss, dass ich nicht lüge » (Gal, 1, 20), pour violon et piano (1997) Composition : 1996. Commande du Centre Barbican, Londres. Dédicace : à Gidon Kremer et Oleg Maisenberg. Éditeur : Sikorski. Création : Londres, 7 avril 1997, par Gidon Kremer (violon) et Oleg Maisenberg (piano). Durée : environ 28 minutes. Time… and Again, dont le titre place le temps au cœur de l’œuvre et signifie « à maintes reprises », est caractéristique du style de Kancheli des années quatre-vingt dix – qui trouve ici, comme dans le Styx de 1999, un de ses aboutissements. Dans le tempo lent s’évanouit toute notion de pulsation – « nous échappons au temps réel, périodique, pour entrer dans le temps de l’infini», note Alfred Schnittke ; les courtes interventions instrumentales – douces mélodies diatoniques ou violentes explosions d’intervalles dissonants – surgissent du silence et sont condamnées à y retourner aussitôt. Ce procédé dramatique, qui crée une impression d’immobilité conjuguée avec une tension extrême, a été décrit comme la « stase dynamique » de la musique de Kancheli. Ici, le matériau n’est jamais sujet à développement ; au contraire, l’expérience des motifs perpétuellement répétés – « encore et encore », dirait le titre – est le défi que doit relever notre écoute. Cette lente et sombre incantation, où sonnent cloches et glas, n’est pas sans rappeler certaines œuvres de Arvo Pärt ou de Galina Oustvolskaïa, et des mouvements lents (de la Sonate pour alto et piano op. 147, notamment) de la musique de Chostakovitch. Comme ce dernier, Kancheli manie un langage globalement tonal conservant les gestes et les manières d’un romantisme parfois exacerbé (appoggiatures, pathos) qui soulignent l’influence indéfectible de la musique du XIXe siècle sur son style : « La musique, comme la vie même, est inconcevable sans le romantisme. » Enfin, le sous-titre de l’œuvre (un extrait de l’Épître de saint Paul aux Galates : « Dans ce que je vous écris, voici, devant Dieu, je ne mens point. ») inscrit, au cœur de la démarche compositionnelle, la sincérité et la cohérence entre le langage de Kancheli et son credo : un art musical ouvertement autobiographique. 6 Kremer 17 mars pleyel:Kremer 17 mars 9/03/07 17:17 Page 7 SAMEDI 17 MARS Franz Schubert Sonate pour violon et piano en la majeur, D. 574 « Grand Duo » I. Allegro moderato II. Scherzo. Presto – Trio III. Andantino IV. Allegro vivace Composition : août 1817. Durée : environ 20 minutes. Baptisée « duo » par Diabelli lors de la publication posthume pour pointer l’égale importance du rôle des deux instruments, la Sonate D. 574 est la plus imposante, et aussi la dernière, des sonates composées par Schubert pour violon et piano. Alfred Einstein, après avoir souligné son caractère mondain et virtuose, affirme que cette sonate « ne nous fait pas descendre en des régions très profondes ». Si l’Allegro moderato initial, bi-thématique, donne à entendre des lignes mélodiques d’une fraîcheur et d’une légèreté caractéristiques de Schubert, d’autres éléments de la sonate sont remarquables : le travail sur la structure se manifeste dans le scherzo en mi majeur (avec son trio très chromatique en do majeur), écrit dans les règles, bien que placé en second mouvement, qui se trouve relié par une cellule rythmique commune en anapeste (brève-brève-longue) à l’Allegro vivace final ; ce dernier, de forme sonate, est à trois temps et impose un tempo de valse, tantôt vif, tantôt nonchalant.