CRÉPUSCULE IRLANDAIS Roman étranger/ Edna O’BRIEN / éd. Sabine WESPIESER Lu par Aline CARDON

Dilly est une vieille femme malade. A l’hôpital, elle se remémore sa jeunesse et sa fuite de l’Irlande pour les Etats-Unis ; elle attend avec impatience la visite de sa fille. Edito Le découpage de l’histoire est intéressant parce qu’il présente différents pans de la vie de Dilly : sa jeunesse, sa vie en Irlande puis aux Etats-Unis, le passé chaotique de sa fille et les retrouvailles mère-fille. Malheureusement, ce découpage dynamique est plombé par un style Les deux comités, « adulte » et « musique-arts vivants » sont maintenant sur leur rythme redondant, de nombreuses descriptions et un style vieillot, maussade et de croisière, avec des propositions plus variées encore, du documentaire à la bande larmoyant. La partie sur Ellis Island donne un éclairage passionnant sur dessinée, du roman étranger à la chanson francophone. les services d’immigration et la façon dont étaient traités les immigrants. Chacun des membres a le souci de partager avec vous ses coups de cœur, ses déceptions et ses interrogations aussi. Je tiens ici à les remercier pour cet exercice délicat parfois. Le succès de ce « Zig-Zag » nous a amenés à nous pencher sur le public ado, avec la création d’un comité qui leur serait dédié ; c’est sous forme d’un blog que nous proposerons sous peu cette nouvelle activité dont nous attendons beaucoup.

LES JEUX DE LA NUIT Ces différents comités reflètent parfaitement le souci permanent qu’a la médiathèque de sortir des sentiers battus en matière culturelle, en évitant autant que faire ce peut le Roman étranger / Jim HARRISON / éd. Flammarion matraquage médiatique de la rentrée littéraire autour de quelques noms seulement, ou Lu par Lucie BOIVIN encore les plages publicitaires des grandes « majors »..

Je voudrais terminer cet édito en dédiant ce « Zig-Zag » à Monsieur Marc DEQUIDT Ces trois nouvelles ont pour seul point commun leurs héros qui aurait du être parmi nous... solitaires. Dans la première, « La fille du fermier », Sarah, une jeune fille dont les parents ne se préoccupent pas beaucoup, rencontre un vieil homme, Tim, qui deviendra son ami et lui permettra de s’ouvrir Christophe CARRE aux autres et au monde. La seconde nouvelle voit le retour de Chien Directeur de la médiathèque Brun, héros récurrent de Jim Harrison ; toujours aussi solitaire et dérangeant dans ses rapports aux autres. Et enfin, l’histoire de Samuel, jeune garçon de 17 ans qui décide de quitter sa famille.

Je n’ai aimé que deux des trois nouvelles. L’écriture est poétique, les paysages sont décrits superbement. On sent l’importance qu’ont pour l’auteur les animaux, la nature, la musique et les livres mais les rapports entre humains sont toujours brutaux, emprunts de bestialité et les personnages eux-mêmes, assez asociaux. La lecture est malgré tout aisée, les personnages, profonds et humains.

20 1 LES GARDIENS DES ENFERS PURGE Bande Dessinée/ ALCANTE/MATTEO/ éd. Glénat Roman étranger / Sofi OKSANEN / éd. Stock Lu par Bernadette BARON Lu par Bérengère SÈDE

Dès le départ, nous sommes plongés dans des situations Nous sommes en Estonie en 1992 et les Russes quittent le pays après mystérieuses qui se déroulent de nos jours et en 1859. Le fil 50 ans d’occupation. En pleine campagne vit une vieille dame, Aliide qui conducteur est un phare dans lequel le jeune Jack Jones est muté défend sa ferme contre les pillages. Un matin, elle découvre dans sa pour remplacer l’assistant du gardien mort dans d’étranges cour Zara, une jeune fille russe en piteux état, manifestement circonstances. violentée, qui lui demande refuge. D’abord méfiante, elle l’accueille finalement et commence alors un huis-clos entre ces deux femmes qui Basé sur des faits réels : la nuit du 25 octobre 1859.Une nuit d’horreur s’apprivoisent. Par flashbacks, on suit parallèlement les destins à 40 ans durant laquelle les éléments se déchaîneront aussi bien en mer que sur d’intervalles d’Aliide, l’estonienne et de Zara, la russe. terre. Les dessins rendent bien l’atmosphère pesante et cauchemardesque de cette nuit. Le lecteur trouve en fin d’ouvrage quelques pages C’est un récit intense et douloureux qui vous prend aux tripes. On aborde documentaires de l’auteur pour pouvoir comprendre en quoi les flashbacks d’époque servent l’histoire de l’Estonie au travers du destin tragique d’Aliide, avec ses d’introduction et de conclusion au récit. espérances, ses traumatismes, ses résistances et ses lâchetés. Ce qui aurait pu être une simple histoire d’amour contrarié prend une dimension dramatique parce que la guerre éclate et exacerbe les passions. Le style est incisif, direct avec une construction éclatée dans le temps pour tenir le lecteur en haleine, comme un thriller. WONDERFUL Roman /David CALVO/ éd. Bragelonne Lu par Philippe VANDENDRIESSCHE LYDIE

Loom est un médecin londonien atypique. A la léthargie Bande Dessinée/ Jordi LAFEBRE/ ZIDROU/ ed. Dargaud neurasthénique de Pooh, sa compagne, il oppose une curiosité qui Lu par Aline CARDON l’entraînera malgré lui dans une aventure extraordinaire : élucider le mystère de la fin de la terre proclamée à très court terme par tous les Camille, simple d’esprit, vit avec son père dans l’impasse « des médias. Et surtout sauver sa Pooh bien aimée ! Des hommes en noir, moustachus ». Lorsqu’elle perd son bébé à la naissance, rien ne la lune qui se craquèle, une ville de Londres transfigurée, un mystérieux semble pouvoir atténuer sa douleur. Jusqu’au jour où elle affirme mobile et de nombreux personnages loufoques tissent la trame de ce que sa petite Lydie lui a été rendue… roman de fiction apocalyptique. Une histoire surprenante mais très touchante et très humaine qui parle de Ceci n’est pas un conte philosophique, encore moins à clefs politiques ou l’amour maternel et de la solidarité qui peut exister entre les gens. Une religieuses ou à références scientifiques. Wonderful est une aventure poétique issue d’un cerveau à bande dessinée qui interroge également sur le pouvoir de l’esprit et de sa l’imagination prolifique et débridée. Notre auteur marseillais se plait entre autre à réinventer une capacité à rendre réel ce qui ne l’est pas. Le graphisme simple, sans mythologie planétaire qui sert de théâtre à l’ultime quête de ce chevalier du XXIe siècle. Il faut savoir fioritures, est en accord total avec l’histoire et les personnages. quitter ses repères cartésiens pour se laisser entraîner et vite charmer par cette surprenante histoire. Ce roman est à lire si possible sur un court laps de temps afin d’éviter d’avoir à se replonger dans l’univers si particulier de l’auteur…

2 19 LE WOMAN SHOW Katrin’ WAL(D)TEUFEL/ Chanson francophone TACET, 2010 / Ecouté par Régis PRIEM

Pour se démarquer des nombreuses autres artistes dans sa catégorie, Katrin’ Waldteufel a choisi l’évidence : elle chante en s’accompagnant uniquement d’un violoncelle. Et dans le genre chanteuse violoncelliste je ne connaissais que la canadienne Jorane LA FORTUNE DE SILA qui connut son heure de gloire en 1999 avec son « Vent fou Roman/ Fabrice HUMBERT/ ed. Le Passage ». Katrin’ Waldteufel est l’arrière-arrière-petite-nièce d’Emile Lu par Vincent SOUVERAIN Waldteufel, le célèbre inconnu qui a composé la valse « Amours et printemps » qui a servi de générique à l’émission Ciné-club. Elle- A travers les destins croisés de 7 personnages, Fabrice Humbert même est professeur de violoncelle et montre une dextérité dans dresse un portrait de la société contemporaine, dominée par la l’accompagnement de ses chansons. Sur les 12 titres de l’album, 11 sont de son cru et elle y use modernisation et le capitalisme sans bornes, symbolisé par la crise tour à tour de poésie, d’humour, de tendresse. Ses chansons parlent d’amour avec ses difficultés (« financière de 2008. De l’oligarque russe qui profite bassement de Check-up », « Je t’ai pardonné », « C’est pas la peine », « Corde sensible »), mais aussi ses joies (« l’écroulement de l’empire soviétique, au sportif américain déchu Matin »), d’humour (« Depuis que j’suis en vie », « J’veux garder ses amis », « Tilleul menthe » avec spéculant sur l’immobilier, l’auteur moralise sur les échecs de cette son final déjanté). Ma préférence va à « Quoique », pleine de rythme, au texte écrit de manière course effrénée à l’argent, l’avidité et la vilité des individus, mais aussi intelligente, où elle invite le public à participer. La reprise de l’album est « L’affiche rouge » (Louis sur les tentatives de rédemption. On comprend vite que la fortune Aragon / Léo Ferré) qu’elle interprète avec une belle émotion. Ma seule réserve tient au timbre de des uns n’est pas celle des autres. Point d’orgue de cette réflexion, sa voix qui ne m’accroche pas. Un disque à découvrir. le personnage central du roman : Sila. Sa fortune se trouve dans la pureté et l’innocence de ses actes. A la fois candide et déterminé, il ne s’apitoie jamais sur son sort et parvient à creuser sa voie, et s’il LEAVE YOUR SLEEP apparaît d’abord comme une victime, il va laisser une trace chez chacun des personnages. Nathalie MERCHANT / Rock, variété internationale Mieux vaut ne pas révéler la première scène du roman, celle qui unit les personnages et symbolise NONESUCH, 2010 Ecouté par Pascale CLAVET la lâcheté des uns face à la bienveillance des autres, et l’ambivalence de la société actuelle. L’écriture est aussi prenante par la richesse des analyses des effets nocifs du capitalisme, que par les histoires Ce Cd est une sélection de 16 titres de l’album « Leave your des personnages qui vont eux-mêmes connaître des moments forts, mais aussi des douleurs et des sleep » qui lui contient 26 morceaux. Il aura fallu 7 ans à Natalie ruptures. La qualité de l’écriture est également rendue par l’étude fine de la psychologie des Merchant pour concrétiser son projet, à savoir sélectionner et e e personnages. Un roman puissant, sans pathos, et d’une extrême justesse. Un bon moment de lecture. mettre en musique des poèmes du XIX début XX siècle de la littérature anglo-saxonne traditionnelle, qui étaient tombés dans l’oubli.

Nous tenons là un album d’excellente facture, qui s’écoute paisiblement, tout en douceur. Au fil des plages on passe du folk, au reggae ,et au blues. Les différents morceaux sont d’une grande qualité musicale grâce notamment à une grosse production instrumentale.

18 3 A SERIOUS MAN L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS Comédie / Réal : Ethan et Joël Coen 2010 Réal. Terry GILLIAM Vu par Régis Priem Fantastique / Vu par Christophe DESFOSSEZ

Aux prises avec des désordres familiaux et professionnels, le sort Ce film est le 11ème long métrage de Terry Gilliam qui est le réalisateur semble s’acharner sur Larry Gopnik, professeur de physique quantique de « Brazil », « L’armée des 12 singes » et « Las Vegas Parano » entre en attente de titularisation à l’université. Sa femme Judith demande le autres. Les fans des Monty Python savent qu’il est l’américain de la divorce pour épouser leur ami, Sy Ableman, veuf depuis trois ans. bande d’allumés qui a sévit à la BBC au début des années 70. Le docteur L’ambiance familiale est plombée par les enfants : la fille est obsédée par Parnassus est un homme âgé de 1000 ans qui, de nos jours, est à la tête son apparence ; le fils écoute son walkman à l’école hébraïque pour d’un théâtre ambulant. Il offre aux gens la possibilité de se projeter dans tromper l’ennui ; enfin son frère squatte le canapé depuis des mois, leur imaginaire en passant au travers d’un miroir. Ses pouvoirs, le passe son temps à jouer et finit par avoir des problèmes avec la police. docteur, les a obtenus en passant un pacte avec le diable.

Ce film est une comédie empreinte d’humour noir et particulièrement Les différents visages de Tony sont incarnés par Heath Ledger, Johnny Depp, d’humour juif. Mais montrer ainsi l’archaïsme des traditions juives ne m’a pas réjoui mais plutôt Jude Law et Collin Farell, l’excellent Christopher Plummer est le docteur Parnassus et le diable est ennuyé. Rien à voir avec les films précédents des frères Coen que j’avais beaucoup aimés (« Fargo remarquablement interprété par le grand Tom Waits, le célèbre chanteur, musicien et auteur », « The big Lebowski », « O’brother », « No country for old man »). Déception donc. compositeur californien. La note triste de ce film, c’est le décès accidentel d’Heath Ledger au beau milieu du tournage, ce qui a contraint Terry Gilliam à changer le scénario et a donner plusieurs visages au personnage de Tony.

MOJO TOM PETTY & THE HEARTBRAKERS LES REGRETS Rock, variété internationale / Warner Bros Comédie dramatique / Réal. Cédric Kahn Ecouté par Christophe DESFOSSEZ Vu par Pascale CLAVET

Depuis « The last DJ » sorti en 2002, Tom Pretty et ses Heartbrakers Mathieu Lievin, 40 ans, architecte parisien, prend la route pour rejoindre n’avaient pas retrouvé le chemin des studios. C’est enfin fait avec « la ville de son enfance où sa mère vient d'être hospitalisée. Dans la rue, Mojo », pour le plus grand bonheur des fans de ce chanteur de rock il croise Maya, son amour de jeunesse, qu'il n'a pas revue depuis quinze né en 1950 en Floride. Pour ceux de ma génération, il a toujours fait années. Accompagnée d'un homme et d'une petite fille, elle ne lui parti du paysage Rock n’Roll dont il est un membre connu et reconnu adresse pas la parole. Deux heures plus tard, le téléphone sonne dans et cet album est le 14ème qu’il vient de faire son groupe fétiche. Pour la maison familiale : c'est Maya qui l'invite à venir la retrouver chez elle. les fans, pas de déception, « Mojo » c’est du lourd, du très bon, un Il hésite un court instant puis accepte... super moment de plaisir a déguster les 15 titres finement ciselés par Tom et ses potes. Ecoutez, savourez et si vous pouvez, regardez les Bien que certains clichés sur la relation amoureuse apparaissent rapidement, clips sur le net, vous rentrerez encore mieux dans l’ambiance de l’album et vous aurez envie de vous ce film m’a beaucoup plu notamment pour les sujets difficiles qu’il aborde glisser au milieu de cette bande et de jammer avec eux. Petit coup de cœur pour le très beau « (deuil, adultère, famille).C’est aussi et surtout l’interprétation dYvan Attal et Valeria Bruni-Tedeschi qui something good coming », mon petit chouchou parmi les excellents titres de cet album. Dernière parviennent à faire ressentir au spectateur qu’ils sont en décalage par rapport à leurs attentes de remarque, Tom Petty a aussi produit quelques solos dont le magnifique « Wildflowers » l’un vis-à-vis de l’autre, et que leur histoire a été et sera douloureuse. (1994) disponible à la médiathèque et qui lui aussi est absolument à découvrir.

4 17 PAIX A NOS OS… Hervé CHRISTIANI Chanson francophone / OVSD Production Ecouté par Rolande HOUSSOY

Avec « Paix à nos os », album de 14 chansons, Hervé Cristiani revient sur le devant de la scène en 2008. Certains connaissent «Il est libre Max», succès populaire dans toutes les bouches en 1981 et peut-être moins «Antinoüs» inspirée des «Mémoires d’Hadrien» de Marguerite Yourcenar en 1900 2007. Drame / Réal. Bernardo Bertolucci Hervé Cristiani est un musicien et guitariste d’école Blues et folk Vu par Rolande HOUSSOY associant rythmes et sensualité à sa musique. Ses paroles, qu’on voudrait nôtres, sont influencées par l’histoire, celle des religions, sa culture littéraire de tout poil. Fresque gigantesque (45 ans d’histoire italienne au XXe siècle) Ses textes sont d’un goût exquis et ne laissent personne insensible. Chanteur engagé, il sait très bien dépeignant un régime autoritaire, l’opposition entre les paysans reproduire ses émotions et les nôtres dans ces titres « Le Don de donner », « Florentine « . Il dit nos communistes et leurs maîtres, les inégalités et les luttes sociales bleus au cœur avec « On voudrait vous s’dire » ou « Petite menteuse ». En particulier, nos coups de dans un vignoble de la région d’Emilie en Italie et l’inexorable gueule avec « Une Seconde avant » et « Alouette ». C’est en toute simplicité qu’il nous fait partager montée du fascisme. Son réalisateur Bernardo Bertolucci y fait les petits bonheurs de la vie, « La fille qui danse » et sa joie de vivre dans « Les sous-bois ». Beaucoup passer ses propres convictions de gauche, via une très belle histoire de douceur dans ce monde de brute… A consommer sans modération !!! mettant en scène deux amis d’enfance : Alfredo Berlinghieri, petit fils d’un riche propriétaire et celui d’Omo Dalco fils d’un contremaître, que leurs origines séparent. Ils seront témoins et acteurs de cette THE ROUGH GUIDE WORLD FOR CHILDREN époque cruelle et déréglée sur fonds de misère et d’addictions.

COMPILED BY JOHN AMSTRONG Interdite dans plusieurs pays, cette version (censurée deux fois) comprend Musique du monde / World Music Network, 2010 beaucoup trop de violence et de sexualité malsaine. Donald Sutherland, dans le rôle du contremaître Ecouté par Monique CAPLIER fasciste et membres des « Chemises Noires » y interprète magistralement des scènes d’une cruauté et d’un réalisme saisissant, détrônant Robert De Niro et Gérard Depardieu pourtant très présents. Je vous laisse juge de l’épilogue théâtral. Pour ma part, je ne garderai que les très belles images d’une C’est un album de musiques du monde à destination des charrue tirée par quatre bœufs magnifiques creusant un profond sillon dans la campagne italienne. enfants comme son titre l’indique et de tout le monde comme Le cœur un peu moins lourd, après tant d’horreur, le réalisateur a voulu que l’amitié surmonte toutes cela ne l’indique pas. C’est gai, tonique, bien joué et ça donne les épreuves. Permettez-moi d’en douter… envie de danser et de monter le son. Il y a du mambo, du ska, de la musique klezmer, du folk irlandais et américain, des sons africains, chinois, brésiliens, cubains et turcs.

C’est vrai que c’est une bonne introduction pour les enfants à la musique et à la danse. La compilation vise les enfants sortant de l’école maternelle : du coup, il y a des classiques comme le thème de la panthère rose (Pantera mambo), de la flûte irlandaise (Hillbrook reels), de la danse du Mozambique (Mabulu) et bien d’autres choses. Le tout pour former les jeunes oreilles à d’autres musiques que celle de la « Star ac » et au plaisir de courir le monde avec ses pavillons auriculaires. 16 5 GARDIENS DE L’ORDRE Policier / Réal. Nicolas Boukhrief Vu par Monique Caplier

Julie et Simon sont des gardiens de la paix lambda affectés à des opérations de routine. Au cours d’une intervention nocturne ils blessent grièvement un jeune cadre, fils de député qui vient de tuer un de leur collègue sous l’emprise d’une drogue inconnue. Ils décident de mener leur propre enquête afin de s’innocenter aux yeux de leur hiérarchie. GO J’ai bien aimé l’atmosphère du film, décors soignés, commissariat sans âme, quotidien gris et monotone. Ambiances de nuit particulières : la rue, JONSI / Rock, variété internationale / EMI, 2010 l’intérieur des boites de nuit, maisons sans vie…Malgré quelques Ecouté par Laurent DEWUITTE invraisemblances dans le scénario, j’ai cru à ce couple qui décide de jouer aux justiciers. Cécile de France et Fred Testot utilisés à contre emploi se révèlent très bons dans le C’est le troisième projet solo de Jon Thor Birgisson, guitariste registre du polar et Julien Boisselier campe un méchant patron de boite sans scrupules. Le contexte et chanteur du groupe islandais Sigur Ros. Cet opus au format social et politique contemporains, rapports hiérarchiques, conflits d’intérêts, intrusion du politique et original -9 titres sur 40 minutes- est censé regrouper ses du trafic d’influence dans les procédures, oriente le film vers la critique sociale. Bon film qui renouvelle titres ne correspondant pas à la « philosophie » du groupe, un peu le polar à la française avec beaucoup d’action, du spectaculaire et une analyse psychologique mais il s’agit du même « son » et seuls les textes, ici en anglais intéressante des deux héros. diffèrent. On notera également la contribution d ’Antony and the Johnsons sur cet album.

Après les premiers titres rythmés, joyeux, et richement THE BACHELOR instrumentés, on bascule dans la mélancolie puis littéralement dans Rock, variété internationale /BLOODY CHAMBER MUSIC, 2010 une atmosphère post-apocalyptique. Les mélodies, intemporelles et magnifiquement planantes, Ecouté par Sébastien VERRIEST évoquent les paysages lunaires de l’Islande. Un véritable feu d’artifice musical, épique et symphonique où la voix de fausset du chanteur fait merveille avec de véritables démonstrations de est un chanteur, compositeur et musicien anglais. Il force. joue de nombreux instruments, parmi lesquels le violon, l'alto, le A l’écoute, le frisson est au rendez-vous, on touche, à mon sens la perfection ; le vide sidéral ressenti ukulélé, la guitare et le . « The Bachelor » est son quatrième après le dernier morceau, fait qu’il est difficile de s’empêcher de le remettre au début !... album, et le premier financé par des internautes. Il a entre autres remixé le « Army of me » de Björk.

C’est album kaléïdoscopique. A la fois électro, pop, rock, folk, Patrick Wolf nous emmène –que cela plaise ou non à celui qui l’écoute- exactement là ou il veut nous emmener. Grandiloquent, mégalomane, et flamboyant, son mélange des genres réjouira certains comme il en agacera d’autres, comme son timbre de voix et son chant maniéré qui n’est pas sans faire penser à un certain David Bowie. Je l’avais découvert avec son album précédent « » sorti en 2007 et il prouve avec « The Bachelor » qu’il maitrise toujours aussi bien son sujet.

6 15 MOTHER I LOVE YOU PHILLIP MORRIS Thriller / Réal. BONG JOON HO Comédie / John Requa & Glenn Ficarra Vu par Sébastien Verriest Vu par Christine HANNEDOUCHE

Une veuve élève son fils unique Do-joon qui est sa seule raison d'être. Steven, interprété par Jim Carrey, méconnaissable, est sur son lit de A 28 ans, il est loin d'être indépendant et sa naïveté le conduit à se mort, il nous délivre son histoire : flashback ! Suite à l’annonce de son comporter parfois bêtement et dangereusement, ce qui rend sa mère adoption par sa famille, il décide d’être le meilleur fils. Il fonde une anxieuse. Un jour, une fille est retrouvée morte et Do-joon est accusé famille, et va chercher à retrouver sa mère biologique. Rejeté, il décide de ce meurtre. Afin de sauver son fils, sa mère remue ciel et terre mais de vivre sa vie de gay, et afin d’assurer son niveau de vie, commet l'avocat incompétent qu'elle a choisi ne lui apporte guère d'aide. La quelques escroqueries. police classe très vite l'affaire. Comptant sur son seul instinct maternel, ne se fiant à personne, la mère part elle-même à la recherche du C’est à la case « prison » qu’il rencontre Phillip Morris, alias Ewan McGregor. meurtrier, prête à tout pour prouver l'innocence de son fils... Une histoire vraie, sur tout ce qu’un homme est prêt à faire pour l’amour d’un autre homme, entre ingéniosité et sacrifice. J’ai particulièrement aimé les répliques inattendues ; et J’ai été touché par ce magnifique portrait de mère et de femme en général les effets comiques, le contraste entre une certaine gravité traitée avec légèreté ; le décor et la couleur qu’offre le réalisateur à son actrice principale ; c’est, comme l’indique le titre, la clef de voute du film, ; le rythme ; la performance de Jim Carrey (et sa perte de poids !) ; et un scénario surprenant à son point de vue dans l’intrigue. La mise en scène est maitrisée et inventive, le climat est à la fois l’épilogue inattendu. tendu, pesant et imprégné de cynisme et de dérision. Ce film alterne non seulement les changements de rythmes, mais aussi les magnifiques images en plan statiques et d’autres beaucoup plus travaillés et structurés. On pourra juste déplorer quelques longueurs.

LOVE AND ITS OPPOSITE AVEC DES MAINS CRUELLES Roman/ Michel QUINT/ ed. Joëlle Losfeld Tracey THORN /Pop / Strange Feeling Records, 2010 Lu par Bruno BLONDEL Ecouté par Christine HANNEDOUCHE Dom, le patron du bar Dominus Bier, vient d’acheter la maison d’un Auteur, compositeur, interprète britannique ; Tracey THORN n’a photographe, Rop Claassens, mort pendant une prise d’otages dans un pas moins de 28 ans de carrière derrière elle. C’est un troisième lycée lillois. Avec Laura, sa serveuse, Dom découvre les archives de cet opus solo, mais déjà 16 albums avec « Everything but the Girl », homme collectionneur et quelque peu misanthrope et un monde groupe formé avec son mari Ben Watt. Divorce d’avec une major incroyable lui saute aux yeux ; la bande à Bonnot au temps de pour un petit label indépendant, divorce de son mari ? Peu l’anarchisme mais aussi les SS wallons de Léon Degrelle, la grande importe… Histoire et la petite, la chute du mur de Berlin… Pochette de disque intrigante ; la photo d’enfance, la vie de couple, et en avant les visages griffonnés ; voilà le thème de cet album « J’ai apprécié de me balader dans les rues de Lille, les environs de Tourcoing folk rock britannique », une variation sur le thème du divorce et de l’usure des sentiments. et Bruxelles, en terrain connu. On y croise beaucoup de personnages qui sont finalement tous reliés d’une façon ou d’une autre. Un très bon roman écrit dans un style vif et J’ai aimé l’acoustique de l’album ( comme un retour aux sources), la voix impeccable de l’interprète, énergique. empreinte d’émotion, les textes « simples mais efficaces » et l’ambiance mélancolique générale…Avec un coup de cœur particulier pour le premier titre, une ballade triste avec un piano, une voix et des violons : « Oh the divorces ! ».

14 7 VIVEMENT L’AVENIR LES ASSOIFFÉES Roman/ Marie-Sabine ROGER/ ed. Le Rouergue Roman/ Bernard QUIRINY/ ed. Seuil Lu par Céline LEROUX Lu par Vincent SOUVERAIN

Récit à deux voix, ce roman nous fait partager la vie d’Alex et Cédric. Tout commence dans les années 70 quand une révolution renverse le Alex, 30 ans, est une jeune femme éprise de liberté. Depuis 4 mois, pouvoir belge, une révolution inédite puisqu’elle est féministe. 40 ans elle loue une chambre chez Marlène et Bertrand, couple habitué aux plus tard, la Belgique est devenue un empire autarcique. Deux récits sautes d’humeur hystériques de Marlène. Y vit également, le frère cohabitent et se complètent dans le roman : d’abord la visite officielle handicapé de Bertrand, dont la présence insupporte Marlène qui le d’un groupe de 5 intellectuels français. Sympathisants de la cause malmène. Alex se prend d’affection pour ce jeune homme. En se féministe, ils se font promener dans tous les hauts lieux de la révolution promenant, ils rencontrent Cédric, trentenaire vivant encore chez sa belge, sans jamais être en contact avec la réalité. Le deuxième récit mère et ne sachant pas ce qu’il veut devenir. Une amitié nait entre ces dévoile via le journal intime d’une belge, Astrid, l’envers du décor et la personnages qui les feront se dépasser pour eux-mêmes et pour les réalité tyrannique et ubuesque où les relations hétérosexuelles sont autres. proscrites et où les hommes doivent s’émasculer s’ils veulent un traitement égalitaire ! Le roman est construit autour d’une série de chapitres très courts (2-3 pages), ce qui rend la lecture facile et passionnante. On se retrouve d’emblée captivé par l’histoire et le destin de ces personnages A travers la parodie d’un féminisme exacerbé, Bernard Quiriny dresse un portrait satirique et acerbe à priori banals mais qui n’en finiront pas de surprendre le lecteur. Un récit magnifique sur les des excès du totalitarisme. Cette réflexion est habilement renforcée par une critique très amusante rapports humains, la tolérance, l’ouverture vers les autres et qui fait passer le lecteur par toutes de l’aveuglement de certains intellectuels qui voient dans cet empire la promesse d’un état idéal et sortes d’émotions. Les personnages sont très attachants et poussent à la réflexion. Les exemples de égalitaire. La richesse des péripéties et des découvertes d’un pouvoir extravagant donnent un rythme Cédric et Olivier nous invitent à réfléchir sur l’idée d’indépendance, d’émancipation par rapport à la soutenu au roman. L’écriture, teintée d’ironie, atténue la cruauté et laisse libre cours au grotesque. cellule familiale. Bouleversant. Après tout, mieux vaut rire et rester sur le sentiment qu’il ne s’agit là que d’une histoire belge…

DONNE-MOI TES YEUX GRANDS ZHEROS DE L’HISTOIRE DE FRANCE Roman Policier étranger/ Torsten PETTERSSON/ ed. SW Télémaque Lu par Lucie BOIVIN Documentaire/ Clémentine PORTIER-KALTENBACH/ ed. JC Lattés Lu par Nadine COUAILLIER Le commissaire Harald Lindmark se voit confier l’enquête de la mort d’une jeune femme retrouvée mutilée dans un parc, nue, les L’histoire de France a ses héros mais on ne connaît pas vraiment ses orbites vides et un « A » gravé sur le ventre… nuls, ses losers. Des rois fainéants à l’orée du XXe siècle, tous y passent. L’auteur distingue 3 catégories de « nuls » : les faux nuls, les « héros » La 4e de couverture fait penser à un suspens intenable mais c’est de mer et les vrais nuls. soporifique, très décevant. Tour à tour, l’auteur « habite » les personnages, s’adresse au lecteur. Le livre est écrit comme un scénario de film avec Ils sont responsables d’une partie de l’histoire et ils méritent d’être didascalies et détails dont le lecteur n’a aucunement besoin. On y trouve connus ! On s’amuse à revisiter l’histoire de France sous un angle moins « des invraisemblances, les personnages ont très peu de lien entre eux ; je glorieux » et officiel mais néanmoins très instructif. Ce panaché de « Zhéros me suis ennuyée, même parfois endormie à la lecture de ce roman. On y », décrit avec beaucoup d’humour-parfois même vachard- donne une vision trouve difficilement un intérêt ! complémentaire passionnante.

8 13 CADAVRE EXQUIS AMÉRAK Bande Dessinée/ Pénélope BAGIEU/ ed. Gallimard Documentaire/ Adrien JAULMES/ ed. des Equateurs Lu par Bérengère SEDE Lu par Philippe VANDENDRIESSCHE

Zoé, jeune Parisienne de 22 ans est hôtesse d’accueil dans des salons Adrien Jaulmes, grand reporter au FIGARO, a vécu plusieurs semaines d’expositions…Elle vit jour après jour sans goût, inculte entre un le quotidien des forces américaines en IRAK. Il a accompagné les copain beauf au chômage et ses jobs plus nuls les uns que les autres. patrouilles qui ne sortent de leurs zones de retranchement sécurisées Pendant une pause-déjeuner, elle croise le regard d’un homme depuis ("AMERAK") qu'en convois pour soutenir l'INA (armée nationale la fenêtre de son appartement et sonne chez lui pour utiliser ses iraquienne) et tenter de garder (reprendre?) le contrôle de certains toilettes. Il s’appelle Thomas et vit cloîtré… régions.

J’ai été déçue à la lecture de cette BD car autant le coup de crayon est L’auteur manie la plume comme d'autres la camera. Avec lui nous agréable comme la palette de couleur utilisée, autant le scénario est morne, embarquons dans un IRAK déchiré, détruit, complexe et sans issue. Il ne se fade. Pour moi, même la fin, sensée nous bluffer est trop décalée par contente pas de descriptions et témoignages. Il replace son enquête dans rapport aux personnages. Les dessins sont incisifs et drôles avec un vrai l'histoire millénaire du pays avec honnêteté et lucidité sans parti-pris affiché. talent pour croquer l’air du temps (très bobo, toutefois). Lecture légère qui m’a laissée sur ma faim. Un constat de plus sur l'imbécillité de la guerre fut- elle légitimée pour certains par le droit C’est sympathique à lire, mais le scénario est bien faible, improbable, même et ne m’a pas accroché. d'ingérence. (« Nul n'a jamais vu la couleur du sang des bons apôtres »). On quitte ces 140 pages L’histoire est peu crédible et rend moins sympathique l’héroïne que je préférais en « loseuse ». en regrettant que l'auteur n'ait pas eu la possibilité de poursuivre son reportage dans l'autre camp (mais heureux qu'il soit vivant).

OTAGE Roman/ Elie WIESEL/ ed. Grasset UN LONG DESTIN DE SANG : acte 1 Lu par Bruno BLONDEL Bande Dessinée / BOLLÉE/ BEDOUEL / éd. 12 bis Lu par Nadine COUAILLIER 1975, Shaltiel Feigenberg, conteur juif américain, se fait enlever en plein jour à Brooklyn. Séquestré et torturé, il fuit le présent et se Des photos de soldats morts dans d’étranges circonstances au réfugie dans son passé pour ne pas sombrer. Ses geôliers, Ahmed, cours de la première guerre mondiale sont découvertes par un palestinien féroce et enragé et Luigi, un Italien qui a épousé la cause journaliste en 1918. Celui-ci décide alors de mener l’enquête… palestinienne sont prêt à tout et même à tuer pour la Palestine. Ce volume est le premier tome d’une série qui devrait se dérouler en deux « Nous sommes avant tout otage de la mort, de notre passé. » (Elie « actes » comme le précisent les auteurs en page de garde. Ce tome est Wiesel). Le style est très sobre, presque cinématographique, avec des donc simplement la mise en place des personnages et des situations. Les changements de plans fréquents, des points de vue différents. J’ai aimé les images sont sombres comme l’histoire est sobre. On attend malgré tout le rapports de Shaltiel avec son père qui démontrent qu’il y a aussi une vie tome suivant… juive heureuse. Ce roman qui, outre l’aspect métaphysique, fait écho à différents événements m’a fait me poser beaucoup de questions. Bref, une histoire dont on ne sort pas indemne.

12 9 LE TROISIÈME JOUR Roman étranger/ Chochana BOUKHOBZA/ ed. Denoël Lu par Bernadette BARON

Trois jours avant un grand concert, Elisheva, violoncelliste de renom et son élève Rachel, arrivent à Jérusalem. Cela fait 5 ans que Rachel suit Elisheva qui l’a prise sous son aile. Elles ont vécu principalement à New-York. Rachel appréhende « ses retrouvailles » avec sa famille, ses amis…Elle y retrouve Eytan, son amour perdu. Il doit être FÉROCES prochainement papa mais une relation débute entre eux. Pendant ce Roman étranger/ Robert GOOLRICK/ ed. Anne Carrière temps, Elisheva, ancienne déportée, prépare sa vengeance : tuer Lu par Céline LEROUX Hunker, dit le bourreau, le médecin nazi, tortionnaire de ses anciennes compagnes, réfugié au Venezuela. Avec l’aide de Daniel, son filleul, traqueur de nazis et de Carlos, diplomate auprès du Vatican, Roman cruel et impitoyable, « Féroces » ne peut laisser indifférent… nous assistons à la mise en scène de ce meurtre. Dans ce récit qui tourne autour du secret de famille et des C’est une aventure humaine où l’on voit des personnages évoluer au son des musiques de Bach, bouleversements irrémédiables que cela engendre, Robert Goolrick nous Fauré, Schubert et Dvorak ; une musique qui les a à la fois sauvés et détruits. J’ai beaucoup aimé livre une confession brûlante et ne peut que décontenancer le lecteur. ces trois jours qui vont bouleverser la vie et l’avenir de ces personnages. Nous sommes de suite plongés dans l’Amérique des années 50 où les apparences l’emportent sur tout ; où même fauchés, il faut savoir se faire admirer et briller au cours de cocktails presque quotidiens. Une société dans laquelle les Goolrick font l’unanimité et sont admirés de tous. La MENSONGES D’ETATS première partie du roman nous décrit ce microcosme avec légèreté et Film de guerre / Réal. Ridley Scott sur un ton décalé. On s’amuse de leur futilité, de leurs petites Vu par Laurent DEWUITTE mesquineries…Pourtant, très progressivement, le récit change de ton et l’auteur devient grave jusqu’à nous faire une terrible révélation qui change le cours du roman. De Ancien journaliste blessé pendant la guerre en Irak, Roger Ferris est roman, il n’est guère plus question, le lecteur est brutalement et violemment confronté à un drame recruté par la CIA pour traquer un terroriste basé en Jordanie. Afin familial, raconté avec gravité, amertume et rage. On ne peut rester insensible à ce récit qui dérange. d'infiltrer son réseau, Ferris devra s'assurer le soutien du très roué La narration est très habile dans son changement de ton. L’auteur nous livre une confession sans vétéran de la CIA, Ed Hoffman et du chef des renseignements pitié ni pathos mais que l’on reçoit comme une gifle tant on est pris par la surprise. La confession jordaniens, peut-être trop serviable pour être honnête. Bien que ces est sans complaisance et peut parfois heurter la sensibilité du lecteur… deux là soient censés être ses alliés, Ferris s'interroge : jusqu'où peut-il leur faire confiance sans mettre toute son opération - et sa vie - en danger ?

Les prestations de Léonardo DiCaprio et Russell Crowe sont impeccables. L’écueil de la caricature est évité ; on sent très bien que le réalisateur aime le Moyen Orient. C’est notamment traduit par le rôle de DiCaprio dans la peau d’un espion américain en Irak et qui aime le pays où il se trouve, au contraire de sa hiérarchie, basée dans les bureaux aux USA. Dans le même sens, la dureté quotidienne est plutôt bien retranscrite, on évite les clichés sur le monde arabe et l’opposition « bons/méchants ». Bien qu’efficace, ce « thriller d’espionnage high tech » pâtit cependant d’une intrigue pas assez solide, et d’un scénario trop linéaire. 10 11