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Table des matières Table des matières ------3 Programme ------5 Biographie et résumé des intervenants ------10 Frédéric Alchalabi (Université de Nantes) ------10 Amélie Bernazzani (CESR, Tours)------11 Louis-Gabriel Bonicoli (Université Paris-Ouest-Arscan, équipe THEMAM) ------12 Laurence Buchholzer (Université de Strasbourg) ------14 Olivier Richard (Université de Mulhouse) ------14 Christelle Chaillou (EPHE)------15 Diane Chamboduc de Saint-Pulgent (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) ------16 Morwenna Coquelin (EHESS, Gahom et Université de Bourgogne, ARTeHIS) ------17 Els De Paermentier (Université de Gand) ------18 Emiliano Degl’Innocenti (Università di Firenze) ------20 Beatrice Delaurenti (EHESS)------21 Sophie Delmas (UMR 5648 - Université Lyon II) ------22 Adele Di Lorenzo (Università degli Studi di Siena) ------23 Elyse Dupras (Cégep de Saint-Jérôme, Québec) ------25 Irène Fabry-Tehranchi (Paris III Sorbonne Nouvelle-ENS) ------27 Luca Fois (Università degli studi di Milano) ------28 Laure Gevertz (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) ------29 Daniel Gregorio (Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, FLLASH) ------30 Marie-Geneviève Grossel (Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis) ------32 Amel Guellati (Université du Havre) ------33 Pierre-Henri Guittonneau (Université de Lorraine) ------35 Anne Ibos-Augé (Paris-Sorbonne, Laboratoire Patrimoines et Langages Musicaux) ------36 Nejmeddine Khalfallah (Université de Lorraine) ------37 Sándor Kiss (University of Debrecen, Hongrie) ------39 Elena Koroleva (Université Saint-Tikhone, Moscou) ------40 Claire Lamy (GDR 3177 Diplomatique médiévale) ------42 Bruno Laurioux (Université de Versailles-Saint-Quentin) ------43 Michel Lefftz (Faculté Universitaire Notre-Dame de la Paix, Namur) ------44 Arnaud Lestremau (Université Panthéon-Sorbonne Paris I) ------45 Romina Luzi (EHESS) ------46 Imre Gábor Majorossy (Katholische Péter-Pázmány-Universität, Hongrie) ------48 Anne Mathieu (Université Paul Valéry-Montpellier III) ------50 Julie Mercieca (Université de Bourgogne) ------51

-3- Stephen Morrison (Université de Poitiers) ------53 Ryan Max Riley (Yale University) ------53 Timothy Salemme (Centre de Médiévistique Jean Schneider) ------55 Jean-Baptiste Santamaria (Université de Lille III) ------57 Federico Saviotti (Collège de France) ------58 Henri Simonneau (IRHIS, Université Lille 3) ------59 Alessandra Stazzone (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) ------59 Colette Stévanovitch (Université de Lorraine) ------61 Claire Vial (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle) ------61 Nancy P. Stork (San Jose State University, Etats-Unis) ------63 Irène Strobbe (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) ------64 Marina Toumpouri-Alexopoulou (Evêché de Limassol, Chypre, et IRHIS, Université de Lille 3) --- 65 Yoanna Tsvetanova (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) ------67 Sabina Tuzzo (Università del Salento) ------69 Gianluca Valenti (Sapienza Università di Roma) ------71 Alexandra Velissariou (Université du Littoral Côte d’Opale) ------74 Christine Voth (University of Cambridge) ------75 Aude Wirth-Jaillard (Technische Universität Dresden-Université catholique de Louvain) ------77

-4- Programme

Formulas in Medieval Culture Second International Interdisciplinary Conference Nancy – Metz (France), June 7-9, 2012

Jeudi 7 juin 2012, Nancy, Maison des Sciences de l’Homme

9h Accueil et inscriptions 9h15 Introduction

9h30-12h20 Salle internationale (324) – Session 1a : Arts Présidence : Prof. Patrick Corbet

Yoanna Tsvetanova (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) Formalisation de la promesse de salut et de l’espoir de l’au-delà dans les fresques byzantines Michel Lefftz (Faculté Universitaire Notre-Dame de la Paix, Namur) Formules et styles dans la représentation sculptée de la chevelure au Moyen Âge : jalons pour une grammaire formelle du système pileux 11h-11h20 Pause Christelle Chaillou (EPHE) Motif, formule et ‘intermélodicité’ dans les chansons des troubadours Anne Ibos-Augé (Paris-Sorbonne, Laboratoire Patrimoines et Langages Musicaux) Récurrences et formules mélodiques dans le roman de Renart le Nouvel

9h30-12h20 Salle 322 – Session 1b : Diplomatique Présidence : Prof. Michel Bur

Arnaud Lestremau (Université Panthéon-Sorbonne Paris I) Cuidam meo fideli ministro : nommer les individus dans les chartes Els de Paermentier (Université de Gand) Instruments of administrative identity and princely power. Repetitive protocol and dispositive text formulas in the charters of the count(ess) of Flanders and Hainaut Morwenna Coquelin (EHESS, Gahom et Université de Bourgogne, ARTeHIS) La prudence et l’amitié. Politique et imaginaires urbains au miroir de la correspondance erfurtoise 11h-11h20 Pause Luca Fois (Università degli studi di Milano) Immutabilità delle forme, duttilità dei contenuti attri privati milanesi del xiii secolo Aude Wirth-Jaillard (Technische Universität Dresden et Université catholique de Louvain) Formules et variations dans les documents comptables médiévaux.

-5-

14h00-16h20 Salle 322 – Session 2a : Littérature Présidence : Prof. Venceslas Bubenicek

Imre Gabor Majorossy (Katholische Péter-Pázmány-Universität, Hongrie) Blutiger Beweis als formaler Liebesausdruck bei Ulrich von Liechtenstein (Vrouwen dienest) und Marie de France (Laüstic) Sándor Kiss (University of Debrecen, Hongrie) Tradition et innovation dans le « formulaire » du lyrisme courtois 15h-15h20 Pause Irène Fabry-Tehranchi (Paris III Sorbonne Nouvelle-ENS) Mise en abîme de l’écriture : le développement formulaire et iconographique des rencontres entre Merlin et Blaise Marie-Geneviève Grossel (Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis) Peut-on parler de formule dans la chanson de trouvères ?

14h00-16h20 Salle internationale (324) - Session 2b : Diplomatique Présidence : Prof. Michel Bur

Adele Di Lorenzo (Università degli Studi di Siena) I proemi delle donazioni ‘pro anima’ nella documentazione pubblica greca e latina del Mezzogiorno d’Italia (secc. XI-XII) Timothy Salemme (Centre de Médiévistique Jean Schneider) Les « arenghe » dans les préambules des actes de donation d’aire milanaise (XIe-fin XIIe siècle) 15h-15h20 Pause Nancy Stork (San Jose State University, Etats-Unis) Liturgies of the law : formulaic expressions in the Inquisition records of Jacques Fournier Claire Lamy (GDR 3177 Diplomatique médiévale) L’abbaye de Marmoutier et sa production écrite (1040-1150) : formules en usage au scriptorium monastique et dans les dépendances

17h00 Salle Raugraff Conférence plénière Avec la participation de la Ville de Nancy

Bruno Laurioux (Université de Versailles-Saint-Quentin) Les formules dans la cuisine médiévale

-6- Vendredi 8 juin 2012, Metz, Cloître des Récollets

10h00-12h20 Grenier – Session 3a : Arts Présidence : Anne-Orange Poilpré, Maître de conférences

Elena Koroleva (University Saint-Tikhone, Moscou) Les formules de l’iconographie chrétienne dans l’enluminure laïque russe du Moyen Âge : l’exemple du Roman d’Alexandre (Académie des Sciences, collection de Pierre I, 76) Marina Toumpouri-Alexopoulou (évêché de Limassol, Chypre, et IRHIS, Université de Lille 3) « Et il parla ainsi… » A propos du thème des interlocuteurs dans les manuscrits illustrés du Roman de Barlaam et Joasaph 11h-11h20 Pause Amélie Bernazzani (CESR, Tours) Le transfert de formules figuratives du Christ à la Vierge : une assimilation des deux personnages au service de la dévotion du spectateur Julie Mercieca (Université de Bourgogne) L’image de la Crucifixion dans les décors monumentaux des IXe et Xe siècles : quelle formule pour quelle(s) formulation(s) ?

10h00-12h20 Salle capitulaire – Session 3b : Serments et formules juridiques au Moyen Âge I Présidence : Prof. Frédérique Lachaud

Laurence Buchholzer (Université de Strasbourg) et Olivier Richard (Université de Mulhouse) Les serments des secrétaires municipaux dans les villes du Rhin supérieur (XV e-début du XVI e siècle) Diane Chamboduc de Saint-Pulgent (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) Le rôle du serment dans la reconstruction politique de Lucques à la fin du XIV e siècle 11h-11h20 Pause Laure Gevertz (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) Jurer fidélité et loyauté au métier : le serment et les corps de métier londoniens Pierre-Henri Guittonneau (Université de Lorraine) « Et il a fait le serment accoustumé ». Entrer dans la commune de Mantes au XV e siècle

14h00-16h20 Grenier – Session 4a : Littérature Présidence : Elise Louviot

Stephen Morrison (Université de Poitiers) Les formules en prose et en vers allitérés du vieil-anglais jusqu’à l’ Ormulum Colette Stévanovitch (Université de Lorraine) et Claire Vial (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle) Les formules dans le Stanzaic Morte Arthur 15h-15h20 Pause Sabina Tuzzo (Università del Salento) Il locus amoenus nei Carmina Burana Alexandra Velissariou (Université du Littoral Côte d’Opale) Le goût de la formule dans la nouvelle du Moyen Âge tardif

-7- 14h00-16h20 Salle capitulaire – Session 4b Serments et formules juridiques au Moyen Âge II Présidence : Prof. Mireille Chazan

Jean-Baptiste Santamaria (Université de Lille III) Servir le prince et garder la loi de la ville : les serments des officiers du duc de Bourgogne en Artois et Flandre wallonne (fin XIV e-début XV e siècle) Alexandra Stazzone (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) Parole de marchand. La formularité dans la définition du « bon » marchand dans une réécriture toscane du De moribus hominum et officiis nobilium super ludos scacchorum du XIVe siècle 11h-11h20 Pause Irène Strobbe (Université de Paris-Sorbonne Paris IV) Prononcer des vœux ou prêter serment ? La nouvelle soumission de l’Hôpital Notre-Dame de Seclin à l’Hôpital Comtesse de Lille en 1515 serment d’allégeance Nejmeddine Khalffalah (Université de Lorraine) Les formules juridiques en terre d’Islam

17h30 Visite du Musée de la Cour d’Or

Samedi 9 juin 2012, Nancy, Maison des Sciences de l’Homme

10h-11h50 Salle internationale (324) – Session 5a : Littérature Présidence : Prof. Jean-Frédéric Chevalier

Gianluca Valenti (Sapienza Università di Roma) La Commendatio animae nella letteratura romanza delle origini Emiliano Degl’Innocenti (Università di Firenze) Formula memoriae : la trattatistica mnemonica fra sapere tecnico e genere letterario Ryan Riley (Yale University) Writing “en nom de Dieu” : Formula, Invocation, and Medieval Autobiography

9h30-12h00 Salle 322 – Session 5b : Pragmatique et lexicographie Présidence : Professeur Olivier Bertrand

Amel Guellati (Université du Havre) De l’obscénité à l’exemplarité, de l’injure à la formule Sophie Delmas (UMR 5648 – Université Lyon II) Formules rédactionnelles dans les quodlibets de l’Université de Paris (XIIIe-XIVe siècle) 10h30-10h50 Pause Henri Simonneau (IRHIS, Université Lille 3) « Le roi est mort ! Vive le roi ! » Les hérauts d’armes et les formules rituelles dans la société aristocratique médiévale Federico Saviotti (Collège de France) A. fr. boute-en-cor(r)roie : beaucoup plus qu’un jeu

-8- 14h00-16h20 Salle internationale (324) – Session 6a : Littérature Présidence : Prof. Sylvie Bazin-Tacchella

Frédéric Alchalabi (Université de Nantes) De la légende à l’histoire. Tics et subterfuges de deux historiens castillans du XVème siècle Louis-Gabriel Bonicoli (Université Paris-Ouest-Arscan, équipe THEMAM) Les réemplois de gravures dans les éditions d’Antoine Vérard ou les réemplois de formules iconographiques dans les livres imprimés 15h-15h20 Pause Romina Luzi (EHESS) Les vers formulaires dans les romans d’amour et de chevalerie byzantins Elyse Dupras (Cégep de Saint-Jérôme, Québec) « Par maffoy » : de l’usage curieux de locutions et de formules d’assertion par les diables dans les mystères hagiographiques français

14h00-16h20 Salle 322 – Session 6b : Magie et médecine Présidence : Isabelle Draelants, Directrice de recherche au CNRS

Anne Mathieu (Université Paul Valéry-Montpellier III) Formules conjuratoires dans un rituel de nécromancie du XV e siècle Daniel Gregorio (Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, FLLASH) Formules religieuses et prières magiques 15h-15h20 Pause Beatrice Delaurenti (EHESS) Formules thérapeutiques en latin et français (XIIIe-XVe siècle). Jalons pour une étude de la pratique incantatoire à l’époque scolastique Christine Voth (University of Cambridge) Evolution of an Anglo-Saxon Leechbook: reconstruction the exemplar of a medical manuscript through formula deviation

-9- Biographie et résumé des intervenants

Frédéric Alchalabi (Université de Nantes)

[email protected] Frédéric Alchalabi est agrégé d’espagnol, docteur en études romanes de l’Université Paris-Sorbonne- Paris IV et actuellement maître de conférences à l’Université de Nantes au département d’Etudes Hispaniques. Il travaille sur l’historiographie médiévale des XIII e-XV e siècles dans la péninsule ibérique.

De la légende à l’histoire. Tics et subterfuges de deux historiens castillans du XV e siècle La Crónica Sarracina de Pedro de Corral ( CS ), écrite aux environs de 1430 et la Crónica Troyana anonyme de 1490 ( CT ) relatent la perte de deux royaumes : la première est consacrée à la chute de Rodrigue et de l’Espagne wisigothique ; la deuxième revient sur la destruction de Troie. Afin de composer leurs œuvres, les auteurs récupèrent des sources anciennes, qu’ils remanient ensuite, plus ou moins légèrement, dans un effort de compilation propre au Moyen Age. La singularité des deux œuvres ne repose pas sur la récupération des sources mais sur l’écriture des événements rapportés. Les matières traitées par les deux auteurs ne sont ainsi pas historiques par la nature des événements –fabuleux et légendaires- qu’ils mentionnent mais bien par l’historicité que le public médiéval veut bien leur prêter. Pedro de Corral, qui écrit plus de sept cents ans après les faits, reprend, certes, des chroniques antérieures mais comme les conditions de la chute du royaume de Rodrigue sont incertaines, il en profite pour inventer des histoires, des personnages, des livres, des sources et même des chroniqueurs, Eleastras et Alanzuri ; l’auteur anonyme de la Crónica Troyana , quant à lui, fait preuve d’une imagination qui n’a rien à envier à celle de Corral. Il s’agit pour eux de créer une vérité plus que de la prouver et, pour cette raison, leurs inventions ne doivent pas passer pour des affabulations ; bref, il faudra que les auteurs s’assurent constamment de la crédibilité de leurs écrits. Pour ce faire, ils auront recours à plusieurs types de subterfuges. L’un d’eux consiste à emprunter un certain nombre de formules et de modèles propres au discours historique des XIIIe-XVe siècles : personnalisation du discours chronistique confié à deux auteurs complémentaires et, de fait, contribution à la fin de l’anonymat du chroniqueur entamé en Castille, dès la fin du XIVème siècle, par Pero López de Ayala (disparition de formules du type dize la historia ou bien dize el cuento au profit de dize Eleastras ou dize Alanzuri dans la CS ) ; choix de l’entrelacement, propre aux discours historiques et chevaleresques (les deux chroniqueurs des deux œuvres ne sont pas les témoins des mêmes faits et ils se relaient pour apporter leur contribution à l’ouvrage), et adapté en fonction des circonstances narratives ; reprise de tics de discours propres aux historiens de l’époque (amorces et configurations de phrases, béquilles du discours). Tous ces artifices constitueront un gage supplémentaire de vraisemblance.

From Legend to History. The Tics and Tricks of Two 15th century Castilian Historians The Crónica Sarracina written around 1430 by Pedro de Corral ( CS ) and the Crónica Troyana an anonymous text dated 1490 ( CT ) relate the loss of two kingdoms. The former deals with the fall of Rodrigo and Visigothic Spain, while the latter re-examines the destruction of Troy. In their compositions, the authors exploit sources of the past that they reshape by introducing some slight changes, which is after all the purpose of the medieval compilers. The distinctiveness of these two works lies not in the revision of the sources but in the account of the events reported. The materials as treated by the two authors are historical not in the very nature of the events described –these being mere fables and legends—but in

-10- the historical authenticity that the medieval audience perceives in them. Pedro de Corral, who writes more than seven hundred years after the facts he narrates, takes over some chronicles of the past and yet, given the uncertain conditions in which Rodrigues’s kingdom collapsed, seizes the opportunity to make up stories, characters, books, sources and even chroniclers like Eleastras and Alanzuri. As for the anonymous author of the CT , he evinces as fertile an imagination as Corral’s. Both actually aim to establish a truth rather than prove it, which makes it vital for their inventions not to be interpreted as mere fables. To put it in a nutshell, the authors must always see to it that their writings be taken seriously. To do so they resort to different types of tricks and devices. One consists in borrowing a number of formulas and speech patterns pertaining to 13 th century and 15 th century historical discourses, such as giving a personal touch to the chronistic speech ascribed to two complementary authors, thereby helping to put an end to the anonymous status of the chronicler as Pero López de Ayala was among the first to do in Castile by replacing formulas like dize la historia or dize el cuento by dize Eleastras or dize Alanzuri in CS . The tricks take on alternative shapes. The writer can interlace plots, an option which is frequently employed in historical and chivalric discourses (the two chroniclers in both texts do not witness the same events and contribute to the work in turns) and fits the narrative circumstances. He can also appropriate some speech mannerisms or tics characteristic of the historians’ style at the time (prompts, turns of phrases, speech props). All these devices serve to guarantee narrative plausibility.

Amélie Bernazzani (CESR, Tours)

[email protected] Amélie Bernazzani est chargée de cours à l’Université François Rabelais de Tours et membre associée du Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance. Elle a soutenu en 2011 sa thèse de doctorat intitulée « Les contiuguïtés entre la Vierge, Madeleine et Jean dans les Lamentations italiennes de la fin du 13 e siècle à la fin du 16 e siècle ». Ses recherches se consacrent désormais à l’iconographie religieuse qu’elle envisage de manière originale en repérant les similitudes entre les thèmes et les personnages, non les différences. La circulation des thèmes, des configurations et des motifs constitue son principal centre d’intérêt, qu’il s’agisse de la peinture religieuse ou des transferts qui s’effectuent entre la peinture religieuse et la peinture profane.

Le transfert de formules figuratives du Christ à la Vierge : une assimilation des deux personnages au service de la dévotion du spectateur Dans les célèbres traités d’Alberti 1 ou de Dolce 2, la répétition dans les œuvres peintes est très mal considérée. Plus encore, la répétition est perçue comme une maladresse de la part du peintre, voire comme une preuve de sa médiocrité : ce sont la variété et la diversité [ varietas rerum ] qui sont préférées à la similitude [ repetitio rerum ]. De même, lorsqu’Erwin Panofsky établit les règles de l’iconographie dans ses Essais d’iconologie 3 parus en 1939, il cherche avant tout à définir ce qui différencie un thème d’un autre ou un personnage d’un autre. Depuis ce texte fondateur, les historiens de l’art n’accordent pratiquement aucune importance à la répétition en peinture : il s’agirait d’une hypothétique « tradition iconographique » ou de procédures de travail en atelier.

1 Leon Battista ALBERTI, De pictura, œuvre procurée et traduite par Thomas GOLSENNE et Bertrand PREVOST, Paris, 2004, Livre 2, chap. 40, p. 140-141. 2 Ludovico DOLCE, Dialogo delle pittura intitolato l’Aretino, œuvre procurée par Mark ROSKILL, dans Dolce’s Aretino and Venetian Art Theory of the Cinquecento , Toronto, 2000 2, p. 144. 3 Erwin PANOFSKY, Studies in Iconology. Humanistic Themes in the Art of the Renaissance, , 1939, trad. fr., Essais d’iconologie. Les thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance, Paris, 1967.

-11- C’est une toute autre hypothèse que nous défendrons dans notre communication en considérant que le transfert d’une formule iconographique d’un personnage à un autre est un moyen plastique qui induit un surplus de sens. En effet, au 14 ième siècle, grâce à la répétition invariable des mêmes formules iconographiques, les images qui racontent la vie de Jésus Christ sont facilement identifiables par le spectateur qui médite devant elles : elles font partie de la mémoire des fidèles. Ainsi, une Crucifixion se reconnaît très facilement parce que la formule conventionnelle du thème est bien établie et invariablement réutilisée : Jésus est sur sa croix, entouré de la Vierge Marie, de Jean et de Madeleine agenouillée à ses pieds. Par conséquent, lorsqu’une formule habituellement employée pour un personnage est répétée pour un autre, il ne peut aucunement s’agir d’une maladresse du peintre ou d’un simple jeu d’influences. Au contraire, l’association des deux personnages ainsi créée est signifiante. Entre autres exemples possibles, c’est l’assimilation de la Vierge à Jésus que nous étudierons en choisissant nos exemples dans la peinture italienne des 14 e et 15 e siècles. Grâce à l’utilisation pour la mère de formules conventionnellement employées pour le fils, nous verrons que les souffrances de l’une deviennent équivalentes à celles de l’autre, ce qui rend visuellement tangible la conception de la Vierge Marie comme co-rédemptrice de l’humanité. C’est saint Grégoire le Grand qui qualifie le premier la Vierge Marie de « co-adjutrix » ou de « co-redemptrix ». Selon Grégoire, durant la Passion, la mère souffre autant que le fils et, sans sa participation physique au Plan divin, l’humanité n’aurait jamais pu être rachetée. La Vierge reçoit dans son cœur, dit-il, toutes les plaies que le Christ reçoit dans sa chair.

In Alberti’s De pictura 4 and Dolce’s Dialogo 5, repetition in painting is badly considered: varietas rerum is preferred to repetitio rerum . In 1939, when Erwin Panofsky, deals with the iconographic rules in his Studies in Iconology, he insists on the difference between the iconographic themes and the characters. I would like to defend another hypothesis. Far from being proofs of the painters’ mediocrity, repetitions are plastic formulas which breed a further amount of significance for the onlooker. Indeed the latter identifies the pictures that tell the life of Christ the more easily as as these images constitute recurrent topoi , so that the carryover of one one specific picture, habitually applied to one character, onto another becomes at once identifiable and hints at a new meaning which is not lost on the viewer. An apt illustration of this is the assimilation of the Virgin to Christ, the bodily pains of the latter being metaphorically transferred onto the former, making her, in the words of Gregory the Great, a co-redemptrix of mankind. Among others possible examples, I shall therefore study this assimilation of the Virgin Mary to her son Jesus Christ in the Italian paintings of the 14 and 15th centuries.

Louis-Gabriel Bonicoli (Université Paris-Ouest-Arscan, équipe THEMAM)

[email protected] Louis-Gabriel Bonicoli est actuellement doctorant en thèse sous la direction de Jean-Pierre Caillet à l’Université de Paris Ouest la Défense. Son travail porte sur la nature et l’usage des gravures dans les éditions d’Antoine Vérard, célèbre libraire parisien actif autour de 1500. Depuis septembre 2011, il est également chercheur associé à la Bibliothèque Nationale de France où il participe, sous la direction de Nicolas Petit, à la mise en place de la base de données Icono XV qui a pour but de répertorier les gravures des incunables parisiens conservés dans cette bibliothèque.

4 Leon Battista ALBERTI, De pictura, œuvre procurée et traduite par Thomas GOLSENNE et Bertrand PREVOST, Paris, 2004, Livre 2, chap. 40, p. 140-141. 5 Ludovico DOLCE, Dialogo delle pittura intitolato l’Aretino, œuvre procurée par Mark ROSKILL, dans Dolce’s Aretino and Venetian Art Theory of the Cinquecento , Toronto, 2000 2, p. 144.

-12- Les réemplois de gravures dans les éditions d’Antoine Vérard ou réemplois de formules iconographiques dans les livres imprimés La période d’activité du libraire Antoine Vérard (actif à Paris entre 1485 et 1512) correspond à une époque de mutations dans le domaine de l’histoire du livre : l’imprimerie parisienne se développe et l’illustration à l’aide des bois gravés se généralise. Ces gravures faisaient partie du matériel des libraires (tout du moins avant la seconde moitié du XVIe siècle, d’après Marianne Grivel), ce qui permet de considérer que ces derniers étaient non seulement responsables des choix éditoriaux, mais aussi des principaux partis pris relatifs à la mise en image des textes imprimés. Sheila Edmunds résume ainsi ce que l’on sait de ce libraire en dehors des éditions qu’il a laissées : « he materializes in Paris out of nowhere in 1485 and becomes, until his death c. 1514, the leading Parisian publisher of books in the vernacular. » Bien qu’il ait officié à une période charnière entre le Moyen Âge et la première modernité, la production d’Antoine Vérard reste tributaire des manuscrits médiévaux : ses éditions en imitent l’aspect, parfois jusqu’à s’y méprendre (certains exemplaires sont imprimés sur vélin et la peinture recouvre les gravures originelles). Les traces de réglure, la disposition et le choix des images est également très proche de ce qu’on peut trouver dans les manuscrits. En revanche, la technique utilisée pour l’illustration de ses éditions le conduit à s’éloigner de ce modèle : les bois gravés, en noir et blanc, sont répétés d’ouvrages en ouvrages, et souvent plusieurs fois à l’intérieur d’un même livre. On a souvent souligné la concision et la polyvalence des bois utilisés par Vérard, qui portent à son paroxysme l’usage de la formule (au sens de « conventions de représentations ») : le suicide de Didon devient l’illustration de tout suicide féminin, une scène de bataille la représentation par excellence de toute bataille. Le réemploi des gravures a-t-il conduit à une perte de sens de l’image ? Ou bien les liens qui unissaient les images aux textes ont-ils changé de nature avec la diffusion de l’imprimé ? Nous essaierons dans cette communication portant sur les éditions imprimées pour Antoine Vérard de comprendre dans quelle mesure les bois gravés, en réutilisant abondamment les mêmes formules iconographiques, ont entrainé des changements dans les rapports entre le texte et l’image.

Antoine Vérard’s Reuses of Woodcuts: The Re-use of Iconographic Formulas in Printed Books Vérard published almost 300 editions between 1485 and 1514. At this time, the Parisian press was growing and so was the use of woodcuts to illustrate the printed works. These cuts were owned by publishers (at least during the first half of the 16 th century, according to Marianne Grivel). That’s why we can think that publishers were responsible for editorial choices and also that they decided on ways to illustrate books. Sheila Edmunds summarizes what we actually know for sure about Vérard: "he materializes in Paris out of nowhere in 1485 and becomes, until his death c. 1514, the leading Parisian publisher of books in the vernacular." Although he worked during a transitional period between the Middle Ages and early modernity, the books printed by Vérard are very close to medieval manuscripts: his editions imitate their appearance (ruling, page layout), to the point that they are sometimes confusing. Furthermore, some examples were printed on vellum with painting covering the woodcuts. On the other hand, the use of cuts led Vérard to move away from this model. The illustrations, in black and white, are repeated from one edition to another, and are often printed more than once in a single book. It has been said that the woodcuts used by this publisher were at the same time concise and adaptable, so that he made an extensive use of the same formulas (meaning "ways to depict a subject"). For example, the woodcut illustrating Dido’s suicide was re-used each time a book described a woman killing herself, another cut, depicting a battle, was used to illustrate every battle in the same book. Did the reuse of the same cuts lead to the pictures losing their meaning? Or did the connections

-13- between texts and their illustration evolve as well as the technique? Trying to answer these questions will be the subject of this paper, taking Antoine Vérard’s work as example.

Laurence Buchholzer (Université de Strasbourg) Olivier Richard (Université de Mulhouse)

[email protected] Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure (Fontenay/Saint Cloud) et agrégée d’histoire, Laurence Buchholzer est maître de conférences en histoire médiévale à l’Université de Strasbourg. Membre de l’EA 3400, elle travaille principalement sur les villes de l’espace germanique. Ses publications portent sur les relations interurbaines, les ligues et l’administration municipale.

[email protected] Maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Haute-Alsace (Mulhouse). Ses recherches portent sur l’historiographie urbaine et sur les sociétés urbaines du sud de l’espace germanique à la fin du Moyen Âge. Il mène avec Laurence Buchholzer un projet de recherche sur les livres de serments des villes du Rhin supérieur.

Les serments des secrétaires municipaux dans les villes du Rhin supérieur (XV e-début du XVI e siècle) Parmi les registres que les villes médiévales germaniques nous ont légués, les livres de serments ( Eidbücher ), qui collectent les serments des officiers, conseillers, bourgeois et employés de la ville, sont restés les parents pauvres de l’édition ou des études scientifiques. Au regard des livres de bourgeoisie ou des registres de délibération du Conseil, ils paraissaient n’offrir que des données stéréotypées et des engagements de pure forme. Le travail comparatif que nous avons amorcé invite cependant à dépasser les a priori . Si ces registres tiennent peut-être du formulaire, il n’en demeure pas moins que les Magistrats ont souvent éprouvé le besoin, localement, de produire plusieurs Eidbücher successifs. À l’échelle de l’Alsace, l’observation montre aussi que de nombreuses villes se sont efforcées d’avoir leur livre. Nous nous proposons donc de comparer, dans le temps (XV e-début XVI e siècles) et dans l’espace (plusieurs villes du Rhin Supérieur), les serments répertoriés à l’usage des secrétaires municipaux, de leur substituts et des greffiers. A l’échelle d’une même ville, quelles sont les modifications, même minimes, qu’enregistrent les livres de serments successifs ? D’une ville à l’autre, si par leur esprit, les serments des Stadtschreiber peuvent sembler proches, qu’en est-il dans la lettre ? Rencontre-t-on vraiment des similarités de tournure, partant des formules qui auraient pu circuler ? Le recours généralisé au serment dans les villes tardo-médiévales germaniques pose enfin la question de l’efficacité et du caractère contraignant des engagements prononcés. Le suivi des relations parfois heurtées entre le Magistrat et ces employés de haut vol que sont les secrétaires municipaux peut nous éclairer sur la valeur accordée aux formules.

The oaths of municipal clerks in the late medieval Upper Rhine cities (15 th -early 16 th centuries Late medieval German cities had books of oaths ( Eidbücher ) in which all the formulas used in the oaths sworn by officials, aldermen, citizens or city employees were recorded. They belong to the city registers that have been most neglected by historians and editors. It seems that they contain only stereotyped data and that they express a merely formal commitment to

-14- the city authorities. However, the comparative study we have started leads us to reconsider those a priori opinions. The registers may resemble a static collection of formulas; the city councils nevertheless often the urge to initiate several successive Eidbücher ; in Alsace, many cities sought to have their own books of oaths. We propose therefore to compare, over time (early fifteenth-sixteenth century) and space (several cities of the Upper Rhine valley) the oaths listed for use by municipal clerks (Stadtschreiber ), their deputies and clerks. What are the small changes recorded in the successive books of oaths in the same city? From one city to another, even if the spirit of the oaths may seem similar, does that mean that the terms used were the same? Does one find similar expressions and phrases, hence maybe formulas borrowed from one city by another one? The widespread use of oaths in late-medieval German cities ultimately questions the effectiveness and binding nature of the commitments that were sworn. Monitoring the – sometimes difficult – relationship between the city council and the high-ranking officers (that municipal clerks actually were) may shed light on the value placed on formulas.

Christelle Chaillou (EPHE)

[email protected] Après un doctorat en musicologie (2007), Christelle Chaillou poursuit ses recherches à l’EPHE-Paris IV Sorbonne depuis 2010. Chercheur associé au CESCM de Poitiers, membre, notamment, de la Société Française de Musicologie et de la Société Internationale des Études Occitanes, elle a écrit plusieurs articles sur les modes de créations dans la chanson en langue vernaculaire (Cahiers de Civilisation Médiévale, Tenso) et dans des actes de colloques ou de congrès pluridisciplinaires et internationaux (AIEO, Cahiers Carrefour Ventadorn).

Motif, formule et « intermélodicité » dans la lyrique profane des XII e et XIII e siècles Les frontières entre motifs, formules et « intermélodicité » sont délicates à définir dans les mélodies profanes des XIIe et XIIIe siècles. Qu’est-ce qui distingue le motif musical de la formule musicale ? A ce problème, s’ajoute celui des variantes. Lorsque plusieurs versions mélodiques sont données pour un texte semblable dans plusieurs manuscrits, les relations mélodiques sont parfois évidentes, mais il existe dans la plupart des cas des variations de l’ordre du motif avec cependant des formules mélodiques semblables. Définir les relations mélodiques entre les pièces ne va pas de soi. La reprise est-elle consciente ou inconsciente ? De surcroit, les ressemblances relèvent parfois d’une échelle inférieure au vers et il est souvent difficile d’affirmer le lien entre les pièces, sauf dans les cas avérés de citations textuelles ou de références explicites aux modèles. Cette communication aura donc pour perspective de délimiter à partir d’exemples précis ce qui musicalement relève du motif ou de la formule et dans quelle mesure ils s’impliquent dans les phénomènes intertextuels.

Motif, formula, and “intermelodicity” in troubadour songs The boundaries between motifs, formulas, and "intermelodicity" are difficult to define for secular melodies of the twelfth and thirteenth centuries. What distinguishes motif from melody? The melodies of the troubadours frequently contain variations on one or more formulas articulated at the beginning of the verse. These motifs can be compared to centonization in Gregorian chant, in which melodies from many different authors provide the basis for countless new combinations. This technique is characterized by continuous innovations on standard formulas. Additionally, where multiple melodic versions exist for similar texts in multiple manuscripts, the relationships between them are sometimes obvious, but the majority are variations that rely on a basic melodic formula. A notable example are the

-15- four melodic versions of Gaucelm Faidits’ song Fort chosa es que tot lo major dan (BdT 167,22 ; manuscripts W, fr. 844, f°191v and 192r ; X, fr. 20050, f° 87 ; η, BAV, Reg. Lat. 1659, f°89v-90r and G, Milan, Ambros. R71 sup., f° 29v-30r). Is the reuse of formulas conscious or unconscious? Defining the melodic relationships between these pieces is not easy. Moreover, the similarities may appear only at the level of the line, making it difficult to claim definite similarities between entire pieces. The troubadours often borrow preexisting melodies, and simple musical reference does not necessarily provide a basis to the claim of an intertextual relationship. In this case, a reference or a simple allusion to the core structure of the song’s text may imply a link. First, we will offer an example of troubadour songs in which a series of variations are developed around formulas articulated at the beginning of the verse. Second, we will indicate several common melodies across the various iterations of the same song. Finally, we will show that similar melodies can be heard in a variety of songs, allowing us to assert (or refute) an intertextual link.

Diane Chamboduc de Saint-Pulgent (Université de Paris-Sorbonne Paris IV)

[email protected] Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure et agrégée d’histoire, je suis actuellement en cinquième année de thèse d’histoire médiévale à l’Université Paris-Sorbonne, sous la direction de M me le Professeur Elisabeth Crouzet-Pavan. Mon travail porte sur les milieux populaires urbains à Lucques à la fin du Moyen Age (XIV e-XV e siècle). Je suis par ailleurs ATER en histoire médiévale à l’Ecole Normale Supérieure.

L’utilisation du serment dans la reconstruction politique de Lucques à la fin du XIV e siècle Il s’agira de partir du contexte de reconstruction que connaît Lucques à partir de 1369, date de la fin de la domination exercée sur elle par sa voisine pisane et de la redécouverte de son autonomie politique après près d’un demi-siècle de tutelle étrangère, pour s’interroger sur la place que jouent les serments dans la vie politique communale. J’aimerais en particulier m’intéresser à la façon dont ils sont utilisés par les autorités pour consolider la cohésion de la communauté lucquoise et pour intégrer les différents territoires urbains entre eux, tout en restaurant le crédit et l’emprise du régime républicain sur la ville et son contado . Il conviendra donc de s’intéresser au rôle politique du serment sur un plan à la fois général, en analysant son rôle dans la reconstruction d’une communauté politique urbaine, et particulier, en évaluant son importance dans les trajectoires personnelles de ceux qui les prononcent.

The use of oaths in the political reconstruction of Lucca at the end of the 14 th century I will consider the role played by oaths in the political life of the Lucchese commune during the period of reconstruction that Lucca underwent from 1369, after the end of the Pisan domination, when it rediscovered its political autonomy after nearly half a century of foreign domination. In particular, I would like to explore the ways in which oaths were used by the authorities to increase the cohesion of the Lucchese community and to integrate the various urban territories, while also restoring the power of the republican regime over the city and its contado . I will thus explore the political role of oaths both generally, by analysing their role in the reconstruction of an urban community, and specifically, by assessing their importance in the individual histories of those who utter them.

-16- Morwenna Coquelin (EHESS, Gahom et Université de Bourgogne, ARTeHIS)

[email protected] Morwenna Coquelin est agrégée d’histoire et ancienne élève de l’ENS-LSH. ATER à l’Université de Bourgogne, elle prépare actuellement une thèse sous la direction de Pierre Monnet (EHESS) et Jean-Marie Moeglin (Paris IV), portant sur l’organisation de l’espace de la ville et les liens entre identité et espace à l’exemple d’Erfurt à la fin du Moyen Âge. Elle a présenté plusieurs communications sur ce thème ; deux articles paraîtront en 2012 : « L’’année terrible d’Erfurt et sa mémoire : trouble, division et défaite au fondement d’une nouvelle identité urbaine ? », dans Les Cahiers du CRHQ ; et « La main invisible du seigneur ? Erfurt et les archevêques de Mayence au XV e siècle », dans C. Becchia, M. Chaigne et L. Tabard (dir.), Ambedeus : normes, réalités et inventions de la relation à l’autre au Moyen Âge , Publications de la Sorbonne.

La prudence et l’amitié. Politique et imaginaire urbains au miroir de la correspondance erfurtoise La correspondance est un art codifié et les lettres émanant d’une chancellerie urbaine suivent une forme immuable, comprenant notamment les formules d’adresse et de salutation finale, mais aussi les différentes formules par lesquelles la ville va accorder ou refuser son aide. Le choix de ces formules, et les éventuelles corrections apportées aux lettres – dont la trace est visibles dans les registres de correspondance qui sont aussi les brouillons de ces lettres – révèlent dans un premier temps la place que la ville se reconnaît au sein du réseau de communication. Les formules sont un élément de pondération du fonctionnement du réseau de correspondance, au même titre que les motivations des lettres et leurs résultats : l’espace de la correspondance est compris selon les trois questions « à qui écrit-on », « pourquoi écrit-on », mais aussi « comment écrit-on ». Leur étude permet d’étudier ainsi les variations, au sein du groupe et envers un même destinataire, de l’évolution de la situation diplomatique d’Erfurt. Cette mise en scène de la ville est en outre particulièrement importante pour Erfurt, ville importante économiquement et démographiquement, mais non libre, ce qui la place en position de faiblesse juridique par rapport aux villes d’Empire. Le choix des formules est donc un instrument du Conseil pour nuancer la position d’Erfurt en droit et affirmer, parallèlement à la reconnaissance de son seigneur légitime, son statut urbain. La comparaison de ces formules avec des données plus concrètes quant au poids respectif des villes impliquées montre aussi l’écart qui peut exister entre la reconnaissance d’une situation de hiérarchie et un usage politique et diplomatique de la formule. Les codes de correspondance sont ainsi des éléments de compréhension, au même titre que le choix des destinataires ou les motifs des lettres, des modalités de construction et de fonctionnement d’un réseau urbain. La place de la ville est autant imaginée et construite que reconnue. Cet imaginaire est également visible dans les idéaux repris pour les qualités attribuées aux « chers amis » des Conseils à qui la ville écrit, qui sont l’expression des vertus constitutives de l’identité civique. Les formules d’adresse dressent le portrait des bons gouvernants, légitimés par la reconnaissance de leurs pairs. Les formules de la correspondance sont donc performatives et créent à la fois le réseau hiérarchisé et chaque partenaire, rendant réelle, à chaque répétition, Erfurt en tant que ville.

Prudence and Friendship. Urban politics and representation in the correspondence of the Council of Erfurt Correspondence is a codified art, and the letters written by an urban chancery have an unchanging form, containing specific opening and closing greetings as well as formulas used

-17- to provide or refuse help. The formulations chosen by the chancery, and any corrections made to the letters – the traces of which are visible in the draft letters held as correspondence records – initially reveal the place that the city felt it occupied in the communications network. These formulations allowed the city to counterbalance the hierarchical organization of the network, in the same way as is shown through the motives and results of the letters: the space of the correspondence can be analysed through the triple question: to whom, why and how does the city write? The study of the formulations and their variations, in the whole network and towards one correspondent, also shows the evolution of the diplomatic situation of Erfurt. The use of those forms to stage the city was particularly important in the case of Erfurt: despite having great economic and demographic importance at the end of the Middle Ages, Erfurt was not a free imperial city. The choice of formulation became a tool used by the city Council to counterbalance Erfurt’s weak legal position and assert its urban status while slightly distancing itself from its legitimate lord. Comparing these formulations with more objective data about the importance of the cities involved can show the possible gap between the acceptance of a hierarchy and a more political and diplomatic use of the formulation. Just as with the choice of correspondents or grounds for the letters, the letter-writing codes provide elements to understand the ways the urban network was constructed and functioned. The place of the city in this network was as freely imagined and staged, as it was accepted. These representations can be seen in the very words of the formulations, endowing the “dear friends” of the councils to whom the city wrote with certain qualities that reflect the ideal virtues of civic identity. The greetings generate the image of good council leaders legitimized through the recognition of their peers. The formulations in the correspondence are thus performative, producing a whole hierarchical network as well as each partner within it, and each time recreating Erfurt as a city.

Els De Paermentier (Université de Gand)

[email protected] Els De Paermentier is as a doctoral assistant attached to the Department of History at Ghent University (Belgium). In November 2010 she defended her PhD on the organisation of the comital chancery in the counties of Flanders and Hainaut (1191-1244). In her doctoral study she applied a combined methodology of diplomatics, palaeography and prosopography. Thanks to the availability of the digital source collection Diplomata Belgica, she was able to develop a new method for locating the editorial origin of charters through lexicographic word statistics. She is currently working on documentary literacy and administrative writing practices in secular and ecclesiastical institutions in the Low Countries during the 13 th century.

Instruments of administrative identity and princely power. Repetitive protocol and dispositive text formulas in the charters of the count(esse)s of Flanders and Hainaut (1191-1244) From the tenth to the thirteenth century, during the so-called ‘revolution in writing’ (‘révolution de l’écrit’, P. Bertrand 2009) protocol formulas were initially inserted in order to provide charter texts with a more ‘official’ character. However, a recent study of the charters and chancery of Flanders and Hainaut (1191-1244) has pointed out that both repetitive protocol and dispositive formulas ( dispositio ) also served other purposes. This paper will focus, on the one hand, on the way a technical analysis of protocol and dispositive formulas can help to locate the editorial origin of the charters issued by the counts of Flanders and Hainaut (comital chancery or scriptorium of the recipient), through the frequency with which they occur within the area of present-day Belgium between 1191 and 1244, and can reveal

-18- how the chancery tended to differentiate itself from other ‘competitive’ secular and ecclesiastical centres at that time. For example, particularly from the 1220s onwards, by introducing several editorial ‘innovations’ and by using ‘characteristic’ combinations of protocol formulas, the chancery clerks made obvious attempts to develop a more uniform character for the count’s charters, thus creating a proper identity and image for the count and his administrative entourage. On the other hand, it will be argued that both repetitive protocol and dispositive formulas are also very valuable for discourse analysis , in order to determine to what extent the charter texts that were proved to have been drawn up in the comital chancery were used by the count(esse)s as an instrument to strengthen their legal authority and power towards their subjects. In doing so, they can help us to better understand the political mentality in Flanders and Hainaut during the late twelfth and beginning of the thirteenth centuries, and to gain more insight into aspects of the power profile and well-thought-out intentions of the count(esse)s to control – or even to manipulate – ‘public opinion’, to increase the commitment of their subjects to their authority, to consolidate and legitimize their power by emphasizing their decisions and legal rights, and to anticipate possible threats to their position as rulers by reserving some high jurisdictions for themselves.

Instruments d’identité administrative et de pouvoir princier. Formules protocolaires et dispositives répétitives dans les actes des comt(ess)es de Flandre et de Hainaut (1191- 1244) e e Du XI au XIII siècle, pendant la période où s’effectuait la ‘révolution de l’écrit’ (P. Bertrand 2009), des formules protocolaires étaient initialement insérées dans les chartes pour leur donner un cachet ‘plus officiel’. Néanmoins, il ressort d’une étude récente des chartes et de la chancellerie des comt(ess)es de Flandre et de Hainaut (1191-1244) qu’on se servait aussi de formules protocolaires et de locutions dispositives répétitives pour de toutes autres raisons. Cette contribution traitera d’une part de la méthode pour déterminer l’origine rédactionnelle des actes émanant des comt(ess)es de Flandre et de Hainaut (chancellerie comtale ou scriptorium du destinataire?) au moyen d’une analyse technique des formules protocolaires et dispositives, c’est-à-dire la fréquence avec laquelle ces formules apparaissent dans des chartes émanant d’autorités situées dans les territoires de l’actuelle Belgique pendant la période 1191-1244, et de la mesure dans laquelle les formules identifiées ‘de chancellerie’ révèlent les tentatives de l’entourage administratif des comt(ess)es de se différencier des autres milieux d’écriture « compétitifs » tant ecclésiastiques que laïques. Par exemple, particulièrement à partir des années 1220, les clercs comtaux introduisaient plusieurs ‘innovations rédactionnelles’ et commençaient à utiliser des combinaisons de formules protocolaires ‘très caractéristiques’ afin de donner aux actes comtaux un caractère plus uniforme et de créer une identité et autorité ‘propre’ aux produits de la chancellerie comtale. D’autre part, il sera démontré qu’aussi bien les formules protocolaires répétitives que celles apparaissant régulièrement dans le dispositif des actes permettent également une analyse du discours des actes comtaux, par exemple dans le cas où on veut découvrir dans quelle mesure les actes rédigés à la chancellerie étaient utilisés par le comte et la comtesse comme instrument politique, leur permettant ainsi de consolider et de renforcer leur autorité légitime et leur pouvoir politique vis-à-vis de leurs sujets. Ainsi, l’étude des formules tant protocolaires que dispositives peut nous aider à mieux appréhender les mœurs politiques en Flandre et en Hainaut pendant le dernier quart du XII e siècle et la première moitié du XIII e. En plus, elle peut nous aider à capter les intentions profondes de la part des comt(ess)es de contrôler - ou même de manipuler - ‘l’opinion publique’, d’augmenter la subordination des sujets à l’autorité comtale, de consolider et de légitimer le pouvoir comtal, et d’anticiper sur des menaces possibles ayant trait à leur position de souverains en se réservant certaines matières, telle la haute juridiction.

-19- Emiliano Degl’Innocenti (Università di Firenze)

[email protected] Dottorato in Studi Umanistici (Antichità, Medioevo, Rinascimento) nel 2006. Collaborazione con Università italiane (Firenze, Siena, Udine, Roma - La Sapienza, Padova, Sassari) e straniere (Paris - Sorbonne, Columbia University - NY, George Mason University - Virginia, University at Buffalo - State University of New York) e Istituti di Ricerca a livello nazionale (Accademia dei Lincei, CNR, Scuola Normale Superiore, ISUFI, SISMEL, Fondazione Ezio Franceschini ONLUS, Memoria Ecclesiae) ed internazionale (Ecole des Chartes - Paris, Institut de Recherche et d’Histoire des Textes - Paris, British Library - London, King’s College, London). Direzione di progetti di digital humanities a livello nazionale per conto del MiBAC (Digitalizzazione dei Plutei Laurenziani) e della SISMEL / Fondazione Ezio Franceschini ONLUS (TRAME, MIRABILE, Inventari e Cataloghi di Bilbioteche Medievali, Testi storiografici relativi alle regioni città monasteri e conventi italiani dall’antichità all’età moderna). Dal 2006 è responsabile del settore dedicato all’informatica umanistica della Società Internazionale per Lo Studio del Medioevo Latino (S.I.S.M.E.L.) e della Fondazione Ezio Franceschini ONLUS (Firenze). A partire dal 2003, ha fatto parte di varie commissioni tecniche e gruppi di studio istituiti dal MiBAC (Comitato Guida per la Biblioteca Digitale Italiana) e dall’ICCU (Linee guida per digitalizzazione del patrimonio mansocritto) per la gestione del patrimonio culturale in ambiente digitale. È autore di più di 20 pubblicazioni scientifiche (a stampa ed in CD-ROM) in italiano ed inglese e responsabile di 5 grandi risorse scientifiche digitali per lo studio e la ricerca in ambito mediolatino, fra cui la maggiore biblioteca digitale di manoscritti medievali in Europa (Plutei della Biblioteca Medicea Laurenziana).

Formula memoriae : la trattatistica mnemonica fra sapere tecnico e genere letterario La storia della mnemotecnica, considerata nel suo graduale processo di evoluzione a partire dai classici modelli ciceroniani e quintilianei, attraverso la trattatistica medievale (particolarmente diffusa in ambito conventuale e presso gli Ordini Mendicanti), i cinquecenteschi teatri di memoria e le tecniche utilizzate dai mercanti per la gestione dei propri affari - per non citare che alcuni momenti signicativi - può essere letta come un progressivo allontanamento dalla forma-trattato propriamente intesa. In essa, il valore della formula, della regola utilizzata per ottenere l’effetto desiderato - ossia la memorizzazione di contenuti di vario tipo - è determinante: l’accuratezza del metodo è condizione primaria della sua efficacia. Man mano che ci si allontana da tale forma archetipica, il contenuto di questi trattati, da rigoroso e preciso (tecnico, appunto), si fa sempre meno accurato e comprensibile: le formule, in virtù di una continua, stanca, ripetizione, perdono gran parte della loro comunicabilità, divenendo un vuoto esercizio di citazione (spesso scorretta ed incompleta) di modelli di cui si è perso il significato e la logica. In questo processo di lento declino, di trasformazione di un genere tecnico in un genere puramente letterario, la carica innovativa immessa nei sistemi culturali dalle lingue vernacolari sembra invertire il processo: la rinnovata necessità (da parte delle classi sociali più direttamente coinvolte nei traffici commerciali, ad esempio, ma non solo) di disporre di strumenti efficaci per la gestione dei contenuti e la loro memorizzazione, risveglia l’interesse per la componente più marcatamente tecnica dei sistemi di memoria. Di questa oscillallazione - mai completamente risolta - fra i poli della tecnica e dell’arte, e della alla straordinaria versatilità delle mnemotecniche, che trovano applicazione in moltissimi ambiti del sapere (sia scritto che orale), dalla predicazione all’ars dictaminis, dalla musica e della poesia alla computistica, si dà testimonianza nelle opere di figure centrali per la cultura Occidentale, da Agostino a Petrarca ed oltre. Per queste sue caratteristiche la tradizione mnemotecnica costituisce un formidabile banco di prova per saggiare la consistenza della formula come strumento di gestione della conoscenza nell’orizzonte del sapere premoderno, a cavallo fra differenti aree disciplinari, contesti culturali e stili di pensiero.

-20- Beatrice Delaurenti (EHESS)

[email protected] Béatrice Delaurenti est maître de conférences à l’EHESS (CRH, Groupe d’Anthropologie Scolastique). Ses recherches portent sur l’histoire intellectuelle et sur les relations entre religion, science et magie au Moyen Âge ; elle étudie en particulier la question du pouvoir de la parole et du regard dans les textes scientifiques et philosophiques. Elle a publié La puissance des mots : « virtus verborum ». Débats doctrinaux sur les incantations au Moyen Âge , Paris : éditions du Cerf, 2007.

Formules thérapeutiques en latin et français (XIII e – XVe siècles) : Jalons pour une étude de la pratique incantatoire à l’époque scolastique La pratique médiévale de la médecine faisait une place à l’incantation. Dans la littérature des recettes du bas Moyen Âge, on rencontre diverses formules et remèdes à base de mots qu’il est recommandé d’énoncer devant le corps du malade. La question du pouvoir des mots a été, à la même époque, l’objet de controverses scientifiques et philosophiques. Les auteurs qui discutent de la virtus verborum ne tracent pas de frontière entre les champs d’application des formules. De l’acte thérapeutique au rite liturgique, de la consultation divinatoire à la manœuvre coercitive, la pratique incantatoire est décrite comme la mise en œuvre d’une certaine forme de parole, une suite de mots énoncés oralement, sans souci d’un interlocuteur, pour obtenir un effet concret. La présente enquête a pour objectif de mettre à l’épreuve cette définition savante en abordant la pratique incantatoire sous l’angle anthropologique. Elle ne porte donc pas sur les sources spéculatives, mais sur les formulaires d’incantation, et plus précisément sur les remèdes de type verbal que l’on rencontre dans les collections médiévales de recettes. Ces recueils sont un véritable gisement de formules, en majorité inédites et inexploitées. Il s’agit surtout de charmes thérapeutiques, mais on y trouve également des formules plus générales destinées à faciliter la vie quotidienne. Puisant dans ce type de recueils, le corpus de notre étude rassemble des formules thérapeutiques anonymes en latin et en langues romanes issues de manuscrits anglais ou français du XIII e au XV e siècles. Un tel corpus se prête à une étude de la performativité verbale : sur quoi repose l’efficacité de ces formules et quelles sont les modalités concrètes de sa mise en œuvre ? Les charmes médicaux révèlent un travail sur les mots, ils témoignent d’une conception poétique du langage dans laquelle la signification des mots n’est pas essentielle. La formule a ses propres référents, ancrés dans l’espace et dans le temps. Faire l’histoire de la pratique incantatoire suppose aussi que l’on examine comment les textes ont été transmis d’un siècle à l’autre. Comment repérer l’état initial d’une formule et ses enrichissements successifs ? La présente enquête pose les jalons d’un projet de recensement à plus long terme, qui portera sur les formules en latin et en langues romanes des collections médiévales de recettes.

Latin and French 13 th – 14 th Century Therapeutic Charms: Incantatory Practice in the Middle Ages The medieval practice of medicine made use of incantations. In collections of medical prescriptions from the late Middle Ages, charms and verbal remedies appear to be uttered in front of the patient’s body. During this time, the inherent power of words was also the object of scientific and philosophical debates. Those discussing virtus verborum did not confine the use of incantations to any particular areas. From therapeutic acts to liturgical rites, divinatory consultation or coercive measures, the practice of incantation is described as the use of a certain form of speech, a group of words expressed vocally, without need of an interlocutor, to obtain a concrete effect.

-21- This study seeks to verify this scholarly definition by approaching incantatory practice through an anthropological lens. It therefore focuses on practical sources rather than speculative ones, and, more specifically, on collections of medieval verbal remedies. These collections are a storehouse of charms, most of which are still unpublished and unexamined. They deal primarily with therapeutics, but some more general incantations for everyday life also exist. Drawing from these collections, the corpus of our study compiles anonymous therapeutic charms in Latin and Romance languages from XIIIth to XVth century French and English manuscripts. This corpus lends itself to the study of verbal performativity: what constituted the effectiveness of these incantations and how, concretely, were they enacted? The medical charms reveal an approach to words, a poetic conception of language, in which word meaning is not essential. Incantatory formulas have their own referents in space and time. This history of incantatory practice also examines how these texts were passed on from one century to another: what were the initial formulations and their successive enrichments? The present study marks the first step in a long-term project investigating incantations in Latin and Romance languages of medieval manuscript collections.

Sophie Delmas (UMR 5648 - Université Lyon II)

[email protected] Sophie Delmas est enseignante et membre associée de l’UMR 5648 de l’Université Lyon 2. Spécialisée dans l’étude des ordres mendiants, notamment des Franciscains, elle a publié sa thèse sur Un franciscain à Paris. Le maître en théologie Eustache d’Arras (o.f.m.) au milieu du XIII e siècle , éditions du Cerf, collection « Histoire », Paris, 2010. Elle prépare l’édition des sermons et des quodlibets d’Eustache d’Arras pour le Corpus Christianorum, Continuatio Medievalis, Brepols. Membre du comité de rédaction d’Etudes franciscaines, elle y publie régulièrement une chronique intitulée « les Franciscains et l’Université ». Ses recherches et ses articles portent sur les exercices universitaires, les instruments de travail des maîtres et l’histoire des débats surtout au XIII e siècle.

Les formules rédactionnelles dans les quodlibets des maîtres en théologie de l’Université de Paris (XIII e-XIV e siècle) Les questions quodlibétiques sont des questions disputées particulières que les maîtres de l’Université devaient organiser deux fois par an, à l’Avent et au Carême. Ce type de question apparaît à Paris vers 1230 chez les mendiants : les premiers quodlibets conservés sont ceux du franciscain Alexandre de Halès et du dominicain Guerric de Saint-Quentin († 1245). Les quodlibets restent des exercices universitaires fondamentaux durant les XIIIe et XIVe siècles. N’importe qui ( a quolibet ) pouvait poser des questions sur n’importe quel sujet ( de quolibet ) à un maître, devant un large public, même extra-universitaire. En 1939, P. Glorieux faisait paraître un article ( Divus Thomas 42, 1939) dans lequel il étudiait les procédés rédactionnels des quodlibets, en particulier les différentes formules qui introduisent les questions posées. A partir des éditions et des publications récentes (notamment les travaux de C. SCHABEL (dir.), Theological Quodlibeta in the Middle Ages. 1 The Thirteenth Century , Leiden-Boston, Brill, 2006 et Theological Quodlibeta in the Middle Ages. 1 The fourteenth Century, Leiden-Boston, Brill, 2007), l’objectif de cette communication sera de renouveler et d’approfondir la classification proposée : ces formules ont-elles évolué dans le temps ? Les maîtres répètent-ils les mêmes formules ou innovent-ils ?

-22- Formulas in quodlibetal questions of the masters of theology of the University of Paris (13th – 14th centuries) Quodlibetal questions are a specific kind of disputed questions which masters of theology had to hold each academic year in Paris during Advent and Lent. This kind of question appears around 1230 in the mendicant orders: the Franciscan Alexander of Hales and the Dominican Guerric of Saint-Quentin († 1245) are the first to hold quolibeta. Quodlibetal questions continued to be conducted during the 13 th and 14 th centuries. Audience members ( a quolibet ) asked masters of theology questions for debate, about any topic ( de quolibet ). In 1939, P. Glorieux published an article ( Divus Thomas 42, 1939) in which he studied different formulas which introduce the questions. Thanks to recent works and critical editions (particularly C. SCHABEL (dir.), Theological Quodlibeta in the Middle Ages. 1 The Thirteenth Century , Leiden-Boston, Brill, 2006 et Theological Quodlibeta in the Middle Ages. 1 The fourteenth Century, Leiden-Boston, Brill, 2007), the aim of this paper is to renew the proposed classification: did these formulas evolve over time? Did masters repeat the same formulas or did they innovate?

Adele Di Lorenzo (Università degli Studi di Siena)

[email protected] Laureata in Lettere Classiche presso l’Università degli Studi di Napoli “Federico II”, ha conseguito il Diploma di specializzazione annuale (1999) in Paleografia greca e quello biennale (2000-2002) in Paleografia, Diplomatica e Archivistica presso la Scuola Vaticana di Paleografia, Diplomatica e Archivistica. Attualmente è dottoranda di ricerca in ‘Scienze del libro’ presso la Facoltà di Lettere e Filosofia dell’Università degli Studi di Siena (a.a. 2010-2013). Il progetto di ricerca consiste nell’esegesi del formulario degli atti greci e latini prodotti nel Mezzogiorno normanno con riguardo ai proemi delle donazioni prodotte dalla cancelleria regia.

I proemi delle donazioni ‘pro anima’ nella documentazione pubblica greca e latina del Mezzogiorno d’Italia (secc. XI-XII) Lo studio consiste nella disamina del dettato formulare dei proemi delle donazioni pro anima in lingua greca e latina nella documentazione meridionale a partire dal secolo XI, con particolare riguardo a quelli prodotti dalla Cancelleria del regno di Sicilia, dalla fondazione (1130) all’estinzione della dinastia degli Hauteville (1198). L’idea di base che tiene insieme i vari aspetti dell’indagine è la consapevolezza di una ricercata, perfetta combinazione tra la forma e il contenuto degli elaborati proemiali. La lettura di documentazione medioevale sia greca che latina ha reso possibile ravvisare la presenza di un formulario nei proemi documentali, proposto nelle sue variazioni o ripetizioni. Il confronto si concentra dapprima sui documenti italo-greci insulari per verificare nello specifico l’ascendenza dai modelli proemiali orientali e/o le eventuali difformità. Di seguito l’analisi si estende alla documentazione latina meridionale coeva, con particolare attenzione alla cancelleria di Ruggero II e a quella di Guglielmo I e II. La ricerca si propone due obiettivi; il primo verte sull’individuazione delle variazioni e delle ripetizioni del formulario normanno in comparazione con i modelli mediterranei già noti o da approfondire. Il secondo vuole individuare le connessioni tra i proemi e i testi dispositivi; in questa prospettiva è opportuno sondare il rapporto tra la volontà del sovrano trasposta negli atti e il suo riverbero nel proemio. Il metodo di lavoro consiste innanzitutto nell’analisi formale dei testi, volta a rintracciare l’impianto interno e le soluzioni sintattiche più significative nonché le risonanze retoriche più interessanti dei testi: guardando all’impalcatura espositiva di essi, nulla nei proemi sembra occasionale o casuale e neppure capita di trovarsi davanti al prodotto di un meccanico quanto sterile adeguamento alle consuetudini formulari di notai o di Cancelleria.

-23- La stessa sezione proemiale viene poi studiata sotto il profilo concettuale, incentrato soprattutto sui fondamenti etico-religiosi e giuridici sottesi ai testi. L’analisi si concentra nell’individuazione degli usi formulari che caratterizzano i singoli documenti, una volta che siano stati aggregati per tipologie unitarie, in maniera tale da registrarne caso per caso gli adeguamenti intervenuti. Una volta appurato che il proemio non costituisce una parte puramente esornativa dell’atto, è possibile comprendere come le arenghe dei documenti pubblici oggetto dello studio si siano sostanziate come i luoghi privilegiati in cui riconoscere i riflessi della ideologia normanna: singolare e complessa, perché maturata a conclusione del processo di commistione delle civiltà bizantina, longobarda e araba del Mezzogiorno d’Italia altomedievale. Pertanto i fattori che rendono i proemi dei documenti eterogenei tra loro (ossia l’ispirazione proemiale, le soluzioni formulari, la dimensione, lo spazio occupato all’interno del documento, e, quindi, l’importanza e la finalità che assume) vanno commisurati agli usi locali delle aree geografiche di produzione, come pure vanno correlati ai gruppi sociali ai quali appartenevano gli autori e i destinatari degli atti.

Les préambules des donations « pro anima » dans la documentation publique grecque et latine du Midi de l’Italie (XI e –XII e siècles) L’étude consiste en l’examen de la dictée formulaire des préambules des donations pro anima en langue grecque et latine dans la documentation méridionale à partir du XI e siècle, avec une attention particulière à ceux produits par la Chancellerie du Royaume de Sicile, de sa fondation (1130) au déclin de la dynastie des Hauteville (1198). L’idée de base qui tient ensemble les différents aspects de l’enquête est la conscience d’une combinaison raffinée et parfaite entre la forme et le contenu des textes des préambules. La lecture de la documentation médiévale latine et grecque a permis de reconnaître la présence d’un formulaire dans les préambules documentaires, proposé dans ses variations ou répétitions. La comparaison se focalise d’abord sur les documents italo-grecs insulaires pour vérifier spécifiquement l’ascendance des modèles des préambules orientales et/ou les possibles divergences. Ensuite l’analyse s’étend à la documentation latine contemporaine du Sud, avec une attention particulière à la Chancellerie de Roger II et à celles de Guillaume I et II. La recherche se propose deux objectifs: le premier se concentre sur l’identification des variations et des répétitions dans le formulaire normand en comparaison avec les modèles méditerranéens déjà connus ou à enquêter. Le deuxième vise à identifier les liens entre les préambules et les textes dispositifs; dans cette perspective il faudra examiner le rapport entre la volonté du souverain transposée aux actes et sa répercussion dans le préambule. La méthode de travail consiste premièrement en l’analyse formelle des textes, afin de retracer la structure interne et les solutions syntactiques les plus significatives et les résonances rhétoriques les plus intéressantes des textes: à regarder leur structure, rien dans les préambules ne semble être occasionnel ou laissé au hasard, et il ne s’agit pas du produit d’une adaptation mécanique et stérile aux habitudes formulaires des notaires ou des Chancelleries. La même section du préambule est ensuite étudiée du point de vue conceptuel, centré surtout sur les fondements éthiques, religieux et juridiques contenus dans les textes. L’analyse se focalise sur l’identification des usages formulaires qui caractérisent les différents documents, une fois qu’ils ont été agrégés pas typologies unitaires, afin d’enregistrer cas par cas les ajustements intervenus. Une fois que l’on a donc vérifié que le préambule ne constitue pas une partie purement ornementale de l’acte, on peut comprendre comment les préambules des documents publics analysés peuvent être considérés comme les lieux privilégiés où l’on reconnaît les reflets de l’idéologie normande: une idéologie singulière et complexe, qui a mûri à la fin du processus de brassage des civilisations byzantine, lombarde et arabe du Midi de l’Italie pendant le Haut Moyen Âge. Par conséquent, les facteurs qui rendent les préambules des documents hétérogènes entre eux (c’est-à-dire l’inspiration contenue dans les préambules, les solutions de la formulation, la dimension, l’espace occupé à l’intérieur du document et, donc, l’importance et le but qu’il prend) doivent être rapportés aux usages locaux des zones

-24- géographiques de production et aux groupes sociaux dont les auteurs et les destinataires des actes faisaient partie.

Preambles of “pro anima” Donations inside Greek and Latin Public Documentation of Southern Italy (11 th –12 th centuries) The project aims to survey the formulary of preambles inside pro anima donations in Greek and Latin languages of Southern documentation starting from the XI century, with particular attention to those produced by the Chancery of the Kingdom of Sicily, from the foundation (1130) to the extinction of the Hauteville dynasty (1198). The basic idea that holds the different aspects of the survey together is the awareness of a refined and perfect combination existing between the forms and contents of preambles. The reading of both medieval Greek and Latin documentation has made it possible to recognize the presence, inside documentary preambles, of a formulary, with its variations and repetitions. First of all the comparison focuses on Italian-Greek insular documents in order to verify the influence of Oriental preambles models and/or possible discrepancies. Then the analysis extends to the Southern Latin contemporary documentation, with particular attention to the Chancery of Roger II and that of William I and II. The research has two purposes: the first is to identify variations and repetitions of Norman formulary compared to Mediterranean models already known or yet to delve into. The second is to identify the connections between preambles and regulation texts; in this perspective it is advisable to investigate the link between the King’s will as transferred to the acts, and its effect on the preamble. The working method consists first of all in the formal analysis of the texts, in order to track the internal structure, the most significant syntactic solutions and the most important rhetorical resonances of the texts: looking at their expositive structure, nothing inside the preambles seems to be occasional or casual, nor does it seem to be the product of a mechanical and sterile adaptation to the usual formulas of notaries and Chanceries. The same preamble section is then studied from the conceptual point of view, primarily focusing on the ethical, religious and legal basis underlying texts. The analysis focuses on the identification of formulary uses that characterize each document, once they have been put together according to their type, so as to register the adjustments that occurred case by case. Given that the preamble is not a purely ornamental part of the act, it is possible to understand how proems of public documents analyzed have become the privileged places where the Norman ideology reflects a unique and complex ideology, because it developed at the end of the mixing process of Byzantine, Lombard and Arab civilizations in high medieval Southern Italy. Therefore, the factors that make preambles of documents so similar to each other (that is inspiration, formal solutions, size, the space occupied inside the document and, then, the importance and purpose that it assumes) should be related to local costumes of geographical areas of production, in the same way as they should be related to the social groups, authors, and recipients that they belonged to.

Elyse Dupras (Cégep de Saint-Jérôme, Québec)

[email protected] Professeure de littérature depuis 1995, elle enseigne avec passion le théâtre, les mythes et la littérature européenne et québécoise. En ce qui concerne la recherche, elle a consacré l’essentiel de ses travaux aux personnages de diables et à leur univers dans la littérature en moyen-français (voir Diables et saints : rôle des diables dans les mystères hagiographiques français , Genève, Droz, 2006, Prix Raymond-Klibansky). Autorité et exclusion sur la scène religieuse médiévale sont aujourd’hui au centre de ses préoccupations. Le discours des diables et des personnages associés à l’enfer et au mal agit à la fois comme véhicule et comme moteur de l’exclusion dont ces personnages font l’objet. Ce discours rencontre celui de l’autorité qu’incarnent les

-25- personnages de saints ou de dignitaires religieux. Le dialogue entre autorité, déviance et exclusion sur la scène religieuse médiévale se trouve donc au cœur de ses recherches actuelles.

« Par maffoy » : de l’usage curieux de locutions et de formules d’assertion par les diables des mystères hagiographiques français En mettant en scène de nombreux diables, le théâtre religieux de la fin du Moyen Age s’efforce, entre autres, de représenter des personnages qui appartiendraient à une altérité radicale par rapport au public auquel est destinée la représentation. Ces diables, en effet, ne sont ni humains ni chrétiens, ce qui en soi suffirait à les faire percevoir comme relevant d’une forme irréductible de l’autre. À titre de spectacle total, le théâtre caractérise ses personnages par leurs costumes, par leurs gestes, mais également par leur langage. Or, représenter l’altérité dans le langage pose problème dès lors que ce langage vise néanmoins à être compris des spectateurs. Rien d’étonnant alors à ce que l’on retrouve dans la bouche des diables les mêmes locutions que celles en usage dans l’ensemble de la littérature de cette époque. Plus curieux, peut-être, peut sembler l’usage que les diables font de certaines formules d’assertion. En recourant à ces formules, les diables contribuent souvent à les vider de leur sens premier. Par la réitération des lieux communs en vogue, les diables témoignent de l’enfermement dans l’univers discursif chrétien que leur impose le fatiste qui peine à concevoir une véritable altérité. L’idéologie chrétienne monopolise ainsi le discours à un point tel qu’elle doit s’efforcer d’en construire la marge sans pouvoir s’écarter du système de références chrétien. Cette communication explorera donc les divers usages que les diables des mystères hagiographiques français font des locutions et des formules d’assertion, et comment ces usages témoignent de l’impossibilité de concevoir l’autre , qui se trouve dès lors enfermé dans un discours du même sur l’autre . Le discours fictionnel du diable, cet autre radical, aux prises avec les mêmes formules et les mêmes locutions que tous les autres personnages ou, parfois, aux prises avec des formules qui se donnent pour autres tout en étant calquées sur les formules chrétiennes, ne parvient pas à fonder une voix véritablement dissidente. Le discours chrétien ne connaît pas d’ailleurs.

“By my fey”: On the Curious Usage of Locutions and Assertion Phrases by Devils in French Saints’ Plays By placing many devils on the stage, religious theatre at the end of the Middle Ages strives to, among other things, represent the characters that would belong to a radical otherness for the audience. These devils are, in effect, neither human nor Christian, which in itself is enough to make them appear to be an implacable form of the Other. In a full show, these roles are characterized by their costumes, their gestures, and also by their language. But representing otherness in language poses a problem as soon as the spectators need to understand this language. Not surprisingly, the same locutions are found in the mouths of the devils throughout the literature of that era. But more curious is the usage that the devils make of these assertion phrases. In using these formulas, the devils often contribute to emptying them of their original meaning. By the reiteration of the fashionable commonplace, the devils show confinement in the Christian discursive universe imposed on them by the fatiste who struggles to imagine a real otherness. Christian ideology thus monopolizes the discourse to the point that it strives to show its scope without moving away from the system of Christian references. This paper will therefore explore the various usages of locutions and assertion phrases by devils in the French saints’ plays, and how these usages show the impossibility of imagining the Other, which from that point on finds itself confined to a discourse on the identity of members of the group as opposed to the Other. The fictional discourse of the devil, this radical Other, battling with the formulas giving the impression of being something different

-26- although copied from Christian formulas, does not succeed in developing a truly dissident voice. The Christian discourse can’t encompass the Other.

Irène Fabry-Tehranchi (Paris III Sorbonne Nouvelle-ENS)

[email protected] Irène Fabry-Tehranchi est une ancienne élève de l’ENS de Lyon, agrégée de Lettres Modernes. Elle a soutenu en 2011 à Paris III, Sorbonne Nouvelle une thèse portant sur les relations entre texte et image dans les manuscrits du Merlin et de la Suite Vulgate. Elle est actuellement ATER en langue et littérature françaises médiévales à l’ENS-Paris après avoir enseigné comme ATER à l’Université Paris-Est, Marne la Vallée et comme AMN à Paris III. Elle a été lectrice de français à l’université de Londres, Royal Holloway et à Trinity College, Cambridge. Ses recherches actuelles portent sur l’adaptation et la réception de la matière arthurienne dans les chroniques et les romans français et anglais à la fin du Moyen Age et au début du XV e siècle.

Mise en abyme de l’écriture : le développement formulaire et iconographique des rencontres entre Merlin et Blaise Le roman de Merlin de Robert de Boron et sa continuation appelée Suite Vulgate sont rythmés par les visites de Merlin, prophète, enchanteur, mais aussi conseiller des rois de Bretagne, à son maître Blaise, un religieux chargé de mettre par écrit l’histoire que lui dicte ce dernier. Ces entretiens constituent un motif récurrent du texte original et de sa continuation. Ils interrompent la trame narrative et participent à la mise en abyme de l’écriture du livre dont ils exposent les origines. Les rencontres de Merlin et Blaise sont introduites par le procédé stylistique de l’entrelacement. La reprise de cette formule assure la transition d’une partie à l’autre de la narration qui peut alors envisager de façon successive des événements simultanés, introduisant de nouveaux lieux et personnages et faisant le va-et-vient entre les différentes scènes de l’action. Nous étudierons comment ce procédé courant de l’écriture romanesque en prose est appuyé par le recours à d’autres formules stéréotypées propres à ces épisodes qui combinent la mention du déplacement de Merlin, l’évocation de la joie éprouvée par Blaise et celle de la scrupuleuse mise en écrit des paroles du prophète. Ces énoncés stylistiquement distincts, dont on trouve un écho dans l’iconographie de certains manuscrits enluminés du Merlin et de sa suite, contribuent à la mise en série de ces épisodes investis d’une fonction d’authentification.

Mise en abyme of the Writing Process: Formulaic and Iconographic Development of the Meetings between Merlin and Blaise Merlin, the prophet, a wizard, and counsellor of the kings of Britain, regularly meets with Blaise, a cleric who transcribes Merlin’s stories, in the eponymous romance by Robert de Boron and its Vulgate Sequel . These meetings are a recurrent motif; they interrupt the narration and simultaneously contribute to the mise en abyme of the writing of the book whilst exhibiting its origins. The visits to Blaise are introduced by the entrelacement , a stylistic device which incorporates transition formulas connecting the different parts of the text, by introducing new places and characters and allowing the narrator to go back and forth between different scenes. I will study the use in the prose narrative of these stereotypical formulas which combine the reference to Merlin’s travels, the mention of Blaise’s delight and the transcription of the prophet’s words. These statements resonate with the iconography of some illuminated Merlin manuscripts and partake of the serial composition of episodes invested with an authenticating purpose.

-27- Luca Fois (Università degli studi di Milano)

[email protected] Laureato in “Storia della chiesa medievale e dei movimenti ereticali” presso l’Università degli studi di Milano; titolare di un finanziamento nell’ambito del Programma di ricerca ‘Giovani ricercatori’ dell’Università degli Studi di Milano; specializzato in “Studi francescani” presso l’Universitas Franciscana Mediolani; dottore di ricerca in “Storia del cristianesimo e delle chiese cristiane (età antica, medioevo, età moderna)” presso l’Università di Padova; cultore della materia retribuito in “Storia della chiesa medievale e movimenti ereticali” e “Storia del cristianesimo” presso la Facoltà di Lettere e Filosofia dell’Università degli studi di Milano; dal novembre 2006 titolare di un assegno di ricerca biennale presso il Dipartimento di scienze della storia e della documentazione storica dell’Università degli studi di Milano. Negli aa.aa. 2008-2009, 2009-2010 titolare del laboratorio: “I notai e i documenti dell’inquisizione in Italia (secoli XIII-XV)” presso l’Università degli studi di Milano e nell’a.a. 2011-2012 titolare del laboratorio “I documenti degli enti ecclesiastici nel Medioevo (Milano e Lombardia XI-XII sec.)”. Docente di “Istituzioni medievali” e “Istituzioni ecclesiastiche medievali” presso la “Scuola di archivistica, paleografia e diplomatica” dell’Archivio di Stato di Milano.

Immutabilità delle forme, duttilità dei contenuti : atti privati milanesi del XIII secolo L’analisi un guppo di atti privati milanesi della seconda metà del XIII secolo conservati presso la Bibliothèque Nationale de France, perlopiù legati alla compravendita o alla locazione di beni immobili coinvolgenti esclusivamente attori non ecclesiastici, ha fatto emergere un utilizzo intenso ed esteso del formulario, con una chiara tendenza alla moltiplicazione delle clausole di garanzia e delle renuntiationes . Pur ammettendo che si tratti solo di un’impressione dovuta all’occasione di osservare insieme atti stipulati da laici, normalmente (per la particolare situazione conservativa milanese) diluiti in serie documentarie relative ad enti religiosi, forse maggiormente propensi (o obbligati dal loro status) a fare uso di un minor numero di clausole tra le più consuete. Sta di fatto che tale moltiplicazione se, da un lato, potrebbe essere semplicemente legata alla naturale evoluzione della documentazione, dall’altro, non sembrerebbe essere esclusivamente da imputarsi alla consuetudine secondo la quale «le parti ascoltano volentieri decine di formule, per loro spesso quasi magiche, giacché non ne coglievano esattamente il significato, come sicura garanzia che tutto procederà per il meglio». Parebbe, al contrario, che in molti di questi atti ci sia una assai concreta attenzione nel privare, a seconda delle occasioni, il venditore o il locatario dei suoi diritti a vantaggio dell’acquirente o del locatore, aggirando tutti gli ostacoli frapposti dalle norme entrate in vigore nel corso del Duecento, forse, in modo neppure troppo velato, a tutela di somme di denaro che passavano di mano tra gli attori, a prescindere dalla forma contrattuale assunta dal negozio. Inoltre, ammettendo con le dovute cautele un utilizzo intrinsecamente più complesso sia delle tipologie contrattuali, sia delle clausole di garanzia e di eccezione, è necessario porre l’accento sul ruolo del notaio, che emergerebbe come tramite qualificato per la stipulazione dei negozi, e non solo e non esclusivamente come mero registratore di atti. Infatti i notai che appaiono nella documentazione esaminata sembrano possedere la duttilità necessaria per piegarsi alla complessità dei negozi che sono chiamati a trasporre su pergamena, oltre che una buona conoscenza del diritto, tanto da offrire ai contraenti strumenti efficaci per soddisfare tutte le loro esigenze. La comunicazione si propone di verificare, attraverso l’allargamento del fuoco ad altri atti conservati presso l’Archivio di Stato di Milano, le tendenze riscontrate negli atti parigini e di individuare le modalità e finalità dell’utilizzo del formulario, nonché di definire meglio il ruolo dei redattori degli atti.

-28- Immutability of Forms, Flexibility of Contents: Milanese Private Documents of the 13 th century The analysis of a group of 13th century Milanese documents held in the Bibliothèque nationale de France (mainly agricultural contracts between private lay persons) has underlined an extensive and intensive use of the formulary. In particular, these acts show a clear increase of warranty clauses and renunciationes. This could be only an impression produced by observing a coherent group of acts produced for lay private persons and not, as the great part of Milanese medieval documentation, for ecclesiastical institutions, probably more inclined (or forced) to a short number of clauses. However, it is a fact that this multiplication, maybe simply related to the natural evolution of notarial practice, could not be only connected to the custom that “the parties willingly listen to a lot of formulas, almost magical for them because they don’t completely understand their meaning, as a warranty of the rightful conclusion of the contract”. On the contrary, it seems that for most of these acts there is a strong attention paid to depriving the seller or the tenant of his rights. This is done to the advantage of the buyer or the lessor, bypassing all the normative obstacles erected during the 13th century, probably with the aim to prevent sums of money from passing from one party to another, regardless of the contractual typology used to record the affair. Compared to the contemporary documentation produced by (and for) ecclesiastical institutions, the clauses mentioned above represent in some cases about 80% of the text of the acts (mostly an average of 30-40%). They are distinguished by specific quotations of current laws and norms ( Consuetudines Mediolani, Saint Ambrose peace, Statutum Paraticorum, etc), and by the massive presence of disclaimers repudiating appeals in case of defaults or claims, etc. Frequently used also are resale clauses and herringbone cancellations, similar to the ones used for obligations. All these forms seem to be evolutions, adjustments and refinements of the mechanism of “loan on land pawn”, achieved through the instruments offered by the notarial practice. This different use of the formulary became necessary in order to fulfill the gap between the slow growth of new contractual typologies (as a consequence of medieval conservative ways of thinking) and the actual need of working tools. The use of this kind of acts could also explain in some way the almost complete absence of medieval (13 th century) commercial and financial acts for Milan, one of the leading European cities in these sectors. The intrinsically more complex use of ordinary typologies of contracts leads also to the central role of the public notary. Indeed, his action was not limited to the simple “registration” of legal transactions but was effective and concrete in thinking of ways to satisfy the documentation needs of his customers. This was possible as a result of his legal training, his knowledge, and his flexibility in using the formulary. The paper will present the results of the verification of the trends emerging form the Parisian group of acts and widen the focus to similar and coherent documents held in the Archivio di Stato of Milan and the Universität- und Landesbibliothek von Sachsen-Anhalt in Halle, in order to point out the modalities and the finalities of this use of the formulary, and in order to define in a more complete way the role of public notaries.

Laure Gevertz (Université de Paris-Sorbonne Paris IV)

[email protected] Laure Gevertz, agrégée d’histoire, doctorante contractuelle à l’Université Paris IV Sorbonne, prépare actuellement une thèse sur « Les Corps de métier et la vie économique londonienne à la fin du Moyen Age » sous la direction du professeur Elisabeth Crouzet-Pavan.

-29- Jurer fidélité et loyauté au métier : le serment et les corps de métier londoniens. La communication se propose d’étudier le rôle joué par le serment dans le développement et l’organisation des corps de métier londoniens à la fin du Moyen Age et dans les rapports entretenus par ces derniers avec les pouvoirs urbains. S’il constitue un instrument efficace pour créer une véritable solidarité et une cohésion au sein du groupe professionnel, le serment sert également de support à la création d’une législation interne à laquelle tous sans exception jurent de se soumettre. Cependant, cette pratique doit se concilier et s’articuler avec les différentes marques d’allégeance qui unissent les habitants de la cité et s’intégrer dans l’ordre juridique urbain pour affirmer sa légitimité. Le serment se situe donc au-delà du simple rituel d’adhésion, il met en jeu l’honneur et la respectabilité de celui qui le prononce. Loin de n’être qu’un simple marqueur pragmatique dépourvu d’effets réels, il agit comme un véritable signe de reconnaissance et participe à définir l’identité et la place des individus à l’intérieur des différentes communautés auxquelles ils appartiennent.

Swearing Allegiance and Loyalty to the Trade: The Oath and the “Misteries” of London in the Late Middle Ages The paper aims to investigate the role played by the oath in the development and organization of guilds in late-medieval London and in the relationships that they maintain with the urban authorities. If the formal swearing procedure constitutes an efficient instrument in establishing a real solidarity and a strong cohesion within the occupational group, it also serves to support the creation of internal rules to which all without exception accept to submit. However, this practice has to be conciliated and combined with the different brands of allegiance already existing between the city’s inhabitants and has to be integrated into the urban legal order vith a view to legitimizing it. The oath is not a mere ritual of membership. It involves the honor and the responsibility of the oath taker. Far from being only an ineffective pragmatic marker, this act constitutes a true sign of recognition which helps define the identity and position of individuals within the different communities to which they belong.

Daniel Gregorio (Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, FLLASH)

[email protected] Grégorio Daniel est MCF-HDR à la Faculté de Lettres de Valenciennes. Spécialisé dans le médiévisme hispanique, il a présenté une thèse sur la portée politique des recueils de miracles médiévaux espagnols du XIIIème siècle. Son inédit pour l’HDR porte sur la place de la magie, pratique et théorique, dans le corpus scientifique médiéval et plus particulièrement dans l’œuvre d’Alphonse X de Castille. Actuellement, il oriente ses recherches sur le discours magique, les écritures kabbalistiques et la symbolique alchimique. Responsable de la Revue Cauces, et ancien directeur du Département d’Études Hispaniques de Valenciennes, il est membre du Calhiste et de la Société Espagnole d’Études Médiévales, au sein desquels il collabore avec les chercheurs d’universités françaises (Caen, Bordeaux) et espagnoles (Léon, Murcie).

Formules religieuses et prières magiques Les grimoires alphonsins tels que le Picatrix , le Libro de Astromagia ou le Liber Razielis , définissent les incantations magiques comme des prières . L’utilisation de ce terme particulier à forte connotation religieuse ne peut que surprendre. Or, il ne s’agit pas là d’une originalité propre au roi castillan puisque le De Nigromancia , attribué à Roger Bacon, utilise le même vocabulaire religieux pour se référer aux incantations magiques.

-30- La prière est traditionnellement perçue comme une pratique religieuse, une demande, une louange ou un remerciement adressé à la divinité, a priori étrangère à toute opération magique. Malgré les différences supposées entre les prières religieuses et les incantations magiques, ces deux formes d’expression présentent des points communs. Les prières religieuses sont aussi variées que les formules dites magiques et leur application, leur opportunité et leurs effets (ouverture d’un passage, invocation d’un esprit, malédiction ou transformation des êtres vivants et de la matière) ne diffèrent pas réellement de ceux des incantations du mage. L’énonciation d’un discours magique ou religieux dépasse le domaine de la simple motivation de l’orateur. Chaque énonciation doit se conformer à un modèle établi par la tradition, se présentant ainsi sous forme de formules inaltérables qui doivent être prononcées selon un rituel consacré. L’idée de tradition implique, a priori , que la formule demeure figée dans le temps. Pour autant, la traduction des grimoires, influencée par les mentalités des différentes époques, peut favoriser une altération des énonciations magiques. L’analyse d’une telle variation n’est possible que par une approche diachronique, qui compare les structures oratoires utilisées avec celle des sources qui ont inspiré les grimoires du XIII e siècle, et par une autre, synchronique, qui compare différents grimoires de la même époque, pour déterminer s’il s’agit de structures communes à toutes les opérations magiques ou propres à chaque aire géographique. En nous basant spécifiquement sur des traités de magie du XIII e siècle ( Picatrix et Libro de astromagia d’Alphonse X de Castille, Lettre sur la nullité de la magie et le De Nigromancia de Roger Bacon), nous déterminerons dans un premier temps les différents aspects (linguistiques, psychologiques, gestuels) d’une incantation. À l’aide des sources premières ( Cyranides , Sepher ha-Razim , De Raadis d’al-Kindi et Picatrix d’Abu Maslama) qui ont inspiré ces grimoires, nous soulignerons quels éléments se perpétuent, donnant ainsi toute sa valeur et sa force ‘ancestrale’ au discours magique. Ces conclusions permettront ensuite de déterminer dans quelle mesure l’incantation ressemble effectivement à une prière, telle qu’elle a été définie par les canons conciliaires ou des écrits spécifiques comme ceux de saint Benoît, de saint Isidore de Séville ou de saint Thomas d’Aquin. Il s’agira alors de souligner si l’incantation magique tient de la prière et dans quelle mesure cette dernière peut être influencée par la formulation magique.

Religious Spells and Magic Prayers Spell books, such as Picatrix , Libro de Astromagia or Liber Razielis , refer to magic incantation as prayers . Nevertheless, this confusion is not peculiar to Alphonse X of Castile, inasmuch as Roger Bacon, in his De Nigromancia , describes spells in the same terms. This particular expression, with religious connotation, may be surprising. Prayer is usually linked to religious practices, a request, praise or ex-voto addressed to the deity. In spite of the differences, prayers and incantations seem to be similar, as far as both are geared to obtaining some advantage from the supernatural world. They both require a strict ritual, established by tradition, therefore taking the shape of inalterable formulas. Nevertheless, the translation and drafting of new spell books raise the problem of the originality and adaptation of ritual magic, and the uttering of spells, to the minds that produced them. Basing our analyses on 13 th century spell books (Alphonso X’s Picatrix , Libro de Astromagia , and Roger Bacon’s Lettre sur la nullité de la magie and De Nigromancia ), we shall expound at first the linguistic, psychological and ritualistic aspects that may define an incantation. Afterwards, comparing these titles to the original sources ( Cyranides , Sepher ha- Razim , al-Kindi’s De Raadis , and Abu Maslama’s Picatrix ) that inspired the medieval authors, we intend to underline possible variations between the former and the latter. At last, in order to find out to what extent spells may be considered as prayers, we will refer to canonical and theological writings, from Isidore of Seville to Thomas Aquinas, to make clear what praying

-31- consists of, and in what way “religious” prayers and magic spells are influenced by each other.

Marie-Geneviève Grossel (Université de Valenciennes et du Hainaut- Cambrésis)

[email protected] Marie-Genieviève Grossel est maître de Conférences à l’Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis, et enseignante en littérature et langues (romane et latine) du Moyen Age. Dans le droit fil d’un doctorat d’état (Paris IV 1991) portant sur le milieu littéraire en Champagne sous les Thibaudiens 1200-1270, sa recherche s’est poursuivie dans ce champ d’une remarquable ampleur, avec, outre les articles et communications, des études et des éditions de textes, portant à la fois sur la demande des publics et sur les productions des écrivains issus et/ou fréquentant ce milieu.

Peut-on parler de formules dans la chanson de trouvères ? Art étroitement codifié en sa thématique et ses motifs, la chanson de trouvère, héritière de la chanson des troubadours qu’au fil du temps elle a poursuivie et transformée, enferme dans ce que l’on a appelé la circularité de son chant des "combinaisons innombrables" provenant d’une "structure profonde immuable" selon la belle définition de P. Zumthor. Depuis déja de nombreuses année, on a rassemblé et étudié tous les motifs qui en leur réthorique singulière et épurée constituent la chanson. Mais si tous les critiques s’accordent à définir comme parfaitement topique cette parole autour d’un Je dont nous ne pouvons connaître que l’existence "grammaticale", on s’est moins penché sur l’aspect formulaire que bien des autres genres ou registres contemporains utilisent avec prédilection. Si l’on se réfère à la définition classique de J. Rychner pour la chanson de geste, on trouve des thèmes (ici essentiellement l’amour, mais pas seulement) qui seront traités en des motifs eux-mêmes très précis et topiques, lesquels à leur tour recourront à des expressions et/ou mots "formulaires", stéréotypés. C’est la question que se posera cette modeste contribution: à relire toutes les chansons (il ne sera pas ici question de la mélodie) peut-on : 1) y trouver des formules ainsi définies ? 2) y déterminer avec la plus grande précision leur fonctionnement par rapport aux motifs ? 3) dans le meilleur des cas en suivre en quelque sorte l’histoire ? Il semble en effet que certaines "formules" soient en fait des citations qui peu à peu ont perdu ce statut initial.

The song of "trouvères" is an art which is strictly codified in its theme and its motives; it is the offspring of the song of the “troubadours”, which it took further afield and transformed over time. It shuts up into what has been designated as the circularity of its singing "countless combinations" resulting from an "unchanging deep structure", according to the beautiful definition of P. Zumthor. For a number of years the motives—which, with their singular and chastened rhetoric constitute the song --, have been collected and studied. But if all the critics agree in defining as perfectly topical this discourse around a « Je » of which we only know the "grammatical" existence for sure, they have not as yet focused on the aspect that characterizes many other genres or contemporary registers. If we refer to J. Rychner’s classic definition of the epic, we find themes (in this case love, essentially, but not only that) which will be handled with very

-32- precise and topical motifs , which in turn will make use of stereotyped expressions and\or words. Here is the question that this modest contribution sets out to address: when reading all the songs closely again (the melody itself is not at stake here) may we: 1) find such defined forms? 2) determine with the highest precision their functioning with regard to the motifs? 3) in the best of cases, follow somehow the history of the forms? (It indeed seems that some of the "forms" in question were in fact originally quotations that gradually lost this initial status.)

Amel Guellati (Université du Havre)

[email protected] Née le 5 septembre 1967, à Alger (Algérie), Amel Guellati a consacré l’essentiel de sa carrière à l’enseignement de la langue arabe en France après l’obtention du CAPES en 1990, puis de l’agrégation d’arabe en 2000. PRAG à l’Université du Havre depuis 2001, elle a soutenu, en 2010, une thèse en littérature arabe classique (études médiévales) à Paris-Sorbonne, sous la direction de M. Le Professeur A. Cheik-Moussa, avec la mention très honorable et les félicitations du jury. Membre permanent du groupe de recherche Identité et Culture (GRIC) (DS6-Sciences de l’homme et des humanités (EA 4314), elle se partage actuellement entre son travail d’enseignante à l’Université du Havre et la recherche.

De l’obscénité à l’exemplarité ou de l’injure à la formule

-33- The phrase in the Middle Ages

-34- Pierre-Henri Guittonneau (Université de Lorraine)

[email protected] Pierre-Henri Guittonneau, agrégé d’histoire et A.T.E.R. en histoire médiévale à l’Université de Lorraine (département d’histoire de Metz), mène des recherches dans le cadre d’une thèse intitulée « Entour Paris, les petites villes sur l’eau : étude d’un maillage urbain à la fin du Moyen Âge », sous la direction d’Élisabeth Crouzet-Pavan (Paris-Sorbonne, UMR 8596 Centre Roland Mousnier. Histoire et Civilisation).

« Et il a fait le serment accoustumé ». Entrer dans la commune de Mantes au XV e siècle Les registres de délibérations de Mantes-la-Jolie, en aval de Paris, permettent d’engager une réflexion sur la nature du serment communal de cette ville à la fin du Moyen Âge. Alors que, au XIIe siècle, la charte de commune stipule qu’un serment d’entraide doit être prêté, trois siècles plus tard, sa pratique ne paraît pas renvoyer directement à l’idée d’assistance mutuelle. Par ailleurs, les registres ne contiennent ni formule de serment ni rituel de prestation. Seul le mot apparaît dans l’expression : "et il a fait le serment accoustumé". L’enregistrement des entrées dans la commune ainsi que le récit des exclusions laissent percevoir que l’accent n’est pas vraiment mis sur l’entraide mais plutôt sur la jouissance par le nouveau communier des privilèges de la ville et, en filigrane, sur la possibilité de vendre son vin dans les limites de la châtellenie de Mantes. En effet, dans les registres, seules les ventes de vin frauduleux motivent les exclusions. Cependant la sanction des infractions au serment passe parfois par un rituel qui vise à rendre publique autant la distribution prochaine du vin incriminé que l’atteinte aux franchises et à l’honneur de la ville. Ce rituel permet ainsi de rétablir, aux yeux de tous les communiers, le déséquilibre causé par un seul. Ainsi s’agira-t-il d’étudier, avec les serments d’entrée dans la commune de Mantes au XV e siècle, la confrontation entre les intérêts personnels des impétrants et l’honneur de la ville qui est garanti par la défense de privilèges collectifs par le corps échevinal. Le serment prêté par un seul l’engage devant l’ensemble des membres de la commune et, par delà la réalisation de ses projets personnels, assure avant tout la préservation de l’intégrité des franchises de la ville.

« Et il a fait le serment accoustumé ». The communal oath of Mantes in the 15 th century Thanks to the minute books, it is possible to study the nature of the communal oath of Mantes-la-Jolie, near Paris, on the river Seine, in the Late Middle Ages. Whereas, in the 12 th century, by virtue of the communal charter, people had to take an oath of mutual aid, in the 15 th century, it was out of the question. In fact, in the minute books, only the word "serment" appears in this expression : "Et il a fait le serment accoustumé", when a man becomes a member of the urban community. Mutual aid is not explicitly mentionned. The recording of entrances in the city as well as the narrative of exclusions insist on the enjoyment of urban privileges by the applicant. More exactly, they insist on the possibility of selling wine within the limits of Mantes. Besides, it is significant that only the sale of fraudulent wine justified exclusions. However the penalty for breaches of the oath sometimes passes by a rite which aims at making public both the future distribution of the fraudulent wine as well as the infringement on the privileges and honour of the city. This rite thus allows the restoration, in the eyes of all the "communiers", the imbalance caused by one.

-35- So the aim here will be the study, with the oaths of entrance into the urban community in the 15 th century, of the confrontation between the personal interests of the applicants and the honour of Mantes which is guaranteed by the defense of collective privileges by aldermen. The oath sworn by one individual commits him in front of all the members of the community and, beyond the execution of his personal projects, protects above all the conservation and the integrity of the urban privileges.

Anne Ibos-Augé (Paris-Sorbonne, Laboratoire Patrimoines et Langages Musicaux)

[email protected] Anne Ibos-Augé est une ancienne élève du CNSMDP (Histoire de la musique, analyse, esthétique). Elle est docteur en musicologie de l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux III et agrégée de musique. Elle est chargée de cours à l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux III. Depuis 2010, elle est chercheur associé au laboratoire de recherches Patrimoines et Langages Musicaux (Université de Paris IV-Sorbonne), ses recherches portent sur les chansons et les refrains des XII e XIV e siècles (préparation d’un catalogue en ligne) ainsi que sur l’analyse codicologique et musicale des chansonniers de trouvères.

Récurrences et formules mélodiques dans le roman de Renart le Nouvel Écrit par le Lillois Jaquemart Giélée autour de 1289, le roman de Renart le Nouvel , muni d’insertions musicales, est l’une des dernières continuations des aventures du célèbre goupil. Ce texte appartient par ailleurs à l’important corpus des “romans à insertions”, en vogue e durant tout le XIII siècle en France d’oïl depuis Jean Renart, auteur du roman de Guillaume de Dole écrit vers 1228. Trois des quatre manuscrits qui le conservent possèdent l’intégralité des refrains insérés dans le texte, le dernier ne contenant qu’une des insertions sur des portées par ailleurs vides. Les trois témoins musicaux du texte, parfois profondément divergents dans le choix des refrains proposés, sont caractérisés par un type d’écriture musicale utilisant de nombreuses récurrences mélodiques. Celles-ci sont parfois directement liées au texte poétique et s’expliquent alors sémantiquement. Dans d’autres cas – paradoxalement les plus fréquents –, les retours musicaux sont indépendants du texte des refrains. Leur origine est parfois externe au manuscrit concerné et trouve alors sa source dans des textes musicaux préexistants, rondeaux, motets ou chansons. Certaines des mélodies sont en revanche propres à l’un ou l’autre des manuscrits conservant le roman et parcourent le texte littéraire, à la manière de véritables formules musicales. L’étude des refrains insérés dans le roman de Renart le Nouvel pose plusieurs questions. Comment appréhender les récurrences? Dans quel cas est-il possible de parler de véritables formules? Comment les réitérations mélodiques permettent-elles d’interroger le rapport entre le texte et la musique? Dans quelle mesure les éléments récurrents font-ils appel à la perception et à la mémoire des lecteurs-auditeurs? Enfin, de quelle manière ce type d’écriture, générant un matériau véritablement propre à un manuscrit, s’inscrit-il dans l’histoire musicale de la composition des refrains – comme dans celle des textes munis d’insertions musicales ?

Recurrences and melodic formulas in the Renart le Nouvel romance Written by Jaquemart Giélée around 1289, the Renart le Nouvel romance, peppered with musical insertions, is one of the last sequels to the “goupil”‘s adventures. This text also belongs to the important corpus of “inserted texts”, which appears to have been a real fad during the whole 13th century in northern France, beginning with Jean Renart, who wrote the

-36- Guillaume de Dole romance around 1228. Three of its four surviving manuscripts contain the extant music of the refrains inserted in the narration, the latest only containing one quotation among empty staves. The three musical copies diverge, sometimes deeply, in the choices of these short poetico-musical elements. But all three of them are characterized by a compositional process using numerous melodic recurrences. Sometimes, these recurrences are directly linked to the poetic text, and have a semantic explanation. In other cases – paradoxically the most frequent –, musical reiterations are independent from the text of the citations. Their origin may be external to the manuscript and the refrains, then, come from preexistent musical texts, rondeaus, motets or songs. On the other hand, some of the melodies are specific to each of the copies and run along the poetic text like real musical formulas. Studying the refrains inserted in the Renart le Nouvel romance raises several questions. How are the recurrences to be considered? In what case(s) is it possible to talk about « genuine » formulas? How do the melodic reiterations allow us to question the relationship between text and music? To what extent do the recurrent elements call on the perception and memory of the readers-listeners? Lastly, how does this way of writing, generating a material which appears to be specific to a manuscript, lie within the poetico-musical history of the refrains – as well as that of the inserted texts themselves?

Nejmeddine Khalfallah (Université de Lorraine)

[email protected] KHALFALLAH Nejmeddine, Maître de conférences à Nancy2. Il a réalisé une thèse de doctorat sur La théorie du sens dans la pensée arabe médiévale. Ses recherches et articles actuels portent sur la sémantique du droit musulman, la tradition exégétique et la terminologie juridique arabe entre néologisme et Tradition.

Formules juridiques en terres d’Islam Tout au long du Moyen Âge, les terres d’Islam étaient régies par la Loi religieuse. En se référant aux Textes sacrés, les législateurs d’alors ont forgé des formules juridiques/judiciaires que les sujets du droit musulman devaient prononcer lors de la réalisation d’actes actes sociaux et légaux ; les frontières n’y étant pas étanches. À titre d’exemple, le mariage se fondait, hormis les témoins et la dot, sur une formule consensuelle, prononcée par les deux parties. Il en va de même pour le divorce qui devient effectif par la simple prononciation de la phrase : anti t āliq ! (Tu es divorcée !). Embrasser l’islam par un non-musulman se produisait également au moyen d’une déclaration solennelle de la profession de foi. La personne et les biens de quiconque les prononce en deviennent inviolables et acquièrent un statut sacré. De très nombreux exemples révèlent cet impact quasiment magique de la « formularité » dans la réglementation de la vie sociale et l’établissement des normes juridiques. Suivant des constructions syntaxiques particulières, ces formules ont fait l’objet d’un examen minutieux de la part des rhétoriciens arabes qui y voyaient des « énoncés performatifs » (Austin : 1962), différentes d’énoncés assertifs. L’objet de notre étude est ainsi double : d’une part, nous tentons de systématiser toutes les formules, à connotation juridique, afin de les réunir selon un principe rigoureux de taxinomie. D’autre part, nous tâcherons d’analyser le fonctionnement syntaxique, sémantique et pragmatique de ces formules auxquelles les rhétoriciens ont consacré une partie de leur étude des modalités du discours (énoncés assertifs vs. énoncés performatifs). En s’appuyant sur une réflexion rhétorique et logique, ces juristes-rhéteurs ont également examiné les formules juridiques vidées du sens, lorsque le locuteur n’en entend pas l’effet exécutoire immédiat. Ainsi, s’ouvraient des débats passionnants sur la conformité de l’intention à l’énoncé

-37- formularisé en matière du droit. D’ailleurs, les définitions proposées méritent d’être revisitées, car elles reflètent cette volonté de distinguer les formules exécutoires des simples paroles spontanées afin d’éviter les malheurs: mariage, divorce, vie et mort en dépendaient. Pour reprendre le même exemple, le remariage avec une épouse répudiée par la formule susmentionnée nécessite impérativement le mariage de celle-ci avec un autre homme. Cette « punition », selon l’expression de jurisconsultes, enseigne à l’époux laxiste de ne plus négliger le sens sacré de ces formules. Nous étudierons enfin ces formules, dans une optique historique comparée, à la lumière de l’influence éventuelle des cultures juive et chrétienne (et byzantine) en vue de comprendre les cheminements de l’acculturation, de la traduction et du transfert culturel. Mots clefs : Droit musulman, formules juridiques, adage, énoncés performatifs.

Formula of Divorce in Islamic Law All through the Middle Ages, Islamic countries were regulated by religious law. In referring to holy texts, the legislators of the time coined legal and judicial phrases that the subjects of Muslim law needed to pronounce when carrying out social and legal acts – borders, at the time, not being hermetically sealed. For example, the act of marriage was based on, besides the witnesses and the dowry, a phrase of consent, pronounced by both parties. It was the same for divorce, which took effect upon the simple pronouncing of the phrase: anti taliq ! (You are divorced!) The conversion to Islam by a non-Muslim also took effect by means of a solemn declaration of faith. The person and the belongings of whoever pronounced the words of the phrase became inviolable and acquired a holy status. A great many examples reveal the quasi-magical impact of “phrasifying” in the regulating of social life and the establishing of legal standards. Following particular syntactical constructions, these phrases have been minutely examined by Arabic rhetoricians who consider them to be “performative utterances” (Austin, 1962), unlike assertive utterances. The subject of our study is thus double: on the one hand, we are attempting to highlight the phrases for divorce, in order to gather them together in rigorous taxonomy. On the other, we are trying to analyze the syntactical, semantic and pragmatic functioning of these phrases, which rhetoricians and jurists (Ibn Rusd, 1999) have devoted part of their study of the modalities of speech (assertive utterances vs. performative utterances) to. Using the reflection of rhetoric and logic, these jurist-rhetoricians have equally examined the phrases when emptied of meaning, when the speaker does not intend the operative effect (executory) of divorce. Thus, very sirring debates have been held on the conformity of the intention of the phrasified utterance in matters of law. Moreover, it would be well to revisit the proposed definitions, because they reflect this desire to distinguish the executory (operative) phrases from the simple, spontaneous words, in order to avoid the tragedies and troubles – remarriage, divorce, pensions, and the upbringing of children – that depend on them. Coming back to the same example, the remarriage of a repudiated wife by the above-mentioned phrase imperatively necessitates that she be married to another man. This “punishment”, as it is called by the legal experts, teaches the lax husband to not disregard the holy meaning of these phrases. Finally, we will study these phrases from the perspective of comparative history, in the light of the possible influence of Jewish, Christian (and Byzantine) cultures, with a view to understanding the courses of cultural integration, translation and cultural transfer. Key words : Muslim law, divorce, legal phrases, adage, performative utterances.

-38- Sándor Kiss (University of Debrecen, Hongrie)

[email protected] Sándor KISS a fait des études de français et de latin à l’Université de Debrecen (Hongrie). Depuis 1964, il enseigne à cette même Université la linguistique française et la littérature française médiévale. Il donne des cours et dirige des thèses en philologie romane dans le cadre de la formation doctorale à l’Université Eötvös de Budapest. Il a fait plusieurs séjours d’études en France et en Italie ; il participe régulièrement aux congrès internationaux de langue et de philologie romanes ainsi qu’aux colloques internationaux de latin. Il a publié deux monographies (structure syllabique du latin tardif ; syntaxe verbale du latin tardif), parues dans la collection « Studia Romanica » de l’Université de Debrecen. En outre, S. Kiss est l’auteur d’environ quatre- vingts articles, publiés en Hongrie et en France, ainsi que chez différents éditeurs internationaux (évolution du latin tardif, grammaire française, style d’oeuvres littéraires françaises médiévales et modernes).

Tradition et innovation dans le « formulaire » du lyrisme courtois L’auteur de la communication se propose d’étudier le « formulaire » du lyrisme courtois provençal et français, en y ajoutant quelques prolongements en dehors du territoire gallo- roman (école sicilienne et « cantiga de amor » galicienne). La recherche privilégiera la poésie de Bernart de Ventadorn et de Thibaut de Champagne. L’approche des formules sera précise et serrée et partira d’une analyse linguistique : on cherchera à définir une base, une sorte de « structure profonde », qui donne naissance aux « variantes » apparaissant dans la texture des poèmes. Par une étude thématique détaillée (image printanière, éloge de la dame, supplication amoureuse, « amor de lonh », etc.), on tâchera de montrer l’unité interne du formulaire et l’interaction des divers sous-ensembles thématiques qui s’enrichissent mutuellement ; on fera également la part de la tradition et de l’innovation individuelle, et l’on confrontera l’horizon d’attente du public avec son dépassement de la part du poète. On placera au centre de l’investigation le rôle de la formule dans le langage poétique : par quels procédés rhétoriques les clichés du langage ordinaire – constituant, du point de vue de la poésie, une sorte de matériel « semi-formulé » – parviennent-ils à suggérer un sens psychologiquement interprétable et une qualité esthétique nouvelle ?

Conservation and Renewal of Formulaic Expressions in Courtly Lyric Poetry The aim of the paper is to make up an inventory of formulaic expressions used by Provençal and French lyric poets during the period of medieval « courtly » civilization. The method chosen for the investigation is the structural one; the poets more closely examined are Bernart de Ventadorn and Thibaut de Champagne. A precise and detailed description is offered on a linguistic basis: after the definition of a kind of “deep structure”, derived “surface” variants will be compared and classified. The study of several motifs (renewed nature in the spring, praising the lady, love entreaties, “amor de lonh”) highlights the internal unity of formulaic speech and the mutual influence and enrichment of poetic themes. The respective importance of tradition and individual innovation will be assessed, in relation with the expectations of the public, which are constantly surpassed in scope by the original works. The central point of the research is the function of the formulaic style in poetic language: what in the rhetorical devices enables the usual expressions of ordinary language (a “semi- formulated” material for poetry) to become suitable for suggesting a psychologically interpretable meaning and a new aesthetic quality?

-39- Elena Koroleva (Université Saint-Tikhone, Moscou)

[email protected] Elena Koroleva est maître de conférences à la faculté des lettres de l’université Saint-Tikhon à Moscou. Sa thèse de doctorat, soutenue en 2007, est consacrée aux romans du Graal français et allemands du XIII e siècle. Elena Koroleva travaille actuellement sur les romans d’Alexandre français et russes et est affiliée au projet “La création d’un mythe d’Alexandre le Grand dans les littératures européennes (XIe siècle - début XVIe siècle)” dirigé par Catherine Gaullier-Bougassas, professeur de langue et de littérature médiévales françaises à l’Université de Lille 3.

Les formules de l’iconographie chrétienne dans l’enluminure laïque russe du Moyen Âge : l’exemple du Roman d’Alexandre (Académie des Sciences, coll. de Pierre I, 76) L’icône et l’enluminure étaient étroitement liées dès le début de l’histoire artistique de la Russie chrétienne. Les exemples de la peinture laïque russe avant le XIVe siècle sont rares ; s’ils avaient sûrement existé en un plus grand nombre, la plupart d’entre eux disparurent lors de l’invasion des Mongols au XIII e siècle, un événement qui a retardé le développement du pays d’au moins un siècle. C’est là sans doute l’une des raisons de l’extraordinaire longévité de la culture du type médiéval qui a subsisté en Russie jusqu’au XVIII e, voire XIX e siècles. Il n’était que logique que la peinture laïque ait puisé dans les modèles iconographiques religieux empruntés à la Byzance : les miniatures étaient souvent exécutées dans les mêmes ateliers que les icônes et par les mêmes peintres. A partir du XIV e siècle, les copies illustrées des œuvres laïques se multiplient peu à peu et c’est aux XVII e-XVIII e siècles que la production des manuscrits enluminés prolifère en Russie. Les rapports entre l’icône et l’enluminure dans la culture russe ont déjà attiré l’attention des chercheurs, mais ils ont été principalement étudiés sur l’exemple des copies illustrées des textes religieux, tels que les vies de saints. Dans la présente communication je propose d’analyser l’utilisation des motifs iconographiques chrétiens dans l’enluminure laïque sur l’exemple du Roman d’Alexandre du Pseudo-Callisthène, intégré dans la célèbre Chronique enluminée d’Ivan le Terrible , compilée et illustrée dans les années 60 – 80 du XVI e siècle. Cette copie du Roman d’Alexandre comporte 317 enluminures et constitue l’un des manuscrits les plus richement illustrés de toutes les versions existantes du Pseudo-Callisthène. J’étudierai les différents exemples de l’emploi des formules iconographiques connues avant tout à travers les icônes orthodoxes, des plus évidents, tels que ceux que l’on trouve sur la miniature illustrant la naissance d’Alexandre, calquée sur de nombreuses scènes de la Nativité, aux plus inattendus, tels le meurtre de la Gorgone, calqué sur l’exécution de Jean le Baptiste. La communication cherchera à répondre à l’une des questions principales de ce colloque, notamment, à comprendre si, dans le cas étudié, l’usage répété de formules iconographiques chrétiennes dans un contexte dépourvu du sens religieux tend à les vider complètement de leur sens ou les enrichit au contraire de connotations supplémentaires.

Christian iconographic formulas in secular Russian manuscript illumination of the Middle Ages: the example of the Alexander Romance (Academy of Sciences, coll. of Peter I, 76) Icon and illumination were closely linked from the beginning of the artistic history of Christian Russia. Examples of secular Russian painting before the 14 th century are rare, as most of them disappeared during the invasion of the Mongols in the 13 th century, which delayed the development of the country for at least a hundred years. This is probably one of the reasons for the extraordinary longevity of medieval culture that survived in Russia until the 18th , even 19 th centuries. From the 14 th century onward, the number of surviving

-40- illustrated manuscripts of secular works was increasing gradually and it is in the 17 th and 18th centuries that the production of illuminated manuscripts flourished in Russia. The relationship between icon and illumination in Russian culture has already attracted scholars’ attention, but it is the illuminated copies of the religious texts, such as the lives of saints, that have been studied mainly. In this paper I propose to analyze the use of Christian iconographic formulas in secular illumination on the example of the Alexander Romance of Pseudo-Callisthenes, inserted in the famous Chronicle of Ivan the Terrible , compiled and illustrated in 1560 – 1580. This copy of the Alexander Romance contains 317 miniatures and is one of the most richly illustrated manuscripts among all existing versions of the Pseudo- Callisthenes. I will study the various examples of the use of iconographic formulas known primarily through the Orthodox icons. The manuscript illuminators insistently resorted to such formulas, wherever they could find an iconographic model suited to illustrating a particular scene. It was only logical that they should draw their inspiration from religious iconography, originally borrowed from Byzantium: the miniatures were often executed in the same workshops as icons, and painters certainly possessed Podlinniki , namely guidebooks for religious painting, whether illustrated or not, which described in detail scenes and characters needed to be reproduced. In the illuminated Chronicle of Ivan the Terrible , the most important events in the life of Alexander as well as several minor episodes are marked by the use of such formulas. Here are some of those episodes, listed in chronological order: -Alexander’s birth, modeled after many scenes of the Nativity (position of Olympiad’s body, head turned to the other side than the body itself, the presence of the basin where a servant is bathing the baby Alexander; cradle placed in parallel with the bed of the mother etc.); -Alexander fighting with a spear or a sword: his face is modeled on that of Saint George slaying the dragon (body position, face turned three-quarters front, movement of the arm that lifts the sword or spear, defeated enemy trampled under the hooves of the horse); -Alexander triumphant, seated on his throne with open arms, as Christ Pantocrator. The gesture of the arms is not accidental, it is also found on the miniature representing the triumph of Darius and the one showing Dandamis, the master of the Brahmans, surrounded by his disciples (the miniature heading the story of Alexander’s meeting with Brahmans); -Alexander’s bath, represented twice, which finds a parallel in the scene of the baptism of Christ (vertical position of the river, face turned three quarters front with arms raised, Alexander wearing a loincloth in one of the two miniatures); -the killing of the Gorgon, modeled on the execution of John the Baptist (the figures’ position, movement of the arm that lifts the sword, severed head represented lying on the ground); -Alexander’s death, the representation of which includes some elements of the Dormition (disposition of characters around the body of Alexander and their gestures), and the funeral of the king, including the bearing of the coffin that is also found on the so-called "saint’s life" icons, where the portrait of the saint is surrounded by a number of small tablets narrating the main events of his life. In some cases, such as those of Alexander combatant and triumphant, the use of Christian iconographic formulas seems to add a "surplus de sens", to speak in the words of Marie de France, while in others, as in those of Alexander’s bath and killing of the Gorgon, it seems that the use of the formulas is purely schematic and they are entirely devoid of meaning. Therefore, one of the key issues of the conference will be addressed in my paper, namely, an attempt at understanding if, in the manuscript in question, the repeated use of Christian iconographic formulas in a secular context tends to completely deprive them of meaning or, on the contrary, to imbue them with additional connotations.

-41- Claire Lamy (GDR 3177 Diplomatique médiévale)

[email protected] Claire Lamy est docteure en histoire du Moyen âge, membre du GDR 3177 de diplomatique médiévale. Sa thèse a porté sur les prieurés angevins de l’abbaye de Marmoutier entre le XI e et le XIII e siècles. Actuellement ses principaux travaux sont relatifs aux pratiques de l’écrit en milieu monastique au Moyen Âge central. Elle prépare la publication de sa thèse et des actes de Marmoutier pour l’Anjou aux XI e-XIII e siècles.

L’abbaye de Marmoutier et sa production écrite (1040-1150) : formules en usage au scriptorium monastique et dans les dépendances Entre le XIe et le milieu du XIIe siècle, les abbayes bénéficiaires des libéralités de l’aristocratie rédigeaient elles-mêmes les actes écrits maîtrisant ainsi le formulaire mis en œuvre au sein de l’institution. L’abbaye de Marmoutier (Touraine) se distingue par la quantité d’actes produits et conservés, dans un espace géographique très étendu (un vaste quart ouest de la France et en Angleterre) où elle avait fondé un grand nombre de dépendances. A partir d’un fonds diplomatique cohérent (les originaux conservés, transcris par l’ARTEM, antérieurs à 1121 ; les originaux conservés dans les fonds départementaux de Blois, Tours, Angers et Nantes pour les années 1121-1150), cette communication propose d’étudier le formulaire en vigueur à l’abbaye et d’en distinguer les formules originales (particulièrement les préambules et les formules d’adresse) permettant de repérer la présence d’un « formulaire maison ». Certaines formules ont déjà été remarquées par les éditeurs des actes de Marmoutier : elles sont si spécifiques qu’elles suffisent à identifier un acte provenant de cet établissement monastique. Loin d’être fixe, ce formulaire évolue, à partir d’une base et d’une structure propre aux actes juridiques, que ce soit d’un abbatiat à l’autre, d’une dépendance à l’autre ou bien en fonction du type d’acte produit. Selon l’époque et le lieu, il connaît des adaptations et des transformations, plus ou moins importantes. Comme le formulaire exprime l’identité monastique, de telles modifications reflètent les évolutions des relations entre l’abbaye et ses dépendances et soulèvent la question du contrôle de la production écrite par Marmoutier, entre maison-mère et prieuré. Il s’agit donc d’une part d’identifier les éléments de ce formulaire propre à Marmoutier – les différentes formules retenues – au sein d’une pratique de l’acte écrit et des règles de sa composition bien partagées entre les abbayes ligériennes et appuyées sur un fonds de formules juridiques plus anciennes. D’autre part, il faut faire l’histoire de ce formulaire entre le début du XI e siècle et le milieu du XII e siècle, moment où l’écrit cesse progressivement d’être produit par le bénéficiaire. En l’absence de recueils de formules conservés pour l’abbaye de Marmoutier desquels les moines pouvaient s’inspirer, il faut donc partir des actes de la pratique pour retrouver un formulaire ou du moins des bribes de formulaire et comprendre, de cette façon, une partie du fonctionnement de la communauté de Marmoutier aux XI e-XII e siècles et de son dialogue avec la société laïque.

The Abbey of Marmoutier and its written production (1040-1150): formulas in use in the monastic scriptorium and the dependent monasteries Between the 11 th and the 12 th centuries, Benedictine abbeys wrote their own documents (grants, sales, exchanges), controling their formularies. The Abbey of Marmoutier is famous for the large amount of original parchments preserved for a vast area in the North West of France and Great Britain. The purpose of this paper is to study the Marmoutier formulary and to bring to light what the specific parts of the diplomatic discourse were, in order to define the existence of a “home-made formulary”. A few formulas have already been noticed by historians and editors of Marmoutier’s source documents especially in the middle of the 11th century. But the formulary started to

-42- change between the beginning of the 11 th and the middle of the 12 th century, depending either on the Abbot’s personality or on the location of a monastic dependency or on legal action. The formulary reflects the Abbey’s identity and its evolution expresses changes which took place inside the monastic community. We would like to identify the different parts of Marmoutier’s formulary, study the history of these formulas, shed light on the inner organisation of the Abbey, and form a clearer picture of the dialogue between the monks and lay society.

Bruno Laurioux (Université de Versailles-Saint-Quentin)

[email protected] Bruno Laurioux est professeur d’histoire médiévale à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et président du conseil scientifique de l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation (Tours). Il a publié une dizaine d’ouvrages et une centaine d’articles et contributions sur l’histoire culturelle du Moyen Âge, et spécialement sur l’alimentation médiévale, parmi lesquels : Le Règne de Taillevent. Livres et pratiques culinaires à la fin du Moyen Âge , Paris, Publications de la Sorbonne, 1997 Les Livres de cuisine médiévau x, Turnhout, Brepols, 1997 (Typologie des sources du Moyen Âge occidental, fasc. 77) Une histoire culinaire du Moyen Âge , Paris, Champion, 2005 (Sciences, techniques et civilisations du Moyen Âge à l’aube des Lumières, 8) Gastronomie, humanisme et société à Rome au milieu du XVe siècle : autour du De honesta voluptate de Platina , Florence, Galluzzo-SISMEL, 2006 (Micrologus’ Library, 14) En co-direction, Cultures de cour, Cultures du corps, XIV e-XVIII e siècle , Paris, PUPS, 2011 (Mythes, Critique et Histoire)

Les formules dans la cuisine médiévale Aujourd’hui formules et recettes sont des termes interchangeables, notamment dans les titres des livres de cuisine et autres recueils de recettes domestiques. Il n’en est pas de même au Moyen Âge, où formula n’a pas encore acquis l’acception à la fois large et précise qui sera plus tard la sienne. Néanmoins, la notion de formule – telle que la définissent les linguistiques – aide à mieux comprendre le fonctionnement du texte culinaire médiéval, et ceci à trois niveaux : les composantes de la recette (son vocabulaire), la forme générale de la recette (sa syntaxe) et l’agencement des recettes dans un recueil (le réceptaire). Cette notion permet également de revenir sur trois questions fondamentales pour l’appréhension socio-culturelle des livres de cuisine : le rapport à la transmission orale, l’innovation et l’interaction avec les autres genres « à recette » (médical, agronomique voire alchimique). Ainsi la recette culinaire médiévale est-elle éventuellement susceptible d’éclairer le phénomène global de la formule.

Today « formulas » and « recipes » are interchangeable terms, especially as fas as titles of cookery books and other collections of popular recipes are concerned. However the situation was somewhat different in the Middle Ages, an era in which the term “formula” did not seem to take on the significance, both far-reaching and specific, which it was later to assume. Notwithstanding, the notion of “formula” – as defined by linguists--, helps one better understand the ways in which the medieval culinary text functions, to wit in three respects: from the point of view of the components of the recipe (its lexicon), the general form assumed by the recipe (its syntax), and the marshalling of the various recipes within a given collection (“the so-called “réceptaire”). This notion also enables one to address three issues that are essential in apprehending recipe books along socio-cultural principles: the relationship they bear to oral transmission, innovating practices and interaction with the other “recipe-based” genres (in the fields of medicine, agronomy, or even alchemy). Thus medieval cookbook recipes may indeed gesture toward shedding some light upon the general formulaic process.

-43- Michel Lefftz (Faculté Universitaire Notre-Dame de la Paix, Namur)

[email protected] Michel Lefftz est Professeur au département d’Histoire de l’Art et d’Archéologie de l’Université de Namur (FUNDP). Ses principales problématiques de recherche portent sur : • La création et les échanges artistiques : études des arts du relief, selon les différents points de vue de l’histoire de l’art, de phénomènes comme l’émigration d’artistes, l’importation et l’exportation de sculptures, la diffusion des œuvres, les réseaux d’influences, les syncrétismes et les métissages stylistiques, leurs significations créatrices, essentiellement à partir des échanges européens qu’entretenaient les anciens Pays-Bas méridionaux avec le reste de l’Europe, du XIII e au XVIII e siècle. • L’ornement : les recherches portent à la fois sur les problèmes de définition de l’ornement et sur les modalités de mise en forme selon le cadre spatio-temporel et la typologie. L’histoire de l’ornement est envisagée en relation étroite avec l’histoire des styles. L’étude du drapé, dans le domaine de la peinture et dans celui de la sculpture, constitue un terrain de recherche privilégié au sein de ce large champ d’investigation. Ses activités et la liste de ses publications est disponible à l’adresse suivante: http://www.fundp.ac.be/universite/personnes/page_view/01006296/

Formules et styles dans la représentation sculptée de la chevelure au Moyen Âge : jalons pour une grammaire formelle du système pileux Considéré comme le reflet de la perfection divine, l’ordre régit constamment l’art médiéval. C’est en grande partie cette conception qui justifie l’utilisation de formules dans la représentation plastique de la figure humaine. Quant au drapé et au système pilaire, ils sont certainement les domaines les plus révélateurs de l’inventivité et de l’habileté technique de l’artiste, car c’est là qu’il peut le plus s’y distinguer en dépassant le rendu normalisé de ces formes plastiques. Alors que dans la nature le corps anatomique répond à un ordre plus ou moins parfait, la composition des et des cheveux n’y est jamais ordonnée. Il est donc particulièrement opportun de les prendre pour indicateurs de la maîtrise de leurs auteurs, qu’ils soient peintres ou sculpteurs, car c’est souvent ici, bien plus qu’ailleurs que l’on est à même de déceler l’usage de conventions figuratives propres à un milieu, une époque, un maître. Ce répertoire figuratif est donc particulièrement précieux pour procéder à la caractérisation d’un style et la datation des œuvres en découle directement. Ayant déjà traité du drapé par ailleurs, je propose de me consacrer ici à une étude des formules figuratives du système pilaire (barbes et cheveux) dans la sculpture de la fin du Moyen Âge, principalement dans le Bas-Rhin. Cette étude sera totalement novatrice, car si la détermination de la coiffure, et parfois aussi la caractérisation générale de la forme des mèches sont utilisées comme indicateurs pour la détermination du style, il n’existe encore aucune étude qui prenne en compte le matériau capillaire selon l’angle de l’ornement. À l’instar de l’analyse ornementale du drapé, on proposera donc les bases d’une grammaire du système pileux, avec son vocabulaire (les formules de formes) et sa syntaxe (les formules de composition).

Forms and Styles in Sculpting Hair in the Middle Ages: Towards a Formal Grammar for Representing Hair and Beards Order was regarded as a reflection of divine perfection, and it is ever present in medieval art. It is largely this philosophy which explains the use of forms in plastic representations of the human body. The folds in clothing and hair and beards are undoubtedly the area which shows most clearly the inventiveness and the technical skill of the artist, for it is through them that he can mark himself out by going beyond the standard representations of such forms. Whereas in nature the human anatomy corresponds to a more or less perfect order, the setting of folds and hair never does. They are therefore ideally suited to be used as indicators of the artists’ mastery, whether they be painters or sculptors, for it is often here much more than

-44- elsewhere that one can detect the use of artistic conventions specific to a circle, an era, or a master. This repertoire of conventions is therefore of particular value when describing a style and the dating of works is directly related to that. Since I have already discussed the folds in clothing elsewhere, I propose here to concentrate on a study of the conventions for representing the pilous system (beards and hair) in sculpture of the late Middle Ages chiefly in the lower Rhine. This study will be breaking new ground because although hairstyles and sometimes the general representation of the form of locks of hair are used as indicators to identify style, there has not so far been a study which looks at hair as ornementation. In the same way as folds in clothing have been analysed as ornaments a proposal will be made for the bases of a grammar of the pilous system together with a vocabulary (conventions of forms) and a syntax (conventions of composition).

Arnaud Lestremau (Université Panthéon-Sorbonne Paris I)

[email protected] Arnaud Lestremau est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, où il a obtenu en 2008 une agrégation d’histoire. Doctorant contractuel à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, il est engagé depuis trois ans dans une thèse sur les Pratiques anthroponymiques dans l’Angleterre anglo-saxonne tardive, sous la direction de Régine Le Jan (Paris 1) et de Pierre Bauduin (Caen). Ce sujet d’histoire sociale fait intervenir une documentation très variée et suppose également une réflexion liminaire sur la façon que les Anglo-Saxons avaient de penser le rapport entre noms et individus. Etudier les formules des chartes constitue donc un objet inévitable dans ses recherches.

Cuidam meo fideli ministro. Nommer les individus dans les chartes de la fin de la période anglo-saxonne Dans une étude sur la formule à l’époque médiévale, il semble difficile d’échapper à l’analyse du matériau diplomatique. En effet, alors que la formula désigne au sens strict un énoncé récurrent, conforme à un modèle donné et susceptible d’être reproduit, le terme en vient également à embrasser, sans doute de façon métonymique, les documents dans lesquels elle a le plus de probabilité de revenir. De la sorte, la formula désigne aussi la charte elle- même dans certains contextes. Renvoyant tantôt à la « formule de droit », tantôt au « rituel », la formule recoupe d’une autre manière les deux fonctions d’une charte, comme assise du juridique et comme medium de la représentation sociale. Derrière cette définition est sis un paradoxe : la charte doit s’inscrire dans un usage, dans une forme spécifique, pour que sa validité soit reconnue par les acteurs, mais elle est dans le même temps destinée à distinguer les droits et les bénéficiaires. Ce va-et-vient entre général et particulier, entre formalisation et individuation se cristallise notamment dans les périphrases qui introduisent les noms des bénéficiaires. En effet, la récurrence de telles formules inscrit ces derniers dans un type social et permet de justifier l’action du souverain. De ce point de vue, les chartes latines du Wessex, pour la fin de la période anglo-saxonne, se prêtent à l’étude d’une telle formalisation. L’unification de l’Angleterre sous l’autorité d’un seul souverain, le renforcement des monastères et l’existence d’une hypothétique chancellerie royale contribuent à l’uniformisation du matériau. A ce moment précis de l’acte où les mots fondent la légitimité des droits d’un individu, de menues variations se laissent cependant entrevoir. Celles-ci contribuent évidemment à individuer et à identifier le bénéficiaire, à le situer dans son rapport à l’autorité émettrice de l’acte, mais ce n’est pas tout. Mieux que cela, certaines formules peu fréquentes et toutefois observables à plusieurs reprises dévoilent le rapport de l’individu à son nom. Celui-ci apparaît ainsi comme un moyen d’inscription dans le champ social. Grâce à ces formules, ce sont les

-45- rituels associés au nom qui nous sont montrés, tandis que se manifeste l’inscription des individus dans le champ plus général des liens familiaux. Ainsi la formule constitue un procédé non seulement courant dans la production diplomatique, mais aussi un moyen de construire la sémiotique de ces documents. L’analyse exhaustive du corpus nous permettra de mettre en évidence ces différents aspects.

Cuidam meo fideli ministro. Naming individuals in Late Anglo-Saxon charters When working on the formula during the Middle Ages, charters are unavoidable documents. Indeed, a formula in the strict sense of the word is a repetitive sentence, which repeats a well- known pattern and can therefore be reproduced; but, through metonymy, the formula can also refer to the documents that are most likely to make use of them. Thus, the formula may sometimes point at the charters. As such, it is a "law formula" and also the key to a “ritual", and can then overlap the two social functions of a charter, that is the underpinning of a right, and a medium for social representation. This overlap hides an obvious paradox: the charters must fit into a specific use and a specific form to be considered legitimate by the social agents. However, it must also distinguish between beneficiaries and between rights. This to-and-fro movement between general form and particular content is obvious when names are introduced. Actually, names are almost always introduced in kinds of circumlocutions, making use of a very specific vocabulary. These formulas allow the names to be brought back to general categories, so that the king’s choice may be justified. As far as this matter is concerned, the Latin charters of Late Anglo-Saxon England bear such a study with good grace. Because England is then unified under one king, supported by a powerful movement of monastic foundations and the hypothetical creation of a royal chancery, charters are globally involved in a way of formal standardization. Nevertheless, although the formula is the crucial point that establishes the specific right of an individual, we may observe some slight variations. They are of course designed to stress the peculiarities and the identity of the beneficiary, and, in a few words, to make more obvious the link that ties him with the king. But some formulas are more than that: some of them can reveal the links between the person and his own name. In these cases, the name is clearly a way to fit inside social groups. Thanks to these formulas, some rituals linked with naming are revealed to us, and at the same time we can also see that these names are described as a dynamic way to show off a link with family or lordship. Guided by such a reflection, we can see that the formula is not only a necessary tool to write charters, but also a way to decode the semiology included in these documents, and also in many social contexts. An exhaustive analysis of our documentation will allow us to bring these elements to the fore.

Romina Luzi (EHESS)

[email protected] Romina Luzi a obtenu la Laurea in lettere classiche (équivalent maîtrise lettres classiques) à l’université « La Sapienza » de Rome en 2002 et étudié pendant l’année académique 2002-2003 à la Ruprecht-Karls- Universität de Heidelberg, où elle a appris les bases du sanscrit et continué l’étude du latin et du grec. À Paris, elle a obtenu en 2005 un DEA sous la direction du Professeur Odorico en Histoire et Civilisation à l’EHESS, où elle s’est spécialisée en littérature byzantine ; sous sa direction, elle est inscrite actuellement en doctorat. Son sujet de recherche est l’adaptation des romans de chevalerie en grec médiéval à l’époque des Paléologues. Elle a participé au XX Colloque Internationale d’études byzantines à Sofia (22-27 août 2011) et au colloque « Bisanzio e le crociate à Venise, incontro e scontro tra Oriente e Occidente » (10-11 décembre 2011). Elle parle italien (langue maternelle) et français, couramment, ainsi que l’allemand et l’anglais, et possède des bases en russe, néogrec et arabe.

-46- Les vers formulaires dans les romans d’amour et de chevalerie byzantins Pendant le règne de la dynastie byzantine des Paléologues ont été traduits des romans de chevalerie du français ou de l’italien en grec médiéval ; d’autres romans, qui ne sont pas des adaptations, ont été inspirés par la littérature courtoise sans que l’on puisse trouver un modèle précis. Les romans étudiés sont le Florios et Platziaflora traduit du Floire et Blanchefleur , l’Imperios et Margarona adapté du Pierre de Provence et la belle Maguelonne , Apollonios de Tyr traduit d’un cantare toscan, Belthandros et Crysantza , Callimaque et Chrysorroé , et l’Achilleis . Toutes ces œuvres sont anonymes et la langue utilisée n’a pas une couleur régionale suffisamment marquée, qui permette de trouver le lieu et une période précise d’élaboration et de rédaction. La double nouveauté par rapport aux romans d’amour byzantin d’époque comnène est le choix du medium et de la matière, car la langue n’est plus le langage atticisant écarté de l’usage courant, mais le vernaculaire, et les modèles occidentaux sont préférés aux romans antiques grecs : cette tradition, une intéressante récupération archéologique des auteurs comnènes, est restée sans épigones. Le vers politique de quinze syllabes, qui bien s’adapte à la langue parlée, est jeune, donc non usé par une longue tradition et permet une certaine liberté. Les longs composés qui qualifient la beauté des protagonistes, toujours ineffable, selon l’ancien topos de l’incapacité descriptive et langagière de l’auteur, sont souvent des hapax. Ils jouent avec une langue humble à l’origine, dont la morphologie et la grammaire sont encore in fieri , pour la transformer en une langue littéraire avec ses conventions. Les auteurs jouent avec un registre populaire, avec des expressions propres à la matière des contes ou aux chansons populaires, conférant une couleur naïve et féérique aux histoires racontées. On trouve des vers récurrents dans chaque œuvre plusieurs fois, comme l’hémistiche « mikroi te kai megaloi » (petits et grands), ou des expressions provenant des chants populaires. L’effet produit est souligné par les appels, savamment distribués au cours de l’histoire, tantôt pour prolonger la suspense, tantôt susciter la compassion ou la surprise chez le lecteur. Ces appels confèrent aux romans l’illusion d’un récit oral à la présence d’une cour, illusion réalisée par exemple dans le roman de Libistros et Rhodamné par une sorte de jeu de miroirs. Nous montrerons comme ces vers formulaires témoignent de la création d’une nouvelle tradition qui aura un succès remarquable dans la littérature néogrecque.

Formulaic Verses in Byzantine Novels of Love and Chivalry During the reign of the Palaiologos dynasty various western novels of love and chivalry were translated from the French and Italian into the medieval vernacular Greek; other novels, which were not adaptations per se , would nevertheless appear to have also been inspired by court literature, even though specific corresponding exemplars are lacking. The novels studied herein include the following: Florios and Platziaflora , translated from the French novel Floire et Blanchefleur ; Imperios and Margarona , adapted from Pierre de Provence et la belle Maguelonne ; Apollonios of Tyr , translated from a Tuscan “cantare”; Belthandros and Chrysantza , Callimachos and Chrysorroe and the Achilleis . All of these works are anonymous, and the language in which they are written fails to bear the stamp of the distinctive shades of regional specificity which might prove helpful in locating the places and the specific period during which these texts were written and elaborated upon. The dual innovation brought about by Palaelogan novelesque works, as opposed to late Byzantine love novels of the Komnenian period, can be located at the level of both thematic choice as well as feature peculiar to the medium itself insofar as the language employed is no longer that of the atticizing literary idiom – far removed as it was from common parlance. Moreover, we note that in Palaelogan novelesque works, the vernacular idiom, as well as

-47- Western literary models, are preferred to those patterned after ancient Greek novels, in contradistinction from the deliberate archaeologic retrieval and re-appropriation of the atticizing idiom by authors of the Komnenian literary tradition, a tradition which ultimately remained without followers. The politicos fifteen-syllable verse is particularly well adapted to spoken language and unworn by an accompanying literary tradition; it therefore allows for greater freedom of expression. In keeping with longstanding topoi of the author’s linguistic and descriptive inability, the lengthy compounds which depict in persistently superlative terms the “ineffable” beauty of the protagonists are often hapax . They play with a language of humble origins, whose morphology and grammar are still in fieri , in order to better transform it into a literary language with all of the associated conventions. They play with a popular register, which contains patterns specific to tales and folk songs, thereby conferring an almost naive and magical aspect to the stories. On a number of occasions we note the presence of recurring lines in the works which form the object of our study, such as the hemistich “mikroi te kai megaloi” (“the humble and the powerful”l) or phrases excerpted from popular songs. The effect thus produced is further emphasized by repeated, metaleptic, intra-diegetic verbal addresses made to reader and purposefully distributed throughout the course of the narration, resulting in either a prolonged suspense, or the eliciting of feelings of compassion and surprise in the reader. This direct address technique generates the illusion of an oral story being recounted to the reader as a member of court, and indeed this illusion is especially pronounced, for example in the novel Libistros and Rhodamne via a kind of jeu de mirroirs . As we will demonstrate, these literary forms and techniques reflect the creation of a burgeoning tradition, which will enjoy remarkable success in the dawn of modern Greek literature.

Imre Gábor Majorossy (Katholische Péter-Pázmány-Universität, Hongrie)

[email protected] Imre Gábor Majorossy ist Literaturwissenschaftler an der Katholischen Péter-Pázmány-Universität in Ungarn, wo er seit 1995 lehrt. Er promovierte 2003 in mittelalterlicher okzitanischer Literatur. Er hat mehrere Studien verfasst und Vorträge gehalten, sowie zwei Bücher auf Französisch geschrieben („Amors es bona volontatz“; chapitres de la mystique dans la poésie des troubadours , Akadémiai, Budapest, 2006, 240 p.; „Unas novas vos vuelh contar“; la spiritualité chrétienne dans quelques nouvelles occitanes , Peter Lang Verlag, Frankfurt am Main, 2007, 150 p.). Derzeit arbeitet er an sein drittes, diesmal deutschsprachiges Buch, das auf die christlichen Ansätze der okzitanischen Romane eingeht und beim Verlag Frank und Timme zu erscheinen ist. Als wissenschaftliche Fachbereiche gelten die Erklärung und Auslegung christlicher Ideen in mittelalterlichen okzitanischen Gedichten, Kurzerzählungen und Romanen. Er ist Mitglied mehrerer wissenschaftlichen Gesellschaften (Deutscher Romanistenverband, Association d’Études Occitanes, Netzwerk Mittelalter und Renaissance in der Romania).

Taten statt Wörter: Blutiger Beweis als formaler Liebesausdruck bei Ulrich von Liechtenstein ( Vrouwen dienest ) und Marie de France ( Laüstic ) Formeln können nicht nur in Textstellen, sondern auch in Handlungsweisen zur Geltung kommen. Gewisse Emotionen, Absichten und Wünsche werden durch bestimmte oder erwartete Handlungen zum Ausdruck gebracht, die sich zugleich oft als abschreckend und kaum als zweckgemäß erweisen. Je tiefer der Ansatz ist, desto stärker wird das Zeichen, das die Botschaft übermittelt. Das eindrucksvollste Zeichen kann die Selbstaufopferung bzw. das Lebensopfer sein, was aber die zwischenmenschlichen Emotionen weiterhin

-48- selbstverständlich zu Unsinn machen würde. Demzufolge soll ein solches Zeichen gesetzt werden, das metonymisch das Lebensopfer darstellt. Etwas solches ist in den ausgewählten Werken aufzufinden. Sowohl Ulrich von Liechtenstein, als auch Marie de France berichten jeweils über ein Ereignis, das von der Liebe ein klares und unmissverständliches Zeugnis ablegen soll. Nach einer Verletzung bei einem Turnier nützt Ulrich den schmerzhaften Anlass aus, seine Aufrichtigkeit zu beteuern. Statt medizinischer Versorgung lässt er den Finger abschlagen und ihn mit einem Büchlein von Gedichten an seine geliebte Frau zuschicken. Im Werk von Marie de France fällt eine Nachtigall der Eifersucht des Ehemannes zum Opfer. Mit dem Vorwand, sich den Vogelgesang anzuhören, unterhält sich nämlich die Frau im Garten mit seinem Liebenden. Ohne die heimliche Beziehung zu erwischen, räumt der Ehemann die Nachtigall aus dem Weg, deren Leichnam die Frau dem Liebenden in einem geschmückten Kästchen zuschickt. Abgesehen von der geschichtlichen Nachprüfbarkeit der Erzählungen, dürften beide blutigen Gegenstände jeweils für den / die Liebende(n) stehen. In beiden Fällen werden die Liebenden metaphorisch bzw. metonymisch geopfert, was das rätselhafte und geheimnisvolle Verhältnis zwischen erós und thanatos hervorrufen dürfte. Dabei wird ein Ersatzopfer dargeboten, das den / die Liebende(n) von dem tatsächlichen Tod erlösen soll. Doch das Opfer soll in engerem Sinne verstanden werden, weil es um wahres Blut geht. Sowohl der blutige Finger, als auch der Leichnam der Nachtigall stehen offenbar für zahlreiche formelle, vornehmlich wörtliche, den höfischen Regeln entsprechende Ausdrücke der Liebe. Der Ersatz der Wörter durch Handlung bringt Emotionen und Ausdrucksweisen in Einklang. Er wirkt sogar stärker, als irgendwelche leidenschaftliche wörtliche Liebeserklärung, die im Umfeld der Liebenden als höchstbekannt gelten dürfte. Unser Vortrag hat also vor, Formeln in den literarischen Darstellungen des Opfermotivs aufzuweisen. Unseres Erachtens kommen beide blutigen Opfer den gängigen wörtlichen Liebeserklärungen gleich, die in der höfischen Literatur in großer Anzahl vorhanden sind. Im Lichte der vielfältigen Liebesgedichte können nicht nur die Liebesformeln, sondern auch die Begründung und die Notwendigkeit des Opfers aufgespürt und ausgelegt werden.

DEEDS INSTEAD OF WORDS : Bloody Evidence As a Formulaic Expression of Love in the Works of Ulrich von Liechtenstein ( Vrouwen dienest ) and Marie de France ( Laüstic ) Formulas can be expressed in deeds, not only in words. Some feelings, intentions and wishes often appear as definite or expected deeds, which are, at the same time frightening and prove to be less effective. The stronger the inner drive, the stronger the sign that conveys the message. Self-sacrifice, the sacrifice of one’s life can be the most powerful sign, which then makes further feelings meaningless. Therefore, a sign is needed, which is a metonymic representation of life-sacrifice. We find such signs in the works of Ulrich von Liechtenstein and Marie de France. Their stories are clear and evident testimonies of love. Having been wounded in a chivalric tournament, Ulrich finds a way to prove his honesty. Instead of undergoing medical treatment, he has his finger cut and wrapped inside the collection of his poems, and thereupon sends it to his beloved one. In the work of Marie de France, a nightingale becomes the victim of a husband’s jealousy. The wife, under the pretence of listening to the birdsong, in fact talks to her lover in the garden. Without disclosing the affair, the husband murders the bird and the wife sends its dead body wrapped in fancy to her lover. Irrespective of the credibility of the storylines, bloody things represent the lovers in the stories. In both cases the lovers are sacrificed in a metaphoric, or rather, metonymic way, which is a substitutive sacrifice, saving the lovers from actual death. Sacrifice is meant literally, because of the presence of real blood. Both the bloody finger and the dead body of the bird replace verbal expressions of love, those generally accepted by court etiquette. Replacing words with deeds creates harmony between feelings and ways of expressions. It is

-49- even more effective than any passionate love confession, which was assumedly well-known among lovers. The aim of our paper is to point out formulas in the literary representations of the sacrifice motive. We assume that both bloody sacrifices are as important as the usual verbal love confessions which are rather frequent in court literature. Not only love formulas, but the drive toward, and need for, sacrifice are set forth through a number of love poems. Formulas are meant and discussed within a wider context of meaning. By formula, we do not only mean a special word (or verbal expression) occurring expectedly, or even in a compulsory manner. By formula, we mean an expected course of actions (gesture-like expression), which occurs in certain situations. According to this interpretation, “self-giving”, or a gesture of selflessness, is not expressed through the usual verbal expressions of love, but through a bloody sacrifice, which represents the lover, or conveys the lover’s confession. According to our interpretation, both of these actions are indeed such strong signs of love, which not only talk about devotion, but actually achieve it in a bloody way.

Anne Mathieu (Université Paul Valéry-Montpellier III)

[email protected] Maître de conférences en anglais à l’Université de Montpellier III, M me Anne Mathieu est spécialisée dans l’étude de la langue et de la littérature du Moyen Âge anglais. Dans le sillage de la thèse de doctorat qu’elle a consacrée aux prescriptions magiques vieil-anglaises, elle a publié plusieurs articles portant sur des textes magiques ou divinatoires du Xe au XII e siècle. Elle travaille, en outre, sur l’expression du merveilleux dans la littérature moyen-anglaise. Au carrefour de la magie et du merveilleux, elle poursuit des recherches sur la valeur symbolique et esthétique du sang dans la littérature et l’iconographie du Moyen Âge. Membre de l’IDEA de Nancy, elle participe aux projets menés actuellement par le GRENDEL, travaux sur « la formule » dans le Moyen-Âge anglais et traduction en français de romans en vers moyen-anglais.

Formules conjuratoires dans un rituel de nécromancie du XV e siècle Cette communication se propose d’examiner deux formules conjuratoires mises œuvre dans un rituel de nécromancie préservé dans un manuscrit anglais du XVe siècle (Bodleian Library, ms. Rawlinson D. 252, f. 67). Ce rituel, ou experimentum , a pour but de « ressusciter » un mort afin qu’il révèle l’identité d’un voleur. Le texte n’a pas de parallèle connu. Du point de vue linguistique, il présente, en outre, une originalité. Il contient, en effet, deux passages en moyen-anglais, alors que le vernaculaire est très rare dans les écrits nécromantiques médiévaux. Le rituel prescrit est relativement complexe. L’opérateur doit se rendre sur une tombe et appeler trois fois le défunt. Il doit ensuite conjurer l’esprit Asacel, gardien des morts, et lui ordonner d’intercéder auprès de Dieu pour qu’Il autorise le défunt à se lever et à faire la révélation attendue. Le nécromancien devra ensuite laisser passer trois nuits, au cours desquelles il arrosera la sépulture d’eau bénite. Ce délai écoulé, il retournera sur la tombe et prononcera une deuxième conjuration, cette fois adressée au défunt, le sommant de se manifester et de révéler la vérité. Il prélèvera ensuite un peu de terre, qu’il enfermera dans un sac de lin avec une notice stipulant le lieu et les circonstances du vol. Il posera enfin ce sac dans son lit, en guise d’oreiller. La nuit même, le mort lui apparaîtra en rêve, et lui dévoilera le nom du voleur. La conjuration adressée au défunt est d’une grande simplicité. Elle se limite à un commandement, suivi de deux noms magiques, Tetragrammaton et Agla . La formule qui s’adresse à Asacel est, en revanche, beaucoup plus élaborée. Introduite par un Conjuro te qui n’appelle pas de réponse, elle somme l’esprit d’agir au nom de tout ce qu’il redoute le plus : le Dieu du Jugement, les peines de l’enfer et tous les noms secrets de Dieu.

-50- La différence de longueur des conjurations reflète de toute évidence la différence de statut entre les deux destinataires. Asacel est un esprit, mais aussi l’intermédiaire obligé entre Dieu et le nécromancien, qui ne peut ni ne veut agir sans la caution divine. Le défunt, quant à lui, n’est qu’une coque vide, à mille lieues de ces esprits prophétiques subtils et dangereux qui sont convoqués dans nombre d’experimenta divinatoires du Moyen Âge tardif. De son absence de volonté propre les instructions qui concluent le texte sont la meilleure preuve: il suffit d’une simple messe et d’un De Profundis pour le renvoyer, manu militari , dans sa tombe.

Conjuration Formulas in a Fifteenth-Century Necromantic Ritual This talk will discuss two conjuration formulas prescribed in a necromantic ritual of the fifteenth century (British Library MS Rawlinson D. 252, f. 67). This ritual, or experimentum , gives procedures for raising a dead man and having him disclose the identity of a thief. The text, which has no extant parallel, deserves all the more attention as it is bilingual: whereas most medieval necromantic texts are in Latin, it has two passages in Middle English. The ritual is fairly complex. The necromancer must go to a grave and call the dead man three times. He must then conjure the spirit Asacel, guardian of the dead, and order him to intercede with God so that the dead man might be allowed to rise and reveal the truth. Three nights are then to elapse, during which the necromancer must sprinkle the grave with holy water. On the third night, he is to stand by the grave and conjure the dead man to rise and reveal the truth. He must then take a little earth from the grave and put it in a sack, together with a note indicating where and under which circumstances the theft took place. Finally, he is to place the sack on his bed and use it as a pillow. The very same night, the dead man will appear to him in a dream and tell him the name of the thief. The conjuration addressed to the dead man merely consists in a commandment, followed by the two magic names Tetragrammaton and Agla . By contrast, the formula which conjures Asacel is quite elaborate. Introduced by an imperious Conjuro te , it enjoins the spirit to act in the name of all that it dreads most: the God of Doomsday, the pains of hell and the many secret names of God. The difference in length between the two conjurations obviously reflects a difference in status between the two addressees. Asacel is a spirit, but also the indispensable mediator between God and the necromancer, who cannot and will not act without divine permission. The dead man, as to him, is but an empty shell, in no way comparable to those dangerous, subtle prophetic spirits which are conjured in most medieval necromantic experimenta . Of his harmlessness the instructions that conclude the text give ample proof: one mass and a De Profundis suffice to send him back into his grave.

Julie Mercieca (Université de Bourgogne)

julie.mercieca@laposte. Diplômée d’un Master d’Histoire de l’art à l’université Pierre Mendès France de Grenoble 2, elle a commencé en 2008 une thèse de doctorat sous la direction de M. Daniel Russo sur le thème de l’Iconographie de la Crucifixion dans les peintures murales des IX e et X e siècles dans l’Europe chrétienne et ses marges. Parallèlement à sa vie universitaire, mais en relation étroite avec les questionnements que suscitent ses recherches, elle a fondé avec des collègues doctorantes et docteurs en Histoire de l’art, l’Institut IndDisciplinAire ( www.institut-indisciplinaire.com ) en octobre 2009. À travers l’organisation de colloques et des rencontres moins formelles, leur association a pour objectif de questionner les méthodologies et pratiques en histoire de l’art et en Sciences Humaines ainsi que celles des autres disciplines avec lesquelles elles interagissent.

-51- L’image de la Crucifixion dans les décors monumentaux des IXe et X e siècles : quelle formule pour quelle(s) formulation(s) ? La question de la formule est sous-jacente dès lors que l’on s’intéresse à l’iconographie. En effet, comme l’a remarqué Jean Claude Schmitt 6 l’image est souvent régie par des normes explicites (esthétiques, éthiques, théologiques ou politiques) ou non (tradition) présidant à leur production, à la manière de les représenter, à ce qu’il convient de figurer ou pas. Partant de cette constatation générale, il apparait que l’iconographie est régie par des règles et des traditions qui instaurent consciemment ou inconsciemment des « schémas », des constructions visuelles impliquées dans une certaine répétitivité, autrement dit des formules reconnaissables par le spectateur d’hier et d’aujourd’hui (le classement des répertoires et des bases de données iconographiques est d’ailleurs tributaire de ces formules visuelles). Inspirés des Ecritures, l’image de la Crucifixion au haut Moyen Âge dans les décors monumentaux ne déroge pas à ce constat. Au regard de nombreux exemples dans les frontières de l’Europe chrétienne, on peut observer l’existence d’une « répétitivité » iconographique traduisant une construction intrinsèque, une combinaison de signes, qui rassemblés et agencés, donnent sens. Il s’agira donc de déterminer dans un premier temps, les contenus thématiques (motifs) rassemblés dans l’image de la Crucifixion et ses processus visuels (composition, style, tituli et inscriptions) mis en oeuvre permettant de « re-connaître » ce thème. Puis, dans un deuxième temps, il sera question du problème de la ou les « formulation(s) » de ce schéma dans son contexte monumental : par quels moyens cette formule est-elle activée ? Les dispositifs convoqués amenant l’image à être opérante n’amènent-ils pas à dépasser la simple illustration de la mort du Christ ?

Picturing the Crucifixion in the 9 th and 10 th century Monumental Arts: Which Formula Calls for Which Phrasing(s) ? At the heart of iconography lies the question of formula. As Jean-Claude Schmitt 7 has shown, a picture is often governed by explicit norms (aesthetic, ethical, theological or political ones) or non-explicit ones (tradition). These norms dictate what and how to picture. Iconography appears to be governed by rules and traditions, which consciously or unconsciously set up formulas - or visual constructions involved in some sort of repetitive process -, that is patterns which spectators, both past and present, can identify. This formula can be activated, or made to work, through different visual devices and processes, thus becoming a phrasing . This phrasing appears to be multifarious, once the setting and the context of the formula are taken into consideration. Inspired by the Bible and ruled by dogma, Early Middle Ages Crucifixion pictures are no exception. Examples taken from inside the former borders of the Carolingian Empire (in Müstair, Trier and Reichenau) and from its margins (such as Rome and the former dukedom of Benevent) show the existence of a visual "repetition", a pattern, a formula. These pictures share set combinations of signs, which, once assembled, do make sense. First of all, from a strictly formal point of view, what are the "ingredients", the elements making up a Crucifixion picture and what are the visual processes (composition, style, tituli and inscriptions) at work in the picture enabling the viewer to recognize the theme? In other words, what is the formula at work in picturing the Crucifixion in the 9 th and 10 th centuries? Secondly, how is this formula made to work and signify in monumental arts? When pictured on the wall of a building, this iconographic pattern interacts with its surroundings (its setting, amongst the liturgical settings, and other nearby pictures). The processes involved in

6 SCHMITT Jean-Claude, Le corps des images. Essais sur la culture visuelle au Moyen Âge , Paris : Gallimard, 2002, p. 137- 139. 7 SCHMITT Jean-Claude, Le corps des images. Essais sur la culture visuelle au Moyen Âge , Paris : Gallimard, 2002, p. 137- 139.

-52- making the picture work invite us to see beyond a plain reading of this depiction of the death of Christ.

Stephen Morrison (Université de Poitiers)

[email protected] Stephen Morrison est professeur des universités et directeur-adjoint du Centre d’Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale, CESCM (UMR 7302), à Poitiers. Son activité principale de recherche est l’édition de textes anglais de la fin du Moyen-Âge. Il a publié notamment A Late Fifteenth-Century Dominical Sermon Cycle , deux volumes, Early English Text Society OS 337, 338 (Oxford, 2011). Deux autres volumes sont en voie de publication: The Middle English Lucydary, Textes Vernaculaires du Moyen-Âge (Brepols, 2012), et The Middle English Apollonius of Tyre, Middle English Texts (Heidelberg, 2013). Fondateur (en 2004) et directeur de la série ‘Textes Vernaculaires du Moyen Âge’ chez Brepols. A ce jour, onze volumes publiés. A Poitiers, il dirige l’Atelier de l’anglais ancien au CESCM. Depuis décembre 1998, seize thèses portées à soutenance.

Quelques formules dans les sermons anglais de la fin du Moyen Âge : considérations non-thématiques L’utilisation de formules dans les sermons anglais de la fin du moyen âge est très répandue, et son étude permet de mieux comprendre ces textes, leurs auteurs ainsi que le milieu dans lequel ils ont été compilés et diffusés. En m’appuyant sur des preuves tirées d’un cycle important de sermons en date de la fin du quinzième siècle, je m’efforce de démontrer comment une analyse de techniques de composition aide à aborder les questions telles que : l’identité des prédicateurs, le rôle de la prédication pendant une période de controverse théologique et, enfin, ce que faisaient réellement les copistes lors de leur travail de conservation et de publication de leurs textes .

Formulaic Composition in Some Late Middle English Sermons: some non-thematic concerns Evidence for formulaic composition in late Middle English sermons is quite abundant, and is of value in throwing light on a number of aspects of these texts, their compilers, and the milieu in which they were written and disseminated. By concentrating on the evidence observable in one important sermon cycle from the end of the fifteenth century, I try to show how an analysis of compositional procedures can sharpen our awareness of questions of authorship, of the role of preaching in a context of theological conflict, and, finally, of what scribes really were doing when they made copies of the texts they deemed worthy of preservation and circulation.

Ryan Max Riley (Yale University)

[email protected] After completing his A.B. with High Honors in Literature at Harvard University, Ryan Max Riley earned an M.St. with Distinction in Medieval and Modern Languages from the University of Oxford (The Queen’s College), where he earned the Gerard Davis Prize. He is interested primarily in French literature and culture of the late Middle Ages, the Renaissance, the early modern period, and the nineteenth century, theater and prose, the history of education and universities, law and legal theory, comedy, humanism, and the reception of classical antiquity. Currently completing his Ph.D. in Renaissance Studies and French Literature at Yale University, he has written forthcoming book reviews for the journals "French Studies" and "Nineteenth-Century French Studies," and has presented conference papers on Joinville, Pascal, Zola, and Stendhal.

-53- Writing ‘en nom de Dieu’: Formula, Invocation, and Medieval Autobiography Some critics have considered Jean de Joinville not only a chronicler or biographer of Saint Louis (King Louis IX of France) but also an autobiographer, because much of the biography is about Joinville himself. But Joinville claims that he is writing in the name of God, which places him in a documentary tradition that defined much of the Middle Ages, for medieval documents such as charters often included incipits (the first few words of the texts) indicating that the documents were written in the name of God, of the Trinity, or of Christ. Indeed, the phrase “In Nomine Domini” or a variant could be considered the most important phrase in the Middle Ages because it was by making an oath in the name of God that medieval society was held together, in the form of the feudal bond pledged between lord and vassal. This paper seeks to illuminate such formulae and then Joinville’s use of them by analyzing two of their attributes: the name of God and artificial personality, an ancient and fundamental legal fiction in which an agent acts in the name of a principal. Joinville wrote the biography of Saint Louis as testimony in his canonization, and, in legal terms, he was an agent acting in the name of a principal (God) with his actions representing those of another, calling into question the proposition that the book is Joinville’s autobiography. Writing in the name of God has a sanctifying effect that may be antithetical to the autobiographical mode. By examining formulaic incipits repeated throughout the Middle Ages, this paper endeavors to account more fully for Joinville’s literary mimesis and to delineate a new area of inquiry in medieval literature and the study of formulae.

Ecrire ‘en nom de Dieu’: formule, invocation, et autobiographie mediévale Certains critiques ont considéré Jean de Joinville non seulement comme un chroniqueur ou un biographe de Saint Louis (Louis IX de France), mais aussi comme un autobiographe, parce que de nombreux passages dans cette biographie traitent de Joinville lui-même. Cependant au début il soutient qu’il écrit “en nom de Dieu”. Cette affirmation situe Joinville dans une tradition documentaire qui a caractérisé une grande partie du Moyen Âge, car les documents médiévaux tels que les chartes incluent souvent des incipits (les premiers mots des textes) qui indiquent que les documents ont été écrits au nom de Dieu, de la Trinité, ou du Christ. En fait, la phrase “en nom de Dieu” ou une variante peut être considérée comme la plus importante au Moyen Âge parce que c’était en prêtant serment au nom de Dieu que la société médiévale se composait elle-même, sous forme du lien féodal entre le châtelain et le vassal. Cet essai, qui tente d’éclairer de telles formules ainsi que la manière dans laquelle Joinville les emploie, analyse deux attributs de ces formules : le nom de Dieu et la personnalité artificielle, une fiction juridique ancienne et fondamentale dans laquelle un mandataire agit au nom d’un mandant. Joinville a écrit la biographie de Saint Louis comme un témoignage dans le processus de sa canonisation et, dans un sens juridique, Joinville a été un mandataire agissant au nom d’un mandant (Dieu) et les actions de Joinville ont représenté celles d’un autre. Par conséquent l’incipit de Joinville met en doute la proposition que le livre est son autobiographie. Écrire ‘en nom de Dieu’ produit un effet de sanctification qui peut être antithétique du genre de l’autobiographie. À travers l’étude des incipits fréquemment utilisés au Moyen Âge, le but de cet essai est l’élucidation de la mimésis littéraire de Joinville et la délimitation d’un domaine inexploré dans la littérature médiévale et dans l’étude des formules.

-54- Timothy Salemme (Centre de Médiévistique Jean Schneider)

[email protected] Timothy Salemme ha conseguito il dottorato di ricerca in storia medievale presso l’Università di Milano nel 2009 con una tesi intotolata « Un monastero benedettino nel primo Trecento. San Vittore di Meda tra contado e città ». Nel 2010 ha quindi proseguito la sua carriera in Francia con un post-dottorato in diplomatica all’Université de Strasbourg. Attualmente è membro associato dell’Atelier de Diplomatique del Centre de Médiévistique Jean-Schneider dell’Université de Lorraine (sito di Nancy), dove svolge ricerche sul tema della diplomatica laica in area lorenese. Tra le sue pubblicazioni, si ricordano i contributi «Prime note sulla proprietà fondiaria del monastero milanese di S. Maria del Lentasio nel secolo XIII» e «I Grassi di Cantù nelle pergamene del monastero di San Vittore di Meda (1306-1332)», apparsi su Nuova Rivista Storica rispettivamente nel 2008 e nel 2011, «Le carte del monastero di S. Maria di Chiaravalle milanese. Additiones documentarie (secolo XII)», pubblicato in collaborazione con Maria Cristina Piva su Scrineum (2011), e il volume «Carte del secolo XII nel fondo di San Vittore di Meda» (Milano, Edizioni Biblioteca Francescana), in corso di stampa.

Les « arenghe » dans les préambules des actes de donation d’aire milanaise (XI e- fin XII e siècle) L’analisi dei préambules degli atti di donazione ( cartae iudicati, cartae donationis, cartae offersionis , etc.) di area milanese tra l’XI e la fine del XII secolo ha permesso di evidenziare la presenza costante di formule d’arenga che, per quanto ci è dato di sapere, venivano direttamente pronunciate dall’autore al momento della realizzazione del negozio giuridico. La prassi dell’inserimento di queste formule invocative – richiami alla brevità della vita, alla necessità di vivere secondo i precetti di Dio, ecc. – affonda le sue radici lontano nel tempo: le prime attestazioni nelle carte di area lombarda risalgono almeno al periodo carolingio (IX secolo) e sopravvivono in maniera costante almeno fino alla fine del XII secolo, quando, in concomitanza con una progressiva riduzione del numero degli atti di donazione conservati nei fondi archivistici degli enti religiosi milanesi, esse tendono progressivamente a rarefarsi. Scopo della comunicazione qui proposta è dunque quello di: 1) tracciare un breve ‘quadro introduttivo’ sulla presenza delle formule di arenga nelle carte di donazione dell’XI-XII secolo conservate in alcuni fondi archivistici milanesi (quelli dei monasteri cistercensi di Chiaravalle Milanese, Morimondo, del monastero benedettino di Sant’Ambrogio, della canonica di Sant’Ambrogio, il monastero benedettino di San Vittore di Meda) 8. Quali sono le formule in assoluto più presenti nella documentazione? Da dove provengono? Si tratta esclusivamente di formule provenienti dai testi sacri (soprattutto i Vangeli) oppure vi sono delle arenghe che, pur essendo connotate dal forte significato religioso, sono per cosi dire il frutto di una tradizione e/o pratica devozionale prettamente locale? 2) verificare il grado di stereotipizzazione delle formule di arenga all’interno delle carte di donazione . Secondo quanto si evince dalle carte, l’autore, al momento di realizzare la donazione, recitava direttamente l’arenga; essendo tuttavia quest’ultima di norma in latino, difficilmente il donatore poteva realmente comprenderne il senso e pertanto doveva senz’altro assimilarla ad una formula dal valore quasi magico. È possibile immaginare che accadesse la stessa cosa anche per il notaio chiamato a scrivere l’atto? Qual’era il reale grado di conoscenza del formulario da parte di quest’ultimo? Per rispondere al quesito occorrerà esaminare sistematicamente le varie arenghe al fine di verificare se, per esempio, i notai rispettassero sistematicamente la struttura tradizionale dell’arenga oppure la modificassero mediante l’inserimento di parole differenti, modificazioni della struttura sintattica della frase, ecc.

8 I quattro fondi qui citati conservano complessivamente per il periodo 1000-1200 approssimativamente 1400 atti, di cui all'incirca il 10% risulta riconducibile alla tipologia delle donazioni; per quanto concerne le edizioni del corpus documentario individuato si veda il sito internet del Codice diplomatico della Lombardia Medievale, all'indirizzo http://cdlm.unipv.it/.

-55- 3) osservare, soprattutto nelle donazioni della seconda metà del XII secolo, la disparizione delle formule di arenga : in che maniera si verifica questo fenomeno? si tratta di un passaggio repentino oppure, al contrario, assistiamo all’inserimento di formule di arenga ‘intermedie’ che, progressivamente sempre più distanti da quelle tradizionali, ne precedono la scomparsa? Può la disparizione dell’arenga essere messa in relazione con il processo di oggettivizzazione e spersonalizzazione della carta verificatosi in area milanese tra XII e XIII secolo?

L’analyse des préambules des actes de donation ( cartae iudicati, cartae donationis, cartae offersionis, etc.) de l’aire milanaise entre le XIe et la fin du XIIe siècles révèle la présence de formules d’arenga qui, pour autant que l’on sache, étaient vraisemblablement prononcées par l’auteur au moment de l’acte juridique. La pratique de l’insertion des ces formes d’invocation - qui rappellent en général la brièveté de la vie, la nécessité de vivre selon la volonté de Dieu, etc. - a une origine très ancienne : les premières attestations dans la diplomatie lombarde remontent au moins à la période carolingienne (IXe siècle) et la pratique subsiste jusqu’à la fin du XIIe siècle. A partir de cette époque, où l’on assiste à une progressive réduction du nombre d’actes de donation conservés dans les fonds d’archive des églises et monastères milanais, leur présence va progressivement diminuer. Les objectifs de ma communication sont essentiellement les trois suivants : 1) proposer quelques considérations sur la présence des formules d’arenga dans les actes de donation des XIe et XIIe siècles conservés dans les fonds de plusieurs établissements religieux milanais : parmi ceux-ci, les abbayes cisterciennes de Chiaravalle milanese et Morimondo, le monastère bénédictin de Sant’Ambrogio, l’église de Sant’Ambrogio, le monastère de San Vittore de Meda 9. Quels types de formules d’arenga sont employées dans la documentation ? Qu’est-ce qu’on peut dire de leur origine ? Les arenghe , proviennent-elles exclusivement de textes sacrés (par exemple les évangiles) ? A-t-on des arenghe dont l’origine remonte à une tradition et/ou pratique dévotionnelle locale ? 2) s’interroger sur la possible valeur stéréotypée d’une formule d’arenga . Selon ce que l’on apprend des chartes, au moment de la donation l’auteur juridique prononçait viva voce l’arenga ; cette formule étant toutefois en latin, on peut supposer que le donateur ne comprenait pas vraiment le sens des mots qu’il disait : il est donc probable que la formule avait pour lui (et peut-être aussi pour les témoins) une valeur rituelle, voire presque magique. Mais que peut-on dire au sujet des scribes/notaires qui rédigeaient l’acte? Un notaire avait-il vraiment conscience de la valeur et de la signification d’une arenga ? Concrètement, il sera nécessaire de vérifier si les notaires respectaient la structure traditionnelle de l’arenga ou la modifiaient plutôt ; dans ce dernier cas, quel type de variations faisaient-ils (insertion/modification de mots/lettres ; changement dans de l’ordre des mots, etc.) ? Ces variations étaient-elles volontaires ou, au contraire, dépendaient-elles des difficultés rencontrées par le scribe/notaire dans la compréhension effective de la formule ? 3) aborder la question de la disparition progressive des formules d’arenga depuis la deuxième moitié du XII e siècle. Plus spécifiquement, mon attention sera retenue sur les raisons possibles et sur les formes de cette disparition. Le but principal sera d’établir si celle- ci se vérifia subitement ou fut plutôt précédée par une ‘phase intermédiaire’, caractérisée par des arenghe de plus en plus distantes des formes traditionnelles. Finalement, ce phénomène de disparition des arenghe est-il lié aux évolutions des typologies documentaires qui se vérifièrent dans le Milanais, et plus en général en Lombardie, entre les dernières décennies du XII e et le début du XIII e siècles (notamment au passage de la charta à l’instrumentum ) ?

9 Pour la période 1000-1200, les quatre fonds d'archives concernés conservent environ 1400 actes, dont le 10% sont des donations.

-56- Jean-Baptiste Santamaria (Université de Lille III)

[email protected] Jean-Baptiste Santamaria, A.T.E.R. à l’Université Charles De Gaulle-Lille III, est rattaché au laboratoire IRHIS (UMR 8529). Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, agrégé d’Histoire, il a soutenu en 2009 sa thèse sur la Chambre des comptes de Lille de 1386-1419 (en cours de publication), et travaille sur les comptabilités dans le cadre du projet « Comptables et comptabilités à la fin du Moyen Âge » coordonné par Patrice Beck. Ses recherches portent plus largement sur l’administration et les officiers de Flandre et d’Artois, et l’intégration des Pays-Bas à l’État bourguignon.

Servir le prince et garder la loi de la ville : les serments des officiers du duc de Bourgogne en Artois et Flandre wallonne (fin XIV e-début XV e siècle) Dans le cadre d’un Etat bourguignon de plus en plus structuré par des rapports administratifs hiérarchisés, la pratique du serment engageant les officiers devant Dieu envers un prince se maintient et s’enrichit de préoccupations propres à un Etat de droit, et maintient symboliquement l’existence d’un lien personnel entre un prince lointain et ses agents locaux. Le serment est cependant de plus en plus médiatisé, et largement contrôlé par des institutions centralisées qui rédigent et reçoivent des serments stéréotypés, se voulant les gardiennes de ce qui apparaît de plus en plus comme un engagement contractuel, sans jamais en remettre en cause la dimension sacrée. Placé également sous le contrôle des évêques qui accordent les dispenses nécessaires, le serment révèle aussi la manière dont le prince transmet à ses agents un pouvoir considéré comme unitaire, qu’il relève de la justice, de l’administration ou des finances, et nécessairement conforme à la foi chrétienne. L’abondance des sources et notamment l’existence de registres mentionnant également les circonstances précises de chaque serment, ainsi que de formulaires de serments permet de mesurer précisément l’évolution de cet engagement, et la manière dont l’écrit influe sur une procédure qui se veut originellement orale.

Officers’ oaths in the Burgundian Netherlands (end of the 14th century – beginning of the 15th century) As the administrative relations inside the Burgundian State became more and more strictly organized through hierarchical relations, the practice of the oath as a way of hiring officers to serve the prince under the eyes of God remained and was enhanced with new concerns, such as the rule of state, and symbolically maintained a personal link between a distant prince and his local agents. The oath is however more and more heavily mediatized, and widely controlled by centralized institutions which draft and receive stereotypic oaths, claiming to vouchsafe what appears more and more as a contractual commitment, nevertheless retaining its sacred dimension. Placed under the control of bishops who grant the necessary exemptions, the oath also reveals at the same time the way the prince delegates to his agents an indivisible power, whether it be connected to justice, administration, or finance, and inevitably in compliance with the Christian faith. Abundant archival sources, especially registers mentioning the specific circumstances of each oath, as well as formularies of oaths, allow us to take stock of the evolution of that commitment and of the way scriptural usage influenced a procedure which was originally oral.

-57- Federico Saviotti (Collège de France)

[email protected] Federico Saviotti, doctor europæus en philologie romane à l’Université de Sienne, est depuis 2010 Attaché temporaire d’enseignement et de recherche auprès de la chaire de Littératures de la France médiévale du Collège de France (prof. M. Zink). Il est aussi collaborateur aux projets Concordanze diacroniche dell’Orlando Furioso (IUSS – Pavie, prof. C. Segre) et Transmédie : translations médiévales (prof. C. Galderisi). Ses recherches philologiques portent sur la poésie lyrique des troubadours et des trouvères, sur les dits moraux en strophe d’Hélinand et sur le milieu littéraire arrageois de la fin du XIII e siècle.

A. fr. boute-en-cor(r)roie : beaucoup plus qu’un jeu En 1892 Gaston Paris consacra une longue note 10 à l’expression boute-en-cor(r)oie : sa fréquence dans des ouvrages de genres différents, mais tous écrits au XIIIe siècle et en Picardie, et les perplexités exégétiques qu’elle créait en faisaient aux yeux du philologue un sujet absolument digne d’être abordé. Le dépouillement des textes – français mais aussi latins, occitans et même italiens – et des dictionnaires aboutit à une définition précise de l’expression (il s’agit, à l’origine, d’un jeu, « une espèce de bonneteau antérieur à l’invention des cartes ») et à l’élucidation de certaines acceptions, propres ou métaphoriques. Dès lors, grâce à une connaissance de plus en plus approfondie des textes littéraires médiévaux, le corpus des occurrences connues s’est beaucoup élargi, aussi bien dans le sens quantitatif que qualitatif. Mon travail porte avant tout sur une mise à jour du catalogue de G. Paris, qui reste le point de départ fondamental, mais qui se trouve ainsi plus que doublé et dont les éléments peuvent maintenant être rangés selon des catégories à la fois plus nombreuses et taxinomiquement plus précises. Cette recherche, l’examen détaillé des rapports intertextuels à l’intérieur du corpus et l’étude du contexte historico-littéraire duquel les œuvres considérées relèvent, ont en outre fait ressortir la richesse expressive de ce qui doit être considéré comme une véritable formule. Une connaissance plus précise de son sémantisme permettra désormais de mieux interpréter les textes qui s’en servent ou qui, comme c’est parfois le cas, y font tout simplement allusion.

A. fr. boute-en-cor(r)roie : More than a Game In 1892 Gaston Paris wrote a long note about the expression boute-en-cor(r)oie : its frequency in various literary works from 13 th century Picardy and the exegetical doubts it created made of it a matter of the greatest interest for the philologist. The research into medieval texts (mainly French, but also Latin, Occitan and Italian) and dictionaries led G. Paris to propose a precise definition for the expression (it was originally referred to as a confidence game) and to explain some of its possible literal and metaphorical senses. The aim of our research has been an updating of Paris’s catalogue, based on a wider and more in-depth survey of Artesian 13 th century poetry (many poems were still unpublished or completely unknown in 1892). The corpus has thus more than doubled in quantity and grown in quality, allowing us to range it taxonomically in more precise categories. A detailed study of intertextual links within the corpus and of historical and literary context has revealed the expressiveness of the set phrase boute-en-corroie , which must reasonably be considered as a real formula . A more complete acknowledgement of its semantic values will now enable us to make a better exegesis of texts in which it is found or, as it sometimes happens, it is referred to.

10 G. PARIS , « Boute en corroie », dans Romania , XXI (1892), pp. 407-413.

-58- Henri Simonneau (IRHIS, Université Lille 3)

[email protected] Henri Simonneau est agrégé et docteur en histoire. Il a soutenu en 2011 une thèse intitulée « Grandeur et décadence d’une institution aulique. Les hérauts d’armes dans les Pays-Bas bourguignons (1467-1519) » sous la direction de Bertrand Schnerb à l’université de Lille 3 Charles-de-Gaulle. À l’Institut Historique Allemand de Paris, il a participé au développement d’une base de données sur les hérauts d’armes européens, sous l’impulsion de Werner Paravacini et de Torsten Hiltmann. Il prépare une synthèse sur les hérauts au Moyen Âge et travaille actuellement tout particulièrement sur le duel, la guerre et l’aristocratie à la fin du Moyen Âge.

« Le roi est mort ! Vive le roi ! » Les hérauts d’armes et les formules rituelles dans la société aristocratique médiévale Les hérauts d’armes deviennent à la fin du Moyen Âge les maîtres de cérémonies de toutes les grandes fêtes princières : les couronnements, les pas d’armes, les tournois ou les duels. Ils sont considérés par la noblesse médiévale comme les garants de la conservation des traditions et de l’honneur de l’aristocratie. La parole du héraut, écho de celle du prince, est écoutée avec respect. Dans les duels judiciaires par exemple, son cri ponctue le processus judiciaire. Mais c’est aussi une parole institutionnelle : en 1422, c’est un officier d’armes qui crie : « Le roi est mort ! Vive le roi ! », transmettant alors la dignité royale de Charles VI à Henri VI. Toutes les formules qu’il prononce sont fondamentales, gages de légitimité, mais ne fonctionnent que dans un cadre extrêmement précis, très strictement codifié.

"Le roi est mort! Vive le roi" Heralds and ritual formulas in the medieval aristocratic society The heralds of arms become at the end of the Middle Ages masters of ceremony of the prestigious princely ceremonies: coronations, jousts, tournaments and duels. The medieval nobility considers them as guarantors of tradition conservation and honour of the aristocracy. The speech of the herald is heard with respect. During the duels, his cry punctuates the judicial process. But it’s also an institutional speech. In 1422, during the coronation of Henry VI, it’s a herald who shouts: “ Le roi est mort! Vive le roi! ”. All these formulas are fundamental. They are guarantee of legitimacy. But they are only functioning in a very strict context.

Alessandra Stazzone (Université de Paris-Sorbonne Paris IV)

[email protected] Alessandra Stazzone est Maître de Conférences à l’Université Paris-Sorbonne et est spécialiste de Civilisation italienne du Moyen Âge. Ses recherches portent sur les enjeux sociaux et économiques de la renommée dans l’Italie du Moyen Âge, et plus particulièrement entre le XIII e siècle et le début du XIV e.

Parole de marchand. La formularité dans la définition du « bon » marchand dans une réécriture toscane du De moribus hominum et officiis nobilium super ludos scacchorum du XIV e siècle Rédigé en latin par Jacques de Cessoles à la fin du XIII e siècle, le De moribus hominum et officiis nobilium super ludos scacchorum a connu, on le sait, un succès extraordinaire,

-59- comme en témoignent les traductions en français, anglais, allemand et toscan qui fleurissent à partir du XIV e siècle. L’objectif de cette communication est d’étudier les formules récurrentes qui, dans une surprenante réécriture toscane du traité par un auteur anonyme, intitulée Volgarizzamento del libro de’ costumi e degli offizii de’ nobili sopra il giuoco degli scacchi dessinent l’identité du "bon" marchand. Catégorie professionnelle suspecte en raison de ses contacts constants avec l’argent et plus particulièrement avec les dépôts d’argent, les marchands sont très étroitement liés à une série de péchés qui leur est spécifique. C’est la raison pour laquelle, dans le traité en général, l’on impose aux marchands de prêter serment, contrairement aux nobles, puisque leur parole n’a aucune valeur. Notre étude présentera deux catégories de formules: 1. Les formules employées pour imposer aux marchands des règles et des limites dans la gestion des dépôts d’argent des particuliers. Ces formules fixent par ailleurs une riche casuistique de rapports à l’argent considérés comme recevables ou irrecevables. 2. Les formules concernant les modalités de fabrication de la réputation des marchands, notamment son rapport avec les risques de perturbation de l’ordre social et politique. Ce corpus nous permettra de montrer que loin d’être une énumération figée des effets pervers de l’avarice sur l’homme, ces formules brossent un portrait novateur d’une catégorie professionnelle en plein essor.

Kaufmannssprache. Die Formulierungen in der Definition des "ehrbaren" Kaufmanns in der toskanischen Neufassung des De moribus hominum et officiis nobilium super ludos scacchorum aus dem 14. Jahrhundert Bekanntermaßen erlebte das am Ende des 13. Jahrhunderts von Jacques de Cessoles auf Lateinisch verfasste De moribus hominum et officiis nobilium super ludos scacchorum einen außerordentlichen Erfolg, wie dies die zahlreichen Übersetzungen ins Französische, ins Englische, ins Deutsche und ins Toskanische ab dem 14. Jahrhundert bezeugen. Ziel des Vortrags, den ich Ihnen vorschlagen möchte, ist es, die wiederkehrenden Formulierungen zu untersuchen, die in einer von einem anonymen Autor unter dem Titel Volgarizzamento del libro de’ costumi e degli offizii de’ nobili sopra il giuoco degli scacchi erschienenen erstaunlichen toskanischen Neufassung der Abfassung das Bild des "ehrbaren" Kaufmanns zeichnen. Aufgrund ihres ständigen Umgangs mit Geld und insbesondere mit Geldeinlagen wird der Berufsstand als verdächtig betrachtet und mit einer Reihe von spezifischen Sünden verbunden. Im Gegensatz zu den Adligen unterliegen Kaufleute deshalb im Allgemeinen in der Abfassung dem Zwang, einen Eid zu leisten, da ihr Wort keinen Wert besitzt. In unserer Untersuchung werden zwei Gruppen von Formulierungen vorgestellt: 1. Formulierungen, die benutzt werden, um den Kaufleuten in der Verwaltung von Geldeinlagen privater Leute Regeln und Grenzen aufzuerlegen. Diese Formulierungen bestimmen überdies in einer reichhaltigen Kasuistik, was im Umgang mit Geld annehmbar oder unannehmbar ist. 2. Formulierungen in Verbindung mit der Art und Weise, wie der Ruf von Kaufleuten entsteht, und insbesondere in Verbindung mit ihren Beziehungen zu möglichen Risiken einer Gefährdung der politischen und sozialen Ordnung. Das Korpus wird es uns ermöglichen zu zeigen, dass diese Formulierungen bei weitem keine starre Aufzählung unerwünschter Wirkungen des Geizes auf Menschen sind. Sie zeichnen im Gegenteil das erneuerte Bild eines aufsteigenden Berufsstandes.

-60- Parola di mercante. Il ruolo della formularità nella definizione del "buon" mercante in una riscrittura toscana del De moribus hominum et officiis nobilium super ludos scacchorum del XIV° secolo Scritto in latino da Jacopo da Cessole alla fine del XIII° secolo, il De moribus hominum et officiis nobilium super ludos scacchorum ha riscosso, com’è noto, uno straordinario successo, dimostrato dalle numerose traduzioni francesi, inglesi, tedesche e toscane fiorite a partire dal XIV° secolo. Il mio intervento ha la finalità di analizzare le formule che, in una sorprendente riscrittura toscana anonima del trattato, il Volgarizzamento del libro de’ costumi e degli offizii de’ nobili sopra il giuoco degli scacchi, hanno la funzione di fissare l’identità del "buon" mercante. Categoria professionale sospetta a causa dei contatti costanti con il denaro e soprattutto con i depositi di denaro, i mercanti sono associati ad una serie di peccati ben specifici. Per questa ragione, nell’insieme del trattato, si impone loro di prestare giuramento, contrariamente ai nobili, poiché la loro parola non ha nessun valore. Questo studio si concentrerà quindi su due categorie di formule: 1. Formule usate per imporre ai mercanti regole e limiti nella gestione del denaro dei cittadini. Queste formule costituiscono un ricco inventario dei rapporti accattabili o inaccettabili con il denaro. 2. Formule che riguardano le modalità di costruzione della reputazione dei mercanti, in particolar modo la sua relazione con i rischi di sconvolgimento dell’ordine sociale e politico. Il corpus studiato ci permetterà di dimostrare che invece di essere una lista di formule fisse sugli effetti perversi dell’avarizia sull’uomo, queste formule producono un ritratto originale di una categoria professionale in piena espansione.

Colette Stévanovitch (Université de Lorraine) Claire Vial (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle)

[email protected] Colette Stévanovitch, professeur au département d’anglais de l’Université de Lorraine travaille sur la littérature médiévale anglaise. Elle a édité la Genèse et le Christ II vieil-anglais, et publié de nombreux articles sur la poésie vieil-anglaise et moyen-anglaise, ainsi qu’un Manuel d’histoire de la langue anglaise des origines à nos jours . Elle coordonne un projet de traduction de romans moyen-anglais aux Editions Brepols (volume 1 : Les lais bretons ; volume 2, en cours : Les deux Mort du roi Arthur ). Elle a fondé le GRENDEL ou Groupe de Recherche et d’Etude Nancéien sur la Diachronie et sur l’Emergence de la Littérature anglaise (1998), devenu l’axe Moyen Age de l’équipe d’accueil IDEA (Interdisciplinarité dans les Etudes Anglophones).

[email protected] Claire Vial est maître de conférences en littérature anglaise à l’université de Paris III Sorbonne Nouvelle. Ses premières recherches ont porté sur la fête et ses représentations dans la littérature anglaise des 14 e et 15 e siècles. Elle est l’auteur d’articles sur Chaucer, Lydgate, Malory, Sir Gawain and the Green Knight et Beowulf. Dans le cadre de l’analyse des liens entre littérature de Cour et littérature populaire, son corpus s’étend aux « lyrics », aux lais bretons en moyen anglais et au théâtre médiéval ainsi qu’au théâtre de Shakespeare. Sa préoccupation d’ensemble s’attache à l’imaginaire médiéval et ses manifestations visuelles et iconographiques.

Les formules dans le Stanzaic Morte Arthur Le Stanzaic Morte Arthur est un poème moyen-anglais inspiré du roman français La mort le roi Artu . Il est composé en octosyllabes disposés en strophes. Les romances moyen-anglais sont caractérisés par leur style formulaire, et celui-ci n’y fait pas exception.

-61- Différentes catégories de formules peuvent être distinguées dans le poème (par exemple : formules de vérité, par lesquelles le narrateur affirme la vérité de son récit ; formules caractérisant un ou des personnages en fonction des valeurs chevaleresques ; formules décrivant une action, comme les coups portés lors d’une bataille ; formules marquant les articulations du récit). Les formules jouent un rôle significatif dans la composition du poème. Ce rôle diffère selon la longueur de la formule. Certaines occupent un vers entier (comme la formule « Tille on a tyme þat it by-felle » et ses variantes, par laquelle le narrateur annonce une nouvelle phase du récit), tandis que d’autres ne font que quelques syllabes. Généralement placées en fin de vers, à la rime, ces dernières ont une fonction essentiellement métrique et semblent souvent se résumer à de simples chevilles vides de sens. Une étude de leur utilisation en contexte montrera cependant que ce n’est pas nécessairement le cas : les adjectifs associés à tel ou tel chevalier ne sont pas choisis au hasard, les formules insistant sur la vérité apparaissent souvent dans des contextes où celle-ci est importante. Sur le plan stylistique aussi, la présence des formules enrichit le poème, surtout lorsqu’elles sont appliquées à des passages riches en émotion, comme les relations entre Arthur et Lancelot lorsque la guerre les sépare, et répétées de surcroît. Certains passages sont plus riches que d’autres en formules, il sera intéressant de se demander pourquoi. Les répétitions peuvent se faire à quelques vers d’intervalle, ou à une grande distance lorsque le même épisode est mentionné, ou saupoudrer l’ensemble du poème. Parfois plusieurs vers à la suite sont des reprises presque identiques de vers employés précédemment. Ces échos peuvent attirer l’attention sur des parallélismes, voire des contrastes, entre différents moments du récit. Il sera intéressant de comparer les formules du Stanzaic Morte Arthur avec celles d’autres poèmes moyen-anglais, de même forme poétique (strophes octosyllabiques) ou portant sur le même sujet mais issus d’une autre tradition poétique ( Allierative Morte Arthure ) . Si certaines formules se retrouvent dans d’autres romans moyen-anglais, d’autres sont sans doute uniques à ce poème. Il faudra se demander si le poète les utilise de la même manière. On comparera également le poème avec l’original français afin de voir si les mêmes formules y sont présentes, si les formules répétées du texte anglais correspondent à ou non à des répétitions dans le texte français, et pourquoi (mis à part les nécessités de la versification) le poète moyen-anglais a pu vouloir ajouter des formules à son texte à certains endroits.

Formulas in the Stanzaic Morte Arthur The Stanzaic Morte Arthur is a Middle English poem based on the French Mort le roi Artu . It is written in octosyllabic stanzas. As in all Middle English romances, the style is heavily formulaic. Several categories of formulas can be distinguished in this poem, for instance truth formulas, through which the narrator claims the truth of the story he tells; formulas associating chivalric values to one of the characters; formulas describing an action, such as blows in a battle; formulas used to draw attention to the different stages of the narrative. Formulas play a significant role in the composition of the poem. Some stretch over a whole line, like « Tille on a tyme þat it by-felle » and its variants, used to introduce a new phase of the narrative, others being a few syllables in length. The shorter formulas often end the line and provide the rhyme. They seem to be mere metrical fillers, but study of the context will show that this is not always true: the epithets referring to a knight are not chosen at random, and the truth formulas tend to appear in contexts where truth is indeed important. Formulas also contribute to style, especially when they are used in emotionally charged passages (e.g. to refer to Arthur and Lancelot as adversaries during the war) and when they are repeated. Some passages are more formulaic than others. Formulas can be repeated in close proximity, over a longer distance when the same episode is mentioned again, or be scattered over the whole poem. Sometimes the repetition covers several lines. They can draw attention to parallelisms or contrasts between various moments of the narrative. It will be

-62- interesting to compare the formulas of the Stanzaic Morte Arthur to those used in other Middle English poems, either written in octosyllabic stanzas, or covering the same material within a different poetic tradition, like the Alliterative Morte Arture . A comparison will also be made with the French Mort le roi Artu to see if similar formulas are used, if the repeated formulas of the Middle English text echo repetitions in the French text, and why (apart from metrical considerations) the Middle English poet may have wanted to add some formulas.

Nancy P. Stork (San Jose State University, Etats-Unis)

[email protected] I hold a Ph.D. in Medieval Studies from the University of Toronto where my research focused on manuscripts of Old English and Latin poetry. I have taught for two years at the Université de Genève and also worked as a drafting editor for the Dictionary of Old English project. Never in my life did I dream I would end up in California, but here I am now, a virtual California native, where I teach Medieval Literature, Old English, Grammar, Fantasy and Science Fiction at San Jose State University. My current research interests have drifted forward in time and eastward towards the Continent. I have done work on mysticism, medieval medicine and now, the Inquisition Records of Jacques Fournier. I love my students, but it is occasionally a challenge to explain the melancholy tone of early English literature to students for whom history began in 1849 and bad weather is a light drizzle at 12 degrees Celsius.

Liturgies of the Law: Formulaic Expressions in the Inquisition Records of Jacques Fournier From 1318 to 1325, Jacques Fournier, Bishop of Pamiers, conducted an inquisition against heretical villagers centered around the Occitan village of Montaillou. He kept meticulous records, one volume of which survives in the Vatican Library. An invaluable resource for social history (See Emmanuel LeRoy Ladurie’s Montaillou : village Occitan de 1294 à 1324 ), Fournier’s record also provides insight into the legal written formulas used to record, validate and reinforce orthodoxy in this famously heretical Cathar region. Written almost entirely in the third person, these records are meticulously transcribed by Guillaume Peyre-Barthe who is the only first-person voice in the entire ledger. He is witness to the proceedings and repeats the legal formulas so many times verbatim that Duvernoy, the Latin editor and French translator felt the need to number them (Formule A, Formule J, in Le Registre d’Inquisition de Jacques Fournier). In my role as the translator of these confessions into English, I have also been struck by the varied rhetorical functions of these formulas and their incessant repetition. These formulas verify the presence of witnesses, the date, the accuracy of the transcription, the acts of contrition and absolution or condemnation and they bracket the proceedings, appearing at the beginning and end of each. In some cases, where the testimony of an additional witness is provided, the formulas appear in the middle of a confession as well. At the heart of the inquisitions are not formulas, but Fournier’s repeated queries: Who taught you these things? Who was with you when these things were said? Have you taught these things to anyone else? Fournier’s questions structure the central narrative of each confession and drive towards the goal of eradicating heresy. Fournier’s persistence and skill won him the papacy and he became Pope Benedict XII. In his education as a priest, he was imbued not only with the theological skills to run an inquisition, but also with the language of the liturgy. In a curious way, these confessions, with their narratives and formulas recapitulate all the rhetorical acts of the Mass: invocation, praise, communion, confession, sacrifice, blessing, purification and absolution. But where the Mass has a Credo , the Inquisition has a Credendum est . And where

-63- the Mass is offered up to God, these confessions are offered up to the all hearing ear of the scribe, Guillaume Peyre-Barthe, who presides over it all and records it for memory and posterity, a sort of 14 th century Marcel Proust.

Liturgies de la Loi: Formules Judiciaires du Registre d’Inquisition de Jacques Fournier Dans les années 1318-1325, Jacques Fournier, évêque de Pamiers, a mené une inquisition contre des villageois hérétiques du petit village occitan de Montaillou. Il a fait écrire un registre méticuleux de ces procès, texte d’importance pour l’histoire sociale, ce registre utilise des formules judiciaires pour enregistrer les confessions, valider les croyances, et imposer l’orthodoxie dans cette région bien connue pour ses hérésies cathares. Écrit presque exclusivement à la troisième personne du singulier, le registre a été soigneusement transcrit par Guillaume Peyre-Barthe, la seule voix qui « parle » à la première personne du singulier. Peyre-Barthe est témoin du procès entier et il répéte les formules judiciaires tant de fois que Jean Duvernoy, l’éditeur et traducteur du registre en français, les a énumérées. Dans mon rôle de traductrice de ces confessions en anglais, j’ai été frappée par les fonctions de rhétorique diverses de ces formules aussi bien que par leur répétition incessante. Ces formules vérifient beaucoup de choses: témoins présents, dates, emplacements, fidélité de la transcription, actes de confession, pénitence et absolution. Et bien sûr elles apparaissent partout : au commencement du registre, au milieu et à la fin. L’interrogation donne de la structure à chaque récit dans le but d’extirper l’hérésie. Au cœur du Registre il y a des questions incessantes posées par Fournier lui-même: Qui était présent? Avez-vous appris ces paroles hérétiques à quelqu’un? Vous en êtes-vous jamais confessé? Voulez-vous être réuni à l’unité et la foi de la sainte Eglise romaine? Avez-vous confessé ces erreurs jusqu’à présent soit au fort de la pénitence, soit judiciairement? A quelle heure était-ce? A quelle époque? Avez-vous commis autre chose en matière d’hérésie? Quant à Fournier, sa persévérance et son aptitude lui ont gagné la papauté même et il est devenu le Pape Benoît XII. En raison de sa formation de prêtre, il a été imbu non seulement des idées théologiques mais aussi de la langue de la liturgie. À cause de cela, ces confessions, avec leurs récits et leurs formules, récapitulent tous les actes rhétoriques de la Messe: l’invocation, les éloges, la communion, la confession, le sacrifice, la bénédiction, la purification, et l’absolution. Mais là où la messe de l’Église contient un Credo , la “Messe” de l’Inquisition contient un Credendum est . Et là où la Messe est offerte à Dieu, ces confessions sont offertes à l’oreille tout-écoutante du scribe, Guillaume Peyre-Barthe, qui les enregistre pour la mémoire et la postérité, une sorte de Marcel Proust du quatorzième siècle.

Irène Strobbe (Université de Paris-Sorbonne Paris IV)

[email protected] Irène Strobbe, agrégée d’histoire, est doctorante contractuelle avec mission d’enseignement à l’université Paris – Sorbonne. Elle y prépare une thèse intitulée « Pouvoir et assistance à Lille à la fin du Moyen Age » sous la direction du Pr. Elisabeth Crouzet-Pavan, en co-tutelle avec le Pr. Marc Boone (Université de Gand). Elle s’intéresse tout particulièrement à l’histoire de la Flandre, à l’histoire des villes et des sociétés urbaines et à l’histoire de l’assistance.

-64- Prononcer des voeux ou prêter serment ? La nouvelle soumission de l’Hôpital Notre- Dame de Seclin à l’Hôpital Comtesse de Lille en 1515 L’assistance n’est pas seulement un devoir pour les détenteurs de l’autorité au sein des villes, qu’ils soient laïcs ou ecclésiastiques. Elle est aussi un enjeu de pouvoir et peut se muer elle-même, dans des conditions particulières, en un véritable nouveau pouvoir urbain. En 1515, le maître de l’Hôpital Notre-Dame de Seclin doit prêter serment d’obéissance au maître de l’Hôpital Comtesse de Lille. Fondé en 1236 par Jeanne de Constantinople, l’Hôpital Comtesse est doté d’un pouvoir économique fort et d’une structure institutionnelle originale. Il entretient d’étroites relations hiérarchiques avec d’autres établissements charitables situés à Lille et dans la châtellenie. Le maître de l’Hôpital Comtesse est souvent l’un des visiteurs de droit de ces maisons. Il est aussi celui qui recueille les vœux des frères et sœurs qui s’engagent dans ces communautés hospitalières. L’historiographie française a beaucoup insisté sur le mouvement de municipalisation qui toucherait les hôpitaux à la fin du Moyen Age. Cependant, à Lille, l’Hôpital Comtesse affirme plus que jamais son influence sur la ville et maintient farouchement les échevins à distance de ses affaires. Ce serment pourrait être révélateur de la volonté de l’Hôpital Comtesse de prendre tous les aspects d’un pouvoir politique urbain, qui ne s’appuierait plus seulement sur des vœux religieux pour être obéi.

Taking Vows or Taking an Oath? The New Submission of the Our Lady’s Hospital of Seclin to the Countess Hospital of Lille in 1515 Assistance should not only be regarded as a duty for laïque or ecclesiastical urban elites. It can turn into a real stake for power and sometimes even, assistance can be considered as an instance of urban power in itself. In 1515, the master of the Our Lady’s Hospital of Seclin carried out an act of allegiance to the Countess Hospital’s master by oath. Founded in 1236 by Countess Johanna of Constantinople, the so-called Countess Hospital is a very strong economic power and has a very original institutional structure. It keeps closed relationships with many charitable houses not only in the town itself but also in its castellany. The Countess Hospital’s master is often an auditor de officio of those places. He has also to collect the vows of the brothers and sisters of the hospital community. Historiography has often presented the hospitals as characterized by a process of municipalisation at the end of the Middle Ages. On the contrary, in Lille, aldermen are absolutely not allowed to interfere with the Hospital Countess’ business. Moreover, this oath could reveal in the Countess Hospital officials a desire to become, not merely a religious authority through its administering of vows, but a centre of urban power, with some well-known attributes. Indeed, this unique oath, discovered in the hospital archives of Lille gives some new perspective on the links between power and assistance.

Marina Toumpouri-Alexopoulou (Evêché de Limassol, Chypre, et IRHIS, Université de Lille 3)

[email protected] Avant d’entreprendre ses études supérieures, Marina Toumpouri-Alexopoulou obtient de l’Université Lumière Lyon 2 le Diplôme de langue française. Elle fait ensuite ses études aux Universités de Metz, de Strasbourg 2 d’où elle obtient respectivement sa Licence de Musicologie, sa Maitrise de Musicologie et son DEA en Histoire de l’art. En 2010 elle soutient sa thèse de doctorat en Histoire de l’art à l’Université de Lille 3 (L’illustration byzantine du Roman de Barlaam et Joasaph, dir. C. Heck). Elle a participé à différents projets de recherche du CNRS (UMR 7044) et de l’Université de Strasbourg 2 dont celui de la mise en ligne des papyrus grecs de la BNUS. Elle travaille actuellement au département des monuments et des trésors byzantins de

-65- l’Evêché de Limassol. Elle est membre de différentes associations scientifiques et professionnelles et collabore à des projets de recherche à Chypre et à l’étranger.

« Et il parla ainsi… ». A propos du thème des interlocuteurs dans les manuscrits illustrés du Roman de Barlaam et Joasaph Le Roman de Barlaam et Joasaph narre l’histoire du roi Abenner, ennemi du christianisme à qui est prédit que son fils se fera chrétien. Pour prévenir le présage il l’enferme dans un palais. Par un effet de la Providence, le moine Barlaam s’introduit auprès de lui et le convertit au christianisme. Après avoir régné pendant quelques années, Joasaph quitte son royaume et part pour vivre près de Barlaam la vie érémitique jusqu’à sa mort. Ce texte a connu dans la chrétienté orientale comme dans la chrétienté occidentale un succès fulgurant, dont témoigne le grand nombre de manuscrits conservés, parmi lesquels se distinguent ceux pourvus d’enluminures. La version grecque de Barlaam , traduite depuis le géorgien par Euthyme l’Athonite († 1028), de laquelle découlent toutes les versions occidentales, a été considérablement enrichie de références bibliques, philosophiques et patristiques. Le Roman est émaillé de longues catéchèses, débats et discussions entre les différents personnages. Il regorge ainsi de digressions qui ralentissent le récit. Malgré le fait qu’elles ne font pas l’objet d’un traitement homogène, leur but est de solliciter l’inconscient du lecteur en vue d’une conversion aux principes de la morale chrétienne. Autant dans les témoins byzantins que dans les témoins occidentaux du Roman , les instances responsables pour l’illustration n’ont pas négligé ces longs passages textuels à fonction principalement didactique. Toutefois les images qui accompagnent ces parties textuelles ne constituent que rarement l’équivalent visuel de ce qui est narré, ou de ce qui est exprimé par les différents personnages, puisque les enlumineurs se contentent de répéter la même formule iconographique : deux individus en conversation les mains levées, l’un faisant face à l’autre. Nous considérons qu’il serait hâtif d’attribuer cette répétitivité à une certaine paresse à créer des images de la part des miniaturistes. En revanche, elle oblige à réfléchir sur l’utilité de l’image pour les lecteurs médiévaux de Barlaam , mais également sur la volonté à laquelle répondait le choix de reprendre la même formule iconographique pour illustrer tantôt des idées exprimées, tantôt des faits relatés et des concepts variés, voire antithétiques sans qu’une quelconque différenciation dans sa composition puisse être repérée.

“And he bespoke thus… ”. The Theme of the Interlocutors in the Illustrated Manuscripts of the Barlaam and Joasaph Romance The Barlaam and Joasaph Romance tells the story of prince Joasaph, son of the Indian king Abenner, an adversary of Christianity to whom it is predicted that his son will adopt the faith that he persecutes. To shield him from any possible Christian influence, he locks him in a palace. The monk Barlaam guided by God gains miraculously access to Joasaph and converts him to the Christian faith. After having reigned for a few years, Joasaph fulfils his allotted life as a Christian ascetic next to his spiritual father Barlaam. The text achieved a wide distribution both in Christian East and West. This is witnessed by the great number of surviving manuscripts, among which the illustrated ones occupy a special place. The Greek version of Barlaam , the predecessor of the Latin and all the Vernacular European versions, was adapted from the Georgian language by Euthymius the Athonite († 1028) and was considerably amplified due to its embellishment with biblical, philosophical and patristic material. The Romance contains lengthy catecheses, debates and discussions between its various characters. It thus abounds in digressions from the main action which slow down the narrative. Although they have not been treated in the same manner, their

-66- purpose must have been to adapt the process of conversion to the principles of the Christian faith. The miniaturists of both the Byzantine and the Western copies of the Barlaam and Joasaph Romance did not neglect these extensive edifying passages. However, the images which illustrate them appear to be but occasionally the visual equivalent of what is narrated, or of what is expressed by the various characters, since the miniaturists are inclined to repeat the same iconographic formula: two figures with raised hands, face to face, having a conversation. We thus consider that it would be hasty to put down this repetitiousness to the laziness of the miniaturists in creating images. On the other hand, it provides further food for thought concerning the utility of the image for the medieval readers of the Romance , but also, the purpose of the choice to repeat the same iconographic formula in order to illustrate expressed ideas, facts and various concepts, even antithetic ones, without a differentiation in its composition.

Yoanna Tsvetanova (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

[email protected] Née en 1983 en Bulgarie, Yoanna Tsvetanova a poursuivi ses études supérieures en histoire de l’art, philosophie et archéologie chrétienne à l’Université de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne). Depuis 2009, elle prépare son doctorat en histoire de l’art médiéval à l’Université de Paris Ouest sous la direction du professeur Jean-Pierre Caillet, réalisé en partie en co-tutelle internationale de thèse à l’Institut des études byzantines de l’Université de Munich. Dans sa thèse, elle analyse l’iconographie des peintures murales byzantines des chapelles monastiques funéraires dans les Balkans et les régions voisines. Par ailleurs, elle a réalisé quelques missions de traduction (français-allemand) pour le Centre allemand d’histoire de l’art de Paris. Récemment, elle a collaboré à un projet d’identification du livre ancien, mené par l’École Nationale des chartes en coopération avec la BNF. Lauréate de plusieurs bourses sur critères d’excellence issues de fondations allemandes et du Conseil Régional d’Île-de-France, elle a également eu l’occasion d’accompagner des groupes lors de voyages culturels dans plusieurs pays européens.

Formalisation de la promesse de salut et de l’espoir de l’au-delà dans les fresques byzantines

Die Inszenierungsformeln von Heilsversprechen und Jenseitshoffnung im Bilddekor der byzantinischen Memorialstiftungen. Allgemeines Thema dieses Beitrags sind die im östlichen Mittelmeerraum üblichen mittelalterlichen Repräsentationsformeln der Sorge um das Seelenheil und die Errettung im Jenseits, der Hoffnung auf Auferstehung und ewiges Leben nach dem Tod. Die zentrale Fragestelling kreist in diesem Zusammenhang um das Stiftergedächtnis und den konventionellen Erlösungsplan byzantinischer Herrscher im monastischen Kontext. Das Kunstmäzenatentum, die karitativen Gedenkspenden, die für verstorbrene Stifter stattfindenden Gedächtnisfeiern, nicht an letzter Stelle die Stiftung von Klöstern und Finanzierung ihrer kostbaren Ausstattungsprogramme galten in Byzanz als Versprechen und erhoffte Garantie für die Sündenvergebung der Stifter und den Erwerb von Seelenheil nach ihrem Tod. Daraus resultieren folgende Fragen: Wie nahm der byzantinische Herrscher seinen eigenen Tod wahr? Wie hat man seine Ängste und Besorgnisse im Text (Klosterregeln - Typika) und vor allem im Bild (Wandmalerei) dokumentiert? Die sich herauskristallisierenden üblichen visuellen „Repräsentationsformeln“ des gesuchten Erlösungsweges fanden Ausdruck vor allem im monastischen Kirchendekor. Sie bestimmen grundsätzlich die Wahl einiger Darstellungen, ihre Ikonographie und Anordnung im allgemeinen ikonographischen Schema

-67- des Bildprogramms. Die Bildzeugnisse von Jenseitshoffung würde ich grundsätzlich „Erlösungsvisionen“ bzw. „Erlösungsbotschaften“ nennen und ihre Umsetzung als sakrale Bildformeln entwicklungsgeschichtlich und spezifisch in monastischen Sakrallandschaften untersuchen. Es handelt sich konkreter um sich in unterschiedlichen Denkmälern kontinuierlich wiederholende eschatologische Bildthemen (Deesisdarstellung - Fürbitte, Weltgerichtszyklen etc.), die sich meistens in einzelnen Annexräumen und Narthices oder in speziell für Stifter errichteten privaten Grabkapellen mittel- und spätbyzantinischer Klosterstiftungen befinden. Es sollen die wichtigsten Ausstattungsprogramme mit Sepulkralsymbolik aus der byzantinischen Kunst, welche meines Erachtens aufgrund ihrer komplexen Erlösungsthematik mit gutem Recht „Funeralbildkonzepte“ genannt werden können, exemplarisch veranschaulicht werden. Trotz ihrer weitverbreiteten salvatorischen „Bildformeln“ ist von außerordentlich wichtiger Bedeutung noch die Frage, inwieweit solche „gemalte“ Gebete für Seelenheil im monastischen Bilddekor individuell gestaltet und authentisch sein bzw. für die damalige Zeit unkonventionell wirken können. Eine andere sich daraus ergebende Frage zur Diskussionsanregung ist nämlich die nach der Legitimität des Begriffs Grab- oder Sepulkralikonographie in der mittelalterlichen Kunst. Können byzantinische Grablegen aufgrund einiger traditionellen salvatorischen „Bildformeln“ letztendlich als Bildinstanzen der Jenseitshoffnung definiert werden? Ein weiterer Denkanstoß bezieht sich, von den besprochenen visuellen Formeln in byzantinischen Grabmonumenten, die meines Erachtens für den heutigen Betrachter die Andachtsfunktion moderner „Erinnerungs- und Projektionsräume“ haben, ausgehend, schließlich auf das interdisziplinäre und universale Thema des Todes als Übergang und größtes Mysterium in unserem Leben.

The salvation formulas in the iconographical programmes of byzantine sepulchral monuments The topic of this paper is dedicated to the scrutiny of some basic medieval visual formulas from the eastern Mediterranean cultural area representing the concern for salvation, the hope and yearning for resurrection and eternal life in the beyond. The central question in this context deals with the common commemoration practices regarding the founder of Byzantine monastic institutions. The almsgiving, the commemoration rituals for deceased founders, and, last but not least, art patronage (donation involving monasteries and endowment of programmes of precious mural paintings) have been considered in Byzance as an express promise and expected guaranty for remission of sins and redemption after death. The following questions arise: how did the Byzantine sovereign perceive his own death? To what extent have his preoccupations been documented in text and imagery – accordingly in typika (Byzantine liturgical books containing instructions about the respective monastery order) and particularly in Byzantine iconographic fresco programmes? My interest has been especially attracted by some usual representation formulas of that requested salvation “plan” becoming apparent in the Byzantine monastic decoration. These medieval formulas determine basically and essentially the choice of several visual representations, their iconography and composition in the general iconographic scheme. The pictorial evidence of those implications could be defined as “Erlösungsvisionen” (visons of salvation) or “Erlösungsbotschaften” (redemption messages). Thus I will analyse in chronological order the “performance” of sacral visual formulas only in the specific context of monastic sacred spaces (“Sakrallandschaften”): as concrete eschatological themes like the Deesis (intercession, supplication) and the Last Judgement, evolving and iterative in middle and late Byzantine monastic foundations. These iconographic scenes are usually part of separate annexes and church narthex, or can to be found in private burial chapels built for Byzantine rulers and monks. The main focus will be in this regard on the ossuary-funerary chapel of the Ba čkovo monastery in southern Bulgaria dating from the 11th/12th century, exemplified in comparison with other monastic burial chapels from the Byzantine cultural area. I will show how the well- known and well-preserved Byzantine imagery ensembles demonstrate through a remarkable

-68- “sepulchral” iconography the complex theme of salvation and redemption. Is the relevant concept of “funeral” iconography legitimate? In spite of the prevalent representations of salvation in Byzantine art it would be interesting to investigate in this connection the problem of dissimilarity, unconventionality and authenticity with regard to those medieval visual formulas. Could Byzantine burial places finally be defined as “imagery instances of the beyond hope” (“Bildinstanzen der Jenseitshoffnung”) due to the usual salvation formulas of their iconographic programmes? Ultimately the universal topic of death as passage and major enigma in our lives could be discussed as an interdisciplinary issue and serve as other thought-provoking impulse referring to the byzantine sepulchral monuments such as devotional chapels and modern “memento mori” sacred spaces for meditation.

Sabina Tuzzo (Università del Salento)

[email protected] Sabina Tuzzo is assistant professor in Medieval Latin Literature at the Faculty of Foreign Languages of the Università del Salento, Lecce, Italy. She has done research on the question of the handwritten tradition of Vita sancti Gregorii written by Paul the Deacon, and has examined Gregorii’s vision of the limitedness of man and world. She has also published on the history of Otranto and its harbour from the fall of the Roman empire to the Byzantine dominion. She has done research on some problems of Hrotswitha’s debt to Terence. She has published the edition of the De summo bono of Ulrich von Strasburg, III Book and recently VI Book. At the same time she has edited the Passio sancti Luxorii martyris, and has published an analysis of some of the Carmina Burana.

Il locus amoenus nei Carmina Burana La categoria retoricamente definita del locus amoenus è un topos da cui non prescinde la letteratura mondiale ogni volta che uno scrittore deve descrivere un paesaggio ideale, almeno a partire dall’incipit della I egloga di Virgilio con l’immagine divenuta simbolica, di Titiro seduto sotto l’ombra di un faggio. Sul paesaggio ideale esiste un fondamentale capitolo del Curtius ( Europäische Literatur und Lateinischen Mittelalter , Bern 1948), in cui viene delineata la storia del locus amoenus a partire da Omero. La descrizione del locus amoenus diventa un topos fin dall’età ellenistica, per esempio con l’opera di Teocrito, dove è fondamentale il contrasto fra città e campagna e si creano le componenti bucoliche, ma si precisa anche la qualità del locus amoenus come sede privilegiata dell’amore. Se in Teocrito è ovvio che il locus amoenus si fissi come sede bucolica, è anche ovvio che non si limiti alla poesia bucolica, ma si ritrovi in tutti i generi letterari. Nel medioevo il locus amoenus viene considerato un ingrediente necessario della poesia e trova larga diffusione con la rinascita della poesia latina dall’XI sec. in poi, e nell’epica filosofica della fine del XII sec. viene utilizzato per rappresentare il paradiso terrestre. In particolare nei Carmina Burana il locus amoenus costituisce l’ambiente ideale, in cui nasce e si manifesta la passione amorosa. Basti ricordare l ’Altercatio Phyllidis et Florae (CB 92), dove le due protagoniste sono innamorate e soffrono d’amore; la scena che descrive questo sentimento così forte e bello è ambientata nel locus amoenus con tutti gli ingredienti tipici: il vento che spira lievemente, l’erba verdeggiante, il mormorio del ruscello ed infine l’immacabile ombra di un vasto pino (strr. 6-7). Questo paesaggio ideale, quasi paradisiaco, affascina e rapisce le due fanciulle non solo esteriormente, ma anche interiormente, perché esso favorisce il manifestarsi dei loro pensieri più intimi con l’entusiasmante, ma nel contempo pudica, scoperta che l’amore ha colpito inesorabilmente i loro cuori: et dum sedet utraque, dum in sese redit, / amor corda vulnerat et utramque ledit (8,3 s.), una circostanza questa che collega strettamente il paesaggio con le due protagoniste, influenzandone i sentimenti. Lo stesso si può dire di CB 77, dove la vicenda d’amore nasce e si sviluppa in virgulto florido stabam et ameno (3,1).

-69- The locus amoenus as prefatory formula in the love poems of Carmina Burana The rhetorically defined category locus amoenus is a topos which the world’s literature knows about every time a writer has to describe an ideal landscape, coming from the incipit of the first Eclogue of Virgil with the symbolic image of Tityrus sitting under the shadow of a beech tree. There is a chapter of Curtius about the ideal landscape ( Europäische Literatur und Lateinischen Mittelalter , Bern 1948), where the history of the locus amoenus is outlined, beginning from Homer. The description of the locus amoenus has become a commonplace since the Hellenistic age, for example with the work of Theocritus. Here the contrast between city and countryside is fundamental, and not only does the author create the bucolic components, but he explains the quality of the locus amoenus as the privileged site of love. If in Theocritus the locus amoenus is a bucolic place, it does not concern bucolic poetry alone, but all literary genres. In the Middle Ages, the locus amoenus is considered an essential ingredient of poetry and is widely used from the Renaissance of the 11th cen tury Latin poetry onwards, and in the philosophical epic poetry of the end of the 12th century it is used to represent Earthly Paradise. In particular, the locus amoenus in Carmina Burana is the ideal environment where the passion of love was born and shown. In this paper we would like to show how the topos of the locus amoenus in this collection of poems constitutes a widely used and repeated conventional ground, a necessary step essential to the creation and the development of the love story, which finds its natural place in an idyllic landscape. In this sense we can speak of "formula" as a stereotyped image, recurrent, constant and unavoidable in lyrics that have love as their theme, which starts from the same natural setting with all the elements and typical details handed down from the classical tradition, but then in the course of the narrative it develops into its unique autonomy and specificity, adds to its wealth of specific connotations and ends with the most varied and unexpected outcome. And so in CB 92, the two young lovers Phyllis and Flora suffer for love. The scene describing this strong and beautiful feeling is set in the locus amoenus with all the typical ingredients: the wind blowing softly, the green grass, the murmuring of the stream, and finally the shadow of the vast pine tree (st. 6 -7). The two girls are fascinated and ravished by this ideal, almost heavenly, landscape not only outwardly but also inwardly, because it favors the development of their innermost thoughts with the exciting but modest discovery that love has surely affected their hearts: et dum sedet utraque, dum in sese redit, / amor corda vulnerat et utramque ledit (8,3 s.), a circumstance which closely connects the landscape with the two protagonists and influences their feelings. We can say the same about CB 77, where the love affair is born and develops in virgulto florido stabam et ameno (3,1), and the story of the passion of love is relived as in a flashback. It perpetuates and strengthens the memory and the image of the beloved and is set in a pleasant garden full of flowers, by which the protagonist is entranced and surprised in a daydream and confesses his love and his hopes. Even at the beginning of CB 70 the summer, the singing of birds and the coolness of the forest create the best atmosphere, which allows the two young protagonists to let go and talk about the pleasures of love without shame. In this forest, a natural, idyllic setting, characterized by the triumph of the flowers of summer, as enraptured by this fantastic landscape as though they were surrounded by a surreal atmosphere, Pyramus and Thisbe start to speak of love almost without realizing it, but are already strongly attracted to each other. In CB 79 the protagonist, while he rests in this paradise-like place, sees a young shepherdess picking some blackberries not far from him, and immediately falls in love with her. And again in CB 142, 143, 144 and 145 the summer, the meadows in bloom, the birds singing, invite young people to indulge in feelings of love.

-70- Gianluca Valenti (Sapienza Università di Roma)

[email protected] Gianluca Valenti ha recentemente conseguito il dottorato di ricerca all’Università Sapienza di Roma (titolo della tesi: “La liturgia del Trobar. Assimilazione e riuso di elementi del culto cristiano nelle canzoni occitane”). I suoi campi di ricerca sono la lirica dei trovatori, le cantigas d’escarnho e maldizer galeghe, la letteratura italiana delle origini, lo studio della metrica nei testi medievali e contemporanei. Ha pubblicato alcuni articoli sulla rivista on-line “Cognitive Philology” (di cui è editor e journal manager), su “Linguistica e letteratura” e su “Romance Philology”, e ha collaborato allo “Schedario romanzo” della rivista “Critica del testo”. Ha inoltre organizzato (insieme a Paolo Canettieri e Teresa Proto) la conferenza internazionale “Metrica, Musica e Mente. Implicazioni linguistiche, metriche e cognitive nel verso cantato” (Roma, 23-25 febbraio 2012). È attualmente chercheur invité presso l’Université Catholique de Louvain (UCL), in Belgio.

La Commendatio animae nella letteratura romanza delle origini Nel medioevo, la formula liturgica della Commendatio animae era recitata dal fedele morente durante una serie di riti pubblici che avevano lo scopo di purificare la sua anima poco prima di rendersi a Dio. Tale formula prevedeva un’elencazione schematica di eventi miracolosi dell’Antico e del Nuovo Testamento da ripetere in successione (“Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti ionam de uentre c[o]eti. […] sicut liberasti susannam de falso testimonio”…). L’importanza della Commendatio non deve essere sottovalutata: una prova della sua capillare diffusione è l’enorme mole di adattamenti, rielaborazioni e rifacimenti poetici che fiorirono in area romanza fra il XII e il XIII secolo. Essa è presente praticamente in almeno un’attestazione letteraria per ogni lingua neolatina, e spesso il suo utilizzo è legato anche a opere di primo piano: dal romanzo occitano Jaufre al Cantar de mio Cid , dal Libro di Uguccione da Lodi fino al Couronnement de Louis . Gli eventi biblici citati non sono distribuiti in uguale misura: si va dalla canzone del trovatore Pujol, Cel qui salvet Daniel dels leos (BdT 386,1a), che propone due soli esempi (Daniele nella fossa dei leoni e il ladrone perdonato), fino a Deus, vera vida, verays (BdT 323,16), che in 30 versi cita complessivamente 17 avvenimenti scritturali. Nemmeno da un punto di vista qualitativo sembra sussistere omogeneità: se, da un lato, Daniele è sempre menzionato, abbondano di contro eventi presenti in attestazione unica, come Noè salvato dal diluvio o la vicenda di santa Margherita e il che, addirittura, non è stato possibile riscontrare in nessuna delle formule liturgiche della Commendatio finora esaminate. Scopo della presente comunicazione è di analizzare globalmente tali occorrenze, isolando i tratti comuni e i tratti innovativi dei vari brani, in modo da verificare se il riuso della Commendatio fu metodicamente applicato dai differenti auctores senza alcun intento di originalità o se piuttosto, in certi casi, si celi dietro l’apparente rigidità della formula un tentativo di innovazione del singolo poeta. A guisa di esempio, si osservi la sesta cobla della canzone occitana Deus, vera vida, verays , del trovatore Peire d’Alvernhe.

VI de vos qu’estorses Sidrac, di voi che salvaste Sidrac, darden la flama e Misac saettando la fiamma, e insieme essems et Abdenago, Misac e Abdenago, e Daniele nel e Daniel dins del lac lago e Giona dal ventre e i tre re e Ionas ab utero contro Erode e Susanna tra i falsi e·ls tres reis contra Hero testimoni 11 42 e Suzana entre·ls fals guirens;

11 Si riportano testo e traduzione di Fratta 1996, p. 107, nonostante “Daniel dins del lac” sia da tradurre più propriamente con “Daniele nella fossa” (nel testo provenzale lac < LACUM , ‘lago’, ma anche ‘cisterna’).

-71- Nonostante in alcuni studiosi permangano delle perplessità, sembra qui essere palesemente in atto un richiamo alla formula della Commendatio :

ORATIONIS SVP. DEFVNCTV VEL COMENDACIO ANIM Ę […] Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti danih ęlem de lacum leonis. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti tres pu ęrus de camino ignis ardentis et de manibus regis iniqui. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti ionam de uentre c[o]eti. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti susannam de falso testimonio. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti dauid de manu saul regis et goli ę et de omnibus uinculis ęius. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti petrum et paulum de carceribus ‹et› turmentis. Sic liberare digneris animam hominis istius et tecum habitare concede in bonis c ęlestibus. Per. (LSG, p. 461).

Si può facilmente osservare come nella cobla si ritrovino, quasi nello stesso ordine, quasi tutti gli elementi della formula liturgica. L’unico evento mancante, la vicenda dei “tres reis contra Hero”, potrebbe derivare da qualche peculiarità locale della formula liturgica ascoltata da Peire (di cui non è stato tuttavia possibile rinvenire tracce nei sacramentari), o forse potrebbe essere l’esito di una sovrapposizione mnemonica dei RE INIQUI che rinchiusero nella fornace i TRE giovani (“sicut liberasti tres pu ęrus de camino ignis ardentis et de manibus regis iniqui ”) con i TRE RE magi presso il RE INIQUO Erode. Se Peire avesse inserito la Commendatio meccanicanicamente, più per effetto di una prassi consolidata che non a causa di una precisa volontà dialogica con la propria fonte, di tale citazione non si dovrebbero trovare riflessi nella ricezione che ebbe, fra il proprio pubblico, la canzone occitana. Eppure, è suggestivo immaginare di poterne rinvenire un riverbero nella stessa vida di Peire, l’unica – fra le numerose vidas a noi giunte – che menziona esplicitamente il fatto che un trovatore abbia mai compiuto penitensa :

[…] “ (8) Longamen [Peire] estet e visquet al mon, ab la bona gen, segon qu’en dis lo Dalfins d’Alverne, que nasquet en son temps; (9) e pois el fetz penitensa e mori”. (Bouthière, Schutz [1950] 1964, p. 264)

Se, come spesso accade, le vidas tendono a romanzare gli episodi narrati nelle canzoni, piuttosto che raccontare le reali vite dei trovatori, allora non si tarderà a riconoscere in questo brano la mise en prose di Deus, vera vida (che, fra l’altro, è probabilmente l’ultimo testo scritto da Peire). Testo di penitenza, come molti hanno già osservato, ma non solo, perché si tratta di una penitenza particolare, una penitenza che – esattamente come quella della Commendatio animae – immediatamente precede la dipartita del fedele dal mondo. L’enumerazione delle scene neo- e veterotestamentarie elencate nella cobla diviene perfettamente logica se inserita nel contesto della formula della Commendatio animae . Formula che, a sua volta, veniva recitata in un momento liturgico ben preciso, ossia durante il rito di penitenza e purificazione dei morenti. Di conseguenza, il riconoscimento di un’esplicita allusione, in Deus, vera vida , a tale rituale permette la decifrazione del significato globale della canzone, che viene così ad assumere i contorni di una vera e propria ultima penitenza, un’estrema confessione poetica in cui, grazie all’impiego dei medesimi strumenti – linguistici e metrici – finora utilizzati per cantare l’amore profano, il trovatore – presi i voti, sul calare della vita – fa palinodia del suo passato peccaminoso e rende l’anima a Dio: “e pois el fetz penitensa e mori”. Tale metodo di analisi sarà applicato a testi appartenenti a diversi ambiti linguistici del medioevo romanzo: l’analisi dettagliata di ogni singolo brano, più che costituire la materia dell’intervento al convegno, servirà piuttosto da studio preliminare per procedere – durante l’esposizione – a un raffronto fra i tratti comuni e fra le singole peculiarità dei vari passaggi testuali analizzati, l’uno in rapporto agli altri. Così facendo si getterà nuova luce sulle modalità di impiego, in testi profani, di un’importantissima formula liturgica; si capirà altresì

-72- in quali situazioni il reimpiego della Commendatio era funzionale a un surplus d’informazione per il destinatario, e quando di contro era una formula vuota, semplice riempitivo; si comprenderà così infine il modo in cui i poeti plasmavano, modellavano, piegavano ai loro fini le fonti di cui facevano uso.

La Commendatio animae dans les littératures romanes des origines La formule liturgique de la Commendatio animae était utilisée pendant le Moyen Age, tout au long des rites publics qui purifiaient les âmes des fidèles chrétiens juste avant leur décès 12. Cette formule n’était rien qu’une liste d’épisodes merveilleux tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament («Domine, qui liberasti filios Israel de terra Aegypti, Loth de Sodomis, Danielem de lacu leonum» 13 …). La Commendatio était très diffusée dans le territoire de la Romania : elle nous a été transmise par beaucoup de sacramentaires et, en outre, on peut retrouver ses traces dans nombreux textes littéraires du XII e et du XIII e siècles, qui proviennent de toute aire linguistique et géographique d’Europe. Ma communication abordera le sujet du rapport entre cette formule liturgique et les formes de sa citation parmi quelques-uns entre les plus importants textes vernaculaires médiévaux, et notamment : pour l’occitan, la chanson Deus, vera vida, verays de Peire d’Auvernhe, Daurel et Beton (ll. 209-216) et Jaufre (ll. 5761-5770) ; pour l’italien, le Libro de Ugucciode de Lodi (ll. 215 et suivants) ; pour le français, la Chanson de Roland (ll. 2384- 2388 et 3100-3109) et le Couronnement de Louis (ll. 695-789 et 956-1065) ; enfin, pour le Castillan, le cantar de mio Cid (ll. 330-360) et les coplas 453-460 du Milagro XIX (Un parto maravilloso ), faisant partie des Milagros de Nuestra Señora de Gonzalo de Berceo. Si la plupart des fois on a l’impression que la formule de la Commendatio est insérée dans des poèmes sans aucune logique, et que donc l’auteur ne l’utilise que pour remplir un vide textuel, à l’occasion d’une analyse plus minutieuse on s’aperçoit souvent du but caché de la citation. Par exemple dans Deus, vera vida, verays , que le célèbre savant Diego Zorzi définit comme une énumeration «senz’ordine apparente» 14 d’épisodes bibliques, on voit dans la sixième cobla le témoignage d’un lien très étroit de ce poème avec la liturgie des défunts :

VI de vos qu’estorses Sidrac, di voi che salvaste Sidrac, darden la flama e Misac saettando la fiamma, e insieme essems et Abdenago, Misac e Abdenago, e Daniele nel e Daniel dins del lac lago e Giona dal ventre e i tre re e Ionas ab utero contro Erode e Susanna tra i falsi e·ls tres reis contra Hero testimoni 15 42 e Suzana entre·ls fals guirens;

ORATIONIS SVP. DEFVNCTV VEL COMENDACIO ANIM Ę […] Libera domine anima serui tui ill . SICUT LIBERASTI DANIHĘLEM DE LACUM LEONIS. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti tres pu ęrus de camino ignis ardentis et de

12 «A l’adieu du monde succède l’oraison. Le mourant commence par dire sa coulpe, avec le geste des pénitents: les deux mains jointes et levées vers le ciel. Puis il récite une très vieille prière que l’Église a héritée de la Synagogue, et à laquelle elle a donnée le beau nom de commendacio animae . Si un prêtre est présent, il donne l’ absolutio , sous forme d’un signe de croix et d’une aspersion d’eau bénite»; cf. Ph. Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident du Moyen Age à nos jours , Paris 1975, p. 86. 13 e Michel Andrieu, Le pontifical romain au Moyen-Age. Tome I. Le Pontifical romain du XII siècle , Città del Vaticano 1938, p. 269. 14 Cf. Diego Zorzi, Valori religiosi nella letteratura provenzale: la spiritualita trinitaria , Milano 1954, p. 173. Cf. aussi Dmitri Scheludko, Über die religiöse Lyric der Troubadors , dans «Neuphilologische Mitteilungen» 38 (1937), pp. 224-250, en particulier p. 230. 15 Cf., pour le texte et la traduction, A. Fratta (éd.), Peire d’Alvernhe. Poesie , Manziana (RM) 1996, p. 107, même s’il faudrait traduire “Daniel dins del lac” plutôt avec “Daniele nella fossa” (dans le texte occitan lac < LACUM , ‘lago’, mais également ‘cisterna’).

-73- manibus regis iniqui. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti ionam de uentre c[o]eti . Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti susannam de falso testimonio . Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti dauid de manu saul regis et goli ę et de omnibus uinculis ęius. Libera domine anima serui tui ill . sicut liberasti petrum et paulum de carceribus ‹et› turmentis. Sic liberare digneris animam hominis istius et tecum habitare concede in bonis c ęlestibus. Per. 16

Ici la citation a le but bien défini de connecter le rite pénitentiel de la liturgie chrétienne avec le poème (pénitentiel, lui aussi 17 ) d’un ex-troubadour repenti de sa carrière amoureuse. Ce ne sera pas au hasard, donc, que le compilateur de la vida de Peire d’Auvernhe nommera, pour la première et unique fois dans les vies des troubadours, la pénitence, faite juste avant la mort du poète : exactement ce qui se passe quand, dans la liturgie des mourants, le fidèle récite le texte de la Commendatio animae avant de rendre l’âme à Dieu.

[…] “ (8) Longamen [Peire] estet e visquet al mon, ab la bona gen, segon qu’en dis lo Dalfins d’Alverne, que nasquet en son temps; (9) e pois el fetz penitensa e mori ”. 18

A l’analyse détaillée de chaque passage textuel fera suite une comparaison entre les diverses modalités de citation de la formule latine : on pourra donc mieux comprendre de quelle manière les poètes profanes utilisaient des formules liturgiques ; on verra aussi dans quels contextes l’emploi de la Commendatio amenait le destinataire de l’œuvre vernaculaire à mieux la déchiffrer, et dans quelles occurrences, en revanche, le même emploi, vidé de toute signification, cachait un manque d’inspiration du poète ; on appréhendera aussi d’une manière un peu plus approfondie comment les poètes façonnaient, modelaient et manipulaient leurs sources.

Alexandra Velissariou (Université du Littoral Côte d’Opale)

[email protected] Alexandra Velissariou est docteur en littérature française du Moyen Âge. En 2010, elle a soutenu à l’Université de Reims – Champagne Ardenne une thèse portant sur les Cent Nouvelles nouvelles, recueil de récits brefs rédigés au cours de la seconde moitié du X e siècle. Cette étude paraîtra en 2012 aux éditions Honoré Champion, sous le titre Aspects dramatiques et écriture de l’oralité dans les Cent Nouvelles nouvelles . Alexandra Velissariou s’intéresse également au théâtre comique de la fin du Moyen Âge, à la littérature didactique adressée aux femmes, aux proverbes et à la réception du Moyen Âge. Elle est actuellement membre du laboratoire « Modalités du fictionnel » (Unité de recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel, EA4030), à l’Université du Littoral – Côte d’Opale.

Le goût de la formule dans la nouvelle du Moyen Âge tardif Genre nouveau au XV e siècle, la nouvelle de langue française prend son essor grâce à la rédaction, vers 1462 en Bourgogne, des anonymes Cent Nouvelles nouvelles . Force est de constater, à la lecture de ce recueil, que l’écrivain mise sur l’écriture de ses contes. En effet, ces derniers sont truffés de figures de style, notamment de métaphores et de comparaisons relevant du domaine amoureux. De même, l’ironie est l’un des procédés stylistiques employés de façon récurrente par l’auteur pour accentuer la tonalité comique de la plupart de ses

16 Cf. Antoine Dumas, O. S. B., Liber Sacramentorum Gellonensis , Turnhout 1981, p. 461. 17 Cf. Scheludko, Über die religiöse cit., p. 229 et Costanzo Di Girolamo, Canti di penitenza , dans «Cultura neolatina» 62 (2002), pp. 193-209, en particulier p. 198. 18 Cf. Jean Boutière, Alexander-Herman Schutz, Biographies des troubadours: textes provençaux des XIII e et XIV e siècles (1950), Toulouse 1964

-74- intrigues. Ce qui frappe notamment le lecteur est l’abondance d’expressions figées, voire proverbiales, présence qui peut s’expliquer par la dette de la nouvelle envers le fabliau et l’exemplum et, plus généralement, par la tendance toute médiévale à ponctuer le quotidien d’images, de formules lapidaires. La place de ces formules, leur signification et leur lien avec l’intrigue correspondante sont autant de points qu’il convient d’éclaircir. Il sera également intéressant de se pencher sur les « autres » Cent Nouvelles nouvelles , celles du drapier messin Philippe de Vigneulles, écrites dans la première décennie du XVI e siècle. La formule occupe- t-elle la même place et a-t-elle la même valeur que dans le recueil bourguignon ? Enfin, les Nouvelles de Sens , autre recueil du XV e siècle, peuvent aussi faire l’objet de questionnements. La comparaison de ces trois œuvres soulèvera plusieurs questions : quelle est l’utilité de la formule dans des textes narratifs habituellement qualifiés de récréatifs ? Doit-on qualifier ces expressions de proverbiales ? Comment relier leur présence à la culture médiévale contemporaine ? Enfin, ces formules constituent-elles des marques d’oralité ?

The Use of Formulas in the Novella of the Late Middle Ages As a new literary genre of the 15 th century, the French novella first appeared thanks to the composition, around 1462 in Burgundy, of the anonymous Cent Nouvelles nouvelles . It is most apparent, when reading the compendium, that the author has taken great pains to write his tales. The great number of formulas are particularly visible to the reader. The latter category belongs to the vaster area of linguistic stereotypes, which in turn may be linked to the notion of “figement” (Ch. Schapira, Les stéréotypes en français : proverbes et autres formules , Paris, Ophrys, 1999). Linguistic stereotypy is closely related to the proverbial, a notion thoroughly analyzed by Susanne Schmarje (1973) and which includes the categories of proverbs, bound proverbs, proverbial expressions, proverbial metaphors and comparisons, proverbial modifiers. In the medieval novella, the abundance of this type of formulas can be explained by the debt of this genre towards the fabliau and the exemplum , and more generally, by the typically medieval tendency to use images and lapidary formulas in everyday situations. The place of these formulas, their significance and their link with the corresponding intrigues are several points which our study aims to clarify. It is also most interesting to consider the other Cent Nouvelles nouvelles , those of the draper of Metz, Philippe de Vigneulles, written in the first decade of the 16 th century. Do the formulas fill the same place as in the Burgundian compendium? Lastly, the Nouvelles de Sens , another book of novellas written in the 15 th century, also offer food for thought. The comparison of these three works will aim at answering several questions: what is the use of including formulas in texts generally described as recreational? How can we relate their presence to contemporary medieval culture? Moreover, can these formulas be considered as marks of orality?

Christine Voth (University of Cambridge)

[email protected] I am a second year PhD student at the University of Cambridge (Newnham College) in the Department of Anglo-Saxon, Norse and Celtic. My research interests are Anglo-Saxon history, the intellectual history of the early medieval era, and the palaeography and codicology of vernacular and Latin manuscripts. The title of my thesis is A Palaeographic, Codicological and Historical Analysis of the Anglo-Saxon Manuscript London, British Library, Royal 12.D xvii . I have a Master of Art in Medieval History from King’s College, London and a Master of Arts in Socio- and Applied Linguistics from The University of Texas at Arlington.

-75- The Evolution of an Anglo ‐‐‐Saxon Leechbook: The Use of and Deviation from Formula in Reconstructing the Exemplar of a Medical Manuscript London, British Library, Royal 12. D. xvii is a mid-tenth century copy of two earlier London, British vernacular medical texts: the first text comprises two books often referred to collectively as ‘Bald’s Leechbook’ because of a colophon copied at the end of the second book stating that Bald commissioned and owned the exemplar of these two books. The purpose of this study is to determine reader interaction with the exemplar of Royal 12. D. xvii by examining formulas within the tables of contents created for Bald’s Leechbook. Deviation from these formulas as seen in the extant copy indicates that readers played a role in changing, adding or deleting information from the exemplar, possibly as medical knowledge was accumulated, tried or rejected by those using the manuscript. Significant care was taken in the compilation of ‘Bald’s Leechbook’ to order the remedies from head to foot, emulating Classical medical texts, to separate out internal and external disorders, to include medical ingredients that could be obtained in England, and to formulate a table of contents for each book listing out what disorders and remedies are represented in the individual chapters. The tables of contents frequently employ what I refer to as a ‘remedy count’, which details the actual number of remedies one should find in that particular chapter. When the tenth century scribe copied Royal 12. D. xvii from its exemplars, he included additions and deletions to the exemplar texts, but did not update his tables of contents to account for these modifications. Therefore, in this paper, I can use the remedy count formula to demonstrate where alterations have been brought to the exemplar. The results of this work will hopefully produce a reconstruction of Bald’s Leechbook as it existed in the ninth century, furthering our understanding of the uses of early medieval medical manuscripts as study or practical guides. In addition, we will also learn much regarding scribal practices of including editions and marginal commentary when copying scientific texts.

L’évolution d’un Leechbook Anglo-Saxon : l’utilisation de et la déviation par rapport à la formule dans la reconstruction de l’exemplaire d’un manuscrit médical Londres, British Library, le Royal 12. D. XVII est une copie du milieu du dixième siècle de deux précédents textes médicaux vernaculaires : le premier texte se compose de deux livres souvent appelés collectivement le ‘Bald’s Leechbook’ en raison d’un colophon à la fin du deuxième livre affirmant que Bald était le commanditaire et le propriétaire de ces deux livres. L’objectif de cette étude est de déterminer l’interaction entre le lecteur et l’exemplaire du Royal 12. D. XVII en examinant la formulation des tables des matières créées pour le ‘Bald’s Leechbook’. Les variations de cette formulation et visible dans la copie existante, indiquent que les lecteurs ont joué un rôle dans le changement. L’ajout ou la suppression des informations de l’exemplaire d’origine, peut-être en raison de l’accumulation des connaissances médicales, par ceux qui utilisèrent le manuscrit. Dans la compilation du ‘Bald’s Leechbook’ un soin particulier a été apporté à l’ordre les remèdes : le texte débute par la tête et fini par les pieds (structure classique des textes médicaux), les troubles internes et externes sont séparées, les ingrédients médicaux pouvant être obtenus en Angleterre ont été incorporées. Une table des matières a également été créée pour chaque livre, énumérant les troubles et les remèdes ainsi que leur correspondance dans les différents chapitres. Les tables des matières emploient fréquemment ce que j’appelle un ‘remedy count’, détaillant le nombre exact de remèdes dans chaque chapitre. Lors de la copie au dixième siècle du Royal 12. D. XVII, le scribe a modifié le texte, mais il n’a pas mis à jour les tables des matières, ne rendant ainsi pas compte de ces modifications.

-76- Par conséquent, nous sommes en mesure d’utiliser les tables des matières afin de démontrer quand les modifications ont été apportées à l’exemplaire. Le résultat de ce travail sera de d’établir une reconstruction du ‘Bald’s Leechbook’ tel qu’il existait au neuvième siècle, mais aussi d’approfondir notre compréhension quant à l’utilisation des premiers manuscrits médiévaux en tant qu’études médicale ou guides pratiques. De plus, nous pouvons également en apprendre beaucoup sur la manière dont les scribes incluaient des ajouts ainsi que des commentaires dans la marge lors de la copie des textes scientifiques.

Aude Wirth-Jaillard (Technische Universität Dresden-Université catholique de Louvain)

[email protected] Aude Wirth-Jaillard est docteur en sciences du langage (Nancy, 2007). Ses travaux portent principalement sur les documents comptables médiévaux de la Lorraine romane, dans une perspective mêlant linguistique et histoire. Elle a mené ses recherches à l’Université catholique de Louvain (2008-2010) puis au LAMOP (2010- 2011) ; actuellement, elle bénéficie d’une bourse de recherche Fernand Braudel-IFER outgoing (Fondation Maison des sciences de l’homme/Commission européenne/Fondation Fritz Thyssen) pour poursuivre ses travaux à la Technische Universität Dresden et à l’Université catholique de Louvain.

Formules et variation dans les documents comptables médiévaux Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les documents comptables médiévaux ne sont pas composés uniquement de suites de chiffres : ce sont des sources rédigées, dans lesquelles les recettes et les dépenses sont présentées et justifiées, avec plus ou moins de détails et de précisions. Ces textes ne sont cependant pas le produit d’une rédaction spontanée de la part de leur auteur, que celui-ci soit receveur ou prévôt ; on y rencontre à la fois des formules qui se retrouvent pour une même entité administrative ainsi que pour d’autres, parfois éloignées géographiquement, et des passages variant d’un document à l’autre et exposant les données propres à l’exercice en question, comme, par exemple, la description des travaux effectués pour la réfection du château seigneurial durant la période du compte. Ce sont ces formules qui introduisent ou concluent l’exposé de ces informations variant d’un compte à l’autre. Malgré le récent renouveau qu’a connu l’étude des documents comptables, cette juxtaposition de formules et de variation n’a encore fait l’objet que de peu d’études et reste mal cernée ; pourtant, nombreuses sont les questions qui restent encore en suspens à son sujet : quelles sont, précisément, les différentes formules employées ? Dans quels cas le sont- elles ? Quel est leur degré de figement ? Varient-elles en fonction de l’officier auteur du document (prévôt, receveur, etc.) ? Trouve-t-on trace de modèles ? Quel est le poids de ceux- ci ? Le scribe jouit-il d’un certain degré d’autonomie ? Comment ces modèles éventuels circulent-ils ? Cette communication tentera d’apporter des éléments de réponses à ces différentes questions en s’appuyant sur l’analyse comparée de documents comptables lorrains datant de la fin du XIIIe siècle jusqu’au début du XVIe .

Formulas and variation in medieval accounting records Contrary to what one might think, medieval accounting records do not consist of sequences of numbers: they are written sources, in which revenues and expenditures are presented and justified, with varying degrees of detail and clarifications.

-77- These texts, however, are not the product of a spontaneous writing from the author, the tax collector ( receveur or prévôt ); in them we find both formulas, for the same administrative unit as well as for others, sometimes geographically distant, and passages varying from one document to another and exposing the data relating to the year in question, as, for example, the description of work done to repair the lord’s castle during the period of the accounting. It is these formulas that introduce or conclude the presentation of this information varies from one record to another. Despite the recent revival of the study of accounting documents, the juxtaposition of formulas and variations has been the subject of very few studies and remains poorly understood, there are yet many questions about it that remain unanswered: what are, precisely, the different formulas used? Under what circumstances are they? What is their degree of fossilization? Do they vary according to the official author of the document? Do we find traces of models? What is their weight? Has the scribe a certain degree of autonomy? How do these possible models circulate? This paper will attempt to provide some answers to these questions, based on comparative analysis of accounting records from Lorraine dating from the late thirteenth century to the early sixteenth.

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