Belles familles de soldats Sancan

Dans les archives départementales de la Haute-Garonne la copie du livret matricule de Robert Gaston Sancan, donne les principaux éléments suivants: Robert Sancan est né le 1ier juin 1884 à (Seine), fils de Joseph Marie Germain Sancan et de Durand Marie Claire, domiciliés à Cazères (Haute-Garonne). Lors du conseil de révision (classe 1904), il a déclaré résider à Cazères et être étudiant. Il avait les cheveux châtain clair, les yeux gris bleu, le front découvert, le nez fort et le visage ovale. Il mesurait 1.67 m. Il avait un degré d’instruction de 2.

Engagé volontaire pour 4 ans, mis en route le 16 février 1903, arrivé au corps du 10° régiment de Hussards et hussard de 2° classe le dit jour. Nommé Brigadier le 18 septembre 1904. Nommé Brigadier-fourrier le 14 juin 1905. Nommé Maréchal des logis le 23 septembre 1905. Il a eu des démêlés avec la justice militaire : cassé de son grade et remis 2° Chasseurs le 20 avril 1906. Désaffecté de la cavalerie en exécution de l’article 2, passé dans la réserve de l’armée active le 8 juillet 1907. Certificat de bonne conduite refusé.

Se trouvant au Maroc au moment de la mobilisation générale suite à décret du 1ier août 1914, affecté à la 6° batterie coloniale d’artillerie à Marrakech (Maroc). La « pacification » du Maroc, appelée aussi campagne du Maroc, est une conquête militaire et politique française amorcée sous la responsabilité de , alors général, et pendant le règne de Moulay Abdelaziz : dès 1904 dans les confins algéro-marocains ou dès 1907, si l'on prend comme point de départ l'occupation d'Oujda et du territoire des Bni Snassen. Sous la conduite de Lyautey, devenu résident général, après l'établissement du protectorat français sur le Maroc (1912), l'armée française lutte contre les tribus berbères insoumises qui échappaient (bled Siba) à l'autorité Makhzen, dans le cadre de la pacification du Maroc. Le colonel Charles Mangin est l'un des principaux acteurs de cette guerre coloniale. Il mène l'offensive contre les tribus rebelles du Moyen Atlas, il cherche à s'emparer des plateaux du Tadla et de Beni Mellal, qu'il considère comme une ressource importante en nourriture pour les colons, et à contraindre les tribus Zayanes- Khénifra - à se réfugier dans les montagnes afin de les empêcher d'intervenir dans la lutte. Charles Mangin adopta une stratégie consistant à isoler le contingent des Zayanes du théâtre des opérations militaires avec l'avancée des troupes venant de Taza- Meknès et de Casablanca-Tadla, l'étau se resserre sur les Zayanis qui intervenaient en dehors de leur territoire. L'offensive est appuyée par l'artillerie du 1er régiment d’artillerie de montagne, débarquée à Casablanca le 13 septembre 1913. L'armée française emploie toute la panoplie des nouvelles armes à sa disposition : mitrailleuse, artillerie, aviation... Les bastions de la résistance tombent les unes après les autres : Médiouna, le 27 septembre ; Oued Zem le 14 novembre… Elle s'est poursuivie jusqu'en 1934 (bataille de Bougafer, dernier bastion de la rébellion dans le Haut Atlas), et ce, en considération du sultan chérifien à la suite du traité de Fès de 1912 organisant le Protectorat français dans l'Empire chérifien, après lequel Lyautey devint rapidement le premier résident général au Maroc. La phase la plus aiguë de cette période fut la guerre du Rif

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Classé au 2° groupe d’artillerie de campagne d’Afrique à compter du 1ier juin 1917. Mis en congé illimité de démobilisation à compter du 27 février 1919. Passé par changement de domicile dans la subdivision de Casablanca le 25 mai 1922. Le 25 mai 1922, il a déclaré résider à Meknès (Maroc). Affecté réserve : 9° groupe d’artillerie de campagne d’Afrique. Affecté au 64° régiment d’artillerie le 1ier avril 1924. Affecté au 63° régiment d’artillerie à Fez le 8 novembre 1927. Affecté au 64° RA d’Afrique le 1ier avril 1929. Dégagé des obligations du service militaire le 16 février 1931. Réintégré dans sa subdivision d’origine.

Campagnes : Contre l’Allemagne : du 4.08.1914 au 27.02.1919. * Dans les archives départementales de la Haute-Garonne la copie du livret matricule de Lucien Charles Sancan, frère du précédent, donne les principaux éléments suivants: Lucien Sancan est né le 9 février 1894 à Paris (Seine), fils de Joseph Marie Germain Sancan et de Durand Marie Claire, domiciliés à Cazères (Haute-Garonne). Lors du conseil de révision (classe 1914), il a déclaré résider à Cazères et être étudiant. Il avait les cheveux châtains, les yeux châtains, le front vertical, le nez rectiligne et le visage long. Il mesurait 1.72 m. Il avait un degré d’instruction de 3.

Au conseil de révision, il a été ajourné pour faiblesse. A bénéficié d’un sursis selon l’article 21 (étudiant). Incorporé à compter du 1ier septembre 1914, arrivé au corps du 143° régiment d’infanterie à Carcassonne et soldat de 2° classe le 9 septembre 1914. Nommé Caporal le 10 novembre 1914. Passé au 416° régiment d’infanterie, originaire de Narbonne, le 1ier avril 1915. Nommé Sergent le 18 septembre 1915. Fait prisonnier le 7 mai 1916 au Ravin de la Dame (Meuse).

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Le ravin de la Dame, surnommé aussi le « ravin de la mort ». Court extrait descriptif du ravin de la Dame par un fantassin non identifié : Pour arriver aux tranchées, nous devons grimper tout d’abord sur la crête ; puis, après avoir traversé un plateau de quatre cents mètres de largeur environ, descendre dans le Ravin de la Dame pour remonter ensuite sur la crête où se trouvent les tranchées. Le Plateau, une ramification du Plateau de Douaumont, est, autant qu’il me semble, parcouru par quelques boyaux ; l’un d’eux descend en droite ligne dans le Ravin de la Dame pour gagner de là les tranchées. Nous savons, par les camarades qui ont pris part à la corvée d’outils, quelles difficultés l’on a pour aller jusqu’aux lignes, en raison de la boue et du bombardement ; mais qui aurait pu se douter d’une pareille horreur ?

Interné à Hameln. Avis ministériel du 6 juin 1916. Proposé pour la réforme temporaire n° 1 avec gratification renouvelable de 4° catégorie par la commission de réforme de Toulouse du 29 octobre 1917 pour induration du sommet du poumon droit et asphyxie par les gaz. Maintenu proposé réforme temporaire n° 1 par la commission de réforme de Toulouse du 14 février 1918 pour le même motif. Admis à la réforme temporaire n° 1 avec gratification de 268 Francs par décision ministérielle du 26.12.1918, notifiée le 14.01.1919. Maintenu réformé temporairement n° 1 avec maintien de 20 %, 7° catégorie, pour induration du sommet du poumon droit selon décision de la commission d e réforme d’Aurillac du 25.04.1919. Réforme temporaire n° 1 renouvelée, invalidité temporaire 20% maintenue, par la commission de réforme d’Aurillac du 23 septembre 1919 pour induration du sommet du poumon droit avec pleurite de la base. Assez bon état général. Le 14 août 1920, il a déclaré résider avenue de la gare à Cazères. Par arrêté en date du 29 juin 1921, il lui a été concédé une pension de 369 Francs avec jouissance du 29.10.1920 au 28.10.1921. Réformé définitivement n° 1 avec pension permanente de 20 % pour bronchite chronique, obscurité légère dans le poumon droit. Bon état général. (Décision de la commission de réforme de Dakar, Sénégal du 14.10.1921). Par arrêté en date du 15 novembre 1922, il a été concédé une pension de 492 Francs à l’intéressé avec jouissance du 29 octobre 1921. Le 20 novembre 1928, il a déclaré résider à Dakar (Sénégal). Il était chef du bureau des services financiers de l’Afrique occidentale française.

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Décorations : Croix de guerre avec étoile de bronze Médaille interalliée. Certificat d’ancien combattant délivré le 12 mai 1934.

Extraits des livres de l’Abbé Clément Tournier : Les Cazériens à la Guerre : Octobre 1915 Nominations : Sancan Lucien est nommé Sergent. Décembre 1915 Nos Héros : Il fut un de ces admirables jeunes gens qui, malgré la faiblesse d’une santé débilitée par la maladie, souhaitèrent d’être incorporés au début de la guerre et frémirent de joie à l’heure de partir au front. Soldat dans un régiment nouveau, le 416° Régiment d’Infanterie, puis promu caporal et sergent, Lucien Sancan, commanda une section pendant la Bataille de Champagne, à la prise de Tahure. Il contribua à faire citer, à l’ordre de l’Armée, ce jeune régiment « qui s’était porté à l’attaque des tranchées allemandes, avec une ardeur admirable, faisant montre du calme d’une vieille troupe ».

Lui-même mérita d’être classé en tête des hommes, cité à l’ordre du régiment : « Sancan Lucien, 3° Compagnie, excellent sous-officier, a brillamment enlevé sa section, pour la conduire à l’assaut des tranchées allemandes, pendant les journées des 26 et 27 septembre 1915. Depuis son arrivée au front, a été toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses, faisant partie du corps-franc (Ndr : groupe de militaires affectés à une mission spéciale)». (Croix de Guerre).

Beau-frère du Commandant Bruyères, héroïquement tombé au Champ d’Honneur, pendant la Bataille de la Marne.

Juillet 1916 Le Sergent Lucien Sancan, cité à l’ordre du jour, en récompense de sa conduite, pendant l’offensive de Champagne, se trouvait, au début de mai, dans la région de Verdun. Après de durs combats, qui avaient maintenu l’ennemi en respect, sa compagnie placée en flanc, dans le ravin de côte du Poivre, fut subitement séparée du reste du bataillon par l’effet d’un violent bombardement et cernée à l’improviste, fut prise par des forces très supérieures. Lucien Sancan a été dirigé sur un camp de prisonniers du Hanovre. Ce vaillant jeune homme qui, malgré la faiblesse d’un état physique maladif, avait réclamé son incorporation dans le service armé et son départ au front, doit cruellement souffrir en son âme de noble soldat, de se sentir désormais impuissant.

Août-septembre 1917 Nous avons eu le plaisir de revoir à Cazères, Lucien Sancan, Sergent au 416° Régiment d’Infanterie, décoré de la Croix de Guerre, qui, évacué d’Allemagne comme malade, l’an passé, a été rapatrié de Suisse, le mois dernier et a obtenu une permission de convalescence de deux mois.

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Voici son récit: « …7 mai 1916- quand cette date me revient à l’esprit, j’entends encore le bruit infernal du bombardement qui, depuis 2 Heures du matin, était dirigé sur nos tranchées de première ligne, au sud du Bois d’Haudremont (Ravin des Dames). « D’abord des obus de petit calibre, puis les grosses marmites (Ndr : Tirs d’artillerie de gros calibre), enfin les torpilles, qui décrivent dans les airs des orbes bizarres, et nous révèlent clairement les intentions des boches. Nous allons être attaqués. Mais à quelle heure ?... « Les hommes sont prêts, accroupis au fond des tranchées. Ils attendent patiemment la fin de ce déluge d’acier. Il y a déjà des blessés et des morts. Nous devisons quand même joyeusement et dégustons un colis, arrivé cette nuit du pays… « Il fait plein jour. Mon poste de Chef de Section se trouve en pointe de la tranchée, à une trentaine de mètres de la crête 310, protégé de la pluie et des obus, par quelques morceaux de troncs d’arbre affreusement mutilés. Un trou creusé dans le parapet sert à abriter la réserve de grenades et de cartouches. Qu’une marmite tombe dedans et nous sommes volatilisés. Mais Dieu semble veiller sur ce petit coin de tranchée. Pourtant, c’est un enfer que Dante n’a pas rêvé et que nous vivons… « La sentinelle, debout devant moi, fait bravement son devoir, baisant à peine la tête, quand les éclats rasent notre trou. Soudain un cri lui échappe : « Les Voilà ! ». Comme sortis du sol, les boches apparaissent à cinq ou six mètres de notre tranchée, se glissant de trous d’obus en trous d’obus. Ils bondissent maintenant qu’ils se voient découverts. Mais chacun est à son poste et une réception « cordiale » leur est faite. La fusillade crépite, les mitrailleuses crachent. Ils hésitent, beaucoup tombent, d’autres font demi-tour : La plupart des attaquants se cachent dans les trous voisins, et, 10 minutes après, le silence semble régner devant nous. Les hommes sont ravis : « On les a eus, ils ne nous auront pas ! » « Hélas ! A droite et à gauche, nos camarades ont été moins heureux. Ils ont été bousculés au premier assaut et nous sommes menacés d’un encerclement !... « On voit, en effet, les boches s’infiltrer par petits groupes et commencer à se retrancher sur nos flancs et derrière nous ! Leurs mitrailleuses nous arrosent : Et de la pente opposée du ravin, qu’ils ont réussi à gagner, ils nous dominent, sans être vus. « Rien ne décourage autant un soldat que de recevoir un feu meurtrier, sans savoir d’où il vient. Déjà une de nos sections vient d’être fauchée…D’où tire donc cette mitrailleuse qui nous décime ainsi ? « Prenant mes jumelles, je monte droit sur la tranchée… et j’ai le bonheur de la voir, là-bas, dans un trou d’obus, protégée par deux troncs d’arbre, que les pionniers sont en train de fixer. Mais je reste trop longtemps à découvert : une balle vient me frapper en pleine tête…Et je tombe comme mort. Je ne sais plus où je suis mais mon casque m’a préservé et j’en suis quitte pour quelques cheveux roussis et une égratignure au cuir chevelu. Cependant, ma tête bourdonne et je ne suis plus capable de rien de bon… « On tire par salve sur cette mitrailleuse : mais elle crache toujours la mort et nos hommes continuent à tomber. Le Commandant de la compagnie, le Lieutenant C…, est grièvement blessé, le Sous-lieutenant M…., un de mes camarades de la Haute-Garonne a la main presque emportée par une grenade. Il en reste plus qu’un Sous-lieutenant et quatre sous-officiers…. « La lutte se poursuit. Les boches les plus rapprochés tombent dès qu’ils se montrent. Un pourtant, a pris son parti : déséquipé et se levant doucement, il fait « Kamarad ! ». Sa face est labourée par des éclats de grenades. On a pitié de lui, il vient se rendre. Quelques autres se décident et en moins d’un quart d’heure, nous avons une quinzaine de prisonniers, dont deux Feldwebel et un officier sérieusement atteint : Les plus blessés reçoivent nos soins. « Nous sommes dans une situation étrange : Cernés et faisant des prisonniers ! On a bon espoir. Cependant les munitions s’épuisent. On fait des signaux : Nulle réponse. Livrés à nos propres moyens, nous restons une cinquantaine. Mais ma tête alourdie tourne : Je suis comme hébété, ne pouvant me rendre compte de rien… Il ne doit plus y avoir de munitions, puisque les boches nous pressent à droite et à gauche et que nos hommes ne tirent plus…Je ne vois plus où je suis… et me laisse entrainer. Nous sommes prisonniers…

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« Nous suivons nos vainqueurs, ils ne sont pas arrogants et nous regardent même avec admiration, nous offrant cigares, cigarettes, et quelques victuailles…Quelques officiers condescendent à nous dire : « Vous serez heureux et bien traités en Allemagne ». Mais je pleure de rage et j’ai de la peine à contenir mes larmes. « Partout des cadavres allemands. Nous traversons le Bois de Chauffour. Nous arrivons aux batteries boches, qui sont soumises à un feu intense de notre tir de barrage. « Nous voici enfin au Hameau de Giberay, qui sera notre premier cantonnement. C’est un petit camp de concentration. Il y a là un boche qui connaît Marseille, Toulouse et le midi de la ; Il semble heureux de nous le prouver en nous racontant un tas d’histoires. On est fouillés, tout nous est enlevé. On va nous restaurer : un morceau de pain KK de 100 gr. Et un quart de jus mais quel jus ! « Un Capitaine nous passe en revue ; En passant devant moi, il voit la Croix de Guerre : « Ah ! dit-il, un brave ! Vous devez être heureux d’être à l’abri ». Je ne pus m’empêcher de lui répondre d’une voix qui laissait percer plus de dédain que de satisfaction : « Pas tant que çà ». Cela parut l’étonner. « A Stenay, on nous embarque 48 dans un wagon à bétail. Sur le quai, un petit gamin nous regarde, les yeux pleins de larmes. Peut-être pense-t-il à son Papa, dont il n’a pas de nouvelles ? .Il s’approche, réussit à nous faire parvenir quelques paquets de biscuits et se sauve vite, de peur d’être aperçu par les sentinelles. Brave petit cœur ! « Voici Sedan, Montmédy, Longuyon. Nous entrons en annexée. Nous suivons la vallée de la Moselle jusqu’à Coblentz. Notre train s’arrête à Giessen, dans le duché de Hesse. A notre descente, une foule nombreuse nous regarde défiler. Pas de cris, pas d’animosité. Un gamin donne même une branche de lilas à un de mes voisins. « Nous entrons dans le camp des prisonniers : une grande cage entourée de trois barrières de fil de fer barbelés et d’un mur en planches. On est isolés par groupes de cinq cents ou six cents dans des baraques. « On nous compte et recompte. Quelques civils notables de Giessen viennent nous parler en excellent français. Ils nous plaignent sincèrement : « C’est de l’Angleterre, que vient tout le mal, nous disent-ils. Pauvres français ! ». C’est le thème de leur conversation et ils s’imaginent nous convaincre. « Mais, que vois-je ? Des mitrailleuses deux canons montés sur plate-forme et braqués sur le camp. Pour nous rassurer, les servants sont en train de manœuvrer et font le simulacre du tir accéléré. Du reste nous sommes avertis qu’à la moindre tentative de rébellion, nous sommes impitoyablement fauchés. Doux pays ! « La nourriture est mangeable, mais combien insuffisante. Des comités de secours nous distribuent du pain français. Comme c’est bon, à côté de leur pain KK, noir et plein d’épluchures de pommes de terre. « Ce camp est triste. On rode comme un ours en cage, dans un carré de 150 m. sur 80 m ; et nous sommes mille. A peine peut-on se remuer. Comment sortir de cet enfer ? On demande des cultivateurs pour le Hanovre : je me présente. « On nous embarque pour Hamelin, où nous joignons le nouveau camp pour y être versés dans les diverses compagnies : Anglais, Russes, Serbes, Belges, Français, tous sont mélangés. « Il faut se contenter d’une pitance infecte : soupe au sang caillé, purée de rutabagas, poisson crus, farine de maïs saupoudrée de sciure de bois et de quelques fruits secs ; Quelle cuisine ! « Encore sous le coup de l’intoxication produite par les gaz, je crache un peu le sang : A la visite, je suis reconnu malade. On parle d’évacuation sur la Suisse. Je me présente et les traces de mon ancienne pleurésie me font choisir. Je maigris beaucoup et la grosse chaleur m’éprouve. Enfin, le 11 juillet, on m’annonce qu’on va partir pour Constance. Je n’en crois pas mes oreilles. Je saute de joie. Dieu permettrait-il qu’après deux mois de captivité, je retrouve un peu de liberté avec l’espoir de ne pas sombrer dans les geôles allemandes ? « Oui, c’est la délivrance, j’arrive à Constance le 14 juillet. Là, changement de décor : lits, assiettes, verres, et de quoi mettre dedans. La nourriture est très bonne et le pain délicieux. Le 16 juillet, nouvelle visite et le 20, nous passons en Suisse. « Comment oublier la cordiale réception qui nous est faite ? Sur tout notre parcours, de Krenslingen à Yverdon, lieu de mon internement, à Zurich, Berne, Fribourg, Lausanne, partout c’est le même chaleureux accueil, les petits cadeaux, les paroles douces, qui nous font comprendre, que nous sommes en pays ami.

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« Saluons ce petit peuple si justement fier d’une indépendance conquise par les armes au Moyen-âge ! Saluons la Suisse très bas ! Grâce à elle, quantité de jeunes hommes, qui n’auraient pu revenir de captivité, qu’à l’état d’épave pourront, la grande mêlée finie, commencer la lutte pacifique et régénératrice de demain ». Le Sergent Sancan a été mis en réforme temporaire. * * * Autre famille Sancan Bien que non-Cazérien, Hubert Sancan figure dans cette fiche car sa famille est Cazérienne. Sa sœur est Mme Bernard Lacourt. Dans les archives départementales de la Haute-Garonne la copie du livret matricule de Hubert Sancan, donne les principaux éléments suivants: Hubert Sancan est né le 22 septembre 1882 à Montjoie (Ariège), fils de Célestin Sancan et de Feue Artet Marie Claire, domicilié à Bethmale (Ariège). Lors du conseil de révision (classe 1902), il a déclaré résider à Bethmale et être horticulteur. Il avait les cheveux châtain clair, les yeux bleus, le front moyen, le nez moyen et le visage ovale. Il mesurait 1.81 m. Il avait un degré d’instruction de 3.

Pour son service militaire, il a d’abord été ajourné un an. Incorporé au 83° régiment d’infanterie de Saint-Gaudens à compter du 16 novembre 1904, comme jeune soldat appelé de la classe de 1902, arrivé au corps et soldat de 2° classe le dit jour.

Nommé caporal le 23 septembre 1905. Rengagé pour un an (loi du 21 mars 1905) le 7 août 1906, à compter du 1ier novembre 1906. Rengagé pour 13 mois le 1ier février 1907, à compter du 1ier octobre 1906. Nommé Sergent le 28 mars 1907. Rengagé pour 2 ans le 25 octobre 1907 à compter du 1ier novembre 1907. Il s’est marié le 9 mai 1908. Rengagé pour 2 ans le 4 juin 1909 à compter du 1ier novembre 1909. Rengagé pour 3 ans le 2 juin 1911 à compter du 1ier novembre 1911. Nommé Sergent-fourrier le 13 novembre 1912. Nommé Sergent-major le 4 avril 1914. 7

Parti au front le 6 août 1914. Nommé Adjudant le 10.10.1914. Reparti aux armées le 2.11.1914. Rétrogradé Sergent-major le 14 janvier 1915 pour le motif suivant : « depuis son retour sur le front après une blessure peu grave reçue au premiers combats de la campagne a fait preuve de pusillanime, s’est fait évacuer pour une infirmité légère, ne faisant aucun effort pour rester à son poste et justifier l’avancement qu’il a reçu au dépôt ». Renommé Adjudant le 21 mars 1916. Promu Sous-lieutenant à titre temporaire par décision ministérielle du 3 octobre 1916. Malade évacué le 6 février 1917 : congestion des sommets des poumons et laryngite. Promu Lieutenant à titre temporaire par décision ministérielle en date du 2 février 1919. Blessé évacué le 22 août 1919. Décédé le 20.12. 1919 à l’hôpital n° 7 à Aspet (Haute- Garonne). Avis du Maire d’Aspet en date du 22.01.1920.

Blessures : Blessé le 22 août 1914 à Jéhonville par éclat d’obus, légère blessure au doigt.

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Campagnes : contre l’Allemagne : du 2.08.1914 au 23.10.1919. Intérieur : du 2.08.1914 au 5.08.1914, Aux armées : du 6.08.1914 au 21.08.1914, Intérieur (blessé) : du 22.08.1914 au 8.11.1914, Aux armées : du 9.11.1914 au 7.02.1917, Intérieur : du 6.02.1917 au 23.10.1919.

Extraits des livres de l’Abbé Clément Tournier : Les Cazériens à la Guerre :

Juin 1916 Hubert Sancan : Sous-lieutenant au 83 ° régiment d’Infanterie Au début de la guerre, Hubert Sancan, fut blessé à Bertrix en Belgique.

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Sa famille est d’origine cazérienne, sa sœur est Mme Bernard Lacourt. Ils étaient cinq frères sous les drapeaux : l’un d’eux est mort au champ d’honneur.

Aux derniers combats de l’est, son héroïsme lui a valu la citation suivante, à l’ordre de la Brigade : « Hubert Sancan, Adjudant à la 7° Compagnie, chef de section extrêmement actif, consciencieux, ferme et brave devant le danger, a puissamment contribué, le 8 avril 1916, par son action incessante, son exemple et sa bravoure, à l’organisation rapide, dans des circonstances difficiles, du secteur de sa section ». Nos chaleureuses félicitations.

Voici une seconde citation, non moins glorieuse : « Hubert Sancan, Adjudant au 83° Régiment d’Infanterie, 7° compagnie : pendant les nuits du 9, 10 et 11 septembre 1916, a conduit avec énergie et autorité jusqu’aux défenses accessoires d’un fortin, situé à trois cents mètres de nos lignes, des reconnaissances hardies, destinées à déterminer l’importance des défenses ennemies et de tendre des embuscades aux patrouilles allemandes. »

En récompense de sa conduite, il a été fait sous-lieutenant.

Février 1917 Hubert Sancan, atteint de bronchite, est en traitement à l’hôpital Sainte Marthe à Angoulême (Charente).

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