Ce Château Est Hanté
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du mercredi 18 au mardi 24 septembre 2013 Société P.3 Ils ont fui l’Irak pour Poitiers Série P. 4 Quand le juge garde le secret APPreNtiSSAGe P.22 Les moins de 15 ans dans l’impasse VoLLeY-BALL P.23 P. 5 Le Stade veut insolite voir plus haut Ce château est hanté 7apoitiers.fr N°184 7 a poitiers 7apoitiers.fr N°184 du mercredi 18 au mardi 24 septembre 2013 2 L’iNFo De La seMaiNe que témoignage romain Mudrak – [email protected] LA ic-c cL L’asile poitevin des réfugiés irakiens Il ne faut pas être grand devin pour imaginer que le courroux ne s’apaisera pas de sitôt. Ni sorti de Saint-Cyr pour comprendre que le bâtiment « made in France » en a ras le casque des arithmétiques asymétriques. Pour symbolique qu’elle fût, l’opération escargot menée, vendredi dernier, à Poitiers et partout dans l’Hexagone, par les artisans de la Capeb, a sanctionné une nouvelle imprudence gouvernementale. Celle-là même qui consiste à apposer, sur les plaies déjà béantes d’une corporation égrotante, une hausse de TVA plus proche du coup fatal que du baume apaisant. Alors même que le salon de l’habitat du Futuroscope se prépare à faire la promotion La famille du père Waseem Sabeeh Al-kas Butros du merveilleux savoir-faire ne parvient pas à oublier ce 31 octobre 2010. de ces professionnels fragilisés, une autre équation 31 octobre 2010. Le pénètrent dans la cathédrale de un statut de réfugié politique. travail quand on ne parle pas la mathématique interpelle les père Waseem Sabeeh la ville, où deux cents fidèles cé- Ils débarquent dans un foyer à langue des employeurs. Najat consciences. L ‘abaissement lèbrent la messe. Le père Waseem Créteil, la veille de Noël 2010. et les siens sont anglophones : à 15 ans de l’âge du « droit Al-kas Butros est tué Sabeeh Al-kas Butros, l’un des « Nous avons fermé pour tou- « J’adorais discuter avec mes d’accès » aux bienfaits de lors d’une prise d’otages trois prêtres officiants, s’avance jours la porte de notre maison, voisins à Bagdad. Ici, je n’ose l’apprentissage de nos futurs à l’intérieur de la maçons ou chauffagistes. cathédrale de Bagdad. vers le groupe pour connaître avec seulement nos vêtements pas sortir, c’est dur. » Les Etonnant. Surtout lorsqu’on Menacés à leur tour, ses motivations. Contraint de se et nos papiers », raconte la parents des amis d’Anne, ren- pense qu’hier encore, son frère et ses parents mettre à genoux, il est exécuté mère de Wam, professeur de contrés à la sortie de l’école, ce même apprentissage sans sommation d’une balle dans mathématiques. Trois ans après sont leur contact vers l’extérieur. quittent l’Irak sans la tête. Le carnage peut débuter. les faits, les larmes remplissent La communauté chrétienne de faisait figure de creuset bagage en direction de formation exemplaire, Il fera quarante-sept victimes. encore ses yeux ridés. Saint-Cyprien, aux Trois-Cités, d’eldorado éducatif, voire de... Poitiers. Depuis, ils Assis dans le salon du petit appar- est une bouffée d’air frais. Wam de sauveur de la patrie vivent modestement, tement de ses parents aux Cou- LA BArrière et sa famille sont fiers. Ils ne de- en danger. Les temps ont en tentant de surmonter ronneries, Wam regarde le visage de LA LANGue mandent pas d’aide. Seulement beau changer, l’horizon des leur douleur. déformé de son frère et se sou- En 2012, la famille arrive à qu’on les comprenne. artisans ne se désengorge vient de chaque moment. Amir, Poitiers par hasard. L’Office Dans l’appartement des Cou- pas. Au moins pouvaient-ils am tourne frénétique- un ami de la famille, traduit ses français de protection des réfu- ronneries, les photos du père espérer qu’on ne l’obscurcît ment les pages du large propos. « Je ne peux pas oublier, giés et apatrides (Ofpra) place Waseem trônent sur l’étagère. point. Raté ! Wlivre qui relate l’évé- c’est moi qui ai nettoyé mon ses hôtes là où un logement L’une d’elle montre le défunt nement. Après la prise d’otages frère avant son enterrement », se libère. En Irak, leur niveau serrant la main du Pape Benoît Nicolas Boursier du 31 octobre 2010, à Badgad, confie cet ancien garagiste d’une de vie était confortable, même XVI en 2009. Dans l’entrée, un un religieux a raconté en détails, quarantaine d’années. Menacé à après la chute du régime et le immense portrait est conservé dans un ouvrage, le déroulé de son tour à cause de sa religion, ce départ de Saddam Hussein. Ici, comme une relique. Najat incline ce véritable massacre. Les pho- chrétien irakien choisit de quitter ils sont au RSA. Le loyer est pris la tête respectueusement. « Si 7 à poitiers @7apoitiers tos des corps sans vie, perlés de son pays avec sa femme, Balsam, en charge, les meubles sont j’avais les moyens, je rappor- rouge, comme transpercés, sont sa fille Anne, 2 ans à l’époque, prêtés. Ils ne font pas d’excès, terais le tombeau de mon frère www.7apoitiers.fr insoutenables. ainsi que ses parents, Sabeeh mais ils sont vivants. C’est auprès de nous », confie Wam. Ce jour-là, cinq hommes armés et Najat. La France leur offre l’essentiel. Difficile de trouver du Son vœu le plus cher. Éditeur : Net & Presse-i Siège social : Site de Chalembert - 8, rue Évariste-Galois BP 30214 - 86130 Jaunay Clan Rédaction : Site de Chalembert - 8, rue Évariste-Galois BP 30214 - 86130 Jaunay Clan Tél. 05 49 49 47 31 - Fax : 05 49 49 83 95 www.7apoitiers.fr - [email protected] Régie publicitaire : Média Pass > Site de Chalembert - 8, rue Évariste-Galois BP 30214 - 86130 Jaunay Clan - Tél. 05 49 49 83 97 Directeur de la publication : Laurent Brunet Rédacteur en chef : Nicolas Boursier Responsable commerciale : Sophie Le Cordier Secrétariat de rédaction/Graphisme : Pauline Chasseline Impression : IPS (Pacy-sur-Eure) N° ISSN : 2105-1518 Dépôt légal à parution Tous droits de reproduction textes et photos réservés pour tous pays sous quelque procédé que ce soit. Ne pas jeter sur la voie publique. 7apoitiers.fr N°184 du mercredi 18 au mardi 24 septembre 2013 secret professionnel 1/9 romain Mudrak – [email protected] rie Le juge est une femme é s Au cours de l’instruction, le secret protège les protagonistes. eN deux MotS Leur métier les contraint toujours là pour enregistrer les Si un crime est médiatisé, la ma vie professionnelle enva- Juge d’instruction, au silence... Début de déclarations. Un agent des forces population et les proches de la hisse ma sphère privée. C’est qui es-tu ? notre nouvelle série sur de l’ordre est parfois aussi pré- victime en particulier exigent la même chose pour la plupart On ne voit que lui dans les sent pour veiller à la sécurité des souvent de savoir où en est des métiers. » Les menaces, séries télévisées. Et pourtant, le secret professionnel avec Delphine Roudière, protagonistes. Dans ce bureau, l’enquête. Le risque, c’est de Delphine y pense, sans en faire le juge d’instruction n’est tout ce petit monde est soumis perdre confiance dans la justice une maladie. « Je traite les gens saisi que d’environ 5% des juge d’instruction, qui s’attelle à rester au secret professionnel, afin de de son pays. » avec courtoisie, en leur assurant affaires pénales enregistrées protéger l’intimité des parties. qu’ils auront la possibilité de par le procureur. A Poitiers, discrète pour préserver « Le secret de l’instruction me s’exprimer. Ça semble fonction- cela représente tout de diScrétioN NAtureLLe l’intimité des parties. permet de rester neutre et objec- ner, car je n’ai jamais subi de même 210 dossiers, répartis A la maison, le secret de l’ins- entre les deux magistrats tive, assure Delphine Roudière. truction laisse la place à une pressions. » du siège. Les crimes (viol, e bureau de Delphine Rou- Le justiciable n’est pas encore « discrétion naturelle ». Ses Les préoccupations de son mari meurtre, braquage, incendie dière n’est pas celui d’un condamné. Il faut absolument le dossiers ne jonchent pas la table sont très éloignées de l’univers aggravé...) appartiennent Lgrand patron du Cac 40. Plu- préserver des rumeurs. De leurs de la cuisine. Lorsqu’elle est judiciaire. Impossible de discu- à son champ de compé- tôt exigu, il ne peut accueillir que côtés, les témoins et les victimes obligée d’effectuer des heures ter d’un point de droit avec lui. tences. Idem pour les délits quatre à cinq personnes. Et c’est pourraient aussi être soumis à des supplémentaires, Madame le En cas de doute, le juge trouve « complexes », impliquant bien suffisant. Témoins, experts, pressions ou des représailles. » juge travaille dans le calme de refuge auprès de ses collègues. plusieurs auteurs ou victimes, victimes, agresseurs, c’est ici que Seul le procureur de la Répu- son bureau après le coucher des « Je demande parfois à mon et qui nécessitent des exper- la juge d’instruction reçoit, depuis blique peut décider de briser le enfants. Cette mère de famille compagnon comment il réagi- tises, des auditions... Le juge quatre ans, les acteurs des crimes silence. Son but est alors d’éviter de 40 ans porte le nom de son rait s’il était dans la situation d’instruction pilote l’enquête les plus sournois, afin de déter- la propagation d’informations époux dans le « civil » et ne de la victime ou de l’agresseur, ou requiert une commission miner leurs rôles, à charge et à fausses ou partielles dans la désire pas voir sa photo dans la mais sans jamais lui révéler les rogatoire pour la confier aux décharge.