Conjoncture Tests d’admission www.cfcim.org 12 septembre 2011 Mensuel des décideurs - Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc Septembre 2011

A CTUS CFCIM FINANCES MANAGEMENT Nouvelles Crédits conso : Gérer l’adaptation formations au les perspectives culturelle des L’invité de Conjoncture Campus CFCIM du secteur expatriés

D OSSIER Industrie : le positionnement stratégique du Royaume

L’actualité écono- mique vue par le service économique de l’Ambassade de France

Cahier central Nouveaux adhérents Vos infos pratiques

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Source : CFCIM : Source Autorisation n° 956

Rentrée

Notre rentrée coïncide, cette année, avec la fi n du mois sacré de Ramadan et c’est une occasion pour moi de souhaiter à nos amis musulmans une joyeuse fête d’Aïd al-Fitr.

Certains d’entre nous ont aussi en tête les souvenirs de leurs récentes vacances…, Joël Sibrac mais cette heureuse parenthèse est désormais bien derrière nous et l’actualité a re- Président pris ses droits.

Nous relançons nos activités d’entrepreneur et les lignes de production (si tant est qu’elles aient été stoppées) reprennent leurs cadences. Nous revoilà plongés dans les projets, les objectifs, les prévisions à atteindre.

Mais la reprise est-elle là ? La véritable reprise, celle qui nous permettra de sortir du climat d’incertitude qui domine toujours la conjoncture mondiale. Nous relançons Dans son dernier rapport, le Fonds Monétaire International (FMI) s’inquiète du ra- lentissement de la croissance dans les pays de la zone euro, principale partenaire nos activités d’entre- commerciale du Maroc, tout en restant cependant relativement optimiste sur les perspectives de croissance du Royaume. preneur et les lignes de Quoi qu’il en soit, la CFCIM continuera d’œuvrer inéluctablement au côté des entre- production (si tant est preneurs qui se battent au quotidien pour obtenir des marchés, au côté de celles et de ceux qui, sur le terrain, travaillent à créer de la richesse et qu’il convient d’encoura- qu’elles aient été stop- ger, de soutenir sans relâche. pées) reprennent leurs Ainsi, que sera la rentrée pour votre Chambre ? Une nouvelle promotion de l’Ecole Française des Affaires (EFA), la troisième édition de cadences. Nous revoilà Pollutec Maroc à l’occasion de laquelle la CFCIM organisera notamment bon nombre de rendez-vous d’affaires au profi t d’entreprises exposantes, l’accompagnement plongés dans les projets, d’une toujours aussi forte délégation d’entrepreneurs sur Batimat à Paris, la pour- suite de la commercialisation des lots du parc industriel d’Ouled Salah, de nouvelles les objectifs, les prévi- formations avec l’ESC Toulouse, le prochain forum adhérents, sous l’égide d’Euro- Cham Maroc, avec la participation de Monsieur Eneko Landaburu, Ambassadeur et sions à atteindre. Chef de la Délégation de l’Union européenne au Maroc.

Vous retrouverez tout cela et plus encore dans la présente livraison de notre mensuel Conjoncture.

Nous avons eu l’occasion à maintes reprises de saluer le grand chantier de moderni- sation dans lequel s’est engagé le Royaume du Maroc et notamment de nous félici- ter de la diversifi cation de son économie (au-delà du seul secteur agricole) au travers des nombreux plans sectoriels mis en œuvre, en particulier le Pacte National pour l’Emergence Industrielle.

En ce qui la concerne, la CFCIM s’associe pleinement à cette dynamique comme en témoigne la première édition du salon Casa Industries (du 22 au 24 novembre prochain au Parc des Expositions de l’Offi ce des Changes), destiné aux profession- nels d’un secteur-clé de l’économie marocaine, l’industrie, à laquelle Conjoncture consacre ce mois-ci son dossier spécial.

Nous sommes là dans notre raison d’être en apportant, à notre mesure, notre contri- bution au développement du Royaume. Editorial Bonne rentrée à toutes et à tous ! Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 3

Editorial 3 SommaireCEFOR entreprises Actus cfcim 6 Conjoncture Tests d’admission • Le Belem fait escale à Tanger 6 www.cfcim.org 12 septembre 2011 Mensuel des décideurs - Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc Septembre 2011 • Coopération renforcée entre la CFCIM et l’AMDI 8 A CTUS CFCIM FINANCES MANAGEMENT • Campus CFCIM : trois nouveaux programmes pour la rentrée 11 Nouvelles Crédits conso : Gérer l’adaptation formations au les perspectives culturelle des L’invité de Conjoncture Campus CFCIM du secteur expatriés

D OSSIER Industrie : le positionnement stratégique du Royaume Nizar Baraka Echos Maroc 13 • Attractivité des IDE : le Maroc conserve la confi ance des investisseurs 13 L’actualité écono- mique vue par le service économique de l’Ambassade de France CEFOR entreprises Cahier central Nouveaux adhérents Vos infos pratiques Service Economique de l’Ambassade de France 14 929 NUMERO 50ème A NNÉE • L’économie en mouvement 14

Dispensé de timbrage © xxx Source : CFCIM : Source Autorisation n° 956 • Secteur à l’affi che 15 Conjoncture est édité par • Les relations France-Maroc 15 • Affaires à suivre 15

L’invité de Conjoncture 16 • Nizar Baraka, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires Economiques et Générales 16 CEFOR entreprises 15, avenue Mers Sultan 20 130 Tél. LG : (+212)05 22 20 90 90 Dossier : Industrie : le positionnement stratégique 19 Fax : (+212)05 22 20 01 30 du Royaume E-mail : [email protected] Site Web : www.cfcim.org • Maroc : quelle politique industrielle ? 19 • Interview avec Abdellah Amallah, professeur à l’ISCAE 22 Directeur de la publication Joël Sibrac • Emploi : la chasse aux profi ls qualifi és 25 • Des incitations pour stimuler les investissements 27 Rédacteur en chef • La mise à niveau, un impératif pour les PME 29 Philippe Confais • Regard d’un industriel installé au Maroc 30 Comité de rédaction Président : Serge Mak Journaliste/secrétaire de rédaction : Christophe Guguen Ont participé à ce numéro : Dominique Juridique 33 Bocquet, Laurence Jacquot, Rachid • Transformer une personne physique en société passible de l’IS 33 Alaoui, Anne-Sophie Colly, Laurence Rajat, Charles Pommarède, Fouad Akesbi et les collaborateurs de la CFCIM

Photos et illustrations : Studio Najibi, CRI Finances 34 Rabat, GIMAS, TFZ, 123.rf, CFCIM • Crédits à la consommation : les perspectives du secteur 34 Publicité Mariam Bakkali Tél.: 05 22 93 11 95 - 05 22 93 81 28 GSM : 06 61 71 10 80 [email protected] Management 36 Anne-Marie Jacquin • Expatriés au Maroc : ne négligez pas votre adaptation culturelle 36 Tél.: 05 22 30 35 17 - GSM : 06 61 45 11 04 • Les smartphones révolutionnent le marketing mobile 37 [email protected] • Education environnementale : des gouttes d’eau pour l’océan 38

Mise en page : X-Graphics Impression : Direct Print (Procédé CTP)

ISSN : 28 510 164 NTIC 40 Ce numéro a été tiré à 12 500 exemplaires. • Coup de projecteur sur les offres Télécom Entreprises 40 ACTUS CFCIM

Départ de Sylvie LE CARO Le Belem fait escale à Tanger

C’est avec re- gret que nous avons appris le départ pour Munich de Ma- dame Sylvie LE CARO, Consule Adjointe, Res- © DR ponsable du service des visas à Rabat. Mère de trois enfants, de formation universitaire trilingue, pratiquant aussi bien la langue de Shakespeare, de Cer-

vantès ou de Goethe, Sylvie LE CARO a CFCIM © un parcours diversifi é et complet, tant Bruno Joubert, Ambassadeur de France au Maroc, Philippe Confais, Directeur Général de la CFCIM, dans les services diplomatiques que Yann Cariou, Commandant du Belem, Jean-Claude Leillard, Président de la Commission Régionalisa- dans le privé. tion de la CFCIM, et Jean-Yves Berthault, Consul Général de France à Tanger. En poste successivement à Brazzaville, au sein du Groupe pétrolier ADDAX & A l’heure où le port du centre ville de Tanger est amené à se réorienter vers des ORYX à Genève, puis à Pointe-Noire et activités de services, la CFCIM et sa délégation de Tanger ont organisé cet été à Cotonou, ses pas la conduisent pen- une visite du navire Belem suivie d’un cocktail dinatoire à quai. dant cinq ans au service des Affaires Plus ancien trois mâts d’Europe encore à fl ot, ce navire école de plus de 50 mètres Etrangères à Nantes. de long parcoure les mers et les océans dans le but de transmettre la culture du nautisme et ses valeurs de partage. Le Belem est armé d’un équipage perma- Depuis août 2008 au Consulat Général nent de 16 personnes ainsi que de nombreux stagiaires qui l’accompagne au gré de France à Rabat, Sylvie LE CARO a su de ses escales. Ses haltes sont régulièrement ponctuées de rencontres avec des insuffl er à toute son équipe une dyna- collectivités locales et des entreprises. mique et une ambiance de travail effi - Sa venue à Tanger était l’occasion de cace. réunir offi ciels et chefs d’entreprises Toujours à l’écoute de ses interlocu- de la ville autour d’un buffet. Le pas- teurs, elle a su développer des contacts sage de cet ancien navire marchand de qualité en comprenant bien les pro- rappelle à la ville sa vocation commer- blèmes des entreprises et en particulier ciale mais également son ouverture ceux des adhérents de la CFCIM. progressive vers un nouveau modèle Pour information, le Consulat de Ra- de développement du port basé sur le bat a traité, au cours de l’année 2010, tourisme nautique et de croisière. CFCIM © 36 000 demandes de visa avec une équipe de 12 agents. Enfi n, nous avons partagé avec elle une Samuel Grasset, nouveau Directeur Général Adjoint expérience bénéfi que pour ses services et les nôtres en acceptant de réviser les dossiers de demande de visa, de faire connaître à notre Chargée d’Affaires de la Délégation de Rabat les diffi cul- tés rencontrées quand on se trouve de l’autre côté du guichet… Nous garderons un excellent souvenir de son passage au Consulat de Rabat. Nul doute que la communauté fran- çaise de Munich appréciera les qualités et le sourire de la nouvelle Chef de la Chancellerie. A bientôt le plaisir de nous revoir si vous passez au Maroc.

Nous souhaitons la bienvenue à Ma- CFCIM © dame Sophie RENAUD, actuellement en poste à Bangkok, qui doit prendre Samuel Grasset, 36 ans, est le nouveau Directeur Général Adjoint de la CFCIM. Il a ses fonctions à Rabat le 1er septembre. pris ses fonctions le 25 août dernier.

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ACTUS CFCIM

L’Aerospace Meetings Coopération renforcée entre la CFCIM et l’AMDI

Casablanca, La CFCIM et l’Agence Marocaine pour du 19 au 22 septembre le Développement des Investissements (AMDI) ont signé le 7 juillet dernier une L’Aerospace Meetings Casablanca convention de coopération permet- a lieu du 19 au 22 septembre au tant aux deux parties de collaborer plus Parc des Expositions de l’Offi ce des étroitement dans le cadre de projets et Changes. Organisé par le GIMAS, d’actions concrets en matière d’investis- BCI-Aeromart et Maroc Export, cet sement. La CFCIM et l’AMDI serviront de événement regroupera de nombreux relais entre les entreprises du Maroc et de donneurs d’ordres, équipementiers, la France afi n de les doter d’informations

sous-traitants internationaux et/ou nécessaires à la réalisation de projets d’in- © Studio Najibi implantés au Maroc. vestissement mutuellement bénéfi ques , Directeur de l’AMDI, et Joël CEFOR entreprises et les assisteront dans leurs procédures Sibrac, président de la CFCIM, signent la conven- d’implantation et de création de partena- tion de coopération au siège de la CFCIM – 7 Remise riats. Par ailleurs, les deux parties œuvre- juillet 2011. ront ensemble pour le développement de la coopération bilatérale entre le Maroc des « Prix VIE » à la CFCIM et la France dans le cadre de programmes de coopération existants ou futurs (lire également page 13). Les Conseillers du Commerce Extérieur de la France section Maroc, le service économique de l’Ambassade de France Parc industriel d’Ouled Salah : au Maroc et la CFCIM ont organisé le 25 juillet dernier la remise des prix VIE. un appel à projets pour les parcelles restantes C’est Romain DUGUE, Volontaire inter- national chez Systra,CEFOR qui entreprises a remporté le La réception provisoire attestant l’achèvement « offi ciel » des travaux de viabilisa- Prix toutes catégories. tion du parc industriel CFCIM d’Ouled Salah a été reçue cet été ; les premiers indus- triels ont pu ainsi déposer auprès du guichet unique mis en place par la SOGEPOS leurs demandes de permis de construire afi n d’entamer leurs travaux de construc- tion. Par ailleurs, la SOGEPOS a lancé un appel à projets industriels afi n de sélec- Agenda tionner les futurs attributaires des parcelles de terrains restantes. Les conditions d’octroi sont : activité industrielle non-polluante et créatrice d’emploi ; les surfaces à pourvoir varient entre 1000m2 et 5000 m2. D’autre part, la SOGEPOS a lancé un appel d’offres afi n de sélectionner un contrac- tant général à qui elle confi era la mission de réaliser 25.000 m2 de bâtiments in- CEFOR entreprises dustriels locatifs prêts à l’emploi et 3500 m2 de locaux de services : sept groupes • Mercredi 21 septembre nationaux et internationaux ont déposé leurs offres ; le processus de sélection est Forum Eurocham Maroc en cours. Eneko Landaburu Contact : Ambassadeur – Chef de la Délégation Mounir Benyahya de l’Union européenne au Maroc [email protected] « La nouvelle ère du Printemps arabe » 17h30 au siège de la CFCIM

Contact : Devcom Maroc : lancement de la commercialisation Leïla Benyakhlef [email protected] La commercialisation du Devcom Maroc, le Business Forum du déve- • Jeudi 13 octobre loppement commercial, du mar- Forum adhérents keting et de la communication, a Abdelali Benamour été lancée cet été. L’objectif de cet Président du Conseil de la Concur- événement, organisé conjointe- rence ment par la CFCIM et MLG Events, est de réunir en un seul lieu les meilleurs presta- « Les réalisations du Conseil de la taires nationaux et internationaux qui interviennent dans la chaîne du développe- Concurrence et les perspectives de ment commercial, marketing et communication, afi n d’apporter aux entreprises du réforme » Royaume de solutions concrètes et des conseils pratiques 100% orientés résultats. 18h30 au siège de la CFCIM Cette première édition marocaine aura lieu les 7 et 8 décembre prochains à l’Hôtel Sheraton de Casablanca. Contact : Contact : Meriem Yousri [email protected] Hicham Bennis [email protected]

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ACTUS CFCIM Nouvelles formations sur le Campus CFCIM Dans un souci permanent de mettre notre offre en adéquation avec les attentes des entreprises, nous proposons 3 nouvelles formations qui répondent à de nouveaux besoins en matière de ressources humaines.

Ces trois formations sont des mastères en sciences. Les conditions d’accès sont les suivantes :

• être titulaire d’un diplôme M1 (bac+4) validé • ou vous avez un diplôme étranger, notamment Bachelor, équivalent aux diplômes français exigés ci-dessus • Le programme pourra intégrer des candidats ne justifi ant pas de ces titres mais dont le dossier satisfera à une validation des Acquis de l’Expérience Tous nos cursus se déroulent en cours de week-end, à raison d’un week-end sur deux en moyenne sur 3 semestres. Venez nous rencontrer sur le Campus, notamment lors de nos portes ouvertes le samedi 10 septembre.

Pour tout contact, appeler le 05 22 35 02 12 Mastère en sciences Management pour Scientifi que Mastère en sciences Community Manager Objectifs : Objectifs : Ce programme est spécialement conçu pour apporter à des per- Dans un environnement économique et commercial de plus en sonnes de formation scientifi que ou évoluant dans un environne- plus digitalisé, interactif et complexe, le programme proposé vise ment technologique les compétences managériales nécessaires à former des cadres à même de concevoir, de mettre en œuvre et pour encadrer des projets, manager des équipes, participer au déve- de faire vivre une politique effi cace de Community Manager afi n de loppement stratégique des entreprises, … valoriser la marque et ses produits sur le web et dans les médias so- Pour les stagiaires en cours de formation : leur faciliter l’accès à l’em- ciaux. Ces personnes sauront proposer et manager un système per- ploi en complétant leur cursus précédent et en leur permettant une formant de pilotage de la chaîne de communication des marques et véritable expérience professionnelle de terrain, sur une période si- de la e-relation marque/clients. gnifi cative d’une année. Pour les stagiaires en cours de formation : leur faciliter l’accès à l’em- Pour des professionnels qui ont déjà une pratique d’entreprise : leur ploi en complétant et en tirant profi t de leur cursus précédent et en fournir une formation spécialisée de haut niveau en management leur permettant une véritable expérience professionnelle de terrain, afi n de compléter et de consolider leurs compétences profession- sur une période signifi cative d’une année. nelles de terrain, ainsi que pour leur permettre le développement de Pour des professionnels qui ont déjà une pratique d’entreprise : leur leur carrière. fournir une formation spécialisée de haut niveau afi n de compléter et de consolider leurs compétences professionnelles de terrain, ainsi Métiers et Fonctions : que pour leur permettre le développement de leur carrière. Directeur de société, Manager de Centre de Profi t, Business Unit, Chef de projet, Responsable Qualité, Responsable Production, Res- Métiers et Fonctions : ponsable Maintenance, Responsable Achats/Approvisionnements, Community Manager, Social Media Manager, Chef de projet web, Responsable Logistique, Responsable Organisation Planifi cation, e-marketing Manager, Consultant Web, Acheteur d’espace web, Responsable d’infrastructures matérielles (informatique, robots, Trafi c Manager, Web Analyst, Assistant ou Responsable Référence- machines, …), Chef de chantier, Gestionnaire dans le secteur de ment, webmaster, Consultant digital , … l’agro-industrie, …

Mastère en sciences Création, Reprise, Acquisition et Développement d’entreprise

Objectifs : Dans un contexte économique où les PME ont une place importante, y compris les entreprises familiales, la formation CRéA s’adresse à quatre publics : • Des personnes, déjà en entreprise, qui souhaitent développer et pérenniser cette entité en structurant son management autour d’une vision globale et stratégique du développement, dans une logique de bonne gouvernance. • Des personnes souhaitant acquérir ou créer une entreprise et qui, à ce titre, désirent évaluer le potentiel et développer des compétences ma- nagériales pour sécuriser la pérennité du projet. • Des managers qui, en phase de cession, souhaitent mettre à niveau et valoriser l’entreprise pour en assurer une transmission optimale. • Il s’adresse aussi à des personnes à même d’intervenir dans les domaines de la création comme consultant auprès de grands cabinets, de banques ou d’institutions spécialisées. Les personnes concernées par le programme sont : soit des professionnels en activité, soit des étudiants à même de s’engager à moyen terme dans un projet en lien avec la création d’entreprise.

Métiers et Fonctions : Créateur d’entreprise, Responsable de PME, Repreneur d’entreprise patrimoniale, Directeur de société, Manager de Centre de Profi t, Business Unit Manager, Développeur d’entreprise patrimoniale, Consultant ou salarié d’organisme de création (fond d’investissement, banque, incuba- teur, pépinière d’entreprise, …), Chargé d’études de création et reprise d’entreprise (grands cabinets ou institutions spécialisées, …)

Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 11

E CHOS MAROC Attractivité des IDE : le Maroc garde la confi ance des investisseurs Malgré une baisse des IDE au premier semestre 2011, le Maroc tire son épingle du jeu dans un contexte régional et international particulièrement diffi cile. La stabilité économique du Royaume, son positionnement stratégique et les réformes en cours sont de nature à rassurer les investisseurs étrangers.

Elu le mois dernier « Pays Africain de Royaume pour convaincre les investis- croissante des fl ux d’IDE. Fathallah Si- l’Avenir 2011/2012 »*, en partie grâce à sa seurs étrangers : croissance sur dix ans, jilmassi souligne également l’impor- capacité à attirer les projets d’IDE, le Ma- infl ation maitrisée, contrôle du défi cit tance du plan Logistique et du succès roc semble résister aux effets conjugués et de l’endettement, investissements de Tanger Med : « Nous avons une po- du « printemps arabe » et de la crise euro- publics et demande intérieure en sition géostratégique clé. Tanger Med péenne en matière d’attractivité des IDE. hausse. « La stabilité économique est est un exemple de ce qui peut réelle- « Il est peut être encore un peu tôt pour un facteur de confi ance et d’encoura- ment transformer une proximité géo- évaluer l’impact sur les investissements, gement pour les investisseurs. C’est un graphique en réalité économique et en mais sur les premiers mois de 2011, la élément fondamental ». Le patron de facteur de compétitivité ». baisse n’est pas très importante. Nous l’AMDI dresse d’ailleurs le parallèle avec sommes vigilants, mais confortés par la crise européenne actuelle : « Quand L’offre de valeur « Maroc » notre plan d’action » expliquait Fathalla on voit aujourd’hui la situation des L’offre de valeur « Maroc » présentée par Sijilmassi, Directeur Général de l’AMDI économies grecque, portugaise, irlan- les autorités aux investisseurs étrangers (Agence Marocaine pour le Développe- daise, les schémas classiques que nous se veut compétitive. « On dit générale- ment des Investissements), devant les pouvions avoir il y a dix ou vingt ans ment qu’on est un des rares pays à pou- adhérents de la CFCIM le 7 juillet dernier. (d’un côté les économies développées voir cumuler un certain nombre d’avan- « En matière de promotion des inves- et stables, avec une croissance forte ; tages : accords de libre-échange, main tissements, nous avons adapté notre et de l’autre côté, des pays en dévelop- d’œuvre compétitive, situation géogra- stratégie avec des actions proactives : pement plus ou moins instables) sont phique au centre de fl ux importants ». repérer, identifi er des prospects et aller dépassés. Aujourd’hui l’instabilité peut Porte d’entrée du marché européen, le les démarcher pour positionner le Maroc être partout, y compris au sein de l’UE. Maroc est aussi tourné vers l’Afrique. Des dans leur carte stratégique. C’est préci- Et les opportunités, la stabilité, la crois- accords de libre-échange avec l’UEMOA sément pour ce type d’actions que nous sance, peuvent être partout, y compris et la CEMAC sont en cours de signature avons besoin de partenariat comme ce- dans les pays émergents ». et le Directeur de l’AMDI, qui parle de lui conclu aujourd’hui avec la CFCIM », Le positionnement stratégique du « vocation africaine du Maroc », y voit un a-t-il dit. (lire aussi page 8). Royaume, décliné en plans sectoriels des plus grands atouts du Royaume. (Maroc Vert, Emergence, Energie, Azur, Si le partenariat franco-marocain est éga- Stabilité économique Halieutis, Numéric, etc. ) donne par lement tourné vers l’Afrique de l’Ouest, Alors que les fl ux d’IDE autour du bassin ailleurs de la visibilité et de la lisibilité dans un esprit « gagnant-gagnant », Fa- méditerranéen s’essouffl ent au premier aux investisseurs. L’automobile, l’aéro- thallah Sijilmassi explique qu’au Maroc semestre 2011 (à part en Turquie et en Is- nautique ou l’électronique, nouveaux même, « davantage peut être fait ». Bien raël), Fathallah Sijilmassi et son équipe « métiers mondiaux » encadrés par le que la France soit le premier investisseur mettent en avant la stabilité de l’en- plan Emergence, attirent de grands étranger au Royaume, le Maroc ne capte vironnement macro-économique du noms au Maroc et drainent une part en effet même pas 1 % du total des IDE français. De plus, ces investissements Nombre d’annonces d’IDE par pays (premiers trimestres 2003 à 2011) au Maroc doivent désormais intégrer transfert de technologies et partage des savoir-faire, comme le partenariat indus- triel conclu récemment entre Alstom et les autorités marocaines après l’obten- tion par l’entreprise française d’un cer- tain nombre de marchés au Maroc (TGV, tramway).

* par FDI Intelligence, fi liale du groupe de presse britannique The Financial Times

Christophe Guguen Source : ANIMA-MIPO : Source [email protected]

Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 13

L’actualité vue par le service économique de l’Ambassade de France

L’économie en mouvement Un chiffre mis en perspective Le taux de bancarisation du Royaume atteint 50 % en 2010 En 2010, les 19 banques agréées offrent au pays un réseau de 4 787 agences (+8,2 % par rapport à 2009), soit un guichet pour 6 600 habitants.

Le taux de bancarisation a atteint la barre des 50 % (47 % en 2009 et 43 % en 2008), grâce notamment aux 943 guichets de la Banque postale (dont l’activité a démarré en juin 2010 sur la base du réseau de Poste Maroc) et, plus largement, Mot du Chef du Service à la politique de Low income banking qui a permis de gagner 840 000 nouveaux économique au Maroc clients.

Jusque fi n 2011, la France assure la La bancarisation reste inégalement répartie sur le territoire : la région du Grand présidence du G8, Club des grands Casablanca, qui représente offi ciellement 12 % de la population totale, dispose pays industriels (en même temps du quart de l’ensemble du réseau bancaire et d’un guichet pour 3 300 habitants. que celle du G20 qui comprend les Cette région concentre 63 % des crédits distribués et 40 % des dépôts collectés. grands émergents). Le G8 vient de lancer le « Partenariat de Deau- On observe une baisse du montant moyen des dépôts par guichet qui est passé, ville », partenariat politique et éco- entre 2005 et 2010, de 167 à 162 M MAD (après avoir atteint un pic de 187 millions nomique avec les pays en transition en 2007). démocratique de la rive sud de la Méditerranée. Le nombre de cartes bancaires a doublé ces cinq dernières années et l’on compte, en 2010, une carte bancaire par compte à vue (soit 7,1 millions d’unités). Les cartes Un soutien fi nancier de 40 milliards bancaires sont principalement utilisées comme instruments de retrait de fonds de dollars à l’Égypte et à la Tunisie (valeur globale de 118 Mds MAD en 2010, +16,6 %), beaucoup moins comme a été annoncé pour 2011-2013. Au- moyens de paiement (6,3 Mds MAD, +24,6 %). La valeur globale des opérations delà des chiffres, cette annonce de e-commerce reste faible (0,3 Mds MAD en 2010). marque un tournant : la prise de conscience par les pays du « nord » de leur responsabilité dans l’accom- pagnement des efforts des pays de la rive sud pour aller vers la démo- Fiche express : l’activité du secteur bancaire a décéléré en 2010 cratie et le développement. Avec un total bilan de 859 Mds MAD, le volume d’activité des banques a marqué une légère hausse de 3,7 % en 2010 (+8,4 % en 2009 et +16,7 % en 2008). Même s’il ne connaît pas, quant à lui de crise politique, le Maroc pa- Les banques ont affi ché un produit net bancaire (PNB) de 32,8 Mds MAD, en raît de plus en plus intéressé par hausse de 9,7 %, résultat de : ce processus. D’ores et déjà, le G8 a appelé à l’extension du mandat de • la progression accrue de la marge d’intérêt (+10,4 % à près de 25 Mds MAD, la Banque européenne pour la re- contre 5,6 % en 2009) ; construction et le développement • la hausse de la marge sur commissions (+8,6 % à 4 Mds MAD) ; (BERD) en direction des pays du sud • la croissance, moins dynamique que les années précédentes, des opérations de la Méditerranée. De plus en plus, de marché (+14,3 % en 2010 à près de 4 Mds MAD mais +36,7 % en 2009). le Royaume est associé aux discus- sions du Partenariat de Deauville. Le bénéfi ce net des banques, sur la base de leur activité au Maroc (hors activité à Celui-ci pourrait même se révéler l’étranger), est en hausse de 5,4 % à 9,7 Mds MAD (+7 % en 2009). stratégique, non seulement parce qu’il stimule l’intérêt de l’Europe Les crédits à la clientèle ont progressé de 8,5 % à 616 Mds MAD (+9,4 % en 2009). pour le Maghreb mais aussi parce En face, les dépôts de la clientèle, avec 622 Mds MAD en 2010, enregistrent un qu’il va, inéluctablement, poser la taux de croissance en décélération, soit +3,5 % (+5 % l’année précédente). Ils question de la dimension régionale, sont composés pour 45 % d’entre eux de dépôts des particuliers résidents, suivis et donc d’un rapprochement entre des entreprises privées et du secteur public (28 % des dépôts), des Marocains pays du Maghreb. résidant à l’étranger (20 %) et enfi n des institutions fi nancières (7 %).

Dominique BOCQUET

Conjoncture N° 929 - Septembre - 14

Les relations France-Maroc Affaires à suivre

Evénements à retenir Nouvel Attaché de Défense à l’Am- Visite de Eric Besson au Maroc bassade de France : le Colonel Pierre Edery a succédé, le 1er juillet dernier, Eric Besson, Ministre chargé de l’Industrie, à Willy Brücker Première fi liale de l’Energie et de l’Economie numérique, a de la SNI à être cédée : le groupe effectué une visite au Maroc les 11 et 12 juillet agro-industriel français Sofi protéol qui s’est articulée autour de deux volets : a pris le contrôle de Lesieur Cristal • énergie : M. Besson a rencontré Amina Ben- en acquérant 41 % de son capital, khadra, Ministre de l’Energie, des Mines, de jusqu’à alors détenu à hauteur de l’Eau et de l’Environnement. Un accent par- 76 % par la Société Nationale d’In- ticulier a été mis sur la coopération pour une © Ambassade de France vestissements (SNI). Cette dernière fi lière industrielle solaire franco-marocaine, Eric Besson, Ministre de l’Industrie, de l’Energie procédera également à la mise sur à inscrire dans le pacte énergétique euro- et de l’Economie numérique le marché boursier de Casablanca méditerranéen qui a fait l’objet d’une déclaration commune. M. Besson a eu égale- de sa participation résiduelle (soit ment un long entretien avec , Président du directoire de l’Agence 35 %) à travers une Offre Publique marocaine de l’Energie solaire (MASEN), avec lequel il a ensuite animé un déjeuner en de Vente (investisseurs institution- présence des entreprises françaises désireuses de participer au Plan solaire marocain ; nels et grand public). La cession de Cosumar, autre fi liale agro-ali- • industrie : M. Besson s’est entretenu avec Ahmed Reda Chami, Ministre de l’Indus- mentaire de la SNI, devrait suivre trie, du Commerce et des nouvelles Technologies. La coopération dans le domaine de L’AFD est le premier bailleur de l’économie numérique a été à l’honneur (Memorandum of Understanding entre le pôle fonds à apporter un fi nancement de compétitivité Systém@tic Paris-Région et le Maroc Numeric Cluster) et les deux au plan solaire marocain (première Ministres ont signé une déclaration conjointe pour l’innovation et les PME en Médi- phase de la centrale solaire de terranée. Le message du Ministre français « plus d’innovation, plus d’emplois, plus Ouarzazate) à travers un prêt bo- d’investissements, plus de compétitivité » pour développer des fi lières « gagnant-ga- nifi é de 100 M et une subvention gnant » dans une logique de « co-localisation » a été bien reçu. de 300 000 en faveur de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (MA- Eric Besson a, par ailleurs, rencontré Taieb Fassi Fihri, Ministre des Affaires étrangères SEN) Le chantier de l’usine Re- et de la Coopération. nault de Tanger se poursuit selon le calendrier prévu. Une étape im- Le déplacement s’est conclu par l’intervention du Ministre lors de la réception en portante a été franchie le 8 juillet l’honneur des personnalités marocaines pour la fête nationale. dernier avec la production du pre- mier véhicule-test Le séminaire annuel des managers de la SNCF se tient cette année au Maroc, à Tan- ger, du 18 au 21 septembre. Plus de Secteur à l’affi che 550 agents de la SNCF y participeront Fiche express : Alstom coopère avec des Ecoles marocaines dans L’Etat marocain projette de céder 7 à 8 % du capital de Maroc Telecom les fi lières ferroviaire et énergétique d’ici à décembre 2011 Le Maroc pourrait, à un proche horizon, se Pour renforcer les compétences des fi lières ferroviaire et énergétique au Maroc, Alstom a signé en juillet dernier trois conventions, avec : rapprocher de façon plus signifi - cative de l’OCDE. Depuis 2009, le • l’Ecole Hassania des Travaux Publics : Alstom offrira des stages de projets de fi n Maroc est membre du centre de d’études (sur ses sites européens), des visites d’instruction techniques pour les développement de l’OCDE. Il a aussi étudiants, des bourses d’excellence, la participation d’étudiants au programme adhéré à la Déclaration de l’OCDE de formation continue interne de l’entreprise et l’examen de contributions sur l’investissement international conjointes à l’émergence d’une fi lière de formation ferroviaire ; et assure la présidence de l’initiative MENA OCDE Le Haut Commis- • l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs : Alstom proposera deux stages de fi n d’études chaque année ainsi que son concours à l’examen annuel des besoins en sariat au Plan a revu à la hausse ses formation continue de l’Ecole ; prévisions de croissance pour 2011, à 4,8 % (contre 4,5 % précédemment) • l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique : Alstom s’engage Baisse des avoirs extérieurs à fournir dix bourses d’excellence par an, des stages de fi n d’études, un appui nets du Maroc : ils s’établissent à en terme de formation continue et enfi n un soutien fi nancier pour des Journées 179,5 Mds MAD à la fi n du mois de techniques de l’électrotechnique et de l’électronique au Maroc. mai, soit 5 mois et demi d’importa- tions de biens et services, contre 6,8 mois à la fi n 2010.

Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 15 L’ INVITE DE CONJONCTURE

‘‘ Prétendre que la réforme de la compensation est facile serait un leurre ‘‘ Conjoncture reçoit ce mois-ci Nizar Baraka, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires Economiques et Générales. Réforme du système de compensation, CNEA, stratégie TPE, mise en place de l’ICE : Nizar Baraka fait le point sur le travail de son ministère.

Conjoncture : Cette rentrée de sep- tembre s’annonce particulièrement chargée. Eté studieux pour votre dépar- tement ? Nizar Baraka : Nous n’avons pas at- tendu cette rentrée pour engager les réformes nécessaires sur les plans économique et social eu égard, tout d’abord, à la nécessité de préparer une sortie de crise réussie mais surtout de poursuivre l’accélération de la dyna- mique des réformes. Notre objectif est, aujourd’hui, d’inaugurer une nouvelle ère de développement marquée par l’adoption d’une nouvelle constitution très ambitieuse pour notre pays. En ce qui concerne, plus particulièrement, mon département, nous accélérons la © CFCIM © mise en œuvre des différents chantiers engagés. Nizar Baraka, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires Economiques et Générales. En premier lieu, nous travaillons à in- troduire, dans le cadre de la réforme du nance, nous venons d’achever l’élabo- C’est incontestable, l’environnement, système de compensation, la notion de ration du code de bonne gouvernance de manière générale, sera beaucoup restitution. L’idée est de faire en sorte des entreprises publiques, quatrième et plus propice aux affaires. Il faut dire que que les ménages aisés rétrocèdent, à dernier de la série qui comporte à la fois la nouvelle constitution élargit le champ travers un impôt de solidarité, les sub- un code général des bonnes pratiques, d’action d’un certain nombre d’ins- ventions dont ils ont pu bénéfi cier. un code spécifi que aux petites et tances nationales chargées de la bonne Parallèlement à cette réfl exion, le dé- moyennes entreprises ainsi qu’un code gouvernance et dont l’action, directe ou partement poursuit le chantier de la re- relatif aux établissements de crédits. indirecte, impactera positivement notre fonte des structures de prix des produits Un autre volet d’action du départe- climat des affaires. subventionnés qui nous permettra, à ment, qui me tient particulièrement à Je citerai, notamment, la constitution- terme, de réaliser d’importantes écono- cœur, est celui de l’économie sociale. nalisation ainsi que le renforcement mies au titre du budget de la compen- Pour cela, nous avons lancé le pro- des prérogatives désormais dévolues sation. Par voie de conséquence, cela gramme « Mourafaka» dont la fi nalité au Conseil de la Concurrence ainsi qu’à profi tera encore plus aux ménages les est d’aider les coopératives à dépasser l’Instance Centrale de Prévention de la plus nécessiteux. un certain nombre de contraintes opé- Corruption sans oublier la création de Le ministère est de même mobilisé sur rationnelles afi n de favoriser l’émer- l’institution du Médiateur. Concernant, le chantier, non moins important, du gence d’un tissu coopératif performant plus particulièrement, le Conseil de la développement de la très petite entre- et innovant. Concurrence, un texte est en cours de prise (TPE) dont la stratégie, fi n prête, préparation et dont l’objectif est de prévoit un certain nombre de mesures La nouvelle constitution adoptée le transformer l’instance de son statut ac- d’accompagnement qui s’articulent 1er juillet doit maintenant être « mise tuel consultatif à un statut décisionnel autour de quatre grands axes : fi scalité, en pratique ». Quel impact pour le Co- lui offrant les possibilités d’auto saisine couverture sociale, fi nancement et ren- mité national sur l’environnement des et d’enquête. forcement des capacités. Affaires (CNEA), qui s’est réuni pour la Ces choix de bonne gouvernance pu- Pour ce qui est de la promotion des première fois en avril dernier, sous la blique participent très concrètement meilleures pratiques de bonne gouver- présidence du Premier ministre ? de la consolidation effective des mé-

Conjoncture N° 929 - Septembre - 16 L’ INVITE DE CONJONCTURE

canismes de transparence et de mo- Ce fi chier central est prévu dans une nécessaires. Il faut tout de même préci- ralisation de la vie publique et donc, deuxième phase car il faut tout d’abord ser que l’ancienne structure des prix des directement, de l’amélioration de l’envi- commencer par partager les informa- produits pétroliers était basée sur des ronnement des affaires. tions avant de les agréger ; mission qui composantes qui étaient toutes liées En dehors de l’aspect purement consti- incombera à la Direction Générale des aux prix de référence à l’international. tutionnel, nous poursuivons très acti- Impôts de par la nature et l’importance Dès que les cours évoluaient, cela avait vement la mise en œuvre, dans le cadre de la base de données dont elle dispose directement un impact sur les prix. Pour du plan d’action 2011 du Comité Natio- sur les entreprises. y remédier, nous avons, entre autres, nal de l’Environnement des Affaires déconnecté certaines composantes des (CNEA), des mesures ciblées d’améliora- Depuis début 2011, les charges de com- cours mondiaux en les remplaçant par tion du climat des affaires. De ce point pensation « explosent ». Comment la des forfaits. Du coup, nous avons mini- de vue, de nouvelles dimensions ont Caisse va t-elle fi nir l’année ? misé la volatilité des cours ; volatilité été programmées. J’évoquerai, à titre Suite au renchérissement des produits que nous souhaitons atténuer, encore d’exemple, l’accès au foncier et la régio- de première nécessité, la caisse de com- plus, en ayant recours aux marchés call nalisation de la politique d’amélioration pensation a été mécaniquement sollici- pour nous couvrir contre d’éventuelles du climat des affaires. tée. Ainsi, 18 milliards de dirhams sup- fl ambées des cours. Malgré les progrès accomplis, nous plémentaires y seront injectés d’ici fi n Rappelons que ce premier niveau de la nous employons avec détermination 2011 afi n de maintenir réforme a permis de dans ce chantier en apportant des solu- notre engagement de réaliser des économies tions toujours plus innovantes et sans préserver et de renfor- Le premier niveau substantielles sur le cesse renouvelées. cer, en tout temps, le budget de la compen- pouvoir d’achat de nos de la réforme a permis sation, de l’ordre de 5 Parmi les réformes déjà engagées, la concitoyens. d’économiser 5 mil- milliards de dirhams. création de « l’Identifi ant Commun des Le pouvoir d’achat La deuxième étape Entreprises », dont le décret est passé au a donc, depuis tou- liards de dirhams sur le de cette réforme BO en juin dernier. Quelles sont les pro- jours, constitué une porte sur le ciblage de chaines étapes ? priorité pour laquelle budget de la compen- groupes sociaux dé- Pour résoudre et simplifi er les procé- nous avons apporté sation. favorisés à travers la dures administratives qui peuvent être plusieurs réponses. La mise en place d’un sys- assez lourdes et particulièrement re- première a été de maî- tème de protection so- dondantes pour nos entreprises, nous triser, grâce au système de compensa- ciale capable de résorber les inégalités avons mis en place l’Identifi ant Com- tion, l’infl ation à seulement 0.9 % pour pour rompre le cycle intergénération- mun des Entreprises (ICE) 2010. En second lieu, nous avons, par nel de la pauvreté et entamer le pro- A travers la création de l’ICE, nous avons le biais d’un dialogue social continu, cessus de restitution que nous avons souhaité faciliter l’échange d’informa- relevé les salaires des fonctionnaires souhaité. tions sur les entreprises entre les dif- avec une attention particulière portée Dans cette optique, nous avons, tout férentes administrations publiques. aux plus bas salaires qui ont plus que d’abord, adopté un ciblage géogra- Sont notamment concernés par cette doublé. Dans la même logique d’amé- phique qui donne la priorité aux plus démarche, la Direction Générale des lioration des revenus, le salaire mini- pauvres. Ainsi, le contingent de la FNBT Impôts, le Haut Commissariat au Plan mum (SMIG) a été augmenté de 25 % à a été redéployé sur la base de la carte (HCP), l’Offi ce Marocain de la Protection l’horizon 2012. de la pauvreté au profi t des popula- Intellectuelle et Commerciale (OMPIC) tions rurales qui, aujourd’hui, en béné- et la Caisse Nationale de Sécurité So- Qu’en est-il de la réforme de cette fi cient à hauteur de 75 %. ciale (CNSS). Caisse de compensation ? En ce qui concerne le ciblage des mé- Dans cette même perspective, l’ICE Prétendre que la réforme de la com- nages, nous avons lancé l’opération permettra à ces différents organismes pensation est facile serait un leurre. « Tayssir ». Il s’agit d’un programme publics de croiser les informations dont Progressivité et séquençage comman- de transferts monétaires condition- ils disposent de manière à ne plus de- dent le rythme de ce chantier qui, il nés par la scolarisation des enfants et mander aux entreprises de produire faut bien le dire, est en avance par rap- leur maintien dans le cursus scolaire. plusieurs fois les mêmes documents à port aux objectifs fi xés à court terme, Cette expérimentation, qui compte chaque procédure. à savoir l’optimisation du système de aujourd’hui plus de 300.000 bénéfi - Pour le moment, il n’est question que de la compensation et le ciblage des mé- ciaires, se trouve en phase de généra- partage de données utiles. L’existence nages les plus défavorisés. lisation à l’ensemble des régions du d’un fi chier central est beaucoup plus Le premier palier de la réforme royaume compte tenu de la pertinence complexe car elle suppose des systèmes concerne la refonte des structures des des résultats qu’elle a pu produire sur le d’information compatibles et pose la prix des produits pétroliers, de la fa- terrain, notamment la baisse de l’aban- problématique de la confi dentialité de rine nationale de blé tendre (FNBT) don scolaire de 60%. certaines données et donc des niveaux mais également celle du sucre qui est d’accréditation des personnes appelées en cours d’achèvement. Sur ce point, Propos recueillis par Christophe Guguen à les consulter. quelques explications me paraissent [email protected]

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Industrie : le positionnement stratégique du Royaume Longtemps dominé par les industries du textile & cuir et de l’agroalimentaire, le secteur industriel marocain s’est fortement diversifi é intégrant aujourd’hui les nouvelles technologies et les industries de pointe. © GIMAS

Dossier réalisé Le Maroc, ayant dès l’indépendance Du fait des stratégies adoptées, l’acti- par Rachid Alaoui fait le pari de l’ouverture écono- vité industrielle marocaine a été pen- [email protected] mique en adoptant le libéralisme dant longtemps dominée par les in- économique comme modèle de dustries agroalimentaires et le textile développement, s’est rapidement & cuir. Deux secteurs qui continuent lancé dans d’importants investisse- à jouer un rôle clé dans le développe- Maroc : quelle politique industrielle ? 19 ments pour développer et doter le ment économique et social du pays. Interview avec Abdellah Amallah, pro- pays d’une infrastructure industrielle L’industrie agroalimentaire est une fesseur à l’ISCAE 22 de base. Ainsi, grâce aux stratégies industrie performante et diversifi ée Emploi : la chasse aux profi ls qualifi és 25 industrielles de substitution des im- (biscuits, produits laitiers, conserves, Des incitations pour stimuler les inves- portations par la production locale, matières grasses, boissons, pâtes, le Maroc a mis en place l’industrie la etc.) qui s’appuie globalement sur les tissements 27 plus développée et la plus diversifi ée ressources agricoles du pays. Outre La mise à niveau, un impératif pour les du continent, hors Afrique du Sud, en la satisfaction de la demande locale, PME 29 s’appuyant sur les investissements une partie non négligeable de la pro- Regard d’un industriel installé au Maroc 30 locaux (Etat et privé) tout en s’ou- duction est exportée. Concernant vrant aux capitaux étrangers. le secteur textile & cuir, il constitue

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incontestablement un secteur straté- de la SOMACA pour l’assemblage Malgré son poids et ses performances, gique du tissu économique marocain. des voitures et camions. Le secteur a l’activité industrielle marocaine Bien que fragilisé aujourd’hui par la connu un nouveau souffl e durant la connaît des faiblesses structurelles forte concurrence asiatique, il n’en de- dernière décennie avec l’implantation et plusieurs secteurs souffrent face à meure pas moins que le Maroc conti- au Maroc de plusieurs fabricants de l’intensifi cation de la concurrence oc- nue à conserver des avantages com- composants automobiles. Le secteur casionnée par la multiplication d’ac- paratifs sur certains devrait connaître un cords de libre-échange. segments du marché nouvel essor avec C’est dans ce contexte qu’a été mis et jouit de la proxi- Cette nouvelle stra- la construction de en place en 2005 le plan Emergence, mité géographique tégie se veut plus l’usine de Renault à la première véritable stratégie indus- des grands donneurs Tanger d’une capa- trielle du Maroc, fondée sur le posi- d’ordres européens. ambitieuse et vise la cité de production de tionnement du Royaume sur de nou- Et en dépit d’une cer- 400 000 unités par veaux créneaux porteurs, baptisés taine désindustriali- construction d’un sec- an. Idem pour l’indus- « métiers mondiaux » du Maroc. L’ob- sation que connaît le teur industriel fort . trie électronique dont jectif est de faire passer le position- secteur actuellement, la première unité nement du Maroc, basé sur la proxi- il continue néanmoins industrielle date du mité géographique et la disponibilité à concentrer près de 40 % des emplois début des années 1950 avec l’installa- d’une main d’œuvre bon marché, à de l’industrie manufacturière. tion de STMicroelectronics (ex Société une position stratégique basée sur la de Fabrication Radioélectrique Maro- logistique et une offre compétitive. Satisfaction de la demande locale et caine). A l’image de l’automobile, ce Sept métiers mondiaux ont été sélec- export secteur connaît un nouveau souffl e tionnés dans le cadre de cette straté- C’est dans le cadre de cette politique grâce au développement de nouvelles gie : offshoring, automobile, aéronau- de substitution des importations par branches (cartes électriques, circuits tique, électronique, agroalimentaire, la production locale que le Royaume intégrés, composants électroniques, produits de la mer et textile. a également développé une industrie etc.) dont la production est globa- Toutefois, trois ans après son lance- pharmaceutique devenue parmi les lement destinée à l’export. Enfi n, et ment, seul le secteur de l’offshoring plus performantes du continent. Celle- plus récente, l’industrie aéronautique avait connu une avancée signifi cative ci assure aujourd’hui entre 80 et 90 % connaît un développement grâce à en matière d’implantation de nou- des besoins en médicaments du pays des activités liées à l’entretien et la velles unités et la création d’emplois. et exporte ses excédents dans de nom- réparation des engins d’avion, notam- Sur la période 2005-2008, quelques breux pays. ment des réacteurs, et la fabrication 20 000 nouveaux emplois ont été Par ailleurs, à côté des industries dites de composantes spécifi ques, tel le créés par l’offshoring. légères, le Royaume est également câblage au profi t des grands construc- présent dans l’industrie dite lourde. Et teurs mondiaux. Partenariat public/privé c’est à Safi que l’OCP a développé en Face à cette situation et afi n de corri- 1972 un important complexe chimique. 28 % du PIB ger les faiblesses du plan Emergence, Grâce à l’unité de Safi et à celle plus Pris globalement, le secteur industriel le Pacte National pour l’Emergence récente de Jorf Lasfar, l’OCP, premier pèse actuellement environ 28 % du Industrielle a été mis en place pour exportateur mondial de phosphate et PIB marocain, assure plus de 1,3 million la période 2009-2015. Cette nouvelle d’acide phosphorique, est devenu l’un d’emplois, génère plus de 80 milliards stratégie se veut plus ambitieuse et des plus grands fournisseurs interna- de dirhams de valeur ajoutée et plus de vise la construction d’un secteur in- tionaux d’engrais (superphosphate, 110 milliards de dirhams d’exportation. dustriel fort et la création d’un cercle diammonique, etc.). Le secteur de la pétrochimie est représenté par les ins- tallations de raffi nage du pétrole de la Samir au niveau de Sidi Kacem et Mo- hammédia. Quant à l’industrie du ci- ment, elle est très fortement dévelop- pée au niveau des différentes régions du Royaume grâce à la présence des majors mondiaux du secteur (Lafarge, Italcementi et Holcim). A ces industries, il faut ajouter aussi celles de la sidérur- gie qui connaît un essor notable avec l’installation de plusieurs laminoirs et d’une aciérie à Jorf Lasfar. L’industrie automobile également s’est développée au Maroc dès l’in- © GIMAS dépendance avec la création en 1959

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Le Pacte Emergence prévoit la création de 22 P2I à travers le Royaume. vertueux de croissance grâce à la mo- métiers mondiaux du Maroc. Quant qui complète et englobe de nouveaux bilisation de l’Etat à travers 9 minis- aux 111 nouvelles mesures déclinées secteurs qui n’avaient pas été retenus tères et les opérateurs économiques dans le cadre de cette stratégie, l’Etat en 2005 et ce dans le but d’enclencher représentés par la Confédération Gé- va allouer un budget de 12,4 milliards le développement d’autres métiers nérale des Entreprises Marocaines de dirhams (1 milliard de dirhams via le à fort potentiel de valeur ajoutée et (CGEM) et le Groupement profession- Fonds Hassan II) sur la période 2009- compétitifs dont la biotechnologie, la nel des Banques du Maroc (GPBM). Ce 2015 pour leur exécution. Sur ce bud- microtechnologie et la nanotechno- plan est basé sur 111 mesures articulées get, le tiers sera affecté à la formation logie. Sur ces nouveaux secteurs, le autour de 5 piliers : le développement des ressources humaines et 24 % à l’in- Maroc compte s’appuyer sur les nom- des métiers mondiaux du Maroc et la citation à l’investissement. breux chercheurs de la diaspora maro- mise en place de plate-forme indus- Enfi n, pour compléter le Pacte National caine installés dans des pays dévelop- trielles intégrées (22 P2I programmées pour l’Emergence Industriel, l’Etat a pés (France, Etats-Unis, Japon, Canada, sur plus de 2 000 ha), l’amélioration lancé tout dernièrement le plan Envol Allemagne, etc.). de la compétitivité des PME grâce à l’accès plus facile au crédit bancaire et la création de 4 Cités PME, l’adap- Les objectifs chiffrés du Pacte National pour l’Emergence tation de la formation aux besoins de Industrielle l’industrie, l’amélioration du climat des affaires et, enfi n, la promotion de Avec le plan Emergence et sa nouvelle formule, le Pacte National pour l’offre Maroc avec l’appui de l’Agence l’Emergence Industrielle, l’Etat et le privé tablent sur la réalisation d’objec- Marocaine pour le développement de tifs ambitieux sur la période 2009-2015. L’exécution du plan devrait ainsi l’Investissement (AMDI). permettre : Pour exécuter ce Pacte, une enveloppe • La création de 220 000 nouveaux emplois ; de 16,4 milliards de dirhams sera mo- • La hausse additionnelle du PIB industriel de 50 milliards de dirhams ; bilisée par l’Etat et les banques de la • La génération d’un volume d’exportation supplémentaire de 95 milliards place. , BMCE Bank et de dirhams ; Banque Populaire vont mobiliser 4 mil- • Un volume d’investissement privé supplémentaire de 50 milliards de di- liards de dirhams qui seront consacrés rhams dans les activités industrielles, etc. à hauteur de 75 % au fi nancement des

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‘‘ L’avantage concurrentiel n’est pas le fruit du hasard ‘‘ Entretien avec Abdellah Amallah, professeur d’Economie à I’ISCAE (Institut supérieur de Commerce et d’Administration des entreprises).

Conjoncture : Quel regard portez- ressources minières (au premier rang vous sur l’industrie et le lancement desquelles se placent les phosphates) du plan Emergence ? et certains produits agricoles (fruits Pr Abdellah Amallah : L’industrie ma- et légumes). Les importations por- rocaine représente 28 % environ du tent essentiellement sur les produits PIB national. Elle regroupe les indus- énergétiques, les biens d’équipement tries minière, agro-alimentaire, du et les biens de consommation. textile, chimique et para-chimique, mécanique, métallurgique, élec- Et qu’en est-il au niveau des infras- trique et électronique. Les industries tructures ? alimentaires dominent, avec la trans- Le secteur souffre cruellement du formation des céréales et les conser- manque d’industries de base. Le peu veries. Les industries du textile, du de dynamisme du secteur manu- cuir et du bâtiment sont en expan- facturier a également contribué à sion. On assiste à une diversifi cation l’augmentation du chômage et de la dans les activités de la chimie comme pauvreté en milieu urbain. La crois- pour l’acide phosphorique et engrais, sance marocaine est très erratique, © DR l’électronique, les papiers et les car- elle reste étroitement dépendante Abdellah Amallah, professeur d’Economie à I’ISCAE tons. Des usines de montage de ca- du secteur agricole. Le taux de crois- mions et d’automo- sance réelle a une secteur industriel sans l’activité de biles ont également moyenne de 3.5 pour R&D. Les innovations se présentent vu le jour. En dépit de Le secteur a subi cent sur la période sous forme de grappes pour donner certaines avancées une perte de compéti- 2000-02 contre 1.4 de l’impulsion au développement réalisées dans ce do- pour cent sur 1990-95 industriel et les pays qui réalisent le maine, le Maroc n’a tivité dont témoignent et de 3 % en moyenne plus d’innovation sont ceux dont les pas encore atteint sur la période 2003- investissements au travers de nou- les niveaux des pays une croissance plus 2007 alors que les velles entreprises sont les plus im- émergents. Le secteur lente des exportations prévisions permet- portants. A ce sujet, peut-on espérer industriel est consti- taient d’espérer une que le lancement du plan Emergence tué dans sa majorité et des pertes de parts croissance moyenne draine des investissements ? Oui ! A de plus de 95 % de supérieure à 5 %. condition que ces investissements PME qui ne réalisent de marché au niveau Le Maroc réalise un soient productifs, et toute production que 10 % à 20 % de mondial. taux de croissance résulte de la combinaison des fac- la production indus- en deçà de celui des teurs de production capital /travail. trielle dont 5 % à 10 % pays émergents et Le travail est constitué de forces phy- seulement participent à des activités de la moyenne mondiale. Quant à sique et intellectuelle. Dans les deux d’exportations. Dans les pays déve- l’amélioration des activités des en- cas la formation professionnelle et loppés, cette catégorie d’entreprises treprises dans le secteur industriel, académique est à l’origine de la quali- réalise 60 % à 70 % de la production le Forum économique mondial (FEM) té des facteurs de production. Ces fac- industrielle nationale et 75 % à 80 % a souligné dans un rapport publié ré- teurs « spécialisés » sont crées et non des recettes d’exportation directe cemment (2009- 2011) que les entre- pas hérités (main d’œuvre qualifi ée, et indirecte. Le secteur a également prises marocaines sont mal préparées capitaux et infrastructure) et impli- subi une perte de compétitivité dont et souligne en particulier la faiblesse quent des investissements lourds et témoignent une croissance plus lente du niveau de collaboration en ma- stables du côté des gouvernements. des exportations et des pertes de tière de recherche /développement Les facteurs d’utilisation générale parts de marché au niveau mondial. entre entreprises et universités lo- (main d’œuvre non qualifi ée et les Les importations constituent presque cales et de dépenses des entreprises matières premières) ne génèrent au- le double des exportations. L’essentiel pour la recherche-développement. cun avantage concurrentiel stable. Et des exportations concerne désormais Par conséquent, il est inconcevable un pays ne peut constituer un attrait les produits manufacturés, devant les de concevoir de l’innovation dans le en matière d’investissement dans un

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secteur industriel s’il ne dispose pas la ville de Casablanca est positionnée Vous constatez bien que le marché des facteurs spécialisés qui imposent parmi les 5 premières destinations marocain est inondé par des produits aux entreprises de lutter sur une base les plus prisées au monde pour de chinois qui concurrencent aussi bien mondiale, coordonnée, sous peine de telles activités. Pour l’électronique, les produits européens que les pro- subir des désavantages stratégiques. le mouvement de délocalisation vers duits marocains. Les clients s’adres- Aujourd’hui, tant que le Maroc ne l’Asie semble diffi cilement réversible. sent là où les produits sont compé- règle pas le problème de l’enseigne- En attendant, deux chantiers sont en titifs ; les importateurs marocains ment fondamental et supérieur on ne cours, celui de l’incitation fi scale et préfèrent acheter en Chine les mêmes peut espérer développer un secteur de la formation de la main d’œuvre produits que l’on trouve en Espagne industriel sans écarts de performance dans les fi lières concernées. Reste le ou en France pour la marge impor- entre les entreprises marocaines et pilotage du programme, le confi er à tante qu’ils réalisent à l’échange. étrangères. un seul ministère relèvera d’un «mo- nopole» alors qu’il s’agit d’un plan Le Statut avancé et les accords d’as- Selon vous, le Plan Emergence a t-il global qui doit faire appel à plusieurs sociation signés avec l’Union euro- vocation à relancer les exportations acteurs en mesure d’assurer des péenne peuvent-ils laisser entrevoir industrielles ? facteurs de production spécifi ques de nouvelles opportunités indus- Le plan Emergence s’articule autour pour relever le défi de la compétiti- trielles pour le Royaume ? de deux axes : créer de la richesse, vité internationale. L’idée est donc de Sûrement ! A condition que le Maroc donc de l’emploi et de la croissance mettre en place un organe dédié qui offre des avantages concurrentiels et développer des activités expor- prendra la forme d’une agence. en matière d’installations de soutien, tatrices à haute valeur ajoutée. Les d’éducation, de santé, de démocratie produits de la mer et du textile sont, Avec la 2e édition des Assises de l’In- et des libertés individuelles. aujourd’hui, les premiers secteurs ex- dustrie, peut-on parler d’un nouveau portateurs de l’économie du Maroc. départ en matière d’industrialisation Quels sont les avantages comparatifs Les produits de la mer sont les seuls du pays ? sur lesquels table le Maroc ? où le Maroc se démarque nettement Quelle qu’elle soit la nature des as- J’ai le sentiment que le Maroc table de ses concurrents. Sans les indus- sises de l’industrie, on ne peut par- beaucoup plus sur les relations his- tries supports, nécessitant des in- ler d’un nouveau départ en matière toriques qui le lie avec l’Europe, le vestissements lourds, et les facteurs d’industrialisation au sein d’un pays. patrimoine culturel et linguistique de production « spécialisés » les en- L’industrialisation est un choix poli- et la proximité géographique, abs- treprises industrielles marocaines ne tique avant qu’il soit économique et traction faite de la main d’œuvre à peuvent générer un avantage concur- elle s’insère dans le cadre d’une poli- bon marché vis-à-vis de l’Europe. Les rentiel. Par conséquent, on ne peut tique économique générale qui trace avantages comparatifs exprimés en espérer relancer les exportations in- les priorités en termes des conditions termes de productivité ou de ren- dustrielles. de la demande, des industries de sou- dements ne sont plus valables au- tien et des facteurs compétitifs. Ces jourd’hui, ce qui est pris en compte Outre le secteur du textile, il y a facteurs avancés et liés à l’avantage par les entreprises internationales d’autres industries ciblées par le plan concurrentiel ne sont pas le fruit du c’est l’avantage concurrentiel. Emergence comme le secteur de l’au- hasard mais résultent d’une straté- tomobile ou encore l’aéronautique, gie de politique du gouvernement en Un dernier mot ? qu’en pensez-vous ? tant que Challenger et Catalyseur. L’Etat assure l’éducation, la santé et Le Maroc s’est positionné sur sept la sécurité de sa population en qua- métiers mondiaux : l’Offshoring, La proximité avec l’Europe est-elle un lité et il doit exiger, en contrepartie, l’automobile, l’aéronautique, l’élec- réel atout face notamment à la mon- la rigueur, la bonne gouvernance et tronique, l’agroalimentaire, les pro- tée en charge des pays asiatiques ? l’implication du citoyen dans tout ce duits de la mer et du textile. Pour Dans une ère de mondialisation on qui pourrait faire avancer le pays et l’Offshoring, les marchés franco- ne peut parler aujourd’hui de proxi- en particulier la compétitivité de ses phone et hispanophone sont ciblés et mité géographique comme atout. entreprises.

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D OSSIER Emplois industriels : la chasse aux profi ls qualifi és Interview avec Halima Bennasser, Responsable Manpower Professional Maroc

Conjoncture : Comment se caractérise nicien, il faut avoir, entre la faille de notre sys- le marché de l’emploi dans le secteur autres, des pré-requis tème éducatif face à industriel ? techniques pour pouvoir des projets de cette am- Halima Bennasser : Le marché de l’em- être en phase avec les pleur et qui demande ploi dans le secteur industriel a forte- besoins du marché. Tout des compétences poin- ment souffert ces dernières années, en sachant qu’au-delà tues. Le niveau des di- le Maroc n’ayant pas été épargné par des compétences tech- plômés actuels pour le la crise mondiale, l’impact local a bien niques qui sont exigées, secteur de l’automobile, été ressenti… Les tendances du mar- ce qui est aussi impor- comme par exemple ché actuel et les perspectives à venir tant, c’est le potentiel © DR pour des métiers de tô- semblent pourtant prometteuses. En du collaborateur à évo- Halima Bennasser, Responsable lier, mécanicien, élec- effet, d’après la dernière enquête de luer dans l’environne- Manpower Professional Maroc tricien ou encore sou- conjoncture sur le 1er semestre 2011 du ment de l’entreprise et à deur, semble ne pas Haut Commissariat au Plan (HCP), on pouvoir développer ses compétences. répondre précisément aux spécifi ci- note une tendance haussière au ni- tés recherchées. Pour palier à cette veau de la productivité des entreprises Quels sont les domaines industriels problématique de taille, les pouvoirs opérant dans l’industrie avec des pré- dynamiques et pourvoyeurs de main publics ont annoncé l’ouverture de visions d’augmentation des effectifs d’œuvre actuellement ? plusieurs centres de formation pro- pour accompagner la dynamique. Sans Les secteurs-phares dans la création fessionnelle : centre de formation compter la volonté des pouvoirs pu- de l’emploi demeurent sans contes- dédié à Renault Tanger (inauguré blics de créer les conditions favorables tation ceux du BTP et l’industrie au- en mars 2011), d’autres Instituts pour développer les investissements tomobile. pour l’automobile à Casablanca, Ra- industriels étrangers, créateurs d’em- bat et Kenitra ainsi qu’un Institut ploi. Les projets d’implantation ont Le lancement de projets industriels de l’aéronautique à Casablanca. Le été amorcés en 2010, bien que certains dans l’automobile comme le com- système de gestion étant basé sur aient été mis en standby en 2009. L’ar- plexe industriel Renault à Tanger, ou des partenariats publics / privés, ce rivée de Renault à Tanger, et celle de encore l’aéronautique nécessitent qui permettra aux opérateurs privés fournisseurs comme les équipemen- des compétences, sont elles dispo- d’adapter le cursus de formation à tiers automobiles, qui ne sont pas des nibles sur le marché ? leurs besoins. Entre temps, et pour moindres, ont un impact positif à plu- Pour certains profi ls, on peut dire être en ligne avec les objectifs, c’est sieurs titres : création d’emploi, mobi- que les compétences existent sur le une véritable chasse aux talents qui lités des talents, formation à de nou- marché. Mais la quantité des profi ls est opérée par les opérateurs, au ni- veaux métiers mais aussi favorisent le disponibles, généralement expéri- veau national mais aussi au niveau positionnement du Maroc comme une mentés et en poste, est minime au international pour des profi ls à com- plate-forme industrielle moderne qui vu du volume à recruter. On constate pétences pointues et spécialisées. suscite l’intérêt de nouveaux investis- seurs au niveau mondial.

On avance souvent l’inadéquation entre l’offre et la demande, le secteur industriel échappe t – il à cette règle ? Non, le secteur industriel n’échappe pas à cette règle d’autant plus que les profi ls demandés requièrent généra- lement une certaine technicité, des compétences pointues. Il est vrai que l’on a tendance à penser que les pro- fi ls recherchés demandent une faible qualifi cation, ce qui est vrai pour les profi ls ouvriers, main d’œuvre, opéra- teurs mais pas pour les profi ls à éche- ©GIMAS lon supérieur. Sur des profi ls de tech-

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D OSSIER Fiscalité : des incitations pour stimuler l’investissement Le dispositif fi scal actuel prévoit un nombre important d’exonérations. Un régime conventionnel offre en outre une série de mesures incitatives pour encourager les investissements dans les secteurs porteurs.

Considérant l’investissement professionnels. Les secteurs comme un facteur détermi- concernés par ces aides sont nant pour assurer une crois- ceux de la fabrication d’équi- sance économique durable pements automobiles, de et créatrice d’emplois, le Ma- composants et de sous-com- roc a développé, depuis plu- posants électroniques et aé- sieurs années, une stratégie ronautiques. Enfi n, sur le plan consistant à la création d’un fi scal, en plus des exonéra- cadre institutionnel incitatif tions fi scales citées plus haut, encourageant les investis- les entreprises qui réalisent sements locaux et facilitant des investissements supé- l’implantation des investis- rieurs à 200 MDH bénéfi cient seurs étrangers. Ainsi, des d’une exonération du droit réformes économiques, so- © TFZ d’implantation et du TVA ap- ciales et juridiques ont été plicable aux biens d’équipe- mises en œuvre pour sécuriser et faci- de la TVA et de la patente pour les 5 ment, matériels et outillages néces- liter les investissements entrepris par premières années d’activité, l’exoné- saires à la réalisation de leur projet les nationaux et les étrangers. Avec ration de la taxe professionnelle pen- et importés directement par elles ou la « Charte de l’Investissement », le dant 5 ans, etc. pour leur compte. législateur marocain a tenu à assurer Par ailleurs, il faut souligner que la protection des investisseurs dans Régime conventionnel l’Etat marocain a installé des zones le cadre d’accords internationaux à En plus des incitations fi scales, le franches dans certaines régions pour travers l’amélioration de l’environne- Maroc met à la disposition des in- attirer davantage d’entreprises dans ment juridique des affaires (Code du vestisseurs nationaux et étrangers ces zones dans le cadre d’une poli- travail, nouvelle loi sur la Société Ano- un régime conventionnel qui vise à tique de développement régional. Les nyme, loi sur la propriété intellectuelle, encourager les investissements et entreprises qui s’installent dans ces etc.) et la simplifi cation des procédures soutenir certains secteurs porteurs de zones franches bénéfi cient aussi d’im- d’installation des entreprises grâce, l’économie nationale grâce à une sé- portants avantages fi scaux : exonéra- notamment, aux Centre Régionaux rie de mesures incitatives. Ce régime, tion de la patente et de la taxe profes- d’Investissement et à la mise en place qui concerne les investissements dont sionnelle pendant 15 ans, exonération du Manuel des Procédures Liées à l’In- le montant est supérieur à 200 MDH illimité de la TVA, exonération de l’IS vestissement (MPLI). (18 millions d’euros), prévoit ainsi trois pendant 5 ans et application d’un Afi n d’encourager l’investissement types d’avantages au profi t de l’inves- taux réduit de 8,75 % pendant 20 ans industriel et promouvoir certains sec- tisseur dans le cadre de conventions et une exonération de l’IR pendant 5 teurs et régions, plusieurs mesures d’investissements à conclure avec ans suivie d’un abattement de 80 % fi scales ont été adoptées pour com- l’Etat. D’abord, il y a les aides directes pendant les 20 ans qui suivent. pléter l’arsenal économique dans le accordées par le Fonds de Promotion Enfi n, les entreprises exportatrices but de contribuer au développement des Investissements aux investis- bénéfi cient d’une exonération totale d’activités professionnelles à coûts seurs. Ce Fonds prend en charge cer- pendant les 5 premières années sui- très compétitifs. Ainsi, parmi les me- tains coûts liés au foncier, aux infras- vant leur création avant de subir une sures fi scales incitatives prévues pour tructures externes et à la formation. imposition à un taux réduit de 17,5 % encourager l’investissement, dans Ensuite, il y a le Fonds Hassan II pour au titre de l’IS ou 20 % au titre de l’IR. le cadre de la Charte de l’Investisse- le Développement Economique et So- Grâce à toutes ces incitations fi scales ment, fi gurent l’exonération totale cial qui apporte des aides fi nancières à l’investissement et à l’amélioration de l’IS ou de l’IR pour les 5 premières aux projets d’investissement relevant de l’environnement des affaires, le années d’activité et un abattement de certains secteurs industriels pour Royaume a pu drainer un fl ux signifi - de 50 % sur le chiffre d’affaires pour l’acquisition du foncier, la construc- catif de capitaux privés nationaux et les 5 années suivantes, l’exonération tion ou l’acquisition des bâtiments étrangers vers les secteurs productifs.

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D OSSIER La mise à niveau, un impératif pour la survie des PME Le Pacte National pour l’Emergence Industrielle compte donner une nouvelle impulsion à la modernisation et à la compétitivité du tissu industriel marocain.

L’ouverture accrue de l’économie ma- rocaine au reste du monde impose des défi s importants à relever par l’entre- prise marocaine, notamment la PME qui représente plus de 95 % du tissu économique national. Outre l’intensifi - cation de la compétition sur le marché local faisant suite au démantèlement des barrières tarifaires et non tarifaires, elles doivent aussi se moderniser pour pouvoir saisir les opportunités offertes par l’extension des marchés accessibles. Ainsi, depuis le milieu des années 1990, les entreprises marocaines se sont en- CFCIM © CFCIM gagées dans des processus de mise à niveau de leur tissu industriel pour amé- accordant une prime d’investissement 4 Cités PME liorer leur compétitivité et se mettre aux à hauteur de 20 % du coût d’investisse- Ensuite, le plan vise la reconfi guration normes internationales. L’objectif visé ment avec un plafond de 5 MDH sur la et la consolidation du tissu industriel. est le renforcement des capacités de base d’un contrat de croissance et d’un Dans ce cadre, le lancement de deux production et l’amélioration durable de apport en fonds propres correspondant fonds d’investissement, l’un pour le la compétitivité des entreprises. à un minimum de 20 % du montant de capital investissement et l’autre pour Des efforts ont été consentis par l’Etat, l’investissement. Quant au programme la reprise et la transmission des PME, les entreprises et les bailleurs de fonds Moussanada, il vise à accompagner 500 peuvent contribuer fortement à la res- étrangers à travers plusieurs initiatives. PME par an à travers des programmes tructuration des PME grâce à l’apport Mais à l’heure du bilan, des efforts sup- fonctionnels. A noter qu’une enveloppe managérial et stratégique qu’offrent plémentaires s’imposent et l’arsenal de 3 milliards de dirhams est program- les fonds d’investissement. Enfi n, le de modernisation doit être redynamisé mée par les banques dans le but d’amé- programme de mise à niveau du Pacte pour accompagner les PME. liorer l’accès des PME au fi nancement. national pour l’Emergence Industrielle prévoit l’accélération du processus de Renforcer la compétitivité des PME Programme INMA création de nouvelles entreprises. Dans Ainsi, et dans le cadre de la nouvelle stra- Le Plan a également permis la mise en ce cadre, il est prévu la mise en place tégie industrielle, un plan cible pour la place de l’ambitieux projet INMAA. Pre- de 4 Cités PME dotées de toutes les in- croissance des PME et le renforcement mière adaptation au monde du concept frastructures et logistiques nécessaires de la productivité a été adopté. L’idée du d’usine modèle, avec pour vocation de pour améliorer leur compétitivité. nouveau programme de mise à niveau suivre sur le terrain la transformation En clair, dans le cadre de la stratégie in- est de remodeler le projet économique, opérationnelle en entreprise, le projet dustrielle du pays, la mise à niveau de la le profi l économique des entreprises, à INMAA est destiné à mieux positionner PME occupe une place centrale. Sur les travers l’assistance technique et mana- les PME marocaines, à raison de 100 111 mesures cibles prises dans le cadre gériale, l’accès au crédit. Le Pacte Natio- entreprises pas an, en termes de com- de ce plan, 48 concernent directement nal pour l’Emergence Industrielle a mis pétitivité et d’excellence opérationnelle la compétitivité des entreprises, notam- en place un programme volontariste de « lean management ». En ciblant les en- ment des PME. renforcement de la compétitivité des treprises locomotives du tissu industriel, PME autour de trois initiatives. D’abord, ce programme aura un effet macro- ce plan vise la croissance des PME et le économique majeur estimé à près de renforcement de leur productivité. Les 1,5 % du PIB national global d’ici trois à programmes Imtiaz et Moussanada sont quatre ans. La première usine-modèle a les principaux outils de ce plan en ma- été inaugurée par le Roi Mohammed VI tière de fi nancement. Le programme Im- en mai dernier sur le parc industriel CF- tiaz vise annuellement à accompagner CIM de Bouskoura. Une deuxième usine © CRI Rabat 50 entreprises à fort potentiel en leur est déjà prévue sur Tanger.

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‘‘ L’économie marocaine n’a pas le temps de s’ajuster ‘‘ Regard d’un industriel français installé au Maroc : Didier Ferrali, PDG de Romain SA, société spécialisée dans la fabrication de chaussures.

Conjoncture : Qu’est-ce qui caractérise sique de l’entreprise, comme la ren- l’environnement industriel tant sur le tabilité, le développement du CA ou plan international que national ? encore la concurrence. Je pense qu’en Didier Ferrali : L’industrie, c’est avant dehors de la règle incontournable de tout « de la production », avec tous gestion rigoureuse, il est nécessaire ses besoins et ses contraintes pour d’être innovant et de rechercher les vendre un produit fi ni avec sécurité. produits nouveaux et des procédés Pour nous, aujourd’hui l’industrie de nouveaux. Pour cela, nous n’avons la chaussure nécessite un environne- pas hésité à changer de stratégie en ment de matières premières locales passant de la sous-traitance à la co- ou importées. Il convient de noter que traitance, en allant même chercher les composants d’une chaussure sont des clients pour notre propre client, à nombreux et à l’instar d’un puzzle, lier des partenariats et à passer à nos

s’il manque un élément la chaussure propres produits en co-créant ou en © DR ne peut être produite. A cela s’ajoute créant des modèles. Didier Ferrali, PDG de Romain SA le besoin de qualifi cation du person- Il faut aussi savoir changer de clients nel et surtout des débouchés fi ables et quelquefois de pays .Pour cela, tuations ou de pallier certaines pro- quantitativement et fi nancièrement. nous avons du remplacer le marché blématiques. Le niveau de compétiti- Aujourd’hui cet environnement idéal français et passer en Italie, en Angle- vité actuel est un facteur très récent. est problématique. Le cuir, matière terre et en Espagne. Cela nous oblige Il y a 12 ans, l’économie n’était pas du première essentielle et objet de spé- bien sûr à quelques gymnastiques tout la priorité. Depuis, les choses ont culation aujourd’hui, est la cause d’un car les mentalités et les modes opé- évolué et on peut le dire avec un clin approvisionnement diffi cile et la ten- ratoires sont différents. Nous avons d’œil à l’histoire, ont fait l’objet d’une sion sur les prix à la hausse crée un aussi recherché des niches qui néces- quasi révolution. Et le prix à payer, nouvel handicap, comme l’est aussi sitent une transformation ou l’acqui- c’est le travail ! une augmentation non prévue du sition du savoir faire et c’est la seule SMIC qui nous oblige à revoir l’en- solution pour sécuriser les marchés. A l’heure où le Maroc se dote d’in- semble des salaires de l’entreprise. En Mais cette fl exibilité tout azimut est frastructures industrielles comme les effet, notre environnement n’est pas très dure et conduit le chef d’entre- Plate-formes industrielles intégrées un boursier et nos prix font l’objet de prise à multiplier les casquettes qui, (PII), considérez-vous que le Royaume contrats qui n’ont jamais tenu compte au Maroc, font déjà partie de la tenue a une carte...industrielle à jouer ? de tels phénomènes. du dirigeant. Je ne sais pas car je n’ai pas encore D’autre part, le débouché de nos pro- visité ces structures mais mon ana- duits devient de moins en moins sûr Si la santé n’a pas de prix, mais un lyse est claire. Si les P2I du Maroc se et fi able. Les clients, même habituels, coût, qu’en est-il du prix à payer pour limitent à devenir des centres de lo- sont très souvent infi dèles et changent être compétitif ? gistique dans lesquels on ne fait que leurs sources d’approvisionnement en Aujourd’hui très cher avec en co- de l’emballage au profi t d’autres pays fonction du moins disant. Cela nous rollaire beaucoup d’insécurité et ou des centres d’accessoirisations, met dans un environnement très ins- d’instabilité Pourquoi ? Parce que le nous n’arriverons jamais à créer les table, sans sécurité, peu engageant système économique actuel privilé- fondamentaux indispensables à une pour des nouveaux investissements gie le marché et que l’accélération économie durable et solide ; et les res- tant fi nanciers qu’humains, pourtant actuelle ne permet pas à des écono- sources humaines n’évolueront point. nécessaires. mies naissantes comme celle du Ma- Par contre si ces plate-formes pro- roc le temps de s’ajuster. Pourquoi ? duisent réellement et sont généra- Dans une économie mondialisé, com- Car la base du développement, c’est trices de PIB avec une valeur ajoutée ment un industriel installé au Maroc l’homme et non la machine ou la fi - requérant le développement ou le fait-il face aux défi s de la mondialisa- nance, et nous souffrons d’un réel dé- perfectionnement des compétences tion ? fi cit dans ce domaine. L’économie ne humaines synonymes d’un réel déve- La mondialisation ne fait qu’accentuer se décrète pas ! Même si les décrets loppement, là résidera notre carte à ou exacerber la problématique clas- permettent de résoudre certaine si- jouer entre l’Europe et l’Afrique.

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J URIDIQUE

Transformer une personne physique en société passible de l’IS

Taux d’imposition réduit, avantages par conséquent la plus value éven- qui doit en outre souscrire une déclara- liés à la transformation, amnistie fi s- tuelle qui est généralement signifi - tion dans les 30 jours suivant l’apport cale : la loi de fi nances 2011 prévoit un cative était imposée au taux le plus et qui reprend plusieurs informations ensemble de mesures afi n d’encou- élevé, soit 38 %. Dans le cadre de la sur cette société et sur ses associés. rager et faciliter la transformation de Loi de Finances 2011, cette opération personnes physiques en sociétés pas- de transformation ne génère d’impo- III. Amnistie des contribuables ope- sible de l’IS. sition sur la plus value que lors de la rant dans le secteur informel cession défi nitive. • Les contribuables exerçant une ac- I. Instauration du taux reduit Il existe une neutralité fi scale pour tivité professionnelle antérieurement Premier avantage non négligeable : le les éléments amortissables, alors que au 1er janvier 2011 et qui s’identifi ent taux d’imposition des PME qui est de pour les éléments non amortissables, pour la première fois auprès de l’ad- 15 % au lieu du taux de droit commun les plus-values éventuelles seront im- ministration fi scale, en s’inscrivant au de 30 %. Ce taux est appliqué lorsque posées lors de la cession ou du retrait. rôle de la taxe professionnelle bénéfi - le chiffre d’affaires est inférieur à 3 Il s’agit d’un transfert de l’imposition cient d’une amnistie au titre de cette millions de dirhams. au moment de la réalisation. De plus période. Par ailleurs, la transformation de la cette cession risque de ne pas avoir • Cette mesure est transitoire, elle est personne physique et personne mo- lieu car ces éléments resteront dans applicable pour la période allant du 1er rale permettra de réduire l’imposition le patrimoine de la personne morale, janvier 2011 au 31 décembre 2012. surtout lorsque le résultat imposable c’est-à-dire la SAR. Et dans le cadre est supérieur à 163.000 dirhams. de la transmission par héritage, par Fouad Akesbi, exemple, il sera plus avantageux de Associé Gérant du Cabinet AD Associés II. Avantages specifi ques accordés transférer des parts sociales avec un Président de la Commission Juridique et Fiscale dans le cadre de la transformation des taux d’imposition à 20 %. de l’Ordre des Experts Comptables personnes physiques en personnes Autre avantage non négligeable, le Membre de la Commission Juridique, Fiscale et morales taux d’imposition au titre de l’IS (Im- Sociale de la CFCIM pôt sur les Sociétés) est réduit de moi- II.1. Neutralité fi scale tié, soit 15 % au lieu de 30 % pour les A titre transitoire pour la période al- commerces dont le chiffre d’affaires Comment procéder ? lant du 1er janvier 2011 au 31 décembre est inférieur à 3 millions de dirhams. 2011, les opérations de transformation Un avantage qui est surtout valable 1. Etablir un inventaire actif et passif des activités exercées à titre individuel pour les sociétés dont le résultat impo- de l’entreprise personne physique ; par des personnes physiques, en socié- sable est supérieur à 163.000 dirhams 2. Procéder à une évaluation certifi ée té anonyme ou société à responsabi- (voir tableau). par un commissaire aux apports lité limitée, ne seront pas imposables. (commissaire aux comptes) ; La Loi de Finances 2011 a ainsi institué II.2. Droits d’enregistrement 3. Etablir un traité d’apport en préci- une neutralité fi scale pour les élé- Le montant des droits d’enregistre- sant l’apport du bail le cas échéant ; ments amortissables alors que pour ment de l’acte constituant l’apport est 4. Constituer une société passible de les éléments non amortissables, les fi xé à MAD 1.000, quelque soit la va- l’IS pour recevoir ledit apport ; plus values éventuelles seront impo- leur d’apport. 5. Accomplir les formalités de l’enre- sées lors de la cession ou du retrait gistrement au taux fi xe de 1.000 (transfert de l’imposition au moment II.3. Conditions de réalisation dirhams ; de la réalisation). • les éléments d’apport doivent être 6. Inscription à la taxe professionnelle Autrement dit, avant l’instauration de évalués par un commissaire aux ap- de la personne morale et radiation la Loi de Finances 2011, l’opération de ports choisi parmi les personnes habi- de la personne physique ; transformation était considéré fi sca- litées à exercer les fonctions de com- 7. Dépôt au greffe et immatriculation lement comme étant une cession est missaires aux comptes ; au registre de commerce de la per- • ledit apport sonne morale ; Bénéfi ce doit être effectué 8. Déposer une déclaration dans un 48.000 100.000 163.800 250.000 400.000 réalisé entre le 1er janvier et délai de 30 jours au service des im-

IR 1.800 16.800 38.492 70.600 127.600 le 31 décembre 2011 ; pôts de l’état des éléments appor- • Constitution d’une tés ; IS 15%* 11.280 23.500 38.493 58.750 94.000 société devant béné- 9. Accomplir les formalités de publi- IS 30%* 17.760 37.000 60.606 92.500 148.000 fi cier de cet apport, cité. * Y compris la taxe sur les dividendes

Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 33 F INANCES

Crédits à la consommation : les perspectives du secteur Interview avec Tarik Sekkat, Directeur associé BFIVE Consulting, Cabinet conseil en stratégie qui a réalisé une étude sur le secteur pour le compte du Conseil de la Concurrence (juin 2011).

Conjoncture : Comment se porte le sec- aux alentours de 139 / an (contre 578 teur du crédit à la consommation ? en Turquie, 2757 en Espagne, 2 212 en Tarik Sekkat : Le tableau que l’on peut France ou 3398 en Grèce). Néanmoins la brosser du secteur est assez contrasté : part du crédit à la consommation dans une bonne performance globale du sec- le revenu national brut se situe tout près teur mais une fragilité structurelle d’une de la moyenne méditerranéenne. partie des acteurs. C’est un secteur qui bénéfi cie en effet d’excellents fonda- Dans quel environnement économique mentaux avec 21 % de croissance an- et réglementaire, le secteur du crédit nuelle en moyenne de l’encours distri- consommation évolue-t-il ? bué de 2005 à 2009. Soit un encours de L’environnement économique et ré-

plus de 65 milliards de dirhams en 2009, glementaire est plutôt favorable avec © DR dont 55 % est distribué par les sociétés l’existence d’une gouvernance qui a pris Tarik Sekkat, Directeur associé BFIVE Consulting de crédits à la consommation et 45 % ses marques et qui exerce une forte in- par les banques. Les crédits à la consom- fl uence sur les opérateurs à travers un ailleurs, un potentiel de consolidation mation occupent une place de plus en arsenal dédié à la supervision et le cas supplémentaire au niveau des petits plus importante dans le PIB national échéant à la sanction, entre l’APSF (As- acteurs avec la nécessité de prévoir les (9 % en 2009 contre 5,8 % en 2000). Cela sociation professionnelle des sociétés garde-fous nécessaires, pour éviter une est dû à l’effet conjugué de plusieurs de fi nancement), qui regroupe toutes situation de Dominant Market Position. facteurs : l’augmentation des dépenses les sociétés de fi nancement et qui se Deux acteurs concentrent plus de la moi- des ménages, l’émergence de nouveaux charge de défendre leurs intérêts et la tié des encours de crédits à la consom- modes de consommation chez les ma- Banque centrale qui veille au respect mation, il s’agit d’Eqdom (23 % de l’en- rocains, l’augmentation des revenus et des dispositions réglementaires. La créa- cours) et Wafasalaf (33 %), quant 3/4 des l’amélioration relative de la situation du tion de l’APSF en 1993 a très largement opérateurs du marché «se contentent» marché du travail. Les ménages ont de contribué à structurer et assainir le sec- de moins de 20 % des encours. Le mar- plus en plus recours aux établissements teur et la vigilance de la Banque centrale ché est également très concentré géo- de crédits et le crédit à la consommation à permis la purge du secteur par l’exclu- graphiquement, 50 % de l’encours est constitue la deuxième composante de sion des revendeurs et intermédiaires concentré sur l’axe Casa-Rabat. leur endettement. Mais cette bonne frauduleux. S’agissant de la protection performance du secteur cache de très des consommateurs, une nouvelle loi Qu’en est-il du niveau de l’endettement fortes disparités entre les principaux (31-08) en consacre le cadre juridique et des ménages ? acteurs du marché et les nombreux pe- apporte de nombreuses améliorations Il faut savoir que le crédit à la consom- tits opérateurs. Lesquels sont fragilisés pour le consommateur. Néanmoins, de mation constitue une composante par des conditions de refi nancement nouvelles pistes pourraient encore être importante de l’endettement des mé- plus élevées, une faible maîtrise de la développées : le renforcement de la nages. Il représente la deuxième source chaîne de risque qui permet de limiter transparence sur les prix, la réglementa- d’endettement après le crédit à l’habitat. le taux de créances en souffrance et le tion sur les switching costs et les condi- Les sociétés de crédit à la consomma- très faible niveau d’industrialisation des tions de marché. tion ciblent essentiellement des clients critères d’octroi de crédits avec notam- à faible risque et qui ont une appétence ment l’utilisation d’outils de scoring. Quelle est la structure du marché ? élevée pour les crédits, notamment les La structure du secteur cadre globa- fonctionnaires (actifs ou retraités), prin- Et si vous deviez procéder à une dé- lement avec les standards interna- cipaux bénéfi ciaires de ces crédits et les marche comparative entre le Maroc et tionaux : comparativement déjà très salariés du secteur privé conventionnés les pays du pourtour méditerranéen ? concentrée mais sans aucun signe (actifs ou retraités). Le nombre de cré- En valeur absolue, le crédit conso par apparent de cartellisation et une ou- dits contracté par les cinquantenaires a habitant au Maroc apparaît faible com- verture relativement limitée sur des plus que doublé en cinq ans. En terme paré aux principaux marchés médi- actionnaires étrangers (SOFINCO chez d’endettement, les consommateurs terranéens avec un encours se situant WAFASALAF, RCI, CETELEM). Il existe, par aux tranches de revenus extrêmes (- de

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3000 dhs et + 9000 dhs) sont ceux qui relais majeur des attentes de ces der- des fi liales spécialisées de la grande dis- s’endettent le plus. Néanmoins, et au niers. L’émergence d’Internet, encore tribution qui distribueront des crédits regard d’une concurrence acharnée sur embryonnaire aujourd’hui, sera à suivre au sein de leurs enseignes. Le marché du le marché, les opérateurs du crédit à la avec beaucoup d’intérêt. En effet, il crédit à la consommation au Maroc est consommation tendent vers un élar- devrait apporter à la fois plus de trans- à l’image d’autres marchés européens, gissement de leur cible principale en parence (contribue à faciliter les com- notamment la France, avec une très s’adressant à une population plus «ris- paraisons de taux et de services entre forte concentration. Les changements quée » ou évitant les crédits du fait de opérateurs) mais également plus de qu’on connu ces marchés vont sans au- «l’interdit religieux », en proposant des risques (accès plus facile au crédit). cun doute également se produire sur le produits adaptés. De nouveaux acteurs émergeront, marché national, avec une déconstruc- parmi lesquels la Banque Postale désor- tion de la chaine de valeur et la sépa- Selon vous, quel avenir pour le secteur mais autorisée à distribuer des crédits ration des activités de production, des sur le court et moyen terme ? à la consommation et dont l’appétit activités de distribution. C’est le cas en Des mouvements de concentration pour ce secteur ne saurait tarder, sera France avec l’avènement de Carrefour vont probablement continuer à s’opé- un concurrent de taille grâce à la taille comme grand opérateur du secteur. rer au niveau des challengers pour dis- de son réseau lui donnant une force de poser d’un effet taille et des économies frappe unique sur le marché. On devrait Propos recueillis par Rachid Alaoui d’échelles correspondantes et participe- assister à terme, comme en France, à [email protected] ront à la poursuite de la consolidation du secteur (en France 10 acteurs pèsent pour 60 % du marché). Les leaders sont moins dans cette optique car elles dis- posent déjà d’une masse critique im- portante et leur croissance endogène équivaut au rachat d’un challenger. Les indépendants vivent grâce en général à la personnalité de leur fondateur et dirigeant et lorsque la succession n’est pas pensé, ce qui reste souvent le cas, elles peuvent alors présenter un risque de survie à terme. Ces sociétés n’inté- ressent pas du tout les leaders compte tenu de leur taille et ont peu de chance d’intéresser les challengers car elles opèrent sur des niches et sont peu structurées et peu capitalisées. Tout au plus, nous pourrions observer un jeu de rapprochement entre elles, mais ce qui pour l’instant pas encore été le cas. Alors que le taux d’usure limite l’extension du marché en excluant les populations «à risque», certains acteurs essaient de développer des modèles near-prime (clientèle à risque) via le développement de fi liales Low Income Banking, ce qui pourrait fortement concurrencer l’acti- vité des plus petites sociétés de crédits et les fragiliser davantage en attaquant leurs segments de clientèle. Ce déve- loppement est possible sur des profi ls de clients plus risqués via la création de fi liales spécialisés, comme c’est le cas en France avec une fi liale de Sofi nco. L’apparition à terme de véritables as- sociations de défense des consomma- teurs à l’instar de UFC-Que Choisir en France, ira vers un rééquilibrage des pouvoirs entre les sociétés de crédits et les consommateurs par la création de

Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 35 M ANAGEMENT – RH Expatriés au Maroc : ne négligez pas votre adaptation culturelle Si changer d’entreprise peut être déstabilisant, s’installer dans un nouveau pays peut s’avérer beaucoup plus diffi cile car notre système de valeur est réellement remis en cause.

Une enquête récente (1) sur la mobilité La langue française donne très sou- liser un document dans un délai précis, fait ressortir deux défi s majeurs de l’ex- vent un caractère formel à l’échange la réponse ne sera jamais négative. patriation : l’adaptation au nouvel en- (cadre d’une réunion par exemple). A Mais un « oui » de forme cache souvent vironnement professionnel et l’adapta- contrario, le darija est souvent utilisé un « non » sur le fond. C’est pourquoi il tion au nouvel environnement culturel pour créer, sciemment ou non, une re- est important de développer une intel- (pour respectivement 52 % et 35 % des lation de proximité avec son interlocu- ligence de situation pour être en me- expatriés sondés). Les deux sont inti- teur. Cela signifi e qu’un français qui sure d’interpréter une réponse souvent mement liés et doivent être préparés ne parle pas le darija et qui souhaite formelle. conjointement et ce, d’autant plus que créer une relation de proximité avec L’écart culturel est un facteur de risque la tendance favorise l’expatriation sur son homologue devra compenser en managérial ou business dans de nom- une courte ou une moyenne durée (6 adaptant son style de communication breux domaines : approche commer- mois à 2 ans), ce qui réduit fortement le par d’autres moyens : langage corporel ciale, management d’équipe, relation délai d’adaptation. ou humour par exemple. client, style de communication, éva- La France et le Maroc sont des par- luation individuelle,... Ce qui peut tenaires historiques et les liens s’apparenter à un détail pour un économiques tissés entre les deux salarié français (style de discours, pays sont très puissants. C’est un comportement, etc.) peut être per- cadre général rassurant pour un in- çu comme un acte important par vestisseur ou une entreprise. Mais son homologue marocain, et inver- cela signifi e-t-il qu’il est naturel et sement. aisé pour un français expatrié de Il est donc essentiel pour un expa- s’intégrer professionnellement au trié, français ou autre, de se prépa- Maroc ? Les apparences sont par- rer à travailler au Maroc. Cela passe fois trompeuses. par plusieurs étapes : d’abord com- prendre les fondements du sys- Réalité quotidienne complexe tème de valeur du Maroc (connais- Plusieurs facteurs laissent à penser sance de son histoire, sa société, que le français arrive au Maroc en son système éducatif, etc.) puis ré- terrain connu : proximité géogra- fl échir à son propre système de phique, histoire croisée, popula- valeur et enfi n anticiper les écarts tions habituées à se côtoyer et une © 123.rf pour adapter son comportement. langue d’affaire partagée. Pourtant derrière cette façade se cache une réa- Ecart culturel Dans un pays émergent comme le Ma- lité quotidienne plus complexe. Un Citons un autre exemple de situation roc, la logique du co-développement, salarié ou un client marocain est ancré d’écart culturel. La société française associant un investisseur étranger dans un héritage socioculturel qui lui aime l’opposition et la contestation. à un investisseur marocain (projet, est propre avec des valeurs nationales L’individu se détache souvent en s’op- usine, société...), est de plus en plus communes et des valeurs individuelles posant quelle que soit la manière : privilégiée. Dans ce contexte, le « tra- spécifi ques. Nier ou minimiser cet écart calme ou vigoureuse, formelle ou in- vailler ensemble » remplace le « faire peut s’avérer en décalage complet avec formelle. Cela signifi e qu’un manager travailler » et le développement d’une la réalité et présenter un risque. français aura l’habitude d’être contre- compréhension mutuelle qui dépasse Prenons l’exemple de la langue. Dans dit, même par ses équipes (voilà pour- celle des chiffres des bilans comptables le monde de l’entreprise, de nombreux quoi les réunions de travail en France devient une clé de la réussite. marocains en maîtrisent au moins durent si longtemps !). Au Maroc, la deux : le darija et le français. Pour un culture en entreprise et les codes de (1) Berlitz Consulting – Livre Blanc 2010 étranger, il est important de com- politesse sont différents. Le « non » prendre que l’utilisation par un ma- n’existe pas ou alors est réservé au su- Charles Pommarède rocain de l’une ou l’autre des langues périeur hiérarchique. Si je demande à Fondateur et gérant de Maroc Integration est rarement anodine et porte un sens. un salarié ou à un fournisseur de réa- [email protected]

Conjoncture N° 929 - Septembre - 36 MANAGEMENT – MARKETING Les smartphones révolutionnent le marketing mobile Avec l’arrivée de l’iPhone et autres smartphones, internet débarque sur nos mobiles. Au-delà du traditionnel SMS publicitaire, le marketing mobile franchit un pas supplémentaire.

« Cher Client, du 10 au 15 septembre, s’y mettent. C’est le cas de Zurich, profi tez… » Ces SMS sont légion de- qui vient de lancer une application puis plusieurs années. L’avènement dédiée à ses clients. « Cela ouvre du portable a permis au marketing aussi vers un push marketing évo- one-to-one (relationnel) d’avancer lué, c’est-à-dire une information à signifi cativement. Aujourd’hui, avec faire passer, qui peut être envoyée les nouvelles applications dispo- sous forme de pop-up. Cela permet nibles sur portable, des contenus également d’intégrer des ban- d’informations et de services débar- nières publicitaires. Globalement, quent via internet pour être dispo- on fait un bond dans le développe- nibles instantanément. Une aubaine ment de ce type d’applications ». pour les marques. poursuit le Directeur Général de Jet Multimedia. Pourtant, afi n de jouer Musique, horaires d’avion et livre pleinement sa fonction d‘outil de en ligne marketing de masse, l’accessibilité Téléphone, mail, internet, iTunes… reste un pré-requis. en faisant converger une large batte- rie de services, l’iPhone offre encore Une rupture marketing ?

plus de confort et de services à ses © 123rf.com Côté facture, l’iPhone démarre utilisateurs. « Avec les applications à près de 4.500 Dh forfait inclus. mobiles comme sur l’iPhone, on va té- web disponibles sur téléphone mobile. Deuxième contrainte pour l’heure : pour lécharger les applications d’une entre- Mais c’est bien l’iPhone qui bouleverse accéder au sésame d’iTunes, il faut pas- prise. On entre dans des logiques très les usages. ser par la plate-forme Applestore de la ergonomiques pour disposer et envoyer France, donc disposer d’une carte ban- de l’information à la demande et/ou de L’iPhone permet de proposer le bon caire internationale pour les applications dernière minute. » explique le Directeur contenu au bon endroit payantes. « Des applications maroco- Général de Jet Multimedia, spécialisée Avec ses nombreuses fonctionnalités de marocaines sont en cours » rassure-t-on depuis plusieurs années dans l’adapta- messageries, agenda, photos et fi lms…, chez Meditel. Un coût qui positionne le tion et à la diffusion de contenus. Lancé le nouveau terminal est une mine d’in- terminal parmi les medias de niche, loin le 10 juin par Meditel, cet ordinateur de formation et de services. « L’iPhone du marketing de masse. « Le taux de pé- poche est une révolu- apporte toutes les nétration de la donnée internet à partir tion technologique en Une seule exigence fonctionnalités de du mobile est faible. Globalement, l’en- soi. « C’est le tout dé- géolocalisation, ce qui vironnement est prépayé, on utilise le but. S’il fallait un mot pour ne pas rater ce permet de proposer au terminal pour téléphoner et envoyer des pour qualifi er le lance- client le bon contenu SMS. Il est limité à des CSP orienté A et ment, ce serait engoue- virage technologique : au bon endroit. » in- B alors que le but du marketing mobile ment », souligne-t-on développer des conte- dique encore Eric Ti- est de toucher tout le monde, pas seule- chez Meditel. Pour le berghien. Le client a la ment une toute petite partie. » analyse Directeur Général de nus adaptés. possibilité de consulter le Directeur Général de Jet Multimedia Jet Multimedia, « ce information ou ser- soulignant néanmoins les efforts des type de terminal (est) extrêmement vice où qu’il soit. Pour les entreprises et opérateurs « pour réduire le coût d’accès communicant et évolutif (…). Jusqu’à leurs marques, c’est aussi le début d’une à la donnée ». Bref, si l’iPhone révolu- présent, le plus classique était le push nouvelle aventure. A la clef : une rela- tionne la technologie et les usages, son SMS soit 90 % de la pratique- concrète- tion-client encore plus personnalisée. impact sur le marketing mobile reste à ment, une base de données et un mes- Une seule exigence pour ne pas rater ce confi rmer, selon l’engouement… des en- sage à passer avec une restriction sur virage technologique : développer des treprises cette fois. le nombre de caractères.». Autre tech- contenus voire des services adaptés à ce nique en pointe, les applications de type nouveau terminal et aux attentes des Anne-Sophie Colly wap : des plate-formes proches des sites utilisateurs. Une poignée d’entreprises [email protected]

Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 37 M ANAGEMENT – RSE Education environnementale : des gouttes d’eau pour l’océan L’éducation environnementale est la pierre angulaire de nombreuses actions de responsabilité sociale. Regard sur la démarche préférée des entreprises engagées.

« Nous travaillons pour les générations futures ; sous l’angle environnemental, celles actuelles sont fi chues », confi e ce Directeur Général de multinationale un brin désabusé. Pourtant, de nom- breuses initiatives privées sont mises en œuvre pour promouvoir l’éducation environnementale auprès des enfants, mais aussi des moins jeunes.

« Corriger la conviction courante que ce qui advient de notre environnement ne résulte pas de nos propres actions » Stress hydrique, problématique éner- gétique, ou encore pollution des sols, au Maroc comme ailleurs, la probléma- tique écologique se pose avec acuité. En Asie, les estimations prévoient qu’avec trois degrés supplémentaires, le Gange, © 123.rf fl euve stratégique pour près d’1 milliard de personnes, pourrait disparaître. Der- qui agissent ailleurs. » souligne le fas- de toutes les parties prenantes. Dans ce rière, des questions concrètes : com- cicule thématique édité sur la question cadre, l’éducation environnementale ment boire ? Comment maintenir une par l’UNESCO. L’environnement est des générations futures occupe une agriculture, se laver, prier, ou plus glo- d’ailleurs inscrit dans les textes fonda- place importante. » poursuit Abdellah balement, comment préserver la vie ? teurs de la responsabilité sociale et du Talib. En revenant plus près de nous, la défo- développement durable. Plus récem- Mondiaux ou locaux, les enjeux concer- restation et la sécheresse gagnent du ment, l’OCDE a placé la lutte contre le nent tout le monde. Depuis deux ans, la terrain et affectent la vie quotidienne. changement climatique au cœur de ses Société Générale soutient l’association Y-aura-t-il un jour des réfugiés clima- principes directeurs (lire encadré). Mawarid. Sa principale mission : faire de tiques au Maroc ? Bien qu’à géométrie l’éducation auprès des jeunes mais aus- variable, ces problèmes environnemen- « C’est une cause pour laquelle il faut si des populations dans les souks afi n taux ont un impact économique et so- qu’on se sente tous impliqués » de sensibiliser le plus grand nombre à la cial direct. « L’environnement du Grand Au Maroc, cet effort de sensibilisation non-utilisation de sacs plastiques, « en Casablanca souffre des est l’œuvre de plu- particulier le sac noir qui met autant de rejets directs d’eaux sieurs initiatives pri- temps à se détériorer » insiste Isabelle usées domestiques et Il ne s’agit pas seu- vées. « Cela fait partie Haouch. Déroulé l’année dernière, le industrielles en mer. » lement de sensibiliser, de nos axes d’inter- projet Marrakech sans sacs plastiques, indique pour sa part vention en matière «Baraka min mica» a reçu les suffrages Abdellah Talib, Di- au sens où on redes- de RSE. C’est un choix. de la banque. « Mawarid avait mis en recteur des relations Nous avons sélection- place un programme d’actions dans institutionnelles. de cend de l’information, né quelques opéra- les écoles avec des opérations diverses Lydec Principal ob- mais aussi d’animer. tions et associations. de ramassage de sacs plastiques, mais jectif de l’éducation Nous sommes parte- aussi de contes, de chants et de comp- environnementale : naires et actifs. » in- tines ainsi que des ateliers d’informa- provoquer une prise de conscience et dique Isabelle Haouch, Directrice mar- tion. » poursuit la Directrice marketing stimuler l’action. « L’un des grands en- keting et communication de la Société et communication. Autre angle de vue jeux de l’éducation environnementale Générale Maroc. Même préoccupation intéressant du projet : un ciblage des des adultes est de corriger la conviction chez le gestionnaire délégué du Grand adultes à travers des présentations aux courante que ce qui advient de notre Casablanca. « Lydec est engagée dans commerçants dans les souks de la ville. environnement ne résulte pas de nos une politique de développement du- Même enjeu de sensibilisation chez Ly- propres actions, mais de celles de tiers rable qui prend en compte les attentes dec qui organise sa 10e exposition sur le

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thème de l’environnement. « (…) « Agir pour la Biodiversité » a pour but de faire Mise à jour des Principes Directeurs de l’OCDE à l’intention découvrir au grand public, en particu- des multinationales lier les jeunes et les enfants, les fragiles Les principes directeurs de l’OCDE ont été actualisés en mai dernier. Défi nies équilibres qui régissent les espèces et comme des normes volontaires de conduite, ces recommandations à caractère leurs interactions avec l’Homme. Cette non contraignant sont adressés aux multinationales par les gouvernements exposition met également en exergue pour « une conduite responsable dans le contexte international». Elles concer- des éco-gestes simples qui permettent nent plus spécifi quement huit domaines : de préserver au quotidien notre envi- • les droits de l’homme ronnement et d’éviter de le détério- • l’emploi et relations professionnelles rer. » souligne encore Abdellah Talib. • l’environnement

• la lutte contre la corruption, la sollicitation de pots de vin et d’autres formes « Il ne s’agit pas seulement de sensi- d’extraction biliser mais aussi d’animer et de faire • les intérêts des consommateurs participer » • la science et les technologies Au-delà de messages ascendants, • la concurrence l’implication des collaborateurs est • la fi scalité un autre levier de l’éducation envi- ronnementale envisagé de façon plus marginale. Une option que la Société aussi se mobiliser à travers des gestes canalisations. Ces gestes simples que Générale se targue de déployer régu- quotidiens. « Nous recommandons na- chacun peut porter, sont en totale adé- lièrement à travers des concours ou turellement l’économie d’énergie en quation avec les enjeux nationaux. » appels à idées. « Il ne s’agit pas seu- éteignant la lumière chaque fois qu’on conclut le Directeur des relations insti- lement de sensibiliser, au sens où on quitte une pièce et la préservation de tutionnelles de Lydec, un appel à l’im- redescend de l’information mais aussi la ressource eau dans nos moindres plication et à la bonne volonté de tous. d’animer. Le succès, c’est la participa- usages ainsi qu’en signalant toute fuite A bon entendeur ! tion des collaborateurs. » indique-t-on sur la voie publique. De plus en plus, également à la banque. nous invitons nos clients à être plus Anne-Sophie Colly Sur cette question, participer, c’est attentifs à ce qu’ils rejettent dans les [email protected]

Conjoncture N° 929 - Septembre 2011 - 39 NTIC Coup de projecteur sur les offres Télécom Entreprises Forfaits, offres additionnelles : les opérateurs nationaux sont en concurrence directe sur les prix et la qualité de services.

Le rapport du WEF « The Global In- méros , 7j/7. De son côté, Méditel formation Technology Report 2010- ne propose pas d’offre à 30 heures. 2011 », fait un classement de l’usage Bien sûr, chaque opérateur offre et de l’accès des TIC dans 138 pays. d’autres services additionnels, type Pour l’accès des business au TIC, le accès 3G gratuit ou des numéros spé- Maroc est classé 120ème dans la caté- ciaux gratuits ou payants, mais ces gorie «qualité des infrastructures TIC offres peinent à contrer l’avantage pour business », 78ème en qualité des offre/prix d’Inwi», indique Anas Fi- fournisseurs d’accès locaux, 118e en lali. tarifi cation téléphonie fi xe, 119e en ta- rifi cation téléphonie mobile et 32ème Marketing agressif mondial en prix d’accès ADSL. Il n y a pas d’offre prépayée mobile © 123rf.com spécifi que aux entreprises. Elle s’in- 78 % des entreprises équipées en tègre dans l’offre grand public qui mobile le prépayé à 96 %» ajoute Anas Fi- se caractérise aujourd’hui par une « Le marché des télécoms au Ma- lali. Pour ce qui est des offres mobile grande concurrence sur les prix roc est un marché oligopolistique. destinées aux entreprises, l’offre en et les offres accessoires. Ceci dit, Le régulateur, l’Agence nationale de téléphonie mobile en général est le chaque opérateur essaie de se dé- régulation des télécommunications secteur qui connait le plus de concur- marquer par une offre additionnelle (ANRT) peine quelque peu à jouer un rence entre les 3 opérateurs. Suite au rapidement reprise par les autres rôle en faveur du consommateur. Sa déploiement par chaque opérateur de concurrents. «Le combat se place forme actuelle empiète en partie sur son propre réseau, une concurrence dans l’effort marketing parfois avec l’activité d’une agence nouvellement sur la disponibilité/accessibilité est des pratiques agressives, type dis- créée en 2009, le Conseil de la concur- quasi désuète en 2011. Les opérateurs tribution de puces téléphoniques rence. Ceci dit, malgré ces conditions se retrouvent en concurrence directe gratuites dans les zones de grande et devant l’obligation vitale d’accès sur les prix et la qualité des services. affl uence ou démarchage par porte à aux télécommunications, en 2010, porte», dixit Anas Filali. 98 % des entreprises sont équipées Appels intra fl otte illimités Quant à l’offre fi xe /ADSL Entre- en téléphonie fi xe, 91 % en internet « Pour l’offre mobile « voix » entrée prises, un accès Internet stable et sé- (avec une majorité d’ADSL à 88 %) et de gamme, les 3 opérateurs s’ali- curisé est nécessaire à l’activité d’une 78 % en mobile», explique Anas Filali, gnent sur le prix (Forfait 2h30 à 150 grande partie des entreprises. La Directeur général INEPED (Interna- Dhs HT). L’opérateur historique offre technologie de l’internet mobile ne tional Network for Peace & Develop- un service additionnel d’appels Intra permet pas actuellement d’avoir un pement), entreprise sociale spéciali- fl otte Fixe et mobile illimités pour 49 débit stable et continu dans le temps. sée dans le conseil stratégique et la Dhs HT en sus de l’abonnement. D’ailleurs, les chiffres de l’ANRT sont mobilisation sociale. Mais cela ne Si Méditel se démarque par la gra- parlants : l’ADSL s’accapare la part du s’est pas fait sans coûts. En effet, l’ac- tuité de l’offre additionnelle d’intra lion dans le marché avec plus de 88 % cès aux NTIC absorbe 14 % de l’inves- fl otte illimité, l’opérateur Inwi, pro- des entreprises qui y sont abonnées. tissement dans le secteur des services pose un service plus avantageux par Afi n d’avoir accès au service ADSL, et 10 % dans les entreprises de 10 à 19 la gratuité des appels vers tous les les entreprises se voient obligées de employés. numéros Inwi (et non pas seulement prendre l’offre de la téléphonie fi xe les numéros Intra fl otte), du lundi au d’IAM. Malgré les annonces publici- Avantage offre/prix pour Inwi vendredi entre 8h et 20h pour le for- taires parlant d’offres distinctes, la «Les parts de marché de chaque opé- fait entrée de gamme de 2h30. souscription à un accès ADSL néces- rateur télécom sur le segment «entre- Pour le forfait 30 heures, les deux site en effet un abonnement d’accès prise» ne sont pas communiqué espar opérateurs Maroc Télécom et Inwi, ligne fi xe. Maroc Télécom détient le régulateur. Globalement, dans la affi chent le même prix (1314 Dhs HT). 99,8 % des parts de marché de l’ADSL totalité du marché (toutes catégo- Cette fois-ci, les appels intra fl otte (particuliers et entreprises). ries confondues), IAM détient près de sont gratuits chez Maroc Télécom, 50 % des parts de marché mobile, un mais Inwi possède l’avantage de la Rachid Alaoui marché mobile qui reste dominé par gratuité des appels vers tous les nu- [email protected]

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