Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013, « Transferts Culturels » [En Ligne], Mis En Ligne Le 18 Avril 2013, Consulté Le 22 Octobre 2020
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Revue Sciences/Lettres 1 | 2013 Transferts culturels Cultural transfers Michel Espagne et Valérie Gérard (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rsl/82 DOI : 10.4000/rsl.82 ISSN : 2271-6246 Éditeur Éditions Rue d'Ulm Référence électronique Michel Espagne et Valérie Gérard (dir.), Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013, « Transferts culturels » [En ligne], mis en ligne le 18 avril 2013, consulté le 22 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/ rsl/82 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsl.82 Ce document a été généré automatiquement le 22 octobre 2020. © Revue Sciences/Lettres 1 SOMMAIRE Éditorial Monique Canto-Sperber et Michel Espagne Problèmes et concepts La notion de transfert culturel Michel Espagne La naissance de l’historiographie romaine : la canonisation de la mémoire nationale selon un modèle étranger Dominique Briquel L’histoire culturelle de l’Europe d’un point de vue transnational Blaise Wilfert-Portal Camus postcolonial ? Dominique Combe D’Hollywood à Hong Kong, de Hong Kong à Hollywood : des transferts culturels éminemment paradoxaux (de 1979 à nos jours) Jean-Étienne Pieri De la traductibilité des Savoirs Charles Alunni Transformations de la phénoménologie À propos de Neue Phänomenologie in Frankreich, par Hans-Dieter Gondek et László Tengelyi Christian Sommer Pratiques de la recherche Transmettre: sciences, œuvres, créations Les archives de la création à l’âge du tout numérique Pierre-Marc de Biasi Comment les sciences durent Éric Brian Enregistrer ou l’archivage de la mesure Denis Beaudouin et Michel Laguës Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013 2 Traduire : concepts, œuvres, langues Les intraduisibles Entretien avec François THOMAS (novembre 2010) Barbara Cassin « Il faut être anglais et avoir une bonne dose de punch dans le crâne pour apprécier les scènes de Falstaff. » Une œuvre est-elle transposable d’un univers culturel à l’autre ? François Thomas À propos de Traduire sous contraintes. Littérature et communisme (1947-1989) par Ioana Popa Marie Vrinat-Nikolov Transferts culturels, linguistiques, technologiques : approches archéologiques Les inscriptions funéraires dans l’Italie préromaine Marie-Laurence Haack La Monnaie et la Banque, un transfert technologique et culturel au Japon au XIXe siècle Georges Depeyrot et Marina Kovalchuk Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013 3 Éditorial Monique Canto-Sperber et Michel Espagne 1 La Revue Sciences/Lettres est créée pour diffuser et mettre en valeur la recherche en lettres et en sciences humaines et sociales qui est menée dans le cadre de la Fondation « Paris Sciences et Lettres ». 2 Son premier numéro, consacré aux transferts culturels, accompagne la création du laboratoire d’excellence (« Labex ») TransferS, regroupant, sur les thèmes des transferts culturels, de la traduction, et des interfaces entre sciences humaines et sciences dures, des équipes de recherche en philosophie, en littérature, en langues, en sociologie, en histoire et théorie des arts, en anthropologie, en archéologie, en histoire, en histoire des sciences, liées à l’ensemble des partenaires de la Fondation. 3 Ce premier numéro est ainsi emblématique des études que veut promouvoir le Labex TransferS, de son approche transdisciplinaire, de son ambition de faire émerger de nouveaux champs et objets de recherche en sciences humaines et sociales ; et il est représentatif, aussi, de ce que souhaite être cette nouvelle revue : un lieu privilégié pour l’expression de travaux collectifs pluridisciplinaires ou transdisciplinaires, relevant de méthodologies différentes, et dont la mise en commun ou la confrontation conduit à interroger les pratiques, les conditions, les outils, les méthodes de la recherche contemporaine, mais aussi à faire émerger de nouvelles questions. 4 Les contributions réunies ici donnent un aperçu de l’ampleur du champ des recherches sur les transferts et de la pluralité de leurs enjeux. Sont ainsi abordés la transmission des savoirs et des sciences dans le temps, leur traduction d’une communauté savante linguistique et nationale à l’autre, et leur transposition d’une discipline dans une autre (ce qui constitue une entrée pour penser la transdisciplinarité elle-même, y compris entre sciences humaines et sciences dites dures, par exemple entre mathématiques et philosophie) ; la transmission des œuvres d’arts au cours des siècles (avec les problèmes que posent les changements de support, du papier au numérique par exemple) ; les transferts technologiques ou institutionnels liés à la mondialisation ; les transferts linguistiques induits par la colonisation ou le métissage ; la traduction (des concepts philosophiques ou des œuvres littéraires ou théâtrales) ; la constitution de philosophies ou d’historiographies sous l’influence de traditions extérieures ; et, enfin, les transferts Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013 4 culturels à proprement parler, tels qu’ils sont définis et présentés dans le premier article de ce numéro. 5 Ce qui est en jeu, c’est d’abord la manière dont la pensée, les œuvres, les savoirs, la science, se constituent et se déplacent, au contact des sources et des traditions autres, en rapport avec leurs conditions matérielles de production, de diffusion et de transmission, sous l’effet de circulations (elles-mêmes résultant de migrations, de conflits internationaux ou d’organisations trans-étatiques). C’est ensuite une pensée du monde, de la manière dont se constituent non seulement un monde mais aussi des parties du monde, par l’intermédiaire des circulations culturelles et intellectuelles qui à la fois contribuent à produire des frontières et permettent de les traverser. Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013 5 Problèmes et concepts Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013 6 La notion de transfert culturel Michel Espagne 1 Tout passage d’un objet culturel d’un contexte dans un autre a pour conséquence une transformation de son sens, une dynamique de resémantisation, qu’on ne peut pleinement reconnaître qu’en tenant compte des vecteurs historiques du passage. On peut donc dire d’emblée que la recherche sur les transferts culturels concerne la plupart des sciences humaines même si elle s’est développée à partir d’un certain nombre de points d’ancrage précis. Aller au-delà de cette définition minimaliste suppose de fermer un certain nombre de fausses pistes que semble impliquer le vocable lui-même. Transférer, ce n’est pas transporter, mais plutôt métamorphoser, et le terme ne se réduit en aucun cas à la question mal circonscrite et très banale des échanges culturels. C’est moins la circulation des biens culturels que leur réinterprétation qui est en jeu. 2 La notion de transfert culturel s’est développée dans le cadre d’études de l’Allemagne du XIXe siècle dans ses liens avec la France1. La référence à l’Allemagne tient alors une place structurelle dans le développement des sciences de l’homme. De Victor Cousin, qui établit durablement le cadre de la philosophie française en se réclamant de ses liens avec Hegel ou Schelling, jusqu’à Jacques Offenbach, dont la musique accompagne la fête du Second Empire, l’Allemagne devient un élément constitutif de la vie intellectuelle française. Le positivisme ou le saint-simonisme ne sont pas exempts d’une pénétration qui caractérise les études romanes ou les sciences de l’Antiquité2. 3 Pour aborder cette référence, il fallait, d’une part, se rendre compte que la connaissance objective de l’aire culturelle allemande était moins importante que les remaniements auxquels elle pouvait donner lieu et, d’autre part, explorer les vecteurs de la translation. Les transferts culturels se situaient dès lors au point de rencontre d’une recherche de type herméneutique, centrée sur la détermination de sens nouveaux, et d’une enquête historico-sociologique concernant tous les vecteurs de transferts entre les deux pays. On pouvait tout à la fois reconnaître les traces d’une connaissance de Hegel chez les saint-simoniens, observer les reconstructions tout à fait originales auxquelles elles avaient donné lieu et suivre de près la fréquentation des universités prussiennes par ceux qui transmettraient des éléments de savoir. La recherche sur les transferts culturels devait admettre qu’on peut s’approprier un objet Revue Sciences/Lettres, 1 | 2013 7 culturel et s’émanciper du modèle qu’il constitue, c’est-à-dire qu’une transposition, aussi éloignée soit-elle, a autant de légitimité que l’original. En conséquence, dans les sciences humaines et sociales, la comparaison comme principe additionnel d’ouverture à des espaces différents perdait de son intérêt et devait être relayée par l’observation des formes de métissage et d’hybridité3. Penser en termes de transferts culturels conduisait ainsi à relativiser la pertinence de la comparaison. Celle-ci tend en effet à opposer des entités pour comptabiliser leurs ressemblances et leurs dissemblances, mais elle ne tient guère compte de l’observateur qui compare, oppose pour rassembler, projette son propre système de catégories, crée les oppositions qu’il réduit et appartient lui-même en général à l’un des deux termes de la comparaison. Fondé notamment sur la grammaire comparée des langues indo-européennes, le comparatisme en épouse les limites. Il semble tout particulièrement délicat d’aborder par le biais d’une histoire comparée les territoires extra-européens et, de façon générale, de mettre en relation des territoires, des cultures ou des littératures entre lesquels une différence qualitative radicale est implicitement présupposée. 4 De même, la catégorie de l’influence, dont l’étymologie suffit à montrer