Dick Selon Spielberg
CRITIQUES m JEAN-PIERRE DUFREIGNE . Dick selon Spielberg eraclite d'Éphèse, dit l'Obscur au motif qu'on ne connaît de sa pensée que des fragments qui malmènent délicieusement notre sens des réalités supposées, H affirme que la « nature des choses à coutume de se I dissimuler ». Autant dire que le faux-semblant est notre ! vérité. Mais aussi, que c'est dans des œuvres humaines ! jugées mineures que la vérité se niche et se protège | quand il s'agit d'art et de doute sur cet art. L'esprit ! humain aimant les classements, en chimie comme à l'école, il n'épargna pas les genres. La littérature et le ! cinéma son frère cadet liés par leur goût pour l'explo ration de la durée passèrent à cette moulinette : polars, • SF et fantastique furent des sous-genres, même si trois | pages au style en silex de Raymond Chandler, de i Philip K. Dick, l'hérétique spéculatif, ou de Stephen ; King, nous en apprennent sur le monde des années trente, cinquante, quatre-vingt, et sur ses répercussions | dans nos univers mentaux bien plus que bien des i romans de main stream (littérature « normale ») de ces | mêmes années. • Il en est de même pour le cinéma où le « film de genre » ; reprend ses droits même en France, terrain d'exception, ! champignonnière rêvée d'années de nombrilisme. Le ; Pacte des loups fut l'un des cinq succès à plus de 5 mil- [ lions d'entrées de 2001. On remarquera aussi que des I trois auteurs de genre cités plus haut, Chandler, Dick, King I (aux vertus littéraires inégales), des cinéastes tirèrent des œuvres de première grandeur : le Grand Sommeil, de \ Howard Hawks ; Blade Runner, de Ridley Scott ; Shining, ; de Stanley Kubrick.
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