Qui Ont Clangé La Littérature Romande Fou De Poésie Et De Grands Espaces, L'éditeur N'a Pas 30 Ans Quand Il Commence À Publier Les Auteurs Romands Qu'il Admire
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Date: 21.02.2015 Le Temps Genre de média: Médias imprimés N° de thème: 844.003 1211 Genève 2 Type de média: Presse journ./hebd. N° d'abonnement: 844003 022/ 888 58 58 Tirage: 37'021 Page: 37 www.letemps.ch Parution: 6x/semaine Surface: 106'259 mm² Bertil Galland raconte les vingt années qui ont clangé la littérature romande Fou de poésie et de grands espaces, l'éditeur n'a pas 30 ans quand il commence à publier les auteurs romands qu'il admire. Porté par le souffle du roman d'aventures, le récit qu'il fait aujourd'hui de ces années mémorables se dévore - ,ffl. _........ .e 'e"..... lege° --7"---_-'-- '-WIIIMere"" -"--dez-deej,:31,----.e.--:_, - ...Ife'^e---7::"___--di - --e"----.1.":-.--- ..°.'-'e .-41I'' ___ -...- ç36 .....e_---«---._-,e-rellgte7":' - - ''''*441«len.,-, ' " -., "."-,--. -- ..,r..e.- --_-,:----°- - '''''..1.5r.""5, - _ Sur le lac d'Orta, en 1976, Une fête réunit les écrivains édités par Bertil Galland. A gauche, l'éditeur. Au milieu, Maurice Chappaz, Corinna Bille, sousson foulard, et Georges Borgeaud de dos. Observation des médias ARGUS der Presse AG Réf. Argus: 56938171 Analyse des médias Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Coupure Page: 1/4 Gestion de l'information Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 Services linguistiques www.argus.ch Date: 21.02.2015 Le Temps Genre de média: Médias imprimés N° de thème: 844.003 1211 Genève 2 Type de média: Presse journ./hebd. N° d'abonnement: 844003 022/ 888 58 58 Tirage: 37'021 Page: 37 www.letemps.ch Parution: 6x/semaine Surface: 106'259 mm² Par Lisbeth Koutchoumoff r1L-EFILLn: H111. ! 1! UN! 7.5i'N.,;S: I.!,111,A1 ETTERATULF I RÉCIT Bertil Galland Une Aventure appelée littérature romande Slatkine, 410 p. **** ser la fête.»Olivier Walzer, Alexandre Voi-nement. Ses photographies, re- Ces deuxsard, Ella Maillard, Georges Bor-produites dans le livre, irradient mots, écritsgeaud, Nicolas Bouvier, Jacquesde bonheur. Il y a le trio Corinna tout au dé-Mercanton, impossible de les ci-Bille, Anne Cuneo et Anne-Lise but d'Uneter tous, ces princes et princessesGrobéty en sabots, pattes d'eph, Aventureappeléelittératurero-des marges, comme les appellesous un porche, toutes à l'évi- mande, sonnent comme un man-Bertil Galland. dence de leur amitié; la photo de tra ou plutôt comme le précipité La fête donc. C'est par elle quegroupe, immense tablée, où tout d'une expérience hors norme.s'ouvre le récit. A Orta, précisé- L'expression raconte aussi beau-ment, au bord du lac du mêmele monde soit sourit, soit rit; la coup de Bertil Galland, l'homme,nom, dans le Piémont. En 1976, sebarque (voir ci-dessus), sur le lac lejournaliste, l'amoureux desretrouvent là, sur la grand-place,d'Orta, avec Bertil Galland qui poètes qui s'est lancé, en 1960,dans les ruelles étroites, en bar-tient les rames et, à la poupe, dans les Cahiers de la Renaissanceque surlelac, une vingtaineMaurice Chappaz, Georges Bor- vaudoise d'abord, puis dès 1971,d'auteurs des Editions Bertil Gal-geaud et Corinna Bille,parés sous l'égide de sa propre maison,land. Pas pour tenir des séminai-pour le large... dans une aventure éditoriale quires, peaufiner des théories ou faire Si la fête se révèle à ce point pa- a changé le regard des Suissesécole. Non. Etre ensemble tenaittente et légère, c'est aussi que francophones sur «leurs»écri-lieu de programme exclusif. Letrois des invités d'Orta viennent vains. BertilGalland signesuccès du Portrait des Valaisans ded'être salués par Paris: Jacques aujourd'hui le récit de ces vingtMaurice Chappaz et du Portrait desChessex a obtenu le Prix Gon- années, vécues de l'intérieur. LeVaudois de Jacques Chessex per-court en 1973 pour L'Ogre, Geor- témoignage est exceptionnel. Parmettait les réjouissances collecti-ges Borgeaud le Prix Renaudot ce qu'il permet de comprendre,ves. Oser la fête, pour Bertil Gal-pour Le Voyage à l'étranger en de voir, de sentir. Par les compa-land, cela voulait dire reconnaître1974 et Corinna Bille le Goncourt gnonnages qu'il permet de vivrele talent, le voir tout simplement,de la nouvelle pour La Demoiselle avec des femmes et des hommespar-delà les complexes d'infério-sauvage, cette même année 1974. qui avaient, qui ont, fait voeurité qui bloquaient les énergies et d'écriture. Par l'élan qui s'en dé-les parutions. En somme, faire deCafé triste gage et qui rend impérieux d'allerla marge une force. La petite ville lacustre italienne lire et relire Maurice Chappaz, retrouvera ces poètes des monta- Jacques Chessex, Corinna Bille,Sabots et pattes d'eph gnes et des plaines, six ans plus Anne-Lise Grobéty, Anne Cuneo Un photographe, Marcel Im-tard, en 1981. L'ami photographe, qui vient de nous quitter, Pierre-sand, tenait la chronique de l'évé-Marcel Imsand, est toujours du Observation des médias ARGUS der Presse AG Réf. Argus: 56938171 Analyse des médias Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Coupure Page: 2/4 Gestion de l'information Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 Services linguistiques www.argus.ch Date: 21.02.2015 Le Temps Genre de média: Médias imprimés N° de thème: 844.003 1211 Genève 2 Type de média: Presse journ./hebd. N° d'abonnement: 844003 022/ 888 58 58 Tirage: 37'021 Page: 37 www.letemps.ch Parution: 6x/semaine Surface: 106'259 mm² voyage. Et cette fois, les visagesdans un oubli scandaleux ou con-pourtant pas unanimes: «Mais sont figés. Bertil Galland vientfits en figuresofficielles, uneDieu sait qu'on déplorait, même d'annoncer à la tablée, au mo-molle attention portée aux nou-amicalement, autour de nous, que ment du café, qu'il arrête ses édi-veaux, l'irrespect des talents ma-nous nous éloignions de la poésie tions: «Rien là de brusque. Mais iljeurs, des manuscrits boudés parconvenue, de la prudence, de la vient un temps où la réussite elle-les éditeurs...» décence. Nous rompions les silen- même risque de s'épaissir», écrit ces de la tribu.» Galland. Continuer voulait direPragmatisme à l'américaine Puis vint le scandale. Il porte quitter le costume léger de la pas- Porté sans doute par un prag-un nom, Ca ra bas, autoportrait de sion pour celui, plus strict, de lamatisme et un goût de l'action ra-Jacques Chessex publié en 1971. gestion, du marketing, de la pa-mené de son périple outre-Atlan-Le livre sera largement conspué perasse. Le journaliste préfèretique, Bertil Galland monte, à sonen Suisse et porté aux nues à Pa- dire stop. retour, un partenariat étonnant,ris.Les boîtes aux lettres de Bertil Galland ne se contentequi tiendra une bonne dizainel'auteur et de l'éditeur vont se pas, dans son récit, de ressusciterd'années avant d'exploser dans leremplir de lettres injurieuses de les heures heureuses. Les annéesfracas du scandale. Lié par unelecteurs outrés par les confes- ont décanté letourbillon desamitié filiale avec l'avocat conser-sions intimes de Chessex et par jours. Avec le souffle d'un romanvateur Marcel Regamey, présidentune scène en particulier. Celle où d'aventures, il pointe des môles,de la Ligue vaudoise, il lui pro-l'auteur raconte avoir bu l'urine des pics, des points de bascule.pose de relancer les Cahiers de lad'une amante et vécu, l'instant C'est pendant un séjour aux Etats-Renaissance vaudoise en publiantd'après, une illumination: «Et c'est Unis que lui est venue l'idée de sedes auteurs suisses, des roman-l'éblouissement: DIEU. Jevois lancer dans l'édition. Nous som-ciers, sans lien avec la Ligue. Eton-l'absolue foudre, je suis totale- mes à la toute fin des annéesnament, le jeune homme con-ment apaisé et fasciné par la vio- 1950. Juste avant ce séjour, lui etvainc son aîné. Et de 1960 à 1971,lente blancheur du gouffre dans un comparse, Jacques Chessex,les Cahiers, fonctionnant commemon regard et dans mon corps», avaient organisé une fêteenun club, vont accueillir les écritsécrit Chessex. l'honneurdupoèteGustavede Corinna Bille, d'Anne Cuneo, Les membres de la Ligue vau- Roud. Une fête, déjà... Les deuxd'Anne-Lise Grobéty, de Chessex,doise s'étranglent et convient Ber- jeunes hommes démarraient làde Chappaz, de Lorenzo Pestelli.til Galland à une incroyable séance une amitié intense et houleuse,Bref, toute la bande d'Orta. de tribunal. Congédié, l'éditeur re- décisive en tous les cas. Sur l'ini- bondit en créant sa propre maison tiative des deux complices, une«Portrait des Vaudois» d'édition. Dix autres années sui- foule fervente avait rendu hom- Deux livres vont marquer cesvront, ponctuées de publications mage à Gustave Roud, dans lesannées par leur succès: Portrait desmajeures comme Le Poisson-scor- hautes herbes de Crêt-Bérard. LeValaisans (1965) de Maurice Chap-pion de Nicolas Bouvier en 1981. contraste entre le nombre surpre-paz et Portrait des Vaudois (1969) Si les figures de Maurice Chap- nant d'écrivains surgis ce jour-làde Jacques Chessex. C'est face aupaz et de Jacques Chessex polari- de la «savane vaudoise» et les con-retentissement du premier quesent le récit en de saisissants ditions de la création littéraire enChessex se lance dans un livreportraits, Une Aventure appelée lit- Suisse romande taraude le futurfrère, tout à la fois «une sommetérature romande est suivi par un éditeur tandis qu'il roule sur lessur le pays, une sociologie vau-autre texte, déjà paru, mais ici routes américaines. Quellesdoise, un recueil de comptines, unrevu et augmenté, Princes des mar- étaientcesconditions?«Ellespetit traité linguistique, un ma-ges,destinsd'écrivains. Jacques étaient alors caractérisées par lanuel civique, un rappel histori-Mercanton, Henri Debluê, Griséli- dispersion, par de lourdes solitu-que, des envols pamphlétaires, undis Réal, Alice Rivaz et une ving- des, par des suicides de poètestissu de drôleries et de tendresse,taine d'autres écrivains sont ra- (Crisinel, Georges Nicole, Giau-bref un miroir».