Marianne Cohn Et Son Action De Résistance
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Ruth Fivaz-Silbermann Historienne, Genève Marianne Cohn et son action résistante L'action L'action de Marianne Cohn à la frontière franco-suisse s'inscrit dans le travail de la Résistance juive au plan d'extermination des nazis. Marianne fait partie d'un réseau créé au printemps 1942, appelé «Mouvement de la Jeunesse sioniste». Ce réseau procure des caches et des faux papiers aux juifs étrangers ou français, menacés sur tout le territoire d'arrestation et de déportation, parce qu'ils sont juifs. Il travaille en étroite collaboration avec le réseau des Eclaireurs israélites de France. Leur objectif principal est de sauver des enfants et des adolescents juifs, notamment en les faisant passer en Suisse. La Suisse a autorisé, fin 1943, l'arrivée de 1'500 enfants juifs de France. Après avoir travaillé à Moissac, à Nice et à Grenoble, Marianne, qui a 21 ans, est chargée début 1944 par son réseau de convoyer des groupes d'enfants et de jeunes vers la Suisse, à la frontière genevoise. Elle travaille sous les ordres de Simon Lévitte, chef du mouvement, et d'Emmanuel «Mola» Racine, chef du service de passage en Suisse et frère de Mila Racine, qui a été arrêtée sur cette même frontière le 21 octobre précédent. L’équipe compte cinq ou six résistants, dont Hélène Bloch, Rolande Birgy et Colette Dufournet. Mais Marianne sera la plus active: elle convoie neuf groupes d'enfants en avril et mai 1944, soit 207 enfants au total. Hélas, elle est arrêtée le 31 mai 1944, avec les 32 enfants de son dernier convoi. Tous les enfants emprisonnés au Pax pourront être libérés en août grâce à l'action résistante du maire d'Annemasse Jean Deffaugt. L'arrestation Le 31 mai 1944, Marianne reprend à Annecy un groupe d'enfants que son réseau lui a envoyé de Limoges. Le chauffeur Joseph Fournier a mis son camion à disposition pour les transporter au lieu de rendez-vous avec les passeurs, à Viry. C'est là qu'une patrouille de douane allemande avec chiens intercepte le groupe. Marianne parvient à faire croire aux Allemands qu'elle se rend à la colonie de Bois-Salève au Pas-de-l'Echelle. Mais les Allemands, soupçonneux, arrêtent tout le monde dans la nuit à la colonie. Les enfants, Marianne et le chauffeur sont enfermés à la prison du Pax, interrogés et tabassés. Le chauffeur est libéré. Les enfants plus jeunes sont transférés, sur pression du maire Deffaugt, dans une colonie de la paroisse Saint-Joseph, mais restent sous contrôle allemand. Marianne restera en prison avec les 12 adolescents. Arrêtée sous sa fausse identité, «Marie Colin», elle cache aux Allemands qu’elle est juive. Elle parvient à communiquer avec son réseau, grâce aux billets que le maire ou son aide Ernest Balthazard font passer clandestinement, au péril de leur vie. Unies, la Résistance incarnée par Deffaugt et la Résistance juive montent un plan pour la faire évader. Mais Marianne refuse, tant que les jeunes ne sont pas libérés, de peur qu'ils ne soient fusillés comme otages ou immédiatement déportés. Elle écrit à son chef: «Tu sais, j'ai pourtant le temps de réfléchir, mais je ne regrette rien de tout ce qui s'est passé, et je n'hésiterais pas une seconde si tout était à recommencer». Dans la nuit du 7 au 8 juillet, Marianne est extraite de sa cellule avec cinq autres prisonniers, horriblement torturée, probablement violée, et abattue au bois des Rosses à Ville-la-Grand. Son corps sera retrouvé à la Libération. Entre-temps, le maire Jean Deffaugt a négocié la libération des enfants contre la vie sauve pour les officiers de la gestapo d'Annemasse et leur exfiltration en Suisse. Ce qui sera fait selon la parole donnée. Marianne Cohn, au sacrifice de sa jeune vie, a contribué à résister à la barbarie nazie. Son réseau aura fait passer 240 enfants en Suisse en 1944, pendant que, parallèlement, d'autres réseaux de la Résistance juive travaillaient à des sauvetages analogues et que la Résistance préparait la libération de la France et le retour à la République. .