LA LETTRE de la Fondation de la Résistance Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République N° 38 - septembre 2004 - 4,50 €

Le débarquement de Provence et la Résistance Commission archives

SAUVEGARDER LES ARCHIVES PRIVÉES DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION : UNE EXPOSITION VOUS Y AIDE.

Sauvegarder les archives de la Résistance et de la Déportation est l'une des conditions pour permettre d’écrire l’histoire de cette période et pour préserver la mémoire. À cet effet, en partenariat avec le Crédit municipal de Paris, les Fondations de la Résistance et pour la Mémoire de la Déportation, associées aux ministères de la Défense et de la Culture, viennent de réaliser une exposition qui aidera tous les détenteurs d’archives, à les préserver et à les transmettre.

L’objectif de l’exposition « Ensemble, sauvegardons et les archives des associations, en insistant sur le fait les archives privées de la Résistance et de la Dépor- que tous ces documents sont intéressants pour les his- tation » est de sensibiliser tous les particuliers possé- toriens futurs ; dant des documents relatifs à l'histoire de la Résistance - « La sauvegarde des archives est un devoir » insiste et de la Déportation, quelle que soit leur origine et sur les avantages qu’il y a pour un particulier à céder leur forme - écrits personnels, archives des organisa- ses papiers à un centre public d’archives qui seul offre tions de Résistance et des associations dédiées à la le maximum de garanties tant du point de vue de la mémoire de la Résistance et de la Déportation, des- conservation des documents que de leur communi- sins, textes, tracts, faux papiers... cation, avec la certitude que ces fonds seront valori- En effet, les archives sont indispensables pour les his- sés. Cette partie présente aussi les modalités de ces- toriens. Or, les archives illustrant l’histoire de la Résis- sion qui contrairement à ce que l’on peut imaginer tance et de la Déportation sont peu nombreuses par lorsqu’il s’agit de l’État et de l’administration en géné- rapport à d’autres phénomènes historiques et, le temps ral sont très simples et s’adaptent aux desiderata des passant, un grand nombre de ces archives encore donateurs. conservées en mains privées sont menacées de perte ou de destruction. Grâce à cette exposition itinérante, la Fonda- Cette exposition, visuelle et pédagogique, présente tion de la Résistance et ses partenaires réunis ainsi de nombreux documents de la période accom- au sein de la « commission archives » mèneront pagnés de légendes détaillées présentant le maximum une action de sensibilisation à destination des d’informations afin de faire prendre conscience aux associations issues de la Résistance et de la détenteurs d’archives privées de l’intérêt historique de Déportation à l’occasion de leurs assemblées leurs fonds et des avantages qu’il y a de les déposer générales ou de leurs des congrès nationaux. dans des institutions offrant des garanties de conser- Ainsi, après son inauguration début octobre, vation, de préférence des centres publics d'archives. à Paris, les responsables d’associations pourront Un opuscule, Le Guide du détenteur d’archives de la la réserver gratuitement (Tél. 01 47 05 67 87). Résistance et de la Déportation (1), accompagnant l’ex- Espérons qu’ils soient nombreux à soutenir ainsi position fournit les coordonnées des services des Fon- la campagne nationale de sauvegarde des archi- dations et des Ministères, auxquels on peut s'adresser ves privées de la Résistance et de la Déportation pour tout renseignement. Il propose aussi des modè- afin d’éviter que tout un pan de notre histoire les de courriers destinés aux particuliers et aux asso- sente les dégradations courantes et extrêmes rencontrées nationale ne disparaisse pour toujours ! ciations désireuses de faire don de leurs archives. en matière d’archives de la Seconde Guerre mondiale ; Frantz Malassis - « Tous les types de documents peuvent intéres- L’exposition «Ensemble, sauvegardons les archives pri- ser les historiens » énumère les différents types d’ar- Voir aussi encadré page 16 vées de la Résistance et de la Déportation » se décline chives de la Résistance et de la Déportation y com- en douze panneaux répartis en trois parties : pris ceux qui sont le plus souvent sous-estimés : les (1) Disponible à La Fondation de la Résistance- - « La sauvegarde des archives est une urgence » pré- archives postérieures à l’Occupation (les témoignages) 30 bd des Invalides 75007 Paris-01 47 05 67 87.

La campagne nationale de sauvegarde des archives privées de la Résistance et de la Déportation en quelques dates…

Depuis l’année 2000, la Fondation de la Résis- ves » a t-elle lancé une campagne nationale de tementales et les services départementaux de l’Of- tance, la Fondation pour la Mémoire de la Dépor- sauvegarde des archives privées de la Résis- fice national des anciens combattants et victimes tation, le ministère de la Culture (direction des tance et de la Déportation en sensibilisant leurs de guerre (ONAC). Ainsi, à l’échelon départe- Archives de ) et le ministère de la Défense éventuels détenteurs par l’intermédiaire du mental, ses membres font une présentation enri- (direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Guide du détenteur d’archives de la Résistance chie et pédagogique du contenu du Guide s’ap- Archives) ont uni leurs efforts pour constituer la et la Déportation diffusé à plus de 60000 exem- puyant sur la projection de pièces d’archives. « commission archives ». Elle regroupe des per- plaires. À partir de l’automne 2004, grâce à l’exposition sonnes de terrain (conservateurs, historiens et Ce guide présente les axes de la campagne de « Ensemble, sauvegardons les archives privées acteurs), pour conseiller tous les détenteurs d’ar- sauvetage, les raisons pour lesquelles il faut agir de la Résistance et de la Déportation», la «com- chives privées. vite pour préserver ces différents types d'archi- mission archives » mènera une action de sensi- L’objectif prioritaire qui est apparu au sein de ce ves et la manière de les transmettre. bilisation à destination des associations issues de groupe de travail est le sauvetage des fonds déte- Depuis l’automne 2002, la «Commission archives» la Résistance et de la Déportation à l’occasion de nus par des privés qui sont les plus menacés. a décidé d’organiser des réunions de sensibi- leurs assemblées générales ou de leurs des Aussi, en septembre 2001, la «commission archi- lisation en partenariat avec les Archives dépar- congrès nationaux.

En couverture : - Août 1944, débarquement allié dans le sud de la France. Une unité de débarquement chargée de véhicules et de soldats approche d’une plage à l’est de Toulon. (Centre culturel américains/coll. ministère de la Défense–SGA/DMPA-DR). - FFI en embuscade sur la Canebière lors des combats de la libération de Marseille (coll. ministère de la Défense–SGA/DMPA-DR).

2 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 Éditorial

LE MOT DU PRÉSIDENT

es commémorations du soixantième anniversaire des débar- SOMMAIRE quements de Normandie et de Provence, qui furent les deux Ltêtes de pont de la Libération du territoire national, de par Mémoire et réflexions la « médiatisation » fort bien opérée dont elles furent l’objet, ont - Dossier : Le débarquement été l’occasion de rappeler à tous les Français que la Résistance de Provence et la Résistance. .... p. 4 intérieure et extérieure contribua puissamment à cette croisade libératrice entamée quatre ans plus tôt par le général de Gaulle. Autour d’une photographie Puis-je répéter ce que le Général disait de l’action des résistants, - Une dénonciation par l’image trop souvent sous-estimée, voire minimisée par certains de nos de la répression et des crimes nazis. compatriotes : « la marche en avant fut grandement facilitée par La diffusion des photographies l’action des maquisards. L’usure à laquelle ceux-ci avaient sou- publiées à la Une de Défense mis l’ennemi, le fait qu’ils s’étaient, à mesure, rendus maîtres de la France du 30 septembre 1943. p. 7 d’une grande partie des itinéraires à suivre, le renfort qu’ils appor- DR L’activité des associations taient aux unités régulières, avaient compté pour beaucoup dans ce résultat foudroyant. Le partenaires 12 septembre, au terme de la grande poursuite, 120 000 Allemands se trouvaient en capti- vité française, pris tant par la 1ère Armée que par les forces de l’intérieur et par la 2e Division - Mémoire et Espoirs blindée. C’était le tiers du total des prisonniers faits par l’ensemble des armées alliées. » (1) de la Résistance ...... p. 10 La résistance intérieure a en effet mené une multitude d’actions qui, bien qu’ayant large- - AERI ...... p. 12 ment hâté la Victoire finale, ne sont pas toujours bien connues et dont l’histoire reste à écrire. Livres Or, pour décrire et comprendre cette masse d’événements parfois enchevêtrés, les historiens ont besoin des archives, qu’elles soient écrites ou orales, que vous pouvez encore détenir chez - Vient de paraître ...... p. 14 vous ou au sein de vos associations et amicales. - À lire ...... p. 14 À cet effet, la Fondation de la Résistance et la Fondation pour la Mémoire de la Déporta- tion, associées aux ministères de la Défense (direction des Archives de France) et de la Culture La vie de la Fondation (direction des Archives de France), ont réalisé en partenariat avec le Crédit Municipal de Paris de la Résistance ...... p. 16 une exposition «Ensemble, sauvegardons les archives privées de la Résistance et de la Déportation ». Cette exposition s’adresse à tous ceux qui, à des titres divers, sont en possession de docu- ments illustrant l’histoire de la Résistance et de la Déportation afin de les aider à préserver Éditeur: Fondation de la Résistance et à transmettre ce patrimoine historique aux générations futures. Reconnue d’utilité publique par décret Venant à l’appui de l’ambitieuse campagne de sensibilisation déjà menée, depuis 2001, dans du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage (2) (3) du Président de la République une quarantaine de départements français , elle s’accompagne d’un Guide , distribué gra- 30, boulevard des Invalides - 75007 Paris tuitement. Ce guide élaboré à l’attention des possesseurs d’archives leur permet d’évaluer Téléphone : 01 47 05 73 69 l’intérêt de leurs documents et de mieux appréhender les procédures de transmission. Télécopie : 01 53 59 95 85 Site internet : Cette campagne de sauvegarde résulte d’un sentiment d’urgence, d’un sentiment que www.fondationresistance.org c’est aussi de notre devoir, au côté de l’État et des collectivités territoriales, de tout met- Courriel : tre en œuvre pour que les archives d’une période qui a tenu une place exceptionnelle [email protected] Directeur de la publication : Jean Mattéoli, dans notre Histoire ne soient pas perdues ou dispersées par indifférence ou négligence ! Président de la Fondation de la Résistance Directeur délégué de la publication : François Archambault Rédacteur en chef : Frantz Malassis Rédaction : Victor Convert, Bruno Leroux, Frantz Malassis. Jean MATTÉOLI Maquette, photogravure et impression: Président de la Fondation de la Résistance SEPEG International, Paris XVe. Revue trimestrielle. Abonnement pour un an: 16 €. N° 38: 4,50 € (1) in Mémoires de guerre. Tome II :« Le salut 1944-1946 », Paris, Plon, 1959,1990, p. 26. Commission paritaire n° 4124 D73AC - ISSN 1263-5707 (2) en partenariat avec les archives départementales et les services départementaux de l’ONAC.

Monument , dit le glaive brisé à Chartres. Œuvre conçue et réalisée par sculpteur Marcel Courbier (DR) (3) le Guide du détenteur d’archives de la Résistance et de la Déportation.

3 Mémoire et réflexions LE DÉBARQUEMENT DE PROVENCE

À l’occasion du soixantième anniversaire du débarquement de Provence, grâce au concours de Christine Levisse-Touzé, directeur du Mémorial du maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et Musée Jean Moulin (ville de Paris), nous sommes heureux de pouvoir publier l’article du professeur Jean-Charles Jauffret dans lequel il rappelle le rôle de la Résistance française dans le succès des opérations militaires engagées. Michel Morin, administrateur de « Mémoire et Espoirs de la Résistance » revient quant à lui sur l’effort fourni par la France combattante et son Empire dans cette bataille, et au delà de son importance stratégique, nous invite à méditer sur le sens de sa commémoration soixante ans après.

LE DÉBARQUEMENT DE PROVENCE ET LA RÉSISTANCE (1)

n 1944, la France se lève. Sa libé- participe à la prise de la localité. ration est en marche depuis le À l’ouest du Rhône, la traversée du Ecoup d’éclat réussi en Corse en département du Gard en direction de septembre 1943 et l’espérance de saluer Montpellier est assurée par la section bientôt une armée qui a retrouvé le du lieutenant Pichat, du corps franc chemin de la victoire sur le Garigliano. des Ardennes (ORA). Le 26 août, Pour la zone sud, cette libération s’ac- il entre en contact avec l’avant-garde complit entre le 6 juin et le 3 septem- du régiment de reconnaissance de la bre, date à laquelle est libéré. Les 1ère DB, le 2e spahis du colonel Lecocq. deux débarquements sont complé- Le lendemain, le Gard est libéré. Les mentaires. En dépit des réserves bri- actions individuelles des FFI peuvent tanniques, le second débarquement être déterminantes comme pour la allié en France imposé par Eisenhower prise des forts de Toulon et la pré- doit écourter la guerre en couvrant le servation de la basilique de Notre- flanc sud des armées alliées en leur Dame-de-la Garde. donnant le cordon ombilical logistique L’arme psychologique, avatar du ren- de deux ports en eaux profondes, seignement, permet également

Marseille et Toulon, tout en élargis- Coll. ministère de la Défense–SGA/DMPA-DR. «d’intoxiquer» le dispositif allemand. sant le front d’attaque vers le Reich. Libération de Marseille. La Wehrmacht, avec 219000 hommes Pour ce faire, l’appoint des forces de Le général de Lattre de Tassigny congratule des FFI. privés de leurs équipements anti-chars la Résistance est nécessaire. Les et dont nombre d’entre eux sont régions R3 (Languedoc-Roussillon- d’origine allogène (Polonais, Ita- sud-Massif-Central) et R2 (Provence-Alpes- taine d’opérateurs radio clandestins travaillent liens, Arméniens…), doit surveiller 700 km de maritimes) sont étroitement solidaires, en dépit en zone sud à partir de juillet. Le SPOC crée côte en Méditerranée. Le « mur de la Méditer- de la fracture du Rhône. Afin de réserver la puis- une unité spéciale forte de cent spécialistes du ranée » ne comporte que 80 ouvrages en béton sance des troupes débarquées pour la destruction renseignement britannique équipés d’une ving- armé sur les 300 prévus et seuls les zones por- des forces allemandes, la Résistance accomplit qua- taine de véhicules, le Special Force Unit n°4 tuaires disposent de solides forts. L’action tre missions essentielles : éclairer, fixer, débor- (SFU-4) chargé d’incorporer des éclaireurs de psychologique porte parfois ses fruits. Ainsi le der, et mission secondaire mais salvatrice, pré- la Résistance sitôt le débarquement réussi. 16 août à Carqueiranne, des groupes de sol- server, tant que faire ce peut, les infrastructures. Parmi de multiples exemples, retenons parmi les dats arméniens retournent leurs armes contre renseignements fournis par la Résistance, un leurs officiers et rallient les FFI. Les Polonais Éclairer relevé très précis du système défensif allemand de la garnison de Gap n’offrent qu’une faible de Frontignan à Menton y compris des ouvra- résistance. La quête du renseignement est bien la première ges de Toulon et de Marseille et de sa base sous- mission des forces de la Résistance. Après l’ac- marine. La précision de ces renseignements per- Fixer cord de coopération entre les de l’ORA met au colonel Henri Zeller, commandant les FFI et les FFI, même si les FTP font cavaliers seuls, des Alpes, de convaincre, le général de Lattre Principe immuable de la guerre, une des mis- le délégué militaire de zone sud, Bourgès- de Tassigny, commandant l’Armée B, de Gaulle sions de la Résistance consiste à fixer l’ennemi Maunoury, agit en véritable chef d’orchestre des puis le général Patch de foncer sur Grenoble sitôt en éparpillant ses forces mobilisées contre la gué- délégués militaires régionaux. Pour les liaisons le littoral libéré en suivant un axe Nord-sud le rilla. Il s’agit de le maintenir loin des zones de avec Londres, le général Cochet assure le com- long de la Durance et par la route Napoléon. débarquement, de le disperser, tout en mettant mandement des FFI pour la zone sud ; il est Sitôt les troupes débarquées, les FFI les guident, en œuvre les plans de sabotage. Comme en Nor- sous les ordres du général britannique Sir John fonction essentielle à la clef de la rapidité des mandie mais dans une moindre mesure, des opé- Maitland Wilson, commandant le secteur médi- opérations. Le capitaine Alexandre, pseudonyme rations d’intoxication doivent tromper les terranéen. Outre les équipes Jedburgh, le Spe- du poète René Char, responsable de la Section occupants. Le haut-commandement allemand cial Project Operations Center (SPOC), né le atterrissage et parachutage de R2, animateur de ne croit pas à un débarquement à l’est de Tou- 22 mai 1944 à Alger de la fusion d’une partie la Résistance dans la région de Céreste (Basses- lon avant le 14 août 1944 et l’hypothèse d’une des personnels, du SOE, de l’OSS et du BCRA, Alpes), conduit les troupes américaines à travers opération à l’ouest du Rhône persiste jusqu’au a établi le 15 juillet un plan d’utilisation de la le Vaucluse et les Basses-Alpes. Le 15 août, la 15 août. Le commando OSS de Paul Swank est Résistance en vue de l’opération « Anvil » en brigade FFI des Maures regroupe, puis dirige parachuté sur Le Clap dans l’Aude le 11 août liaison avec le général Cochet et le colonel les parachutistes américains sur les positions pour faire croire à une opération dans la région. Constans, commandant des FFI de R2. Une cen- ennemies de la presqu’île de Saint-Tropez et Sa capture entre dans cette ultime manœuvre

4 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 remonter la vallée du Var le 19 août. Les Alle- mands abandonnent la rive droite du Var le 26 août et commencent leur retraite vers le Piémont. La plus grande partie des Alpes mari- times et le centre du massif alpin, dans les jours précédant et suivant le débarquement de Pro- vence, se libèrent. Les insurrections urbaines revêtent aussi une grande importance pour isoler l’ennemi et hâter l’arrivée des alliés. À Marseille, la grève géné- rale insurrectionnelle est déclenchée quatre jours après le débarquement, puis les FFI attaquent l’ennemi et construisent des barricades. Cette Août 1944. Le général Alexander Patch, action interdit la libre circulation des Allemands, commandant en chef de la 7e armée alliée, passe en les cantonnant comme à Paris sur leurs points revue des FFI. d’appui. Les marins-pompiers et les gendarmes alliés aux insurgés du Comité départemental de de « déception ». Les maquis jouent leur rôle à libération prennent la préfecture le 21 août et plein dans la mobilisation des forces alleman- libèrent Allauch et les Olives après de furieux des. Le sacrifice du Vercors n’a pas été tout à combats. Ces opérations sont menées pendant Centre culturel américains/coll. ministère de la Défense–SGA/DMPA-DR. fait vain. Début août, le gros de la 157e divi- que la Première Armée française fait sauter le sion de réserve allemande, des bataillons étran- Le général Alexander Patch, commandant en verrou allemand d’Aubagne et décident de chef de la 7e armée alliée, décore Marc Rainaut gers, des éléments légers de la 9e Panzer et des Lattre et Monsabert à commencer la bataille de de la Silver star. Ce jeune FFI a été blessé au formations de la Feldgendarmerie sont encore Marseille le 23 août. L’insurrection niçoise lan- cours des combats pour la Libération du Var. en place pour achever « le nettoyage » du mas- cée le 28 août par le Front national et les mili- sif, et ces troupes sont absentes sur les plages ces patriotiques provoque la retraite des Alle- et leurs arrières le 15 août. Vaison-La-Romaine, villes reprises par les Alle- mands. Les Américains achèvent de chasser les Les sabotages doivent paralyser l’ennemi sur l’en- mands) s’intensifient en août. En R2, le maquis dernières troupes des collines le 29. semble du territoire tout en laissant subsister l’in- Morvan, dans la région de Gap, attaque un déta- À Toulon, 140 hommes de l’ORA sous les certitude quant à l’éventualité d’un second chement allemand et saisit les armes et les véhi- ordres du capitaine Salvatori attaquent les débarquement. Le 5 juin à 20 heures à la BBC, cules. À la suite du harcèlement des maquisards convois allemands traversant la ville faisant des un message destiné à R2 autorise le sabotage pendant les deux mois d’été, la route Napoléon prises permettant d’armer d’autres combattants. des voies ferrées -Monaco et Sospel-Goni. est fermée aux Allemands. L’insécurité générale Le 24, les troupes françaises libèrent la ville. À En R3, du 6 juin au 17 août, la ligne Bordeaux- créée par la Résistance a pour conséquence une Perpignan, occupé par la 716e division moto- Montpellier-Avignon est coupée par une quin- vitesse de reddition accrue de la part des gar- risée allemande, après une série de coups de zaine de sabotages importants. Les destructions nisons allemandes. Les opérations de harcèle- mains permettant d’obtenir des armes, la gué- entreprises par les maquisards touchent les voies ment des maquisards en R3 contre la 11e Pan- rilla est déclenchée le 19 août avec l’ensemble ferrées comme les routes, empêchant les Alle- zer qui s’étire entre Albi et l’Hérault, l’obligent des mouvements. Les édifices publics sont mands d’organiser leur seconde ligne de défense à faire mouvement vers le Rhône. Les troupes occupés et la ville libérée en dépit du retour articulée sur la Durance et le Verdon afin de de la 19e Armée allemande sont prises à partie de 400 Allemands. Ces rudes combats qui ménager une ligne de retraite vers Grenoble et dans leur retraite à partir du 19 août, près de accompagnent la libération des Pyrénées, pre- la frontière italienne. Montpellier. mier département de R3 à être libéré, marquent Le 13 août, le pont de Pertuis qui commande l’ultime tentative d’opposition sérieuse de l’en- la route Manosque-Sisteron-Briançon, saute. Les Déborder nemi en retraite. ponts sur le Rhône sont détruits pour empêcher Les FFI prennent une part active aux combats tout renfort allemand venu du Languedoc. Au Autre principe de la guerre, l’économie de for- aux côtés des troupes de De Lattre à la bataille 15 août, ne reste qu’un pont intact au nord ces est magnifiquement illustrée par les forces de Toulon et à Marseille, appoint important d’Avignon et deux autres au nord de Montéli- de la Résistance. Du 6 juin à la fin août 1944, puisque Monsabert (3e Division d’infanterie mar. Ces actions limitent le champ de bataille, les opérations de juin-juillet sont partielles face algérienne) n’a pas les forces suffisantes durant selon le principe de « l’encagement » exécuté à un ennemi déterminé, celles du mois d’août les premiers jours. Ainsi le 6e groupe de mili- grâce à l’appui aérien des alliées. L’absence de accompagnent la retraite de l’armée allemande. ces socialistes levé par Gaston Deferre participe liberté de manœuvre et la peur de voir couper En R2, des zones entières sont contrôlées par aux combats de rue des quartiers des Chartreux, la seule voie de salut du couloir rhodanien, pré- la Résistance. Dès le début juin, la région au pied de la Madeleine et de la Blancarde. Les pertes cipitent d’ailleurs la retraite allemande. Cet ordre du Ventoux devient, un des « sanctuaires » des sont significatives : 5 500 Allemands, 1 000 est transmis le 17 août au soir, sauf pour les trou- FFI. À partir du 7 juillet, la vallée du Haut-Var hommes de la 3e DIA et 105 résistants FFI. La pes des périmètres de Toulon et Marseille. est en état d’insurrection. Un comité de libé- retraite allemande, qui concerne 130 000 hom- Dans le cadre du plan violet, les câbles souter- ration tient le quadrilatère qui, en soutien des mes sur les 219 000 hommes, s’accompagne de rains de communications à grande distance - opérations dans le Vercors, étend l’insurrection durs combats comme à Montélimar qui tombe comportant deux branches, l’une en direction aux vallées de la Tinée et de la Vésubie. Une le 28 août après de furieuses attaques menées de Marseille et l’autre de l’Espagne - sont détruits contre-attaque allemande du 18 au 22 juillet n’a- par une action conjointe des Américains et des le 15 août à Narbonne, mais les résistants pré- boutit pas. À partir du 25 juillet, les FFI réoc- maquisards. servent le central dans la perspective de la remise cupent la totalité du quadrilatère De Beuil- en service à la libération. Les postes de com- Guillaumes, multiplient les attaques contre les Préserver mandement ennemis, les dépôts de carburant convois allemands et obtiennent les redditions (plan jaune) sont détruits, avec ou sans l’aide des garnisons allemandes de Puget-Théniers, Certes secondaire, toujours oubliée, parfois de l’aviation alliée. Bancairon et Saint-Martin de Vésubie. De vio- anéantie par les Allemands ou les bombarde- Coûtant un millier d’hommes à la Wehrmacht, lents combats ont lieu pour permettre aux FFI ments aveugles de l’US Air Force, le plus sou- les opérations de guérilla déclenchées dès juin de faire la jonction avec une avant-garde amé- vent coûteux et inutiles sur les villes (Nîmes, et parfois prématurées (comme à Valreas, ricaine empruntant la route littorale avant de Arles, Marseille, Sisteron…), la dernière tâche

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 5 Mémoire et réflexions

accomplie par les forces de la Résistance LE DÉBARQUEMENT DE PROVENCE consiste à préserver les infrastructures. Généralement, les sabotages dus au FFI sont UNE VICTOIRE COLLECTIVE légers, renouvelés : couper mais non détruire. LA MÉMOIRE PARTAGÉE Parmi de multiples exemples, celui de Mar- seille est significatif. La ville n’est pas privée « Le débarquement de Provence scelle les d’eau potable, grâce à la préservation du grand retrouvailles entre la France libre, la Résistance aqueduc de Roquefavour. Certes, le port est et l’Armée d’Afrique ». encombré de 160 épaves coulées par l’ennemi, Progression des goumiers marocains à Marseille. Service cinéma des Armées/coll. ministère de la Défense–SGA/DMPA-DR. le pont à transbordeur n’est plus qu’une car- révu depuis août 1943, voulu par le général casse, mais les équipes de contre-sabotage de de Gaulle malgré les réserves de Churchill, côte méditerranéenne), les Alliés alignent la Résistance ont sauvé quelques quais et sur- Pqui aurait préféré lancer les forces alliées dans 450 000 à 500 000 hommes. Parmi eux, 250 000 tout la grue géante Goliath qui permet le la péninsule des Balkans afin de devancer les Sovié- Français : essentiellement Pieds Noirs et troupes dégagement du port avec l’aide précieuse des tiques en centre Europe, le débarquement de Pro- indigènes, mais également Corses et métropoli- hommes du génie de la 7e Armée américaine. vence complète l’opération de Normandie - avec tains évadés, officiers d’active ou fonctionnaires Dès septembre, le port entre progressivement pour objectif de prendre en tenaille les forces alle- en mission, tous placées sous le commandement en service, au moment où le flux logistique mandes, pour les contraindre à reculer jusqu’au du général de Lattre de Tassigny. De cette armée allié est menacé de rupture. À compter du Rhin. d’Afrique, beaucoup se sont déjà battus en Ita- 1er novembre, Marseille fournit 500000 ton- Depuis le 10 août, les bâtiments d’assaut et lie: à Cassino, lorsque enfin le drapeau allié monte nes par mois d’approvisionnements aux de transport ont appareillé d’Italie, de Corse et sur les ruines du monastère tant disputé, c’est le troupes alliées. Le débarquement de Provence d’Algérie. Ils font mine de se diriger vers Gênes drapeau de la France, et c’est l’emblème d’un régi- et l’action de la Résistance ont donc rempli pour tromper l’ennemi avant de bifurquer vers ment de tirailleurs tunisiens. leur mission, tout en précipitant la retraite alle- la Provence. D’autres diversions ont été organi- La France aligne également quatorze navires de mande. sées, comme le largage de mannequins parachu- guerre, dont le cuirassé Lorraine, trois croiseurs, tistes à La Ciotat. huit contre-torpilleurs, des avisos et escorteurs. Jean-Charles Jauffret Le 14 en fin de journée, les premiers messages Quant à l’aviation enfin, qu’il suffise de men- Professeur des universités codés de la BBC («Nancy a le torticolis», «le chas- tionner le nom, et le destin, de Saint Exupéry ! à l’IEP d’Aix-en-Provence seur est affamé »...) avertissent la Résistance de Grâce à leurs efforts à tous, grâce à la Résistance UMR n° 5609, ESID, du CNRS l’imminence du débarquement. Elle peut ainsi intérieure qui leur tend la main, la France peut fournir les derniers renseignements nécessaires, ainsi jeter dans la grande mêlée une armée capa- (1) Cet article est un condensé réactualisé mais aussi entreprendre les sabotages préliminaires ble de tenir son rang à côté de nos puissants alliés. d’une communication fondamentale de l’auteur, qui désorganiseront l’ennemi, et préparer les D’où venaient-ils, ceux de Provence ? Tous pays «L’application du principe de l’économie actions à conduire pour s’intégrer à la manœu- confondus, d’Algérie, du Bénin, du Burkina Faso, de forces : le rôle militaire de la résistance en R2 vre des Alliés: guérilla, couverture des opérations du Cameroun, du Congo, de la Côte d’Ivoire, et R3 de juin à septembre 1944 » in Du Volturno principales, protection et sécurisation des de Djibouti, des États-Unis, du Gabon, de la au Rhin, l’année 1944, colloque des 18 moyens de communications - ports, routes et Guinée, des Comores, de Madagascar, du Mali, et 19 novembre 1994, tenu à Montpellier, voies ferrées notamment. du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, de la Répu- et publié par le Centre d’histoire militaire Entre autres exemples, le poète René Char - blique Centrafricaine, du Royaume Uni, du Séné- et d’études de défense nationale de Montpellier capitaine Alexandre -, chef des maquis du Vaucluse, gal, du Tchad, du Togo et de la Tunisie. (CHMEDNM). Parmi les études publiées a été appelé en mission à Alger afin de mettre en Il faut les mentionner tous ! Sans attacher une voir aussi : Roger Bourderon, La libération œuvre cette coordination. importance excessive à l’effectif du contingent confisquée : le Languedoc 1944-1945, Paris, Albin 15 août 1944, à 8 heures, dans une brume de considéré. Les difficultés de recrutement, puis de Michel, 1993 ; Jean-Marie Guillon, « La libération chaleur, les premières vagues d’assaut sont lan- transport de troupes étaient telles à ce moment, du Var : résistances et nouveau pouvoir » cées sur les plages. Le lendemain, le gros des trou- que les conditions de mobilisation ont été trop dans Les Cahiers de l’IHTP, n° 15, juin 1990, pes françaises débarque à Cavalaire. différenciées pour porter aujourd’hui un jugement condensé de sa thèse de doctorat d’État sur La Le succès de l’opération « Anvil » est immédiat. qui s’appuierait uniquement sur les chiffres et sur Résistance dans le Var : essai d’histoire politique, Le 15 au soir, deux têtes de pont sont établies, les effectifs. université de Provence, Aix, 1989, 3 volumes ; puis Toulon libéré le 23 août, son port rendu à Quant au prix du sang, il a été le même. Pour Jorris Alric, L’Organisation de résistance de la navigation le 27, Marseille reconquise le 28. des effectifs équivalents, on compte environ 20000 l’Armée (ORA) en Languedoc-Roussillon, Il reste à foncer vers le nord, en suivant le cou- tués parmi les Français d’origine européenne, et Montpellier III, mémoire de maîtrise, sous loir rhodanien et en passant par les Alpes. Sous autant dans les rangs des Français musulmans la direction de Jean-Charles Jauffret, université la pression, les Allemands évacuent en hâte le sud- d’Algérie, du Maroc et de Tunisie. Chiffres énor- de Montpellier III, 1993, publié en 1994 par ouest, abandonnent Lyon et Grenoble. Le mes par rapport aux effectifs engagés, et qu’on le CHMEDNM ; J. Girard, « L’organisation et 12 septembre, la 1ère Armée fait sa jonction avec oublie trop souvent. les opérations à caractère militaire des FFI dans la 2e DB près de Montbard en Bourgogne. Le Chasseurs, spahis, goumiers : les balles alleman- les Alpes maritimes de mars à août 1944 » territoire national est libéré aux trois quarts. En des ignoraient le racisme. Tous ceux qu’elles ont dans la Revue d’Histoire de la Seconde Guerre avance de plusieurs semaines sur le calendrier abattus méritent le même respect, la même recon- mondiale, n° 85, janvier 1972 ; Pierre Guiral, prévu, les Alliés ont partout bousculé un ennemi naissance. C’était tout le sens de la commémo- Libération de Marseille, Paris, Hachette, 1974 ; qui, malgré sa pugnacité, ne parvient pas à se rat- ration du 15 août dernier comme le rappelait La Libération de la Provence, les armées de la traper, à s’accrocher au terrain, à retrouver son Diallo Amadou Hassane, président de l’Union liberté, colloque de Fréjus, 15-16 novembre équilibre. nationale des combattants d’Afrique : 1994, Institut d’histoire de la Défense, SIRPA, En définitive, le débarquement de Provence, c’est «pour la fierté et l’honneur des Anciens, 1994, notamment Manfred Kehrig, le 6 juin sans la bataille de Normandie, sans la pour la mémoire collective, « Le débarquement de Provence : le point terrible guerre du bocage, sans les bombardements pour le souvenir de ce qui doit toujours lier la France de vue allemand » ; Pierre-Emmanuel Klingbeil, dévastateurs. Le débarquement de Provence, c’est à ses anciens combattants d’Afrique » Les Alpes-Maritimes : études d’un front oublié, tout de suite la percée d’Argentan. Comment tout 15 août 1944-2 mai 1945, thèse nouveau cela a-t-il été possible ? Michel F. Morin régime, sous la direction de Jean-Louis Panicacci, Contre la XIXe armée allemande du général Wiese Administrateur de université de Nice, mai 2003. (250 000 hommes, dispersés sur l’ensemble de la « Mémoire et Espoirs de la Résistance »

6 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 Autour d’une photographie

UNE DÉNONCIATION PAR L’IMAGE DE LA RÉPRESSION ET DES CRIMES NAZIS. LA DIFFUSION DES PHOTOGRAPHIES PUBLIÉES À LA UNE DE DÉFENSE DE LA FRANCE DU 30 SEPTEMBRE 1943. Grâce au témoignage de Charlotte Nadel (1), qui avait en charge la responsabilité technique d’impression du journal Défense de la France, nous pouvons expliquer l’origine et le choix des photographies publiées dans le numéro du 30 septembre 1943. En revanche, n’appartenant pas au comité de rédaction du journal composé notamment de Philippe Viannay, Robert Salmon et de William Lapierre, elle ne peut nous indiquer com- ment s’est opéré le choix des textes publiés dans ce numéro en même temps que les photographies. De plus, n’assurant plus le contact avec d’ autres mouvements de Résistance pour la récupération et l’échange des informations (2), Charlotte Nadel n’est pas en mesure de nous donner des précisions quant à l’origine des témoignages et informations contenus dans les articles de ce numéro.

e 30 septembre 1943 Défense de la France ger évident. Les « reportages » ne peuvent être Le second témoignage, « En Pologne », décrit publie un numéro spécial « Les fruits de la que très rares, voire impossibles, les sources d’in- dans un premier temps les exactions et les mas- Lhaine », consacré aux tortures infligées aux formation ne peuvent venir que de prisonniers sacres commis par les nazis contre la population résistants par la et par la police de Vichy de Stalags et d’Oflags à proximité de camp de polonaise. Il parle aussi du camp de concen- dans les prisons, et dans les camps de concen- concentration ou exceptionnellement de dépor- tration d’Oswiecim (Auschwitz) et des « fours tration (3). Il donne à voir en première page un tés évadés ou de rescapés. crématoires », sans mesurer cependant la spéci- ensemble de photographies montrant le sort des Les témoignages se complètent. Un premier ficité des persécutions antisémites. De même prisonniers soviétiques ainsi que celles d’enfants ensemble «Les horreurs de la police et de la Ges- le journal fait état des massacres systématiques grecs affamés. Ces photographies sont ainsi tapo en France » évoque les sévices et tortures dans les ghettos polonais (« Au total plus de légendées par les rédacteurs du journal : « Pri- infligés par la Gestapo et la police de Vichy aux 700.000 juifs ont été assassinés sur le territoire sonniers russes réduits par la faim à cet effroya- résistants arrêtés. Deux autres témoignages polonais ») sans évoquer l’idée d’un éventuel ble dénûment. Remarquer dans l’embrasure de regroupés sous le titre « L’ordre nouveau en génocide. la porte l’Allemand qui rit », « Prisonniers rus- Europe » décrivent l’un, les conditions d’exis- Dans ce numéro de Défense de la France, les ses jetés à la fosse. Un de ces malheureux […] tence au camp de concentration d’Auschwitz (et documents proposés aux lecteurs sont donnés est encore vivant. Sa main se crispe sur le pan- non du camp d’extermination), l’autre la per- tels quels, ils ne sont pas commentés pour eux talon de l’un de ses bourreaux. Remarquer l’air sécution mêlée des Polonais et des Juifs de Polo- mêmes, pour la réalité qu’ils révèlent, mais des- tranquille et indifférent des soldats allemands gne et de leur massacre par les forces alleman- tinés à dénoncer les horreurs dont sont victi- accomplissant leur “tâche”. », « Il faut que tou- des dans les villages et les ghettos de l’Est. mes les populations d’Europe. Ici camps de tes les mères de France voient où mène la “pro- Le premier témoignage « Dans les camps de concentration, tortures et exécutions, massacres tection allemande”. Les innocents, les faibles que concentration » décrit avec précision la réalité et exactions, sont placés sur le même plan. Si la force devrait abriter sont écrasés, massacrés, de l’univers concentrationnaire, le vocabulaire la réalité du système concentrationnaire est bien torturés par la force au service d’aventuriers. étant celui de l’époque : « chambres » pour perçue, celle du génocide et des camps d’ex- L’Allemagne, une fois de plus, s’est déshono- «blocks », par exemple. On peut relever la des- termination ne l’est pas. Pour les résistants de rée devant le monde. » cription des conditions de vie des déportés, les 1943, Auschwitz est vu comme un camp de Ces photographies appuient et illustrent les mauvais traitements, la brutalité, la surpopula- concentration, et non comme un centre d’ex- documents écrits et les témoignages publiés à tion, la mortalité. termination. l’intérieur du numéro, en particulier l’article inti- tulé : « L’ordre nouveau en Europe » (« Dans les camps de concentration» et «En Pologne»). Elles ne correspondent cependant pas au CHARLOTTE NADEL contenu des témoignages publiés dans ce numéro. Membre co-fondatrice à la fin 1940 du mouvement « Défense de la France », responsable technique au sein de son Comité directeur de la composition et de la typographie du jour- Les témoignages nal, Charlotte Nadel est née à Paris le 15 décembre 1920. Son père Isaac Nadel a fui la Russie tsariste en 1905 et s’est installé en France comme électricien. Elève au lycée Fénelon, elle Les rédacteurs de Défense de la France produi- choisit de suivre des études de physique, chimie et biologie (PCB). L’exode de 1940 l’oblige sent l’origine des témoignages qu’ils publient : à passer ses examens à Guéret. De retour à Paris à la rentrée 1940 elle obtient, pour finan- cer ses études, un poste d’aide-bibliothécaire à mi-temps au laboratoire de géographie phy- «N.B. Nous avons utilisé l’ensemble des docu- DR ments existant actuellement sur ces questions. sique et de géologie dynamique de la Sorbonne. Elle y rencontre Hélène Mordkovitch (future épouse de Philippe Viannay) qui l’entraîne dans la formation de « Défense de la France ». Philippe Viannay On ne s’étonnera donc pas de retrouver des récits charge Charlotte Nadel de l’organisation de la fabrication et de la diffusion du journal clandestin. L’imprimeur déjà publiés ailleurs, notamment dans les bro- parisien Jacques Grou-Radenez l’initie à la typographie en une heure ; elle développe alors la branche impres- chures du parti communiste et du Front sion du mouvement. National ». Ils signalent également un numéro Après y avoir échappé à plusieurs reprises, Charlotte Nadel est arrêtée le 27 mai 1944 ; internée à la Petite du journal clandestin Témoignage chrétien. En Roquette puis au camp des Tourelles, elle est libérée à l’ouverture du camp dans la nuit du 16 au 17 août 1944, effet, du fait de la censure, rechercher des infor- et part imméditement pour le maquis de Seine-et-Oise Nord que dirige le commandant Philippe Viannay. mations neuves et les diffuser constituent un dan-

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 7 Autour d’une photographie

L’origine des photographies édition du journal avec une page entière illustrée d’une partie des photos reçues et jusqu’alors non DÉFENSE DE LA FRANCE D’après les souvenirs de Charlotte Nadel, les exploitées. L’idée d’alors se souvient Charlotte Édition de Paris- N° 39 - 30 septembre 1943 photographies légendées « Prisonniers russes. Nadel est de « montrer aux Gestapistes que Documents communiqués par un prisonnier “Défense de la France” n’était pas décapité, que évadé » sont arrivées à « Défense de la France » les responsables n’avaient pas été pris et donc de un an avant leur publication, à peu près, fin 1942- disculper au maximum les personnes arrêtées ». Les FRUITS d début 1943. Philippe Viannay a alors montré à C’est ainsi qu’est conçu le numéro 39 de Défense Alain Radiguer et à Charlotte Nadel un paquet de la France du 30 septembre 1943. Le choix des photos s’est porté sur les « moins hor- ribles » rappelle Charlotte Nadel qui a participé uni- quement à la sélection des photos en provenance Certains de nos lecteurs s’étonneront de l’Oflag XVII A avec Philippe Viannay et Alain peut-être de nous voir publier de pareilles hor- Radiguer. Les photos des enfants grecs lui ont été reurs. Nous croyons cependant nécessaire de transmises directement pour assurer la composition le faire, et ceci pour trois raisons : du journal sans qu’elle participe à leur choix. Pour porter un témoignage. Ceux qui ont Le traitement des photos permettant leur impression souffert le martyre pour la Patrie ont le droit dans le journal est alors assurée par M. Courmont, que leurs souffrances ne soient pas recouver- photograveur de métier exerçant sur Paris . tes d’un voile faussement pudique. Ils ont souf-

Cécile Hochard/Fondation de la Résistance. fert ces tortures dans leur propre chair, le peu- © Bruno Leroux ple de France peut bien souffrir d’en prendre Plaque, apposée au 68 rue Bonaparte 6e arron- dissement de Paris, à la mémoire des membres de Frantz Malassis connaissance. « Défense de la France » arrêtés à la librairie Au vœu Cécile Vast Pour convaincre ceux qui, confiants dans de Louis XIII le 20 juillet 1943 et les jours suivants. le Maréchal, l’Ordre nouveau et toutes ses dou- (1) Entretien avec Charlotte Nadel, 6 juillet 2004. ceurs, ignorent encore le vrai visage du de photos de 2 cm de côté et 8-10 cm de haut. Par ailleurs, se reporter au témoignage de Charlotte nazisme. Pour les convaincre..., ou du moins Ce lot de photographies est parvenu au comité Nadel p. 179-180 in La presse clandestine 1940- les rendre inexcusables de n’être pas convain- directeur de « Défense de la France » par l’in- 1944. Acte du colloque d’Avignon des 20-21 juin cus. Il faut qu’aucun Français ne puisse dire : termédiaire de Marie-Hélène Lefaucheux qui, 1985, conseil général de Vaucluse, 1985, 266 p. « Je ne savais pas. » grâce à des échanges de colis, entretient des rela- (2) « J’ai refusé de continuer d’assurer les contacts Pour dégoûter la France des régimes de tions régulières avec des prisonniers de guerre avec d’autres mouvements notamment avec force et de terreur d’où qu’ils viennent. L’E- français détenus dans des Oflags et des Stalags Suzanne Spaak avec laquelle j’avais des liaisons tat policier est immonde, quelle que soit la cause en Allemagne. C’est par son canal que Défense régulières au jardin du Palais Royal. Simone Spaak qu’il prétend défendre. Il s’accompagne obli- de la France, tiré sur du papier pelure, arrive dans et son mari faisaient du renseignement pour gatoirement de toutes les ignominies. La jus- différents camps de prisonniers en Allemagne. le compte d’un réseau belge, de plus ils cachaient tice n’est plus juste quand elle est étayée par En l’occurrence, ces photos proviennent du pro- des enfants juifs chez Jacques Grou-Radenez. la violence. fesseur Gandillot, responsable des travaux de gra- Elle a été arrêtée alors qu’elle s’apprêtait Que chaque Français médite les textes ci- nulométrie dans les estuaires du laboratoire de à rejoindre son mari en Belgique. » dessous, les photos de la première page. Ainsi géographie physique et de géologie dynamique (3) Ce numéro, tiré à environ 150 000 exemplaires, va le monde quand les peuples se laissent diri- à la Sorbonne, prisonnier à l’Oflag XVII A (4), fut diffusé dans les rues. Une partie de 1’édition fut ger, après les avoir élus, par des aventuriers. qui était devenu correspondant de « Défense de imprimée par l’imprimerie Longueville de Clichy. la France ». (4) De nombreuses photographies ont été prises Les HORREURS de «Quant nous avons vu tous les trois ces photo- clandestinement à l’Oflag XVII A, elles ont pour graphies c’était tellement horrible que nous n’a- beaucoup d’entre elles été publiées dans l’ouvrage la police de VICHY et vons pas voulu les publier à cause des familles » de Marcel Corre Défense de photographier. de la GESTAPO se souvient Charlotte Nadel. Rappelons que c’est de cet Oflag que 131 officiers Les photographies représentant des enfants grecs, français ont réussi l’authentique « grande évasion » en FRANCE quant à elles, proviennent de Londres. Para- en deux nuits consécutives les 18 et 19 septembre Nous réunissons volontairement ces chutées à Lyon, elles ont été récupérées par 1943. Il faut dire que ces officiers n’étaient pas deux institutions sous le même titre car toute Suzanne Guyotat, bibliothécaire à la faculté de à leur premier coup d’essai puisqu’ « entre 1940 une partie de la police, par crainte ou inté- droit de Paris (5) qui les a transmises au comité et 1945, 32 souterrains ont été creusés rêt, a résolument joué la carte allemande. La directeur de « Défense de la France ». en cet Oflag XVIIA, soit au total 1600 mètres de honte éternelle de la police (nous exceptons Tous les originaux de ces photos, dont certains galeries » (cf. L’évadé Organe officiel de l’Union les isolés qui ont noblement fait leur devoir) ont été retenus pour être publiés dans le numéro nationale des évadés de guerre. 1914-1918 sera d’avoir collaboré, et de manière fort effi- du 30 septembre, ont été perdus lors des démé- et 1939-1945 n° 582, mars 1993). cace, à l’assassinat de notre pays. La honte nagements successifs. Lire à ce sujet le livre de H. Natter et A. Refregier éternelle du gouvernement de Pétain sera Six mille à l’Oflag XVII A ou cinq ans de captivité d’avoir accepté de mettre la police au ser- Les raisons d’une publication tardive au fil des jours, Paris, éditions Jacques Vautrain, vice de l’ennemi. « Des accords ont réglé 1946, 161 p. la question de la collaboration entre les poli- La décision de publier ces photographies à la une (5) Suzanne Guyotat possédant un Ausweis interzone ces allemande et française. Ces accords sti- de Défense de la France est prise après le « coup transportait les clichés de plomb de Défense de la pulent que la police française doit apporter dur » de juillet 1943, où de nombreux respon- France au mouvement « » qui ainsi pouvait son appui à la police allemande, non seule- sables et membres du mouvement sont arrêtés imprimer et diffuser ce journal en zone dite libre. ment en lui communiquant des renseigne- notamment à la librairie Au vœu de Louis XIII, (6) Cette vague d’arrestation fait suite à la diffu- ments utiles, mais en coopérant à la répres- rue Bonaparte à Paris, centre de livraison du jour- sion à Paris de l’édition du 14 juillet 1943 de sion contre tous les ennemis du Reich » nal en provenance des diverses imprimeries et de Défense la France (n° 36) où le « journal est distri- (Bulletin mensuel secret de la délégation fran- redistribution aux équipes de diffusion (6) . bué en pleine rue, FACE à l’ennemi ! » mais aussi çaise à la commission d’armistice en date du Cette répression massive qui s’abat sur DF, va ame- et surtout à la trahison du mouvement par Élio 28 août 1942). […] ner le comité directeur à publier rapidement une Marongin.

8 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 de la HAINE « Je crois à la fécondité de la haine... » HITLER.

Ce que nous refuserions de voir souffrir par les pires bandits de la terre est supporté par de splendides jeunes gens, par des jeunes filles pures, droites et fières. Leur seul crime est d’avoir aimé la France, de refuser de trahir les leurs. L’ORDRE NOUVEAU EN EUROPE.

DANS LES CAMPS DE CONCENTRATION Des centaines de milliers de malheureux, de toutes nationalités, souffrent et meurent dans les camps de concentration. Ecoutons le témoi- gnage d’un homme qui a pu revenir de l’un de ces camps. Il y a perdu 17 kilos, son corps est couvert de plaies, de traces de coups de cravache. C’est à peine s’il a la force de parler : « Dans les camps de concentration d’Auschwitz, en Haute-Silésie, à 30 km de Kat- towitz, 10.000 déportés sont parqués. Ils sont logés dans de vastes casernes. Dans chaque chambre, 300 hommes sont entassés, avec un grabat pour sept (la paille n’est jamais changée). Ils sont couverts de vermine ; pas de place pour s’allonger en dehors des grabats. Les salles ne sont jamais chauffées. A trois heures du matin, les internés sont réveillés pour être

emmenés au travail. Collection musée de la Résistance et Déportation à Besançon. La nourriture se compose, par jour, de 100 Une illustrée du numéro 39 de Défense de la France. grammes de pain et d’un peu de soupe. Un seul récipient pour 7. EN POLOGNE the extrêmement nocive est distribuée par les Le travail est épuisant. Tous y participent, LES CAHIERS DU TÉMOIGNAGE soins de l’intendance allemande à la population. malades et infirmes y compris. La durée de tra- CHRÉTIEN, dans leurs numéros 13 et 14 ont La littérature pornographique encombre tou- vail, pour les femmes comme pour les hommes, est prononcé un terrible réquisitoire sur l’action alle- tes les librairies. de 14 heures par jour. On leur fait démolir deux mande en Pologne. Rappelons les faits les plus Les jeunes filles polonaises sont poussées de villes. Pas de repos hebdomadaire, sauf un criants. force dans les maisons publiques. Lorsqu’elles dimanche par mois où l’on fait la corvée au La liste nominale des Polonais tués dans le sont infectées on les fusille. Une jeune fille de camp. Gouvernement général s’élève actuellement à 17 ans écrit en Juillet 1940 d’Allemagne à sa Aucune hygiène. Trois WC pour 10.000 plus de 200.000 personnes. Combien ont été mère restée en Pologne : « Je te dis adieu, car internés. Une seule douche par mois. Aucun supprimés secrètement, on ne le saura jamais. je ne te reverrai plus. Nous servons de matelas aux blanchissage. Les poux pullulent. Sans doute, Cinq villages dans le district de Kielce ont soldats allemands ! Nous sommes toutes infectées une salle est-elle désignée pour les grands été rasés en 1940. Tous les hommes, au nom- et malades. Il n’y a pas de nuit où l’on ne fusille malades qui ne sont plus capables de travailler, bre de 1.214, y furent fusillés. A Szalasy, des quelques-unes d’entre nous. Je sais que cela m’at- mais ils y sont délaissés sans soins et on leur dimi- enfants de 15 à 18 ans ont été enfermés dans tends aussi, car je suis malade à ne plus pouvoir nue leur nourriture jusqu’à ce qu’ils aient repris leur école et brûlés. marcher. » le travail. Ceux qui ne peuvent pas se relever Dans le camp de concentration de Oswiecim, dio- La Gestapo pénètre fréquemment dans les meurent de faim. On compte 10 morts par jour. cèse de Cracovie, 40.000 hommes sont oppri- guettos et s’y livre à d’affreux massacres de juifs Un four crématoire fonctionne dans le camp. més jusqu’à la mort dans des conditions inouïes. par la fusillade et les gaz. Au total plus de Les suicides se multiplient. En cas de dés- La mortalité atteint parfois 150 personnes par 700.000 juifs ont été assassinés sur le territoire obéissance, on fusille “pour l’exemple” devant jour. Les morts sont brûlés pour effacer la trace polonais. les internés rassemblés. des tortures. Trois fours crématoires fonction- Le clergé est décimé. Les prêtres sont Dans cet enfer, que les Polonais appellent nent quotidiennement à la porte du camp. déportés ou tués. Quelques diocèses ont perdu le camp d’exécution lente, 100 femmes fran- La dépravation de la population est pour- plus de 25 pour cent de leur clergé. La pro- çaises, dont 26 veuves d’otages fusillés, sont en suivie systématiquement. L’alcool est vendu par- portion atteint dans certains diocèses 50 pour train de mourir. [»] tout à des prix particulièrement bas. Une absin- cent. […]

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 9 L’activité des associations partenaires Mémoire et Espoirs de la Résistance (MER) LA RÉSISTANCE, L’ESPRIT ET LES AUTRES…

Il y a 64 ans, un général inconnu appelait les Mais la culture hellénique, avec l’Antigone de La fraternité reste une valeur forte héritée de Français à la Résistance et leur redonnait l’espoir. Sophocle ou le procès de Socrate, aussi annonce la Résistance. Mais cette dernière n’est pas un Quatre ans après, les Alliés débarquaient en indirectement la Résistance civile ou spirituelle. « égalitarisme » ! Il fallait à la France une nou- Normandie, annoncés par un poème de Paul La franc-maçonnerie fut également persécutée et velle hiérarchie conquérante. Mais la « Répu- Verlaine: «les sanglots longs des violons de l’au- rejoignit, dans « un même combat », le christia- blique sociale», article 1 de la Constitution, n’en tomne… ». nisme qu’il combattait ou contre-balançait est pas moins née du programme du CNR et Le 7 juin 1940, la division Das Reich quittait avant-guerre. Témoins, le dialogue chaleureux de des idées de Londres, puis d’Alger. Il reste à la Montauban et remontait vers le Nord, en mas- Mgr. Théas, évêque de Montauban, et du résis- faire vivre avec réalisme. La société prétendue sacrant au passage les habitants d’Oradour-sur- tant libre-penseur M. Bonnafous emprisonnés moderne n’est pas toujours aussi fraternelle que Glane, de Maillé en Touraine et d’autres lieux ensemble en Tarn-et-Garonne par les nazis. dans les maquis ! martyrs. Les œuvres de l’esprit comme actes de Résis- Mais c’est le devoir qui demeure la valeur-clé. Le 14 juin 1944, de Gaulle regagnait le sol de tance furent innombrables et conduisirent sou- La clandestinité a donné naissance à une France après 4 ans d’absence. À Bayeux, il disait vent leurs auteurs au supplice, comme ceux de citoyenneté des devoirs qui complète enfin, un que « le combat sans armes » continuait. Boris Vildé ou de Jacques Decour, créateurs de siècle et demi après, la citoyenneté des droits née Soldats alliés, Français libres et résistants inté- publications clandestines. sous la Révolution. rieurs fraternisaient pour achever une guerre qui Près de 1 200 journaux et périodiques ont été Face à un terrain hostile, on passe même au défi dura encore près d’un an, mais prit d’autres for- inventoriés, depuis les tout premiers comme du management : créativité, efficacité, compé- mes sournoises... Pantagruel ou Résistance jusqu’à d’énormes tira- titivité, combativité… La Résistance reste aussi Éternelle bataille de l’ombre, la résistance de ges comme Défense de la France ou des titres un esprit d’entreprise ! l’Esprit n’a-t-elle pas pérennisé l’esprit de pérennes comme et autres jour- Enfin la Résistance laisse en filigrane le souve- Résistance comme une inconsciente métaphy- naux régionaux. nir d’un patriotisme héroïque et romantique sique du dépassement ? La poésie (Paul Éluard, Louis Aragon, René transformé en rêves de nouveaux ensembles Char…), le roman (Joseph Kessel, André pluri-nationaux: René Cassin, l’ONU et la Décla- Victimes, héros Malraux…) le théâtre (Jean Anouilh, Paul ration universelle des droits de l’Homme ; Jean et œuvres de l’esprit Claudel…), le cinéma (Le silence de la mer, Monnet, Robert Schuman et la CECA; la guerre Casablanca, Le corbeau…), la chanson (Le Chant froide et l’OTAN; les «hyper puissances»: États- Les victimes françaises furent, sans compter les des partisans de Joseph Kessel, Maurice Druon unis, Chine, Inde… blessés et autres personnes traumatisées ou rui- et Anna Marly), le jazz, notamment tzigane Ernest Renan avait prévu cette perspective dans nées, 550 000 morts dont 330 000 civils. Les avec Django Reinhardt…, tous les instruments son discours à la Sorbonne en 1882, où il évo- déportés français furent 140000, dont 75000 juifs. de l’esprit furent utilisés pour communiquer quait l’évolution de la Nation, « somme de sou- Parmi les victimes, se détachent dans notre ou se rapprocher… venirs et de projets communs » vers la cons- mémoire, des héros charismatiques comme Berty En outre, la radio fut déterminante tant à truction européenne. Albrecht ou Marianne Cohn, Londres qu’au Vatican. Indépendamment de son rôle incontestable ou Jean Moulin, Honoré d’Estienne d’Orves ou Bref le kaléidoscope de la Résistance de l’Esprit diplomatico-militaire, la Résistance a gardé un Missak Manouchian. demeure infini. Mais où se situent les héritages rôle essentiel comme sursaut des esprits et des Où sont les points communs entre ces indivi- culturels et institutionnels ? âmes. Elle demeure une juxtaposition excep- dualités hors du commun et qui avaient souvent tionnelle d’utopies éternelles, mais salvatrices ; commencé à résister par l’esprit ou la parole dès Libertarisme, fraternité aucune d’elles ne peut prétendre au monopole 1933 ? et citoyenneté du devoir de « la pensée unique » : ni individualiste, ni col- Les inspirateurs conscients ou non s’avèrent mul- lectiviste ; ni nationaliste, ni internationaliste ; ni tiples et lointains. Du réalisme circonstanciel aux utopies éternel- monarchiste, ni anarchiste ; ni matérialiste, ni Pourquoi par exemple Mahomet n’aurait-il pu les, la Résistance n’est pas une recette miracle. spiritualiste… inspirer les tirailleurs «sénégalais» (défendus par Cette juxtaposition irremplaçable de rêves et Bref, l’esprit de la Résistance n’est-il pas une sorte Jean Moulin et célébrés par le poète catholique d’ambitions, parfois opposés, a redonné à la de métaphysique inconsciente du dépassement Léopold Sedar Senghor) et maghrébins, dont France son identité et sa dignité. Trois élans ont de soi ? plusieurs furent déportés et quelques uns faits survécu, vaille que vaille, à ce dernier demi-siè- Compagnons de la Libération ? cle : le libertarisme, la fraternité et le devoir. François Archambault Mais Abraham et Moïse (« Tu ne tueras Le libertarisme, s’oppose d’ailleurs sans cesse au Président de « MER » point…») restent à la base des gestes judéo-chré- libéralisme. Or la Résistance a révélé et défendu Secrétaire général de la Fondation de la tiens et humanistes. Le 23 juin 1940, les pas- de légitimes aspirations à la liberté de l’individu Résistance teurs protestants Marc Boegner, André Trocmé (la « Belle » de La rose et le réséda), des syndi- Montauban, le 18 juin 2004 et Edouard Theis inspirent le sauvetage des juifs cats (deux furent au CNR, un marxiste, un chré- au Chambon-sur-Lignon. En 1941, les Cahiers tien), des partis (plusieurs constituent le CNR), de Témoignage Chrétien sont lancés dans le Sud- de la presse (mais que reste-t-il de son indé- NB : Cet article résume la conférence prononcée à Est par le père jésuite Pierre Chaillet ; son col- pendance « utopique » née dans les « catacom- Montauban le 18 juin. Que Mme Brigitte Barèges, lègue Gaston Fessard rédige son fameux «tract» bes » de 1943 ?) députée-maire, Mme Monique Vallat, première de 18 pages : « France, prends garde à perdre Quant au marché qui fut « noir » dans les années adjointe au maire, M. Christian Méjean, directeur ton âme ». Le pape Pie XI, dans une encyclique du même qualificatif, il n’est pas devenu blanc départemental de l’ONAC, et M. Robert Badinier, en allemand, avait dénoncé dès 1937 la haine ou rose pour les tenants de Marx ou de Keynes ! délégué départemental de « MER » en Tarn-et- nazie et rappelait l’Amour chrétien des uns et Le libertarisme n’aime pas beaucoup les marchés… Garonne, soient remerciés de leur chaleureux des autres. Pourtant ils se rappellent à nous tous les jours ! accueil.

10 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 2 Calendrier des prochaines manifestations de MER

Mercredi 10 novembre 2004, à la Sorbonne 3 (salle Liard) , « la Résistance polonaise », mati- 1 née co-organisée par « MER », Libération–Nord et la société historique et littéraire polonaise, en com- mémoration du soixantenaire de l’insurrection de Varsovie. Renseignement auprès de Mme Marcjanna Marcinkowski-Couturier.

Lundi 29 novembre 2004, en fin d’après-midi, 4 5 6 dans la salle des rencontres des Invalides, débat entre experts britanniques et français pour le cen- tenaire de l’Entente cordiale, co-organisé par «MER» et la Royal British Legion que préside à Paris M. Thorn

La Résistance française et les partis politiques sera 9 le grand débat d’automne de « MER » le jeudi 16 décembre 2004 matin à l’Assemblée nationale, 7 8 sous la présidence de M. Jean-Louis Debré. Les places étant limitées, il convient de s’inscrire dès que possible par écrit à « MER ».

Après-midi de présentation du thème du Concours national de la Résistance et de la Déportation à la Sorbonne avec de grands témoins le vendredi 31 janvier 2005. Coorganisation par les Fondations 10 11 12 et associations issues de la Résistance et de la photos Marc Fineltin Déportation. Soirées thématiques «une soirée, un auteur» organisées par le Mémorial du Maréchal Leclerc Les premières «rencontres de Hauteclocque et de la Libération de Paris et Musée Jean Moulin (ville de Paris) avec le soutien et dédicaces du livre résistant»: de l’association «MER». Entrée libre mais sur réservation au 01 40 64 39 44. un public nombreux au rendez-vous ! Les conférences débutent à 18 heures. Jeudi 7 octobre 2004 Notre association « Mémoire et Espoirs de la de Desnos. Assis côte à côte (photo n° 6), René COUEDEL Résistance » a participé à sa manière à la com- Philippe Lacarrière (à gauche), l’un des «volon- De Yaoundé à la Libération de Paris mémoration du soixantième anniversaire de «l’été taires de la nuit » et Pierre Favre (à droite) qui du capitaine Dronne au maréchal Leclerc 44 » en organisant, le samedi 26 juin, « Les pre- rappelle dans son ouvrage combien Les Lettres de Hauteclocque. mières rencontres et dédicaces du livre résistant». françaises doivent à Jacques Decour. André Un large et jeune public (photo n° 1) se pres- Rossel-Kirschen (à gauche), dernier témoin du Jeudi 4 novembre 2004 sait dans les magnifiques salons de l’hôtel des procès de la maison de la chimie, est en com- Michel REYNAUD Fondations de la Résistance et de la Déportation pagnie de Roger Bourderon (à droite), auteur « Elles et eux », de la Résistance. Pourquoi qui réunissaient résistants, témoins et historiens de la biographie tant attendue sur Rol-Tanguy leur engagement ? Tirésias, 2003. de ces « années noires ». Pierre Messmer, résis- (photo n° 7). Au côté de son ami Jean-Marie Jeudi 2 décembre 2004 tant de la première heure, avait répondu pré- de Beaucorps (debout à droite), héros de la Jean-Louis GOGLIN sent et c’est en souriant qu’il dédicace ses der- guerre en Europe et en Indochine, Jean-Pierre Pierre ROUX niers livres, assis au côté de Lucie et Raymond Renouard (photo n° 8) dédicace son ouvrage Souffrance et liberté : une géographie des Aubrac (photo n° 2), inlassables témoins de ce sur l’enfer des camps, tandis qu’un peu plus loin années noires (1940-1945) Paris-Musées, 2004. que fut le combat de la Résistance. Au gré des le général Saint-Macary, (photo n° 9) rescapé tables, que de rencontres. Ici Rose de Beaufort de Mauthausen, s’entretient avec Blanche (photo n° 3), fille d’Honoré d’Estienne d’Orves, Pineau. De nombreux historiens étaient présents: Un grand merci au préfet Victor Convert, direc- qui présente le livre écrit sur son père par Etienne Christine Levisse-Touzé (photo n° 10), Guy teur général de la Fondation de la Résistance, de Montéty, Aude Yung de Prévaux (à gauche), Krivopissko, Alain Vincenot, Michel Reynaud, ici avec Rose de Beaufort (photo n° 12), pour fille de l’amiral Jacques de Prévaux à qui elle a Philippe Castetbon, etc. ainsi que nos amis de son aide précieuse. Nous avons aussi été hono- rendu un admirable hommage dans son ouvrage l’association des médaillés de la Résistance rés de la visite du président Jean Mattéoli et de témoignage et, Serge Ravanel (au centre), l’in- (photo n° 11). Aussi présents tout au long de son épouse venus saluer les auteurs et sympa- fatigable défenseur des valeurs de la Résistance. ce bel après-midi, Jacques Poirier avec son livre thisants de cette belle journée. À leur côté, Jacques Baumel, résistant et gaul- La girafe a un long cou, Franck Bauer, l’homme Après le succès de ces « Premières rencontres et liste de la première heure, signe son dernier livre qui chaque soir prononçait cette phrase deve- dédicaces du livre résistant », nous nous retrou- en compagnie de Mireille Albrecht, l’auteur d’un nue légendaire « Ici Londres, les Français par- verons l’année prochaine. très beau livre-témoignage sur sa mère Berty, lent aux Français », Michel Morin avec son livre «l’âme de Combat » (photo n° 4). Un peu plus témoignage sur son père, Morin-Forestier chef Jean Novosseloff loin assis à la même table, deux témoins des d’état-major du général Delestraint, et Robert Administrateur, secrétaire général adjoint camps (photo n° 5): Gisèle Guillemot avec entre Salmon qui vient de sortir le premier tome de de « MER »

autres un petit livre de très émouvants poèmes ses souvenirs Chemins faisant …Vers la Résis- ▲ ▲ ▲ et André Bessières, le compagnon d’infortune tance : Du Lycée à Défense de la France. Suite en page 15

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 11 L’activité des associations partenaires

Association pour des Études sur la Résista LA COLLECTION « HISTOIRE EN MÉMOI DE L’AERI COMPTE DEUX CÉDÉROMS DE

Dans le cadre de sa collection « Histoire en Mémoire, 1939-1945 », l’AERI publie Le débarquement du 6 juin sur les côtes nor- pour la rentrée de septembre deux nouveaux cédéroms : l’Ardèche et la Haute-Marne. mandes donne le signal de l’insurrection. Les deux tiers du département passent rapidement sous le contrôle de la Résistance. Plus de 7 000 volontaires viennent s’enrôler dans les unités des LA RÉSISTANCE EN ARDÈCHE Forces françaises de l’intérieur (FFI). Celles-ci vont infliger des pertes sévères à l’ennemi (plus e collectif pour le déclenchée par le nouvel « État Français » de 1 000 tués, près de 8 000 prisonniers). cédérom sur la Résis- pétainiste. Dès 1940, des militants syndicalis- Ltance en Ardèche a tes et communistes sont internés près de Privas Le 12 août 1944, Privas est une des premières été constitué au sein de dans un camp dénommé déjà « camp de préfectures métropolitaines libérées par les l’association du Musée concentration ». En 1941, des opposants de FFI. départemental de la notoriété nationale (anciens ministres de la Ces combats entraînent de lourds sacrifices: près Résistance en Ardèche et IIIe République, intellectuels, militaires) sont de 500 morts et 1 500 blessés du côté des résis- de la Déportation. De internés à Vals-les-Bains, dont les grands hôtels tants. La population a fortement à souffrir de nombreux auteurs ont sont transformés en prisons. l’oppression: incendies, pillages, bombardements © AERI : 2004 participé aux travaux à aériens, otages fusillés, tortures, viols, des cen- des degrés divers. Ils appartiennent au moins à En octobre 1940, quelques Ardéchois créent une taines d’arrestations et de déportations… trois générations différentes: celle de jeunes étu- première structure organisée de Résistance dans diants-chercheurs ou de jeunes historiens déjà la mouvance du général Cochet. Celui-ci est Aujourd’hui, au cœur du pays ardéchois, de confirmés, celle d’enseignants ayant aussi une d’ailleurs emprisonné peu après à Vals-les-Bains, nombreuses stèles, monuments ou humbles activité de recherches et d’amis de la Résistance, d’où les résistants locaux organisent avec suc- plaques de souvenir attirent l’attention du pro- civils ou militaires, passionnés d’histoire, celle cès son évasion. Ces précurseurs sont ensuite sol- meneur sur ces événements glorieux et ces tra- enfin d’anciens résistants, acteurs des événe- licités par les divers mouvements qui vont se gédies qui ont marqué le nécessaire combat des ments, mais qui, soit enseignants honoraires, soit regrouper dans les MUR et l’Armée Secrète. résistants pour la liberté, pour les droits de historiens autodidactes, ont acquis une distan- l’Homme, pour un monde socialement plus juste ciation profitable à tous. À l’initiative du parti communiste est créé le et en paix. mouvement « Front National » et sa formation Le cédérom propose plus de 700 notices sur les armée les FTPF. À partir du 11 novembre 1942, C’est toute cette histoire que l’équipe a essayé activités répressives des autorités vichystes et de le département de l’Ardèche n’échappe pas au de mettre en valeur dans ce cédérom (disponi- l’occupant, les organisations civiles et militaires sort de la zone sud : des garnisons allemandes ble au Musée départemental de la Résistance en de la Résistance et leurs activités (pétitions, jour- occupent Tournon, Privas, Aubenas. Les élé- Ardèche et de la Déportation et à l’AERI, au naux clandestins, guérilla, etc.), un fonds ments de la Gestapo, les feldgendarmes et leurs prix de 20 €). exceptionnel de photographies, certaines pré- guides miliciens sillonnent les routes. sentées en diaporama, de même que des aqua- relles évocatrices, une dizaine de cartes situant La terre ardéchoise, triple voie stratégique de les lieux de combats et de parachutages, les lieux communications routière, ferroviaire et fluviale, LA RÉSISTANCE EN de souvenirs… s’avère propice à l’action de guérilla. HAUTE-MARNE Bien que situé loin des frontières, le départe- L’année 1943 voit la naissance de quelques ment de l’Ardèche est fortement impliqué dans « maquis-refuges » pour accueillir clan- L’équipe du cédérom La Résis- les combats de la Seconde Guerre mondiale. destins et réfractaires au tance en Haute-Marne a travaillé STO. Des petits maquis pendant deux ans à son élabora- D’abord dans la phase « guerre-éclair » et «d’action immédiate » sont tion. Des auteurs – professeurs «débâcle » : les troupes hitlériennes parviennent installés par les FTP sur les pour la plupart – se sont répar- jusqu’aux portes de Tournon ; mais déjà des hauteurs et près des gorges de tis les recherches par zones géo- patriotes refusent l’humiliation. Malgré l’appel torrents, à proximité même de graphiques, un bilan des travaux à déposer les armes lancé le 17 juin 1940 par la vallée du Rhône. individuels étant effectué tous Pétain, des soldats, soutenus par la population, les mois, au CDDP de Chau- continuent à se battre dans le nord du dépar- De 1942 au 6 juin 1944, plus de mont qui accueillait l’équipe tement et apportent une résistance farouche jus- 200 actions contre la machine de et l’assistait dans toutes ses qu’au 25 juin. guerre hitlérienne sont recensées démarches (autorisations à l’actif des groupes FTP, des diverses, matériel et per-

Très tôt, l’Ardèche s’inscrit dans le mouvement groupes francs de l’AS et des 2004 : AERI © sonnel pour l’enregistre- général de la Résistance et connaît la répression maquis, agissant de concert. ment des témoignages,

12 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 Actualités de l’AERI Le film de Rolande Trempé Résistantes, de l’ombre à la lumière sera projeté à Verdun, le 30 septembre, puis à Blois mi-octobre. Le dévé- dérom sur la Résistance en Ile-de-France sera pré- nce Intérieure (AERI) senté au Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne les 18 et 19 septembre et à Limeil-Brévannes le 8 octobre.

L’Association marnaise des lauréats du concours RE, 1939-1945 » de la Résistance et de la déportation, présidée par Aurélie Pol, organise à Reims du 30 septem- bre au 4 octobre le 49e congrès de la Confédé- ration nationale des combattants volontaires de E PLUS ! la Résistance (CNCVR) : l’exposition sur les archi- ves, préparée par la Fondation de la Résistance, y sera présentée en avant première. réalisation de cartes…). Elle a bénéficié du sou- tien d’une association locale, le « Club Mémoi- Depuis début septembre, a été mis en place sur res 52», qui publie régulièrement ses très sérieu- notre site internet (http://www.aeri-resistance.com) ses recherches sur la période. une librairie en ligne où sont présentés et mis en vente les produits de l’AERI, mais aussi ceux de partenaires qui le souhaitent (les éditions Privas, Dans son cédérom, l’équipe s’applique à Tirésias…). démontrer que la Résistance en Haute-Marne fut tributaire des spécificités géographiques du © AERI : 2004 département, divisé sous l’Occupation et jusque de l’AERI ou des librairies du réseau SCEREN, stratégies résistantes, les faits, les lieux, mais aussi en 1942, en une zone occupée et une autre zone ainsi que dans les librairies privées du départe- des données de nature sociologique, ainsi que dite « interdite », sur toute sa moitié est. La pre- ment. Pour tout renseignement il est possible sur la mémoire des événements dans la région. mière forme de Résistance consista donc tout de contacter le CRDP de Champagne-Ardenne, Une équipe de 90 chercheurs a participé à ce naturellement en l’organisation de passages clan- 47 rue Simon à Reims. projet sur la Résistance dans les huit départe- destins pour les soldats en fuite. Trois années ments actuels d’Ile-de-France: Essonne, Hauts- plus tard, les filières d’évasion des aviateurs alliés, Delphine Henry de-Seine, Paris, Seine-et-Marne, Seine-Saint- essentiellement anglais, utilisèrent le relief : de Coordinatrice du projet Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise et les Yvelines. forêt en forêt, en suivant la ligne à haute ten- CRDP de Champagne-Ardenne Ce produit comprend de nombreuses séquen- sion, ils gagnaient la Suisse. Car les forêts de la ces filmées (deux heures d’archives vidéo) dont Haute-Marne, profondes et étendues, consti- le film sur la libération de Paris réalisé par les tuaient un ensemble d’abris qui ont servi autant équipes du Comité de libération du cinéma fran- aux soldats africains des régiments de tirailleurs LA RÉSISTANCE EN çais (visionnage dans son intégralité en plein en juin 1940 qu’aux réfractaires au STO, puis écran ou par séquences avec analyse filmique aux maquis. ILE-DE-FRANCE et historique) ; des documents radiophoniques d’époque ainsi que des entretiens avec des résis- Rapidement des noyaux de Résistance se mirent tants (deux heures d’archives sonores) ; plus de en place. L’imprimerie du Petit Haut-Marnais Véritable outil scientifique et pédagogique, le mille fiches explicatives (biographies, événe- à Chaumont fut utilisée dès 1941 par des mem- dévédérom La Résistance en Ile-de-France paru ments, lieux de la Résistance, thèmes); une base bres du réseau « Manipule » pour la diffusion en juillet dernier rencontre un franc succès. de données de 6 000 actes de Résistance cons- d’un titre clandestin et la création de faux papiers. Depuis sa présentation officielle à l’Hôtel tituée à partir des rapports de police et de gen- Raoul Laurent, membre du parti socialiste, s’atta- national des Invalides le 1er juillet, en présence darmerie (interrogeable par type d’événe- cha à réorganiser son parti de façon clandestine d’environ 200 personnes, la presse en parle régu- ment, date, ville ou canton) ; 2 000 illustrations et à jeter les bases d’un réseau de Résistance dans lièrement. Dans son édition du 28 août, Le Pari- et 150 cartes. le nord du département. En septembre 1943, sien, évoque «l’ouvrage le plus complet et le plus l’OCM réussit à Langres un véritable exploit en documenté sur la Résistance et la Libération à Le dévédérom sur la Résistance en Ile-de-France dynamitant la poudrière où étaient stockées les Paris et en Ile-de-France » ; Le Républicain de est en vente à l’AERI au prix de 35 €. munitions allemandes… Exploit célébré comme l’Essonne du 26 août mentionne que ce dévé- Commandes par téléphone au 01 45 66 62 72, il se devait par . dérom « fait déjà référence ». Le Journal du par télécopie au 01 45 67 64 24 ou sur la librairie dimanche titre « Un DVD pour l’histoire » et les en ligne http://www.aeri-resistance.com. Fin 1943, début 1944, apparurent des hommes Nouvelles de Versailles «La Résistance francilienne décidés à combattre : les Paul Carteron en DVD ». L’édition de France Soir du 30 août (« Max »), André Guignard, Hubert Aubry, évoque un « travail de longue haleine… pour Renseignements Noirot, Boitel Debernardi, le colonel Boitel, réunir la mémoire de la Résistance en Ile-de- Pour toute information, contacter l’AERI Vesselle, Raoul Laurent, Simone Dauvé et bien France ». Dans son numéro 127, Hommes et (association loi 1901d’intérêt général) d’autres… Ce sont les réseaux d’origine syndi- Libertés (revue de la Ligue des droits de cale, militaire ou politique qui agirent. Il fallut l’Homme), a choisi d’en faire une analyse assez Association pour des Études sur la Résis- attendre fin 1943, début 1944, pour que, pro- détaillée sous le titre « Le multimédia au service tance Intérieure, affiliée à la Fondation de la gressivement, après la déconfiture et les arres- de l’histoire : un DVD-ROM sur la Résistance Résistance tations de Chaumont, les maquis se constituent en Ile-de-France ». D’autres journaux ont éga- Siège social et bureaux: et passent sous un commandement unique, celui lement fait état de cette parution parmi lesquels du colonel de Grouchy, qui réussit à organiser nous pouvons citer Marianne, La Croix, Voix et 16-18 place Dupleix 75015 Paris hiérarchiquement et militairement la Résistance Visages, 92 Express et Le Courrier des Yvelines, Tél.: 0145666272 haut-marnaise. C’est ainsi que les résistants du ParisObs. Fax: 0145676424 département purent participer à la libération de E-mail: [email protected] leur territoire aux côtés des armées alliées. Le dévédérom offre une information très riche Site internet : www.aeri-resistance.com Ce cédérom est disponible au prix de 20 €, auprès sur les acteurs, les organisations, les actions et

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 13 Livres

« enfants cachés » coordonné (1941-1944). répression de l’occupant et de Vichy. VIENT DE par Danielle Bailly. Alain Pinel. Pour faciliter la navigation, les Préface de Pierre Vidal Naquet. Préface de Philippe Braud. recherches peuvent se faire en réfé- PARAÎTRE L’Harmattan, 304 p., 27 €. L’Harmattan, 400 p., 32 €. rence aux lieux, à la chronologie, aux personnes ou bien encore aux sour- La présence de ces titres dans Villes en guerre (1914-1945). La singulière épopée ces utilisées. «vient de paraître » ne saurait Sous la direction du «groupe Lafayette ». Ce cédérom au prix de 20 € constituer un conseil de lecture de Philippe Chassaigne Des maquis de la Haute-Loire peut être commandé à l’asso- mais a pour but de tenir informé et Jean-Marc Largeaud. jusqu’au bord du Rhin ciation Résistance et Mémoire les abonnés de «La Lettre », des Armand Colin, 349 p., 25 €. (nouvelle édition revue – Abbaye d’Ardenne – 14 280 derniers ouvrages que nous avons et augmentée). Authié (Tél. : 02 31 74 51 09) reçus au cours du trimestre. Les femmes à l’épreuve Lucien Volle. La Fondation serait reconnais- des années quarante. Actes 407 p., 35 € +5€ de port. sante à ses lecteurs de lui com- du 2e colloque de Lacaune, Commande chez l’auteur : Lucien Vous pouvez retrouver muniquer, le cas échéant, leur sen- 21 et 22 septembre 2003. Volle – 1, rue des Bories Hautes – d’autres comptes rendus timent sur le contenu de ces Sous la direction 43 700 Brives Charensac. de lecture sur notre site ouvrages, afin de pouvoir en de Jacques Fijalkow. recommander la lecture. Éd. de Paris, 192 p., 22 €. A LIRE www.fondation La Médaille de la Résistance Le carnet de guerre resistance.org française. de bon papa. Une famille Parmi les publications reçues nous à la rubrique Association nationale sous l’Occupation. choisissons quelques titres qui « Nous avons lu » des médaillés de la Résistance Marcel Euvrard nous ont particulièrement intéres- française. Éd. Charles Herissey sés et dont nous vous conseillons 40 à Londres. L’espion qui Préface du général Jean Simon, (Tél. : 02 32 31 01 83), la lecture. venait du Jazz. chancelier de l’Ordre de la Libé- 153 p., 32 €. Franck Bauer. ration, président de la commission La Résistance dans le Calvados. Éditions Bayard, 2004, 479 p. nationale des médaillés À mon père. FTP au pays L’association Résistance et Mémoire, Prémonitoires les propos que tient, de la Résistance française. de Douarnenez. présidée par Jacques Vico, vient en 1933, un jeune garçon de 14 ans Avant-propos du général Alain Nathalie Florc’h. d’éditer un cédérom sur la Résistance à ses parents venus l’attendre à son de Boissieu, chancelier de l’Ordre Préface de Lucie Aubrac. dans le Calvados. Fruit d’un long tra- retour d’un bref séjour linguistique de la Libération. L’Harmattan, 300 p., 25.50 €. vail dans les archives mené par une en Allemagne : « Nous allons avoir la Postface de Jean-Jacques équipe de bénévoles dirigée par Jean guerre, nous la perdrons et moi je de Bresson, président de l’associa- Un instituteur résistant Quellien, doyen de l’université d’his- m’en irai » ! Sept ans plus tard, le tion nationale des médaillés et déporté. toire de Caen et spécialiste de la jeune homme a vingt ans, il s’appelle de la Résistance française. Armand Giraud. Seconde Guerre mondiale ; ce cédé- Franck Bauer, c’est un «fou de Jazz» Charles Lavauzelle, 256 p. Geste éditions rom propose 1 200 fiches richement et fidèle à sa prédiction, accompagné (Tél. : 05 49 05 83 50), illustrées d’affiches, de journaux et de sa jeune sœur, à vélo ils traversent La liberté guidait nos pas. 302 p., 22 €. de tracts d’époque, de témoignages la France à la recherche d’un port Jacques Baumel. et parfois d’enregistrements sonores. pour fuir les Allemands. Obligé de Plon, 306 p., 18.50 €. Paroles du jour J. Lettres et quitter sa jeune sœur blessée, il carnets du débarquement, embarque seul au Verdon-sur-Mer à Une société en épuration. été 1944. bord d’un bateau chargé de soldats Épuration vécue et perçue en Jean-Pierre Guéno. polonais. Parce que septique sur ses Maine-et-Loire. De la Libération Librio, 123 p., 2 €. capacités militaires, aux hasards des au début des années 50. couloirs de Stephen House, il est Marc Bergère. La France militaire dans le engagé dans le service de propagande Presses universitaires de Rennes, soulèvement slovaque de 1944. des FFL. Envoyé d’abord auprès 426 p., 23 €. Miroslaw Kovarik. des nouveaux arrivants français en L’Harmattan, 278 p., 25 €. Grande-Bretagne, il participe à deux Histoires extraordinaires missions de renseignements sur les du jour le plus long. Aumônier de la France libre. côtes françaises occupées dont l’une Philippe Bertin. Mémoires. Dans ce document de travail et de à l’île de Sein. Puis « l’espion ama- Éd. Ouest France, 216 p., 5 €. René de Naurois. réflexion, l’utilisateur découvrira le teur » est chargé aux États-Unis Perrin, 287 p., 21.50 €. parcours des résistants du départe- d’étudier et de contrer les menées de Rol-Tanguy. ment, une liste des victimes du Vichy contre la marine marchande Roger Bourderon. Geneviève de Gaulle-Anthonioz. nazisme avec pour chacune d’entre fidèle à la France libre. Tallandier, 768 p., 28 €. L’autre de Gaulle. elles une courte biographie et une En mars 1941, de retour à Londres, Frédérique Neau-Dufour. photographie, mais également une il rencontre dans un club français La joie douloureuse. Cerf, 240 p., 24 €. chronologie détaillée des événements londonien Jean Oberlé qui l’engage La Libération de la France. de 1939 à 1945. Ce cédérom pro- à la BBC, grâce à « sa voix jeune, Philippe Buton. La nuit montalbanaise. pose un menu thématique scindé en bien timbrée, capable de franchir la Éd. Complexe, 288 p., 24.90 €. 1940-1944. deux parties distinctes : « les aspects barrière du brouillage ». Ainsi pen- Maurice Oustrières. de la Résistance » évoque l’activité dant deux ans « le jeune amateur de Traqués, cachés, vivants. Éd. Alan Sutton (Tél. : de la Résistance avant, pendant et jazz », chaque soir prononce-t-il, au Des enfants juifs en France 02 47 40 66 00), 124 p., 10 €. après la Libération tandis que « la micro de la BBC cette phrase deve- (1940-1945). Résistance dans son environne- nue légendaire : « Ici Londres, les Ouvrage collectif réalisé Une police de Vichy. ment » aborde les relations de la Français parlent aux Français ». Jus- par un groupe d’anciens Les groupes mobiles de réserve Résistance avec la population, la qu’en mars 1943, il fait partie de la

14 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 ▲ ▲ ▲ Suite de la page 11

brillante équipe française de radio Londres qui réunit autour de Pierre Bourdan et Jean Marin : Jacques Des innovations importantes Borel, Jacques Duchesne, Jean Oberlé, Maurice Van Moppès… et bien sûr Maurice Schuman, le per- à l’Assemblée Générale annuelle de MER sonnage le plus écouté, porte-parole du général de Gaulle à la BBC. L’Assemblée Générale mixte de « Mémoire et Espoirs ses activités et de pérenniser la manifestation annuelle Dans son livre de souvenirs Franck de la Résistance » s’est réunie le 22 juin dernier au qui, dans les jardins du Luxembourg, rappelle le sacri- Bauer s’attache à faire revivre Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de fice de tous ces jeunes. l’atmosphère de cette section fran- la Libération de Paris - Musée Jean Moulin. De nom- Marc Fineltin, çaise de la BBC, l’émotion de ces breux membres étaient présents ou représentés, parmi secrétaire général de « MER » hommes pour qui « parler à la lesquels plusieurs s’étaient déplacés depuis la province. France nous remuait tous au plus Lors de l’assemblée générale ordinaire, le rapport profond » et trace de tous des por- moral du président et le rapport financier du trésorier CONSEIL D’ADMINISTRATION traits chaleureux, vivants et anec- ont été adopté à mains levées et à l’unanimité. De même DE «MER» dotiques. Juillet 1943 il quitte pour le renouvellement pour 6 ans des mandats d’ad- Londres, pour rejoindre Madagas- ministrateurs de MM. François Archambault, Marc M. Michel Ambault car où il est nommé attaché d’in- Fineltin et Thierry Jallerat. Quatre administrateurs ne M. François Archambault, président de l’association formation auprès du gouverneur demandaient pas le renouvellement de leurs mandats M. Edward Arkwright général, une escale de rêve d’un an. notamment en raison de multiples activités. L’assem- Mme Rose de Beaufort d’Estienne d’Orves De retour en Grande-Bretagne, blée générale ordinaire a élu à leur place pour 6 ans Mme Jeanne Boucourechliev-Bayet quelques jours avant le Débarque- Mme Jeanne Boucourechliev, MM. François-René Mme Jeannine Calba ment des Alliés, il est incorporé à Cristiani-Fassin, François Fouré et Michel Morin au M. François-René Cristiani-Fassin la Mission militaire de liaison admi- Conseil d’administration. M. Jean-Philippe Desmoulières nistrative, chargé du secteur radio La tenue de l’Assemblée Générale Extraordinaire a Mme Françoise Eagleton des armées. permis d’approuver à l’unanimité la modification des M. Marc Fineltin, secrétaire général « Gaulliste involontaire au départ statuts portant sur les buts de l’association (ajout en ali- M. François Fouré […] devenu au fil des années un néa 5 du paragraphe 2). Désormais « MER » pourra M. Thierry Jallerat, trésorier-adjoint ardent partisan du Général », il « accueillir, par fusion-absorption, toute association ou M. Jean-Pierre Levert, vice-président me retrouve à Paris sa famille en sep- groupement qui en ferait la demande et qui aurait le M Christine Levisse-Touzé M. François-Xavier Mattéoli, vice-président tembre 1944. même objet social ». M. Michel Morin Quel régal quand « jeune batteur » Cette nouvelle disposition adoptée, l’Assemblée a M. Jean Novosseloff, secrétaire général-adjoint il raconte comment, entre deux mis- approuvé à l’unanimité la fusion-absorption de l’asso- Mme Blanche Pineau sions, et quelques amourettes, il se ciation « Mémoire des étudiants résistants », présidée M. Jean-Pierre Renouard, trésorier me laisse gagner dans les bars par « les par M Jeanne Boucourechliev, à charge pour M. Jacques Vistel vapeurs du Jazz », quand il part à « MER » d’intégrer les membres de cette association à la rencontre de Stéphane Grappelli à Londres, ou sur les traces de Louis Armstrong à la Nouvelle Orléans ou bien encore quand il « crapahute Des vérités sans concession dans les catacombes musicales » de la 52e rue à New York. M. Pierre Sudreau a bien voulu pré- Les leçons de la Résistance à Hitler De son séjour londonien il fait une senter en avant-première son dernier et au nazisme doivent nous conduire émouvante et tragique description ouvrage à l’issue de l’Assemblée à « regarder de plus en plus l’avenir ». de la capitale anglaise, sous le Générale de « Mémoire et Espoirs de Ancien président du Mouvement Blitz, où les bombardements font la Résistance ». Le titre (1) évoque la Européen, évoquant le chancelier des dizaines de milliers morts, de franchise, la pondération et la hauteur Konrad Adenauer et le président blessés et de sans-abri, mais où les de vue de cet ancien résistant- Louis Armand, M. Sudreau appelle déporté, devenu préfet à 30 ans (2) et Anglais n’en perdent pas pour l’Europe à être efficace face à tous les Adhésion : autant leur légendaire flegme et dernier survivant du gouvernement dangers… Mais l’ONU a toujours un humour. du général de Gaulle en 1958. rôle important à jouer, pour la paix Si vous voulez donner un avenir au Le récit est alerte, fourmille d’a- Lors du débat, M. Sudreau, président du monde et l’équilibre entre les peu- devoir de mémoire, adhérez à necdotes, on y croise presque toute de l’Amicale « Brutus », rappela ples, face aux « moyens extraordinai- «Mémoire et Espoirs de la Résistance»! la communauté des Français libres qu’appartinrent à ce réseau en même res de destruction » qui menacent la Cotisation 15 € (+ 6 € pour le bulletin de Londres, avec ses petites et gran- temps les avocats André Boyer et planète. « Résistance et Avenir »). des histoires, et nombre de ses Gaston Defferre, ainsi que le colonel La Résistance n’a jamais de fin ! Chèque à libeller à légendaires héros. Fourcaud, 1er parachuté de la France «Mémoire et Espoirs de la Résistance», Un grand merci, Monsieur Bauer, libre en octobre 1940 avec une balle François Archambault Place Marie-Madeleine Fourcade, d’avoir répondu oui à ceux qui vous dans le crâne depuis 1914 ! 16-18 place Dupleix, 75015 Paris sollicitaient d’écrire vos « années 40 Auparavant, en quelques instants (1) Pierre Sudreau, Sans se départir de Tél./Fax : 0145669232 à Londres », et d’avoir rassemblé intenses, l’orateur, président de soi, quelques vérités sans concession, e-mail : [email protected] «tous les fragments épars de votre l’ANACR, vice-président et cofon- entretien avec François George, édi- site internet : www.memoresist.org mémoire et les documents stockés dateur de la Fondation de la Résis- tions Tirésias, printemps 2004. Informations complémentaires en pièces détachées dans trois boî- tance, avait constaté le peu de pro- (2) Il fut aussi maire de Blois, député sur les sites internet : tes à chaussures ». grès de l’humanité depuis « Lucie », du Loir-et-Cher, président de la www.fondationresistance.org souche de l’Homme moderne en région Centre et président de la Fédé- et www.charles-de-gaulle.org Jean Novosseloff Afrique orientale, jusqu’aux « fous ration des Industries Ferroviaires. d’Allah ou de Mahomet »

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 38 - septembre 2004 15 La vie de la Fondation de la Résistance

JEUDI 17 JUIN 2004 LA RÉUNION DE LA CINQUIÈME DÉCÈS DE JEAN-BERNARD BADAIRE « CONVENTION » DE LA FONDATION DE LA RÉSISTANCE Au moment de mettre sous presse ce numéro nous venons d’apprendre le décès ertaines associations voyant le nombre de leurs gles de la Résistance ; Hubert Cloix, président de de Jean-Bernard Badaire adhérents diminuer et avec eux leur possibilité l’Union départementale des combattants volontaires de Président du Comité d’Action de la Résistance Cd’action s’amenuiser décident d’entreprendre la Résistance du Val de Marne ; André Dau, président (CAR) leur liquidation. du Centre régional d’histoire de la Résistance et de la Président de l’association pour des études sur Face à cette situation, il était du devoir de la Fondation Déportation à Castelnau-le-Lez ; Antoine Derreumaux, la Résistance intérieure (AERI). de la Résistance de recueillir la mémoire de ces asso- Confédération nationale des Réseaux de la France Président de la Fédération nationale « Libre ciations, qui malheureusement, ne sont pas comme elle combattante ; M. Dorner, représentant l’Amicale des Résistance ». assurées de la pérennité. anciens de la brigade Alsace-Lorraine ; Lucien Duval, Président de la Confédération nationale France Aussi, nous avons créé une structure: la «Convention», président de la Fédération des amicales de réseaux ren- combattante. regroupant autour de notre Fondation toutes les asso- seignement et évasion de la France combattante (asso- Vice-président de la Fondation de la Résistance. ciations de résistants préoccupés de leur devenir et de ciation dissoute) ; docteur Fournier-Bocquet, président Nous rendrons hommage à ce grand résistant la sauvegarde de leur mémoire. Prévue à l’article 8 de de l’amicale de Dachau ; André Frossard, président de déporté dans la prochaine Lettre de la Fonda- nos statuts, la convention accueille les personnes mora- l’association « Résistance fer » ; Pierre Frilet, président tion de la Résistance. les et physiques qui souhaitent apporter à la Fondation de Turma-Vengeance; Jean Larson, secrétaire national leur patrimoine avant une éventuelle dissolution ou du Groupement national des Réfractaires et Maquisards; contribuer par leurs dons à son expansion. Bernard Levi, président de l’Amicale du réseau Gallia ; Le jeudi 15 novembre 2001, s’est tenue la séance inau- M. René Levy, président de l’Union départementale gurale de la convention de la Fondation de la Résistance. des Combattants Volontaires de la Résistance des CONCERT EN L’HONNEUR Jeudi 17 juin dernier, une cinquième réunion de la Hauts-de-Seine ; A. Roger Lhombreaud, président DE FRANZ STOCK « convention » présidée par Jean Mattéoli a permis de de l’Amicale du réseau Centurie de la France com- réunir de nombreux représentants d’associations dont battante ; Jacques Mathieu, président de l’Amicale de POUR LE CENTIÈME ANNIVERSAIRE certains venus de province. Après que François la compagnie Stéphane ; Jacqueline Péry d’Alincourt Archambault, secrétaire général de la Fondation de la et Bernard Bonnafous, respectivement présidente et DE SA NAISSANCE. Résistance, ait rappelé le principe de la convention et pré- secrétaire général de l’Amicale des réseaux action de senté le rapport moral de la Fondation de la Résistance la France combattante (association dissoute) ; Pierre eudi 16 décembre pour l’année 2003, une réflexion s’est engagée sous la Peugeot ; Jacques Richard-Mounet, UDCVR des 2004, à 20 heures, en forme d’un tour de table autour de problèmes qui se Hauts de Seine ; Georges Ronceray, représentant Jla cathédrale Saint posent avec acuité: la préservation des archives de la Résis- l’amicale du réseau Brutus; Jean Rousseau, président Louis des Invalides, le tance et de la Déportation encore détenues en mains pri- de la Confédération nationale des combattants volon- chœur de l’armée fran- vées, l’avenir des associations représentées à cette taires de la Résistance ; Guy de Rouville, président çaise, sous la direction de «convention », la méconnaissance de certains aspects ou de l’Amicale du maquis de Vabre ; le général Jean Pascale Jeandroz, donnera acteurs de la Résistance… Salvan, président de l’Union des blessés de la Face un concert au profit et de la Tête « Les Gueules cassées » ; Paul Steiner, du « Centre européen Membres de la convention: Georgette Amadieu, président de l’association mouvement « Résistance » ; de rencontre Franz Amicale du réseau Alliance ; Lucie et Raymond Aubrac ; Denise Vernay, secrétaire générale de l’Association des Stock » (CERFS) . Charles Bérenholc, président du Comité des œuvres socia- anciennes déportées et internées de la Résistance Franz Stock né en 1904, les de la Résistance ; M. Claude Berthie ; Jean Bezaut, (ADIR) ; Jacques Vico, président de l’Union ordonné prêtre en 1932, président du « Souvenir de la Déportation NN » ; Jean- départementale des combattants volontaires de la devient, dès 1934, recteur Jacques de Bresson, président de l’Association nationale Résistance du Calvados, vice président de la Confé- de la paroisse allemande de Paris. Pendant la guerre, des médaillés de la Résistance française (ANMRF) ; dération nationale des combattants volontaires de la aumônier allemand des prisons parisiennes, il aide et Roger-François Clapier, président de l’Union des aveu- Résistance… assiste autant qu’il le peut les condamnés à mort ou à la déportation. LA FONDATION DE LA RÉSISTANCE PRÉSENTE L’EXPOSITION De 1945 à 1947, Franz Stock dirige le «Séminaire des barbelés » au Coudray près de Chartres. C’est là que ENSEMBLE, SAUVEGARDONS LES ARCHIVES PRIVÉES DE LA RÉSISTANCE vivront et seront formés en tant que cadres de la future ET DE LA DÉPORTATION Allemagne environ 1 000 jeunes prêtres et séminaris- tes germanophones qui avaient été fait prisonniers sur Du 6 octobre au 9 octobre 2004 le territoire français. au Crédit Municipal de Paris Les associations françaises et allemandes des « amis de de 9h à 17h30 l’abbé Stock» ont entrepris de réhabiliter les bâtiments Espace Griffon de cet ancien camp pour créer le « Centre européen 22, rue des Blancs-Manteaux - 75004 Paris de rencontre Franz Stock » afin de faire revivre ce lieu Entrée libre de Mémoire et d’honorer ce pionnier de la réconci- liation franco-allemande. Du 6 octobre au 6 novembre 2004 Les bénéfices de ce concert unique permettront d’enga- au Centre historique des Archives nationales ger une tranche des importants travaux nécessaires dans du lundi au samedi, de 9h à 18h30 ce bâtiment désaffecté depuis déjà des décennies. Cour d’honneur de l’hôtel de Soubise Le prix de la place est de 45 €. Les réservations sont 60, rue des Francs-Bourgeois - 75003 Paris à accompagner d’un chèque libellé à l’ordre du CERFS Entrée libre Pour tout renseignement et l’envoi des réservations Pour plus de détails sur cette exposition, se reporter à l’article page 2. contacter : Les responsables d’associations peuvent louer gratuitement cette exposition itinérante Nicolas Villeroy de Galhau en téléphonant au 01 47 05 67 87 22, rue Massenet, 75 116 Paris Tél. : 06 86 71 37 97

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