LA LETTRE de la Fondation de la Résistance Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République N° 34 - septembre 2003 - 4,50 €

JeanJean CavaillèsCavaillès (1903-1944)(1903-1944) Un philosophe dans la guerre LA FONDATION DE LA RÉSISTANCE (Décret du 5 mars 1993. Reconnue d’utilité publique. Sous le haut patronage du Président de la République)

Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lançait son appel : « La flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas » C’est ce message que la Fondation est chargée de transmettre aux générations futures et qu’elle a traduit dans ses statuts : Les derniers témoins vont disparaître… Les survivants ont, en commun, un triple devoir à assumer pendant qu’ils peuvent encore le faire : - sauvegarder, pour l’Histoire, le témoignage de leurs luttes et de leurs peines, - veiller à la permanence du souvenir de ceux qui ont payé de leur vie la fidélité aux valeurs de l’Homme, - rappeler aux générations futures que les vérités de notre Civilisation ne peuvent dépendre d’un succès ou d’un échec militaire, et leur transmettre cette exigence de Justice et de Liberté, ouvrant la voie à la Communauté des Peuples. Tels ont été les motifs de la création de la Fondation de la Résistance dont la tâche immense et urgente nécessite la mobilisation de tous nos compagnons et de toutes les forces vives de la Nation. Membres fondateurs : Lucie AUBRAC ◆ José ABOULKER ◆ Général ALIBERT* ◆ Jean-Pierre AZÉMA ◆ Jean-Bernard BADAIRE ◆ Gilbert BEAUJOLIN* Général Maurice BELLEUX* ◆ Général Pierre de BÉNOUVILLE* ◆ Jean-Baptiste BIAGGI ◆ Marcel BLANC ◆ François BLOCH-LAINÉ Pierre BOLLE ◆ Claude BOUCHINET-SERREULLES* ◆ Claude BOURDET* ◆ Maurice BOURGÈS-MAUNOURY* Léon BOUTBIEN* ◆ Jean BRENAS* ◆ Jean-Jacques de BRESSON ◆ Georges CAÏTUCOLI ◆ Jacques CHABAN-DELMAS* Maurice CHEVANCE-BERTIN* ◆ René CLAVEL ◆ Pierre COCHERY ◆ Eric CONAN ◆ Jean CUELLE* ◆ Manuel DIAZ Jean-Marie DOMENACH* ◆ Maurice DRUON ◆ Lucien DUVAL ◆ Yvette FARNOUX ◆ Marc FERRO ◆ Marie-Madeleine FOURCADE* Pierre FOURCAUD* ◆ André FROSSARD* ◆ Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ* ◆ Charles GONARD ◆ Alain GRIOTTERAY Michel HACQ* ◆ Claude HALLOUIN ◆ Léo HAMON* ◆ Stéphane HESSEL ◆ Raymond JANOT* ◆ André JARROT* ◆ Pierre LABORIE Jacques LARPENT ◆ Jean-Pierre LEVY* ◆ Général Gilles LÉVY ◆ Jacques MAILLET ◆ Yves MALÉCOT* ◆ François MARCOT Jean MATTÉOLI ◆ Pierre MAUGER ◆ Daniel MAYER* ◆ ◆ Pierre MOINOT ◆ Bernard MOREY* Lucien NEUWIRTH ◆ Henri NOGUÈRES* ◆ Denis PESCHANSKI ◆ Maurice PESSIS ◆ Jean PIERRE-BLOCH* Claude PIERRE-BROSSOLETTE ◆ Jacques PIETTE* ◆ Pierre PIGANIOL ◆ Christian PINEAU* ◆ Maurice PLANTIER Christian PONCELET ◆ Serge RAVANEL ◆ François RAVEAU ◆ René RÉMOND ◆ Henri RIOUX ◆ R.P.Michel RIQUET* Ferdinand RODRIGUEZ* ◆ Henri ROL-TANGUY* ◆ Jacqueline SAINCLIVIER ◆ Général SAINT-MACARY ◆ Marie-Claire SCAMARONI Maurice SCHUMANN* ◆ Général Jean SIMON ◆ Jacqueline SOMMER* ◆ Pierre SUDREAU ◆ Pierre-Henri TEITGEN* Germaine TILLION ◆ Marie-Claude VAILLANT-COUTURIER* ◆ Georges VALBON ◆ Amiral Charles VEDEL* ◆ Dominique VEILLON Denise VERNAY ◆ Alain VERNAY ◆ Charles VERNY* ◆ Benoît VERNY ◆ Hélène VIANNAY ◆ Henri ZIEGLER* (*) In memoriam

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LA LETTRE de la Fondation de la Résistance Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République N° 34 - septembre 2003 - 4,50 € En couverture : Jean Cavaillès en lieutenant d’infanterie coloniale durant la Drôle de Guerre, en arrière plan une partie de son œuvre philosophique. © Musée de l’Ordre de la Libération-Paris-DR

Jean Cavaillès (1903-1944)(1903-1944) Un philosophe dans la guerre

2 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 Éditorial

SOMMAIRE LE MOT DU PRÉSIDENT Mémoire et réflexions

- Jean Cavaillès (1903-1944). année des commémorations de la Libération de la se profile à grands pas. Un philosophe dans la Guerre ... p. 4 Déjà la Corse, « premier morceau libéré de la France », comme l’évoquait le général de Gaulle dans son discours prononcé le 8 octobre 1943 sur la place du Diamant à Ajaccio, a donné le La vie de la Fondation L’ signe du départ d’un calendrier où les cérémonies seront nombreuses et couvriront l’ensemble du ter- de la Résistance ritoire national. - Le Conseil d’administration Quel édile local ne souhaiterait pas évoquer la ferveur de ses aînés de la Fondation de la Résistance .. p. 8 accueillant les Alliés et fêtant dans la liesse la restauration de la liberté - L’organigramme de la Fondation républicaine. Cependant, il serait bon aussi de rappeler à cette occa- de la Résistance ...... p. 16 sion la contribution décisive de la Résistance française à la Libération si chèrement acquise. L’activité des associations N’oublions pas que les formations armées de la Résistance contri- partenaires buèrent puissamment à la libération du territoire national : - en freinant par des sabotages et des embuscades les mouvements des - Mémoire et Espoirs armées ennemies après le débarquement ; de la Résistance ...... p. 10 - en participant de façon essentielle à la Libération de nombreuses villes - AERI...... p. 12 (notamment Paris, Lille, Marseille, Toulouse, Limoges etc.) et des dépar- tements entiers comme la Corse et la Haute-Savoie… ; Livres - en appuyant partout l’action des armées alliées par un rôle d’éclaireur, d’agent de renseignement et parfois de flanc-garde ou d’infanterie d’appui ; - Vient de paraître ...... p. 14 - en rejoignant la 2e DB et la Première Armée qui allaient libérer les Vosges et l’Alsace avant de pour- - À lire ...... p. 14 suivre leur avance en Allemagne et en Autriche ; - en contenant les troupes allemandes qui occupaient les « poches » de l’Atlantique (Lorient, Saint- Nazaire, La Rochelle, Royan) jusqu’au 8 mai 1945. N’oublions pas non plus le rôle essentiel des réseaux de Résistance. Ainsi, dans le Cotentin, une mis- Éditeur: Fondation de la Résistance sion de renseignement n’est à mon goût pas assez connue, il s’agit de la mission Helmsman. Organi- Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage sée par le Special Operation Executive britannique, menée par des résistants locaux cette mission est du Président de la République l’exemple même d’une réussite incontestable de la Résistance française à la Libération du Pays. La pré- 30, boulevard des Invalides - 75007 Paris cision des renseignements collectés par ces résistants normands, qui avaient pour mission de franchir Téléphone : 01 47 05 73 69 les lignes ennemies et d’informer les troupes américaines des forces allemandes en présence, va per- Télécopie : 01 53 59 95 85 Site internet : mettre au général Bradley de prendre la décision de lancer l’opération Cobra qui mettra un terme à la www.fondationresistance.org bataille de Normandie et va accélérer le processus de Libération de la France. Courriel : Soyons donc nombreux lors de ces commémorations, témoignons auprès des journalistes et des jeu- [email protected] nes de ce que fut la réalité de la Résistance et de son rôle trop souvent minoré. Profitons-en pour col- Directeur de la publication : Jean Mattéoli, Président de la Fondation de la Résistance lecter les témoignages de nos camarades qui bien qu’ayant eu un rôle important localement sont res- Directeur délégué : François Archambault tés souvent trop discrets. Mais surtout, restons solidaires et en commun présentons l’image d’une résistance Rédacteur en chef : Frantz Malassis unie dans la diversité de ses composantes. Rédaction : Victor Convert, Bruno Leroux, Frantz Malassis, Cécile Vast. Maquette, photogravure et impression: SEPEG International, Paris XVe. Revue trimestrielle. Abonnement pour un an: 16 €. Prix au numéro: 4,50 € Jean MATTÉOLI Commission paritaire n° 4124 D73AC - ISSN 1263-5707 Président de la Fondation de la Résistance Monument , dit le glaive brisé à . Œuvre conçue et réalisée par sculpteur Marcel Courbier (DR)

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 3 Mémoire et réflexions JEAN CAVAILLÈS, UN PHILOSOPHE DANS LA GUERRE

À l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Jean Cavaillès, nous avons souhaité rendre hommage à cette figure illustre de la Résistance dont le parcours reste finalement peu connu. Nous avons demandé à François George, élève de Vladimir Jankélévitch et secrétaire de l’association « Liberté-Mémoire », de présenter la portée philosophique de ce normalien, un des plus brillants intellectuels de sa génération. Laurent Douzou, professeur à l’Institut d’études politiques de Lyon, rappelle, quant à lui, le parcours de ce philosophe jeté à corps perdu dans la Résistance. Pour compléter cette évocation, Lucie Aubrac, co-fondateur du mouvement Libération-sud, qui l’a connu avant-guerre et qui a partagé avec lui les risques de l’action clandestine nous livre un témoignage chaleureux sur son « ami Jean Cavaillès ». © Musée de l’Ordre la Libération-Paris-DR

JEAN CAVAILLÈS PHILOSOPHE

on frère était un homme de défis », reconnaissent comme un égal. Au point que son tent une dynamique, une dialectique génératrice me confiait Gabrielle Ferrières vers bon maître Léon Brunschvicg paraît regretter qui leur fait surmonter les apparentes contra- «Mla fin du siècle dernier… Je serais de lui avoir suggéré cette orientation : « Il ne dictions, non sans que soit franchi un nouveau tenté de dire que Jean Cavaillès s’est lancé dans faudrait pas que vous soyez victime de votre goût seuil d’abstraction. la réflexion sur les mathématiques un peu comme pour la difficulté »… Il y a dans cette aventure intellectuelle un aspect dans l’alpinisme – son cousin André Prunet-Foch Inutile de dire, donc, que la pensée de Cavaillès moral. Car elle implique une expérience de l’ef- m’évoquait encore récemment leurs équipées -, est d’une très grande difficulté d’accès. D’au- facement personnel, du dévouement absolu, je y voyant une montée vers l’absolu, la mise en tant plus difficile à saisir qu’il refuse expressé- ne crains pas de dire, à propos d’un natif du pays contact avec ce pur trop pur pour ne pas exclure ment la thèse platonicienne, c’est-à-dire l’idée cathare, une ascèse. Négation du sujet charnel, le purisme. La question du fondement des d’un Ciel des Idées. Autrement dit, la mathé- humain, trop humain : le narcissisme de mathématiques était alors à l’ordre du jour. La matique serait une sorte de botanique ou de géo- l’homme de lettres n’est pas ici de mise. En un pensée mathématique s’interrogeait sur elle- graphie, on y découvrirait des espèces ou des mot, le « je », opérateur de vérités transcen- même, prise de vertige comme si elle s’était aper- pays qu’il conviendrait de décrire dans une lan- dantes, n’est pas « moi » : un ordre de réalités çue qu’elle cheminait depuis longtemps sur un gue particulière. Cette conception qui paraît être qui le dépasse se constitue à travers lui, comme pont de neige. Le jeune philosophe se lance dans celle d’Albert Lautman – autre philosophe des s’il obéissait, pour reprendre un mot de Cantor, ce défilé d’apories qui fait ressurgir des énigmes mathématiques, autre héros, autre martyr – n’est à une voix inconnue et mystérieuse. formulées dès l’Antiquité, comme le paradoxe pas celle de Cavaillès. En un mot, pour lui, le Cela va de pair avec une pédagogie drastique d’Epiménide (« Epiménide dit que les Crétois mathématicien ne découvre pas, il invente, avec dont ont témoigné ses élèves. Pour compren- sont menteurs, Or Epiménide est Crétois… ») tous les risques que comporte l’invention. Les dre les mathématiques, professait-il, il faut faire Avec un enthousiasme dévorant qui le porte au mathématiques existent, autant dire qu’elles exis- des mathématiques, non discourir à leur propos. niveau des grands mathématiciens de son tent dangereusement. Cependant, telle semble À la question « Qu’est-ce que les mathéma- époque : les membres du cercle Bourbaki le bien la conviction de Cavaillès, elles compor- tiques ? », il n’y a en fait pas de meilleure réponse que de se mettre au tableau noir, craie en main. De même, comme Photographie prise en mars 1926 dans le jardin de l’École normale supérieure. disait Jankélévitch, le Dans la promotion de Jean Cavaillès (cerclé de blanc) on compte notamment héros ne donnera pas de Raymond Aron, Vladimir Jankélévitch et Jean-Paul Sartre (tous présents sur ce cliché). conférence sur l’hé- roïsme… Nous appro- chons là de la troublante singularité de Jean Cavaillès. Ce philoso- phe versé dans la suprême abstraction fut aussi un extraordinaire homme d’action, et un chef qui avait à cœur d’être lui-même sur le terrain – « là où est le danger, là doit être le chef », a-t-il déclaré. L’homme qui raison- nait sur les théorèmes les plus complexes se montrait aussi doué pour allumer la mèche

© Musée de l’Ordre la Libération-Paris-DR de la dynamite.

4 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 Question inévitable, quoique à jamais, hélas, pri- Soir contre le Völkischer Beobachter ». En poli- losophique, l’Esquisse d’une théorie des émotions, vée de réponse : où allait le philosophe tique, pas le moindre doute : la démocratie, Vladimir Jankélévitch, qu’il décrit dans une let- Cavaillès ? Vers une morale, comme il le confia toute la démocratie, rien que la démocratie. tre à sa sœur affrontant les Croix-de-feu, à un ami ? Son souci avait été d’établir la rai- Une seule chose est certaine, c’est qu’à qua- Merleau-Ponty, Levinas, et Raymond Aron qui son dans ses propres limites, de fonder la vérité rante ans, patient, studieux, scrupuleux, il n’en a dans ses Mémoires ce mot si émouvant : « Si sans le secours de Dieu ni d’aucune hypostase. était qu’aux préparatifs. Douloureuse évi- Cavaillès avait survécu, j’aurais commis moins Un humanisme ? Sans doute, mais exigeant. Et dence négative, le nom de Jean Cavaillès d’erreurs ». en même temps modération, indulgence, de manque aux côtés de ceux qu’il fréquenta, Jean- celui qui a dit : « Nous combattons pour Paris- Paul Sartre, dont il publia le premier écrit phi- François George

JEAN CAVAILLÈS RÉSISTANT

u moment où la guerre éclate, Jean qui passe alors dans la clandestinité totale. L’échec au groupe Libération-Nord en voie de consti- Cavaillès émerge à peine de dix années d’un est cinglant. On ne sortira pas du cercle exigu tution. Il y joue d’emblée un rôle central. Paral- Alabeur acharné et commence tout juste à des proches sans se donner les moyens de tou- lèlement à son enseignement et à ses recherches donner sa pleine mesure. Après avoir combattu cher une audience plus large. Et l’idée s’impose - Transfini et continu est remis à la Revue phi- pendant la campagne de 1940 dans l’infanterie de confectionner une feuille clandestine. Le titre losophique vers septembre 1941-, Jean Cavaillès coloniale aux avants-postes et été fait prisonnier, du journal à naître est trouvé par Jean Cavaillès : travaille en étroite symbiose avec ses camarades il s’évade. Il reprend sa place au sein de l’Uni- ce sera Libération. de résistance, pour la plupart militants syndicaux versité de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Le texte en tête du premier numéro de Libéra- et socialistes issus du monde du travail et des Ancien élève de l’École normale supérieure qu’il tion paru en juillet 1941 porte la marque de Jean bureaux. Non content d’animer Libération-Nord, a intégrée au premier rang, agrégé de philoso- Cavaillès qui a apporté à sa mise au point la même Jean Cavaillès fonde en avril 1942 le réseau phie, docteur ès lettres, il est alors, à 37 ans, l’un attention rigoureuse qu’à l’élaboration de ses tex- Cohors pour la bonne marche duquel il prêche des intellectuels les plus brillants et les plus pro- tes philosophiques ou des énoncés du groupe par l’exemple, n’hésitant pas à prendre des risques metteurs de sa génération. On s’attendrait à le Bourbaki au sein duquel il continue à apporter que son statut de chef lui commanderait en prin- voir reprendre le cours des recherches ardues qui sa pierre. cipe d’éviter. l’ont absorbé tout entier. Et c’est bien là ce qu’il Tout naturellement, Cavaillès et son alter ego à fait. Mais il ne saurait se satisfaire de ce confort la tête de Libération-Nord, Christian Pineau, sont recouvré au milieu d’un paysage dévasté. Dans appelés à partir pour Londres afin de mettre au la nuit consécutive à l’armistice, dans cette point les modalités d’une coopération plus période déprimante où tous les points de repè- étroite. Mais l’opération d’embarquement res antérieurs sont soudainement devenus fria- échoue et, Pineau et Cavaillès sont cueillis au petit bles, il cherche une issue qui soit compatible avec matin par la gendarmerie à quelques kilomètres sa conception de l’honneur. Ce premier combat, de Narbonne. Ils sont incarcérés le 16 septem- qui peut rétrospectivement paraître anodin en bre 1942 à Montpellier, puis transférés au camp regard de celui qui suivra, est essentiel. Ils ne sont d’internement de Saint-Paul-d’Eyjeaux à la mi- pas foule à croire dans l’été de 1940 que la nuit novembre. Jean Cavaillès y arrive seul : le trans- finira. « Haute figure de non-conformiste, éton- fert a permis à Christian Pineau, en charge de nant philosophe, dévoré de la passion d’agir (1) », famille et à qui Cavaillès donne pour cette rai- Jean Cavaillès entre en résistance parmi les tout son priorité, de s’esquiver. premiers volontaires, les pionniers. Jean Cavaillès rompt la monotonie de son enfer- Cette bifurcation dans son destin tient à une ren- mement en entretenant ses capacités intellectuelles contre qui se situe aux alentours du mois de hors pair. Le 29 novembre, il donne une confé- novembre 1940 à la Brasserie de Strasbourg, à rence devant un public bigarré sur « Descartes Clermont-Ferrand. L’artisan en est Emmanuel et le discours de la méthode ». d’Astier de la Vigerie. Âgé de quarante ans, cet Un mois plus tard, Georges Rougeron, militant ancien officier de marine, devenu journaliste et socialiste et secrétaire de Marx Dormoy, consi- écrivain au tournant des années 1920-1930, cher- gne avec jubilation à la date du 30 décembre che des gens susceptibles d’agir avec lui. 1942 dans son journal de captivité resté inédit : Quatre personnes sont réunies là: Jean Cavaillès, «La neige est tombée durant une bonne partie Lucie Aubrac, Georges Zérapha et Emmanuel de la nuit ; le brigadier qui a souci d’exactitude d’Astier de la Vigerie, de fortes personnalités peu en mesure 11 cm 1/2. Cela n’empêche pas les © Musée de l’Ordre la Libération-Paris-DR enclines à subir et à faire acte de contrition Jean Cavaillès a combattu dans l’infanterie voyages : grand émoi ce matin ; Cavaillès s’est comme la propagande du régime de Vichy les coloniale durant la campagne de France évadé. On l’a trouvé manquant hier soir à l’ap- y invite jour après jour. Leur noyau va d’abord pel de 20 h 30 ; bien entendu il n’avait prévenu avoir le plus grand mal à essaimer, à recruter. Il Au moment où Cavaillès travaille à ce texte, il personne. Qui eût cru cela de lui, si réservé, si végète et vivote en dépit d’une ténacité qui force obtient une consécration officielle en étant discret! Dans le camp, on s’amuse doucement. » rétrospectivement l’admiration. Au mois de nommé à titre provisoire, le 18 mars 1941, à la La notation marque le caractère de la lutte clan- février 1941, leur groupe n’atteint pas cent per- chaire de Méthodologie et Logique des Scien- destine et l’aptitude de Cavaillès à en épouser sonnes pour toute la zone sud. D’où l’idée de ces à la Sorbonne. À 38 ans, le professeur Cavaillès les exigences. Ne songeant probablement qu’à frapper les imaginations en collant la même nuit brûle les étapes. Voilà pour le côté face. Côté pile, prendre la clef des champs, Jean Cavaillès ne s’est les mêmes papillons dans huit villes de zone sud. en effet, le combattant clandestin Hervé, qui pas ouvert de ses projets et n’a évidemment pas Jean Cavaillès met personnellement la main à la deviendra tour à tour Carrière, Chenevière, Marty, soufflé mot de son activité résistante. Or, il pâte à Clermont-Ferrand et à Vichy. Mais cette Crillon enfin, est propulsé à Paris où il entend se trouve que Rougeron était en clandestinité action éveille l’attention de la police. Un man- poursuivre le travail ébauché au sud de la ligne jusqu’à son arrestation l’adjoint du chef dat d’arrêt est lancé contre Emmanuel d’Astier de démarcation. Et Cavaillès a tôt fait de s’agréger départemental de Libération-Sud pour l’Allier,

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 5 Mémoire et réflexions

Pierre Kaan, ami très proche de Cavaillès 18 janvier 1944. Il est fusillé à Arras et grâce auquel il avait trouvé le contact inhumé avec pour seule marque dis- avec le Mouvement naissant. Rougeron tinctive, ce numéro accolé à son destin n’en aura pas moins ignoré jusqu’au posthume voulu anonyme par les nazis : bout qu’il côtoyait l’un des pères fon- il sera l’inconnu numéro 5. dateurs du mouvement dans lequel il agit D’où vient que cette figure exception- en même temps qu’intime de son nelle de philosophe jeté à corps perdu patron en résistance. dans la mêlée, devenue pour une large Jean Cavaillès fausse donc compagnie part mythique, ait quelque chose d’uni- à ses geôliers, le 29 décembre 1942. Il versel qui touche chacun de ceux qui retrouve aussitôt à Lyon ses camarades croisent son itinéraire longtemps après de Libération-Sud. Et, début 1943, celui qu’il a disparu ? Peut-être bien de ceci : qui n’est plus le professeur Jean ce destin foudroyé, cette ascension bri- Cavaillès, - il a été révoqué par Vichy - sée en plein essor, cette œuvre puissante mais un détenu en cavale, un proscrit mais à peine ébauchée parlent à chacun que la police recherche, regagne Paris de nous parce qu’au-delà de l’allure en même temps qu’il devient un clan- © Musée de l’Ordre la Libération-Paris-DR sévère de ce philosophe peu complaisant destin à part entière. Le voilà qui rompt Jean Cavaillès fut fait Compagnon de la Libération qui sut franchir le Rubicon, au-delà par totalement les amarres avec sa vie par décret du 20 novembre 1944. conséquent de l’exemplarité, par défini- antérieure. En même temps que la Résistance se renforce tion non commune, de son parcours, il y a une Parti pour de bon cette fois à Londres à la mi- et se propage, la répression s’intensifie. La marge humanité qui nous aspire vers ce qu’elle peut pro- février 1943, il y établit des contacts avec les chefs de vie des clandestins se rétrécit. Le deuxième duire de plus élevé. du BCRA et rencontre le général de Gaulle. semestre de 1943 est marqué par la chute de très Revenu par opération aérienne dans la nuit du nombreux résistants, militants de longue date Laurent Douzou 15 au 16 avril 1943, il est sans doute décidé déjà et dirigeants précieux tout à la fois. Le 28 août à se consacrer exclusivement à l’activité de son 1943, Jean Cavaillès, qui sentait depuis quelque (1) Alban Vistel, La nuit sans ombre. Histoire des réseau. Il démissionne peu de temps après du temps le filet se resserrer autour de lui, est arrêté. mouvements unis de Résistance, leur rôle dans la Comité directeur de Libération-Nord. Cavaillès quitte Fresnes pour Compiègne le Libération du sud-est, Paris, Fayard, 1970, p. 75

MON AMI JEAN CAVAILLÈS

-1943. sée dans le train était conviviale ou sérieuse. J’a- de nous, dans la micheline, ne savait qu’ancien Seule- vais vite remarqué un professeur, pas très grand, élève de l’École normale supérieure de la rue 1938 ment râblé sous une chevelure brune frisée, un visage d’Ulm il avait, pendant 1’été, soutenu brillam- cinq ans dans le siècle. tantôt sévère tantôt épanoui dans la joie d’un ment une thèse qui le plaçait d’emblée en tête C’est pendant ce temps- bon mot, chemise blanche et costume noir. J’a- des spécialistes de la philosophie des mathé- là que j’ai fait la connais- vais su qu’il se nommait Jean Cavaillès et qu’il matiques. J’ai découvert à ce moment la

DR sance de Jean Cavaillès, enseignait la philosophie au lycée de garçons. modestie de cet homme. Lucie Aubrac que nos vies profession- C’était lui qui commentait l’actualité de ce semes- À Strasbourg, admise parmi ses collègues uni- nelles se sont rencon- tre de 1938: la guerre civile en Espagne, le régime versitaires au repas de midi […], j’avais gagné trées, puis que la défaite de 1940 nous a réunis nazi, raciste et répressif. Clairvoyant, passionné, son amitié. Le matin, avant la classe, nous fai- devant l’inacceptable, l’occupation nazie et la col- il m’a aidé à comprendre le danger qu’Hitler sions de longues promenades à cheval dans le laboration du régime de Vichy. représentait pour la paix et la démocratie. bois de la Robertsau. Il parlait de sa famille, de Début 1938, dans la micheline qui le matin Octobre 1938, après l’agrégation, je suis nom- son éducation, de sa sœur à qui il me présenta emmenait vers Amiens puis ramenait le soir un mée au lycée de jeunes filles de Strasbourg et quand elle vint le voir en Alsace. Je lui fis connaî- certain nombre d’enseignants (tout en prépa- tout de suite embauchée comme examinatrice tre Raymond, mon futur mari. À partir de cette rant l’agrégation d’histoire, j’enseignais au lycée à l’oral de rattrapage du bac. Surprise : le pré- année scolaire 38-39, une amitié solide nous liait. de jeunes filles), en fin de journée 1’heure pas- sident de mon jury est Jean Cavaillès. Aucun 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à Hitler. Cavaillès nous avait tant répété que la faiblesse devant 1’Allemagne nazie serait fatale pour la paix. Automne 1940. Après la défaite, l’Alsace est terre allemande. L’Université de Stras- bourg est accueillie par celle de Clermont- Ferrand. C’est donc là que je dois me pré- senter pour avoir une affectation, et je rencontre Jean Cavaillès. Nous déjeunons ensemble et nous vérifions, sans trop nous préoccuper des voisins, la similitude de nos jugements. D’Astier de la Vigerie et

L’œuvre puissante mais à peine ébauchée de Jean Cavaillès © Musée de l’Ordre de la Libération-Paris-DR

6 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

Sur la philosophie et le parcours dans la Résistance de Jean Cavaillès. Zérapha, à la table voisine, nous écoutent, et Au camp sa sœur et son beau-frère essaient d’ob- nous voilà tous les quatre. Cavaillès et d’Astier tenir sa libération. C’est urgent. La zone sud AGLAN (Alya) et AZÉMA (Jean-Pierre) [dir.], se rejoignent pour imaginer une action. Jean est occupée par les nazis. Ils prennent, ainsi que Jean Cavaillès, résistant ou la Pensée en actes, Paris, raconte comment, en zone occupée, il a parti- Vichy, des otages voués à une exécution som- Flammarion, 2002, 317 p. cipé avec des syndicalistes chrétiens et des socia- maire. Cavaillès est connu dans le camp. Un listes à la création d’un « Mouvement » : Libé- jeune communiste 1’écoute avec passion. Par une AGLAN (Alya), La Résistance sacrifiée. Le mouvement Libération-nord, Flammarion, 1999. ration-Nord où, bien entendu, il avait engagé nuit enneigée, le 31 décembre, il aide le « pro- sa sœur et son beau-frère. Il s’agit, disait-il, de fesseur » à s’évader. BADIOU (Alain) « Résistance et philosophie » réveiller l’opinion et, pour cela, de l’informer. Le 6 janvier 1943, jour des Rois, sont réunis chez in Résistants et Résistance, sous la coordination de Écrire plutôt que parler : tracts, textes, journaux nous, à Lyon, avenue Esquirol (nous n’avons Jean-Yves BOURSIER, Paris, l’Harmattan, 1997, pp. 103-111. clandestins. L’idée se concrétise, Libération-Sud pas la discipline stricte du parti communiste) est né. En juillet 1941, Jean, nommé en mars Pascal Copeau, d’Astier, Morandat, Hervé CANGUILHEM (Georges), Vie et mort de Jean à la Sorbonne, passe en fraude la ligne de démar- pour fêter les Rois sans galette. On sonne. J’ou- Cavaillès, 1984, Paris, éd. Allia, 1996, 62 p. cation. Nous pouvons lui offrir le premier vre la porte du jardin. Un drôle de Roi nous numéro de Libération. arrive, Cavaillès avec sous le bras la biographie CASSOU-NOGUÈS (Pierre), De l’expérience mathé- de Sully (c’est un pseudo qu’il eut quelque matique. Essai sur la philosophie des sciences de Jean temps), une barbe de plusieurs jours, noire sur Cavaillès, Paris, Vrin, 2001, 351 p. une peau de jaunisse maculée de taches de bleu de méthylène et de mercurochrome. Jean nous Colloque d’Amiens de septembre 1984, Jean raconte son évasion et nous explique comment, Cavaillès, philosophe, résistant, Amiens, Centre régio- nourri exclusivement de carottes pendant deux nal de documentation pédagogique, 1985, 59p. mois, l’impétigo et les désinfectants ont com- plété sa coloration. DOUZOU (Laurent), La désobéissance. Histoire du C’est à Paris que je reverrai notre ami pour la mouvement Libération-sud, Paris, Odile Jacob, dernière fois. Je dois accompagner d’Astier en 1995. zone nord. Cavaillès m’a donné un contact pour DOUZOU (Laurent), « Jean Cavaillès, un itinéraire résis- passer cette ligne de démarcation : les chemi- tant hors du commun » in Philosophia Scientae, nots nous cachent au milieu des colis dans un volume 3, cahier 1, Presses universitaires de Nancy, wagon de marchandises. Cavaillès me demande 1998, pp 139-155. d’aller à Valenciennes puis à Lille. Chez sa sœur, il m’explique sa dernière décision. Il ne peut FERRIÈRES (Gabrielle) Jean Cavaillès. Un philosophe plus se contenter de son activité dans les Mou- dans la guerre. 1903-1944, Paris, Le Seuil, 1982, vements, il lui faut de l’action directe: renseigne- 220 p., éd. du Félin, 2003, 250 p. [Ce livre contient ment sur les forces nazies, sabotages. Pour mon- une postface « l’œuvre de Jean Cavaillès » par ter son réseau qui s’appellera Cohors-Asturies Gaston Bachelard]. cf. l’article dans la rubrique « à il lui faut rencontrer les services de la France lire », p. 15. © Musée de l’Ordre la Libération-Paris-DR Libre. Son départ pour Londres est fixé à la pro- Note de cours de Jean Cavaillès chaine lune. GRANET (Marie), Cohors Asturies. Histoire d’un réseau sur le philosophe Kierkegaard. Il m’emmène avec lui 55 rue du Cherche-Midi de résistance 1942-1944, Bordeaux, éd. des Cahiers Le Comité directeur de Libération-Nord a à Paris, où un sculpteur lui remet une Marianne de la Résistance, 1974, 116 p. décidé le départ pour Londres de Jean Cavaillès en marbre, petite taille, mais quel poids ! Pour et Christian Pineau. Fin d’été 1942, l’opération le général de Gaulle. Voilà Cavaillès, homme SINACEUR (Hourya), Jean Cavaillès : philosophie échoue et les deux résistants, arrêtés par les Fran- de décision, d’efficacité, d’action et de sensibi- mathématique, Paris, Presses Universitaires de çais se retrouvent à la prison de Montpellier. lité, et aussi d’imagination - il en fallait dans la France, 1994, 128 p. Gabrielle Ferrières a pu rendre visite à son frère. Résistance! - mais s’embarquer lesté de dix kilos Le gouverneur militaire était le général de Lattre de marbre ! Quelques œuvres de Jean CAVAILLÈS de Tassigny. Il avait facilité 1’entrevue. Une éva- Je voudrais terminer ces témoignages par ce sou- - Méthode axiomatique et formalisme. Essai sur le sion est préparée. Gabrielle me renseigne sur l’in- venir que j’ai raconté à l’Université d’Amiens il problème du fondement des mathématiques, Paris, carcération dans une cellule du rez-de-chaussée. y a plus de vingt ans. Hermann, 1938, 196 p. Il faut une lime. Il faut aussi un soporifique pour Au retour de ma mission dans le Nord, rendant - Remarques sur la formation de la théorie abstraite des endormir le troisième occupant (inquiétant) de compte de mes contacts positifs, je raconte à Jean ensembles. Étude historique et critique, Paris, Hermann, la cellule, des vélos et une petite équipe de sécu- ma récente aventure. Comme il n’y avait plus de 1938, 156 p. rité qui les attendra à l’extérieur. frontière entre la France et la Belgique, j’avais - Transfini et continu, Paris, Hermann, 1947, 24 p. J’obtiens un droit de visite, comme fiancée de décidé d’aller faire un tour à Bruxelles. Pendant - Mathématique et formalisme, Bruxelles, 1949. Jean. L’entrevue a lieu devant des gardiens qui mon récit, j’ai vu son visage se figer. J’ai entendu - Sur la logique et la théorie de la science, Paris, se retournent pudiquement. Lime et fiole chan- sa voix sévère me dire « Je ne pourrai plus avoir Presses universitaires de France, 1947, 1960, 80 p. gent de poches. Nous attendons dehors une par- confiance en vous. Vous exposer au danger, c’est - Philosophie mathématique, Paris, Hermann, tie de la nuit - pas d’évasion. Nous apprendrons exposer la Résistance. Vous êtes un soldat et vous 1962, 275 p. plus tard que Cavaillès a sacrifié sa liberté : le devez obéissance et discipline. » J’étais attérée. co-détenu est cardiaque ; on ne peut lui admi- Il ajoute : « Lucie, vous avez un mari responsa- Enfin, vous trouverez sur le site Internet nistrer sans risque le soporifique. ble important de l’Armée Secrète, vous avez un de la Fondation de la Résistance La sensibilité et l’esprit de sacrifice de Jean se enfant de deux ans. Pour eux, il faut vous dis- www.fondationresistance.org manifestent de nouveau un peu plus tard, dans cipliner et ne pas vous croire invincible. » dans la rubrique « Nous avons lu » un compte le train qui emmène les deux résistants vers un J’ai compris que Jean Cavaillès n’était pas seu- rendu du livre Jean Cavaillès, résistant ou la Pen- camp d’internement proche de Limoges. Un lement un ami, mais mon chef dans cette lutte sée en actes sous la direction d’Alya AGLAN seul peut sauter du train. Jean, sportif, a dix pour la Liberté. Les larmes aux yeux je l’ai et de Jean-Pierre AZÉMA. ans de moins que Pineau. « Vous êtes marié, remercié. père de famille, sautez. Nous nous retrouve- rons plus tard. » Lucie Aubrac

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 7 La vie de la Fondation de la Résistance LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FONDAT ADMINISTRATEURS DÉSIGNÉS PAR L’ASSEMBLÉE DES FONDATEURS (PREMIER COLL Jean MATTÉOLI Pierre SUDREAU Jean-Bernard BADAIRE Vice-président. Président. Vice-président. Né le 13 mai 1919 à Paris (9e). Né le 28 janvier 1923 Né le 20 décembre 1922 à Montchanin Chef du réseau Brutus (zone occupée). à Fontainebleau (Seine-et-Marne). (Seine-et-Loire). Déporté à Buchenwald. Membre d’un réseau de la section Membre du Bureau des Opérations Aériennes Directeur au ministère de l’Intérieur française du SOE « réseau Buckmaster ». pour la région D et du réseau renseignements (1946-1951). Déporté à Neuengamme, évacué à Bergen- DR DR DR Navarre. Préfet du Loir-et-Cher (1951-1955). Belsen puis à Sandbostel. Arrêté, interné à la prison de Dijon puis déporté Préfet chargé de la construction de la région pari- Président-Directeur général de société. à Neuengamme et Bergen-Belsen. sienne (1955-1958). Président du Comité d’Action de la Résistance. Président (1987-1999) puis président d’honneur (depuis 1999) du Ministre de la Construction (1958-1962). Président de la Fédération nationale « Libre Résistance ». Conseil économique et social. Ministre de l’Éducation nationale Président de la Confédération nationale France com- Ministre du Travail et de la Participation (1979-1981). (avril 1962 démissionne le 15 octobre 1962). battante. Président des Charbonnages de France (1973-1979). Député du Loir-et-Cher (1967-1981). Liquidateur national des réseaux Buckmaster (section Président (1987-1994) puis président d’honneur (depuis 1994) de Maire de Blois (1971-1989). française du SOE). la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance. Grand croix de la Légion d’honneur. Commandeur de la Légion d’honneur. Membre du Haut conseil de la Mémoire combattante. Croix de guerre 39-45. Croix de guerre 39-45 avec palmes. Grand croix de la Légion d’honneur. Médaille de la Résistance. Officier de l’ordre de l’Empire Britannique (OBE). Croix de guerre 39-45. Commandeur des Palmes académiques. Médaille de la Résistance. Hautes décorations étrangères. Officier des Palmes académiques. ADMINISTRATEURS DÉSIGNÉS PAR LA PUISSANCE PUBLIQUE (DEUXIÈME COLLÈGE) Joseph Jacques GODFRAIN Jean OSTERMANN Député. LE NAIRE Sénateur. Administrateur représentant le président de l’Assemblée nationale. Préfet honoraire. Administrateur Né le 4 Juin 1943 à Toulouse (Haute-Garonne). Administrateur repré- représentant le pré- Membre du Conseil économique et social, section de l’expansion intérieure sentant le ministre sident du Sénat. et de la coopération (1970-1971 et 1973-1974). de l’Intérieur. Chargé de mission au cabinet du président de la République, Georges Pom- DR DR Né le 26 novembre DR Né le 6 juin 1934 à pidou (1973-1974). 1937 à Nordheim Lorient (Morbihan). (Bas-Rhin). Conseiller municipal de Saint-Affrique (1977-1995). Député de l’Aveyron (depuis 1978). Officier de la Légion d’honneur. Agent général d’assurances. Chevalier de l’ordre national du Conseiller général depuis 1973. Secrétaire de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale. Maire de Wasselonne (Bas-Rhin) depuis Conseiller général de l’Aveyron (1981-1992). Mérite. 1977. Conseiller régional de Midi-Pyrénées (1992-1998), président de l’agence régionale de l’envi- Chevalier des Palmes académiques. Président de la Communauté des com- ronnement. Croix du Combattant. munes des Coteaux de la Mossig Questeur à l’Assemblée nationale (1990-1995). depuis 1992. Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Coopération (1995- Sénateur du Bas-Rhin depuis 1991. 1997). Membre de la Commission des Finan- Maire de Millau (depuis 1995). ces du Sénat. Président du conseil d’administration de l’école vétérinaire de Toulouse. Président des amis de la FAO et président de nombreuses associations à caractère humanitaire d’envergure internationale. Auteur de publications sur la participation dans les entreprises et sur l’Afrique. Grand officier de l’ordre de Malte. ADMINISTRATEURS COOPTÉS (TROISIÈME COLLÈGE) Jacques François ARCHAMBAULT Ervin ROSENBERG VISTEL Secrétaire général. Trésorier. Né le 10 septembre 1938 à Tours (Indre-et- Né le 13 septembre 1935 en Vice-président. Loire). Hongrie. Né le 20 janvier 1940 Docteur d’État. Conseiller du président de la à Sainte-Colombe (Rhône). Cadre dirigeant dans l’industrie privée. Compagnie Financière Conseiller d’État. Président de l’association Mémoire et Espoirs Edmond de Rothschild. DR DR DR Officier de la Légion d’honneur. de la Résistance. Directeur général Adjoint Officier de l’ordre national du Mérite. Administrateur de l’ONAC. honoraire de BNP-Paribas. Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres. Chevalier de la Légion d’honneur. Chevalier de la Légion d’honneur. Commandeur de l’ordre national du Mérite. Lauréat de l’Académie française. Médaille d’or du Travail.

8 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 Nous sommes heureux de porter à la connaissance de nos lecteurs l’ensemble des membres du conseil d’administration de la Fondation TION DE LA RÉSISTANCE de la Résistance LÈGE) Claude Serge RAVANEL Marie-Claire HALLOUIN Administrateur. SCAMARONI Né le 12 mai 1920. Administrateur. Vice-présidente d’Honneur. Ancien élève de l’École polytechnique. Né le 19 août 1923 Née le 22 septembre 1913 à Paris (3e). Membre du mouvement de Résistance du à Vendôme (Loir-et- Avocat stagiaire démissionne en 1941 refusant l’État de Vichy. général Cochet (1941), membre du mouve- Cher). Agent P1 du réseau FFC R2 Corse alias réseau Scamaroni (du ment de Résistance Libération (1942). Membre du réseau FFC 01/05/1941 au 10/09/1943). Membre du réseau Cohors-Astu- DR DR Chef national des Groupes-francs des Mou- DR Vélites-Thermopyles et ries (1943) et du réseau Ajax (du 01/05/1943 au 30/09/1944). vements Unis de Résistance (MUR) (juin 1943 à avril 1944). du mouvement des Volontaires de la Membre du Haut Conseil de la Mémoire combattante. Chef des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) de la région de Liberté. Vice-présidente du Comité d’Action de la Résistance. Toulouse - R4 - (d’avril 1944 à l’après Libération) avec le grade Administrateur hors classe des servi- Secrétaire général du prix littéraire de la Résistance. de colonel FFI. ces du Premier ministre (ER). Membre du Parlement européen (1981-1985). Membre du cabinet du ministre de la Recherche (1981) Commandeur de la Légion d’honneur. Maire adjoint du 6e arrondissement de Paris (1959-1979). et du ministre de l’Industrie et de la Recherche (1982). Commandeur de l’ordre national du Conseiller général de la Corse (1945-1948). Consultant (1985). Mérite. Membre du Cabinet du ministre de l’Intérieur (1944-1945). Compagnon de la Libération. Croix de guerre 39-45. Commandeur de la Légion d’honneur. Grand officier de la Légion d’honneur. Croix du Combattant volontaire de la Grand croix de l’ordre national du Mérite. Médaille de la Résistance avec rosette. Résistance. Médaille de la Résistance. Croix de guerre 39-45 avec palme. Croix du Combattant volontaire de la Résistance. Colonel honoraire. Croix du Combattant.

Solange APIK Laurent Général d’Armée (C.R.) Odette Directrice de la mémoire, du patri- BAZIN Alain de BOISSIEU CHRISTIENNE moine et des archives au minis- Chef du bureau des Chancelier de l’Ordre de la Libération. Adjointe au Maire de tère de la Défense, secrétariat actions éducatives, Paris, chargée de la général pour l’administration. Né le 5 juillet 1914 à Chartres (Eure-et-Loir). culturelles et sportives Mémoire, du Monde Administrateur représentant le Prisonnier de guerre en mai 1940, s’évade d’Al- à la direction de l’en- Combattant et des secrétaire d’état à la Défense lemagne par la Russie. DR DR DR seignement scolaire. Archives. chargé des anciens combattants. Rallie l’Angleterre en juin 1941. Administrateur repré- Administrateur repré- Née le 2 juin 1946 à Paris. Affecté comme Capitaine au 501e RCC sentant le ministre de la jeunesse, de sentant le Maire de Paris. Administratrice civile hors classe. e l’éducation nationale et de la recherche. (2 DB), campagnes de France et d’Allemagne. Née le 1er janvier 1934 à Ajaccio De 1972 à 1993, occupe divers postes au minis- Né le 16 novembre 1960 à Casablanca Ancien Grand Chancelier de l’Ordre national de (Corse). tère de la Défense notamment à la direction la Légion d’honneur. Chevalier de la Légion d’honneur. juridique (contentieux des armées), puis (Maroc). Agrégé de lettres, docteur ès lettres. Grand croix de la Légion d’honneur. Officier de l’ordre national du Mérite. conseillère sociale du ministre (personnel civil Commandeur des Palmes académiques. et militaire). Anciennement : maître de conférences Compagnon de la Libération. De 1994 à 1999, secrétaire générale du en littérature et histoire culturelle du Grand croix de l’ordre national du Mérite. groupe interchambres sur la Fonction publique, XXe siècle français ; attaché de coopé- Croix de guerre 39-45. chef du service des affaires internationales à la ration universitaire puis conseiller cul- Croix de la Valeur militaire. Cour des comptes. turel adjoint auprès du ministère des Médaille de la Résistance. Chevalier de la Légion d’honneur. affaires étrangères. Croix du Combattant volontaire de la Résistance. Chevalier de l’ordre national du Mérite. Knight of the British Empire. Commandeur de l’ordre du Mérite des USA.

Marie-José CHOMBART DE LAUWE Jean GAVARD Gilles-Pierre Présidente d’honneur. Administrateur. LEVY Née le 31 mai 1923 à Paris (16e). Né le 16 mai 1923 à Ixelles Administrateur. Résistante dès le début de l’occupation dans les Côtes d’Armor. (Belgique). Né le 9 juillet 1947 à Membre du réseau Georges France. Membre du réseau Confrérie Boulogne Billancourt Déportée à Ravensbrück. Notre-Dame-Castille. (Hauts-de-Seine) Psychosociologue. Déporté à Mauthausen puis à DR DR DR Membre de la Cour Directeur de recherche honoraire au CNRS. Gusen. des comptes (1973). Directeur de thèse à l’EHESS. Inspecteur général honoraire de l’administra- Directeur au ministère de l’Industrie Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. tion de l’Éducation nationale. (1986-1995). Membre de la présidence collégiale de la FNDIRP. Ancien président du Jury national du concours Cadre supérieur dans l’industrie privée Co-présidente de l’Amicale de Ravensbrück. de la Résistance et de la Déportation (1993- (depuis 1995). Membre honoraire du Comité central de la Ligue des droits de l’homme. 2002). Chevalier de la Légion d’honneur. Commandeur de la Légion d’honneur. Officier de la Légion d’honneur. Chevalier de l’ordre national du Mérite. Officier de l’ordre national du Mérite. Chevalier de l’ordre national du Mérite. Croix de guerre 39-45 avec palme. Croix de guerre 39-45. Suite de la rubrique Croix du Combattant. Médaille de la Résistance. La vie de la Fondation ▼ ▼ ▼ ▼ Croix du Combattant volontaire de la Résistance. Croix du Combattant volontaire de la Résis- ▼ Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. tance. de la Résistance Commandeur des Palmes académiques. page 16.

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 9 L’activité des associations partenaires Mémoire et Espoirs de la Résistance (MER)

Toujours soucieuse de mieux faire connaître, au plus large public, la Résistance et son influence dans notre société, MER multiplie ses animations socio-culturelles autour de deux axes principaux : l’évocation des résistants oubliés ou méconnus et l’héritage de la Résistance. RÉSISTANCE INTÉRIEURE ET EXTÉRIEURE, MÊME COMBAT POUR UNE FRANCE LIBRE Notre automne se caractérise par des inquiétudes Rousseau, tient en octobre son congrès annuel au encore tel résistant picard illustré par l’historien « sans cesse recommencées » comme la mer de Puy-en-Velay, où le préfet Jean Brenas, résistant- Louis Mexandeau, vice-président d’honneur de la l’Homme libre du poème de Paul Valéry. Mais nos déporté, est né et inhumé. Il fut le premier secré- Fondation de la Résistance. caractères complémentaires nous redonnent tou- taire général de la Fondation de la Résistance. Cette jours l’espoir cher au général de Gaulle. Le chef Haute Loire s’est aussi illustrée avec le maquis du Un héritage spirituel de la France libre, dans les pires moments de notre Mont-Mouchet, où des résistants sont morts glo- histoire encore brûlante, rappelait aux Français tant rieusement. C’est la CNCVR qui, en 1955, a Le jeudi 18 décembre matin, comme chaque année, de l’intérieur que de l’extérieur que leur devoir inventé le Concours scolaire de la Résistance, offi- nous déclinerons à nouveau le thème de l’héritage. consistait à livrer « un seul combat pour une seule cialisé en 1961 par le ministre Lucien Paye et rejoint Le président Jean-Louis Debré nous accueillera patrie… » en 1972 par la Déportation. « MER » a lancé il y encore généreusement à l’Assemblée nationale. La Le programme de « MER » reste donc chargé ! a sept ans les conférences à la Sorbonne à l’intention Résistance de l’esprit occupe nos réflexions depuis Notre Assemblée Générale de juin dernier fut una- des lycéens. Le ministre Luc Ferry vient de lui fort longtemps. Elle reste notre vraie clé de voûte, nime tant pour élire à son Conseil d’administra- renouveler son patronage pour la réunion du ven- avec les résistants oubliés ou méconnus. Déjà le tion, Mme Rose de Beaufort, fille du martyr de la dredi 30 janvier 2004 que notre association fille protestantisme, le judaïsme, le catholicisme, la franc- Résistance, Honoré d’Estienne d’Orves, que de la Fondation de la Résistance organise régu- maçonnerie seront représentés à un très haut niveau. pour évoquer le soixantenaire de l’œuvre d’un lièrement avec l’Association des amis de la Fon- Nous espérons aussi salle Colbert trois analystes immense héros, Jean Moulin. Une cassette, édi- dation pour la Mémoire de la Déportation, la Fon- incontestables l’un de l’islam (n’oublions pas les tée par « MER », avec l’aide de la Fondation de dation et l’Association des tirailleurs massacrés par les nazis en Beauce ou en la Résistance, est en cours d’achèvement sur la professeurs d’Histoire-Géographie. Cette fois Savoie…), l’autre de l’Extrême Orient (souvenons- «République résistante, vue par des grands nous souhaitons à nouveau qu’elle soit à la fois nous des Indochinois décapités par les Japonais), témoins ». Elle sera disponible gracieusement, pédagogique, œucuménique et fraternelle. Le enfin un expert de la philosophie éternelle de notamment pour les lycées et universités, mairies thème tournerait autour de la France libre dont Sophocle à nos jours… et autres lieux de civisme et de pédagogie. Ce M. Pierre Messmer est le pérénnisateur énergique Ces perspectives d’automne ne doivent pas occulter 14 juin fut parallèlement marqué par l’hommage et M. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, l’historio- nos activités provinciales, qu’il s’agisse le 26 novem- mérité, rendu à l’Assemblée nationale, à Christian graphe incomparable. bre de l’héritage social de la Résistance traité à Dijon Pineau, fondateur de Libération-Nord et signataire Auparavant, nous avons quelques étapes-clés, dans par Mme Jeannine Calba ou de notre coopération du traité de Rome. la ligne de notre « manuel » édité pour le cin- avec l’ONAC dans quatre départements pilotes que Nous entrons dans un long cycle de commémo- quantenaire de la Victoire des Alliés. Ainsi, le ven- nous allons jumeler avec quelques autres. rations des libérations, celles des îles et des villes, dredi 14 novembre, nous tracerons au Mémorial Notre site Internet « memoresist.org » vient puis celles des camps de l’horreur. Nous les célé- Leclerc-Musée Jean Moulin, avec sa directrice d’être modernisé et actualisé. Faites le connaître brerons dans une unité totale avec nos amis des Mme Christine Levisse-Touzé, les portraits de aux jeunes et aux chercheurs. Faites aussi adhérer Fondations sœurs, notamment de la Déportation. quelques résistants oubliés ou méconnus, comme vos amis à notre association. L’avenir dépend de le frère de Mme Jeanne Boucourechliev-Bayet, jeune vous tous ! Des combattants volontaires maquisard solognot mort en déportation, ou François Archambault comme le peintre en bâtiment qui déroba les plans Secrétaire général La Confédération nationale des Combattants du mur de l’Atlantique et dont la mémoire est rani- de la Fondation de la Résistance volontaires de la Résistance, que préside M. Jean mée par le professeur A. Roger Lhombreaud ou Président de « MER »

Un après-midi de réflexion sur le thème : « La République résistante »

Samedi 14 juin 2003, la Fondation de la Résistance Messmer (7) qui depuis son bureau de l’Institut nement, qu’ils fussent, en France, en Angleterre et son association fille, « MER », organisaient, de France, répondait aux questions de François où quelque part dans les sables du désert, et quel- au Mémorial Leclerc-Musée Jean Moulin, un Archambault, président de « MER », donnait à les avaient été les raisons de leur engagement. après-midi de réflexion sur le thème : « La Répu- cet après-midi de réflexion une intensité toute blique résistante », devant un nombreux public. particulière. Une grande diversité La présence : de Lucie (1) et Raymond (2) Aubrac, Soixante ans après la création du Conseil natio- d’engagements… du général Alain de Boissieu (3), de Marie-José nal de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943, par Chombart de Lauwe (4), de Jean-François Jean Moulin, « les grands témoins » de ces années, L’engagement de Lucie Aubrac a été naturel, Martin (5), d’Hélène Viannay (6), et de Pierre racontaient comment ils avaient perçu cet évé- «prof en Bretagne, je n’ai pas supporté l’arrivée

10 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 des troupes nazies, des voitures blindées, qui 1944, pour rejoindre la 2e DB, « Nous avons venaient se garer dans la cour du lycée, dans un fait tous les combats […] au bout de deux mois endroit qui représentait la culture! On n’accepte et demi j’avais une croix de guerre c’est donc pas qu’un maréchal de France serre la main d’un que j’avais fait mon devoir ». Hélène Viannay, voyou comme Hitler ». Pour Alain de Boissieu, 23 ans, étudiante à la Sorbonne, d’origine russe, la seule voie possible était de tenter de parents révolutionnaires chassés par le tsar, « l’aventure incertaine » suivant les « J’ai toujours entendu dire autour de moi, que mots de Claude Bourdet en ralliant la France est la terre de la Liberté. L’école com- le général de Gaulle. « Comment munale m’avait amené à penser qu’il n’y avait ai-je appris l’appel du général de aucun régime au monde plus beau que celui de Gaulle? Par une brave femme belge la République Française. Liberté, Égalité, Fra- qui s’est approchée de nous, nous ternité : pour moi c’était ma vie. Les Allemands raconter, qu’elle a entendu un arrivent et suppriment la Liberté, c’est le début général français dire que la France de mon engagement ». L’histoire de Raymond continuera la guerre […] Certains Aubrac se confond avec celle de Lucie « Je n’a- d’entre nous, connaissaient le nom vais pas entendu l’appel du général de Gaulle, du général de Gaulle, […] Oui nous je n’avais pas non plus entendu le maréchal nous sommes évadé par l’URSS, Pétain. Évadé et enfin rentré à Lyon, avec Lucie, et après un long périple et nous nous décidons de faire de l’opposition mais très sommes arrivés en Angleterre ». franchement au début je n’y croyais pas trop. L’engagement de Marie-José À Lyon un jour un garçon est arrivé, Jacques Chombart de Lauwe, commence Vernant, agrégé de philo ; en sonnant il a crié : comme celui de Lucie Aubrac, en “ sous le pont Mirabeau ”. Lucie a répondu Bretagne dans les Côtes d’Armor : “ coule la Seine… ”. C’est ainsi que les deux «J’étais en première en juin 1940 complices ont commencé à échanger leur De nombreux échanges lors du colloque et le discours de Pétain a semblé into- expérience du graffiti ! À ce moment, je partage sur la « République résistante » au Mémorial lérable aussi bien aux professeurs qu’aux élèves. leur motivation ! ». Pour Pierre Messmer, Leclerc-Musée Jean-Moulin en souvenir La directrice passait dans les classes et je me rap- révolté par la défaite, « par la défaillance du du Conseil national de la Résistance pelle que beaucoup pleuraient ». Jean-François commandement », la voix chevrotante du maré- Photos : Marc Fineltin Martin avait 17 ans quand il s’est engagé, en chal Pétain, achève de le convaincre qu’il faut continuer à se battre, « Le prestige du Maré- chal n’a pas joué pour moi, j’ajoute que le pres- Calendrier des prochaines manifestations de MER tige de grands chefs joue rarement sur la jeu- nesse… » et avec le lieutenant Simon, il rejoindra Londres fin juillet 1940, après une Portraits de Résistants oubliés ou mécon- Jeudi 16 octobre 2003 rocambolesque équipée. nus le vendredi 14 novembre 2003 au Mémo- Soirée exceptionnelle autour du cen- rial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de tenaire de Jean CAVAILLÈS, philoso- …des perceptions différentes la Libération de Paris et Musée Jean Moulin (ville phe, résistant, martyr des nazis. du CNR de Paris). Jeudi 6 novembre 2003 Charles ONANA Avant d’apporter son témoignage sur le CNR La Résistance de l’esprit sera le grand , l’un des derniers témoins débat d’automne de « MER », le jeudi 18 La France et ses tirailleurs : enquête sur les combattants de la République, à avoir vu Jean Moulin, raconte avec force détails décembre matin à l’Assemblée nationale, ses rencontres avec l’envoyé de De Gaulle, qu’il avec de hautes personnalités spécialistes des éditions Duboiris, 2003. voit pour la première fois en janvier 1942. Au grandes confessions et philosophies de la Résistance. Jeudi 4 décembre 2003 fil des souvenirs qu’il égraine, il fait revivre « le Laurent DOUZOU préfet de la Résistance », et ses missions, parle Aprés-midi de présentation du thème du Voler les juifs. Lyon, 1940-1944, du général Delestraint, Vidal, « qui immédia- Concours national de la Résistance et de la Hachette, 2003. tement saura conquérir notre confiance, en une Déportation, avec de grands témoins, le ven- séance, en présence de Jean Moulin ». Émotion, dredi 30 janvier 2004 à 14 heures à la Sor- Jeudi 8 janvier 2004 quand il évoque le tragique rendez-vous de bonne. Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC Caluire. « Nous sommes arrivés chez le docteur Les évadés d’Allemagne par l’URSS Dugoujon avec beaucoup de retard, ce qui était, Soirées thématiques « une soirée, un (à paraître en 2004). tout à fait inusuel dans la Résistance en général auteur » organisées par le Mémorial du Maré- et en particulier avec Jean Moulin qui était extrê- chal Leclerc de Hauteclocque et de la Libé- Jeudi 5 février 2004 ration de Paris et Musée Jean Moulin (ville de Robert BELOT Suite de la rubrique Mémoire ▼ ▼ ▼ ▼ Henri Frenay, de la Résistance à l’Europe, ▼ Paris) avec le soutien de l’association et Espoirs de la Résistance page 15. « MER ». Le Seuil 2003

Entrée libre et uniquement sur réservation au Adhésion : Tél./Fax: 0145669232 01 40 64 39 44. Les conférences débutent à si vous voulez donner un avenir au devoir 18 heures. de mémoire, adhérez à « Mémoire et Espoirs e-mail: [email protected] de la Résistance » ! Jeudi 2 octobre 2003 Site internet: www.memoresist.org Cotisation 15 € (+ 6 € pour « Résistance Nicole THATCHER et Avenir»). Informations complémentaires sur les sites Charlotte Delbo : une voix singulière, Chèque à libeller à « Mémoire et Espoirs de la internet: www.charles-de-gaulle.org mémoires, témoignages et littératures, Résistance», Place Marie-Madeleine Fourcade, l’Harmattan, 2003. 16-18 place Dupleix, 75015 Paris www.fondationresistance.org

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 11 L’activité des associations partenaires Association pour des Études sur la Résistance I UN DVD-ROM SUR LA RÉSISTANCE

Une recherche ayant pour objet la Résistance en Ile-de-France (1940-1944) engendre – on le conçoit aisément – un immense chantier auquel il semble souvent difficile de donner une fin, tant les pistes nouvelles ne finissent pas d’émerger au fil de l’avancée des travaux. Commencé en 1997 et devant paraître à l’été 2004, le projet s’est fixé comme objectif de rassembler sur un même support textes et documents, pour offrir le pano- rama le plus large possible des actions menées contre Vichy et l’occupant allemand dans les trois départements franciliens : la Seine, la Seine-et- Oise et la Seine-et-Marne. Il apporte une contri- bution d’importance dans l’étude de la Résis- tance intérieure en prenant pour cadre la région parisienne et en s’efforçant d’intégrer, dans un souci de scientificité, les problématiques et les acquis les plus récents de la recherche historique. Une échelle régionale

Rappelons, en premier lieu, que le constat d’une perspective départementale inopérante a pré- sidé au choix de mener l’étude à l’échelle régio- nale. On imagine mal, en effet, un travail por-

tant sur les seules Seine-et-Marne ou Archives Départementales des Yvelines (300W62) Seine-et-Oise, tant la proximité parisienne pro- digue de facteurs explicatifs. Nul n’est besoin Localisation par la police d’État de Seine-et-Oise du sabotage d’une ligne téléphonique de rappeler l’importance démographique ou à Palaiseau le 23 avril 1941 économique de la capitale, la vitrine politique, le carrefour et le nœud de communications l’on évoque la capitale et sa zone d’influence faire œuvre de vérité historique que de don- qu’elle constitue, le poids de la présence alle- directe. Le local se double ici d’une incontour- ner à Paris son statut de capitale de la Résis- mande, les possibilités offertes aux résistants en nable dimension nationale. Quelles ont été, sur tance. Le choix a donc été fait d’intégrer cette terme de ressources, humaines et matérielles, le plan éditorial, les conséquences de cette situa- double dimension et de mêler, dans le plan édi- et de logistiques… Ces données doivent être tion spécifique dans la définition d’un corpus torial, des personnalités qui ont trouvé les res- prises en compte pour appréhender la réalité d’hommes et d’organisations ? En fait, l’évic- sorts de leur action dans le territoire francilien, départementale. En outre, on sait que la géo- tion de ce qui est national aurait sous-entendu s’appuyant sur des ressources exclusivement graphie des départements de la Seine et de la la mise à l’écart d’une grande quantité d’acteurs locales, et des résistants pour qui Paris ne fut Seine-et-Oise a été profondément modifiée après de premier ordre dont de nombreux cadres qu’une étape. la guerre. Inscrire une étude dans les contours nationaux, qui, pour ne pas avoir actuels n’est donc pas forcément le meilleur traversé la guerre dans les fau- moyen d’accéder à l’intelligibilité des logiques bourgs parisiens, n’y laissèrent pas à l’œuvre à cette époque. La remarque pour- moins une empreinte profonde par rait être appliquée à l’ancienne configuration un simple passage. Leur présence car en Ile-de-France comme ailleurs, mais peut- entre les murs de la capitale et de être plus qu’ailleurs, les hommes et les orga- sa banlieue, les décisions qu’ils y nisations se jouent des limites administratives. prirent, les réunions secrètes qu’ils Il serait à cet égard tentant de repousser davan- y tinrent se sont inscrites dans l’his- tage celles du projet et de considérer les inter- toire locale. Ainsi, comment évo- actions existantes entre l’Ile-de-France et les pro- quer la première réunion du CNR ches départements comme l’Oise, la Marne ou sans en présenter les protagonis- l’Yonne. tes dont les terrains d’action dépassaient largement l’horizon Un angle d’approche d’Ile-de-France ? Imagine-t-on la à la fois local et national censure d’un événement ayant pris place à Paris – une mission par La question de la pertinence d’une étude locale exemple – au prétexte que ses Archives Départementales des Yvelines (1W175) de la Résistance se pose ici avec acuité tant il répercussions furent davantage Organigramme du groupe « Jean-Marie » (SOE) de Mantes établi apparaît difficile de parler de « localité » lorsque nationales que locales ? C’est aussi par la police d’État de Seine-et-Oise en novembre 1943

12 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 Cédérom sur la Résistance en Corse: Intérieure (AERI) présentation à Ajaccio Invitée par les résistants corses à venir parti- ciper aux commémorations de la libération de la Corse, « premier morceau libéré de EN ILE-DE-FRANCE France » (1), l’équipe de l’AERI emmenée par son président, Jean-Bernard Badaire, et son trésorier, Jean-Marie Delabre, a assisté à deux présentations du cédérom sur la Résistance Des archives souvent inédites phoniques ou d’actualités cinématographiques, en Corse faites par Hélène Chaubin, histo- des témoignages de résistants… rienne, chef de projet. Le lecteur aura accès à un corpus d’environ un Par ailleurs, une base de données d’environ 7500 L’association locale « Le Mémorial informa- millier de fiches faisant état de pistes bibliogra- actes résistants (manifestations, sabotages, atten- tique : Histoire de la Résistance en Corse », phiques et archivistiques. Les articles portent sur tats, faits de propagande) commis sur le terri- présidée par Marcel Santoni a remarquable- les personnes, les organisations, les lieux, les évé- toire francilien a été constituée au cours des ment organisé ces journées : une présentation nements, des thèmes divers, sans oublier les vec- recherches. Construite strictement à partir de du cédérom le 8 septembre, au Palais des teurs de l’inscription et de la diffusion de la sources officielles – essentiellement des rapports Congrès d’Ajaccio, en présence de toutes les mémoire de la Résistance dans la région. Si cer- de police – elle constituera un riche vivier d’exem- associations de résistants, de représentants de tains des sujets traités sont connus, de très nom- ples auquel on accédera par le biais des fiches. la collectivité territoriale, de conseillers géné- breux autres livreront une information tout à fait Ces dernières apporteront un éclairage scienti- raux et d’élus de la ville d’Ajaccio ; la parti- inédite, résultat du dépouillement – parfois sys- fique et permettront de replacer des exemples cipation à la commémoration officielle, le tématique – de nombreux fonds jusque-là inex- locaux dans des stratégies ou des tendances géné- 9 septembre ; une présentation du cédérom plorés ou encore peu exploités. On peut citer à rales. À l’automne 2004, la base de données sera au grand public, le 10 septembre, dans la titre d’exemples les rapports des renseignements mise en ligne et consultable sur le site de l’AERI. magnifique salle du CCAS à Porticcio, à généraux et les rapports des Brigades spéciales Enfin, il convient d’insister sur le fait que le DVD- laquelle ont assisté les trois derniers marins de la Préfecture de Police ou de la gendarmerie ROM utilisera toutes les possibilités offertes par survivants du sous-marin Casabianca (2) : ils seine-et-marnaise, les dossiers de demande de la ce type de support: d’innombrables connexions ont répondu aux questions du public, puis, carte de Combattant volontaire de la Résistance. seront établies au sein de la masse documentaire à leur demande, une minute de silence a été Mentionnons encore l’accès aux dossiers d’homo- facilitant ainsi la navigation interne. observée pour les opérateurs radio clandes- logation du Bureau Résistance ou encore aux tins, une des formes les plus périlleuses de la archives de liquidation de la section F du SOE. Un projet évolutif Résistance. L’équipe Ile-de-France est également entrée en contact avec de nombreux acteurs ou descen- Au stade actuel du travail, un constat sans (1) Extrait du discours prononcé par le général dants, ces derniers transmettant souvent des archi- surprise s’impose: sept ans de recherche n’au- de Gaulle, le 8 octobre 1943, à Ajaccio. ves restées jusque-là confidentielles, ouvrant ainsi ront pas suffi à venir à bout d’un tel chan- (2) Le Casabianca, sous la direction du com- des perspectives nouvelles à la connaissance. La tier. Avertissons dès lors le lecteur sur l’une mandant Lherminier, fait partie des cinq sous- documentation et les renseignements accumu- des principales limites d’une telle entreprise: marins ayant quitté la rade de Toulon pour lés ont été transmis, le cas échéant, à une équipe à l’évidence, le DVD-ROM sera loin d’être Alger, en novembre 1942. rédactionnelle riche de la participation d’envi- exhaustif. La réalité parisienne est complexe. ron quatre-vingt spécialistes, pour la plupart doc- Combien d’organisations résistantes ont fixé teurs et doctorants. La diversité des sources accu- leur centrale à Paris? Quelle petite commune mulées permet de procéder à un stimulant travail de banlieue n’a pas connu son groupe local connaissance. Une somme d’articles ne cons- de recoupement, règle d’or de l’historien. Ainsi dont l’activité, même modeste, est venue tituant en aucune façon une histoire, celle de la confrontation de compte-rendus d’activités s’additionner à la somme des actions enga- la Résistance en Ile-de-France restera donc à rédigés dans le feu de l’action ou de témoigna- gées contre Vichy et les Allemands? Un cor- écrire. Puisse ce beau projet contribuer à en ges datant de l’après-guerre avec des archives pus de quatre cents biographies peut-il défi- jeter les fondements. émanant des forces de l’ordre, permet l’élabo- nitivement rendre compte de tous ceux et ration de trames rigoureuses débarrassées de leurs de toutes celles qui firent la Résistance en Emmanuel Debono scories. Ile-de-France? La forme choisie d’un DVD- Chef de projet du CD-Rom ROM peut-elle suffisamment mettre en Ile-de-France Une masse documentaire valeur le degré d’enchevêtrement des pro- tagonistes de la lutte engagée contre l’oc- Une très riche iconographie résultant d’une cam- cupant? Le projet porte en lui les germes de pagne de recherche de grande ampleur viendra frustrations à venir, celles, en premier lieu, Renseignements s’ajouter aux textes, chaque fiche étant agré- des acteurs oubliés. Nous souhaitons en AERI (association loi 1901 d’intérêt général) mentée d’un ou plusieurs documents. La pré- conséquence que le projet Ile-de-France soit Association pour des Études sur la sence de séquences sonores ou vidéo doit éga- compris comme un projet dynamique, évo- lement être mentionnée. Parmi celles-ci, citons lutif, dont la sortie à l’été 2004 ne consti- Résistance Intérieure, affiliée à la Fondation en premier lieu le film sur la Libération de Paris tuera qu’une première étape. La mise en de la Résistance tourné par les équipes du Comité de Libération ligne, à terme, de ces bases, susceptibles de Siège social et bureaux: du Cinéma français (CLCF). À ce document his- recevoir constamment des données nouvel- 16-18 place Dupleix - 75015 Paris torique, que l’on pourra visionner d’une traite les, viendra réparer de nombreux oublis et ou par séquences analytiques, il faut ajouter des offrir de nouvelles pistes de recherche. Tél.: 0145666272 images tournées par les Allemands (procès de la Il importe enfin de souligner la nature ency- Fax: 0145676424 Maison de la Chimie), les collaborationnistes clopédique du projet qui permettra au lec- Adresse e-mail: [email protected] (films de propagande anti-résistants) ou encore teur de trouver des réponses à des requêtes Site internet: www.aeri-resistance.com par l’armée américaine (scène de tonte à Cha- précises et de découvrir de multiples aspects tou, libération de Meaux), des extraits radio- du sujet étudié. Il est avant tout un outil de

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 13 Livres

Vichy, les Juifs et les Justes. La stratégie du Bomber tants et des Déportés juifs de VIENT DE L’exemple du Tarn. Command appliquée France N° 60, avril-mai 2003 Sous la direction à la Bretagne. (35, place Saint Ferdinand PARAÎTRE de Jacques Fijalkow. Roger Huguen. 75 017, fax : 01 45 72 11 70) et à Éd. Privat, 304 p., 25 €. Éd. Coop Breizh Notre Musée N° 166 (édition de La présence de ces titres dans (Kerangwenn, 29 540 Spézet, l’association du Musée de la « vient de paraître » ne saurait La Résistance dans le Cher tél. 02 98 93 83 14), 667 p., 25 €. Résistance nationale, 88 avenue constituer un conseil de lecture 1940-1944. Marx Dormoy, BP 135, 94501 mais a pour but de tenir informé les Comité de rédaction : La résistance allemande contre Champigny-sur-Marne cedex, abonnés de la « Lettre », des der- Michèle Jacquet, Jacqueline Hitler. 1933-1945. tél. : 01 48 81 00 80) 5 €. niers ouvrages que nous avons Viollet, Jean-Claude Bonnin, Barbara Koehn. reçus au cours du trimestre. Gérard Boursier, Maurice Presses Universitaires de France, La Fondation serait reconnaissante Renaudat, Jean-Yves Ribault, 400 p., 25 €. A LIRE à ses lecteurs de lui communiquer, Benoît Thiault. le cas échéant, leur sentiment sur Édité par l’association des Amis Marcel Langer, une vie de Parmi les livres reçus nous choisis- le contenu de ces ouvrages, afin de du Musée de la Résistance et de combats. 1903-1943. Juif, sons quelques titres qui nous ont pouvoir en recommander la lecture. la Déportation de Bourges et du communiste, résistant… particulièrement intéressés et dont Cher (Musée de la Résistance et guillotiné. nous vous conseillons la lecture. La France et la Belgique nationale) et le Centre départe- Greg Lamazères. Vous pouvez retrouver d’autres sous l’occupation allemande mental de documentation péda- Éd. Privat, 203 p., 23 €. compte-rendus de lecture sur 1940-1944. Les fonds gogique du Cher, 321 p., 23 €. notre site allemands conservés au Histoires et récits www.fondationresistance.org Centre historique des Archives « secrètes », de la Résistance. à la rubrique « Nous avons lu ». Archives nationales. secrets d’archives ? Historiens Christian Léourier. Inventaire de la sous-série AJ 40. et archivistes face aux archives Préface de Jean-Pierre Azéma Daniel Mayer. Un socialiste Archives nationales. sensibles. Nathan, 191 p. dans la Résistance. Centre historique des Archives Sous la direction Martine Pradoux. nationales, 664 p. + cartes et de Sébastien Laurent. Les naufragés et les rescapés Éditions de l’atelier (12, avenue organigrammes. Éd. du CNRS, 288 p., 25 €. du « train fantôme ». Sœur Rosalie 75 013 Paris, Laurent Lutaud tél. : 01 44 08 95 15), 2002, Des musées en quête Christian Pineau et Patricia Di Scala. 271 p., 22. 50 €. d’identité. Écomusée versus de la Résistance à l’Europe. L’Harmattan, 250 p., 20 €. technomusée. Jean-Frédéric Desaix. Cette jeune historienne a déjà publié Serge Chaumier. Préface de Charles Pot, « Nous, nous ne verrons pas la un certain nombre d’articles et de Préface d’André Desvallées président national fin ». Un enfant dans la guerre documents consacrés à Daniel L’Harmattan, 272 p., 22 €. de Libération-Nord, membre (1939-1945). Mayer, notamment dans Les socialistes du bureau national du Comité Louis Mexandeau. en résistance (1940-1944) et dans la Fontainebleau 1940-1945 d’action de la Résistance Le Cherche Midi, 327 p., 20 €. revue Matériaux pour l’histoire de à travers plaques, stèles L’encyclopédie du socialisme, notre temps. et monuments. 128 p., 7,50 €. Une jeune fille en guerre. Daniel Mayer lui avait accordé de très Faits de Résistance et La lutte antifasciste d’une nombreux entretiens et lui avait persécutions. Pillages sur ordonnances. génération. donné libre accès à ses archives ainsi Compte d’auteur, 20 €. Aryanisation et restitution Maroussia Naïtchenko. qu’à des sources souvent inédites et Pour se procurer ce livre contacter des banques en France. Préface de Gilles Perrault comme elle le précise elle-même : Mme Maryvonne Braunschweig, 1940-1953. Éd. Imago (7, rue Suger 75 006 « J’ai interrogé également des hom- tél. : 01 64 22 22 62). Jean-Marc Dreyfus. Paris, tél. : 01 46 33 15 33), mes et des femmes qui ont évoqué Préface d’Antoine Prost 420 p., 21 €. diverses séquences de sa longue vie Une poignée de misérables. Fayard, 476 p., 25 €. politique : Renée Blum, Michel L’épuration de la société De l’étoile jaune Blum, Marcel Degliame-Fouché, française après la Seconde Le rôle social de l’historien. à la Résistance armée Bertrand Delanoë, Geneviève et Guerre mondiale. De la chaire au prétoire. (1942-1944). Combat pour la Jacques Depreux, Claude Estier, Sous la direction Olivier Dumoulin. dignité humaine. Claude Fuzier, Léo Hamon, Maurice de Marc-Olivier Baruch. Albin Michel, 343 p., 22,50 €. Léon Nisand. Klein, Charles Pot, qui m’a égale- Fayard, 612 p., 26 €. Préface du professeur Albert ment communiqué de nombreux Le Barreau de Lyon dans la Jacquard documents concernant Henri Les prisonniers de guerre tourmente : de l’Occupation Éd. Safed (42, rue Monge Ribière, Françoise Seligmann et dans l’Histoire. Contacts entre à la Libération. 75 005 Paris), 195 p., 18 €. Robert Verdier. » peuples et cultures. Catherine Fillon. Son livre Daniel Mayer: Un socialiste Sous la direction de Sylvie Préface de Pierre Truche L’Art des Indésirables. L’art dans la Résistance, minutieusement Caucanas, Remy Cazals et Éd. Aléas (15, quai Lassagne dans les camps d’internement élaboré, se lit comme un roman. Pascal Payen. 69001 Lyon), 480 p., 22. 50 €. français 1939-1944. Daniel Mayer (1909-1996) s’impose Éd. Privat, 324 p., 25 €. Pnina Rosenberg. comme une figure de référence du La délation sous l’Occupation L’Harmattan, 272 p., 22 €. socialisme français, de la Ligue des Archives et recherche. (rééd.). droits de l’homme, mais aussi de la Aspects juridiques et pratiques André Halimi. L’Agonie et la Révolte des Résistance. administratives. L’Harmattan, 374 p., 28 €. derniers Juifs du ghetto de Dès juin 1940, ce militant alors âgé Sous la direction de Marie Cornu Varsovie. Textes réunis et de trente et un ans, doté d’un opti- et Jérôme Fromageau. La Bretagne dans la bataille analysés par Adam Rayski. misme à toute épreuve, est convaincu L’Harmattan, 209 p., 20 €. de l’Atlantique. 1940-1945. Supplément à la Lettre des Résis- de la victoire inéluctable de la démo-

14 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 Suite de la rubrique

▼ Mémoire et Espoirs de la Résistance. cratie sur la barbarie. Il est juif, mement précis dans ses rendez-vous […]. Nous entrons dans la salle d’at- socialiste, résistant: trois raisons de tente et c’est quelques minutes après que Barbie et ses sbires nous ont arrê- mourir qui constituent à ses yeux, tés. Voilà la dernière rencontre avec Max, puis, je l’ai revu une dernière autant de raisons de se battre pour fois, depuis l’œilleton de ma cellule au fort Montluc, soutenu par deux sol- la libération de la patrie, la restau- dats allemands, il était déjà très blessé, des bandages sur tout le corps […] ». ration de la République et la Évoquant la création du CNR il confirme, qu’il a contribué, à l’unité défense des droits de l’homme. de la Résistance, à la création des comités départementaux et locaux de Messager de Léon Blum, Daniel la Résistance, qui ont su donner l’image de la France résistante. Il ajoute Mayer joue un rôle décisif dans la « nous n’avions pas très bien compris nous autres dans la Résistance inté- reconstitution du Parti socialiste rieure que l’un des objectifs du CNR était aussi de montrer aux Amé- clandestin avec ses amis Augustin ricains que la Résistance intérieure et la Résistance extérieure marchaient Laurent, Édouard Froment, du même pas et allaient rétablir les libertés y compris les partis politiques ». Suzanne Buisson, Charles Dumas, Enfin futur commissaire de la République à Marseille, il affirme que le Amédée Dunois, Raoul Evrard, CNR a permis à la France d’éviter l’AMGOT (8). Alain de Boissieu, André Le Troquer et bien entendu ajoute « Je vous assure que pour nous qui étions en Afrique du Nord, Henri Ribière l’un des cofondateurs en Libye, en Sicile ou ailleurs, quand on voyait cette AMGOT, on se

du mouvement « Libération- © Les édition du Félin disait tout de même, on va pas vivre ça en France, c’est pas possible ! ». Nord » qui devait jouer un rôle Pour lui, grâce au CNR « les Alliés ont compris qu’il y avait en France éminent au sein de ce mouvement un véritable pouvoir et que de Gaulle avait gagné ! » et à ce moment après les arrestations de Christian là ajoute-t-il « Le général de Gaule a obtenu qu’une division française Pineau, Jean Cavaillès et le géné- participe au débarquement de Normandie et que l’objectif de cette divi- ral Charles Delestraint. sion soit Paris ». Marie-José Chambart de Lauwe arrêtée en mai 1942 Des suppléants furent également en Bretagne, a connu « l’indicible : Buchenwald et Mauthausen ». Dans désignés tels Édouard Depreux, les camps les déportés avaient fait le serment qu’une fois libres ils œuvre- Gaston Defferre, et les jeunes… raient pour un monde plus juste et ajoute : « C’est donc une fois ren- Gérard Jaquet, François Tanguy- trés en France que nous avons découvert l’apport énorme du programme, Prigent et Robert Verdier. qui était un espoir considérable ». Hélène Viannay, qui dirigeait avec Daniel Mayer est l’un des artisans son mari Philippe le mouvement ainsi que le journal clandestin Défense les plus fervents de la création du © Les éditions de l’Atelier de la France, n’aime pas beaucoup parler du CNR, souvenir douloureux, Conseil National de la Résistance incompréhension, son mouvement n’avait pas été inclus dans le CNR, (CNR) au sein duquel il siègera en l’immeuble de la rue Guynemer « alors nous avons regardé ce que faisait le CNR avec beaucoup d’inté- compagnie de ses camarades repré- qu’habita par la suite François rêt mais en même temps avec un certain recul ». Pour Pierre Messmer, sentants Libération-Nord, Charles Mitterrand. Elle a collaboré au jour- capitaine à la Légion, aux confins du désert ou Jean-François Martin, Laurent, Henri Ribière, Louis nal de l’association, Voix et Visages, combattant dans la division Leclerc leur perception du CNR est un peu Saillant (CGT), Gaston Tessier et sans doute faut-il voir là l’origine différente, ils ne se sentent pas vraiment concernés « on était tout sim- (CFTC). du titre du livre dans lequel elle plement à la tâche, avec l’arme à la main, pour combattre et les cons- À la libération, le militant inconnu relate une autre de ses activités, celle tructions intellectuelles ou juridiques, nous les ignorions », Alain du public sort définitivement de d’écoutante à SOS-Amitié : Voix de Boissieu ajoute « Pierre Messmer à cette époque-là n’a pas vécu l’ombre. La Résistance lui a offert sans visages. en France cette transformation ; je comprends ces propos, car il n’é- son plus beau rôle et les moments Sur son frère, elle a écrit un livre qui tait pas au courant ». Répondant à une question sur la présence des les plus intenses de sa vie. Il fut éga- a fait l’admiration de Raymond représentants des partis politiques au CNR ; pour Raymond Aubrac lement l’un des premiers présidents Aron, de Georges Canguilhem, de « ça a été en effet quelque chose d’assez difficile à avaler pour les jeu- élu à la tête du Comité d’Action de Jean-Paul Sartre (tous trois amis de nes résistants, et j’en étais », et le général de Boissieu rapporte ce la Résistance - le CAR - que dirige Cavaillès). Elle y décrit avec une mot du général de Gaulle : « Je préférerais avoir les partis politiques aujourd’hui Jean-Bernard Badaire. grande finesse une enfance commune, autour de la table, que sous la table ». Charles Pot puis un combat commun. Le cœur Un grand merci à Christine Lévisse-Touze, d’avoir animé cette table ronde Président national de se serre aux pages de la fin. On ne et d’avoir avec « ces grands témoins », montré l’immense chemin par- Libération-Nord sut pas tout de suite ce qui était arrivé couru, plein d’embûches et de sacrifices, au terme duquel, a pu renaî- Membre du bureau national du au chef du réseau Cohors après son tre « la République résistante » qui n’avait pas abdiqué. Comité d’action de la Résistance arrestation. De Gaulle envoya un avion à Mauthausen, l’avion revint Jean Novosseloff sans Cavaillès : il avait été séparé du Administrateur, secrétaire général adjoint de « MER » Jean Cavaillès, un philosophe convoi à Compiègne, promptement dans la guerre, 1903-1944 exécuté à Arras. Ce héros, ce grand (rééd.). espoir de la philosophie française Gabrielle Ferrières. reposait sous l’épitaphe « Inconnu (1) co-fondatrice de « Libération-sud ». Préface de Jacques Bouveresse. n° 5 ». (2) ancien chef de « Libération-sud » et commissaire de la République à la Éd. du Félin (10, rue de la II fallut que Gabrielle l’identifiât grâce Libération. Vacquerie 75 011 Paris, à un petit portefeuille qui contenait (3) chancelier de l’Ordre de la Libération. Tél. : 01 44 83 11 30), les photos de leurs parents. À côté de (4) présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. coll. Résistance-Liberté- la tombe, Gabrielle aperçut un rosier (5) président de la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de l’Ami- Mémoire, 2003, 250 p, 20 €. blanc, placé là par le hasard, un rosier cale des anciens de la 2e DB. sauvage, mais un rosier vigoureux. Et (6) co-fondatrice de « Défense de la France ». Arrêtée en 1943, Gabrielle Ferrières Gabrielle d’écrire: « Près de ces fleurs (7) président de la Fondation de la France Libre, chancelier de l’Institut de échappa de justesse à la déportation. épanouies, j’ai senti que Jean vivait France. Après la guerre, elle joua un rôle toujours ». (8) N.D.L.R. : Allied Military Government for Occupied Territories. L’adminis- important au sein de l’Association François Georges tration militaire alliée des territoires occupés avait été expérimentée en nationale des déportées et internées Secrétaire de l’Association juillet 1943 dans la Sicile libérée. Les Anglo-Saxons y avaient interdit toute vie de la Résistance, notamment dans Liberté-Mémoire politique.

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003 15 La vie de la Fondation de la Résistance

ORGANIGRAMME DE Le Comité historique et pédagogique LA FONDATION DE LA RÉSISTANCE La Fondation de la Résistance dispose également d’un Comité historique et pédagogique, à rôle Présidents d’Honneur consultatif, présidé par le professeur René RÉMOND, de l’Académie française et président de Marie-José CHOMBART de LAUWE, Maurice DRUON la Fondation nationale des Sciences politiques.

Vice-présidents d’Honneur NOS COORDONNÉES Lucie AUBRAC, Marie-Claire SCAMARONI, Charles BERENHOLC, Manuel DIAZ, Vous pouvez nous contacter aux coordonnées Louis MEXANDEAU, Lucien NEUWIRTH, Maurice PLANTIER suivantes: Fondation de la Résistance 30 boulevard des Invalides Président 75007 Paris Jean MATTÉOLI Tél.: 0147057369 Fax.: 0153599585 e-mail: [email protected] Vice-présidents Jean-Bernard BADAIRE, Pierre SUDREAU, Jacques VISTEL Rappelons que la Fondation dispose également de locaux annexes au 16-18 place Dupleix, 75015 Paris où sont hébergées les associations Secrétaire général qui lui sont affiliées: l’association « Mémoire et Espoirs de la Résistance » (MER) et François ARCHAMBAULT l’Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), dont les coordonnées restent Trésorier et président du comité financier inchangées. Ervin ROSENBERG

Directeur général Victor CONVERT, préfet Tél. : 01 47 05 73 69 © Fondation de la Résistance Directeur historique ACCÈS À NOS BUREAUX Bruno LEROUX Nos bureaux sont ouverts du lundi au vendredi Tél. : 01 47 05 67 88 de 9h30 à 13heures et de 14 heures à 18 heures. email : [email protected] La bibliothèque est accessible uniquement sur rendez-vous (Tél.: 0147056790). Si vous souhaitez nous rendre visite, voici Attachée de direction quelques informations pratiques: Marie-Christine VIGNON RER Ligne C: station Invalides Tél. : 01 47 05 73 69 Métro Ligne 13: station Saint-François -Xavier email : [email protected] Autobus: Ligne 87 (Porte de Reuilly - Champ de Mars) Responsable archives et documentation, rédacteur en chef Ligne 82 (Luxembourg - Neuilly Hôpital Américain) Ligne 92 (Gare Montparnasse - Porte de Champerret) Frantz MALASSIS Tél. : 01 47 05 67 87 email : [email protected] Le questionnaire: des retours chaleureux Bibliothécaire et encourageants! Marie-Camille MAGDELAINE Dans le dernier numéro de la « Lettre » nous Tél. : 01 47 05 67 90 avons diffusé un questionnaire détaillé visant à email : [email protected] mieux connaître les attentes de nos lecteurs. Vous avez été nombreux à nous le retourner (plus de 150 réponses reçues à ce jour) très sou- Responsable du site internet et des activités pédagogiques, vent avec des mots de sympathie qui nous ont enseignante détachée par le ministère de l’Éducation nationale particulièrement touchés. Dans notre prochain numéro, nous vous présenterons une analyse Cécile VAST exhaustive des résultats de cette enquête ainsi Tél. : 01 47 05 67 89 que les perspectives d’action qui s’en dégagent. email : [email protected] La Rédaction

16 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 34 - septembre 2003