Revue Historique Des Armées, 257 | 2009, « De L’Histoire Bataille À L’Histoire Totale » [En Ligne], Mis En Ligne Le 09 Décembre 2009, Consulté Le 21 Septembre 2021
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Revue historique des armées 257 | 2009 De l’histoire bataille à l’histoire totale Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/rha/5662 ISBN : 978-2-8218-0526-2 ISSN : 1965-0779 Éditeur Service historique de la Défense Édition imprimée Date de publication : 7 décembre 2009 ISSN : 0035-3299 Référence électronique Revue historique des armées, 257 | 2009, « De l’histoire bataille à l’histoire totale » [En ligne], mis en ligne le 09 décembre 2009, consulté le 21 septembre 2021. URL : https://journals.openedition.org/rha/5662 Ce document a été généré automatiquement le 1 juillet 2021. © Revue historique des armées 1 SOMMAIRE Dossier Éditorial Frédéric Guelton Les grandes batailles de l’histoire de France : leur trace dans la mémoire collective Gérard Blier La nouvelle histoire militaire de l’époque moderne en Allemagne Approches, problèmes et perspectives Ralf Pröve L’écriture de l’histoire navale française à l’époque contemporaine : un modèle national ? Martin Motte et Jean de Préneuf Un nouveau regard sur les mutations de la Royal Navy au début du XXe siècle Christopher Martin Historians in Combat L’armée américaine et le concept de Military History Operations Gilles Krugler Variations Les fonctions de maréchal général des logis à l’époque de Louis XIV Jean-Philippe Cénat La fortification napoléonienne en Espagne L’exemple du château de Gibralfaro (Málaga) en 1810-1812 Jean-Marc Lafon Une défense sous influence L’amiral Thierry d’Argenlieu et la dépendance de la France libre à l’égard des alliés dans les territoires français du Pacifique (1940-1942) Thomas Vaisset Les fonds du Service historique de la Défense La Résistance dans les fonds entrés par voie extraordinaire Charlotte Capelle et Pascal Gallien Lectures Jean-Jacques Becker, Gerd Krumeich, La Grande Guerre. Une histoire franco-allemande Tallandier, 2008, 379 pages Michaël Bourlet Revue historique des armées, 257 | 2009 2 Jeremy Black (dir.), Les grands chefs militaires et leurs campagnes Éditions de La Martinière, 2008, 304 pages Benoît Lagarde Fabien Cardoni, La garde républicaine d’une République à l’autre, 1848-1871 Presses universitaires de Rennes/Service historique de la Défense, 2008, 326 pages Édouard Ebel François Cochet et Rémy Porte (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918 Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2008, 1120 pages Bernard Mouraz Jean-Christophe Notin, Foch Perrin, 2008, 638 pages Anne-Aurore Inquimbert Christophe Prochasson, 14-18. Retours d’expérience Tallandier, coll. « Texto », 2008, 432 pages Nicolas Texier Claude Quetel (dir.), Dictionnaire de la guerre froide Larousse, 2008, 589 pages Alain Marzona Jacques Valette, La guerre d’Algérie du général Salan L’esprit du livre éditions, 2008, 223 pages Marie-Catherine Villatoux Laurent Véray, La Grande Guerre au cinéma. De la gloire à la mémoire Ramsay, coll. « Cinéma », 2008, 240 pages Anne-Aurore Inquimbert Revue historique des armées, 257 | 2009 3 Dossier Revue historique des armées, 257 | 2009 4 Éditorial Frédéric Guelton 1 La bataille ! Son histoire jalonne celle de l’humanité. Qu’elle se pare des atours de la victoire ou revête les oripeaux de la défaite, elle a au fil des siècles fait ou défait des nations. Elle a construit des empires ou précipité leur chute. Elle a porté aux nues ou voué à la disparition des peuples entiers. Son histoire, c'est-à-dire celle de la bataille considérée comme phénomène sui generis, est pourtant peu et rarement étudiée en France. Ses histoires, c'est-à-dire celles de toutes ces batailles qui marquent l’histoire des peuples, le sont à peine plus. Une certaine idée de l’histoire bataille, réduite à la description des mouvements de troupes amies, et ennemies serait à l’origine de ce désintérêt. C’est possible. Mais l’explication n’est pas suffisante car elle n’est à la hauteur ni de l’enjeu, ni de son intérêt. Elle est, en tout état de cause, contraire à toute démarche scientifique. Les articles qui constituent le dossier de ce numéro de la Revue historique des armées portent, sur « l’histoire bataille » et sur « l’histoire globale », des regards volontairement divergents, voire contradictoires. C’est là que réside leur intérêt. En parcourant un champ de recherche peu défriché, ils entendent nous montrer que les approches en sont nombreuses, que toutes sont intéressantes et qu’aucune n’est à rejeter. Sauf à fonder sa démarche sur des a priori… 2 Gérard Blier nous propose en ouverture du dossier une réflexion sur la place des grandes batailles dans la mémoire collective. Oscillant entre l’oubli et la sur- représentation il nous montre comment leur mémoire (Marignan ou Pavie ; Marengo ou Hohenlinden, la Marne ou Sedan, Na San ou Diên Biên Phu, etc.) façonne les esprits, conditionne la perception du monde et influence l’action des hommes. Fernand Braudel l’avait parfaitement compris lorsqu’il écrivait dans L’identité de la France que : « Rarement les études consacrées aux frontières parlent de la mer. Jusqu’où ne va pas le prestige, ou la superstition, de la terre solide ! » Ralf Pröve a, quant à lui, rédigé un article fondamental sur les approches et les perspectives actuelles de la « nouvelle histoire militaire de l’époque moderne en Allemagne ». Notons d’emblée que son article aurait, toutes choses égales par ailleurs, bien pu être écrit par un Français sur la France. Ce qui montre la similitude des parcours intellectuels des historiens militaires des deux nations. Extrêmement bien charpenté, il se situe au cœur de la problématique revendiquée par ce dossier, tant il montre bien comment la nouvelle historiographie Revue historique des armées, 257 | 2009 5 allemande tend à situer la réflexion sur l’histoire du fait militaire au cœur d’une réflexion globale sur la société, en temps de paix et de guerre. L’histoire navale est ensuite mise à l’honneur par deux articles dus à Martin Motte et Jean de Préneuf pour le premier, à Christopher Martin pour le second. Par leur seule présence, ces articles montrent la vitalité de la recherche conceptuelle sur ce sujet. Le premier nous dresse un panorama complet de « l’écriture de l’histoire navale française à l’époque contemporaine ». Le second concentre son propos sur « la Royal Navy au début du XXe siècle ». Tous deux s’attachent à mettre en évidence les évolutions et le renouvellement des historiographies navales de part et d’autre de la Manche comme si la rivalité franco-britannique avait cessé en la matière, même si, comme le note Christopher Martin, « pour l’amiral Fisher, l’Entente avec la France représentait en fait une complication dont il ne voulait pas » ! Gilles Krugler nous donne enfin une leçon de pragmatisme anglo-saxon en s’intéressant aux conditions dans lesquelles l’armée américaine utilise l’histoire militaire à des fins opérationnelles. Il nous impose alors, en creux, de nous interroger sur les limites existentielles, fussent-elles floues, qui séparent le travail de l’historien, inscrit dans la durée et grand consommateur de temps, de celui de l’officier d’état-major en charge des leçons apprises (ou lessons learned) qui relève du temps présent et dont les résultats attendus doivent être immédiats. Il nous montre aussi que les militaires américains ont évité ces écueils en les distinguant et en y affectant des moyens distincts. En définitive, ces articles novateurs et très différents les uns des autres devraient pousser les historiens à approfondir leurs recherches sur les rapports complexes qui existent entre « l’histoire bataille » et « l’histoire globale ». Ce faisant ils pourraient parcourir ce champ de recherche en allant systématiquement de l’une à l’autre sans privilégier l’une ou l’autre dans l’ordre des préséances tant leur imbrication est forte et nécessaire. Revue historique des armées, 257 | 2009 6 Les grandes batailles de l’histoire de France : leur trace dans la mémoire collective Gérard Blier 1 Qu’elles aient été provoquées par des causes politiques ou diplomatiques, économiques, sociales ou religieuses, les guerres ont rythmé et marqué profondément l’histoire de la France, comme celle de la plupart des pays. Leur déroulement a souvent été dominé par des batailles, parfois gigantesques, sur terre et sur mer, victorieuses ou non. Dès le début de mes études supérieures, je me suis rendu compte de l’existence de fréquents décalages entre ce qu’avait représenté réellement un combat donné, sur le terrain et par son impact sur le conflit en cours, et d’autre part sa place dans la mémoire collective. Les nombreux sondages effectués au fil des ans m’ont confirmé dans cette conviction : la notoriété de certaines batailles n’est pas vraiment justifiée, d’autres ne sont pas connues comme elles le mériteraient. Je me propose donc de faire le point, en présentant d’abord une typologie de ces anomalies apparentes, avant d’en rechercher les raisons, qui peuvent être complexes. Des batailles sous-estimées ou surexposées 2 Dans leur ensemble, les combats sur mer de l’histoire de France sont loin de bénéficier d’une juste notoriété. Opposées le plus souvent aux Anglais, les flottes françaises ont fréquemment connu la défaite. Mais leurs indéniables succès sont plutôt minorés. Un bon exemple est fourni par la bataille du cap Béveziers, ou de Beachy Head, en 1690. Au début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, l’amiral Tourville, près de l’île de Wight, bat une forte flotte anglo-hollandaise et oblige l’amiral anglais Torrington à se réfugier précipitamment dans l’estuaire de la Tamise : Londres même est menacée. La guerre aurait pu alors basculer. En 1693, le même Tourville l’emporte au large de Lagos, non loin de Gibraltar, sur l’Anglais Rooke et le Néerlandais Van der Goes, qui perdent 83 navires, de transport et de guerre.