LA ET L’OLYMPISME

Patrick Clastres

Paul Dietschy

Serge Laget adpf – association pour la di{usion de la pensée française• 6, rue Ferrus 75014, © juin 2004. adpf ministère des A{aires étrangères• © isbn 2-914935-22-6 adpf association pour la diffusion de la pensée française•

Ministère des Affaires étrangères Direction générale de la coopération internationale et du développement Direction de la coopération culturelle et du français Division de l’écrit et des médiathèques Patrick Clastres

L’alliance olympique 7

Pierre de Coubertin (1863-1937), un Français international 11 Hommages et controverses 14 Une jeunesse traditionaliste 27 Campagnes sportive et olympique 40 Chronologie 62

Paul Dietschy

Les Jeux olympiques en France: de Paris à Paris (1900-1924) 65 Les Jeux de l’Expo: Paris, 1900 66 Les Jeux des Années folles: Chamonix et Paris, 1924 79 Les premiers Jeux de la neige et de la glace: Chamonix, 1924 81 Les Jeux du -spectacle: Paris, 1924 88 Les olympiades de l’or blanc: de Grenoble à Albertville (1968-1992) 103 Des Jeux olympiques «gaulliens»: Grenoble, 1968 104 L’élan d’une région: Albertville, 1992 111

Serge Laget

Fugues 133 La progéniture olympique 133 Les femmes aux Jeux, une longue marche 137 Essentiel, le cérémonial 140 Olympiques et célèbres 143 Vous avez dit paralympiques? 146 D’Athènes à Athènes, les 100 dates françaises des Jeux 150

Bibliographie 161

Médaillés français 167 Jeux olympiques 168 Jeux paralympiques 185 Patrick Clastres, agrégé d’histoire, est professeur de khâgne au lycée Pothier d’Orléans et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris en histoire du sport. Chercheur associé au Centre d’histoire de l’Europe du xx siècle, il coanime le groupe de travail «Sport, sociétés et cultures en Europe au xx siècle». Il achève actuellement une thèse d’histoire politique et culturelle consacrée à . Ses travaux se situent à l’intersection de l’histoire du sport et de l’olympisme, de l’histoire de la III République et de l’histoire des relations internationales. * Paul Dietschy, ancien élève de l’école normale supérieure de Fontenay- Saint-Cloud, agrégé et docteur en histoire, est actuellement maître de conférences à l’université de Franche-Comté et à l’Institut d’études politiques de Paris. Ses recherches sont consacrées à la place du sport dans l’histoire contemporaine de l’Italie et dans les relations internationales depuis la fin du xix siècle. * Serge Laget est journaliste au quotidien sportif L’Équipe depuis dix-sept ans. Spécialiste de l’histoire du sport, il a fait ses premières armes de chercheur au musée du Sport français de Paris, a signé sur le Tour de France, le rugby, les Jeux olympiques ou le sport féminin, ses domaines de prédilection, une vingtaine d’ouvrages et des centaines d’articles. Des essais allègres, souvent menés à bien avec son épouse Françoise et son fils Lionel, avec qui il partage la même passion pour la recherche et l’iconographie. Une passion que le Grand Prix de littérature sportive et le prix Blondin ont accessoirement couronnée. L’alliance olympique

Servir sa patrie, rechercher la beauté du corps, fabriquer de la joie de vivre, forger des caractères, voilà l’héritage de la Grèce olympique selon ce jeune baron français qui travaillait depuis 1892 à l’invention d’épreuves sportives internationales, modernes et pacificatrices. Lors du banquet de clôture du Congrès international de Paris pour le rétablissement des Jeux olympiques, le samedi 23 juin 1894, c’est dans une improvisation émue que le délégué grec Démétrios Bikélas avait répondu au toast de Pierre de Coubertin en évoquant ces «liens qui unissent le monde entier à [sa] patrie», ne voyant d’ailleurs point d’étrangers autour de lui, mais seulement «des petits-fils des anciens Hellènes, des cousins réunis par le souvenir et au nom de l’aïeule commune». Quelques heures plus tôt, sous les applaudissements des congressistes réunis en Sorbonne, le jeune sportsman épris d’humanités grecques et le poète francophile n’avaient-ils pas scellé un accord sportif et culturel historique par lequel les deux premiers Jeux olympiques rénovés se dérouleraient à Athènes en 1896, puis à Paris en 1900? Portés par l’«Hymne à Apollon des athlètes delphiques» (ressuscité par l'historien Théodore Reinach, mis en musique par Gabriel Fauré

7 et récité par Jeanne Remacle), les représentants du sport international avaient assurément communié dans cette atmosphère philhellène qui, depuis l’indépendance grecque de 1822, unissait tous les Européens, qu’ils soient classiques ou romantiques, monarchistes ou libéraux. [«Pour le rétablissement des Jeux olympiques»] La cause grecque avait en particulier rencontré dans la contribution culturelle française au philhellénisme européen un allié de premier plan. Que l’on songe seulement aux œuvres de Delacroix (Scènes des massacres de Scio et La Grèce expirant à Missolonghi), à l’expédition scientifique de Morée de 1829, aux Poèmes antiques de Leconte de Lisle (1852), à l’Association pour l’encouragement des études grecques en France (1867), aux fouilles archéologiques menées par l’École française d’Athènes (1846) à Délos puis à Delphes, ou bien encore à l’invention d’un prix pour le vainqueur de la course de par le linguiste et philologue Michel Bréal (1894). Une décennie plus tard, au moment où la Grèce organisait en 1906 des Jeux dits intermédiaires, Pierre de Coubertin se risquait à transformer l’idée olympique en « olympisme », triplement défini comme un pacifisme, une esthétique et une eurythmie. Dès lors, il n’eut de cesse d’encourager ses compatriotes et ses contemporains à tenir «la balance à trois plateaux de l’hellénisme», c’est-à-dire à établir l’équilibre entre la morale, la cité et l’individu, autrement dit «entre l’intime et mystérieux effort de la conscience, l’impérieux devoir civique, et la féconde liberté de l’instinct individualiste». Ainsi, alors que les Jeux modernes retrouvent en cette année 2004 la terre hellène, la France ne pouvait manquer de rendre hommage à la Grèce éternelle, à son alliée olympique.

— Patrick Clastres

8 «Pour le rétablissement des Jeux olympiques»

Messieurs, parmi les vertus les plus faciles à pratiquer il faut compter patrie, les autres, la recherche de la beauté physique et de la santé, par la reconnaissance: c’est aussi le sentiment le plus facile à exprimer. le suave équilibre de l’âme et du corps, les autres enfin, cette saine Si je regarde autour de moi pour y chercher les personnes auxquelles ivresse du sang qu’on a dénommée la joie de vivre et qui n’existe nulle il convient que je témoigne ma gratitude, au soir de ce congrès qui réa- part aussi intense et aussi exquise que dans l’exercice du corps. lise l’espérance des dix premières années de ma vie d’homme, À Olympie, Messieurs, il y avait tout cela, mais il y avait quelque je sens que mon discours va devenir une litanie ; j’espère donc, chose de plus qu’on n’a pas encore osé formuler parce que, depuis le Messieurs, que vous m’excuserez si je ne nomme personne et si, après moyen âge, il plane une sorte de discrédit sur les qualités corporelles avoir enveloppé dans un remerciement ému tous ceux qui m’ont aidé et qu’on les a isolées des qualités de l’esprit. Récemment les premières et soutenu, je vous convie à lever vos regards vers les choses qui, en ce ont été admises à servir les secondes, mais on les traite encore en monde, dominent les hommes, et à donner un instant d’attention à un esclaves, et chaque jour, on leur fait sentir leur dépendance et leur spectacle profondément et étrangement philosophique. infériorité. En cette année 1894, il nous a été donné de réunir dans cette Cela a été une erreur immense dont il est pour ainsi dire impos- grande ville de Paris […] les représentants de l’athlétisme internatio- sible de calculer les conséquences scientifiques et sociales. En défini- nal et ceux-ci, unanimement, tant le principe en est peu controversé, tive, Messieurs, il n’y a pas dans l’homme deux parties, le corps et ont voté la restitution d’une idée, vieille de deux mille ans, qui aujour- l’âme : il y en a trois, le corps, l’esprit et le caractère; le caractère ne se d’hui comme jadis, agite le cœur des hommes dont elle satisfait l’un forme point par l’esprit : il se forme surtout par le corps. Voilà ce que des instincts les plus vitaux et, quoi qu’on en ait dit, les plus nobles. les anciens savaient et ce que nous rapprenons péniblement… Ces mêmes délégués ont, dans le temple de la science, entendu reten- Je m’étonne et m’excuse, Messieurs, d’avoir tenu ce langage et de tir à leurs oreilles une mélodie vieille aussi de deux mille ans, recons- vous avoir entraînés sur ces hauteurs: si je continuais, ce joyeux cham- tituée par une savante archéologie faite des labeurs successifs de plu- pagne s’évaporerait d’ennui; je me hâte donc de lui rendre la parole et sieurs générations. Et le soir, l’électricité a transmis partout la nou- je lève mon verre à l’idée olympique qui a traversé, comme un rayon velle que l’olympisme hellénique était rentré dans le monde après une du soleil tout-puissant, les brumes des âges et revient éclairer, d’une éclipse de plusieurs siècles. lueur de joyeuse espérance, le seuil du xx siècle. L’héritage grec est tellement vaste, Messieurs, que tous ceux qui, — dans le monde moderne, ont conçu l’exercice physique sous un de ses Pierre de Coubertin, discours du banquet de clôture du Congrès multiples aspects ont pu légitimement se réclamer de la Grèce qui les international de Paris pour le rétablissement des Jeux olympiques, comprenait tous. Les uns ont vu l’entraînement pour la défense de la samedi 23 juin 1894.

PIERRE DE COUBERTIN (1863-1937), UN FRANÇAIS INTERNATIONAL

1 Absent des livres d’histoire et des manuels scolaires français, laconiquement présenté dans les dictionnaires comme «éducateur français» et «rénovateur» des Jeux olympiques, Pierre de Coubertin (1863-1937) est un Français à la renommée universelle, mais dont l’œuvre reste globalement méconnue. N’est-il pas même davantage honoré à l’étranger que dans sa propre patrie? Si la République l’a privé de Légion d’honneur, les gouvernements de l’Europe entière n’ont pas manqué de le décorer: croix de l’ordre impérial de François-Joseph d’Autriche, croix de l’ordre de Léopold de Belgique, étoile de l’ordre de la Rose blanche de Finlande, étoile de l’ordre du Phœnix de Grèce, croix de l’ordre de Saint-Olaf de Norvège, croix de l’ordre Orange-Nassau, croix de l’ordre de la Couronne prussienne, étoile de l’ordre de la Couronne roumaine, étoile russe, croix de l’ordre de l’Étoile polaire de Suède, étoile tchécoslovaque…

11 Lui-même n’a-t-il pas souhaité que son corps fût inhumé à Lausanne, siège du Comité international olympique (Cio) depuis 1915, et que son cœur fût déposé à Olympie à l’intérieur du monument commémoratif de la restauration des Jeux? Celui que le Cio désignait lors de son retrait en 1925 du double titre de «rénovateur des Jeux olympiques» et de «président d’honneur à vie du Cio» n’a sans doute pas été apprécié à sa juste valeur dans son propre pays. Comment comprendre que la iii République française ne soit pas parvenue à accepter, parmi ses grands hommes, ce baron normand patriote et rallié de la première heure au régime? A-t-elle frappé d’ostracisme cet aristocrate issu d’une famille monarchiste et ultramontaine, admirateur du modèle éducatif et politique anglais, pourfendeur de l’étatisme, inventeur d’un organisme sportif supranational qui prétend concurrencer les États sur le terrain diplomatique? Le transfert du siège du Cio de Paris à Lausanne en 1915 fut-il perçu par la République comme un camouflet, une atteinte à son amour-propre national? Pour quelle raison l’écarta-t-elle de l’organisation des «faux Jeux olympiques» de Paris en 1900? Comment comprendre enfin que les recommandations de Pierre de Coubertin en matière d’éducation sportive, inlassablement répétées de 1887 à 1915, ne furent jamais suivies de véritables effets de son vivant? Seuls quelques derniers amis et collaborateurs ont tenté de lui rendre un ultime hommage et de modifier son image publique. Tel Gaston Bordat, qui fait paraître son éloge funèbre dans L’Éclaireur de Nice du 12 septembre 1937, dix jours après le décès de Pierre de Coubertin, survenu à Genève dans un anonymat généré par l’exil volontaire et la misère. [«Il n’était pas même chevalier de la Légion d’honneur!»] Pourtant, vingt ans plus tôt, au cœur du premier conflit mondial, le baron Ernest Seillière, de l’Académie des sciences morales et politiques (section de Morale), n’hésitait pas à lui consacrer un ouvrage en forme d’hommage: Pierre de Coubertin, un artisan d’énergie française (Paris, éd. H. Didier, 1917). Certes, cette pseudo-biographie servait bien davantage les desseins et les démonstrations de son auteur. Ce «pessimiste en psychologie mais optimiste en morale», comme il se définissait lui-même, inscrivit Coubertin et sa pensée dans son propre combat pour l’encadrement rationnel de l’«indéracinable impérialisme vital» et contre les brutales manifestations du «mysticisme fanatique» qu’il déclinait en quatre formes: le mysticisme passionnel de la littérature romantique (Rousseau, Chateaubriand, madame de Staël, Byron), le mysticisme esthétique, le mysticisme racial et national (pangermanisme, impérialisme britannique, messianisme yankee), le mysticisme démocratique et social des adversaires de l’individu (Hobbes, Rousseau, Proudhon, Marx). En faisant de Pierre de Coubertin le soldat de cette «énergie française» tant réclamée par l’ancien ministre des Affaires étrangères Gabriel Hanotaux, le baron Seillière développait une thématique chère à la droite libérale, sociale et morale, modérée et patriote, selon laquelle, contrairement à ses aînés de l’«Année terrible» humiliés par les Prussiens à Sedan, la jeunesse de 1914, virilisée par l’éducation physique et le sport, avait su résister à la barbare invasion allemande.

12 «Il n’était pas même chevalier de la Légion d’honneur!»

Un Français vient de mourir, dont la disparition est demeurée lement inconnue. À ses moments perdus il a écrit une merveilleuse presque inaperçue en France. Il a glissé dans la mort comme il avait Histoire universelle dans laquelle il a étudié, en partant de ce principe passé dans la vie, en s’effaçant. Tandis que toute son œuvre, et l’on que jusqu’alors «les humbles ont été les grands négligés de l’histoire», peut dire son existence entière, ont été consacrées aux progrès de l’évolution de la condition humaine sous un aspect vraiment nouveau. l’humble humanité, la renommée de Pierre de Coubertin n’a jamais Aussi bien pensait-il que le remède à la crise française aussi bien qu’à atteint qu’une rare élite. Par un singulier paradoxe, cet ardent libéral, la crise mondiale qu’il avait, dès 1906, annoncées dans une série ce démocrate sincère et vrai a toujours fait chez nous figure d’aristo- d’études prophétiques, était question d’éducation. C’est dans cet crate et de réactionnaire. Il est resté complètement méconnu. esprit que nous avions fondé, lui et moi, vers cette époque, la Revue S’il a fait quelque peu parler de lui, c’est en matière sportive, lors- pour les Français dont le programme, conçu par lui, consistait avant qu’il rétablit les Jeux olympiques. Mais ce que la plupart ignorent c’est tout à créer dans notre pays un esprit public basé à la fois sur une que, dans sa pensée, cette rénovation constituait davantage un point meilleure connaissance du monde étranger et sur une meilleure de départ qu’un but. Ce qu’il voulait, c’était par le moyen de ces hautes appréciation de nos forces et de nos valeurs. C’est dans la même pen- compétitions sportives, stimuler à la fois l’émulation, la fierté natio- sée qu’il avait constitué cette Association pour la réforme de l’ensei- nale et la mutuelle compréhension, l’interpénétration internationale. gnement à laquelle il donna le meilleur de lui-même et réalisé, en Il voulait faire renaître, à la manière hellène, le culte de la beauté même temps qu’une refonte complète des programmes, toute une autant que le culte de l’intelligence par une sorte de prime accordée série de méthodes pédagogiques adaptées à l’époque et à ses exi- aux mieux doués, aux plus dignes sous le rapport bilatéral des choses gences. […] du corps et de l’esprit. Si un homme a bien mérité le prix Nobel de la Contempleur de la myopie intellectuelle qui caractérisa son paix, qu’il n’a d’ailleurs pas reçu, c’est vraiment Pierre de Coubertin. époque, Pierre de Coubertin a prévu, lui qui voyait loin, tous les mal- Mais il fuyait tous les honneurs et toutes les popularités, et jamais il heurs du temps présent. Il y a proposé, en temps utile, d’actifs n’a rien sollicité. Sans doute est-il un peu vexant pour nous, Français, remèdes, et ce sera sa gloire posthume d’avoir créé l’école à laquelle de constater que, s’il existe à Berlin une place qui porte le nom de tôt ou tard se rallieront les bâtisseurs appelés à rééquilibrer le monde. Coubertin, il n’a jamais reçu le moindre hommage public, la moindre — récompense en son propre pays. C’est la Suisse qui fêta son jubilé, Gaston Bordat, L’Éclaireur de Nice, 12 septembre 1937. et il n’était pas même chevalier de la Légion d’honneur!… Pierre de Coubertin laisse une œuvre considérable, à peu près tota- Peut-être cet ouvrage visait-il également à promouvoir la candidature de Pierre de Coubertin à l’Académie, une candidature seulement esquissée et qui se soldera par l’installation de celui-ci en Suisse romande à compter de 1917. Ainsi, la France n’aura pas reconnu de son vivant ce jeune traditionaliste converti à la république de la Belle Époque, et hanté par son projet de pacification de ses jeunes contemporains, transformés en hommes d’action et lancés à la conquête des terrains colonial et commercial.

Hommages et controverses 2 Si la patrie de l’athlétisme antique n’est pas en reste pour s’approprier le grand homme – le Messager d’Athènes, dont la politique éditoriale avait accompagné en 1894-1896 le projet de rénovation des Jeux, proclame avec emphase, dans son édition du 20 novembre 1937, que «le grand mythe de l’idée olympique, [l’]éminent ami de la Grèce, […] le grand olympiste n’appartient pas seulement à la France, il appartient à l’humanité» –, ce sont, en premier lieu, les Suisses qui entretiennent l’idéal coubertinien.

Hospitalité et funérailles suisses Conformément aux dernières volontés du défunt, les obsèques du baron Pierre de Coubertin sont célébrées le 7 septembre 1937 dans la plus grande simplicité et sans aucun discours. Lors de la messe basse dite en l’église catholique Notre-Dame- du-Valentin à Lausanne, la presse locale relève la présence des autorités officielles concernées – l’ambassadeur de France en Suisse, M. Alphand, le consul à Lausanne, M. Bourjois, des membres de la municipalité lausannoise, le ministre de Grèce à Berne, le consul général du Japon, le consul général d’Allemagne à Genève, Karl Krauss –, mais également de nombreux représentants du monde du sport – le Dr Diem, secrétaire général des Jeux de Berlin en 1936 et ami personnel du défunt depuis les années 1900, les représentants de certains comités olympiques nationaux dont les comités français et suisse, le colonel Huguenin, délégué de la Fédération internationale de gymnastique, Jules Rimet et Marcel Delarbre, respectivement président et secrétaire général du Comité national des , des représentants des Fédérations françaises d’athlétisme et de rugby –, enfin l’archimandrite de l’église

14 orthodoxe grecque de Lausanne, Valiadis, et les représentants des Amitiés gréco-suisses. La foule d’anonymes présents démontre, en outre, la reconnaissance des Lausannois pour celui qui a fait de leur ville la capitale de l’olympisme moderne, quand Genève est le siège de la Société des nations. Les journaux helvétiques, en particulier francophones, ne sont pas peu fiers d’avoir accueilli, pour sa retraite, cet «ami fidèle de la Suisse», «l’humaniste et le grand Français […] dont la pédagogie fut sans doute la grande préoccupation et la véritable vocation» (Journal de Genève). Dans l’hebdomadaire de Neuchâtel Curieux du 18 septembre, G.-E. Magnat, que Pierre de Coubertin avait nommé secrétaire général de l’Union pédagogique universelle, exalte «le grand diplomate autant que le grand lutteur» ainsi que «le grand moraliste», et célèbre l’auteur du Respect mutuel (1915), si empreint «de simplicité, de bonté et de courtoisie». Les premiers contacts de Coubertin avec la Suisse, qu’il proclame en 1906 «reine des sports» et qu’il qualifie en 1931 de «jardin d’essai des nations civilisées», remontent au début du xx siècle. Les paysages lémaniques, le cosmopolitisme des cités helvètes, la culture politique du consensus, la tradition de neutralité diplomatique, la vitalité et la stabilité des institutions municipales l’attirent tout particulièrement et s’offrent à lui probablement comme un envers des réalités françaises. En établissant en catimini le siège du Cio à Lausanne en 1915, Pierre de Coubertin imagine originellement fonder sur les bords du Léman une nouvelle Olympie, un siège perpétuel des Jeux, dès lors à l’abri des conflits, des prises de contrôle tentées par les fédérations sportives internationales et les États. Par ailleurs, à compter de 1924, il encourage la municipalité lausannoise à poser sa candidature pour les Jeux d’été de 1928, puis pour ceux de 1944.Alors que ses revenus ne cessent de décliner, il multiplie les tractations souterraines afin de pouvoir utiliser à des fins privées les locaux attribués au Cio. Libéré de toute contrainte par sa démission du Cio en 1925, il peut alors faire de Lausanne la capitale de ses deux nouvelles institutions pédagogiques, à l’ambition universelle mais à l’efficacité quasi nulle. L’Union pédagogique universelle (Upu), à l’existence éphémère (1925-1930), tente d’exercer son lobbying auprès des ministres de l’Éducation et des syndicats du monde entier, dénonçant la spécialisation prématurée des programmes d’enseignement secondaire et proclamant pour chaque citoyen «le droit d’accès à la culture générale» et «le droit au sport». Quant au Bureau international de pédagogie sportive (Bips, 1928-1933), il est une alternative aux congrès olympiques, devenus seulement «techniques» alors qu’ils étaient initialement pédagogiques; le Bips se veut outil de «purification du sport» employé contre les athlètes, les dirigeants, la presse, les parents, le public, que Pierre de Coubertin considère comme corrompus par le mercantilisme. Le peu d’intérêt suscité par sa Charte de la réforme sportive (septembre 1930) prouve à quel point Pierre de Coubertin est alors extrêmement isolé et à contre-courant de cette transmutation du sport en un spectacle de masse, servi par des athlètes professionnels et déjà adulés.

15 Très influent dans les milieux sportifs lausannois et président de l’Association des amitiés gréco-suisses, le médecin hygiéniste Francis-Marius Messerli, qui brigue la présidence du Comité olympique suisse, obtient, en 1937,de la municipalité lausannoise qu’elle accorde la bourgeoisie d’honneur à un Pierre de Coubertin ruiné par ses projets et par de mauvais placements. C’est ce même docteur Messerli qui organisa les festivités entourant son soixante-dixième anniversaire. Les ultimes amis du baron, tous étrangers, lui offrent alors un Répertoire de [ses] Écrits, Discours et Conférences. Le comité d’édition est alors essentiellement composé de personnalités suisses, tandis que la souscription, qui ne recueille aucuns fonds français, est assurée par les comités olympiques de Grèce, de Suisse, de Suède, d’Égypte, du Portugal et de Lettonie, l’Upu et le Bips, les sociétés suisses de gymnastique, d’éducation physique, de football et d’athlétisme, l’Union des sociétés athlétiques de Grèce et diverses universités américaines. Durant le second conflit mondial, le docteur Messerli continue d’exercer son influence et de porter le message de Pierre de Coubertin. Il n’est alors entendu, semble-t-il, que par le pédagogue Louis Meylan, un spécialiste lausannois de l’Antiquité romaine et des humanités, qui publie coup sur coup deux exégèses hagiographiques, L’Humanisme intégral de Pierre de Coubertin (1941) et Pierre de Coubertin pédagogue et sociologue (1944). [Louanges anglo-saxonnes]

Nobélisations manquées et manipulations nazies Les archives du Musée olympique à Lausanne laissent apparaître que Pierre de Coubertin a lui-même orchestré sa candidature au prix Nobel de la paix en 1928 et en 1929 et sollicité l’intervention du membre allemand du Cio, Theodor Lewald, auprès du ministre des Affaires étrangères de la république de Weimar, Gustav Stresemann; celui-ci a trouvé cette idée «tout à fait sympathique» mais a maintenu, pour des raisons de politique extérieure, son soutien à la candidature du secrétaire d’État américain, Frank B. Kellogg (d’ailleurs consacré en 1929). Une nouvelle campagne de nobélisation sera lancée à la fin de l’année 1935 par le député et ministre français de la Marine, François Pietri, que soutiendront le ministre des Finances de Mussolini, P.Thaon di Revel, le sénateur japonais Jigoro Kano ainsi que la presse allemande. Les campagnes de boycott contre les «jeux nazis» conduites depuis novembre 1933 ont, elles aussi, assurément desservi cette candidature relayée par un Cio alors malencontreusement réuni en congrès à Berlin. Le comité Nobel fit alors le choix éminemment symbolique de couronner Carl von Ossietzky, un journaliste allemand incarcéré dans un camp de concentration en raison de son opposition à Hitler. Il n’est donc pas étonnant que les journaux de l’Axe se retrouvent en septembre 1937 dans une même exaltation de «l’authentique fondateur de l’olympiade moderne, à l’esprit élevé, et homme d’action», comme le qualifie La Stampa de Turin.

16 Louanges anglo-saxonnes

À Londres et à New York, les éloges de la grande presse trahissent compatriotes expliquerait son exil volontaire en Suisse. À l’inverse, davantage un sentiment de fierté éducative et sportive. Après avoir on n’oublie pas d’y souligner son «admiration pour les États-Unis» salué en Pierre de Coubertin un «philosophe, historien, sociologue et son amitié pour le président Theodore Roosevelt. et éducateur de réputation internationale», le Daily Telegraph attire Les deux quotidiens londoniens rapportent enfin cette informa- l’attention de ses lecteurs sur ce point jugé essentiel: plus que tout tion (erronée) selon laquelle «le baron a reçu en décembre 1928 le prix autre, il aura contribué à convertir les Français aux sports collectifs Nobel de la paix pour son œuvre en faveur de la réconciliation des (games), notamment en introduisant les méthodes anglaises d’éduca- nations au-delà de leurs différences», tandis que leur homologue tion physique dans les établissements scolaires français. Insistant sur new-yorkais évoque seulement une citation aux fins de récompenser ses talents «de journaliste, d’écrivain spécialiste des questions poli- son engagement en faveur «de l’amitié et de la coopération entre les tiques, d’innovateur en matière athlétique», le Times préfère, lui, nations». mettre l’accent, en plus des succès remportés à l’occasion de ses cam- pagnes de développement du sport en France et d’internationalisation du sport par la renaissance des Jeux olympiques, sur la capacité du baron à être l’avocat de l’entente entre la France et l’Angleterre. L’allusion concerne ici à la fois les articles de politique étrangère publiés en une du Figaro par Pierre de Coubertin entre juillet 1902 et juillet 1906 (puis réunis en 1909 chez Plon-Nourrit sous le titre Pages d’histoire contemporaine), l’influence anglophile qu’il a tenté d’exercer sur son ami le ministre des Affaires étrangères Théophile Delcassé, et le transfert inopiné, mais néanmoins politiquement connoté, des Jeux de 1908 de la ville de Rome, à laquelle ils avaient d’abord été attribués, à la capitale anglaise (circulaire de décembre 1906). Pour le New York Herald Tribune, c’est d’abord l’occasion de rappe- ler que ce «champion des sports pour les sports », c’est-à-dire « cham- pion des sports amateurs», a rencontré l’opposition des groupements sportifs français eux-mêmes, et que son «amertume» vis-à-vis de ses Le Corriere della Sera veut, quant à lui, suggérer que Coubertin est tout acquis aux organisateurs des Jeux de Berlin puisque, souffrant, il a pris soin d’enregistrer sur disque un message d’encouragement pour les coureurs porteurs de la flamme d’Olympie à Berlin (juillet 1936). Un message dont le contenu critique n’est qu’implicite – «nulle nation, nulle classe, nulle profession n’en sont exclues» (il est question des «stades innombrables épars à la surface du globe») – et, pour l’essentiel, malaisément identifiable: «Et tandis que s’esquissent comme dans une brume matinale la figure de l’Europe et celle de l’Asie nouvelle, il semble que l’humanité va reconnaître enfin que la crise dans laquelle elle se débat est, avant tout, une crise d’éducation.» Peut-on ne pas s’interroger lorsque, le 4 août 1935, dans le cadre d’une série d’émissions radio baptisées «Pax olympica» et organisées par la propagande nazie pour contrecarrer la campagne internationale de boycott suscitée par le socialisme international et le Congrès juif mondial, Pierre de Coubertin remercie «le gouvernement et le peuple allemands pour l’effort dépensé en l’honneur de la xi Olympiade»? Plus encore, interviewé par André Lang à propos de l’article de Jacques Goddet dénonçant les «Jeux défigurés» et «la farce du serment olympique» (L’Auto, 17 août 1936), Pierre de Coubertin ne répond-il pas: «Quoi, les Jeux défigurés, l’Idée olympique sacrifiée à la propagande? C’est entièrement faux! La grandiose réussite des Jeux de Berlin a magnifiquement servi l’idéal olympique» (Le Journal, 27 août 1936).Et n’affirme-t-il pas de nouveau à Fernand Lomazzi: «Qu’on ne vienne pas parler de Jeux accessibles aux femmes et aux adolescents, aux faibles pour tout dire. Pour elles et pour eux il y a la deuxième forme du sport, l’éducation physique qui leur donnera la santé. Mais pour les Jeux, mes Jeux, je veux un long cri de passion, quel qu’il soit. À Berlin on a vibré pour une idée que nous n’avons pas à juger, mais qui fut l’excitant passionnel que je recherche constamment. On a, d’autre part, organisé la partie technique avec tout le soin désirable et on ne peut faire aux Allemands nul reproche de déloyauté sportive. Comment voudriez-vous dans ces conditions que je répudie la célébration de la xi Olympiade? Puisque aussi bien cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu’ils ont connu…» (L’Auto, 4 et 5 septembre 1936)? Dans sa nécrologie du 3 septembre 1937,le Berliner Tageblatt a donc beau jeu d’insister sur le fait que l’olympiade allemande fut pour Pierre de Coubertin «la plus grande des satisfactions». Quant au Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten, il consacre lui-même un long article à celui qu’il considère comme «un des grands de l’Empire des sports» (Völkischer Beobachter, 5 septembre). Et le Zwölf Uhr Blatt de présenter Pierre de Coubertin comme un «ami de l’Allemagne», produisant non seulement un échange de télégrammes entre le «père de l’olympiade moderne» et Adolf Hitler, mais encore des citations exaltant le combattant-sportif et le champion. [L’aveuglement de Pierre de Coubertin]

18 L’aveuglement de Pierre de Coubertin

À propos de son entretien d’août 1936 avec André Lang, qu’il loue d’ailleurs pour «son tact et son objectivité remarquables», Pierre de Coubertin écrit à Paul Rousseau, du Te m p s , dans un courrier du 4 sep- tembre 1936, qu’il ne renie en aucune manière ses déclarations sur l’amateurisme, mais qu’il désire « ne plus recevoir aucune visite rela- tive aux questions sportives […] à cause des réactions insuffisamment loyales et courtoises d’une partie de la presse française » (est-ce bien le journal L’Auto qui est en particulier visé ?). En deuxième lieu, il pré- cise qu’il «n’accepte la responsabilité que de ce [qu’il] rédige et signe [lui]-même». Pierre de Coubertin serait-il pris de remords ? Il reste que ces déclarations des années 1935-1937, c’est-à-dire du temps des lois raciales de Nuremberg et de la remilitarisation de la Rhénanie, sont tout à fait celles d’un homme empêtré dans l’idéologie neutralis- te du sport qu’il a lui-même contribué à forger, et à ce point obsédé par la perpétuation de son œuvre olympique qu’il en occulte la singu- larité criminelle du régime nazi. Abandonné par ses compatriotes, écarté du Comité international olympique depuis 1925, ruiné par ses dépenses olympiques et par la destruction, au cours de la Grande Guerre, de la propriété alsacienne de sa belle-famille, mais aussi victi- me de mauvais placements financiers, accablé par les maladies de ses enfants, manipulé par les dirigeants du sport allemand Carl Diem et Theodor Lewald rencontrés bien avant 1914, il a eu cette naïveté de croire que les Jeux de Berlin serviraient davantage la cause du pacifisme olympique que celle du nazisme, et que les rivalités entre nations ne méritaient pas un boycott. Les hommages surprenants des gymnastes et des socialistes La nécrologie en forme d’hommage publiée le 10 décembre par Le Gymnaste peut paraître surprenante dans la mesure où l’Union des sociétés de gymnastique de France (Usgf), créée en 1873 dans le mouvement de la Revanche, s’est souvent opposée à Coubertin. Fervents républicains et patriotes, les gymnastes ont en effet dénoncé les premiers Jeux comme des produits d’importation, aristocratiques et anglais. Pourtant, la revue des gymnastes consacre une page entière à l’action sportive et pédagogique du baron, et rappelle que Pierre de Coubertin était membre donateur de l’ Usgf depuis 1919 et qu’il en avait été nommé membre d’honneur en 1921. Si Pierre de Coubertin a cherché à se rapprocher des gymnastes, c’est parce qu’il est déçu par l’attitude de sa propre fédération multisport, l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (Usfsa), trop soumise, selon lui, au gouvernement français. Depuis 1902, il a d’ailleurs singulièrement infléchi sa doctrine sportive en proposant une «nouvelle formule d’éducation physique», qui s’apparente à la «méthode naturelle» de Georges Hébert: la «gymnastique utilitaire» (sauvetage, défense, locomotion), que vient couronner un «diplôme musculaire» dénommé «diplôme du débrouillard». Aussi en décembre 1906, au moment des Jeux intermédiaires d’Athènes, Pierre de Coubertin se résout à démissionner de ses fonctions de membre honoraire de l’Usfsa. Dans sa lettre au président de la fédération, il dénonce ainsi «l’inutile complication de ses rouages, […] son impuissance à développer un franc et juste régionalisme en même temps qu’à assurer la légitime autonomie de chaque sport, ses tendances fâcheuses à introduire les querelles politiques et confessionnelles sur le terrain athlétique». Il signe d’ailleurs de décembre 1906 à octobre 1908, dans la revue L’Éducation physique, une série d’articles réunis sous un titre offensif: Une campagne de vingt et un ans (1887-1908). Cette autobiographie militante est dédiée en particulier «à ceux dont les violentes attaques [l]’ont amené à l’écrire», à Georges Bourdon par exemple, qui, dans La Renaissance athlétique et le Racing Club de France (1906), lui conteste, à juste titre, d’avoir été le seul père fondateur du sport français. Dans Le Midi socialiste de Toulouse du 13 septembre, Pierre Marie reprend un article qu’il a publié une semaine plus tôt dans Le Populaire, organe de la Section française internationale ouvrière. Il y fait part de sa profonde tristesse à l’annonce du décès de celui qu’il qualifie de «grand Européen, grand citoyen du monde, en même temps que grand Français». Il met notamment l’accent sur les évolutions démocratiques de la pensée sportive de Pierre de Coubertin: son rêve d’un «gymnase antique modernisé, terrain d’entraînement édifié par la cité, où chacun aurait eu accès gratuitement, une ou deux fois par semaine, pour parfaire ou conserver la santé», ses préoccupations pour les loisirs ouvriers et sa participation aux réunions du Bureau international du travail, dirigé par le socialiste français Albert Thomas, son plan d’«universités populaires pour l’instruction post-scolaire de la jeunesse du peuple». Regrettant qu’il ne soit pas mieux compris dans son propre pays, où, «à plusieurs reprises, parurent, sur lui, des articles de journaux d’une rare indécence»,

20 Pierre Marie clôt son éloge en se persuadant que l’avenir confirmera à quel point «le nom de Pierre de Coubertin est inscrit en lettres d’or dans l’histoire du sport mondial» et en dénonçant «les successeurs du créateur des Jeux modernes qui n’ont pas été à la hauteur de la mission qu’ils ont acceptée». [Les hommages vengeurs du quotidien L’Auto]

Le carré des fidèles disciples du baron L’Excelsior et Le Figaro ne sont pas les seuls journaux parisiens à prendre la défense de Pierre de Coubertin. Les adversaires du baron doivent également compter avec L’Il lust ration et Le Temps, qui vont saluer son œuvre pédagogique. Dans L’Il lust ration du 11 septembre, Pierre Morel (son pseudonyme est Lorme) profite de l’actualité des réformes entreprises par le ministre Jean Zay dans les programmes scolaires et universitaires pour rappeler combien Pierre de Coubertin a été un précurseur en matière d’allégements et d’aménagements dans les programmes. Il ne tarit pas d’éloges sur le bilan critique dressé par Coubertin après la Grande Guerre – «les maux dont souffre l’Europe proviennent de l’état de faillite dans lequel s’enfonce la pédagogie occidentale, à savoir l’incapacité des systèmes d’instruction à contenir ce qu’il faudrait savoir aujourd’hui» – et sur la solution pédagogique – «l’aviation intellectuelle est préférable à l’alpinisme des connaissances illimitées». Cet article est donc l’occasion pour Pierre Morel de révéler le contenu de la Charte fondamentale de l’enseignement nouveau, notamment son programme scolaire, baptisé «le chandelier à dix branches»: l’astronomie, la géologie, l’histoire, la biologie, «qui délimitent l’existence même de l’individu»; les notions mathématiques, esthétiques et philosophiques, «dont dépend son développement mental et moral»; les notions économiques, juridiques, ethniques et linguistiques, «qui dominent sa vie sociale». [«Un grand éducateur sportif»] De son côté, Le Figaro ne manque pas de consacrer plusieurs articles à celui qui fut l’un de ses anciens collaborateurs tout en publiant la photographie de l’un des frères de Coubertin. Le 6 septembre, le président du Comité olympique français (Cof), , signe un éditorial, «Pierre de Coubertin est mort… Vive l’olympisme», qui lui donne l’occasion de revenir sur un certain nombre de controverses et de répéter, après Pierre de Coubertin, que «l’amateurisme est plus un état d’âme qu’un état de fait». Armand Massard tente également d’expliquer «l’amertume que Pierre de Coubertin ressentait à l’égard, sinon de sa mère patrie, du moins de ses compatriotes en général, dont il n’hésitait pas à critiquer sévèrement les conceptions et même la mentalité». Toujours dans le même quotidien, Jean Dauven s’évertue à démontrer que «le fondateur de l’Olympisme moderne a toujours été partisan d’un sport scolaire autonome». Avec l’ambassadeur de France aux États-Unis Jean-Jules Jusserand et Frantz Reichel, le fondateur de la rubrique sportive du Figaro, Dauven reconnaît que Coubertin fut en France celui qui «a le mieux compris l’esprit sportif tel qu’il doit être et tel que l’ont, une fois pour

21 Les hommages vengeurs du quotidien L’Auto

Dans le cas de la France, le principal quotidien sportif, L’Auto, ancêtre de L’Équipe d’aujourd’hui, rend un hommage un rien assassin au baron quand ses adversaires potentiels, les gymnastes et les socialistes, louent ses principes éducatifs. C’est là un moindre paradoxe d’autant que L’Auto a accueilli dans ses colonnes, entre septembre 1931 et mars 1932, les vingt-cinq chapitres des fameux Mémoires olympiques, que le Bips puis le Cio rééditeront respectivement en 1932 et en 1976. Annonçant à ses lecteurs que Pierre de Coubertin sera inhumé à Lausanne et «son cœur pieusement déposé à Olympie», L’Auto prend aussi un malin plaisir à souligner la vive émotion qui s’est manifestée en Allemagne à l’annonce de son décès: articles élogieux de la presse, télégrammes adressés à sa veuve par le Führer lui-même, par le ministre de l’Intérieur Frick et par le Reichssportführer. De même, à l’occasion de ses obsèques, L’Auto ne manque pas de préciser que «de magnifiques couronnes entouraient le catafalque, en particulier celles du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Tokyo, du Comité Olympique du Reichssportführer…». Mais ce sont de tout autres bienfaiteurs que donnent à connaître L’Excelsior et Le Figaro:l’ambas- sade et le consulat de France, la municipalité de Lausanne, le Comité olympique suisse, le gouvernement de Grèce, la Fédération française d’athlétisme et celle de rugby. Le journal L’Auto est également le seul à signaler, de façon incidente, que le président en exercice du Cio,le comte de Baillet-Latour, retenu au lit, «s’était fait excuser»: le baron Pierre de Coubertin n’avait pas manqué à plusieurs reprises de dénon- cer la politique olympique de son successeur. «Un grand éducateur sportif»

De la même manière, dans Le Temps du 7 septembre, Paul Rousseau cours du 17 juin 1914 sur «le sport et la société moderne», prononcé consacre sa chronique de la rubrique sportive à «l’œuvre pédagogique en présence du président de la République à la Sorbonne, la confé- sportive de Pierre de Coubertin», présenté comme «un grand éduca- rence à la Ligue de l’enseignement de Paris à la fin de l’hiver 1916 sur teur sportif», «un sociologue qui avait rêvé d’une fraternité interna- «l’ignorance qui a préparé la guerre et l’éducation qui lui assurera la tionale dans l’effort athlétique, comme moyen de rapprochement paix», la fondation en 1918 à Lausanne d’un Institut olympique, amical des peuples». En guise de bréviaire pour le lecteur désorienté, la création en 1928 du Bureau international de pédagogie moderne, l’auteur livre quelques extraits de la lettre ouverte adressée en 1932 par la publication en 1930 d’une Charte de la réforme sportive, laquelle Pierre de Coubertin au président de la Société des nations, Paul doit être comprise comme «une étude critique sur la déformation Hymans. Considérant que «la guerre est une réalité sinistre et de l’esprit olympique». Cet article est enfin l’occasion de revenir sur concrète […] et la paix entre les peuples, un équilibre complexe», un épisode douloureux dans l’itinéraire de Pierre de Coubertin: la Pierre de Coubertin écrivait alors qu’«enlever aux enfants, aux «défaite morale» qu’il a enregistrée face aux fédérations sportives garçons tout au moins, toute occasion de satisfaire leur instinct du internationales au moment de l’Olympiade parisienne de 1900. combat n’aboutirait le plus souvent qu’à préparer une adolescence dépourvue de caractère et d’énergie». C’est pourquoi Pierre de Coubertin préconisait, d’après l’auteur de l’article, le développement d’une «estime réciproque entre les nations» par le moyen de ren- contres sportives répétées. Paul Rousseau n’oublie pas d’utiliser à des fins moralisatrices les dernières lignes de cette lettre dans laquelle Pierre de Coubertin tonne contre «la morale en lambeaux», «le dévergondage littéraire», et affirme sans ambages: «Une époque qui est arrivée à faire de la préoccupation sexuelle, le pivot journalier et presque unique de ses distractions vit sous la menace de la plus grave dégénérescence.» Et l’auteur de signaler un certain nombre d’initia- tives pédagogiques omises ou méconnues de ses confrères et de ses compatriotes: la «nouvelle formule d’éducation physique» qu’il pré- senta en 1902 dans l’amphithéâtre de la Société de géographie, le dis- toutes, conçu les Britanniques». Surtout, arguant d’une lettre de 1934 dans laquelle Pierre de Coubertin regrettait que les clubs civils et les associations scolaires aient été mêlés en 1890 dans le même groupement (à savoir l’Usfsa), il en profite pour dénoncer «le danger que le sport professionnel fait courir au sport amateur et plus encore au sport scolaire». Enfin, il exhume un rapport de 1915 dans lequel Pierre de Coubertin attirait l’attention du ministre de l’Instruction publique sur la nécessité «d’imposer l’obligation d’assister au cours de gymnastique, d’améliorer les conditions d’hygiène, d’ajuster les traitements des professeurs, d’augmenter les heures d’éducation physique, d’équiper les gymnases, d’initier sportivement les instituteurs». Dans L’Excelsior du 3 septembre, Robert Marchand rend hommage à «la plus noble figure du sport […] dont l’œuvre considérable lui avait valu dans les milieux sportifs du monde entier une véritable vénération», «au grand Français et grand Européen». Pierre de Coubertin, honoré dans cet article du titre de marquis, n’a-t-il pas tenté de contribuer à l’unité des Français lorsqu’il a fondé la Société des sports populaires (1906) afin de «répandre dans toutes les classes de la population le goût des sports», et lorsque, à la même époque, il s’est efforcé d’inventer une liste des fêtes nationales capable de rassembler tous ses concitoyens au-delà de leurs oppositions politiques? Et le journaliste de rappeler également que ce «redresseur de l’éducation sportive» avait alerté en 1925 l’opinion publique contre le gigantisme des stades et dénoncé «une certaine faillite due aux parents [des futurs champions], aux maîtres et peut-être aussi aux journalistes», avant de rappeler son idéal profond, «amener par le sport un rapprochement entre les peuples».

Utilisation vichyste et réhabilitation gaulliste Les autorités sportives de Vichy semblent avoir eu quelque hésitation à récupérer ouvertement l’entier héritage de Pierre de Coubertin. Prêté sur les stades dès 1941, le Serment de l’athlète – «Je promets sur l’honneur de pratiquer le sport avec désintéressement, discipline et loyauté pour devenir meilleur et mieux servir ma patrie» – évoque certes le Serment olympique, de même que la Charte des sports du 20 décembre 1940 renvoie à la Charte olympique. Ce ne sont pourtant pas les œuvres de Pierre de Coubertin qui sont rééditées par Vichy, mais celles du lieutenant de vaisseau Hébert. Le Commissariat général à l’éducation générale et sportive choisit comme discipline fondamentale sa «méthode naturelle» d’éducation physique (courir, sauter, grimper, en harmonie avec la nature, et dans une dimension altruiste), qui permettait un encadrement plus aisé des jeunes gens. La culture d’indépendance par rapport à l’État que le baron avait souhaité insuffler aux sociétés sportives et à l’olympisme s’accorderait-elle mal avec «le principe d’autorité» de Vichy? Sur les affiches de propagande du régime du maréchal, le sport est pourtant promu, en une formule très coubertinienne, au rang de «chevalerie moderne». Quant aux sociétés sportives, bien loin d’être interdites, elles bénéficient de financements et d’attentions toutes particulières, tout en étant

24 placées sous surveillance. Cette culture de la virilité n’est pas un des moindres paradoxes de cet État français privé d’armée. Il reste que Vichy a bel et bien célébré le cinquantième anniversaire de la rénovation des Jeux en Sorbonne le vendredi 23 juin 1944, huit jours après le discours de Bayeux du général de Gaulle et trois jours après l’exécution par la milice de Jean Zay, ministre de Léon Blum. Sous les oriflammes des fédérations sportives habilitées et sous un portrait de Coubertin inséré dans une affiche représentant des athlètes au garde-à-vous et torse nu, le Commissaire général au sport, le colonel Pascot, prononce l’éloge du baron en présence du ministre de l’Éducation nationale, Abel Bonnard, et du président du Cof, Armand Massard. Plus autoritaire encore que le «mousquetaire» , son prédécesseur au Commissariat général et déporté en Allemagne, plus contesté aussi par le milieu sportif, dans l’incapacité de faire valoir un passé de champion athlétique, le colonel Pascot n’aura donc pas manqué de légitimer son action en s’affichant en compagnie d’une photographie de Pierre de Coubertin. C’est finalement la République gaullienne qui honorera en 1964 la mémoire du baron, même si l’hommage national survient avec un an de retard sur le centenaire de sa naissance. Sous la présidence d’honneur du général de Gaulle, une séance solennelle a lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le mardi 23 juin 1964 à 21 heures. Figurent au programme La Marseillaiseet l’Hymne olympique, des allocutions du Premier ministre, Georges Pompidou, du président du Cio, , du secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, Maurice Herzog, et du président du Cof, Armand Massard, des démonstrations de gymnastique et de rythme par les garçons de l’École normale supérieure d’éducation physique (Ensep), de gymnastique féminine par les jeunes filles de l’Ensep, de danse moderne et classique par les danseurs étoiles et le corps de ballet de l’Opéra, des textes de Coubertin et de Henry de Montherlant dits par Jean Marchat, sociétaire de la Comédie-Française, la diffusion d’extraits du message radio de Pierre de Coubertin à Berlin en août 1935. À l’occasion de cet anniversaire furent également apposées deux plaques, sur des résidences de Pierre de Coubertin. L’une en son château de Mirville: «Pierre de Coubertin (1863-1937), rénovateur des Jeux Olympiques, Historien et Pédagogue, arrière-petit-fils du Marquis de Mirville, habita toute sa jeunesse cette demeure familiale»; l’autre sur sa maison natale au 20, rue Oudinot, dans le vii arrondissement de la capitale: «Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux olympiques, a vécu dans cette maison où il est né, de 1863 à 1909». Enfin, le dimanche 21 juin 1964, une adresse de Maurice Herzog fut lue devant les jeunes à l’occasion de réunions sportives ou culturelles. Et le nom de Pierre de Coubertin fut attribué, cette année-là, à cinq établissements scolaires ainsi qu’à des rues et stades dans soixante-six municipalités de tous bords politiques. Il convient de réinscrire cet hommage républicain et gaullien dans la politique plus globale de fabrication d’un «citoyen sportif» orchestrée par Maurice Herzog, entre la déroute des Jeux de Rome en 1960 (aucune médaille d’or) et les Jeux d’hiver

25 de Grenoble en 1968: création du Conseil national des sports (décembre 1960), première loi-programme d’équipements sportifs (1961), développement du sport scolaire (instructions officielles de 1962). Et dans cette même ambiance d’édification sportive de la «nation-France», on notera en 1966 la publication d’une biographie romancée et hagiographique de «l’éducateur inspiré, historien de qualité, visionnaire et poète» par l’inspectrice générale des sports Marie-Thérèse Eyquem, Pierre de Coubertin. L’épopée olympique. L’année précédente était paru l’Essai de doctrine du sport, une synthèse des travaux menés par la Commission de la doctrine cosignée par Maurice Herzog et Jean Borotra. Placée sous la présidence du Premier ministre, Georges Pompidou, cette commission dirigée par Jean Borotra poursuit les travaux déjà entrepris au sein de l’Académie des sports et du Comité Pierre-de- Coubertin. Ses soixante membres ont reçu pour mission de «définir la place que doit occuper le sport dans la vie de l’individu et de la Nation, et [de] déterminer les conditions permettant d’atteindre les objectifs ainsi dégagés». Tout autant que les contenus inspirés partiellement par les thèses de Coubertin, on retiendra en particulier, dans la liste des membres et personnalités associés aux travaux, les noms de deux biographes de Coubertin, André Senay et Marie-Thérèse Eyquem, de l’ancienne championne de France de natation et future directrice du Cio Monique Berlioux, du sociologue Joffre Dumazedier (qui a fait paraître aux Éditions du Seuil en 1952 ses Regards neufs sur les Jeux Olympiques), de Maurice Genevoix, de René Haby… Ces manifestations officielles de l’année 1964 se situent bel et bien au point de convergence des intérêts de l’État et d’un groupe de défense des «valeurs» du sport, de l’olympisme et de la mémoire de Pierre de Coubertin, un point à l’intersection du gaullisme et des milieux sportifs et littéraires. Malgré les manipulations et les campagnes de boycott, les Jeux olympiques auront tout de même servi la gloire internationale et posthume de Pierre de Coubertin. Or, depuis leur rétablissement à Athènes en 1896, ces Jeux, ballottés entre les villes organisatrices, les États et les fédérations sportives, n’ont pourtant jamais véritablement été sous le contrôle de celui qui les ressuscita. Ce dernier, en revanche, a pu exercer durant les intervalles olympiques son magistère sur l’appareil du Cio et sur les congrès olympiques, lesquels sont véritablement sa «chose» pédagogique. C’est donc un itinéraire bien singulier que celui de ce jeune traditionaliste devenu, à moins de trente ans, à la fois réformateur de la pédagogie française par le sport et propagandiste d’un olympisme modernisé.

26 Une jeunesse traditionaliste (1863-1887) 3 Pierre de Coubertin est le quatrième et dernier enfant du baron Charles Frédy de Coubertin, un orléaniste descendant d’une famille de robins établie en vallée de Chevreuse, dont les tableaux de facture sulpicienne furent régulièrement exposés aux Salons à partir de 1846, et de Marie-Marcelle Gigault de Crisenoy, d’une famille d’aristocrates légitimistes originaire de Normandie. Au sortir d’une enfance heureuse car champêtre, passée pour l’essentiel en pays de Caux, ses parents rêvent pour lui d’un avenir sans surprise : l’armée ou les métiers du droit. Des changements d’orientation qui trahissent les difficultés de faire carrière pour un fils de l’aristocratie confronté à l’enracinement de la république.

Du château de l’enfance à l’école des Jésuites Les années d’enfance du petit Pierre se sont déroulées selon un rythme saisonnier: sept mois d’hiver et de printemps passés à Paris dans la vieille maison de la rue Oudinot, six semaines dans le chalet d’Étretat, deux mois et demi d’été à Mirville, en pays de Caux, trois semaines en octobre au domaine de Coubertin en vallée de Chevreuse, à la saison de la chasse. Une enfance qui s’est déroulée dans une ambiance très féminine, sous la protection de sa mère et de sa sœur Marie. [«Leçons maternelles, leçons romaines»] Pierre de Coubertin a-t-il perdu son enfance lorsqu’il est inscrit à l’âge de dix ans au collège de Vaugirard puis, à la rentrée 1874, à l’école Saint-Ignace? Ses parents auront en fait tenté de concilier l’idéal libéral de l’éducation familiale et le ratio studiorum jésuite, puisque l’école de la rue de Madrid est un externat. Son appartenance à la première promotion vaudra plus tard à Pierre de Coubertin d’être le président de la Société des anciens élèves. Recrutant dans la haute aristocratie et la moyenne bourgeoisie, l’Externat de la rue de Madrid dispense une éducation religieuse mondaine et apprend les bonnes manières. Le régime alimentaire dans le cadre de la demi-pension est qualifié de «très bon»; les classes et salles d’étude sont «fort belles et bien aménagées»; la disposition de la cour de récréation est «un peu défectueuse du fait du trop grand nombre de coins et de recoins». L’année où Pierre de Coubertin passe son baccalauréat ès lettres, l’inspecteur d’académie signale que «l’enseignement est apparemment irréprochable au point de vue de la morale, de la constitution et des lois», mais il suggère qu’il est «indirectement inspiré par l’esprit de parti». Si les décrets de mars 1880 entraînent effectivement le départ du père Gabriac, l’inspecteur doute que son successeur laïque exerce réellement

27 «Leçons maternelles, leçons romaines»

Très paresseux sur pas mal de points, j’étais avancé en histoire et — notamment en histoire romaine. Ma mère qui me donnait des leçons Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931), que sa tendresse rendait peut-être trop peu sévères possédait sur le Archives Geoffroy de Navacelle. bout du doigt ces matières. Elle savait fort bien le latin et les maîtres dont elle avait suivi en commun avec ses frères les enseignements avaient implanté dans son esprit non pas seulement le contour, mais le sens profond des faits. Sous sa direction, la «succession des empires» chère à Bossuet et surtout la prodigieuse évolution des destins romains prenaient à mes yeux un relief passionnant. Au contraire, la Grèce ne m’était point claire ou du moins j’apprenais et m’assimilais une Grèce antique très différente de celle qui a réellement existé. J’ai depuis revu les livres et les tableaux à l’aide desquels j’étudiais. J’ai constaté qu’effectivement, dans ce temps-là, on possédait bien le sens de l’antiquité romaine et assez mal celui de l’antiquité grecque. La civilisation hellénique était considérée comme parallèle à la romaine; on contemplait la première à travers la seconde, manière infaillible d’en méconnaître le caractère si complexe et si varié. La collaboration des archéologues nous a aidés depuis lors à évoquer l’Hellénisme véritable […]. Sans doute je n’étais encore qu’un enfant. Mais ma mère m’entre- tenait de questions bien au-dessus de mon âge, qu’elle savait rendre claires à mon esprit. De plus j’étais passionnément intéressé par la politique. Ma sœur aimait les sciences, les machines, les sports… toutes choses qui me trouvaient alors parfaitement indifférent. Par contre, j’étais ferré sur le cérémonial, le protocole, les dynasties régnantes, … l’autorité. En 1885, alors que les effectifs sont revenus à sept cent cinquante élèves, soit le troisième rang parisien après le collège Stanislas et l’école Monge, que les enseignants sont à nouveau à 80% des religieux, l’inspecteur croit pouvoir noter: «Rien n’est fait pour faire aimer et respecter la Constitution; l’esprit est celui du catholicisme.» Dans ses Mémoires de jeunesse, Pierre de Coubertin note d’ailleurs qu’on ne lui «disait pas de mal direct de la République», mais qu’on «souriait d’elle avec une pitié dédaigneuse en déplorant que le régime définitif et libérateur [la monarchie] fût si long à venir»… L’excellence de ses résultats vaut au jeune Coubertin de figurer parmi les «académiciens». C’est alors aussi que son professeur de rhétorique, le père Caron, lui fait aimer l’Antiquité grecque et romaine. [«Le protégé du père Caron»] Titulaire d’un double baccalauréat ès lettres (octobre 1880) et ès sciences (juillet 1881), le jeune Pierre donne suite à son parcours canonique en envisageant tout d’abord l’entrée à Saint-Cyr. Mais, bientôt, il devra bifurquer pour s’éloigner des carrières traditionnelles empruntées par ses deux frères, beaucoup plus âgés que lui et ouvertement antirépublicains.

Les bifurcations d’un étudiant désemparé Pierre de Coubertin doit s’efforcer de s’adapter à la nouvelle donne républicaine et libérale. Sa pérégrination estudiantine est facilitée par la géographie parisienne, puisque l’hôtel familial des Coubertin de la rue Oudinot se trouve à égale distance des trois établissements envisagés tour à tour par le jeune homme: l’École militaire de l’esplanade des Invalides, l’Institut catholique de la rue d’Assas et l’École libre des sciences politiques de la rue des Saints-Pères. [«Le trépied scolaire de Pierre de Coubertin»] À dix-huit ans, Pierre de Coubertin imaginait donc marcher sur les traces de son frère Albert (1848-1913), alors capitaine instructeur au 10 régiment de dragons, et passé lui-même par l’École impériale spéciale militaire dans les dernières années du règne de Napoléon iii. Pierre est alors admissible mais n’intègre pas la carrière militaire. Un renoncement qu’il justifie dans ses Mémoires en affirmant que l’évolution de la situation diplomatique en Europe laissait «entrevoir une période de paix assez prolongée» et en confessant son refus «de l’ennui et de la monotonie de la vie de garnison». Derrière cette formule, on doit plutôt voir la pression exercée par la République pour s’assurer de la loyauté de l’armée, avec un resserrement du contrôle sur les candidats officiers venus de l’aristocratie. Ces deux années 1882 et 1883 de corniche (la classe préparatoire à Saint-Cyr) sont aussi pour lui l’occasion d’être introduit dans les soirées mondaines du quartier Saint-Germain par son frère puîné Paul (1847-1933), un poète mondain. Dans un de ses albums achetés à Londres, soigneusement tenu et décoré à l’encre de Chine, on ne compte pas moins de cent cinquante cartons d’invitation sur dix-huit mois! Le 9 juin 1885, il est assurément présent à la réception donnée

29 «Le protégé du père Caron»

On se représente à tort la Compagnie de Jésus comme une organisa- pour l’esprit; le sentiment qu’elle n’est pas digne du plus grand effort tion rigide où il n’y a pas de place pour le développement de la per- et que c’est en vue de la vie future que cet effort doit être fait. Tout sonne, où l’uniformité est la loi obligatoire et l’humilité le fondement tendait là. de toute vertu. Rien n’est plus éloigné de la vérité […]. Ceci dit Les plus délicats, les plus sentimentaux en arrivaient à se croire j’admets que mes expériences ont été entachées d’un caractère un peu dans les limbes et aspiraient à en sortir. Nous étions un certain exceptionnel. J’admets surtout qu’il n’y a pas eu beaucoup de profes- nombre qui n’avions pas de plus grande faveur à demander à Dieu que seurs comparables au Père Caron, qui me fit faire successivement mes celle de «mourir jeune». Par bonheur, pour ma part, j’étais tour Humanités et ma Rhétorique. Je revois sa petite taille, son fin profil, menté du désir que cette mort prématurée servît à quelque chose de son regard pétillant d’intelligence, sa démarche intrépide. Il avait tangible. Je ne l’entrevoyais souhaitable qu’en pleine action et le goût toujours l’air de marcher à l’assaut de quelque forteresse intellec- du champ de bataille entra ainsi en moi bien que je fusse l’un des tuelle […]. moins guerriers par le tempérament physique. D’une formation si libérale, le père Caron nous faisait de temps à — autre des lectures brèves, admirablement choisies, frappantes… Il ne Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931), reculait ni devant Victor Hugo, ni devant Michelet ni même devant Archives Geoffroy de Navacelle. Lamennais! Il n’est pourtant, je dois le dire, rien sorti de très remar- quable. En passant en revue mes camarades de collège, j’en vois qui ont fourni des carrières honorables, mais en général peu brillantes. Je n’en vois guère qui aient révélé des individualités très robustes. Je n’hésite pas à attribuer ce résultat à cette «religion de la mort» dont j’ai déjà prononcé le nom avec quelque rancune. Dès le jeune âge, on tirait nos regards hors de ce monde. Obtenir «une bonne mort» était la grâce suprême et Saint Joseph «patron de la bonne mort» devenait dans ce but l’objet de nos dévotions excessives. Je crains de ne pas savoir exprimer les choses comme je le voudrais. Il n’y avait ni haine ni mépris de la vie présente dans la façon dont on nous dres- sait à la regarder, mais peut-être quelque chose de plus redoutable «Le trépied scolaire de Pierre de Coubertin»

Dès le collège j’avais incliné, en terminant mes études, vers le clan des printemps et chaque automne, j’allais passer un mois en Angleterre «Saint-Cyriens». Je ne manquais jamais, le dimanche à cinq heures, pour y poursuivre mon enquête pédagogique. de me trouver au Café de la paix où les futurs candidats à l’École mili- Le professorat de l’École des Sciences politiques groupait à cette taire se rencontraient, autour du traditionnel grog américain, avec époque des personnalités de premier plan: Léon Say, Albert Sorel, leurs camarades déjà entrés au bahut et ayant la joie de porter le pan- Albert Vandal, Alexandre Ribot, Paul et Anatole Leroy-Beaulieu, des talon rouge et le casoar. Mais en même temps je n’avais jamais perdu maîtres prestigieux dont aucune pédanterie ne surchargeait l’ensei- mon intérêt pour la politique et je sentais que l’armée ne mènerait à gnement et qui nous apportaient, en style clair et concis, des vues nou- rien. J’avais l’intuition d’une longue paix, avec devant moi, la perspec- velles et indépendantes ; jamais université ne fournit à ses étudiants tive décevante d’une série de garnisons où la force d’initiative que je pareil ensemble de talents assemblés pour diriger leur perfectionne- sentais en moi s’étiolerait sans profit pour personne. ment mental. Je sortais de ces cours avec de la lumière plein l’esprit et Du moment que je renonçais à l’armée, mes parents exigèrent que les rédigeais ensuite d’après les notes prises en séance. je fisse mon Droit. Armée ou Droit, c’était le dilemme pour les jeunes — gens de mon milieu. Les études de Droit me répugnaient horrible- Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931), ment. Non seulement je les trouvais ennuyeuses mais humiliantes. Archives Geoffroy de Navacelle. Je n’ai jamais assisté à un seul cours; je ne me rendais à la faculté que pour prendre mes inscriptions et c’était mon supplice, le jour de l’exa- men annuel, d’avoir à endosser une de ces robes noires à rabat blanc qu’on imposait alors aux candidats et qui me semblaient un symbole de déchéance. Comment j’arrivais dans ces conditions à me faire rece- voir, Dieu seul le sait. Par contre, je m’organisai toute une existence de travail indépen- dant dans le but d’acquérir les connaissances nécessaires à l’exécution de mon grand projet, dont je gardais pour moi seul le secret et pour lequel je ne me sentais pas suffisamment préparé. L’École libre des Sciences politiques, la Conférence Molé, la Société d’Économie sociale formèrent le trépied de cette préparation. D’autre part chaque par la duchesse de Bisaccia en son hôtel particulier de la rue de Varenne, en l’honneur du duc de Chartres et de sa femme, des princesses Amélie d’Orléans et Marie d’Orléans. La couronne, les fleurs de lys, la banderole portant l’inscription «Vive le roi» qu’il dessine soigneusement au-dessus des noms de ceux qui composent le quadrille d’honneur, renvoient indubitablement à l’attachement paternel pour les Orléans. Quant au voyage qui conduit, l’été 1880, la famille de Coubertin au château de Frohsdorf, près de Vienne, où réside le comte de Chambord (prétendant sous le nom de Henri v), il signale l’attachement maternel aux Bourbons. À l’issue d’un autre voyage familial à l’été 1883, en Angleterre cette fois, peut-être destiné à lui faire oublier son échec, le jeune dandy se résout à sacrifier à l’autre tradition familiale, la judicature. Avant lui, en effet, son père et son frère aîné ont fait leur droit, mais Pierre de Coubertin n’a jamais caché son aversion pour de telles études. On notera qu’il ne précise pas dans ses Mémoires d’un éclaireur que son inscription d’octobre 1883 fut prise non à l’Université, mais à l’Institut catholique de Paris, considéré par les républicains comme un des temples de la réaction. Aussi, trois mois plus tard, adhère-t-il au groupe de Paris des Unions de la paix sociale. Trois mois de plus, et le voilà auditeur à l’École libre des sciences politiques (mars 1884), probablement sur les conseils de son ami Daniel de la Chaussée, de deux ans son aîné, déjà licencié en droit, et étudiant de troisième année dans cette «école Boutmy». Une inscription qu’il renouvellera en novembre 1885 avec Alfred Viollet du Breil, son voisin de la rue Oudinot, plus tard auditeur à la Cour des comptes, puis, une ultime fois, en novembre 1886. Assurément, ces deux lieux auront compté dans son émancipation intellectuelle, plus encore dans son acceptation de la république «sur le terrain constitutionnel».

Sous l’influence de «l’école de la paix sociale» C’est à l’extrême fin de l’année 1883, à la veille de ses vingt et un ans, que Pierre de Coubertin adhère au groupe de Paris des Unions de la paix sociale, sur la recommandation de son cousin nivernais, le comte de Damas. Fondées en 1872 par Frédéric Le Play, les Unions sont incontestablement à la mode dans les milieux libéraux-conservateurs: un quart des quatre cents membres du groupe de Paris au 1 janvier 1888 sont issus de l’aristocratie. Pierre est alors amené à s’intéresser à la question ouvrière. Avec Jules Angot des Rotours, il assure le secrétariat du comité qui enquête sur les «petits logements en France et à l’étranger»; cette idée a été lancée en 1887 par la Société d’économie sociale (Ses), à l’initiative de Georges Picot, le futur promoteur de la politique de logement social et des «habitations à bon marché». [«Je dois beaucoup à Le Play»] Pierre de Coubertin a probablement été sensible au programme de Le Play: maintien de la stabilité dans les foyers domestiques et de l’harmonie dans les ateliers de travail, d’une part, relèvement de la patrie, d’autre part, par application du devoir

32 «Je dois beaucoup à Le Play»

La Société d’Économie Sociale fondée par Le Play se doublait des va ma gratitude maintenant que le soir approche. À ces deux hommes, «Unions de la Paix Sociale» créées pour répandre en province les je dois plus que je ne puis dire. doctrines de ce grand homme. La Société continuait son effort de — sociologie scientifique; les Unions représentaient l’application pra- Pierre de Coubertin, Mémoires d’un éclaireur (vers 1931), tique des conséquences à en tirer […]. Elles allèrent s’effritant, paral- Archives Geoffroy de Navacelle. lèlement aux Cercles catholiques d’ouvriers fondés par Albert de Mun, franchement sectaires ceux-là et dont je me tins toujours écarté. Je dois beaucoup à Le Play […]. De son œuvre ample et saine, deux idées-mères se dégageaient, base de toute science sociale. La premiè- re, c’est qu’il n’y a point d’évolution organique des peuples comparable à celle des individus, qu’il n’existe point pour les nations une jeunesse, un âge mûr et une vieillesse, mais qu’il est au pouvoir de toute collec- tivité de refaire la santé de la génération suivante en vivant sainement elle-même. Cette grande loi n’était pas acceptée alors ; on y voyait une hérésie, source d’un dangereux optimisme. La seconde, c’est que pour observer une société par la méthode monographique si féconde et si vraiment scientifique, il faut commencer par porter ses investigations sur une cellule intacte et non une cellule malade, de même que si l’on veut se rendre compte du mouvement d’une montre, on ne choisira pas pour l’examiner une montre cassée ou défectueuse mais une montre en bon état. L’expérience de ma vie cosmopolite a sans cesse confirmé la valeur essentielle de ces deux lois; elles m’ont servi de boussole dans un temps où la croyance aux décadences fatales et la recherche générale du «cas morbide» risquaient de fausser irrémédiablement le juge- ment de la jeunesse. Ainsi, Le Play fut avec Arnold le maître auquel social de patronage, dans un total esprit d’indépendance à l’égard des partis politiques. Frédéric Le Play, qu’il qualifie lui-même d’«authentiquement conservateur», tente bien là d’explorer une troisième voie sociale et morale, qui minore la question de la dévolution du pouvoir central et accorde un rôle déterminant au Décalogue et à l’initiative privée. Une troisième voie entre révolution et réaction, entre socialisme égalitariste et absolutisme passéiste, entre individualisme anarchique et dictature d’un seul. C’est bien cette marginalisation du politique en regard de l’action sociale qui se trouve au cœur du projet de Le Play. Celui-ci a en effet construit sa pensée théorique et pratique sur ce double postulat que la réforme sociale à accomplir prime sur la question du régime politique, et que les «Autorités sociales» actives aux échelons domestique, communal et provincial, doivent neutraliser l’action de l’État. L’estime dans laquelle l’Action française a pu tenir, au tournant du siècle, l’œuvre de Frédéric Le Play explique le discrédit jeté sur les «continuateurs oubliés» qui ont accepté la république. Sans jamais reprendre à son compte la célèbre formule de Le Play – «la théocratie dans le monde des âmes, l’autorité paternelle dans la famille, la démocratie dans la commune, l’aristocratie dans la province, la monarchie dans l’État» –, Pierre de Coubertin aura toutefois intégré cette extrême méfiance à l’endroit du politique. Et il aura également puisé dans le corpus de cet ingénieur et économiste des arguments «sociaux» qui lui permettront de se rallier précocement à la république, et qui le hanteront jusqu’à la fin de sa vie.

La «lumière» de l’École libre des sciences politiques Dans ces années de «crise allemande» de la pensée française, le jeune Pierre de Coubertin adopte la «référence anglaise». Contre le modèle autoritaire et centralisateur de la victorieuse Allemagne, il fait donc le choix de la modernité libérale et de la stabilité conservatrice si caractéristiques du rival anglais héréditaire. Cette conversion, il la doit certes à la fréquentation des partisans de Le Play, à la lecture des Notes sur l’Angleterre, d’Hippolyte Taine (1872), et de La Réforme sociale, de Frédéric Le Play (1864), à ses voyages outre-Manche à partir de l’été 1883,mais surtout aux cours de ses professeurs de l’École libre des sciences politiques (Elsp), fascinés par les réussites économiques et politiques anglaise et américaine. Coubertin est, dès lors, un étudiant extrêmement assidu et consciencieux, comme le prouvent sa présence régulière aux conférences et le soin porté à transformer ses prises de notes en véritables manuels de classe. Peut-être la nouvelle «section générale de droit public et d’histoire», qui s’ajoute en 1883 aux deux sections administrative et diplomatique, l’a-t-elle attiré. À la différence de la majorité des élèves de l’école, qui réclame des enseignements professionnels permettant la réussite aux concours administratifs, Pierre de Coubertin paraît être la recrue rêvée par les fondateurs de l’Elsp: l’étudiant politiquement libéral et socialement conservateur qui aspire à une carrière politique.

34 [Des formateurs «d’un type jusque-là inconnu»] «Refaire une tête au peuple», «former le futur homme d’État», tels sont les objectifs que se sont fixés le philosophe Émile Boutmy et le bibliothécaire de l’École des beaux-arts Ernest Vinet lorsqu’ils imaginent, après 1870, «l’année terrible», de porter remède à l’infériorité de la France, pointée par Ernest Renan dans La Réforme intellectuelle et morale, en substituant une élite de la compétence à celle de la naissance. La presse radicale soupçonne alors l’Elsp d’être une «école de politique», «d’hostilité ou d’indifférence aux institutions actuelles», de demeurer un bastion de l’orléanisme. Opinion nullement partagée par Jules Ferry, qui a bien conscience que «beaucoup de libéraux, et de sympathiques, beaucoup plus assurément qu’à la Faculté de Droit», figurent parmi les membres du conseil d’administration. De fait, des républicains incontestables figurent parmi les premiers actionnaires, comme les Havrais Jacques et Jules Siegfried. Et le directeur, Émile Boutmy, prend soin de recruter des professeurs modérés comme Alexandre Ribot. Une telle ambiguïté a probablement fort bien convenu au jeune Coubertin, qui n’est pas encore un rallié au moment de sa première inscription. Dans le système d’enseignement mis en place par Boutmy, la discipline historique joue le rôle à la fois d’épine dorsale pour les sciences des administrateurs et de paravent politique: «Le gouvernement prendra de nous moins ombrage, affirme Boutmy, si nous sommes plus historiens que philosophes.» Cette histoire méthodique et très contemporaine exercera une grande influence sur l’écriture historique et la culture diplomatique de Pierre de Coubertin. Tout comme la culture du compromis et du réformisme, mais également la civilité, qui contribuent à transformer les «sciences-po» en «gentlemen républicains». Les vertus cardinales de l’Elsp sont la personnalité, la respectabilité, la vocation, la conscience et la maîtrise de soi, le fair-play, l’associationnisme, la promotion de l’individu dans le citoyen, la paix et la solidarité sociale. Préférant la liberté à la démocratie, toujours en quête du «juste milieu», professeurs et élèves de l’Elsp se rencontrent donc autour d’une synthèse entre progressisme et conservatisme qui, au fil des années 1890, il est vrai, penchera insensiblement vers le traditionalisme.

Une formation d’homme d’État Les enseignements que Pierre de Coubertin a suivis rendent compte de cette ambition d’une formation généraliste inhérente à la maturation des hommes politiques de stature nationale et internationale. Ses professeurs ont incontestablement élargi son horizon aux mondes anglo-saxon et colonial et lui ont permis d’assimiler la modernité du libéralisme politique. L’initiation au droit et à l’histoire constitutionnelle représente, de fait, un axe fort de son cursus. Au directeur Émile Boutmy, lui-même professeur d’histoire constitutionnelle comparée (Angleterre et États-Unis) et auteur d’une Philosophie de l’architecture en Grèce, Coubertin emprunte à la fois un intérêt pour le modèle anglais (et sa stabilité politique et sociale)

35 Des formateurs «d’un type jusque-là inconnu»

S’il est avéré que la formation de citoyens d’élite doit être le premier et le plus noble objectif de chaque université, alors l’École libre a toute légitimité à prendre rang parmi les universités françaises. En effet, celle-ci s’est signalée en échappant à la spécialisation, ce sport étriqué souvent à l’origine, ici comme ailleurs, d’un appauvrissement de l’enseignement universitaire. En faisant appel à la fois à des hommes d’État comme Ribot et Léon Say,à des historiens comme Albert Sorel et Vandal, à des économistes comme Leroy-Beaulieu et Levasseur, à des hommes d’affaires et à des professionnels, Émile Boutmy a fabri- qué des formateurs d’un type jusque-là inconnu. Nombre d’entre eux avaient vécu ce qu’ils avaient en charge d’enseigner; tous avaient appris par l’expérience davantage encore que par leurs lectures. L’École s’était donné pour objectif de préparer les jeunes hommes à la haute administration ou à la diplomatie, afin d’alimenter l’État en ins- pecteurs des finances et en personnel administratif de qualité. Mais, la grande majorité de ceux qui suivaient les cours de ses professeurs improvisés étaient des étudiants eux-mêmes improvisés, des hommes libres de leur temps ou bien déjà diplômés, ardents à l’idée d’ap- prendre sans objectif précis. — Pierre de Coubertin, «The Revival of French Universities», American Monthly Review of Reviews,juillet1897,extrait, notre traduction. et une curiosité pour la vie américaine. Surtout, il aura été marqué par la conférence exceptionnelle sur «Les Constitutions françaises» donnée en 1886 par le républicain Alexandre Ribot, plusieurs fois ministre de 1890 à 1917. Le député du Pas-de-Calais l’aura acclimaté à la république en lui faisant entrevoir combien la Constitution de 1875 permet une synthèse honorable entre la tradition, incarnée dans le Sénat et la présidence de la République, et le progrès, symbolisé par la Chambre des députés. Cet adversaire de Gambetta puis de Boulanger, partisan «d’une politique de progrès, de modération et d’apaisement», est peut-être, avant Jules Simon, le premier républicain à avoir influencé Pierre de Coubertin. Coubertin doit à l’ancien secrétaire d’ambassade Albert Sorel d’être initié à «l’histoire diplomatique de l’Europe de 1789 à 1885», envisagée d’un point de vue à la fois polémologique et irénologique. Pour le secrétaire général de la présidence du Sénat, le droit, compris comme la pratique française des relations entre États, prime la force, sous-entendue allemande. Persuadé que la paix acquise sur le continent européen doit permettre les conquêtes coloniales, il est de ceux qui ont abandonné l’idée d’une revanche sur l’Allemagne et qui soutiennent les politiques tunisienne et tonkinoise de Jules Ferry. Pierre de Coubertin en retiendra la leçon. Le jeune Pierre de Coubertin eut assurément moins d’appétence pour l’économie politique. Il n’a pas la culture des chiffres et juge cet enseignement «trop statistique». Sa doctrine économique, il la construit au croisement des thèses libérales orthodoxes que professe l’ancien ministre des Finances Léon Say, le petit-fils du célèbre théoricien Jean-Baptiste Say, et de la tentative de conciliation entre morale et libéralisme opérée par Paul Leroy-Beaulieu. Incontestablement, l’amateurisme universitaire opposé au «spécialisme» utilitaire des carrières représente l’idéal scolaire pour Pierre de Coubertin comme pour les fondateurs de l’Elsp. Avec l’amateurisme sportif auquel il adhère au même moment et qu’il promouvra par la suite, il donne là une autre illustration de la culture aristocratique de la gratuité et du refus du professionnalisme comme des professions.

La transition sportive de Pierre de Coubertin Dans ces années 1883-1887, Pierre de Coubertin devient adepte des sports anglo- saxons sans renier les traditions corporelles de la caste aristocratique. Il ne saurait pour autant être assimilé à un simple sportif; il est bien plutôt un gentleman sportif, un sportsman. En digne représentant des arts nobiliaires français, il pratique fort bien l’escrime, l’équitation et la danse. Tout comme ses deux frères, tout comme sa sœur, il est en effet un honnête cavalier. En revanche, il semble être le seul des quatre Coubertin à ne pas goûter les plaisirs de la chasse. L’escrime le passionne véritablement: il n’a pas vingt ans qu’il fonde même avec quelques amis un petit cercle, rue de Bourgogne. N’a-t-il pas voulu inventer en 1906 une nouvelle discipline

37 doublement aristocratique, l’escrime à cheval? Il aime les conflits qui se résolvent à coups de poing et de canne, et ne craint pas de régler ses différends en duel. Héritier des pratiques chevaleresques, il découvre les sports anglais à l’occasion de ses séjours outre-Manche de l’été 1883, des printemps et automnes 1886 et 1887, sports qu’il importera en France. Selon la tradition familiale, il aurait ainsi inauguré la première partie de en France sur le lawn de la propriété maternelle de Mirville. On connaît une photographie le représentant en tenue de tennisseur, avec trois de ses condisciples de l’Elsp sur les terrains de la Société de sport de l’île de Puteaux (Ssip). Il pratique également le («l’aviron») – d’ailleurs, il en fera assidûment jusqu’à la fin de sa vie, à Lausanne, ses biceps en faisant foi –, ainsi que la bicyclette, sillonnant en tous sens la campagne havraise. Il est un adepte de la «lenteur vélocipédique», celle des membres de l’Association vélocipédique amateur (Ava) et du Touring Club de France, dont il fait partie. Peut-être est-il encore quelque peu pedestrain («marcheur»): parfois il joue le rôle du lièvre lors des rallyes-paper opposant les différentes associations sportives scolaires de la capitale. Mais il ne semble avoir pratiqué ni football, ni rugby, ni même aucun autre sport collectif. Surtout, il n’apparaît jamais comme compétiteur sur les tablettes du journal de l’Usfsa, Les Sports athlétiques, mais plutôt comme starter ou bien comme arbitre. Il n’a pourtant que vingt-sept ans. On ne lui connaît donc aucune prouesse athlétique. Il est plutôt un adepte de la pratique sportive régulière et désintéressée, de la chaise longue après l’effort, un adversaire des entraînements intensifs qui produisent des animaux humains. Il n’est pas un champion. Il joue par ailleurs le rôle de conseiller sportif auprès des élèves de l’école Monge, à la suite probablement d’un accord passé avec le directeur réformateur de cette institution libre d’enseignement secondaire. À la Toussaint 1888, il accompagne, par exemple, les jeunes élèves en déplacement culturel et sportif au collège d’Eton. Il accorde alors autant d’importance à la pratique qu’à sa gestion par les élèves: les sociétés sportives scolaires sont, pour lui, l’école du self-government («autonomie»). C’est d’ailleurs auprès des lycéens et des étudiants qu’il diffuse en 1890 et 1891 la Revue athlétique, dont il a l’initiative et la direction, une revue littéraire et sportive qui glorifie l’aventurier et l’homme d’action. Enfin, il est aussi l’un des premiers dirigeants du sport français. Au titre de délégué de la Ssip, il est alors le secrétaire général de la première fédération sportive française, l’Usfsa, dont la devise est «ludus pro patria», soit «le jeu pour la patrie». Bien plus que ses aînés qui s’adonnent aux joies du yachting ou bien encore fréquentent le Jockey Club, Pierre de Coubertin se distingue par sa modernité sportive. Mais à des fins de réforme sociale et patriotique: «rebronzer la France» devient alors son slogan. Déjà en 1887, dans un article inédit à la gloire du rowing consigné dans les dernières pages d’un de ses cahiers d’auditeur à l’Elsp, il évoque les Jeux olympiques, des Jeux imaginés dans leur modernité anglo-saxonne. [«Hurrah pour le “rowing” et les Jeux olympiques!»]

38 «Hurrah pour le “rowing” et les Jeux olympiques!»

Beaucoup de gens ont vu en Angleterre des exercices nautiques et ne tire pas tout ce qu’il peut donner; il peut plus que cela; il faut que l’on se doutent pas qu’ils ont été transportés en France déjà depuis long- en fasse un concours de muscles, et un concours d’énergie. Et chose temps; et ceux qui n’ont pas visité l’Angleterre savent à peine en quoi curieuse! Cela ne se peut guère qu’avec des hommes déjà occupés par ils consistent. Or il y a très loin du «Rowing» au vulgaire canotage; ailleurs. Ceux qui peuvent y donner tout leur temps (il ne devrait pas il y a toute la distance qui sépare une simple récréation d’un sport, y en avoir, il est vrai) ne le font pas pour cette éternelle raison qu’il n’y c’est-à-dire d’un exercice pour lequel il faut se donner du mal, beau- a rien de plus occupé qu’un homme qui ne fait rien. […] coup de mal et dont on n’arrive pas du premier coup à goûter les âpres Ce que j’aime encore dans le «Rowing» c’est le caractère essentiel- jouissances. lement privé de ce sport; il est né de lui-même et il grandit de ses Les huit rameurs qui assis au ras de l’eau dans les bateaux de cour- propres forces sans la protection de l’État; si les sociétés de tir et de se tout étroits et longs de 17 mètres se préparent à soutenir l’honneur gymnastique sont utiles et louables, combien plus le sont les groupe- du Club dont ils portent les couleurs ont été soigneusement triés ments que n’atteint pas cette nuance de militarisme et d’autoritarisme parmi les moins lourds et les plus résistants. On les a exercés dès long- qui envahit toutes nos institutions. Les jeunes gens du «Rowing» ont temps individuellement et ensemble; on les a assouplis et éreintés de commencé modestement; mais ils ont forcé la presse à les mettre en travail; et quand est venue l’époque du concours ils se sont soumis à avant et l’opinion publique à s’arrêter sur eux. À présent chacun de un régime de sommeil et de nourriture dont l’expérience a manifesté leur match attire plus de spectateurs et provoque plus d’applaudisse- les bons résultats mais qui n’est point douce. Pendant tout ce temps ments. Et ce n’est pas seulement à Paris, c’est par toute la France que ils ont accepté volontairement une discipline exacte, obéissant à leur les bateaux à huit rameurs glissent sur les flots. capitaine sans un murmure ni une hésitation : c’est une fameuse école Le «Rowing» est évidemment réservé à un brillant avenir. de discipline qu’un bateau de courses! — Pourquoi tout cela! Parce qu’il y a dans le «Rowing» quelque Hurrah pour le «Rowing»! chose de cet enthousiasme des jeux olympiques de l’ancienne Grèce Pierre de Coubertin, manuscrit inédit, vers 1887. renouvelé chez les athlètes de la moderne Angleterre. Or cet enthou- siasme est un élément nécessaire au sport pour qu’il joue dans une société le rôle moral qu’il peut si efficacement remplir. Le sport dans lequel on ne cherche qu’une distraction, un délassement d’un moment est sans doute bon pour la santé, salutaire et hygiénique; mais on n’en Ainsi se clôt pour le jeune baron un cycle d’initiation à la vie d’adulte et de publiciste au cours duquel il se sera familiarisé avec les règles du droit, avec la question sociale au sein des Unions, avec la pensée politique et la science administrative à l’Elsp, avec le débat parlementaire à la Conférence Molé. Où il aura appris également à transmuer la tradition aristocratique du touring («voyage touristique») en une démarche systématique et raisonnée, celle de l’enquête monographique, source de sa pensée éducative. Son inscription à l’Elsp illustre ainsi la tendance nouvelle qui se manifeste au sein des élites traditionnelles: les parcours universitaires s’ajustent dorénavant aux nouvelles donnes économiques, induites par les révolutions industrielle, coloniale et politiques, provoquées par la conquête républicaine du Sénat et de la présidence en 1879. Désormais, Pierre de Coubertin dispose des clés politiques et culturelles qui lui permettront d’approcher les orléanistes ralliés comme Léon Say ou Edgar Raoul-Duval, les grandes figures modérées de la gauche républicaine de l’Assemblée nationale de 1871 comme Jules Ferry et Jules Simon (que Pierre de Coubertin rencontre probablement à la Société d’économie sociale en mai 1887), les ténors de la république progressiste comme Alexandre Ribot.

Campagnes sportive et olympique 4 Peut-être Pierre de Coubertin aura-t-il longtemps, et discrètement, caressé l’espoir d’une carrière politique qu’il eût pu construire dans les terres maternelles normandes. Mais à aucun moment, entre 1888 et 1903, il ne sera parvenu à porter sur le terrain politique ses convictions politiquement libérales et socialement conservatrices. Repoussé vers le centre modéré par la montée du nationalisme de droite et du dreyfusisme radical et socialiste, il se persuade au fil du temps que la réforme éducative d’initiative privée, sociale et morale, présente davantage d’efficacité que l’action parlementaire. Cette double campagne pacificatrice et pacifiste, il va la conduire aux échelles française et internationale.

40 La tentation d’une carrière politique L’acceptation de la république par Pierre de Coubertin peut être aisément datée de février-mars 1887, grâce aux deux discours qu’il prononce alors à la Conférence Molé, cette tribune politique des étudiants parisiens. On peut alors le ranger parmi les jeunes monarchistes persuadés que le retour du roi n’est possible en France que dans le cadre du parlementarisme et acceptant la Constitution de 1875 au nom de l’intérêt national. Membre jusque-là de l’Union monarchique, à laquelle il reproche son aveuglement doctrinaire, il rejette toute alliance avec les «impérialistes», partisans des Napoléons, et, sans avoir vraiment perdu l’espoir d’une restauration monarchique, il pousse ses amis politiques au rapprochement non seulement avec les libéraux, mais encore avec les opportunistes. Il est une frontière qu’il ne franchit pas: celle du radicalisme, auquel il déclare la guerre. Cette inflexion politique peut être rapportée au «pré-ralliement» esquissé après les élections d’octobre 1885 par le cousin germain de Léon Say, le député de l’Eure Edgar Raoul-Duval. Au moment où certains républicains pensent à se concilier les voix de la droite, l’orléaniste Raoul-Duval tente en effet de créer une droite constitutionnelle et républicaine, qui anticipe de cinq années sur le ralliement préconisé par Léon xiii. Deux années seulement après sa sortie de l’Elsp, Pierre de Coubertin a manqué rejoindre cette «droite républicaine» et mener campagne pour les élections législatives de 1889, qui virent la victoire de la «concentration républicaine» des opportunistes et des radicaux modérés sur le boulangisme. Dans ses Mémoires, il rapporte en effet qu’il avait «à peine atteint [sa] vingt-cinquième année que des démarches furent faites par des groupes d’électeurs en vue de [l]’attirer dans la politique». Prenant conseil auprès de son ancien professeur Alexandre Ribot, qui l’encourage à accepter malgré son jeune âge, et «par devoir envers le pays», il se détourne finalement d’une telle carrière. Coubertin précise: «Je courus au Bois de Boulogne pour “respirer” comme si je venais d’échapper à un danger affreux auquel je me serais exposé inconsciemment [car] je voulais rester étudiant jusqu’au bout.» Masquée par la parabole de l’«éternel étudiant», cette fausse entrée en politique signale à la fois une incontestable capacité locale d’influence, peut-être une immaturité de l’électorat, et une concurrence politique vive entre les différents représentants havrais de la modération et de la conciliation. De nouveau en 1893 et 1898, il décline les propositions qui lui sont faites, mais, en ce «moment Dreyfus» où la radicalisation de la vie politique menace l’hégémonie des modérés, il ne se prive pas de diffuser sa profession de foi de non-candidat pour mieux «éclairer l’opinion». Jamais mieux que dans sa Lettre aux électeurs de l’arrondissement du Havre (Librairie havraise, mars 1898), Pierre de Coubertin n’aura affirmé ses convictions politiques avec autant de clarté. Convaincu, à l’instar de Le Play, que la «formule sociale» primera à l’avenir sur le «procédé gouvernemental», il clame son opposition aux socialistes et aux radicaux au nom de la défense des intérêts privés «contre l’ingérence de plus en plus active de l’État». Pour cela, il soutient les «hommes distingués [depuis deux ans au pouvoir] qui se sont donné

41 pour tâche précisément de barrer la route à la Révolution sociale»: le modéré président du Conseil Jules Méline, Alfred Rambaud à l’Instruction publique, Gabriel Hanotaux aux Affaires étrangères, Louis Barthou à l’Intérieur. Il est vrai que le slogan du très protectionniste Méline, «ni la révolution, ni la réaction», ne peut que rassurer ce partisan d’une nécessaire «évolution française», du nom de l’ouvrage qu’il publie en 1896 chez Plon.

Le modèle des public schools Lorsque Pierre de Coubertin présente, pour la première fois, son «éducation anglaise» le 18 avril 1887 et lance publiquement, le 30 août suivant, dans Le Français de Thureau-Dangin, sa campagne pour l’introduction du sport dans l’enseignement secondaire, son acceptation de la république est encore toute récente et non dénuée d’ambiguïtés. C’est à l’occasion des voyages qu’il a effectués en Angleterre de juillet 1883 à novembre 1887 qu’il a forgé sa conviction: les public schools (établissements secondaires privés) sont la pierre philosophale de l’Empire anglais. Coubertin a eu l’occasion de visiter et d’étudier, selon les règles de la monographie le playsienne, les universités d’Oxford, de Cambridge et de Dublin (Trinity College), ainsi que onze public schools: Harrow, Rugby, Winchester, Marlborough, Westminster, Cooper’s Hill, Christ’ Hospital, Edgbaston et Oscott (Oratoriens), Beaumont ( Jésuites). Il reste à citer Rugby College, l’école du muscular christian («athlète chrétien») Thomas Arnold, le modèle de Pierre de Coubertin en matière de pédagogie. [Coubertin, victime consentante de la légende arnoldienne] Pierre de Coubertin présente ses convictions pédagogiques le 18 avril 1887, lors d’une conférence sur «l’éducation anglaise», présidée par Claudio Jannet, professeur d’économie politique à l’Institut catholique – ce dernier se déclare empli de joie de voir se révéler ainsi «un véritable talent». Après un premier développement à propos de la célèbre formule de Mgr Dupanloup «Instruire n’est pas élever», Coubertin vante le système anglais d’éducation à la liberté par la responsabilité et l’autosurveillance, mais plus encore le rôle «à la fois physique, moral et social» qu’y joue le sport. L’introduction du sport dans l’enseignement secondaire français permettrait ainsi de résoudre deux problèmes majeurs: le surmenage et le vice des internats. Le premier de ces problèmes, le surmenage, «un mot barbare» selon Jules Simon, a donné l’occasion durant l’hiver 1887 à l’Académie de médecine de rappeler les lois de l’hygiène et de réclamer une diminution du temps de classe ainsi qu’un allégement des programmes d’enseignement. Opposé aux récréations et aux promenades, craignant l’affaiblissement et le ralentissement des études, Coubertin est persuadé que le véritable remède au surmenage se trouve dans «le contrepoids que le sport fournit à la fatigue intellectuelle». Le sport présenterait un deuxième avantage, celui d’éloigner des internats «le vice et la corruption», autrement dit l’onanisme

42 Coubertin, victime consentante de la légende arnoldienne

Dans un chapitre fondamental de sa thèse, John MacAloon a montré à quel point Pierre de Coubertin a proposé à ses lecteurs une vision déformée du quotidien lycéen à Rugby et de l’action du headmaster («directeur») Thomas Arnold. Sans être totalement victime de la légende arnoldienne qui a déferlé sur l’Angleterre des années 1880, Pierre de Coubertin aurait trouvé là son héros, son prophète et son père de substitution. Parce que cela lui rappelait trop sa propre scola- rité chez les Jésuites, il a voulu ignorer que Thomas Arnold avait pour objectif de faire de son école «un instrument de la gloire de Dieu», le lieu de la lutte contre Satan. De plus, il a soigneusement évité de rappeler les exigences d’Arnold en ce qui concerne la maîtrise des compétences classiques, sa réputation de brute, la perpétuation du fagging (domesticité des petits envers les grands). Il a surtout sur- estimé la liberté concédée aux garçons des public schools,notamment aux élèves de dernière année (sixth form), en réalité utilisés comme une machine efficace pour discipliner la masse des élèves scolarisés et dif- fuser parmi eux l’influence du «Docteur». La plupart des libertés des lycéens anglais de Rugby dateraient en fait d’une période préarnol- dienne et furent conservées seulement dans la limite du bon ordre et des exigences morales chers au headmaster. et l’homosexualité. Il est un troisième fléau: le déclassement. Le jeune baron définit les déclassés comme «tous ceux qui, ayant reçu une éducation supérieure à leur condition sociale, n’ont pas eu le talent de s’en servir pour sortir de cette condition et s’affranchir de son joug». Qu’ils rejoignent les rangs des «résignés» ou des «révoltés», ils ont les uns comme les autres intérêt à la révolution, cet envers de la paix sociale. Tout en convenant de la légitimité et du caractère irrésistible du mouvement qui porte chacun à s’instruire, Pierre de Coubertin encourage les jeunes gens riches à prendre le chemin des écoles professionnelles, agricoles, commerciales et industrielles, et réclame, sur le modèle des Anglais, la distinction entre le «classique» et le «moderne» afin que «chacun reste à sa place». Ainsi, le jeune Coubertin occupe une position médiane dans la querelle des «anciens» et des «modernes». À sa manière (sportive), il est un «ancien mais un réformiste», un partisan des humanités gréco-latines qui refuse l’ancienne pédagogie, un militant de l’intégration de l’enseignement dit spécial (professionnel) à l’enseignement secondaire, un pourfendeur du «nivellement égalitaire», un zélateur de «la différence entre démocratie et égalité». En se déclarant l’adversaire du surmenage, de la corruption et du déclassement, Coubertin escompte rallier à sa cause sportive la Faculté de médecine, l’Église et les amis de la paix sociale. [«Un compte rendu élogieux sur son premier livre»]

«Rebronzer une jeunesse veule et confinée» Peut-on imaginer aujourd’hui un jeune homme de vingt-cinq ans menant campagne auprès des pouvoirs publics en vue de réformer l’enseignement secondaire par l’introduction d’une nouvelle discipline, en l’occurrence le sport? Telle fut l’entrée en République du jeune baron Pierre de Coubertin en 1887.Selon lui,le sport galvaniserait les énergies d’une jeunesse qu’il considère comme «veule et confinée» et détournerait les lycéens insurgés contre les pions et les étudiants émeutiers vers le plein air, vers les bois et les parcs de la capitale. Quoique très patriotique, son projet n’est en rien revanchard. Il s’agit bien plutôt de «rebronzer» les jeunes gens des internats de telle sorte qu’ils soient capables bientôt de soutenir la concurrence avec les capitaines d’industrie et les coloniaux britanniques. En s’affrontant sur les terrains de sport et en gérant leurs propres associations sportives scolaires, ils sont censés endurcir leur corps et leur caractère tout en s’initiant au self-government. Le sport présente en outre cet avantage, pour Coubertin, de leur faire intégrer, sous la forme du fair play, des valeurs chevaleresques tombées en désuétude: l’honneur, le courage, le respect de l’adversaire… [Le Comité pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation (mai 1888)] Pierre de Coubertin multiplie alors les outils pour convaincre les autorités étatiques de diffuser le sport en milieu scolaire: le Comité pour la propagation

44 «Un compte rendu élogieux sur son premier livre»

Personne n’a oublié avec quelle bonne humeur spirituelle M. de Coubertin a raconté ses excursions à travers les public schools et les uni- versités, et comment il a su tirer de ses observations précises des juge- ments réfléchis et motivés. Nous n’avons ici qu’à applaudir au succès qui partout dans la presse et l’opinion a accueilli ce volume [Pierre de Coubertin, L’Éducation en Angleterre. Collèges et universités,Paris, Hachette, 1888]. Au surplus nos lecteurs savent qu’il s’agit ici moins d’un bon livre que d’une bonne action: ces études méthodiques sur les exemples donnés par l’Angleterre en matière d’éducation ont été le point de départ et d’appui d’un mouvement de réforme dont nous avons salué déjà les heureux résultats. Tous ceux que préoccupe juste- ment l’avenir de notre jeunesse, et qui veulent pour elle une éducation virile, exempte de surmenage, appropriée aux nécessités modernes, aimeront à lire L’Éducation en Angleterre et à s’instruire ainsi par les leçons de l’expérience. — La Réforme sociale, 1 septembre 1888. Le Comité pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation (mai 1888)

Surnommé «Comité Jules-Simon», du nom de l’ancien président du Conseil et ministre de l’Instruction publique, ce comité est dû à l’ini- tiative de Pierre de Coubertin, qui en est le secrétaire général. Sa fina- lité n’est pas seulement de remédier au surmenage, mais aussi de fabriquer des hommes. À l’autoritarisme allemand et à la gymnas- tique militaire amorosienne et joinvillaise, aux anciens jeux français bons pour les enfants, le comité préfère la liberté britannique et les sports. Pierre de Coubertin, davantage encore que ses collègues, est persuadé que l’on fera ainsi «de meilleurs citoyens sans préparer de moins bons soldats». Concrètement, Coubertin avait planifié, d’une part, l’organisation de concours et de prix, d’autre part, l’établisse- ment de trois «parcs scolaires» de façon à desservir les principaux groupes formés par les établissements d’enseignement de la capitale, qu’ils soient lycées d’État ou établissements libres, laïques comme religieux. Le Comité Jules-Simon agrège des représentants de l’Université, des grandes écoles et des établissements libres de Paris, des médecins, des officiers supérieurs, le monde de la presse et de l’édition, les directeurs des compagines de chemin de fer ainsi que des grands parcs parisiens, les présidents de sociétés sportives. Outre le cas de Jules Simon, il est remarquable de noter que trois des quatre vice-présidents du comité (Georges Picot de l’Institut, le docteur Rochard de l’Académie de médecine, le général Thomassin), ainsi que le Dr Lagrange, Alexis Delaire, Émile Boutmy et Godard appartien- nent à l’École de la paix sociale. Ces deux derniers siègent également au Conseil supérieur de l’instruction publique. des exercices physiques dans l’éducation (mai 1888), ses trois ouvrages publiés chez Hachette sur les éducations anglaise et américaine, le Congrès international à Paris pour «étudier la question de la propagation des exercices physiques dans l’éducation», la Revue athlétique, à la fois littéraire et sportive, à destination des lycéens et étudiants (1890-1891), des rallyes-paper et autres championnats, conférences… C’est auprès des dynamiques directeurs des établissements libres non confessionnels de la capitale que Coubertin enregistre ses premiers succès: l’École alsacienne et l’école Monge, véritables «laboratoires pédagogiques» pour l’enseignement public, créent leurs premières associations sportives scolaires, qui viennent rejoindre les rangs des sportifs civils de l’Usfsa. Bien accueilli par les Oratoriens, il connaît en fait ses premiers échecs avec les Dominicains et les Jésuites, particulièrement rétifs à l’introduction d’une pratique jugée païenne, dégradante, et corruptrice car copiée des public schools protestantes. Pierre de Coubertin devra attendre l’arrivée du père Didon à la tête du collège d’Arcueil pour trouver un allié de poids chez les catholiques français: le 4 janvier 1891, l’école Albert-le-Grand devient le premier établissement catholique à adhérer à l’Usfsa. Coubertin ne s’inspirera-t-il pas de la devise inventée par le prieur dominicain pour ses ouailles sportives: «Plus haut, plus vite, plus fort»? Le ministre de l’Instruction publique, Léon Bourgeois, ayant autorisé en 1890 les lycéens à s’associer pour pratiquer leurs jeux et tenir leurs réunions culturelles, Pierre de Coubertin entreprend en 1890 un tour de France des rectorats pour soutenir la naissance des premiers clubs sportifs. Le lobby sportif lié aux républicains libéraux et modérés doit alors faire face à une campagne de dénigrement mené par la Ligue nationale de l’éducation physique de Paschal Grousset, soutenue par les républicains radicaux, qui promeut, quant à elle, les «jeux français». [Une ligue concurrente qui promeut des jeux français et républicains] Ne trouvant que trop peu d’appuis dans les milieux parisiens, Pierre de Coubertin va changer d’échelle et récupérer, pour le moderniser, cet «air du temps olympique» qui flotte, depuis le milieu du xix siècle, en Europe: «Promenades olympiques» du petit séminaire du Rondeau près de Grenoble (1832-1906), Jeux à l’antique financés par le patriote grec Zappas (1859, 1870, 1875, 1877, 1889, 1891, 1893), fouilles de l’Allemand Ernst Curtius à Olympie (1875-1881), Jeux olympiques de Much Wenloch organisés dans le nord de l’Angleterre par le Dr Brooks depuis 1852… Mais c’est bien le refus de reconstituer un olympisme sans tenir compte de la modernité ainsi que la dimension pacifiste des Jeux et leur survie au-delà de la Grande Guerre qui donnent à l’entreprise de Pierre de Coubertin sa singularité.

La conversion de Pierre de Coubertin au pacifisme patriotique (1889) C’est par l’entremise de son mentor Jules Simon, membre d’honneur du Congrès de Paris pour la paix de 1889, que Pierre de Coubertin se familiarise avec le pacifisme alors en vogue dans les milieux libéraux européens. À ses côtés, il organise à Paris

47 Une ligue concurrente qui promeut des jeux français et républicains

Dès le 31 octobre 1888, le Comité pour la propagation des exercices l’organisation et le fonctionnement des associations athlétiques for- physiques dans l’éducation se découvre un groupement concurrent, la mées par les jeunes gens des deux pays». Dans sa Campagne de vingt et Ligue nationale de l’éducation physique. Animé par Paschal un ans, Pierre de Coubertin justifie cette entreprise comme devant Grousset, ce cercle veut apporter une double réponse politique à la permettre d’élargir «le cercle des modèles à suivre» pour mieux menace boulangiste de la Ligue des patriotes de Déroulède et au contrer l’accusation d’anglomanie lancée par Paschal Grousset, dès Comité Jules-Simon, jugé conservateur. Contrairement aux alléga- lors présenté comme « champion du nationalisme ». Ce voyage tions du baron, qui dénonce «la Ligue des petits patriotes», elle n’a d’études réalisé du 21 septembre au 14 décembre 1889 donnera lieu en aucunement pour objectif de militariser et d’embrigader la jeunesse. 1890 à une troisième publication à caractère monographique aux édi- Ne souhaitant pas limiter son action à «une certaine classe d’enfants, tions Hachette, intitulée Universités transatlantiques. tels que ceux des lycées et des collèges», la ligue pose à Pierre de Coubertin le redoutable problème de l’inscription de la controverse dans le champ politique. Ainsi s’affrontent ceux qui, autour du jeune baron, souhaitent introduire les sports anglais dans les lycées et ceux qui militent aux côtés du vieux communard pour l’introduction démocratique des anciens jeux français dans les trois ordres d’ensei- gnement, du primaire à l’université. De novembre 1888 à sep- tembre 1889, Pierre de Coubertin répond aux attaques de l’adversaire en multipliant les initiatives médiatiques et en actionnant un réseau qui se révélera plus efficace, car mieux intégré aux sphères opportu- nistes du pouvoir. Mais il mène également le combat sur le front pra- tique et théorique. En effet, par arrêté de mission en date du 17 juillet 1889, Armand Fallières, ministre de l’Instruction publique, sur inter- vention de Jules Simon, charge Pierre de Coubertin de «visiter les Universités et les Collèges du Canada et des États-Unis et d’y étudier un congrès international «pour étudier la question de la propagation des exercices physiques dans l’éducation», qui lui permet de constituer un premier réseau de pédagogues et de sportsmen en Europe et au-delà, dont certains figureront cinq ans plus tard dans le premier Comité international des Jeux olympiques. À vingt-six ans, il fait donc sien un programme d’action qui vise à la paix universelle entre les patries par l’éducation sportive et historique des futures élites. Mais il faut attendre la conférence qu’il prononce lors du jubilé de l’Usfsa, en novembre 1892, pour que soit énoncée pour la première fois l’idée du rétablissement des Jeux olympiques: à la manière d’un géopoliticien du sport d’aujourd’hui, Pierre de Coubertin rapporte les politiques extérieures des États aux cultures corporelles nationales, puis il énonce son projet, saugrenu pour l’assistance. Il est désormais persuadé qu’il existe «une étroite corrélation entre l’état d’âme, les ambitions, les tendances d’un peuple, et la manière dont il comprend et organise chez lui l’exercice physique». Aux trois capitales mondiales des exercices physiques, Berlin, Stockholm et Londres, correspondraient selon lui autant de zones d’influence athlétique, donc diplomatique. Coubertin crédite la gymnastique allemande, «militaire dans son essence», des victoires de Sadowa et de Sedan, reprenant à sa manière l’antienne de la supériorité de l’instituteur allemand sur l’instituteur français. Mais surtout, le danger serait grand, à ses yeux, d’une germanisation des États-Unis. Par le développement des sociétés gymnastiques, la colonie allemande installée outre-Atlantique ajouterait «l’esprit disciplinaire qui distingue le soldat germanique» aux vertus des milices des États fédérés. Six ans avant le conflit hispano-américain, Pierre de Coubertin se considère comme «l’un de ceux qui croient que, dans l’avenir, le gouvernement de Washington aura le canon facile». Les Suédois, quant à eux, «un peuple heureux qui a peu d’histoire depuis cent ans», seraient devenus neutres grâce à la pratique du patinage, «sport national et bienfaisant», et de la gymnastique de Ling, «la gymnastique des faibles» selon le Dr Lagrange, c’est-à-dire des jeunes enfants, des malades et des vieillards. Les Britanniques, enfin, devraient leur empire colonial à leurs officiers et commerçants moralement formés, à compter des années 1830, par la pratique des sports et de l’athlétisme dans les public schools et les universités d’Oxford et de Cambridge. Ainsi, à la gymnastique allemande, artificielle et tournée vers la guerre, et à la gymnastique médicale des Suédois, louable mais si peu «virile», Coubertin préfère le sport pour son culte désintéressé de l’effort et l’émulation qu’il engendre. Le sport offrirait ainsi à ses pratiquants une troisième voie, à la fois compétitive et pacifique, et préparant à la nouvelle expansion commerciale et coloniale de la France, en rupture avec le dogme national de la Revanche. Après avoir dénoncé l’impuissance de la gymnastique à venger Sedan et «la mascarade des bataillons scolaires», après avoir exalté le patriotique Club alpin et la vénérable escrime,

49 Pierre de Coubertin poursuit sa démonstration en imputant la renaissance des sports en France à la création de l’Usfsa (1887) et à la publication dans Le Français de son propre article promouvant le sport comme remède au surmenage des lycéens. [«Les Jeux olympiques, une idée de dernière minute»] Mais son discours, trop décalé, n’emporte pas l’adhésion des dirigeants de l’Usfsa. Il devra donc patienter deux années de plus pour arriver à ses fins. Entre-temps, il aura obtenu l’appui de ses amis américains sportsmen, négocié avec Démétrios Bikélas, l’envoyé du souverain grec, et déployé des trésors de diplomatie avec les différents représentants du sport occidental. C’est en effet dans les marges d’un congrès parisien tout entier préoccupé par la question de l’amateurisme sportif que l’olympisme moderne est né.

Le congrès international de Paris pour l’amateurisme Incontestablement, Pierre de Coubertin est la cheville ouvrière du congrès, celui qui tient la correspondance, adresse les invitations, organise les dosages entre les nationalités et les différentes disciplines représentées. Sa légitimité est pourtant très faible: ni diplomatique, ni politique, ni universitaire. Au sein même de l’Usfsa, son rôle n’est pas décisionnel mais stratégique, puisqu’il occupe les fonctions de secrétaire général et de collaborateur de la revue hebdomadaire Les Sports athlétiques. Pour preuve, l’initiative de convoquer à Paris ce congrès international «pour l’étude et la propagation des principes d’amateurisme» doit être portée au crédit d’Adolphe Palissaux, un membre influent de l’Usfsa préoccupé par les progrès du professionnalisme. Pierre de Coubertin n’a pour seul mérite que d’avoir arraché in extremis l’ajout d’un alinéa qui évoque «la possibilité du rétablissement des jeux olympiques et les conditions dans lesquelles ils pourraient être rétablis». La situation est critique, car la multiplication des rencontres sportives entre clubs étrangers empêche de plus en plus le contrôle du respect par les athlètes des deux règles d’or de l’amateurisme anglais: ne jamais recevoir d’argent, ne pas concourir avec un professionnel – tel l’aristocrate autrefois surpris à travailler, le sportsman déroge dans ce cas au contact des professionnels, perd son honneur, sa gloire, son exemplarité et la reconnaissance de ses pairs. En effet, les sept premiers points figurant dans le programme préparatoire ne concernent que l’amateurisme, sa définition, la distinction entre œuvre d’art et prix en espèces, l’affectation des ressources provenant des billets d’entrée au stade, l’indemnisation des frais de déplacement, le développement des paris sportifs, la possibilité de rencontres entre amateurs et professionnels. Il s’agit bien, pour les congressistes, d’adopter une norme commune et offensive, d’établir une définition internationale de l’amateurisme permettant de résister aux progrès récents et menaçants du professionnalisme et du mercantilisme sportifs. [La définition de l’amateurisme, une norme franco-anglaise]

50 «Les Jeux olympiques, une idée de dernière minute»

Comme le révèle le manuscrit de son discours, il n’avait pas prévu ini- tialement de proposer le rétablissement des Jeux olympiques. Sa pre- mière conclusion, biffée par la suite, contenait un simple appel au développement des associations athlétiques scolaires et au renforce- ment des liens avec l’Université. Mais, reprenant son souffle, Pierre de Coubertin discourt habilement sur la double originalité «démocra- tique et internationale» du sport par rapport aux gymnastiques alle- mande et suédoise et aux jeux des vieilles provinces françaises, puis déclare: «Il y a des gens que vous traitez d’utopistes lorsqu’ils vous parlent de la disparition de la guerre et vous n’avez pas tout à fait tort mais il y en a d’autres qui croient à la diminution progressive des chances de la guerre et je ne vois pas là d’utopie. Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont fait plus pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien j’ai l’espoir que l’athlétisme fera plus encore : ceux qui ont vu 30000 per- sonnes courir sous la pluie pour assister à un match de football ne trouveront pas que j’exagère. Exportons des rameurs, des coureurs, des escrimeurs; voilà le libre-échange de l’avenir et le jour où il sera introduit dans les mœurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura reçu un nouvel et puissant appui. Cela suffit pour encourager votre serviteur à songer maintenant à la seconde partie de son programme; il espère que vous l’aiderez comme vous l’avez aidé jusqu’ici, et qu’avec vous, il pourra poursuivre et réaliser sur une base conforme aux conditions de la vie moderne, cette œuvre grandiose et bienfaisante: le rétablissement des Jeux Olympiques.» («Manifeste olympique», discours à l’Usfsa du 25 novembre 1892. La définition de l’amateurisme, une norme franco-anglaise

La première commission en charge des questions relatives à l’amateu- risme attire essentiellement les représentants des disciplines mena- cées par le professionnalisme: cyclisme (douze membres sur vingt- neuf ), sports athlétiques (sept membres) et sports nautiques (cinq membres). Composée surtout de Français (vingt délégués) et d’Anglais (cinq délégués), elle adopte une définition assouplie de l’amateurisme, en regard du règlement de l’Amateur Rowing Association, qui excluait les ouvriers: le «sport pour l’honneur» étant la formule «fondamentale et intransformable à laquelle on doit tendre», l’on considère désormais comme amateur « toute personne qui n’a jamais pris part à un concours ouvert à tous venants, ni concouru pour un prix en espèces ou pour une somme d’argent, de quelque source qu’elle provienne, notamment des admissions sur le terrain, ou avec des professionnels, et qui n’a jamais été à aucune période de sa vie, professeur ou moniteur salarié d’exercices phy- siques» (vœu i). C’est cette définition que retient la deuxième com- mission, dite «commission olympique», à deux nuances près: les épreuves d’escrime seront ouvertes aux professionnels (vœu ix) et les athlètes devront présenter des gages de bonne moralité (vœu x). Ainsi, les olympiades modernes devaient-elles consacrer des athlètes polyvalents, et non spécialisés comme les professionnels. En ce qui concerne les modalités de sélection des athlètes, elles ne sont pas encore prévues: certains s’inscriront à titre individuel, d’autres seront élus par les clubs, fédérations, voire par les comités olympiques en cours de constitution. Aussi, les discours inauguraux du 16 juin 1894 ont probablement provoqué la surprise et l’ire des délégués britanniques, car, à aucun moment, les orateurs sollicités par le commissaire général Pierre de Coubertin n’évoquent la question de l’amateurisme. Seules sont évoquées la réforme de l’éducation par les exercices athlétiques et la pacification des relations internationales par le rétablissement des Jeux olympiques. Le doyen du corps diplomatique français, le sénateur Alphonse de Courcel, prononce un plaidoyer enthousiaste en faveur du «juste développement des exercices corporels» et, dénonçant le surmenage intellectuel, vante les «vertus éducatrices de la gymnastique et du sport». S’il n’envisage pas de «poursuivre la chimère du désarmement européen», il clôt son discours par un souhait: que «le rétablissement des jeux olympiques puisse être dans ce sens [pacifique] un puissant auxiliaire», car «amenant le respect mutuel, qui est le premier fondement de la paix parmi les peuples». À la suite, les arts poétiques et lyriques sont habilement convoqués pour emporter l’adhésion au projet olympique d’une assistance, il est vrai, éclairée et philhellène. Jean Aicard déclame quelques strophes sur le thème «la Force et le Droit»: le poète et l’athlète, dans un compagnonnage inédit, incarneraient ainsi la légalité française comme envers de l’agression allemande. Et sur une musique composée pour l’occasion par Gabriel Fauré, Jeanne Remacle récite l’«Hymne à Apollon des athlètes delphiques» que l’École française d’Athènes a découvert à Delphes l’année précédente. Sur l’estrade et dans la salle, hommes politiques, pédagogues et responsables sportifs se côtoient de façon inédite: le chef de cabinet du président du Conseil, le directeur de l’enseignement secondaire (représentant le ministre de l’Instruction publique), le vice-recteur de l’académie de Paris, les doyens des facultés parisiennes de lettres et de sciences, entourent ainsi les sept commissaires français du congrès et les soixante-dix-huit délégués des quarante-neuf sociétés sportives françaises et étrangères adhérentes. Dans le public, outre le Paris mondain et sportif, sont présents les proviseurs des lycées et les directeurs des écoles secondaires libres de Paris, tous engagés dans le mouvement d’introduction des sports athlétiques dans l’enseignement secondaire français suscité en 1888 par Pierre de Coubertin. Rares sont les ambassades étrangères à Paris qui ont manifesté leur intérêt pour cette réunion inédite. Seuls y assistent le chargé d’affaires de la Grèce Criésis, l’ambassadeur américain Eustis et le ministre Due, représentant la double monarchie de Suède et de Norvège. Ces trois États identifient, les premiers, le rôle potentiel que peuvent jouer les compétitions internationales comme instruments de la diplomatie. On relèvera enfin, avec Dietrich Quanz, la forte proportion de pacifistes libéraux au sein du comité de patronage du congrès, environ un quart des cinquante membres d’honneur, tous liés au Bureau international et permanent de la paix (1891) et au Bureau de l’Union interparlementaire (1892): le député Bonghi et le comte

53 Fisogni pour l’Italie, Feldhaus pour le Reich allemand, Frédéric Bajer pour le Danemark, Balfour pour l’Angleterre, Henri Lafontaine pour la Belgique, Alexandre Hegedius pour la Hongrie, ainsi que Hodgson Pratt, président de l’Alliance universitaire internationale, Élie Ducommun, président du Bureau international et permanent de la paix, le baron de Suttner, et les Français Ernest Lavisse, Joseph Reinach, Frédéric Passy. Lors du Congrès pour la paix de Rome en novembre 1892, Hodgson Pratt n’a-t-il pas déjà évoqué l’idée de rencontres athlétiques entre étudiants étrangers comme l’un des points de son programme d’Union internationale des universités, et Frédéric Passy enthousiasmé l’assemblée en montrant que ces concours étaient destinés à devenir «le rendez-vous pacifique des nations»? Cette filiation entre olympisme et pacifisme pan-européen est occultée par Pierre de Coubertin dans ses Mémoires.

La rénovation olympique, fruit d’une négociation entre Français et Grecs Pour parvenir à ses fins olympiques, Pierre de Coubertin doit adopter, pour le congrès de 1894, une stratégie d’apaisement, en rupture avec le militantisme prosportif et très français qu’il affiche depuis 1886. Sa véritable chance réside, à la vérité, dans le faible intérêt des congressistes pour son projet de rétablissement des Jeux olympiques. Les Anglo-Saxons, gardiens du temple du sport, n’accordent en effet aucun intérêt à la deuxième commission, finalement composée essentiellement de délégués français (onze sur dix-sept membres) et de quelques universitaires et gymnastes égarés, venant des marges nordiques, orientales et méditerranéennes de l’Europe. Coubertin rencontre toutefois l’opposition des sportsmen du Polo Club de Paris, qui proposent que les premiers Jeux de l’ère moderne se tiennent dans la capitale du sport: Londres. Il passe alors alliance avec le représentant des autorités grecques, Démétrios Bikélas, et infléchit son projet initial d’une olympiade parisienne dans le cadre de l’Exposition universelle de 1900. Les Jeux rénovés auront leur première édition à Athènes en 1896, puis se transporteront à Paris quatre ans plus tard. C’est Pierre de Coubertin qui a sollicité, dès le mois d’avril 1894, le patronage de Georges i, roi de Grèce, par l’entremise de son ami l’archéologue américain Charles Waldstein, responsable des fouilles d’Argos. Il existe bien alors à Athènes un Comité Zappas, du nom de deux frères qui avaient tenté au milieu du siècle de ressusciter les épreuves athlétiques de l’Antiquité, mais il est moribond, et ses finalités n’étaient pas internationales mais panhelléniques. Les autorités grecques agissent alors via la seule société athlétique active et d’importance dans le pays, la Société panhellénique de gymnastique d’Athènes. Présidée par le prince héritier Constantin, elle choisit de remettre son projet de rénovation olympique entre les mains d’un Grec vivant à Paris, Démétrios Bikélas. Ce dernier reçoit ainsi à son domicile, quelques jours avant le congrès, d’une part un diplôme le faisant membre de la Société panhellénique de gymnastique et d’autre part un mémoire à lire aux congressistes, appelant «tous les peuples

54 civilisés qui se réclament de la Grèce antique» à participer aux futurs Jeux olympiques rétablis. Quant à la liste des épreuves olympiques, elle est aussi le résultat d’un subtil dosage diplomatique. On peut même parler ici d’un «équilibre européen des disciplines olympiques»: pratiques athlétiques des anciens Grecs comme le lancer du disque, concours de gymnastique et de tir, arts nobiliaires de l’escrime et de la paume, disciplines sportives de la modernité fin-de-siècle (football, lawn-tennis, vélocipédie…). C’est là le résultat d’un compromis passé entre les sociétés conscriptives (voir p. 72) de tir et de gymnastique, entre le projet grec de retour aux épreuves de l’Antiquité et le projet de Pierre de Coubertin de concours de sports modernes. Il n’est jusqu’au linguiste français Michel Bréal qui invente une chimère sportive symbolisant bientôt à elle seule les Jeux olympiques modernes: l’épreuve du marathon, née au croisement de la référence historico-littéraire à la victoire des Grecs sur l’envahisseur perse et de l’habitude prise par les cyclistes et les pedestrians de repousser toujours plus loin les limites de la performance humaine. [Les vœux «olympiques» adoptés en 1894 à Paris] Après avoir joué du philhellénisme occidental pour rapatrier les Jeux à Athènes, le souverain grec s’appuiera aussi sur l’olympiade rénovée pour conforter sa propre dynastie, d’origine danoise. Coïncidant avec la pâque orthodoxe et avec le soixante-quinzième anniversaire de la proclamation grecque d’indépendance, la victoire hellène de Spiridon Louïs dans l’épreuve du marathon, au cours des premiers Jeux, déchaîne la joie des spectateurs grecs. Mais en raison de la défaite militaro-navale de 1897 contre la Turquie, il faudra attendre l’année 1906 pour voir les Grecs tenter de conserver sur leur sol national les nouvelles olympiades. Pour le dixième anniversaire du rétablissement des Jeux, en 1906, les autorités grecques feront de nouveau appel au talent de Démétrios Bikélas pour une ultime tentative de conserver les Jeux dans leur mère patrie. Fruit d’un compromis franco-grec, leur caractère itinérant (une règle définie dès l’origine) devait en fin de compte assurer aux Jeux leur pérennité et leur universalité. [Démétrios Bikélas, un «diplomate grec hors cadre»]

Le premier Comité international des Jeux olympiques, des administrateurs européens La performance de Démétrios Bikélas ne s’arrête d’ailleurs pas à la désignation d’Athènes comme première ville-hôte puisque, à l’issue du congrès, il est élu premier président du Comité international des Jeux olympiques (Cijo). À ce titre, il a la responsabilité de l’organisation des futurs jeux d’Athènes en 1896, c’est-à-dire des négociations à mener avec les autorités de son pays. La direction franco-grecque du Cijo est, elle aussi, le résultat des tractations entre le représentant de la monarchie hellène et le réinventeur des Jeux olympiques. Aux côtés du président Démétrios

55 Les vœux «olympiques» adoptés en 1894 à Paris

La commission olympique adopte d’abord le principe du rétablisse- ment des Jeux (vœu viii): «Nul doute ne pouvant exister sur les avan- tages que présente le rétablissement des Jeux Olympiques tant au point de vue de l’athlétisme qu’au point de vue moral et international, que ces jeux soient rétablis sur des bases et dans des conditions conformes aux nécessités de la vie moderne.» Puis, la commission établit la liste des sports représentés «autant que possible» aux Jeux olympiques (vœu xii): sports athlétiques (courses, sauts, lancement du poids et du disque) débouchant sur un championnat général d’ath- létisme dénommé «pentathle», sports nautiques (aviron, voile, nata- tion), jeux athlétiques (football, lawn-tennis, paume), patinage, escri- me (fleuret, sabre, épée), boxe, lutte, sports hippiques et polo, tir et gymnastique (exercices individuels, mouvements d’ensemble), véloci- pédie, prix d’alpinisme. Le vœu xiv stipule que «les Jeux Olympiques ne pouvant réussir qu’avec l’appui des gouvernements, le Comité international fasse toutes les démarches nécessaires auprès des pou- voirs publics afin de s’assurer leur concours officiel». Enfin, la commission olympique, considérant que le délai de six ans est bien trop long, retient l’année 1896 comme date de la première olympiade et propose une périodicité quadriennale. Seule la question du lieu des premiers concours devra être résolue en séance plénière. Démétrios Bikélas, un «diplomate grec hors cadre»

Dans cette offensive diplomatique menée par la monarchie grecque, dix-sept langues, raconte le drame des populations semi-indépen- il y a un personnage clé: Démétrios Bikélas (1835-1908), membre dantes des pays victimes de la répression ottomane de 1821. Bikélas d’une famille de commerçants grecs établis à Londres et à Marseille. poursuit cette campagne à Paris, où il s’installe à compter de 1878. Peu au fait en matière sportive comme il le reconnaît lui-même, il réa- Comme beaucoup d’autres négociants grecs occidentaux, Démétrios lise, lors du congrès de Paris, une remarquable performance diploma- Bikélas figure sur la liste des membres fondateurs et des donateurs tique. D’abord élu par acclamations président de la commission dite de l’Association pour l’encouragement des études grecques en France. olympique, c’est lui qui obtient ensuite des congressistes que les Jeux Sa générosité et son érudition lui valent même d’intégrer très tôt le rénovés se déroulent à Athènes. Sa réussite, il la doit à son habileté bureau de cette société philologique et humaniste ; il en est le vice- à activer l’un des ressorts de la diplomatie grecque au xix siècle: président en 1894. L’article qu’il publie en 1891, dans la Revue d’histoire le philhellénisme occidental. diplomatique, sur le philhellénisme en France dans les années 1820 est Figure emblématique de la littérature grecque contemporaine, cet un moyen de diffuser officieusement la position de la Grèce sur la autodidacte joue, durant trois décennies, un rôle important dans la question d’Orient. Pour lui, la Grèce moderne devrait être soutenue réactivation du sentiment philhellène auprès des élites insulaires et par les puissances occidentales dans la mesure où sa renaissance continentales. À Londres, il traduit ainsi en grec moderne encourage les autres peuples chrétiens d’Orient à s’émanciper et Shakespeare et Robert Burns, donne une version anglaise de Homère, oblige la Turquie à entrer, pour son propre bien, dans la voie de la tout en commentant parallèlement dans la presse spécialisée les pro- civilisation. Assurément, son écriture de l’histoire a aussi valeur d’en- grès économiques de son pays d’origine. Ses contes et ses poésies, gagement dans l’histoire en train de se faire, comme le prouve son rédigés tantôt dans une langue grecque classique, tantôt en démo- deuxième essai historique sur la Grèce médiévale. Augmentée cette tique, lui valent, auprès de ses compatriotes, une réputation incontes- fois de chapitres d’histoire contemporaine, La Grèce byzantine et moder- tée d’auteur national au moment même où la querelle philologique ne lui donne l’occasion de célébrer le régime parlementaire adopté en entre Anciens et Modernes connaît son apogée. Avec Les Byzantins, 1875. En quête de reconnaissance internationale, le roi Georges i ne publié en 1874, il propose une ambitieuse vulgarisation des travaux pouvait rêver meilleur ambassadeur de l’hellénisme et de la moderni- historiques en cours sur la Grèce médiévale. C’est cette réhabilitation té hellène que ce «diplomate grec hors cadre» (Sully Prudhomme). même de la Grèce chrétienne et impériale qui sert de justification his- torique aux velléités hellènes d’expansion en mer Égée contre les pré- tentions bulgare et turque. Son roman Loukis Laras (1878), traduit en Bikélas, on trouve donc deux Français: le secrétaire général Pierre de Coubertin et le gymnaste Ernest Callot, qui joue le rôle de trésorier, une fonction qu’il exerce également à l’Usfsa. Pour le reste, les appartenances nationales comme les carrières sportives et professionnelles des treize membres du comité traduisent un équilibre à la fois des nations et des disciplines sportives. La représentation française est quant à elle équilibrée par trois délégués du sport anglo-saxon, insulaire et colonial. Passé par Eton et Oxford où Pierre de Coubertin l’a rencontré, lord Ampthill est un dirigeant sportif de grande expérience malgré ses vingt-quatre printemps. Ses performances à l’aviron et sa qualité d’aristocrate lui valent les prestigieuses présidences de l’Oxford Rowing Club, de l’Oxford University Boat Club et du London Rowing Club. Charles Herbert, collaborateur du journal sportif The Field, représente l’orthodoxie anglo-saxonne en matière d’amateurisme. Ce secrétaire de l’Amateur Athletic Association a pour associé le Néo-Zélandais Leonard A. Cuff, qui occupe une fonction similaire à la tête de la New Zealand Amateur Athletic Association. [Les Amériques bénéficient de deux représentants au Cio] L’Europe scandinave, centrale et orientale, davantage familière des pratiques gymnastiques, bénéficie, elle, de quatre représentants. Premier docteur en philosophie de l’université moderne de Prague, Jiri Guth-Jarkovski est alors un professeur de lycée provincial, peu sportif, mais ardent patriote et observateur attentif du système français d’éducation. Férenc Kémény, diplômé des facultés de lettres et de sciences de Budapest et de Paris, directeur de l’école moderne d’Eger en Hongrie, est membre du Bureau international et permanent de la paix. Si le général de Boutowski, attaché à la direction des écoles militaires russes, joue un rôle tout à fait secondaire, sa cooptation doit être rapportée au contexte français russophile. Passé par la marine marchande et militaire suédoise, le commandant Victor Gustav Balck est premier professeur à l’Institut central de gymnastique de Stockholm. Il est aussi un ardent propagateur du sport en Suède. Fondateur dans les années 1880 de clubs d’aviron et de patinage, il est à l’origine de l’Association gymnastique suédoise et participe en 1892 à la création de l’Union internationale de patinage, dont il devient président en 1893. C’est à l’occasion des démonstrations des gymnastes suédois données à Paris lors du congrès de 1889 que Pierre de Coubertin l’a rencontré. Enfin, le remplacement de Lucchesi-Palli, délégué de la Fédération de gymnastique italienne, vice-consul en poste à Paris, par son compatriote le duc d’Andria-Carafa, un «sportif étonnant», député du Parlement italien, souligne combien l’équilibre entre les nations a prédominé dans la composition du Cijo. De ce point de vue, l’entrée au comité, en janvier 1896, d’un représentant de l’athlétisme allemand, opérée sous la pression du Reich et du souverain grec, prouve combien la diplomatie des États eut à cœur de s’immiscer dans la balbutiante diplomatie olympique. Sportif complet pratiquant l’escrime, le tennis, l’équitation et la boxe, docteur en chimie et en médecine, Willibald Gebhard devient le premier membre allemand du Cijo. Par ailleurs, la cooptation d’un aristocrate belge

58 Les Amériques bénéficient de deux représentants au Cio

William Milligan Sloane (1850-1928) et le Dr Zubiaur sont tous deux très proches de Pierre de Coubertin. Le premier est ancien premier sécrétaire à l’ambassade des États-Unis à Berlin, professeur d’histoire et de philosophie à l’université de Princeton, délégué du New York Athletic Club. Son amitié avec Pierre de Coubertin date d’une ren- contre chez Taine à Paris en 1889 et de la mission officielle du jeune baron dans les universités nord-américaines quelques mois plus tard. Diplômé en droit de l’université de Buenos Aires, le Dr Zubiaur est l’unique représentant de l’Amérique latine. Il a rencontré Pierre de Coubertin lors du congrès de Paris de 1889 «pour étudier la question de la propagation des exercices physiques dans l’éducation ». Collaborateur de la Revue athlétique, il milite pour introduire le sport dans les établissements d’enseignement secondaire argentins. Sa cam- pagne énergique lui vaut d’être nommé en 1892 à la tête du Collège national de l’Uruguay. et ami de la France, le comte et avocat Maxime de Bousies, résulte très certainement d’un effet de balancier. Mais, au-delà même de la forte proportion d’aristocrates au sein du Cijo,ce qui retient l’attention, c’est le niveau élevé de formation universitaire, les préoccupations éducatives et la jeunesse relative (quarante ans de moyenne d’âge) de ces premiers dirigeants de l’olympisme. Quant à la représentation majoritaire des prosportifs, elle n’est pas seulement à porter au crédit de Pierre de Coubertin, mais s’explique aussi par le moindre intérêt accordé par les gymnastes et les Anglo-Saxons au projet olympique. Rétablis subrepticement lors de ce congrès international de Paris «pour l’étude et la propagation des principes d’amateurisme», les Jeux olympiques sont donc investis dès 1894 d’une double mission: faire rempart contre le professionnalisme dans le sport tout d’abord, pacifier les relations entre les nations ensuite. Leur promoteur, Pierre de Coubertin, parvient à enchâsser ses deux préoccupations majeures, la paix sociale et la paix internationale, dans son projet olympique. [Pourquoi la dénomination «Jeux olympiques»?] Les dirigeants de l’olympisme trouveront sur leur chemin, pendant tout le xx siècle, deux adversaires des Jeux, les États et les fédérations sportives internationales. Ainsi, même s’il ne bénéficie d’aucune existence légale, ni du point de vue de la loi française ni en matière de droit international, le Comité international des Jeux olympiques, organisme de droit privé suisse, s’affirmera comme un nouvel acteur des relations internationales. À ce titre, il appartient incontestablement à la première génération des organisations non gouvernementales apparues en Europe dans le dernier tiers du xix siècle. La force diplomatique de l’olympisme moderne, rétabli à Paris en 1894, sera de produire et d’offrir aux masses, dont le nationalisme est favorisé par les États tandis que les échanges et les médias cultivent l’internationalisme, une synthèse sportive du dialogue et du conflit, une confrontation euphémisée.

60 Pourquoi la dénomination «Jeux olympiques»?

Tout au long du congrès, il n’aura pris en définitive qu’une seule fois outre provoqué la naissance en 1901 de la Revue olympique,encore la parole, lors du banquet de clôture, pour faire taire les premières cri- aujourd’hui revue officielle du Cio. L’essentiel des textes était alors tiques à l’encontre des menées hégémoniques des sportifs et des publié en français. De nos jours, le français et l’anglais sont les deux manœuvres françaises. Il lève alors son verre à «l’idée olympique qui langues officielles du mouvement olympique, le texte français faisant a traversé […] les brumes des âges et revient éclairer d’une joyeuse foi en cas de litige. espérance, le seuil du vingtième siècle». Puis, il loue la référence grecque qui présente cet avantage d’être commune aux trois systèmes d’exercices physiques: «l’entraînement pour la défense de la patrie», «la recherche de la beauté physique et de la santé», «la saine ivresse du sang qu’on a dénommé la joie de vivre». Dès cet instant, il veut apparaître comme un rassembleur, comme un pacificateur des com- pétitions auxquelles se livrent les apôtres des différentes méthodes d’exercice physique. La dénomination ressuscitée de «Jeux olym- piques», flottant dans l’air du temps, résume d’ailleurs admirable- ment cet œcuménisme athlétique qu’il appelle de tous ses vœux. Elle évite en effet l’ornière de l’appellation «championnats du monde», qui encouragerait les différentes disciplines à se constituer en fédéra- tions autonomes, sur le modèle de l’Union internationale de patinage, née en 1893, ou bien encore celle de «concours internationaux», qui ouvrirait la voie aux intrusions des États. Enfin, elle permet d’exalter des champions désintéressés et polyvalents, au point que Pierre de Coubertin se prendra même à rêver d’une nouvelle «religio athletae». Pareillement, pour décourager les concurrences et assurer la péren- nité des Jeux compromis par la Grande Guerre, Pierre de Coubertin a pris soin de numéroter les olympiades à la façon des anciens Grecs, donnant ainsi à l’olympisme moderne son propre calendrier. Il a en Pierre de Coubertin. Chronologie

1863 naissance à Paris, le 1 janvier, de Pierre Frédy de Coubertin, quatrième et dernier enfant du baron Charles Frédy de Coubertin et de Marie-Marcelle Gigault de Crisenoy 1874-76 première scolarisation à l’école de la rue de Vaugirard 1876-81 scolarité chez les Jésuites, à l’Externat de la rue de Madrid 1881-83 préparation à l’École militaire de Saint-Cyr (admissibilité) 1883 1 l’été, voyage de la famille en Angleterre 2 en octobre, inscription en droit à l’Institut catholique de Paris 3 fin décembre, adhésion au groupe de Paris des Unions de la paix sociale 1884 en mars, inscription à l’École libre des sciences politiques l’été, visite d’Oxford 1886 «Les collèges anglais, Harrow School», premier article publié dans La Réforme sociale (1 novembre) à la suite d’enquêtes menées dans les public schools au printemps et à l’automne, et renouvelées l’année suivante 1887 1 «L’éducation anglaise», conférence faite à la Société d’économie sociale (Ses), séance du 18 avril ; entrée dans le débat pédagogique national avec la publication dans Le Français d’un article intitulé «Le surmenage» (30 août) 2 «Un programme: Le Play», conférence faite le 14 novembre à la Société nationale française à Londres 1888 1 «Le remède au surmenage et la transformation des lycées de Paris», conférence faite à la Ses, séance du 29 mai 2 secrétaire général du Comité pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation, autrement dit «Comité Jules-Simon» en juillet, publication de L’Éducation en Angleterre. Collèges et universités (Hachette) 3 «Lettre aux membres de la Ses et des Unions», La Réforme sociale (1 septembre) 1889 1 en avril, publication de L’Éducation anglaise en France (Hachette, avec une préface de Jules Simon) 2 secrétaire général du Congrès international de Paris pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation 3 «L’éducation de la paix», dernier article publié dans La Réforme sociale (16 septembre) 4 en septembre et décembre, premier voyage au Canada et aux États-Unis 1890 1 au 1 janvier, directeur-fondateur de la Revue athlétique (1890-1891) 2 secrétaire général de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (Usfsa) 3 en septembre, troisième ouvrage publié chez Hachette, Universités transatlantiques 1893 4 deuxième voyage aux États-Unis 1894 en juin, proposition de rétablissement des Jeux olympiques et constitution du premier Comité international des Jeux olympiques lors du Congrès de Paris pour l’étude et la propagation des principes d’amateurisme 1895 1 mariage avec Marie Rothan, fille de Gustave Rothan, plénipotentiaire de Napoléon iii dans les pays allemands 2 à l’automne, salle Franklin au Havre, série de «Conférences populaires sur l’histoire contemporaine» 1896 1 à Pâques, premiers Jeux olympiques modernes à Athènes 2 présidence du Comité international olympique (Cio) de 1896 à 1925 3 en juillet, publication de L’Évolution française sous la iii République (Plon-Nourrit, réunion d’articles parus dans La Nouvelle Revue de Juliette Adam ; l’ouvrage fait l’objet d’un compte rendu anonyme extrêmement critique dans La Réforme sociale 1897 23 juillet- 1 août, Congrès olympique du Havre (pédagogie, hygiène, sport) sous les auspices de Félix Faure 1899 27 mars (jour de clôture), déposition devant la commission Ribot dans le cadre de l’enquête sur l’enseignement secondaire 1900 1 Concours sportifs internationaux à Paris dans le cadre de l’Exposition universelle (ii Olympiade): première marginalisation de Pierre de Coubertin par l’État français 2 La Chronique de France est diffusée gratuitement par Pierre de Coubertin dans les universités étrangères de 1900 à 1906 1901 1 naissance de la Revue olympique,actuellement revue officielle du Cio, seule revue fondée par Pierre de Coubertin qui lui a survécu 2 Notes sur l’éducation publique (Hachette) 1905 1 publication chez Alcan du premier volume de L’Éducation des adolescents au xx siècle, consacré à l’éducation physique; les volumes suivants (1912 et 1915 ) concernent l’éducation intellectuelle (analyse universelle) et l’éducation morale (respect mutuel) 2 9-14 juin, Congrès international de sport et d’éducation physique sous le haut patronage de Léopold ii, au palais des Académies de Bruxelles 1912 Pierre de Coubertin triomphe dans l’épreuve littéraire de la v Olympiade à Stockholm avc son poème pacifiste bilingue français-allemand «Ode au sport» 1913 en mai, Congrès de psychologie et physiologie sportives à Lausanne, sous le haut patronage du Conseil fédéral de la Confédération helvétique 1915 1 4 janvier, publication dans l’Excelsior du «Décalogue de 1915. Aux jeunes Français» 2 en mars, Amélioration et développement de l’éducation physique, rapport présenté à S.E.M. le ministre de l’Instruction publique, Lausanne, Imprimerie de la Société suisse de publicité 1917 Ernest Seillière, de l’Académie des sciences morales et politiques, publie un ouvrage hagiographique, premier d’une longue série: Un artisan d’énergie française. Pierre de Coubertin 1924 Jeux olympiques de Paris: marginalisé par l’État français, Pierre de Coubertin démissionne de la présidence du Cio l’année suivante 1925 29 mai-4 juin, premier Congrès international olympique pédagogique à Prague 1926-27 publication d’une Histoire universelle en quatre volumes, financée par le ministère de l’Instruction publique et placée dans les bibliothèques des écoles normales d’instituteurs 1932 Pierre de Coubertin réunit sous le titre Mémoires olympiques les articles qu’il a livrés au journal L’Auto du 8 septembre 1931 au 27 mars 1932 1936 x Olympiade à Berlin 1937 1 le 2 septembre, décès à Genève dans l’anonymat et l’oubli 2 à la demande de Jean Borotra et d’Armand Massard, la municipalité de Paris donne le nom de Pierre de Coubertin au stade construit à proximité de la Porte de Saint-Cloud dans le cadre de l’Exposition française de 1937 1964 la France gaullienne commémore le centenaire de la naissance de Pierre de Coubertin

LES JEUX OLYMPIQUES EN FRANCE: DE PARIS À PARIS (1900-1924)

5 Alors que la candidature parisienne est à nouveau proposée pour recevoir les Jeux olympiques en 2012, la France peut s’enorgueillir d’avoir accueilli cinq olympiades: deux d’été (à Paris en 1900 et 1924) et trois d’hiver (à Chamonix en 1924, à Grenoble en 1968 et à Albertville en 1992). Distribuées inégalement tout au long du xx siècle, les olympiades «françaises» constituent des postes d’observation privilégiés pour suivre l’essor du sport et le replacer dans les grandes évolutions sociales, économiques, culturelles et politiques qui ont touché l’Hexagone depuis la fin du xix siècle. À ce titre, chacune d’elles marque un temps particulier de l’histoire du sport et du mouvement olympique et… de la France.

65 Les Jeux de l’Expo: Paris, 1900 6 Des Jeux olympiques aux Concours d’exercices physiques et de sports de Paris Avant même le congrès refondateur de l’olympisme, Pierre de Coubertin a rencontré Alfred Picard, commissaire général de l’Exposition universelle de 1900.Il lui propose, en janvier 1894, l’insertion des Jeux olympiques au sein de cette manifestation au tournant du siècle. Picard semble peu enthousiaste, ce que Coubertin traduit dans ses Mémoires olympiques par un jugement sans appel: «J’avais compris qu’il n’y avait pour les Jeux olympiques, rien à attendre de M. Alfred Picard.» En fait, ce dernier, polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, pur produit de la méritocratie et de l’excellence à la française, n’est pas opposé au sport; il se montre seulement réticent à l’idée de ressusciter ce qui lui paraît être un anachronisme dans une manifestation à la gloire de la modernité. L’aspect «vieille France» et aristocratique du baron nourrit aussi ses préventions, qui s’accentuent lorsque Coubertin crée en 1898 un comité ad hoc, présidé par le vicomte de La Rochefoucauld, pour organiser des Jeux d’élite autour d’un programme de quinze disciplines, réplique de la i première Olympiade moderne d’Athènes. Toutefois, cette initiative privée tourne court et ne reçoit pas le soutien de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques, fondée pourtant quelques années plus tôt par Coubertin. Le Comité La Rochefoucauld est dissous, et Daniel Mérillon, avocat général à la Cour de cassation et président de l’Union des sociétés de tir de France, devient délégué général aux Concours sportifs de l’Exposition universelle. Si Coubertin n’est pas tout à fait oublié puisqu’il est nommé vice-président du Comité consultatif des Jeux athlétiques et qu’il dirige la journée d’athlétisme du 19 juillet 1900, les Concours d’exercices physiques et de sports ne sont pas les Jeux de Paris qu’il souhaite. D’ailleurs, à aucun moment leur programme composite n’est présenté comme étant la ii Olympiade. [Descubes, l’un des organisateurs des Concours, vu par La Vie au grand air]

Les sports et le capharnaüm de l’Expo Comme le rappelle l’historien Christophe Prochasson, le décret du 13 juillet 1892 instituant l’Exposition universelle de 1900 affirmait que la France se devait de présenter, la dernière année du xix siècle, «un tableau des progrès de l’esprit humain pendant tout ce siècle». Dans cette perspective, l’évocation des Jeux antiques a peu de chance d’être promue au rang d’événement majeur. Il faut dire que l’exposition organisée par la Ville lumière regorge d’attractions illustrant les matériaux

66 Descubes, l’un des organisateurs des Concours, vu par La Vie au grand air (nº86, 6 mai 1900)

Pour la revue illustrée consacrée au sport, l’événement sportif de l’Exposition universelle est unique et organisé par de vrais sportsmen: «Cette absence de précédents, qui, justement à un certain point de vue, constitue un réel avantage, constitue également une grosse diffi- culté dont il s’agissait de se tirer. […] L’administration a donc choisi, d’abord, un groupe d’hommes compétents qui a formé la Commission supérieure des sports. […] M. Descubes, l’un des délégués-adjoints à M. Mérillon, est, lui aussi, un militant des sports. […] Il ne se contente pas de pratiquer l’escrime, la bicyclette, l’automobile; il a été un moment président du Stade français et de l’Association de la pres- se cycliste. Il a été pour la cause de l’enseignement physique, d’un pré- cieux secours à la Chambre des députés où longtemps il siégea et où il siégera longtemps encore.» et les énergies de la modernité: acier et ciment, électricité et pétrole. C’est aussi une célébration du dépassement des limites du corps humain par les machines et les moteurs. Parmi les dix-huit groupes de l’exposition, toutes les innovations de la deuxième révolution industrielle sont présentées: automobile, Tsf et, bien sûr, un art «vieux» de cinq ans, le cinéma. Et, pour les badauds et les visiteurs les moins férus de sciences et de techniques, des attractions décoiffantes telles que le trottoir roulant qui les emmène du pont des Invalides à la tour Eiffel, soit un parcours de 3370mètres, à deux vitesses, 4 ou 8 kilomètres/heure. Ils ont aussi le choix entre la grande roue d’un diamètre de 100 mètres et d’une capacité de mille deux cents places, un aquarium d’eau de mer et un gigantesque ballon captif, sans oublier le Palais de l’optique, le Maréorama ou la Maison du rire. L’exposition est donc un grand fourre-tout où se mêlent célébration des valeurs républicaines et nationales, culte de la science et de l’industrie, culture de masse et plaisirs de la capitale. Les Concours sportifs reprennent en partie ce principe en étant tout à la fois éclectiques, spectaculaires et républicains, ce que le Rapport final traduit de la manière suivante: «Le commissaire général en proposant cette organisation s’était inspiré de la pensée générale qui présidait à la grande œuvre de 1900: réunir une splendide manifestation sur toutes les branches de l’activité humaine en les plaçant autant que possible sous leur aspect pratique; sur ce dernier point rien ne répondait mieux au programme que les Concours d’exercices physiques et de sports.»

Les concours: une radiographie du sport français en 1900 Dans son ouvrage pionnier Sport and Society in Modern France, l’historien britannique Richard Holt étudie la naissance du sport dans la France du xix siècle en regroupant sous cette catégorie les concours hippiques, le vélo, les sports d’importation anglaise, la gymnastique et même les combats de coqs et la tauromachie. Ce catalogue bigarré peut étonner. Toutefois, si à l’époque de l’Exposition universelle une rivalité certaine sépare les gymnastes représentants des classes populaires et les sportsmen issus de la bourgeoisie et de l’aristocratie, l’enthousiasme et l’effervescence créés par la multiplication des pratiques considérées comme «sportives» entourent celles-ci de limites assez floues. Ainsi, en consultant La Vie au grand air, l’organe illustré des sportsmen fondé en 1898, on peut remarquer que les sports mécaniques ou la chasse étaient mis sur le même plan que la natation, l’athlétisme ou le rugby (football-rugby). De fait, les concours de l’exposition rendent compte de ce foisonnement sportif, point de rencontre de traditions inventées par l’Angleterre et importées de ce pays – telles que l’hippisme, l’athlétisme, le rugby et le football (football-association) –, d’exercices physiques nationaux et martiaux développés dans les pays continentaux comme l’Allemagne, la France ou l’Italie, et de sports-spectacles mécaniques dont la France s’est fait une spécialité (le vélo et, astre montant, l’automobile). Loin d’être une compétition réservée à des amateurs fortunés, les différentes épreuves

68 accueillent aussi les enfants du peuple et de la petite bourgeoisie par le biais des concours d’arbalètes ou des jeux scolaires. Les concours laissent également la porte ouverte aux professionnels: les temps héroïques du sport sont eux aussi ceux du développement d’un premier professionnalisme. Ainsi, le programme de l’épreuve de lawn-tennis prévoit deux tournois: l’un est réservé aux amateurs, dont le vainqueur homme remportera un prix «en objets d’art» d’une valeur de 1500francs; l’autre est consacré aux professionnels, le finaliste victorieux devant se contenter d’un prix de 1000 francs. Finalement, les concours veulent donner à voir toutes les ressources de ces inventions du xix siècle que sont la gymnastique et les sports, et ils reprennent ainsi deux caractéristiques essentielles du «siècle des révolutions»: l’éclectisme (qui s’exprime également dans l’architecture, notamment celle des monuments de l’exposition), et l’esprit de catalogue d’une époque désireuse de répertorier et de classifier toutes les activités humaines. [Les dix sections internationales des Concours internationaux]

Des épreuves et des sites dispersés dans l’espace et le temps Pour les visiteurs français et étrangers, l’espace de l’Exposition universelle est clairement circonscrit: du Petit et du Grand Palais (accueillant les expositions d’art) jusqu’au Trocadéro sur la rive droite, de la gare d’Orsay à la tour Eiffel sur la rive gauche, les merveilles du monde et de la France peuvent être aisément visitées, à tel point que les architectes préparant et inspectant la construction des pavillons nationaux annoncent à leurs collaborateurs: «Je vais en Chine»,«Je vais en Russie»… Les Concours athlétiques ne bénéficient pas du même caractère central. Les épreuves sont ainsi dispersées sur plus de vingt-cinq sites – certaines régates de voile sont même délocalisées au Havre. Toutefois, les deux tiers des compétitions ont lieu à l’est de Paris, dans le bois de Vincennes. Ce regroupement répond certes à une logique spatiale qui conduit à construire les équipements sportifs à la périphérie des villes, mais, comme le rappelle l’historien du sport André Drevon, il réalise aussi le souhait d’Alfred Picard d’«accomplir un acte de justice» envers les classes laborieuses, parfois jugées dangereuses, qui habitent «les quartiers de l’est de la capitale». Le sport doit donc être aussi un moyen de faire participer ces populations à la fête de l’Exposition universelle. Pour cela, un stade-vélodrome de quarante mille places bien tassées est construit à proximité de la pelouse de Reuilly. Financé conjointement par la Ville de Paris et l’État, il donne logiquement la primauté au vélo, le sport le plus populaire. Pour les «titis» parisiens, la piste municipale devient rapidement la «Cipale» (aujourd’hui stade Jacques-Anquetil). Et, à partir de juillet, les amateurs de sport peuvent s’y rendre par la première ligne de métro qui traverse Paris, de Neuilly à Vincennes. Mais les concours doivent aussi trouver refuge dans des lieux plus chics. Les épreuves d’athlétisme, le cœur des Jeux d’Athènes de 1896, ainsi que la lutte

69 Les dix sections internationales des Concours internationaux

Section i. Jeux athlétiques Section ix. Sauvetage Courses à pied et concours athlétiques Concours de manœuvres de pompes à incendie Football-rugby [rugby] Concours de sauvetage sur l’eau Football-association [football] Concours de premiers secours aux blessés civils et militaires Hockey Cricket Section x. Aérostation Lawn-tennis Concours de ballons Croquet (vingt-quatre concours de natures diverses: Jeux de boules durée, altitude, distance…) Base-ball Concours de colombophilie Crosse canadienne Longue-paume — — Balle au tamis Courte-paume Les deux sections nationales Jeux de golf Pelote basque Section xi. Exercices militaires préparatoires Fête et concours d’exercices militaires préparatoires Section ii. Gymnastique xxvi fête fédérale de l’Union des sociétés de gymnastique Section xii. Concours scolaires de France Jeux athlétiques scolaires Concours-fête de l’Association des sociétés de gymnastique Aviron scolaire de la Seine Gymnastique scolaire Championnat international de gymnastique Fête des écoles communales de la Ville de Paris Concours de fleuret interscolaire Section iii. Escrime Championnat de tir des écoles supérieures Concours de fleuret Championnat de tir des lycées et collèges Concours d’épée Championnat de tir des écoles primaires Concours de sabre Section iv.Tir Tir à la cible Tir au fusil de chasse Tir aux pigeons Tir à l’arc et à l’arbalète Tir au canon

Section v. Sport hippique Concours hippique Polo hippique

Section vi. Vélocipédie Courses vélocipédiques

Section vii. Automobilisme Concours de tourisme Concours de motocycles Courses de vitesse Concours de voitures de place et de livraison Concours de poids légers Concours de poids lourds

Section viii. Sport nautique Régates à l’aviron Concours de yachting à la voile Concours de bateaux à moteurs mécaniques Concours de natation Concours de pêche à la ligne à la corde sont organisées au bois de Boulogne, à la Croix-Catelan, fief du Racing Club de France. Le tennis est pris en charge par la Société de sport de l’île de Puteaux. Les «arts» plus anciens, tels que l’escrime ou l’équitation, ont droit aux lieux les plus prestigieux de la capitale: les Tuileries et le Champ-de-Mars pour le fleuret et l’épée, et, non loin, la place de Breteuil pour les concours équestres. Enfin, les sports nautiques (natation, voile, course de canots à moteur, pêche à la ligne…) sont distribués le long des rives de la Seine, de Courbevoie à l’embouchure du fleuve. La dispersion géographique se combine aussi avec l’espacement dans le temps: les concours commencent en effet le 14 mai avec les premières épreuves d’escrime, pour s’achever quatre mois et demi plus tard, avec la finale du tournoi de rugby.

Des Jeux républicains Si l’Exposition universelle célèbre la modernité de la fin du siècle et celle du siècle à venir, elle rappelle aussi la solidité de la iii République. C’est que le régime, né de la défaite de Sedan, vient de surmonter une épreuve aussi forte que la crise boulangiste ou le scandale de Panama: l’affaire Dreyfus. Bien que sa réhabilitation ne soit pas encore totale, le capitaine Dreyfus a été gracié en septembre 1899 et l’auteur du faux qui l’accablait, le lieutenant-colonel Henry, confondu. C’est donc une France partiellement apaisée, dirigée depuis juin 1899 par le ministère Waldeck-Rousseau, dit «de défense républicaine», qui sert de cadre aux manifestations de l’exposition et qui y réaffirme son attachement aux valeurs de 1789: liberté, égalité, fraternité. Les Concours sportifs ne sont pas exempts de cette connotation républicaine. Le sport est, en effet, un lieu de représentation des vertus nationales et de compétition avec l’étranger. Certaines disciplines, telles que le tir ou la gymnastique, sont également des vecteurs de l’idéologie républicaine et nationaliste. Pour beaucoup, ce sont en effet le gymnaste et l’instituteur prussiens qui l’ont emporté à Sedan, parce qu’ils avaient forgé le corps et l’âme des sujets de Guillaume i.Aussi,en 1882, Jules Ferry en personne avait suscité la création des «bataillons scolaires», troupes d’enfants armés de fusils de bois qui apprenaient les rudiments des exercices gymniques et de l’instruction militaire. Mais les bataillons tombent rapidement en désuétude, et le relais est pris par ce que Pierre Arnaud appelle les «sociétés conscriptives». Ces sociétés, qui associent parfois la pratique du tir à celle de la gymnastique, ont connu en effet un essor certain depuis la guerre de 1870, essor qui s’accélère dans la dernière décennie du siècle. Lieux de sociabilité populaire et d’acculturation aux valeurs de la république, ces associations gymniques se proposent de renforcer la vigueur de «la race française», expression couramment utilisée alors pour parler de la nation, et d’exposer dans des manifestations festives la force des corps républicains. Une partie des concours de 1900 reprend cet esprit: les épreuves de gymnastique, de tir, de vélocipédie, de sauvetage, les exercices militaires préparatoires et les concours scolaires renvoient à cette volonté de renforcer le corps national

72 et de préparer les soldats de la revanche. C’est d’ailleurs l’interprétation que propose La Vie au grand air le 19 août 1900. Rendant compte du concours de tir organisé au camp militaire de Satory à Versailles, la revue évoque avec force la participation populaire à l’épreuve: «Chose à laquelle on s’attendait moins, il est venu un grand nombre d’amateurs, cyclistes ou membres de sociétés athlétiques, employés, ouvriers, militaires, désireux seulement de montrer qu’ils pourraient se servir utilement de notre excellent [fusil] Lebel, si la guerre nous était déclarée.» S’il est reproché à cet événement de manquer de «cet air de fête, qui est un des mérites et des attraits des tirs fédéraux suisses», d’autres manifestations sportivo-patriotiques viennent compenser cette influence. C’est le cas de la fête fédérale de l’Union des sociétés de gymnastique de France qui, le dimanche et le lundi de Pentecôte, sert de trait d’union entre les concours et le culte officiel de la nation et de la république. Le dimanche, 466 sociétés sur les 601 que compte alors l’Usgf se retrouvent au vélodrome de Vincennes pour une série de démonstrations comprenant exercices aux engins de gymnastique, construction de pyramides humaines, courses, sauts, combats de canne et même tirs. Il ne s’agit pas de présenter aux vingt mille spectateurs présents les mérites individuels des champions; l’objectif, au contraire, est de mettre en exergue les valeurs promues par la gymnastique, telles que l’intérêt collectif, la discipline, le travail et le sens de la patrie, autant de notions que les petits Français apprennent dans les leçons de morale à l’école primaire. La journée s’achève sur un banquet de neuf cents convives, présidé par Daniel Mérillon. Le lendemain, huit mille gymnastes se retrouvent place de l’Hôtel-de-Ville pour traverser, toujours vers l’est, le Paris des sans-culottes. Ils marchent en uniformes et tenues d’exercice sur plus de 7kilomètres avant d’aller accueillir au vélodrome de Vincennes le président de la République, Émile Loubet, et le ministre de la Guerre, le général André.

Le noyau dur olympique : les épreuves d’athlétisme C’est au mois de juillet que sont organisées les épreuves vraiment «olympiques». Les sportsmen férus d’athlétisme doivent se transporter au cœur du bois de Boulogne, à la Croix-Catelan. Les installations du Racing Club de France accueillent en effet les épreuves; plus qu’un stade, il s’agit d’un parc dont la pelouse est transformée en piste grâce à des couloirs tracés à la chaux. Deux tribunes provisoires ont été installées; au total, trois mille spectateurs peuvent assister aux courses et sauts. Loin du caractère populaire des démonstrations de gymnastique ou de tir, le public d’élégantes et de sportsmen coiffés de canotiers donne un ton mondain à la manifestation. Le premier jour est consacré aux professionnels venus d’outre-Manche ou d’Europe. Les performances sont médiocres: les héros rémunérés sont fatigués ou ne sont pas là. Seuls les Anglais Bredin et Downer relèvent le plateau, mais le second se fait un claquage pendant le 110m haies, laissant le Français Tryens de l’Athletic Club du xvi arrondissement l’emporter en 21,4s!

73 La vraie compétition commence avec les amateurs. L’un des intérêts majeurs des concours réside dans la présence massive des Américains. Originaires des plus grandes universités du nord-est des États-Unis, ils raflent onze premières places et n’en laissent que deux aux Anglais, une aux Hongrois et… aux Français. Ainsi, Irving Baxter remporte deux concours de saut: la hauteur avec un bond de 1,90m obtenu au moyen d’un ciseau avec retournement intérieur, et la perche grâce à une propulsion de 3,30m réalisée sur une aire de réception remplie de sable. Son compatriote Kraenzlein gagne lui aussi deux épreuves: le 110m haies en un peu plus de 15s, et la longueur grâce à un saut de 7,18m: c’est la première fois que les 7m sont dépassés sur le territoire français. Ces performances impressionnent le public et la presse: ne sont-elles pas la preuve de la vitalité de la nation américaine face à la population française? Pour les observateurs les plus fins, c’est la preuve du bien-fondé de l’éducation américaine, qui mêle dans les établissements les plus réputés études intellectuelles et activités physiques. L’honneur du vieux continent est néanmoins sauvé par les deux victoires britanniques et le jet du lanceur de disque hongrois Rudolph Bauer à plus de 36,04m, obtenu par un mouvement de rotation. Deux épreuves font jouer la fibre nationale française: le 1500m et le marathon. Dans l’épreuve de demi-fond, le racingman Deloge mène la vie dure au champion anglais Benett. C’est dans la dernière ligne droite que ce dernier parvient à distancer l’athlète français de 2 mètres et à inscrie un nouveau record du monde de la distance en 4min et 6s. Mais le meilleur reste à venir. La délégation américaine avait demandé l’ajout d’un marathon au programme officiel et en offre même les prix. Le tracé de l’épreuve de 40km «seulement» longe les fortifications: il traverse donc la périphérie et les baraques populaires de Paris sous la canicule. De fait, l’épique le dispute au burlesque; partis de la Croix-Catelan, les concurrents font le tour de Paris dans le sens des aiguilles d’une montre. L’itinéraire n’est pas toujours bien indiqué, si bien que le Suédois Fast, longtemps leader, est obligé de demander son chemin, alors que le favori français Touquet fait un détour de plus de 400m avant d’abandonner, épuisé par un début d’insolation et après avoir bu deux bocks… de bière. Finalement, c’est le Français Michel Théato qui l’emporte devant son compatriote Champion en 2h59min. L’honneur national est sauf, et le Rapport officiel put ensuite proclamer sans sourciller: «Les courses à pied et les concours athlétiques furent la plus belle réunion de ce genre qui ait jamais été donnée dans aucun pays du monde.»

Sur la piste, les routes et dans les airs Odes au corps, les concours se veulent aussi des fêtes de la mécanique et des sciences appliquées: des chaînes de vélo au moteur à explosion, en passant par les ballons gonflés de gaz léger.

74 La bicyclette avait acquis, tout d’abord, une force d’attraction inégalée, notamment en France. Ajoutant une note cocardière à un bilan qui se voulait très positif, le Rapport officiel peut prétendre: «Quoi qu’il en soit, il est bien certain que ces concours vélocipédiques ont eu un extrême retentissement et qu’ils ont pu donner aux nations sportives l’idée très nette que la France tenait toujours, comme elle le fait depuis plus de six ans, la tête du mouvement cycliste.» Sur la piste du vélodrome, les choses sont moins claires. Dans les «principales épreuves» relevées par le Rapport, les coureurs étrangers remportent le 2000m professionnels avec le Belge Meyers, la Course des nations, gagnée par les États-Unis, le 100km avec l’Anglais Chase et la course du Bol d’or avec le Hollandais Cordang, qui parcourt en 24 h plus de 956km! Le héros hexagonal Jacquelin n’arrive qu’à la troisième place au 2000m et dans la Course des nations, alors qu’il avait été sacré champion du monde trois semaines plus tôt au Parc des Princes, le vélodrome de la Porte de Saint-Cloud. Deux titres majeurs sont toutefois remportés par des Français: Taylor gagne le 100milles professionnels et Taillandier le 1000 m amateurs. Malgré l’absence remarquée du président de la République, Émile Loubet, la semaine d’épreuves semble avoir connu un certain succès populaire, comme en témoignent les 57097,70 francs de recettes. Toutefois, elles ne constituaient qu’une compétition parmi les nombreuses courses qui composaient déjà la saison cycliste. [L’entraînement des coureurs cyclistes selon le Rapport officiel des concours] En 1900, l’automobile commence à être un article de luxe parisien recherché dans toute l’Europe. L’industrie automobile française devient d’ailleurs la première exportatrice de véhicules du monde, place qu’elle conservera jusqu’en 1914. Il est donc naturel que les concours s’ouvrent à la myriade de marques qui composent, alors, le paysage automobile français. Deux types d’épreuves sont organisés: les concours et les courses. Les premiers sont davantage des démonstrations ou des expériences proposées pour éprouver la fiabilité d’une voiture ou la sobriété d’un moteur. Ainsi le Rapport officiel souligne que le concours de motocycles «a fourni des renseignements précieux sur ces véhicules légers et leur consommation» à différentes allures. Au contraire, les courses, depuis la première épreuve Paris-Rouen en 1894, sont dédiées entièrement à la «déesse vitesse», mais ne sont pas sans périls: elles ne se disputent pas encore en circuit fermé et traversent villes et villages à des vitesses inouïes. Ainsi, un an plus tôt, le 1 mai 1899, le Belge Camille Jenatzy avait dépassé les 100km/h au volant de la «Jamais contente» à Achères, dans la banlieue de Paris. Les concours ont lieu dans un certain désordre au mois de mai. Comme le rappelle le Rapport officiel, le concours d’automobiles de tourisme, «qui promettait d’être brillant», est «entravé par les circonstances» et les «agents cyclistes» qui distribuent aux concurrents force procès-verbaux! Si une médiation auprès du préfet de police Lépine permet de mettre fin aux contraventions abusives, l’intervention intempestive des forces de police décourage de nombreux concurrents et constructeurs,

75 L’entraînement des coureurs cyclistes selon le Rapport officiel des concours

Les principes d’entraînement peuvent se résumer en quelques lignes. Ils sont d’ailleurs tout à l’honneur du cyclisme, qui a été le grand pro- pagateur, dans le monde entier, de la régénération physique de tous les jeunes gens depuis quelques années. Il est indispensable en effet pour tout athlète qui veut réussir sur piste de vivre d’une façon calme, exempte à la fois de soucis et de pré- occupations quelconques. Il est admis qu’il n’est point mauvais pour le coureur cycliste d’avoir entre les mains un métier qui occupe son esprit pendant quelques heures par jour, encore que quelques-uns ne s’en accommodent point et préfèrent se consacrer exclusivement aux soins de leur entraînement. Il est donc indispensable aux jeunes gens qui veulent courir de ne se livrer à aucun excès, et cela s’entend de toutes les habitudes qui peuvent avoir trait à toutes les fonctions du corps humain; le tabac, une nourriture lourde et indigeste, des heures de sommeil mal réglées, trop longues ou trop courtes, une existence différente d’un jour sur l’autre, l’abus des plaisirs sexuels, compro- mettent irrémédiablement les chances de celui qui veut courir, et il est bien certain que tous ceux qui ont réussi dans ces concours vélocipé- diques ont observé les préceptes ci-dessus et il n’est pas douteux que leur santé générale ainsi que leur développement musculaire n’en aient largement profité. Le précepte mens sana in corpore sano n’est en somme que le résumé de tous les préceptes d’entraînement qui ne sont plus aujourd’hui dis- cutés par personne. qui préfèrent repartir chez eux. Malgré tout, le palmarès fait ressortir quelques noms promis à un bel avenir, tels que Peugeot, Delahaye ou Panhard et Levassor. Les autres concours de voiturettes, de voitures de place et de livraison, permettent de comparer la fiabilité et l’autonomie respectives des moteurs électriques et à explosion. La course en tant que telle se dispute sur un aller-retour Paris-Toulouse. Jusqu’au dernier moment, la menace d’une interdiction administrative a plané, mais finalement 55 véhicules sont partis et 18 ont terminé l’épreuve. Le vainqueur, Leveg, parcourt les 1349km en moins de 21 h dans la catégorie «voitures», alors que Marcel Renault, le frère de Louis, remporte la catégorie «voiturettes» en 34 h. Plus que l’automobile, ce sont les concours de ballons dirigeables qui fascinent les foules. Il est vrai que le ballon est devenu, depuis le siège de Paris en 1870-1871, le symbole de la résistance parisienne. C’est encore le moyen le plus sûr et le plus précis de s’élever dans les airs. Quinze compétitions sont donc organisées de juin à octobre, portant sur la durée, la distance, l’altitude ou la précision du vol. Malgré quelques épreuves menacées par de violents orages, les concours connaissent un franc succès et deviennent des aventures dignes des romans de Jules Verne. Balsan, vainqueur de l’épreuve d’altitude, atteint 8558m, mais manque, avec son coaérostier, de mourir de froid et d’asphyxie. Dans l’une des épreuves de distance, où les concurrents doivent se laisser porter le plus loin possible hors des frontières françaises, le comte de La Vaulx parcourt 1925km et atterrit non loin de Kiev. Les paysans ukrainiens, croyant à une apparition, viennent lui baiser la main…

Le bilan des concours: des Jeux internationaux mais atypiques Si certaines épreuves comme l’automobile n’ont pas atteint «le caractère d’internationalisme» auquel les organisateurs attachaient une grande importance, alors que les aérostiers étaient tous français, le succès des concours repose malgré tout sur la participation d’un grand nombre d’athlètes étrangers. Même s’ils n’en portent pas officiellement le nom, les Concours de Paris ont dépassé en importance les Jeux olympiques d’Athènes: 34 disciplines sportives contre 9 et 58731 participants contre 300 en Grèce; 30 pays étaient représentés dans la Ville lumière, 12 dans la capitale hellène; de même, 1567athlètes étrangers ont concouru en 1900, pour seulement 81 en 1896. Mais la longueur et la disparité des épreuves, le mélange des genres qui les a caractérisées, en font des Jeux comptabilisés a posteriori et qui témoignent surtout d’une incertitude sur ce qu’est le sport. Bientôt, les démonstrations collectives des gymnastes et des tireurs apparaîtront désuètes, le croquet, l’arbalète et la pêche à la ligne ne seront plus que des loisirs pour rentiers. Et pour reprendre les propos de Georges Vigarello, «le spectacle sportif, avec ses modes d’héroïsation très particuliers, ses tableaux de réussite et d’échec, ses légendes et ses récits», va bientôt triompher. [Les pays représentés aux Concours de Paris]

77 Les pays représentés aux Concours de Paris

Allemagne Roumanie Argentine Russie Australie Suède Autriche Suisse Belgique Bohême Canada Cuba Danemark Espagne États-Unis France Grande-Bretagne Grèce Haïti Hongrie Inde Iran Italie Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pérou Portugal Les Jeux des Années folles: Chamonix et Paris, 1924 7 L’attribution des Jeux olympiques à la ville de Paris pour la deuxième fois en moins de trente ans répond à un souhait exprimé par Coubertin en personne. Le président du Cio avait en effet recommandé, en mars 1921, la candidature parisienne pour 1924 et celle d’Amsterdam pour 1928. Le vœu présidentiel est toutefois exaucé non sans mal, car Paris n’est pas la seule ville en lice. Le Comité national olympique italien (Coni) propose en effet la candidature de Rome. Le 2 juin 1921,le Cio réuni à Lausanne prend sa décision: après trois tours de scrutin, Paris obtient quatorze voix, quatre contre et une abstention. Furieux du résultat, le président du Coni, Carlo Montù, quitte la Suisse avec la délégation italienne. En même temps que les Jeux de Paris, le marquis de Polignac, membre français du Cio, obtient pour son pays l’organisation de Jeux hivernaux, qui, pour ne pas froisser les pays scandinaves, prennent le nom de Semaine des sports d’hiver.

Le sport, nouvelle «passion française» Les Jeux reviennent donc en France mais dans un contexte très différent de celui de la Belle Époque. Depuis l’immédiat avant-guerre, les exercices corporels sont devenus une pratique de masse: en regroupant les effectifs respectifs de l’Usgf, de l’Union des sociétés de gymnastique, de la Fgspf, de la Fédération gymnastique et sportive des Patronages de France et enfin les membres de l’Usfsa, la fédération multisport fondée par Pierre de Coubertin et Georges de Saint-Clair, on peut en effet considérer qu’environ huit cent mille Français s’adonnent aux joies du sport et de l’éducation physique depuis 1914. Le sport est aussi spectacle. Depuis 1903, les campagnes françaises sont traversées par une «tradition sportive inventée» et qui a assuré la pérennité du quotidien sportif L’Auto : le Tour de France. La «petite reine» symbolise bien l’essor du sport comme pratique populaire et spectacle de masse. Si la guerre interrompt un temps cet envol athlétique et fauche les héros français tel l’athlète Jean Bouin, elle joue cependant un rôle important dans la diffusion et la popularisation du sport. Comme dans le reste de l’Europe, les dirigeants des principales fédérations sportives ainsi que les ténors de la presse sportive s’emparent du thème de l’union sacrée pour prouver les bienfaits des exercices athlétiques et s’attirer les faveurs des pouvoirs publics. Pendant toute la durée du conflit, , le patron de L’Auto et du Tour, apporte sa contribution

79 à la propagande de guerre par le chauvinisme exacerbé de ses éditoriaux. Dans un style plus sobre, La Vie au grand air, l’hebdomadaire des sportsmen,évoque, le 15 décembre 1917, la «mobilisation des armées sportives de France, d’Angleterre et d’Allemagne en 1914». Il semble acquis que le front et l’armée aient permis l’acculturation sportive des masses rurales et populaires enrôlées sous les drapeaux et pour lesquelles le sport apparaissait encore comme un privilège réservé aux bourgeois. Quant à l’après-guerre, il est marqué par la volonté d’oublier la violence inouïe des tranchées et les 1,3 million de Français tombés au champ d’honneur. Le sport fait partie des divertissements des Années folles: photogénique, valorisant et dévoilant le corps, il s’intègre parfaitement dans la nouvelle culture de masse du début des années 1920. Le match de boxe Dempsey-Carpentier, disputé en Amérique en 1921, est suivi avec passion et en direct par les foules sportives de chaque côté de l’Atlantique. L’essor du sport- spectacle est aussi synonyme de «racolage» et d’«amateurisme marron», ressorts financiers illicites au regard des règlements sportifs, utilisés pour attirer les joueurs et athlètes les plus performants. L’idéal olympique est ainsi battu en brèche par des champions qui entrevoient dans le sport des carrières lucratives. Les femmes frappent aussi à la porte: l’émancipation féminine en marche depuis le début du siècle s’exprime également dans le sport; ce phénomène est illustré par , la «divine», ou encore par les footballeuses françaises et anglaises. Toutefois, comme dans le cas du professionnalisme rampant, le Cio demeure «ferme» face à ce qu’il considère comme des «abus et excès» féministes: la porte leur reste entrouverte, limitée à certaines disciplines (la natation, le patinage…).

Le sport, enjeu des relations internationales Alors que les milieux sportifs ont espéré de leur participation sans retenue à l’effort de guerre une reconnaissance officielle qui se traduirait par l’instauration d’une politique sportive financée par l’État, le sport devient un instrument de propagande extérieure. Dès le 22 janvier 1917, le secrétaire général du Comité français interfédéral du football français, Henri Delaunay, propose au ministère des Affaires étrangères une tournée à l’étranger de l’équipe de France, afin de signaler «aux pays neutres la vitalité de la race française». Il s’agit de montrer à travers des manifestations sportives que, malgré la terrible hécatombe subie notamment à Verdun, les forces vives du pays ne sont pas épuisées. Si le Quai d’Orsay décline l’offre, deux ans plus tard sont organisés les Jeux interalliés, célébration de l’alliance franco-américaine et manifestation destinée à occuper les soldats encore mobilisés. Initiative de l’état-major américain et cofinancée par la Young Men’s Christian Association (Ymca), la principale organisation protestante de jeunesse outre-Atlantique, cette «olympiade militaire» consacre la nouvelle place acquise par le sport dans les relations internationales. Ce caractère politique du sport est confirmé par la vii Olympiade d’Anvers, «ville martyre»: 29 pays et 2606 athlètes

80 y participent, à l’exception des sportifs allemands, exclus en raison de la violation en 1914 de la neutralité belge par les troupes de Guillaume ii et d’une occupation militaire de quatre ans. Mais, un an après l’occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges, les athlètes allemands seront à nouveau privés des Jeux d’hiver et d’été, alors que les héritiers de l’autre empire central, Autrichiens et Hongrois, sont invités. Leurs pays sont entrés à la Sdn en avril 1923,mais l’Allemagne n’en fait pas encore partie. C’est donc dans un contexte de développement du sport, où se mêlent démocratisation et politisation, mercantilisme et médiatisation, que doivent se tenir la Semaine des sports d’hiver de Chamonix et les Jeux de Paris.

Les premiers Jeux de la neige et de la glace: la Semaine des sports d’hiver de Chamonix (25 janvier-5 février 1924) 8 Les sports de neige et de glace en France Nés sous des horizons plus septentrionaux que ceux de la France, les sports de neige et de glace combinent deux influences: l’influence scandinave, qui fait du ski ou du patinage des éléments essentiels du mode de vie hivernal, et l’influence britannique, qui introduit dans ces pratiques le ferment de la compétition sportive. Comme l’alpinisme, qui a connu un développement plus précoce, les sports de glisse sont donc des importations étrangères qui apparaissent dans les années 1890. Le terme «ski», par exemple, est employé pour la première fois en 1894 dans l’Annuaire du Club alpin français pour désigner de «longues raquettes appelées “skis”». Cette même année, Paris se dote de sa première patinoire artificielle. Le ski est d’abord un instrument militaire qui permet aux chasseurs alpins de progresser plus rapidement sur leurs terrains de manœuvre. Toutefois, suivant l’exemple du village helvétique de Davos, les premières stations françaises d’hiver se lancent elles aussi dans les sports de glisse. En 1907 est organisé, à Montgenèvre, près de Briançon, un concours international de sports d’hiver. La manifestation est renouvelée chaque année dans un lieu différent et dans d’autres massifs montagneux français. À partir de 1910, à l’initiative du Club alpin français, des hôteliers et des syndicats d’initiative,

81 la plupart des stations renommées (Chamonix, Samoëns ou Megève dans les Alpes, Lioran dans le Massif central ou Gérardmer dans les Vosges…) organisent leur semaine de sports d’hiver. Associant montagnards locaux qui entrevoient l’intérêt de développer de nouvelles activités à la morte saison et bourgeois et aristocrates qui reviennent après leur séjour estival goûter le plaisir des pentes enneigées, les sports d’hiver semblent avoir pris en 1914 et redémarrent après l’intermède sanglant de la Grande Guerre.

Des Jeux du Nord à la Semaine des sports d’hiver D’un point de vue purement sportif, l’expression «sports d’hiver» pose un problème de définition. L’olympiade de Londres en 1908 considère en effet comme tels les disciplines que l’on pratique de l’automne au printemps, à savoir la boxe, le hockey sur gazon, le football et… le patinage sur glace. Cette discipline est régulièrement inscrite aux Jeux modernes organisés par les Britanniques, puis disparaît à Stockholm en 1912. Le président du comité d’organisation suédois, le colonel Victor Balck, argue, en effet, qu’il veut seulement proposer des jeux «d’été». En réalité, l’exclusion du patinage signale une question de concurrence sportive aiguë entre le Cio et les pays scandinaves. Depuis 1901, Suédois et Norvégiens se réunissent tous les quatre ans pour disputer les Jeux du Nord, comprenant les principales disciplines nordiques telles que courses de ski de fond ou hockey sur glace, et ne veulent pas voir entamer leur monopole sur ces «olympiades boréales», comme les appelait Coubertin. Au lendemain de la guerre, la question de l’insertion des sports d’hiver dans le programme olympique revient sur le devant de la scène. Si les Scandinaves tentent de s’opposer à la création d’une olympiade hivernale, les pays du «bloc alpin» – Suisse, France et Italie – désirent l’accélérer pour des raisons touristiques et nationales. Pour arrondir les divergences, une commission ad hoc est réunie à Lausanne en mai 1921; elle comprend cinq membres représentant les deux parties: un Norvégien et un Suédois d’un côté, un Suisse et un Français de l’autre, ainsi qu’un Canadien faisant en quelque sorte office d’arbitre. Alors que les Scandinaves semblent vouloir maintenir le statu quo, un compromis est trouvé en juin: une semaine de Jeux d’hiver ne portant pas explicitement l’adjectif «olympique» serait insérée dans le programme de la viii Olympiade et, comme nous l’avons vu, la France en serait l’organisatrice. Le Comité national olympique désigne alors Chamonix pour être le lieu de ces Jeux qui ne veulent pas dire leur nom.

Chamonix, ville olympique Le choix de Chamonix n’est pas le fruit du hasard. En 1786, deux enfants du pays, le guide Jacques Balmat et le Dr Michel-Gabriel Paccard, ont vaincu le toit de l’Europe. En réussissant à éviter les crevasses et à atteindre le sommet

82 du mont Blanc, ils ont ainsi réalisé «l’événement fondateur de l’Alpinisme moderne», pour reprendre les mots de l’historien Philippe Joutard. Attirant étrangers fortunés et curieux, la montagne renforce la position des guides, qui se regroupent en Compagnie des guides de Chamonix en 1821. C’est le début du développement d’un tourisme essentiellement estival d’abord, mais qui favorise la construction de palaces et d’hôtels. Depuis 1901, la cité savoyarde dispose d’une gare qui permet son désenclavement l’hiver; en outre, elle est certainement devenue la station de sports d’hiver française la mieux équipée en infrastructures hôtelières. Dans les années qui précèdent le premier conflit mondial, trois palaces y sont construits: le Savoy, le Majestic et le Chamonix Palace. Le conseil municipal semble avoir compris que les Jeux peuvent consolider cette position dominante et même accroître la fréquentation touristique de sa ville en hiver. Le maire de Chamonix, Jean Lavaivre, engage donc la cité dans une politique d’investissements plutôt coûteuse. Selon les termes de la convention signée tardivement, en février 1923, entre le Comité national olympique et la municipalité, cette dernière s’engage à construire une patinoire pouvant contenir une piste de 500 mètres, des vestiaires pour les concurrents et une tribune pour le public, sans oublier un tremplin de saut ainsi que des pistes de bobsleigh et de luge, équipements qu’elle promet de conserver et d’entretenir pendant au moins trente ans. Les travaux, commencés en 1923, ne seront véritablement achevés qu’en 1925, ce qui n’empêchera pas le bon déroulement des compétitions. La patinoire artificielle est la plus grande du monde (pour l’époque), elle dispose d’un éclairage électrique et d’une tribune de mille places. La surface glacée atteint 27660 mètres carrés, divisés en quatre parties: au centre la piste de hockey flanquée de part et d’autre des deux «pistes de figures» et entourée de la piste de vitesse; à l’écart, doté d’une petite tribune, est installé le terrain de curling. Le tout a un coût estimé à 1,1 million de francs, soit plus de la moitié du budget consacré aux Jeux hivernaux, alors que la municipalité a dû faire endiguer l’Arve, la rivière de la vallée de Chamonix, avant le début des travaux. L’essentiel des dépenses est d’ailleurs payé par les contribuables chamoniards, le Comité olympique français ne versant finalement que 25000 francs sur les 50000 promis initialement.

Des Jeux sportifs et… militaires Dix-sept pays et 293 concurrents (dont seulement 13 femmes) répondent présent. La délégation française compte elle-même 42 athlètes. [Les pays représentés à Chamonix] Le 25 janvier 1924, la Semaine des sports d’hiver commence dans une ambiance bon enfant, «par un cortège de Mi-carême» selon Le Miroir des sports, mais «au milieu d’un concours énorme de population et de touristes», d’après le Rapport officiel. De l’Autriche à la Yougoslavie, les athlètes des dix-sept nations représentées défilent dans les rues de Chamonix, derrière la fanfare municipale, pour arriver au «stade

83 olympique», c’est-à-dire la patinoire. Chacun porte son équipement: skis, patins, bobsleigh et même balai pour les joueurs de curling. Les suivent les élèves des écoles primaires, les anciens combattants, les guides de haute montagne, les moniteurs de ski et les sapeurs-pompiers! Pierre de Coubertin est absent; c’est le comte Clary, président du comité d’organisation des Jeux de 1924, accompagné du représentant du gouvernement, , sous-secrétaire d’État à l’Enseignement technique, qui dirige le cérémonial. Clary précise que la Semaine constitue le «prologue» des Jeux olympiques, alors que Vidal proclame son ouverture «sous le haut patronage du Comité international olympique». Même si l’expression de «Jeux d’hiver» est diplomatiquement évitée, le comte Clary a obtenu que le serment olympique puisse être prononcé. Alors que les drapeaux nationaux sont réunis en faisceau, l’adjudant Mandrillon, capitaine de l’équipe de France militaire de ski, prête le serment au nom des concurrents: «Nous jurons, déclare-t-il, que nous nous présentons aux Sports d’hiver donnés à l’occasion de la célébration de la huitième olympiade, en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour l’honneur de notre pays et la .» La tonalité militaire de la cérémonie est claire: parmi les anciens combattants présents dans le public, les «gueules cassées», aux visages impressionnants, rappellent le sacrifice d’une partie de la jeunesse française et la terrible épreuve de la Grande Guerre. [De notre envoyé spécial André Glarner à Chamonix]

Les Norvégiens, vedettes des Jeux Pour Gabriel Hanot, ancien footballeur devenu journaliste au Miroir des sports, seuls trois sports méritent leur appellation générique à Chamonix, «deux individuels: le patinage de vitesse et le ski; un d’équipe: le hockey sur glace». Dans cette trilogie, ce sont les athlètes du nord de l’Europe et de l’Amérique qui se distinguent. Les épreuves de patinage sur 500, 1500, 5000 et 10000 m sont disputées contre la montre. À ce jeu, les patineurs scandinaves remportent toutes les courses sauf le 500 m, gagné par l’Américain Jewtraw. C’est le Finlandais Thunberg, clerc de notaire à Helsinki, sportif accompli, puisqu’il pratique aussi avec bonheur le football, la course à pied, la natation et la voile, qui survole les débats en remportant le 1500met le 5000 m et en se classant deuxième au 10000 m, derrière son compatriote Skutnabb. Au ski, c’est le Norvégien Thorleif Haug qui tient la vedette: il remporte l’épreuve de grand fond (50 km) en 3h 44min et 32s. Le Français Pouteil-Noble, arrivé mais non classé, parcourt la distance en 4h 58min et 27s ! Haug gagne aussi la course de ski de fond en couvrant une distance de 18km en 1h 14min et 31s et, en arrivant troisième à l’épreuve du saut avec 44,50m, il s’adjuge le combiné. Il s’impose, selon le Rapport, « comme l’incontestable champion mondial du ski,

84 Les pays représentés à Chamonix

Autriche Italie Belgique Lettonie Canada Norvège Estonie Pologne États-Unis Suède Finlande Suisse France Tchécoslovaquie Grande-Bretagne Yo u g o s l a v i e Hongrie

De notre envoyé spécial André Glarner à Chamonix

André Glarner, envoyé du Miroir des sports, décrit dans l’édition du Puis voici nos petits, mais râblés chasseurs alpins, qui n’ont pas dit 31 janvier 1924 l’ambiance cosmopolite des Jeux de Chamonix: leur dernier mot dans les compétitions de ski et que l’on confond «Dans les immenses et spacieux palaces, on croise dans les esca- aisément avec leurs frères latins d’Italie.» liers toutes les races sportives du monde: les Canadiens déhanchés, leurs admirables corps d’athlètes moulés dans d’immaculés maillots blancs frappés du “Maple leaf ”; les Américains, plus soucieux, car ils vont commencer l’olympiade sans partir grands favoris ; les Scandinaves et anciens Russes, tous moulés sur le même gabarit, les cheveux blonds et les muscles saillants sous leurs vêtements de sport. car, en grand fond comme en fond et même en saut, il fit preuve sur ses adversaires, d’une supériorité qui lui valut trois retentissantes victoires». Le tournoi de hockey se résume à une confrontation entre nations de l’Amérique du Nord, fort appréciée du public puisque la finale, opposant l’équipe des États-Unis à celle du Canada, attire plus de sept mille spectateurs pour une recette de 31000 francs. Le score flatteur pour les Canadiens, 6 à 1, ne reflète pas, selon André Glarner, du Miroir des sports, l’âpreté de la lutte, qui enthousiasme «aussi bien les sportifs endurcis aux plus fortes émotions athlétiques, que les profanes les plus rébarbatifs à la beauté de l’effort». Selon les premiers, les autres épreuves, curling, bobsleigh ou patinage artistique, ne comptent pas, Glarner se permettant un jugement péremptoire sur «les figures, dames, hommes, et couples, qui ont beaucoup plus leur place au music-hall que sur une patinoire olympique». En tout cas, au final, les nations du Nord se taillent la part du lion au nombre de places et de points: la Norvège arrive à la première place, la Finlande à la deuxième. La Grande-Bretagne arrache la troisième position devant les États-Unis. La France n’est classée que huitième, avec une troisième place remportée par son couple de patineurs composé de Pierre Brunet et d’Andrée Joly. D’où un bilan accablant pour Gabriel Hanot: «En sports d’hiver, comme dans la plupart des jeux athlétiques, nous faisons piètre figure. Ayons le courage de reconnaître la médiocrité de nos qualités et travaillons à nous améliorer. Le jour où la France cessera de s’illusionner sur sa valeur sportive et où elle mettra tout en œuvre pour augmenter son rendement, les possibilités de ses athlètes décupleront.» [Le programme des Jeux de Chamonix]

Vers l ’o fficialisation des Jeux d’hiver Malgré la lourdeur des investissements consentis pour accueillir les Jeux, les retombées touristiques sont réelles pour Chamonix. La prééminence de la station face à ses concurrentes françaises se trouve confirmée, alors que l’effort de construction d’équipements est relancée en 1927 avec l’achèvement du téléphérique du Midi – cette année-là a lieu la première course de «descente à skis». Après l’alpinisme et les disciplines nordiques, Chamonix accroche donc une nouvelle corde à son arc: le ski alpin. Mais la semaine de Chamonix est surtout importante pour l’histoire des Jeux. Par leur présence et leurs succès, les Nordiques légitiment l’inscription de leurs sports dans le programme olympique. En conséquence, au mois de mai 1925, le congrès du Cio, réuni à Prague, décide d’intégrer définitivement les Jeux d’hiver dans les olympiades, mais en en faisant une compétition spécifique. De manière rétroactive, la semaine de Chamonix est promue au rang de 1 Olympiade d’hiver. Pour la dernière fois, les Jeux du Nord sont disputés en 1926 et, à partir des années 1930, toutes les disciplines de neige et de glace sont réunies dans des Jeux d’hiver à prétention universelle.

86 Le programme des Jeux de Chamonix i Épreuves individuelles

1 Patinage: 500 m 2 Patinage: 1500m 3 Patinage: 5000m 4 Patinage: 10000m 5 Patinage: concours de figures (dames) 6 Patinage: concours de figures (messieurs) 7 Patinage: concours de figures (couples) 8 Ski: grand fond, 50 km 9 Ski: fond 12 à 18km 10 Ski: sauts 11 Ski: course combinée (classement d’après les épreuves de fond [9] et de sauts [10] ii Épreuves par équipes

12 Ski: course militaire (20 à 30km, avec tir) 13 Hockey 14 Curling 15 Bobsleigh [«Le bilan des Jeux de Chamonix ou la découverte des sports d’hiver par le public français selon Frantz Reichel, secrétaire général du Comité d’organisation des Jeux de 1924»]

Les Jeux du sport-spectacle: Paris (5 mai-27 juillet 1924) 9 La semaine de Chamonix, malgré son succès et son importance dans l’établissement des Jeux d’hiver, n’est encore qu’un aimable prélude à l’olympiade d’été. Celle-ci a définitivement acquis ses lettres de noblesse. Contrairement aux concours de 1900, ce qui relève du sport y est désormais bien délimité et fait l’objet d’une compétition unifiée et plus ramassée dans l’espace et le temps.

Des enceintes pour les Jeux: le stade de Colombes et la piscine des Tourelles Dès que la décision du Cio est connue en juin 1921, la Ville de Paris demande un rapport à Frantz Reichel, sportsman aux talents athlétiques variés et secrétaire général du comité exécutif de la viii Olympiade, sur le programme des Jeux et les besoins en infrastructures. Les exigences sont d’une portée jamais envisagée: une enceinte de cent mille places, pour l’athlétisme, le football ou la gymnastique, une piscine, un stade de tennis ou encore un stand de tir. De fait, les rares équipements sportifs existant en France sont soit des vélodromes financés par des promoteurs privés comme le stade Buffalo, soit des initiatives encore isolées de maires éclairés, tel Édouard Herriot. Le fer de lance du radicalisme avait lancé, en 1914, à Lyon la construction du stade de Gerland dans l’espoir d’accueillir un jour les Jeux olympiques, tout en favorisant le développement d’une éducation physique de masse. Toutefois, Gerland, œuvre de Tony Garnier, ne sera achevé véritablement qu’en 1926. En tout cas, les architectes qui présentent leurs projets à l’École des beaux-arts à l’automne 1921 suivent les recommandations de Reichel, et présentent par conséquent des factures dépassant largement les possibilités financières parisiennes. En mars 1922, le conseil municipal décide de mettre à disposition des Jeux le stade

88 «Le bilan des Jeux de Chamonix ou la découverte des sports d’hiver par le public français selon Frantz Reichel, secrétaire général du Comité d’organisation des Jeux de 1924»

Le succès des Jeux de Chamonix ne fut pas moindre auprès du public, qu’auprès des nations conviées à y participer. Insuffisamment instruits au début, semble-t-il, il fut rapidement captivé par la grandeur du cadre et la diversité de cette manifestation. Il accourut en foule de tous les points de la région, puis de Paris et des grandes villes avoisinantes et des milliers de spectateurs, définitive- ment conquis à la saine et rude beauté des sports d’hiver, composèrent un public qui vibra passionnément aux exploits des athlètes olym- piques. Il y eut matière à s’enthousiasmer devant les foudroyants démar- rages d’un Jewtraw ou le déboulé puissant d’un Skutnabb, devant la descente impressionnante, à la direction de son bobsleigh d’un La Frégolière, l’envolée de 57 mètres, sur ses skis d’un Thams ou la virtuosité des joueurs de hockey canadiens qui, sur leurs lames recti- lignes d’acier, offraient un spectacle d’une élégance et d’une noblesse des gestes inégalables. — Rapport officiel de la viii Olympiade,p.643. Pershing à Vincennes ainsi qu’une subvention d’un million de francs, proposition totalement insuffisante. L’organisation des Jeux est au point mort. C’est l’initiative des dirigeants du Racing Club de France qui va permettre de sauver l’olympiade parisienne. Ils proposent au Cio et au comité d’organisation de mettre à leur disposition leur terrain de Colombes, dans la banlieue nord-est de Paris, contre le versement de 50 % des recettes. Le projet est conçu et réalisé par l’architecte Maurice Faure-Dujarric, ancien capitaine de l’équipe de rugby du Racing. La construction fonctionnelle et sobre, utilisant des matériaux modernes (béton armé et armatures métalliques), répond à la volonté de réduire les coûts, tout en offrant la meilleure visibilité possible aux spectateurs et en satisfaisant aux normes de sécurité dans la gestion de la foule. Le stade, s’il n’atteint pas la capacité «mythique» des cent mille places comme celui de Wembley à Londres, achevé en 1923, peut tout de même accueillir vingt mille personnes assises dans des tribunes couvertes et quarante-quatre mille debout dans les virages. L’enceinte de Colombes est aussi équipée en moyens de transmission modernes: téléphones, télégraphe et haut-parleurs, qui selon l’écrivain Géo Charles ont été l’une des révolutions des Jeux: «Le haut-parleur constitue une des révélations techniques des Jeux olympiques de 1924. La transmission au public fut rapide; l’audition parfaite. On ne concevrait plus une grande réunion sportive dépourvue d’un tel système.» L’équivalent nautique de Colombes est la piscine des Tourelles, construite finalement par la municipalité parisienne près de la Porte des Lilas. En béton armé, elle peut accueillir vingt mille spectateurs autour d’un bassin de 50 mètres, au fond duquel, pour la première fois, sont tracés les couloirs des nageurs. Si les projets présentés à la Ville de Paris incluaient généralement un «village olympique» composé d’une centaine de chambres dans l’enceinte des stades, les athlètes de Colombes devront se contenter de baraques de bois installées à proximité des installations sportives.

Les Jeux du ballon rond et… ovale Les Jeux commencent de manière un peu désordonnée. Avant l’ouverture officielle du 5 juillet 1924 sont en effet organisés les tournois de rugby et de football. Le premier ne réunit que trois équipes: la France, la Roumanie et les États-Unis, du 4 au 18 mai. Le match entre cousins latins ne satisfait qu’à moitié la fierté nationale. Les Roumains sont certes défaits 61 à 3, mais dans un stade de Colombes dont les peintures ne sont pas achevées et où manquent le tableau d’affichage et la tribune de presse. C’est la partie contre les États-Unis qui doit décider du vainqueur du tournoi. La rencontre est aussi l’occasion de régler un «contentieux sportif» né des Jeux interalliés de 1919, au cours desquels le match entre frères d’armes avait dégénéré en une violente rixe qui, selon un observateur venu d’outre-Atlantique, aurait représenté «ce qu’on peut faire de mieux sans couteaux et sans revolvers». Plus rapides et plus puissants, débordant des joueurs français à court d’entraînement,

90 les Américains l’emportent 17 à 3, provoquant l’ire des dizaines de milliers de spectateurs déçus par la prestation des Français. Réaction caractéristique de ce premier âge des publics sportifs, quand les matchs offraient l’occasion d’exprimer les pulsions nationalistes et chauvines. Les commentaires de la presse prennent alors des accents que n’auraient pas reniés Gustave Le Bon, pour dénoncer «la foule, une fois de plus […] scandaleuse, houleuse et chauvine». Le «système» organisant la compétition de football reprend explicitement le «principe de la Coupe d’Angleterre», à savoir tirage au sort pour désigner les adversaires et matchs par élimination directe, afin de limiter la durée de la compétition. Les associations nationales ont été consultées par la Fédération internationale de football association (Fifa), coorganisatrice du tournoi avec les autorités olympiques: les fédérations scandinaves veulent en particulier défendre l’amateurisme de leurs joueurs, qui ne peuvent s’absenter longtemps de leur lieu de travail. En plus de Colombes, qui accueille les rencontres les plus importantes, quatre autres enceintes parisiennes, dont le stade Pershing, sont mobilisées pour permettre aux vingt-quatre nations participantes de disputer leurs rencontres. Le tournoi de football est le théâtre d’une véritable révélation, celle du talent des joueurs sud-américains. L’équipe d’Uruguay, emmenée par sa «merveille noire» Andrade, se livre à une véritable démonstration technique et physique en éliminant la France 5 à 1 et en battant en finale la Suisse 3 à 0. Les succès de la «Celeste» sont suivis avec passion à Montevideo et participent à la construction de l’identité nationale de l’Uruguay, pays neuf et peuplé d’immigrants. Ils montrent aussi que le football international ne se résume pas au vieux continent et que l’Angleterre n’est plus la seule référence. Les exploits de l’équipe uruguayenne assurent aussi le succès financier du tournoi, puisque, pour Le Miroir des sports, la finale a constitué l’apothéose de «la grandiose épreuve», réunissant 60000 spectateurs, « chiffre jamais atteint en France», et que «10000 personnes durent attendre, devant les portes fermées», le résultat du match. [Les footballeurs uruguayens vus par la presse sportive française]

L’inauguration officielle, entre internationalisme et prestige national Les Jeux ne sont inaugurés officiellement que le 5 juillet. Le cérémonial olympique est déjà bien constitué, même si ce n’est qu’à partir de 1928 que le rituel de la flamme est introduit à Amsterdam. Pour les organisateurs, naturellement, il s’agit d’une cérémonie «grandiose, digne de son objet, digne de Paris et de la France»… Le jugement de la presse, lui, est plus mesuré. Selon Gabriel Hanot dans Le Miroir des sports, c’était d’abord «une remarquable performance […] que d’avoir attiré au stade de Colombes 20000 personnes et d’avoir encaissé 300000 francs de recettes, alors qu’il s’agissait uniquement d’assister à un défilé des concurrents et d’entendre, grâce au haut-parleur, d’une part, le président de la République prononçant la phrase

91 Les footballeurs uruguayens vus par la presse sportive française

Après la victoire écrasante sur la Yougoslavie (7 à 0), L’Auto du 27 mai 1924 peut s’enthousiasmer: «Les Américains du Sud nous ont littéra- lement stupéfiés. Certes ils avaient accompli des performances remar- quables en Espagne. Mais nous étions loin de nous attendre à les voir évoluer avec une telle virtuosité. Dribblings remarquables, démar- quages, passes redoublées, et science comparable à celle des pros anglais. D’ores et déjà, il faut les considérer comme les favoris du To u r n o i ! » Pour Le Miroir des sports du 12 juin 1924, «la principale qualité des vainqueurs est une virtuosité merveilleuse dans la réception, le contrôle et l’utilisation du ballon. Les Uruguayens ont une technique tellement complète, qu’en courant au-devant de la balle, ou même en la maîtrisant, puis en la dribblant, ils disposent du loisir nécessaire pour regarder la position occupée par adversaires et partenaires. Ceux-ci, de leur côté, ne restent pas immobiles à attendre la passe; ils se démarquent, ils s’éloignent de l’adversaire, ils se placent de manière à faciliter la tâche de leur coéquipier et à se servir aisément, efficacement du ballon, si le précieux objet leur parvient.» d’ouverture des Jeux de la viii Olympiade, d’autre part, Géo André prêtant le serment olympique au nom de tous les athlètes». Quoi qu’il en soit, la cérémonie montre l’importance symbolique et rituelle attribuée désormais aux grandes compétitions sportives, située aux confins d’une représentation symbolique des relations internationales et d’une mystique olympique. Contrairement à ceux de 1900, les Jeux ne sont pas le lieu d’une célébration des vertus républicaines et laïques. En effet, le 5 juillet à 10 heures, l’archevêque de Paris, le cardinal Dubois, célèbre une messe en l’honneur des concurrents: depuis l’épreuve de la guerre et la fraternisation des curés et des instituteurs dans les tranchées, la question cléricale ne se pose plus. Au-delà de la note religieuse, ce sont des valeurs de fraternité et d’entente qui sont mises en exergue lors de l’inauguration et du défilé des quarante-cinq délégations. De l’Afrique du Sud à la Yougoslavie, les athlètes partent de la piste «réplique» d’entraînement pour déboucher sur le stade proprement dit par la porte de Marathon, saluent le président Doumergue et ses hôtes de la tribune officielle, avant de s’aligner derrière le comte Clary. Ce dernier s’adresse alors au président de la République pour lui signaler la réussite de l’organisation et rappeler l’idéal olympique: «Le succès a dépassé toutes nos espérances. Quarante-cinq nations ont répondu à l’invitation de la France. Plus de six mille athlètes accourus des quatre coins du monde vont lutter de vitesse, de force et d’adresse sur le Stade olympique de Colombes édifié pour la plus grande gloire du sport, du sport régénérateur des races, bienfaiteur de l’humanité, le champion le plus qualifié de la paix universelle.» Avant même que Gaston Doumergue ne proclame «l’ouverture des Jeux olympiques de Paris», Clary a donc signalé l’ambiguïté de l’olympiade: rassemblement pacificateur certes, mais aussi compétition des nations et enjeu de prestige international. D’ailleurs, même si les Autrichiens et les Hongrois sont à nouveau présents, une distinction manifeste est établie par le public entre celles qui sont bienvenues et celles qui le sont moins. De fait, le Rapport officiel précise que les trois pays ayant conquis les suffrages du public sont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que «les spectateurs français, tout le long du parcours, [ont fait] une fête sans fin à la délégation belge». Et dans la tribune officielle, le président Doumergue suit la cérémonie avec à sa droite le prince de Galles, c’est-à-dire l’allié indéfectible lors de la grande épreuve, et à sa gauche le prince Carol de Roumanie, l’allié des confins orientaux de l’Europe. [«La cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris: un hymne à la jeunesse et à la paix»]

Les dieux du stade Le programme des Jeux de 1924 est recentré sur les disciplines et épreuves jugées essentielles. Des disciplines présentes à Anvers comme le tir à l’arc ou le hockey sur gazon sont retirées des compétitions, de même que le nombre d’épreuves

93 «La cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris: un hymne à la jeunesse et à la paix»

Le beau temps aidant, les musiques militaires jouant des marches entraînantes, le spectacle fut vraiment impressionnant des représen- tants de quarante-cinq nations, qui défilaient avec solennité et gravité derrière leur drapeau. Les profanes étaient charmés par l’aspect multi- colore de cette jeunesse disciplinée qui accomplissait le tour du stade. Les sportifs se sentaient étreints au cœur par la vision de l’élite athlé- tique de la terre, de la plus belle fleur de la jeunesse du monde entier, rassemblées des quatre coins du globe à Paris, afin d’y prendre part à des luttes pacifiques. Jamais on ne vit, sur un même terrain, groupé derrière un même porte-drapeau, un nombre aussi considérable de nations, une sélection aussi parfaite de champions. Toute querelle de peuples était oubliée: aussi l’Autriche précédait, dans le défilé, la Belgique que suivait la Bulgarie. […] l’inauguration de la viii Olympiade eut sa beauté morale. Elle servit à prouver publique- ment la communion des nations de l’univers entier dans le culte pacifique du sport. — Gabriel Hanot, Le Miroir des sports, 9 juillet 1924. dans certains sports tels que le tir ou l’aviron est réduit. Ainsi, comme le proclame le Rapport officiel, «les jeux athlétiques demeurent la partie fondamentale des Jeux olympiques modernes comme ils l’étaient de ceux de l’Antiquité», puisque c’est «surtout vers les succès du Stade que porte l’effort des nations qu’a conquis le néo-olympisme». De fait, les grands moments des Jeux ont lieu à Colombes ou à la piscine des Tourelles. Les épreuves d’athlétisme se disputent sous un temps chaud mais pas étouffant qui favorise les performances: toujours selon le Rapport, «treize records olympiques furent battus et deux égalés, et six records du monde passèrent de vie à trépas». Trois nations tirent leur épingle du jeu de ces épreuves d’athlétisme: les États-Unis avec douze premières place la Finlande avec dix victoires, et la Grande-Bretagne, qui remporte trois succès. Les courses de sprint et de demi-fond sont le théâtre de joutes homériques. Ainsi, l’épreuve déjà reine du 100m constitue un véritable condensé des Jeux: elle attire plus de 82 athlètes représentant 42 nations. Il ne faut pas moins de 17 séries pour passer aux quarts de finale, avant que les demi-finales ne dégagent une élite mondiale du sprint très anglo-saxonne. Quatre Américains, un Britannique et un Néo-Zélandais se disputent l’un des titres les plus recherchés. Et c’est au terme d’une course très disputée que l’Anglais Abrahams gagne en 10,6s. Inscrit au barreau de Londres, ancien de Cambridge, Abrahams est le premier Européen à remporter l’épreuve du sprint. Le deuxième, l’Américain Scholz, rétablit la suprématie américaine sur le sprint en remportant le 200m en 21,6s. Au 400m, c’est un véritable sportsman qui fait vaincre l’Union Jack. Lidell remporte le tour de piste en 47,6 s – il utilisera aussi ses qualités de résistance et de vitesse dans les rangs de l’équipe d’Écosse de rugby. C’est par ailleurs un homme pieux puisque le Rapport officiel indique: «Ayant terminé ses études de théologie, il est pasteur anglican et fit même, au lendemain de sa victoire olympique un sermon au temple protestant de Paris.» Cependant, la véritable star de ces Jeux est le Finlandais Paavo Nurmi. Déjà vainqueur aux Jeux d’Anvers, Nurmi remporte à l’olympiade parisienne cinq médailles d’or (au 1500m, au 5000 m, au cross-country individuel et par équipes, ainsi qu’au 3000 m par équipe). Menant une vie d’ascète, pionnier de la préparation scientifique et diététique, il impressionne le public et les journalistes par sa capacité à maîtriser son corps et ses performances. Même si Le Miroir des sports considère que «l’extraordinaire champion de course à pied Paavo Nurmi gagnerait à être moins fermé, moins sauvage et plus humain», les succès du Finlandais et de son compatriote Ritola au 10000m apparaissent comme le produit d’un mode de vie frugal et énergétique, de la santé d’un peuple vigoureux. [Paavo Nurmi, «l’homme à la montre»]

De la piscine des Tourelles à Hollywood Loin des épreuves de 1900, disputées sur les bords de la Seine, les compétitions de natation bénéficient du cadre moderne et pensé pour le sport-spectacle

95 Paavo Nurmi, «l’homme à la montre»

Nous voyions Nurmi sur la piste lever une montre jusqu’aux yeux, lire après chaque tour le temps dépensé, et régler là-dessus l’économie de ses pas. Il chronométrait son vouloir si bien qu’il pouvait prédire efforts et résultats, et ses jarrets mesuraient la nuance qui sépare le tour achevé en quatre-vingt-dix secondes du tour abattu en quatre- vingt-neuf. Nous n’étions pas seulement étonnés de deviner en ses tendons et en ses nerfs cette surhumaine subtilité. Contempler ces évolutions aussi régulières que celles d’une planète, et comprendre que cet astre était à lui-même son propre dieu et son propre astrono- me, accroissait notre confiance dans le corps humain. — Paavo Nurmi décrit par le romancier Jean Prévost dans Plaisirs des sports,Paris,La Table ronde,coll.«La petite vermillon»,2003. de la piscine des Tourelles. Parmi les dix-sept épreuves qui constituent le programme nautique, le public attend avec impatience les prestations du meilleur nageur du monde, Johnny Weissmuller. Né en 1904 en Pennsylvanie, entraîné par William «Big Bill» Bachrach, de l’Illinois Athletic Club de Chicago, il a été l’année précédente le premier nageur de l’histoire à descendre en dessous de la minute au 100m nage libre. Les organisateurs ne s’y trompent d’ailleurs pas: ils programment cette distance pour les deux derniers jours, comme une «apothéose» des épreuves de natation. Weissmuller ne les déçoit pas. Grâce notamment à sa botte secrète, le départ plongeant, qui lui assure immédiatement une longueur d’avance sur ses adversaires, il remporte le 100m en moins d’une minute, puis le 400m, avant de partager la première place du podium avec les membres du relais 4 x 200m. Johnny Weissmuller installe également le crawl comme technique la plus efficace de la nage libre. Après avoir reconquis un nouveau titre olympique sur 100m aux Jeux d’Amsterdam en 1928, le champion incarnera dans les années 1930 le premier et le plus célèbre des Tarzan produits par Hollywood. Outre les courses, les spectateurs se passionnent également pour les épreuves de plongeon, notamment celle des «quatre plongeons de haut vol variés», ou encore le plongeon retourné de 5m, le saut périlleux en arrière de 5m, le saut périlleux demi-avant de 5m et le coup de pied à la lune périlleux de 5m. Mais comme le rapporte le Rapport officiel, «la plupart des plongeons volontaires furent disputés de la plate-forme de 10 mètres, un certain nombre avec élan afin de bénéficier des coefficients de difficulté». Courses et plongeons voient la suprématie des nageurs du Pacifique, à savoir les Américains et les Australiens. Les Français brillent peu, sauf en water-polo, où, divine surprise, après avoir éliminé les États-Unis, les Pays-Bas et la Suède, ils battent en finale la Belgique 3 à 0. [Johnny Weissmuller]

Les Jeux des arts Dès les premières olympiades, Pierre de Coubertin a voulu inclure, sur le modèle de la Grèce antique, des épreuves artistiques aux Jeux olympiques. Les premières sont organisées à Stockholm en 1912;en 1924, les Concours olympiques d’art de la viii Olympiade sont donc les troisièmes, après ceux d’Anvers. Les artistes participants peuvent concourir dans cinq sections: architecture, littérature, musique, peinture et sculpture, sur lesquelles veillent le marquis de Polignac, président du Comité artistique, et les membres des cinq jurys qui le composent, au sein desquels on retrouve les grands noms de l’art et de la littérature français du début du xx siècle: Gabriel Fauré, Arthur Honegger, Maurice Ravel, Paul Claudel, Jean Giraudoux ou Paul Valéry. Pour exposer les sculptures et les peintures, quatre salles du Grand Palais ont été réservées. On y montre des œuvres déjà consacrées et servant en quelque

97 Johnny Weissmuller

Weissmuller, grand garçon athlétique, joyeux, nonchalant, dégin- gandé, farceur dans les conditions normales de l’existence, mais nerveux et tendu à l’instant des épreuves difficiles, est un nageur d’une rapidité d’allure et d’une aisance de mouvements merveilleuses. — Gabriel Hanot, Le Miroir des sports, 23 juillet 1924. sorte de références artistiques, telles que l’Héraklès de Bourdelle ou une esquisse du Ludus pro patria de Puvis de Chavannes. Pour le concours proprement dit, 283 œuvres sont envoyées, mais seules 158 sont acceptées. Pourtant, les résultats des concours de sculpture paraissent aujourd’hui décevants. Les artistes en lice éprouvent encore des difficultés pour sortir des redondances de l’art officiel et s’affranchir d’une conception néoclassique de la représentation du corps humain. En revanche, en littérature, le poète Géo-Charles devance Henry de Montherlant avec une œuvre ambitieuse mêlant poésie et art théâtral renouvelé par l’emploi de haut-parleurs dans un théâtre de plein air. Les cinquante pages du texte suivent le combat olympique entre Jean Royer, «Champion de France de boxe amateur (poids moyen), agent de publicité et poète», et Jim Harris, «Champion olympique et d’Amérique». Ponctué par les chœurs à l’antique des Parisiens et des athlètes, l’œuvre évite les poncifs sur les Jeux de l’Antiquité, en évoquant résolument un univers moderne fait de métropoles, de vitesse et de bruit. [Le speaker]

Le bilan des Jeux: ombre et lumière La cérémonie de clôture est présidée par Pierre de Coubertin en personne: les chefs de délégation se rendent devant la tribune officielle pour recevoir les médailles remportées par leurs représentants, alors que Maurice Quentin, président du conseil municipal de Paris, reçoit le drapeau olympique des mains du bourgmestre d’Anvers. Paris devra le conserver pour le transmettre en 1928 à Amsterdam. Pour Coubertin, le bilan est très positif: la France aurait été «une bonne et somptueuse prêtresse de l’olympisme», soucieuse du protocole puisqu’une «noblesse supérieure se dégagea du défilé, des discours, du serment. Il y eut en eux, à certains moments, du religieux. Jamais encore l’olympisme n’avait vécu de si pathétiques moments». Au-delà du lyrisme du baron, les Jeux de Paris marquent un tournant: le sport-spectacle et le professionnalisme larvé qui s’y dévoilent posent la question de l’amateurisme. Dès son congrès de Prague en 1925,le Cio propose une définition très restrictive et ne correspondant plus à la réalité du sport de haut niveau. Le développement des épreuves, l’allongement des saisons sportives et le culte de la performance rendent presque inéluctable la mise en place du professionnalisme: pour s’entraîner et pouvoir participer aux compétitions, de nombreux sportifs doivent s’absenter de leur emploi. Ce problème de «manque à gagner» est vite compensé par des «mécènes» issus de l’industrie, désireux d’attirer les meilleurs dans les clubs qu’ils financent. Face à cet «amateurisme marron», le Cio et la Fédération internationale d’athlétisme restent inflexibles. Par conséquent, les soupçons et les excommunications d’athlètes tels que Jules Ladoumègue ou Paavo Nurmi marqueront profondément le sport des années 1930. Par ailleurs, la politisation

99 Le speaker

Le speaker

En mon blanc pavillon, fleur bruissante, je chanterai l’homme courageux, qui porte, blouse bleue, tout le ciel sur l’épaule, à l’orée du Nouveau Monde, dans l’ombre des grands arbres et des machines puissantes comme au matin d’un beau jour publicitaire. Je veux être un derviche-tourneur, je dirai les ébats d’un poète-boxeur, ces miroirs, ces galets du soleil sur les eaux et sa vie ronflera dans mon bruit de toupie. Que tel un «jeu de jambes» éclate dans mon chant la vérité-nature l’éclair du magnésium sur un public obscur n’est rien sauf qu’il évoque le soleil sur la mer. Foule des tribunes, parterre d’oiseaux distingués, Herbe sombre des places populaires d’où s’élèvent les cris tels le Vent, grand voyou, que ma voix arrive vers vous portée sur l’air, comme sur l’eau le chant d’insecte des canots automobiles. — Géo-Charles, extrait de Jeux olympiques, Paris, Nrf, 1925, p. 18-19. relative des enjeux sportifs et le chauvinisme d’une partie du public préfigurent, toutes proportions gardées, les tentatives d’instrumentalisation à venir de l’olympisme par les régimes totalitaires européens. Sur un plan strictement sportif, le bilan est en apparence brillant pour la délégation française: elle arrive deuxième derrière l’équipe américaine et devant les athlètes finlandais, avec 14 premières places, 14 deuxièmes et 13 troisièmes, contre respectivement 45, 27 et 27 pour les États-Unis et 14, 13 et 10 pour la Finlande. Toutefois, les succès ont été obtenus dans des disciplines où les sportifs français brillent généralement, comme l’escrime ou le cyclisme; mis à part la troisième place obtenue par Pierre Lewden au saut en hauteur et le succès de l’équipe de water-polo, les résultats restent médiocres dans les sports de base que sont l’athlétisme et la natation et qui expriment la «vigueur» d’une nation. Plus qu’une incapacité physique de la population française, c’est la préparation qui a failli, ce qui pousse l’athlète et journaliste Géo André à proposer un plan de bataille pour les Jeux de 1928, dès le 30 juillet 1924, dans les colonnes du Miroir des sports: «Dans tous les cas, il ne faut pas attendre 1927 pour préparer Amsterdam. Il faut établir dès aujourd’hui un programme d’ensemble: 1925: année de propagande. 1926: année de recrutement. 1927: année de sélection. 1928: année de préparation.»

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LES OLYMPIADES DE L’OR BLANC: DE GRENOBLE À ALBERTVILLE (1968-1992)

10 Quarante-quatre ans séparent l’olympiade parisienne des Jeux d’hiver de Grenoble. Pendant cet intervalle, l’olympisme a continué sa marche vers l’universalité, en se déplaçant vers d’autres continents, en Amérique, en Asie et en Océanie, marche renforcée par les bouleversements géopolitiques de la décolonisation, qui font entrer les pays du Sud dans la compétition olympique. Les confrontations entre les blocs politiques et sportifs suscitées par la première participation de l’Urss à une olympiade, en 1952 à Helsinki, ont encore renforcé la signification des compétitions internationales: les concours sportifs sont une part importante, parce que mêlant le réel et le symbole, des affrontements de la guerre froide.

103 Le sport a connu aussi une profonde évolution en France. Bien qu’animés d’intentions radicalement opposées, le Front populaire (de 1936 à 1938) puis le régime de Vichy (entre 1940 et 1944) ont mis sur pied d’ambitieuses politiques d’éducation physique et sportive destinées à la jeunesse française. Il s’agissait pour Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État aux Loisirs et aux Sports du gouvernement Blum, d’ouvrir les horizons culturels des classes populaires en permettant aux jeunes d’accéder à l’autonomie et à l’épanouissement par la pratique du sport ou les excursions dans les auberges de jeunesse. Le dessein de Jean Borotra, commissaire général à l’Éducation physique et aux Sports du gouvernement de Vichy entre 1940 et 1942, était tout autre: il voulait développer le sport pour former une jeunesse saine, renouvelée et «moralisée», et façonner des hommes de caractère et d’action. Quoi qu’il en soit, ces deux politiques antinomiques du point de vue idéologique ont entraîné un développement de la pratique sportive de masse en France. Un peu plus tard, les bons résultats des athlètes français aux Jeux olympiques de Londres, en 1948, ainsi que les exploits du boxeur Marcel Cerdan outre-Atlantique ont fourni l’occasion, dans les difficiles années de la reconstruction, de montrer la vitalité, au moins sportive, de la nation après la catastrophe de 1940.Toutefois, la iv République, ébranlée par les guerres coloniales et les multiples défis du relèvement économique, accorde peu d’importance au sport. Cette situation change radicalement avec le retour au pouvoir du général de Gaulle, en 1958. Une vraie politique sportive est mise en œuvre, et les Jeux olympiques de Grenoble s’inscrivent dans ce projet gaullien.

Des Jeux olympiques «gaulliens»: Grenoble, 1968 11 Le sport et la v République On a souvent retenu du sport des années gaulliennes le dessin de Jacques Faizant publié le 1 septembre 1960 dans Le Figaro et faisant dire, après la déroute des athlètes français aux Jeux olympiques de Rome, à un de Gaulle revêtu d’un survêtement et portant un sac de sport: «Décidément dans ce pays, il faut que je m’occupe de tout!» Il serait toutefois caricatural de réduire la politique sportive gaullienne à la seule volonté de briller sur les stades. Le Général voyait également dans le sport

104 «un moyen exceptionnel d’éducation» pouvant justifier en soi une politique étatique. L’homme de la situation s’appelle Maurice Herzog, cadre chez Kléber et vainqueur de l’Annapurna en 1950, exploit qui avait fait la une des journaux du monde entier. En octobre 1958, il est nommé à la tête du haut-commissariat à la Jeunesse et aux Sports. Herzog, comme l’explique l’historien Jean-Luc Martin, veut combiner deux impératifs, l’un éducatif et l’autre compétitif, sans en négliger aucun des deux. En effet, l’éducation physique et sportive, c’est aussi pour lui la question de la jeunesse pléthorique issue du baby-boom. Il s’agit de raffermir son goût pour les exercices corporels et de rendre «l’éducation physique moderne et attrayante en l’orientant vers une initiation aux sports et aux activités de plein air». L’éducation physique devient en 1959 épreuve obligatoire au baccalauréat, mais il faut aussi construire pour rattraper le déficit en infrastructures laissé par le régime précédent: entre 1961 et 1965, 645 millions de francs sont consacrés à la construction d’équipements sportifs, notamment de piscines. L’initiation de la masse doit préparer l’élite de demain, combinaison que Herzog définit de la manière suivante en 1959: «Si la France brille à l’étranger par ses penseurs, ses savants, ses artistes, elle doit aussi rayonner grâce à ses sportifs. Un pays doit être grand avant tout par la qualité de sa jeunesse et on ne saurait concevoir une telle jeunesse sans idéal sportif.» Les Jeux de Grenoble vont fournir l’occasion d’illustrer cette maxime.

Le réveil de Grenoble, les Jeux olympiques et l’action de l’État Capitale de la province du Dauphiné en 1789, participante active aux premières heures de la Révolution, la ville de Grenoble s’était un peu assoupie au xix siècle. Elle incarnait d’ailleurs pour son enfant le plus illustre, Henri Beyle, Stendhal en écriture, la quintessence de l’étroitesse provinciale. Mais après avoir été le pôle d’invention de la houille blanche à partir des années 1880, Grenoble se réveille au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. De 1931 à 1962, sa population double et, au moment des Jeux, l’agglomération grenobloise atteint les trois cent mille habitants. La croissance démographique est soutenue par un essor des secteurs industriels de pointe qui s’implantent au bord de l’Isère, comme l’électronique ou l’informatique, sans oublier le développement de l’université, qui accueille douze mille étudiants en 1963, dont deux mille étrangers. C’est donc la vitrine d’une France moderne et dynamique, conforme aux représentations gaulliennes, qui se propose d’organiser les Jeux en 1960. Initiative locale et menée par le maire de la ville, le Dr Michallon, cette candidature n’a pas que des buts sportifs; il s’agit d’élargir le rayonnement international de la cité et de combler, par les investissements publics qui ne manqueront pas de venir aider ces Jeux français, le déficit en équipements de transport et de télécommunications dont souffre la ville. C’est en 1964, à Innsbruck, lors de la 61 session du Cio, que le choix a été fait. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux d’hiver, six villes sont candidates:

105 Calgary, Lahti, Lake Placid, Oslo, Sapporo et Grenoble. Alors que Lyon a été écarté l’année précédente au profit de Mexico pour les Jeux d’été, Grenoble parvient au dernier tour à surpasser Calgary par 27 voix contre 24. Le comité d’organisation peut alors faire valoir que l’olympiade de 1968 est affaire de «prestige national»; aussi l’État entre-t-il rapidement en jeu. Sur les 1,120 milliard de francs d’investissements publics réalisés pour les Jeux, il prend à sa charge environ 75 %, laissant 20% à la municipalité de Grenoble et 5% aux autres communes intéressées. À partir de 1966, un comité interministériel se réunit sous la direction du Premier ministre, Georges Pompidou, tous les trimestres pour faire le point en liaison avec le comité d’organisation. Celui-ci peut en outre bénéficier du soutien logistique de l’armée, des administrations comme celle de l’Éducation nationale, ou d’entreprises publiques telles que la Sncf, qui s’engage dans la rénovation de la gare. Ainsi se combinent, au-delà des considérations évidentes de rayonnement international, deux axes de la politique gaullienne, expansion et développement régionaux, ce que Georges Pompidou résume en février 1968: « Grenoble et, outre Grenoble, tout le Dauphiné bénéficieront pendant des générations à venir de cette prospérité. Les profits matériels et moraux acquis vaudront de nombreuses fois les sommes engagées.» Cette action voire cet interventionnisme de l’État sont très représentatifs des années de planification et de volontarisme des Trente Glorieuses françaises. Cet état d’esprit a pu étonner et même agacer les représentants du Cio. Ainsi, en décembre 1967, alors que François Missoffe, ministre de la Jeunesse et des Sports, donne une dernière conférence de presse sur l’avancée des préparatifs, Johann Westerhoff, secrétaire général du Cio, écrivait au comité d’organisation pour s’étonner qu’un ministre pût paraître comme le principal maître d’œuvre des Jeux.

Grenoble, vitrine de la modernité et… du Dauphiné Les travaux «olympiques» achèvent le passage de Grenoble du rang de ville de province à celui de métropole d’équilibre d’une des parties les plus dynamiques du territoire français, la Région Rhône-Alpes. Les questions de transport sont en partie réglées avec la modernisation des voies de chemin de fer et la transformation de l’aérodrome militaire de Saint-Geoirs en aéroport civil. Les principaux édifices publics sont également rénovés ou construits, en particulier les hôtels de ville, les bâtiments postaux et de police, sans oublier le conservatoire, le Musée dauphinois et le symbole de l’action et de la pensée d’André Malraux, la maison de la culture. De fait, les infrastructures non directement sportives représentent 91% du budget des Jeux, alors que le village olympique doit être transformé, après la compétition, en Hlm. Situé en aval de la grande vallée glaciaire du Grésivaudan, au fond de laquelle coule l’Isère, Grenoble n’est qu’à 200mètres d’altitude. Par conséquent, seules les épreuves de patinage peuvent être organisées dans la ville. À cet effet, un «stade de glace» a été construit au sein du parc Paul-Mistral. D’une capacité de 12000 places,

106 il contient une patinoire de 60 mètres sur 30, et il est protégé des intempéries par deux voûtes de béton, le tout ayant absorbé 20000 mètres cubes de ciment et 1500tonnes d’armatures métalliques. Les audaces de la patinoire de Chamonix sont largement dépassées. Les épreuves de glisse ont lieu dans les stations de l’Isère, alors moins nombreuses et moins courues que celles de Savoie et de Haute-Savoie. Même si la nécessité des déplacements suscite des critiques de la part des visiteurs étrangers, aucune compétition n’est à plus d’une heure de voiture de Grenoble. C’est aussi un moyen pour faire connaître la beauté sévère des massifs du Vercors et de Belledonne. Les épreuves reines, désormais celles du ski alpin, sont regroupées à Chamrousse, la station la plus proche de Grenoble. La piste de descente messieurs, en particulier, commence à plus de 2890mètres pour se terminer 840mètres plus bas, et doit permettre aux skieurs d’atteindre une vitesse de 100kilomètres/heure. Les courses de fond ont lieu au cœur du Vercors, où l’aménagement des pistes a demandé d’importants travaux pour corriger les pentes ou élargir la surface skiable. Enfin, deux tremplins ont dû aussi être construits: l’un, de 70 mètres à Autrans pour, notamment, l’épreuve du combiné; l’autre, de 90mètres, le premier de ce type en France, à Saint-Nizier.

Les Jeux de Jean-Claude Killy et des skieuses françaises C’est le général de Gaulle en personne qui vient inaugurer les Jeux. Le 6 février 1968, après avoir visité les monuments modernes et fonctionnels réalisés pour l’occasion, il se rend à l’«arène olympique» pour présider la cérémonie rituelle. Il s’agit d’un espace «d’une superficie totale équivalente à celle de la place de la Concorde à Paris», et dont les tribunes, pouvant accueillir 60000 spectateurs, ont nécessité la pose de plus de 300kilomètres de tubes et 400000 boulons. L’innovation apportée par Grenoble au rite de la flamme réside dans le long parcours que la torche a accompli sur le territoire français: 40 départements et 170 villes-étapes ont été traversés, soit un périple de 7300 kilomètres, avant d’être portée par le patineur Alain Calmat, qui allume la vasque à 16h5 devant les caméras de l’Office de la radio- diffusion-télévision française (Ortf). Alors que la semaine olympique de 1924 avait été dominée par les athlètes venus du Nord, les Jeux de Grenoble voient l’émergence des descendeurs et slalomeurs français. Certes, la délégation française n’arrive au classement général que quatrième avec dix médailles. Mais avec quatre victoires et trois deuxièmes places, les skieurs et skieuses français ont su confirmer les progrès accomplis depuis le début des années 1960 et surtout les championnats du monde de Portillo, au Chili, où, deux ans plus tôt, ils avaient remporté six titres sur huit et seize médailles sur vingt-quatre. La vedette incontestée de l’équipe de France et des Jeux olympiques est Jean-Claude Killy. Âgé de 24 ans, Killy a programmé son entraînement avec soin, pour arriver au meilleur de sa forme au moment des Jeux. Il a testé aussi jusqu’au

107 dernier moment skis et chaussures avec son préparateur, Michel Arpin. Le 9 février, dans le brouillard de Chamrousse, il parvient à dépasser le temps époustouflant de son coéquipier Guy Périllat puis, trois jours plus tard, il réussit à gagner le slalom géant après avoir remporté la première manche et assuré dans la seconde en finissant deuxième. Enfin, l’apothéose arrive avec le slalom spécial, que Killy remporte après le déclassement tardif de l’Autrichien Schranz, coupable d’avoir raté dans le brouillard deux portes. Si la presse autrichienne se déchaîne contre une victoire remportée à la suite du dépôt d’une réclamation française, le skieur français rejoint néanmoins Toni Sailer, qui avait remporté aux Jeux de 1956 trois médailles d’or pour l’équipe d’Autriche. Les performances de Killy éclipsent en partie celles des filles, certes moins brillantes qu’à Portillo, mais qui n’en gagnent pas moins une médaille d’or avec en slalom spécial, et deux d’argent avec Isabelle Mir en descente et en slalom géant, cette dernière obtenant également une médaille de bronze au slalom spécial. Ces succès doivent beaucoup à une génération exceptionnelle d’athlètes, mais ils sont aussi le produit du travail des techniciens. Comme l’a montré la nomination d’Herzog, les années gaulliennes sont le temps des hommes de caractère et des entraîneurs à poigne. C’est le cas du colonel Marceau Crespin, nommé en 1961 responsable de la préparation olympique, ou encore d’Honoré Bonnet, l’entraîneur en chef du ski français qui, depuis 1959, a modernisé la préparation physique et technique de ses athlètes. [Le classement des Jeux olympiques de Grenoble, 1968]

Succès cathodique et polémiques olympiques Dans la marche des Jeux d’hiver, l’olympiade de Grenoble a constitué une nouvelle étape. D’abord par le nombre d’athlètes participant aux compétitions: 1293,contre 933 à Innsbruck quatre ans auparavant. Ensuite par la couverture médiatique. Les olympiades des années 1960 sont en effet accompagnées par l’avancée triomphale de la télévision. Grenoble n’échappe pas à la règle. Les droits télévisés ont été vendus à l’Ortf et à la chaîne américaine Abc.L’office étatique doit assurer les retransmissions en Eurovision, grâce à soixante-deux caméras dont vingt-cinq en couleur. La nouveauté technique des Jeux est donc la retransmission de deux tiers des programmes en couleur, sur la deuxième chaîne française, puisque la première n’émet encore qu’en noir et blanc. Même si le Comité olympique américain recevait régulièrement des lettres l’enjoignant à boycotter les Jeux de Grenoble «en raison de la politique adoptée par le général de Gaulle envers la nation américaine», le satellite Early Bird permet la retransmission de vingt-sept heures de compétition sur tout le territoire américain, grâce à une préparation de deux années et aux deux cents personnes dépêchées sur le terrain par Abc. [La télévision américaine et les Jeux de Grenoble selon le journal Le Monde]

108 Le classement des Jeux olympiques de Grenoble, 1968

Or Argent Bronze Total

1 Norvège 66214 2 Urss 5 5 3 13 3 Autriche 33410 4 France 4329 La télévision américaine et les Jeux de Grenoble selon le journal Le Monde

New York, 7 février. Il était 8 h 45 du matin à New York lorsque le Cela au moment où le sondage effectué par l’institut Gallup révèle stade apparut sur les écrans de la télévision américaine. Cette trans- que la France est parmi les pays les moins populaires aux États-Unis: mission de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Grenoble a duré une seulement 49% de réponses favorables contre 94% pour le Canada, heure quarante-cinq minutes; elle constitue une réalisation technique 85 % pour l’Angleterre et 75 % pour l’Allemagne fédérale. Seuls remarquable et une entreprise fort coûteuse. […] En principe, l’émis- l’Égypte (39%), l’Urss (19%), Cuba (6%), la Chine communiste (5%) sion était uniquement consacrée à l’événement sportif, et la politique sont encore moins populaires que la France. en était exclue. Mais l’un des reporters américains n’a pu s’empêcher — d’annoncer à ses spectateurs de l’autre rive de l’Océan: «Vous allez voir Le Monde, 8 février 1968. maintenant l’homme qui en ce moment n’est pas très populaire aux États- Unis.» Et la haute silhouette apparut à de très nombreuses reprises sur les petits écrans. Les autres présentateurs, tout en rendant hommage aux efforts des organisateurs, à la beauté du stade, à la qualité des installations olym- piques, à la ville de Grenoble, et au parfait déroulement de la cérémo- nie d’ouverture n’ont pu se retenir d’évoquer le coût fantastique de la construction du stade, qui a servi seulement pendant deux heures. […] Pour une fois, les téléspectateurs américains ont entendu, et ont vu, que tout en France n’est pas uniquement « ingratitude» et «pour- suite du mirage de la grandeur», mais que les Français sont capables de gestes touchants, comme par exemple ces roses tombant des hélico- ptères sur les participants aux Jeux et sur les enfants massés sur le stade. Le succès télévisuel des Jeux n’est toutefois pas innocent, il fait partie de la commercialisation de la compétition, qui met à mal les principes de pur amateurisme défendus par le président du Cio, l’Américain Avery Brundage. Déjà agacé par la politisation ou du moins l’étatisation des Jeux de Grenoble, Brundage manifeste, selon Otto Schantz, avant le début des compétitions «son aversion pour les Jeux d’hiver dont il estimait qu’ils étaient atteints de professionnalisme et de mercantilisme». Il refuse également d’assister à la remise des médailles du ski alpin, en raison de la publicité implicite faite aux fabricants de matériel – lorsque les champions brandissent des skis sur lesquels est inscrit le nom de leur équipementier. L’Américain n’a pas tout à fait tort: l’équipe de France est soutenue par un «pool» de fournisseurs tels que Dynamic ou Rossignol, dont les champions de Portillo sont les «hommes-sandwichs». Et, pour permettre à Killy d’éviter les accusations de professionnalisme, Marceau Crespin a dû racheter 30000 francs le contrat qui liait le skieur à une marque italienne de bâtons. Toutefois, Brundage semble aller à contre-courant, car la commercialisation n’est pas le propre des Jeux de Grenoble, mais une tendance beaucoup plus ancienne, que l’irruption de la télévision va accélérer à partir des années 1970. En dépit de l’évolution des mœurs sportives, Brundage fait voter un nouveau règlement stipulant avec plus de précision les conditions de l’amateurisme, en avril 1971.Il interdit notamment les contrats publicitaires. Son application pour les jeux de Sapporo fait une victime exemplaire en la personne de Toni Schranz, l’adversaire malheureux de Killy, qui «en raison de la manière dont il a accepté que son nom et sa photographie soient utilisés comme support publicitaire […] est déclaré non admissible aux xi Jeux olympiques d’hiver de Sapporo 1972». Cette crise, qui affecte pendant plus de dix ans l’olympisme, n’est réglée qu’en 1984 avec l’accueil des professionnels aux Jeux de Los Angeles.

L’élan d’une région: Albertville, 1992 12 Les Alpes françaises accueillent une troisième fois les Jeux en 1992, dans une ville qui n’a ni le prestige touristique et sportif de Chamonix ni l’aura de modernité de Grenoble. C’est que Albertville, modeste sous-préfecture de vingt mille habitants, située à l’entrée de la vallée de la Tarentaise, est avant tout le porte-parole d’une région devenue département français en 1860: la Savoie.

111 Paris ou Albertville? L’idée d’une candidature savoyarde à l’organisation des Jeux d’hiver remonte au milieu des années 1970,mais c’est en 1981 que Jean-Claude Killy, l’enfant de Val-d’Isère, et Michel Barnier, futur président du conseil général de Savoie, en évoquent la possibilité. Le projet prend forme avec un comité de candidature auquel Killy apporte tout son savoir-faire de sportif et d’homme d’affaires. Toutefois, plus que les mérites des sept autres villes candidates telles que Sofia, Berchtesgaden ou Falun, les Savoyards doivent craindre une éventuelle victoire parisienne pour les Jeux d’été. Ces derniers font l’objet d’un véritable bras de fer politique et économique: Felipe Gonzales et Jacques Chirac, Premiers ministres d’Espagne et de France, sont venus à Lausanne plaider la cause de Barcelone et de Paris. Le 17 octobre 1986, les membres du Cio désignent la capitale de la Catalogne et la sous-préfecture de la Savoie comme villes organisatrices des Jeux olympiques de 1992. Après la désignation de Barcelone, Albertville l’a en effet emporté au sixième tour avec 51 voix contre 9 à Falun et 25 à Sofia. La candidature d’Albertville a certes bénéficié d’un effet de compensation, mais se voulant plus modeste, plus portée vers le sport et la jeunesse, elle a su aussi montrer des atouts bien défendus par un avocat de choix, Jean-Claude Killy. En tout cas, plus qu’une petite ville, c’est la Savoie tout entière qui est choisie. Au pays du centralisme jacobin qui pleure la défaite de Paris, la région a supplanté la capitale.

Les défis du régionalisme Les promoteurs des Jeux veulent d’abord mettre en valeur les atouts d’une région ou tout du moins de plusieurs vallées. Pour cela, Albertville fait davantage office de centre de gravité d’un réseau de sites, plutôt que de pôle centralisateur comme Grenoble. Les temps, il est vrai, ont changé depuis l’interventionnisme étatique des années de Gaulle. En 1982 a été votée la loi Defferre sur la décentralisation, qui accorde de nouveaux pouvoirs aux Régions et aux départements en matière de transport, d’éducation, de protection de l’environnement et de développement économique. L’impulsion locale donnée au projet et le soutien de l’État permettent de faire des Jeux une sorte de test des effets de la loi de 1982. Jean-Claude Killy et Michel Barnier (devenu président du conseil général) veulent donc que les compétitions donnent une impulsion nouvelle au département. Les stations les plus prestigieuses telles que Tignes ou Courchevel sont retenues, de même que des villages moins connus du grand public comme les Saisies. Ainsi, les trois générations de stations de ski sont représentées: les villages anciens comme Val- d’Isère, qui ont formé la première; les «stations intégrées» telles que les Ménuires, constituées de barres et de tours, fruits de l’urbanisme agressif des Trente Glorieuses, en représentent la deuxième; enfin, la troisième génération, apparue à la fin des années 1970 à des altitudes plus basses, est aussi mobilisée avec Pralognan

112 (composées de petits immeubles ou de hameaux de chalets, ces stations visent tout autant le tourisme vert que le commerce de l’or blanc). Quoi qu’il en soit, le pari consiste donc à combiner la construction d’équipements spécifiquement sportifs et d’infrastructures permettant, un peu comme à Grenoble, de moderniser la desserte d’un département de haute montagne et de valoriser pendant et après les Jeux ses ressources. Toutefois, le choix du régionalisme favorise aussi l’expression des susceptibilités locales, voire de l’esprit de clocher. En janvier 1987, alors que Killy, soucieux de limiter le nombre et la dispersion des sites olympiques, veut écarter la station des Ménuires de l’événement olympique, on assiste à une levée de boucliers menée par le maire de la commune de Saint- Martin-de-Belleville dont cette station dépend, et par Marielle Goitschel au nom de Val-Thorens. Dépité, accusé de trahir les siens, le héros de Grenoble donne sa démission en déclarant: «Je ne pensais pas que les clôtures de nos pâturages pouvaient être un obstacle à un événement de portée mondiale. Je le regrette.»

Aménagement du territoire L’ a ffrontement de deux logiques, celle du manager soucieux de rationaliser et de viser l’excellence et celle des habitants des alpages désireux de recevoir leur part du trésor olympique, dure une année. Michel Barnier, après avoir assuré avec diplomatie l’intérim, réussit à faire revenir Killy: à partir de mars 1988, ils coprésident le comité d’organisation. Comme le rappelle Killy, dans une conférence de presse: «Il y a tellement de choses à faire, je ne pouvais rester sur le bord du chemin.» Le choix de la dispersion des sites permet certes de retenir les plus adaptés selon les types de compétition, il n’en entraîne pas moins des problèmes de logistique qu’il faut résoudre. Ainsi, pour aller de Val-d’Isère, où ont lieu une partie des épreuves de ski alpin, aux Saisies, où doivent se dérouler celles de ski nordique, il y a plus de 120kilomètres de route. Il s’agit donc d’améliorer le réseau routier et autoroutier pour éviter l’engorgement, voire le blocage des axes de communication. Plus de 2,412 milliards de francs sont ainsi débloqués par les collectivités territoriales et surtout par l’État pour équiper la vallée de la Tarentaise d’un réseau routier et autoroutier moderne. L’État règle 43% de la facture. De même, les gares et les voies sont aménagées pour permettre au Tgv d’atteindre l’extrémité de la vallée, à Bourg- Saint-Maurice. Il faut aussi, comme dans les deux précédentes olympiades hivernales françaises, construire des équipements spécifiques: notamment la piste de bobsleigh, dont le coût dépasse rapidement les 200 millions de francs à la Plagne, ou encore une patinoire toute neuve pour le curling, seulement épreuve de démonstration, à Pralognan. L’ensemble a également un prix, plus de 815 millions de francs, et pose des problèmes d’environnement. Au Praz, à Courchevel 1300, des travaux importants de nivellement dans un environnement instable permettent d’installer le tremplin olympique sans trop défigurer la montagne. À la Plagne, l’ammoniaque utilisée pour la fabrication de la glace et l’équipement de refroidissement de la piste

113 de bobsleigh paraissent un temps menacer le milieu naturel. Cependant, ces questions d’environnement sont réglées par des aménagements coûteux, alors que les cicatrices laissées sur la montagne par la percée de nouvelles pistes laissent espérer aux acteurs locaux un nouvel essor du tourisme.

Une cérémonie d’ouverture pas comme les autres C’est François Mitterrand, réélu président de la République en 1988, qui proclame l’ouverture des Jeux d’Albertville. Jusqu’au dernier moment, le contenu de la cérémonie d’ouverture a été gardé secret, ainsi que le nom du dernier porteur de la flamme. Cette première inconnue est levée quand une silhouette un peu alourdie par l’arrêt de la compétition pénètre dans le stade en portant la torche olympique dessinée par le créateur Philippe Starck. C’est , l’ancien meneur de jeu et capitaine de la Juventus de Turin et de l’équipe de France de football, qui a été retenu pour l’occasion. Ce choix inédit suscite chez certains la circonspection: n’y avait-il pas un athlète plus représentatif des Jeux d’hiver? En fait le choix de Platini a été déterminé par sa renommée internationale (peu de sportifs français l’égalent alors), et aussi par son expérience olympique personnelle. En 1976,il avait atteint les quarts de finale du tournoi de football des Jeux de Montréal. Le spectacle retransmis devant plus de 2 milliards de téléspectateurs peut alors commencer. Il prétend refléter à la fois la tradition culturelle française et son originalité créatrice. Le projet, confié d’abord au cinéaste Jean-Jacques Annaud, est ensuite, pour des raisons budgétaires, mis entre les mains d’un jeune chorégraphe de trente ans, Philippe Decouflé. Immédiatement, l’entrée des athlètes dans le stade olympique d’Albertville dévoile une volonté de rompre avec la tradition. Deux maîtres de cérémonie commentent l’arrivée de chaque délégation par des bouts-rimés en français et en anglais, les délégations étant elles-mêmes précédées de jeunes filles porte-enseigne, habillées d’un costume rappelant les boules souvenirs qui se remplissent de neige quand on les agite. Le spectacle proprement dit mêle assez habilement arts du cirque et théâtre classique, avec échassiers, acrobates et comédiens, ou encore musique classique et hard rock, pour célébrer la diversité des hommes, la beauté du geste sportif et la fête olympique. Le clou du spectacle réside dans le ballet aérien mené par quarante acrobates attachés à un mat géant par des cordes élastiques, ce que le journal Le Monde qualifie de «féerie en apesanteur». Célébré par la presse française, le travail de Decouflé laisse plus dubitatifs les journalistes étrangers, que le mélange des genres intrigue.

Génération glisse et saut Plus de cinquante-sept épreuves olympiques sont organisées, sans compter les huit compétitions de démonstration. Parmi celles-ci, le ski acrobatique fait son entrée

114 aux Jeux. Rompant avec le classicisme sportif des courses de descente ou de slalom, elles représentent un nouvel esprit de liberté et de plaisir, notamment l’épreuve de bosses, qui sourit aux Français avec un doublé Grospiron-Allamand. Les athlètes hexagonaux brillent également là où on ne les attend pas. Au combiné nordique, c’est la revanche des Jeux de 1924. Deux skieurs du Jura, Fabrice Guy et Sylvain Guillaume, enfants de Mouthe et de Foncine-le-Haut, les villages les plus froids de France, réussissent à devancer les maîtres de la spécialité autrichiens et norvégiens. C’est aussi le cas en biathlon femmes, où, dans la station des Saisies, l’équipe composée de Corinne Niogret, Véronique Claudel et Anne Briand, remporte la médaille d’or au relais 3x7,5km. Les résultats français dans les disciplines plus classiques sont seulement convenables: deux médailles d’argent pour Franck Piccard en descente et Carole Merle en super-géant, et une de bronze pour Florence Masnada en combiné alpin. Enfin, Isabelle et Paul Duchesnay obtiennent, sur la musique de West Side Story, la deuxième place en danse sur glace. Au total, neuf médailles qui placent l’équipe de France en septième position au classement final par nations. Au-delà de l’aspect purement compétitif, les Jeux ont été marqués par une forte participation: 2174sportifs, représentant 63 nations n’ayant pas toujours une grande tradition de sports d’hiver, sont admis à concourir. Ainsi, dans l’épreuve de slalom géant, le Libanais Raymond Kayrouz finit par doubler le skieur marocain El Hassan Mahta, parti une minute plus tôt! Quant à Lamine Gueye, représentant du Sénégal, il termine dernier de la descente, dans un style peu orthodoxe faisant appel quasiment au chasse-neige! Si, pour certains, ces prestations originales sont la preuve de l’universalité des Jeux, pour d’autres elles décrédibilisent l’esprit olympique, empreint d’élitisme sportif. Les derniers feux des Jeux s’éteignent à Tignes, où est organisée du 25 mars au 1 avril l’olympiade paralympique. Plus de cinq cents athlètes défilent devant le président Mitterrand et participent aux épreuves selon leur handicap visuel ou moteur. Les sportifs français y brillent, puisqu’ils obtiennent la troisième place derrière les États-Unis et l’Allemagne, avec treize médailles. Du point de vue des épreuves, les compétitions paralympiques se distinguent peu des olympiades classiques. Elles réunissent avant tout des sportifs de haut niveau, comme le rappelle le Français Ludovic Rey-Robert, médaillé de bronze en descente: «Nous voulons surtout prouver que nous sommes des sportifs à part entière, certes, mais des sportifs avant tout.» Et, à l’instar du sport de compétition, les Jeux paralympiques ont aussi leurs vedettes, telles que Sarah Billmaier, amputée d’une jambe, triple médaille d’or en descente, super-g et slalom géant, mais sans les excès du vedettariat que l’on peut retrouver chez les champions possédant toute leur intégrité physique. Par conséquent, comme les autres Jeux paralympiques organisés depuis leur première édition, en 1976, l’olympiade d’Albertville fut marquée par le sens de la dignité humaine et l’esprit de solidarité entre compétiteurs.

115 Albertville, une olympiade réussie Globalement, le bilan d’Albertville est positif: environ un million de spectateurs s’est rendu sur les lieux des compétitions, et les difficultés techniques posées par le relief alpin n’ont gêné ni les retransmissions télévisées ni le déplacement des athlètes et des accompagnateurs. Certes, des concurrents regretteront l’éclatement des sites, qui empêche la constitution d’un véritable village olympique. Certains observateurs déplorent l’esprit mercantiliste et la sponsorisation omniprésents, de même que la surmédiatisation de quelques épreuves de ski alpin. Sur un plan politique, comme le remarque l’International Herald Tribune, les Jeux d’Albertville ont été les premiers depuis la fin de l’affrontement Est-Ouest. Les deux délégations arrivées en tête au nombre de médailles sont d’ailleurs la Communauté des États indépendants (Cei), qui a pris le relais de l’ex-Urss, et l’Allemagne réunifiée. Plutôt que de symboliser l’affrontement de nations, les épreuves ont repris un caractère sportif, à savoir la lutte entre individus ou équipes pour un seul objectif: réaliser la meilleure performance possible. C’est en ce sens, notamment, qu’il faut prendre le commentaire hyperbolique de Juan Antonio Samaranch, président du Cio: «L’olympisme se souviendra de ces Jeux qui feront date dans son histoire.»

116 FUGUES

La progéniture olympique Une réalisation aussi exemplaire que les Jeux olympiques rénovés ne pouvait que susciter d’autres vocations. Car on a du mal à admettre qu’un seul pays bénéficie du magnétisme, du rituel, du feu olympiques pendant une olympiade, c’est-à-dire quatre ans. Une rareté qui est une force, mais qui crée des besoins. Moyennant quoi, dans le sillage quasi immédiat des premiers Jeux surgissent des Jeux panoniens (8 édition à Smyrne en 1904) et des Jeux panhelléniques (1 édition à Athènes en 1904); puis, dans les années 1910, les Belges organisent régulièrement pendant deux jours «leurs» Jeux olympiques… Heureusement, les épreuves d’athlétisme établies par le Racing Club de Bruxelles ne durent qu’un week-end… Détail important, ce rendez-vous attire tout de même des athlètes anglais, allemands, français ou suédois… Coubertin se gendarme-t-il? Pas vraiment, car ces manifestations relancent le souffle olympique à un moment où celui-ci est encore court, et où la guerre va provoquer l’annulation des Jeux prévus à Berlin en 1916. Et ce n’est pas la commémoration hollandaise de 1916 ou les Jeux interalliés de Pershing en 1919 – ceux des nations victorieuses en 1918 – qui mettront du baume au cœur d’un baron qui craignait que l’on écornât la célébration officielle des «vrais Jeux» prévus à Anvers en 1920. Les Jeux olympiques du baron suscitèrent bientôt des vocations, à commencer par les Jeux mondiaux universitaires que Jacques Petitjean lançait à Paris en 1922. Comme ce mouvement touchait aussi l’Amérique centrale, Coubertin ne pouvait rester indifférent et se laisser déborder de tous côtés, même si tous ces nouveaux jeux étaient un peu les siens. Dès 1923, il rêvait donc en personne d’embraser le continent noir avec des Jeux africains, dont la première fut envisagée en 1925 à Alger, puis à Alexandrie pour 1929. Mais l’on touchait alors à la sphère d’influence britannique. Avec la Seconde Guerre mondiale, on perdit tout cela de vue, jusqu’à ce que les Jeux méditerranéens voient le jour en 1951 à Alexandrie, enfin. Les Jeux africains proprement dits ne se dérouleront, eux, qu’en 1965 à Brazzaville, et cela grâce aux précieux relais des Jeux de l’amitié, impliquant tous les pays francophones à Tananarive

134 en 1960, à Abidjan en 1961, puis à Dakar en 1963. Mais le baron s’était éteint en 1937, non sans avoir eu la satisfaction de voir s’épanouir à partir de 1924 des Jeux olympiques d’hiver, auxquels il tenait viscéralement, sans parler des «Spartakiades» populaires d’Urss à partir de 1928, des Jeux de l’Empire britannique (futurs Jeux du Commonwealth) en 1930, des Jeux ouvriers à partir de 1931 (Vienne en 1934,Anvers en 1937), et des Maccabiades juives de Tel-Aviv dès 1932 (puis en 1935 et 1938, avec reprise en 1950). Oui, ces Jeux ouvriers lui auront fait plaisir, car les pratiques populaires étaient l’un de ses combats. En fait, tous ces jeux étaient généralement régionaux, avec une périodicité évitant de chevaucher les célébrations olympiques quadriennales paires, de manière à pouvoir les préparer, sauf exception. L’exception étant les Jeux ouvriers, ou les Jeux réservés aux sourds et malentendants. S’agrègent aussi à cette catégorie noble les Jeux qui ont surgi miraculeusement en pleine Seconde Guerre mondiale, en 1944, à Woldenberg et à Gross-Born… Là, des prisonniers, pour fuir leur terrible quotidien, ébauchèrent des concours de saut en hauteur, des courses, émirent une poignée de timbres commémoratifs. Des timbres d’infortune, des timbres non officiels, mais pleins d’espoir. Les Jeux olympiques surmonteront deux autres non-célébrations, celles de 1940 et de 1944.Mais, en consolation, la flamme brillera encore plus vivement en 1948, lors des Jeux d’hiver de Saint-Moritz, puis d’été à Londres. Elle touchera aussi l’Asie, également meurtrie par le conflit, grâce aux Jeux asiatiques nés en 1951. Une aubaine, que recouperont bientôt les Jeux de la péninsule du Sud-Est asiatique en 1958, ceux du Pacifique Sud à partir de 1963 (Fidji), puis de Micronésie à compter de 1969. Car les grandes organisations quadrillant désormais parfaitement les cinq continents (les premiers Jeux panaméricains ont vu le jour en 1951 à Buenos Aires), on va dès lors «affiner»:en 1985 naîtront ainsi à San Marin les Jeux des petits États d’Europe (Monaco, Andorre, Liechtenstein, San Marin, Chypre, Malte, Islande, Luxembourg). Cette année-là, Ted Turner, patron

135 de la plus grande chaîne câblée des États-Unis, lancera également les Goodwill Games, ou «Jeux de la bonne volonté», entre les deux blocs Est-Ouest, pour titiller des Jeux olympiques classiques ébranlés par les boycotts; d’abord organisés par Moscou en 1986, ils seront accueillis par Seattle en 1990. On fêtera alors le premier anniversaire des premiers Jeux de la francophonie mis sur pied au Maroc, sous l’égide du roi Hassan ii… L’un dans l’autre, les variantes des graines olympiques de Coubertin fleurissent désormais partout dans le monde, à leur rythme, et dans toutes les communautés. Qui s’en plaindra? Et dans la mesure où l’on a pu dire que le soleil ne se couchait jamais sur l’empire du ballon rond, il faudrait peut-être admettre que la progéniture olympique du bon baron réchauffe bien le monde entier.

136 Les femmes aux Jeux, une longue marche Comme dans l’Antiquité, où les femmes avaient leurs Jeux réservés (les Jeux héréens, se développant à côté des Jeux olympiques), les contemporaines de Coubertin ont dû aussi créer en 1921 leurs propres manifestations – des Jeux mondiaux féminins à Pershing ou des Jeux athlétiques féminins à Monte-Carlo. En effet, le baron ne trouvait pas «recommandable» que des coureuses, nageuses, escrimeuses ou footballeuses participent à ses Jeux. En 1912, il ne tenait même pas à ce qu’elles créent leurs propres jeux, car «cette demi-Olympiade féminine» serait «impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte». De quoi faire sortir de leurs gonds des femmes que les terribles nécessités de la Grande Guerre avaient tellement impliquées dans la vie courante, dans les usines et dans les champs. N’en déplaise au baron qui les brimait, les femmes, avec Mme Alice Milliat et M. Payssé, vont créer à leur tour leurs propres fédérations nationales à partir de 1917-1919, et internationale en 1921. Soutenues par des journalistes, des écrivains «progressistes» et des mécènes, ces joutes se développent aussi bien à Paris (stades Pershing et Élisabeth) qu’à Monte-Carlo (stade du Tir aux pigeons). Elles seront vite assorties de titres et de records, et de l’athlétisme on enchaînera avec le basket ou la natation… Italiennes, Suisses, Britanniques, Tchèques et même Américaines viennent ainsi en découdre avec les Françaises à Monte-Carlo en 1921 et 1922, puis les Jeux mondiaux féminins se poseront à Göteborg en 1926,à Prague en 1930, enfin à Londres en 1934. Il faudra cette pression pour que les femmes, absentes des Jeux d’Athènes en 1896, présentes avec seulement dix-neuf ambassadrices (tennis, golf ) aux Jeux de Paris en 1900, forcent la porte des Jeux en 1924 (escrime) et en 1928 (athlétisme). Mais à Los Angeles, en 1932, et à Berlin en 1936, grâce aux prouesses des coureuses et des lanceuses américaines ou allemandes, la brèche va s’élargir. La disparition du baron, la Seconde Guerre mondiale, et surtout les Jeux de Londres en 1948, où la Hollandaise volante Fanny Blankers-Koen (100m, 200m, 4x100m) et la Française Micheline Ostermeyer (poids, disque, hauteur) signent des exploits

138 n’excluant ni le charme ni la féminité, vont permettre à la manifestation d’acquérir enfin cette dimension féminine si essentielle. À Londres, elles sont ainsi 385 – quarante ans plus tôt, en 1908, elles n’étaient que 36. Au fil des Jeux et des exploits des athlètes – Dana Zatopkova, Wilma Rudolph, Ulricke Meyfarth, Heike Dreschler, des nageuses Dawn Fraser ou Shane Gould, des gymnastes Larissa Latynina ou Nadia Comaneci, sans parler des patineuses ou des skieuses –, le sport féminin se crédibilise, s’ouvrant progressivement à toutes les spécialités (marathon en 1984, triple saut en 1996, marteau et perche en 2000) ou disciplines (basket en 1976, cyclisme en 1984, en 1992, épée et football en 1996, voire haltérophilie en 2000). Un élargissement dans lequel pèseront des personnalités françaises aussi passionnées que Marie-Thérèse Eyquem, Monique Berlioux, Françoise Giroud, Edwige Avice ou Marie-George Buffet, même si, par ailleurs, il sera toujours ponctué d’exploits moteurs, de duels sublimes et de figures charismatiques. En 1984, à Los Angeles, la victoire de la Marocaine Nawal El Moutawakil sur 400m haies aura ainsi un retentissement considérable, qui permettra les succès de l’Algérienne Hassiba Boulmerka sur 1500m en 1992, ou de l’heptathlète syrienne Ghada Shouaa en 1996. Et comment oublier, de notre côté, la sublime Marie-José Pérec (1992-1996), l’épéiste Laura Flessel (1996), les judokates Catherine Fleury, Cécile Nowak (1992) et Marie-Claire Restoux (1996), ou les cyclistes Jeannie Longo et Félicia Ballenger (1996-2000)? Des barrières qui reculent tant et si bien que les derniers Jeux, à Sydney, ont vu la participation de 6582hommes et de 4069femmes.

139 Essentiel, le cérémonial Si les Jeux sont devenus ce qu’ils sont, ils le doivent beaucoup à leur cérémonial, à leur protocole. Un appareil auquel le baron de Coubertin contribua fortement en créant le drapeau olympique avec les cinq anneaux en 1914, et en organisant la première prestation de serment par l’escrimeur Victor Boin à Anvers en 1920. Géo André lui succéda à Paris en 1924, et, depuis, la tradition s’est perpétuée, impliquant chaque fois une figure sportive emblématique du pays organisateur. Petite histoire au sein de la grande: la première femme à prêter le serment l’a seulement fait en 1956 aux Jeux d’hiver de Cortina d’Ampezzo (c’était la skieuse Giuliana Chenal-Minuzzo); pour les Jeux d’été, il a fallu attendre Munich, en 1972, pour voir la sauteuse en longueur Heidi Schuller promettre au nom de tous les concurrents de participer «dans un esprit chevaleresque pour la gloire du sport et l’honneur [des] équipes». Avec les défilés (dès 1908 à Londres, et surtout 1912 à Stockholm) vont apparaître les porteurs de drapeau de chaque délégation. Depuis 1896, il y avait déjà le symbole de la personnalité ouvrant les Jeux. Roi, chancelier, président de la République ou empereur, c’est le régime du pays qui dicte. Du roi Georges vi de Grèce, en 1896, à Ronald Reagan, à Los Angeles, en 1984, en passant par l’empereur du Japon Hirohito, en 1964, ou la reine Élisabeth ii d’Angleterre, en 1976, la galerie est impressionnante. Ces chefs d’État, ces têtes couronnées intervenaient directement autrefois, lors de la cérémonie de remise des médailles. C’est ainsi qu’en 1912 Gustave v de Suède était sur le podium pour passer leurs médailles aux trois premiers. Depuis 1928, le processus a été inversé, et ce sont les athlètes qui, dorénavant, se hissent sur le podium. C’est justement cette année-là, à Amsterdam, qu’apparut pour la première fois la flamme dans le stade; mais c’est à Berlin, en 1936,dans le contexte idéologique que l’on sait, qu’elle arriva de Grèce après un relais pédestre réalisé par des athlètes des pays traversés. Un symbole considérable, assorti de l’honneur suprême d’être le dernier porteur de la flamme. En 1952, ce fut Paavo Nurmi, que son pays tenait à réhabiliter; en 1968, à Mexico, ce fut Enriqueta Basilio, la première

141 femme. Quatre ans auparavant, au Japon, Yoshinori Sakai, né à Hiroshima le jour du bombardement, brandissait avec émotion la flamme sacrée. Les Jeux, qui épousent parfaitement la vie et le tissu du pays organisateur, comme y tenait expressément le baron (par exemple lors des cérémonies d’ouverture, de plus en plus spectaculaires, ou dans le cadre des villages olympiques), offrent depuis 1956 leur message le plus fort au moment de la cérémonie de clôture. En effet, après l’inévitable et importante cérémonie des adieux, de la passation de relais d’une ville à l’autre, se produit le défilé bras dessus, bras dessous, délégations mêlées, imbriquées, mélangées, de tous les athlètes. Une internationale vivante et vécue du sport, dans la lignée du rêve olympique de Coubertin.

142 Olympiques et célèbres Tous les athlètes rêvent de participer aux Jeux, considérés comme un aboutissement, une consécration, un sommet d’excellence. Mais pour ceux qui ont peut-être le plus tutoyé ce sommet, il pourra être un tremplin vers une carrière sportive encore plus épanouie, voire une reconversion cinématographique réussie. Les exemples sont légion. La tragédie y a aussi sa place, et la télévision a encore amplifié ces possibilités de reconversion de champions qui «passent l’écran», comme le judoka français Thierry Rey. On croit que tout a commencé avec le nageur américain Johnny Weissmuller, héros des Jeux de Paris en 1924, et d’Amsterdam en 1928, qui va devenir Tarzan à l’écran. Mais avant lui, quoique dans des registres moindres, il y avait eu le cycliste , troisième des Jeux de Londres en 1908, et premier du Tour de France 1910, Jean Bouin, héros malheureux du 5000m de Stockholm en 1912, ou Paavo Nurmi, le pedestrian finlandais neuf fois médaillé d’or entre 1920 et 1928, disqualifié pour professionnalisme, puis statufié, requalifié et finalement réhabilité. Jules Ladoumègue fut aussi un héros brisé des Jeux: médaillé d’argent sur 1500m en 1928, il devait obtenir la consécration en 1932, quand on lui reprocha d’avoir touché de l’argent; on le disqualifia donc. À cette époque, les athlètes participant aux Jeux étaient en effet obligatoirement amateurs. Il alla donc à Los Angeles, comme journaliste, avant de se produire sur la piste des cirques, où sa foulée de 2,25 mètres enchantait les spectateurs. Sa requalification mobilisa en 1935 des milliers de spectateurs sur les Champs-Élysées… Mais trop tard! C’était déjà le temps où Buster Crabbe, lauréat du 400m nage libre des Jeux de 1932 aux dépens de notre Jean Taris national, était en passe de succéder à Weissmuller dans le rôle de Tarzan. À la même époque, Sonia Henie, la fée de la glace, lauréate des Jeux d’hiver en 1928, 1932 et 1936, faisait un malheur au cinéma et au théâtre. Le skieur , rendu célèbre par son titre olympique de descente en 1948, taillera ensuite plus allégrement les routes des rallyes. L’Indien américain Jim Thorpe, héros malheureux des Jeux de 1912, Charles Rigoulot, l’homme le plus fort du monde dans les Années folles, Emil Zatopek, le triple champion

144 olympique tchèque (1952), au destin brisé par la politique, et même Cassius Clay, champion de boxe des Jeux de Rome, procèdent aussi un peu, beaucoup, voire a posteriori, de cette gloire olympique qui, grâce à l’excellent film Les Chariots de feu, réalisé cinquante ans plus tard, éclaira les exploits des coureurs anglais Abrahams et Liddell aux Jeux de 1924. Les champions olympiques de l’Antiquité pouvaient être statufiés, aujourd’hui, la reconnaissance s’est adaptée au progrès.

145 Vous avez dit paralympiques ? Oui, parfaitement, paralympiques! Des Jeux olympiques pour les handicapés physiques existent en effet officiellement depuis 1960. Cette année-là, quinze nations envoyèrent à Rome trois cents athlètes courir, sauter, et lancer comme Harmin Hary, Wilma Rudolph ou . Les Français étaient trente, et ils tirèrent déjà leur épingle d’un jeu qui avait en fait commencé en 1952, du côté de Stoke Mandeville, en Angleterre. Là, un neurologue, le professeur Guttman, s’était rendu compte que, complément idéal de rééducation, le sport pouvait aussi en être un prolongement. Les premières compétitions naquirent ainsi, et touchèrent aussitôt la France. Dès 1954, Philippe Berthe y créait une Amicale sportive des mutilés de France. On était sur les rails, et l’année suivante la France put ainsi aligner des athlètes aux Jeux des handicapés de Stoke Mandeville. Si Rome fut le grand tournant, le premier rendez-vous mondial, il ne fut pas sans lendemain. En 1964, toujours après les Jeux «classiques», Tokyo accueillit la ii Olympiade des handicapés physiques. Celle-ci attira tout de même vingt-deux nations et quatre cents participants, dont vingt Français, tout jeunes adhérents de la récente Fédération française de sports pour handicapés physiques (Ffshp). Le courant ne fera que s’amplifier, et bien que l’organisation dût prendre quelque distance avec les très problématiques Jeux en altitude de Mexico, les iii Jeux de Tel-Aviv furent un nouveau succès: vingt-neuf nations, huit cents participants, dont cinquante-cinq Français. En 1972, l’hébergement sera plus facile dans la ville universitaire d’Heidelberg qu’à Munich. Il faut dire que ces Jeux à nouveau organisés dans une Europe extrêmement motivée par le handisport, verront affluer pas moins de mille athlètes représentant quarante-deux pays. Tous les records sont donc battus, y compris par l’équipe de France, qui dépêche soixante-dix athlètes outre-Rhin. Une belle délégation, dont le bon comportement ne sera pas étranger à l’admission de la Ffshp au sein du Comité olympique et sportif français. Une splendide reconnaissance après presque vingt ans d’efforts, de sacrifices, de combats. Un engagement qui se déploiera dès l’année suivante

147 dans une nouvelle direction audacieuse: les sports d’hiver, avec, à la clé, les premiers championnats du monde de ski alpin et nordique au Grand-Bornand. Une première mondiale qui ouvrira la voie à la i Olympiade d’hiver, organisée par la Suède en 1976. Avec vingt nations, cinq cents participants, dont vingt Français, d’emblée, c’est un succès. Mais le grand événement cette année-là, ce sont les Canadiens qui le créent à l’olympiade de Toronto: soixante-quinze nations invitées y dépêchent mille sept cents participants aveugles, amputés ou en fauteuil roulant. Parmi eux, soixante Français, dont dix femmes, concourent dans huit sports. La progression ne se démentira plus, et quand, cinq olympiades plus tard, en 1996, les Paralympiques feront escale à Atlanta, les chiffres auront proportionnellement bondi encore plus fort qu’avec les Jeux classiques. Désormais, ce sont en effet cent dix pays et quatre mille athlètes qui concourent dans seize disciplines (de l’athlétisme à la voile, en passant par le basket, le cyclisme, l’haltérophilie ou le judo). Sans oublier la natation, où la Française Béatrice Hess se transforme en locomotive d’or des bassins, avec six médailles d’or à la clé: un exploit retentissant et qui touchera le grand public, au même titre que la victoire de son compatriote Claude Issorat, dans le 1500m en fauteuil. Un début de reconnaissance que Jacques Chirac, le président de la République, amplifiera de son côté, en rassemblant à l’Élysée, dans la même promotion symbolique, les dix-neuf champions olympiques valides d’Atlanta autour de Béatrice Hess et de Claude Issorat. Un nouvel élan pour le monde du handisport français, qui, malgré ses quatre-vingt-dix-huit médailles olympiques d’Atlanta, assorties d’une fabuleuse cinquième place mondiale, n’a pas encore tous les soutiens qu’il mérite. Le budget des Australiens et des Britanniques reste deux fois plus important que le nôtre. En résultat: à Sydney, la bonne volonté de nos athlètes et dirigeants n’a été récompensée que par quatre-vingt-une médailles, et un recul à la septième place du concert mondial. Un léger repli, qui a valeur de signal d’alarme. L’écart se creuse, en effet, avec l’Australie (149 médailles), la Grande-Bretagne (131)

148 et l’Espagne (107), où, comme le souligne le président André Auberger: «Les handicapés peuvent se déplacer et faire du sport sans avoir des montagnes à surmonter. Dans ces pays, le handisport est un sport comme les autres, et comme le sport reste la meilleure forme d’intégration, il nous faut mettre les bouchées doubles.» L’exemplaire Béatrice Hess avait anticipé les souhaits de son président, puisque, à Sydney, après avoir travaillé très dur, elle a fait mieux qu’à Atlanta: sept médailles d’or au lieu de six. «Pour prouver que ce n’était pas impossible», tranche-t-elle, avant d’annoncer que maintenant, devoir accompli pour la cause, elle va pouvoir s’occuper de sa famille, de ses deux enfants. Également exemplaire, le néo-Calédonien Thierry Cibone (27 ans) a réussi à décrocher trois titres à sa première participation, ceux du poids (record du monde: 12,27m), du javelot et du disque. Le fait paralympique poursuit sa marche en avant, et c’est bien ce qui importe. Il faudrait, pour conclure, retenir le fantastique exploit de l’Américaine Marla Runyan. Cette coureuse de 1500m non voyante a réussi à se qualifier pour les Jeux de Sydney, à les disputer, et à se classer troisième de la finale. Une première mondiale, qui va au-delà de bien des premières et qui représente un immense espoir pour le handisport tout entier. Lumineuse démonstration du bien-fondé de la philosophie du président Auberger: «Le sport reste la meilleure forme d’intégration.»

149 d’Athènes à Athènes, les 100 dates françaises des Jeux Après cent huit ans de slalom à travers les continents, les Jeux olympiques rénovés par le baron de Coubertin reviennent à Athènes en 2004. Ils ont pris du poids, du souffle, et gagné, mieux que de l’audience, une saga. Pour les survoler, voici cent dates clés de la relation particulière existant entre la France et les Jeux.

1832 (7 février). Grenoble. Au petit séminaire, au Rondeau, Mathieu Frédéric de Glandage et Michel Nicolas de Beaumont gagnent les courses des «Jeux de la première promenade olympique». En 1846, c’est Henri Didon, du Touvet, le futur inventeur de la devise olympique, qui sera couronné. 1863 (1 janvier). Paris. Naissance de Pierre de Coubertin. 1892 (25 novembre). Paris. Lors de la réunion du cinquième anniversaire de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (Usfsa), le baron de Coubertin fait part de sa décision de rétablir les Jeux dans une forme moderne. 1894 (16 juin). Paris. Ouverture dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, garni de deux mille invités, du premier congrès olympique. Objet: le rétablissement des Jeux olympiques. 1894 (23 juin). Paris. Clôture du congrès. Coubertin proclame sa décision de rétablir les Jeux. Le Comité international olympique (Cio) sera présidé par le Grec Démétrios Bikélas. 1896 (6 avril). Athènes. Deuxième du triple saut avec 12,70 m, Alexandre Tuffère est le premier médaillé olympique français de l’histoire. 1896 (7 avril). Athènes. Escrime. Eugène-Henri Gravelotte, un étudiant de vingt ans, devient, au fleuret amateurs, le premier champion olympique français de l’histoire. 1896 (10 avril). Athènes. Athlétisme. L’Américain Thomas Curtis gagne la finale du 110m haies en 17,6s, mais, curiosité, Frantz Reichel, envoyé spécial du Vélo, a disputé les éliminatoires de la spécialité.

151 1896 (11 avril). Athènes. Cyclisme. Le sprinter Paul Masson décroche sur piste trois titres le même jour. 1896 (15 avril). Athènes. Clôture des premiers Jeux olympiques de l’ère moderne. Le baron de Coubertin succède à la présidence du Cio à Bikélas. Il en tiendra les leviers jusqu’en 1925. 1897 (23 juillet). Ouverture au Havre du congrès olympique de la 3 session du Cio (première à Paris en 1894, et deuxième à Athènes en 1896). Le thème: «Pédagogie, hygiène et sport». 1900 (13 mars). Décès du père Didon (1840-1900), auteur de la devise olympique «Citius, altius, fortius», « Plus vite, plus haut, plus fort ». 1900 (29 mai au 2 juin). Paris. Sports équestres. Place de Breteuil se déroulent les concours de saut en largeur, en hauteur ou d’obstacles du Concours hippique international organisé dans le cadre de l’Exposition universelle. 1900 (19 juillet). Paris. Athlétisme. Sous une chaleur caniculaire, le «marathon des fortifs» comptant pour les Jeux olympiques phagocytés par l’Exposition universelle, voit la victoire facile de Michel Théato, de Saint-Mandé. 1900 (11, 12, 13,et 19 août). Paris. Natation. Sur le plan d’eau de Courbevoie à Asnières, sur la Seine, les concours de natation de l’Exposition universelle voient un récital des nageurs allemands, australiens ou britanniques. Dans le concours de plongeon «au plus long trajet sous l’eau», un certain Devendeville sauve l’honneur tricolore en parcourant 60 mètres en 1 min 8,4s. 1900 (14 et 28 octobre). Paris. Football-rugby. Sur la pelouse du vélodrome de Vincennes, l’équipe de France, dirigée par J. Olivier, devient championne olympique après avoir dominé une équipe allemande et une équipe anglaise. 1908 (18 juillet). Londres. Cyclisme. Dans le 100 km sur piste, Octave Lapize, futur vainqueur du Tour en 1910,termine 3.

152 1908 (20 juillet). Décès de Démétrios Bikélas, le premier président du Cio (1894-1896). 1908 (21 et 23 juillet). Londres. Athlétisme. L’athlète complet Géo André termine 2 ex aequo du saut en hauteur avec élan en réussissant 1,88m, puis 5 du saut en hauteur sans élan, avec 1,47 m. 1908 (21 octobre). Paris. Football-rugby. À l’initiative du Stade français, et par crainte du ridicule, l’Usfsa décide de ne pas envoyer d’équipe pour cette discipline aux Jeux de Londres. 1908 (22 octobre). Londres. Football. L’Usfsa aurait aussi bien fait de ne pas envoyer d’équipe de football association: les hommes de Bayrou sont ridicules devant les Danois, et encaissent le plus gros carton de leur histoire: 17-1. 1912 (12 mai). Stockholm. Tennis. Sur courts couverts, André Gobert est champion olympique. 1912 (28 juin). Paris. Escrime. «En présence des procédés inexplicables autant qu’irréguliers du Comité olympique suédois», la Fédération française d’escrime préfère renoncer aux Jeux. 1912 (4 juillet). Stockholm. Tennis. Marguerite Broquedis devient championne olympique en plein air. 1912 (6 juillet). Stockholm. L’athlète Raoul Simonpaoli est le premier porteur officiel d’un drapeau tricolore lors d’un défilé d’ouverture. 1912 (10 juillet). Stockholm. Athlétisme. Après un duel épique avec le Finlandais Hannes Kolehmainen, le Marseillais Jean Bouin est battu sur le fil du 5000m. 1912 (22 juillet). Stockholm. Voile. En 6 mètres, les frères Thubé (Amédée, Gaston et Jacques) donnent la leçon aux Scandinaves, chez eux. 1912 (23 août). Stockholm. Water-polo. L’équipe de France, qui s’était préparée aux bains Deligny, se fait sortir au premier tour. Dans ses rangs figure le futur écrivain-cinéaste Henri Decoin.

153 1914 (5 avril). Alexandrie. À l’occasion des Jeux panégyptiens, le drapeau olympique est hissé pour la première fois. 1920 (14 août). Anvers. Deux innovations: l’apparition officielle du drapeau olympique, et le premier serment, prêté par l’escrimeur belge Victor Boin. 1920 (17 août). Anvers. Athlétisme. Sur 5000m, le Limousin Joseph Guillemot prend le meilleur sur le Finlandais Paavo Nurmi, et venge Bouin. 1920 (23 août). Anvers. Tennis.Suzanne Lenglen est championne olympique en simple et en double mixte (associée à ). 1924 (25 janvier). Chamonix. Ouverture de la première Semaine internationale des sports d’hiver, qui deviendra en 1926 les premiers Jeux olympiques d’hiver. 1924 (18 mai). Paris. Rugby. À l’issue d’un match très violent, les joueurs américains deviennent champions olympiques aux dépens des Français (notamment Jauréguy et Cassayet). 1924 (5 juillet). Paris. À Colombes, devant 40000 spectateurs, dont le président Gaston Doumergue, Géo André, le porte-drapeau de l’équipe de France, prête le serment olympique (pour l’ouverture officielle, certaines épreuves ayant déjà commencé). 1924 (20 juillet). Paris. Natation. Dans la piscine des Tourelles flambant neuve, l’équipe de France de water-polo, menée par Henri Padou, ne laisse aucune chance aux Belges (3-0). Mais les spectateurs ont été tellement enchantés par la partie qu’ils demandent que la Brabançonne soit jouée après la Marseillaise. 1924 (23 juillet). Paris. Haltérophilie. Chez les mi-lourds, Charles Rigoulot succède au palmarès à un autre Français, Ernest Cadine. La route pour devenir l’homme le plus fort du monde est ouverte. 1925 (28 mai). Le comte Henri de Baillet-Latour succède à Coubertin à la présidence du Cio. Le baron en devient

154 président d’honneur. 1928 (28 juillet). Amsterdam. Pour protester contre le mauvais comportement d’un officiel, l’équipe de France refuse de participer au défilé d’ouverture. Pierre Lewden prêtera donc, au nom de l’équipe de France, le serment en petit comité. 1928 (28 juillet). Amsterdam. Pour la première fois, une flamme va brûler pendant toute la durée des compétitions olympiques. 1928 (1 et 8 août). Amsterdam. Escrime. réussit l’exploit de devenir champion olympique au fleuret puis à l’épée. 1928 (2 août). Amsterdam. Athlétisme. Sur 1500m, Jules Ladoumègue se fait surprendre par le Finlandais Larva. La médaille d’argent le consolera mal de sa déception. 1928 (9 août). Amsterdam. Voile. À bord de son 8 m, Virginie Hériot transcende son équipage et fait une nouvelle fois monter au mat ses chères couleurs de France. 1932 (3 août). Los Angeles. Lutte. Chez les légers, en lutte libre, Charles Pacôme montre qu’il n’excelle pas seulement au piano. 1932 (10 août). Los Angeles. Sports équestres. En dressage, Xavier Lesage sur Taine, Charles Marion sur Linon, et André Jousseaume sur Sorelta triomphent individuellement et collectivement. 1932 (12 août). Los Angeles. Voile. En monotype, victoire de Jacques Lebrun. 1936 (20 juillet). Pour la première fois, la flamme est allumée au soleil d’Olympie. 1936 (30 juillet). Berlin. Déjà porteur du drapeau tricolore lors des Jeux de 1932, le discobole Jules Noël a de nouveau cet honheur. 1936 (3 août). Berlin. Haltérophilie. Le poids mi-lourd stéphanois Louis Hostin, déjà vice-champion olympique en 1928 et champion olympique en 1932, fait retentir la première Marseillaise.

155 1936 (10 août). Berlin. Cyclisme. Vainqueur de la course sur route individuelle, Robert Charpentier enlève aussi le titre par équipes. Comme il était déjà membre de l’équipe de France de poursuite olympique couronnée sur piste, il réussit là un fabuleux triplé. 1936 (15 août). Berlin. Boxe. Jean Despeaux, chez les moyens, et Roger Michelot, chez les mi-lourds, témoignent de la vigueur retrouvée du pugilisme tricolore. 1937 (22 juin). Le baron de Coubertin est proclamé bourgeois d’honneur de la ville de Lausanne. 1937 (2 septembre). Décès, à Genève, du baron de Coubertin, rénovateur des Jeux olympiques. 1938 (26 mars). L’urne contenant le cœur de Coubertin est déposée dans la stèle érigée à Olympie. 1948 (2 février). Saint-Moritz. Ski alpin. Henri Oreiller gagne la descente des Jeux, et devient le premier champion olympique français des Jeux d’hiver. 1948 (30 juillet et 4 août). Londres. Athlétisme féminin. Micheline Ostermeyer s’impose au disque et au poids, devenant la première double championne olympique française. 1948 (30 juillet-4 août). Londres. L’écrivain-dramaturge André Obey publie dans le quotidien sportif L’Équipe, comme 24 ans plus tôt dans L’Auto, de somptueuses chroniques olympiques. 1948 (31 juillet et 4 août). Londres. Escrime. L’équipe de France de fleuret s’impose individuellement avec Jehan Buhan, et collectivement avec le même, épaulé par Christian d’Oriola, André Bonin, René Bougnol, Jean Lataste et . 1952 (19 juillet). Helsinki. Le décathlonien Ignace Heinrich porte le drapeau tricolore pour le défilé. 1952 (23 juillet). Helsinki. Aviron. En deux barré, Salles, Mercier et Malivoire s’imposent sans coup férir. 1952 (27 juillet). Helsinki. Canoë. En canoë canadien biplace, Turlier et Laudet sont champions olympiques sur 10000m.

156 1952 (30 juillet). Helsinki. Natation. Jean Boiteux triomphe dans le 400m nage libre, et son papa s’associe à sa joie en plongeant dans la piscine pour le rejoindre. 1952 (2 août). Helsinki. Cyclisme. Associé à Alfred Tonello et Claude Rouer, , futur premier quintuple vainqueur du Tour de France, termine 3 de l’épreuve sur route par équipes. 1952 (3 août). Helsinki. Sports équestres. Sur Ali Baba, le cavalier d’origine catalane Pierre Jonquères d’Oriola remporte le concours de saut d’obstacles. 1956 (22 novembre). Melbourne. L’haltérophile Jean Debuf a le privilège de porter le drapeau tricolore lors de la cérémonie d’ouverture. 1956 (1 décembre). Melbourne. Athlétisme. s’impose dans le marathon, comme Boughera El Ouafi en 1928, et Michel Théato en 1900… Tous les 28 ans. 1959 (1 décembre). Inauguration à la Sorbonne de la plaque commémorant l’annonce de la renaissance des Jeux proclamée au même endroit en 1894. 1960 (22 février). Squaw Valley. Ski alpin. adopte la position de l’œuf et rejoint Henri Oreiller sur les tablettes de la descente olympique. 1960 (3 septembre). Rome. Athlétisme. Sur 200m, le sprinter français d’origine sénégalaise Abdoulaye Seye est médaille de bronze. 1960 (6 septembre). Rome. Athlétisme. L’Australien Herb Elliott est intouchable sur 1500m, mais Michel Jazy, médaille d’argent, est un dauphin qui donne bien des promesses. 1960 (11 septembre). Rome. Athlétisme. L’Éthiopien Abebe Bikila gagne le marathon olympique. Surprise, ce soldat de la garde du Négus court pieds nus! 1963 (6 mai). Décès de la baronne de Coubertin, née Marie Rothan. 1964 (24 octobre). Tokyo. Sports équestres. Comme en 1952, Pierre Jonquères d’Oriola gagne l’épreuve de saut d’obstacles

157 avec Lutteur B. Ce sera in extremis la seule médaille d’or française. 1966 (7 novembre). Paris. Palais de l’Élysée. C’est sous les ors de la République que le général de Gaulle remet les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à MM. Anquetil, Calmat, Crauste, Delecour, Périllat et Jazy. Par ailleurs, il distingue avec l’ordre national du Mérite treize autres champions, dont Killy, Bambuck et Morelon. Le sport et ses champions sont vraiment des composantes de la nation. 1968 (6 février). Grenoble. Le général de Gaulle, président de la République, déclare ouverts les x Jeux olympiques d’hiver. 1968 (18 février). Grenoble. Ski alpin. En gagnant le slalom spécial, après le géant et la descente, Jean-Claude Killy réussit un triplé qui lui permet de rejoindre Toni Sailer dans les annales. 1968 (12 octobre). Mexico. L’honneur de porter le drapeau tricolore pour la cérémonie d’ouverture revient à la nageuse Christine Caron. 1968 (16 octobre). Mexico. Athlétisme féminin. Sur 400m, Colette Besson crée, en 52,3s, une sensationnelle surprise, en s’imposant après une dernière ligne droite explosive. 1968 (17, 18, 19, 20 octobre). Mexico. Cyclisme. En quatre jours, les pistards Daniel Morelon (2), Daniel Rebillard (1) et Pierre Trentin (2) raflent les médailles d’or tant en vitesse que sur le kilomètre en tandem ou en poursuite individuelle. 1968 (21 octobre). Mexico. Sports équestres. En concours complet, dans des conditions infernales, l’adjudant-chef Jean-Jacques Guyon réussit à conduire à la victoire son cheval Pitou. 1972 (26 août). Munich. L’escrimeur Jean-Claude Magnan porte le drapeau tricolore lors du défilé d’ouverture. 1972 (2 septembre). Munich. Cyclisme. Sur piste, le sprinter Daniel Morelon conserve le titre acquis à Mexico en 1968. 1976 (17 juillet). Montréal. C’est le sprinter cycliste Daniel Morelon

158 qui porte le drapeau français lors du défilé d’ouverture. 1976 (28 juillet). Montréal. Athlétisme. Sur 110m haies, Guy Drut, déjà médaille d’argent à Munich en 1972,devient champion olympique. Son temps: 13,3s. 1980 (26 et 27 juillet). Moscou. Escrime. Chez les dames (Boeri-Bégard, Latrille-Gaudin, Trinquet…) et chez les hommes (Boscherie, Flament, Pietruszka…), les fleurettistes français sont champions olympiques, comme les sabreurs (Boisse, Gardas, Riboud). 1984 (8 août). Los Angeles. Athlétisme. En finale du saut à la perche, Pierre Quinon décroche la médaille d’or en réussissant 5,75 m, et Thierry Vigneron, celle de bronze, avec 5,60m. 1984 (8 août). Los Angeles. Football. En battant les Brésiliens en finale (2-0; buts de Brisson et Xuereb), l’équipe de France de football, commandée par le gardien de but Albert Rust et entraînée par Henri Michel, devient championne olympique devant cent mille spectateurs. 1988 (21 février). Calgary. Ski alpin. Frank Piccard devient champion olympique de super-géant. 1988 (23 septembre). Séoul. Escrime. Au sabre, Jean-François Lamour conserve le titre conquis à Los Angeles en 1984. 1988 (2 octobre). Séoul. Sports équestres. Vingt-quatre ans après Pierre Jonquères d’Oriola à Tokyo, Pierre Durand devient champion olympique de saut d’obstacles avec Jappeloup. 1992 (8 février). Albertville. François Mitterrand, président de la République, déclare ouverts les Jeux d’hiver. La cérémonie d’ouverture, suivie par 2 milliards de téléspectateurs, voit Michel Platini porter la flamme, et les 3000 danseurs de Philippe Decouflé donner le frisson aux 35000 spectateurs présents. 1992 (3 août). Barcelone. Tir à l’arc. À vingt ans, Sébastien Flute est champion olympique d’une discipline qui ne souriait plus aux Français depuis la Belle Époque.

159 1992 (5 août). Barcelone. Athlétisme féminin. Vingt-quatre ans après Colette Besson, Marie-José Pérec devient championne olympique du 400m (48,83s). 1996 (19 juillet). Atlanta. Marie-José Pérec est le porte-drapeau de l’équipe de France lors de la cérémonie d’ouverture. 1996 (21 juillet). Atlanta. Cyclisme féminin. À 37 ans, Jeannie Longo devient championne olympique sur route, effaçant magistralement ses échecs de 1984, 1988 et 1992. 1996 (22 et 24 juillet). Atlanta. Escrime. L’épée féminine fait à peine son apparition au programme olympique que Laura Flessel décroche les titres individuel et collectif avec l’équipe de France. On la surnomme «la guêpe». 1996 (29 juillet, 1 août). Atlanta. Athlétisme féminin. Après avoir conservé son titre olympique sur 400m (48,25s), Marie-José Pérec s’impose aussi sur 200m (22,12s). Du jamais vu. Huit courses en sept jours pour réussir l’exploit. 1996 (6 septembre). Paris. Palais de l’Élysée. Le président Jacques Chirac remet la Légion d’honneur à vingt et un champions olympiques d’Atlanta. 2000 (15 septembre). Sydney. Lors de la cérémonie d’ouverture, c’est David Douillet qui est le porteur du drapeau français. 2000 (16 et 20 septembre). Sydney. Cyclisme. La sprinteuse vendéenne Félicia Ballanger s’impose sur 500 m, mais aussi en vitesse. 2000 (23 septembre). Sydney. Judo. Chez les lourds, David Douillet conserve son titre. Il devient le plus grand judoka de tous les temps. 2000 (30 septembre). Sydney. Boxe. En devenant champion olympique des moins de 48kg, le Berjallien Brahim Asloum renoue le fil des victoires françaises en boxe, qui s’était brisé après les Jeux de Berlin en 1936. 2002 (24 février). Salt Lake City. La France réussit aux États-Unis sa meilleure moisson olympique hivernale, avec 11 médailles, dont 4 d’or (Blanc, Montillet, Vidal et Annisina-Peizerat).

160 BIBLIOGRAPHIE Bibliographie générale

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162 Sur l’histoire de l’olympisme et des Jeux olympiques

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Sur l’histoire du sport français

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163 Sur les Jeux olympiques organisés en France

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Bibliographie sur Pierre de Coubertin

BOULONGNE, Yves-Pierre, La Vie et l’œuvre pédagogique de Pierre de Coubertin (1863-1937), Léméac, coll. «Éducation physique et loisirs», Montréal, 1975,isbn:0-7761-9359-7 CALLEBAT, Louis, Pierre de Coubertin, Fayard, Paris, 1988, isbn: 2-213-02149-x CHOLLEY, Patrice, Pierre de Coubertin, la deuxième croisade: améliorer la condition humaine par le sport et l’éducation, facteurs de paix universelle, Cio, coll. «Histoires et faits», Lausanne, 1996, isbn: 92-9149-009-1 EYQUEM, Marie-Thérèse, Pierre de Coubertin. L’épopée olympique, Calmann-Lévy, coll.«L’heure du sport»,Paris,1966,isbn:2-7021-0108-9 LEBECQ, Pierre-Alban, Paschal Grousset et la Ligue nationale de l’éducation physique, L’Harmattan, coll. « Espaces et temps du sport », Paris, 1997,isbn:2-7384-5710-x NAVACELLE, Geoffroy (de), Pierre de Coubertin. Sa vie par l’image,Weidmann, Zurich-Hildesheim-New York, 1986,isbn:3-296-18004-4

164 Sur l’Exposition universelle de Paris

MABIRE, Jean-Christophe (dir.), L’Exposition universelle de 1900, L’Harmattan, Paris, 2000, isbn: 2-7384-9309-2 PROCHASSON, Christophe, Paris 1900. Essai d’histoire culturelle, Calmann-Lévy, coll. «Liberté de l’esprit», Paris, 1999,isbn:2-7021-3023-2 RIOUX, Jean-Pierre, Chronique d’une fin de siècle. France (1889-1900), Le Seuil, Paris, 1991, isbn: 2-02-012878-0

Sources et documents d’époque

PRÉVOST, Jean, Plaisirs des sports. Essais sur le corps humain, La Table ronde, coll. «La petite vermillon », Paris, 2003 (rééd. de l’ouvrage paru en 1925), isbn: 2-7103-2535-7

Ouvrages et écrits de Pierre de Coubertin actuellement disponibles

COUBERTIN, Pierre (de), Essais de psychologie sportive, Payot, Lausanne-Paris, 1913, nouv. éd. présentée par Jean-Pierre Rioux, Jérôme Millon, coll. «Mémoires du corps», Grenoble, 1992,isbn:2-905614-74-9 COUBERTIN, Pierre (de), Mémoires olympiques (1931), Revue Eps, coll. «Archives et mémoire de l’éducation physique et du sport», Paris, 1996,isbn:2-86713-130-8 DURRY, Jean, Coubertin autographe, Cabédita, Saint Gindolph, 2003,isbn:2-882953-76-3 MÜLLER, Norbert (dir.), Pierre de Coubertin. Textes choisis, t. I, Révélation;t.II, Olympisme; t. III, Pratique sportive, Weidmann, Zurich-Hildesheim-New York, 1986, isbn: (t. I) 3-296-18001-x ; (t. II) 3-296-18002-8 ; (t. III) 3-296-18003-6 MÜLLER, Norbert, SCHANTZ, Otto, Bibliographie des œuvres de Pierre de Coubertin,Comité international Pierre-de-Coubertin, Lausanne, 1991,isbn:3-88500-328-7

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Un bilan français Un bilan, c’est un survol, et inévitablement un raccourci avec toutes les compressions et les déformations que cela implique – a fortiori, quand ce bilan survole cent huit années et vingt-huit olympiades. Mais pour imparfait et limité qu’il soit aux seuls médaillés, ce parcours montre la réussite des Jeux olympiques rénovés par le baron de Coubertin. Des treize nations du départ, à Athènes en avril 1896, on passa à deux cents à Sydney, en 2000. Les Jeux auront aussi permis l’épanouissement des personnes handicapées avec les épreuves paralympiques. Dans ces pages, pour la première fois, les Jeux olympiques et paralympiques sont traités également. Tous les médaillés français apparaissent enfin ensemble, et défilent côte à côte, comme sur un stade idéal.

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JEUX OLYMPIQUES D’ÉTÉ JEUX OLYMPIQUES D’HIVER

DURÉE CNO DISCIPLINES ÉPREUVES PARTICIPANTS DURÉE CNO DISCIPLINES ÉPREUVES PARTICIPANTS (*) (NATIONS) (**) (NATIONS) (*)

1896 ATHÈNES 9 14 9 43 241 1924 CHAMONIX 11 16 6 16 258 (13) 1900 PARIS 14 (5) 24 18 95 1 225 (19) 1928 SAINT-MORITZ 8 25 4 14 464 (26) 1904 SAINT-LOUIS 23 (4) 13 17 91 689 (8) 1932 LAKE PLACID 11 17 4 14 252 (21) 1908 LONDRES 4 (6) 22 22 110 2 035 (36) 1936 GARMISCH-PARTENKIRCHEN 10 28 4 17 668 (80) 1912 STOCKHOLM 22 (2) 28 14 102 2 547 (57) 1948 SAINT-MORITZ 9J 28 4 22 669 (77) 1920 ANVERS 22 (4) 29 22 154 2 669 (78) 1952 OSLO 11 30 4 22 694 (109) 1924 PARIS 23 (2) 44 17 126 3 092 (136) 1956 CORTINA D’AMPEZZO 10 32 4 24 820 (132) 1928 AMSTERDAM 25 (2) 46 14 109 3 014 (290) 1960 SQUAW VALLEY 10 30 4 27 665 (143) 1932 LOS ANGELES 15 37 14 117 1 408 (127) 1964 INNSBRUCK 11 36 6 34 1 091 (200) 1936 BERLIN 15 49 19 129 4 066 (328) 1968 GRENOBLE 12 37 6 35 1 158 (211) 1948 LONDRES 16 59 17 136 4 099 (385) 1972 SAPPORO 10 35 6 35 1 006 (206) 1952 HELSINKI 15 69 17 149 4 925 (518) 1976 INNSBRUCK 11 37 6 37 1 123 (231) 1956 MELBOURNE 16 67 17 145 3 184 (371) 1980 LAKE PLACID 11 37 6 38 1 072 (233) 1960 ROME 17 83 17 150 5 348 (610) 1984 SARAJEVO 11 49 6 39 1 274 (274) 1964 TOKYO 14 93 19 163 5 140 (683) 1988 CALGARY 15 57 6 46 1 423 (313) 1968 MEXICO 15 112 20 172 5 530 (780) 1992 ALBERTVILLE 15 64 7 57 1 801 (488) 1972 MUNICH 16 121 23 195 7 123 (1 058) 1994 LILLEHAMMER 15 67 6 61 1 739 (522) 1976 MONTRÉAL 15 92 21 198 6 028 (1 247) 1998 NAGANO 15 72 7 68 2 302 (814) 1980 MOSCOU 15 80 21 203 5 217 (1 124) 2002 SALT LAKE CITY 16 77 7 78 2 399 (886) 1984 LOS ANGELES 15 140 23 221 6 797 (1 567) 1988 SÉOUL 15 159 25 237 8 465 (2 186) 1992 BARCELONE 15 169 28 257 9 367 (2 708) 1996 ATLANTA 16 197 26 271 1 0318 (3 512) 2000 SYDNEY 16 199 28 300 1 0651 (4 069)

* Nombre de jours; entre parenthèses: nombre de mois. ** Nombre total de participants; entre parenthèses: nombre de femmes. * Nombre total de participants; entre parenthèses: nombre de femmes. **************************************************************************************** RUGBY (H) ALEXANDRE PHARAMOND JEUX OLYMPIQUES D'ÉTÉ FRANTZ REICHEL **************************************************************************************** JEAN COLLAS ALBERT HENRIQUEZ DE ZUBIERA ------AUGUSTE GIROUX 1896 - ATHÈNES (11 MÉDAILLES) ANDRÉ RISCHMANN JEAN BINOCHE OR (5) A. ALBERT CYCLISME 100 KM PISTE (H) LÉON FLAMENG CHARLES GONDOUIN TOUR DE PISTE (H) PAUL MASSON HUBERT LEFEBVRE 10 KM PISTE (H) PAUL MASSON ÉMILE SARRADE VITESSE, CLM (H) PAUL MASSON VLADIMIR AITOFF ESCRIME FLEURET (H) EUGÈNE-HENRI GRAVELOTTE JOSEPH OLIVIER JEAN-GUY GAUTIER ARGENT (4) VICTOR LARCHANDAT ATHLÉTISME TRIPLE SAUT (H) ALEXANDRE TUFFÈRE J. HERVÉ CYCLISME 10 KM PISTE (H) LÉON FLAMENG ALBERT ROOSEVELT ESCRIME FLEURET POUR MAÎTRES D’ARMES (H) JEAN PERRONNET TIR FUSIL DE GUERRE, 300 M, FLEURET (H) HENRI CALLOT COUCHÉ (H) ACHILLE PAROCHE CERF COURANT (H) LOUIS DEBRAY BRONZE (2) PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H) ROGER DE BARBARIN ATHLÉTISME 1 500 M (H) ALBIN LERMUSIAUX PISTOLET VITESSE (H) MAURICE LARROUY CYCLISME VITESSE, 2 000 M (H) LÉON FLAMENG PISTOLET DE DUEL (H) LÉON MOREAUX ------TIR À L’ARC 50 M AU CORDON DORÉ (H) HENRI HÉROUIN 1900 - PARIS (103 MÉDAILLES) 50 M AU CHAPELET (H) EUGÈNE MOUGIN TIR À LA PERCHE, PYRAMIDE (H) ÉMILE GRUMIAUX OR (29) TIR À LA PERCHE, HERSE (H) EMMANUEL FOULON ATHLÉTISME MARATHON (H) MICHEL THÉATO VOILE 0,5 TONNEAU (H) M. TEXIER AVIRON QUATRE BARRÉ (H) ÉMILE DELCHAMBRE 3-10 TONNEAUX (H) F. MICHELET HENRI BOUCKAERT E. MICHELET HENRI HAZEBROUCK 10-20 TONNEAUX (H) ÉMILE BILLARD JEAN CAU P. PERQUER CHARLOT (BAR.) ARGENT (41) SKIFF (H) HENRI BARRELET ATHLÉTISME 400 M HAIES (H) HENRI TAUZIN CROQUET SIMPLE 1 BOULE (H) AUMOITTE 1 500 M (H) HENRI DELOGE SIMPLE 2 BOULES (H) WAYDELICK 5 000 M PAR ÉQUIPES (H) HENRI DELOGE DOUBLE (H) AUMOITTE GASTON RAGUENEAU JOHIN JACQUES CHASTANIE CYCLISME 25 KM PISTE (H) LOUIS BASTIEN ANDRÉ CASTANET VITESSE 2 000 M (H) GEORGES TAILLANDIER MICHEL CHAMPOUDRY ÉQUITATION SAUT EN HAUTEUR (H) D. M. GARDÈRES MARATHON (H) ÉMILE CHAMPION ESCRIME FLEURET POUR MAÎTRES D’ARMES (H) LUCIEN MÉRIGNAC AVIRON DEUX BARRÉ (H) LOUIS MARTINET ÉPÉE POUR MAÎTRES D’ARMES (H) ALBERT AYAT WALEFF ÉPÉE POUR AMATEURS (BARREUR INCONNU) ET MAÎTRES D’ARMES (H) ALBERT AYAT QUATRE BARRÉ (H) CHARLES PERRIN SABRE (H) GEORGES DE LA FALAISE DANIEL SOUBEYRAN FLEURET (H) ÉMILE COSTE ÉMILE WEGELIN GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL (H) GUSTAVE SANDRAS GEORGES LUMPP NATATION NAGE SOUS L’EAU (H) CHARLES DE VENDEVILLE (BARREUR INCONNU) SKIFF (H) ANDRÉ GAUDIN

169 170 CRICKET (H) J. BRAID DOUBLE (H) MAX DECUGIS W. BROWNING (BASIL DE GARMENDIA, USA) P. H. TOMALIN TIR CERF COURANT (H) PIERRE NIVET T. H. JORDAN REVOLVER MILITAIRE, 50 M, R. HORNE PAR ÉQUIPES (H) ACHILLE PAROCHE HENRI TERRY LOUIS DUFFOY F. ROQUES LÉON MOREAUX D. ROBINSON TRINITE W. T. ATTRILL MAURICE LECOQ W. ANDERSON TIR AUX PIGEONS VIVANTS (H) MAURICE FAURE A. J. SCHNEIDAU PISTOLET VITESSE (H) LÉON MOREAUX A. MCEVOY PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H) RENÉ GUYOT CROQUET SIMPLE 1 BOULE (H) JOHIN PISTOLET 50 M (H) ACHILLE PAROCHE SIMPLE 2 BOULES (H) VIGNEROT TIR À L’ARC 33 M AU CORDON DORÉ (H) VICTOR THIBAUD CYCLISME 25 KM PISTE (H) LOUIS HILDEBRAND 50 M AU CHAPELET (H) HENRI HELLE VITESSE 2 000 M (H) FERNAND SANZ TIR À LA PERCHE, HERSE (H) AUGUSTE SERRURIER ESCRIME ÉPÉE (H) LOUIS PERRÉE 33 M AU CHAPELET (H) VICTOR THIBAUD ÉPÉE POUR MAÎTRES D’ARMES (H) ÉMILE BOUGNOL VOILE 0,5 TONNEAU (H) PIERRE GERVAIS FLEURET (H) HENRI MASSON 0,5-1 TONNEAU (H) JULES VALTON ALPHONSE KIRCHHOFFER JACQUES BAUDRIER SABRE (H) LÉON THIÉBAUT JEAN LEBRET MARCOTTE FOOTBALL (H) HUTEAU WILLIAM MARTIN BACH 1-2 TONNEAUX (H) F. VILAMITJANA PIERRE ALLEMANE 2-3 TONNEAUX (H) SUSSE GAILLARD 3-10 TONNEAUX (H) MAURICE GUFFLET BLOCH 10-20 TONNEAUX (H) JEAN DECAZES MACAIRE BRONZE (33) FRAYSSE ATHLÉTISME 2 500 M STEEPLE (H) JACQUES CHASTANIÉ CARNIER SAUT EN LONGUEUR SANS ÉLAN (H) ÉMILE TORCHEBOEUF LAMBERT AVIRON DEUX BARRÉ (H) CARLOS DELTOUR DUPARC ANTOINE VÉDRENNE GRANDJEAN RAOUL PAOLI (BAR.) FERNAND CANELLE CROQUET SIMPLE, 2 BOULES (H) SAUTEREAU PELTIER CYCLISME 25 KM PISTE (H) DAUMAIN GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL (H) NOËL BAS ÉQUITATION SAUT EN LONGUEUR (H) R. DE BELLEGARDE LUTTE LUTTE À LA CORDE (H) CHARLES GONDOUIN SAUT D’OBSTACLES LOUIS DE CHAMPSAVIN JEAN COLLAS ESCRIME FLEURET POUR MAÎTRES D’ARMES (H) JEAN-BAPTISTE MIMIAGUE R. BASSET ÉPÉE POUR AMATEURS ET JOSEPH ROFFO MAÎTRES D’ARMES (H) LÉON SÉE SARRADE ÉPÉE POUR MAÎTRES D’ARMES (H) HENRI LAURENT ALBERT HENRIQUEZ DE ZUBIERA ÉPÉE (H) LÉON SÉE NATATION 200 M PAR ÉQUIPES (H) TARTARA FLEURET (H) MARCEL JACQUES BOULENGER LOUIS MARTIN GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL (H) LUCIEN DÉMANET DÉSIRÉ MERCHEZ NATATION 200 M PAR ÉQUIPES (H) MAURICE HOCHEPIED HOUBEN VICTOR HOCHEPIED JEAN LEUILLIEUX VERBECKE NAGE SOUS L’EAU (H) ANDRÉ SIX M. CADET TENNIS SIMPLE (F) HÉLÈNE PRÉVOST BERTRAND DOUBLE (MIXTE) HÉLÈNE PRÉVOST 4 000 M NAGE LIBRE (H) LOUIS MARTIN (HAROLD MAHONY, IRLANDE) POLO (H) LOUIS DE BISACCIA ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) GASTON ALIBERT JEAN BOUSSOD BERNARD GRAVIER A. FAUQUET LEMAITRE ALEXANDRE LIPPMANN MAURICE RAOUL DUVAL EUGÈNE OLIVIER FRÉDÉRIC AGNEW GILL HENRI-GEORGES BERGER ROBERT FOURNIER-SARLOVEZE CHARLES COLLIGNON É. A. DE ROTHSCHILD JEAN STERN TENNIS DOUBLE (H) ANDRÉ PREVOST MOTONAUTISME OPEN CLASS 40 MILES ÉMILE THUBRON GEORGES DE LA CHAPELLE TIR À L’ARC 50 M STYLE CONTINENTAL (H) EUGÈNE GRISOT TIR CERF COURANT (H) GEORGES DE LAMBERT VOILE 3-10 TONNEAUX (H) PERQUET PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H) JUSTINIEN DE CLARY BILLARD PISTOLET VITESSE (H) EUGÈNE BALME ARGENT (6) PISTOLET DE DUEL (H) MAURICE LECOQ ATHLÉTISME HAUTEUR (H) GÉO ANDRÉ PISTOLET LIBRE, COUCHÉ, 300 M, CYCLISME TOUR DE PISTE (H) ÉMILE DEMANGE PAR ÉQUIPES (H) ACHILLE PAROCHE 5 000 M PISTE (H) MAURICE SCHILLES LÉON MOREAUX ESCRIME ÉPÉE (H) ALEXANDRE LIPPMANN AUGUSTE CAVADINI TIR À L’ARC 50 M STYLE CONTINENTAL (H) LOUIS VERNET MAURICE LECOQ VOILE 3-10 TONNEAUX (H) M. CRONIER RENÉ THOMAS BRONZE (10) TIR À L’ARC 33 M AU CHAPELET (H) CHARLES-FRÉDÉRIC PETIT ATHLÉTISME 3 MILES PAR ÉQUIPES (H) JOSEPH DREHER 50 M AU CHAPELET (H) ÉMILE MERCIER LOUIS DE FLEURAC 33 M AU CORDON DORÉ (H) CHARLES-FRÉDÉRIC PETIT PAUL LIZANDIER 50 M AU CORDON DORÉ (H) ÉMILE FISSEUX CYCLISME 100 KM PISTE (H) OCTAVE LAPIZE TIR À LA PERCHE, PYRAMIDE (H) AUGUSTE SERRURIER 5 000 M PISTE (H) ANDRÉ AUFFRAY VOILE 1-2 TONNEAUX (H) JACQUES BAUDRIER ESCRIME ÉPÉE (H) EUGÈNE OLIVIER 0,5 TONNEAU (H) HENRI MONNOT GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL (H) LOUIS SÉGURA 0,5-1,0 TONNEAU (H) E. MICHELET TIR CARABINE PETIT CALIBRE, F. MICHELET 50 + 10 YARDS (H) PAUL COLAS 2-3 TONNEAUX (H) AUGUSTE DONNY ANDRÉ REGAUD TOUTES CATÉGORIES (H) E. MICHELET HENRI BONNEFOY F. MICHELET LÉON LECUYER WATER-POLO (H) HENRI PESLIER 300 M ARME LIBRE (H) LÉON JOHNSON THOMAS BURGESS RAOUL DE BOIGNE DECUYPER EUGÈNE BALME PESLOY ANDRÉ PARMENTIER PAUL VASSEUR ALBERT COURQUIN DEVENOT MAURICE LECOQ LOUIS LAUFRAY TIR À L’ARC 50 M STYLE CONTINENTAL (H) GUSTAVE CABARET ------VOILE 6 MÈTRES (H) HENRI ARTHUS 1904 - SAINT-LOUIS (1 MÉDAILLE) LOUIS POTHEAU PIERRE RABOT ARGENT (1) R. DELAGRAVE ATHLÉTISME MARATHON (H) ALBERT COREY 3-10 TONNEAUX (H) M. TEXIER ------1908 - LONDRES (22 MÉDAILLES) 1912 - STOCKHOLM (14 MÉDAILLES)

OR (6) OR (7) CYCLISME 2 000 M TANDEM (H) MAURICE SCHILLES ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES (H) JEAN CARIOU ANDRÉ AUFFRAY TENNIS SIMPLE (F) MARGUERITE BROQUEDIS ESCRIME ÉPÉE (H) GASTON ALIBERT SIMPLE (H) ANDRÉ GOBERT

171 172 DOUBLE (H) ANDRÉ GOBERT BOXE PLUME, 57 KG (H) JEAN GACHET MAURICE GERMOT ÉQUITATION VOLTIGE (H) FIEL TIR ARME LIBRE, 300 M, VOLTIGE PAR ÉQUIPES (H) FIEL 3 POSITIONS (H) PAUL COLAS SALINS FUSIL DE GUERRE, 600 M, CAUCHY À GENOUX (H) PAUL COLAS ESCRIME SABRE PAR ÉQUIPES (H) GEORGES TROMBERT VOILE 6 MÈTRES (H) AMÉDÉE THUBÉ J. A. MARGRAFF GASTON THUBÉ MARC PERRODON JACQUES THUBÉ HENRI DE SAINT-GERMAIN ARGENT (4) J. LACROIX ATHLÉTISME 5 000 M (H) JEAN BOUIN P. MONDIELLI 4 X 400 M (H) CHARLES LELONG FLEURET (H) ROBERT SCHURRER ÉPÉE (H) ALEXANDRE LIPPMANN PIERRE FAILLIOT FLEURET PAR ÉQUIPES (H) LIONEL BONY DE CASTELLANE CHARLES POULENARD GASTON AMSON ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H) MICHEL D’ASTAFORT PHILIPPE CATTIAU JEAN CARIOU BERNARD MEYER ANDRÉ LABATUT GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL (H) LOUIS SÉGURA GEORGES TROMBERT BRONZE (3) MARCEL PERROT ÉQUITATION CONCOURS COMPLET (H) JEAN CARIOU LUCIEN GAUDIN TENNIS DOUBLE (H) ALBERT CANET GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL (H) MARCO TORRÈS MARC MENY DE MARANGUE RUGBY (H) RENÉ CRABOS DOUBLE (MIXTE) ALBERT CANET CONSTANT LEMAIGNIÈRE MARGUERITE BROQUEDIS ANDRÉ CHILO ------RAYMOND BERRURIER 1920 - ANVERS (41 MÉDAILLES) MAURICE LABEYRIE THIERCELIN OR (9) FRANÇOIS BORDES ATHLÉTISME 5 000 M (H) JOSEPH GUILLEMOT GRENET BOXE PLUME, 57 KG (H) PAUL FRITSCH CURTET CYCLISME COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H) FERNAND CANTELOUBE JACQUES FORESTIER GEORGES DETREILLE ALFRED ELUÈRE ACHILLE SOUCHARD ROBERT LEVASSEUR MARCEL GOBILLOT EUGÈNE SOULIE ESCRIME ÉPÉE (H) ARMAND MASSARD ÉDOUARD BADER HALTÉROPHILIE MI-LOURDS, 82,5 KG (H) ERNEST CADINE ROBERT THIERRY MOYENS, 77 KG (H) HENRI GANCE GUY FABRE TENNIS SIMPLE (F) SUZANNE LENGLEN BRUNEVAL CASTEIX DOUBLE (MIXTE) SUZANNE LENGLEN MAURICE PETITEAU MAX DECUGIS TIR FUSIL DE GUERRE, 300 M, TIR À L’ARC BERCEAU 50 M (H) JULIEN BRULÉ COUCHÉ (H) LÉON JOHNSON ARGENT (19) FUSIL DE GUERRE, 300 M COUCHÉ, ATHLÉTISME 10 000 M (H) JOSEPH GUILLEMOT PAR ÉQUIPES (H) LÉON JOHNSON 4 X 100 M (H) RENÉ TIRARD ACHILLE PAROCHE RENÉ LORAIN ÉMILE RUMEAU RENÉ MOURLON ANDRÉ PARMENTIER ÉMILE ALI-KHAN GEORGES ROES AVIRON DEUX BARRÉ (H) GABRIEL POIX TIR À L’ARC BERCEAU 28 M (H) LÉONCE GASTON QUENTIN MAURICE BOUTON BERCEAU 33 M (H) JULIEN BRULÉ ERNEST BARBEROLLE (BAR.) BERCEAU 33 M PAR ÉQUIPES (H) JULIEN BRULÉ LÉON DELSARTE LÉONCE GASTON QUENTIN GEORGES DUVANT EUGÈNE LEROY LOUIS KEMPE PASCAL FAUVEL LUCIEN DEMANET EUGÈNE GRISOT AUGUSTE HOEL LÉON EPIN RENÉ BOULANGER EUGÈNE RICHEZ FERNAND FAUCONNIER ARTHUR MABELLON ALBERT HERSOY BERCEAU 50 M PAR ÉQUIPES (H) JULIEN BRULÉ GEORGES LAGOUGE LÉONCE GASTON QUENTIN JULES PIRARD EUGÈNE LEROY ERNEST LESPINASSE PASCAL FAUVEL JULIEN WARTELLE EUGÈNE GRISOT PAUL WARTELLE LÉON EPIN HALTÉROPHILIE LOURDS, 110 KG (H) LOUIS BERNOT EUGÈNE RICHEZ TENNIS DOUBLE (F) SUZANNE LENGLEN ARTHUR MABELLON ÉLISABETH D’AYEN VOILE 6,5 MÈTRES (H) ALBERT WEIL DOUBLE (H) MAX DECUGIS FÉLIX PICON PIERRE ALBARRAN ROBERT MONIER TIR À L’ARC BERCEAU 28 M PAR ÉQUIPES (H) JULIEN BRULÉ BRONZE (13) LÉONCE GASTON QUENTIN ATHLÉTISME 4 X 400 M (H) GÉO ANDRÉ EUGÈNE LEROY GASTON FERY PASCAL FAUVEL MAURICE DELVART EUGÈNE GRISOT JEAN DEVAUX LÉON EPIN AVIRON DEUX DE COUPLE (H) ALFRED PLÉ EUGÈNE RICHEZ GASTON GIRAN ARTHUR MABELLON BOXE MI-LOURDS, 79,5 KG (H) XAVIER ELUÈRE ------CYCLISME COURSE SUR ROUTE (H) FERNAND CANTELOUBE 1924 - PARIS (38 MÉDAILLES) ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ARMAND MASSARD ALEXANDRE LIPPMANN OR (13) GUSTAVE BUCHARD CYCLISME 2 000 M TANDEM (H) LUCIEN CHOURY GEORGES TROMBERT JEAN CUGNOT S. CASANOVA COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H) ARMAND BLANCHONNET GASTON AMSON RENÉ HAMEL E. MOREAU GEORGES WAMBST FLEURET (H) ROGER DUCRET COURSE SUR ROUTE (H) ARMAND BLANCHONNET ÉPÉE (H) GUSTAVE BUCHARD VITESSE (H) LUCIEN MICHARD GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL (H) JEAN GOUNOT ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) LUCIEN GAUDIN CONCOURS GÉNÉRAL PAR ÉQUIPES (H) EUGÈNE CORDONNIER GEORGES BUCHARD PAUL LEMAIRE ROGER DUCRET ANDRÉ HIGELIN ANDRÉ LABATUT ARTHUR HERMANN LIONEL LIOTTEL EUGÈNE POLLET ALEXANDRE LIPPMANN GEORGES THURNHERR ÉMILE MARTEL FLEURET PAR ÉQUIPES (H) LUCIEN GAUDIN ÉMILE BOUCHES PHILIPPE CATTIAU PAUL J. DURIN ROGER DUCRET A. LEMAIRE JACQUES COUTROT GEORGES BERGER HENRI JOBIER ALFRED BUYENNE ANDRÉ LABATUT

173 174 GUY DE LUGET ÉTIENNE PIQUIRAL JOSEPH PÉROTEAUX MARCEL LUBIN-LEBRERE FLEURET (H) ROGER DUCRET RENÉ LASSERRE GYMNASTIQUE SAUT DE CHEVAL, LARGEUR (H) ALBERT SEGUIN ALBERT DUPOUY HALTÉROPHILIE MI-LOURDS, 82,5 KG (H) CHARLES RIGOULOT JEAN ETCHEBERRY LÉGERS, 67,5 KG (H) EDMOND DECOTTIGNIES GILBERT GERINTES LUTTE GRÉCO-ROMAINE LOURDS, 100 KG (H) HENRI DEGLANE RAOUL GOT TIR CARABINE POSITION COUCHÉE (H) PIERRE COQUELIN DE L’ISLE HENRI GALLAU WATER-POLO (H) PAUL DUJARDIN TENNIS SIMPLE (F) JULIE VLASTO GEORGES RIGAL SIMPLE (H) NOËL DELBERGHE DOUBLE (H) HENRI COCHET HENRI PADOU ROBERT DESMETTRE TIR ARME LIBRE 400 + 600 + 800 M ALBERT MAYAUD PAR ÉQUIPES (H) ÉMILE RUMEAU ALBERT DELBORGIES PAUL COLAS ARGENT (15) ALBERT COURQUIN AVIRON DEUX SANS BARREUR (H) MAURICE BOUTON PIERRE HARDY GEORGES PIOT GEORGES ROES DEUX DE COUPLE (H) MARC DETTON BRONZE (10) JEAN-PIERRE STOCK ATHLÉTISME HAUTEUR (H) PIERRE LEWDEN QUATRE BARRÉ (H) EUGÈNE CONSTANT 3 000 M STEEPLE (H) PAUL BONTEMPS LOUIS GRESSIER CROSS-COUNTRY PAR ÉQUIPES (H) GASTON HEUET GEORGES LECOINTE JEAN-HENRI LAUVAUX RAYMOND TALLEUX MAURICE NORLAND MARCEL LEPAN (BAR.) BOXE COQ (54 KG) JEAN CES ESCRIME ÉPÉE (H) ROGER DUCRET CYCLISME VITESSE (H) JEAN CUGNOT FLEURET (H) PHILIPPE CATTIAU ROUTE (H) RENÉ HAMEL SABRE (H) ROGER DUCRET ÉQUITATION DRESSAGE (H) XAVIER LESAGE GYMNASTIQUE CONCOURS GÉNÉRAL PAR ÉQUIPES (H) EUGÈNE CORDONNIER GYMNASTIQUE BARRE FIXE (H) ANDRÉ HIGELIN ANDRÉ HIGELIN TENNIS DOUBLE (H) JEAN BOROTRA JEAN GOUNOT RENÉ LACOSTE LÉON DELSARTE VOILE 8 MÈTRES (H) LOUIS BRÉGUET ALBERT SEGUIN PIERRE GANTHIER JOSEPH HUBER ROBERT GIRARDET FRANÇOIS GANGLOFF ANDRÉ GUERRIER ARTHUR HERMANN GEORGES MOLLARD SAUT DE CHEVAL, LARGEUR (H) JEAN GOUNOT ------FRANÇOIS GANGLOFF 1928 - AMSTERDAM (21 MÉDAILLES) GRIMPER À LA CORDE (H) ALBERT SEGUIN RUGBY (H) ADOLPHE JAURÉGUY OR (6) JEAN VAYSSE ATHLÉTISME MARATHON (H) MOHAMED BOUGHERA EL OUAFI ANDRÉ BEHOTEGUY CYCLISME VITESSE (H) ROGER BEAUFRAND RENÉ ARAOU ESCRIME ÉPÉE (H) LUCIEN GAUDIN LOUIS BEGUET FLEURET (H) LUCIEN GAUDIN JEAN BAYARD HALTÉROPHILIE MOYENS, 75 KG (H) ROGER FRANÇOIS ADOLPHE BOUSQUET VOILE 8 MÈTRES (H) DONATIEN BOUCHÉ AIMÉ CASSAYET ANDRÉ LESAUVAGE CLÉMENT DUPONT JEAN LESIEUR ALEXANDRE BIOUSSA VIRGINIE HÉRIOT ÉTIENNE BONNES CHARLES DE LA SABLIERE ANDRÉ DERRIEN ARGENT (10) ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) PHILIPPE CATTIAU ATHLÉTISME 1 500 M (H) JULES LADOUMÈGUE GEORGES BUCHARD AVIRON DEUX BARRÉ (H) ARMAND MARCELLE BERNARD SCHMETZ ÉDOUARD MARCELLE JEAN PIOT HENRI PRÉAUX (BAR.) FERNAND JOURDANT BOXE MOUCHE (51 KG) ARMAND APELL GEORGES TAINTURIER ÉQUITATION DRESSAGE (H) CHARLES MARION FLEURET PAR ÉQUIPES (H) PHILIPPE CATTIAU SAUT D’OBSTACLES (H) PIERRE BERTRAN DE BALANDA ÉDOUARD GARDÈRE ESCRIME ÉPÉE (H) GEORGES BUCHARD RENÉ LEMOINE ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ARMAND MASSARD RENÉ BONDOUX GEORGES BUCHARD JEAN PIOT GASTON AMSON RENÉ BOUGNOL ÉMILE CORNIC HALTÉROPHILIE PLUME, 60 KG (H) RAYMOND SUVIGNY BERNARD SCHMETZ LÉGERS, 67,5 KG (H) RENÉ DUVERGER RENÉ BARBIER MI-LOURDS, 82,5 KG (H) LOUIS HOSTIN FLEURET PAR ÉQUIPES (H) LUCIEN GAUDIN LUTTE LIBRE LÉGERS, 66 KG (H) CHARLES PACÔME PHILIPPE CATTIAU VOILE FINN (H) JACQUES LEBRUN ROGER DUCRET ARGENT (5) ANDRÉ LABATUT CYCLISME POURSUITE PAR ÉQUIPES (H) AMÉDÉE FOURNIER RAYMOND FLACHER RENÉ LE GREVES ANDRÉ GABORIAUD HENRI MOUILLEFARINE HALTÉROPHILIE MI-LOURDS, 82,5 KG (H) LOUIS HOSTIN PAUL CHOCQUE LUTTE LIBRE LÉGERS, 66 KG (H) CHARLES PACÔME VITESSE (H) LOUIS CHAILLOT BRONZE (5) ÉQUITATION DRESSAGE (H) CHARLES MARION ATHLÉTISME HAUTEUR (H) CLAUDE MENARD ESCRIME ÉPÉE (H) GEORGES BUCHARD HALTÉROPHILIE LÉGERS, 67,5 KG (H) BERNARD ARNOUT NATATION 400 M (H) JEAN TARIS LUTTE LIBRE MI-LOURDS, 90 KG (H) HENRI LEFÈVRE BRONZE (4) LOURDS, 100 KG (H) EDMOND DAME ATHLÉTISME DISQUE (H) PAUL WINTER WATER-POLO (H) PAUL DUJARDIN AVIRON DEUX BARRÉ (H) ANSELME BRUSA JULES KEIGNAERT ANDRÉ GIRIAT HENRI PADOU PIERRE BRUNET (BAR.) ÉMILE BULTEEL CYCLISME KILOMÈTRE (H) CHARLES RAMPELBERG ACHILLE TRIBOUILLET LUTTE GRÉCO-ROMAINE COQ, 57 KG LOUIS FRANÇOIS HENRI CUVELIER ------ALBERT VAN DE PLANCKE 1936 - BERLIN (19 MÉDAILLES) ERNEST ROGEZ ALBERT THEVENON OR (7) ------BOXE MOYENS (75,5 KG) JEAN DESPEAUX 1932 - LOS ANGELES (19 MÉDAILLES) MI-LOURDS (79,5 KG) ROGER MICHELOT CYCLISME COURSE SUR ROUTE (H) ROBERT CHARPENTIER OR (10) COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H) ROBERT CHARPENTIER CYCLISME 2 000 M TANDEM (H) MAURICE PERRIN ROBERT DORGEBRAY LOUIS CHAILLOT GUY LAPEBIE ÉQUITATION DRESSAGE (H) XAVIER LESAGE POURSUITE PAR ÉQUIPES (H) ROBERT CHARPENTIER DRESSAGE PAR ÉQUIPES (H) XAVIER LESAGE JEAN GOUJON CHARLES MARION GUY LAPEBIE ANDRÉ JOUSSEAUME ROGER LE NIZERHY HALTÉROPHILIE MI-LOURDS, 82,5 KG (H) LOUIS HOSTIN LUTTE LIBRE MOYENS, 82 KG (H) ÉMILE POILVE

175 176 ARGENT (6) ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) HENRI GUÉRIN CANOË-KAYAK KAYAK MONOPLACE, 10 000 M HENRI EBERHARDT HENRI LEPAGE CYCLISME 1 000 M PIERRE GEORGET MARCEL DESPRETS COURSE SUR ROUTE GUY LAPEBIE MICHEL PÉCHEUX ÉQUITATION DRESSAGE PAR ÉQUIPES ANDRÉ JOUSSEAUME ÉDOUARD ARTIGAS DANIEL GILLOIS MAURICE HUET GÉRARD DE BALLORE FLEURET (H) JEHAN BUHAN ESCRIME FLEURET ÉDOUARD GARDÈRE FLEURET PAR ÉQUIPES (H) ANDRÉ BONIN FLEURET PAR ÉQUIPES (H) ANDRÉ GARDÈRE RENÉ BOUGNOL ÉDOUARD GARDÈRE JEHAN BUHAN RENÉ LEMOINE JEAN LATASTE RENÉ BONDOUY CHRISTIAN D’ORIOLA JACQUES COUTROT ADRIEN ROMMEL RENÉ BOUGNOL ARGENT (6) BRONZE (6) ATHLÉTISME 10 000 M (H) ALAIN MIMOUN AVIRON DEUX BARRÉ (H) GEORGES TAPIE 4 X 400 M (H) FRANÇOIS SCHEWETTA MARCEAU FOURCADE JACQUES LUNIS NOËL VANDERNOTTE (BAR.) ROBERT CHEFDHOTEL QUATRE BARRÉ (H) FERNAND VANDERNOTTE JEAN KEREBEL MARCEL VANDERNOTTE DÉCATHLON (H) IGNACE HEINRICH MARCEL COSMAT BASKET-BALL (H) ANDRÉ BARRAIS MARCEL CHAUVIGNE MICHEL BONNEVIE NOËL VANDERNOTTE (BAR.) ANDRÉ BUFFIÈRE CYCLISME TANDEM (H) PIERRE GEORGET RENÉ CHOCAT GEORGES MATON RENÉ DERENCY VITESSE (H) LOUIS CHAILLOT PIERRE THIOLON ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) GEORGES BUCHARD MAURICE DESAYMONNET PAUL WORMSER ANDRÉ EVEN MICHEL PÉCHEUX MAURICE GIRARDOT PHILIPPE CATTIAU FERNAND GUILLOU HENRI DULIEUX RAYMOND OFFNER BERNARD SCHMETZ JACQUES PERRIER TIR PISTOLET 50 M CHARLES DES JAMONIÈRES YVAN QUENIN ------LUCIEN REBUFFIC 1948 - LONDRES (29 MÉDAILLES) ÉQUITATION DRESSAGE (H) ANDRÉ JOUSSEAUME ESCRIME FLEURET (H) CHRISTIAN D’ORIOLA OR (10) BRONZE (13) ATHLÉTISME DISQUE (F) MICHELINE OSTERMEYER ATHLÉTISME 800 M (H) MARCEL HANSENNE POIDS (F) MICHELINE OSTERMEYER DISQUE (F) JACQUELINE MAZÉAS CYCLISME KILOMÈTRE (H) JACQUES DUPONT HAUTEUR (F) MICHELINE OSTERMEYER POURSUITE PAR ÉQUIPES (H) CHARLES COSTE CANOË-KAYAK 1 000 M CANOË MONOPLACE (H) ROBERT BOUTIGNY SERGE BLUSSON 1 000 M CANOË BIPLACE (H) GEORGES DRANSART FERNAND DECANALI GEORGES GANDIL PIERRE ADAM 10 000 M CANOË BIPLACE (H) GEORGES DRANSART ROUTE (H) JOSÉ BEYAERT GEORGES GANDIL ÉQUITATION CONCOURS COMPLET (H) BERNARD CHEVALLIER 1 000 M KAYAK MONOPLACE (H) HENRI EBERHARDT DRESSAGE PAR ÉQUIPES (H) ANDRÉ JOUSSEAUME CYCLISME 2 000 M TANDEM (H) RENÉ FAYE JEAN SAINT-FORT-PAILLARD GASTON DRON MAURICE BURET COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H) JOSÉ BEYAERT ALAIN MOINEAU JACQUES DUPONT ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES (H) JEAN D’ORGEIX LUTTE LIBRE COQ, 56 KG (H) CHARLES KOUYOS JEAN BOITEUX NATATION 100 M DOS (H) GEORGES VALLEREY ------4 X 200 M (H) JOSEPH BERNARDO 1956 - MELBOURNE (14 MÉDAILLES) HENRI PADOU RENÉ CORNU OR (4) ALEXANDRE JANY ATHLÉTISME MARATHON (H) ALAIN MIMOUN ------CYCLISME VITESSE (H) MICHEL ROUSSEAU 1952 - HELSINKI (18 MÉDAILLES) COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H) ARNAUD GEYRE MAURICE MOUCHERAUD OR (6) MICHEL VERMEULIN AVIRON DEUX BARRÉ (H) RAYMOND SALLES ESCRIME FLEURET (H) CHRISTIAN D’ORIOLA GASTON MERCIER ARGENT (4) BERNARD MALIVOIRE (BAR.) CANOË-KAYAK 10 000 M CANOË BIPLACE (H) GEORGES DRANSART CANOË-KAYAK 10 000 M CANOË BIPLACE (H) GEORGES TURLIER MARCEL RENAUD JEAN LAUDET CYCLISME POURSUITE PAR ÉQUIPES (H) MICHEL VERMEULIN ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES (H) PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA JEAN-CLAUDE LECANTE ESCRIME FLEURET (H) CHRISTIAN D’ORIOLA RENÉ BIANCHI FLEURET PAR ÉQUIPES (H) JEHAN BUHAN JEAN GRACZYK CHRISTIAN D’ORIOLA CYCLISME COURSE SUR ROUTE (H) ARNAUD GEYRE ADRIEN ROMMEL ESCRIME FLEURET PAR ÉQUIPES (H) CHRISTIAN D’ORIOLA BERNARD BAUDOUX JACQUES NOËL CLAUDE NETTER JACQUES LATASTE JACQUES LATASTE NATATION 400 M (H) JEAN BOITEUX ROGER CLOSSET ARGENT (6) RENÉ COICAUD ATHLÉTISME 5 000 M (H) ALAIN MIMOUN BRONZE (6) 10 000 M (H) ALAIN MIMOUN AVIRON QUATRE SANS BARREUR (H) RENÉ GUISSART AVIRON QUATRE SANS BARREUR (H) PIERRE BLONDIAUX YVES DELACOUR JACQUES GUISSART GASTON MERCIER MARC BOUISSOU GUY GUILLABERT ROGER GAUTIER BOXE MOUCHE, 51 KG (H) RENÉ LIBEER ÉQUITATION CONCOURS COMPLET, INDIVIDUEL (H) GUY LEFRANT MOYENS, 75 KG (H) GILBERT CHAPRON NATATION 100 M DOS (H) GILBERT BOZON ESCRIME FLEURET (F) RENÉE CARILHE PLONGEON 3 M (F) MADY MOREAU ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ARMAND MOUYAL BRONZE (6) CLAUDE NIGON BOXE PLUME, 57 KG (H) JOSEPH VENTAJA DANIEL DAGALLIER CANOË-KAYAK 1 000 M KAYAK MONOPLACE (H) LOUIS GANTOIS YVES DREYFUS CYCLISME COURSE SUR ROUTE PAR ÉQUIPES (H) JACQUES ANQUETIL RENÉ QUEYROUX ALFRED TONELLO HALTÉROPHILIE LOURDS-LÉGERS, 90 KG (H) JEAN DEBUF CLAUDE ROUER ------ÉQUITATION DRESSAGE (H) ANDRÉ JOUSSEAUME 1960 - ROME (5 MÉDAILLES) ESCRIME SABRE PAR ÉQUIPES (H) JACQUES LEFÈVRE JEAN LAROYENNE ARGENT (2) MAURICE PIOT ATHLÉTISME 1 500 M (H) MICHEL JAZY JEAN LEVAVASSEUR AVIRON QUATRE BARRÉ (H) ROBERT DUMONTOIS BERNARD MOREL CLAUDE MARTIN JEAN-FRANÇOIS TOURNON JACQUES MOREL NATATION 4 X 200 M (H) JOSEPH BERNARDO GUY NOSBAUM ALDO EMINENTE JEAN-CLAUDE KLEIN (BAR.)

177 178 BRONZE (3) KILOMÈTRE (H) PIERRE TRENTIN ATHLÉTISME 200 M (H) ABDOULAYE SEYE POURSUITE INDIVIDUELLE (H) DANIEL REBILLARD ÉQUITATION CONCOURS COMPLET PAR ÉQUIPES (H) JACK LE GOFF VITESSE (H) DANIEL MORELON GUY LEFRANT ÉQUITATION CONCOURS COMPLET (H) JEAN-JACQUES GUYON JEAN-RAYMOND LE ROY ESCRIME FLEURET PAR ÉQUIPES (H) LUTTE GRÉCO-ROMAINE WELTERS, 74 KG (H) RENÉ SCHIERMEYER GILLES BEROLATTI ------CHRISTIAN NOËL 1964 - TOKYO (15 MÉDAILLES) JEAN-CLAUDE MAGNAN JACQUES DIMONT OR (1) ARGENT (3) ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES (H) PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H) JANOU LEFEBVRE ARGENT (8) MARCEL ROZIER ATHLÉTISME 800 M (F) MARYVONNE DUPUREUR PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA AVIRON DEUX BARRÉ (H) JACQUES MOREL LUTTE GRÉCO-ROMAINE WELTERS, 74 KG (H) DANIEL ROBIN GEORGES MOREL LUTTE LIBRE WELTERS, 74 KG (H) DANIEL ROBIN JEAN-CLAUDE DAROUY (BAR.) BRONZE (5) BOXE SUPER-WELTERS, 71 KG (H) JOSEPH GONZALES ATHLÉTISME 4 X 100 M (H) JOCELYN DELECOUR CANOË-KAYAK 1 000 M CANOË BIPLACE (H) JEAN BOUDEHEN ROGER BAMBUCK MICHEL CHAPUIS CLAUDE PIQUEMAL ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H) PIERRE JONQUÈRES D’ORIOLA GÉRARD FENOUIL JANOU LEFÈBVRE CYCLISME VITESSE (H) PIERRE TRENTIN GUY LEFRANT ESCRIME FLEURET (H) DANIEL REVENU ESCRIME FLEURET (H) JEAN-CLAUDE MAGNAN NATATION 400 M (H) ALAIN MOSCONI SABRE (H) CLAUDE ARABO PENTATHLON MODERNE PAR ÉQUIPES (H) RAOUL GUÉGUEN NATATION 100 M DOS (F) CHRISTINE CARON LUCIEN GUIGUET BRONZE (6) JEAN-PIERRE GIUDICELLI ATHLÉTISME 4 X 100 M (H) BERNARD LAIDEBEUR ------PAUL GENEVAY 1972 - MUNICH (13 MÉDAILLES) CLAUDE PIQUEMAL JOCELYN DELECOUR OR (2) CYCLISME KILOMÈTRE (H) PIERRE TRENTIN CYCLISME VITESSE (H) DANIEL MORELON VITESSE (H) DANIEL MORELON VOILE FINN (H) SERGE MAURY ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) CLAUDE BRODIN ARGENT (4) YVES DREYFUS ATHLÉTISME 110 M HAIES (H) GUY DRUT CLAUDE BOURQUARD ESCRIME ÉPÉE (H) JACQUES LADEGAILLERIE JACK GUITTET TIR PLATEAUX, FOSSE OLYMPIQUE (H) MICHEL CARREGA JACQUES BRODIN VOILE FLYING DUTCHMAN (H) MARC ET YVES PAJOT FLEURET (H) DANIEL REVENU BRONZE (7) FLEURET PAR ÉQUIPES (H) DANIEL REVENU ATHLÉTISME 4 X 400 M (H) GILLES BERTOULD JACKY COURTILLAT FRANCIS KERBIRIOU PIERRE RODOCANACCHI JACQUES CARETTE CHRISTIAN NOËL ROGER VELASQUEZ JEAN-CLAUDE MAGNAN CANOË-KAYAK CANOË BIPLACE, SLALOM (H) JEAN-LOUIS OLRY ------JEAN-CLAUDE OLRY 1968 - MEXICO (15 MÉDAILLES) ESCRIME FLEURET (H) CHRISTIAN NOËL FLEURET PAR ÉQUIPES (H) DANIEL REVENU OR (7) BERNARD TALVARD ATHLÉTISME 400 M (F) COLETTE BESSON GILLES BEROLATTI CYCLISME 2 000 M TANDEM (H) DANIEL MORELON JEAN-CLAUDE MAGNAN PIERRE TRENTIN CHRISTIAN NOËL JUDO LÉGERS, 63 KG (H) JEAN-JACQUES MOUNIER LOURDS, + 95 KG (H) ANGELO PARISI MOYENS, 80 KG (H) JEAN-PAUL COCHE ARGENT (5) TOUTES CATÉGORIES (H) JEAN-CLAUDE BRONDANI CANOË-KAYAK 1 000 M KAYAK MONOPLACE (H) ALAIN LEBAS ------CYCLISME POURSUITE (H) ALAIN BONDUE 1976 - MONTRÉAL (9 MÉDAILLES) VITESSE (H) YAVÉ CAHARD ESCRIME FLEURET (H) PASCAL JOLYOT OR (2) JUDO TOUTES CATÉGORIES (H) ANGELO PARISI ATHLÉTISME 110 M HAIES (H) GUY DRUT BRONZE (3) ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H) HUBERT PAROT ATHLÉTISME 4 X 100 M (H) PASCAL BARRE MARCEL ROZIER PATRICK BARRE MARC ROGUET HERMANN PANZO MICHEL ROCHE ANTOINE RICHARD ARGENT (3) ESCRIME ÉPÉE (H) CYCLISME VITESSE (H) DANIEL MORELON JUDO MI-MOYENS, 78 KG (H) BERNARD TCHOULOUYAN ESCRIME FLEURET PAR ÉQUIPES (F) BRIGITTE LATRILLE-GAUDIN ------BRIGITTE DUMONT-GAPAIS 1984 - LOS ANGELES (28 MÉDAILLES) CHRISTINE MUZIO VÉRONIQUE TRINQUET OR (5) CLAUDIE JOSLAND-HERBSTER ATHLÉTISME PERCHE (H) PIERRE QUINON HALTÉROPHILIE LÉGERS, 67,5 KG (H) DANIEL SENET ESCRIME ÉPÉE (H) BRONZE (4) SABRE (H) JEAN-FRANÇOIS LAMOUR ESCRIME FLEURET (H) BERNARD TALVARD FOOTBALL (H) ALBERT RUST FLEURET PAR ÉQUIPES (H) DANIEL REVENU MICHEL BENSOUSSAN CHRISTIAN NOËL WILLIAM AYACHE DIDIER FLAMENT MICHEL BIBARD BERNARD TALVARD PHILIPPE JEANNOL FRÉDÉRIC PIETRUSZKA DIDIER SENAC GYMNASTIQUE BARRE FIXE (H) HENRY BOËRIO JEAN-CHRISTOPHE THOUVENEL JUDO MI-MOYENS, 70 KG (H) PATRICK VIAL JEAN-LOUIS ZANON ------GUY LACOMBE 1980 - MOSCOU (14 MÉDAILLES) DOMINIQUE BIJOTAT JOSÉ TOURE OR (6) JEAN-CLAUDE LEMOULT ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) PHILIPPE RIBOUD JEAN-PHILIPPE ROHR DANIEL XUEREB HUBERT GARDAS FRANÇOIS BRISSON PATRICK CUBAYNES PHILIPPE BOISSE PATRICE GARANDE FLEURET (F) PASCALE TRINQUET TIR CARABINE À AIR COMPRIMÉ, 10 M (H) PHILIPPE HÉBERLÉ FLEURET PAR ÉQUIPES (F) BRIGITTE LATRILLE-GAUDIN ARGENT (7) PASCALE TRINQUET ATHLÉTISME 3 000 M STEEPLE (H) JOSEPH MAHMOUD CHRISTINE MUZIO CANOË-KAYAK 1 000 M KAYAK BIPLACE (H) BERNARD BRÉGEON VÉRONIQUE BROUQUIER PATRICK LEFOULON ISABELLE BOERI-BÉGARD ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) PHILIPPE BOISSE FLEURET PAR ÉQUIPES (H) DIDIER FLAMENT JEAN-MICHEL HENRY PASCAL JOLYOT FRÉDÉRIC PIETRUSZKA PHILIPPE RIBOUD PHILIPPE BONNIN MICHEL SALESSE BRUNO BOSCHERIE SABRE PAR ÉQUIPES (H) JEAN-FRANÇOIS LAMOUR JUDO SUPER-LÉGERS, 60 KG (H) THIERRY REY PIERRE GUICHOT

179 180 HERVÉ GRANGER-VEYRON JUDO LÉGERS, 71 KG (H) MARC ALEXANDRE PHILIPPE DELRIEU VOILE TORNADO (H) JEAN-YVES LE DÉROFF FRANCK DUCHEIX NICOLAS HÉNARD JUDO LOURDS, + 95 KG (H) ANGELO PARISI 470 (H) THIERRY PEPONNET NATATION 200 M DOS (H) FRÉDÉRIC DELCOURT LUC PILLOT TIR CARABINE PETIT CALIBRE, ARGENT (4) POSITION COUCHÉE (H) MICHEL BURY BOXE WELTERS, 67 KG (H) LAURENT BOUDOUANI BRONZE (16) ÉQUITATION DRESSAGE (H) MARGIT OTTO-CRÉPIN ATHLÉTISME PERCHE (H) THIERRY VIGNERON ESCRIME ÉPÉE (H) PHILIPPE RIBOUD 100 M HAIES (F) MICHÈLE CHARDONNET TIR CARABINE À AIR COMPRIMÉ, 10 M (H) NICOLAS BERTHELOT BOXE SUPER-WELTERS (71 KG) CHRISTOPHE TIOZZO BRONZE (6) CANOË-KAYAK 1 000 M CANOË BIPLACE (H) DIDIER HOYER ATHLÉTISME 4 X 100 M (H) DANIEL SANGOUMA ÉRIC RENAUD GILLES QUENEHERVE 500 M KAYAK MONOPLACE (H) BERNARD BRÉGEON BRUNO MARIE-ROSE 1 000 M KAYAK QUATRE PLACES (H) FRANÇOIS BAROUH MAX MORINIERE PHILIPPE BOCCARA CANOË-KAYAK 500 M CANOË BIPLACE (H) PHILIPPE RENAUD PASCAL BOUCHERIT JOËL BETTIN DIDIER VAVASSEUR ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H) PIERRE DURAND CYCLISME KILOMÈTRE (H) FABRICE COLAS MICHEL ROBERT ESCRIME ÉPÉE (H) PHILIPPE RIBOUD FRÉDÉRIC COTTIER FLEURET PAR ÉQUIPES (F) LAURENCE MODAINE HUBERT BOURDY PASCALE TRINQUET-HACHIN JUDO MI-LÉGERS, 65 KG (H) BRUNO CARABETTA BRIGITTE LATRILLE-GAUDIN NATATION 100 M (F) CATHERINE PLEWINSKI VÉRONIQUE BROUQUIER 100 M (H) STÉPHANE CARON ANNE MEYGRET ------FLEURET PAR ÉQUIPES (H) PHILIPPE OMNÈS 1992 - BARCELONE (29 MÉDAILLES) PATRICK GROC FRÉDÉRIC PIETRUSZKA OR (8) PASCAL JOLYOT ATHLÉTISME 400 M (F) MARIE-JOSÉ PÉREC MARC CERBONI ESCRIME ÉPÉE (H) ÉRIC SRECKI GYMNASTIQUE EXERCICE AU SOL (H) PHILIPPE VATUONE FLEURET (H) PHILIPPE OMNÈS JUDO MI-LÉGERS, 65 KG (H) MARC ALEXANDRE JUDO SUPER-LÉGERS, 48 KG (F) CÉCILE NOWAK MI-MOYENS, 78 KG (H) MICHEL NOWAK MI-MOYENS, 63 KG (F) CATHERINE FLEURY NATATION 100 M BRASSE (F) CATHERINE POIROT TIR À L’ARC 70 M (H) SÉBASTIEN FLUTE PENTATHLON MODERNE PAR ÉQUIPES (H) PAUL FOUR VOILE TORNADO (H) YVES LODAY DIDIER BOUBE NICOLAS HÉNARD JOËL BOUZOU PLANCHE (H) FRANCK DAVID VOILE 470 (H) THIERRY PEPONNET ARGENT (5) LUC PILLOT CANOË-KAYAK KAYAK MONOPLACE, SLALOM (H) SYLVAIN CURINIER ------CYCLISME COURSE SUR ROUTE (F) JEANNIE LONGO-CIPRELLI 1988 - SÉOUL (16 MÉDAILLES) JUDO MOYENS, 86 KG (H) PASCAL TAYOT TENNIS DE TABLE SIMPLE (H) JEAN-PHILIPPE GATIEN OR (6) TIR CARABINE À AIR COMPRIMÉ, 10 M (H) FRANCK BADIOU ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES (H) PIERRE DURAND BRONZE (16) ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) FRÉDÉRIC DELPLA CANOË-KAYAK CANOË MONOPLACE, SLALOM (H) JACKY AVRIL JEAN-MICHEL HENRY 1 000 M CANOË BIPLACE (H) DIDIER HOYER OLIVIER LENGLET OLIVIER BOIVIN PHILIPPE RIBOUD CANOË BIPLACE, SLALOM (H) FRANK ADISSON ÉRIC SRECKI WILFRID FORGUES SABRE (H) JEAN-FRANÇOIS LAMOUR CYCLISME 100 KM CONTRE-LA-MONTRE COURSE SUR ROUTE (F) JEANNIE LONGO-CIPRELLI PAR ÉQUIPES (H) HERVÉ BOUSSARD KILOMÈTRE (H) FLORIAN ROUSSEAU JEAN-LOUIS HAREL POURSUITE PAR ÉQUIPES (H) CHRISTOPHE CAPELLE DIDIER FAIVRE-PIERRET PHILIPPE ERMENAULT PHILIPPE GAUMONT JEAN-MICHEL MONIN ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES PAR ÉQUIPES (H) HERVÉ GODIGNON FRANCIS MOREAU HUBERT BOURDY VITESSE (F) FÉLICIA BALLANGER ÉRIC NAVET ESCRIME ÉPÉE (F) LAURA FLESSEL MICHEL ROBERT ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F) LAURA FLESSEL ESCRIME ÉPÉE (H) JEAN-MICHEL HENRY VALÉRIE BARLOIS SABRE (H) JEAN-FRANÇOIS LAMOUR SOPHIE MORESSE-PICHOT SABRE PAR ÉQUIPES (H) JEAN-FRANÇOIS LAMOUR JUDO MI-LÉGERS, 52 KG (F) MARIE-CLAIRE RESTOUX JEAN-PHILIPPE DAURELLE MI-MOYENS, 78 KG (H) DJAMEL BOURAS FRANCK DUCHEIX LOURDS, + 95 KG DAVID DOUILLET HERVÉ GRANGER-VEYRON TIR CARABINE 3 POSITIONS (H) JEAN-PIERRE AMAT PIERRE GUICHOT ARGENT (7) HANDBALL (H) PHILIPPE DEBUREAU AVIRON QUATRE SANS BARREUR (H) GILLES BOSQUET PHILIPPE MEDARD DANIEL FAUCHÉ FRÉDÉRIC PEREZ OLIVIER MONCELET JEAN-LUC THIEBAUT BERTRAND VECTEN PHILIPPE GARDENT CYCLISME POURSUITE INDIVIDUELLE (F) MARION CLIGNET DENIS LATHOUD POURSUITE INDIVIDUELLE (H) PHILIPPE ERMENAULT PASCAL MAHE ROUTE, CLM (F) JEANNIE LONGO-CIPRELLI GAËL MONTHUREL ESCRIME ÉPÉE (F) VALÉRIE BARLOIS LAURENT MUNIER FLEURET (H) LIONEL PLUMENAIL THIERRY PERREUX LUTTE GRÉCO-ROMAINE LÉGERS, 68 KG (H) GHANI YALOUZ ALAIN PORTES BRONZE (15) ÉRIC QUINTIN ATHLÉTISME 100 M HAIES (F) PATRICIA GIRARD JACKSON RICHARDSON AVIRON DEUX DE COUPLE (H) FRÉDÉRIC KOWAL FRÉDÉRIC VOLLE SAMUEL BARATHAY STÉPHANE STOECKLIN DEUX SANS BARREUSE (F) CHRISTINE GOSSE DENIS TRISTANT HÉLÈNE CORTIN JUDO MI-MOYENS, 78 KG (H) BERTRAND DAMAISIN DEUX SANS BARREUR (H) MICHEL ANDRIEUX MI-LOURDS, 72 KG (F) LAETITIA MEIGNAN JEAN-CHRISTOPHE ROLLAND LOURDS, + 72 KG (F) NATALINA LUPINO CANOË-KAYAK CANOË MONOPLACE, SLALOM (H) PATRICE ESTANGUET LOURDS, + 95 KG (H) DAVID DOUILLET KAYAK MONOPLACE, SLALOM (F) MYRIAM FOX-JÉRUSALMI NATATION 100 M PAPILLON (F) CATHERINE PLEWINSKI ÉQUITATION SAUT D’OBSTACLES (H) ALEXANDRA LEDERMANN 100 M (H) STÉPHANE CARON ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ÉRIC SRECKI 200 M PAPILLON (H) FRANCK ESPOSITO ROBERT LEROUX JEAN-MICHEL HENRY ------FLEURET (H) FRANCK BOIDIN 1996 - ATLANTA (37 MÉDAILLES) SABRE (H) DAMIEN TOUYA JUDO LÉGERS, 71 KG (H) CHRISTOPHE GAGLIANO OR (15) MI-LOURDS, 95 KG (H) STÉPHANE TRAINEAU ATHLÉTISME 200 M (F) MARIE-JOSÉ PÉREC LOURDS, + 72 KG (F) CHRISTINE CICOT 400 M (F) MARIE-JOSÉ PÉREC TIR CARABINE, 10 M (H) JEAN-PIERRE AMAT PERCHE (H) JEAN GALFIONE VTT CROSS-COUNTRY (H) MIGUEL MARTINEZ CANOË-KAYAK CANOË BIPLACE, SLALOM (H) FRANK ADISSON WILFRID FORGUES CYCLISME COURSE AUX POINTS (F) NATHALIE EVEN-LANCIEN

181 182 ------GYMNASTIQUE BARRE FIXE (H) BENJAMIN VARONIAN 2000 - SYDNEY (38 MÉDAILLES) CHEVAL-D’ARÇONS (H) ÉRIC POUJADE JUDO 66 KG (H) LARBI BENBOUDAOUD OR (13) 78 KG (F) CÉLINE LEBRUN AVIRON DEUX SANS BARREUR (H) MICHEL ANDRIEUX NATATION 200 M DOS (F) ROXANA MARACINEANU JEAN-CHRISTOPHE ROLLAND TIR FOSSE OLYMPIQUE (F) DELPHINE RACINET QUATRE SANS BARREUR, PL (H) LAURENT PORCHIER BRONZE (11) JEAN-CHRISTOPHE BETTE AVIRON DEUX DE COUPLE POIDS LÉGERS (H) PASCAL TOURON YVES HOCDE THIBAULT CHAPELLE XAVIER DORFMAN BOXE MOUCHE, 51 KG (H) JÉRÔME THOMAS BOXE MI-MOUCHE (H) BRAHIM ASLOUM CANOË-KAYAK KAYAK MONOPLACE, SLALOM (F) ANNE-LISE BARDET CANOË-KAYAK CANÖE MONOPLACE, SLALOM (H) TONY ESTANGUET CYCLISME COURSE CONTRE LA MONTRE (F) JEANNIE LONGO-CIPRELLI CYCLISME 500 M (F) FÉLICIA BALLANGER ESCRIME ÉPÉE (F) LAURA FLESSEL KEIRIN (H) FLORIAN ROUSSEAU JUDO 90 KG (H) FRÉDÉRIC DEMONTFAUCON VITESSE (F) FÉLICIA BALLANGER 100 KG (H) STÉPHANE TRAINEAU VITESSE PAR ÉQUIPES (H) LAURENT GANE NATATION FLORIAN ROUSSEAU SYNCHRONISÉE DUO VIRGINIE DEDIEU ARNAUD TOURNANT MYRIAM LIGNOT ESCRIME FLEURET PAR ÉQUIPES (H) JEAN-NOËL FERRARI TAEKWONDO +80 KG PASCAL GENTIL TENNIS SIMPLE (H) ARNAUD DI PASQUALE TENNIS DE TABLE DOUBLE (H) JEAN-PHILIPPE GATIEN LIONEL PLUMENAIL PATRICK CHILA JUDO +100 KG (H) DAVID DOUILLET 63 KG (F) SÉVERINE VANDENHENDE TIR PISTOLET, 10 M FRANCK DUMOULIN VTT CROSS-COUNTRY (H) MIGUEL MARTINEZ ARGENT (14) BASKET-BALL (H) JIM BILBA YANN BONATO MAKAM DIOUMASSI LAURENT FOIREST THIERRY GADOU CYRIL JULIAN HENRY CRAWFORD PALMER STÉPHANE RISACHER LAURENT SCIARRA MUSTAPHA SONKO FRÉDÉRIC WEIS CANOË-KAYAK KAYAK MONOPLACE, SLALOM (F) BRIGITTE GUIBAL CYCLISME POURSUITE (F) MARION CLIGNET VITESSE (H) FLORIAN ROUSSEAU ESCRIME ÉPÉE (H) HUGHES OBRY ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) HUGHES OBRY ÉRIC SRECKI JEAN-FRANÇOIS DI MARTINO SABRE (H) MATTHIEU GOURDAIN SABRE PAR ÉQUIPES (H) MATTHIEU GOURDAIN DAMIEN TOUYA JULIEN PILLET CÉDRIC SEGUIN **************************************************************************************** BRONZE (2) JEUX OLYMPIQUES D'HIVER SKI ALPIN DESCENTE (H) GUY PÉRILLAT **************************************************************************************** SLALOM (H) CHARLES BOZON ------1964 INNSBRUCK (7 MÉDAILLES) 1924 - CHAMONIX, PUIS PREMIERS JEUX OLYMPIQUES D’HIVER (1 MÉDAILLE) OR (3) BRONZE (1) SKI ALPIN SLALOM (F) CHRISTINE GOITSCHEL PATINAGE ARTISTIQUE, COUPLE ANDRÉE JOLY SLALOM GÉANT (F) MARIELLE GOITSCHEL PIERRE BRUNET SLALOM GÉANT (H) FRANÇOIS BONLIEU ------ARGENT (4) 1928 - SAINT-MORITZ (1 MÉDAILLE) SKI ALPIN SLALOM (F) MARIELLE GOITSCHEL DESCENTE (H) LÉO LACROIX OR (1) GÉANT (F) CHRISTINE GOITSCHEL PATINAGE ARTISTIQUE, COUPLE ANDRÉE BRUNET PATINAGE ARTISTIQUE (H) ALAIN CALMAT PIERRE BRUNET ------1968 - GRENOBLE (9 MÉDAILLES) 1932 - LAKE PLACID (1 MÉDAILLE) OR (4) OR (1) SKI ALPIN DESCENTE (H) JEAN-CLAUDE KILLY PATINAGE ARTISTIQUE, COUPLE ANDRÉE BRUNET GÉANT (H) JEAN-CLAUDE KILLY PIERRE BRUNET SLALOM SPÉCIAL (F) MARIELLE GOITSCHEL ------SPÉCIAL (H) JEAN-CLAUDE KILLY 1936 - GARMISCH-PARTENKIRCHEN (1 MÉDAILLE) ARGENT (3) SKI ALPIN DESCENTE (F) ISABELLE MIR BRONZE (1) DESCENTE (H) GUY PÉRILLAT SKI ALPIN COMBINÉ (H) ÉMILE ALLAIS SLALOM GÉANT (F) ANNIE FAMOSE ------BRONZE (2) 1948 - SAINT-MORITZ (5 MÉDAILLES) SKI ALPIN SLALOM SPÉCIAL (F) ANNIE FAMOSE PATINAGE ARTISTIQUE (H) ALAIN CALMAT OR (2) ------SKI ALPIN COMBINÉ (H) HENRI OREILLER 1972 - SAPPORO (3 MÉDAILLES) DESCENTE (H) HENRI OREILLER ARGENT (1) ARGENT (1) SKI ALPIN SLALOM (H) SKI ALPIN SLALOM SPÉCIAL (F) DANIÈLE DEBERNARD BRONZE (2) BRONZE (2) SKI ALPIN COMBINÉ (H) JAMES COUTTET SKI ALPIN SLALOM SPÉCIAL (F) FLORENCE STEURER SLALOM (H) HENRI OREILLER PATINAGE ARTISTIQUE (H) PATRICK PÉRA ------1952 - OSLO (1 MÉDAILLE) 1976 - INNSBRUCK (1 MÉDAILLE)

BRONZE (1) BRONZE (1) PATINAGE ARTISTIQUE (F) JACQUELINE DU BIEF SKI ALPIN SLALOM GÉANT (F) DANIÈLE DEBERNARD ------1956 - CORTINA D’AMPEZZO (PAS DE MÉDAILLE) 1980 - LAKE PLACID (1 MÉDAILLE) ------1960 - SQUAW VALLEY (3 MÉDAILLES) BRONZE (1) SKI ALPIN SLALOM GÉANT (F) PERRINE PELEN OR (1) SKI ALPIN DESCENTE (H) JEAN VUARNET

183 184 ------1984 - SARAJEVO (3 MÉDAILLES) 1998 - NAGANO (8 MÉDAILLES)

ARGENT (1) OR (2) SKI ALPIN SLALOM SPÉCIAL (F) PERRINE PELEN SKI ALPIN DESCENTE (H) JEAN-LUC CRÉTIER BRONZE (2) SNOWBOARD GÉANT (F) KARINE RUBY SKI ALPIN SLALOM GÉANT (F) PERRINE PELEN ARGENT (1) SLALOM SPÉCIAL (H) DIDIER BOUVET SKI ACROBATIQUE SAUT (H) SÉBASTIEN FOUCRAS ------BRONZE (5) 1988 - CALGARY (2 MÉDAILLES) PATINAGE ARTISTIQUE DANSE, COUPLE MARINA ANISSINA GWENDAL PEIZERAT OR (1) (H) PHILIPPE CANDELORO SKI ALPIN SUPER-G (H) FRANK PICCARD SKI ALPIN DESCENTE (F) FLORENCE MASNADA BRONZE (1) SKI NORDIQUE COMBINÉ PAR ÉQUIPES (H) NICOLAS BAL SKI ALPIN DESCENTE (H) FRANK PICCARD SYLVAIN GUILLAUME ------FABRICE GUY 1992 - ALBERTVILLE (9 MÉDAILLES) LUDOVIC ROUX BOBSLEIGH À 4 (H) BRUNO MINGEON OR (3) EMMANUEL HOSTACHE BIATHLON 3 X 7,5 KM (F) - ÉRIC LE CHANONY SKI ACROBATIQUE BOSSES (H) EDGAR GROSPIRON MAX ROBERT SKI NORDIQUE COMBINÉ (H) FABRICE GUY ------ARGENT (5) 2002 - SALT LAKE CITY (11 MÉDAILLES) SKI ALPIN DESCENTE (H) FRANK PICCARD SUPER-G (F) CAROLE MERLE OR (4) SKI ACROBATIQUE BOSSES (H) OLIVIER ALLAMAND SKI ALPIN DESCENTE (F) CAROLE MONTILLET SKI NORDIQUE COMBINÉ (H) SYLVAIN GUILLAUME SLALOM (H) JEAN-PIERRE VIDAL PATINAGE ARTISTIQUE DANSE, COUPLE ISABELLE ET PAUL DUCHESNAY SNOWBOARD GÉANT PARALLÈLE (F) ISABELLE BLANC BRONZE (1) PATINAGE ARTISTIQUE DANSE, COUPLE MARINA ANISSINA COMBINÉ (F) FLORENCE MASNADA GWENDAL PEIZERAT ------ARGENT (5) 1994 - LILLEHAMMER (5 MÉDAILLES) BIATHLON 12,5 KM, POURSUITE (H) RAPHAËL POIRÉE SKI ALPIN SLALOM (F) LAURE PEQUEGNOT ARGENT (1) SLALOM (H) SÉBASTIEN AMIEZ BIATHLON 15 KM (F) ANNE BRIAND SNOWBOARD GÉANT PARALLÈLE (F) KARINE RUBY BRONZE (4) HALF-PIPE (F) DORIANE VIDAL BIATHLON 4 X 7,5 KM (F) BRIAND BRONZE (2) CLAUDEL BIATHLON 4 X 7,5 KM (H) VINCENT DEFRASNE HEYMANN-BURLET GILLES MARGUET NIOGRET RAPHAËL POIRÉE 4 X 7,5 KM (H) BAILLY-SALINS JULIEN ROBERT DUSSERRE SKI ACROBATIQUE BOSSES (H) RICHARD GAY FLANDIN LAURENT SKI ACROBATIQUE BOSSES (H) EDGAR GROSPIRON PATINAGE ARTISTIQUE (H) PHILIPPE CANDELORO JEUX PARALYMPIQUES D’ÉTÉ JEUX PARALYMPIQUES D’HIVER

NOMBRE DE NOMBRE DE NOMBRE DE NOMBRE DE CNO PARTICIPANTS CNO PARTICIPANTS (NATIONS) (NATIONS)

1952 STOKE MANDEVILLE 2 130 1976 ÖRNSKÖLDSVIK 14 250 1960 ROME 23 400 1980 GEILO 18 350 1964 TOKYO 22 390 1984 INNSBRUCK 22 350 1968 TEL-AVIV 29 750 1988 INNSBRUCK 22 397 1972 HEIDELBERG 44 1 000 1992 TIGNES-ALBERTVILLE 24 475 1976 TORONTO 42 1 600 1994 LILLEHAMMER 31 1 000 1980 ARNHEM 42 2 500 1998 NAGANO 32 571 1984 STOKE MANDEVILLE ET NEW YORK 42 4 080 2002 SALT LAKE CITY 36 416 1988 SÉOUL 61 3 053 1992 BARCELONE 82 3 020 1996 ATLANTA 103 3 195 2000 SYDNEY 123 3 843

DANS CHAQUE ÉPREUVE LES PARTICIPANTS CONCOURENT DANS DIFFÉRENTES CATÉGORIES, SUIVANT LEUR HANDICAPS, CE QUI EXPLIQUE LA DIFFÉRENCE ENTRE LE NOMBRE D’ÉPREUVES ET CELUI DES MÉDAILLES, AINSI QUE LA PRÉSENCE ÉVENTUELLE DE PLUSIEURS CONCURRENTS POUR CERTAINS RÉSULTATS.

185 186 **************************************************************************************** 25 M NAGE LIBRE (H) DANIEL JEANIN JEUX PARALYMPIQUES D'ÉTÉ SPARSA **************************************************************************************** 50 M NAGE LIBRE (F) JARDINE 75 M 3 NAGES (H) CESTIER ------TIR À L’ARC ST NICOLAS ROUND PARA. (F) GIRARD 1960 - ROME (2 MÉDAILLES) COLUMBIA ROUND (F) MARASCHIN ARGENT (10) OR (1) ESCRIME FLEURET (F) FRANÇOISE PEQUIN-LE DOZE ATHLÉTISME LANCÉ DE MASSUE (H) BARBIER FLEURET PAR ÉQUIPES (F) FRANÇOISE PEQUIN-LE DOZE ARGENT (1) MONIQUE SICLIS TIR À L’ARC ST NICOLAS ROUND (H) FIGONI FLEURET PAR ÉQUIPES (H) SERGE BEC ------AIMÉ PLANCHON 1964 - TOKYO (13 MÉDAILLES) PIERRE PRESTAT SABRE (H) SERGE BEC OR (4) HALTÉROPHILIE MOYEN (H) RENÉ BRIFFOUILLIÈRE ESCRIME ÉPÉE (H) SERGE BEC NATATION 25 M BRASSE (H) SPARSA SABRE (H) SERGE BEC 25 M DOS (H) SUGNY SABRE PAR ÉQUIPES (H) SERGE BEC 50 M NAGE LIBRE (H) CESTIER MICHEL FOUCRE 100 M NAGE LIBRE (F) JARDINE AIMÉ PLANCHON TIR À L’ARC ST NICOLAS ROUND (H) NADAL TIR À L’ARC ST NICOLAS ROUND PAR ÉQUIPES (H) ROGER SCHUR BRONZE (5) ARGENT (3) ESCRIME ÉPÉE (H) SERGE BEC ATHLÉTISME SLALOM (H) C. WEISS NATATION 25 M BRASSE (H) DANIEL JEANIN ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) SERGE BEC 50 M DOS (H) CESTIER MICHEL FOUCRE 25 M NAGE LIBRE (H) SUGNY AIMÉ PLANCHON TIR À L’ARC ST NICOLAS ROUND (H) GUESNON TIR À L’ARC COLUMBIA ROUND PAR ÉQUIPES (H) M. MUSY ------R. SEGUIN 1972 - HEIDELBERG (31 MÉDAILLES) BRONZE (6) ATHLÉTISME JAVELOT (H) C. WEISS OR (9) PENTATHLON (H) C. WEISS HALTÉROPHILIE MI-LÉGERS (H) DUMONT SLALOM (H) G. BIRON MI-MOYENS (H) ALEX EGUERS ESCRIME SABRE (H) AIMÉ PLANCHON ESCRIME FLEURET (F) JOSETTE BOURGAIN NATATION 50 M BRASSE (H) AIMÉ PLANCHON NATATION 25 M BRASSE (H) RAFFIN TIR À L’ARC DOUBLE FITA ROUND (H) BENOÎT TANQUEREL 25 M DOS (H) DANIEL JEANIN ------25 M NAGE LIBRE (H) DANIEL JEANIN 1968 - TEL-AVIV (28 MÉDAILLES) RAFFIN TIR À L’ARC SHORT WESTERN PARAPLÉGIQUE (F) GIRARD OR (13) SHORT WESTERN PARAPLÉGIQUE ATHLÉTISME 50 M SPRINT FAUTEUIL NOVICE (F) THIBAUT PAR ÉQUIPES (H) PIUTTI ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) SERGE BEC PYTEL AIMÉ PLANCHON R. SEGUIN PIERRE PRESTAT ARGENT (7) FLEURET (F) MONIQUE SICLIS ESCRIME ÉPÉE (H) PIERRE PRESTAT SABRE PAR ÉQUIPES (H) SERGE BEC ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) MICHEL FOUCRE AIMÉ PLANCHON PIERRE PRESTAT ROGER SCHUR HERBERT SOK HALTÉROPHILIE PLUME (H) DUMONT FLEURET PAR ÉQUIPES (F) JOSETTE BOURGAIN NATATION 25 M DOS (H) DANIEL JEANIN MADELAINE FOURE SPARSA GÉRALDINE PISSONIER FLEURET PAR ÉQUIPES (H) JACQUES CERETTO PIERRE PRESTAT ROGER SCHUR NATATION 50 M DOS (H) B. PERRY HERBERT SOK 100 M DOS (H) GALLAIS DERTCHERY PAIRE (F) GIRARD VILLATTE MARASCHIN 50 M NAGE LIBRE (H) B. PERRY HALTÉROPHILIE MOYENS (H) RENÉ BRIFFOUILLIÈRE 100 M PAPILLON (F) HELLER NATATION 25 M NAGE LIBRE (H) MOHAMED BEN AMAR 100 M 2 NAGES (H) B. PERRY BRONZE (15) TIR À L’ARC AVANCE MÉTRIC (F) MARASCHIN ATHLÉTISME SLALOM (H) DANIEL JEANIN AVANCE MÉTRIC PAR ÉQUIPES (F) MARASCHIN BOULES SUR GAZON SIMPLE (F) HELLER PIUTTI DOUBLE (F) BELASSET THORE BELAUBRE NOVICE (H) J. M. CHAPUIS DOUBLE (H) M. ALLORGE NOVICE ET TÉTRAPLÉGIQUE ROGER SCHUR PAR ÉQUIPES (MIXTE) J. M. CHAPUIS ESCRIME FLEURET DÉBUTANT (F) GÉRALDINE PISSONIER GALEA SABRE (H) PIERRE PRESTAT MALGOGNE SABRE PAR ÉQUIPES (H) MICHEL FOUCRE ARGENT (20) PIERRE PRESTAT ATHLÉTISME JAVELOT (H) LÉON SUR ROGER SCHUR ESCRIME ÉPÉE (H) MOHAMED BEN AMAR HALTÉROPHILIE MI-LOURDS (H) M. ALLORGE FLEURET PAR ÉQUIPES (F) JOSETTE BOURGAIN LOURDS (H) J. GILLET MARTINE FAVARCQ NATATION 100 M BRASSE (F) GALEON MAGUY RAMOUSSE TIR À L’ARC FITA ROUND (F) MARASCHIN FLEURET (H) AIMÉ PLANCHON TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) MAGUY RAMOUSSE MARC TOPER SIMPLE (H) ANDRÉ HENNAERT FLEURET PAR ÉQUIPES (H) MOHAMED BEN AMAR DANIEL JEANIN CHRISTIAN LACHAUD TRICHE AIMÉ PLANCHON ------HERBERT SOK 1976 - TORONTO (57 MÉDAILLES) MARC TOPER SABRE (H) PIERRE PRESTAT OR (23) HALTÉROPHILIE MI-PLUME (H) J. M. BARBERANE ATHLÉTISME 100 M SPRINT (H) CAILLOUX PLUME (H) J. PONNIER B. PERRY LÉGERS (H) ALEX EGUERS 1 500 M (H) J. ALEXANDRE MOYENS (H) AOUMOND B. PERRY NATATION 50 M DOS (H) CAILLOUX BOULES SUR GAZON DOUBLE (H) P. CHASSAGNE 100 M DOS (F) HELLER LÉON SUR 100 M NAGE LIBRE (F) HELLER DERTCHERY PAIRE (H) PIUTTI 150 M 3 NAGES (H) MAILLET THORE 200 M 4 NAGES (H) VILLATTE ESCRIME ÉPÉE (H) PIERRE PRESTAT TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) MAGUY RAMOUSSE ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) MOHAMED BEN AMAR SIMPLE (H) P. CHASSAGNE CHRISTIAN LACHAUD TIR À L’ARC ADVANCED MÉTRIC (H) THORE PIERRE PRESTAT NOVICE (H) GALEA HERBERT SOK BRONZE (14) FLEURET (F) JOSETTE BOURGAIN ATHLÉTISME JAVELOT (H) P. MOREL FLEURET (H) CHRISTIAN LACHAUD ESCRIME FLEURET (H) HERBERT SOK FLEURET NOVICE (F) MARTINE FAVARCQ SABRE (H) AIMÉ PLANCHON SABRE (H) ANDRÉ HENNAERT HALTÉROPHILIE MI-PLUME (H) J. M. BARBERANE SABRE PAR ÉQUIPES (H) ANDRÉ HENNAERT NATATION 25 M BRASSE (H) RAFFIN AIMÉ PLANCHON 50 M BRASSE (H) MAILLET

187 188 100 M BRASSE (H) FINCK TENNIS DE TABLE PAR ÉQUIPES (H) P. CATHELINEAU GALLAIS P. CHASSAGNE VILLATTE TIR PISTOLET, AMPUTÉ (H) JOËL GUILLOUX 100 M DOS (H) FINCK TIR À L’ARC SHORT MÉTRIC, PARAPLÉGIQUE (H) J. M. CHAPUIS 50 M NAGE LIBRE (H) MAILLET COLUMBIA ROUND (H) TROUVERIE 200 M 4 NAGES (H) GALLAIS ARGENT (26) 400 M 4 NAGES (H) VACCARA ATHLÉTISME 50 M SPRINT (F) C. PETITOT TENNIS DE TABLE PAR ÉQUIPES (F) MAGUY RAMOUSSE 50 M SPRINT (H) DUVIVIER ------400 M (F) VÉRONIQUE ROCHETTE 1980 - ARNHEM (88 MÉDAILLES) ROYET JAVELOT (H) LÉON SUR OR (31) LONGUEUR (F) VÉRONIQUE ROCHETTE ATHLÉTISME 50 M SPRINT (F) D. DOSIMONT ROYET ONFROY HALTÉROPHILIE MOYENS (H) BERNARD BARBERET 50 M SPRINT (H) ANDRÉ HAVARD MI-LOURDS (H) J. CHAUVEL 400 M (F) D. DOSIMONT LOURDS (H) N. CLÉMENTE ONFROY ESCRIME FLEURET (F) THÉRÈSE LEMOINE 1 500 M (H) J. ALEXANDRE MONIQUE SICLIS LANCÉ DE MASSUE (H) BERNARD JARRIGE FLEURET (H) ANDRÉ HENNAERT LONGUEUR (F) D. DOSIMONT FLEURET NOVICE (H) ALAIN SICLIS ONFROY SABRE (H) AIMÉ PLANCHON LONGUEUR (H) B. PIERRE HALTÉROPHILIE MI-PLUME (H) J. M. BARBERANE POIDS (F) D. DOSIMONT PLUME (H) J. PONNIER ESCRIME ÉPÉE (H) MOHAMED BEN AMAR NATATION 50 M BRASSE (F) M.H. ALLARD CHRISTIAN LACHAUD 50 M NAGE LIBRE (F) M.H. ALLARD ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ARTHUR BELLANCE 100 M NAGE LIBRE (F) ISABELLE DURANCEAU MOHAMED BEN AMAR 100 M PAPILLON (F) ISABELLE DURANCEAU DANIEL JEANIN 200 M 4 NAGES (F) ISABELLE DURANCEAU CHRISTIAN LACHAUD 3 X 50 M NAGE LIBRE (H) - ALAIN SICLIS 3 X 100 M 3 NAGES (H) - FLEURET (F) JOSETTE BOURGAIN-MERCKX TENNIS DE TABLE SIMPLE (H) P. CHASSAGNE FLEURET PAR ÉQUIPES (F) JOSETTE BOURGAIN-MERCKX PAR ÉQUIPES (F) R. ANDRÉ THÉRÈSE LEMOINE MAGUY RAMOUSSE MONIQUE SICLIS BRONZE (31) FLEURET (H) ARTHUR BELLANCE ATHLÉTISME 50 M SPRINT (F) ROYET FLEURET PAR ÉQUIPES (H) ARTHUR BELLANCE 800 M (H) DUVIVIER MOHAMED BEN AMAR JAVELOT (H) P. MOREL ANDRÉ HENNAERT DERTCHERY (MIXTE) BERNABEI AIMÉ PLANCHON TROUVERIE SABRE (H) CHRISTIAN LACHAUD HALTÉROPHILIE MI-LOURDS (H) GÉRARD HOUDMOND SABRE PAR ÉQUIPES (H) JEAN-CLAUDE CORALIE LOURDS (H) J. L. DURY ANDRÉ HENNAERT ESCRIME ÉPÉE (H) ARTHUR BELLANCE AIMÉ PLANCHON FLEURET (H) MOHAMED BEN AMAR HALTÉROPHILIE LÉGERS (H) CHORRIHONS AIMÉ PLANCHON MOYENS (H) JEAN GRANSIRE FLEURET (MIXTE) JEAN-PIERRE LEROUX NATATION 50 M DOS (F) M.H. ALLARD FLEURET NOVICE (H) JEAN-CLAUDE CORALIE 50 M DOS (H) B. PERRY 25 M NAGE LIBRE, JUNIOR (H) BERNARD JARRIGE NATATION 100 M BRASSE (F) ISABELLE DURANCEAU 100 M 2 NAGES (H) B. PERRY 100 M BRASSE (H) G.BETEGA 150 M 3 NAGES (F) M.H. ALLARD B. JAILLET 25 M DOS, JUNIOR (H) BERNARD JARRIGE ALAIN SICLIS 100 M DOS (F) ISABELLE DURANCEAU SABRE (H) ANDRÉ HENNAERT 50 M NAGE LIBRE (H) B. PERRY SABRE PAR ÉQUIPES (H) ANDRÉ HENNAERT 100 M NAGE LIBRE (H) T. GODINEAU OLIVIER PLANE 100 M PAPILLON (H) B. JAILLET ALAIN SICLIS 100 M 2 NAGES (H) DAVID FOPPOLO HALTÉROPHILIE LÉGERS (H) MICHEL ABALAIN 200 M 4 NAGES (F) MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU MOYENS (H) JEAN GRANSIRE 4 X 100 M 4 NAGES (H) - MI-LOURDS (H) BERNARD BARBERET TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) R. ANDRÉ LOURDS (H) DANIEL HARDY N. KABOUS NATATION 50 M BRASSE (H) ÉRIC GHYSEL PAR ÉQUIPES (H) G. CAILLON 100 M BRASSE (F) ISABELLE DURANCEAU MICHEL PEETERS 100 M BRASSE (H) G.BETEGA TIR À L’ARC DOUBLE FITA, AMPUTÉ (F) MARIE-FRANÇOISE HYBOIS ÉRIC FLEURY DOUBLE FITA, TÉTRAPLÉGIQUE (H) G. LAFONT 25 M DOS (F) BÉATRICE PIERRE COLUMBIA ROUND (H) DELAPIETRA 25 M DOS (H) DIDIER COUGOUILLE SHORT MÉTRIC, PARAPLÉGIQUE (H) J. THION MICHEL LANDRA TIR CARABINE, DEBOUT (MIXTE) B. PIQUE 50 M DOS (F) MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU ------STÉPHANIE PROUST 1984 - STOKE MANDEVILLE ET NEW YORK (175 MÉDAILLES) 100 M DOS (F) AGNÈS BERAMDIAS P. DELORME OR (71) STÉPHANIE PROUST ATHLÉTISME 100 M SPRINT (F) MARTINE PRIEUR 100 M DOS (H) G.BETEGA 200 M (F) VÉRONIQUE ROCHETTE 25 M NAGE LIBRE (F) GENEVIÈVE PAYROUX 400 M (H) LUCIEN QUEMOND BÉATRICE PIERRE 800 M (H) MUSTAPHA BADID 25 M NAGE LIBRE (H) DIDIER COUGOUILLE DISQUE (F) MARTINE PRIEUR MICHEL LANDRA HAUTEUR (H) STÉPHANE SAAS 50 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE PIERRE PENTATHLON (F) MARTINE PRIEUR STÉPHANIE PROUST PENTATHLON (H) RUDY VAN DER ABBEELE 50 M NAGE LIBRE (H) DIDIER COUGOUILLE POIDS (H) ANTOINE DELAUNE ÉRIC GHYSEL CYCLISME 1 500 M (H) DOMINIQUE MOLLE 100 M NAGE LIBRE (F) AGNÈS BERAMDIAS 5 000 M (H) DOMINIQUE MOLLE P. DELORME ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) MOHAMED BELDJILALI BÉATRICE PIERRE ARTHUR BELLANCE STÉPHANIE PROUST JEAN-PIERRE LEROUX 200 M NAGE LIBRE (F) STÉPHANIE PROUST JEAN ROSIER 400 M NAGE LIBRE (F) P. DELORME FLEURET (F) VÉRONIQUE SOETEMOND 400 M NAGE LIBRE (H) G.BETEGA MURIELLE VAN DE CAPPELLE 100 M PAPILLON (F) AGNÈS BERAMDIAS FLEURET PAR ÉQUIPES (F) THÉRÈSE LEMOINE 100 M PAPILLON (H) G.BETEGA SYLVAINE MEYER CLAUDE DUPIN YANNICK SEVEND 200 M 4 NAGES (F) AGNÈS BERAMDIAS VÉRONIQUE SOETEMOND P. DELORME MURIELLE VAN DE CAPPELLE 200 M 4 NAGES (H) G.BETEGA FLEURET (H) ARTHUR BELLANCE CLAUDE DUPIN ANDRÉ HENNAERT 4 X 100 M 4 NAGES (H) - OLIVIER PLANE TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) C. COULLANGES FLEURET PAR ÉQUIPES (H) MOHAMED BELDJILALI EVELYNE CRETUAL ARTHUR BELLANCE SIMPLE (H) MARC DIRAS ANDRÉ HENNAERT R. FERRAUD OLIVIER PLANE TIR CARABINE À AIR, INTEGRATED (F) ANNIE LECOINTE

189 190 CARABINE À AIR, COUCHÉE (H) - 50 M NAGE LIBRE (F) HÉLÈNE BINET PISTOLET À AIR (F) N. SARTON SYLVIE DEPLAUQUE TIR À L'ARC SHORT MÉTRIC, PARAPLÉGIQUE (F) M.P. BALME 100 M NAGE LIBRE (F) SYLVIE DEPLAUQUE DOUBLE AVANCED MÉTRIC, PARA. (H) J. M. CHAPUIS VIOLETTE SPOKA ST NICOLAS ROUND PAR ÉQUIPES (H) R. DAVID 100 M NAGE LIBRE (H) DAVID FOPPOLO J. P. HANOUN 200 M NAGE LIBRE (F) SYLVIE DEPLAUQUE ARGENT (62) 25 M PAPILLON (F) F. MAURY ATHLÉTISME 50 M SPRINT (F) VALÉRIE DECONDE 75 M 3 NAGES (F) F. MAURY 50 M SPRINT (H) ANDRÉ HAVARD 150 M 3 NAGES (H) DAVID FOPPOLO 100 M SPRINT (F) P. DELEVACQUE 200 M 4 NAGES (F) ISABELLE DURANCEAU MARTINE PRIEUR TIR PISTOLET À AIR (F) MARIE-CHRISTINE BARBERAUD VÉRONIQUE ROCHETTE CARABINE À AIR, COUCHÉE (F) NICOLE PETIT 100 M SPRINT (H) MICHEL BAPTE CARABINE À AIR, COUCHÉE (H) MICHEL PELON JEAN-LOUIS JANNEAY CARABINE À AIR, À GENOUX (H) MICHEL PELON LUCIEN QUEMOND CARABINE À AIR, 3 POSITIONS (F) NICOLE PETIT 200 M (F) VALÉRIE DECONDE PISTOLET À AIR, INTEGRATED (H) JOËL GUILLOUX P. DELEVACQUE TIR À L’ARC DOUBLE AVANCED METRIC, PARA. (H) C. BOUCHITE 200 M (H) MICHEL BAPTE DOUBLE FITA, INTEGRATED 400 M (F) P. DELEVACQUE PAR ÉQUIPES (H) RENÉ DUCRET VÉRONIQUE ROCHETTE GEORGE HAMART 400 M (H) ANDRÉ HAVARD DANIEL LELON JEAN-LOUIS JANNEAY COLUMBIA ROUND PAR ÉQUIPES (H) P. LECERF 800 M (F) CHRISTELLE DONNEZ BRONZE (42) 800 M (H) JEAN-LOUIS JANNEAY ATHLÉTISME 200 M (F) MARTINE PRIEUR DISQUE (H) RUDY VAN DER ABBEELE 400 M (F) MARTINE PRIEUR JAVELOT (F) MARTINE PRIEUR 400 M (H) ANTOINE DELAUNE LONGUEUR (F) VÉRONIQUE ROCHETTE 5 000 M (H) JEAN-FRANÇOIS POITEVIN LONGUEUR (H) MICHEL BAPTE DISQUE (H) ANTOINE DELAUNE POIDS (H) RUDY VAN DER ABBEELE JAVELOT (H) MICHEL BAPTE MARATHON (H) JEAN-FRANÇOIS POITEVIN LUCIEN QUEMOND HALTÉROPHILIE MI-PLUME (H) HERVÉ PAILLET LÉON SUR PLUME (H) PATRICK FORNET POIDS (F) MARTINE PRIEUR DIDIER MÉNAGE ESCRIME ÉPÉE (H) MOHAMED BELDJILALI LÉGERS (H) PATRICK GARNIER FLEURET (F) THÉRÈSE LEMOINE MI-LOURDS (H) GÉRARD HOUDMOND YANNICK SEVEND ESCRIME ÉPÉE (H) ARTHUR BELLANCE HALTÉROPHILIE SUPER-LOURDS (H) N. CLÉMENTE FLEURET (F) SYLVAINE MEYER LÉGERS (H) DOMINIQUE HAINAULT FLEURET (H) JEAN-PIERRE LEROUX NATATION 100 M BRASSE (F) ISABELLE DURANCEAU TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) BERNADETTE DAVRAND 25 M DOS (F) VIOLETTE SPOKA BERNADETTE DAVRAND 50 M DOS (F) CORINNE D’URZO NATATION 100 M BRASSE (F) AGNÈS BERAMDIAS 50 M DOS (H) DAVID FOPPOLO 25 M DOS (F) HÉLÈNE BINET THIERRY LEGLOANIC 25 M DOS (H) PASCAL JACQUOT 100 M DOS (F) ISABELLE DURANCEAU 50 M DOS (F) SYLVIE DEPLAUQUE 100 M NAGE LIBRE (F) F. MAURY 50 M DOS (H) MOHAMED AIT-AISSA 100 M NAGE LIBRE (H) ÉRIC GHYSEL 100 M DOS (F) SYLVIE DEPLAUQUE C. TROG 100 M DOS (H) BERNARD MICORECK 200 M NAGE LIBRE (H) MOHAMED AIT-AISSA 25 M NAGE LIBRE (F) HÉLÈNE BINET JEAN-MARC DURIEUX F. MAURY 400 M NAGE LIBRE (H) BERNARD MICORECK 25 M NAGE LIBRE (H) PASCAL JACQUOT 100 M PAPILLON (F) ISABELLE DURANCEAU 100 M PAPILLON (H) ÉRIC FLEURY ANDRÉ HENNAERT 100 M 4 NAGES (F) MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU YVON PACAULT 200 M 4 NAGES (H) ÉRIC FLEURY HALTÉROPHILIE POWERLIFTING, LÉGERS (H) MICHEL ABALAIN ÉRIC GHYSEL POWERLIFTING, LOURDS (H) BERNARD BARBERET BERNARD MICORECK NATATION 25 M BRASSE (F) GENEVIÈVE PAYROUX 4 X 50 M NAGE LIBRE (H) - 100 M BRASSE (H) BERNARD MICORECK TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) R. ANDRÉ ÉRIC RICHARD SIMPLE (H) DANIEL JEANIN 25 M DOS (F) BÉATRICE PIERRE PHILIPPE ROINE 50 M DOS (F) HÉLÈNE BINET TIR CARABINE À AIR, COUCHÉE 50 M DOS (H) DAVID FOPPOLO PAR ÉQUIPES (MIXTE) NICOLE PETIT 100 M DOS (H) BERNARD MICORECK CARABINE À AIR, À GENOUX (H) - 50 M NAGE LIBRE (H) ÉRIC GHYSEL PISTOLET À AIR, INTEGRATED (F) MARIE-THÉRÈSE PICHON 100 M NAGE LIBRE (F) AGNÈS BERAMDIAS PISTOLET À AIR, INTEGRATED (H) GUY DUNARQUEZ 100 M NAGE LIBRE (H) DAVID FOPPOLO TIR À L’ARC ST NICOLAS ROUND R. DAVID ÉRIC GHYSEL VOLLEY-BALL DEBOUT (H) - 50 M NAGE LIBRE (F) GENEVIÈVE PAYROUX ------100 M PAPILLON (H) CLAUDE DUPIN 1988 - SÉOUL (143 MÉDAILLES) DAVID FOPPOLO 200 M 4 NAGES (H) DAVID FOPPOLO OR (47) 4 X 50 M NAGE LIBRE (H) - ATHLÉTISME 100 M SPRINT (F) MARTINE PRIEUR TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) BERNADETTE DAVRAND 200 M (H) MUSTAPHA BADID SIMPLE (H) CLAUDE CHEDAU 400 M (F) VALÉRIE DECONDE T. LEUY 400 M (H) FARID AMAROUCHE MICHEL PEETERS 1 500 M (H) FARID AMAROUCHE PAR ÉQUIPES (H) CAUDUCHEAU MUSTAPHA BADID GUY TISSERANT 5 000 M (H) FARID AMAROUCHE ARGENT (44) MUSTAPHA BADID ATHLÉTISME 100 M SPRINT (F) VALÉRIE DECONDE 10 000 M (H) JEAN-FRANÇOIS POITEVIN 100 M SPRINT (H) MICHEL BAPTE MARATHON (H) MUSTAPHA BADID MUSTAPHA BADID JEAN-FRANÇOIS POITEVIN 200 M (F) VALÉRIE DECONDE LONGUEUR (H) MICHEL BAPTE 800 M (F) FLORENCE GOSSIAUX PENTATHLON (F) MARTINE PRIEUR 800 M (H) FARID AMAROUCHE PENTATHLON (H) RUDY VAN DER ABBEELE 1 500 M (H) JEAN-FRANÇOIS POITEVIN CYCLISME TANDEM ROUTE (H) JEAN BERTRAND 5 000 M (H) MICHEL PAVON 50 KM (H) TRISTAN MOURIC JEAN-FRANÇOIS POITEVIN 70 KM (H) FRANCISCO TRUJILLO 10 000 M (H) FARID AMAROUCHE ESCRIME ÉPÉE (F) YANNICK SEVEND MARATHON (H) FARID AMAROUCHE ÉPÉE (H) ROBERT CITERNE PAUL COLLET FLEURET (F) MURIELLE VAN DE CAPPELLE PHILIPPE COUPRIE FLEURET PAR ÉQUIPES (F) SABBAH AOUTAR ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ARTHUR BELLANCE THÉRÈSE LEMOINE ROBERT CITERNE YANNICK SEVEND FLEURET (F) THÉRÈSE LEMOINE MURIELLE VAN DE CAPPELLE SABRE (H) PASCAL DURAND FLEURET (H) ARTHUR BELLANCE YVON PACAULT FLEURET PAR ÉQUIPES (H) ARTHUR BELLANCE JUDO -85 KG (H) RENÉ DUCHEMIN ROBERT CITERNE NATATION 50 M BRASSE (H) ÉRIC GHYSEL ANDRÉ HENNAERT 100 M BRASSE (H) ÉRIC FLEURY YVON PACAULT 50 M DOS (H) MOHAMED AIT-AISSA SABRE PAR ÉQUIPES (H) PASCAL DURAND ÉRIC RICHARD

191 192 100 M DOS (H) CLAUDE BADIE FLEURET (H) ANDRÉ HENNAERT ROBERT GALLAIS SABRE (H) ANDRÉ HENNAERT EMMANUEL LACROIX HALTÉROPHILIE WEIGHTLIFTING, LÉGERS (H) DOMINIQUE HAINAULT 200 M DOS (H) CLAUDE BADIE WEIGHTLIFTING, MOYENS (H) JEAN GRANSIRE 50 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE PIERRE WEIGHTLIFTING, SUPER-LOURDS (H) EDMOND HADDAD 100 M NAGE LIBRE (F) HÉLÈNE BINET JUDO -85 KG (H) DANIEL FOURCADE GHISLAINE CRISTALLO NATATION 25 M BRASSE (H) FRANCK MAILLE 100 M NAGE LIBRE (H) CLAUDE BADIE 100 M BRASSE (F) ISABELLE DURANCEAU EMMANUEL LACROIX 25 M DOS (F) GENEVIÈVE PAYROUX BERNARD MICORECK 25 M DOS (H) FRANCK MAILLE ERIC RICHARD 50 M DOS (H) JEAN-MARC DURIEUX 400 M NAGE LIBRE (H) BERNARD MICORECK 100 DOS (F) MARYVONNE LUMINEAU 25 M PAPILLON (H) PATRICK MOYSES 100 M DOS (H) HERVÉ PRISSET 50 M PAPILLON (H) ÉRIC RICHARD 50 M NAGE LIBRE (H) FRANCK MAILLE 200 M 4 NAGES (H) BERNARD MICORECK 100 M NAGE LIBRE (H) PASCAL AUCLAIR 4 X 100 M 4 NAGES (H) - 100 M NAGE LIBRE (H) MICHAËL BOUCHERIE TENNIS DE TABLE PAR ÉQUIPES (F) EVELYNE CRETUAL FRANCK MAILLE BERNADETTE DAVRAND 400 M NAGE LIBRE (F) ISABELLE DURANCEAU SIMPLE (H) MARC DIRAS 400 M NAGE LIBRE (H) PASCAL AUCLAIR DANIEL JEANIN 50 M PAPILLON (H) PASCAL AUCLAIR GUY TISSERANT 100 M PAPILLON (F) ISABELLE DURANCEAU PAR ÉQUIPES (H) MARC DIRAS 100 M PAPILLON (H) ÉRIC GHYSEL THIERRY GAROFALO EMMANUEL LACROIX TIR PISTOLET À AIR, INTEGRATED (H) GUY DUMARQUE BERNARD MICORECK BRONZE (52) 200 M 4 NAGES (F) ISABELLE DURANCEAU ATHLÉTISME 800 M (F) VALÉRIE DECONDE 200 M 4 NAGES (H) PASCAL AUCLAIR 800 M (H) JEAN-YVES ARVIER ÉRIC GHYSEL MICHEL PAVON ÉRIC RICHARD 1 500 M (H) PHILIPPE COUPRIE 4 X 100 M NAGE LIBRE (H) - MICHEL PAVON TENNIS DE TABLE SIMPLE (H) DANIEL JEANIN 10 000 M (H) JEAN-YVES ARVIER MICHEL DISQUE (F) MARTINE PRIEUR TIR PISTOLET À AIR DISQUE (H) RUDY VAN DER ABBEELE PAR ÉQUIPES (MIXTE) C.BARBERAUD JAVELOT (H) ÉRIC LADERVAL PIERRE GUIVARCH BASKET-BALL FAUTEUIL (H) PHILIPPE BAYE PHILIPPE MICHOUX ÉRIC BENAULT CARABINE À AIR COUCHÉE LIONEL CHAVANNE PAR ÉQUIPES (MIXTE) MICHEL PELON MICHEL GRADELLE SERGE PITTARD JEAN GRANZOTTO CARABINE À AIR, DEBOUT (H) SERGE PITTARD MARC GUILLEMAIN CARABINE À AIR, 3 POSITIONS (H) SERGE PITTARD MICHEL MENCH TIR À L’ARC DOUBLE FITA ROUND PAR ÉQUIPES (H) LUCIEN COURTIL PHILIPPE NUTTIN JEAN-MICHEL FAURE FABRICE POINTIN DANIEL LELON JEAN REGNAULT ALBION ROUND PAR ÉQUIPES (H) R. DAVID JEAN REIGNIER TROUVERIE ALAIN TROLONG VENTADOUR BOULES SUR GAZON SIMPLE (F) BELASSET DOUBLE (F) BELASSET CYCLISME 70 KM (H) PASCAL THEVENON ESCRIME FLEURET (F) YANNICK SEVEND ------VÉRONIQUE SOETEMOND 1992 - BARCELONE (107 MÉDAILLES) ÉPÉE (H) ARTHUR BELLANCE ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ARTHUR BELLANCE OR (27) FLEURET (F) JOSETTE BOURGAIN-MERCKX ATHLÉTISME 100 M SPRINT (H) CLAUDE ISSORAT VÉRONIQUE SOETEMOND 200 M (H) CLAUDE ISSORAT FLEURET (H) ARTHUR BELLANCE 400 M (H) PATRICE GERGES YVON PACAULT 800 M (H) CHRISTOPHE CARAYON FLEURET PAR ÉQUIPES (H) ARTHUR BELLANCE POIDS (F) MADELAINE DEOUWI PASCAL DURAND ESCRIME ÉPÉE (H) JEAN ROSIER SABRE (H) PASCAL DURAND ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ROBERT CITERNE CHRISTIAN LACHAUD CHRISTIAN LACHAUD SABRE PAR ÉQUIPES (H) PASCAL DURAND JEAN ROSIER HALTÉROPHILIE POWERLIFTING, LOURDS (H) JEAN-LUC DARRONDEAU FLEURET (F) PATRICIA PICOT WEIGHTLIFTING, MI-LÉGERS (H) DOMINIQUE HAINAULT FLEURET PAR ÉQUIPES (H) ANDRÉ HENNAERT WEIGHTLIFTING, MOYENS (H) JEAN GRANSIRE YVON PACAULT WEIGHTLIFTING, LOURDS (H) EDMOND HADDAD SABRE PAR ÉQUIPES (H) ANDRÉ HENNAERT JUDO -75 KG (H) JOËL GICHTENAÈRE CHRISTIAN LACHAUD NATATION 50 M DOS (F) CORINNE D’URZO YVON PACAULT SANDRINE SERRES CYCLISME ROUTE (H) FRANCISCO TRUJILLO 50 M DOS (H) PIERRE BELLOT NATATION 100 M BRASSE (F) GENEVIÈVE PAYROUX JEAN-LOUIS FLAMENGO 100 M BRASSE (H) PASCAL PINARD THIERRY GRAND 100 M DOS (H) DAVID FOPPOLO 100 M DOS (H) ÉRIC LINDMANN 50 M NAGE LIBRE (H) JEAN-LOUIS FLAMENGO 50 M NAGE LIBRE (F) GENEVIÈVE PAYROUX 100 M NAGE LIBRE (H) JEAN-LOUIS FLAMENGO SANDRINE SERRES PASCAL PINARD 50 M NAGE LIBRE (H) PIERRE BELLOT 400 M NAGE LIBRE (H) ÉRIC LINDMANN 100 M NAGE LIBRE (F) SANDRINE SERRES 50 M PAPILLON (H) DAVID FOPPOLO 100 M NAGE LIBRE (H) PIERRE BELLOT PASCAL PINARD FRÉDÉRIC DELPY 150 M 3 NAGES (H) JEAN-LOUIS FLAMENGO 400 M NAGE LIBRE (H) FRÉDÉRIC DELPY 200 M 4 NAGES (H) ÉRIC LINDMANN 50 M PAPILLON (F) GENEVIÈVE PAYROUX PASCAL PINARD 50 M PAPILLON (H) PIERRE BELLOT 4 X 50 M 4 NAGES (H) DAVID FOPPOLO THIERRY LEGLOANIC THIERRY LEGLOANIC 200 M 4 NAGES (F) HADDA GUERCHOUCHE ÉRIC LINDMANN 4 X 50 M 4 NAGES (F) AICHA CHOUACHI PASCAL PINARD CORINNE D’URZO TENNIS DE TABLE SIMPLE (H) MICHEL PEETERS ANNE-CÉCILE LEQUIEN GUY TISSERANT GENEVIÈVE PAYROUX TIR PISTOLET À AIR (H) PIERRE GUIVARCH 4 X 50 M NAGE LIBRE (F) CORINNE D’URZO ARGENT (50) 4 X 50 M NAGE LIBRE (H) DAVID FOPPOLO ATHLÉTISME 100 M SPRINT (F) FLORENCE GOSSIAUX THIERRY LEGLOANIC 400 M (H) CLAUDE ISSORAT ÉRIC LINDMANN 800 M (H) PATRICE GERGES PASCAL PINARD MARATHON (H) CLAUDE ISSORAT TENNIS DOUBLE (H) THIERRY CAILLIER DISQUE (F) MADELAINE DEOUWI LAURENT GIANMARTINI JAVELOT (F) MADELAINE DEOUWI TENNIS DE TABLE PAR ÉQUIPES (F) BERNADETTE DAVRAND POIDS (H) ANTOINE DELAUNE CLAIRO ODELDE ESCRIME ÉPÉE (F) JOSETTE BOURGAIN-MERCKX MICHÈLE SEVIN ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F) JOSETTE BOURGAIN-MERCKX MARTINE THIERRY PATRICIA PICOT SIMPLE (H) BRUNO BENEDETTI

193 194 GILLES DE LA BOURDONNAYE MICHEL PEETERS GUY TISSERANT ALAIN PICHON PAR ÉQUIPES (H) CLAUDE CHEDAU TIR PISTOLET À AIR (H) PHILIPPE MICHOUX GILLES DE LA BOURDONNAYE TIR À L’ARC CONCOURS PAR ÉQUIPES (H) JEAN-MICHEL FAVRE PHILIPE ROINE JEAN-FRANÇOIS GARCIA BRONZE (30) RENÉ LE BRAS ATHLÉTISME 400 M (H) CHRISTOPHE CARAYON ------800 M (F) FLORENCE GOSSIAUX 1996 - ATLANTA (98 MÉDAILLES) 5 000 M (H) MICHEL PAVON MARATHON (H) PAUL COLLET OR (35) LONGUEUR (H) PATRICE GERGES ATHLÉTISME 200 M (H) CLAUDE ISSORAT BASKET-BALL FAUTEUIL (H) JEAN-DENIS AUBOUKIR 400 M (H) CLAUDE ISSORAT PHILIPPE BAYE 4 X 400 M (H) MUSTAPHA BADID ERIC BENAULT PHILIPPE COUPRIE LIONEL CHAVANNE CLAUDE ISSORAT BRUNO GAUDEFROY CHARLOS TOLLE JEAN-LUC GENETE LONGUEUR (H) STÉPHANE BOZZOLO MICHEL GRADELLE POIDS (H) LUTOVICO HALAGAHU JEAN GRANZOTTO CYCLISME 45/55 ROUTE (H) LUC RAOUL JEAN-MARIE LUBETH 55/65 ROUTE (H) PATRICK CERIA PHILIPPE NUTTIN 65/75 ROUTE (H) DAVID MERCIER JEAN REGNAULT TANDEM KILOMÈTRE (H) THIERRY GINTRAND JEAN REIGNIER PATRICE SENMARTIN CYCLISME ROUTE (H) PASCAL MONTASTIER TANDEM ROUTE (H) FRANK MIQUARD ESCRIME ÉPÉE (H) CHRISTIAN LACHAUD ESCRIME ÉPÉE (H) JEAN ROSIER FLEURET (H) ROBERT CITERNE ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F) SOPHIE BELGODÈRE ANDRÉ HENNAERT JOSETTE BOURGAIN-MERCKX SABRE (H) ANDRÉ HENNAERT PATRICIA PICOT JUDO -85 KG (H) DANIEL FOURCADE MURIELLE VAN DE CAPPELLE NATATION 100 M BRASSE (H) ÉRIC LINDMANN FLEURET (F) JOSETTE BOURGAIN-MERCKX 50 M DOS (F) ANNE-CÉCILE LEQUIEN MURIELLE VAN DE CAPPELLE 50 M DOS (H) PASCAL PINARD FLEURET PAR ÉQUIPES (F) SOPHIE BELGODÈRE 100 M DOS (F) MARIE-THÉRÈSE CRESPEAU JOSETTE BOURGAIN-MERCKX CORINNE D’URZO PATRICIA PICOT 100 M DOS (H) FRÉDÉRIC DELPY MURIELLE VAN DE CAPPELLE 50 M NAGE LIBRE (H) PASCAL PINARD SABRE (H) YVON PACAULT 100 M NAGE LIBRE (F) GENEVIÈVE PAYROUX SABRE PAR ÉQUIPES (H) PASCAL DURAND 400 M NAGE LIBRE (F) AICHA CHOUACHI CHRISTIAN LACHAUD 4 X 50 M NAGE LIBRE (F) AICHA CHOUACHI CYRIL MORE CORINNE D’URZO YVON PACAULT ANNE-CÉCILE LEQUIEN NATATION 100 M BRASSE (H) PASCAL PINARD GENEVIÈVE PAYROUX 50 M DOS (F) BÉATRICE HESS TENNIS SIMPLE (H) LAURENT GIANMARTINI 100 M DOS (H) ÉRIC LINDMANN DOUBLE (F) CHRISTELLE MARX 50 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS ARLETTE RACINEUX LUDVINE LOISEAU TENNIS DE TABLE SIMPLE (H) GILLES DE LA BOURDONNAYE 100 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS THIERRY GAROFALO 100 M NAGE LIBRE (H) ÉRIC LINDMANN DANIEL HATTON 400 M NAGE LIBRE (H) ÉRIC LINDMANN PAR ÉQUIPES (H) THIERRY GAROFALO 200 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS DANIEL HATTON 50 M PAPILLON (F) BÉATRICE HESS 200 M 4 NAGES (F) BÉATRICE HESS BRONZE (34) 200 M 4 NAGES (H) ÉRIC LINDMANN ATHLÉTISME 100 M SPRINT (H) CLAUDE ISSORAT TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) ISABELLE LAFAYE 400 M (F) JOËLLE VOGEL MICHÈLE SEVIN 800 M (H) MUSTAPHA BADID SIMPLE (H) BRUNO BENEDETTI 1 500 M (H) CHRISTOPHE CARAYON GILLES DE LA BOURDONNAYE PHILIPPE COUPRIE GUY TISSERANT EMMANUEL LACROIX PAR ÉQUIPES (H) OLIVIER CHATEIGNER 5 000 M (H) EMMANUEL LACROIX GILLES DE LA BOURDONNAYE BOULES SUR GAZON DOUBLE (F) SYLVAINE GUESNON ALAIN PICHON CYCLISME OMNIUM (H) PATRICK CERIA PHILIPE ROINE TANDEM POURSUITE (H) HERVÉ DECHAMP ARGENT (29) GUY ROUCHOVZE ATHLÉTISME 100 M SPRINT (H) PAUL GRÉGORI TANDEM 200 M SPRINT (H) ÉRIC GUEZO 200 M (H) PAUL GRÉGORI VINCENT MIGNON 400 M (H) LAMOURI RAHMOUNI ÉQUITATION DRESSAGE PAR ÉQUIPES (MIXTE) NATHALIE BIZET JAVELOT (H) LUTOVICO HALAGAHU FRÉDÉRIC AGUILLAUME PATITA TUIPOLOTO BERNARD SACHSE PENTATHLON (H) STÉPHANE BOZZOLO THIERRY TOURET POIDS (H) ANTOINE DELAUNE ESCRIME ÉPÉE (F) SOPHIE BELGODÈRE CYCLISME TANDEM KILOMÈTRE (H) ÉRIC GUEZO ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) ARTHUR BELLANCE VINCENT MIGNON ROBERT CITERNE ÉQUITATION KUR CANTER (MIXTE) FRÉDÉRIC AGUILLAUME CHRISTIAN LACHAUD ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) SERGE BESSEICHE JEAN ROSIER FLEURET (F) SOPHIE BELGODÈRE FLEURET (F) PATRICIA PICOT FLEURET PAR ÉQUIPES (F) SYLVAINE GUESNON FLEURET (H) PASCAL DURAND FLEURET (H) JEAN ROSIER SABRE (H) PASCAL DURAND FLEURET PAR ÉQUIPES (H) ROBERT CITERNE JUDO -65 KG (H) CYRIL MOREL PASCAL DURAND +95 KG (H) ÉRIC CENSIER YVON PACAULT NATATION 50 M DOS (H) PIERRE BELLOT JEAN ROSIER PASCAL PINARD JUDO -71 KG (H) GÉRARD ROLLO 50 M NAGE LIBRE (F) CARDON NATATION 50 M DOS (H) CLAUDE BADIE 400 M NAGE LIBRE (H) FRÉDÉRIC DELPY 50 M NAGE LIBRE (H) ÉRIC LINDMANN 50 M PAPILLON (H) PASCAL PINARD 100 M NAGE LIBRE (F) LUDVINE LOISEAU 200 M 4 NAGES (F) HADDA GUERCHOUCHE 200 M NAGE LIBRE (F) LUDVINE LOISEAU LUDVINE LOISEAU 4 X 50 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS TENNIS DOUBLE (F) CHRISTELLE MARX LUDVINE LOISEAU ARLETTE RACINEUX VIRGINIE TRIPIER TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) CLAIRO ODELDE 200 M 4 NAGES (H) PASCAL PINARD MARTINE THIERRY TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) ANNE-MARIE GIBELIN PAR ÉQUIPES (F) BERNADETTE DAVRAND CLAIRO ODELDE MICHÈLE SEVIN MARTINE THIERRY CLAIRO ODELDE SIMPLE (H) VINCENT BOURY SIMPLE (H) BRUNO BENEDETTI OLIVIER CHATEIGNER GILLES DE LA BOURDONNAYE PAR ÉQUIPES (H) BRUNO BENEDETTI ALAIN PICHON CHRISTOPHE DURAND TIR À L’ARC CONCOURS INDIVIDUEL (F) MARIE-FRANÇOISE HYBOIS CHRISTOPHE PINNA GUY TISSERANT TIR CARABINE, LIBRE, 3 X 20 M (F) MICHÈLE AMIEL TIR À L’ARC CONCOURS INDIVIDUEL (H) JEAN-FRANÇOIS GARCIA

195 196 ------MICHEL PEETERS 2000 - SYDNEY (81 MÉDAILLES) CHRISTOPHE PINNA JEAN-PHILIPPE ROBIN OR (28) FRANÇOIS SERIGNAT ATHLÉTISME 200 M (H) SÉBASTIEN BARC PASCAL VERGER 400 M (H) CLAUDE ISSORAT ARGENT (25) 4 X 400 M (H) PHILIPPE COUPRIE ATHLÉTISME 400 M (H) PIERRE FAIRBANK CLAUDE ISSORAT 1 500 M (H) EMMANUEL LACROIX JOËL JEANNOT 4 X 100 M (H) DOMINIQUE ANDRÉ CHARLOS TOLLE SÉBASTIEN BARC DISQUE (H) THIERRY CIBONE XAVIER LEDRAOULLEC JAVELOT (H) THIERRY CIBONE SERGE ORNEM LONGUEUR (H) STÉPHANE BOZZOLO 4 X 400 M (H) PIERRE COROSINE POIDS (H) THIERRY CIBONE LAURENT ESCURAT LUTOVICO HALAGAHU LAMOURI RAHMOUNI CYCLISME ROUTE (MIXTE) BERNARD CHAMPENOIS PEDRO ZAMORANO ESCRIME FLEURET (F) PATRICIA PICOT LONGUEUR (H) FRANK BARRE ÉPÉE (H) JEAN ROSIER PENTATHLON (H) STÉPHANE BOZZOLO ÉPÉE PAR ÉQUIPES (H) SERGE BESSEICHE CYCLISME VITESSE PAR ÉQUIPES (H) PATRICK CERIA ROBERT CITERNE BERNARD CHAMPENOIS CHRISTIAN LACHAUD FRANCISCO TRUJILLO CYRIL MORE ROUTE (MIXTE) LAURENT THIRIONET JEAN ROSIER ESCRIME FLEURET PAR ÉQUIPES (F) SOPHIE BELGODÈRE SABRE PAR ÉQUIPES (H) SERGE BESSEICHE PATRICIA PICOT PASCAL DURAND MURIELLE VAN DE CAPPELLE CHRISTIAN LACHAUD SABRE CYRIL MORE CYRIL MORE JUDO -81 KG (H) SÉBASTIEN LE MEAUX YVON PACAULT HALTÉROPHILIE POWERLIFTING +82,5 KG (F) CARINE BURGY NATATION 50 M DOS (F) BÉATRICE HESS NATATION 100 M BRASSE (H) ÉRIC LINDMANN 50 M DOS (H) GÄETAN DAUTRESIRE PASCAL PINARD 50 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS 50 M DOS (F) ANNE-CÉCILE LEQUIEN 100 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS 50 M PAPILLON (F) LUDVINE LOISEAU 200 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS 50 M PAPILLON (H) PASCAL PINARD 200 M NAGE LIBRE (H) GÄETAN DAUTRESIRE 200 M 4 NAGES (H) PASCAL PINARD 50 M PAPILLON (F) BÉATRICE HESS TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) BÉRNADETTE DAVRAND 200 M 4 NAGES (F) BÉATRICE HESS ISABELLE LAFAYE-MARZIOU 200 M 4 NAGES (H) ÉRIC LINDMANN MICHÈLE SEVIN 4 X 50 M NAGE LIBRE (F) BÉATRICE HESS SIMPLE (H) ALAIN PICHON ANNE-CÉCILE LEQUIEN PAR ÉQUIPES (H) JEAN-YVES ABBADIE LUDVINE LOISEAU STÉPHANE MESSI VIRGINIE TRIPIER-MARTHEAU ALAIN PICHON TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) THU KAMKASOMPHOU MICHEL SCHALLER PAR ÉQUIPES (F) ISABELLE LAFAYE-MARZIOU JULIEN SOYER STÉPHANIE MARIAGE TIR À L’ARC CONCOURS INDIVIDUEL (H) OLIVIER HATEM SIMPLE (H) CHRISTOPHE DURAND CONCOURS PAR ÉQUIPES (H) CHARLES EST JEAN-PHILIPPE ROBIN OLIVIER HATEM PAR ÉQUIPES (H) BRUNO BENEDETTI DEJAN MILADINOVIC OLIVIER CHATEIGNER BRONZE (28) GILLES DE LA BOURDONNAYE ATHLÉTISME 100 M SPRINT (F) FLORENCE GOSSIAUX ÉMERIC MARTIN 400 M (H) ALADJI BA **************************************************************************************** LAMOURI RAHMOUNI JEUX PARALYMPIQUES D'HIVER CHARLOS TOLLE **************************************************************************************** 800 M (H) PIERRE FAIRBANK 1 500 M (F) ANNE TAVANO ------4 X 400 M (H) DOMINIQUE ANDRÉ 1976 - ÖRNSKÖLDSVIK (5 MÉDAILLES) SÉBASTIEN BARC EMMANUEL LACROIX OR (2) XAVIER LEDRAOULLEC SKI ALPIN GÉANT (H) BERNARD BALIDEAN DISQUE (H) LUTOVICO HALAGAHU SLALOM ET GÉANT COMBINÉS (H) BERNARD BALIDEAN CYCLISME ROUTE (MIXTE) SÉBASTIEN BICHON BRONZE (3) DAVID MERCIER SKI ALPIN GÉANT (H) RÉMY ARNOD ESCRIME ÉPÉE PAR ÉQUIPES (F) SOPHIE BELGODÈRE SLALOM (H) BERNARD BALIDEAN PATRICIA PICOT SLALOM ET GÉANT COMBINÉS (H) RÉMY ARNOD MURIELLE VAN DE CAPPELLE ------FLEURET (F) MURIELLE VAN DE CAPPELLE 1980 - GEILO (3 MÉDAILLES) FLEURET (H) ROBERT CITERNE SABRE (H) PASCAL DURAND OR (1) JUDO -73 KG (H) GÉRARD ROLLO SKI ALPIN GÉANT (H) BERNARD BALIDEAN -90 KG (H) DAVID GUILLAUME ARGENT (1) NATATION 100 M DOS (F) LUDVINE LOISEAU SKI NORDIQUE 5 KM (H) GÉRARD VANDEL 100 M NAGE LIBRE (H) PHILIPPE REVILLON BRONZE (1) 400 M NAGE LIBRE (H) ÉRIC LINDMANN SKI ALPIN GÉANT (H) RÉMY ARNOD TENNIS DE TABLE SIMPLE (F) MARTINE THIERRY ------PAR ÉQUIPES (F) THU KAMKASOMPHOU 1984 - INNSBRUCK (9 MÉDAILLES) MICHÈLE SEVIN MARTINE THIERRY OR (4) SIMPLE (H) STÉPHANE MESSI SKI ALPIN DESCENTE (H) TRISTAN MOURIC MICHEL PEETERS SLALOM (H) TRISTAN MOURIC PAR ÉQUIPES (H) VINCENT BOURY SKI NORDIQUE 5 KM (H) PIERRE DELAVAL JEAN PATRICK D’IVOLEY-BOGGS 10 KM (H) PIERRE DELAVAL ERWAN FOUILLEN ARGENT (2) MARC SORABELLA SKI ALPIN DESCENTE (H) BERNARD BALIDEAN TIR CARABINE À AIR, COUCHÉE (MIXTE) ÉRIC LACAZE GÉANT (H) BERNARD BALIDEAN CARABINE À AIR, DEBOUT (MIXTE) RAPHAËL VOLTZ BRONZE (3) CARABINE À AIR, 3 X 20 M (F) NICOLE MICHOUX SKI ALPIN GÉANT (F) STÉPHANIE RICHE TIR À L’ARC CONCOURS INDIVIDUEL (H) DEJAN MILADINOVIC GÉANT (H) ALAIN MARGUERETTAZ SUPER-G (F) STÉPHANIE RICHE ------1988 - INNSBRUCK (14 MÉDAILLES)

OR (5) SKI ALPIN DESCENTE (H) BERNARD BALIDEAN GÉANT (H) TRISTAN MOURIC SLALOM (H) TRISTAN MOURIC SKI NORDIQUE 5 KM (H) PIERRE DELAVAL 15 KM (H) JEAN-YVES ARVIER ARGENT (6) BIATHLON 7,5 KM (F) ANNE FLORIET

197 198 SKI ALPIN DESCENTE (H) TRISTAN MOURIC SLALOM (H) LUDIVIC REY-ROBERT STÉPHANE SAAS STÉPHANE SAAS GÉANT (H) BERNARD BALIDEAN SUPER-G (H) TRISTAN MOURIC STÉPHANE SAAS STÉPHANE SAAS SKI NORDIQUE 15 KM (H) PIERRE DELAVAL SKI NORDIQUE 5 KM (H) DIDIER RIEDLINGER BRONZE (3) 10 KM (H) DIDIER RIEDLINGER SKI ALPIN GÉANT (F) VIRGINIE LOPEZ 15 KM (H) DIDIER RIEDLINGER SLALOM (F) VIRGINIE LOPEZ ARGENT (6) SKI NORDIQUE 10 KM (H) JEAN-YVES ARVIER BIATHLON 7,5 KM (H) ANDRÉ FAVRE ------SKI ALPIN DESCENTE (H) STÉPHANE SAAS 1992 - TIGNES-ALBERTVILLE (23 MÉDAILLES) SLALOM (H) TRISTAN MOURIC GÉANT (H) TRISTAN MOURIC OR (6) SUPER-G (H) BERNARD BALIDEAN SKI ALPIN GÉANT (H) LIONEL BRUN SKI NORDIQUE 10 KM LIBRE (H) ANDRÉ FAVRE STÉPHANE SAAS BRONZE (9) SLALOM (H) LIONEL BRUN BIATHLON 3 X 2,5 KM (H) OMAR BOUYOUCEF SUPER-G (H) STÉPHANE SAAS SKI ALPIN DESCENTE (H) LIONEL BRUN SKI NORDIQUE 5 KM (H) JEAN-YVES ARVIER JEAN-LUC JIQUET 20 KM (H) ANDRÉ FAVRE GÉANT (H) JEAN-LUC JIQUET ARGENT (6) SUPER-G (H) LIONEL BRUN SKI ALPIN DESCENTE (H) JEAN-LUC JIQUET JEAN-LUC JIQUET SLALOM (F) NADINE LAURENT SKI NORDIQUE 10 KM LIBRE (H) JEAN-YVES ARVIER SLALOM (H) JEAN-NOËL ARBEZ HERVÉ LE MOING JEAN-LUC JIQUET 20 KM CLASSIQUE (H) JEAN-YVES ARVIER SUPER-G (H) JEAN-NOËL ARBEZ ------JEAN-LUC JIQUET 1998 - NAGANO (18 MÉDAILLES) BRONZE (11) SKI ALPIN DESCENTE (H) TRISTAN MOURIC OR (7) LIONEL BRUN BIATHLON 7,5 KM (H) ALEXANDRE BRUNET LUDIVIC REY-ROBERT ANDRÉ FAVRE GÉANT (F) NADINE LAURENT SKI ALPIN GÉANT (H) GILLES PLACE GÉANT (H) JEAN-NOËL ARBEZ SKI NORDIQUE 5 KM (H) ANDRÉ FAVRE JEAN-LUC JIQUET 10 KM (H) ALEXANDRE BRUNET SKI NORDIQUE 10 KM (H) LUC SABATIER ANDRÉ FAVRE 20 KM (H) JEAN-YVES ARVIER 10 KM LIBRE (H) ÉLIE ZAMPIN 30 KM (H) LUC SABATIER ARGENT (6) 3 X 2,5 KM (H) HERVÉ LE MOING BIATHLON 7,5 KM (H) EMMANUEL LACROIX 3 X 5 KM (H) LUC SABATIER SKI ALPIN DESCENTE (H) RAYNALD RIU ÉLIE ZAMPIN GÉANT (F) PASCALE CASANOVA ------SLALOM (F) PASCALE CASANOVA 1994 - LILLEHAMMER (29 MÉDAILLES) SUPER-G (F) PASCALE CASANOVA SKI NORDIQUE 5 KM (H) ALEXANDRE BRUNET OR (14) BRONZE (5) BIATHLON 7,5 KM (H) OMAR BOUYOUCEF BIATHLON 7,5 KM (H) DIDIER RIEDLINGER DIDIER RIEDLINGER SKI ALPIN DESCENTE (F) PASCALE CASANOVA SKI ALPIN DESCENTE (H) BERNARD BALIDEAN SUPER-G (H) RAYNALD RIU LUDIVIC REY-ROBERT SKI NORDIQUE 10 KM (H) EMMANUEL LACROIX TRISTAN MOURIC 3 X 2,5 KM (H) ALEXANDRE BRUNET GÉANT (H) BERNARD BALIDEAN DIDIER RIEDLINGER STÉPHANE SAAS ------2002 - SALT LAKE CITY (19 MÉDAILLES)

OR (2) SKI ALPIN DESCENTE (F) PASCALE CASANOVA SLALOM (H) DENIS BARBET ARGENT (11) BIATHLON 7,5 KM (F) ANNE FLORIET SKI ALPIN DESCENTE (H) LIONEL BRUN SLALOM (F) PASCALE CASANOVA SLALOM (H) LIONEL BRUN ROMAIN RIBOUD SLALOM GÉANT (F) PASCALE CASANOVA SUPER-G (H) LIONEL BRUN ROMAIN RIBOUD SKI NORDIQUE 5 KM (F) FABIENNE KACI 10 KM LIBRE (F) ÉMILIE TABOURET 10 KM LIBRE (H) ALAIN MARGUERETTAZ BRONZE (6) BIATHLON 7,5 KM (F) ÉMILIE TABOURET SKI ALPIN SLALOM (H) LIONEL BRUN SUPER-G (F) PASCALE CASANOVA SUPER-G (H) DENIS BARBET SKI NORDIQUE 5 KM (H) ALAIN MARGUERETTAZ 10 KM (F) FABIENNE KACI

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André Breton adpf, association pour la diffusion de la pensée française• Architecture en France Balzac 6, rue Ferrus, 75014, Paris. La Bande dessinée en France [email protected] Berlioz écrivain Chateaubriand Cet ouvrage est composé en caractères Jenson & Ocr-A Le Cinéma français par Csaba Mészáros. Imprimé à 12500 exemplaires Cinquante Ans de philosophie française sur Valoprint 65g, Terraprint brillant 70g 1. Les années cinquante (épuisé) et Basix Lys Naturel 300g par Cent pages. 2. Les années structure, Les années révolte Iconographie : Lionel Laget 3. Traverses 4. Actualité de la philosophie française Crédits Claude Simon p. 3 ©Dr/coll. Laget Des poètes français contemporains Écrivains voyageurs 1 ©Edimages/Perrin L’Essai 2 ©coll. Laget L’État 3 ©Dr France – Allemagne 4 Thomas Eakins, John Biglin à l’aviron (1873-1874) France – Arabies ©Yale University Art Gallery/Whitney Collections of Sporting Art France – Chine 5-17 ©Dr/coll. Laget La France de la technologie 18 ©Presse-Sport/L’Équipe Georges Bernanos 19 ©Dr/coll. Laget George Sand 20 ©Raymond Depardon/Magnum Gilles Deleuze 21 ©Dr/coll. Laget Henri Michaux 22 ©Presse-Sport/L’Équipe Histoire & historiens en France depuis 1945 23 ©Presse-Sport/L’Équipe Hugo 24 ©Gamma/J.O. d’Albertville, ouverture Islam, la part de l’universel 25 ©AFP/Pascal Rondeau Johannesburg 2002, 26 ©Agence Vandystadt.com/Sylvie Chappaz Sommet Mondial du Développement Durable 27 ©Presse-Sport/L’Équipe Julien Gracq Lévi-Strauss - Olympiques, Pindare, traduction Aimé Puech, Lire la science Éditions Les Belles Lettres Louis Aragon Marcel Proust Musiques en France Nathalie Sarraute La Nouvelle française contemporaine La Nouvelle Médecine française Photographie en France, 1970-1995 Rimbaud Romain Gary Le Roman français contemporain Sciences humaines et sociales en France Sport et Littérature Stéphane Mallarmé Le Théâtre français Théâtre français contemporain Le Tour en toutes lettres Voltaire

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