Jean-Baptiste Maudet

Terres de taureaux Les jeux taurins de l'Europe à l'Amérique

Casa de Velázquez

Introduction

Éditeur : Casa de Velázquez Lieu d'édition : Casa de Velázquez Année d'édition : 2010 Date de mise en ligne : 8 juillet 2019 Collection : Bibliothèque de la Casa de Velázquez ISBN électronique : 9788490962459

http://books.openedition.org

Référence électronique MAUDET, Jean-Baptiste. Introduction In : Terres de taureaux : Les jeux taurins de l'Europe à l'Amérique [en ligne]. Madrid : Casa de Velázquez, 2010 (généré le 02 février 2021). Disponible sur Internet : . ISBN : 9788490962459. introduction

I. — UNE AIRE CULTURELLE DE LA TAUROMACHIE

La singulière diversité des jeux taurins

La diversité des jeux taurins est méconnue du grand public. La raison tient à l’emploi même du terme tauromachie. En effet, ce terme fonctionne le plus souvent comme une représentation culturelle et subjective du fait taurin, et non comme un terme permettant d’identifier des pratiques de même nature. Dans sa version la plus caricaturale, la tauromachie est synonyme de corrida, relé- guant en arrière-plan la grande diversité des affrontements entre les hommes et les bovins qui sont pourtant tributaires d’une même analyse. Si l’on accepte de considérer que le taureau du mot tauromachie est un animal générique (les bovins auxquels les hommes se mesurent), alors la famille des pratiques tauromachiques s’agrandit considérablement. Comment justifier un tel regrou- pement ? La réponse est le fruit d’une observation factuelle : il n’existe guère d’autres espèces avec lesquelles les hommes se mesurent en des corps à corps violents au cours de spectacles publics d’une telle ampleur. La chasse et la pêche échappent à cette catégorie, en ce qu’elles ne sont pas des spectacles. Il existe des combats d’animaux, organisés par l’homme ou par les lois de la nature, mais l’homme n’y participe pas en personne : soit il en est l’organisateur, généra- lement avec des animaux de même espèce (taureaux, chevaux, béliers, chiens, coqs, poissons, scarabées, criquets), soit il est un simple observateur, derrière son poste de télévision, fasciné par le spectacle magnifié de la vie sauvage. Les numéros de cirque avec des animaux, en dépit des risques, s’apparentent plus à des exercices de qu’à des combats réels. Enfin, l’équitation, si présente dans les pratiques tauromachiques, repose moins sur l’affrontement, même si cette dimension est présente, que sur l’entente harmonieuse de l’homme et de l’animal. Pour autant, les jeux taurins ne sont pas totalement étrangers à ces activités et participent d’un débat plus général, très souvent polémique, sur les relations complexes entre les hommes et les animaux dans notre monde contemporain. Préférer les termes de jeux taurins à celui de tauromachie a sim-

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plement pour objectif d’attirer l’attention sur la nécessité de ne pas isoler cette activité de l’ensemble des interactions homme-animal et d’élargir l’observation des faits taurins à des pratiques et des espaces géographiques qui généralement échappent à son analyse.

Tauromachies transatlantiques Sous cet angle, les terres de taureaux n’ont ni le même contour ni le même contenu que les terres de corridas et, malgré des travaux qui nous précèdent dans cette entreprise et sans lesquels une analyse d’une telle envergure terri- toriale n’aurait pas pu être menée à bien, elles n’ont jamais été observées dans leur totalité. Parmi ces travaux, citons d’emblée ceux de l’anthropologue Fré- déric Saumade sur les tauromachies européennes qui ont incontestablement démontré la nécessité d’une prise en compte géographique élargie des phé- nomènes tauromachiques1. Plus récemment, ses analyses sur les jeux taurins au Mexique ainsi que celles de Dominique Fournier ont confirmé la nécessité d’une approche hispano-américaine de la question, permettant d’intégrer, au sein d’une problématique commune, les jeux taurins de la vieille Europe et du Nouveau Monde2. De l’autre côté de l’Atlantique certains travaux anglo-saxons, tels ceux de Richard Slatta, ont retracé l’histoire commune et comparée des rodéos américains, mais sans mettre à jour la matrice transocéanique de trans- formation des jeux taurins3. Certes, il existe quelques jeux taurins en dehors de notre espace d’étude, montrant qu’il n’y a pas lieu d’affirmer une quelconque essence euro-américaine de la culture taurine, mais les relations formelles, his- toriques et territoriales unissant les tauromachies transatlantiques apparaissent suffisamment solides pour les traiter comme un tout cohérent et en retracer les logiques de différenciation. Puisse notre travail permettre d’approfondir cette entreprise, d’élargir l’analyse à des terres et des pratiques insuffisamment mises en relief, et d’établir des liens fructueux entre géographie, histoire et ­anthropologie. Ainsi considérée, l’aire culturelle de la tauromachie s’étend donc principa- lement du Sud-Ouest européen à l’Amérique et regroupe un large spectre de pratiques : depuis la grande famille des rodéos américains (rodéo et riding nord-américains, et jaripeo mexicains, toros coleados colombiens et vénézuéliens, rodéo montubio équatorien, et rodeio crioulo bré- siliens, rodéo chilien…) jusqu’aux diverses « courses de taureaux » ­(corrida espagnole, corrida portugaise, course camarguaise, , course de recortadores). Ces pratiques exécutées par des spécialistes, plus ou moins institutionnalisées en des spectacles indépendants, ne doivent pas masquer

1 F. Saumade, Des sauvages en Occident ; Id., Les tauromachies européennes. 2 D. Fournier, « Du taureau considéré comme outil d’acculturation au Mexique » ; Id., « Corrida, charreada et jaripeo » ; F. Saumade, « Du taureau au dindon. Domestication du métissage » ; Id., « Animal de rente, animal de loisir » ; Id., Maçatl. 3 R. Slatta, Cowboys of the Americas.

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Canada

France

États-Unis Courses Courses camarguaises landaises

Açores Portugal Concurso de recortadores 0 100 km Espagne

Cuba Mexique Charreada et jaripeo Colombie Corralejas Venezuela Rodéo et monta de toros Toros coleados

Équateur Rodeo montubio

Brésil Vaquejada

Pérou Turupukllay

Rodeio

Farras do boi Chili

Terres de corridas Rodeo chileno Rodeio crioulo

Corrida espagnole Corrida portugaise

Rodéo nord-américain et Rodéos latino-américains Autres pratiques tauromachiques américaines N Autres pratiques tauromachiques européennes 0 500 km Réalisation : J.-B. Maudet, 2009.

Carte 1. — Les pratiques tauromachiques du Sud-Ouest européen à l’Amérique

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l’immense diversité des jeux taurins à participation collective : les encierros, dont celui de Pampelune, connu dans le monde entier, et divers lâchers de bovins en lieux ouverts ou clos. C’est sans doute l’une des grandes originalités de la tauromachie que cette dualité entre pratiques professionnelles et pra- tiques participatives. Tout se passe comme si, en terres taurines, la tauromachie était consommée sous ces deux espèces : le spectacle, celui de la représentation à mi-chemin entre l’art et le sport de haut niveau, et le jeu traditionnel collectif, pratiqué par des amateurs et des néophytes. À cette différenciation sociolo- gique fondamentale, s’ajoute celle d’une inscription spatiale qui la recoupe en grande partie : une tauromachie d’arène, qui peut prendre des formes diverses, du moment qu’elle sépare la piste, des gradins, et les acteurs, des spectateurs ; et une tauromachie de rue, aussi variée que le sont les contours matériels et idéels de l’espace public. En dépit de leur évidente opposition sociale et spatiale, ces deux genres tauromachiques entretiennent des relations complexes de parenté puisque la forme participative est perçue, tantôt, comme la matrice originelle de la forme professionnelle, une sorte d’antécédent élémentaire qui contien- drait en germe la professionnalisation du jeu, tantôt, à l’inverse, comme un avatar mineur du spectacle, une sorte de déclinaison pour les amateurs d’un jour. Cette relation tient ces deux genres tauromachiques dans une proximité qui renforce les processus d’identification entre les amateurs (ceux qui aiment ou qui pratiquent) et leurs héros. Il n’est alors pas étonnant de constater que les « fêtes taurines » associent le plus souvent les deux genres tauromachiques, aussi opposés que complémentaires, et participent à cet enracinement presque viscéral de la tauromachie sur ses territoires.

Fête et tauromachie En cela, l’expression de « fête taurine » devient un objet d’observation plus complexe que ne le laisse croire l’association presque banale entre fête et tauro- machie, si banale qu’on en oublie la nature de leur relation. Il y a là quelque chose de propre à la tauromachie et quelque chose de propre aux phénomènes festifs. Peu de tauromachie sans fête, peu de fêtes sans tauromachie : dans les régions taurines, tel pourrait être l’axiome des relations entre la fête et la tauromachie au point qu’elles finissent par être assimilées à un seul et même phénomène de société. Pour preuve, dans les régions taurines abondent les expressions visant à les associer ; mieux, les termes de et fiesta, sans qualificatif, suffisent souvent à désigner le loisir taurin inséparable d’une certaine effervescence collective. La tauromachie est-elle une fête ? Aujourd’hui tout spectacle qui possède les carac- téristiques d’un grand rassemblement autour d’une passion commune semble prendre les allures d’une fête, au moins celle d’une fête officielle. Et tous les jeux traditionnels qui impliquent la participation collective de la foule semblent conserver nombre d’attributs distinctifs de la fête : le tumulte, le désordre, l’ex- cès, au moins ceux associés à l’idée de faire la fête. Par ailleurs, les phénomènes festifs possèdent l’extraordinaire capacité d’amalgamer et d’intégrer les raisons les plus diverses au rassemblement des hommes, de sorte qu’il est souvent dif-

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ficile de distinguer l’objet même de ce qui est fêté au-delà des effets d’annonce propres aux calendriers officiels, civils ou religieux. En cela, la fête est, pour par- tie, intransitive. L’agglomération spontanée de la foule se révèle alors essentielle à la reconnaissance des phénomènes festifs. Or sur ce plan-là, quelles que soient les régions observées, les jeux taurins professionnels et participatifs sont de for- midables catalyseurs de densité festive. Ces rassemblements créent des lieux de centralité tauromachique, au rayonnement plus ou moins vaste.

L’espace tauromachique De part et d’autre de l’Atlantique, notre étude recense une vingtaine de pays où il existe des pratiques qui mettent en scène un affrontement réel entre les hommes et les bovins. L’immensité océane sépare naturellement l’espace d’exer- cice de la tauromachie. L’ensemble européen paraît très compact et continu en comparaison d’un vaste ensemble américain, qui s’étend du Canada au Chili, marqué par de profondes discontinuités et par des jeux taurins qui forment, par endroit, des isolats au milieu d’immensités où la tauromachie n’est rien. Cepen- dant, l’Atlantique ne constitue pas une barrière qui scinderait les pratiques en deux ensembles sans relation. Bien au contraire, cette discontinuité naturelle implique des continuités culturelles et de fonctionnement qui donnent forme à ce que l’on pourrait appeler « l’espace tauromachique », quand bien même s’agirait-il d’une mosaïque complexe. Qu’il n’y ait aucune équivoque sur l’utilisation de la notion d’espace tauro- machique. Il s’agit avant tout d’une représentation construite par le géographe pour rendre compte de la spatialité d’un phénomène social. L’idée d’un espace tauromachique qui serait fragmenté à l’image d’une mosaïque n’est sans doute pas d’une grande originalité, tant cette métaphore s’adapte à une infinité d’éten- dues marquées par l’hétérogénéité et la discontinuité. Avancer l’idée d’un espace tauromachique au singulier, c’est considérer que suffisamment d’interactions relient entre eux les jeux taurins. Cette cohérence repose sur la coexistence territoriale de ces pratiques au sein d’un espace transatlantique qui hérite des relations culturelles entre la vieille Europe et le Nouveau Monde. La configuration d’ensemble de l’espace tauromachique peut être appré- hendée à travers deux approches complémentaires : d’une part l’étude de ses limites et de ses discontinuités, d’autre part l’étude des principales étapes qui ont présidé à la formation de cet espace. La première approche est attentive à caractériser la nature des frontières de l’espace tauromachique, la seconde approche s’intéresse aux logiques de diffusion spatiale et de transformation des jeux taurins. La première pose le problème des décalages entre les fron- tières historiques de leur diffusion, les frontières légales des jeux aujourd’hui autorisés ou interdits et les frontières réelles de leur extension. La seconde interroge les processus de formation des jeux taurins et les principales étapes de leurs évolutions. Bien que les chronologies diffèrent grandement d’un jeu à l’autre, le xixe siècle apparaît comme une phase déterminante de la formation des spectacles tauromachiques modernes et de la stabilisation de leurs limites.

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Dans le Sud-Ouest européen, cette période remanie des héritages anciens à partir d’une diffusion accélérée de la corrida espagnole. En Amérique, cette période inaugure la transformation, dans le cadre d’États indépendants, des jeux taurins hérités de la période coloniale, qu’il s’agisse des fêtes taurines des élites urbaines ou bien des jeux populaires élaborés dans le cadre des élevages extensifs de bovins. Les pratiques tauromachiques possèdent des caractéristiques spatiales et territoriales très différentes qui varient en fonction de nombreux critères : leur extension géographique, leur dynamique spatiale progressive, stabilisée ou régressive, leur degré d’institutionnalisation, leur caractère emblématique de la culture locale, régionale ou nationale. La corrida espagnole est la seule pratique véritablement transatlantique, même si la corrida portugaise, dans une bien moindre mesure, peut faire l’objet d’une analyse équivalente. Les corridas espagnoles sont pratiquées dans une quinzaine de pays. Dans sept d’entre eux, elles se déroulent dans le plus strict respect de sa forme cano- nique : l’Espagne, la France, le Mexique, le Venezuela, la Colombie, l’Équateur et le Pérou. Les règles du jeu et le déroulement d’ensemble du cérémonial sont ainsi identiques à Mexico, Caracas, Bogotá, Medellín, Cali, Quito, Lima, Madrid, Barcelone, Séville, Nîmes, Dax ou Bayonne. Quelques pays font excep- tion à cette remarquable unité du rituel taurin, dont le Portugal où la corrida espagnole est privée de la pique et de la mise à mort publique du taureau. Au Portugal s’ajoute la Californie qui propose des corridas sans trace de sang, adaptées aux lois de protection animale en vigueur. Les petits pays d’Amérique centrale qui n’offrent que rarement des corridas le font parfois dans le respect de la règle espagnole. En raison de leur extension transatlantique, les corridas sont à différencier des pratiques apparentées à la grande famille des rodéos, fondamentalement américaines si l’on excepte le cas Australien. En deçà des deux grandes catégo- ries de spectacles transnationaux que sont les corridas et les rodéos, on observe de nombreuses pratiques locales, qui s’en réclament ou s’en distinguent, enra- cinées dans des régions de taille variable : les toros coleados des llanos entre la Colombie et le Venezuela, la vaquejada du Nordeste brésilien, les turupukllay de l’Altiplano andin, les fiestas en corralejas de la Costa Atlántica colombienne, le rodéo montubio du littoral équatorien, les farras do boi du littoral de Santa Cata- rina au Brésil, la course camarguaise et la course landaise en France, les capeias raianas à l’est de la Sierra da Estrella au Portugal et les touradas à corda sur l’île Terceira aux Açores. Parmi ces pratiques, certaines se sont affirmées comme un phénomène national, indiquant l’existence d’une dynamique spatiale progres- sive et d’une institutionnalisation volontaire dans le cadre d’un État-nation : le rodéo aux États-Unis, la charreada au Mexique, le rodeo chileno au Chili, les toros coleados au Venezuela et bien évidemment, dans le cas de l’Espagne et du Portugal, leur corrida respective, que l’on conteste ou non le bien-fondé de l’ap- pellation « fête nationale » servant parfois à les désigner. Parmi les plus conquérantes, figurent aujourd’hui les courses de recortadores en Espagne, qui ont quitté leur berceau originel de l’Èbre moyen, à la jonction

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de la Navarre, de l’Aragon et de La Rioja, pour s’étendre aux pays du Levant, puis à toute l’Espagne. En Amérique, il en va de même pour le bull riding éta- sunien qui progresse au Mexique, là où préexistent des jeux comparables (le jaripeo), et au Brésil, principalement dans la région de São Paulo, pour ce qui demeure l’un des exemples les plus spectaculaires de délocalisation récente. À l’inverse, il existe des pratiques qui menacent de disparaître. C’est le cas des turupukllay andins du Pérou, associant le taureau, le condor et l’homme, en rai- son d’une transformation du tissu rural traditionnel. C’est le cas également des farras do boi de l’État de Santa Catarina au Brésil qui sont contraintes d’évoluer pour échapper à leur récente interdiction, dans un contexte de développement touristique littoral et d’ouverture de la société locale. Au-delà de la géographie particulière de chacune d’elles, l’intérêt est bien de comprendre les relations territoriales qu’elles entretiennent les unes avec les autres. Cette question passe par une attention particulière aux modalités de coexistence spatiale des jeux taurins. L’espace tauromachique se caractérise en effet par la coexistence de pratiques d’extension variable qui se recoupent et se chevauchent partiellement. Les unes sont cloisonnées par des frontières strictes, à l’image de la corrida, généralement autorisée ou interdite à l’échelle d’un pays entier. Les autres ne semblent avoir pour seules limites que l’exten- sion apparemment non contrainte de leur exercice, à l’image des rodéos en Amérique. Les jeux taurins à participation collective, en raison de leur plus grande informalité, échappent en partie aux délimitations précises et résistent souvent aux tentatives de régionalisation. En revanche, tous possèdent dans leur histoire et dans leur fonctionnement des relations qui les unissent, ne les rendant totalement intelligibles que prises ensemble. Autrement dit, à l’échelle euro-américaine, l’espace tauromachique actuel, avec ses foyers de forte den- sité, ses lacunes et ses zones de chevauchement, résulte d’un long processus de genèse, de diffusion, de transformation, d’enracinement ou de rejet des jeux taurins. Les modalités de coexistence spatiale doivent alors être envisagées à plusieurs niveaux géographiques. Les pratiques tauromachiques coexistent à l’échelle transatlantique, aux échelles continentales, nationales, régionales, jusqu’à l’échelle de certaines villes, voire de certaines arènes, parfois même de certains spectacles. Le cloisonnement plus ou moins étanche des cultures tau- rines résulte, en partie seulement, des modalités de leur coexistence spatiale. Dans cette perspective, les relations entre sociétés et espaces tauromachiques sont analysées à partir des découpages nationaux qui demeurent ceux de la régulation institutionnelle des jeux. Pour pallier au mieux ce que le découpage par pays ne fait pas directement apparaître, les dynamiques transfrontalières occasionnées par les cultures taurines font l’objet d’une attention particulière. Les frontières entre les jeux et entre les pays s’avèrent être, en effet, de formi- dables supports de relations territoriales croisées. En Europe, l’Espagne peut être considérée comme le cœur de la géographie taurine, flanquée de deux pays qui partagent avec elle certaines caractéristiques, mais qui possèdent aussi leur propre tradition. Au Portugal, la corrida à l’espa- gnole demeure minoritaire en comparaison de la corrida portugaise, considérée

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comme la forme tauromachique nationale même si, sur le plan de la répartition, ce qualificatif mérite d’être nuancé. Dans le Sud de la France, en des lieux défi- nis par la loi, la corrida espagnole connaît un grand engouement et s’affirme comme pleinement assimilée au patrimoine culturel local. S’y ajoutent des pratiques tauromachiques d’origine autochtone : la course camarguaise dans le sud-est et la course landaise dans le sud-ouest. La qualification des pratiques tauromachiques comme « camarguaise » et « landaise » renvoie plus à une iden- tité culturelle, ici régionale, qu’à une délimitation géographique précise. En Amérique, il est possible de diviser les pays en trois groupes dont les continuités spatiales n’ont rien d’évident. Un premier groupe est constitué de pays possédant des jeux taurins qui coexistent largement avec la corrida : le Mexique, le Pérou, l’Équateur, le Venezuela, la Colombie. La Bolivie et certains des petits pays d’Amérique centrale tels que le Guatemala, le Nicaragua, le Costa Rica, Panamá, pourraient être rattachés à ce groupe, mais les corridas y sont rares et généralement adoptent des formes remaniées. Il serait également possible d’y inclure les États-Unis, une fois noté que les corridas ne sont pré- sentes qu’en Californie sous une forme portugaise excluant toute effusion de sang. Dans ces pays, à l’exception notable du Pérou, la corrida coexiste avec des jeux de la famille des rodéos : charreada et jaripeo au Mexique, toros coleados en Colombie et au Venezuela, rodéo montubio en Équateur. Au Pérou, mal- gré l’existence de fortes traditions équestres, comme celle du caballo de paso, aucun spectacle professionnel de grande envergure apparenté au rodéo ne s’est développé. Tous ces pays possèdent un éventail très étendu de jeux taurins populaires pour lesquels la frontière entre ce qui relèverait de la tauromachie à l’espagnole et ce qui relèverait du rodéo se perd dans de multiples formes syncrétiques. Un deuxième groupe est constitué de pays possédant des jeux taurins importants et bien institutionnalisés d’où la corrida est absente ou très excep- tionnelle : le Canada, les États-Unis, le Chili et le Brésil. Dans ces pays, les jeux taurins relèvent principalement du rodéo qui en est la forme dominante. Le jeu le plus connu est le rodéo nord-américain, développé aux États-Unis et au Canada. Malgré l’éloignement, le Brésil se rattache à l’Amérique du Nord depuis que le bull riding professionnel s’y est implanté. Ce que les Brésiliens appellent le rodeio cohabite donc avec la vaquejada, version brésilienne de l’exercice du , présent dans de nombreux pays. Cuba, l’Uruguay, le Para- guay et l’Argentine pourraient faire partie de cet ensemble avec néanmoins une pratique du rodéo moins affirmée à l’échelle nationale. L’Argentine, alors même qu’on aurait pu croire tous les ingrédients réunis pour voir s’y déve- lopper un rodéo de large audience, se distingue par le faible épanouissement des jeux taurins toutes catégories confondues. En marge de rodéos maintenus dans une relative atonie, seuls quelques jeux taurins isolés sont à remarquer : le toreo de la vincha dans le village de Casabindo situé dans la province septen- trionale de Jujuy, et la coutume des yerras liée au marquage et à la castration du bétail dans les élevages de la Pampa, donnant lieu à des pratiques ludiques et festives. Quant au Chili, il possède une forme de rodéo unique en son genre,

Terre des taureaux.indb 8 16/09/10 08:54 introduction 9 Tauromachie participative Tauromachie à pied, à cheval Encierro à pied, enmaromado, toro ensogado, ou toro de cuerda Toro sokamuturra capplaçat, bou suelta de toro, ou suelta de vaquilla, Vaquilla corre bou al carrer, bous embolat bou embolado ou de fuego, Toro capea Tienta, encerros esperas, Entradas, garraiada larga, a alentejana, vara tourada tourada Largadas, à corda touradas da corda, Vacas capeia arraiana) Capeia (corrida raiana do forcao, capea Tienta, Encierro (type Encierro (type espagnol). camarguais). à la bourgine encordé), taureau (taureau bandido , Abrivado toro-piscine intervaches, toro-ball, vaches, de course capea Tienta, EUROPE Pratiques tauromachiques Pratiques 1. — Les pratiques tauromachiques — Les 1. Tableau Tauromachie professionnelle Tauromachie Corrida à pied et à cheval (rejoneo) de toros novilladaset ses variantes ( novilladas piquées, cómico ) toreo festivals, becerradas , piquées, non recorte libre, (anillas, Concurso de recortadores quiebros) saltos, Tienta cavaliers corrida portugaise ( corrida avec , de toros Tourada ) et Corrida (type a la espahnola espagnol et sans sans pique mise à mort et ses variantes) Tienta (type taureaux de Corrida à pied ou course espagnol, et à cheval) et ses variantes Corrida portugaise (tourada) landaise Course camarguaise Course Tienta Pays Espagne Portugal France

Terre des taureaux.indb 9 16/09/10 08:54 10 introduction Tauromachie participative Tauromachie et lâchers de taureaux [rare] taureaux de Encierro et lâchers capea Tienta, Encierro (pamplonada) de toros Suelta capea Tienta, populaire Jaripeo monta de toros , populaire Jaripeo monta de toros populaire, Rodeo AMÉRIQUE AMÉRIQUE Pratiques tauromachiques Pratiques Tauromachie professionnelle Tauromachie Corrida (type à pied et à cheval) et ses variantes espagnol, Tienta ) la pratique coleo du Charreada (incluant Coleo profesional ranchero Jaripeo (typeRodeo nord-américain) Corrida [rare] Rodeo Corrida [rare] Rodeo Rodéo (typeRodéo nord-américain) Bull riding (typeRodéo nord-américain) Bull riding Charreada Jaripeo Coleo Corrida portugaise (bloodless bullfighting) [sans effusion sang] (Californie) de Tienta Pays Mexique Guatemala El Salvador Canada États-Unis

Terre des taureaux.indb 10 16/09/10 08:54 introduction 11 Tauromachie participative Tauromachie oros del ( corrida pueblo oros populaire) Monta de toros Monta de toros Monta Corrida a la tica de toros de ganado Entrada Rodeo populaire) ( coleo Hierra enFiesta corralejas populaire Coleo capea Tienta, populaire Coleo capea Tienta, T capea Tienta, chagra Rodeo montubio Rodeo Pratiques tauromachiques Pratiques Tauromachie professionnelle Tauromachie orrida (type à pied et à cheval) et ses variantes espagnol, orrida (type espagnol à pied et à cheval) et ses variantes Rodeo Coleo de toros Monta Rodeo Corrida [rare] de toros Monta completo) ( Rodeo Coleo Rodeo ou hierra Coleo C Tienta (coleo) coleados Toros C Tienta (coleo) coleados Toros (typeRodeo [ rare] nord-américain) Corrida (type espagnol à pied et à cheval) et ses variantes Tienta Pays Cuba Nicaragua Rica Costa Panamá Colombie Venezuela Équateur

Terre des taureaux.indb 11 16/09/10 08:54 12 introduction Tauromachie participative Tauromachie Rodeo gaucho Rodeo Yerras Jujuy] département de de la vincha [Casabindo, Toreo + corrida de toros Monta populaire tamoul] [pays erutukaTTu manciviraTTu, CallikkaTTu, [Kérala] taureaux de Lâchers turupukllay turupukllay Corrida (formes très variées), populaire fiesta ou yawar capea Tienta, Toromatch (monta de toros) Jocheo Farra do boi [Santa Catarina] Farra Savika [Betsileo] tam bœuf Tam populaire Rodéo populaire Rodéo [Aïr] Taghtest Pratiques tauromachiques Pratiques En dehors de notre espace d’étude* espace notre de En dehors Tauromachie professionnelle Tauromachie Rodeo gaucho Rodeo (typeRodéo nord-américain) Rodeo de toro Monta Corrida (type espagnol à pied et à cheval) et ses variantes Tienta Corrida [rare] Rodeo chileno (corridaRodeo en vaca) (typeRodéo nord-américain) Rodéo (typeRodéo nord-américain) ) ( coleo Vaquejada (typeRodeio américain) nord Pays Chili Argentine Paraguay Indes Madagascar Comores Australie Pérou Bolivie Brésil Nouvelle-Calédonie Niger * Liste probablement non exhaustive. non probablement * Liste

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dont ­l’appellation officielle à caractère territorial témoigne d’un fort particu- larisme : le rodeo chileno. Ce sont bien les jeux taurins apparentés au rodéo, en dépit des variantes nationales, régionales et locales, qui constituent le trait culturel commun de la tauromachie outre-Atlantique. Elle y consacre la trilogie formée par l’homme, le cheval et le taureau, possédant une valeur paradigmatique qui dépasse largement le seul cadre des jeux tauromachiques. En effet, en ces terres de cen- taures, cette trilogie taurino-équestre a toujours quelque chose à voir avec la construction des États-nations, faisant des rodéos un puissant vecteur d’iden- tité territoriale.

Géographie, sciences humaines et tauromachie Vaste chantier que celui d’analyser la spatialité d’un fait culturel d’une telle ampleur géographique. Nous ne prétendons pas l’épuiser pour chacune des pratiques tauromachiques, ni cacher l’inégal approfondissement des recherches, selon les espaces et les pratiques observés. Les données recueillies et les enquêtes de terrain sont plus détaillées pour l’Europe que pour l’immense Amérique. Cette démarche procède tout autant de la réelle difficulté d’accéder uniformé- ment à l’ensemble des sources d’informations propres à chaque pratique, que du choix méthodologique d’approfondir au mieux l’étude géographique de l’espace qui est au cœur de notre propos général : la péninsule Ibérique. Il y a quelques raisons à cela qui tiennent aux processus de diffusion spatiale des jeux taurins sur le temps long et aux modalités de leur enracinement, plaçant assu- rément la péninsule Ibérique au centre des territoires historiques et culturels de la tauromachie. L’intérêt scientifique de cette approche n’est pas de satisfaire à un devoir d’inventaire des éléments matériels et immatériels de l’espace tauromachique. L’intérêt est plutôt d’ordre méthodologique et disciplinaire. Les rares travaux comparatifs sur les pratiques tauromachiques (ils n’en sont que d’autant plus précieux) ont principalement développé une approche qualitative des phéno- mènes comparés. Dans la plupart des cas, la dimension quantitative et spatiale n’a pas été suffisamment prise en compte. Cela ne garantit pas d’achever la com- préhension des relations entre les hommes et leur territoire. Mais au fondement de notre discipline, n’est-il pas nécessaire de considérer la dimension quanti- tative et spatiale comme constitutive de la qualité même des objets comparés ? Autrement dit, l’étude de la forme, de la signification sociale, anthropologique et territoriale des jeux taurins ne peut faire l’économie ni d’un recensement exhaustif, ni d’une localisation précise, ni d’une analyse de leur coexistence, car les relations quantitatives et spatiales impliquent des rapports idéologiques de force et de pouvoir déterminant leur fonctionnement. Enfin, cette approche est à resituer dans le cadre d’un questionnement géo- graphique de plus en plus attentif aux loisirs et aux phénomènes festifs de tous ordres, à leur dimension territoriale et, comme le laisse entendre Guy Di Méo, à une exigence à laquelle la géographie ne doit sans doute pas renoncer. Dans

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La géographie en fêtes, l’auteur rappelait que les rares géographes qui se sont intéressés à la fête, ont davantage insisté sur le rôle de celle-ci dans la construc- tion des identités locales que sur son rôle dans celle des identités régionales ou nationales4. La place particulière des jeux taurins au sein de ce vaste champ de recherche a attiré, depuis peu, l’attention de quelques géographes français, mais pour la plupart dans une dimension strictement locale et sans la prise en compte de la superposition des cultures taurines5. Pour nous, l’enjeu n’est pas d’affirmer de façon systématique qu’il est du ressort de la géographie d’étu- dier la construction des identités aux échelles locales, régionales et nationales, comme s’il s’agissait d’épuiser par strate le champ de l’explication. Il n’est pas non plus question de répéter de façon dogmatique que l’analyse par échelle peut apporter aux explications en sciences humaines une spécificité propre à la géo- graphie. L’objectif est d’évaluer dans quelle mesure l’identité locale prend sens en fonction d’un contexte spatial plus englobant et jusqu’à quel point les diffé- rents niveaux d’identification culturelle et territoriale fonctionnent ensemble. L’objectif est également de montrer que certains traits culturels, non pas isolés mais resitués dans l’histoire et la géographie complète de leur transformation, peuvent constituer ce que nous proposons d’appeler « un champ commun de distinction territoriale ». Voilà alors l’occasion, à partir d’un travail mené sur un espace géographique très étendu, d’observer sous un autre angle l’imbrication et la porosité des aires culturelles.

II. — LA DIVERSITÉ TAUROMACHIQUE EN IMAGES

Les photographies qui suivent présentent un large éventail de jeux taurins, plus ou moins connus, avec le souci, d’une part, de marquer une différenciation entre les tauromachies professionnelles et les tauromachies à participation col- lective, et d’autre part, de fournir des informations sur les modalités techniques des affrontements homme-bovin. Ces photographies, permettent également de compléter avantageusement les descriptions qui s’attachent à expliquer les règles du jeu de chacune des pratiques tauromachiques et les dispositifs matériels mis en œuvre pour leur déroulement. Enfin, mises ensemble, ces photographies confirment un air de famille qui justifie de considérer ces jeux comme un tout et de rapprocher ce que la géographie et les imaginaires éloignent. Corrida, rodéo : même combat.

4 G. Di Méo (dir.), La géographie en fêtes, p. 1. 5 C. Bernié-Boissard, « Nîmes en Feria : une ville sous la ville » ; Ead., « Le public des courses de taureaux » ; M. Dauga et J.-Y. Puyo, « La course landaise, sport-spectacle » ; Id., « Les écarteurs landais entre mythe et réalité » ; M. Dauga, « L’âge d’or de la course landaise » ; M. Favory, « Les bestiaires et l’espace » ; I. Garat, « La tauromachie dans la vie bayonnaise » ; R. Keerle, Sport et territoires ; Id., « La tauromachie camarguaise en quête d’un territoire ».

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Fig. 1

Fig. 2

Fig. 1 Corrida espagnole, Ávila, Espagne, 2007 (cliché : Guillermo Domínguez Torres)

Fig. 2 Corrida espagnole, Madrid, Espagne, 2007 (cliché : Guillermo Domínguez Torres)

Fig. 3 Corrida espagnole, , Espagne, 2007 (cliché : Guillermo Domínguez Torres) Fig. 3

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Fig. 4

Fig. 4 Rejoneo, Espagne, 2007 (cliché : Guillermo Domínguez Torres)

Fig. 5 Concours de recortadores, salto, Espagne 2008 (cliché : Ángel Torres) Fig. 5

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Fig. 6 Fig. 6 Concours de recortadores, Espagne, 2008 (cliché : Antonio González)

Fig. 7 Concours de recortadores, Espagne, 2008 (cliché : Ángel Torres)

Fig. 7

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Fig. 8

Fig. 9

Fig. 8 Corrida portugaise, Vila Franca de Xira, Portugal, 2005 (cliché : Jean-Baptiste Maudet)

Fig. 9 Corrida portugaise, Vila Franca de Xira, Portugal, 2005 (cliché : Jean-Baptiste Maudet)

Fig. 10 Course camarguaise, France (cliché : Marc Leenhardt) Fig. 10

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Fig. 11 Fig. 12

Fig. 13

Fig. 11 Course camarguaise, France (cliché : Marc Leenhardt)

Fig. 12 Course landaise, Amou, France, 2008 (cliché : Guillaume Cingal)

Fig. 13 Course landaise, Amou, France, 2008 (cliché : Guillaume Cingal)

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Fig. 14

Fig. 15

Fig. 14 Rodéo nord-américain, bull riding, Californie, États-Unis, 2009 (cliché : Jean-Baptiste Maudet)

Fig. 15 Rodéo nord-américain, calf roping, Californie, États-Unis, 2009 (cliché : Jean-Baptiste Maudet)

Fig. 16 Rodéo nord-américain, free style bullFighting, Californie, États-Unis, 2009 (cliché : Jean-Baptiste Maudet) Fig. 16

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Fig. 17

Fig. 17 Bloodless bullFighting, Californie, États-Unis, 2009 (cliché : Jean-Baptiste Maudet)

Fig. 18 Jaripeo, Morelia, Mexique, 2007 (cliché : Frédéric Saumade)

Fig. 18

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Fig. 19 Charreada rurale, coleada, Jalisco, Mexique, 2007 (cliché : Frédéric Saumade)

Fig. 20 Toros coleados, Venezuela, 2008 (cliché : Marcos Suárez)

Fig. 19

Fig. 20

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Fig. 21 Rodeo chileno, Chili (cliché : Patricia Moya Soulat)

Fig. 22 Suelta de vaquilla, Pampelune, Espagne (cliché : Baltasar García Salaberri)

Fig. 23 Encierro, Pampelune, Espagne (cliché : Baltasar García Salaberri) Fig. 21

Fig. 22

Fig. 23

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Fig. 24

Fig. 24 Encierro à cheval, Cuéllar, Espagne (cliché : Ángel Torres)

Fig. 25 , Communauté valencienne, Espagne (cliché : Antonio González)

Fig. 25

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Fig. 26 Largada, Vila Franca de Xira, Portugal, 2005 (cliché : Jean-Baptiste Maudet)

Fig. 27 Tourada à corda, Riverdale, Californie, États-Unis, 2008 (cliché : Corey Ralston)

Fig. 28 Abrivade, Aigues Mortes, France (cliché : Marc Leenhardt)

Fig. 26

Fig. 27

Fig. 28

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Fig. 29 Fig. 29 Bandide, Saint-Laurent d’Aigouze, France (cliché : Marc Leenhardt)

Fig. 30 Capeia arraiana, Aldeia Velha, Portugal, 2008 (cliché : Paulo Sanches Fernandes)

Fig. 30

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Fig. 31 Garraiada, Aldeia Velha, Portugal, 2008 (cliché : Paulo Sanches Fernandes)

Fig. 32 Monta de toros, El Salvador, 2007 (cliché : Miguel Ángel Servellón Guerrero)

Fig. 33 Fiestas en corralejas, Sincelejo, Colombie, 2008 Fig. 31 (cliché : Cristiano Santiago Gómez Zapata)

Fig. 32

Fig. 33

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Fig. 34 Fig. 34 Fiestas en corralejas, Sincelejo, Colombie, 2008 (cliché : Cristiano Santiago Gómez Zapata)

Fig. 35 Turupukllay, Ccollurqui, Pérou, 2007 (cliché : Carlos Ojjo)

Fig. 35

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Fig. 36

Fig. 36 Toros de pueblo, Équateur, 2007 (cliché : Esteban Mendieta Jara)

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