J. De La Fontaine
J. DE LA FONTAINE NÉ A CHATEAU-THIEIIUV, LE 8 JUILLET 162); MORT A PARIS, LE 13 AVRIL 1695 II me faut du nouveau, n'eu fût-il point au moud . La Fontaine, Clymène, vers 36. Nous ne prétendons pas refaire ici ce qui a été si souvent, et, en dernier lieu, si complètement fait, une biographie détaillée de l'admirable auteur des Fables. Les quelques pages dont nous disposons ne pourraient suffire à une tâche, où il n'a pas fallu, pour d'autres, moins d'un et même deux volumes '. Nous voulons seulement par quelques-uns de leurs traits les plus originaux, les moins connus, nouveaux mêmes, et inédits s'il est possible, préciser le caractère du poëte et celui de ses ouvrages, les rapprocher, les comparer, et surtout faire mouvoir l'homme avec ses habitudes et ses fantaisies, ses amitiés et ses amours, dans le cercle de ce qu'il a écrit. A première vue, pour peu qu'on examine, le contraste paraît singulier entre la Vie de La Fontaine et ses Œuvres. La vie simple, presque cachée, cherchant à l'être, ne semble jamais intéressée aux affaires de son temps ; les œuvres au contraire en reflètent tout, jusqu'aux moindres lueurs, jusqu'aux nuances les plus fugitives. Sans qu'il y paraisse, pour chaque bruit elles ont un écho. « Chez lui, Vinet l'a dit avec raison, la fable ne fut que la forme préférée d'un génie bien plus vaste que ce genre. » Au rebours de tant de gens qui regardent sans voir, le merveilleux distrait sut voir tout sans avoir l'air de regarder rien, ,1e ne sache quoi que ce soit, dont il n'eut le flair, le sens intime, l'intuition plus ou moins consciente : depuis les infiniments petits de la nature qui, lui livrant les secrets de ses imperceptibles, lui en jeta, comme on l'a dit de Shakespeare, les âmes par milliers2 ; jusqu'aux choses le plus en dehors d'elle, où l'humanité qui pouvait la lui gâter ne l'égara même pas un instant dans ce qu'elle-même a de factice et de 1.
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