Le Concert Spirituel Hervé Niquet

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Musical selection: Hervé Niquet

é Recorded in Paris, Metz, Montpellier, Saint-Michel en Thiérache, g r e Namur, Antwerp and Brussels between 1999 and 2011 B e l Original recordings engineered by Manuel Mohino o c i Produced by Dominique Daigremont N

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0 Compilation mastered by Bertram Kornacher 0 2 Executive producer & editorial director: Carlos Céster © . t Editorial assistance: María Díaz e u q i Design: oficinatresminutos.com N

é v π 2001-2012 © 2012 note 1 music gmbh r e H

, o i z i n e B s e l l i G cd 1 cd 2 i. musique religieuse ii. démesure iii. jardin secret iv. opéras

Pierre Bouteiller (c.1655-c.1717) Georg Friedrich Haendel (1685-1759) Joseph Bodin de Boismortier (168 9- 1755) Joseph Bodin de Boismortier Missa pro defunctis Music for the Royal Fireworks Sonate vi à quatre parties Daphnis & Chloé 01 Prélude (Henri Frémart) 2:56 11 Ouverture. Adagio 2:13 19 Adagio – Allegro – Largo – Allegro 6:41 01 Acte ii . Musette 1:38 02 Elevatio: Pie Jesu 3:39 12 Ouverture. Allegro 5:10 02 Acte ii . Air gai et gracieux: Que l’absence... 2:21 François d’Agincour (168 4- 1758) 03 Acte ii . Musette: Que loin... 0:42 Marc-Antoine Charpentier (1643 -1704) (c.1536 -1592) Pièces de clavecin dédiées à la reine 04 Acte ii . Rondeau: De l’Amour... 2:44 Missa Assumpta est Maria Missa sopra Ecco sì beato giorno 20 Second Ordre. Chaconne: La Sonning 4:21 05 Acte ii . Tambourin 1:13 03 Gloria 8:14 13 Gloria 5:45 (Hervé Niquet, harpsichord / Caroline Delume, baroque guitar) 06 Acte ii . Chœur: Vents orageux 1:13 04 Credo: Credo in unum Deum – 14 Agnus Dei 5:02 (Gaëlle Méchaly, soprano / Marie-Louise Duthoit, soprano / Patrem omnipotentem 2:01 Gustave Charpentier (186 0- 1956) François-Nicolas Geslot, high tenor) (1659 -1695) La Vie du poète Marc-Antoine Charpentier King Arthur 21 Acte i «Enthousiasme» (frag.) 4:28 Henry Purcell Messe de Monsieur de Mauroy 15 Act iii. Symphony 0:30 (Flemish Radio Choir / Brussels Philharmonic) Dido & Aeneas 05 Agnus Dei 5:29 16 Act iv. Sirens: Two daughters of this 07 Act ii . Sorceress: Wayward sisters 3:14 06 Envoi 1:24 aged stream 1:59 Robert Gilbert (189 9- 1978) 08 Act ii . Witches: But ere we this perform 1:08 17 Act iv. Passacaglia: How happy the lover 5:53 22 Air pour Célestin 2:27 09 Act ii . Chorus: In our deep-vaulted cell 2:15 Marc-Antoine Charpentier 18 Act iv. Symphony 0:38 (Hervé Niquet, voice) (Laura Pudwell, mezzo-soprano) Messe à huit voix (Véronique Gens, soprano / Hanna Bayodi, soprano / 07 Prélude da capo – Kyrie da capo – Béatrice Jarrige, alto / Cyril Auvity, high tenor / André Cardinal Destouches (167 2- 1749) Sinfonie pour finir le Kyrie 4:27 Joseph Cornwell, tenor / Peter Harvey, bass) Callirhoé 10 Acte i. Scène première: O nuit témoin... 2:35 Marc-Antoine Charpentier 11 Acte ii . Scène première: Espoir, revenez... 4:04 Te Deum à huit voix 12 Acte ii . Scène cinquième: Quel coup... 3:58 08 Te aeternum 1:00 13 Acte v. Scène troisième: Ah! Prince, ... 3:05 09 Tibi Cherubim 1:24 (Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano / Cyril Auvity, high tenor / 10 Pleni sunt caeli 1:22 João Fernandes, bass)

4 5 (cd 2) v. mes petits bijoux préférés

Marin Marais (165 6- 1728) André Campra (166 0- 1744) Joseph Bodin de Boismortier Le Carnaval de Venise Daphnis & Chloé 14 Acte iii . Prélude et récit: Tremble des maux... 1:43 32 Prologue. Premier et second passepied 1:42 43 Acte iii . Chaconne 5:17 15 Acte iii . Air: Amour, régnez en paix 3:37 33 Acte i. La Vénitienne 1:31 16 Acte iii . Prélude et récit: Terrible Roy... 1:32 34 Acte ii . Premier et second canaries 1:16 17 Acte iii . Symphonie 0:35 35 Acte iii . Marche des gondoliers 2:14 Sémélé 18 Acte iii . Récit: Le charme est fait 0:53 36 Acte iii . Rigaudon 2:03 44 Prologue. Troisième air pour les Ménades 0:53 19 Acte iii . Chœur et récit: Ordonne... 0:58 37 Orfeo nell’inferi. Sinfonia 2:29 20 Acte iii . Chœur: Qu’un affreux ravage... 0:44 38 Orfeo nell’inferi. Aria per gli spirti folletti 1:02 André Cardinal Destouches 21 Acte iii . Air pour les furies 0:51 39 Le Bal. Marche du Carnaval 0:36 Callirhoé 22 Acte iii . Récit: Cesse ; je ne puis plus résister 1:50 40 Le Bal. Bourrée 0:47 45 Acte iv . Premier air des bergers 1:11 (Shannon Mercer, soprano / Hjördis Thébault, mezzo-soprano) 41 Le Bal. Menuets en rondeau 1:11 42 Le Bal. Chaconne 3:14 André-Ernest-Modeste Grétry (174 1- 1813) (Mathias Vidal, high tenor) Andromaque 23 Acte iii . Combat 0:48 24 Acte iii . Hermione: Quels cris... 0:28 25 Acte iii . Oreste: Princesse, c’en est fait ! 1:31 26 Acte iii . Hermione: Barbare, ne voyais-tu pas 0:56 27 Acte iii . Oreste: Est-ce Hermione ? 0:52 28 Acte iii . Chœur: Ô fureur ! 0:50 ©

29 Acte iii . Chœur: Sauvons-le de sa fureur ! 1:49 2 0

30 Acte iii . Oreste: Filles d’enfer... 1:12 All the tracks included in this compilation have been originally 0 6

31 Acte iii . Chœur: Dieux implacables... 1:18 released by Glossa between 2001 and 2012. A list of all recordings N i c o

(Maria-Riccarda Wesseling, mezzo-soprano / made by Hervé Niquet for our label is to be found on pages 44-45 l e

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Tassis Christoyannis, baritone) of this booklet. e r g é

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8 9 l’engagement d’un mécène encourager les projets pionniers et l’excellence bnp Paribas est un acteur majeur de la vie économique. Une entreprise ne vit pas dans un univers clos ; le Il existe de belles causes, au service desquelles s’élaborent des projets innovants, bien conçus, portés par une mécénat est l’un des moyens dont elle dispose pour exprimer l’attention qu’elle porte à son environnement vision à long terme… mais qui, pour se concrétiser, ont besoin du soutien appuyé d’un partenaire qui s’engage. culturel et social. La Fondation Bru soutient et accompagne de tels projets, les rendant parfois tout simplement possibles.

La Fondation bnp Paribas intervient dans cinq domaines : culture, santé, solidarité, éducation et Créée en 2005 à l’initiative du docteur Nicole Bru afin de pérenniser la mémoire des créateurs des environnement. Dans le domaine culturel, elle s’attache à promouvoir la connaissance du patrimoine, en Laboratoires upsa , la Fondation Bru place l’Homme et son environnement au cœur de toutes ses actions. faisant mieux connaître les collections des musées, en restaurant leurs chefs d’œuvre et en contribuant à la Elle se veut à l’image de cette famille de chercheurs entrepreneurs : engagée, profondément humaniste, découverte d’œuvres musicales inédites. Dans le même temps, elle porte un regard attentif à l’expression pionnière, utile. contemporaine en accompagnant au jour le jour des créateurs dans des disciplines peu aidées par le mécénat d’entreprise : danse contemporaine, nouveaux arts du cirque et musiques de jazz. En matière de mécénat culturel, la Fondation Bru s’investit dans des projets qui contribuent à la sauvegarde d’un patrimoine, favorisent la diffusion des connaissances et l’émergence de nouveaux talents, et font partager Mais, plus que ses champs d’intervention, c’est la façon dont la Fondation bnp Paribas accompagne ses des émotions. Son engagement en faveur de la musique se manifeste notamment par deux actions : partenaires qui caractérise sa démarche : s’inscrire dans le temps, cheminer à leurs côtés, vivre un peu de leur vie et de leurs passions, partager leurs succès mais aussi leurs difficultés. ¶ un soutien toujours renouvelé au concert spirituel, depuis sa création Les docteurs Jean et Nicole Bru ont assuré un soutien indéfectible à Hervé Niquet dès 1987. Depuis 2005, la C’est au Canada, en 2002, que la Fondation a croisé le chemin d’Hervé Niquet. De cette rencontre est née Fondation Bru a pris le relais, permettant d’exhumer et de faire revivre des chefs d’œuvre oubliés de la une alliance riche d’échanges et d’envies partagées autour du Concert Spirituel dont elle accompagne les musique baroque française projets, en France et à l’international. ¶ la création du palazzetto bru zane – centre de musique romantique française La Fondation bnp Paribas a été créée en 1984, sous l’égide de la Fondation de France. Elle est membre du Centre français Depuis 2009, cette fondation située à Venise, dans un palais du xvii e siècle restauré pour l’abriter, a pour des Fonds et Fondations et de The European Foundation Centre. vocation de favoriser la redécouverte du patrimoine musical français du grand xix e siècle (178 0- 1920) en lui assurant le rayonnement qu’il mérite et qui lui fait encore défaut.

mecenat.bnpparibas.com fondation-bru.org

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12 13 i. ii.

Jean Bru, mon mari, et moi-même avons rencontré Hervé Niquet à l’initiative de ma belle-sœur, choriste du Ce jour là, j’étais loin d’imaginer que le jeune homme qui livrait un clavecin et était accompagné de ses deux petites Concert Spirituel : c’était en 1987. D’emblée, nous avons été séduits par l’originalité d’un homme jeune, hors normes, filles, occuperait tant d’espace dans la vie de la Fondation bnp Paribas quelques années plus tard. Ce jour là en effet que rien ne prédisposait à la musique, si l’on s’en tient à son environnement. Apparemment sûr de lui et de ses – c’était en 1992 – nous donnions avec Alain Pacquier et ses amis de k617 le coup d’envoi du programme Les projets, et qui masquait une grande anxiété, il nous expliqua ce que devait devenir la musique baroque pour Chemins du Baroque dans le Nouveau Monde . Le concert avait lieu dans la belle Orangerie de bnp Paribas. enrichir le répertoire et jouer autre chose que Bach, Haendel, Vivaldi... Il nous parla de Campra, de Charpentier, Alain me fit comprendre que le livreur ne faisait pas que livrer des clavecins, qu’il en jouait aussi, et plutôt bien. Et de Desmarest, compositeurs dont nous n’avions jamais entendu parler ! C’est ainsi que nous nous rendîmes à un qu’il était du genre multi-talents. Je retins son nom : Hervé Niquet. concert donné en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois par Le Concert Spirituel. A ce moment-là, nous avons été touchés par cette musique baroque, jouée sur des instruments anciens, dont nous devions apprendre qu’ils étaient en Depuis, que de projets nous avons rêvés puis réalisés ensemble !... De Toronto à Montréal, de Shanghaï à Tokyo, de location ! Les difficultés de ce jeune orchestre talentueux étaient réelles et importantes. Nous eûmes envie de l’aider. Metz à Montpellier, de Versailles à Topkapi... Chemin faisant, quelques dei ex machina ont permis « comme par miracle » aux idées les plus folles de Hervé Niquet – et on sait qu’elles sont légion – de voir le jour. C’est à ces dieux Au cours de ces nombreuses années, même durant les périodes les plus difficiles économiquement, je n’ai jamais cessé et déesses de l’ombre, simplement croisés pour certains, assidûment fréquentés pour d’autres, que je pense d’abord au d’être aux côtés d’Hervé Niquet. moment de cet anniversaire. Bien sûr, les musiciens et chanteurs, infatigables compagnons des aventures du Concert Spirituel. Et puis aussi, Corinne et Gilles Benizio – souvenir d’une première de King Arthur à Montpellier. Ce soir Il me l’a bien rendu, puisque, un jour où la Fondation Bru, nouvellement créée (2005) venait d’acquérir le Casino là, nous étions deux de la Fondation bnp Paribas à retenir notre souffle, Alexandre Carelle et moi. « Ils ne vont pas Zane, lieu dédié originellement à la musique et pour lequel nous cherchions un thème d’activité. Il arriva, triomphal, oser. Il ne va pas oser... ». Mais si, ils ont tous osé et réussi un pari fou. Sans oublier ceux et celles qui nous ont fait dans mon bureau pour me dire : « Nicole, il faut absolument faire pour la musique romantique française ce que vous comprendre que les méandres façon Niquet étaient bien plus efficaces qu’une ligne droite pour l’aider à parvenir à avez fait pour le Baroque, j’ai un projet, là, tout prêt ! ». Ainsi débuta l’aventure du Palazzetto Bru Zane – Centre ses fins : Marshall Pynkoski (Opera Atelier Toronto), Michael Nafi (La Nouvelle Sinfonie Montréal), Michèle de musique romantique française auquel Le Concert Spirituel s’associe régulièrement. Paradon (l’Arsenal Metz en Scènes), René Koering (Opéra national de Montpellier), ainsi que Chantal de Corbiac et Aude Massiet du Biest. Je remercie sincèrement Le Concert Spirituel pour les moments de bonheurs musicaux qu’il m’a fait vivre et lui souhaite de continuer à nous émerveiller et à nous surprendre comme il vient de le faire avec la Messe à 40 voix Ces 25 ans du Concert Spirituel signent la passion et le talent d’un homme, sa force à rassembler, sa formidable d’Alessandro Striggio ! quête, son irrésistible besoin de prendre des risques, moins par goût du danger que pour se mesurer à lui même. En somme, une longue et belle histoire autour de rencontres artistiques et humaines qui donnent au mécénat d’une Docteur Nicole Bru entreprise sa raison d’être. Présidente de la Fondation Bru Martine Tridde-Mazloum Déléguée générale, Fondation bnp Paribas

14 15 iii. iv.

Le Concert Spirituel que nous aimons est ce que les géologues appellent une résurgence. Né, en 1725, de la passion Mais qu’ai-je fait pour mériter cela ? d’Anne Danican-Philidor, hautboïste à la chapelle royale de Versailles, il fut englouti par le grand charivari de la Tout a commencé dans mon bureau de France Musique, il y a fort longtemps. Des photos au mur : à gauche Boulez, Révolution française. Il allait, cependant, sourdre une nouvelle fois, près de deux siècles plus tard, quand Hervé Brendel, Michelangeli, Karajan et sur celui de droite Harnoncourt, la tribu Kuijken, Jacobs, Leonhardt, au milieu Niquet en désira la nouvelle existence. Avec une exceptionnelle persistance, ce Concert Spirituel, l’ancien comme le une tranchée au dessus de laquelle fusaient les insultes. nouveau, sut toujours s’accommoder des difficultés et briller, malgré les contraintes, parfois épouvantables, qu’on imposait à son activité. Sous l’Ancien Régime, le Concert dut se faufiler dans les failles de l’écrasant privilège dont « C’est au son de l’accordéon que Nénette a connu Léon. » (Francis Carco) bénéficiait l’Académie royale de musique et, donc, ne faire que ce que l’Académie ne faisait pas et quand elle ne le faisait pas. A la fin du xxe siècle, Hervé Niquet réinvente, avec talent et courage, l’art de briller dans la difficulté, 1987, Atys à Paris et à Montpellier et je finis par remarquer un énergumène choriste. La rumeur me dit son nom : notamment celle, quotidienne, d’une formation comme la sienne, sans cesse confrontée à la dure nécessité de « joindre Niquet et je sens que j’entendrai parler de lui. Avec la chance que j’ai, je sais que ça va être pour moi. J’ai toujours les deux bouts ». Malgré cette tension, jamais, la passion ni l’excellence de ses musiciens ne s’en sont ressenties. De ce eu de la chance avec les chats – huants, les toutous errants, les pois sauteurs, ... Je ne l’avais pas invité, il est venu fait, le 2 5e anniversaire du Concert Spirituel permet à chacun d’admirer l’ampleur, l’originalité et l’excellence de son malgré tout diriger l’orchestre pour le dernier concert du Festival. Emporté par le lyrisme de l’œuvre, il enleva son pantalon au grand effroi des 2000 personnes de la salle de concert. Sûr de ses belles jambes, il parada au pupitre en bilan artistique. Merci le Concert, réellement si spirituel ! veste de smoking, tel Zizi Jeanmaire. Une fois oublié ses pattes d’insecte mégalomane, il se révèle d’un talent forçant l’admiration. Il revint presque chaque année avec ses girls, ses boys « spirituels » et souleva l’enthousiasme, bien que Jean-Jacques Aillagon ses talents culinaires fussent à la limite du bon goût. Mais comme disait le Général, le 19 juin, « Necessity makes the goose ».

Je persiste à lui trouver plus que du talent, et je concède volontiers à ce musicien « austère » la capacité à faire vibrer toutes les musiques. Grâce à mon autorité naturelle j’ai toujours eu le dernier mot et en général c’était « oui ». Il est tellement parfait que je ne vois pas d’autre erreur chez lui. Malgré tout cela il est arrivé que, parfois la critique, parfois française, ne partageât point mon admiration, mais comme disait Sophocle « La critique est Thésée, mais l’art est Hippolyte ».

René Koering

16 17 v. vi.

Qui est vraiment Hervé Niquet ? Nous sommes très peu à connaître sa nature profonde, et ce que nous allons vous La récente tournée du Concert Spirituel en Asie résume bien le caractère de son chef : exporter la musique française, révéler ici, doit rester strictement confidentiel afin de ne pas nuire à sa réputation. et ce qu’elle compte parmi ses plus beaux trésors, au bout du monde – qui aurait pu croire il y a 25 ans que la Messe pour les défunts de Pierre Bouteiller (c.1655-6 0- c.1717) qu’Hervé Niquet travaillait alors avec ses élèves du En effet, Hervé Niquet, sous une apparence sérieuse, impénétrable, voire austère, cache une personnalité débridée, conservatoire de Toulouse subjuguerait aujourd’hui le public coréen ! fantasque, pour tout dire un vrai « bout en train ». Nous avons percé ce secret lors de notre collaboration sur la préparation du spectacle King Arthur . Toutes nos idées les plus loufoques, les plus délirantes le réjouissaient. Il nous encourageait même à surenchérir et nous obligeait parfois à mettre le holà ! Croyez bien que nous avons travaillé Les travaux d’édition et de transcription menés régulièrement avec Hervé et les Éditions des Abbesses depuis la avec tout le sérieux qu’exige une mise en scène d’opéra, mais nous garderons surtout en mémoire les innombrables création de l’ensemble nous ont permis d’exhumer certaines des plus belles pages de la musique française du Grand fous rires de nos séances de travail et cette question qui revenait sans cesse : « Hervé, tu es sûr qu’on peut faire ça à Siècle, qu’elles soient de Bouteiller, Charpentier, Lorenzani ou Lully (entre autres), et c’est un fait rare, ô combien l’opéra ? » Sa réponse, toujours la même, en s’essuyant les larmes et en applaudissant : « Oh oui ! Oh oui ! » précieux pour un éditeur, que de partager la passion d’un chef pour le répertoire inédit qu’il a choisi de valoriser. Hervé Niquet a ainsi porté au concert et au disque les pages fraîchement transcrites des grands motets de Lorenzani Une autre facette que nous avons découverte chez ce personnage surprenant : un sens inné de la scène et le juste que je m’apprêtais à publier, et par son enthousiasme et sa confiance, il a contribué avec succès à la redécouverte de cabotinage indispensable à tout bon acteur. Il a surpris tout le monde, sans doute lui-même, et nous n’oublierons pas ce grand compositeur. Cette complicité est un bonheur pour un chercheur, un vrai partage avec ce chef insatiable, les hilarants « Célestin », « la Tyrolienne » et le « Y’a-t-il des questions ? » lancés au public entre chaque tableau... attentif aux recherches, gourmand de découvertes, qui sait magnifier ces transcriptions et les emmener à travers le Pour nous Hervé n’est pas seulement ce grand chef d’orchestre, spécialiste de la musique baroque, musicologue monde avec une ardeur intacte : un pur plaisir pour l’éditeur que je suis ! passionné, directeur de ce superbe Concert Spirituel, il est aussi un complice, que nous aurons toujours énormément plaisir à suivre dans ses envies les plus fantaisistes et ce besoin de « faire des bêtises comme un gosse » ! Si la curiosité des débuts est toujours entière pour le patrimoine musical, il en va de même pour la recherche sur le son qu’Hervé Niquet mène avec son ensemble, et plus particulièrement avec les cordes et les vents. Et c’est parce qu’il Voilà l’Hervé Niquet que nous connaissons, que nous apprécions, mais que cela reste entre nous ! soigne la construction de ses programmes qu’il se livre à cette réflexion inédite sur les timbres et les effectifs – il n’hésite pas à convoquer une centaine d’instrumentistes pour recréer les Fireworks de Haendel –, résultat d’un Corinne et Gilles Benizio travail rigoureux sur l’équilibre des forces en présence et le contexte historique des œuvres choisies et de la alias Shirley et Dino connaissance approfondie qu’il possède des sources anciennes. C’est là tout le talent d’Hervé Niquet qui donne à son ensemble cette dynamique, ce relief, cette couleur incomparable et si caractéristique. Heureuse d’être conviée à fêter ici 25 années de musique et d’amitié, je souhaite à Hervé et son Concert Spirituel un très bel anniversaire.

Fannie Vernaz Éditions des Abbesses

18 19 vii.

Il n’est pas difficile de prendre conscience de la différence entre Hervé Niquet et le reste du monde : le premier heures cinquante-neuf pendant un service de trois heures. Et bien ma foi... je n’en connais pas beaucoup d’autres. regard, la première parole, le premier geste, le premier concert... tout le singularise. Mais le décrire avec des mots est « C’est un métier » nous dit Hervé, et c’est là qu’on en prend conscience. Ils sont un petit nombre à le pratiquer avec une autre affaire ! À la tête de son Concert Spirituel, Hervé Niquet mélange l’évidence et l’improbable, le fantasque une telle rigueur et un tel investissement. Alors forcément, plus encore qu’au moment du concert, la répétition et la rigueur, la rébellion et la tradition, l’abandon et le contrôle... en un cocktail explosif aux effets secondaires devient un moment presque sacré, où la matière prend forme « à vue ». garantis. Et c’est là tout ce qui fait son originalité, son charme, sa force de conviction. Et plus on est déboussolé au départ, plus on est ensorcelé à l’arrivée. Le public s’attachera sans doute au son puissant qu’est capable de produire Parmi les projets les plus fous que nous avons entrepris ensemble, il y eut notamment les résurrections de Callirhoé un si petit orchestre sur cordes en boyau, à la longueur des vestes satinées et à la gestique – la gestuelle ? – aussi de Destouches et de Sémélé de Marin Marais mais aussi, plus récemment, d’ Andromaque de Grétry et de théâtrale qu’emphatique... Pour ma part, c’est en « off » qu’il m’a été donné de saisir l’immense talent d’Hervé. Un Sémiramis de Catel. On pourrait s’arrêter sur la beauté intrinsèque de chaque œuvre, mais j’aimerai plutôt quotidien jamais banal... Il faut dire ! souligner ici l’habileté du maestro à mettre en évidence le fil rouge de cette « french touch » qui, de Lully à Ravel, lie tout l’opéra français. L’importance du texte, la densité du son, l’efficacité théâtrale, l’ampleur du décorum, sont Associé aux saisons du Centre de musique baroque de Versailles depuis plus de vingt ans, Le Concert Spirituel a quelques-uns des éléments de cette spécificité française qu’Hervé prend soin de toujours souligner. Passionné par ces tout osé sans jamais rechigner, ni même douter. Lully, Rameau, Colasse, Marais, Grétry, Bouteiller, Sacchini, Le objets, le chef applique avec raison ce qu’il pense être les clés d’un système musical finalement pas si complexe mais Prince, Desmarest, Campra... ne sont que quelques-uns des auteurs dont Hervé s’est vu confier pour mission de les au contraire extrêmement cohérent. réhabiliter aux yeux (exigeants !) du public d’aujourd’hui. Alors, nos discussions n’ont guère porté sur le Requiem de Mozart ou le Messie de Haendel (que j’ai pourtant entendus, salle Pleyel, magistralement portés par le même Alors, au nom de la musique française, merci Monsieur Niquet ! chef)... Non, il s’est toujours agi de comprendre tel récitatif, telle construction de divertissement, tel choix de chanteurs, telle coupe conforme ou pas à une reprise ultérieure dans des œuvres qui avaient disparu de l’affiche Benoît Dratwicki depuis des lustres... Directeur artistique du Centre de musique baroque de Versailles

Toujours organisé, toujours prévoyant, toujours visionnaire, Hervé envisageait les choses des mois, parfois des années à l’avance, avec une justesse qui s’est toujours révélée évidente au moment des concerts. Mais ce n’est pas tout. Observer Hervé dans le travail est une « leçon de choses » qu’on ne soupçonnerait pas lorsque, débonnaire et un rien provocateur, le chef s’amuse à brouiller les pistes hors des salles de répétition. Transformer un soliste chanteur en moins d’un quart d’heure (sans assistant), obtenir un français impeccable avec dix conseils dont je suis désormais convaincu qu’ils devraient être gravés en lettres d’or à la porte du Conservatoire, préparer un chœur le matin (sans assistant) et un orchestre l’après-midi (sans assistant), regrouper tout ce beau monde et travailler sans relâche deux

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heard anyone sing out of tune as much as him. The first disc – to take the edge of my anger with the Bibliothèque Nationale (in as parsimonious and spar - only trace of musical activity to be found in my fami - recording of those Lamentations by Gilles. After his ing way as was possible), although impressed by my ly background comes from my grandmother, who death, his wife Nicole Bru has continued to support involvement with the august body of the Opéra de Always give credence to those fits of when she was young used to sing on Saturday Le Concert Spirituel, in an unfailing manner, year Paris, still required me to supply evidence of a specif - anger which from time to time sweep over you. If we evenings in her parents’ café in Dunkirk. My liking after year. Nothing, absolutely nothing, would have ic area of research. The face of that decent man took are now celebrating 25 years of Le Concert Spirituel, for religious texts, masses, psalms and other hymns been possible without this constant and reassuring on a strange look when I declared my research inter - it will come down to the fact that 26 years ago, at a occurred in almost a natural manner. I had had the form of backing. To put it simply, it has been Jean and est to be Gaby Montbreuse, the famous performer of time when I was singing as a bass in a choir, the con - good fortune to go to a school run by the Ursuline Nicole Bru who have provided me with the means to such chansons as Je recherche après Titine , Tu m’as pos - ductor, holding up the score of the Lamentations pour nuns. Within the school’s historic buildings, dating demonstrate in practice what the French grand motet sédée par surprise and Le Roudoudou . Don’t ask me why la semaine sainte by , looked at us and said, from the 17th and 18th centuries, was to be found a and the tragédie lyrique actually are. Without them, I came up with such an idea (my grandmother, per - “Grief, this French music, it is just a jumble of odds chapel, used on a daily basis by the community of how would it have been feasible to rescue from obliv - haps?); still, that is what enabled me to gain that and ends. However am I supposed to be able to do nuns there... and the chapel housed an organ! You will ion works by Bouteiller, Le Prince, Hugard, Lochon, famous pass. I ran straight up to the reading room on something serious with all this?” At that precise be surmising correctly if you think that once I had Boismortier, Catel, Vogel, Destouches, Frémart, the fifth floor, whereupon euphoria and exhilaration moment, I swore to myself that one day I would form worked out how to string a number of chords togeth - Striggio, Grétry, Chein, Lorenzani, Benevolo, grasped me; gaining access to all those manuscripts my own ensemble and that the first recording that I er I then speedily shoved Sister Marie Jeanne d’Arc Marais? Confronted with the massive tidal wave of by the likes of Campra, Gilles, Lully, Charpentier and would make would be of these wonderful off the organ stool (Lord, did she play badl y! ). Soon, music by Vivaldi, Bach and Handel, they have Boismortier struck me as being a gloriously beautiful Lamentations , and show how beautiful French music I got into the practice of accompanying the services, believed – like me – in the adventure of the unknown adventure. It is in that reading room that I worked actually is. and in that way familiarized myself with the Catholic great masters. A thousand thanks... out Le Concert Spirituel’s repertory, spending mar - Was it, I wonder, the fact that when I was young liturgy. That was one great opportunity for me. At the The third opportunity consists of the music vellous times there over a period of fifteen years, so, my father had dragged me along with him, first to outset of Le Concert Spirituel, I immediately seized archives of the Bibliothèque Nationale de France: thank you Gaby Montbreuse!... museums, then to junk shops, that he had shown me on the idea of performing sacred music, given the that collection in the Rue de Richelieu (together cathedrals and road-menders huts, had taught me fact that I felt comfortable with both texts and litur - with the Hohenzollern Archive) is one of the richest 5 how to recognise even the most minor variety of gy; it struck me also that other ensembles at the time sources of manuscripts and music scores in the world, wood types and how to “read” a dry stone wall? In were paying scant attention to this enormous reper - accessible to almost everybody, provided that you can It was around about that time that I took three short, from a very young age, I came into contact tory, however easily accessible it was. demonstrate your credentials in belonging to the months sabbatical leave from the Opéra de Paris. In with the heritage of France: architecture, painting, The second opportunity to come my way was an world of musical research! This clearly was not the fact, hrh Princess Caroline of Monaco, following a furniture, the countryside, the chanson and so many enormous one: meeting Jean and Nicole Bru. Jean, situation in my case, given that I had been refused suggestion from the choreographer Pierre Lacotte, other things. Let’s be patriotic here: French art is who was something of an intimidating man as well as entry into the Paris Conservatoire and from its musi - was wanting me to compose a sizeable work for the really , really good. a colossus of a figure, but always with a twinkle in his cology faculty. At that time, I was working as a vocal reopening of the Ballets de Monte-Carlo. Those Yet, as far as music was concerned, my father eye, enabled me – with the money that he had given coach/accompanist at the Opéra de Paris. However, three months spent composing made me want to could only be described as a disaster! I have never me one evening 25 years ago with which to make my the official whose job it was to issue passes at the change what I was doing in my life. I never went back

24 25 english english to the Opéra. Taken on as a singer with a number of annoy me, I read and reread his music. He used to get both living and dead (Chagall, Poulenc, Stravinsky), me to cross, some 20 years ago, the path of the Centre professional choirs, La Chapelle Royale, Les Jeunes on my nerves: all that flirting, sweetening and drip- secretary to Karajan, and a wonderful cook (he once de Musique Baroque de Versailles. And its founder Solistes, Collegium Vocale, I went on to make with dripping. In a word, deadlock! This continued until had four ovens installed in his kitchen!...). I had a Vincent Berthier de Lioncourt did not cease to pro - William Christie and Les Arts Florissants the first 40 the day when, not wishing to go to my grave as an meeting with him because the ensemble was looking vide help in the realization of the wildest of projects, performances of Lully’s Atys , and it was at that time imbecile, and above all, not to be ridiculed (“he was a for residency in a region. He looked at me and said, as much as for their rarity as for their outrageousness. that I got to meet my future colleagues in the world genius!”, the researchers at the Centre de Musique “Niquet, for the Festival’s closing concert, I am going Le Carnaval de Venise by Campra ( cd 2), the Requiem of . It was with a number of them that Baroque de Versailles used to say to me), I put togeth - to ‘lend’ you the symphony orchestra and you are by Bouteiller ( cd 1), motets by Lorenzani, and so many I put together Le Concert Spirituel and started giv - er the programme for a Charpentier concert... And going to entertain me!” Timidly, I replied to him, “and other works, owed their “resuscitation” only to end - ing performances and making recordings. we have been together ever since... How can one the rehearsals?” “You can have no more than ten min - less hours of work, to experience, to passion and to And had my father’s obsession with collecting describe the happiness of all that flirting, sweetening utes!” is what I hear d!! End of meeting. the persistence and perseverance of those shadowy left a mark on me? For I then went on to record three and drip-dripping with the genius of Charpentier? Then, okay, I suppose that I laid it on a bit thick, but deeply-enthusiastic individuals who are the musi - discs of Gilles, three by Campra, then three by Lully, Three bars in is enough for one to recognize his but when Koering saw that I could conduct his cologists, that species of grumpy grouses smelling of three by Rameau and then not a bad haul of touch, his sense, his intelligence. Just listen to three orchestra properly, virtually without rehearsing, old manuscripts and fearing the noise. Thank you to Boismortier, for that matter. At that moment of the of his masses, Assumpta est Maria , de Mr de Mauroy dressed just in a jacket and my underpants, perched all of these. ensemble’s existence, three encounters were going to and the eight-part work, and you will know where upon a yellow suitcase – and making the back page of But, let’s be clear, all these productions, con - divert its calm, serious and somewhat austere path. paradise lies ( cd 1). Charpentier also represents one Le Monde in that get-up, he opened the gates of certs, discs, tours, conferences, etc, only exist as First of all, there was Carlos Céster from the particular, tremendous memory for me: Médée , his Montpellier for us and it was possible to put on amaz - excuses so as to be able to encounter other follies; for Glossa record label who, to summarize briefly single opera, with Stéphanie d’Oustrac performing at ing Baroque productions, whereas nobody else in me being a conductor is a profession; and not always announced to me, “Hervé, you record what you want, the Opéra Royal in Versailles. Blood-red violence in France was willing to entrust me with a single opera. a barrel of laughs. Piles of stress and heaps of soli - when you want!” For me, that was as unlikely as hear - its pure state! No concessions made, and a taste for Callirhoé by Destouches, Sémélé by Marin Marais, tude... But that one moment of happiness, the single ing the Queen of Great Britain inviting me to take tea risk! Charpentier and d’Oustrac! Shivers continue to Andromaque by Grétry, the craziness that was Purcell’s interest, the “suspension”, occurs when you manage with her whenever I was next in Londo n! run down my spine... King Arthur with Shirley et Dino. to be thinking the same things at the same time as Next came the Charpentier bombshell. Marc- This is the point where the third encounter – Opportunities and the mystery of encounters the musicians (who are coming sometimes from all Antoine, of course – and bear in mind that I am but a resounding, outrageous, fearsome and rumbustious have continued with: Martine Tridde, the brains corners of the world and musically from all different small-town provincial, the son of a farmer and the but, oh, how cultured, wise, discerning, well-advised behind the Fondation bnp Paribas, Benoît Dratwicki, points of the compass). The two anniversaries which grandson of a fruit wholesaler. Charpentier was to me and gentle was the person who suddenly burst into the the artistic director of the Centre de Musique we have celebrated, for the ensemble’s 15th and 25th the archetypical sophisticated Parisian beyond life of Le Concert Spirituel: none other than René Baroque de Versailles, Fannie Vernaz, an explosively- years, have provided the occasion for putting into reproach, the sort of figure who made me think of Koering! General director of the orchestras of Radio astonishing editor, Jean-Jacques Aillagon, the former practice the result of years of study by many of our those Parisiennes cartoon characters by Edmond France, musical superintendent at the Opéra and the French Minister of Culture... All these encounters are members, who are often also themselves instrument Kiraz, such as you used to see in the magazine Jours de Orchestre National of Montpellier, director of the one thing, but the daily unyielding work is quite makers, musicologists, organologists. Since we have France when in the dentist’s waiting room. He used to Montpellier Festival, composer, friend of great artists another. The years that I had spent in research had led to celebrate our great age, all the more reason then to

26 27 english english bring together as many people as possible to deal I owe to Jérémie Papasergio, with whom the sound Norwegians, the old and the young alike, those who with “difficult” works. The Fireworks and the Water for Le Concert Spirituel was thought up and invented. don’t know how to park properly, and many others Music by Handel and the Mass for 40 voices by And Gustave! The other Charpentier! There is anoth - who have been there since the beginning. A special Striggio have been pretexts for making amazing dis - er ensemble which is dear to me: the pairing of the mention here for Alice Piérot, our first violin, vege - coveries and carrying them out in practice, but also Brussels Philharmonic with the Flemish Radio Choir. tarian and fan of the Almanach Vermot also, without for the affirmation of a fire which still burns amongst Listen to them championing French music from the whom... Anyway, ... certain of us, that which has spread the substantial 19th century, in a way which does not happen anymore It’s a good thing that they are here, since the Baroque blaze across the “classical planet”. For every - these days in France. beginning, all of them... All that is nothing but hot body these are, first of all, physiological memories, And to return to my first love: the music hall! It air... of happiness... Thank you to everybody for all not ones of tiredness but of happy harmony brought was Gilles and Corinne Benizio, alias Shirley et Dino, these years... Aaargh! Ouch! The melancholy... on by the musical mathematics. I should be thinking who spurred me on to achieve something which I had of the old Ursulines who taught me in my youth! But always wanted to do but which I never dared: clown - Hervé Niquet Harmony is one of the most obvious mysteries creat - ing about on stage. It was like being let loose in a translation: Mark Wiggins ed by our art. It is perhaps the greatest joy which our sweet shop. profession can offer. So, everything has been said, the matter’s closed. Nah, hold on one tick. I’m only an uncouth lout, after 5 all. But let’s say that I can be let off, even so. All this has represented some 25 years of my life and I am for - There, I have gone through the adventure of Le getting the most important thing of all! Concert Spirituel. But before leaving you, you should Have you ever attended a concert given by an be aware that my greediness is only equalled by my orchestral conductor? Have you ever heard a record - idleness; I adore sweets and doing nothing... ing from an orchestral conductor? No, you haven’t... At the end of cd 1, I have placed some sweet There’s nothing more dumb than an orchestral con - things plucked from my heart: indeed, it is true that I ductor all alone. No music is produced – none, used to play the harpsichord in a correct way a long niente, nada, niets, rien de tout! time ago, and the chaconne by d’Agincour is a small Those – and only they – who are producing the gem in itself. It also features Caroline Delume on the sound of our ensemble are the players and singers: baroque guitar (and she is still about! She played in the the big shots and the small fry, the great and the first concert given by the ensemble, which is quite small, the skinny ones, the loudmouthed, the meek amazing! 25 years of putting up with each other...). My and gentle, the badly-shaved ones, the moaners, one love for Boismortier, the Poulenc of the 18th century, double bass player, those who oversleep, the

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quasiment naturellement. J’ai eu la chance de faire toutes mes études dans un collège d’Ursulines. Dans ce bâtiment historique des xvii e et xviii e siècles se On devrait toujours faire confiance aux trouvait une chapelle, utilisée quotidiennement par colères qui vous envahissent parfois. Si l’on fête la communauté des religieuses... avec un orgue !!! aujourd’hui les 25 ans du Concert Spirituel c’est qu’il Vous pensez bien que lorsque j’ai su enchaîner y a 26 ans, alors que je chantais comme basse dans un quelques accords, j’ai vite poussé du banc de l’orgue chœur, le chef, devant la partition des Lamentations Sœur Marie Jeanne d’Arc (Dieu qu’elle jouait mal !). pour la semaine sainte de Jean Gilles, nous regarda et J’ai pris l’habitude d’accompagner les offices et je me nous dit : « Oh la la, la musique française, ce n’est rien suis ainsi familiarisé avec la liturgie catholique. Ce fut que des petits bouts. Qu’est ce que je vais bien pou - une chance ! A la création du Concert Spirituel, j’ai voir faire avec tout ça ? » A ce moment même, je me tout de suite pris l’option d’un répertoire sacré car je jurai qu’un jour je créerais mon propre ensemble et me sentais à l’aise avec ces textes et cette liturgie et il que le premier disque que j’enregistrerais serait ces me semblait que les autres ensembles faisaient peu de Lamentations sublimes, pour montrer combien la cas de ce répertoire énorme, pourtant facilement s n o

i musique française est belle. accessible et surtout attaché au Concert Spirituel dès t c

u Etait-ce le fait que mon père m’ait traîné, tout sa création. d o r jeune, entre musées et brocantes, montré les cathé - La seconde chance est insensée : la rencontre P

p drales et les cabanes de cantonniers, appris à recon - avec Jean et Nicole Bru. Jean, un homme intimidant, e t S naître la moindre essence de bois et admirer un mur un colosse, avec toujours un sourire dans l’œil, a per - y b de pierres sèches. Bref, j’ai été très tôt touché par mis avec l’argent qu’il me donna un soir il y a 25 ans p e t

S notre patrimoine français, architecture, peinture, pour faire mon premier disque, de calmer ma colère

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0 mobilier, paysage, chanson et autres. Soyons chau - avec l’enregistrement des Lamentations de Gilles. 2

© vins, c’est quand même « super » beau l’art français. Après sa mort, Nicole Bru, son épouse, a soutenu sans Question musique, un désastre ! Je n’ai jamais faillir Le Concert Spirituel, années après années. Rien, entendu quelqu’un chanter aussi faux que mon père. absolument rien n’aurait été possible sans ce soutien La seule trace de musique retrouvée dans ma petite constant et rassurant. Comment dire simplement que famille venait de ma grand-mère : elle chantait le Jean et Nicole Bru m’ont permis de montrer ce qu’est samedi soir quand elle était jeune dans le café de ses le grand motet français et la tragédie lyrique. Sans eux, parents à Dunkerque. Mon goût pour les textes reli - qui aurait pu exhumer des œuvres de Bouteiller, Le gieux, messes, psaumes, et autres hymnes m’est venu Prince, Hugard, Lochon, Boismortier, Catel, Vogel,

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Destouches, Frémart, Striggio, Grétry, Chein, heures merveilleuses pendant une quinzaine d’an - d’Angleterre m’inviter à prendre le thé chez elle quand Surintendant de l’Opéra et de l’Orchestre National Lorenzani, Benevolo, Marais ? Face à une déferlante nées, merci Gaby Montbreuse !... je passe à Londres ! de Montpellier, directeur du Festival de Montpellier, Vivaldi, Bach, Haendel, ils ont cru comme moi à Ensuite, le choc Charpentier. Marc-Antoine... je compositeur, ami des plus grands artistes vivants et l’aventure des grands maîtres inconnus. Mille mercis... 5 ne suis qu’un petit provincial, fils de cultivateur, et morts (Chagall, Poulenc, Stravinsky), secrétaire de La troisième chance, c’est le fonds musical de la petit fils de grossiste en fruits. Pour moi, Charpentier Karajan, et sublime cuisinier (il a fait 4 fours diffé - Bibliothèque nationale de France : la collection qui se C’est à peu près à ce moment que je pris trois mois de était l’archétype du parisien raffiné et propre sur lui rents dans sa cuisine !...). Je le rencontre car nous trouve rue de Richelieu est, avec le fonds Hohenzol- congé sabbatique à l’Opéra de Paris. En effet, son qui me faisait penser au « Parisiennes » de Kiraz qu’on cherchons une résidence en région pour l’ensemble. lern, l’une des plus riches sources de manuscrits et édi - Altesse Sérénissime, la Princesse Caroline de Monaco lisait sur Jour de France dans la salle d’attente chez le Il me regarde et me dit : « Niquet, au concert de clô - tions de musique au monde, accessible presque à tout avait souhaité, à la demande du chorégraphe Pierre dentiste. Il m’agaçait, j’ai lu et relu sa musique. Il ture du Festival, je te prête l’orchestre symphonique le monde, à condition que vous montriez patte Lacotte, que je compose pour la réouverture des m’énervait : ça minaudait, sirupait, dégoulinait. Bref, et tu me fais rigoler ! » Je lui réponds timidement : blanche, à savoir votre appartenance au monde de la Ballets de Monte-Carlo la musique d’un grand ballet. le blocage ! Jusqu’au jour où, ne voulant pas mourir « Et les répétitions ? » « Tu n’auras que 10 minutes ! » recherche musicale ! Ce n’était évidemment pas mon Ces trois mois de composition me donnèrent envie de idiot, et surtout ridicule (un génie ! me disaient les Fin du rendez-vous. cas, puisqu’on m’avait refusé l’entrée du Conser- changer de vie. Je ne revins jamais à l’Opéra. Engagé chercheurs du Centre de musique baroque de Alors, d’accord, j’y suis allé un peu fort... Mais vatoire de Paris et de la fac de musicologie. A cette comme chanteur dans nombre de chœurs profession - Versailles), je compose le programme d’un concert quand Koering a vu que je pouvais diriger son orches - époque, j’étais pianiste et chef de chant à l’Opéra de nels, la Chapelle Royale, les Jeunes Solistes, le Charpentier... Nous ne nous sommes plus quittés... tre proprement, quasiment sans répéter, habillé juste Paris. Le fonctionnaire qui délivrait les laissez-passer Collegium Vocale, je fis avec William Christie et les Comment dire le bonheur de minauder, siruper, d’une veste et d’un slip, juché sur une valise jaune et au compte-goutte fut impressionné par mon apparte - Arts Florissants les 40 premières représentations dégouliner avec le génie de Charpentier ? Trois faire la quatrième de couverture du Monde dans cet nance à cette auguste maison, mais je devais justifier d’ Atys de Lully et c’est là que je rencontrai mes futurs mesures et vous reconnaissez sa patte, son sens, son attirail, il nous a ouvert les portes de Montpellier où d’un domaine de recherche précis. Le brave homme collègues baroques. C’est avec certains d’entre eux intelligence. Ecoutez trois de ses messes Assumpta est l’on a réalisé des ouvrages baroques merveilleux alors fit une drôle de tête quand je lui annonçais mes que je constituais Le Concert Spirituel et commençais Maria , de Mr de Mauroy , et celle à 8 voix, pour savoir que personne en France ne prenait ce risque. Callirhoé recherches sur Gaby Montbreuse, l’interprète célèbre concerts et disques. où est le paradis ( cd 1). Charpentier est aussi un sou - de Destouches, Sémélé de Marin Marais, Andromaque de Je recherche après Titine , Tu m’as possédée par surprise Est-ce encore une fois la manie de mon père à venir immense : Médée , son seul opéra, avec Stéphanie de Grétry, la folie du Roi Arthur de Purcell avec ou Le Roudoudou . Ne me demandez pas pourquoi j’an - collectionner ? Toujours est-il que j’enregistrai trois d’Oustrac à l’Opéra Royal de Versailles. La violence Shirley et Dino. nonçais une telle chose (ma grand-mère peut-être ?) ; disques Gilles, trois Campra, puis trois Lully, trois rouge sang à l’état pur ! L’absence de concessions et le La chance et le mystère des rencontres se sont toujours est-il qu’il m’accorda le fameux laissez-pas - Rameau et pas mal de Boismortier. A ce moment de goût du risque ! Charpentier et d’Oustrac ! Les fris - poursuivis avec : Benoît Dratwicki, directeur artis - ser. Je courus au cinquième étage où se trouve la salle l’existence de l’ensemble, trois rencontres vont chan - sons nous habitent encore... tique du Centre de musique baroque de Versailles, de lecture, et à ce moment même, l’ivresse me prit ; ger sa trajectoire calme, sérieuse et presque austère. C’est ici que la troisième rencontre, tonitruante, Fannie Vernaz, une éditrice (D)étonnante, Jean- accéder aux manuscrits de Campra, Gilles, Lully, Tout d’abord, Carlos Céster et son label Glossa, énorme, effrayante, bruyante mais oh ! combien cul - Jacques Aillagon, ancien Ministre très très cultivé de Charpentier ou Boismortier me semblait la plus belle qui, pour résumer me dit : « Hervé, vous enregistrez ce tivée, savante, perspicace, avisée et tendre déboule la Culture, et Martine Tridde, l’esprit perspicace et le des aventures. C’est dans cette salle que j’inventais le que vous voulez, quand vous voulez ! » C’était pour dans la vie du Concert Spirituel : René Koering lui- flair infaillible de la Fondation bnp Paribas qui a sou - répertoire du Concert Spirituel en y passant des moi aussi improbable que d’entendre la Reine même ! Directeur des orchestres de Radio France, tenu mes projets canadiens et français depuis 10 ans.

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Les rencontres sont une chose, mais le travail quoti - cations, mais aussi l’affirmation d’un feu qui existe Et pour revenir à ma première passion : le music dien et obstiné en est une autre. Les années de encore chez certains et qu’avait propagé l’incendie hall ! Ce sont Gilles et Corinne Benizio, alias Shirley recherche m’ont conduit à croiser le Centre de « baroqueux » considérable dans la « planète classique ». et Dino, qui m’ont poussé à réaliser ce que j’avais tou - musique baroque de Versailles, il y a 20 ans. Et son Pour tous, ce sont d’abord des souvenirs physiolo - jours eu envie de faire sans jamais oser : faire le fondateur Vincent Berthier de Lioncourt, n’eut de giques, non de fatigue mais d’harmonie heureuse créée zouave sur les planches. C’était le rayon confiseries cesse d’aider la réalisation des projets les plus fous, par la mathématique musicale. Je dois vous faire pen - amoureuses. dans la rareté comme dans la démesure. Le Carnaval ser aux vieilles Ursulines qui m’ont enseigné dans ma Tout est dit, rien n’est dit. Pétard ! Je ne suis de Venise de Campra ( cd 2), le Requiem de Bouteiller jeunesse ! Mais l’Harmonie est un des mystères les plus qu’un gros rustre ! Disons que je suis excusable tout (cd 1), les motets de Lorenzani, et tant d’autres apparents créés par notre art. C’est peut-être la plus de même. Cela représente 25 ans de ma vie tout ça. œuvres, n’ont dû leur « réoxygénation » qu’aux heures grande joie que procure notre métier. Mais j’allais oublier le principal !!! de travail, aux connaissances, à la passion et à l’obsti - Avez-vous déjà assisté à un concert de chef d’or - nation de passionnés obscurs que sont les musico - 5 chestre ? Entendu un disque de chef d’orchestre ? logues, genre de ronchons sentant le vieux papier et Meuh non ! Rien de plus con qu’un chef d’orchestre craignant le bruit. Merci à eux tous. Voilà, j’ai fait le tour de l’aventure du Concert tout seul. Cela ne produit aucune musique, rien, que Mais soyons clair, tout cela, ces productions, Spirituel. Mais avant de vous quitter, pour que vous pouic, nada, niente, des clous ! concerts, disques, tournées, colloques etc., ne sont que sachiez que ma gourmandise n’a d’égal que ma fai - Ce sont eux, et eux seuls qui font le son de notre des alibis pour rencontrer d’autres fous ; pour moi, néantise : j’adore les bonbons et ne rien faire... ensemble : instrumentistes et chanteurs, des gros, des chef est un métier ; et pas toujours rigolo. Beaucoup de A la fin du cd 1, j’ai placé quelques sucreries de maigres, des p’tits, des grands, des tout secs, des stress et de solitude... Mais l’instant de bonheur, le seul mon cœur : Oui il y a longtemps, je jouais correcte - râleurs, des gentils, des mal rasés, des ronchons, un intérêt, la « suspension », est quand vous réussissez à ment du clavecin et la chaconne de d’Agincour avec contrebassiste, des pas réveillés, des norvégiens, des faire penser la même chose au même moment à des Caroline Delume à la guitare baroque (elle est encore vieux, des jeunes, des mal garés et puis plein d’autres musiciens qui viennent parfois de tous les coins du là !!! Elle a joué au premier concert de l’ensemble, qui sont là depuis le début, et puis une mention spé - monde et d’univers différents. Les deux anniversaires c’est dingue ! 25 ans à se supporter...) est un petit bon - ciale pour Alice Piérot, notre premier violon, végéta - fêtés pour les 15 ans et les 25 ans de l’ensemble furent heur. Mon amour pour Boismortier, le Poulenc du rienne et amateur de l’Almanach Vermot , sans qui... l’occasion d’appliquer le résultat d’années de xviii e siècle, je le dois à Jérémie Papasergio, avec Bref. ©

recherche de beaucoup de nos membres, qui sont aussi lequel nous avons réfléchi et inventé le son du Heureusement qu’ils sont là depuis le début, eux 2 0 facteurs d’instruments, musicologues, organologues. Concert Spirituel. Et Gustave ! L’autre Charpentier ! tous... Tout cela n’est que du vent... de bonheur... 0 6

Quitte à fêter notre grand âge, autant réunir le plus de J’ai dans mon cœur un autre ensemble, le Brussels Merci à toutes et à tous pour ces années... Ouille N i c o

monde avec des œuvres problématiques. Fireworks & Philharmonic et le Flemish Radio Choir. Écoutez-les ouille ouille... mélancolie. l e

e B

Water Music de Haendel et la Messe à 40 voix de Striggio défendre la musique française du xix siècle, comme e r g furent prétextes à d’incroyables découvertes et appli - on ne le fait plus en France. Hervé Niquet é

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meiner kleinen Familie kam von meiner Großmutter: Concert Spirituel Jahr um Jahr unermüdlich. Nichts, noch mit einem konkreten Forschungsvorhaben Als sie jung war, sang sie Samstag abends im Café aber auch gar nichts wäre ohne diese beständige und rechtfertigen. Der gute Mann staunte nicht schlecht, ihrer Eltern in Dünkirchen. Meine Begeisterung für verlässliche Hilfe möglich gewesen. Ohne Jean und als ich ihm von meinen Untersuchungen über die Man sollte dem Zorn immer geistliche Texte, Messen, Psalmen und andere Nicole Bru wäre es mir niemals gelungen zu zeigen, Varietésängerin Gaby Montbreuse berichtete, die vertrauen, der einen von Zeit zu Zeit übermannt. Hymnen entstand sozusagen aus dem Nichts. Ich was in den französischen Grands motets und in der berühmte Interpretin von Schlagern wie Je recherche Wenn wir heute das 25-jährige Bestehen von Le hatte das Glück, meine gesamte Schulzeit in einem Tragédie lyrique steckt. Wie hätte man ohne diese bei - après Titine , Tu m’as possédée par surprise oder Le Concert Spirituel feiern, dann liegt das daran, dass der Ursulinenkolleg zu verbringen. In diesem histori - den die Werke von Bouteiller, Le Prince, Hugard, Roudoudou . Fragen Sie nicht, wie ich ausgerechnet Dirigent, als ich vor 26 Jahren als Bassist in einem schen Gebäude aus dem 17. und 18. Jahrhundert Lochon, Boismortier, Catel, Vogel, Destouches, darauf gekommen bin (hatte das etwa mit meiner Chor sang, uns ansah – vor sich die Partitur zu Jean befand sich eine Kapelle, die täglich von den Nonnen Frémart, Striggio, Grétry, Chein, Lorenzani, Benevolo Großmutter zu tun?), aber wie dem auch sei: Ich Gilles’ Lamentations pour la semaine sainte – und sagte: genutzt wurde... und dort gab es eine Orgel! Sie kön - und Marais wiederbeleben können? Trotz der über - erhielt den sagenumwobenen Passierschein. Ich »Oh là là, die französische Musik, das ist alles nur nen sich bestimmt vorstellen, dass ich Schwester mächtigen Namen von Vivaldi, Bach und Händel rannte in den fünften Stock, in dem sich der Lesesaal Kleinkram. Wie soll ich daraus nur etwas machen?« In Marie Jeanne d’Arc, kaum dass ich ein paar Akkorde haben Jean und Nicole Bru genau wie ich an das befindet, und von da an war ich wie berauscht: diesem Augenblick schwor ich mir, eines Tages mein hintereinander spielen konnte, von der Orgelbank Abenteuer geglaubt, diese großen unbekannten Zugang zu den Manuskripten von Campra, Gilles, eigenes Ensemble zu gründen, und die erste Platte, verjagte – sie spielte wirklich gottserbärmlich Meister wiederzuentdecken. Tausend Dank dafür... Lully, Charpentier oder Boismortier zu haben schien die ich jemals aufnehmen würde, sollten diese bewun - schlecht! Ich begleitete regelmäßig die Gottesdiens- Das dritte große Glück ist die Musikabteilung mir wie das größte aller Abenteuer. In diesem Saal derungswürdigen Lamentations sein – ich wollte bewei - te und lernte so die katholische Liturgie kennen. Das der Bibliothèque Nationale de France: Die habe ich mir ungefähr fünfzehn Jahre lang das sen, wie wunderschön die französische Musik ist. war ein großes Glück! Denn bei der Gründung des Sammlung befindet sich in der Rue de Richelieu und Repertoire für das Concert Spirituel ausgedacht – Einer der Gründe mag sein, dass mein Vater Concert Spirituel wählte ich von Anfang an geistliche ist neben der Hohenzollernsammlung eine der be- Gaby Montbreuse sei Dank! ... mich schon als ganz kleines Kind immer mitge - Werke aus, da ich mit diesen Texten und dieser deutendsten Bibliotheken für Musikhandschriften schleppt hat, er hat mich in Museen und auf Floh- Liturgie vertraut war. Andere Ensembles schienen auf und gedruckte Ausgaben in der ganzen Welt, zugäng - 5 märkte mitgenommen, zeigte mir Kathedralen und dieses umfangreiche Repertoire keinen Wert zu legen, lich für praktisch jedermann, vorausgesetzt, man Steinhütten und lehrte mich, jede Holzart zu erken - obwohl es so einfach zugänglich war. kann seine Zugehörigkeit zur Welt der Musikfor- Damals nahm ich mir eine dreimonatige Auszeit an nen und jede Trockensteinmauer zu bewundern. Kurz: Das zweite große Glück war eigentlich ein völlig schung nachweisen. Das war in meinem Fall zwar der Pariser Opéra. Tatsächlich hatte ihre Hoheit, Ich kam sehr früh in Berührung mit unserem franzö - unwahrscheinliches Ereignis: Ich lernte Jean und nicht gegeben, da man mir sowohl den Zugang zum Prinzessin Caroline von Monaco auf Betreiben des sischen Kulturerbe, mit Architektur und Malerei, mit Nicole Bru kennen. Jean war ein beeindruckender Conservatoire als auch zur musikwissenschaftlichen Choreographen Pierre Lacotte den Wunsch geäu - Möbeln, mit der Landschaft, mit Chansons... Wir Mann, ein Koloss, der immer ein Lächeln im Augen- Fakultät verwehrt hatte. Zu dieser Zeit war ich ßert, ich möge die Musik zur Wiedereröffnung des können uns ruhig etwas darauf einbilden, die franzö - winkel hatte. Eines Abends vor 25 Jahren gab er mir Pianist und Korrepetitor an der Pariser Opéra. Der Balletts in Monte-Carlo schreiben. Diese drei sische Kunst ist wirklich total »klasse«. das Geld, das ich brauchte, um meine erste Platte auf - Beamte, der nur für handverlesene Personen Monate, in denen in nur komponierte, erweckten Was allerdings die Musik betraf: Fehlanzeige! zunehmen, und so beschwichtigte ich meinen Zorn Zugangsberechtigungen ausstellte, zeigte sich zwar den Wunsch in mir, mein Leben zu ändern. Ich kehr - Ich habe niemals jemanden so falsch singen gehört mit der Einspielung der Lamentations von Gilles. Nach von meiner Anwesenheit in diesen heiligen Hallen te niemals an die Opéra zurück. Ich hatte zahlreiche wie meinen Vater. Das einzige bisschen Musik in seinem Tod unterstützte seine Frau Nicole Le beeindruckt, aber ich musste mein Ansinnen den - Engagements als Sänger in professionellen Chören

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(wie etwa die Chapelle Royale, die Jeunes Solistes einfach auf. Er ging mir auf die Nerven: Was für ein Festivals von Montpellier, Komponist und Freund der temperamentvolle Herausgeberin Fannie Vernaz , und das Collegium Vocale), und ich wirkte bei den Herumkokettieren, was für ein Geklebe und größten Künstler der Gegenwart und der Vergangen- Jean-Jacques Aillagon, der ehemalige Kulturminis- ersten 40 Aufführungen von Atys von Lully mit Les Geschmiere! Kurz: totale Blockade! Bis ich dann heit (Chagall, Poulenc, Stravinsky), Assistent von ter... Diese Begegnungen sind die eine Seite der Arts Florissants unter William Christie mit. In die - eines Tages ein Konzertprogramm mit Werken von Karajan und hervorragender Koch (er hat allein vier Medaille, aber die ausdauernde tägliche Arbeit ist die sem Umfeld lernte ich meine zukünftigen Barock- Charpentier zusammenstellte – ich wollte schließlich verschiedene Backöfen in seiner Küche...!). Ich lernte andere. Durch meine jahrelange Forschung bin ich Kollegen kennen. Mit einigen gründete ich das nicht dumm sterben und mich vor allem nicht lächer - ihn kennen, weil wir einen Sitz für unser Ensemble in vor 20 Jahren an das Centre de Musique Baroque in Concert Spirituel und begann, Konzerte zu geben lich machen (er sei ein wahres Genie, sagten mir die der Region suchten. Er sah mich an und sagte: Versailles geraten. Und sein Gründer Vincent und Platten aufzunehmen. Wissenschaftler vom Centre de Musique Baroque in »Niquet, ich leihe dir das Sinfonieorchester für das Berthier de Lioncourt wurde zu einem unermüdli - Zeigt sich auch auf diesem Gebiet die von mei - Versailles). Unsere Wege haben sich jedenfalls nicht Abschlusskonzert des Festivals und dafür bringst du chen Förderer der verrücktesten Projekte, wie exo - nem Vater geerbte Sammelleidenschaft? Immerhin mehr getrennt... Und wie soll man das Glück mich zum Lachen!« Ich fragte schüchtern: »Wie sieht tisch und wie gigantisch sie auch waren. Der habe ich jeweils drei Aufnahmen mit Werken von beschreiben, das darin liegt, mit diesem Genie zu es mit Proben aus?« »Du hast zehn Minuten«, bekam Carnaval de Venise von André Campra ( cd 2), das Gilles, Campra, Lully und Rameau eingespielt, außer - kokettieren, zu kleben und zu schmieren? Drei Takte, ich zu hören. Gespräch beendet. Requiem von Pierre Bouteiller ( cd 1), die Motetten dem eine ganze Menge Boismortier. Und drei und man erkennt seine Handschrift, seine Empfind- Da hatte ich mich ja ziemlich weit aus dem von Lorenzani und so viele andere Werke verdanken Begegnungen sollten die ruhige, ernsthafte und bei - samkeit und seine Intelligenz. Hören Sie drei seiner Fenster gelehnt... Aber als Koering sah, dass ich sein ihre Wiederbelebung der stundenlangen Arbeit, den nahe entsagungsvolle Laufbahn beeinflussen, die das Messen ( cd 1: Missa Assumpta est Maria, Messe de Mr de Orchester anständig dirigieren konnte, so gut wie Kenntnissen, der Leidenschaft und der Hartnäckig- Ensemble zu diesem Zeitpunkt eingeschlagen hatte. Mauroy und die achtstimmige Messe), und Sie ken - ohne Probe, nur mit Jackett und Unterhose bekleidet keit der Musikwissenschaftler, jener bärbeißigen Als erstes ist Carlos Céster mit seinem Label nen das Paradies. Ich habe auch überwältigende und auf einem gelben Koffer stehend, und als ich es Enthusiasten, die im Verborgenen wirken, nach alten Glossa zu nennen, der mir kurz zusammengefasst fol - Erinnerungen an Médée , die einzige Charpentier- selbst in diesem Aufzug schaffte, auf die Rückseite Manuskripten riechen und jede Form von Lärm gendes sagte: »Hervé, Sie können alles aufnehmen – Oper, die wir mit Stéphanie d’Oustrac in der Opéra von Le Monde zu kommen, öffnete er uns die Pforten scheuen. Auch ihnen allen gilt mein Dank. machen Sie, was Sie wollen und wann Sie wollen!« Royal de Versailles auf die Bühne gebracht haben. der Oper von Montpellier. Dort führten wir wunder - Aber um das noch einmal klarzustellen, all dies, Das war für mich genauso unwahrscheinlich wie eine Das ist blutrote Gewalttätigkeit in Reinkultur! Ohne bare barocke Werke auf, zu einer Zeit, als mir noch Aufführungen, Konzerte, Platten, Tourneen, Einladung zum Tee bei der Königin von England, Konzessionen und mit vollem Risiko! Charpentier niemand in ganz Frankreich Zugang zu einer Symposien etc. sind nur Alibis, um mit anderen wenn man zufällig in London ist! und die d’Oustrac – bei dem Gedanken überläuft Opernbühne gewähren wollte: Callirhoé von Fanatikern zusammenzukommen. Aber für mich ist Das zweite war der Charpentier-Schock. Marc- mich immer noch ein Schauder... Destouches, Sémélé von Marin Marais, Andromaque Dirigent ein Beruf, der beileibe nicht immer witzig Antoine... ich bin doch nur ein Landei, der Sohn Zu diesem Zeitpunkt kam die dritte Begegnung von Grétry, und den aberwitzigen King Arthur von ist. Viel Stress und viel Alleinsein... Aber es gibt die - eines Bauern und der Enkel eines Obsthändlers. Für über das Concert Spirituel: René Koering höchstper - Henry Purcell mit Shirley und Dino. ses Glücksmoment, das einzige Bestreben, die atem - mich war Charpentier der Inbegriff des raffinierten sönlich – donnernd, riesig, angsteinflößend, lärmend, Auch weiterhin hatten wir das Glück wunder - lose Spannung, wenn es einem gelingt, dass alle und geleckten Hauptstädters, er ließ mich an die aber auch derart kultiviert, gebildet, scharfsinnig, barer Begegnungen: Martine Tridde, die gute Seele Musiker gleichzeitig den gleichen Gedanken haben, »Parisiennes« von Kiraz denken, die man in den besonnen und weichherzig. Chefdirigent der Orches- der Kulturstiftung der Bank bnp Paribas, Benoît obwohl sie manchmal aus allen Ecken der Welt Illustrierten beim Zahnarzt sehen konnte. Ich habe ter von Radio France, Generalintendant der Oper und Dratwicki, künstlerischer Leiter des Centre de zusammenkommen und aus verschiedenen Univer- seine Musik immer wieder gelesen, und er regte mich des Orchestre National de Montpellier, Leiter des Musique Baroque in Versailles, die großartige und sen zu stammen scheinen. Die beiden Feiern zum 15-

38 39 deutsch deutsch und 25-jährigen Bestehen des Ensembles boten die noch wissen zu lassen, dass meine Naschhaftigkeit hin geht es um 25 Jahre meines Lebens. Aber ich Gelegenheit, jenes Wissen umzusetzen, das viele der nur noch von meiner Faulheit übertroffen wird: Ich hätte ja beinahe das Wichtigste vergessen!!! Ensemblemitglieder in jahrelanger Forschung liebe Süßigkeiten und Müßiggang... Waren Sie schon mal in einem Dirigierkonzert? erworben haben – sie sind nicht nur Musiker, son - An das Ende von cd 1 habe ich einige der »musi - Oder haben eine Platte mit einem Dirigenten ange - dern auch Instrumentenbauer, Musikwissenschaft- kalischen Pralinen« gesetzt, für die mein Herz hört? Mit Sicherheit nicht, denn es gibt ja nichts ler und Instrumentenkundler. Auch wenn es eigent - schlägt: Aus der Zeit, als ich noch beflissen Cembalo Dämlicheres als einen Dirigenten, der allein auf der lich darum ging, unser langjähriges Bestehen zu fei - spielte, stammt die Chaconne von d’Agincour, die ich Bühne steht. Dabei kommt keine Musik heraus, null, ern, nutzten wir den Anlass, um so viele Leute wie zusammen mit Caroline Delume an der Barockgitar- niente, rien, nada – von wegen! möglich mit problematischen Werken in Kontakt zu re aufgenommen habe – und Caroline ist immer noch Nur sie sind es, die den Klang unseres Ensem- bringen. Fireworks & Water Music von Händel und die dabe i!!! Sie hat schon im ersten Konzert des Ensem- bles hervorbringen: Instrumentalisten und Sänger, vierzigstimmige Messe von Striggio boten uns die bles mitgespielt, das ist einfach verrückt! 25 Jahre dicke, dünne, kleine, große, Spröde und Nörgler, Gelegenheit zu unglaublichen Entdeckungen und lang ziehen wir schon an einem Strang... Und meine nette, manche schlecht rasiert, ein paar Brumm- Erweiterungen der Spieltechnik. Aber wir konnten Liebe zu Boismortier, dem Poulenc des 17. Jahrhun- bären, ein Kontrabassist, ein paar noch nicht ganz auch unter Beweis stellen, dass wir immer noch von derts, verdanke ich Jérémie Papasergio, mit dem ich wach, einige Norweger, alte, junge, manche können der gleichen Glut erfüllt waren, die den »Klassikpla- in gemeinsamem Nachdenken den Klang des Concert nicht einparken und ein paar sind schon von Anfang neten« wie ein Flächenbrand ergriffen hat. Wir alle Spirituel erfunden habe. Und Gustave! Der andere an dabei... Besonders erwähnen will ich unsere haben an diese Jubiläen vor allem physiologische Charpentier! In meinem Herzen wohnt noch ein Konzertmeisterin Alice Piérot, Vegetarierin mit Erinnerungen an ein Gefühl glücklicher Harmonie anderes Ensemble, das Brussels Philharmonic und der einer Leidenschaft für den Almanach Vermot , und (und nicht an Erschöpfung), die die musikalische Flemish Radio Choir. Wahre Verfechter der französi - ohne sie... Ich mache es lieber kurz. Mathematik in uns hervorgerufen hat. Ich muss noch schen Musik, das müssen Sie sich anhören – so etwas Was für ein Glück, dass sie von Anfang an dabei einmal an die alten Ursulinen erinnern, die mich in gibt es noch nicht einmal mehr in Frankreich. sind, sie alle... Alles nur heiße Luft... und ein großes meiner Jugend unterrichtet haben! Die Harmonie ist Und dann muss ich noch auf meine erste Glück... Danke Euch allen für die gemeinsamen eines der offensichtlichsten Wunder, die unsere Leidenschaft zurückkommen: das Varieté! Gilles und Jahre... O weh, o weh, o weh... Melancholie. Kunst hervorbringt. Und vielleicht die größte Corinne Benizio, alias Shirley und Dino, haben mich

Freude, die unser Beruf machen kann. dazu gebracht, etwas in die Tat umzusetzen, worauf Hervé Niquet ©

2

ich immer Lust hatte und was ich nie zu tun wagte: Übersetzung: Susanne Lowien 0 0

5 auf der Bühne den Hanswurst zu spielen. Das war 0

L u

auch wie Zuckerwatte... k

So, das ist also ein kleiner Überblick über mein Es ist alles gesagt, und doch ist nichts gesagt... M o n

Abenteuer mit dem Concert Spirituel. Aber ich Ich Depp! Ich bin ja wirklich ein Trottel! Vielleicht s a e r

möchte mich nicht verabschieden, ohne Sie auch kann man mir noch einmal verzeihen, denn immer - t

40 41 é g r e B e l o c i N

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42 43 Hervé Niquet & Le Concert Spirituel

Henry Purcell Georg Friedrich Handel Marin Marais Pierre Bouteiller Dido & Aeneas Water Music & Fireworks Sémélé Requiem por voix d’hommes Glossa gcd 921601. rec 2000 Glossa gcdsa 921616. sacd. rec 2002 Glossa ges 921614-f / gcd 921614. 2 cds. rec 2007 Glossa gcd 921621. rec 2010

Marc-Antoine Charpentier Henry Desmarest Jean-Baptiste Lully Camille Saint-Saëns Messe de Monsieur de Mauroy Grands Motets Proserpine Music for the Prix de Rome Glossa gcd c81602. rec 1999 Glossa gcd c81607. rec 2003 Glossa ges 921615-f / gcd 921615. 2 cds. rec 2007 Flemish Radio Choir & Brussels Philharmonic Glossa ges 922210-f / gcd 922210. 2 cds. rec 2010 Marc-Antoine Charpentier Henry Purcell Marc-Antoine Charpentier Te Deum & Motets King Arthur Missa Assumpta est Maria André Campra Glossa gcd 921603. rec 2000 Glossa gcd 921608. rec 2003 Glossa gcd 921617. rec 2008 Le Carnaval de Venise Glossa ges 921622-f / gcd 921622. 2 cds. rec 2011 Marc-Antoine Charpentier Joseph Bodin de Boismortier Henry Purcell Leçons de Ténèbres Sonates pour basses King Arthur Alessandro Striggio Glossa gcd c81604. rec 2001 Glossa gcd 921609. rec 2003 stage direction by Corinne & Gilles Benizio Mass for 40 and 60 voices Glossa gvd 921619. dvd. rec 2009 Glossa gcdsa 921623. sacd. rec 2011 Joseph Bodin de Boismortier Henry Desmarest Daphnis & Chlóe Grands Motets, ii André-Ernest-Modeste Grétry Gustave Charpentier Glossa gcd 921618. 2 cds. rec 2001 Glossa gcd 921610. rec 2004 Andromaque Music for the Prix de Rome Glossa ges 921620-f / gcd 921620. 2 cds. rec 2009 Flemish Radio Choir & Brussels Philharmonic François d’Agincour Marc-Antoine Charpentier Glossa ges 922211-f / gcd 922211. 2 cds. rec 2011 Pièces d’orgue Messe & Te Deum à huit voix Claude Debussy Glossa gcd 921701. rec 2000 Glossa gcdsa 921611. sacd. rec 2005 Music for the Prix de Rome Charles-Simon Catel Flemish Radio Choir & Brussels Philharmonic Sémiramis François d’Agincour André Cardinal Destouches Glossa ges 922206-f / gcd 922206. 2 cds. rec 2009 Glossa ges 921625-f / gcd 921625. 2 cds. rec 2011 Pièces de clavecin Callirhoé Glossa gcd 921702. rec 2001 Glossa ges 921612-f / gcd 921612. 2 cds. rec 2006

44 45 s a n a M

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le concert spirituel edition produced by: 42, rue du Louvre glossa music s.l. F-75001 Paris Timoteo Padrós, 31 France E-28200 San Lorenzo de El Escorial Spain tel +33 (0)1 40261131 fax +33 (0)1 40139135 www.glossamusic.com concertspirituel.com for: Aude Massiet du Biest, Executive Director ([email protected]) note 1 music gmbh Juliana Richard, Development Manager ([email protected]) Carl-Benz-Straße, 1 Emilie-Charlotte François, Fundraising and Communications Manager ([email protected]) D-69115 Heidelberg Manon Pailler, Administrative Manager ([email protected]) Germany Isabelle Pichon-Varin, Production Manager ([email protected]) www.note1-music.com