Les Boulevards De 1840-1870 (4E Éd.) / Par Gustave Claudin
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Mes souvenirs : les boulevards de 1840-1870 (4e éd.) / par Gustave Claudin Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Claudin, Gustave (1823-1896). Auteur du texte. Mes souvenirs : les boulevards de 1840-1870 (4e éd.) / par Gustave Claudin. 1884. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source des contenus telle que précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ». - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. 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Les vingt-huit jours d'Anaïs, roman ..... 1 Lady don juan (Iseult), roman ..... 1 Le store baissé, roman. 1 ..... ..... 42618 PARIS. — 1MP. DE LA SOC. DE PUDL. rÉRIOD. — P. MOOILLOT.— MES SOUVENIRS LES BOULEVARDS DE 1 8 4 0 - 1 8 7 0 PAR GUSTAVE CLAUDIN QUATRIÈME ÉDITION PARIS CALMANN LÉVY , ÉDITEUR ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES 3 , RUE AUBER , 3 1 8 8 4 Droits de reproduction et de traduction réservés PREMIÈRE PARTIE PARIS De 1 840 à 1 85 1 Je n'aijamais rien été, je ne suis rien , et je ne serai jamais rien . Pourquoialors , me demandera-t-on, raconter vos souvenirs? , Pourquoi ? Parce que , favorisé par le hasard j'ai eu cette bonne fortune, depuis 1 840 , d'être toujours placé aux premières loges pour voir et entendre les comédies et les tragédies qui ont été jouées à Paris, et approcher de très près les grands comédiens qui ont tour à tour paru sur la scène . Cela dit, rien n'étant ennuyeux comme un préam- bule, j'entre tout de suite en matière. Je suis né à la Ferté-sous-Jouarre, département de Seine-et-Marne. A cette époque le siècle était majeur. Jen'ai jamais été au collège . J'eus pour professeurs deux séminaristes : l'un s'appelait Alexandre Leduc, latiniste distingué ; l'autre, Hégésippe Moreau, un char- mant poète mort tout jeune à l'hôpital. Pour les sciences, j'eus pour précepteur l'abbé Rigaud, un jésuite fort riche qui , s'il avait daigné écrire, aurait prouvé qu'il était un savant de premier ordre. Ce fut avec Hégésippe Moreau que je terminai mes classes . Après m'avoir bien saturé de latin, de grec , d'histoire, de rhétorique et de philosophie , il me conduisit à la Sorbonne au mois de juin 1 837 et me fit passer mon examen de bachelier. Je fus interrogé par des hommes illustres qui s'appelaient Victor Leclerc, lequel eut la bonté de me pardonner un contre-sens que je fis en traduisant un passage du discours de Démosthène pro Corona, par Saint-Marc Girardin, qui me demanda le nom de la femme de Marc-Aurèle, et par Jeoffroy, député-rapporteur de la questiond'Orient en 1 840 et auteur d'un remar- quable traité de métaphysique . Hégésippe Moreau, que mes parents aimaient beau- coup , me traitait plus en ami qu'en élève. Quand je , fus reçu bachelier il me dit de sa voix douce : , « Maintenant tu as le droit de lire les mauvais livres et tu vas venirau théâtre avec moi . » Il me conduisit au Vaudeville, situé alors dans cette rue de Chartres qui n'existe plus . Là il était heureux. Étienne Arago, qui était directeur, jouait les pièces qu'il lui apportait et qu'il ne signait pas. Le poète Moreau faisait la cour à mademoiselleAnaïs Fargueil , qui était alors belle comme le jour et dans tout l'éclat de sa splendeur. Ceux qui n'ont point connu Moreau ont écrit sur lui une foule de choses fausses . Il était né à Provins. C'était un enfant naturel , beau à faire des passions . Il fut élevé au grand séminaire de Fontainebleau et s'en fit chasser pour avoir écrit à dix-sept ans une chanson qui figure dans ses œuvres et qui est inti- tulée : Les noces de Cana. Cette chanson racontant la gaieté de Jésus avait pour refrain : Et les apôtres se signaient Et Judas surtout s'indignait. Je crois, leur dit-il, mes amis, Que l'bon Dieu nous a compromis. On chassa le séminariste. L'abbé de Lamennais, qui avait connu l'incident , le défendit mollement. Avant d'être mon précepteur , Moreau avait été ouvrier typographe. Il était poitrinaire et mourut peu de temps après notre arrivée à Paris, c'est-à-dire en février 1838, à l'hôpital de la Pitié , où le poète Henri Berthoud, rédacteur du Charivari , alla chercher sa dépouille pour lui rendre les derniers devoirs. Il fit sur sa mort des vers magnifiques qu'on retrouve- rait dans la collection du Charivari. Il y a dans les œuvres d'Hégésippe Moreau, que ses amis ont réunies dans un volume intitulé : le Myosotis , des petits chefs-d'œuvre . Le Hameau incendié, la Fau- vette du calvaire , lesPetits Souliers, la Souris blanche , Thérèse Sureau sont des merveilles en vers et en prose. Hégésippe Moreau avait l'horreur des pédants et ne parlait jamais littérature. « J'aimerais mieux , » disait-il en répétant le mot de Raffet jouer aux , » boules devant l'Observatoire que de causer littéra- ture ; » et il ajoutait : « Fuis les pédants, ils te man- , » géraient le goût. » Dans ses papiers on a pu retrou- ver des fragments malheureusementtrop incomplets d'un poème sur le fanatisme religieux dans lequel , comme épisode principal, il parlait de cette vieille bonne femme boiteuse et dévote arrivant en retard pour apporter son fagot au bûcher sur lequel on brû- lait Jean Huss. Il y avait là une pétarade sublime sur le Sancta simplicitas! qu'il m'avait lue et que j'ai eu le tort impardonnable d'oublier complètement. La plupart des écoliers ne conservent pas un bon souvenir de leurs maîtres . Je fais exception. Alexandre Leduc et Moreau sont restés dans ma mémoire comme mes premiers amis . l'École En 1 838 , j'étais à de droit et j'habitais, rue Favart, chez un ami de mon père. Tous les matins, à huit heures, je partais pour l'École, et, arrivé au Pont-Neufoù il y avait alors des baraques, je prenais du café au lait. Tandis que je mangeais, je voyais passer régulièrement un carrossejaune et bleu de la le d'Aumale cour, conduisant au collège Henri IV duc et le duc de Montpensier, qui n'avaient point encore terminé leurs études. A l'École de droit, j'eus des condisciples très distingués. Je citerai d'abord M. Adelon qui , tout professeur de médecine légale qu'il était à la Fa- culté , suivait le cours de M. Bugnet avec son fils , M. Adelon, qui devait être , en 1 87 0 , sous-secrétaire d' État . Il faut citer encore M. Girod de l'Ain ; M. Denor- mandie, qui fut gouverneur de la Banque de France et qui est sénateur; M. Andral , qui fut président du conseil d'État ; puis mon ami Félix Loyer, un philo- sophe et un sage .