BRUXELLES, D' ART E T D'HISTOIR E BRUXELLES, VILLE D'ART ET D'HISTO IRE V I L L E

Comité de coordination � Christine Denayer, Service des Monuments et Sites Pascale lngelaere, Service des Monuments et Sites Brigitte Vander Brugghen, Service des Monuments et Sites Marc Gierst, graphiste LA VALLEE

Recherche documentaire et rédaction Marc Villeirs DE LA Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert

ILLUSTRATIONS h = haut; m = milieu; b = bas; d = droite Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert: 6, 11(h), 13, 14(h),14(b), 16, 17(h), 18, 19, 20(b), 23(b), 25, 26, 27, 28, 30(h), 30(b); Archives générales du Royaume, Cartes et plans manuscrits: 9(h), 12, 17(b); Bibliothèque royale Albert Ier, Section des Cartes et Plans: 1 O; Bibliothèque royale Albert Ier, Cabinet des Estampes: 11(b), 20(h), 21, 23(h), 27, 29; ACL: 1, 7(h), 15(b), 24; Dessin Luc Allard: 3; Paul Baulers: 32; Hervé Callemien: 15(h); Martine Dujeux: 4; Daniel Frankignoul: 5, 8(b), 9(b), 22; Marcel Vanhulst - Région de Bruxelles-Capitale: photographies de couvertures; Geneviève Vermoelen: 31; Marc Villeirs: 2, 7(b), 8(h), 8(m).

------RENSEIGNEMENTS ------� Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert LA VALLÉE DE LA WOLUWE ...... 2 rue de la Charrette 40 - 1200 Bruxelles - expositions temporaires : ouverture annoncée par voie de presse Une occupation humaine ancienne...... 5 - centre de documentation sur l'histoire de Woluwe-Saint-Lambert du lundi au vendredi de 14 à 17 heures, Le peuplement de la vallée de la Woluwe sur rendez-vous préalable au n° tél. : 02/761 27 65 au moyen âge ...... 6 Les édifices décrits dans la brochure ne sont pas accessibles au public hormis : AUX OR.lGINES DU VILLAGE Chapelle de Marie-la-Misérable DE WOLUWE-SAINT-LAMBER.T ...... 10 avenue de la Chapelle 37 - 1200 Bruxelles (accessible tous les jours de la semaine, en dehors des offices) Seigneurs et propriétaires fonciers laïques ...... 10 Moulin à vent Les domaines abbatiaux ...... 12 avenue Emmanuel Mounier - 1200 Bruxelles (accessible les premier et troisième samedi du mois de 14 à 17 heures UNE APPROCHE TOPOGRAPH IQVE et le premier dimanche du mois, de 10 à 17 heures, toute l'année) DES TÉMOIGNAGES DU PASSÉ ...... 13 Rive gauche ...... 13 Les différents monuments et sites de la vallée de la Woluwe sont accessibles par les lignes suivantes : Rive droite ...... 19 Bus 28, 29, 42, 45 - Métro 1 B (station Roodebeek) LA VALLEE DE LA WOLUWE

UNE APPROCHE GÉOGRAPHIQUE En région bruxelloise, la Woluwe constitue le principal A l'instar du Maelbeek, de nombreux étangs bordaient la riviè- Le cours supérieur de la vallée de la Woluwe entre Watermael-Boitsfort affluent de la . Née en forêt de Soignes de la réunion de trois petits cours d'eau (le ruisseau des Enfants Noyés, le Vuilbeek et le Zwaanbeek) à hauteur du grand étang de Boitsfort, elle arrose successivement les communes de Watermael-Boitsfort, , Woluwe-Saint-Pierre et tance économique d'un cours d'eau tel Woluwe-Saint-Lambert. Au-delà, el le que la Woluwe. Son existence a pénètre en région flamande où el le se conditionné, depuis le moyen dans la Senne à Vilvorde. Longue de 21 km, elle prend une direction générale nord-nord-est (parallèle à la Senne dans son cours bruxellois) avant de s'infléchir dans la direction du nord­ ouest sur puis de se réo­ rienter au nord. Sur sa rive droite, la Woluwe reçoit comme principaux affluents le ruisseau de Rouge-Cloître (Auderghem) et le Struykbeek la Woluwe à Auderghem, (Woluwe-Saint-Lambert). Ceux-ci coulent encore à l'air libre, à hauleur de la chaussée de Wavre (anciennement dénommée chaussée dans une partie de leur cours tout au moins. Sur la rive gauche de Tervueren) vers 1900. citons le Watermaelbeek (Watermael-Boitsfort et Auderghem), le Bemelbeek (Woluwe-Saint-Pierre) et le Roodebeek (Woluwe-Saint-Lambert) qui tous trois sont aujourd'hui voûtés. Le bassin hydrographique de la Woluwe ne couvre pas moins de 9400 hectares. La Woluwe présente un profil longitudinal assez peu marqué ( si ce n'est à Boitsfort. Son cours supérieur offre une vallée t assez étroite caractérisée par des pentes abruptes (Watermael­ Boitsfort) qui s'évase ensuite rapidement. Rivière de bas pla­ teau, son embouchure à Vilvorde confine à la plaine (moins de 2 20 mètres d'altitude). âge, l'implantation de l'habi­ Dès 1769 , un auteur affirmait que le site prés entait un aspect tat humain et les activités agréable du fait des nombreuses sources , des terres , des prés, connexes (moulins, bras se­ des étangs, des bois et autres plantations qui l'agrémentaient. ries , élevage, etc.). A cette En 1855, Alphons e Wauters écrivait dans son Histoire des riches se s'ajoutent les poten­ environs de Bruxelles, que «peu de villages présentent autant tialités offertes par le sol et le de sites pittoresques que Woluwe-Saint-Lambert et Woluwe­ sous-sol de la vallée. Saint-Pierre; leurs prairies émaillées de fleurs , leurs nombreux Les alluvions quaternaires étangs , les petits bois jetés çà et là, au travers du pays age, les (amalgame de limon, sable, mais ons de campagne que l'on rencontre à chaque pas , for­ argile, tourbe et cailloutis ) ment un ens emble riant et pittores que [ ... ]». Lors que la ligne dépos ées sur les rives du de chemin de fer Bruxelles-Tervueren eut dés enclavé les cours d'eau par les inonda­ Pont rustique au parc de Woluwe. Woluwe dans les années 1882 -1883 et que les premières Recomposition factice de la nature tions sais onnières ont enrichi le fond de la vallée. Les vers ants , lignes de tramways eurent été établies à la suite du tracé de à effet pittoresque réalisée dans le cadre quant à eux, se sont couverts durant le pléis tocène d'une de l'aménagement de l'avenue l'avenue de (189 7) et du boulevard du Souverain, la de Tervueren (1897). La cascade couche de limon d'origine éolienne (loes s)d'une grande fertili­ vallée devint un but d'excurs ion dominical apprécié des et les étangs sont alimentés té qui a été exploitée dès la fin du x1xe siècle (à Woluwe­ par le 8emelbeek. Bruxellois avides de verdure et de pays ages agres tes . Parmi les Saint-Lambert en 189 8) par de nombreuses briqueteries . plus fortunés, nombreux furent ceux qui s'y ins tallèrent où y Quant au sous-s ol, il se compose pour l'essentiel d'une épais se construis irent leur mais on de campagne, accélérant du même couche de sable tertiaire de l'étage bruxellien recelant notam­ coup le mouvement d'urbanis ation. ment des bancs de grès sablonneux utilisés durant des siècles dans la construction et, depuis le XVIIIe siècle, pour la produc­ UNE OCCUPATION HUMAINE ANCIENNE tion de chaux des tinée à l'amendement des terres . La séduction de la vallée de la Woluwe sur l'homme ne date Fait important à souligner, la vallée de la Woluwe constitue, cependant pas d'hier. Certes , les motivations qui animaient La Woluwe à hauteur du parc Malou, malgré des aménagements parfois cons idérables, l'un des sites l'homme préhis torique n'avaient rien de commun av ec celles vers 1900. les mieux prés ervés de toute la région bruxellois e. Plus ieurs de la bourgeois ie bruxellois e du tournant de siècle. Mais les facteurs ont contribué à cet état de chos es: position excen­ facteurs d'attraction qu'offrait la vallée (abondance de l'eau, trique par rapport au centre-ville ayant entraîné une urbanis a­ relief accidenté, fertilité du sol, ... ) étaient analogues. tion plus tardive et moins dens e, intervention personnelle du Toutefois , là où le Bruxellois de 19 00 ne voyait que pitto­ roi Léopold Il, etc. res que et agrément, le cultivateur néolithique envis ageait la ques tion sous l'angle plus pros aïque des néces sités de la vie «UN COIN DES ARDENNES AUX PORTES DE BRUXELLES» (s ys tèmes de défens e, ressources alimentaires, etc.). S'il n'évite pas le cliché, ce sous-titre d'un article cons acré à la Les représ entants de la civilisation néolithique du Michels berg Bulletin du Touring vallée de la Woluwe paru en 19 38dans le (ains i nommée d'après un site de Bade, en Allemagne) sont les Club de Belgique es t conforme à l'image que bon nombre premiers à avoir pris pied durablement dans la vallée de la d'habitants de la capitale se fais aient des coteaux verdoyants, Woluwe, et cela dans les années 2250 à 19 00 avant notre ère. des champs, des prés et des bois qui compos aient le paysage Le site majeur de cette société dans la région bruxellois e se situe woluwéen voici à peine plus d'un demi-s iècle, et ce malgré les sur le territoire de Watermael-Boitsfort, au sud-oues t du grand 4 premiers as s auts d'une urbanis ation envahis sante. étang de Boitsfort. Un promontoire délimité par le ruis seau des 5 Enfants Noyés et le Vuilbeek a été aménagé dimension restreinte (tout au plus 50 à 60 hectares de terres en habitat fortifié sur une superficie d'environ défrichées) semble indiquer qu'il est de création récente, peut­ neuf hectares et occupé probablement pen­ être de la fin du 1xe siècle. dant plusieurs siècles. A Woluwe-Saint­ L'extension du mouvement de mise en culture dans le cadre Lambert, c'est une éminence sablonneuse du territoire domanial de Watermael va aboutir à l'apparition dominant le confluent du Struykbeek et de la des hameaux d' Auderghem et de Boitsfort, tous deux situés sur Woluwe (à proximité du moulin de Linde­ la Woluwe. A Auderghem, on date la construction de la cha­ kemale), qui a fait l'objet d'une occupation. pelle Sainte-Anne des x,e_ x11e siècles, ce qui implique l'exis­ Bordé par l'eau à l'ouest et au sud, le site tence, en cet endroit, d'un noyau d'habitat déjà relativement La chapelle Sainte-Anne à Auderghem offrait une position défensive remarquable. peuplé à cette époque. La mise en exploitation de cette partie est un exemple de petit oratoire rural Le site de l'ancien habitat néolithique De l'époque romaine, la vallée de la Woluwe a livré relative­ du domaine de Watermael paraît donc se situer chronologi­ adapté en chapelle privée. Convertie en ferme après sa désaffection en 1843, situé derrière le moulin de lindekemale. quement au début du x1e siècle, époque du démarrage des Connu sous le nom de Molenbos depuis ment peu de choses. Quelques pièces de monnaies ont été elle fut rachetée en 1910 par le xv11e siècle. Le terrain sablonneux récoltées de manière dispersée à Woluwe-Saint-Pierre. A grands défrichements, phase de prospérité économique mar­ Charles-Henri Dietrich qui l'intégra e à son domaine de Val-Duchesse. a permis la plantation au x1x siècle quante du moyen âge en Europe occidentale (Xle-x111e siècles). de pins et de bouleaux. Woluwe-Saint-Lambert, les traces concrètes d'une présence La restauration, opérée en 1916-1917 romaine sont une pièce de monnaie du règne de Néron, frap­ Auderghem conservera cependant ses I iens de dépendance sous la direction du chanoine Lemaire, a porté sur une restitution de l'édifice pée à Lyon vers 64-66 de notre ère, récoltée non loin du centre vis-à-vis de l'église-mère de Watermael jusqu'à la fin de roman originel. du village, et des fragments de tuiles et de carreaux d'hypo­ l'Ancien Régime. Les deux communes, elles-mêmes, ne se causte (système de chauffage) exhumés dans la vallée de la sépareront qu'en 1863. Woluwe au bas de l'avenue Paul Hymans. La toponymie loca­ Cette politique de défrichement ne fera cependant jamais le a d'autre part conservé le souvenir de deux sépultures, deux perdre totalement à Auderghem son caractère forestier. Elle offrira un refuge à deux communautés religieuses: le prieuré tumuli arasés depuis des siècles: le Tompveld (emplacement Watermael au début du siècle. actuel du square Joséphine-Charlotte) et le Tomberg. Peut-être dominicain de Val-Duchesse, fondé en 1262 à l'initiative de la Quelques maisons blotties autour duchesse de Brabant Aleyde et le couvent augustinien de de l'église Saint-Clément forment un centre domanial a-t-il existé à Woluwe-Saint-Lambert dès le noyau villageois qui domine le Haut-Empire ? Rouge-Cloître, créé en 1366 à partir d'un ermitage antérieur. la vallée du Watermaelbeek.

LE PEUPLEMENT DE LA VALLÉE DE LA WOLUWE AU MOYEN ÂGE Après une rupture d'au moins sept siècles, c'est au début du xe siècle que l'on voit réapparaître la trace d'un habitat per­ manent, non pas sur la Woluwe même mais en tête de vallée d'un de ses affluents, le Watermaelbeek. En 914 l'abbaye de Saint-Martin de Tours fait l'acquisition de Watermael, un domaine de clairière organisé selon le schéma type du domai­ ne carolingien, comprenant terres cultivées, friches, bois, prés, pâturages, manses serviles (tenures exploitées de manière indi­ recte par des serfs). Dès ce moment, il est doté d'une structure paroissiale, l'église Notre-Dame (actuellement Saint-Clément) 6 et d'un équipement économique, un moulin. Néanmoins, sa 7 Panorama de Boitsfort vers 1900. Bien que nés de la forêt de Soignes , à Contrairement à Watermael, le hameau de Boitsforts'est principalement l'instar de Watermael, Auderghem et développé à fonds de vallée. Boitsfort, les deux Woluwe offraient A partir du x1xe siècle les versants sont conquis par des villas et avant l'urbanisation un profil écono­ maisons de campagne. mique tout différent, orienté principa­ lement sur l'agriculture céréalière. Des circons tances d'ordre historique ont prés idé à cette différentiation. Les origines de Woluwe-Saint­ Lambert sont as sez nébuleus es . Un En ce qui concerne Boitsfort, dont on relève la première men­ acte daté de 1047 mentionne qu'un pers onnage nommé Le domaine du Bovenberg à Woluwe-Saint-Pierre en 1775. tion au début du x111e siècle (un Léon, fils de Godefroid de Baldéric (sans doute le comte de Louvain Lambert Il) a jeté les Centre d'exploitation d'un vaste ensemble Boitsfort, est signalé dès 1227), les liens avec l'univers fores tier bases d'une églis e à Brux elles en y fondant un chapitre de de terres, prés et bois s'étendant aux xv111e.x1xe siècles sur près de sont particulièrement étroits . Du moyen âge à la fin de chanoines et l'a dotée de divers biens , en particulier de sept 120 hectares de part et d'autre de la bonniers de terres à Woluwe. Ce village de Woluwe est iden­ Woluwe. Propriété de l'hôpital Saint-Jean l'Ancien Régime, la localité devra sa pros périté à la prés ence de Bruxelles, il se forma dès le milieu de la vénerie ducale (organe de gestion des chas ses des ducs tifié à Woluwe-Saint-Lambert où les droits ecclésiastiques du xme siècle suite à des donations e (e.a. patronat et dîmes) étaient ex ercés par le chapitre des et ventes opérées par d'importantes de Brabant) qui s'y ins talle vers la fin du XIII siècle. familles du patriciat urbain bruxellois. Au XVIIIe siècle, de nouveaux défrichements , la cons truction chanoines de Sainte-Gudule. Bien qu'après analys e le docu­ Une partie des bâtiments d'exploitation ment se soit révélé être un faux composé vers 1185-1190, sa subsistent encore à l'heure actuelle de la chaus sée de Brux elles à La Hulpe et le développement dans la propriété Blaton. de l'artisanat du bois joueront un rôle non négligeable dans teneur est par contre vraisemblab.le et permet de croire à l'es sor démographique de ce hameau fores tier, dépas s ant ains i l'ex is tence de Woluwe-Saint-Lambert dès le milieu du x1e Watermael en importance. Au siècle suivant, le transfert en siècle. Au x11e siècle, la crois sance démographique fera naître Le château Charles-Albert à Boitsfort. 1851 de la maison communale et le tracé de la ligne de che­ le hameau de Roodebeek (nommé d'après le petit affluent de Le moulin du Bovenberg à Woluwe-Saint­ Véritable manifeste de l'architecture 1173. Pierre. Rasé en 1897 pour la construction néo-renaissance flamande et spécimen min de fer Brux elles -Namur confirmeront cette prééminence. la Woluwe) dès avant du dépôt des tramways de la «Société particulièrement prestigieux de C'est l'époque où les représ entants de la nobles se et de la Les sources ne rens eignent formellement Woluwe-Saint-Pierre anonyme du chemin de fer à voie étroite «maison de campagne• implantée 1173, de Bruxelles à lxelles-Boendael•, dans la vallée de la Woluwe aux abords haute bourgeois ie de la capitale (les Bis choffsheim, Verhaegen, qu'en date à laquelle l'évêque de Cambrai octroie l'égli­ concessionnaire de la ligne de Bruxelles immédiats de la forêtde Soignes. d'Ursel, etc.), séduits par le caractère bucolique du lieu, y font se et les droits parois siaux du village à l'abbaye de Fores t qui à T ervueren, absorbée en 1899 par Vers 1900, le territoire de Watermael­ la société des «Tramways bruxellois• Boitsfort ne compte pas moins cons truire des demeures de campagne amorçant du même les cons ervera jus qu'à la fin de l'Ancien Régime. La création (actuel dépôt de la S. T. 1. B. et de 46 châteaux et demeures de plaisance. coup le mouvement d'urbanisation. de Woluwe-Saint-Pierre doit cependant être reportée de plu­ Musée du transport urbain bruxellois). sieurs décennies en arrière, voire au moins d'un siècle. Le hameau de Stockel, qui res s ortit toujours de Wol uwe-Sa i nt-Pi erre, notamment sur le plan ecclés ias tique, apparaît Panorama du village de Woluwe-Saint-Lambert en eff et dans les textes 8 depuis la vallée. Vers 1930. dès 1147. AUX ORIGINES DU VILLAGE DE WOLUWE-SAINT-LAMBERT

SEIGNEURS ET PROPRIÉTAIRES FONCIERS LAÏQUES l ' .,.,...,, -,.:}• Selon toute vraisemblance, les comtes de localisés dans la partie occidentale de Woluwe-Saint-Lambert, ,,\' .. ' Louvain (qui porteront le titre de duc de seront ainsi donnés ou vendus à l'abbaye de Forest par les châ­ . ,; Brabant à partir de 1106) furent les premiers telains et leurs vassaux. détenteurs d'une large part, si pas de la totali­ Autres grands propriétaires fonciers locaux, les membres de la té du patrimoine foncier de Woluwe-Saint­ famille seigneuriale de Woluwe détenaient l'essentiel de leur Croquis à la plume sur parchemin Lam bert e t ils y e xe rcère nt l e pouvoir patrimoine dans la partie orientale de la commune, sur la rive représentant l'Hof van Brussel et l'église juridique, économique et spirituel. Une droite de la Woluwe. Gérard de Woluwe, le premier représen­ Saint-Lambert en 1553. Ce dessin révèle le caractère purement économique réserve domaniale comprenant terres arables, tant connu, est cité en 1129. Ses derniers descendants occupe­ de l'Hof van Brussel au xv1e siècle. pâtures, prés, bois, bruyères, étangs, ... se ront, au tournant des x111e et x1ve siècles d'importantes A l'arrière-plan, un groupe de bâtiments aujourd'hui disparu comportant développait autour du noyau villageois et le fonctions dans l'administration ducale. Notons qu'une famille corps de logis, grange el étable. long de la rive gauche de la Woluwe. Une de Woluwe, probablement descendante d'un cadet du lignage population rurale, placée sous la férule d'un rural, figure en bonne place parmi les composantes de l'aristo- Carle de la vallée de la Woluwe «villicus» (agent domanial également chargé de l'exercice de cratie urbaine bruxelloise aux x1ve et à Woluwe-Saint-Lambert et la justice dans les degrés inférieurs fla basse-justice]), cultivait 1 xve siècles. Woluwe-Saint-Pierre, vers 1858. Le même site dessiné en 1831 Ce document montre combien les terres conquises sur le massif forestier. Suffisamment peu­ Durant les x11e et x111e siècles, l'abbaye par Paul Vitzthumb. la présence de l'eau conditionne e ee l'implantation de l'habitat et des plée, la petite communauté fut dotée, comme on l'a vu, d'une de Park, fondé à Heverl près de activités économiques dans le milieu structure paroissiale sans doute au x1e siècle. Dès le x11e siècle Louvain en 1128-1129, bénéficiera rural traditionnel (exploitations agricoles, e moulins, brasseries, etc.). au moins, les ducs abandonnèrent l'exploitation directe de de leurs larg sses à un point tel que leur patrimoine. le patrimoine familial s'en verra Les châtelains de Bruxelles, représentants et agents de l'autori­ entamé de manière considérable. té ducale à Bruxelles et environs, n'en étaient pas moins d'importants propriétaires fonciers. L'étendue et la composi­ tion de leur domaine à Woluwe-Saint-Lambert transparaissent au travers de cessions de biens, faites aux x11e et x111e siècles, à des fondations monastiques nouvelles de la région bruxelloise, en particulier l'abbaye de Forest. Dès le milieu du x11e siècle, une partie de la couverture forestiè­ re séparant les vallées du Maelbeek et de la Woluwe avait été cédée à Forest. Elle correspondait au Bois de Linthout qui éten­ dait ses frondaisons sur et Woluwe-Saint-Lambert. 10 Des terres (plusieurs dizaines de bonniers) et des prés, tous 11 LES DOMAINES ABBATIAUX L'apport des propriétaires laïcs a joué un rôle déterminant UNE APPROCHE TOPOGRAPHIQ!)E dans la cons titution des domaines ag ricoles gérés par des ins ti­ tutions ecclésias ti ques. L'abbaye bénédictine de Fores t, fondée DES TÉMOIGNAGES DU PASSÉ en 10 96 et placée jusqu'en 12 38 sous la tutelle de l'abbaye d'Aff l ig hem, était, dès avant 111 7, en possession de ce qui deviendra l'H of ten Berg. En 12 45 , lors que les bi ens apparte- nant à Forest lui sont confirmés par une bulle du pape RIVE GA UCHE Innocent IV , ils se répartis sent es s entiellement en deux enti­ LE NOYAU VILLAGEOIS tés dis tinctes : à l'oues t, le Bois de Linthout, source L'actuelle place du Sacré-Cœ ur et ses environs immédiats d'approvisionnement en bois , rés erve de gibier cons tituent le noyau orig inel de Woluwe-Saint-Lambert. et parc à porcs pour la glandée; au nord- Conformément au schéma type d'implantation humaine en es t le vaste domaine ag ricole de moyenne Belg ique, il occupe un emplacement chois i avec l'H of ten Berg compos é de soin sur la lig ne de jonction des terrains humides de la vallée terres de cultures et de prai­ (où la prés ence de l'eau constitue un élément déterminant ri es qui s'étendent de ra dans l'économie d'une communauté rurale) et des terrains Woluwe à l'actuelle chaus sée li moneux des sommets et vers ants (cultures céréalières). de Louvain. L'abbaye prémon­ On tr ouve à cet endroit les compos antes du pouvoir local, à trée de Park acquit, quant à savoir le temporel: un centre d'exploitation ag ricole ég alement el le, la maj eure partie de ses sièg e d'une structure adminis trative (Hof van Brus sel) -auquel biens des familles seig neu­ se substituera la mais on communale au x1 xe siècle- et le spiri- riales de Woluwe et de tuel matéri alis é par l'ég li se, la Le centre du village vers 1900. Wez embeek (alliée aux Succession des composantes religieuse cure et la grang e aux dî mes (église) et civile (Hof van Brussel) e Woluwe) au cours des x11 _ (aujourd'hui dis parue). de l'autorité locale au moyen âge. XIIIe siècles. Son vaste domaine, plus homog ène que celui de Fores t, s'étendait en majeure partie au sud et à l'oues t de Stock el. Cette partition du terri toire woluwéen et la marque qu'elle Les bâtiments de l'Hof ten Berg, en 1713, établis entre le vieux chemin imprég na sur le pays age local n'allaient plus se modifier de de Roodebeek à Woluwe-Saint-Etienne manière fondamentale jus qu'au xxe siècle. Durant neuf et la Woluwe. En contrebas, le moulin «ten Berg•, dépendant directement siècles la vallée resta vouée à des activités purement rurales et de l'exploitation. artis anales (élevag e, pêcherie, meunerie, bras s erie, etc.). C'es t la cons truction du collecteur de la Woluwe (deux phases de travaux : 1932-1933 et 194 8) qui cons tituera le point de départ d'un bouleversement radical du site. Il amorcera le proces sus d'urbanis ation de la vallée qui prendra défi nitivement son essor à partir de l'ouverture du boulevard de la Woluwe à la 12 circulation, en 1964. 13 La dimension spirituelle : l'église Saint-Lambert La date d'acquis ition des droits parois siaux de Woluwe-S aint­ Lambert par les ch anoines de la col légiale des Saints-Michel­ et-Gudule de Brux elles n'es t pas connue, mais ell e paraît au moins antérieure aux années 1180. Un inventaire de 132 8, énumérant les biens affectés aux différentes prébendes des douz e grands chanoines , nous donne un panorama des pos­ sessions du chapitre à Wol uwe-S aint-Lambert: le patronat, les En 1938-1939 l'église fut agrandie pour répondre au nombre croissant de fidèles. dîmes , grandes et petites , le produit des offrandes (dont une La disproportion de la nouvelle nef part es t rétrocédée au curé au titre de sa compétence) et un par rapport au clocher de l'église primitive est heureusement total de près de 16 bonniers de terres. atténuée par l'unité du style. 27 1942 , L'église Saint-Lambert en 1707 avant Clas sés par Arrêté royal en date du av ri l les él éments les importantes transformations opérées les pl us anciens , notamment la partie central e de l'ancienne sous la pastoral du curé Philippe e Le domaine temporel : l'Hof van Brussel Van der Zypen (1717-1750). nef et la tour, sont datés du x11 siècl e. Bien que le pl an initial Le plan primitif de l'église transparaît de l'églis e ait été profondément modifié au cours des siècles , il L'H of van Brus sel tient son nom d'une famille de juris tes qui encore sur ce document. devait dével opper à l'origine un plan bas ilical avec tour de en fut ladétentrice au xv 1e et au début du xv 11e siècle. Cette façade et nef uniq ue à trois ou quatre travées suivie d'un appel lation ne serait cependant pas antérieure au début de chœur à chevet plat. notre siècl e, aucun document ancien ne le mentionnant sous Av ant 1712 , l'églis e subit des transfor mations notoires : agran­ ce nom. dis s ement de la nef et du chœur, adjonction de bas-côtés , édi­ Pl anté au sein d'une superbe propriété privée, on imagine mal fication d'une ch apelle consacrée à Notre-Dame, percement au premier abord que ce petit castel à la ph ys ionomie is sue en 1717 d'une porte d'entrée à la bas e sud de la tour, puis , entre droite ligne d'un conte de fée, dut être à l'origine une ex ploita­ l'Hof van Brussel vu de la rue Sombre et 1750, prolongement de la nef et des bas-côtés qui sont tion agricole. vers 1890. réunis sous un même toit. Au x1xe siècle, le ch œur es t recons ­ truit et doté d'une décoration intérieure néogoth ique. En 1938, enfin, une nouvel le églis e de style néo-roman, beaucoup plus vas te, œuvre de l'architecte Guil laume-Ch rétien Vera art (1 872-1951), sera accolée à l'ancien édifice. A l'ins­ tar des parties anciennes de l'églis e, le site du vieux cimetière a été clas sé en 1942 .

La tour de l'église Saint-Lambert vers 1900. Le cimetière entourant l'église ne fut désaffecté qu'en 1898. A gauche, la «kostershuis» ou maison du sacristain. Elle fit office d'école 14 � communale à partir de 1824. 15 Voisin immédiat de l'église, il en est le pendant temporel. Ses C'est durant cette période que la fonction purement agricole origines sont inconnues, mais la position qu'il occupe au sein du complexe va progressivement céder le pas à la fonction du village tend à faire penser qu'il fut le centre d'exploitation résidentielle qu'il conservera jusqu'à nos jours. de la réserve domaniale (comprenant bâtiments agricoles, L'Hof van Brussel et le parc qui l'entoure ont été classés en terres cultivées, prés, vergers, étangs et cours d'eau, bois, etc.). 1994. Signalons, à proximité immédiate, deux classements Sa première mention dans les textes remonterait à 1402, date à intervenus en 1984 : d'une part la place du Sacré-Cœur, laquelle ses propriétaires du moment, les van der Meeren, le d'autre part le parc de la villa des Tilleuls, belle demeure de mettent en vente. Les van der Meeren constituent un lignage campagne de style néoclassique édifiée en 1837, situé rue descendant d'une famille de «ministeriales» (officiers au servi­ Voot. Le 't Sas, propriété de campagne dont ce des ducs de Brabant) originaire de Sterrebeek où ils se les origines remontent sans doute au début du XVII• siècle. Acquise en manifestent à la fin du x11e siècle. Vers le milieu du x1ve L' EXEMPLE D'UNE FERME ABBATIALE: L'HOF TEN BERG 1648-1649 par Evrard de Champaigne, bourgmestre de Bruxelles. Partiellement Le corps de bâtiment orné siècle, un membre de cette famille se Dans une charte de 111 7, l'évêque de Cambrai Burchard entourée par un fossé, elle se dressait de tourelles qui confèrent à l'édifice serait allié à une descendante de la famil­ confirme à l'abbaye bénédictine de Forest un ensemble de en contrebas du village, en bordure de un charme indéniable n'est qu'une la Woluwe. Rasée en 1952 en prévision «médiévalisation• datant de le de Woluwe qui lui aurait apporté la possessions parmi lesquelles un alleu dénommé Wernesberge, de la construction du boulevard la fin du x1xe siècle. seigneurie du même nom située sur la situé à Woluwe, que l'on l'identifie avec le site de l'Hof ten de la Woluwe. rive droite de la Woluwe. La détention Berg. Cette cession doit avoir été opérée aux alentours de des biens domaniaux de la rive gauche 1105-111 O. La position du domaine de l'Hof ten Berg à la par les van der Meeren pourrait périphérie de l'ancien territoire paroissial de Woluwe-Saint­ s'expliquer par l'aliénation des biens Lambert (coïncidant en cet endroit avec le territoire commu­ nal) plaide pour une création postérieure au noyau d'habitat fonciers de l'ancienne réserve doma- l'Hof ten Berg en 1786. En haut, le corps niale (en ce compris l'Hof van groupé autour de l'église Saint-Lambert. Des accroissements de logis de 1750; à gauche, des étables ou écuries édifiées à l'emplacement Brussel) par le duc de Brabant, successifs en 1125, 1203 et 1238, par donations et achats du corps de logis primitif; sans doute dans le courant du auprès de membres de l'aristocratie brabançonne, portent non à droite, l'ancienne grange, disparue entre 1820 et 1836. x1ve siècle. seulement sur des biens fonciers environnants mais également Des années 1500 à la fin de sur des terrains au hameau de Roodebeek. l'Ancien Régime, on suit Un document de 1238, parlant de la «curtis» de l'abbaye de sans peine la succession Forest à Woluwe, serait le premier à mentionner en propre de ses différents proprié­ l'existence de l'exploitation agricole. En 1328, elle doit un taires (van der Noot, de fermage impressionnant (37 muids de seigle, 10 muids Longueville, de Brouxelles, d'orge, 27 muids d'avoine) qui révèle une production de Middelton, de Bruneau, orientée vers le secteur céréalier. Il faut cependant de Cock) tous représen­ attendre 1543 pour avoir une idée précise de la tants plus ou moins presti­ superficie de l'exploitation qui couvre alors envi­ gieux de la noblesse de nos ron 105 bonniers de terres cultivées. On note régions, juristes, officiers également à ce moment une certaine diver­ ducaux ou membres des sification de la production : culture du lin, hautes assemblées des de la navette (plante oléagineuse), élevage 16 Pays-Bas méridionaux. des moutons, ... 17 RIVE DROITE LA SEIGNEURIE DE WOLUWE Le Slot, résidence seigneuriale Des origines du Slot, que la tradition locale a toujours considé­ ré comme étant l'ancienne demeure des seigneurs de Woluwe, on sait en fait peu de choses. Dès 1282 au moins, la branche rurale de la famille seigneuriale de Woluwe porte le surnom de «de Castro» (fi. : van der Borght; fr. : du Château), ce qui porte à croire qu'ils possédaient un lieu de résidence fortifié. Ce pourrait être le premier indice indirect de l'existence du

1 L Hof ten Berg en hiver, vers 1965. Slot. Alphonse Wauters affirme dans son Histoire des Environs A l'avant-plan, champs au repos e e et marécage à roseaux (phragmites). de Bruxelles (1855) qu'en 1291 le «manoir» dont J an IV d Moins de trente ans ont suffi pour faire Woluwe était le détenteur se situait «apud Tiliam», c'est-à-dire de ce paysage une image du passé. «près du Tille ul». On p e ut pe nse r que cette m e ntion s'applique au lie u-dit «Lindeke male» (dont le rad ical Cette belle prospérité va être mise à mal par les guerres de reli­ «Lindeke» signifie «tilleul»), appellation qui s'est également gion (à partir des années 1570) et les guerres de Louis XIV attachée au moulin voisin. Ainsi rien ne s'oppose à ce que l'on e (seconde moitié du xv11 siècle). Une pierre armoriée, insérée identifie l'emplacement du château des Woluwe avec le Slot, Le Slot vers 1910 alors qu'il était occupé dans un mur de clôture en contrebas du corps de logis, porte d'autant que l'on retrouve dans les environs immédiats des par une famille de maraîchers. L'étable encore la date (quasi illisible) de 1657, témoignage d'une éléments constitutifs caractéristiques d'un domaine seigneurial à l'arrière-plan ne fut édifiée qu'en 1898. reconstruction. En 1675 et 1696 la fe rme subit de lourdes médiéval : un moulin à eau (le moulin de réquisitions pour les armées de passage. Un document du Lindekemale , passé entre les mains des temps spécifie qu'elle est «geruineert» ce qui tend à penser Prémontrés de Park-lez-Heverlee dans le que les bâtiments ont subi des déprédations graves. L'amélio­ courant du x11e siècle), une chapelle ration manifeste de l'état de l'agriculture dans nos régions au se igneuriale (la chape lle d e e XVIII siècle fera sentir ses effets ici aussi. En 1750, la disposi­ Marie -la-Misérable), une tion générale des constructions est entièrement remodelée. exploitation agricole (l'Hof Elle ne subira plus de changement notoire jusqu'à nos jours, à ten Groenenberg, dis­ l'exception toutefois de la grange, démolie entre 1820 et 1836 paru e ve rs 1850). et remplacée par un édifice similaire plus réduit. Vendu comme bien national en 1797, l'Hof ten Berg est rache­ té par son fermier, François De Clerck, dont la nombreuse des­ cendance procédera, au gré des successions, au morcellement des te rres et de la ferme. Cette partition conduira, dès les années 1900, à l'abandon progressif des fonctions d'origine des bâtiments hormis le corps de logis qui conserve encore aujourd'hui sa destination primitive. Les étables (aile nord) 18 seront converties en logements et la grange désaffectée. 19 nom, non loin de la chapelle de Marie- la-Misérable) aurait alors prévalu comme seule et unique ré sidence seigneuriale, notamment pour des raisons de salubrité. On sait que le Slot abrita une ferme au moins dès le milieu du x1xe siècle. C'es t à cette époque que deux annex es à us age probablement utilitai­ re situé es au nord-es t, en bordure du chemi n du Vellemolen, furent dé molies. Après avoir abrité des maraî chers jusqu'en 1967, le Slot fut Le Slot entouré de pâturages. Les alignements de peupliers, acquis par la commune de Woluwe-Saint-L ambert et classé ici en bordure de la Woluwe, comme monument en 19 75. Sa res tauration a été mené e à constituaient autrefois un trait caractéristique du paysage de la vallée. bien de 1986 à 19 88.

La chapelle seigneuriale de Marie-la-Misérable Dans un document de 1661, le Slot es t dé signé comme étant «het audt cas teel» (le vieux château), ce qui vient à l'appui de Admirablement encadré e dans son écrin de verdure, la chapel­ cette hypothès e. On ignore cependant tout de son as pect origi­ le Notre-Dame des Sept-Douleurs , mieux connue sous l'appel­ nel. Des fouilles arché ologiques , opé ré es en 19 84, ont permis lation populaire de chapel le de Marie-la-Misérable, domine la de précis er l'évolution chronologique du site grâce à la mis e à val lé e de laWoluwe depuis plus de six siècles. La chapelle de Marie-la-Misérable Elle es t le siège d'une légende pieus e de la fin du moyen âge en 1831, par Paul Vilzlhumb. jour des fondations de pl us ieurs bâtiments antérieurs à l'édifice A l'arrière-plan, on aperçoit une aile Trois phas es successives ont été dé terminées. La plus mettant en scène une jeune ermite pré nommé e Marie, belle et de l'Hof te Groenenberg, exploitation actuel. agricole disparue vers 1850. ancienne remonte vraisembl ablement à la seconde moitié du pauvre, confronté e aux as s iduités d'un jeune homme fortuné x1v e siècle et porte sur les ves tiges de fondation d'un édicule Bien qu'un établissement moderne perpétue l'enseigne «ln de Kwak» et reste autrefois situé à l'emplacement de l'annex e moderne abritant les un point de ralliement des promeneurs cuis ines du res taurant. Une deux ième étape se place au dé but de la vallée, il n'a rien de commun avec le pittoresque cabaret rasé en 1938 pour du xv e siècl e (au plus tard) et concerne un bâtiment carré dont le tracé de l'avenue Emile Vandervelde. le mur sud a servi par la suite de fondation au Sl ot actuel. L'aile annexe à l'arrière-plan avait été édifiée au siècle dernier sur les fondations D'abondantes traces de bois et de torchis calcinés lais sent sup­ d'un moulin à papier connu dès pos er que la supers tructure était cons truite en maté riaux pé ris ­ les années 1560 et désaffecté vers 1785. En 1789, le Kwak devint la propriété sables. La trois ième phas e remonte au xv 1 e siècle et se de Jean-André Orban, premier maire caractéris e es sentiellement par la cons truction de l'édifice de Woluwe-Saint-Lambert (1800-1808), qui cumulait les professions d'aubergiste, actuel. Les fouilles ont permis la mis e à jour d'un abondant de tanneur et de cultivateur. maté riel arché ologique s'étalant entre le x1v e et le XV IIIe siècle. La date et les circons tances de la convers ion de l'édifice en exploitation agricole sont difficiles à dé terminer mais pour­ raient dé jà remonter à l'é poque où la famille Kieffel t, seigneur foncier de Stock e! , ré unit par achat ses possessions à cel les des Arms torff, seigneurs de Wol uwe-Saint-L ambert aux xv 1e et e XV II siècles et proprié taires du Slot. Le château Kieffelt (qui se 21 20 dressait jus qu'en 1935 à l' emplacement de la rue du même -., mais peu recommandable qu i Dans les années 192 0, les mar­ t la fera injustement condamner qu is de la Boëssière-Th iennes , à mort pou r n'avoir pu obtenir héritiers des derniers seig neu rs ses faveu rs . La première rela­ de Wolu we, cédèrent la chapel­ tion connu e de ce récit es t le à la cong rég ation des Pères l' œuvre du sous-prieu r du as somptionnistes . Res tau rée en Rouge-Cl oître Jean Gill emans , 196 9-19 71, elle cons erve un décédé en 14 87, célèbre pou r beau mobilier (clôtu re du ses ou vrag es d'hag iog raphie chœur, chaire de vérité, trip­ cons acrés notamment au x tyqu e illustrant la vi e de Marie­ saints du Brabant. Qu 'elle soit la-Mis érable [panneau central imag inée de tou te pièce où ins ­ daté de 16 09],... ) remontant Chapelle el ermitage vers 1920. e Ce paysage dégagé photographié pirée de faits réels (u ne polémiqu e acharnée mit au x pris es , pou r l'es sentiel au xv11 siècle, qu i fu t offert par Georg es Ill vers 1920 met en évidence la position voici plus d'u n demi-s iècle, deu x érudits qu ant à l'au thenticité Kieffelt, seig neu r de Stock el et propriétaire des lieu x. La belle dominante de la chapelle dans la vallée. Les abords commencent à se couvrir du pers onnag e de Marie-la-Mis érable) , la rédaction de cette pierre tu mu laire de celu i-ci se remarqu e dans le hall d'entrée. de villas. lég ende se place dans un contex te spiritu el bien défini: l'essor Reg rettons tou tefois qu e cette res tau ration, guidée par les nou ­ du cu lte marial en Occident à la fin du moyen âg e sou tenu par veau x concepts en matière litu rg iqu e, n'ait cons ervé qu e des un cou rant mys tiqu e nouveau , la «dévotion moderne» , diffu sé œuvres de valeu r artis tiqu e, confinant la chapelle dans un rôle par les chanoines réguliers de Saint-Augustin au xqu els appar­ étroit de mu sée d'art relig ieu x.Tou s les témoig nag es de la fer­ tenait Gillemans . veu r popu laire (par ex emple les ex-voto) , part intég rante du On ig nore la date ex acte de cons tru ction de la chapelle mais patrimoine socio-rel ig ieu x, ont été éliminés. des éléments stylis tiqu es tendent à faire pens er qu 'elle a été On notera qu e l' aménag ement du petit jardin pu blic, à front de édifiée dans la première moitié du x1ve siècle. l'avenu e Emile Vandervelde, es t dû à l'architecte-pays ag is te Dès 136 3, elle apparaît dans un docu ment émanant du pape René Péchère (19 75 ).Ch apelle et jardin ont été classés en 195 9. Urbain V qu i accorde des indu lg ences au x vis iteu rs de l' oratoi­ re. Dix-sept ans plu s tard, en 13 80 , Jean et Gu illau me de Page de droite: Le Château Kieffell en 1892. Meldert, petit-fils de Lionnet van der Borg ht, seig neu r de Il occupait l'emplacement de l'actuelle Wolu we, y fondent un bénéfice. rue du Château Kieffelt, non loin de la chapelle de Marie-la-Misérable. Un lieu fréqu enté, en particu lier s'il es t de natu re relig ieuse, a Il fut rasé en 1935, victime de de tou t temps ex cité les convoitis es par les revenus matériels et la spéculation foncière. Accolé à une ferme plus ancienne, l'Hof Allome, l'as cendant ps ycholog iqu e qu i en émanent. On ne s'étonnera il forma, à partir du xv1e siècle, le centre donc pas du fait qu e la détention de l'au tori té spiritu elle de la administratif de la seigneurie de Stocke!. l'édification, vers 1630, des deux chapelle ait fait l'obj et de lu ttes d'influ ence entre lese ig neu r et pavillons encadrant le corps de logis et le cu ré, ce dernier ag issant au nom du chapitre de Sainte­ le long bâtiment aveugle avec entrée monumentale traduit l'ascension sociale Gudu le de Bruxelles , détenteu r des droits ecclés ias tiqu es de Georges Ill Kieffelt qui acquit, locau x. Le dernier de ces conflits , dans lequ el fu t mêlée la en 1626, les droits de haute justice de , Woluwe-Saint-Etienne cong rég ation des Carmes de Bruxelles , échauffa les es prits 2 2 el Woluwe-Saint-Pierre. du rant tou te la première moitié du XVIIIe siècle. 23 Le moulin de Lindekemale Le moulin de Lindek em ale tire son nom d' un ancien lieu-dit voisin, le Lind ek em aleveld ou «cham p de Lindek em ale». Sa prem ière mention en 1129 en fait l'un des moulins les plus anciens en rég ion brux ellois e, après Waterm ael (9 14) et Jette (1112 ). Dans le courant du x11e siècle, le moulin de Lindek em ale appartenait en indivis ion aux fam illes seig neuriales de Wez em beek , de Duffel et de Woluwe qui céderont toutes trois leur part res pective à l' abbaye de Park , fondée à Heverlee en Le moulin de Lindekemale et la brasserie du Tilleul, exploitée par Jean-François 112 8-112 9. Son ancienneté et sa localis ation pourraient auto­ Oebecker (bourgmestre de 1891 à 1903). ris er à le cons idérer comme moulin banal pour les deux Celle-ci fonctionna jusqu'en 1934. le chemin pavé et les prairies Woluwe (avant l'apparition du moulin du Bovenberg sur ont depuis laissé la place au boulevard Woluwe-Saint-Pierre), voire même pour Wez em beek. de la Woluwe. Moulin à grain depuis son ori- gine, il produira ég alem ent du papier dans le courant du x1xe siècle. A la fin de ce siècle, le moulin, atteint comme tous ses sem blables par la concurrence des minoteries , va opérer une heureus e reconvers ion qui sera le gage de sa survie. Depuis le tracé de l'avenue de Tervueren en 1897 et le développem ent des trans ports en commun, les environs du moulin ont été rendus ais ém ent accessibles aux citadins. Alors que le rez -de-chaus sée du corps de log is accueille dès les années 19 00 un établis sement de cons omma­ tion, la production de farine est abandonnée au profit de pro­ duits mieux adaptés au marché brux ellois : le tabac à pris er puis la fabrication de la chicorée qu' alim entent sans peine les cultures maraîchères en plein développem ent à Woluwe. Acquis par la commune de Wol uwe-Saint-Lam bert en 1955, le

moulin a été converti en res taurant en 19 70. Page de gauche: La partie la plus ancienne du moulin actuellem ent vis ible es t Le moulin de Lindekemale en 1892 avant sa conversion en café-laiterie. form ée par le bâtim ent surbaissé contre lequel s'appuie le La roue hydraulique était alors 24 canal d'am enée d'eau et la roue à aube. Cette partie du mou- plus étroite. 25 lin pourrait remonter au UNE GENTILHOMMIÈRE DU SI ÈCLE DES LUMI ÈRES: xv1e siècle, voire même LE CHÂTEAU MALOU à la fin du xve siècle. Le Château Malou offre à nos yeux un bel exemple de maison Edifié en moellons de de campagne du XVIIIe siècle (une pierre millésimée placée à grès calcaire - abondant la base de l'angle nord-est de l'édifice porte la date de 1776). dans le sous-sol de la Son nom lui vient du plus célèbre de ses occupants, Jules

région -, il devait initiale­ Malou, ministre et financier, qui l'habita de 1853 à sa mort en La façadeantérieure du Château Malou. m e nt être couve rt d e 1886. L'histoire ancienne de ce beau domaine nous est cepen­ Toute la symétrie et la sobriété du néoclassicisme. chaume. C'est là qu'était dant inconnue. On notera toutefois avec intérêt qu'il se place converti le grain en fari­ au point de rencontre des vallées d e la Woluwe et du ne. La base du corps de Struykbeek, petit affluent venant de Stocke!. C'est une vaste logis fut vraisemblable­ zone humide alimentée par de nombreuses sources, de nature ment construite au XVIIe marécageuse, impropre à toute mise en valeur agricole, qui a Le moulin vers 1930. siècle. L'étage, fait de briques, est plus tardif. réussi à se préserver en grande partie de toute urbanisation. A droite, l'aile sud reconstruite e après l'incendie de 1928. Une turbine La conversion du corps de logis en café-laiterie à la fin du x1x Sans doute fut-elle démembrée du domaine foncier de la sei­ remplace la roue à aube qui se délabre. siècle lui valut de subir une série de retouches «pittoresques» gneurie de Woluwe car elle en bordait autrefois la lisière sud, (pignon à redents, volets, enseigne rustique, ... ), destinées à marquée par le cours du Struykbeek et que reprend approxi­ adoucir l'aspect austère de l'ensemble et à accentuer le carac­ mativement le parcours de l'avenue du Stade. D'autre part, tère ancien. Cette «amélioration» n'a pu éviter le pastiche Albert Preudhomme, son premier propriétaire connu (avant Le parc et le château Malou par Paul Vitzthumb, en 1831. e e e e e e façon «Vi ux Brux ll s». Après un inc ndi n 1928, on a pro­ 1654), paraît avoir eu des liens familiaux avec les d' Armstorff, Une vision éminemment romantique ... longé l'aile sud par des locaux à fonction industrielle. se igneurs de Woluwe au XVIIe siècle. d'un site qui s'y prête admirablement bien. La roue du moulin de Lindekemale est du type «au-dessus». Son mouvement provient de la combinaison de la force du courant et des effets de l'attraction terrestre qui lui confèrent une productivité accrue par rapport aux roues activées par le dessous. Durant le x1xe siècle, le moulin était pourvu de deux roues à aubes, activant respectivement meules à grain et machine à papier. Vers 1893, il n'en subsistait qu'une qui fut reléguée au rang d'accessoire pittoresque dans les années 20 au profit d'une tur­ bine plus efficiente. Le levier commandant l'ouverture de la vanne d'abée était actionné de l'intérieur à l'aide d'une chaî­ ne. Rien ne subsiste des meules et du mécanisme interne. Le moulin et son site ont été classés en 1989 et la roue à aube a été restaurée de manière remarquable en 1994. Il est, avec le moulin Crockaert à , le seul moulin à eau existant enco­ re dans la région bruxelloise qui en comptait au moins 87 au

26 milieu du siècle dernier. 27 Vendu en 1654, le domaine est acquis par les Jésuites de (située sur Woluwe-Saint-Pierre) acquise par la commune de Bruxelles qui le détiendront jusqu'en 1 773, date de leur expul­ Woluwe-Saint-Lambert en 1963. Ce bel ensemble, qui occupe sion de nos régions. En 1774, il se compose d'une petite l'emplacement d'anciennes prairies bordant la Woluwe, a été demeure à un étage environnée d'une pièce d'eau qu'occupe aménagé au début du siècle. Autour d'un vaste étang artificiel aujourd'hui l'îlot du centre de l'étang. Un vaste parc comptant coexistent ainsi essences ornementales exotiques et éléments cinq étangs - le tout ne couvrant pas moins de neuf hectares - de végétation semi-naturelle caractéristiques des milieux complète l'ensemble. humides (roselière, aulnaie, etc.). Mis en vente publique, le domaine des Jésuites est racheté dans sa totalité par un banquier et négociant bruxellois anobli en 1769, Lambert de Lamberts. Celui-ci fait raser le petit castel LES SOUVENIR S DE LA VIE AG RICOLE : et érige en 1776, en un endroit plus salubre, la belle demeure L'HOF TER MUSSCHEN de style Louis XVI que nous connaissons encore, et qui corres­ L'Hof ter Musschen forme avec l'Hof ten Berg l'un des plus pond mieux à la mesure de son nouveau statut social. vastes complexes agricoles anciens existant encore sur le terri­ Parmi les successeurs de Lamberts, relevons le nom de Pierre­ toire de Woluwe-Saint-Lambert. Son histoire est cependant Louis Van Gobbelschroy, ancien ministre orangiste (1 825- très mal connue. Les documents ne transmettent quasiment e 1830), qui se signale à l'attention pour avoir opéré, entre 1836 rien à son sujet avant le x1x siècle. On peut toutefois affirmer et 1850, un remodelage complet du domaine : assèchement avec prudence qu'elle ne fut jamais la propriété d'une institu­ des trois étangs situés dans le vallon du Struykbeek, agrandis­ tion religieuse (abbaye, couvent, chapitre canonial, etc.), les sement de l'étang principal, tracé de nouveaux chemins et archives ecclésiastiques étant muettes à son sujet. allées tout en courbes, etc. Un parc agencé à l'anglaise, selon Sans doute constitua-t-elle à l'origine une simple tenure rele­ vant de la seigneurie de Woluwe. La position sociale de ses Affiche de vente du château Malou, 1851. la mode du temps, se substitue à l'ancienne structure classique e les prairies du Struykbeek, anciens étangs au dessin rigide fait de lignes droites. propriétaires de la première moitié du x1x siècle (le prince de asséchés correspondant au site actuel Ligne puis le comte d'Oultremont) tendrait à confirmer cette l'Hof ter Musschen, vers 191 O. du stade Fallon, étaient comprises Le domaine sera racheté en 1853 par Jules Malou. Ses descen­ la ferme conserva un cheptel bovin dans la vente. dants, la famille d'Huart, cédèrent le domaine à la commune hypothèse. jusqu'au début des années 1980 ! de Woluwe-Saint-Lambert en 1951, le préservant avec bon­ heur de tout lotissement. Depuis sa restauration, en 1971, le château a été converti en lieu d'activité culturelle, ainsi que les anciennes écuries - la Médiatine - vers 1978. Quant à la voca­ tion du domaine, elle est aujourd'hui de nature récréative (pêche, plaine de jeux). Soulignons enfin le fait que le vallon du Struykbeek forme une zone marécageuse particulièrement intéressante sur le plan botanique et que le parc conserve de très beaux exemplaires d'arbres remarquables, en particulier un superbe hêtre rouge voisin du château. Le parc a fait l'objet d'un classement en 1993. On ne peut parler du parc Malou sans évoquer un autre espa­ ce communal non moins riche sur le plan bio.logique. Il s'agit 28 du parc des Sources, part importante de la propriété Solvay 29 Les grandes lignes de son employeur de main-d'œuvre, évolution chronologique peu­ il occupait une position vent être déterminées à l'aide sociale avantageuse au sein de son architecture, notam­ de la communauté rurale. ment le type de matériaux uti- L'exercice de mandats poli­ 1 i sés ainsi que des détails tiques s'inscrit tout naturelle­ stylistiques. La première ment dans cette logique du phase de construction remon­ pouvoir. Son successeur à la terait au xve siècle, comme tête de la commune, Henri en témoignent les I ignes Verheyleweghen (1 875- gothiques d'une ancienne 1888), principal fermier au cheminée autrefois dressée hameau de Roodebeek, occu­ dans l'ancien four à pain et pera une position similaire. Cette vue plongeante de l'Hof ter aujourd'hui remontée dans la ferme. Les bases de certains La ferme a été classée en 1988. Quant au site semi-naturel l'Hof ter Musschen avant restauration. Musschen prise à la fin des années 70 Vue prise depuis le moulin à vent. contigu, classé en 1994, il forme sans doute le milieu biolo­ met en relief les différentes composantes murs bâtis en moellons de grès sablonneux pourraient être Saisissants contrastes d'un paysage de l'exploitation agricole. A gauche contemporaines. La deuxième phase, la plus importante, doit gique le plus riche de la région bruxelloise. D'une superficie en mutation soulignant l'opposition le corps de logis rythmé par trois niveaux flagrante entre la ville d'aujourd'hui différents; au premier plan les étables, remonter aux années 1740. Elle correspond à l'élévation de la d'environ sept hectares, il se développe à l'emplacement des et le monde rural d'hier. dont la base en moellons de grès majeure partie des bâtiments, à savoir le corps de logis - scin­ anciennes prairies de la ferme dont les plus basses, de nature sablonneux souligne l'antériorité de cette partie de la ferme par rapport au reste; dé en trois corps de niveau différent - à l'ouest, les étables et marécageuse, occupent le fond d'une chaîne de trois étangs à droite la grange millésimée 1741; écuries au nord, la superbe grange à l'est. La troisième phase, asséchés au plus tard vers 1800. On y relève au moins 150 dans le fond, porcheries et écuries édifiées en 1898. enfin, remonte seulement à un peu plus d'un siècle. JI s'agit de espèces botaniques et une avifaune intéressante (faucon créce­ la porcherie, installée dans l'aile sud et dont l'élévation a per­ relle, rousserolle verderolle, bécassine des marais, etc.). mis d'achever la clôture complète de la cour. L'espace cultivé dépendant de l'Hof ter Musschen s'étendait UN PATRIMOINE DÉPLACÉ : LE MOULIN À VENT autrefois sur plus de 50 hectares, occupés actuellement par le Le moulin à vent de Woluwe-Saint- Lambert est originaire site de Louvain-en-Woluwe. L'économie de la ferme, comme d'Esplechin (près de Tournai) où il fut construit (ou rebâti ?) pour la plupart des complexes agricoles implantés en bordure avant 1767. de la Woluwe et de ses affluents, se partageait entre la culture Près d'être détruit dans les années 20, il est racheté par le doc­ des céréales et autres plantes alimentaires et l'élevage dans les teur Raoul Duthoit, brillant pédiatre et fondateur, en 1935, grasses prairies bordant la rivière. La famille Draeck, installée d'un préventorium pour enfants pré-tuberculeux à Arc­ à l'Hof ter Musschen dès 1840, s'était faite une spécialité en ce Ainières (nord du Hainaut). JI le fait restaurer, l'installe à proxi­ dernier domaine. Un taureau élevé par leurs soins fut primé à mité de son institut dans un but à la fois didactique et récréatif Lille en 1863. Au début de ce siècle, c'est l'élevage des che­ pour ses jeunes patients et en obtient le classement en 1943.

Batteuse à essence dans la cour vaux qui fit la réputation de la ferme. A son décès en 1960, sa famille, ne pouvant assumer les de l'Hof ter Musschen, 1912. Le représentant le plus prestigieux de la famille Draeck, Henri, charges d'entretien, l'offre à la commune de Woluwe-Saint­ La mécanisation du matériel agricole débuta à la ferme dans les années 1880. remplit les fonctions d'échevin de 1849 à 1863 avant de prési­ Lambert. Cette acquisition s'insérait dans un programme de Elle constitua l'une des réponsesà la crise der aux destinées de la commune de 1864 à son décès (1874). mise en valeur touristique des sites anciens de la vallée de la agricole que traversa le pays entre 30 1872 et 1895. En tant que détenteur de la richesse foncière et important Woluwe en liaison avec l'ouverture du boulevard (1964). Le 31 moulin à vent devait en quelque sorte fair e pendant au moulin Dans la même collection à eau de Lindek em ale. Le moulin fut réédif ié à Woluwe-Saint­ 1. LE ClNQ!,JANTENAlRE ET SON SITE (FR-NL-ESP -GB) Lamber t en 19 62-1963 selon le pr océdé art isanal tr aditi onnel. Cependant, le terrain ch ois i pour son édificat ion, situé à fond 2. LE CIMETIÈRE DU DlEWEG (FR- NL) de vallé e, non loin de la Woluwe, était peu pr opice à son bon 3. LA GRAN D-PLAC E DE BRUXELLES (FR-NL-ESP -GB) fonctionnem ent. Partiellem ent dé tr uit en 1980 par un incendie 4. LE Q!,JARTIER DU BÉGUINAGE (FR- NL) dont les causes ré elles ne seront jamais éclair cies , le moulin a été recons tr uit en un site plus appr opr ié , sur une butte ar tifi­ S. LE HEYSEL (FR-NL-ESP -GB) cielle pr ès de l' H of ter Musschen (1988). 6. L'AVENUE LOUIS BERTRAND ET LE PARC JOSAPHAT (FR- L) L'intérêt que le public n' a cessé jusqu' à pré sent de lui manifes­ e ter ne doit pas fair e oublier que sa pré sence comme élément 7. TROIS VlSAG ES DE PASSAGES AU x1x SIÈCLE (FR-Nt-EsP -GB) GALERIES $Al T-HUBERT - GALERIE BORT/ER - PASSAGE DU NORD cons titutif du paysage woluwé en es t récente et ar tifi cielle, et qu' ell e n' a été motivé e que par un souci d' ordr e purement pit­ 8. (FR- Nt) LA COLLÉGIALE - LE BÉGUI AGE - LA MAISON D'ERASME tor es que. Aucun docum ent ancien, qui aur ait pu justifier sa pré sence comme success eur sym bolique d' un édifice anté ­ 9. LE SABLON LE QUARTIER ET L'ÉGLISE ( FR - NL - EsP - GB)

rieur , ne fourn it en effet de tr ace tangible de moulin à vent sur 10. LE Q!,JARTIER DES ÉTANGS D'lXELLES (FR-Nt) le territoir e de la commune. 11. LE Q!,JARTI ER SAINTE-CATHERINE ET LES ANCIENS QUAIS (FR- Nt)

12. LE PARC LÉOPOLD ARCHITECTURE ET NATURE (FR-NL-ESP - GB)

13. LE Q!,JARTIER DES SQ!,JARES (FR-NL-ESP -GB) MARGUERITE, AMBIORIX, MARIE-LOUISE ET GUTENBERG

14. LE SQ!,JAREARMAN D STE URS À ST-JossE-TEN-NooDE (FR - Nt)

le moulin à vent sur son nouveau site. 15. LE Q!,JARTIER ROYAL (FR-NL-ESP - GBl Cette photo prise en 1989 depuis l'ancien verger de l'Hof ter Musschen laisse 16. LE Q!,JARTIER DE L'OBSERVATO IRE À UCCLE (FR- NL) transparaître une atmosphère champêtre devenue exceptionnelle dans l'ensemble 17. L'AVENUE DE TERVU EREN (FR- Nt) de la vallée.

ÜRIENTATIO BIBLIOGRAPHIQUE

L'essentiel du texte qui précède est un condensé de el de J. STENGERS, Bruxelles, Crédit communal, 1989 certains chapitres et encadrés de l'ouvrage suivant (coll. Histoire, série in-4°, n° 16). Graphisme La Page M. VILLEIRS, M. DUJEUX et D. FRA KIG OUL, Histoire - Y. CABUY, S. DEMETER et F. LEUXE, Atlas du sous-sol Photogra vure P. Leleux s.a. de Woluwe-Saint-Lambert, Woluwe-Saint-Lambert, Musée archéologique de la région de Bruxelles. 2. Woluwe-Saint­ Traduction Gitracom communal, 1991. Lambert, Bruxelles, 1992. Impression P. François s.a. - P. BAUTERS et M. VILLEIRS, Les moulins à eau et à vent Distribution Altera Diffusion Voir aussi de Woluwe-Saint-Lambert et de la région bruxelloise. - Sint-Lambrechts-Woluwe van dorp toi residentiestad, Histoire et technologie, Musée communal de Woluwe­ © Ministère de la Région de Bruxelles, Service des Monuments et Sites Sint-Lambrechts-Woluwe, Cultuurraad, 1983. Saint-Lambert, Cahier n° 2, 1995 (à paraître). C.C.N. - La région de Bruxelles. Des villages d'autrefois à la ville - Le Cercle d'Histoire, d'Archéologie el d'Architecture des rue du Progrès, 80 - 1030 Bruxelles - Tél: 02/204 24 49 32 d'aujourd'hui, sous la direction d'A. SMOLAR-MEYNART Woluwe édite depuis 1984 une revue trimestrielle Wiluwa.

IMPRIMÉ EN BELGIQUE DÉPÔT LÉGAL : D/1 99S/6860/7 F,;,e décoovdc les mult;ples joyau, du patdmo;oe de Bruxelles, tel est l'objectif de la collection «Bruxelles, Ville d'Art et d'Histoire».

Anecdotes, documents inédits, illustrations anciennes, histoires, considérations urbanistiques, architecturales et artistiques, autant de facettes qui exciteront la curiosité du lecteur-promeneur.

Une invitation à parcourir les rives de la Woluwe à Woluwe-Saint-Lambert où nombre d'édifices (église­ Saint-Lambert, châteaux, chapelle de Marie-la­ Misérable, moulin de Lindekemale et fermes séculaires) sont, malgré le phénomène d'urbanisation, autant de témoins d'un paysage autrefois voué exclusivement aux activités agricoles qui s'est structuré dès le moyen âge.