De L'indépendance Au Front Populaire
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Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-Américaines (CRIIA) Publications du GRECUN - École, Culture et Nation (dir. T. Gomez) numéro spécial Construction de l’État-nation et résistances au Chili : de l’Indépendance au Front populaire Alvar de La Llosa, Nathalie Jammet-Arias Enrique Fernández Domingo (Ed.) Université de Paris Ouest Nanterre La Défense 2011 © 2011, Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-américaines N° ISBN : 978-2-85901-038-6 Diffusion : Université Paris Ouest Nanterre La Défense Bâtiment A – bureau 321 200, Avenue de la République 92001 Nanterre Cedex Télécopie : 01.40.97 72 98 e-mail : [email protected] Couverture : « Casa de la Moneda de Santiago y presos de la policía », par Claude GAY (1800-1873), Lithographie n° 23, de Becquet publiée dans l’ouvrage Atlas de historia física y política de Chile, premier tome, París : en casa del autor, Chile: en el Museo de Historia natural de Santiago, 1845. Sommaire Alvar De la Llosa, Nathalie Jammet-Arias, Enrique Fernández Domingo Introduction .................................................................................................5 Francisco Albizu-Labbé Paradigmas identitarios y estrategias de la memoria en el Chile de la Independencia.....................................23 I. L’État et ses institutions Zunilda Carvajal La construction de l’identité de la Justice chilienne..............................43 Nathalie Jammet-Arias Le prix de l’Etat ou le développement de la fiscalité au Chili, de l’Indépendance à la Guerre du Pacifique ..........................59 Marie-Noëlle Sarget Le rôle de l’Armée chilienne dans la construction de l’État-nation........ 73 II. Construction de l’État et résistances Enrique Fernández Domingo Élites, sociabilidad, espacio urbano y cultura política republicana liberal en Chile, 1891-1910 ...................87 Stéphane Boisard Autoritarisme et dictature au Chili (1810-1931) : réflexions autour de deux concepts ......................................................103 Marcos Fernández Labbé “Los asociales”: mecanismos estatales de construcción de objetos marginales. Chile, 1900-1940..............................................117 III. Territoire et relations internationales Vicente Romero El nacimiento criollo del Estado chileno.............................................141 Alvar de La Llosa El reconocimiento diplomático de Chile por Francia: entre existencia internacional e intercambio de modelos políticos (1821-1830) .........................................................171 Jérôme Louis Le Chili face à la Confédération péruano-bolivienne ........................195 IV. Nation et présence indigène Natalia Molinaro “Indios argentinos”, “indios chilenos” : les concepts de nationalité, et de citoyenneté appliqués aux Mapuches, Pehuenches et Tehuelches du Territoire national de Neuquén (1884-1930), Argentine ...........................................................................213 Michèle Arrué De la guerre de “pacification” de l’Araucanie à l’installation dans les “reducciones” : face aux tentatives de génocide et d’ethnocide, la résistance mapuche continue ..................................229 Arauco Chihuailaf La violencia en territorio mapuche: de 1882 al primer tercio del siglo XX. Resistencia e integración........245 V. Résonances littéraires et medias Mónica Albizúrez Gil “Amo, Luego somos”: Francisco Bilbao y la escrituración de la santidad popular en la construcción de la nacionalidad.......................263 Benoît Santini La Guerra del Pacífico en las Poesías populares de “El Pequén” (1880) de Juan Rafael Allende: construcción lírica del Estado-Nación chileno y defensa de una soberanía nacional a través de la escritura poética.....277 Luis Carlos Toro Tamayo La prensa moderna en Chile: vicisitudes en la instalación de un soporte de mediación cultural.....................................................291 VI. Le Front populaire, une expérience novatrice ? Juan Luis Carrellán Ruiz Las relaciones de Chile con la República española (1931-1936): intercambios diplomáticos y comerciales.............................................307 Jesús Cano Reyes Desempolvando el libro de familia: intelectuales chilenos ante la Guerra civil española ..................................................................333 Introduction 1. CE NUMÉRO DE LA REVUE DU GRECUN constitue les actes du colloque international Construction de l’État-Nation et résistances au Chili de l’Indépendance au Front Populaire, fruit d’une collaboration entre l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et l’Université Paris 8 Vincennes Saint Denis. Ce colloque1 a été organisé par l’équipe de recherches Amérique Latine Histoire et Mémoire (ALHIM) de Paris 8 et le Groupe École, Culture et Nation dans le monde ibérique, ibéro-américain et méditerranéen (GRECUN) de Paris Ouest Nanterre2. Il s’agissait de réunir, autour d’un thème, des spécialistes du Chili, appartenant à l’enseignement universitaire français et des chercheurs étrangers, notamment chiliens, afin d’échanger des points de vue et de dégager de nouveaux axes de recherche concernant le processus de la construction de l’État au Chili et les résistances qu’il a provoquées. Ce volume reflète l’optique transdisciplinaire du colloque qui a réuni les communications d’historiens, de civilisationnistes, de juristes, de spécialistes de littérature ou de philosophie, venus du Chili, d’Espagne, d’Allemagne et de France. Alors que la tendance actuelle consiste à étudier un phénomène selon une optique largement comparatiste, les organisateurs ont choisi de se concentrer sur un seul pays car la connaissance des histoires nationales est de nature à nourrir cette approche. Approfondir les recherches sur l’histoire nationale permet de déterminer les éléments indispensables à toute comparaison. Or, le Chili, alors même qu’il suscite l’intérêt des chercheurs, et fait l’objet de nombreuses études, mais peut-être parce qu’il est situé aux 1 Il s’est déroulé sur les deux campus, les 9 et 10 juin 2011. 2 L’équipe de recherches Amérique Latine Histoire et Mémoire (ALHIM) de Paris 8 est placé sous la direction de la professeure Perla Petrich ; le Groupe École, Culture et Nation dans le monde ibérique, ibéro-américain et méditerranéen de Paris Ouest Nanterre sous la direction du professeur Thomas Gomez. 6 ALVAR DE LA LLOSA, NATHALIE JAMMET-ARIAS, ENRIQUE FERNÁNDEZ DOMINGO confins du monde américain, n’avait jusqu’à présent jamais fait l’objet d’un colloque à part entière, contrairement à d’autres pays d’Amérique latine – Brésil, Argentine, Mexique, Venezuela ou Équateur –. Ce travail collectif s’insère dans le cadre plus vaste des célébrations du bicentenaire de l’Indépendance du Chili. La période définie, délibérément large, débute avec l’Indépendance et une de ses représentations emblématiques (la réunion du premier Congrès national chilien, le 4 juillet 1811) et prend fin avec l’expérience du Front populaire (1938-1941), une période dominée par le concept-clé d’État-nation. 2. Dans les dernières décennies les études des nations et des nationalismes ont connu des changements importants (Eley, Suny, 1996) (Özkirimli, 2010) (Faraldo, 2001) (Andrés, Archilés, 2002) qui ont provoqué la mise en avant des théories constructivistes et modernistes de la nation. Les travaux d’Elie Kedourie (1960), Ernest Gellner (1964, 1989) et Karl Deutsch (1966) lient l’émergence du nationalisme et de la nation à l’apparition de la modernité. Dans le cadre de la tradition marxiste, les travaux d’Eric Hobsbawm (1992) et de Miloslav Hroch (2001) ont reconceptualisé la nation et le nationalisme. Malgré la vision matérialiste du marxisme, les notions d’« invention de la tradition » d’Eric Hobsbawm (2006) et de « communautés imaginés » de Benedict Anderson (1996) supposent un glissement du débat scientifique vers le terrain du discours et la création de sens. Toutes ces études ont souligné le caractère « artificiel » des nations du XIXe et du XXe siècle. Les conclusions de ces travaux tentent de montrer que l’apparition des nations n’a pas été la conséquence naturelle ou logique du développement d’une série de caractéristiques objectives liées à la forme d’organisation sociale, ou aux traits culturels-ethniques des populations. La naissance de la nation serait donc le produit d’un processus d’interaction entre l’action politique et l’élaboration culturelle. Bien qu’un territoire ou une langue commune puissent être à la base d’une identité partagée, la formation d’une communauté nationale a besoin de l’intervention politique et culturelle. Dans ce sens, les nations sont la conséquence d’un processus d’imagination créative et d’une élaboration idéologique. En même temps, les nations sont figées dans le discours national en tant qu’entités enracinées, non historiques, essentielles ou naturelles. Bien entendu, la préexistence de communautés de territoire, langue et culture ne peut être exclue du processus de conformation des nations car cette préexistence donne la matière première du projet intellectuel nationaliste. Mais les communautés ethniques, linguistiques ou religieuses sont elles-mêmes insérées dans un processus de formation historique continu. Dans ce cas leur analyse nous oblige à tenir compte de leur caractère INTRODUCTION 7 historique et contingent3. Parallèlement nous ne pouvons pas attribuer des notions apparues dans la période contemporaine à des époques antérieures qui doivent être étudiées dans leur historicité. Même si le terme nation existe avant la période contemporaine, la nation, considérée comme un sujet hégémonique de légitimité