Les Hommes De Maserati
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Les hommes de Maserati Les sept frères Maserati naquirent à Voghera près de Pavie entre 1881 et 1898, mais le troisième, Alfieri, mourut en bas âge. Tous les autres s'impliquèrent dans l'industrie automobile sauf le cinquième, Mario, qui devint peintre mais créa quand même l'emblème de la firme Maserati, le trident, en s'inspirant de celui de la statue de Neptune située sur la place centrale de Bologne. Après la mort en course automobile de Carlo, l'aîné, c'est Alfieri, le quatrième, qui avait déjà la lourde responsabilité de porter le même prénom que son frère mort en bas âge, qui devint le leader de la fratrie et créa la marque Maserati, en 1914, à Bologne. L'entreprise se consacra au début à la fabrication de bougies d'allumage et à la préparation pour la course de voitures Isotta-Fraschini et Diatto. Sérieuse rivale des Bugatti, la première vraie Maserati, la tipo 26, sort en 1926 et remporte sa première course, la Targa Florio en Sicile, avec Alfieri Maserati en personne à son volant. Son moteur est un 8 cylindres en ligne de 1500 cc avec double arbre à cames en tête et compresseur délivrant 120 cv à 5300 tr/mn. (voir galerie photo courses, de même pour les autres voitures non illustrées dans ce chapitre, voir les galeries photo coupé ou quattroporte) En 1929, sort la V4 à 16 cylindres qui, à Cremone, avec le pilote Bonazin Borzacchini, bat le record du monde de vitesse sur 10 Kms parcourus à 246 km/h de moyenne. Le fabuleux moteur de la V4 est un V16 très étroit (25 degrés) né de l'union de deux blocs moteurs de tipo 26 B de 2 litres. Il développe 280 cv. V4 signifie moteur en V de 4 litres. Cette même V4 remportera le fameux Grand Prix de Tripoli 1930. 8 C 2800 - 1931 - Alfieri décéda en 1932 des suites lointaines d'un grave accident dont il avait été victime en 1927 à la coupe de Messine, mais ses frères Ernesto, Ettore et Bindo (ce dernier quittant alors Isotta-Fraschini pour Maserati) reprirent le flambeau de l'entreprise familiale, le trident symbolisant mieux que jamais l'union des trois frères. Maserati ne souffrit pas excessivement de la crise de 1929, peut-être parce que le produit proposé à la vente, des voitures de course, concernait une clientèle si favorisée qu'elle était finalement assez peu sensible au marasme économique. Par contre, le départ de jeunes hommes pour la guerre coloniale d'Éthiopie priva Maserati d'assez nombreux clients potentiels. En 1933, le grand Tazio Nuvolari signa chez Maserati. Son aide technique fut capitale car, en plus d'excellent pilote, il s'avéra être un exceptionnel metteur au point châssis et moteur. Il remportera avec brio les Grands Prix de Belgique à Spa et de Nice sur sa 8 CM (8 cylindres, 3 litres, 220 cv). Mais à cette époque, le parti nazi au pouvoir en Allemagne investit des sommes ahurissantes dans le sport automobile à but de propagande pro-germanique et, à partir de 1935, les Mercedes et Auto-Union furent très difficiles à battre dans les courses majeures. Par contre, dans ce que l'on pourrait aujourd'hui appeler les formules 2 ou 3 ou 3000, les Maserati continuaient à remporter nombre de succès et les trois frères Maserati, aidés par la famille Orsi ( propriétaires de Maserati depuis 1937 mais ayant promis de laisser les trois frères diriger l'entreprise pendant 10 ans), orientèrent leur production de voitures de courses en ce sens : ce fut le temps de la brillante 4 CL. Cependant les 6 CL (conçue par Ernesto) et 8 CL n'étaient pas négligées et la 8 CL remporta notamment deux années consécutives, en 1939 et 1940, les 500 Miles d'Indianapolis avec Wilbur Shaw à son volant et aurait encore gagné en 1941 si une roue défectueuse n'avait fait des siennes. Cette 8 CL "Boyle", du nom de son riche commanditaire, marqua fortement les esprits outre-atlantique car elle était la première voiture non américaine depuis 20 ans à remporter cette prestigieuse course. 8 CL Boyle En 1940, l'usine Maserati se déplaça de Bologne à Modène pour se fixer là où elle se trouve toujours, viale Ciro Menotti. Durant la seconde guerre mondiale, y furent produits des composants électriques et des machines-outils ainsi que des voitures électriques ! (qui sait si un jour Maserati en produira de nouveau ?). En 1947, Bindo, Ettore et Ernesto quittèrent comme prévu Maserati 10 ans après la vente de leurs actions (mais ils n'avaient pas imaginé que 5 de ces années seraient des années de guerre) et fondèrent à Bologne, le berceau initial de Maserati, l'entreprise OSCA (Officine Specializzate Costruzione Automobili) à qui l'on doit de très pures barquettes de course de petite cylindrée qui régalèrent les pilotes-clients des années 50. C'est donc la famille Orsi (le père, Adolfo, et surtout le fils, Omer, beaucoup plus souple de caractère) qui resta aux commandes de Maserati. Les Orsi étaient à l'origine des industriels de la machine-outil installés en Emilia Romagna. Ils n'avaient initialement pas de connaissances spécifiques en matière d'automobiles mais savaient très bien gérer une entreprise, tout le contraire des trois frères Maserati, parfaits techniciens en autos de courses voire même ingénieurs sur le tas (Ernesto a quasiment seul dessiné et mis au point la 6 CL) mais piètres gestionnaires. Leur association avec les Orsi étaient ainsi logique, les libérant des taches administratives et financières et les laissant se concentrer sur la partie technique qui les passionnait et à laquelle ils s'adonnèrent ensuite dans le cadre de la firme Osca, mais en ayant "perdu" au passage l'entreprise qui portait leur nom. La A6 1500 dessinée par Pininfarina et sortie en 1946 fut la première Maserati d'après guerre et quasiment la première Maserati de route de l'histoire de la firme. A6 1500 - Pininfarina Elle fut suivie par l'A6 G de 2 litres en 1950 et par la très belle A6 G 54 de Zagato en 1954 mais ces trois modèles réunis ne totalisèrent qu'une centaine de voitures produites ! Maserati n'était encore qu'un constructeur de voitures de course et dans ce domaine, après la guerre, les plus dangereux concurrents du trident n'étaient plus allemands mais ses soeurs italiennes : Alfa Romeo et la nouvelle venue, Ferrari. A6 GCS La A6 GCS barquette connut cependant de beaux succès en compétition. En 1953, Maserati débaucha l'ingénieur moteur vedette de Ferrari, Gioacchino Colombo (le père du fameux V 12 Ferrari "Colombo" à simple arbre par banc de cylindres) qui exerça son talent sur l' A6 GCM et, surtout, jeta les bases de la meilleure monoplace de sa génération, la 250 F qui deviendra championne du monde de formule 1 en 1957 entre les mains de Juan Manuel Fangio. Ce fut cependant un nouvel, très jeune (30 ans en 1954) et très brillant ingénieur, engagé sur les conseils de Colombo, qui fignola la mise au point de la 250 F : Giulio Alfieri qui, curieusement, a pour nom le prénom du fondateur de la marque Maserati, de sorte que lorsque l'on lisait "Officine Alfieri Maserati" sur les bordereaux d'inscriptions des Maserati d'usine aux courses, certains se demandaient pourquoi l'ingénieur plaçait-il son nom devant celui de la marque. La contribution de Giulio Alfieri aux succès sportifs et commerciaux de la firme au trident de 1954 à 1975 fut tout à fait considérable et sa production extrêmement prolifique. On lui doit l'affinage de la 250 F, ses dérivées barquettes sport à 6 cylindres ( les 250 S et 300 S), la magnifique 450 S de 1957 et son merveilleux V8 quatre arbres tellement en avance sur son temps qu'il sera produit jusqu'en 1990, la Birdcage avec son châssis ultraléger en fins tubes d'aluminium (d'où son nom), toute la série des Maserati du colonel Simone au Mans, les bases mécaniques de tous les coupés des fastes années 60 ainsi que de la quattroporte I, le V12 Maserati de 3 litres qui équipa la Cooper de formule 1 les saisons 1966 et 1967, le moteur V6 de la Citroën SM. Ce ne sera qu'en 1975, quand Maserati sera honteusement mit en liquidation judiciaire par Citroën, que Giulio Alfieri passera à la direction de Lamborghini. Mais revenons à 1956 avec l'histoire de la 450 S qui illustre à merveille le fonctionnement de l'usine Maserati dans les années cinquante. Tout commença donc en 1956 par la commande spéciale de 2 moteurs Maserati V8 de 4.2 litres émanant d'un italo-américano-californien du nom de Tony Parravano qui souhaitait les monter dans des châssis Kurtis en vue des 500 miles d'Indianapolis. Giulio Alfieri et son acolyte Valerio Colotti ressortirent d'un placard le projet d'un V8 à 90 degrés quatre arbres à cames en tête sur lequel ils avaient planché l'année précédente mais qui avait été abandonné après la catastrophe survenue aux 24 heures du Mans 1955. Ce furent là les deux tout premiers moteurs V8 Maserati d'après guerre, mis au point, réglés puis rodés dans une caisse de 300 S, puis expédiés depuis Modène aux USA et payés 15000 Dollars pièce, plus que le prix d'une Ferrari complète neuve ! Giulio Alfieri obtint l'accord de la famille Orsi afin de profiter de cette commande et de ce tout nouveau moteur pour développer une barquette sport en vue de la saison 1957. Le châssis et la boîte 5 vitesses furent signés Colotti, la carrosserie par Medardo Fantuzzi qui reprit en plus agressif les lignes de la 350 S.