Danielle Casanova. L'indomptable
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DANIELLE CASANOVAl'indomptable DU MÊME AUTEUR L'Histoire vraie de la déclaration de guerre Les Armes de l'espoir - Les Français (Editions de l'Humanité) à Buchenwald et à Dora Vingt ans - Chronique 1945-1965 (Editions sociales) (Editions sociales) La Chienne de Buchenwald Tout commence à Petrograd (Editions Temps actuels) (en collaboration avec J.-F. Kahn) Marcel Paul - Vie d'un « Pitau » (Editions Fayard) (Editions Temps actuels) Lénine- Citations Aujourd'hui les femmes (Editions Tchou) (ouvrage collectif) La Vie amoureuse de Karl Marx (Editions sociales) (Editions Julliard) Qui a tué Fabien ? Louise Michel ou la révolution romantique (Editions Temps actuels) (Editions Livre-Club Diderot) Le Train des fous Louise Michel - La passion (Editions Messidor) (Editions Messidor) Cette mystérieuse Section coloniale Le Livre du pain (Editions Messidor) (En collaboration avec Marcel Sarrau) (Editions du Rocher) TRADUCTIONS Vivre debout - La Résistance (Editions la Farandole) Un train pour Toulouse (de Gerhard Leo) Les Sans-culottes du bout du monde - Contre-révolution (Editions Messidor) et intervention en Russie) Contes de Grimm (Editions du Progrès) (Editions Artia-Gründ) Vincent Moulia - les pelotons du général Pétain Le Mystérieux Oncle Jacques (Editions Ramsay) (Editions Artia-Gründ) PIERRE DURAND DANIELLE CASANOVA l'indomptable Genevièveprécédé d'un entretien de Gaulle avec messidor GENEVIÈVE DE GAULLE est la fille du frère aîné du général de Gaulle, Xavier. Étudiante à Rennes d'abord, puis à Paris où elle vit chez son oncle Pierre de Gaulle, à partir de l'été 1941, elle fait partie du mouvement de Résistance du Musée de l'Homme, puis de « Défense de la France » dont elle devient membre du Comité directeur. En 1943, elle entre dans une clandestinité totale. Le 20 juil- let de la même année, elle est arrêtée par les policiers « français » au service de la Gestapo. Lorsqu'elle leur annonce qu'elle est la nièce du général de Gaulle, elle est d'abord emme- née dans un hôtel particulier de la place des États-Unis, puis transférée rue des Saussaies et enfin à Fresnes. Interrogée sans ménage- ments, elle est déportée sans jugement au camp de concentration de Ravensbrück. Elle y fera la connaissance, en particulier, de Marie-Claude Vaillant-Couturier et de Marie- Elisa Nordmann, qui diront que sa conduite fut admirable. Enfermée pendant quatre mois dans le « Bunker » (prison du camp), emmenée à Munich puis à Stuttgart où elle attend la mort, elle revient dans un camp proche de Ravensbrück réservé aux Anglo-Américains. Elle y est enlevée par un SS aux ordres de Himmler qui souhaite en faire une monnaie d'échange avec les alliés. Le 20 avril 1945, elle est remise aux autorités suisses. Son père est alors consul général de France à Genève. Gene- viève s'est mariée après la guerre avec un Résis- tant, Bernard Anthonioz, inspecteur général au ministère des Affaires culturelles. Geneviève de Gaulle-Anthonioz est comman- deur de la Légion d'honneur, titulaire de la rosette de la Résistance et de la Croix de guerre. Elle est présidente de l'Association femmes dé- portées et internées de la Résistance (ADIR) et du Mouvement A.T.D.-Quart monde. Elle est membre du Conseil économique et social. Voir : Elles, la Résistance de Marie-Louise COUDERT (MESSIDOR). NTRETIEN AVEC GENEVIÈVE DE GAULLE E Geneviève Le soleil joue dans les lunettes cerclées de métal de Geneviève de de Gaulle. Gaulle. Cheveux lisses et silhouette menue, elle parle doucement, Archives calmement. Résistante et ancienne déportée à Ravensbrück, elle porte l'Humanité. dans son cœur et sa raison les grandes leçons de notre passé tragique. Elle n 'a pas oublié, et son sourire de bonté n 'est pas négation du passé. — Avant d'avoir lu votre ouvrage, je ne savais pas grand chose de Danielle Casanova. Ce qui me frappe, c'est la richesse de sa personnalité, une richesse d'esprit et de cœur, et même sa beauté physique. Tous ces dons, elle les a utilisés pour son idéal communiste d'abord, pour son idéal de Résistante quand le moment est venu. Et c'est tout cela que les nazis voulaient détruire à Auschwitz ; car l'anéantissement de l'être humain dans ce qu'il a de plus grand et de plus beau était leur but. Avec Danielle, ils n'ont pas réussi... Geneviève de Gaulle évoque sa maison familiale de Piana, le grand bâteau blanc qui unit Marseille à la Corse et porte le nom de Danielle Casanova. Elle y voit le symbole de cette vie qui fut toute de richesse humaine. — Il en fallait, de la richesse humaine pour être Résistant. Il y fallait du vrai courage, de la vraie générosité. Il ne fallait pas être médiocre. Il fallait avoir un but dans la vie. Nous n'acceptions pas la défaite, la livraison honteuse de la France à l'ennemi et Danielle Casanova, comme nous, savait que nous n'avions pas affaire à un quelconque envahisseur, comme on en avait vu en d'autres occasions historiques. Elle savait 7 que la doctrine nazie était une menace pour l'humanité tout entière, pour le destin de la France et d'autres pays... J'évoque la situation particulière des femmes face aux combats et à la déportation. N'était-ce pas pire encore que pour les hommes ? — Je n'ai guère envie de séparer hommes et femmes devant ce destin. Quand on était Résistant, on l'était, quel que fût le sexe. Les femmes ont été arrêtées, torturées, assassinées comme les hommes. Il n'y avait pas de différence. A Auschwitz, hommes et femmes passaient par les chambres à gaz. Le regard de Geneviève de Gaulle se fait sévère. — Il faut cependant songer à la souffrance particulière des mères à qui on arrachait leurs enfants, des enfants que l'on torturait parfois devant elles, que l'on tuait devant elles... Nous parlons de nos mères. Geneviève se souvient de sa grand- mère, alors âgée de plus de quatre-vingts ans, très malade, au cours de l'exode en Bretagne. Les premiers soldats allemands venaient de passer devant elles sur leurs grosses motos noires. L'humiliation, la honte étaient des fers rouges qui rongeaient les cœurs de ses parents, de son aïeule. Tout à coup, un prêtre se précipite vers le groupe dont ils faisaient partie, bredouillant d'émotion, s'emmêlant dans ses explications. Il venait d'entendre un général français, il ne savait pas lequel, mais il était aussi quelque chose au gouvernement, qui avait dit que la « flamme de l'espérance ne s'éteindrait pas ». — Mais c'est mon fils ! s'exclama ma grand-mère. Les mères ont souffert, poursuit Geneviève. Mais elles ont aussi pu être fières de leurs fils ou de leurs filles qui relevaient l'honneur. Vous l'avez écrit à propos de la mère de Danielle Casanova... Geneviève de Gaulle a lu ce que j'ai écrit des ignobles procédés des policiers qui se disaient français et livrèrent Danielle Casanova, comme tant d'autres, à l'ennemi. Comment oublier leurs crimes ? — S'il n'y avait eu que des gens comme ça, nous aurions aujourd'hui encore honte de la France... Il y eut, heureuse- ment, l'éclatante réponse de la Résistance. Des destins comme celui de Danielle Casanova nous réconcilient avec notre histoire... Nous parlons des différences sociales, « idéologiques », qui existaient entre deux Résistantes comme Geneviève de Gaulle, issue d'un milieu plutôt conservateur (« oui, mais toute la famille fut dreyfusarde et les frères de Gaulle furent tous anti-munichois », précise Geneviève) et Danielle Casanova, élevée dans une famille très «jaco- bine ». — La Résistance, précisément, dit Geneviève de Gaulle, c'était le pluralisme. Il y a eu le rôle incontestable des communistes, bien sûr, mais j'y ai connu des femmes et des hommes de l'Action française. Les Résistants appartenaient aux horizons les plus divers de la politique, étaient croyants ou ne l'étaient pas. Ils venaient de toutes les régions de France. Il y avait des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux... — C'était la nation... — Oui, c'était la France. Pierre DURAND Paris, juillet 1990 AVANT-PROPOS Il existe en France des dizaines de rues — dont l'une à Paris — Ajaccio des dizaines d'hôpitaux, d'écoles, de dispensaires qui portent le nom de Photo Danielle Casanova. Un timbre a été édité, qui reproduit son visage. Roger-Viollet. Son buste a été sculpté par le ciseau talentueux d'Annette Faivre. Il surmonte aujourd'hui la stèle de granit rose où repose, dans une urne ramenée d'Auschwitz par sa vieille mère, des cendres recueillies dans l'immense cimetière de la mort nazie. A Vistale, près du tombeau familial envahi d'iris et de mimosas, un peu d'elle reste dans la maison- musée où elle vécut une jeunesse heureuse. La mer, qu'elle a tant aimée, brille au pied des falaises corses tandis que vogue sous le soleil éclatant le somptueux navire baptisé de son nom le 19 mai 1988. Et pourtant ! Qui, de nos jours, sait qui est Danielle Casanova ? Commentant, dans un livre intitulé Femmes dans la guerre 1939- 1945, les interviews qu'elle lui avait consacrées pour une émission de télévision de grande qualité, en 1989, la réalisatrice Guylaine Guidez écrit sous l'inter-titre La pasionaria rouge de la Résistance, Danielle Casanova : « Le passant, qui, à mi-hauteur de l'avenue de l'Opéra à Paris, désire rejoindre la rue de la Paix, peut emprunter une petite rue bordée de boutiques cossues, la rue Danielle-Casanova. L'auteur de cet ouvrage y a habité dans sa prime jeunesse et, comme le quidam évoqué plus haut, n'avait pas, à l'époque, la moindre idée de l'être humain qui avait porté ce nom et dont la ville honorait ainsi la mémoire.