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Fugace1 Passage de la Démocratie au

Vingt ans après

-Rétrospective-

Contribution à la Commission Vérité et au Mécanisme de Justice Transitionnelle

Dossier de Rose Ntwenga, Montpellier, le 5 avril 2014.

Le 6 avril 2013, les autorités politiques actuelles du Burundi ont officiellement renoncé à poursuivre les meurtriers du Président Cyprien Ntaryamira. Les lignes suivantes sont une sélection de temps forts de la seconde tentative d’introduction de l’esprit de démocratisation au Burundi de 1992 à 1994. Pour mémoire, la première tentative entre 1959 et 19652, est celle de la génération de nos parents, précurseurs du Burundi moderne. Avec l’avènement de la première république le 28 novembre 1966, les Hima burundais et rwandais dit Tutsi ont installé une dictature « émaillée » de génocides des Hutu du Burundi.

1992 - 1994, deuxième élan pour la Démocratie

Dans un climat d’extrême adversité entretenue par les tenants des dictatures Hima successives, les candidats démocrates lâchent une importante concession. Par la suite, ce compromis s’est avéré avoir été une erreur fatale.

1992, le renoncement

Au cours de cette année 1992, Melchior Ndadaye s’est résolu au nom du Front pour la Démocratie au Burundi (FRODEBU)3, à renoncer - sans l’expliciter - à inscrire la poursuite du crime de génocide dans le programme d’action du Parti. Pour parvenir à cette décision importante, plusieurs individualités récemment intégrées à son entourage immédiat4 se sont relayées pour embrouiller son jugement par un jeu de faux raisonnements et d’isolement tactique ponctuel5. Malgré toutes les descriptions faites sur l’inconsistance de leur engagement à ses côtés (à cause d’un passé de violence6 contre les Hutu en 1972-19737), Melchior Ndadaye n’a pas été en mesure de se dégager de leurs recommandations.

« - Le crime de génocide se range dans la catégorie des délits imprescriptibles ! » lui ont rappelé d’autres interlocuteurs.

Malheureusement, après quelques argumentaires peu convaincants, mais, obstinés en provenance de cet entourage, « Ne pas exhumer le passé » (Nta kuzura Akaboze) s’est tranquillement imposé comme marche à suivre. Pourtant, dans leur ensemble, les membres fondateurs du FRODEBU, n’ont-ils pas fui le Burundi pour échapper à l’entreprise meurtrière des Hima burundais et rwandais dit Tutsi au cours du Génocide des Hutu8 de 1972-1973 ? Déroutés par ce constat d’évitement du problème central dans l’Histoire récente du Burundi, les Superviseurs des Bâtisseurs, les Gardiens de la Mémoire et les Dépositaires des différents clans Hutu, se sont alarmés au point de pressentir un danger sur le sentier désormais emprunté. Pour eux, les fondateurs du FRODEBU ne se sont pas rendu compte de leur défaite morale. C’est pourquoi, ils se sont senti le devoir de prévenir une à une, plusieurs personnes de 2 mon groupe d’âge9, comme Alexis Hatungimana10 dit Bucucu du quartier de Kamenge et d’autres, témoins et survivants des atrocités avec leurs conséquences multiples.

Melchior Ndadaye Alexis Hatungimana Jean Helène Pierre Buyoya

Président du Burundi Gardien de la Mémoire Journaliste à RFI Président du Burundi

1993, 10 juillet – 21 octobre 1987-1993, 1996-2000

« -Vous devez témoigner, vous devez intervenir… », ont-ils expliqué.

« En plus de témoigner, ont-ils insisté, à mon attention particulière11, tu devras parler des Aînés12. Car, toi, à la différence de Bucucu, tu les connais tous ! ». Pour m’aider dans cette démarche, ils m’ont orientée vers Jean Hélène13, le correspondant de Radio France Internationale (R.F.I.) au Kenya à cette époque. Dans ce pays, un microcosme de zaïrois Mulelistes, de Hima rwandais (certains devenus kenyans) et de Hutu burundais survivants au Génocide de 1972-1973 se côtoyaient depuis des années, allant jusqu’à fréquenter les mêmes églises. Pour un éclairage destiné au grand public de la réalité méconnue du Génocide des Hutu du Burundi de 1972-1973, il était intéressant que le journaliste international interroge l’un des chefs Mulelistes zaïrois, établi au Kenya, en tant que réfugié. Il avait participé avec ses hommes à l’Invasion du Sud du Burundi à la fin du mois d’avril et début mai 1972.

« -Qui les avait recrutés ?

-Quel était leur lien avec les Hima burundais et rwandais dit Tutsi ? Etc. » ont-ils ajouté.

Régulièrement, depuis cette renonciation incompréhensible, des informations en tous genres, en provenance des dépositaires, me sont parvenues par divers canaux.

Le 9 mars 1992 : Le vote pour une nouvelle Constitution14

Cinq jours auparavant, Eugène Nindorera, président de la Ligue Burundaise des Droits de l’Homme, ITEKA, adresse un courrier au Major Pierre Buyoya dans lequel il attire son attention sur les conditions inquiétantes du déroulement de la campagne de sensibilisation publique sur le Référendum Constitutionnel. (Voir annexe 2) Toutefois, la nouvelle constitution est votée et, de fait, consacre le multipartisme au Burundi après 27 ans de parti unique.

Pour rappel, la création de Ligues des droits de l’Homme au Burundi a été imposée au Major Pierre Buyoya par les occidentaux à la suite de l’opération militaire sanglante contre les populations Hutu des communes de Ntega et Marangara au Nord du Burundi, frontalières du Rwanda. A partir de la mi- 3 août 1988, en effet, près de trois mille familles ont été tuées conjointement par l’Armée burundaise et les exilés Tutsi en armes. Deux ans plus tard, en 1990, le souci du respect des droits de l’Homme a été consolidé au Sommet France-Afrique avec le « Discours de la Baule15 » dans le cadre de la démocratisation prônée par le président français, François Mitterrand.

Au cours de cette année 1992, un autre fait majeur se produit

L’émetteur de la Radio Muhabura16 est déménagé du Sud de l’Ouganda pour son installation, avec l’accord du Président Pierre Buyoya, au sud de la ville de Bujumbura. Muhabura (Le Repère) était déjà l’appellation du journal de mobilisation au service du Front Patriotique Rwandais (F.P.R.)17 édité antérieurement à Bujumbura (Burundi), d’après Anicet Karege18. Le premier monitoring officiel remonte au 2 juillet 1992, 6.400 Khz, bande irrégulière adossée à 49 mètres (BBC-M, Naïrobi). Ce déménagement s’expliquait par la volonté de mieux couvrir le Sud du Rwanda.

La bande annonce était : « This is the Radio Muhabura. Radio Muhabura, the voice that repatriates the voice of the R.P.F. inkootanyi. »

J.P. Chrétien & J.F. Dupaquier falsificateurs par Omission Anicet Karege Jean-Paul Puts, intervenant au TPIR

Début octobre 1993, le Président Melchior Ndadaye ordonne la fermeture, à Bujumbura, de cette antenne rebelle, étrangère au pays, ainsi que l’arrêt des aides publiques versées au F.P.R. par les précédents dirigeants du Burundi. Ces aides duraient depuis l’avènement en 1966 des dictatures Hima successives. Aujourd’hui, il revient au Président Pierre Buyoya de fournir les raisons de cette importante sujétion de l’Etat « indépendant » du Burundi à une formation d’exilés Tutsi rwandais avec leur bras armé, le Front Patriotique Rwandais.

Le 1er octobre 1990, les troupes du F.P.R. ont envahi le Rwanda en passant par le poste-frontière de Kagituma (Ouganda). Dès cette offensive, les réfugiés Tutsi rwandais, installés au Burundi à partir de novembre 1959, ont organisé en toute liberté des manifestations culturelles et des collectes d’argent pour soutenir l’effort de guerre. Les combattants et les sympathisants du F.P.R. ont circulé librement au Burundi, en territoire « ami », quasi conquis à leur cause. Ils ont été les seuls à ne pas avoir été concernés par les nombreux couvre-feux décrétés à la suite du coup d’Etat du 21 octobre 1993 et de la guerre qui a suivi. Il faut se souvenir que depuis la création de l’Armée de Libération du Rwanda (l’A.L.R.) en 1964 à Bujumbura, les réfugiés Tutsi sont armés. Cette présence guerrière au Burundi avait suscité une Conférence à Goma, (Zaïre) les 18-20 mars 1967.19 Une déclaration commune entre le Général Mobutu (Zaïre), le Colonel Micombero (Burundi) et le Président Kayibanda (Rwanda), avait abouti à l’injonction aux réfugiés Tutsi rwandais installés au Burundi de déposer les armes dans un délai d’un mois.

Signalons que, la Radio Muhabura a émis à partir de mars 1991, à titre d’essai, des bulletins d’information et de propagande sporadique, c’est-à-dire, vingt-huit mois plutôt que la Radio gouvernementale (R.T.L.M.) du Rwanda, qui débute quant à elle, ses émissions, vers juillet-août 1993. 4

Pour les auditeurs sur place des deux radios, les messages de haine et de vengeance s’équivalent. Seule, la manière de les présenter est différente. Le grand public n’a retenu que la virulence des propos de la Radio Mille Collines. A quelques nuances près, cette situation de propagande en temps de conflit armé ouvert peut être comparée à une autre semblable en 1941 entre les Etats-Unis et le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. En effet, le thème choisi à cette époque par l’armée américaine pour mobiliser ses hommes à la contre-offensive au Japon était « Remember Pearl Harbour ! »20. Enfin, pour un minimum d’objectivité, les travaux de Reporters Sans Frontières (R.S.F.) pour le compte de l’UNESCO -rapport Médias de la Haine et l’ouvrage Rwanda : les médias du génocide-, co-écrits avec Jean Pierre Chrétien en 199521 (par la suite synthétisés par Renaud La Brosse22) auraient dû comporter quelques lignes de présentation du contenu de la Radio Muhabura dans le souci d’une meilleure compréhension des faits décriés.

Artémon Simbananiye Bernard Makuza Pierre Buyoya Paul Kagame

Préparation du scrutin de juin 1993 :

Une condition déterminante pour l’agrément des Partis politiques en compétition.

Le Président Pierre Buyoya, avec l’aval de son conseiller principal politique et diplomatique, Artémon Simbananiye,23 a imposé la présence obligatoire de quelques membres Hima dit Tutsi dans chaque parti souhaitant obtenir une existence politique légale. D’office, cette mesure leur a assuré le contrôle de toutes les activités en gestation des partis concurrents pour la campagne électorale. Ces « dits Tutsi », au statut de gage de confiance, avaient fonction de sentinelles24 payées à peu de frais, à l’intérieur de la structure. C’est le dispositif bien rôdé de destruction d’un individu, d’une famille, d’une entité quelconque, avec son consentement inconscient (le procédé de l’ichneumon25)! Avec cette mesure, un problème sérieux s’est posé à certains partis à majorité Hutu, de trouver des Tutsi avec qui composer. Les membres de ces partis, n’en connaissaient pas dans leur entourage direct ou familial. Ajoutons, que pour se conforter une certitude sur la trempe de ses adversaires politiques, le Président Pierre Buyoya avait exigé l’audition individuelle de chaque membre fondateur d’un parti.

L’exemple de l’un de ces nouveaux partis, à la recherche d’une légalité, est significatif. Ses membres Hutu avaient fini par réaliser vivre sans s’en rendre compte dans le voisinage d’un Tutsi en apparence sans préjugés ni animosité à leur égard. Malgré la précarité de l’exil des années précédentes, ces Hutu avaient réussi des études dans les pays d’accueil. De tous les membres fondateurs de ce parti, le nouveau « recruté obligatoire » était le seul à ne jamais avoir mis les pieds à l’école ! Le jour de son audience auprès de Pierre Buyoya, ils l’ont attendu à la sortie, tous, avec un regard un peu circonspect dans sa direction. Comment avait-il manié pour se présenter et expliquer sa très récente affiliation au parti ? 5

Notons qu’officiellement, le décompte ethnique n’existe pas au Burundi26. Mais, dans la réalité quotidienne, c’est tout un système d’exclusion non-assumé27 qui prend la forme d’un agencement scrupuleux dans les relations sociales et interethniques à commencer par la composition du voisinage direct28, l’accès à l’instruction, à l’emploi, au confort matériel, au confort moral, aux cercles d’amis, à l’accueil et le confort dans les lieux de soins de santé ...

« On » sait qui est qui, qui triche, qui n’a pas droit à …

Malgré l’existence de couples mixtes, en apparence, les Hutu et les Tutsi ne se fréquentent pas spontanément dans le Burundi issu des dictatures Hima. En réalité, c’est une juxtaposition de personnes par la pratique de « femmes placées » ou d’« hommes placés » dans une atmosphère de quasi-détention peu propice à l’épanouissement. Il suffit d’un sujet de désaccord (sur des abus criants par exemple) et tout s’effrite rapidement. Le rejet, les préjugés déplacés d’inégalité, l’affichage de la supériorité écrasante avec son cortège d’insultes, une violence retenue jusque-là … remontent tout à coup à la surface. Puis, sans explication véritable sur le soudain changement violent d’attitude, les remous s’arrêtent. Concrètement, le manque de considération est cultivé, l’air de rien, dans plusieurs actes de la vie commune. Gare à celui qui n’y prête pas attention ! Il subit des moqueries à tout moment et différentes agressions sans s’en rendre compte. La simple manière de s’adresser à autrui (par exemple, pour des salutations élémentaires de la vie quotidienne) peut être décryptée comme une provocation verbale, celle-ci, étant l’expression d’une inimitié certaine jusque-là enfouie. Aujourd’hui, c’est le constat d’un embarras général pour décrire et dénoncer ces pratiques malsaines et destructrices. Ce sont pourtant là, de solides éléments de base d’un système réel d’Apartheid29 non- proclamé mais appliqué à la lettre, à l’insu des victimes. Le côté indétectable, à première vue, de ce système de ségrégation rend difficile la défense des concernés par cette exclusion.

Dans le fond, qu’est-ce qui oppose les Hutu aux Hima dits Tutsi ? C’est « Le manque de respect [des seconds] envers autrui, ses biens et son Histoire30 ! ». Pour le reste, c’est par la Tradition orale que les différents clans du Burundi définissent leurs pratiques et leurs organisations sociales, avec le repère historique principal de l’époque des Raids Esclavagistes (Igihe ca Ba Camunara).

Le déroulement des élections de juin 1993

Au bureau de vote du quartier de l’Ocaf/Ngagara, le Superviseur de Pierre Claver Nuwimkware31 a décrit le refus des assesseurs de valider le vote des Hima rwandais naturalisés burundais. Ils ont vu arriver des hommes de grande taille à la démarche nonchalante et discutant en Kinyarwanda. A la présentation de leur pièce d’identité burundaise, les assesseurs, surpris par les pièces justificatives, leur ont contesté le droit de vote. Ils ont ouvertement douté de l’exactitude de leur nationalité burundaise. Imperturbables, les votants ont fait observer au public la méconnaissance des assesseurs sur l’Histoire de leur pays : « -Nous avons acquis la nationalité burundaise dans les années soixante. 32 ». En guise de réponse, les assesseurs ont reconnu l’aspect authentique des papiers d’identité présentés. Mais, de leurs constats formels, ils les sentaient très étrangers de la « façon d’être » Burundais : « - Vous ne vivez pas et vous ne vous comportez en rien comme de vrais burundais ! ». Ces votants du Burundi de juin 1993, pour la plupart d’entre - eux, font partie, avec leurs familles, du staff francophone influent auprès du Président du Rwanda, Paul Kagame.

Le dépouillement du scrutin

Dans l’une des circonscriptions au nord du pays (à Kayanza ?), un vent de panique a traversé l’esprit des assesseurs Hutu au cours du décompte des bulletins de vote. A un moment donné, dans la cadence du dépouillement, seul, le bulletin du FRODEBU est sorti régulièrement de l’amas de papiers. Par 6 cette première impression au coup d’œil rapide, la victoire était acquise au FRODEBU, comme annoncé dans les slogans de la campagne électorale (Instinzi ni kashi). En se tournant vers les autres assesseurs pour commenter le constat, ils ont surpris leur mine renfrognée. Très vite, ils se sont ressaisis : « -Nous irons au bout du décompte des voix avec à l’esprit la possibilité de ne pas sortir vivants du bureau de vote. » ont-t-ils confié par la suite aux dépositaires. Parmi les Aînés, quelqu’un, se souvenait que, dans ces circonscriptions, certaines communes avaient voté à la majorité quasi- absolue pour le Parti du Peuple (P. P.)33 aux élections de 1961.

A Montpellier (France), comme dans d’autres villes où résidait la diaspora burundaise, un bureau de vote a été ouvert. L’Ambassadeur du Burundi en France, M. Philippe Kanonko, avait fait le déplacement de Paris pour superviser un vote anticipé. Pour la première fois, je rencontrais la fratrie des enfants du Capitaine Charles Ndikumagenge34. J’étais étonnée que leur père les ait laissés « côtoyer des Blancs », lui (et ses cousins Hima) se moquaient du choix de mon père d’avoir inscrit ses enfants dans des écoles » de Blancs » (...). Au cours de cette même occasion, j’apprenais que le nombre de ressortissants burundais était plus élevé que le petit comité formé pour le vote à Montpellier. Il aurait fallu, en plus, ajouter les femmes et les hommes rwandais (en général) établis à Montpellier et dans les environs avec des passeports (de confort) burundais.

La victoire électorale du 1er juin 1993

Melchior Ndadaye a gagné les élections présidentielles avec un score sans appel de 64,7% de voix exprimées en sa faveur. Deux jours après la proclamation des résultats, des étudiants ont protesté contre le verdict des urnes dans la ville de Bujumbura.

Le 5 juin, des fonctionnaires leur ont emboité le pas. Certains ont même déchiré leur carte d’électeur ! Une marche a été organisée dans le quartier de l’Ocaf/Ngagara par « des gens » réclamant la dissolution du Front pour la Démocratie au Burundi (FRODEBU). De plus, il a circulé qu’un mot d’ordre de grève générale pour une ou deux semaines allait être rendu public par le Secrétaire général de la Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore (J.R.R.). D’après plusieurs indications recoupées, le Front Patriotique Rwandais (F.P.R.) était derrière ces agitations.

Entretemps, les dirigeants et animateurs du FRODEBU ont bien tenu leurs militants pour qu’ils ne répondent pas à ces provocations. Même le Parti pour la Libération du Peuple Hutu35 (PALIPEHUTU) n’a pas bougé. Pour ne pas provoquer « les Tutsi », le FRODEBU s’est résolu à ne pas fêter son éclatante victoire.

Ces précautions envers la susceptibilité des « Tutsi » commençaient à en étonner plus d’un. « Dans le quartier de Kamenge, personne n’en a tenu compte. Au contraire, dès l’annonce à la radio du vainqueur des élections, une clameur joyeuse a accueilli les résultats. C’était comme au jour de l’inauguration de l’éclairage public dans le quartier de Cibitoke (Zone urbaine) au milieu des années quatre-vingt. De plus, une parade de grande allure, constituée d’une centaine d’hommes, a défilé sur l’axe principal routier qui sépare le quartier. C’était en référence aux Anciens, qui après avoir éloigné le danger36, pouvaient vivre au grand jour, parler bruyamment, s’exhiber. C’est l’une des origines du Tambour du Burundi battu exclusivement par des hommes. Ce tambour, battu, ininterrompu, rassure l’homme de son étonnante vigueur. Tout le monde, dans cette partie de la ville de Bujumbura était content. Avec cette victoire, c’était la manifestation de l’embellie souhaitée. ».37

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Début juillet 1993, « première38 » tentative de coup d’état

Dans la nuit du 2 au 3 juillet

1993, « Paul Kamana et Bernard Busoskoza, un ancien de l’Office national des Télécommunications (Onatel) en compagnie de quatre officiers, dont Ningaba, Rumbete et Bucumi, ont ordonné la coupure des télécommunications. Ils étaient aidés par Edouard Hicitunka ainsi que deux autres agents Onatel et des techniciens radio ». 39 ( …) Il est à constater que M. Bernard Busokoza a occupé le poste de Premier Vice- Président du Burundi d’octobre 2013 au 1er février 201440.

Bernard Busokoza

Le 9 juillet 1993 : Le président Pierre Buyoya, via son ministre du Commerce, Bonaventure Kidwingira (voir annexes 4 et 5) signe41 un décret accordant à l’entreprise belge Affimet le statut de « Zone Franche ». Cette société est la propriété de l’Anversois, Tony Goezt42 (voir aussi annexe 6)

Le 10 juillet 1993 : -Passation du pouvoir.

-Investiture du premier Président élu démocratiquement au Burundi, M. Melchior Ndadaye.

Début Août 1993

Des pressions en provenance des conseillers du Président Melchior Ndadaye sont exercées sur les journalistes « burundais ». La musique et des morceaux du folklore rwandais sont interdits de programmation et de radiodiffusion43. Le décryptage de ces éléments sonores, a mis à jour un contenu manifestement épique et vindicatif contre les Hutu. Il fallait se souvenir que le détournement de chansons populaires à des fins de propagande anti-Hutu n’était pas une première pour les Hima rwandais dit Tutsi. En continuité de cette pratique, à l’annonce de la mort de Bob Marley, le chanteur de Reggae, le 11 mai 1981, les Rwandais Tutsi de l’Ocaf/Ngagara avaient organisé des veillées animées rassemblant plusieurs personnes. Mon groupe d’âge avait été prévenu pour ne pas se méprendre sur le sens de ce regroupement, faussement spontané, dédié à la vie et au talent du célèbre chanteur. Ces veillées étaient un paravent tout trouvé par les Hima rwandais pour enfin, fêter ouvertement, la Victoire du 8 mai 197244 ! Certains parmi eux sont Bénéficiaires ou Co-acteurs du Génocide des Hutu en 1972-1973. Au cours de ces veillées, quelques-uns s’exclamaient : « - On les a tous écrasés comme des punaises. Puis, on les a jetés n’importe où. Personne ne les a réclamés. Plus personne ne parle d’eux ! ». En plus, ils s’étaient vantés de plusieurs autres faits dont celui « de s’être appropriés du quartier de l’Ocaf/Ngagara avec facilité, sans tirer un seul coup de feu » (...) Etc. Même, Bernard Kayibigi, membre du Conseil de guerre du 6 mai 1972 et procureur général de la République au moment du Génocide de 1972-1973, avait envoyé Lazare, (l’employé de maison de mon père de 1963 à 1967) et d’autres personnes, répandre la nouvelle autour d’eux dans le quartier de Kamenge. L’ancien procureur faisait circuler des propos très surprenants sur l’arrivée des « Rwandais » en novembre 1959 à Bujumbura.

Rappelons que des difficultés relationnelles latentes subsistent entre les Hima burundais et les Hima rwandais. A titre d’illustration, au milieu des années 80, deux journalistes rwandais (Radio), dont l’un s’appelle Clément Robert Rutenderi, avaient été chassés de la rédaction pour des prétextes confus liés à leur origine.45 8

Le 25 août 199346 : Conférence de Presse de Melchior Ndadaye, Président de la République du Burundi.

Le Président parle (entre autres sujets) de la Zone Franche et d’Affimet [lire l’annexe 3 ter]. Extraits : « (…) -La Zone Franche est quelque chose qui a été accepté par le gouvernement du Burundi. Nous avons reconnu des avantages à cette Zone Franche. Il y a une loi qui n’a pas été remise en cause. Cette loi a été suivie d’une ordonnance ministérielle qui en précisait les modalités d’application. Maintenant, nous avons demandé que cette ordonnance ministérielle et cette loi soient appliquées rigoureusement.

Concernant le cas particulier d’Affimet, le gouvernement précédent s’était rendu compte qu’il y avait eu irrégularité dans l’attribution du certificat de Zone Franche à cette entreprise. Et cette irrégularité tient au fait que l’ordonnance portant mesure d’application de la loi sur la Zone Franche prévoit en son article premier, les produits qui ne font pas partie, (ou) qui ne peuvent pas faire partie de cette Zone Franche. Donc, qui ne sont pas éligibles. (…) Et, l’Entreprise a commencé à exporter à partir d’avril 1993. Nous avons constaté que les équipements ont continué à arriver jusqu’au mois de juin. Et, l’entreprise a exporté sur quatre mois pour un montant d’à peu près un milliard de nos francs. Nous avons pensé que le Burundi ne pouvait pas fonctionner comme si c’était une jungle, où on ne respecte pas les lois qui sont établies.

Et, je demande à tous les opérateurs économiques de nous comprendre. De sentir notre désir, de faire en sorte que le cadre légal soit un cadre qui respecte les intérêts de tout le monde. Aussi bien les intérêts des opérateurs économiques que ceux de l’Etat Burundais. Qu’est-ce que nous aurions pu répondre si cinq ans après les Burundais nous avaient dit : « Vous avez illégalement permis à une entreprise de provoquer un manque à gagner de vingt, trente, ou cinquante milliards de francs Burundi aux caisses de l’Etat.» ? Qu’est-ce que nous pourrions répondre d’ici cinq ans ? Donc, nous n’avons pas retiré le certificat d’entreprise franche à Affimet, nous avons suspendu ses effets. Pour que nous ayons le temps d’analyser en profondeur ce genre de dossier. Nous demandons à Affimet, s’il le veut bien (on ne les y oblige pas) de continuer à travailler comme les autres comptoirs d’or d’ailleurs. Mais, travailler normalement, sans bénéficier de l’avantage de la Zone Franche. (…) ». (Voir le texte intégral en Annexe 4)

Pierre Buyoya L’or du Congo & AFFIMET Bonaventure Kidwingira (*)

(Voir chronologies en Annexes 5 et 6)

(*) -interviewé en 1989 par Rose Ntwenga, Agence burundaise de presse (A.B.P.)

Le 21 octobre 199347 9

A Montpellier (France), tôt le matin, l’un des dépositaires des Bâtisseurs m’a fait réveiller avec insistance. C’est l’un de mes enfants qui a reçu l’appel en premier. L’heure est grave. Je dois me souvenir de mon devoir de témoignage. J’apprends que Sylvana Barumpozako, de Kavumu, partie Fonds d’avance, à Kamenge, l’une de mes camarades de classe au Lycée d’Ijenda en 1972, est prise en otage. Le Président Melchior Ndadaye est détenu depuis quelques heures au camp militaire Muha. Il y est prisonnier. Mon interlocuteur ne me laisse pas le temps d’avoir peur.

« Souviens-toi ! Tu dois témoigner.»

A Bujumbura (Burundi), Un Conseil de Salut Public, a été formé par des membres de tous les partis politiques, des présidents des Ligues des Droits de l’Homme48, des représentants de la Société Civile, des représentants des Forces de l’Ordre. Dans leur première réunion, tenue cet après-midi, ils ont élu François Ngeze, Président de ce Conseil. Les premières mesures de ce Conseil sont les suivantes :

« (…) -Couvre-feu sur toute l’étendue de la République de 18h à 6 h.

-interdiction de circuler d’une commune à l’autre.

-interdiction de former des rassemblements de plus de trois personnes.

-Fermeture des frontières.

-Fermeture du port et de l’aéroport de Bujumbura à tout trafic.

-Appel au calme et à la responsabilité de chaque citoyen.

-Menace de sanctions sévères à l’endroit de ceux qui ne respectent pas la consigne.

-Transfert de l’autorité vers les militaires en Province (le Commandant de District est responsable de l’ordre et la tranquillité dans la Province de son ressort.)

-Appel aux pays amis et à tous les citoyens d’aider le Burundi à surmonter la crise.

-Promesse aux étrangers que « des mesures sont prises pour leur protection, dans leurs personnes comme dans leurs biens ».

-Appel au calme et promesse que la crise sera gérée dans l’intérêt de tous les Burundais. (…) » (Voir le texte intégral en annexe 1)

Soulignons que François Ngeze est ministre de l’Intérieur du Président Pierre Buyoya de février 1992 au 10 juillet 1993 au moment de l’investiture du Président Melchior Ndadaye.

Soulignons aussi que le Communiqué de l’Armée qui proclame un Coup d’Etat ne fait nulle part mention d’un reproche quelconque au pouvoir en place depuis trois mois. Il se borne à déclarer que l’Armée dans son entièreté s’est soulevée contre le pouvoir en place. Par contre, les communiqués des trois précédents coups d’Etat (28 novembre 1966, 1er novembre 1976, 3 septembre 1987) mentionnaient des griefs précis49 contre les prédécesseurs à la tête du pays (voir Annexe 1bis). A noter que la caractéristique principale entre les auteurs de ces derniers coups d’Etat, est leur lien de très proche parenté !

Description du manque de conscience50 du danger imminent 10

Richard Ndikumwami51

Pourtant, Richard Ndikumwami (Administrateur général de la Sûreté) a été prévenu en détail du coup de force criminel en préparation. La veille, le 20 octobre, il prenait le frais à l’Hôtel Club Tanganyika où lui parvient un appel téléphonique de Kigali (Rwanda). L’interlocuteur lui a narré en détail, le déroulement du Putsch. Il lui a recommandé vivement de dire au Président (Melchior Ndadaye) de ne pas passer la nuit au Palais. Mais, Richard a répondu « que ces rumeurs de Coup d’Etat, nous commençons à en avoir l’habitude. Les militaires ne passent tout de même pas leur temps à cogiter et à préparer des coups d’Etat… »

Une autre personne (dont l’identité n’a pas été spécifiée) est présente au moment de cette conversation. Cet homme était au Club en compagnie de Richard Ndikumwami. En pleine causerie avec lui, Richard a été appelé sur son téléphone cellulaire. Son interlocuteur lui a donné les détails de ce qui se passerait ce soir-là. Richard a minimisé. Il a dit à un nommé Séverin « ces gens qui nous disent qu’il y aura des coups d’état, c’est comme si, on ne peut plus dormir tranquille. C’est comme si dans la tête des militaires, il n’y a que des coups ! ». Ces conversations ont eu lieu entre 18h30 et 20h30. De son côté, Monseigneur Noé Nzeyimana52 a parlé au Chef de l’Etat (Melchior Ndadaye) vers 22 heures. Il avait les détails très inquiétants sur ce qui se tramait pour cette nuit-là. Il l’a supplié de ne pas passer la nuit au Palais. Le Président a assuré que toutes les mesures avaient été prises à cet effet. Il semble que des canons anti - chars avaient été mis du côté du Quartier Asiatique. Cependant, l’attaque est venue du côté de l’Hôtel Méridien. La meilleure solution eut été de ne pas passer la nuit au palais.

Un nouveau coup d’état était prévu pour le 29 novembre 1993.53

En réalité, le premier signal véritable du danger s’est manifesté en 1992 par la manière dont les gardes du corps54 de la Protection des « Peuples » de la Cité de Kamenge ont été dépossédés de leur mission. Car, l’une des premières atteintes à l’intégrité physique de Melchior Ndadaye s’est déroulée dans son fief de Kamenge dès les premiers meetings politiques autorisés. Ce sont deux femmes qui ont déjoué l’action par des cris. En s’éloignant un court moment de la foule compacte, elles ont aperçu deux hommes bras tendu, pistolet à la main qui, tour à tour, ont tenté de s’introduire à l’arrière de la tribune de fortune. A leur tâtonnement fébrile, les deux femmes ont deviné l’intention meurtrière des deux hommes. Pour donner l’alerte, elles ont crié comme si l’irréparable était déjà commis.

Jean Minani

Le 22 octobre 1993 : Jean Minani forme un gouvernement en Exil à Kigali (Rwanda).

(Voir annexe 7)

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Le 22 octobre 1993 : Mgr Alfred Ndoricimpa déclare que, selon ses sources, le Chef d’Etat- Major Jean Bikomagu, Cyprien Mbonimpa et Paul Kagame du FPR sont impliqués dans le putsch.

Extraits : Q : Avez-vous des précisions sur ce qui s’est passé ?

Mgr Alfred Ndoricimpa

R : La nuit, les militaires du onzième Bataillon blindé et du Bataillon Para ont attaqué le palais présidentiel. Apparemment, la Garde présidentielle a pu repousser les rebelles. Puis, les membres du gouvernement ont été arrêtés et emprisonnés. Hier, midi, nous avons appris que peut-être certains avaient été tués. Maintenant, le peuple, après avoir entendu les informations selon lesquelles leur président, qu’ils avaient démocratiquement élu, avait été emprisonné sans raison par les militaires, le peuple donc, s’est soulevé, il est descendu dans la rue pour protester et les militaires ont commencé à tirer sur ces civils sans défense. (…) On m’avait informé qu’un coup d’Etat était préparé par le Colonel Bikomagu, chef de l’Etat-major de l’armée burundaise, en collaboration avec l’ex-président Bagaza -mais, cela reste à confirmer en ce qui le concerne-, l’ex-ministre des Affaires Etrangères, Cyprien Mbonimpa, et le Chef de l’aile dure du FPR, Paul Kagame.

Q : Le FPR, le Front Patriotique Rwandais, qui a entamé sa réconciliation avec le régime de Kigali, a donc, un rôle dans les événements au Burundi ?

R : Depuis le temps de Buyoya-NDRL : Pierre Buyoya, l’ancien président de la République-, le FPR a voulu attaquer le Rwanda depuis le territoire du Burundi. Le major Pierre Buyoya l’a refusé. Maintenant, ils ont vu qu’avec la victoire du FRODEBU-Front pour la Démocratie au Burundi, le parti du président Ndadaye-, il n’y a plus du tout de chance pour que le FPR puisse opérer à partir du Burundi. C’est pourquoi l’aile dure du Front Patriotique Rwandais a demandé que ses militaires soient intégrés à l’Armée du Burundi, ce qui aurait été un moyen facile pour rentrer au Rwanda.

Q : Et les militaires burundais rebelles, qu’est-ce qui les a poussés à perpétrer ce Coup d’Etat ?

R : Ils refusaient les élections, c’est tout. Il n’y avait aucun problème, les gens vivaient désormais en paix. (…) ».

Q : Et, vous dites que vous avez entendu parler de la préparation de ce coup d’Etat ?

R : Nous avions entendu des rumeurs selon lesquelles les personnes citées -Bikomagu, Bagaza, Mbonimpa- tenaient des réunions privées, apparemment destinées à préparer un putsch. Mais, nous n’avons pas pris ça au sérieux. Et puis, la semaine dernière, l’ex-ministre des Affaires étrangères Mbonimpa s’est rendu à Naïrobi pour la Conférence des Eglises de toute l’Afrique. Il y a critiqué le fait que la Constitution burundaise ne comportait aucun article particulier protégeant la minorité tutsie du pays, alors que la Constitution date de bien avant la démocratisation, lorsque son parti était au pouvoir. Il a alors dit qu’il fallait s’attendre à un « amendement », ce qui laisse entendre qu’il était au courant.

(Source : Sur le Coup d’Etat au Burundi, entretien de Mgr Alfred Ndoricimpa avec Agnès Gorissen, journal Le Soir.55)

12

Le 23 octobre 1993 : -Lettre manuscrite de Charles Ntakije ministre de la Défense, au Lieutenant-Colonel Bikomagu, au Lt-Col Gakoryo, et aux Officiers. (Voir annexe 8)

- Au Lt Col BIKOMAGU.

Vous avez encore une chance de démontrer que vous n’avez pas joué un jeu double au profit d’une bande mafia qui a des intérêts sectaires à défendre. Pour ce faire, vous pouvez rejoindre une quelconque ambassade. L’action que vous menez actuellement vous déshonore comme chef d’un Etat-major d’une armée où les caporaux nomment leurs chefs.

Votre ministre de la Déf.

Signature.

23.10.93 Charles Ntakije

-Au Lt Col Gakoryo

Rejoindre l’Ambassade d’Allemagne ou de France ou USA. Des consignes et informations vous y rejoindront. Recruter d’autres officiers crédibles à y amener.

Votre ministre de la Def.

23.10.93

Messieurs les Officiers

Désolidariser-vous de cette clique de Hors-La- Loi qui vous ont recrutés que pour crédibiliser leur axe Vyanda-Bururi-Matana anti-démocratique.

Rejoindre les ambassades pour votre sécurité. Elles sont prêtes à vous accueillir. (RFA, USA, France…)

Le coup n’a pas de chance contre la colère populaire qui se manifeste déjà.

Des ordres et des consignes vous parviendront en temps et en lieu.

Recruter des éléments de contacts fiables avec les loyalistes de l’armée.

Votre M.D.N

23.10.93

-Le Comité de Salut Public disparaît : Dix-huit officiers de l’Armée et de la Gendarmerie composaient ce Comité56 : les colonels Charles Nditije, Célestin Ndayisabe, Alfred Nkurunzinza, Jean Bikomagu, Juvénal Nzosaba, Jean-Bosco Darandangwa, Anicet Nahigombeye, Gérard Cishahayo, Laurent Niyonkuru, Pascal Simbaduku et Ascension Twagiramungu (Tutsi rwandais) ; les lieutenants- 13 colonels Juvénal Niyoyunguruza (Mamba Vert), Janvier Baribwegure, Mamert Sinarinzi, Pancrace Girukwigomba ; les lieutenants Bigirimana et Jean Ngomirakiza.

Le 24 octobre 1993 : Les Autorités de Kigali lancent un appel au calme après le coup d’Etat au Burundi.

Extrait : « (…) Le gouvernement rwandais, qui craint une éruption de violence à la suite du Coup d’Etat au Burundi, a appelé dimanche, la population « à ne pas se laisser entraîner dans des conflits ethniques » qui mettraient en péril le processus de paix. Les évènements du Burundi ne doivent pas affecter l’accord de paix signé en août dernier par le gouvernement et le Front Patriotique Rwandais (F.P.R.). ( …) ».

(Source dépêche de l’Agence France Presse (AFP) en annexe 9)

Le 25 octobre 1993 : sur la British Broadcasting Corporation (BBC), Jean Baptiste Bagaza nie toute participation au putsch.

Jean Baptiste Bagaza

Extraits : « (…) J.B Bagaza57 : Je n’ai été ni avant, ni pendant, mêlé à quoi que ce soit dans ces malheureux évènements.

Q : Que pensez-vous du nom de Charles Kazatsa parmi les comploteurs, qui fût, votre ministre de l’Intérieur ?

R : Non, Charles Kazatsa n’est pas parmi les comploteurs. Les vrais comploteurs ont été cités par les responsables du FRODEBU, le ministre Nyangoma. Ils sont tous d’anciens proches collaborateurs du Major Pierre Buyoya qui avaient déjà tenté le coup au début du mois de juillet, juste après les élections. Ils avaient été emprisonnés et ils ont été relâchés la veille de ce coup-ci pour perpétrer le nouveau mauvais coup.

Q : Quelles sont les vraies motivations de ce coup de force ?

R : Je pense qu’il faut laisser aux enquêteurs de trouver le motif parce que les putschistes eux-mêmes ne veulent pas jusqu’à présent le dire et ils ne veulent pas apparaître. C’est une situation assez étrange que des putschistes qui ne veulent pas apparaître, continuent quand même à négocier avec le gouvernement légal à travers le Chef de l’Etat-Major, sans même, eux-mêmes, se faire connaître. Voilà le véritable problème ! (…)

Q : Vous croyez que les négociations puissent aboutir à quelque-chose, au moment où les mutins eux- mêmes n’ont pas encore exposé leurs motifs ? Vous pensez qu’une sorte d’amnistie est possible ? Pourquoi et contre qui ?

R : Oui, c’est possible. Ce qu’il faut faire d’urgent actuellement, c’est d’arrêter les massacres et après, on pourrait envisager n’importe quelle situation. Il est vraiment urgent que toutes les bonnes volontés soient mises à contribution pour arrêter les massacres, à quelque niveau que ce soit, au niveau personnel, des organisations locales et internationales ou gouvernementales. » .

(Source : Entretien de Jean Baptiste Bagaza accordé à Karenga Ramadhani British Broascasting Corporation (BBC) Edition de 7 heures du matin, le 25.10.1993) 14

Le 30 octobre 1993 : Hier, les militaires ont tué dix-huit personnes à Cibitoke (Zone urbaine). A Ruyigi, au Collège de Rusengo, les élèves (Tutsi) ont tué leurs professeurs et les élèves Hutu. Ils se sont rendus, ensuite à pied à Ruyigi où l’Armée ne leur a absolument rien reproché. Une centaine de personnes se sont réfugiées à la Cathédrale. Le lendemain, les militaires en ont tué soixante-treize d’entre-elles. La veille, des hélicoptères avaient transporté des parachutistes dans la région.

(Source : témoins indépendants et témoins religieux58)

Le 1er novembre 1993 : François Ngeze se plaint dans un courrier à Madame d’être en résidence surveillée.

Extraits : « (…) Excellence, Madame le Premier Ministre (…) Je viens d’apprendre que lors de votre conférence de presse du 31/10/1993, je suis en résidence surveillée pour avoir accepté de présider un groupe de putschistes qui voulaient renverser les institutions démocratiques.

Face à ces accusations, puis-je, Madame le Premier Ministre, rappeler la rencontre que nous avons eue à trois au bureau de l’Etat-Major Général c’est à dire Votre excellence, le Chef d’Etat-Major Général et moi-même. En effet, Vendredi le 22-10-1993, dans la recherche des voies et moyens de gérer la crise qui avait débuté du 20-21 octobre 1993, guidé par l’esprit de transparence, nous nous sommes rencontrés pour voir ensemble comment redresser la situation. Je vous ai exposé la situation que je voudrais reprendre ci-après :

1) Comment les troupes militaires sont venues me prendre de force à la maison, dans la nuit du 21-10- 1993 pour être enfermé dans un camp militaire.

2) Comment un groupe d’officiers m’a rencontré pour m’expliquer la gravité de la situation et solliciter mon concours à la sauvegarde des intérêts supérieurs de la nation. (…)

5) De la rencontre avec les ambassadeurs de la C.E.E, il a été montré le souci de mettre en application les recommandations de trois de ces rencontres qui se résumaient à : -assurer la sécurité sur tout le territoire, (…)

6) La rencontre avec les représentants des Eglises a abouti aux recommandations identiques à celles des autres.

Madame, le Premier Ministre, de ces rencontres, je ne vois pas comment, le gouvernement m’accuse d’avoir dirigé un groupe de putschistes ; au contraire, je me suis engagé non pour me substituer au gouvernement mais pour contribuer de mon mieux à sortir le pays de l’impasse.( …) Il est néanmoins regrettable qu’après une telle détermination de ma part au risque de ma vie et après de fermes promesses faites par le Chef d’Etat-Major de la gendarmerie en présence du Chef de la délégation de la C.E.E., je puisse être condamné par le gouvernement avant les enquêtes. Le même Etat-Major a organisé :-la coupure de mon téléphone, l’interdiction aux gens de me rendre visite, l’interdiction aux enfants et à mon épouse de sortir de l’enclos. De quoi sont-ils condamnables ?(…) »

(Voir texte intégral de onze pages manuscrites, et la position de son parti, l’UPRONA en annexe 10)

Le 3 novembre 1993 : l’Officier, le plus en vue, du mouvement rebelle F.P.R., Paul Kagame, dénonce les « putschistes » et demande le retour à la légalité issue des urnes.

(Source : Radio France Internationale (RFI)/ Monique Mas) 15

Le 5 novembre 1993 : Quinze militaires français supplémentaires provenant en partie du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (G.I.G.N.) et commandés par Stéphane Marconet sont envoyés au Burundi pour former deux compagnies d’élite chargées de protéger les membres du gouvernement.

(Source : journal Libération du 6 novembre 1993)

Le 7 novembre 1993 : « (…)-Les ministres ont quitté l’Ambassade de France et sont installés à l’Hôtel Tanganyika, protégés par les Super-Gendarmes français. L’Emissaire de l’O.U.A. est toujours à Bujumbura où la situation n’est pas normale. Les violences ethniques demeurent et les réfugiés sont au nombre de 700.000. (…)

-Le choix du Club Tanganyika comme siège. (…) C’est un endroit facile à protéger. (…) Si un bataillon burundais attaquait (…) La présence française est symbolique (…) .L’armée burundaise n’oserait pas un geste politique d’attaquer une force française.

Q : Comment expliquer que la France ait accepté d’envoyer des soldats à Bujumbura ?

R : - La France est devenue le plus important bailleur de fond bilatéral et avait dépassé la Belgique et la Grande Bretagne, d’une part. D’autre part, militairement, la France, beaucoup plus que la Belgique a l’habitude des interventions militaires. N’oublions pas que depuis octobre 90, il y a un contingent français au Rwanda sans que cela ait suscité beaucoup de discussion en France. Au Burundi, la France a maintenu une coopération militaire même après le Génocide de 1972 lorsque d’autres pays comme la Belgique et la Grande Bretagne ont suspendu ce type de coopération. L’intervention française au Rwanda n’a pas été interprétée de façon positive dans la Sous-Région (des Grands Lacs). Cette intervention a été vue comme un soutien au régime qui était aux abois dans la Sous-Région, alors qu’au Burundi, le rôle de la France a été plutôt positif. (…) ».

(Source : (BBC) Edition de 7h du matin, le 07.11.1993)

C’est le général Michel Cabrières, général de gendarmerie (alors colonel) qui est responsable de la Coopération militaire au Burundi en 1993. Il commande les militaires français déployés à l’Hôtel Club Tanganyika.

A titre de rappel, dans la nuit du 20 au 21 octobre 1993, le président français, François Mitterrand a proposé l’intervention d’un commando pour sauver Ndadaye, encore vivant. Le refus des américains a ajourné cette opération de sauvetage.

(Source : journal Le Soir, Belgique)

Le 14 novembre 1993 : Courrier à Hosni Moubarak, président de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A) contre une intervention armée au Burundi.

« (…)Les partis politiques signataires sont : l’Alliance Burundo-Africaine pour le Salut, représenté par l’Ambassadeur Térence Nsanze ; l’Alliance nationale pour le Droit et le Développement, représenté par Pr Ignace Bankamwabo ; Inkizo y’Ijambo y’Abarundi, représenté par le docteur Alphonse Rugambarara ; le Parti indépendant des Travailleurs, représenté par Nicéphore Ndimurukundo ; le Parti social-Démocrate, représenté par Vincent Ndikumasabo ; le Rassemblement pour la Démocratie et le développement économique et social, représenté par P.O Cyril Sigejeje ; l’Unité pour le Progrès National représenté par Nicolas Mayugi. 16

Transmis copie à Son Excellence, M. Salim A. Salim, Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine à Addis Abeba (Ethiopie). (…) ».

(Voir annexe 11)

Le 6 décembre 1993

Les obsèques de Melchior Ndadaye ont lieu après six longues semaines de conservation dans les frigos de la Brasserie. C’était après que la Croix Rouge Internationale (C.I.C.R.) ait exigé son exhumation du camp Muha où son corps avait été enfoui à la sauvette par les putschistes. De tels gestes commis par des militaires burundais, étaient devenus comme des réflexes « normaux » depuis les exécutions arbitraires de 1965 et 1969, 1972-1973, … sans rencontrer une quelconque réprobation dans l’opinion.

Son épouse, Laurence n’était pas au bout de ses peines. En prévision de son apparition publique, tous les salons de coiffure de la ville avaient reçu la consigne de ne pas l’aider à s’apprêter pour la cérémonie!59 Après, en toute discrétion, une partie des effets personnels (officiels et privés) de Melchior Ndadaye ont été confisqués. Déjà, auparavant en mai 1993, Laurence avait confié son désarroi à des femmes Tutsi, des relations professionnelles, à priori, amicales. Son mari était assuré d’une victoire certaine par tous les circuits de renseignement ! Cependant, ce rôle de Première Dame lui procurait une certaine appréhension. Comment se comporter, etc. En réponse et dans un rire étrange, « ses amies » lui ont fait comprendre qu’elle devrait plutôt « s’inquiéter de son prochain veuvage » ! Entre-temps, différents dépositaires se sont relayés, auprès d’elle, pour lui indiquer diverses choses à connaître et à intégrer, désormais, entre autres, l’harmonie complémentaire entre les animistes, les catholiques et les musulmans. (...)

Le 23 décembre 1993 : sur RFI, le Major Buyoya ne regrette rien.

Extraits : « (…) P. Buyoya : L’origine du drame que nous connaissons n’est pas la démocratisation. Je pense que c’est un de ces problèmes profonds propres à la société burundaise, des conflits ethniques. Alors, cela peut exploser, avec ou sans démocratisation.Ca a déjà explosé sans la démocratisation, de ce côté-là, je n’ai aucun regret. Je crois que j’ai démocratisé comme les autres sont en train de le faire. D’autres que nous ont connu des problèmes, là, il ne faut pas l’imputer au système démocratique, à la démocratisation.

Q : Si on ne l’impute pas à la démocratisation, à quoi l’imputeriez-vous ? Puisque cette Charte de l’Unité Nationale avait largement été plébiscitée et signée. Qu’est ce ça veut dire alors ?

R : C’est à dire dans l’évolution du Burundi vers la paix, la stabilité et la réconciliation vers la Démocratie, il y a eu toujours « le jeu des extrémistes ». Le coup de force que nous avons connu est un forfait commis par cette frange de la population. Sinon, la grande majorité de la population a opté pour la Charte de l’Unité Nationale et pour l’Unité et la Réconciliation nationale. (…) Et d’ailleurs, c’est pour cela que ce coup de force n’a pas réussi, parce que la majorité de la population ne pouvait pas suivre et n’a pas suivi.

Q : Mais, si la grande majorité des gens (Hutu, Tutsi, Twa) a souscrit à cette Charte de l’Unité Nationale, comment expliquez-vous le Putsch et les massacres qui ont suivi ?

R : Je crois qu’il faut faire justice à la grande masse des populations burundaises qui sont essentiellement non-instruites. Et ces gens-là, ont été pour l’Unité, pour la Démocratie et pour la Réconciliation, mais, ils ont souvent été poussés à commettre des massacres par une poignée de gens 17 instruits, ceux-là qui croient que la division peut leur servir comme tremplin politique pour avoir des avantages matériels dans la société. (…)

R : Je peux affirmer sans me tromper que la grande majorité des Tutsi a accepté le verdict populaire. C’était sans compter avec la volonté farouche de ces extrémistes qui se trouvent être une infime minorité.

Q : Cette infime minorité semble faire la loi dans le pays.

R : Oui, malheureusement.

Q : Vous pensez qu’il faut les sanctionner ?

R : Sans aucun doute. Il faut sanctionner tous les coupables des malheurs qu’a connus le pays en ce mois d’octobre et novembre sans exception. Si on ne l’a pas fait dans le passé, en tout cas, maintenant, il faut absolument le faire. Sinon, le pays, la nation restera l’otage de ces extrémistes.

(…) Q : Président Buyoya, vous étiez déjà arrivé au pouvoir par un coup d’Etat. Est-ce que maintenant, c’est une chose que vous condamnez ?

R : C’est quelque chose que je condamne énergiquement. Aujourd’hui, c’est l’ère de la Démocratie. Moi, je suis partisan de cette voie. Je crois que l’époque des coups d’état, c’est fini(*) ! »60.

(Source : entretien de Pierre Buyoya accordé à Dominique de Courcelles (RFI), édition de 13 heures, le 23.12.1993).

(*) Pierre Buyoya réitérera cette affirmation trois ans plus tard : « Mon avenir politique ? Je ne suis pas candidat à quoi que ce soit. D’ailleurs la place de candidat à la présidence n’est pas vacante. (…) Je souhaite simplement que soient préservés les acquis de la démocratie et dans ce sens, je conseille les uns et les autres… » (Journal Le Soir de Belgique C. Braekmann, 10 février 1996)

Octobre 1993, création d’Albizia61 et préparation de la Mission « Ecoute et Dialogue »

En réaction spontanée, avec quelques connaissances amicales ayant vécu au Burundi, il a paru nécessaire d’agir. A peine avions-nous ébauché les prémices constitutives de l’Association internationale pour la Démocratie (Albizia)62 que Jean Pierre Chrétien, historien au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) français, à la demande des Hima rwandais, dits Tutsi, a écrit à l’avocat, maître François Roux pour protester contre ma présence dans cette initiative.

Le 3 novembre 1993, il a envoyé depuis Paris (France) un courrier d’information sur l’actualité à différents décideurs et interlocuteurs sous le titre de « Le Burundi entre un putsch et un génocide » (Voir document intégral en annexe 12a)

Le 14 décembre 1993, en réaction à cette prise de position, Dr Jean Batungwanayo, depuis Kigali (Rwanda) lui a adressé une lettre ouverte, au nom de la Communauté burundaise réfugiée au Rwanda. (Voir document intégral en annexe 12 b)

Le 14 janvier 1994, Jean-Pierre Chrétien a ensuite envoyé un courrier au Président de la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies.

Extraits : « (…) A l’attention de M. Jakob Moller, Chef de la section de la Communication. 18

Centre des Droits de l’Homme, Office des Nations-Unies à Genève. CH 1211 Genève

Monsieur, le Président.

Depuis le début de novembre 1993, je vous ai adressé plusieurs courriers accompagnés de documents relatifs aux massacres qui ont été perpétrés au Burundi à partir du 21 octobre 1993.Aujourd’hui, les témoignages affluent, la presse burundaise même gouvernementale, ne peut plus dissimuler l’ampleur du génocide commis contre les Tutsi et les Hutu opposants (membres de l’Uprona) au Nord, au centre et à l’Est du pays entre le 21 octobre et le début du mois de novembre.

Je vous adresse ci-joint un dossier récent (rédigé le 2 janvier 1994), nourri essentiellement de documents venus du Burundi et intitulé « Burundi : du génocide légitimé à la normalisation ou à la guerre civile ? » que j’ai diffusé auprès d’instances sensibilisées à cette question. Vous trouverez également cinq dossiers de plaintes constituées sur place par des parents, amis et voisins de personnes massacrées dans cinq communes du Burundi. La société civile de ce pays est devenue remarquablement active et ces dossiers très précis vont se multiplier, puisque au moins 70 communes (sur 114) ont été touchées(…) »

(Voir document intégral en Annexe 12 c)

Jean Carbonare

Entre temps, Jean Carbonare, Président de l’Association Survie63 s’est immiscé dans le travail en préparation pour le Burundi. Une première rencontre a été organisée à Paris avec François Roux, lui et moi. Son sujet unique de conversation a porté exclusivement sur le sort des Tutsi du Rwanda. Il en parlait avec des trémolos dans sa voix que j’ai renoncé à lui faire comprendre que « Hima » était l’appellation appropriée de ses protégés. Sur le moment, aussi, je n’ai pas très bien compris le sens et la finalité de cette rencontre, ni de ses propos et encore moins, ses intentions dans l’activité en construction pour le Burundi. Cette volonté de superposition et d’amalgame à tout prix des contextes du Burundi et du Rwanda m’a parue avec certitude être très curieuse. Pour rappel, le Comité Catholique contre la faim (C.C.F.D.) était le principal financeur de la Mission Albizia du 8 au 16 février 1994 au Burundi. (Remerciement).

Merci, aussi, aux autres contributeurs64 qui ont permis la réussite de cette Mission.

Plus tard, dès que le Génocide des Tutsi du Rwanda65 sera ancré dans l’actualité internationale, le Major Thomas Ndabemeye66 fera parvenir à plusieurs personnes des indications sur divers sujets et faits concernant les « Rwandais ». Par exemple, c’est de lui (avec d’autres individualités) que proviennent les indications sur le statut réel de Jean Carbonare auprès des Hima rwandais. Entre autres éclairages, il révèle que le président de l’O.N.G. française protestante, Survie, est, en fait, au service du staff francophone influent auprès du Président Paul Kagame. Sur une seule page écrite en français, Jean Carbonare est nommé en qualité de Conseiller politique auprès d’un collaborateur important de la présidence du F.P.R. nouvellement au pouvoir après avril 1994.

Quant à Jean-Pierre Chrétien se souvient-il de ses échanges d’avis partagés avec des interlocuteurs sur l’inanité du Rapport Whitaker daté de 1985 ? A qui Jean-Pierre Chrétien a - t- il confirmé en toute confiance, que la Tradition orale, tant qu’elle n’est pas transcrite par écrit, son contenu, c’est à dire l’histoire naturelle des gens, n’existe pas ? En référence aux cassettes audio du Centre de Civilisation Burundaise (Ciciba)67 (…) 19

Depuis le 21 octobre 1993 jusqu’en février 1994 à l’arrivée de la Mission Albizia au Burundi, la Constitution du pays est suspendue en attendant les apports et ajustements du constitutionaliste français, Dominique Rousseau.

Le 5 février 1994 : Discours d’Investiture du Président Cyprien Ntaryamira. (Citer son clan, Citer les Hauts Faits de son clan)

Extraits : « (…) – Mais, qu’est ce qui a amené le peuple burundais à porter sa préférence au candidat Melchior Ndadaye ?

Son excellence Melchior Ndadaye voulait asseoir une démocratie véritable au Burundi, seul mode de gestion et de comportement apte à garantir la liberté à tous les citoyens. Cette démocratie qui allait autoriser aux citoyens d’élire leurs dirigeants aux différents échelons de l’appareil administratif était pour lui le fondement d’une justice sociale effective, du partage équitable des biens publics, de la paix et de la tranquillité dans les cœurs et les foyers, de la production et du développement national. (…)

[Ainsi, après les élections démocratiques du 1er juin 1993,] (…) C’était la victoire de tous les burundais. Nous entrions dans un Burundi Nouveau qui allait être désormais caractérisé par la paix, la dignité, la liberté, un Burundi Nouveau qui prônait l’Unité basée sur la justice sociale, l’égalité des chances, bref qui refusait toute exclusion.

C’était la victoire d’un avenir d’espoir sur un passé tumultueux, une victoire dont chacun pouvait attendre la garantie du respect de sa vie et de ses biens.

C’était la victoire de la paix qui bannissait la discrimination, l’injustice, l’égoïsme, la malhonnêteté et d’autres sectarismes qui avaient miné le Burundi et son peuple depuis longtemps.

C’était une victoire qui valorisait le travail et l’équité. Elle invitait à l’effort conjugué dans une perspective d’un développement national et global.

Cette victoire commençait à peine à se consolider, quand des criminels ont commis l’irréparable. Son excellence, Melchior Ndadaye, Président de la République du Burundi démocratiquement élu, a été lâchement assassiné. Les institutions qui régissent le pays ont été décapitées. Une guerre intestine atroce s’est aussitôt allumée sur presque toute l’étendue du territoire national. (…)

Il s’est alors observé un déplacement massif de rescapés. Plus de 700.000 burundais se sont réfugié à l’extérieur (du pays) et quelques 200.000 dans les centres à l’intérieur même du pays, sans inclure ceux qui ont cherché à se cacher dans les marais et les buissons. Ils sont livrés aux affres de la faim, du froid et des épidémies. Ils vivent dans des conditions épouvantables. (…)

Dans notre projet de société, nous exigeons et nous enseignons le respect des droits de l’Homme. Qu’il soit hutu, tutsi ou twa, le burundais doit être respecté dans sa personne, dans ses proches et ses biens. Il n’y a pas d’ethnie à exterminer, il n’y a pas d’ethnie à écraser. Aucune ethnie n’est supérieure à une autre. Aucune ethnie n’est à l’avance condamnée à mourir ou à survivre à une autre. Tous les Burundais, Hutu ou Twa sont égaux devant Dieu et la loi.

Nous recommandons donc aux partis politiques reconnus au Burundi d’œuvrer dans cette optique(…) ».

(Voir texte intégral en Annexe 13)

20

Du 8 au 16 février : Séjour au Burundi de la Mission Ecoute et Dialogue d’Albizia.

Les membres de la mission Ecoute et Dialogue de l’association internationale Albizia. De gauche à droite et de bas en haut Aaron Tolen, Mme Tchibaou, le maire de Bujumbura, Léonce Sinzikayo, Stéphane Hessel, Me François Roux.

*Deuxième rang. Dr Innocent Sindayigaya, à compléter, Fons Margot, Rose Ntwenga. Troisième rang. Elisabeth Atangana, à compléter, Halidou Ouédraogo, Jacques Stewart, Yolande Diallo.

Discours du Président Cyprien Ntaryamira

Extraits : « Monsieur, l’Ambassadeur et le Chef de Mission,(…) Lors de votre descente sur le terrain au cours de votre séjour, dans les quartiers périphériques de Bujumbura ou à travers certaines provinces et communes du pays qui ont été marquées par ces fâcheux évènements, vous avez eu le loisir de vous rendre compte de la situation particulièrement dramatique et des conditions fort préoccupantes dans lesquelles vivent ces déplacés de guerre. La faim, la maladie, la misère et le dénuement presque complets sont devenus leur lot quotidien et nécessitent des interventions urgentes pour autant que possible en vue d’y mette fin.

Nous saisissons d’ailleurs la présente occasion pour dire une fois de plus notre reconnaissance aux pays amis et aux organismes internationaux qui ont été sensibles à la détresse de nombre de nos concitoyens et nous ont apporté une aide appréciable, quoique insuffisante, en vivres, en médicaments ainsi qu’en d’autres besoins divers.

Malgré toutes les difficultés, nous sommes décidés à tout mettre en œuvre pour relever le défi. Le peuple burundais a été profondément blessé et meurtri, certes, mais il n’entend pas céder au pessimisme ni à la fatalité. Il n’a pas perdu l’espoir. Nous le connaissons courageux et dynamique, disposant d’immenses capacités de se dépasser, de se relever et préparer des jours meilleurs. (…) »

(Voir texte intégral en annexe 13) 21

Le président du Burundi Cyprien Ntaryamira apporte tout son soutien à la mission Ecoute et Dialogue d’Albizia

A Gauche : Cyprien Ntaryamira salue M. Halidou Ouédraogo, Droite : Ouverture de la mission par le président du Burundi

Président de l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme en présence du Représentant de l’ONU, M. A. Ould Abdallah, de Mgr Bududira et de M. Stéphane Hessel

Match de la Paix : A gauche, L’équipe, A compléter. Au centre, l’Ambassadeur, M. Stéphane Hessel, Chef de la Mission Albizia salue les joueurs d’Inter F.C. A droite, L’équipe d’Inter F.C.

Visite au marché de Nyakabiga.

Une partie des membres de la Mission Albizia a fait le tour de quelques quartiers de la ville de Bujumbura pour prendre la température des endroits traversés. Mon groupe s’est rendu au marché de Nyakabiga, réputé, pour sa violence durant les opérations de « Ville Morte » (voir Annexe 14) quelques jours seulement avant l’arrivée de la Mission. Au moment de s’introduire sur le lieu, j’ai senti de la réticence de la part d’Emmanuel Lubala (avocat à Justice et Paix (Zaïre), de l’un des traducteurs et des accompagnateurs. Je me suis, tout de même, dirigée vers un petit étal de portraits du Président Melchior Ndadaye tenu par un jeune vendeur à l’air avenant. Quand je lui ai demandé le prix du cliché, il a aussitôt lâché : « Toi, tu es Hutu ! ».

Mon geste pour saisir la photo est resté en suspens.

-Comment tu le sais ? 22

-C’est comme ça que l’on débusque, tous ceux qui se font passer pour des Tutsi. Quand tu es un vrai Tutsi, tu es content qu’il soit mort ! Comment vas-tu dépenser de l’argent pour lui. C’est le contraire qu’il faut faire ! Tu vends sa photo pour gagner de l’argent sur lui.

La conversation s’est arrêtée rapidement. Les traducteurs ont demandé de vite quitter la place. Sans m’en apercevoir, un frémissement avait traversé le public autour nous, dès le mot « Hutu » prononcé. Et, c’était le signal habituel pour enclencher un lynchage programmé.

Participants aux rencontres avec la mission Albizia : photo de gauche, Clément Kirahagazwe, journaliste à la R.N.T.B et Didace Baranderetse, journaliste, Directeur de la Radio-Télévision Nationale Burundaise (R.N.T.B.) à la date du 21 octobre 1993.

Photo de droite : Julie Ngiriye, ancienne ministre des Affaires Sociales, Aminata Traoré (née Immaculée Cizanye), A compléter

Une partie de l’équipe d’Albizia à Kayanza et à Kirundo

De gauche à droite, A compléter, Yolande Diallo, Emmanuel Lubala, Rose Ntwenga, A compléter

De gauche à droite, A compléter, Yolande Diallo, Fons Margot, Rose Ntwenga, A compléter

Visite de l’Hôtel Club Tanganyika, Refuge du Gouvernement

Halidou Ouedraogo, président de l’Union Inter-Africaine des Droits de l’Homme (U.I.D.H.) m’a demandé qui des membres du gouvernement retranchés à l’Hôtel Tanganyika ou un membre de leurs familles, avait besoin d’aide. De tous, je ne connaissais de vue que Sylvestre Ntibantunganya, 23 auparavant, journaliste à la Radio. Dès l’entrée à cet Hôtel, ma première impression a été de sembler reconnaître tout le monde. Un bon nombre de jeunes voisins de mon quartier Kamenge (beaucoup d’entre - eux du Secteur informel) assuraient la garde. C’est d’eux dont parlaient les agences de presse. Ils étaient pris au sérieux ! Plus loin, Emmanuel Kidodoye (Kid), garde du corps civil du Président Melchior Ndadaye durant la campagne électorale, était de faction. A peine l’accolade de salutation entamée, le temps d’échanger les souvenirs de notre groupe d’âge, qu’à grands pas, s’est dirigé vers moi, l’un des gardes du corps de Pierre Buyoya lors de sa prise de pouvoir le 3 septembre 1987. Il avait l’air tendu de m’apercevoir. Quant à moi, je lui souriais, inconsciente du danger. J’avais juste reconnu l’un des meilleurs sprinters du Championnat d’Athlétisme militaire des années quatre-vingt.

Que faisait-il à cet endroit ?

Ce garde du corps de Pierre Buyoya, tireur d’élite, sera par la suite aux côtés de Savimbi68 dans la Résistance armée avec les Francs -Tireurs (Machinistes) du quartier de Kamenge !

Début mars 1994 : L’Armée des putschistes et ses alliés attaquent le Quartier de Kamenge

Le 5, 6 ,7 mars : Le quartier de Kamenge est encerclé par des gens en tenue de gendarmes. Parmi eux, les Ougandais69 sont faciles à repérer à cause de leur silence. Ils ne parlent ni Kirundi ni Kinyarwanda. Les blindés sont sortis des casernes. Les habitants ne comprennent pas les raisons de ce déploiement d’hommes et d’engins de guerre. Du côté de la Zone (Centre administratif) dans Kavumu, beaucoup de coups de feu sont tirés. Les Rwandais (combattants F.P.R.) attaquent le quartier de Cibitoke (zone urbaine). Des tirs ciblent le quartier de Gasenyi, plus au nord de Kamenge. Un premier bilan de quatre cents morts est avancé par le décompte des habitants eux-mêmes. Les listes des disparus sont dressées dans l’esprit d’entraide et de solidarité du quartier populaire. Durant ces trois jours, pour avoir une idée précise des faits annoncés, j’ai appelé Paul Nzomwita, retraité de la Force Publique des années soixante, un voisin (et ami de mon père) du quartier Kavumu. A ma grande surprise, il m’a fait une description admirative des Francs -Tireurs (Machinistes). D’après lui, les militaires ont été contenus sur leur position de départ, coupés, de toute mobilité dans le quartier. Cependant, il s’est inquiété du sort de ces femmes, qui au lieu de s’abriter, enclenchaient pendant l’échange de tirs, une course effrénée avec enfants au dos. A la fin des tirs, il irait s’enquérir de l’état de maman. Pour le reste, il était très curieux de connaître le nom des armes utilisées par les Francs-Tireurs ! Son enthousiasme dans un moment pareil m’a fait douter de sa clairvoyance. J’ai demandé à parler à son petit-fils. Il m’a comme chuchoté « Silence ! » (Numa, Numa !) Tout aussitôt, après, il insistait pour connaître le nom de ces armes.

(Voir annexe 15)

Le 9 mars 1994, un Collectif d’une cinquantaine de personnes adresse un courrier au Président de la République Cyprien Ntaryamira. :

Extraits : « (…) Objet : Meurtre de la population innocente de Kamenge.

Excellence, Monsieur le Président,

( …) Depuis l’assassinat de votre prédécesseur, Son excellence Monsieur le Président Melchior Ndadaye, tué lâchement le 21 octobre 1993 par les militaires burundais, la population de Kamenge, quoique dans la désolation, a affiché un comportement digne d’un citoyen éprouvé continuant à laisser les militaires gendarmes sillonner la zone alors qu’elle savait très bien que parmi eux il y avait des éléments putschistes et « putschisants ». 24

Pourtant ce même jour du 21/10/1993, vers 15 heures, une dizaine de personnes a été tuée le long de la Route Numéro 1 au niveau de la rivière Nyabagere par des militaires putschistes mais la population a stoïquement gardé son calme. Ces militaires qu’on envoie dans la zone Kamenge savent très bien que la population qui vit dans cette zone est majoritairement Hutu et zaïroise. Il est évident que leur intervention est une occasion de broyer du Hutu.

En effet, n’avons-nous pas assisté, anxieux, au transfert de plusieurs familles Tutsi et rwandaises de Kamenge vers les zones à concentration Tutsi de Ngagara, Musaga, Nyakabiga, Jabe ? Cette évacuation de la population Tutsi a été effectuée par les militaires à l’insu de toute autorité administrative de la zone. Après, la population de Kamenge a assisté à un phénomène de destruction des maisons abandonnées par une bande de malfaiteurs et de bandits. La population s’est interposée à ces actes de vandalisme sans succès. (…) ».

(Voir texte intégral en annexe 15)

Le 1er avril 1994 : -Le Président Ali Hassan Mwinyi, de Tanzanie annonce à la radio la prochaine tenue le 6 avril d’un Sommet devant se pencher sur les questions du Rwanda et du Burundi à Arusha.

-Que veut le Président Ntaryamira en négociant le Sommet d’Arusha ?

(Voir annexe 16)

Le 6 avril 1994 : Attentat contre le Falcon présidentiel à Kigali (Rwanda)

Perpétue Nshimirimana

En début de soirée, le Président Cyprien Ntaryamira et son homologue rwandais, Juvénal Habyarimana, leurs délégations respectives et l’équipage français, succombent à l’attentat contre l’avion qui les transportait depuis Arusha (Tanzanie). La terrible nouvelle m’a été annoncée par Perpétue Nshimirimana, Représentante permanente du Burundi auprès de l’ONU et des autres Organisations Internationales à

Genève (Suisse). Elle m’a confié les premiers éléments du drame. Toutefois, je rentrais vidée de toute énergie après la première réunion de dissolution de l’Association Albizia avec l’avocat François Roux. Malgré l’atmosphère tendue suite aux désaccords liés au fonctionnement de l’association, j’ai jugé utile de lui faire part de l’actualité choquante. Cependant, avant d’appeler pour l’informer, j’ai tenu à obtenir la certitude de cette terrifiante nouvelle auprès de la rédaction de la BBC qui en avait eu le scoop. (…)

Après cette confirmation, j’ai ressenti beaucoup de confusion sous la forme d’une stupeur et d’une incrédulité tétanisant, tout aussitôt, mêlées à une lucidité spontanée.

Le territoire visé par l’attentat du 6 avril à Kigali, source le Figaro du 8 avril 1994

(Voir article et dépêche en Annexe 17)

25

Un bref retour sur le 30 mars 1994

Parce qu’une semaine, auparavant, le 30 mars 1994, j’avais recroisé Jean Carbonare (de Survie) à la réunion annuelle du Comité Catholique contre la Faim (C.C.F.D.) organisée à Paris. En apercevant l’avocat François Roux quelques minutes avant le début de la rencontre, il s’est dirigé vers lui, un peu agité, l’air contrarié, pressé d’entamer la conversation. Je l’ai entendu lui dire en levant les bras : « Habyalimana ne veut pas nous donner le pouvoir. Nous allons le lui prendre par la force. » Pour l’aider à se composer une contenance, l’avocat François Roux a esquissé un geste discret me désignant sans me regarder. J’ai eu juste le temps de placer : « Je pensais que nous venions parler de paix. ».

Albizia70 François Roux Jean-Pierre Chrétien Jean Carbonare

Ce 30 mars 1994, après la rencontre au C.C.F.D., il restait une heure à tuer avant de prendre l’avion de retour sur Montpellier. François Roux a entamé la conversation sur l’avenir de l’Association Albizia. Au regard de son mépris ouvertement affiché à mon égard et de cette façon de me traiter de quantité négligeable71, je n’étais plus emballée de travailler avec lui. Nous avons fait le tour des problèmes et des reproches. (…) Il m’a reproché, notamment, d’avoir été une autre personne à Bujumbura. « Ici, à Montpellier, vous étiez discrète. Alors que là-bas, vous avez exigé de voir de près les interprètes ! ». Lui, avait, d’après ses propos, « une totale confiance vis-à-vis du Comité de préparation sur place ». Il comptait « passer par derrière pour élargir le Comité ». Pour lui, « Rose, vous n’auriez pas dû faire partie de l’équipe de la Mission Albizia au Burundi. ». (…) Avec ces clarifications, nous n’étions plus du tout sur la même longueur d’ondes. Dans ces conditions, nous ne partagions plus les mêmes objectifs et nous n’étions pas animés par les mêmes motivations pour œuvrer de pair dans l’Association.

Après la mort du Président Cyprien Ntaryamira, à Kigali :

La Résistance Armée s’organise dans le quartier de Kamenge

L’Armée putschiste et les rebelles du FPR rwandais attaquent la population et la Résistance armée à Kamenge

Plusieurs documents font état de cette résistance menée contre les Forces Hima burundaises et rwandaises conjointes. La Communauté internationale a répondu à l’appel d’aide et de secours en provenance d’acteurs politiques et sociaux du Burundi. Mais, sa présence s’avère inefficace pour contrer ce massacre de civils, perpétré sous couvert du processus dit de « Désarmement » : 26

Un décompte des Disparus, des Courriers et des témoignages, des Communiqués de l’Armée Populaire. (Voir annexe 18)

30 avril 1994 :, le Représentant des Nations-Unies au Burundi, d’Ahmed Ould Abdallah prononce un discours sur le Désarmement.

(Voir texte intégral en annexe 19)

Le 10 juillet 1994 : Courrier de Christian Sendegeya, Président de l’Assemblée Nationale, au Président de la République (a.i.)

Objet : Renonciation aux accords de Kigobe- Kajaga.

Extraits : « Excellence, Monsieur le Président,

(…)Rappel des faits.

Tout le monde se souviendra des mille et une difficultés qu’à dû surmonter le Frodebu. Tous les grands ténors de l’Uprona, Buyoya en tête, relayés par les Bararunyeretse et par Mayugi, ensuite, ont fait le tour du pays pour essayer de convaincre la population, mais en vain, que le multipartisme était une calamité. C’est donc à contre cœur que le multipartisme fût accepté.

Ce qui explique la hargne et l’animosité que Buyoya et les grands ténors de l’Uprona ont jusqu’ici contre le Frodebu, le seul parti qui s’est organisé depuis longtemps pour l’avènement du multipartisme. Que n’ont pas fait Buyoya et le gouvernement pour ne pas agréer le Frodebu ? N’aura- t-il pas fallu l’intervention de certains diplomates pour que notre Parti soit agrée in extrémis. Une fois agrée ; combien d’embûches le pouvoir n’a pas essayé de tendre au Frodebu pour tenter de le dissoudre ?(…) ».

(Voir document intégral en Annexe 20)

Vingt ans, après l’attentat du 6 avril 1994…

Cette date du 6 avril a été décrétée, depuis quelques années, jour férié72 au Burundi en son souvenir. Cependant, une décision déconcertante a été prise le 6 avril 2013 par le gouvernement du Burundi. La poursuite des enquêtes sur les circonstances de la mort du Président Cyprien Ntaryamira est arrêtée, faute, d’argent. C’est une disposition délibérément violente. Si des fonds ne peuvent pas être collectés pour remplir une obligation élémentaire à savoir la recherche des meurtriers du Président du pays, qu’en sera-t-il pour l’ensemble des autres citoyens ordinaires, toujours en quête de justice depuis de nombreuses années ? (…)

2013, vingt ans après le 21 octobre 1993

Bernard Busokoza

Beaucoup d’insatisfaction demeure. L’injustice est criante au Burundi. L’amère désillusion est présente dans l’esprit des victimes d’octobre 1993 et de celles des Tragédies répétées depuis octobre 1965. En effet, l’actualité ramène au constat que la dictature des Hima de 1966 est triomphante. Par un tour de passe-passe osé, M. Bernard Busokoza73, 27 l’un des acteurs du putsch manqué de juillet 1993 est devenu depuis le 16 octobre dernier, le nouveau Premier Vice-Président du Burundi.

Et, malgré les incongruités évidentes, une éclaircie immense demeure. La Commission Vérité et le Mécanisme de Justice Transitionnelle sont devenus officiellement indispensables quelles que soient les tentatives de dilution depuis treize ans.

Dans son discours au Monde, en rendant hommage à Nelson Mandela, au stade de Soweto, le mardi 10 décembre 2013, Jacob Zuma, le Président de l’Afrique du Sud, a déclaré : « (…) People of Burundi enjoy Democracy because of the seeds planted by Madiba.74(…) ».

Julius Nyerere Nelson Mandela Jacob Zuma

Certes, « une forme de démocratie est installée au Burundi ». Mais un long chemin reste encore à parcourir avec persévérance pour que nos parents, amis et connaissances disparus dans les circonstances désastreuses soient lavés, officiellement, des soupçons et des accusations à tort dressés contre eux (en 1962, 1964, 1965, 1969, 1972-1973, …). C’est aussi, pour que les enfants et les descendants des victimes, ne portent pas sur eux une culpabilité inventée de toute pièce par les criminels. L’exercice de Vérité institué par les Accords politiques d’Arusha le 28 août 2000 a pour rôle de lever l’inversion des rôles trop longtemps entretenue par les bourreaux successifs des dictatures Hima et leurs bénéficiaires.

Pour rappel, les organisateurs du Conseil de guerre du 6 mai 197275 ont décidé en toute âme et conscience de tuer des citoyens Hutu et de s’emparer de leurs biens pour une redistribution ciblée à leur convenance. Puis, à grands coups de déclarations, ils les ont présentés comme des agresseurs à pourchasser jusqu’à leur descendance. Aujourd’hui, une clarification des rôles instituée par ce Conseil de guerre est aussi nécessaire que valable, pour les enfants des victimes comme pour les enfants des bourreaux et leurs solides sympathisants76 ! Cette liste dressée par le Conseil de guerre du 6 mai 1972 doit être rendue publique pour faire preuve d’esprit de justice dans la démarche de restitution des biens d’autrui, matériels et immatériels.

Nommer ces personnes, une à une, décrire la manière dont elles se sont retrouvées attendues à la prison de Mpimba dans une atmosphère indéfinissable en cette première semaine du mois de Mai 1972 (mais aussi les semaines et les mois suivants)… Dès l’installation dans les différentes cellules, nos parents, amis et connaissances ont été les premiers à être mis au courant de leur anéantissement immédiat et dans la foulée, de celui programmé de leurs familles77. Les fonctionnaires du ministère de la Justice et des individualités influentes Hima dit Tutsi, burundaises comme rwandaises, se sont relayées auprès d’eux pour extorquer de l’argent et exiger des exemplaires de signatures. En retour, ils ont promis de remettre les courriers des dernières volontés aux familles respectives. Cet engagement 28 n’a pas été tenu dans la plupart des cas ! Parce qu’après obtention du document demandé (ou un autre service), aussitôt, l’exécution de la personne s’est faite systématiquement.78 ( …)

Au passage, les enfants des co-auteurs de faits imprescriptibles risquent de déchanter après la prise de connaissance exacte des méfaits indubitables, cachés jusque-là par leurs ainés. Le désarroi provoqué par le mensonge sur lequel leurs parents ont construit « une légitimité de violence » n’est presque rien à côté des maltraitances infligées aux enfants de leurs victimes ! Le seul but de la démarche des « criminels-spoliateurs »79 a été de s’accaparer de la gestion exclusive du Burundi à leur profit, avec par la suite, l’assurance euphorisante d’y être parvenus par une supercherie. Car, après s’être emparés des biens de nos familles, ces parents, coupables de délits imprescriptibles, ont poussé loin la machinerie de spoliation en dressant un inventaire épuré des biens importants des successions respectives. Aussitôt, ils nous ont chassés de nos habitations et nous ont interdit, par des procédés détournés, l’accès à une instruction de qualité dans un climat d’insultes et de rejet social concerté. Malgré les souffrances liées aux nombreuses disparitions des parents et de l’entourage amical, très tôt, le réflexe de se doter d’une énergie bénéfique s’est installé. Il nous a permis de vivre sans regret, préoccupés en premier, à mettre en place une vie décente. A notre insu, tout au long de ce demi-siècle, les spoliateurs voraces ne nous ont jamais quitté des yeux.80

Instauré en août 2000 par les Accords d’Arusha (Tanzanie), le cadre d’expression lié à la création de la Commission Vérité est le premier lieu de réhabilitation des victimes par la parole ou par l’écriture. C’est l’occasion offerte aux personnes concernées de faire connaître les actes subis, certains moralement à désapprouver et d’autres, pénalement répréhensibles.

Dans la même ligne, il est opportun de rappeler quelques-unes des consignes tacites (non-écrites), résidus des Lois d’exception de 1972 ou relevant d’une cupidité débordante et des travers du comportement de certains individus. Par exemple, les membres de la Commission Terres et autres Biens doivent se rendre compte que malgré tout le travail laborieux de restitution des Biens déjà fait, il leur manque une donnée importante : « Le sous-sol burundais a été vendu ! ». Du moins, pour certains bénéficiaires des mesures dites d’ « Amnistie de 1974 » (dont je fais partie), des fonctionnaires (sans mandat) sont venus fixer au milieu des années quatre-vingt des taxes d’habitation fantaisistes. Ils ont rappelé que nous (Valère, Honorata et moi) n’étions propriétaires que de la surface habitée du campement du secteur C n°29 à Kamenge. Pour être propriétaire à part entière, il fallait racheter le sous-sol ! A coup d’explications fumeuses de la part des fonctionnaires (et d’intermédiaires « au courant de la vente du pays »), quelques bénéficiaires des mesures dites d’ « Amnistie de 1974 » propriétaires dans le Centre-Ville de Bujumbura ont accepté de payer. De notre côté, dans les quartiers populaires, nous avons, par contre, opposé81 un refus catégorique. Ce n’était qu’une tentative d’escroquerie, de plus, sur personne ignorante !82

Joseph Mahenehene

Parmi d’autres consignes tacites, il y a celle qui statue que « la fréquentation des étrangers constitue une infraction. ». C’est le motif d’arrestation en juin 1972 de M. Joseph Mahehene83, Ambassadeur du Burundi en Tanzanie en 1963 et par la suite, en Union Soviétique. Des diplomates occidentaux accrédités à Bujumbura se sont alarmé de l’ampleur des disparitions à cette époque. Ils ont rendu visite à leur ancien homologue à l’Hôpital Prince Régent Charles sur son lieu de travail. Vu la quantité d’informations en leur possession sur les nombreux crimes commis depuis plusieurs semaines, ils venaient en vérifier la crédibilité auprès de lui. Le temps de converser avec eux, ces derniers à peine le dos tourné, que 29

Joseph Mahenehene était arrêté84 pour espionnage. Cette disposition était encore en vigueur85 dans les années quatre-vingt. Maman, Marcelline Ndikumana, a déposé plainte, pour espionnage contre la nation, chez les « Nyumba Kumi »86 du quartier de Kamenge. « Un « étranger » vient souvent chez moi, alors que c’est interdit. », a-t-elle exposé. Cette courte description a suffi pour que les « Nyumba Kumi » se déplacent pour interrogatoire. Cet « étranger » est un Français, qui depuis est mon mari !

En permanence, toute une panoplie de consignes (interdiction de voyager à l’étranger, d’ouvrir un commerce, et d’autres dispositifs insensés87) peut être brandie à tout moment de leur choix. Les relations sociales imposées par les Hima, burundais comme rwandais, se tissent de cette manière au Burundi et même au sein de la diaspora. Le contrôle de chaque individu de la société, de chaque activité, passe par ce genre d’actes arbitraires dans la routine quotidienne des gens.

Pierre Buyoya, présenté comme un « modèle de Démocratie » en Centrafrique, au Mali, à l’Institut de Recherche des Etudes Africaines,…

Toujours dans le cadre d’expression de la Commission Vérité et à l’attention de Pierre Buyoya, l’actuel Représentant de l’Union Africaine au Mali, j’informe que son prédécesseur au Sénat, Ignace Ndimanya88 savait tenir un crayon pour aligner sur papier deux ou trois idées qui lui tenaient à cœur. Dans son livre, « Les Négociations Inter-burundaises »89, Pierre Buyoya présente de façon lapidaire « Le Complot d’Octobre 65 et le syndrome rwandais traumatisant » et justifie les condamnations à la peine capitale d’une soixantaine de personnalités Hutu dans les jours suivants le 21 octobre 1965.90

Ces personnes sont innocentes des délits qui leurs sont collés sur le dos !

Ignace Ndimanya, Pierre Buyoya et David Gakunzi Sénateur en 1965. Sénateur en 2014

Pierre Buyoya, Président du Burundi à deux reprises, n’est pas exempté de l’exercice de Vérité. A ce titre, il faut retrouver le point de vue du Sénateur Ignace Ndimanya sur les fausses accusations qui lui sont prêtées de collusion avec les Hutu rwandais publié dans la presse de l’époque. Pierre Buyoya est 30 fautif de falsification de l’Histoire du Burundi, lorsqu’il persiste à cantonner sans preuves étayées, quarante-six ans après, son prédécesseur et ses pairs du premier Sénat du Burundi, à des comploteurs.

Quant à son évocation de la « Crise de 1972 », il énumère une sélection tronquée de plusieurs publications qui abordent (ou pas) cette situation comme « un Génocide ». Volontairement, il saute à pieds joints sur le Rapport de Benjamin Whitaker 91en 1985 qui comporte un chapitre sur le sort infligé aux Hutu du Burundi à cette période. Dans ce Rapport de l’ONU sorti deux ans avant sa prise de pouvoir par la force, le 3 septembre 1987, figure la description du cas de Génocide des Hutu du Burundi en 1965 et en 1972-1973. Pourtant, de son point de vue, Pierre Buyoya stipule dans son livre que : « la qualification de cette crise de génocide ou d’un autre nom, ne peut être que le résultat des enquêtes menées par un organe habilité, c’est-à-dire la Commission d’enquête judiciaire internationale sur le génocide et autres crimes contre l’humanité dont la mise sur pied a été par ailleurs recommandée par l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. ».

Sommet de la francophonie à Dakar, mai 1989 : Pierre Buyoya innocente Artémon Simbananiye pour 1972.

Cependant, dans la pratique, il a contredit ses écrits. Puisque, lors d’un prêche en Suisse, le 6 janvier 2013, le pasteur, Artémon Simbananiye confesse que le président Pierre Buyoya l’avait publiquement innocenté pour 1972 : « (…) Alors j’ouvre la TV, Quelque chose se passait. Mon chef d’état était à Dakar. Les journalistes organisaient une conférence de presse, posaient la question et il a dit en ce qui me concerne : « Ecoutez nous avons fait toutes les recherches ; Ce Monsieur est innocent ! (…) ».92Annexe 21

Dans les faits, la Commission Vérité93 a débuté avec le Major Thomas Ndabemeye, Chef d’Etat-major de l’Armée Burundaise en 1972-1973, bien avant les recommandations des Accords d’Arusha en août 2000. Dès que la presse internationale et plusieurs commentaires se sont émus sur le caractère unique du Génocide des Tutsi au Rwanda entre le 6 avril et le 4 juillet 1994 dans la Région de Grands Lacs, il a dicté diverses indications94 à ces messagers. Pour lui, « la Vérité complète sur les Génocides dans cette partie de la Région des Grands Lacs, c’est en périphérie lointaine du Burundi et du Rwanda, que ceux qui pensent, écrivent, débattent vont s’attabler, réfléchir, conclure etc. Au Burundi, les acteurs politiques, militaires, sociaux de 1972 se connaissent et savent pertinemment ce qui s’est décidé, et ce qui s’est passé en toute entente à cette époque contre les Hutu du Burundi! (…) ». 95

Entre-temps, le travail des différents dépositaires, des Gardiens de la Mémoire et des Superviseurs des Bâtisseurs a si bien fonctionné que dans chaque cellule familiale, directement ou indirectement, quelqu’un a été mis au courant des données vitales de la famille éplorée par les arrestations suivies immédiatement de confiscation des biens. La tradition orale a « consigné » et transmis le récit exact de toutes les péripéties d’avant et après le 29 avril 1972. Suite aux réclamations et aux altercations autour des biens spoliés, des motifs abusifs d’arrestation ou d’agression, la première mesure prise pour tempérer les esprits a été celle des mesures dites d’« Amnistie de 1974 »96. Les restitutions se sont 31 faites à la hâte, avec un contenu de culpabilité envers les Ayants-droit, pourtant, innocents de délits liés au Génocide des Hutu de 1972-1973. Les deux années suivantes, les commentaires se sont poursuivis en toute liberté sur la préparation et les ordres d’exécution donnés par l’un ou l’autre des acteurs du tandem des atrocités, parfois, de concert et parfois, en contradiction. Les responsabilités partagées entre les Hima burundais et les Hima rwandais ont été décrites à la perfection, exemple à l’appui, au cas par cas. Et, surtout, l’indifférence s’est répandue comme attitude naturelle face aux crimes en série. Ce constat en a troublé plus d’un jusqu’à aujourd’hui !

Enfin, pour contrer l’avalanche d’accusations verbales consécutives au Génocide des Hutu de 1972- 1973, les acteurs politiques Hima burundais ont promulgué la Loi du 25 juin 197697 portant obligation de citer ses sources dans la presse. A défaut de maîtriser les propos libres des citoyens lésés, le Huis- Clos concepteur du Génocide des Hutu du Burundi de 1972-1973 s’était créé une forteresse, juridiquement inexpugnable, à l’abri des révélations de la presse quelle qu’elle soit ! Tous étaient d’accord pour ne pas briser le « Serment des Brigands ».

Vingt ans après le 21 octobre 1993, j’apprécie l’apport conséquent de la Communauté Internationale dans l’accompagnement de la prise en compte publique des problèmes cruciaux au Burundi. Tout n’est pas résolu, loin s’en faut ! Mais, le pas franchi, est très important pour l’ensemble des Burundais.

(A gauche) Des soldats sud-africains, (Au centre) Mme Caroline Mac Askie), M. Parfait Onyanga et M. Ban Ki Moon (A droite)

Désormais, aborder, les sujets présentés comme complexes ou tabous ne relève plus de la subversion.

Et, le leitmotiv pour chaque concerné est de ne plus subir en silence, démotivé, par les problèmes éludés comme celui de l’exclusion multi-facette, jamais proclamée, mais toujours appliquée avec minutie. C’est intégrer aussi, qu’après connaissance publique de la nature des différents délits commis au Burundi, la réhabilitation des personnes dans leurs droits et leurs biens va de soi.

Comme la nécessité de rendre la justice est devenue impérieuse après tant d’infractions flagrantes à la loi burundaise et aux lois internationales98 ! 32

C’est apprendre à énoncer les préjudices subis sans sombrer dans les invectives et les lamentations stériles.

Et, rappeler, aussi, le droit au Respect de la Mémoire de nos parents, amis et connaissances accusés à tort, ensuite déconsidérés, depuis tant d’années.

L’envol du Pélican

J’apprécie la confiance99 des dépositaires et des superviseurs des Bâtisseurs qui ont cru en ma capacité de restitution.

Enfin, je remercie tous ceux qui m’ont aidée à réaliser mes souhaits, parfois, à mon insu.

Rose Ntwenga.

Montpellier, le 5 avril 2014

Dossier d’annexes – documents originaux en version intégrale -

Liste des annexes :

Annexe 1 : « Mort de la Démocratie » du 31 octobre 1993

Annexe 1bis : Les griefs des putschistes du 3 septembre 19987 contre Jean Baptiste Bagaza 33

Annexe 2 : Courrier d’Eugène Nindorera, président de la Ligue Burundaise de Droits de l’Homme au Major Pierre Buyoya, président de la République

Annexe 3 : - Note de janvier 1994

-Pour construire un Burundi nouveau - 46 propositions, Melchior Ndadaye, Parti Sahwanya- Frodebu (voir aussi n.d.f. n°3)

Annexe 4 : Conférence de Presse de Melchior Ndadaye, Président de la République du Burundi, le 17 août 1993.

Annexe 5 : Bonaventure Kidwingira, discret pilier des dictatures Hima

Annexe 6 : Repères chronologiques du dossier Affimet

Annexe 7 : Déclaration du Gouvernement en Exil Kigali

Annexe 8 : Lettre manuscrite du ministre de la défense Ntakije au Lieutenant-Colonel Bikomagu, au Lieutenant- Colonel Gakoryo, aux Officiers

Annexe 9 : Dépêche AFP. Kigali lance un appel au calme après le coup d’Etat.

Annexe 10 : - Communiqué de Soutien de l’Uprona à Ngeze

-Lettre de François Ngeze à Madame Sylvie Kinigi

Annexe 11 : Courrier à Hosni Moubarak, président de l’O.U.A.

Annexe 11bis : Fiche de Présentation d’Albizia. (voir aussi n.d.f. 59)

Annexe 12 : - Courrier d’information de Jean-Pierre Chrétien : « Le Burundi entre un putsch et un génocide » datée du 3 novembre 1993.

-Lettre ouverte du Dr Jean Batungwanayo, à M. Jean-Pierre Chrétien, Directeur de Recherche au CNRS. Centre de Recherche Africaine. Concerne : « Votre prise de position sur le Burundi », le 14 décembre 1993 à Kigali (Rwanda), au nom de la communauté burundaise réfugiée au Rwanda.

-Courrier de J.P. Chrétien au Président de la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies.

-Plainte à l’Evènement du Jeudi.

-Réponse de Perpétue Nshimirimana

Annexe 13 : -Discours d’investiture du Président Cyprien Ntaryamira.

-Discours du Président Ntaryamira aux membres de la Mission Albizia

Annexe 14 : Ville Morte. Voir aussi la n.d.f. 65

-Courrier du 12/02/1994. Les étudiants de l’Université désapprouvent la violence.

-Courrier du 15/02/1994. Lettre ouverte aux Collectifs des partis d’Opposition.

Annexe 15 : Courrier du 9 mars 1994 au Président de la République Cyprien Ntaryamira, écrit par un Collectif d’une cinquantaine de personnes de Kamenge. 34

Annexe 16 : Note intitulée : « Que veut Ntaryamira en négociant le Sommet d’Arusha? »

Annexe 17 : Dépêche AP du 7 avril et article Le Figaro 8 avril 1994

Annexe 18 : Résistance Armée dans le quartier de Kamenge

-Documents : Liste des Disparus ; Courrier et témoignages ; Communiqués de l’armée populaire.

Annexe 19 : 30 Avril 1994, Discours sur le Désarmement d’Ould Abdallah, le Représentant des Nations-Unies au Burundi.

Annexe 20 : 10 juillet 1994. Courrier de Christian Sendegeya, Président de l’Assemblée. Renonciation aux Accords de Kigobe et Kajaga (mauvais état)

Annexe 21 : 6 janvier 2013. Prêche d’Artémon Simbananiye en Suisse.

1 Voir en annexe 1, le document « Mort de la Démocratie » du 31 octobre 1993 2 Préparation du Burundi à l’Indépendance : Confidentiel. Note remise à la commission du Groupe de Travail, le 6 mai 1959. « (…) Monsieur, le Président, Messieurs, les membres du Groupe de Travail. (…) Au retour de votre visite à l’intérieur du Pays, nous sommes très heureux de saisir cette occasion pour vous exprimer notre joie de vous recevoir parmi nous et nos vifs sentiments de gratitude envers la Belgique qui a bien voulu vous assigner cette mission certes fatigante et délicate, mais aussi honorable dans sa fin. (…) Nous sommes sûrs que ce cri d’alarme que nous lançons à notre Tuteur, la Belgique, par votre intermédiaire arrivera et sera reçu à temps pour sauvegarder son œuvre. Pour y arriver, entre autres, et sans plus tarder : 1° Opérer énergiquement une réforme radicale dans l’Administration Coutumière et distribuer les charges administratives non plus suivant la parenté ou les castes sociales, mais suivant les capacités. (…) 2° Reconnaître le droit foncier. (…) 3° Que la Coutume notre jurisprudence actuelle, soit codifiée le plus vite possible. (…) 4°Que la séparation des pouvoirs administratif, exécutif, et judiciaire s’opère dans l’immédiat et que tous les tribunaux coutumiers dépendent directement du Parquet. En liaison étroite avec la situation sociale en Urundi, nous souhaitons que l’avenir de notre Pays soit envisagé avec tout le souci qui s’impose pour éduquer la jeunesse. ( …) Nous demandons : -que l’intérieur du Burundi soit doté de plus d’écoles primaires en tenant compte, lors de leur établissement, des régions encore déshéritées ; -la création d’écoles secondaires techniques et commerciales qui n’existent pas encore. Leur installation devrait se faire au cœur du Pays ; -que le niveau général de l’enseignement soit rehaussé de façon à être l’équivalent de celui de la Métropole particulièrement le programme des établissements de formation du corps enseignant ; -Plus d’écoles pour filles, base universelle de l’évolution réelle d’un pays ; -étendre les foyers sociaux à l’intérieur du pays. (…)

Formation militaire. Pour assurer la défense et la sécurité futures de notre Pays, nous estimons qu’il est grand temps qu’on instaure la formation militaire au Burundi.

Fusion de l’Administration Tutélaire et l’Administration Coutumière. (…)

La Liberté de la Presse. Il est urgent que la liberté de presse nous soit accordée. Sans celle-ci, en effet, la démocratie tant prônée et souhaitée ne pourra se dégager de l’emprise des mains qui l’étouffent. ( …) Usumbura, le 6 mai 1959.

Les signataires : 35

Bahimanga André (M.P.B), Baribwegure Joachim (P.P, R.P.A), Birihanyuma Jean (V.P.M), Buzingo Pascal (M.P.B), Buzungu Aloïs (M.P.B), Kayibigi Luc (M.P.B), Mirerekano Paul (UPRONA), Ntahokaja Jean, Ntamikevyo Ildephonse (UPRONA), Ntwenga Venant (M.P.B, U.P.P), Simbavimbere Jean (DNB, UPRONA). ».

3 1) Repère chronologique. -1986 : Création du Front pour la Démocratie au Burundi. Né, concomitamment au Rwanda et au Burundi. Sylvestre Ntibantunganya est membre fondateur. -1987 : Publication d’un papier distribué sous le manteau « Le Démocrate ». -1986-1989 : Le parti évolue dans la clandestinité. Beaucoup de ses membres évoluent dans les structures de l’Etat. - 1989 : Lancement des tracts de sensibilisation et de mobilisation. - 1990 : - Le 20 mai. Sortie officielle du Manifeste du Front pour la Démocratie au Burundi (FRODEBU). . Juin : Le FRODEBU participe aux manifestations politiques. .11 décembre : Avant le Congrès extraordinaire de l’UPRONA, ils déclarent « une fuite en avant » (…) (Léonard Nyangoma, secrétaire, Pontien Karibwami, Sylvestre Ntibantunganya). -Discussion des membres fondateurs du FRODEBU avec le président Pierre Buyoya à huit-clos. « - Monsieur le Président, il faut élargir à d’autres forces… » Le président demande «-Où sont les forces politiques? ». Ainsi, la Conférence annoncée comme élargie est devenue Conférence « tout court ». La réponse unique du Président Buyoya a été d’affirmer un « NON » catégorique aux diverses propositions. -Après l’entretien, au niveau du FRODEBU, la décision a été d’adopter, malgré tout, la Charte de l’Unité nationale pour démontrer qu’une mouvance autre existe au sein de l’UPRONA. Quinze jours après le Congrès, le FRODEBU a envoyé une Lettre ouverte au sujet de l’adoption de la Charte de l’Unité par acclamation alors que des amendements y étaient nécessaires. 1991 : Les membres du FRODEBU sont chassés de l’UPRONA. Des gens en possession de papiers du FRODEBU, expliquant les lacunes de la Constitution, sont emprisonnés. Toutefois, le FRODEBU a continué à agir et a décidé : -de rester au Burundi, -de sécuriser les militants de base, (…) .3 mai : Réunion constitutive du Parti, une réunion de formalisation. .25 mai : Dépôt du dossier de demande d’agrément du parti FRODEBU (…) (Tiré des Notes datées de novembre 1993 en vue de la préparation de la Mission Albizia de février 1994). 2) Repère Thématique. Voir annexe 3 4 Et bien d’autres. 5 C’était le même procédé utilisé en 1968, par le Major Thomas Ndabemeye, pour contraindre mon père Venant Ntwenga à quitter la Société « Industrie & Commerce au Burundi » (I.C.B), à la demande de Makuza, capitaine dans l’Armée de Libération du Rwanda (A.L.R.). L’arrivée du Major sur son lieu de travail a fait sensation auprès des collègues. Visiblement, mon père avait à cœur, en premier, l’urgence de remplir à temps ses tâches quotidiennes. Le major n’en a pas tenu compte. Au contraire, tout en le regardant travailler, il a entamé un monologue, sur son activité du moment, la préparation de la parade du 28 novembre… De fil en aiguille, il a abordé des questions sérieuses auxquelles mon père a répondu distraitement. Concentré sur son travail, il n’a pas eu le temps de mesurer l’importance des propos échangés… En partant, c’est Thomas Ndabemeye qui a terminé la conversation anodine en dictant rapidement les conclusions censées être communes. (…) Plus couramment, c’est un coup de téléphone (ou une rencontre furtive « bien préparée ») qui formalise un contact. L’interlocuteur impose un sujet. Pris de court ou n’ayant pas d’avis particulier à émettre, les réponses arrivent selon l’humeur de la personne. En quelques phrases, l’interlocuteur (provocateur) doit saisir le fond de la pensée d’autrui contre sa volonté. En réalité, cette conversation est un interrogatoire et peut avoir des retours « fâcheux» ! 6 Au Collège du Saint-Esprit. Une brochure datée de la fin des années 70 existe relatant les violences commises dans cet établissement scolaire tenu par les Jésuites, de mai à juin 1972. De son côté, Jean-Pierre Chrétien consacre à la page 221 un passage sur les mêmes faits dans son livre « Burundi 1972, au Bord des Génocides », aux Editions Kartala, 2007. 7 Particulièrement dans la quasi-totalité des établissements secondaires. De la page 204 à la page 288 dans son livre « Burundi 1972, au Bord des Génocides », Kartala, 2007, J.P. Chrétien dresse au chapitre « L’Extermination des Hutu » le tableau de l’épuration dans les écoles (au mois de mai 1972) et le bilan des massacres. A l’Ecole nationale d’Administration (ENA), à l’Athénée de Bujumbura, à l’Ecole Technique Secondaire (ETS), au Collège du Saint-Esprit, à l’Ecole normale de l’Etat de Bujumbura (ENE), les autres écoles confessionnelles comme, l’Ecole normale de Rutovu, l’Ecole normale de Kiremba, au Collège Don Bosco de Ngozi à Burengo : Extrait « (…) Les cadavres des enfants et des adolescents raflés sur les bancs des écoles 36

n’occupent sans doute qu’une faible part des charniers creusés à la hâte un peu partout au Burundi entre mai et juillet 1972. L’épuration « ethnique » dans les établissements d’enseignement n’en constitue pas moins l’un des aspects les plus odieux et les plus terrifiants d’une vengeance d’Etat impitoyable et relativement organisée, dont la qualification ne peut échapper au terme de génocide, même si le mot doit être utilisé avec précaution. »

8 Jean Pierre Chrétien : extraits pp256, 257,268 : « (…) Tout génocide implique aussi une logistique. Le manque de véhicules -automobiles et camions- réduit la capacité d’extermination. Les organes de répression devront notamment recourir aux services forcés des commerçants dits swahili ou asiatiques. Les rafles requièrent d’importants moyens en véhicules en particulier. Dès la première semaine de répression, les Land Rover jaunes de l’Unicef, de l’Oms, et de l’Onu qui avaient été octroyées à différents services sociaux sont confisquées pour l’extermination. (…) Cette réquisition des moyens logistiques jusqu’ici sous le contrôle des différentes missions étrangères d’aide au développement implique de façon choquante et dangereuse les services de coopération internationaux. Mais l’administration de l’extermination n’a pas d’alternative. En particulier, elle est pratiquement dépourvue d’engins de chantier. A Bujumbura c’est donc le bulldozer de l’Assistance technique d’Allemagne qui sert à creuser des charniers. A Gitega, dans le site enchanteur du pont de pierre, le « pont Pecquet » qui franchit la Ruvubu, sur la route de Muyinga, on a « emprunté » les puissants engins de terrassement du Fonds européen de développement (F.E.D.), amenés pour le goudronnage de l’axe Muramvya- Gitega. Là, à côté d’une paisible rivière bordée d’arbres encadrant une perspective de collines, les bulldozers creusent tous les soirs de nouvelles tranchées. Sans les engins de terrassement apportés par la communauté internationale, l’extermination n’aurait pas pu demeurer discrète et nocturne, butant sur le problème de l’ensevelissement. (…) Il y a peu de traces d’actes d’indiscipline des responsables des centres de détention, ni des gouverneurs militaires, durant toute la période, sauf dans le sens d’excès de zèle et de règlements de compte personnels – qui ne semblent pas sanctionnés. Ce qui subsiste efficacement de l’appareil d’Etat, essentiellement l’institution militaire, organise et accompagne jour après jour une mission qui semble lui avoir été clairement assignée d’extermination des élites hutu, par tous moyens appropriés. Mais à un niveau subalterne, quelques administrateurs et commissaires d’arrondissement jouent un rôle modérateur. Ce n’est pas sans risque : menacé de mort par le gouverneur militaire Bizoza, le gouverneur civil de Ngozi doit fuir la province durant plusieurs mois. (…) ».

9 Baudouin Ntindendereza, élève à l’Athénée secondaire de Bujumbura en mai 1972. Il avait été témoin et victime des brutalités des élèves Hima burundais et rwandais au dortoir de l’établissement. Plusieurs dizaines d’élèves Hutu avaient succombé aux coups et autres agressions. 10Lauréat de la Faculté de Philosophie et Lettres (Groupe Histoire) en 1979. Elève à l’Athénée secondaire de Bujumbura en mai 1972, il avait été soustrait sciemment des violences, à cause de son talent remarquable de footballeur. Témoin du déchainement de brutalité, du saccage et du pillage des effets personnels des élèves Hutu par les condisciples Hima burundais et rwandais, Bucucu était au courant, aussi, des stratagèmes utilisés en 1973 par Aimable Nibishaka (exilé rwandais), naturalisé burundais, pour remplacer, à la tête de l’établissement, M.Seghers, le préfet des Etudes belge en poste. Le Superviseur de Nègre-Fûté (fonctionnaire au ministère de Géologie et Mines), lui avait parlé des circonstances de la fermeture des comptoirs et officine d’achats d’or. Le Superviseur de mon père, quant à lui, avait relaté les péripéties de la Réunion Informelle de Juillet 1967 et de l’importance, pas très perceptible au premier regard, des Rwandais dans toutes les initiatives au Burundi. Lire aussi « Burundi, de génocide en génocide des Hutu, l’Itinéraire Bis ». Arib Info du 15/9/2011. http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=4025 11 De la même manière, à la fin des années 90, j’ai été prévenue des sollicitations de Sylvestre Ntibantunganya au professeur René Lemarchand. Il lui a confié son manuscrit pour une relecture avant publication de son ouvrage sur le Burundi. « Tu dois impérativement écrire ! » m’ont, à nouveau, transmis les gardiens de la Mémoire. Car, d’après eux, « Sylvestre ne connaît rien au fonctionnement des Bâtisseurs. Il s’est fixé une opinion sur eux par la manière caricaturale dont les bourreaux Hima les ont présentés». 12 Le Club des Bâtisseurs. 13 Son carnet d’adresses comptait quelques contacts Hutu. Leurs indications lui avaient permis de couvrir les positions de tir les plus avancées de la Résistance armée des Francs-Tireurs (Machinistes) dans le quartier de Kamenge au nord de la ville de Bujumbura. Mais, par la suite, ce carnet d’adresse lui avait valu des tracasseries (arrestation ponctuelle, tous les noms recopiés,…) par la Police des Airs et des Frontières (P.A.F.) 14 Repère : (…) - La première Constitution du Burundi a été adoptée le 16 octobre 1962 avec effet rétroactif (!) au jour de l’Indépendance. -Juillet 1966. Ntare V annonce la suspension de la Constitution de 1962. -L’évolution du régime avait commencé par l’établissement du parti unique, « Unité et Progrès National » (U.P.R.O.N.A.), institutionnalisé par l’arrêté-loi du 23 novembre 1966. 37

- Pendant plusieurs années, le Burundi a vécu sous un régime provisoire, dont les termes étaient définis par le décret-loi du 19 décembre 1966 organisant les pouvoirs législatifs et règlementaires et plus tard, le décret-loi du 20 octobre 1971 créant le Conseil suprême de la République. Ce conseil est composé de 27 officiers et a pour mission de donner des avis sur les problèmes d’intérêt national et d’assister le président de la République. - avait annoncé en 1970 son intention d’élaborer une nouvelle constitution qui fixerait définitivement l’organisation du nouveau régime. Finalement, c’est le 11 juillet 1974 que la nouvelle constitution fut promulguée. Elle fut élaborée par une commission constitutionnelle placée sous les ordres du Président de la République et approuvée par le Conseil suprême de la République. (…)

- Le Coup d’Etat du 1er novembre 1976, de Jean-Baptiste Bagaza suspend la Constitution de 1974. Son régime va durer une décennie jusqu’au 3 septembre 1987. -Novembre 1981 : Promulgation de la nouvelle Constitution. -Le Coup d’Etat du 3 septembre 1987, du major Buyoya suspend la Constitution de 1981. - Création de la Commission Constitutionnelle par décret présidentiel n°100/039 du 21 mars 1991.

Source : L’Année Africaine 1974. L’Evolution constitutionnelle et politique. (France) -Rapport sur la Démocratisations des Institutions et de la vie politique au Burundi. Août 1991 (Burundi) A compléter par d’autres contributions.

15 Lire le discours de La Baule sur http://www.rfi.fr/actufr/articles/037/article_20103.asp 16 Dans l’un des camps militaires, probablement le Camp Muha. A compléter par les messagers du Major Thomas Ndabemeye et les autres témoins. -Référence au témoignage du Dr Jean-Paul Puts, au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). 38

Source: Radio Muhabura, a covered hate media? Radio Muhabura, une radio de la haine protégée?, 21 May, 2010. Ce document est disponible à l’adresse : http://www.tpirheritagedefense.org/Conference2/Papers/Jean_Paul_Puts_Radio_Muhabura_Radio_de_la_haine. pdf -Voir aussi Broadcasting genocide : Censorship, propaganda & state-sponsored violence in Rwanda 1990-1994, Article 19, pp 26-27 chapitre « Radio Muhabura : ‘’leading the way’’ » 17 Historique. A compléter 18 Les médias rwandais toujours au service du pouvoir. Par Anicet Karege. 2004 L’Harmattan. http://www.uera.fr/ecrivains/karege_anicet.html (…) Le FPR a soigneusement préparé son attaque et notamment l’aspect « communication» (information/propagande) nationale et internationale. Réparant les erreurs de leurs parents dans les années 50- 60, les fondateurs du FPR ont mis un accent particulier sur la mobilisation de l’opinion par la presse. Le plus connu de leurs organes de presse est Impuruza (Le Mobilisateur) édité à Sacramento en Californie(USA). Mais, il existera d’autres périodiques, plus ou moins réguliers, la plupart publiés dans leurs pays d’accueil par des associations culturelles d’exilés rwandais. Ainsi, Muhabura (la Balise) et Huguza (Sois Eveillé) à Bujumbura au Burundi.(…) ». Voir autres extraits à l’adresse : http://books.google.fr/books?id=NCLN6MLrboYC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_atb#v=onepage&q&f=false 19 Chronologie de Robert Cornevin, L’Année africaine 1967. -Consulter le Communiqué final du 18-20 mars 1967. En effet, une Commission politique permanente est chargée d’examiner dans quelles conditions les réfugiés pourront regagner leur pays. Pour diverses raisons, cette Commission n’a pas fonctionné. Depuis cette décision, l’influence des réfugiés Rwandais sur les politiciens Hima Burundais s’est consolidée de manière accrue jusqu’à obtenir satisfaction sur des exigences au coût exorbitant pour les Hutu du Burundi. Par exemple : -Juin 1967 : A la demande de Makuza, Capitaine dans l’Armée de Libération du Rwanda (A.L.R), le major Thomas Ndabemeye enclenche la première épuration ethnique des Hutu du quartier de l’Ocaf/Ngagara, dont ma famille fait les frais. Tous les biens sont confisqués, de la voiture à la vaisselle jusqu’aux habits des enfants. Dans la foulée des déménagements, les Rwandais en profitent pour décréter une interdiction aux Hutu de circuler dans le quartier et s’autorisent « un droit de poursuite » par harcèlement, agressions, insultes, spoliations et autres maltraitances dans les différents quartiers où ces derniers se sont installés… -Incorporation d’une partie des exilés rwandais, dits Tutsi, dans l’Armée burundaise, (Banyalwanda bakurudi Bendera ou le Bataillon Rouge), dans la Police, à l’Education Nationale, (…) De fait, le territoire du Burundi est une « Zone militaire » pour l’Etat-Major de l’Armée de Libération du Rwanda (A.L.R), crée par Mudandi et installé à Bujumbura en 1964. Le premier à avoir respecté strictement le « Secret Défense » de cette zone est l’historien, Jean-Pierre Chrétien, spécialiste de la Régions des Grands Lacs. Dans aucune de ses nombreuses publications, il ne mentionne l’influence déterminante des exilés rwandais en armes sur le cours de l’actualité politique et sociale du Burundi. Pourtant, Jean Pierre Chrétien est présent au Burundi, témoin direct, de ces évènements. -A partir de mai 1972, les parcelles distribuées par Venant Ntwenga en 1968 dans la partie nord de la ville de Bujumbura (Cibitoke, zone urbaine, Maramvya, …) sont récupérées (de manière franche ou détournée) au profit de Hima rwandais en particulier. C’est ainsi, que Tharcisse Ruburisoni, en proposant d’épouser maman, Marcelline Ndikumana, s’est accaparé momentanément de la parcelle de mon frère Valère sise au 113 de la 12 et 13ième avenue de Cibitoke. Après, une vente truquée au détriment de ma mère, la parcelle est passée de main en main à d’autres rwandais. -Au cours de l’année académique 1975-1976 à la Faculté de Philosophie et Lettres (Groupe Histoire), un « hasard guidé » par l’un des professeurs m’a conduit au bureau du Directeur à l’Office National du Commerce (O.N.C.), Désiré-Bernard Makuza, exilé rwandais, naturalisé burundais. Il m’a accueillie avec des propos insidieux : « (…) Tu en profites pour revoir l’endroit où ton père a travaillé ! (...) ». Il avait sous-estimé la prise en charge émotionnelle des Gardiens de la Mémoire et des Thérapeutes animistes. Je ne me souvenais pas de lui. Depuis ces consignes de juin 1967, ma famille burundaise, de son côté au Burundi et de l’autre, ma famille française dans la ville de Montpellier et au-delà, ont subi déconsidération et violence en tous genres jusqu’à aujourd’hui. Entre autres, sur un de mes parcours habituel en 2007, en l’espace de quelques minutes, une inconnue m’a abordée et a délivré tout de go un message limpide : « Malgré tous tes témoignages, sur le web, ils [les Rwandais et leurs soutiens] t’ont coupée de toute audience et de contacts dans cette ville. Ta démarche d’information sur le Burundi est vaine et tu ne bénéficieras d’aucun soutien (…) » Ainsi, tant de zèle pour nuire « ni vu ni connu « a été déployé en continu contre moi depuis cette date. Surtout, dénigrer en s’assurant d’une adhésion sans faille, s’en vanter au point de ressentir un irrésistible besoin de se féliciter du travail de sape réussi et, en plus, de promettre de ne pas s’arrêter là ! C’est très efficace de nuire par personne interposée. Cette 39

pratique, en effet, est usuelle du climat ambiant du quartier de l’Ocaf/Ngagara à Bujumbura. Un dispositif permanent de surveillance et de conspiration contre les voisins Hutu y est un mode de vie scrupuleusement suivi par les voisins (Homme, femme, enfant mineur) Hima dit Tutsi. Enfin, c’est pour éviter d’aborder l’impact néfaste de la présence rwandaise au Burundi depuis 1959, que la Constitution physique de la Commission Vérité au Burundi est bloquée en sous-main par les Hima rwandais, dits Tutsi. Car, en plus de son grade de Capitaine dans l’A.L.R. en 1964, de son poste de Directeur de la Société Industrie &Commerce au Burundi(I.C.B) en 1968, de responsable du Club de football « Rwanda Sport », compétiteur dans le championnat au Burundi, puis de Directeur de l’Office National du Commerce (O.N.C.) dans les années 70, M. Makuza a occupé plusieurs autres postes de décision qui lui ont apporté avantages, influence et fortune. Depuis, il gardé le bras long pour peser sur le cours de l’Histoire du Burundi et sur celui d’autres pays. Une cohorte d’obligés à son égard est toujours à la manoeuvre. Cependant, les acteurs politiques et sociaux Hima rwandais doivent rendre compte, au même titre, que leurs homologues burundais, de leur part de responsabilité dans l’histoire du Burundi au parcours très heurté à la Commission Vérité comme le recommande les Accords d’Arusha en août 2000. A tête reposée, c’est découvrir la guerre non-déclarée des Hima rwandais, mais menée avec brio, contre les clans Hutu du Burundi. C’est écouter, aussi, les reproches faits à , Premier ministre, en 1963 et 1965 (la présence envahissante des Rwandais), à Joseph Bamina, Président du Sénat (la livraison d’une attestation de « Résident Régulier » aux Rwandais), à Pierre-Claver Nuwimkware, ministre de la Justice ( les réserves sur l’octroi de la nationalité burundaise aux Rwandais)… L’Etat-major de la Gendarmerie du Burundi, quant à lui, a tenté sans succès de démanteler les infrastructures et les activités de l’Etat-major de l’Armée de Libération du Rwanda (A.L.R.) installé au Burundi ! En résumé, c’est tout l’entourage de mon père qui s’est retrouvé ciblé par les attaques multiformes des Rwandais. Il suffit de parcourir, la liste des condamnés du Conseil de guerre du 6 mai 1972 pour découvrir que les premiers bénéficiaires des biens confisqués (maison, compte bancaire, voiture, argent liquide en circulation, …) sont Rwandais. A compléter. N.B. : Après leur arrivée au Burundi en novembre 1959, les exilés rwandais en armes font une alliance ponctuelle avec les Jeunesses Nationalistes Rwagasore (J.N.R.) en leur fournissant des armes. De concert, ils commettent plusieurs crimes contre les Hutu. Le plus connu d’entre eux est celui des Syndicalistes de Kamenge en janvier 1962. De leur côté, individuellement, en fonction de leurs groupuscules, les exilés Tutsi rwandais organisent à partir du Burundi, plusieurs incursions au Rwanda. - Le 8 septembre 1963 : Proclamation de l’Etat d’Exception dans les provinces de Bubanza et Ngozi à cause de manœuvres militaires des exilés rwandais par le Gouvernement Pierre Ngendandumwe. - Le 27 novembre : Interception par la Gendarmerie du Burundi de réfugiés Tutsi voulant attaquer le Rwanda. -Le 30 novembre : Découverte à Bujumbura par la Gendarmerie d’un dépôt d’armes. -Le 21 décembre : Incursion au Rwanda dans le Bugesera, à partir de Nemba (Kirundo). -1963-1964 : Plusieurs autres incursions ont eu lieu à partir du Burundi. -1965 : -15 janvier : Assassinat de Pierre Ngendandumwe, Premier Ministre. -Après le 21 octobre : Les Rwandais participent à la traque implacable des Jeunesses Populaires Ngendandumwe, crée dix mois plutôt par Paul Mirerekano, Premier vice-Président de l’Assemblée en 1965. -1966, 1967 (….) : Incursions au Rwanda à partir du Burundi se poursuivent. Source : R. Cornevin, Serge Desouter, Paul Rutayisire, les dépositaires de Pierre Ngendandumwe, de Kajugiro Musinga, du Commandant du camp de l’E.N.E. octobre 1965, les Banyalwanda Bavala Bikwembe avec des observateurs (ou des acteurs) des coopérations militaires (belge, chinoise, …), Arnaud Royer Cfr http://www.diffusiontheses.fr/50061-these-de-royer-arnaud.html Thèse de doctorat Réf ANRT : 50309 - DE L'EXIL AU POUVOIR, LE DESTIN CROISE DES REFUGIES BURUNDAIS ET RWANDAIS DANS LA REGION DES GRANDS LACS AFRICAINS DEPUIS 1959. Identifiant BU : 06PA010533 - 590 pages - Disponible au format microfiche, A compléter -La Réunion Informelle de Juillet 1967 d’où sortent des directives importantes du pays toujours en vigueur aujourd’hui (dont la traduction en Kirundi des statuts de l’Association des commerçants du Burundi (A.C.B.) (…) Lire aussi « Burundi, de génocide en génocide des Hutu, l’Itinéraire Bis ». Arib Info du 15/9/2011. http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=4025 et le Dossier du 15 mai 2013 Arib info. 20 « Se souvenir de l’attaque aéroportée du port de Pearl Harbour par les Japonais ». 21 Sources : - REPORTERS SANS FRONTIÈRES (RSF), Rwanda, Médias de la haine. Rapport de mission, 16- 24 septembre1994 -Rwanda: les médias du génocide, KARTHALA Editions, 1995 - 397 pages, sous la direction de Jean Pierre Chrétien CNRS – Mission confiée à RSF par l’UNESCO. 40

http://books.google.fr/books?id=l4imATObUc8C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad =0#v=onepage&q&f=false La collaboration de RSF avec Jean Pierre Chrétien et Jean François Dupaquier, se poursuivra au Burundi l’année suivante par un travail sur le Burundi. « - Burundi, le venin de la haine »: Etude sur les médias extrémistes, par Barnabé Ndarishikanye et Jean- François Dupaquier, préface de Jean Pierre Chrétien. Reporters sans Frontières, 1995, 176 pages. 22 Les médias de la haine, Renaud La Brosse (de), Reporters sans frontières (RSF), Editions de la découverte, 1995. 23A compléter 24 C’est le même schéma que la pratique, courante par les Hima burundais et rwandais, des « femmes placées », mais aussi des « hommes placés » dans les différentes cellules familiales. Maman, Marcelline Ndikumana en est un parfait exemple. Placée par le Major Thomas Ndabemeye au début de l’année 1967, elle n’a eu qu’une ligne de conduite linéaire depuis cette date, saboter l’organisation familiale sur ordre de ses « frères » ou de sa propre initiative. ( …) Dès la première semaine de juillet 1972, elle m’a demandé de l’accompagner à la Caisse d’Epargne du Burundi. (CADEBU) (…) Le modeste compte de mon frère, Valère, a été vidé de son contenu. Quelques jours après, ma sœur, Honorata, mon frère Valère et moi étions en famille d’accueil chez les congoman, Mama Anipha et Morisho Paul. Depuis cette date, nous n’avons rien partagé avec elle à commencer par la nourriture. Notre scolarité a été le dernier de ses soucis. De temps en temps, ses propositions d’aide spontanées, étaient dictées par une volonté de nous induire sciemment en erreur. Des dépôts de plainte régulières contre chaque membre de la famille pour des prétextes insensés ont ponctué notre vie. (…) Mais, l’acte sans appel de destruction est arrivé au milieu des années 80. Une cérémonie souvenir a été organisée par le Superviseur de mon père sur sa colline d’origine. A la dernière minute, frère et sœur rassemblés, pour ce moment important, elle est parvenue en quelques phrases à me convaincre de l’antipathie dangereuse, d’oncle Pierre Siboniyo à notre égard et à me détourner du projet de voyage. Instantanément, j’ai changé d’avis sans très bien comprendre pourquoi etc. (…)

25 Il s’agit d’un insecte hyménoptère. « Les ichneumons (nom en Kirundi, à compléter) pondent leurs oeufs sur ou dans le corps d’un hôte (un autre insecte, souvent une chenille ou un autre type de larve) qui servira de garde- manger pour leur progéniture. C’est ainsi qu’une fois l’œuf éclos, la larve de l’ichneumon s’installe confortablement dans le corps de l’hôte et commence à déguster méthodiquement l’hôte en question: d’abord ce qui n’est pas vital comme les graisses, l’intestin et certains muscles puis, alors que le développement de la larve est bien avancé, les organes vitaux sont ingérés. » (Extrait du Blog de J.S. Bouchard) Cette stratégie à l’œuvre au Burundi s’est répandue sous les régimes des dictatures Hima. Elle consiste ainsi à s’introduire, coûte que coûte, dans l’intimité (personnelle, familiale, amicale, spirituelle, etc.) d’autrui. Et, le moment choisi, par touches anodines, commencer à critiquer et à afficher un certain mépris. Puis, harceler et peser sans cesse sur une orientation ou une décision importante de quelqu’un (quelques soit son statut social) jusqu’à le dévitaliser au point de lui faire perdre son sens critique. Après l’anéantir et le spolier de tout, ne sont que les conséquences recherchées de la manœuvre de départ. 26 La Tutelle Belge a réalisé dans les années 1930 un recensement de la population avec mention des origines ethniques et claniques sur les cartes d’identité. A cette époque, aucune protestation ne s’est manifestée pour trouver à redire de cette opération. Car, dans la pratique de la société traditionnelle du Burundi, les gens se désignaient par leur clan en référence à l’organisation et les Hauts faits attachés à celui-ci. Les gens se « reconnaissaient assez facilement » au premier regard. Mais, avec les complications liées au partage du pouvoir politique et économique apparus (principalement) à la préparation du Burundi à l’Indépendance, l’origine ethnique n’a plus été ouvertement assumée publiquement surtout en présence d’Européens. Des constructions artificielles bien nourries par des profiteurs malhonnêtes ont vidé le sens « noble » d’appartenance à un groupe, un lieu, une ethnie. Avec le prétexte de la modernité « républicaine », les Hima burundais et rwandais, accompagnés d’opportunistes en tous genres, ont banni toute référence au clan d’origine, pour mieux masquer leur entreprise de conquête hégémonique de tous les pouvoirs. Toutefois, après le signalement de nombreux cas d’usurpation d’identité, la Mairie de la ville de Bujumbura avait engagé dans les années quatre-vingt, un physionomiste scrutateur. Avant la remise de la nouvelle carte d’identité plastifiée, il avait été chargé de débusquer les Hima rwandais, usurpateurs de la carte d’identité burundaise. Ce contrôle à la « typologie physique », s’était fait au grand jour sans susciter de protestation. 27 Par exemple, le Concours National à la sortie de l’école primaire, l’Octroi des bourses pour les études à l’étranger etc. 28 A compléter. 29 A ce sujet lire : Par-delà les ténèbres blanches. Enquête Historique par Tidiane N’diaye. Editions Gallimard 2010. 41

30 Préface de Lidia Meschy « (…) Au Rwanda, la situation était différente. Les Pères Blancs, rebuté par l’hostilité du Roi et de la Cour, y avaient pénétré dans le sillage des Allemands, vingt ans plus tard qu’en Ouganda. Lors de son séjour au Rwanda entre août et décembre 1907, Jan Czekanowski recherchera leur contact en respectant les instructions du Musée de Berlin qui appréciait leurs connaissances du pays. Les Pères avaient des relations correctes avec les autorités coloniales et médiocres avec le Roi. Yuhi Musinga, intronisé en 1896 à la place de l’héritier légitime et considéré par son peuple comme un usurpateur, avait acceuilli les Allemands en alliés. Il leur restera favorable jusqu’à leur départ après la Grande Guerre et se méfiera toute sa vie des missionnaires.(…) ». J. Czekanowski p.60 « (…) Nous découvrîmes enfin un pays différent. Les indigènes ne se nommaient plus Banyarwanda mais Barundo donc presque comme les habitants de l’Antique royaume Urundi, au sud du Ruanda. Cela pouvait être un ancien nom du peuple de deux royaumes dont les dialectes, appelés par les missionnaires de Kinyarwanda et le Kirundi, étaient presque identiques. L’ancien terme Barundo fût peut-être remplacé par Banyarwanda lors de la création du royaume du Ruanda. Par rapport à l’Urundi, il s’agirait alors d’un royaume plus récent. C’était sûrement pour cela que mes efforts trois semaines durant, pour tirer du souverain Yuhi Musinga des informations sur l’histoire de son royaume et de sa dynastie furent vains. Sa généalogie ne devait pas remonter aussi loin que celle par exemple, de Bahuda ou de Babito. Il fallait compter avec l’éventualité que le Ruanda soit l’œuvre du grand Roi Lwabugeri Kigeri, père du Roi actuel, Yuhi Musinga (…) Bien que Lwabugeri Kigeri eût beaucoup de forgerons dont les descendants me parlaient si bien de lui, il n’avait pas mis une borne de fer dans le Rutshuru pour marquer la frontière de son royaume. Cela n’était d’ailleurs nullement nécessaire car la rivière constituant une limite naturelle évidente de son expansion. Le jour où il faudra reconstruire les ponts, apporter et jeter les arbres immenses en employant la technique africaine, on comprendra mieux son extraordinaire qualité d’obstacle naturel. Passé les ponts, les gens ne se disaient plus Amasho, Amashongore pour nous saluer comme au Ruanda… ». J. Czekasnowski, p. 105 « (…) Pour moi, une autre affaire était importante. Les Banyarwanda, que je connaissais bien et dont la couche paysanne se nommait Bahutu était désignés à la fois comme les Barundo et les Bahutu aussi près de Rutshuru, qu’ici, chez les pêcheurs repoussés sur les îles. La supposition formulée à Rutshuru se confirmait. Je commençais à comprendre pourquoi, malgré tous mes efforts et de nombreux entretiens, je n’avais pu obtenir du Roi du Ruanda aucune information ni sur sa généalogie ni sur l’histoire du Royaume en rapport avec sa lignée. A l’évidence, le Ruanda était la création récente d’un usurpateur ou d’un vassal révolté du Roi de l’Urundi et qui n’appartenait pas à sa lignée illustre. C’est pour cela que le Roi du Rwanda n’avait pas de généalogie très ancienne dont il pouvait être fier. Dans tous les autres royaumes de la région des lacs, les généalogies n’étaient pas un secret d’Etat mais une source d’orgueil des régnants. Le Ruanda semblait être une création du Roi Lwabugiri Kigeri dont les actes firent naître une grande légende qui éclipsa le passé. (…) Tiré de Jan Czekanowski, Carnets de route au cœur de l'Afrique. Des sources du Nil au Congo. Les Editions Noir sur Blanc, Montricher (Suisse), 2001, 456 p. (Traduit du polonais et annoté par Lidia Meschy ; préface de Georges Balandier) 31 Ministre de la Justice et de la Sûreté en janvier 1965, directeur administratif de l’Université Officielle du Burundi (U.O.B) en mai 1972. (…) 32 A raison de soixante mille francs burundais, ils renonçaient à leur nationalité d’origine. Les motifs de cette réserve de la part des législateurs de l’époque. A compléter Aujourd’hui, la plupart de ces votants et leurs familles font partie du staff francophone auprès du Président du Rwanda, Paul Kagame. 33 P.P Parti du Peuple ( Umugambwe w’abarundi basanzwe) Composition du comité selon la feuille d’agrégation du parti délivré le 4 février 1960 (AAB, BUR 64/4) -BARIBWEGURE Joachim, Président -NGUZU Pierre, Vice-Président -MBUZIYONJA Pascal, Vice-Président -MANANDA Pascal, Secrétaire -NDIMANYA Ignace, Trésorier Source : Un monde politique en mutation : Le Burundi à la veille de l’Indépendance (1956-1961) par Christine Deslaurier. Université Paris I –Panthéon Sorbonne UFR D’HISTOIRE Année 2002. A compléter par la Tradition orale. 34 Cousin de Bernard Kayibigi, procureur de la République du Burundi au cours de Génocide de 1972-1973. Il se moquait de nos parents qui avaient confié notre instruction et notre éducation aux Dames de Marie, les « yeux fermés d’admiration ». 35 Crée en 1985. A compléter 42

36 En référence aux « Vendeurs aux Enchères ». Après avoir mis en déroute les colonnes des cavaliers arabes (Ba Camunara) dont deux des plus récents dans l’Histoire proche sont Hamed Ben Mohamed el Murjibi dit Tippu- Tip (Rumariza) (1840-1905) et Muni-Mohala-a-Munie-Muhara (métis d’arabe) qui s’érige, en 1883, contre Tippu-Tip. Tiré de CZEKANOWSKI Jan, Carnets de route au cœur de l'Afrique. Des sources du Nil au Congo. Les Editions Noir sur Blanc, Montricher (Suisse), 2001, 456 p. (Traduit du polonais et annoté par Lidia Meschy ; préface de Georges Balandier) De son côté, la Tradition Orale a mémorisé d’autres noms d’Esclavagistes. 37 Propos recueillis en juin 1993 38 Selon les sources citées par Joseph Ntamahungiro, lors de sa conférence-hommage, ce serait la 3e. Voir http://www.arib.info/Conference-Hommage-Ndadaye-Bxlls-05102013.pdf A préciser par les concernés et les témoins. 39 Propos recueillis en décembre 1993. 40 Il a été destitué de ses fonctions de Vice-Président par le décret n°100/25 du 1er février 2014 de la Présidence de la République. 41 Ou fait signer par son ministre du Commerce. Les versions sur le même fait varient selon les sources. A préciser par les concernés et les témoins. 42 Source : entre autres, Rapport du 10 février 1999 intitulé « Antoine Goetz et consorts c. République du Burundi (Affaire CIRDI ARB/95/3), Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Banque Mondiale) lire le rapport à l’adresse : https://icsid.worldbank.org/ICSID/FrontServlet?requestType=CasesRH&actionVal=showDoc&docId=DC537_F r&caseId=C1511 43 Pour rappel, les exilés Tutsi établis au Burundi à partir de novembre 1959, sont, pour les uns, des « Témoins impassibles » et pour d’autres les co-Auteurs du Génocide des Hutu en 1972-1973. Les places laissées vacantes par les nombreux Hutu tués, sont désormais occupées « sans état d’âme »par des exilés Tutsi rwandais à la Radio-Télévision Nationale du Burundi (R.T.N.B.) ainsi qu’au sein d’autres organes du ministère de l’Information. Après l’ouverture au privé des organes de presse, au début des années 90, certains parmi eux, devenus burundais, travaillent aussi dans ces nouveaux médias non-étatiques. Jusqu’à aujourd’hui, aucun d’eux n’a évoqué avoir été témoin de quelconque violence au Burundi en 1972-1973 ! 44 A cette date, la Voix de la Révolution, la radio nationale, diffuse un « Message de Victoire sur les Rebelles », lu par le Président Michel Micombero. 45 A compléter 46 Le 3 août 1968 : Fermeture des officines d’achats d’or et de diamants. Robert Cornevin. L’Année Africaine 1968 47 Chronologie de la journée du 21 octobre 1993. -6h30 du matin : Appel téléphonique Un coup d’Etat est en train de se faire. Depuis 1 heure du matin, des échanges de coups de canon se sont fait entendre autour du palais présidentiel. Le Onzième Bataillon a encore frappé. Les commandos qui gardent le Palais défendent. Le président est sain et sauf ? Mais où ? Les militaires ont encerclé les résidences de plusieurs ministres, notamment Ndayikeza Juvénal, le ministre de l’Agriculture, le Président du Parlement, le Chef de la Sûreté, Richard Ndikumwami. Ils sont pris en « otage ». D’après les confidences deux jours auparavant de Mbonimpa Cyprien, le ministre des Affaires étrangères de Buyoya, le putsch est légitimé par ce sentiment que la minorité « Tutsi » ne se sent pas en sécurité. La minorité n’était pas protégée par la Constitution. -7h : Je capte très mal BBC. Donc, je ne parviens à rien en savoir de plus. -7h30 : Je capte RFI. Tentative de putsch militaire non-clarifiée. -8h40 : J’appelle Perpétue Nshimirimana, Représentante permanente du Burundi auprès de l’ONU et des autres Organisations Internationales à Genève (Suisse). Elle a l’air calme. Elle est au courant de « Tout ». Beaucoup d’arrestations ont eu lieu dont celle d’(Eusébie) la femme de Sylvestre Ntibantunganya. Sa seule crainte, qui ne présage rien de bon dans la suite des évènements, « le Camp Muzinda semble rejoindre l’action des rebelles ». Le putsch est mené par le nouveau Chef d’Etat-major du Burundi, le Major(Lieutenant-Colonel) Bikomagu. -10h.30 : Le putsch a échoué. Les différents corps d’armées se tirent dessus. (Source non-authentifiée en provenance de Belgique) -11h. : Melchior Ndadaye serait détenu au camp Muha par les putschistes. (Radio Kigali). -12h : Le président Melchior Ndadaye est renversé par les militaires. (Source indéterminée) -13h30 : L’Ambassadeur du Burundi dans les pays nordiques est stupéfait, surpris. Aussitôt, il démissionne de son poste. Il ne peut pas représenter un régime issu d’un putsch. (R.F.I.) -19h30 : Le président Melchior Ndadaye a été exécuté dans la matinée. (Différents appels téléphoniques concordants) -20h30 : Décès du Président de l’Assemblée Nationale (Pontien Karibwami). (Appel de M.V.) 43

-21h30 : Confirmation de l’exécution de Melchior Ndadaye à 11 heures du matin (heure de France). Source : Appel téléphonique depuis Naïrobi (Kenya)

48 Sous les fortes pressions internationales, Pierre Buyoya est contraint d’autoriser la création d’une ligue des droits de l’Homme. Alain Aimé Nyamitwe explique que par «un proche des proches », le ministre de la justice Sébastien Ntahuga, il tente d’imposer la fusion entre les deux équipes fondatrices des ligues Iteka et Sonera (« des proches du pouvoir »). Tiré de « J'ai échappé au massacre de l'Université du Burundi : 11 juin 1995 », Alain Aimé Nyamitwe, L’Harmattan, février 2006, 199p. 49 « La première République (1966-1976) n’a pas pu prendre des mesures visant à résoudre ce problème ethnique. A leur tour les autorités de la Deuxième République (1976-1987) ont pensé que le problème fondamental à la base des clivages entre Hutu et Tutsi était à situer dans le sous-développement économique (…)» tiré de : Les Négociations Interburundaises, la longue marche vers la paix. Pierre Buyoya. L’Harmattan, janvier 2012 - 254 pages. Préface de Louis Michel. Lire aussi dans le mensuel « Le Burundi en Images » (Spécial) de septembre 1987, le Communiqué de l’Etat- major Général des Forces Armées Burundaises diffusé le 3 septembre à 17h40(15h40 GMT) et la déclaration le 5 septembre 1987, du Président du Comité Militaire pour le Salut National (C.M.S.N.), le Major Pierre Buyoya.

50 Ces responsables du parti FRODEBU n’étaient pas plus naïfs que les autres opposants politiques nouvellement installés au pouvoir, dans quelconque pays à travers le monde. Simplement, ils ont été trahis de l’intérieur par ces Hima dit Tutsi imposés à dessein par Pierre Buyoya, avec l’assentiment de Hutu « flattés », « crédules », « arrivistes », etc. A certains d’entre eux, « on » leur a fait miroiter à outrance, le vernis du pouvoir (gutwara). En effet, l’entourage « nocif » autour de l’Equipe de Melchior Ndadaye, a cultivé sans peine un climat de méfiance entre les collaborateurs Hutu. Particulièrement, le doute s’est porté en priorité envers quiconque perçu comme pertinent ou apte à répondre aux différentes questions posées. De fait, la perception des évidences d’une solution a été faussée par ce conditionnement. Du coup, la confiance a été accordée aisément à celui qui était à la recherche de la perte du projet en construction. Hélas, cette pratique de destruction de l’intérieur d’une entité (couple, famille, initiative quelconque…) est restée très courante au Burundi ! Au moment de l’agrément de ces nouveaux partis politiques, la perspicacité des fondateurs Hutu a été endormie par des stratagèmes rôdés de paralysie des individus et par l’incompréhension de la dualité des quotas des « dits Hutu » (considérés comme des Figurants corvéables à merci) comme des « dits-Tutsi » (utilisés en Agents destructeurs efficaces). « Inconsciemment », ils ont participé à la mise au point du fonctionnement défectueux de leur parti ! 51 Richard Ndikumwami : merci à ses proches de transmettre une photo à Arib info 52 Il a occupé le poste de Secrétaire Général du Conseil National des Eglises du Burundi. 53 Propos recueillis le 17 novembre 1993. 54 A compléter 55 http://archives.lesoir.be/sur-le-coup-d-etat-au-burundi_t-19931022-Z07DEH.html 56 Le Témoin/Nyabusorongo du 21 octobre 2012, par Alphonsine Nzoza. http://www.nyabusorongo.org/spip.php?article80 57 Liste des putschistes (l’original un manuscrit (non-signé) en mauvais état, la date d’émission effacée) : Bagaza J.B (ex président) [il le nie publiquement et dénonce une manipulation]; Bararunyeretse Libère ; Hajayandi ; Horumpende Raphaël (ancien secrétaire J.R.R., membre du comité) ; Kadege Alphonse ; Nduwayo Antoine ; Frère Niyonzima Déo ; Major Niyonyunguruza Pierre ; Niyungeko Jonathas (relations extérieures, ancien ambassadeur) ; Rukankama ; Sinarinzi Gabriel (Procureur, cadre à la justice) ; Ngeze François ; Mukasi Charles ; Nzigamasabo Salvatore (expert FAO, consultant, D.G Planification agricole) ; Manwangari Jean- Baptiste ; Minani Evariste (ex directeur Camofi). A compléter par les concernés et les témoins 58 Commentaires de cette journée du 30 octobre 1993 en provenance des cercles Hima dit Tutsi : « (…) - L’Armée se proclame Loyaliste. Cela dépend des heures et des moments. ». -Un autre discours qui se tient dans les milieux Hima « dits Tutsi » : « Puisque le gouvernement ne veut pas sortir (de l’Ambassade de France) et prendre ses responsabilités, c’est (de fait) un gouvernement de peureux. Les burundais ne sont pas habitués à avoir des dirigeants peureux. L’opinion serait prête à mettre Buyoya ou Bagaza au pouvoir. -Le Chef de la Garde rapprochée (du Président Melchior Ndadaye, Gratien Rukundikiza) n’était pas rentré en même temps que lui. « Ce coup d’Etat était connu ». La Sûreté était au courant, aussi. Ce n’est pas une histoire de « petits militaires ». Bikomagu (Chef d’Etat-major de l’armée) était impliqué, le ministre de la Défense aussi. Richard Ndikumwami (Administrateur de la Sûreté) était bien au courant, aussi. Il avait organisé la filature de Ntakije (le ministre de la Défense), peu avant le Sommet de la Francophonie à l’Ile Maurice. De sorte que Ntakije, se serait plaint à Ndadaye en ces termes : « J’en ai assez d’être filé » (…) 44

-Beaucoup de militaires (une quarantaine) ont fui au Zaïre. (…) -Le Parti pour la Libération du Peuple Hutu (Palipehutu) est parti s’installer à Kigali (Rwanda). Kossani ressemble à un Tutsi tout craché. Il pourrait se faire tuer par les Hutu. Personne ne sait d’où il vient. La fameuse armée n’existe pas. Ses partisans n’ont pas d’armes. Alors, (l’explication) des pseudo-attaques de 1991, elles étaient (en réalité) organisées par l’Etat lui-même pour mieux contrôler la population (…) -Mgr Bududira affirme que les évènements (actuels) du Burundi sont plus sanglants que ceux de 1988, (plus de vingt-milles victimes en quelques jours) (…) -Les premières victimes du putsch ont été pendues (…) ». Source : Notes d’entretiens préparatoires à la mission Albizia 59 Ngo Baramuhanahana amera nk’uwubura uwumusokoza.Cfr Récit en Kirundi. 60 Malgré cette déclaration solennelle, Pierre Buyoya reviendra à la tête du pays deux années plus tard en 1996 par un putsch ! Voici ce que Julius Nyerere, ancien président de la Tanzanie, confie à ce sujet le 2 août 1996 à Frédérique Sprang. Extraits : « (…) Une journée avant le coup d’Etat, nous avons entendu des déclarations très sévères du Conseil de Sécurité indiquant notamment que tout coup d’Etat serait condamné dans les termes les plus fermes. Mais, après le putsch, la position semblait être qu’après tout, c’était un moindre mal, qu’après tout, Pierre Buyoya était quelqu’un de bien ; certains même parlant d’un démocrate, et que ce n’était pas un mauvais coup d’Etat. De notre point de vue, on ne peut pas décider qu’un coup d’Etat est bien ou non, en fonction de la personne qui le fait. (…) De notre point de vue, ce coup d’Etat est un coup d’Etat rampant*. Il a commencé en 1993, avec l’assassinat du président Ndadaye. Certains prétendent que le coup d’Etat de 1993 avait échoué, c’est faux. Il est devenu un succès en dépit de certaines voix cherchant à diminuer son importance. (…) ». http://archives.lesoir.be/sur-le-putsch-au-burundi-et-l-arrivee-au-pouvoir-de-pie_t-19960802-Z0CFAT.html * Déjà en février 1996, Laurence Ndadaye qualifie aussi de « putsch rampant » la situation du Burundi. (in journal Le Soir de Belgique C. Braekmann, 10 février 1996) 61 Symbole de l’Albizia (Igiti c’Umusebeyi) 62 Présentation de l’Association Albizia Annexe n°11bis 63 Association SURVIE, France « (…) L’association (loi 1901) Survie a trois objectifs principaux : ramener à la raison démocratique la politique de la France en Afrique (lutte contre la Françafrique et le néocolonialisme), combattre la banalisation du génocide et réinventer la solidarité internationale par la promotion des Biens Publics mondiaux. Elle mène des campagnes d’information et d’interpellation des citoyens et des élus pour une réforme de la politique de la France en Afrique et des relations Nord-Sud. Elle fonde son action sur la légitimité qui incombe à chacun d’interpeller ses élus et d’exiger un contrôle réel des choix politiques dans tous les domaines. (…) ». Source : extrait de « SURVIE : Qui sommes-nous ? » voir http://survie.org/qui-sommes-nous/?lang=fr 64 Remerciements aussi à Brot fur die Welt, (Belgique)la Fondation pour le Progrès de l’Homme(F.P.H.), (France)le Centre des droits de l’Homme des Nations Unies (Suisse) et le Conseil Oecuménique des Eglises(C.O.E.) (Suisse) 65 -Rapport sur la situation des droits de l'homme au Rwanda soumis par M. René Degni-Ségui, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme, en application du paragraphe 20 de la résolution S-3/1 du 25 mai 94 http://www.unhchr.ch/Huridocda/Huridoca.nsf/TestFrame/855cf0ac85877023802566a60034cf1c?Opendocument - L’ONU et le génocide du Rwanda « (…) Lors de la Conférence de commémoration du génocide rwandais organisée au siège de l’ONU à New York, le 26 mars 2004, l’ancien Commandant des Forces de la Minuar, Roméo Dallaire a déclaré que le 22 avril 1994, alors que plus de 100 000 personnes avaient été tuées, la majorité de la Force avait reçu l’ordre de quitter le pays. Mais, grâce aux 450 troupes africaines et 13 troupes canadiennes restées pour observer, la Mission a pu sauver quelque 30 000 personnes alors que des millions fuyaient à l’intérieur du Rwanda, étaient tuées ou blessées. (…) Reconnaissant que des violations graves du droit humanitaire ont été commises au Rwanda et agissant en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de Sécurité, par sa résolution 955(1994) du 8 novembre 1994 a créé le Tribunal pénal international pour le Rwanda (T.P.I.R). Le Tribunal pénal pour le Rwanda a été créé pour juger les personnes présumées responsables d’actes de génocide et d’autres violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire du Rwanda et les citoyens rwandais présumés responsables de tels actes de ou violations du droit international commis sur le territoire d’Etats voisins entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994. (…) ». Extrait de la fiche d’information : http://www.un.org/french/events/rwanda/fiche.html 66 A compléter 67 Urya yandika ivyo atazi, yandika ivyo atabona… Récit en Kirundi. A compléter par les Messagers du Major Ndabemeye. 45

Jean-Pierre Chrétien : p. 125 « (…) Ils allèrent entre le 15 et le 23 avril selon le premier, vers le 10 selon le second, en utilisant la route via Rumonge, Nyanza-Lac et Mabanda. Le commissaire de secteur de Nyanza-Lac (Léonidas Basumbwa) leur expliqua l’existence d’entraînements nocturnes dans des forêts des environs de Mabanda. Ndikumana précise même que, guidés par de informateurs hutu, convoqués ensuite comme témoins auprès de l’Etat-Major à Bujumbura, ils ont inspecté ces forêts et rapporté des spécimens des quelques 2000 machettes qui auraient été forgées sur place. Mais le gouvernement tanzanien du district de Kigoma, Ndobo, aurait refusé d’agir, disant qu’il s’agissait de freedoom fighters (en pensant sans doute aux « combattants de la ligne de front »). Se sentant suivis par les hommes de Biyorero, les deux émissaires repartirent le soir même pour Mabanda et Nyanza-lac. Un rapport sur la situation insurrectionnelle du Sud fut remis à Bizindavyi et à Micombero. La seule décision des quatre responsables (Shibura, Bizindanvyi, Ndabemeye, Micombero) fut selon Cyprien Mbonimpa, l’organisation du meeting de Rumonge. Mais selon Thomas Ndabemeye, c’est Pierre Ndikumana qui aurait naïvement( ?) diffusé le slogan du complot monarchiste à son retour de Kigoma, en fonction de ce qui leur avait été « refilé » là-bas. (...) Cet extrait est référencé à la note de bas n°180 de la page 125: « Thomas Ndabemeye, propos recueillis en 2001, mais en avril 1999 il nous avait dit qu’on ‘craignait une révolte monarchiste ». Tiré de Burundi 1972 : Au bord des Génocides, aux Editions Khartala 2007

68 Voir parmi les images du documentaire « Burundi, Sous La Terreur », D’Eyal Sivan – 1997 –13 minutes – N&B – 16 :9 – Français, Collection Population en Danger commandée par Médecins sans frontière. Source : http://www.momento-films.com/presse 69 (…) It was confirmed earlier this year that, about 40 ESO terrorists were dispatched from Kampala to Bujumbura to assist the Burundi army in planning selective killing of Hutu political leaders. As a result, Burundi’s Tutsi-dominated army is conducting such murders of Hutu leaders throughout the country and Museveni’s fingerprints are visible all over Bujumbura. (…) UDC Newsletter, December 1994, Vol 4 N°4 70 En référence aux récits des Gardiens de la Mémoire sur l’Epoque des Raids esclavagistes. Le temps d’une Halte, les gens se regroupaient et s’abritaient pour se ressourcer pour mieux aller de l’avant. Le symbole de l’Albizia a été choisi dans cet esprit de résistance et de capacité de resplendir à nouveau en dépit des épreuves. En effet, dans la vallée de la Ruvubu au Burundi pousse une variété d’Albizia, plante vivace et utile qui résiste aux feux de brousse et refleurit à nouveau … comme la Démocratie. 71 Plus d’une fois, il m’a fait remarquer que, je n’intervenais qu’à un « petit niveau ». (…) Lecture restreinte. 72 La décision d’instituer cette date comme jour férié en avril a occulté l’importance majeure à accorder aussi à la date du 29 avril dans l’Histoire dramatique du Burundi 73 Dans le même esprit que Prime Niyongabo se retrouve ministre des Affaires Etrangères après la Révolution du 28 novembre 1966. Cinq ans plutôt, en 1961, il est l’un des membres actifs des Jeunesses Nationalistes Rwagasore (J.N.R.), auteurs de plusieurs crimes dont l’organisation du massacre des syndicalistes Hutu de Kamenge en janvier 1962. Il est lié à d’autres machinations contre les Hutu comme l’affaire judiciaire « du Prince Ignace Kamatari » en 1964, l’assassinat du Premier ministre Pierre Ngendandumwe en janvier 1965 et de nombreux autres faits délictueux « mineurs » peu connus du grand public. 74 « (…) Les Burundais apprécient l’installation de la Démocratie grâce aux graines plantées par Madiba. (…) ». 75 Dans le même état d’esprit du Conseil de guerre du 21 octobre 1965. 76 Certains parmi eux, s’autorisent des agressions et des méchancetés (violences verbales, intrusion dans la vie d’autrui, insultes, harcèlement, actes de dégradation, dédain…) sur la base de fausses certitudes. Leurs préjugés les conduisent vers des comportements de persécution sur des personnes innocentes. Certains de leurs faits relèvent, même, de délits répréhensibles par la loi. 77 Mon père est averti de la prochaine arrestation, du Tuteur et de la Tutrice, Daniel Mpfanuguhora et Léocadie Ndikumana. Il écrit plusieurs courriers dont certains à remettre au Rwandais Kajugiro Musinga. Puis, il demande que nous, ses enfants, Honorata, Valère et moi, soyons confiés aux Congoman (comme les Kasaiens, Kabeya, Nsenga,…) afin d’être évacués sur Kinshasa (Zaïre) et de nous inscrire chez les religieux du Lycée Sacré Cœur (Cité de la N’Gombe). C’était le même esprit d’encadrement scolaire de qualité que celui de la Congrégation des Dames de Marie au Burundi. Leurs filles, de notre connaissance, fréquentaient depuis quelques années cet établissement. 78 Après exécution, un émissaire (dans beaucoup de cas avec des liens de famille ou amicaux) était envoyé annoncer la nouvelle. Aussitôt, il était question de confiscation des biens, de déménagement…. Puis, une entreprise de chantage, de compromissions, d’insulte et d’agression systématique se mettait en place. C’est le procédé de prise de contrôle des cellules familiales dont les conséquences sont toujours visibles et pénalisantes des années après, jusqu’à aujourd’hui. 79 Dès 1964, en lien avec l’affaire judiciaire « du prince Ignace Kamatari », à peine, l’arrestation de mon père, Venant Ntwenga est faite, que les fonctionnaires et les militaires reviennent sur leur pas. Ils arrachent 46

rageusement le téléphone de notre maison du Quartier 5 Ocaf/Ngagara. La femme placée, Joséphine Mfubusa, s’étonne de leur geste. Ils lui répondent que « bientôt, il n’y aura plus d’argent pour payer les frais ». A leur tour, les militaires s’étonnent de sa remarque : « Tu sembles oublier les raisons de ta présence à cet endroit ». Après, les mêmes militaires et fonctionnaires vont disperser les travailleurs de la Briqueterie artisanale, appartenant à mon père. Ils leur annoncent que ce dernier ne sortira plus de la prison. Ils confisquent aussi, une partie des biens d’Anaclet Burundi, du Gendarme Mahembe, … A compléter. A la suite de cette affaire judiciaire, il est à signaler la première vague de réfugiés Hutu burundais (environ deux mille) au Rwanda et les premières expropriations des terres au Burundi par les Hima rwandais. (Archives H.C.R., Tradition orale) 80 A peine suis-je engagée à l’Agence burundaise de presse (A.B.P.) en 1983, que Dieudonné (Diyé), le fils de Bernard Kayibigi, procureur au moment du Génocide en 1972, m’attend à l’arrêt du bus du marché Central de Bujumbura. Sa mère, Joséphine Mfubusa (parenté aussi du capitaine Charles Ndikumagenge), l’a sorti de l’école pour aller mendier au marché. Il me demande de l’aider à lancer un petit commerce ! Ce que je fais, très choquée de le voir dans ce piteux état. Puis, sa mère s’est emparé du modeste fonds et l’a renvoyé à la charge vers moi. D’après elle, comme j’ai un salaire tous les mois… Un jour, elle s’est autorisée de me rendre visite à Kamenge. En compagnie de nouveau compagnon rwandais, elle a poussé loin le culot, en tentant de me rançonner ! 81 Cfr. La Réunion Informelle de juillet 1967 et les tractations entre le Major Thomas Ndabemeye, M. Makuza de la Société I.C.B. en 1968 et mon père Venant Ntwenga. En compensation, d’avoir abandonné les avantages de son poste dans cette société, il avait intégré l’un des services de la Mairie de la Ville de Bujumbura. Il s’était chargé de la distribution des parcelles principalement dans le Nord de la ville de Bujumbura en respectant l’organisation clanique et la notion de propriété privée. (Droits des enfants de posséder un compte épargne individuel,… et collectivement, droit d’accès à un enseignement de qualité pour filles et garçons…) 82 Dans le cadre de la Condamnation à l’Errance issue du 8 mai 1972, Maman, Marcelline Ndikumana avait, à notre insu, passé le message dans le quartier de Kamenge, que le Campement du secteur C n° 29 était à vendre. Un couple de congoman s’était empressé de proposer de l’acheter en premier, en souvenir de notre père. Malgré sa prochaine acquisition, le couple nous autorisait à rester y vivre comme avant pour nous éviter une dispersion inéluctable. Je l’en avais dissuadé sans peine. Ma mère, Marcelline Ndikumana, n’avait aucun droit sur la Succession de Venant Ntwenga, et ce, y compris jusqu’à aujourd’hui. C’est une disposition très claire, publiquement connue, depuis l’enfance, au moment du divorce officiel en 1963. De plus, par la coutume, elle a été déchue de ses droits et devoirs pour manquement grave ! Depuis cette date, sa famille dont ses frères, de parfaits inconnus pour mon frère Valère et ma sœur, Honorata, passe son temps à trouver des prétextes en tous genres pour rançonner les gens et tenter de s’accaparer les biens de Venant Ntwenga, notre père. 83 ―-Born in May 1930. His father was a Hutu and his mother a Tutsi but was considered as a Hutu. He attended primary school and had three years as technical training to become a male nurse. In 1955, he received a diploma as a medical assistant. In 1956-58, he worked as an assistant for surgery. In 1958-61, as an assistant for radiography. In 1961-63, he was the director of the department of Hygiene, pharmaceuticals and medical school in the Public Health Ministry. In 1963, he was appointed ambassador to Tanzania. He remained there until May 1965 when he was transferred to become ambassador to the Soviet Union. While at Dar-es-Salaam (Tanzania) he allowed the Chinese to use his diplomatic pouch to transmit funds to Bujumbura.‖ Tiré de ―Historical dictionary of Burundi‖, Warren Weinstein. Scarecrow Press, 1976 - 368 pages. 84 Le lendemain, tôt le matin, sa femme Irène, Sage-femme dans le même Hôpital a vu arriver ses frères (parmi eux des militaires) à la parcelle de Gikizi dans le Mayengo à Kamenge. En les apercevant sans son mari, Irène a commencé à pleurer. Ses frères l’ont houspillée : « -Cesse de pleurer pour ces choses-là ! Tu vas t’enlaidir. Elle a protesté : - Pourquoi le tuer ? Il ne faisait plus de politique. - Les autres non-plus ! Que crois-tu ? Suis-nous, plutôt !». Dans le séjour, « les frères » ont dicté à leur sœur les détails sur les nouveaux bénéficiaires de la Succession Mahenehene. En maigre contrepartie, ils l’ont assurée de garder son travail de Sage-femme à l’Hôpital Prince Régent Charles. (…) D’après le Gardien de Mémoire, la réaction d’Irène a été étrange. Malgré les larmes apparentes, elle n’a pas protesté contre son appauvrissement et celui de ses enfants, ni porté plainte au pénal contre ses frères pour le crime de son mari ! N.B Quelques années plutôt, Joseph Mahenehene, avait été rappelé de son poste d’Ambassadeur à Moscou (URSS), pour occuper le poste de ministre de la Santé. Quarante-huit heures après son arrivée à Bujumbura, il lui avait été signifié de regagner son poste d’origine, la direction de l’un des départements du ministère de la Santé. Il ne s’en était jamais remis. 85 En octobre 1995, c’est le même motif d’arrestation de mon demi-frère, Félix Junior dit Djuni. Suite aux combats entre les Francs-Tireurs (surnommés les « Machinistes ») et l’Armée dans le quartier de Kamenge, les familles se sont dispersées pour fuir le danger quotidien devenu de plus en plus pressant. J’ai demandé au Centre des Jeunes de Kamenge de tenter de localiser les différents membres de ma famille. J’étais sans nouvelle d’eux 47

depuis plusieurs semaines. Des Humanitaires de l’O.N.G. Médecins Sans Frontières (Antenne Belgique), l’ont retrouvé. Après leur rencontre, dans notre entretien téléphonique, Djuni n’a pas partagé de détails inquiétants sur la situation traversée. Il m’a assuré avoir tout expliqué aux humanitaires étrangers. Plus tard, en cherchant à comprendre, il est apparu clairement que Djuni a été victime d’enlèvement à cause de son témoignage sur les crimes de guerre de l’Armée burundaise et des Combattants F.P.R. dans notre quartier Kamenge. D’après les voisins, Djuni avait parlé à des étrangers ? C’est interdit ! En réalité, il avait juste décrit l’agitation connue de tous dans le quartier de Kavumu autour de la maison du « Comptable » (Le collecteur des fonds du FPR dans le secteur) en vis-à-vis de la maison de Sylvana Barumpozako et Dominique, son mari, Chef de quartier de l’UPRONA. (Balisema kama alieleza ma sékré yabo yote, lakini sisi bote tulikua tunajua (…) Dans l’entourage de travail de l’agent Humanitaire, « quelqu’un » a signalé aux combattants F.P.R., le contenu de ses déclarations sur les confrontations armées et autres faits criminels dans Kamenge. De nombreuses autres personnes ont été enlevées dans les mêmes circonstances. A compléter Récit en swahili. 86 En traduction littérale « dix maisons ». Un « nyumba Kumi » est l’agent de base de la hiérarchie du parti UPRONA, organisation du quadrillage de la population, d’inspiration de la Corée du Nord. Il a en charge la surveillance et l’encadrement doctrinaire de dix familles. A compléter 87 La permission de fêter un moment heureux (avoir trouvé un travail salarié, obtention d’un diplôme, fête religieuse, achat d’une maison, d’une voiture, …). A Kamenge, dans les années 80, plusieurs cas ont été dénombrés d’embuscades contre les passagers joyeux d’un cortège de voitures. Ils se rendaient, simplement, sur leur colline d’origine pour fêter leurs nouvelles acquisitions (par exemple, les bus Coaster japonais), inconscients, de l’antipathie des voisins Tutsi suscitée par leur réussite ! 88 « Ignace Ndimanya : Hutu né à Ngozi. Il a travaillé comme clerc à la SEDEC, une entreprise privée à Bujumbura. Il a été actif dans les partis politiques Hutu, mais s’est rallié à l’UPRONA. Il a été choisi par le prince pour le poste de ministre des travaux publics du premier gouvernement du Burundi. En 1964, il était identifié comme apparenté à la mouvance Monrovia. En 1965, il a été élu vice-président du Sénat du Burundi. Il a été exécuté après le Coup d’état avorté d’octobre 1965. ». Traduction libre d’après la notice de Historical dictionary of Burundi, Warren Weinstein , 1976. 89 Les Négociations Interburundaises, la longue marche vers la paix. Pierre Buyoya. L’Harmattan, janvier 2012 - 254 pages. Préface de Louis Michel. Extrait, page 99 : « (…) La disparition tragique du président Kabila ne permit pas de continuer les contacts. Toutefois, son remplacement par son fils, Joseph Kabila une nouvelle rencontre a été organisée en avril 2001 mais elle n’a pas abouti à des résultats palpables. Elle fut suivie d’un long silence. En fait, le CNDD-FDD n’était vraiment pas prêt pour des négociations. Entretemps, le mouvement a connu une autre grave crise interne. Jean-Bosco Ndayikengurukiye a été renversé en octobre par Pierre Nkurunzinza qui était jusque-là un inconnu. Hussein Radjabu est devenu Secrétaire Général du mouvement. Celui-ci a pris beaucoup de temps pour se réorganiser. Ce n’est qu’au milieu de l’année 2002 que les contacts avec le gouvernement ont repris. Mais, il ne savait pas réellement ce qu’il devait négocier ni comment le négocier : Il affirmait vouloir négocier tantôt avec l’armée, tantôt avec le Président Buyoya, tantôt avec le gouvernement de Bujumbura. Voyant que ses tergiversations faisaient trop traîner le début de ces négociations, Mandela et ses partenaires, ont décidé à partir de juillet 2002 de prendre en main, le CNDD-FDD. Ils ont confié à la Tanzanie de l’encadrer et de le former à la négociation afin qu’il clarifie ses revendications qui étaient dans un premier temps ambigües, floues et changeaient de contenu à chaque rencontre. Les négociations officielles ont fini par être entamées par ce mouvement et ont abouti à la signature à Arusha d’un accord de paix entre le CNDD-FDD et le gouvernement de Transition, le 3 décembre 2002. Mais, cet arrangement, n’a pas été mis en application par ce mouvement. (…) ». 90 Liste des fusillés du 28 octobre 1965 : M.M Nyangoma, Directeur général du Premier Ministre ; Emile Bucumi, Président de l’Assemblée Nationale ; Mirerekano, Premier Vice-Président ; Ntimpirageza, Président du Parti du Peuple ; Burarame, Ministre de l’Economie ; Mayondo, Deuxième Vice-Président de l’Assemblée Nationale ; Nirikana, Chef de Cabinet au Ministère de l’Economie ; Ndimanya, Premier Vice-Président du Sénat ; Louis Bucumi, Directeur des Impôts ; Ncahoruri, Ministre de l’Education nationale a été condamné à la détention à perpétuité. Le 16 décembre 1965, exécution de 22 personnalités dont M. Joseph Bamina, Président du Sénat. Source Robert Cornevin. A compléter. 91 Description du cas de génocide de 1965 et de celui de 1972 au Burundi. Cfr Rapport Whitaker : Rapport sur la question de la prévention et de la condamnation du crime de génocide, préparé par Benjamin Whitaker, Conseil économique et social des Nations Unies, commission des droits de l'Homme, ss-commission sur la prévention de 48

la discrimination et la protection des minorités, 38ème session, item 4 de l'agenda prévisionnel, http://www.preventgenocide.org/prevent/UNdocs/whitaker / , E/CN.4/Sub.2/1985/6 — 2 Juillet 1985, 92 A écouter, (durée 48 minutes) le prêche au Centre chrétien de Chavornay (canton de Vaud, Suisse) à l’adresse : http://www.centrechretien.info (Eglise évangélique à 20 minutes de Lausanne). Artémon Simbananiye y livre un témoignage enjoué et édifiant sur sa carrière, ses valeurs, sa vie privée et sa conversion à Dieu, après avoir entendu, les déclarations de Pierre Buyoya sur lui. Annexe 18

93Une bourse de la Coopération française accordée en décembre 2008 à mon fils Steve Ahuka, a permis des retrouvailles à Montpellier, trente ans après son enlèvement par Thérèse Omoyi, sa grand-mère. Au cours de son séjour, prévu pour trois ans, il était prévu des retours ponctuels en R.D. Congo dans le cadre de son travail. C’était une aubaine pour moi. Il était évident que son père (biologique) Pierre Mundeke N’koy et sa famille d’adoption lui devaient la vérité sur notre séparation. Au cours de son séjour à Kinshasa en mai-juin 2009, je lui ai envoyé un courriel dans ce sens. A son retour à Montpellier trois mois après, il est rentré avec des menaces de la part de son père (biologique) et d’autre part, des Rwandais, co-auteurs du génocide des Hutu du Burundi en 1972-1973. «-Tu dois cesser de témoigner pour la Commission Vérité. Si tu t’obstines, m’a-t-il dit, comme à l’adresse d’un passant dérouté, les Rwandais finiront par trouver quelque chose contre toi ! » Il refusait d’accepter que Thèrèse Omoyi ait participé activement à un rapt de nourrisson (lui, en l’occurrence), par un voyage éclair Kinshasa- Bukavu-Uvira-Baraka-Kinshasa. Son père, quant à lui, m’avait transmis un message, en réalité, une nouvelle agression insidieuse via son fils : « Si tu n’es pas contente avec ton mari français, je viendrai à Montpellier m’occuper de toi. ». Mais, plus déroutant que « les menaces », Steve m’a clairement fait comprendre son total accord avec les brutalités infligées (tentatives de meurtre, aussi) par son père contre moi, pour le compte des Rwandais. Pour ne me laisser aucune illusion sur le sens de nos retrouvailles, il a ajouté : « A Montpellier, je ne suis pas venu pour toi, mais, seulement pour mes études. Qu’est-ce que tu avais cru ? » De mon côté, je ne lui demandais pas de choisir entre son père et moi. Il était important que la vérité de son histoire dans son entièreté lui soit fixée. C’est élémentaire et toujours d’actualité. Mon souci de clarté était de lui éviter de se retrouver, à son tour victime par ignorance, d’une violence commanditée au vu des circonstances de sa naissance. C’est avec stupeur, en quelques minutes de conversation, que le contenu de notre relation m’est apparu évident. Ainsi, nos retrouvailles n’étaient que le fruit d’une machination construite par les Rwandais, basée sur un odieux chantage et un projet d’agression dans un huis clos « familial » ! Sa femme Angèle Dilu, l’avait rejoint à Montpellier dans ce but. Elle a été témoin et actrice du dénouement par ses mimiques et ses remarques de soutien. « Il fallait que ça sorte ! », m’a-t-elle dit, soulagée enfin que son mari ait réussi à m’avouer les véritables raisons de nos retrouvailles (…) Lecture restreinte. Lire aussi Lettre ouverte à Espérance Ngendandumwe à l’adresse : http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=3143 N.B : Plusieurs autres cas de retrouvailles trafiquées sont à déplorer. Steve n’est pas un cas unique. Ce n’était pas faute d’avoir été prévenue sur les problèmes liés aux nombreux enfants nés dans des circonstances de consigne de viol sans violence. Par ce biais, les familles sont « contrôlées » et poursuivies de près dans leur évolution. C’est une autre conséquence pénible du Génocide de 1972-1973. C’est toute une génération d’enfants, aujourd’hui, adultes, qui est concernée. De temps en temps, les Gardiens de la Mémoire ont rappelé, au cas par cas, que malgré le souci premier du bien-être de l’enfant, il ne fallait pas se départir de l’éventualité certaine d’un retournement violent de l’enfant sur une simple demande du père (ou mère). Ce sont des »enfants objet » dressés pour mordre la main qui les nourrit. Quel que soit la manière de s’en sortir, (avec ou sans bagage académique), de surmonter les épreuves, de vivre… cette disposition programme une souffrance à déclencher à tout moment. C’est le procédé mûrement réfléchi de l’emprisonnement dans la douleur des années après par l’agresseur.

Steve Ahuka Mundeke, Baraka( Zaïre) 1977 49

94Ce sont des récits simples où il a confié la description de son rôle exact s’abritant derrière « Erega vyose vyagizwe n’abanyarwanda ». Il a situé ses décisions en fonction de ses lieux de résidence, la maison de fonction derrière la Cathédrale Régina Mundi, au Camp militaire de Bururi, à l’avenue du 28 novembre. En 1998, il a eu connaissance d’une récolte de témoignages sur le Génocide de 1972-1973 par des Burundais de la diaspora en Suisse. Quelques indiscrétions sur le contenu des témoignages lui ont fait comprendre, qu’il était désigné comme le responsable incontournable de l’organisation des massacres à grande échelle. C’est ainsi, que l’un de ses messagers m’a fait remarquer, de vive voix, cette lacune importante dans le récit en construction. En vérité, « Tout avait été fait par les Rwandais » (…) Je devais m’en souvenir ! Cfr, Le Conflit burundais II, par Laurent Kavakure, l’actuel ministre des Relations Extérieures du Burundi.

95Comme à Montpellier, lieu de résidence de personnes liées de près aux acteurs, auxiliaires/bénéficiaires et victimes du Génocide de 1972-1973 et d’autres villes du monde où la diaspora burundaise et rwandaises se côtoient, sans se rencontrer. Les consignes sont strictes entre les Hima burundais et les Hima rwandais, pour maintenir un silence absolu sur le Génocide des Hutu du Burundi. 96 Les Lois dites « d’Amnistie de1974 » Quarante ans déjà ! La liste des biens à rendre est encore longue. Cependant, une parcelle de Venant Ntwenga est localisée à Maramvya au nord de la ville de Bujumbura. Il était prévu d’y construire une école, sous le signe de « On ne réussit jamais seul », la devise des Défenseurs aux pieds nus. Il suffit de consulter les travaux du cadastre de la ville de Bujumbura (cfr le géomètre Valentin Sebusa et de Muyogoro pour l’enregistrement au Service des Titres Fonciers, (A compléter) 97 « (…) La loi N°1/136 du 25 juin 1976 constitue une première dans la réglementation de la liberté de la presse puisque pour la première fois le Burundi disposait d’un ensemble de règles plus ou moins complets sur les droits et devoir des responsables de presse et des journalistes, les conditions pour la publication d’un journal, d’un écrit périodique et pour la diffusion d’émissions de radiodiffusion, le droit de réponse et les délits de presse. Mais la liberté d’expression proclamée par l’article 3 de cette loi est relativisée par des dispositions dictées par le système politique et l’idéologie dominante du parti unique. Ainsi, « les responsables des médias et les journalistes doivent se référer à l’idéologie du parti, seul organe responsable de la vie politique nationale et œuvrer en patriotes convaincus » (voir article 6). Ce texte a consacré une bonne quinzaine de « journalisme du développement » caractérisé par un contrôle total des médias par l’intermédiaire de directeurs dévoués au gouvernement et de journalistes fonctionnaires et par une autocensure et censure omniprésentes. (…) ». Source : Africa_ Burundi_country_report, « Community Broadcasting in Burundi » http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CC8QFjAA&url=http%3A%2F% 2Flegislations.amarc.org%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2FAfrica_Burundi_Country_Report%28FR%29.doc&ei =063eUrfmBOLb0QXf7oHwAg&usg=AFQjCNEb3aWsCy8uFS0z5ASyjhPpHuSWXg 98 -« Pôle crimes contre l'humanité, crimes et délits de guerre » Tribunal de grande instance de Paris pole génocide 4, bd du Palais, 75055 Paris (France) Tél. : 01 44 32 51 51 (standard général) - Fax : 01 44 32 78 56 (standard général) -Voir un dossier d’analyse belge de la “Compétence universelle » des tribunaux en Belgique, en France, en Espagne, Allemagne et en Suisse. http://competenceuniverselle.wordpress.com 99 Wewe wigira sindabibazwa, urahumba, na wewe uzobinononsora! Userutse, uba duserukiye.