Groupement Semis Direct de Madagascar
RAPPORT DE MISSION
de RAKOTONDRAMANANA dans la région du Menabe, projet AD2M du 9 au 12 mai
2010
Mai 2010
Introduction
Le Directeur exécutif du GSDM, M. RAKOTONDRAMANANA, a effectué une mission au sein du projet AD2M du 9 au 12 mai 2010. L’objet essentiel de la mission est de faire un pré- diagnostic rapide des milieux où travaille le projet afin de pouvoir proposer une offre sur la mise en place de systèmes de production durable dans les districts d’intervention, ceci suite à un intérêt marqué du projet AD2M de développer l’agriculture de conservation dans ses districts d’intervention pour développer des systèmes de productions durables. Il est entendu que cette courte mission n’a pas la prétention de couvrir les districts et les communes pour donner la situation des milieux qui existent. Le 10 mai a été consacré aux visites dans les districts de Miandrivazo et de Mahabo et le 11 mai dans le district de Belo sur Tsiribihina. Tout au long des visites nous avons été accompagné par M. Manoa ANDRIANTSILAVO, assistant Mise en Valeur productive chargé du volet Agriculture.
1. Bref aperçu sur la région du Menabe et du Melaky dans les zones d’actions du projet AD2M
La région du Menabe est une région essentiellement agricole (85% de la population) à faible densité de population 1 (7 à 8 hab./km 2 dans les districts de Belo sur Tsiribihina, Mahabo, Manja et Miandrivazo et 16 hab./km 2 dans le district de Morondava). C’est une région qui a connu des vagues de migration à cause de la présence de vastes plaines alluviales et qui actuellement sont devenue une région multiethnique (Sakalava la population d’origine, Vezo, Masikoro, Antalaotse (indo-pakistanais), Antesaka, Antemoro, Bara, Antandroy, Merina, Betsileo, Mahafaly et Antanosy..) . Le projet AD2M travaille surtout dans les districts de Miandrivazo, de Mahabo et de Belo sur Tsiribihina mais pas dans le district de Morondava même si le bureau de l’Unité de gestion du projet est à Morondava.
D’après les données de la Météorologie Nationale sur des relevés anciens disponibles sur 40 ans, les précipitations utiles pour l’agriculture commencent (semis) à la 3ème décade de novembre et s’arrêtent à la 3 ème décade de mars pour Malaimbandy (annexe 2). Pour Belo sur Tsiribihina, la pluie utile tombe à la 1 ère décade de décembre et s’arrête à la 3 ème décade de mars (annexe 3). Ces données semblent être confirmées par les dires des communautés rencontrées durant la visite. A noter que ces zones sont des passages fréquents de cyclones.
La riziculture est largement dominante dans la région du Menabe. Les autres cultures vivrières (manioc, maïs et la patate douce) constituent, après le riz, les denrées alimentaires de base de la majeure partie de la population. Les cultures de rente (7% des surfaces) sont le haricot, le pois du cap, les lentilles et les cultures industrielles (10% des surfaces) sont représentées par l’arachide, la canne à sucre et le tabac. Ces cultures de rente et industrielles se font sur les riches baiboho des nombreux fleuves après le retrait des crues. L’élevage est dominé par le cheptel bovin, un peu de caprin et de porcin. La plupart du cheptel bovin est en pâturage libre dans la forêt, ce qui rend très vulnérables les cultures sur tanety non clôturées.
1 PRD de la Région Menabe, Mars 2006 2
Le projet AD2M travaille aussi dans la région du Melaky mais uniquement dans le district d’Antsalova où la densité de la population est encore plus faible 2 (4.7 hab.km 2) que dans la région du Menabe et où l’accès est difficile en saison de pluies. C’est aussi une zone de forte migration. Les deux ethnies qui prédominent sont les Sakalava (population d’origine) et les Antaisaka. Viennent ensuite les Merina, les Betsileo, les Bara et les Antandroy. D’après les données de la Météorologie Nationale sur des relevés anciens disponibles sur 40 ans, les précipitations utiles pour l’agriculture commencent (semis sécurisé) à la 1ère décade de décembre et s’arrêtent à la 3 ème décade de mars pour Antsalova (annexe 4). Cette zone est aussi une zone de passage des cyclones. Les principales productions de la Région du Melaky sont le riz (fortement excédentaire), l’arachide, le manioc, le maïs, le pois du Cap ( baiboho ) etc.. C’est une grande région de production bovine notamment à Antsalova qui approvisionne le grand marché hebdomadaire de Tsiroanomandidy. La région du Melaky est aussi connue pour le parc national Tsingy de Bemaraha qui attire chaque année beaucoup de touristes dont certains arrivent par la route sur Miandrivazo et empruntent le fleuve Tsiribihina jusqu’à Tsarahotana.
2. Visite dans le district de Miandrivazo
La visite dans le district de Miandrivazo a été conduite par M. RANAIVOMANANTSOA Donné, coordinateur adjoint de l’ONG MADE SARL, une ONG de terrain responsable du district et qui travaille dans les communes de Manambina, d’Isalo, d’Akotrofotsy et d’Ambatolahy 3 avec 1 à 2 techniciens par Baiboho très fertiles, plus d’une culture par commune et 2 socio-organisateurs par commune. an sont possibles 2.1. Commune d’Ankotrofotsy
La visite a eu lieu dans la commune d’Ankotrofotsy, dans le fokontany d’Ibofo. Le maire de la commune, M. ANDRIAMANARIVOSON Barnabe et un groupe de paysans ont participé à la discussion sur terrain. On note dans cette commune que les activités agricoles se déroulent surtout sur les baiboho mais les paysans ne font rien sur les tanety qui sont déjà très dégradés (sols sur socle cristallin avec des feux de brousse à répétitions) Sols bruts d’apports impropres à l’agriculture en l’état ou des sols bruts d’apport inaptes à l’agriculture dans le couloir de la Tsiribihina. Les cultures dominantes sont le riz pluvial, le haricot, l’arachide (var. Mavokely, fleur 11), le maïs, la patate douce et le manioc. La dolique, le tsiasisa et le niébé sont cultivés en petite quantité. Pour toutes les cultures, les paysans n’appliquent ni fumier de ferme ni engrais mais les rendements sont relativement bons compte tenu de la richesse des baiboho (riz 2 à 4 t/ha, haricot en coque sec 1 t/ha..). Dans certains baiboho où la nappe phréatique ne descend pas trop vite ou dans le cas où il y a un peu d’appoint d’irrigations,
2 PRD Melaky, octobre 2005 3 Le bureau de coordination de l’ONG se trouve à Ambatolahy 3
certains paysans peuvent faire 3 cultures par an sur la même parcelle : (i) du riz pluvial (janvier à avril), (ii) du haricot sur humidité résiduelle (mai à juillet) et (iii) du maïs avec un appoint d’irrigation (avril à décembre) avec labour des parcelles avant chaque culture. Un tel système peut être amélioré en semis direct sous couverture végétale.
Au point de vue plantations arbustives, il y a surtout du reboisement villageois (essentiellement des fruitiers, des Acacias et du neem, du Arofy 4) une activité soutenue par le projet et par un projet Carbone (FEFA, financement Tany Meva). A cet effet, une pépinière de plantes arbustives et fruitières a été visitée.
Ces types de baiboho seront dans les priorités dans la mise en valeur en SCV 5.
2.2. Commune de Manambina
Nous avons discuté avec des paysans qui Du riz qui ne va rien produire faute d’alimentation en eau suffisante cultivent sur baiboho au bord de la rivière Sakena (lieu dit Marolefo) avec des cultures qui souffrent énormément de l’alimentation en eau parce qu’il y a des bancs de sable à quelques cm de profondeur (du riz qui n’a pas du tout de l’eau au moment de la floraison et qui ne va rien donner). La rivière elle-même est très ensablée. Même si les paysans sont très intéressés pour y faire du riz (il y aurait de l’ordre de 300 ha disponibles), ces milieux présentent trop de risques et ne sont pas dans les priorités dans l’intensification en SCV.
3. Visite dans le district de Mahabo
La visite dans le district de Mahabo a été conduite par M. RAVELONANTOANDRO Ginot, coordinateur adjoint de l’ONG TOKY FAMPANDROSOANA, une ONG de terrain responsable de ce district et qui travaille dans les communes de Malaimbandy, d’Ankilizato, d’Ambia, de Beronono et de Tsimazava avec 1 à 2 techniciens par commune et 2 socio-organisateurs par commune. L’ONG travaille sur la gouvernance locale (appui aux communes, alphabétisation, foncier, appui aux AUE) et la mise en valeur agricole (animation/sensibilisation depuis octobre 2008). Pour le moment l’ONGT travaille surtout sur les SRI, le reboisement villageois et l’élevage (couverture sanitaire, puits et abreuvoir). Il y aurait de l’ordre de 2000 ha de rizières à Ankilizato et 2158 ha à Malaimbandy même si une partie sont en ce moment des rizières à mauvaise maîtrise de l’eau.
3.1. Commune de Malaimbandy Dans la commune de Malaimbandy, la visite a eu lieu dans le village d’Ambonara Sud peuplé essentiellement d’Antandroy qui disposent de peu de rizières (10 ha pour 60 ménages) et dont les tanety sont aussi très dégradés avec comme cultures du manioc, de l’arachide et de la patate douce. Comme pour les communautés déjà visitées, ces paysans, malgré l’état dégradé de leur sol n’ont pas l’habitude d’appliquer des engrais ni du fumier.
4 Arofy : Famille : Bursearacea, Genre et espèce : Cammiphora pterocarpa Perrier de la Bath. 5 SCV : Semis Direct sous Couverture Végétale ou Agriculture de Conservation 4
3.2. Commune d’Ankilizato
La commune d’Ankilizato dispose d’un périmètre irrigué de l’ordre de 2000 ha mais dont une partie hors périmètre ne dispose pas de maitrise d’eau et sont envahies par des mauvaises herbes difficiles à contrôler ( Hangamay ). Sur tanety également, des problèmes de mauvaises herbes difficiles à contrôler sont fréquents, par exemple les Rothboellia ( Tsanganday ). Deux cultures par an sont possibles dans ce périmètre. En SRI même sans engrais ni fumier les paysans obtiennent 5 à 6 t/ha (sondages de rendement AD2M). A part le riz irrigué, des cultures sur tanety sont aussi pratiquées (manioc, arachide, patate douce, maïs…). Des problèmes fonciers existent dans cette commune (paysans installés sur des terres titrées au nom de colons).
4. Visite dans le district de Belo sur Tsiribihina
C’est l’ONG CODE MENABE qui est chargée de l’encadrement des paysans dans le district de Belo sur Tsiribihina dans les communes de Tsarahotana, d’Antsoha, de Berevo, d’Ankiroroky et de Belinta. Nos visites dans les communes d’Antsoha et de Tsarahotana ont été guidées par le coordinateur de l’ONG, M. RAZAFINTSALAMA Mahaleo et par l’adjoint au Maire d’Antsiraraka, M. RAKOTOBE Christian. Contrairement aux autres ONG, CODE MENABE a un problème de stabilité de personnel car un ingénieur vient de démissionner. L’ONG a commencé en octobre 2008 dans ce district à faible densité de population (10 habitants/km 2) mais avec beaucoup de forêts sèches et d’élevage de zébus en totale liberté dans les forêts ( omby lia ). Les activités couvrent la mise en valeur (intensification agricole avec le SRI surtout), l’élevage (prophylaxie) et l’aménagement.
4.1. Commune d’Antsoha La commune d’Antsoha est réputée pour la production de lentilles sur baiboho en décrue : il y aurait de l’ordre de 400 ha dans cette commune. Les lentilles sont cultivées sur baiboho en mai et récoltées en août avec un rendement faible de 800 kg/ha à cause de la monoculture sur de longues années (prix bord champ : de l’ordre de Sesbania local 1000 Ar/kg). A part les lentilles, figurent le manioc et la patate douce et l’élevage bovin.
La visite a eu lieu dans le village de Soarano (accès difficile en pleine forêt) où un périmètre de 400 ha (nouveau barrage) est encadré par l’ONG CODE. Dans les bas fonds on a noté des Sesbania à l’état endémique qu’on pourrait valoriser dans la culture de riz comme source d’azote. Très peu de cultures sur tanety ont été vues sur ce site.
4.2. Commune de Tsarahotana
Cette commune dispose de 1000 ha de périmètres irrigués, de 400 ha de baiboho favorable à une production de lentilles, de haricot et aussi une grande zone de monka 6( de l’ordre de 200 ha).
6 Monka : sols dégradés résultant des abattis brulis de forêts sèches. 5
Dans cette commune, un périmètre irrigué alimenté par un barrage sur le Manambolo où 10 ingénieurs agronomes ont été installés en Les Monkas 1990. Mais ce qui marque surtout cette commune c’est la présence de grandes surfaces de forêts brûlés (les monka). Il semblerait que la défriche par brûlis s’est arrêté mais il faut absolument mettre en valeur ces monkas qui sont déjà fortement dégradés.
La discussion avec le Président du Fokontany d’Antsetaka, M. Tsimaniry Kamory (zone de lentille également) a permis de comprendre que les productions de lentilles ont diminué ces dernières années à cause de la monoculture, donc de la diminution de la fertilité des sols et par conséquent, les paysans ne cultivent plus une bonne partie des parcelles.
Conclusions
Cette visite rapide nous a permis d’avoir un aperçu des milieux physiques qui existent dans la région et de proposer des systèmes de production durables en agriculture de conservation. Cette visite ne remplace pas un diagnostic plus approfondi avant intervention. L’approche du GSDM dans la diffusion des SCV prend en compte tous les milieux sauf les périmètres irrigués. Il apparaît que l’accent sera mis sur la mise en valeur des baiboho , des rizières à mauvaise maîtrise de l’eau (RMME) et en partie sur des tanety en focalisant surtout sur les monkas. Des systèmes SCV seront proposés et de nouvelles espèces/variétés seront introduites en essayant de produire des semences localement dès la première année. Des plantations d’arbres en associant les SCV pourront aussi être proposés. Comme dans les autres régions où le GSDM a introduit ces techniques SCV pour la première fois, un gros travail de formation sur place sera entrepris. Par ailleurs, pour garantir la bonne mise en œuvre des techniques SCV, un cadre chevronné du GSDM, entre autres, doit être présent à plein temps sur place.
6
Remerciements
Nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont accompagné durant ces deux jours de missions :
• M. ANDRIAMANARIVOSON Barnabe, maire d’Ankotrofotsy ; • M. RAKOTOBE Christian, adjoint au maire d’Antsiraraka ; • M. RANAIVOMANANTSOA Théodore Donné, coordinateur adjoint MADE SARL et ses techniciens ; • M. RAVELONANTOANDRO Ginot A., coordinateur adjoint de TOKY FAMPANDROSOANA et ses techniciens ; • M. RAZAFINTSALAMA Mahaleo, coordinateur de CODE MENABE et ses techniciens ; • M. ANDRIANTSILAVO Manoa, AD2M ;
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Annexe 1 : Liste des personnes rencontrées (hors paysans) :
ONGT Nom et prénoms Commune Rôle CODE MENABE RAZAFINTSALAMA Mahaleo Tsaraotana Coordinateur CODE MENABE RASOANASOLO Jean Modestin Tsarahotana Technicien CODE MENABE MAMY Jean Bernard Antsoha Technicien TOKY FAMPANDROSOANA RAVELONANTOANDRO Ginot A. Ankilizato coordinateur adjoint TOKY FAMPANDROSOANA JEAN MINISTRE Ankilizato Technicien TOKY FAMPANDROSOANA RAZANADRAVAO Stéphanie F. Malaimbandy Technicien TOKY FAMPANDROSOANA RAZAFIMAHATRATRA Malaimbandy Technicien MADE SARL ANDRIAMIZAO Honoré Manambina Technicien MADE SARL RAKOTOMANGA Clément Ankotrofotsy Technicien MADE SARL RAZANABAHOAKA Lucie Ankotrofotsy Technicien RANAIVOMANANTSOA Théodore MADE SARL Donné Ambatolahy Coordinateur adjoint ANDRIAMANARIVOSON Barnabe Ankotrofotsy Maire Ankotrofotsy RAKOTOBE Christian Tsaraotana Adjoint au maire
8
Précipitation moyenne sur 40 ans par décades : MALAIMBANDY
180,0
160,0
140,0
120,0
1945 -1954 100,0 1955 -1964 1965 -1974 80,0 1975 -1984 Précipitation en mm en Précipitation
60,0
40,0
20,0
0,0 Ja1 Ja2 Ja3 Fe1 Fe2 Fe3 Ms1 Ms2 Ms3 Av1 Av2 Av3 Ma1 Ma2 Ma3 Jn1 Jn2 Jn3 Jt1 Jt2 Jt3 Ao1 Ao2 Ao3 Se1 Se2 Se3 Oc1 Oc2 Oc3 No1 No2 No3 De1 De2 De3 Décade
Annexe 3: Précipitation moyenne sur 40 ans par décade : BELO sur Tsirib
160,0
140,0
120,0
100,0 1936-1945 1946-1955 80,0 1956-1965 1966-1975 60,0 Précipitation en mm en Précipitation
40,0
20,0
0,0 Ja1 Ja2 Ja3 Fe1 Fe2 Fe3 Ms1 Ms2 Ms3 Av1 Av2 Av3 Ma1 Ma2 Ma3 Jn1 Jn2 Jn3 Jt1 Jt2 Jt3 Ao1 Ao2 Ao3 Se1 Se2 Se3 Oc1 Oc2 Oc3 No1 No2 No3 De1 De2 De3 Décade
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Annexe 4: Précipitation moyenne sur 40 ans par décade : ANTSALOVA
180,0
160,0
140,0
120,0
1935-1944 100,0 1945-1954
80,0 1955-1964 1965-1974 60,0 Précipitation enmm Précipitation
40,0
20,0
0,0 Ja1 Ja2 Ja3 Fe1 Fe2 Fe3 Ms1 Ms2 Ms3 Av1 Av2 Av3 Ma1 Ma2 Ma3 Jn1 Jn2 Jn3 Jt1 Jt2 Jt3 Ao1 Ao2 Ao3 Se1 Se2 Se3 Oc1 Oc2 Oc3 No1 No2 No3 De1 De2 De3 Décade
11