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met l'Amérique à vos bottes avec sa revue USA ses charters ses listes de dusques COUNTRY MUSIC MEMORIAL Tél. 42 01 20 99 BP 110 75463 PARIS CEDEX 10

© 1986 by JACQUES GRANCHER, éditeur MICHEL ROSE

ENCYCLOPÉDIE DE LA COUNTRY ET DU

DIRECTEUR DE LA COLLECTION Philippe GRANCHER

à Sylvie, Juliane et Lucille Rose

Jacques Grancher, éditeur. 98, rue de Vaugirard 75006 PRÉFACE

Country Music... Une de ces musiques américaines que l'on croit connaître mais que l'on méconnaît bien souvent, notamment en France où une extrême confusion l'entoure qui se pare en sus de développements philosophico-politiques parfaitement divagatoires mais dont la vie est néanmoins tenace. Mais, d'un autre côté, si elle est confusément perçue c'est aussi parce que la Country Music est une entité multiforme, souple et élastique jusqu'à parfois menacer de rompre, mais qui jusqu'à présent a réussi à s'articuler autour d'une série de noyaux centraux qui ont maintenu ses caractères génétiques et ses spécificités morphologiques, la laissant substantiellement reconnaissable à l'oreille exercée jusque dans ses diverses formes. En fait, la Country Music — comme le Blues dont elle est l'indubitable cousine — est au départ une musique ethnique, celle d'un groupe humain bien défini : les petits Blancs du Sud des Etats-Unis. Elle a été leur création, elle est devenue leur forme culturelle la plus populaire à laquelle ils se sont identifiés. Ils s'en réclament, en sont fiers, la pratiquent, s'en servent comme un oriflamme. Elle a évolué avec eux et, d'une certaine façon, ils ont aussi évolué à travers elle. Ce qui est intéressant — et vraiment une caractéristique du XX siècle et de l'ère de la musique enregistrée, voyez le Blues et le Tango ! — c'est qu'une musique ethnique puisse sortir de son cadre d'origine, inévitablement étroit et limité, devenir nationale et internationale, tout en demeurant l'âme du peuple qui l'a générée. C'est cet étonnant pari qu'à réussi la Country Music. Au départ, il y avait une poignée d'immigrants d'origine anglaise et irlandaise, juchés sur le Massif des Appalaches, dominant la plaine de dénivellations terriblement abruptes et bien peu de voies d'accès aisément praticables. Dispersés dans les vastes forêts du Massif, ils étaient trappeurs, chasseurs, bûcherons. Ils défrichaient quelques hectares de forêt çà et là et devenaient aussi fermiers. Ils vivaient dans des cabanes faites de gros rondins et se voyaient peu, sauf le dimanche où ils parcouraient des dizaines de kilomètres pour prier ensemble, chanter des cantiques et fraterniser dans l'église qui était leur unique point de rassemblement, leur unique symbole d'appartenance à une communauté. Les anciennes colonies britanniques devenaient les Etats-Unis d'Amérique, s'ouvraient la voie des Plaines Centrales puis du Pacifique, construisaient routes et chemins de fer, se faisaient la Guerre de Sécession puis s'industrialisaient avec audace et vigueur. La musique américaine était celle des kiosques des jardins publics, des salons bourgeois et des cabarets, des compositeurs fascinés par les splendeurs du Classique et qui annotaient et arrangeaient, américanisaient avec plus ou moins de bonheur certains thèmes anciens de la Vieille Europe. Les Appalachiens restaient hors de tout cela. Simples, rudes, ignorants du monde alentour, priant, chassant, vivant dans et de la forêt et chantant et jouant sans guère les dénaturer les vieux airs de folklore celtique. Le choc se produisit au début du XX siècle. Les Appalaches regorgeaient de minerais divers et surtout de charbon. L'industrie américaine avait besoin de ce charbon qui affleurait en quantités énormes à la surface du Massif et qui, situé sur la façade Est des Etats-Unis, était assez proche des nouveaux grands centres industriels. Le Massif fut éventré de routes et de voies ferrées et se parsema de mines de charbon autour desquelles se construisirent des villages de tentes puis de bois qui devinrent vite des villes minières surmontées de crassiers et de terrils. Pour tout cela, on avait besoin de main-d'œuvre : les Etats voisins, ceux du Sud, furent d'abord mis à contribution. Beaucoup de pauvres Blancs chassés de chez eux par les aléas de la monoculture du coton se reconvertirent en mineurs. Mais aussi beaucoup de Noirs, venus eux aussi des plantations du Sud, avec leur blues et leur guitare. C'est là que le choc musical et culturel se produisit entre deux fortes traditions musicales : l'Appalachienne, presque pur Celtique, et la Négro-Américaine, déjà gorgée de blues. A ces deux-là s'ajoutèrent, chacun apportant sa pierre à l'édifice commun, au fur et à mesure de leur arrivée dans les régions Appalachiennes, les Italiens, les Slaves, les migrants d'origine germanique. Et le creuset celto-noir s'enrichit ainsi de mandoline, de la valse, de la polka et de bien d'autres encore ! C'est comme cela que naquit la Country Music que personne n'appelait ainsi parce que personne ne l'appelait du tout. Lorsque dans les années 1920, l'industrie du disque s'intéressa aux musiques particulières du Sud, on ne sut comment nommer celle-là. « Nous sommes juste une bande de péquenots des collines (hillbillies) de Caroline du Nord et de Virginie » répondit le violoniste Al Hopkins au producteur Ralph Peer qui l'interrogeait sur le nom à donner à sa musique, « appelez-la comme vous voulez ». Et c'est ainsi qu'apparurent des disques « Hillbilly » — qu'on qualifie aujourd'hui du nom plus précautionneux de « Old Time » — qui contenaient surtout de la musique des Appalaches. Celle-ci devint rapidement populaire, par le jeu des migrations et aussi justement du disque, bien au-delà de son aire géographique d'origine. Mais le Sud-Est n'était pas du tout le Sud des Etats-Unis. De l'autre côté, au Sud-Ouest, d'autres musiques particulières s'étaient développées et se développaient qu'on enregistrait elles aussi bientôt. Celle des Cajuns de Louisiane, depuis fort longtemps, qui chantaient en français accompagnés d'un accordéon germanique dominant. Celle des « Okies », ces fermiers de l'Oklahoma, Etat ouvert tardivement à la colonisation, dont Woodie Guthrie sera le principal représentant. Celle des musiciens Texans de la partie Est de l'Etat dont la tradition pour être certes aussi d'origine anglo-irlandaise ne s'en était pas moins mâtinée d'influences germaniques et surtout hispanisantes avec le Mexique si proche et encore si présent dans son ancienne possession. Celle surtout, dès la cuvette centrale du Texas, des cow- boys « solitaires » et peu nombreux, mais dont l'image d'hommes libres et aventureux prit à partir de la fin du XIX siècle, une aura légendaire irrésistible dans tous les Etats-Unis et bien au-delà dans le monde entier. Le western littéraire puis cinématographique popularisa en fait le cow-boy et lui donna sa dimension mythique. Et lorsque le cinéma parlant l'obligea à chanter, le succès populaire fut encore plus grand. Le « cow-boy chantant » du cinéma devint un formidable support de la musique rurale de l'Ouest, souvent édulcorée et abâtardie, mais néanmoins indubitablement « Country ». Sud-Ouest contre Sud-Est encore lorsque le boom pétrolier du Texas et de l'Oklahoma attira des dizaines de millions d'immigrants, souvent venus des Etats du Sud-Est, qui s'installèrent dans ces régions désertiques et qui étaient assoiffés de distractions et de musique pour danser. D'immenses salles de bal, dont on n'a qu'une vague idée de leurs étonnantes dimensions en Europe, se montèrent dans lesquelles se développa encore une nouvelle musique faite de multiples emprunts, au Hillbilly, au violon Texan, aux cow-boys chantants et surtout au blues et aux grands orchestres de swing qui faisaient alors rage aux Etats-Unis : le Western Swing. Dansante, rythmée, heureuse, irrésistible et bientôt aussi électrique, cette musique swinguante de l'Ouest devint si populaire qu'elle força celle des Appalaches à s'adapter pour survivre commercialement. Au Western Swing, Nashville — un vieux fort militaire qui était devenu la capitale économique, administrative et bien sûr musicale de cette région — répondit par toute une série d'innovations (des orchestres à cordes remusclés pour la circonstance jusqu'à des groupes de Swing locaux) qui provoquèrent des réactions traditionalistes — tels les duos montagnards familiaux, frères, mari-femme — qui allaient, de façon inattendue, déboucher sur une nouvelle approche musicale de la musique Appalachienne, en fait parfaitement révolutionnaire : le Bluegrass. La deuxième guerre mondiale changea tout : les mentalités, les conditions économiques, les mouvements de population. La musique du Sud se para de teintes amères, déracinées, parfois désespérées. Là où jusqu'alors la pruderie dominait, on se mit à ne plus parler que d'adultère et de divorce, de prostituées et de jeux d'argent. Soudain, les bars miteux (les Honky-Tonks) devinrent le centre de cette nouvelle évolution musicale. L'orchestre se rétrécit, se serrant frileusement sur la petite scène autour de la guitare électrique, du piano et de la batterie, lourde et omniprésente. La musique Hillbilly du Sud-Est qui avait gagné ses galons d'honorabilité en devenant officiellement « Country Music » devint de plus en plus proche de celle, Western, du Sud-Ouest et elles fusionnèrent en un pacte amical qui s'appela tout naturellement Country & Western. Et un jour les jeunes gens du Sud en eurent assez des valses, des two-steps et des polkas. Le Western Swing leur avait donné le virus du jazz. Le « Country boogie », des boogies-woogies endiablés, fut brièvement à l'honneur partout, forçant même d'anciens duos montagnards à s'y adonner avec la frénésie propre au néophyte. De là, et encore aussi du blues noir, ce cousin toujours présent quelque part dans le cercle de famille, surgit alors le Rockabilly qui fit grincer les dents des plus âgés, ravit les jeunes, s'empara brusquement et non sans heurts de toute la Country Music mais surtout, surtout... imposa la musique Sudiste à tous les Etats-Unis et bientôt au monde entier. , un pauvre blanc du fin fond du Delta du Mississippi, sacrée vedette internationale, personne n'eut cru cela possible nulle part dans le Sud une décade plus tôt ! Désormais, la machine qui permettait à la Country Music de conquérir l'extérieur tout en fortifiant ses positions intérieures, était bien rodée, selon un schéma action / réaction qui fonctionnait parfaitement. Au Rockabilly, s'opposa / se superposa la Country / Pop, née des avances de la Country Music de Nashville aux « crooners » des Variétés Américaines, qui provoqua à son tour la réaction des traditionalistes qui étaient aussi des novateurs, tels les tenants du mouvement « Hors-la-Loi ». Tous ces mariages mi-raison mi-amour, se concrétisaient par de nombreux descendants, bien portants et à leur tour d'esprit conquérant, et qui — par un phénomène remarquable qui n'eut hélas pas cours dans la musique Noire — restèrent fidèles à la grande famille de la Country Music. Bien sûr, il y eut des pleurs et des grincements de dents, des querelles et des portes claquées, mais le fait est là, indubitable et qui est sans nul doute la clé de l'extraordinaire succès de la Country Music aux Etats-Unis : des vieux Old-Timers à Waylon Jennings, de Jimmie Rodgers à , de De Ford Bailey à Merle Haggard, de à Ricky Scaggs, il y a une filiation évidente, reconnue et proclamée par les nouveaux venus eux-mêmes qui la revendiquent avec fierté. Et l'Amérique qui pendant ce temps-là avait évolué, changé de centre de gravité, découvrit tout entière la Country Music. Le Folk Boom, ce mouvement venu des grandes universités du Nord, avait ouvert la voie mais celle-ci s'élargit lorsque la force humaine et économique de l'Amérique devint de moins en moins centrée sur les Etats du Nord-Est, sur New York, Detroit ou Chicago. Dans les années 1970, la remontée du Sud jointe à la soudaine puissance de l'Ouest, permirent à la culture Sudiste tout entière, jusqu'alors peu appréciée, mal connue et souvent dénigrée, de s'imposer dans toutes ses composantes et avec vigueur. La Country Music qui avait su prospérer, se fortifier, s'agrandir, s'annexer des voisins parfois lointains tout en gardant ce caractère terrien qui en faisait une musique particulière, à la saveur de terroir prononcée terriblement attirante, s'imposa sur les ondes, dans l'industrie du disque, à la télévision, au cinéma, dans les grands magazines et même à la Maison Blanche ! Partout. La Country Music, cette musique des petits Blancs du Sud des Etats-Unis, était devenue la musique de l'Amérique. C'est elle que Michel Rose nous fait connaître avec précision, œcuménisme, enthousiasme et bien du talent, dans le présent ouvrage. Gérard HERZHAFT Auteur de : « La Country Music » (P.U.F., Que Sais-je? n° 2134) et « La Nouvelle Encyclopédie du Blues » (J. Grancher, coll. « Best ») I LES GRANDS COURANTS MUSICAUX

OLD TIME MUSIC et HILLBILLY Gid Tanner en 1924, Charlie Poole en 1925, venait en droite ligne de la guitare The Skillet Lickers en 1926 (Puckett, Tanner hawaïenne, populaire aux Etats-Unis depuis Littéralement « La musique du vieux et Clayton McMichen), Sam McGhee, parte- le début du XX siècle. Jouée à plat sur les temps », la « Old Time Music » s'est dévelop- naire de Macon et vedette de l'Opry en 1926, genoux par les musiciens country cette gui- pée vers la fin du XVIII siècle dans le massif Dock Boggs, la Carter Family et Jimmie tare donna naissance à la Dobro (ou guitare des Appalaches (ensemble montagneux situé Rodgers en 1927. Avec Jimmie Rodgers, d'acier dite steel guitare) puis à la guitare sur à l'Est des Etats-Unis comprenant la Pennsyl- l'influence appalachienne qui devait trouver chevalet et enfin à la moderne et compliquée vanie, les Virginies avec leurs « Montagnes une prolongation dans le Bluegrass d'un Bill pedal steel guitare, instrument de prédilec- bleues » ou « Blue Ridge », la Caroline du Monroe, allait s'atténuer au profit d'un élé- tion du Nashville Sound. Les sonorités lan- Nord et ses « Great Smoky Mountains », le ment nouveau, le Blues, Jimmy développant goureuses de la steel guitare et les effets Tennessee et le Kentucky avec son plateau du un style unique de cowboy songs bluesy et plaintifs obtenus par glissement (slide) de Cumberland). Les colons d'origine anglaise yodelée à la mode tyrolienne que l'on peut bout d'os, de goulot de bouteille ou d'un tube et irlandaise installés dans ces contrées qualifier de « White Blues ». métallique * convenaient parfaitement au encore sauvages n'avaient pour toute distrac- Blues des Noirs et au Country des Blancs, tion et culture que la Bible et le répertoire Jimmy Rodgers utilisant lui-même l'excellent musical des chants celtiques (Angleterre, guitariste Cliff Carlisle, parfaitement à sa Ecosse, Irlande), sans oublier bien sûr les LE BLUES place dans le contexte de son blues de cowboy hymnes religieux protestants. Et déjà, avec tyrolien ! ! ! les ballades traditionnelles importées par les Musique populaire créée par les noirs amé- pionniers européens, se dessinait le réper- ricains émancipés suite à la guerre de séces- toire futur de la Country Music, un titre sion. Le Blues, morceau chanté de LES COWBOY SONGS comme « Barbara Allen », pour choisir un 12 mesures (3 fois 4) et ses fameuses « blue exemple parmi cent autres, chanté au milieu notes » (notes altérées d'un demi-ton, mi Le folklore américain ne s'est pas déve- du XVII siècle par les « Côtes de fer » bémol et si bémol en gamme de do) fut à loppé uniquement dans les Appalaches. Le d'Oliver Cromwell, a été repris trois siècles l'origine de la musique de jazz et bien sûr du Texas notamment, avec ses plaines immenses plus tard par les Everly Brothers. En fait boogie-woogie (façon de jouer le blues au et ses cowboys convoyeurs de troupeaux, fut l'isolement de ces régions, difficiles d'accès, piano). En fait le blues eut une influence propice à la création, au XIX siècle, d'un avait préservé presque intacte la musique majeure sur la plupart des musiques de l'art répertoire de type « Western Folksongs ». d'origine anglaise, comme devait le constater populaire américain, le country de Jimmie On peut citer le fameux « Texas Ranger » avec étonnement le compositeur anglais Cecil Rodgers et , le Bluegrass de (enregistré par les Cartwright Brothers) déjà Sharp lors des deux voyages qu'il effectua , le western swing de Bob Wills, chanté dans l'Ouest en 1830, sous le nom de dans les Appalaches en 1916 et 1918. La le hillbilly Boogie de et le « Texas Soldier Boy ». Les Cowboy Songs, musique était jouée le plus souvent au violon des « pionniers » des années chantées à l'origine a cappella ou soutenues et empruntait ses rythmes aux différentes cinquante. Avec trois accords de Blues, mi / par un violon (la guitare courante dans le Sud danses du folklore irlandais, Reels, Jigs, la / si 7 ou sol /do / ré 7 on peut accompagner depuis 1850 ne fut utilisée régulièrement dans Hornpipes, Highland Flings et Set Pieces, à la guitare plusieurs milliers de morceaux l'Ouest que depuis l'aube du XX siècle) jouées sur tempo syncopé (le plus souvent en country, rockabilly et rock. Les premiers relataient le plus souvent les expériences 2/4 et 4/4 ou « Common Time »). Mais très blues enregistrés le furent dans le courant des personnelles inhérentes à la saga des pion- vite les montagnards se mirent à composer années vingt. Première surprise en 1927 avec niers. De plus le même thème musical servait des thèmes plus personnels, relatant leur le « Matchbox Blues » de Blind Lemon Jef- parfois de support à des histoires différentes, expérience américaine (« Cumberland ferson qui devint par la suite un classique de chaque interprète rajoutant ou modifiant un Gap », etc.), utilisant le dulcimer appala- rockabilly et de rock 'n' roll grâce à Carl ou plusieurs couplets. Là encore, de nom- chien, le d'origine africaine et la man- Perkins qui en fit son fameux « Matchbox » breuses musiques utilisées pour soutenir ces doline italienne. Au début du siècle apparut repris par Jerry Lee Lewis, Ronnie Hawkins cowboys songs venaient elles aussi du folklore le terme Hillbilly Music, ou musique des et les Beatles ! Parmi les meilleurs représen- des îles britanniques. Mais les poètes habitants des collines. Les premiers disques tants du Delta Blues on peut citer Robert cowboys tel que D. J. O'Malley surent écrire furent enregistrés à New York par deux Johnson, l'un des rois du « bottle neck » et des textes authentiques. Parmi les artistes qui violonistes, Eck Robertson et Gilliland le inspirateur de Muddy Waters qui lui-même enregistrèrent ces chansons on peut citer Carl 30 juin 1922, dont une « Country dance » devint le maître des Chicago rockers des T. Sprague dès 1925, Harry Mc Clintock, historique, « Arkansaw Traveler » publiée en années cinquante (Chuck Berry, Bo Diddley, Jules Verne Allen, Jack Webb, Billie 1923 par Victor. La Country Music venait de etc.) et bien sûr des Rolling Stones. Mais Maxwell, J. D. Farley, Powder River Jack naître. Vinrent ensuite les autres pionniers, Johnson, décédé en 1938 s'était lui-même and Kitty Lee et aussi le fameux Ken May- Fiddling John Carson en 1923, Uncle Dave inspiré de Son House, initiateur du bottle- nard qui fut également le premier des singing Macon, Vernon Dalhart, Riley Puckett et neck style dans le Blues. Or le Bottle neck cowboys à l'écran. LES SINGING COWBOYS Colonels, Kenny Baker, Lilly Brothers, en tant que membre des Four Aces of Wes- Lonesome Pine Fiddlers, Larry Sparks, tern Swing. Bob Wills fut en définitive d'une Avec l'avènement du cinéma parlant, les Charlie Moore, Don Reno & Red Smiley, importance capitale ; le western swing ballades des cowboys (« Sam Bass », « Red Bill Narrell, Don Stover, Joe Val, Vern connaissant de fortes restrictions orches- River Valley », « The Streets of Laredo », Williams, J. D. Crowe, Bluegrass cardinals, trales, de petites formations virent le jour, etc.) se répandirent dans l'esprit du grand Jethro Burns, Vassar Clements, etc. La donnant naissance au honky tonk d'un Ernest public alors qu'elles n'avaient été utilisées vogue du Bluegrass connut une éclipse pen- Tubb, qui délaissant les cuivres, conserva jusque-là que dans le contexte restreint des dant l'ère du rock 'n' roll mais le folk Boom néanmoins la contrebasse, la guitare électri- réunions familiales ou des veillées autour du des mid-sixties contribua à la redécouverte que ainsi qu'un certain swing qu'il utilisa au feu de camp. L'acteur de western Ken May- des gloires des années quarante. Aujourd'hui profit de son vocal par ailleurs imprégné de nard fut le pionnier de ces cowboys chan- le Bluegrass qui donna naissance au Newgrass hillbilly. Le hillbilly boogie d'un Moon Mulli- tants, en 1930, suivi dès 1934 par Gene Autry est solidement implanté dans l'univers de la can (transfuge du western swing) se déve- qui fut le premier grand vocaliste de l'histoire Country Music, de nombreux artistes incor- loppa également pendant la guerre, tout de la Country Music. Ce courant devint porant ses éléments instrumentaux à leur l'essentiel du swing se trouvant alors concen- extrêmement populaire tout au long des propre style, ainsi Delia Bell, Emmylou Har- tré dans un jeu pianistique emprunté au années trente et quarante. Les chansons ris et . Rappelons enfin que boogie woogie des artistes noirs tels que étaient souvent dérivées du folklore de deux créations de Bill Monroe, « Blue Moon Pinetop Smith, Pete Johnson, Albert l'Ouest mais cette fois les interprètes étaient of Kentucky » et « Rocky Road Blues » Ammons, Meade Luke Lewis, etc. tous de véritables chanteurs professionnels, devinrent des classiques de rockabilly et de soutenus par des orchestrations élaborées ; en rock 'n' roll grâce aux versions personnelles fait la première forme de musique country qu'en donnèrent respectivement Elvis Presley HONKY TONK et HILLBILLY BOOGIE commerciale venait de voir le jour avec ces et Gene Vincent. En 1935 alors que Bill artistes dont les meilleurs représentants Monroe cherchait son style, un texan venait La musique Honky Tonk ou musique de furent également les Sons Of The Pioneers, de trouver le sien, tout aussi génial et person- bastringue, boîte de nuit, etc. fut au hillbilly Roy Rogers, , Johnny Bond, nel que devait le devenir le Bluegrass, le ce que le Chicago Blues devint pour le Blues Johnny Western (et bien d'autres moins Western Swing. rural, une musique d'origine rurale (campa- connus) qui imposèrent l'image du cowboy au gnarde ou montagnarde) adaptée au contexte grand cœur, romantique et chevaleresque. Ils socio-économique des grandes cités. Plus de furent en quelque sorte les pionniers du musique au coin du feu pour les hillbillies et Country & Western et surent, en marge de WESTERN SWING country boys déracinés, mais un souvenir de leurs reprises du folklore, imposer leur pro- leur enfance dans ces cabarets bruyants et pre répertoire, le « You Are My Sunshine » Bob Wills et Milton Brown, son complice enfumés, dans lesquels les instruments s'élec- de Jimmie Davis, devenant grâce à la version de la première heure, furent les grandes trifièrent pour mieux se faire entendre. de Gene Autry en 1941, le plus grand classi- figures de ce style qui sut incorporer les fut un précurseur du genre avec que de l'histoire de la Country Music (égale- instruments du jazz et surtout son swing son superbe « Walkin' The Floor Over you », ment utilisé dans le rock 'n' roll et le rocka- caractéristique, aux éléments des string énorme succès en 1942 à la ville (guitare billy). Mais cette musique de cowboys stylisés Bands (formations à cordes) du folklore électrique) comme à la campagne (vocal en acteurs d'opérette (costumes voyants d'un texan. Bob et Milton enregistrèrent ensemble hillbilly swinguant). En 1943 il introduisit la mauvais goût qui touchait parfois au sublime en 1932 avant de faire sécession pour déve- guitare électrique sur la scène du Grand Ole alors que la Carter Family présentait en ce lopper chacun de leur côté leur étonnante Opry et s'installa à Nashville, ouvrant en 1947 domaine une sobriété quasi monacale), carrière de leaders charismatiques. Pour la sa fameuse « Ernest Tubb Record Shop ». La n'était pas appréciée de certains musiciens première fois, des groupements de musiciens formule orchestrale de ses Texas Trouba- dont l'austère Bill Monroe qui développa à la blancs qui se réclamaient du folklore tradi- dours (guitare électrique, contrebasse, , même époque (1935/1955) une musique forte- tionnel texan, allaient faire danser des mil- steel guitar) fut déterminante sur l'avenir de ment inspirée de la Old Time des Appa- liers d'américains du Texas et de l'Oklahoma, la Country Music et du Country and Western, laches, avec cependant une influence Blues sur un rythme trépidant emprunté à la vocables qu'il contribua à imposer car il non négligeable, le Bluegrass du Kentucky. « musique de nègres » des grands orchestres trouvait l'expression Hillbilly Music péjora- de Jazz Swing. Un mélange étonnant et tive. Il fut en fait d'une importance capitale, détonant qui allait marquer lui aussi profon- trait d'union entre le hillbilly des Appalaches dément la Country Music des années trente à et le Western Swing texan, il fut l'initiateur LE BLUEGRASS nos jours, des artistes contemporains tels que d'un style excitant auquel Hank Williams Merle Haggard et George Strait employant devait donner ses lettres de noblesse à la fin La période la plus créatrice de Bill Monroe encore régulièrement des arrangements de des années quarante. Parmi les meilleurs se situe pendant la décade qui suivit la type Western Swing. La contrebasse slappée représentants du Honky Tonk citons égale- Seconde Guerre mondiale. Voix haut per- du rockabilly, la steel guitare électrique, le ment , Little Jimmy chées, harmonies vocales élaborées, tempo fiddle swinguant, les arrangements de cui- Dickens, et Webb rapide et virtuosité instrumentale (dialogues vres, le piano honky tonk, l'emploi d'une Pierce. De nos jours le style honky Tonk est entre mandoline, guitare, banjo et fiddle) clarinette et d'une batterie, sont autant d'élé- fortement présent dans la vraie Country sont les caractéristiques de ce style réservé ments révolutionnaires à l'époque (pour la Music (Charlie Pride, Moe Bandy, Merle aux musiciens d'élite. plupart absents de la musique des Appa- Haggard, etc.) dont il est d'ailleurs l'un des Les Bluegrass Boys de Bill Monroe furent laches) dont la Country Music est redevable à éléments vitaux ; sans lui la country Music une véritable pépinière de talents parmi les- Bob Wills. Parmi les grands du style citons perd sa filiation Country pour devenir de la quels on peut citer & Earl également les Light Crust Doughboys, Bill variété « Made in Nashville ». Scruggs, Carl Story, David Akeman, Clyde Boyd, Cliff Bruner, Jimmy Revard, Adolph Quant au Hillbilly Boogie (musique hill- Moody, , Jimmy Martin, Mac Hoffner, Buddy Jones, Johnny Lee et Billy billy jouée sur un tempo boogie woogie) il Wiseman, Bill Keith et Peter Rowan. Bill Jack Wills, Roy Newman, Spade Cooley et connut son âge d'or lors de la décade précé- Monroe suscita d'innombrables vocations Tex Williams. Le country rock californien de dant la venue du rockabilly et du rock and dont celles des Stanley Brothers, Jim & Jesse, Commander Cody fit de fréquents emprunts roll. Parfois à prédominance acoustique , Doyle Lawson, Kentucky à ce style et Bill Haley lui-même fit ses débuts (« Guitar Boogie » d'Arthur Smith et « Hill- billy Boogie » des Delmore Brothers, deux ment de la musique country. L'un de ses demeure le « Jambalaya » de Hank Williams classiques enregistrés en 1945) il s'électrifia derniers succès en 1952, le fameux « Jamba- dont la paternité des paroles fut néanmoins également suite à l'influence du Honky Tonk, laya » évoquait la vie en pays Cajun. revendiquée par Moon Mullican (?), qui fit devenant du rock and roll avant la lettre avec d'ailleurs un succès avec « New Jole Blon » les œuvres de l'éclectique Merle Travis (ce roi en 1947. Comme nous l'avons vu, Mullican et du picking à la guitare également créateur de CAJUN MUSIC Williams furent en quelque sorte des précur- l'excellent « Louisiana Boogie »), l'année seurs du rockabilly et du rock 'n' roll, ce qui 1950 étant particulièrement importante grâce Les colons français installés dans la pro- nous transporte en 1954, environ dix-huit au « Shotgun Boogie » de Tennessee Ernie vince canadienne d'Acadie (Acadian donna mois après la disparition de Hank, décédé le Ford et au « Cherokee Boogie » de Moon lieu à Cajun par contraction) en 1604, furent 1 janvier 1953. Mullican, ce dernier pouvant en outre être déportés par les Anglais dans des circons- considéré comme l'un des principaux précur- tances douloureuses au milieu du XVIII siè- seurs de Jerry Lee Lewis. En 1953 tous les cle, les survivants se réfugiant en Louisiane éléments étaient posés et le hillbilly boogie dans les marécages (ou bayous) de la région ROCKABILLY n'allait pas tarder à se transformer en hillbilly de Lafayette. En 1803 la Louisiane (alors rock ou rockabilly (Elvis) grâce à des immense) fut vendue aux Etats-Unis par Conçu au début des fifties, le Rockabilly influences empruntées au Mississippi Blues Bonaparte et les Cajuns se retrouvèrent seuls naquit à Memphis en juillet 1954, sous l'œil d'un Arthur Crudup (« That's All Right parmi une nature et une population hostiles. bienveillant de Sam Phillips. Né le 5 janvier Mama » en 1946) et au Memphis Blues d'un Grâce à leur courage, ils surent « trouver le 1923 dans une petite ferme de l'Alabama, Junior Parker (« Mystery Train » en 1953), le paradis dans le Sud de la Louisiane» se Sam s'était installé à Memphis en 1945. Après Honky Tonk d'un Hank Williams (« Move It distrayant entre eux par le biais de leur une période d'observation il créa la Memphis On Over » en 1947) et le Hillbilly d'un Hank musique. En 1928 les premiers disques de Recording Service, enregistrant dès 1950 les Snow (« l'm Movin On » en 1950 et « Music Cajun Music furent enregistrés par Joseph bluesmen locaux dont il revendait les bandes, Makin' Mama From Memphis » en 1952) Falcon (« Lafayette » et « The Waltz »). A notamment aux frères Chess de Chicago, ayant également contribué à ouvrir la voie au l'origine influencée par le folklore français, la ainsi le fameux « Rocket 88 » de Jackie jeune Elvis. Quant au rock and roll de Bill Cajun Music se développa tout au long des Brenston (Chess 1458) aussitôt repris par Bill Haley (ancien chanteur de hillbilly qui utili- années trente à cinquante, assimilant succes- Haley qui en fit l'un des premiers rock 'n' roll sait la steel guitare, la contrebasse slappée du sivement les influences extérieures des blanc, fut-il mis en boîte par le grand Sam en western Swing et un saxophone emprunté aux cultures avoisinantes, utilisant outre l'accor- mars 1951 dans les studios du 706 Union de « sax screamers » de la fin des années qua- déon qui lui est propre, le fiddle du Western Memphis, Tenn. En 1952, après avoir tra- rante, Big Jay Mc Neely, Hal Singer, Paul Swing et les rythmes chaleureux du blues, du vaillé pour les frères Bihari (Modern / RPM / Williams, etc.), s'il était proche du Jump rhythm and Blues et du Rock noir de La Meteor) il fonde son propre label, Sun Blues d'un Louis Jordan (petite formation de Nouvelle-Orléans, tout en conservant au records, dont les annexes seront plus tard l'après-guerre dérivée des orchestres swing répertoire de nombreuses valses ou berceuses l'éphémère Flip et le prolifique Phillips Inter- comme le honky tonk le fut du western swing d'origine française. Le résultat, une musique national. Se consacrant d'abord aux artistes à la même époque, les restrictions économi- dansante, joyeuse, aux paroles souvent trucu- de Blues et de Rhythm And Blues, Joe Hill ques étant valables pour tout le monde), il lentes chantées en patois français ou en Louis, Rufus Thomas, Les Prisonaires, Little était également imprégné de hillbilly boogie, langue anglaise. La culture francophone de Milton, Little Junior Parker il s'intéressa tout du moins avant le succès de « Rock nos lointains cousins est bien sympathique et ensuite aux musiciens de hillbilly et de coun- Around The Clock » en 1955. D'ailleurs les tout le monde a maintenant entendu parler try and western, Earl Peterson, Howard meilleurs titres de Bill en 1952 et 1953 étaient des « Fais Dodo » (bal du samedi soir, en fait Seratt, Hardrock Gunter, Doug Poindexter proches des œuvres de Merrill Moore (« Big une pièce attenante à la salle de danse, dans et Harmonica Frank Floyd (Sun 205), un cas Bug Boogie » et « Corrine Corrina » en laquelle les Cajuns entreposent leur progéni- particulier qui lui aussi avait réalisé une 1952), pianiste de hillbilly boogie et chanteur ture en leur intimant l'ordre de faire dodo étonnante fusion du Blues et du Country lui-même très imprégné de Western Swing. pendant qu'eux iront se dégourdir les jambes rural dès 1951 pour justement Chess records. Mais Hank Williams avait déjà marqué la au son des valses du vieux temps) et la Le Sun 205 fut publié le 1 juillet 1954. Country Music de son empreinte indélébile, musique des frères Balfa n'est plus un secret Quelques jours plus tard, Elvis entrait à son faisant à tout jamais de Nashville la capitale pour personne depuis que la variété française tour dans les studios de Sam Phillips. Comme incontestée du Country & Western et créant s'en est emparée le temps d'un tube notoire. nous l'avons vu précédemment, le hillbilly de un répertoire personnel dans lequel puisèrent Quoi qu'il en soit la Cajun Music (et son cette époque s'était musclé sous l'impulsion la quasi-totalité des artistes country des pendant noir, le Zydeco égal haricot, de des country singers , Jimmy années cinquante à nos jours. Influencé dans Clifton Chenier) est maintenant admise dans Dickens, Hank Williams, Moon Mullican, une certaine mesure par le White Blues d'un l'univers de la Country Music grâce au « Joie Tennessee Ernie Ford (etc.), jusqu'au point Jimmie Rodgers, le Hillbilly appalachien de Blon » d'Harry Choates (1946) et au succès de produire une musique vigoureuse, dan- Roy Acuff et le Honky Tonk d'un Ernest national d'artistes Cajuns comme Jimmie sante et syncopée, qui se mit de plus en plus à Tubb, Hank Williams dont le vocal nasillard, C. Newman (« Alligator Man ») et Doug ressembler au jump blues des artistes noirs, plaintif ou joyeux, dégageait une ferveur Kershaw, créateur du standard « Louisiana tout en gardant des caractéristiques propres empruntée au Gospel (chants religieux) Man ». De plus, l'accordéon Cajun dont les au Honky Tonk du sud des Etats-Unis. devint à son tour l'idole du public et des meilleurs représentants furent Nathan Absence de cuivres, contrebasse slappante futures idoles grâce à l'éclectisme de ses Abshire, Lawrence Walker, Ambrose Thibo- (les cordes produisant un effet de percussion géniales compositions et à sa manière poi- deaux, Jo El Sonnier (au « Mamou Air en claquant sur le manche) déjà fréquente gnante ou excitante de les interpréter. Il fut Compressor ») et Clifton Chenier et Rockin' dans le Western Swing, batterie absente ou également l'un des précurseurs du rockabilly Dopsie pour le Zydeco, fut fréquemment légère, guitare électrique (Ernest Tubb), et eut une influence déterminante sur les utilisé dans la Country Music, notamment vocaux nasillards et syncopés. Ajoutant à ces carrières de Carl Perkins, Buddy Holly, dans le Western Swing des Hi-Flyers (Dar- ingrédients sa propre personnalité (influence Charlie Feathers et des centaines d'autres. rell Kirkpatrick en 1940) et dans le hillbilly des bluesmen locaux ou voisins, Arthur Cru- Entre 1949 et 1952 il fit les beaux jours du boogie d'un (« Ten Gallon dup et Junior Parker), Elvis avec sa guitare , créant une œuvre immense Boogie » en 1947). Mais la chanson la plus acoustique, une guitare électrique inspirée du dont l'importance fut vitale sur le développe- célèbre consacrée aux habitants des bayous country pickin' de Merle Travis mais aussi du guitariste de Parker (« Love My Baby ») et révéler un géant du Country & Western, d'acoustique) et y resta jusqu'au 15 mars une contrebasse slappée qui faisait à la fois l'étonnant dont le country rock 1974. Le Ryman sert maintenant de musée à office de basse et de batterie, créa l'archétype viril (« Hey Porter » et « Folsom Prison la gloire de la Country Music et le spectacle du style Rockabilly avec son fameux Sun 209, Blues » chez Sun en 1955) nous ramène à est aujourd'hui retransmis en direct du « That's Ail Right Mama » / « Blue Moon Of cette bonne vieille Country Music. moderne Opry House situé à l'extérieur de la Kentucky ». En quelques mois, Elvis, Scotty ville, dans le parc d'Opry Land. La première & Bill (& Sam), façonnèrent des pièces vedette du show fut l'harmoniciste noir inoubliables et de toute beauté dont les Deford Bailey, suivi de la totalité des artistes superbes « Good Rockin' Tonight » (déjà LE COUNTRY AND WESTERN des années vingt à nos jours. Un passage à enregistré par Roy Brown en 1947) et le super l'Opry fut de tout temps, l'équivalent d'un syncopé « Baby Let's Play House » emprunté Western Swing, Western Songs, Country véritable brevet de Country singer ou perfor- au bluesman Arthur Gunter. Le Hillbilly- Songs, Country & Western. L'expression fut mer, les plus doués ou appréciés du public Rock ou Rockabilly d'Elvis suscita de multi- employée pendant une vingtaine d'années devenant les hôtes réguliers de l'émission, ples vocations dont celle de Carl Perkins qui (environ de 1950 à 1970) pour désigner les leur notoriété étant de ce fait assurée à tout porta cette musique à son apogée avec des artistes hillbilly, honky tonk, etc. qui avaient jamais*. Nombre d'artistes firent leurs pre- pièces telles que « Blue Suede Shoes » et une chance un jour ou l'autre de se produire mières armes sur les ondes de l'émission « Boppin' The Blues ». Mais dès 1956, le sur la scène du Grand Ole Opry de Nashville. rivale, le (station KWKH rockabilly se mixa fréquemment au rock 'n' La plupart des grands artistes Country & de Shreveport) qui débuta en 1948. Ce fut le roll des artistes blancs, la batterie étant Western étaient avant tout composés de voca- cas de Hank Williams qui devint ensuite la définitivement admise sur la plupart des enre- listes de premier plan : (qui première idole de l'Opry en 1949. Par contre gistrements, un musicien comme Gene Vin- enregistra à Nashville dès 1944), Johnny Elvis, refusé à Nashville, remporta ses pre- cent (avec contrebasse non slappée), étant à Cash, , , Hank miers triomphes scéniques sur la scène du ses débuts, difficile à classer dans l'une ou Snow, et Dolly Parton, Louisiana Hayride où il rencontra d'ailleurs l'autre des catégories. Mais il restait une ', , , D. J. Fontana, son futur batteur. Quoiqu'il attitude, une urgence, un certain dépouille- Waylon Jennings (débutant), etc. En fait en soit, pour l'essentiel et malgré l'impor- ment, propre à cette musique excitante et l'expression Country & Western qui connut tance non négligeable du Louisiana Hayride originale. Notons que le rockabilly influença son apogée avec le Nashville Sound du début (qui fut en définitive le fournisseur de l'Opry) à son tour la Country Music, de nombreux des années soixante est aujourd'hui tombée et du Town Hall Party de Compton (très country singers se mettant à ce nouveau style en désuétude au profit de l'appellation Coun- populaire en Californie au début des fifties le temps de quelques enregistrements try Music qui englobe toutes les tendances. avec Johnny Bond, Joe Maphis, Larry Col- (, , Maddox Un homme fut à l'origine du développement lins, etc.), ce fut bien Nashville qui devint la Bros, , , Johnny du Country & Western, le guitariste Chet capitale incontestée de la Country Music. Les Horton, etc.). Quant au vocable lui-même il Atkins, véritable créateur du Nashville Sound majors labels y installèrent leurs studios fut employé aux Etats-Unis jusqu'aux envi- qui s'implanta en 1957 avec le « I can't stop (Capitol, RCA, etc.) afin d'avoir sous la main rons de 1958, mais ne fit son apparition loving you » de et le « He'll have la plupart des artistes country en majorité régulière en Europe que lors du Revival des to go » de Jim Reeves en 1959. originaires du Sud, les autres n'hésitant pas à années soixante-dix, sous l'impulsion des s'expatrier (Hank Snow) afin de récolter une groupes anglais Crazy Cavan, Matchbox, part du prodigieux gâteau. Mais la physiono- Flyin' Saucers, etc., qui malgré certaines mie de la musique « made in Nashville » qualités, furent au Rockabilly américain ce NASHVILLE ET LE NASHVILLE SOUND devait se modifier au milieu des années que Claude Luter avait été vis-à-vis du Jazz cinquante suite au prodigieux succès du rock New-Orleans, à savoir de sympathiques pro- Mais si le label RCA choisit de construire 'n' roll. Les rockers noirs (Chuck Berry, Bo duits de remplacement qui n'atteignirent de nouveaux studios à Nashville (dont la Diddley, Little Richard, Screamin' Jay jamais le niveau des créateurs originaux. direction fut confiée à ) c'est Hawkins, Fats Domino, Larry Williams) et Parmi les meilleurs représentants du style parce que la capitale du Tennessee avait déjà blancs (Bill Haley, Boyd Bennett, Elvis lancé par Elvis et codifié par Carl Perkins, on derrière elle une solide notoriété. Presley, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis, peut citer la majorité des artistes blancs de Tout avait commencé le 28 novembre 1925 Buddy Holly, Gene Vincent, Eddie Cochran, l'écurie Sun (Roy Orbison, Warren Smith, par un programme de Old Time Music diffusé Ritchie Valens, The Big Bopper, Ricky Nel- Billy Lee Riley, Jack Earls, Ray Harris, etc.) par la station radio WSM. L'émission était son, les Everly Brothers, Ronnie Hawkins) se et aussi Pat Cupp, Glen Glenn, Andy Starr, présentée par George Dewey Hay originaire lancèrent à l'assaut des hit-parades, imposant Charlie Feathers, Mac Curtis, Sonny Fisher, de l'Indiana, qui avait fait ses premières peu à peu leur rythme contagieux et surtout Junior Thompson, Johnny Jano, Al Ferrier, armes l'année précédente sur les ondes de la une instrumentation de plus en plus électri- Le Rock 'n' Roll Trio, ainsi que des centaines WLS lors du National Barn Dance de Chi- que. Les musiciens et les producteurs de de méconnus dont certains figurent dans cet cago (en fait avant l'Opry, la première station Nashville eurent dès 1956 l'occasion de se ouvrage. Suite au second revival des années de Country Music). Le 10 décembre 1927, le frotter à ces fameux rockers. On se souvient quatre-vingt et au succès de groupes améri- Barn Dance de Nashville fut rebaptisé de l'accueil plutôt froid que reçut Buddy cains tels les Stray Cats, l'expression rocka- « Grand Ole Opry » par George Hay suite à Holly lors de ses sessions Decca dans les billy fut employée le plus souvent en dépit du une boutade historique (l'émission de Coun- studios d'Owen Bradley où fut également bon sens. En fait l'âge d'or du rockabilly peut try étant diffusée immédiatement après une gravé le « Be Bop A Lula » de Gene Vincent, se situer entre 1954 et 1958 et les chefs- programmation d'Opera ou Opry). Le Grand million seller, en 1956. Un disque d'or méri- d'œuvre du genre furent enregistrés pour la Ole Opry connut un succès foudroyant et tait réflexion. Depuis toujours Nashville plupart dans les Etats du Sud. Une seule durable. En 1941 le show s'installa dans les rêvait d'élargir son auditoire. Les rockers, exception pour confirmer la règle, celle de murs du Ryman Auditorium (à l'origine Presley en tête, monopolisant les n un dans l'anglais Billy Fury (1941-1982) pour son l'Eglise de l'Union Evangélique financée à la les Charts, la Country Music avait le choix, superbe album « The Sound Of Fury » (GB fin du siècle dernier par le capitaine de ou se renfermer sur elle-même, ou se modi- 25 cm Decca LF 1329) publié en 1960. Riverboat Tom Ryman, et reconvertie en fier. Elle choisit pour le meilleur ou pour le Mais le Rockabilly de Sam Phillips devait salle de spectacles grâce à ses qualités pire, la seconde solution, et Chet Atkins ne * Il existe un film fascinant consacré aux artistes des Mid fifties « Classic Country Stars of the Grand Ole Opry » monté en 1980 par Gannaway Productions

fut pas pour rien dans cette décision. S'entou- la qualité sonore des enregistrements pro- TRUCK DRIVIN' SONG rant de musiciens qui avaient fait leur preuve duits était irréprochable grâce au profession- dans le rock 'n' roll, les guitaristes Grady nalisme des musiciens dont les noms ne La figure de proue en fut Dave Dudley qui Martin et Hank Garland, le bassiste Bob tardèrent pas à figurer au verso des pochettes lança en 1963, le cycle des chansons de Moore, le pianiste Floyd Cramer et le batteur de disques. Ainsi Charlie McCoy (harmo- routiers avec son superbe « Six Days On The Buddy Harmon, il créa dans les studios RCA, nica), Johnny Gimble et Buddy Spicher (fid- Road ». Un Country Rock virulent qui chan- ce fameux Nashville Sound qui allait devenir dle), Pete Drake et Lloyd Green (steel gui- tait les exploits des routiers-cibistes, ces un label de qualité, pratiquement synonyme tar), Pig Robbins et David Briggs (piano), cowboys modernes qui ont su garder le goût de Country Music, dans l'esprit du grand Bobby Thompson (banjo), Wayne Moss de la liberté, de l'aventure et des grandes public. Le son était résolument moderne et (basse), Reggie Young (guitare), Boots Ran- randonnées solitaires. En marge du Nashville facilement identifiable, les mêmes musiciens dolph (saxophone), Kenny Buttrey (batterie) Sound, cette musique virulente se développa fournissant le backing de multiples inter- devinrent-ils de véritables piliers de studios et comme une fleur sauvage partout où un prètes. Quant au rock 'n' roll, après cinq parfois des vedettes à part entière. Il fut camion pouvait rouler, en fait à travers tous années glorieuses il disparut au début des bientôt de bon ton d'enregistrer dans la Music les Etats-Unis. Le style obtint un succès années soixante au profit de déprimantes City, Bob Dylan faisant le premier pas en durable et est toujours fort prisé des camion- fadaises. Mais le Nashville Sound était déjà 1969 avec son album « Nashville Skyline », neurs et des adeptes de la Citizen Band qui solidement implanté. Et tout naturellement la chantant en outre en duo avec Johnny Cash, firent un triomphe au « Teddy Bear » de Red Country Music récupéra de nombreux les rois du folk et du country & western se Sovine en 1976. Mais l'artiste le plus repré- rockers désemparés par la vogue du Yéyé et trouvant ainsi pour la première fois réunis. sentatif de cette musique virile et excitante de la variété guimauve. Le rock ayant perdu Dylan tira-t-il un grand bénéfice de cette fut hormis Duddley lui-même, l'excellent son énergie et son identité, plusieurs idoles expérience ? On peut en douter. Par contre le Red Simpson avec ses propres compositions des jeunes retrouvèrent leurs racines dans la Nashville Sound élargit considérablement son dont « Truck Drivin' Fool » en 1967 et musique country : Conway Twitty, Narvel audience, Ringo Starr, l'ancien Beatle, se « Truckin' On Down The Road » en 1972. Il Felts, Jerry Lee Lewis, , Ron- rendant dans le Tennessee sur les traces de fut également l'interprète du fameux « Truck nie Hawkins et même Ricky Nelson réussi- Dylan pour y graver son album « Beaucoup Drivin' Man » créé par Terry Fell, un classi- rent à se reconvertir. Bien sûr ce fut plus Of Blues ». Et puis le country & western de que immortel de la « Truck Drivin' Song » difficile pour les rockers noirs qui ne retrou- Johnny Cash fut regardé d'un meilleur œil par qui fut enregistré par la formation de vèrent jamais le succès de leurs débuts. Par ceux, nombreux, qui trouvaient à cette musi- Commander Cody And His Lost Planet Air- contre leur répertoire fut adopté, surtout que un certain aspect « réac ». Johnny venait men en 1972, ce qui nous conduit au Country celui de Chuck Berry dont les immortels en outre de réussir le coup de sa carrière avec Rock Californien. « Maybelline », « Memphis » et « Johnny Be son album enregistré en prison, le fameux (et Good » connurent une fortune incroyable grandiose) « Johnny Cash At San Quentin dans la Country Music et aussi dans la Pop, Prison » qui fut nommé « Meilleur album de des années soixante à nos jours. Mais rien l'année 1969 » par la Country Music Associa- COUNTRY ROCK CALIFORNIEN n'est jamais simple. Le Nashville Sound qui tion. Mais il faut admettre que le grand public avait déjà rompu plus ou moins ses attaches était bien tombé avec Johnny Cash, rescapé Lassé des errances de la Pop Music, les avec le Old Time et le Hillbilly (malgré la de chez Sun et qui n'avait cessé de produire californiens firent un triomphe à ce mouve- permanence de l'héritage williamsien, mis à tout au long des sixties, un country rock de ment lancé en 1968 par les Byrds avec leur toutes les sauces pour mieux désemparer toute beauté. Le grand artiste n'avait en fait légendaire album « The Sweetheart Of The l'auditeur) se mit dès lors que le rock 'n' roll gardé de Nashville que son côté positif, Rodeo ». La même année l'ancien groupe de n'était plus qu'un souvenir, à se transformer restant fidèle dans la plupart des cas à la Folk Rock se produisit au Grand Ole Opry (!) en variété crooning du plus mauvais goût. A musique qui l'avait propulsé numéro un avec et se sépara. Deux membres du groupe, Chris la place du traditionnel fiddler, on mit cin- « I Walk The Line » chez Sun en 1956. Son Hillman et Gram Parsons fondèrent alors les quante violonistes issus du conservatoire, importance fut capitale car il fut celui qui en Flyin' Burrito Brothers. Parsons fit sécession ajoutant de-ci de-là quelques cors anglais, les pleine époque d'incertitude resta fidèle à ses en 1970 tentant une carrière solo, tout en se arrangements se faisant sirupeux et particu- racines country, enregistrant, un exploit faisant l'initiateur de la belle Emmylou Har- lièrement répugnants surtout pour l'amateur parmi tant d'autres, l'album « The Ballads Of ris, la reine du country rock actuel. Quant à de honky tonk qui y perdait son Country. On The True West » en 1965, l'année ou les Commander Cody, il s'imposa en 1972 avec vit ainsi apparaître vers la fin des sixties une Beatles et les Stones envahirent les charts US « Hot Rod Lincoln » développant un country musique de « Country variété » (Glen Camp- alors que Nashville s'enlisait dans la variété la rock exubérant imprégné de Truck Drivin' bell, , Bill Anderson, etc.) qui plus plate. En fait il ne se révolta jamais, Song, de Rock 'n' roll, de Hillbilly Boogie, de sévit encore de nos jours avec les horreurs de puisqu'il eut, restant lui-même, assez de per- Western Swing et même à l'occasion de Rita Coolidge. Mais le principal coupable ne sonnalité pour mener sa carrière à sa guise. Rhythm And Blues. Avec Commander, les fut pas Chet Atkins, lui-même musicien Mais on doit également rendre hommage au vieux styles revinrent à l'honneur, prouvant génial et découvreur de talent (Charley Pride, label Starday fondé en 1952 par Starnes et au monde éberlué que la bonne Country Waylon Jennings et des dizaines d'autres Daily et dirigé depuis 1957 par Don Pierce Music pouvait se créer ailleurs que dans le artistes estimables) qui joua le rôle d'apprenti qui assura tout au long des années soixante creuset nashvillien. Sur ses entrefaites inter- sorcier, dépassé par les événements et par une permanence des styles hillbilly et honky vint un autre groupe californien, le Nitty l'avisé Billy Sherrill qui défigura les œuvres tonk avec des artistes d'envergure dont les Gritty Dirt Band, qui réconcilia tout le de dont il parvint à faire Willis Brothers et pour n'en citer monde avec l'album « Will The Circle Be paradoxalement « La reine de la Country que deux parmi des dizaines. Et puis n'ou- Unbroken » en 1973, en compagnie de per- Music ». Mais les abus sont toujours bénéfi- blions pas que cet étonnant label avait lancé sonnalités légendaires de la vraie Country ques en cela qu'ils provoquent systématique- la carrière de George Jones qui devint par la Music, dont et , ment des réactions salutaires. Cependant, suite une star de la Country des années ce dernier ayant été découvert lors du folk- malgré ces excès, le Nashville Sound et le soixante. Mais en fait en dehors de cette sur- boom des années soixante, un mouvement à Nashville Business (ou Establishment) ne vivance des vieilles valeurs et de l'apparition de part qui devait mettre en valeur les artistes comportèrent pas que des aspects négatifs. la Country variété commercialisée à outrance, folk tels Woody Guthrie, Cisco Houston, Entre 1960 et 1970 Nashville devint un vérita- une seule tendance importante vit le jour lors Pete Seeger, Derroll Adams, Ramblin' Jack ble who's who de la Country Music. De plus, de cette décade, la Truck Drivin Song. Elliott, en fait beaucoup plus proches des Western and cowboy songs, que les vedettes Waylon Jennings, ancienne vedette du coun- commerciaux d'artistes de valeur tels que de cette country variété qui n'en finit pas de try & western de Nashville, qui donna au Ricky Skaggs, Delia Bell, et traumatiser l'amateur sérieux. Mais certains style ses lettres de noblesse avec son essentiel George Strait, inaugurant l'avenir sous des artistes qui avaient sagement débuté à Nas- album « Honky Tonk Heroes » gravé... à auspices prometteurs. hville, n'étaient pas pour autant satisfaits de Nashville en compagnie de ses propres musi- Aujourd'hui, toutes les tendances précitées leur sort. Ainsi naquirent les rebelles. ciens aidés par les requins locaux, et publié en cohabitent pacifiquement en se mélangeant 1973. Néanmoins, si l'on considère les réus- parfois lors d'audacieux mariages et consti- sites antérieures du country rock, l'on est tuent ce que l'on appelle communément la Le mouvement OUTLAW forcé d'admettre que le mouvement Outlaw, Country Music, gigantesque caméléon, qui n'était pas fondamentalement révolution- tout en gardant une certaine forme, prit Ecœuré par son insuccès à Nashville, Willie naire, tout du moins en ce qui concerne successivement les couleurs des différents Nelson fonda au Texas, à Austin, le mouve- l'aspect musical. Les Outlaws eurent cepen- milieux auxquels il se frotta. On pourrait ment « Hors la loi » ou « Redneck Rock » en dant le mérite d'imposer leurs propres aussi la comparer à un immense tableau, 1972. La musique des Outlaws est variable conceptions, prenant en main leur destin, le encore inachevé, sur lequel de multiples suivant les personnalités envisagées. Willie meilleur exemple étant celui de Waylon Jen- peintres laisseraient successivement leur Nelson connut de superbes réussites grâce à nings qui continua d'enregistrer à Nashville, empreinte, plus ou moins personnelle. Sédui- ses dons évidents de musicien et de composi- mais avec un droit de regard sur la production sante, troublante, parfois mystérieuse, c'est teur (« Night Life » en 1976 et « On The de ses disques, une évolution importante qui aussi une jolie femme difficile à saisir, la Road Again » en 1980). Influencé à ses mettra peut-être fin à l'ère des artistes Country Music. J'ai écrit cet ouvrage pour débuts par le comportement individualiste de marionnettes. Depuis les Outlaws, aucune essayer de la mieux comprendre et surtout Kris Kristofferson, il perdit une sérieuse part école marquante ne s'est manifestée. Cepen- pour la faire connaître, et aimer. D'ailleurs ce de sa crédibilité en acceptant de chanter en dant, malgré le succès persistant de la Coun- livre est un roman d'amour, avec ses joies, ses duo (« As Time Goes By » en 1983) avec le try dite progressiste ( ou peines, ses souffrances et ses brouilles passa- « crooner » Julio Iglesias. Bravo le rebelle ! même Alabama) l'on assiste depuis le début gères. Je l'ai écrit pour vous, avec mon sang Tompall Glaser, malgré quelques bons des années quatre-vingt au retour d'une et mon cœur. Laissez-vous porter par le moments, ne fut pas en définitive à la hauteur Country Music qui se réclame des racines et fleuve de la vie, et aimez à votre tour... de ses ambitions. Les meilleurs furent en fait s'abreuve aux sources du Bluegrass, du Michel Rose Jerry Jeff Walker, Billy Joe Shaver et surtout Honky Tonk et du Western Swing, les succès Dijon City, 23 mai 1985 II DICTIONNAIRE

NATHAN ABSHIRE et dont personne ne voulait ! Mais les Cajuns disques sont parus sur ARC, Perfect, Melo- se sont enracinés dans ces marais hostiles, tone, Oriole, Banner, Romeo, Vocalion, Né le 27 juin 1913 à Gueydan, près de développant cette musique personnelle et Okeh. Dans ces conditions Roy ayant de plus Crowley, en Louisiane. Cajun d'origine joyeuse, mélange détonant de folklore fran- quitté Columbia au début des années cin- indienne, Nathan peut être considéré comme çais, de Blues et depuis 1950 de Country and quante, enregistrant de nouveau certains de l'accordéoniste le plus talentueux que le pays Western et même de Rock and Roll. Nathan ses succès pour MGM, Decca, Capitol et des bayous ait connu. A huit ans il fait ses Abshire est sans conteste, l'un des plus enfin à la fin des fifties sur son propre label débuts dans un dancing et enregistre pour grands représentants de cet art hybride et Hickory, il n'est pas toujours facile de tomber Bluebird au milieu des années trente. Après authentique qui continue de nos jours à se sur les versions originales. Quoi qu'il en soit la guerre il grave une première version de son perpétuer, le samedi soir, dans les « Fais les premières sessions pour ARC en 1936 fameux « Pinegrove Blues » pour OT, un dodo », dancings de cette Louisiane si loin- produisirent les fameux « Great Speckle petit label de San Antonio. Au début des taine et pourtant si proche de nos racines. Bird » et une première version de « Wabash années cinquante il se produit régulièrement Cannon Ball ». En 1938 Roy Acuff apparaît sur les ondes de la KPLC de Lake Charles et au Grand Ole Opry et ses musiciens prennent enregistre pour le label de George Khoury, le nom des Smoky Mountain Boys. En 1942 il « Lulu Boogie » (Khoury 647), « French ROY ACUFF assure son avenir en s'associant avec le Blues » et « Jolie Petite Juliette » (disponi- fameux songwriter Fred Rose pour fonder bles sur l'album « Cajun Music » The Early- Né dans le Tennessee à Maynardsville, le une compagnie d'édition musicale qui allait Fifties Arhoolie 5008). Il travaille également 15 septembre 1903, ce fils de pasteur baptiste faire son chemin la Acuff-Rose. La même chez Jay Miller de Crowley pour qui il laisse fut élevé dans la ferme familiale située dans année, quatre ans après son premier hit, Roy dix singles pour le label Kajun et un sur les « Smoky Mountains » qui plus tard lui s'impose avec « Wreck on the Highway » et Cajun Classics. Les meilleurs enregistrements donneront le nom de son orchestre. Adoles- « Fire Bail Mail » suivi en 1943 de l'entraî- de cette époque ont été réunis en 1978 sur cent, Roy suit sa famille à Knoxville au nant « Night Train to Memphis » que l'essentiel album « The Legendary Jay Miller Tennessee et entame une carrière sportive (il connaissent bien les amateurs de Rock 'n' Sessions Volume 13 » (Flyright 535). Lors de aurait pu devenir professionnel de Baseball) Roll via Jerry Lee Lewis et Ricky Nelson. Le cette compilation, Nathan, qui possède un interrompue à jamais par un grave accident style de Roy Acuff n'est pas très facile à vaste répertoire de valses et de two-steps, (de pêche !) en 1929. C'est alors qu'il apprend définir. Un point reste acquis, c'est de la très s'adonne aussi au Blues avec un bonheur à se servir d'un fiddle et décide de prendre un grande Country Music qui puise son inspira- contagieux, comme lors du dévastateur nouveau départ. Influencé par les Old-Timers tion dans la tradition montagnarde issue des « Popcorn Blues » (Kajun 500) ainsi que sur il chante en jouant du violon et se produit au Appalaches mais le vocal haut perché de Roy son remake de « Pinegrove Blues » (Kajun début des années trente dans le Doc Howers s'apparente à celui du Bluegrass, et la foi 503). Chantant lui-même sur ces deux chefs- Medecine Show avant de jouer dans les deux manifeste de son chant donne à sa musique d'œuvre, il confie volontiers la partie vocale principaux shows radiophoniques de Knox- une forte coloration « Gospel ». De plus la aux membres de son orchestre, « The Pine- ville (le WROL et le KNOX) en compagnie sonorité plaintive de la dobro et le son grove Boys », Ed. Junot dans « Broken de sa première formation, les Crazy Tennes- souvent poignant du violon de Roy contri- Hearted Blues » (ou « French Waltz ») et le seans qui comprenaient Beecher « Pete » buent à nimber son style rigoureux d'une aura célèbre Dewey Balfa sur « Lonely Heart Kirby (dobro, guitare et banjo) connu plus romantique qu'aucune virtuosité ne saurait Blues ». Parmi les autres chanteurs Cajun tard sous le nom de . jamais égaler. Sans aucun doute l'une des ayant participé à l'œuvre de Nathan, on peut Roy Acuff et ses Crazy Tennesseans (ancien- plus grandes personnalités de toute l'histoire encore citer Robert Bertrand, Will Kegley et nement Tennessee Crackerjacks) deviennent de la Country Music, Roy Acuff nous laisse Darius LeBlanc. La musique de Nathan, populaires dans le Sud et signent pour de merveilleuses pièces d'anthologie dont le chantée en français Cajun est souvent trucu- Columbia en 1936. La discographie de Roy sublime « Freight train blues » avec superbe lente (« Ah mon vieux cochon... » extrait de est plutôt compliquée, les premiers enregis- partie d'harmonica, « Lonesome old river « Popcorn Blues ») et respire la joie de vivre trements sortant sur des labels affiliés à blues », « Where you there when they cruci- que les Acadiens avaient fini par trouver en Columbia, ces labels ayant eux-mêmes des fied my Lord », « It won't be long » (de sa Louisiane, terre d'asile infestée d'alligators, labels subsidiaires ce qui fait que les premiers composition) et ses grandes versions de « Mule Skinner Blues » et « I saw the light » Caroline du Sud, ils rencontrent le batteur de l'Acadian Etementary School de respectivement créés par les géants Jimmie Mark Herndon qui devient le quatrième Lafayette, Johnnie (dont les ancêtres échap- Rodgers et Hank Williams. Tous ces titres mousquetaire du groupe. Rebaptisés Ala- pèrent à la guillotine) ne se produit plus que sont réunis sur l'indispensable album « Roy bama, ils se présentent à Nashville en quête pendant ses loisirs, pour le bonheur de nos Acuff's Greatest Hits » (LP US Columbia CS d'une maison de disques. Refusés par les cousins cajuns. Albums US Jin 4001/9002/ 1034). Les versions Capitol sont également grandes compagnies, ils réussissent à signer 9006/9012/9015/9017/9022 et GB Flyright 551. intéressantes car elles prouvent que Roy avec le label GRT en 1977 pour qui ils Acuff n'a jamais aimé ce que certains appel- gravent plusieurs singles. En 1979 ils enregis- lent « l'évolution » souvent synonyme de tra- trent pour MDJ. Les matrices sont alors hison. En fait Roy Acuff a évolué de manière rachetées par RCA qui édite l'album « My BILL ALLEN subtile, mettant sa « Old Time Music » au Home's In Alabama » en 1980. Depuis, le goût du jour sans jamais la défigurer (« The groupe est devenu le plus coté des Etats- Bill Allen and The Backbeats nous laissent Best of Roy Acuff » and the « Smoky Moun- Unis, figurant régulièrement en tête des essentiellement un titre très coté en bourse. tain Boys » LP US Capitol SM-1870). Le charts country & western, ce qui demeure un Si la vôtre est vide contentez-vous de l'album grand homme, très populaire depuis le début mystère insoluble, leur musique country-pop, anglais « Imperial » UAS 30101 des années quarante était devenu tellement parfaite techniquement, manquant singuliè- qui contient cet hallucinant « Please give me représentatif du peuple américain que le rement de charme et de chaleur humaine. something » (single Imperial 5500) sorti en reporter Ernie Pyle a pu relater que les Pourtant, Alabama a déjà remporté une 1958. Aurait également enregistré « Butter- troupes japonaises, lors de la bataille d'Oki- douzaine de numéro un dont « Feels So fly » sur Eldorado. nawa, montaient à l'assaut en hurlant « Au Right », « Love In The First Degree », diable Roosevelt, au diable Babe Ruth, au « Why Lady Why », « Old Flame » et « Ten- diable Roy Acuff »... Véritable institution, nessee River » réunis sur la compilation Roy Acuff, figure patriarcale de Nashville a « Alabama » (RCA PL 89 247 publiée en JULES VERNE ALLEN manqué de peu son élection au poste de 1984). Encore en tête des hits-parade en 1984 gouverneur de Tennessee en 1948 mais fut élu avec « Roll On », cette formation se paie en au Country Music Hall of Fame en 1962, outre le luxe de récolter les Awards délivrés Né en 1870, il fut cowboy professionnel, devenant le premier artiste vivant à obtenir par la Country Music Association. Adoptés conduisant les troupeaux du Texas au Mon- une telle distinction. Reçu à la Maison- par le public de rock moderne, leur style aura tana, aux environs de 1890. Il se produisit Blanche en 1974, vedette permanente du peut-être du mal à convaincre les amoureux ensuite dans un spectacle de rodéo itinérant Grand Ole Opry, Roy, défenseur des valeurs des écoles traditionnelles. qui présentait au début du siècle des tableaux traditionnelles, n'a pas usurpé son titre de de l'Ouest, suivant la tradition établie par « King of Country Music ». Buffalo Bill et son cirque. En 1928 et 1929 il grava quelques faces dont « The Cowboy's JOHNNIE ALLAN Dream », le traditionnel « Zébra Dun » connu également sous le nom de « Z Bar ART ADAMS Né le 10 mai 1938 à Rayne en Louisiane, le Dun » et « Long Side The Santa Fe Trail », Cajun Johnnie Allan Guillot fit ses débuts à des titres qui évoquent parfaitement le Exemple type du méconnu (ou inconnu) du cowboy auprès du feu de camp. Les deux rock 'n' Roll. Ils furent ainsi des milliers treize ans en tant que guitariste rythmique des Scott Playboys de Walter Mouton. premiers figurent sur le « Authentic Cowboys d'artistes qui enregistrèrent au milieu des D'après l'interview qu'il donna à Bernard and their Western Folksongs » (LP FR RCA « fifties », un ou plusieurs singles pour d'ob- 430.697) publié en 1966 et le troisième est scurs petits labels distribués à l'échelon régio- Boyat (Jazz Blues and Co 68-69) il aurait ensuite joué de la steel guitar en compagnie disponible depuis 1984 sur le « When I Was A nal ou même local dans la plupart des cas. de Bob Wills (!) avant de se consacrer au Cowboy » (LP US Morginstar 45008). Après Ces disques sont aujourd'hui recherchés par avoir raconté ses mémoires (1933), ce témoin les collectionneurs du monde entier tant pour chant en 1957. Premier enregistrement en 1959 dans les studios de Jay D. Miller à d'un siècle privilégié dont la légende s'est leur rareté (la joie de posséder un label Crowley avec les Krazy Kats dont Leroy emparée, est mort en 1945 au début d'une ère original) que pour leur qualité artistique, moins souriante et tout aussi dangereuse. souvent évidente. Art Adams dont la biogra- Castille au sax ténor ; « Lonely Days & phie est inexistante possédait une voix puis- Lonely Nights » publié sur le label de Floyd sante et bien timbrée et bénéficiait de l'excel- Soileau (Jin III) se vendra confortablement au point d'être réédité par la MCM. Entre lent backing des « Rhythm Knights ». Quatre RED ALLEN titres sont connus : « Rock crazy baby » / 1960 et 1980 il enregistrera régulièrement « Indian Joe » (single Cherry 1005) et « Dan- pour différents labels (Jin, Vicking, Pic, Crazy Cajun), obtenant sa meilleure vente en L'un des meilleurs vocalistes de Bluegrass, cing doll », son chef-d'œuvre, couplé à « She 1973 avec sa version du « Promised Land » de don't live here no more » (single Cherry ce bon guitariste de picking-style fit ses 1018). Compilations : LPs Bison Bop (GE) Chuck Berry (Jin 244). Parmi ses réussites, débuts après la guerre et resta fidèle à la 2000/2001/2019. citons l'excellent rock « Let's Do It » en 1963 musique lancée par Bill Monroe. Lors du (Jin 181) et la ballade bluesy « You Got Me Bluegrass revival des années soixante, Red Whistling » (Jin 215) proche du style vocal de Allen and the Kentuckians enregistrèrent Charlie Rich (disponibles sur le Jin Rock n' deux albums pour le label County. Magnifi- ALABAMA Roll LP Rock & Country suédois R&C 1016). quement soutenu par Porter Church au Notons la participation du saxophoniste banjo, Craig Wingfield à la dobro, Dave Groupe de country rock fondé en 1969 par Harry Simoneaux (il joua en 1955 avec Bobby Grisman à la mandoline et Jerry McCoury à Randy Owen (guitare rythmique, vocal), Jeff Charles, probablement sur la version origi- la basse, Red, qui chante avec un feeling très Cook (guitare solo, claviers et fiddle) et nale de « See You Later Alligator »), qui prenant, nous délivre de splendides versions Teddy Gentry (basse). Professionnels depuis contribua à donner un son « rock New de « We live in two different worlds », écrit 1973, les Wild Country (leur nom initial) se Orleans » à la plupart des enregistrements de par Fred Rose pour Hank Williams, et du produisent tout d'abord en lever de rideau Johnnie, un artiste éclectique apte au coun- classique de Sleepy John Estes / Kokomo d'artistes country (Narvel Felts, Bobby Bare try cajun, au rock and roll et au rhythm and Arnold, « Milk cow blues ». On peut citer le et Cal Smith). Basés à Myrtle Beach en blues louisianais. Aujourd'hui sous-directeur poignant « Lonesome & blue » aux allures de gospel et le brillant instrumental « Bluegrass devient disc-jockey avant de choisir la voie de de « (All my friends are gonna be) stran- Blues » au cours duquel les cinq musiciens la chanson. En 1958 il se fait connaître en tant gers », le premier succès de Merle Haggard rivalisent de virtuosité comme il est de que songwriter grâce à son « City Lights » en 1965, et de l'excellent « l'm a lonesome rigueur dans ce style particulier qui ne tolère dont fait un best-seller. Dès lors ses fugitive », N° 1 pour le même Merle en 1966, pas la médiocrité. Tous ces titres ont été chansons seront interprétées par les grands une ballade classique co-écrite avec son mari enregistrés à New York le 17 et 18 septembre noms de la Country Music. Citons « I've E Casey, qui sera reprise notamment par les 1966 et constituent un bel échantillon d'un njoyed As Much Of This As I Can » (Jim rockers Gene Vincent et Jerry Lee Lewis. Bluegrass ancré dans la tradition la plus Reeves), « Riverboat » () et Entre 1966 et 1970 elle remporte elle- profonde, à l'encontre du Newgrass, tout « I'll Go Down Swinging » (Porter Wago- même une douzaine de hits pour RCA avant aussi musical mais moins authentique. LPS ner). Il enregistra également dès la fin des de rejoindre son enfant prodige chez US County 704 « Bluegrass Country ». fifties pour le label Decca, obtenant son Columbia. County 710 « Red Allen and the Ken- premier hit personnel en 1962 avec « Mama tuckians » (titres cités). Sang A Song » (Decca 31404) suivi de « Still » (Decca 31458) gros succès en 1963. Son excellent « Bright Lights And Country LYNN ANDERSON REX ALLEN Music » (Decca 31825) fut repris par Ricky Nelson et le musicologue Bernard Boyat nous Née le 26 septembre 1947 à Grand Forks, Né le 31 décembre 1924, en plein « Far- recommande son « Wild Weekend » (Decca Nord Dakota. Fille de Liz Anderson, elle se West », à Wilcox en . Après avoir été 32276), l'un de ses derniers hits en 1968. consacre à l'équitation avec succès avant de cowboy de rodéo, il décide de suivre les Spécialiste de la narration, ce chanteur à la se lancer dans la chanson en 1966 (Chart traces de Gene Autry et tente sa chance dans voix peu puissante mais attachante nous laisse records) où elle s'impose en 1969 avec un le New Jersey au milieu des années quarante, de nombreux albums pour MCA dont le premier hit. Mariée au producteur Glenn s'installant ensuite à Chicago. Au début des fameux « Still » (MCA-100) d'abord paru sur Sutton, elle triomphe chez Columbia à l'aube fifties, le Rex Allen Show est assez populaire Decca DL7-4427, un album à prédominance des seventies avec « Stay there til 1 get pour lui valoir un contrat d'enregistrement narrative qui plaira aux familiers de la langue there », une excellente country song rapide et chez Decca. Son premier succès « Crying In américaine. On pourra préférer son émou- musclée, écrite par son époux. Capable de The Chapel » en 1953 (Decca 28758) lui vaut vante ballade « Hush... Not A Word To « chauffer » comme une vraie « rockeuse » de signer pour les films Republic. En 1955 il Mary » parue en 1975 (single US MCA 177). (écoutez la chanson... « Listen to a country aura l'honneur de devenir le dernier singing Vocaliste intimiste aux possibilités limitées, song », elle s'impose pourtant avec un titre de cowboy de l'écran dans « Down Laredo Bill Anderson, malgré de bonnes réussites variété-pop (?), le néanmoins réussi « Rose Way ». Après un dernier hit en 1962 avec discographiques, restera dans l'histoire de la Garden », énorme succès en 1970 qui lui « Don't Go Near The Indians » (Mercury Country Music grâce à l'excellence des chan- vaudra les honneurs des officiels de la country 71997) il se contentera le plus souvent de sons qu'il composa pour les autres. Le jour- music. Devenue star, elle poursuit une car- prêter sa voix aux productions Walt Disney. nalisme mène à tout, à condition... d'y rester. rière constellée de hits. On lui doit une Il enregistra également pour les labels version bien sentie du « Cry » de Johnnie Hacienda, Vista et JMI. Voir LPs « Smooth Ray. Son mari, qui a le sens de l'humour, lui Country Sound Of Rex Allen » (Decca 5011), a écrit un hit plus récent... « You're my « Sings And Tells Taies » (Mercury 20752) et JOHN ANDERSON man » (?). « Sings Boney Kneed, Hairy Legged Cowboy Les titres cités figurent tous dans le LP US Songs », réédition allemande des titres JMI L'une des plus sûres valeurs de la Country Columbia 31641 « Lynn Anderson's Greatest (Bear Family BFX 15024). Excellent chan- Music contemporaine, il s'imposa en 1981 hits » (1972). teur à la belle voix grave, il succomba lui aussi avec l'excellent album « I Just Came Home à la tentation du rock 'n' roll le temps du To Count The Memories » (US Warner Bros superbe « Knock Knock Rattle » enregistré BSK 3599) enregistré à Nashville avec les le 23 février 1958 (Decca 30651 sur LP « Rare maîtres du lieu (Hargus Robbins au piano, EDDY ARNOLD Rockabilly » vol III GB MCFM 2833). Buddy Spicher au fiddle, Bobby Thompson au banjo, etc.). « Stop In The Road » d'inspi- Né à Henderson dans une ferme du Ten- ration « Truckin' », la belle version nessee, le 15 mai 1918. Son père qui joue du ANDY ANDERSON « pickin' » de « Don't Think Twice », la fiddle lui apprend à se servir d'une guitare et ballade country & Western « I Danced With à dix-huit ans il fait ses débuts de Country Chanteur de rockabilly originaire du Mis- The San Antone Rose » chantée avec émo- Singer à la radio de Jackson et joue ensuite souri qui fit une bande chez Sun en 1957. tion, et « Jessie Clay And The 12 : 05 » avec Pee Wee King. Au début des années « Johnny Valentine » et « Tough Tough proche de Waylon Jennings et le subtil « Trail quarante il se produit à l'Opry de Nashville Tough » restèrent curieusement inédits jus- Of Time » prouvent que la nouvelle généra- où on le surnomme le « Tennessee Plowboy » qu'en 1985 (album « Rockabilly Tunes » GB tion peut avoir les dents aussi longues que la (le laboureur du Tennessee), allusion délicate Charly Sun LP 1026). D'après les notes de chevelure. Dernier succès en 1985 avec l'al- à ses origines rurales. Pourtant la voix de ce Ding Dong, il enregistra ensuite les titres Sun bum « Eye Of The Hurricane » (US Warner grand chanteur ne laboure pas, elle caresse. pour le label Century Limited, accompagné Bros 25099). Influencé par Gene Autry et... Bing Crosby, par les Dawnbreakers, ainsi que pour Fel- Eddy Arnold deviendra le « Crooner » de la sted. En dehors de plusieurs singles pour Country Music, séduisant le public au point Century Ltd (601/602/603) il nous laisse éga- de vendre plus de cinquante millions de lement le très prisé « You Shake Me Up » LIZ ANDERSON disques, ce qui constitue un record dans le pour le label Apollo (single 535). domaine du Country and Western. Signant Née Elisabeth Jane Habby le 13 mars 1930 chez RCA en 1944 il rencontre un certain à Rosean, Minnesota, elle épouse Casey Colonel Parker (le futur manager de Presley) BILL ANDERSON Anderson qui lui donne Lynn (voir ci-des- qui décide de prendre les choses en main. Et sous) en 1947. Au début des années 60, elle le résultat sera efficace : premier 78 tours sur Né le 1 novembre 1937 en Caroline du signe chez RCA et connaît le succès en 1964 le label Bluebird (33-0520) « Mommy please Sud à Columbia. Licencié en journalisme il par artiste interposé ; en effet elle est l'auteur stay home with me » / « Mother's prayer » et premier hit en 1948 avec le mélodieux « Bou- THE ARMSTRONG TWINS comme celle évoquée classe immédiatement quet of roses » (RCA 20-2806), un classique son homme, même s'il s'agit d'une femme ! du Country sentimental qui sera repris par On ne sait pas grand-chose des jumeaux Terminons en souhaitant la réédition de ses Bill Haley en 1959. Succès national en mai Armstrong, Floyd et Llyod, sinon qu'ils se disques sortis sur le label Coin d'Hollywood 1949 avec « One kiss to many » (RCA 21- produisaient sur les ondes de la station ainsi que ses titres RCA, notamment d'après 0051) et passage au Milton Berle's show. En KRLA à Little Rock en , aux envi- Henri Laffont, une « Hot » version de « Burn 1953 Parker s'en va et Eddy a du mal à rons de 1946 à l'époque de leurs premiers that candie » (RCA 6297). s'imposer définitivement malgré plusieurs enregistrements. Floyd à la guitare et Lloyd à petits hits en 1956, 1957 et 1959. En 1965 il la mandoline chantaient en duo dans un style relance sa carrière avec « What's he doing in montagnard des plus rigoureux, produisant ASLEEP AT THE WHEEL my world » et « Make the world go away » un hillbilly de grande qualité (« Sparkling remportant encore douze énormes succès blue eyes ») parfois très proche du Bluegrass Groupe contemporain de Western Swing et pour RCA entre 1966 (« I want to go with (« Three miles south of cash in Arkansas ») de Country Rock fondé en Virginie Occiden- you », « The last world in lonesome is me » ou du Hillbilly-Boogie comme dans les entraî- tale par Ray Benson (vocal / guitare), Lucky repris de manière émouvante par Gene Vin- nants « Mandolin boogie » et « Beetle with Oceans (pedal steel) et Leroy Preston (vocal / cent) et 1968 (« It's over » et « Then you can the boogie beat ». Artistes oubliés dont on guitare). Installé en Californie depuis le tell me goodbye »). Depuis Eddy, l'un des n'a pas retrouvé la trace, ils furent redécou- début des seventies, le groupe, augmenté de meilleurs vocalistes de la Country Music, verts par Chris Strachwitz en 1979 le temps six musiciens, enregistre un premier album, poursuit tranquillement sa carrière, retrou- d'un bel album contenant leurs rares enregis- « Comin' Right At Ya » (United Artists vant rarement le chemin des hit-parades. trements de l'après-guerre. LP US Old Timey 0598) en compagnie du pianiste Floyd Parmi ses meilleurs albums signalons le LP 118 « Hillbilly Mandolin' ». Domino, originaire de San Francisco. Link US RCA Camden CAS-798 paru en 1964, Davis Jr (fiddle et sax), fils de Link Davis, fut « Eddy's Songs » avec d'excellents titres également membre de cette formation qui moins connus que ceux cités : « Eddy's basée à Austin (Texas) depuis 1974 fit beau- song » (où Eddy énumère ses premiers hits CHARLENE ARTHUR coup pour la renaissance du Western Swing dont « I wanna play house with you » qui n'a en employant dans ses rangs un ancien mem- rien à voir avec « Baby let's play house » Cette chanteuse de hillbilly boogie à la voix bre des Texas Playboys de Bob Wills, le d'Elvis), « Roll along Kentucky moon », puissante qui enregistrait pour le label Bullet génial fiddler Johnny Gimble. Leur dernier « There's no wings on my angel », « When de Nashville au début des années cinquante album fut enregistré en public au Austin my blue moon turns to gold again » et « Chip nous laisse un titre mémorable, un boogie du Opry House en 1979 : « Served Live » (Capi- off the Old Block » qui comportent tous un Pete Johnson interprété avec une force éton- tol ST 11945). attrayant « backing » de style Hillbilly. Voir nante pour une jeune Blanche du Sud ; c'est également les albums suivants « Favorite le sidérant « Boogie woogie blues » en mai songs» (CCL 1135), «Folk Song Book » 1950 (Bullet 707) avec vocal très accrocheur, CHET ATKINS (LSP 2811), « Legendary Performer » 2LP superbe solo de piano rock et rythmique de (CPL 2 4885) et « 20 of the Best » (INTS fer. Vedette du Big D Jamboree de Dallas, Chester Burton Atkins est né dans une 5214). cette grande artiste méconnue avait elle aussi, ferme près de Lutrell au Tennessee, le 20 juin Notons que son cousin Lloyd Arnold, sans le savoir, posé les bases du rock and roll 1924. Elevé dans une ambiance musicale chanteur de rock et de country révélé à la fin avec cet enregistrement de premier choix, (père pianiste et frère guitariste qui fit plus des fifties, nous laisse de bons titres dont ses aujourd'hui très rare mais disponible sur le tard partie de l'orchestre de Les Paul), il versions de « School Days » (Memphis 106) vital album hollandais Redita 122 « Nashville devient violoniste professionnel à l'âge de et « Sugaree » (Memphis 108) disponibles sur Country Rock », vol. 4. Précurseur oublié, dix-sept ans pour un show radiophonique de le LP Redita 102 et surtout « Red Coats, Charlene, qui aurait tourné avec Elvis dans Knoxville. Fasciné par les disques de Merle Green Pants And Red Suede Shoes » (Myers les états du Sud (?), mériterait de nos jours Travis il se met à la guitare qui deviendra très 113) sur l'album Bison Bop 2005. Il se donna une étude plus approfondie mais sa discogra- vite son instrument de prédilection. Vers la mort en 1976. phie reste obscure. En tout cas une pièce 1946 il débute à Nashville sous le nom de Chester Atkins and The Ali Star Hillbillies teur, il restera avant tout comme l'un des Screamin' Jay Hawkins (qui malgré des appa- (Roy Lanham, Jack Shook, Dutch Mc Millin guitaristes les plus importants de l'histoire de rences trompeuses fut toujours attiré par le et Louis Ennis) enregistrant l'intéressant la musique populaire et autre, à l'instar de Country and Western). La période 1934/1953 « Guitar Blues » (Bullet 617). En 1948 il joue son maître, le regretté Merle Travis. Spécia- fut la plus riche de Gene Autry qui imposa à avec deux amis qui deviendront célèbres sous liste de la guitare électrique durant les années l'écran l'image du Cowboy chantant, tour- le nom de Homer & Jethro et rencontre les cinquante (il collabora avec Gretsh pour nant 56 films pour Republic, un pour la Carter Sisters et Mother Maybelle avec qui il l'élaboration de la fameuse guitare « Chet Twentieth Century Fox et une série en 15 apparaît sur la scène de l'Opry en 1950. Atkins Country Gentleman »), il devint éga- épisodes pour Mascott ; citons « Tumbling Remarqué par RCA il devient musicien de lement au début des sixties, l'un des rois de la Tumbleweeds » (1935), « Oh Suzanna » session, remportant un premier hit au début guitare classique (cordes nylon) qu'il sut (1936) et « Melody Ranch » (1940). Après la des fifties avec « Galloping Guitars ». Il utiliser dans le cadre du Jazz et de la Country guerre où il fut pilote d'avion, il tourna dans rêvait aussi d'être chanteur, mais partout l'on Music. Technicien hors pair et « picker » « In Old Santa Fe », « Sioux City Sue » et réclame sa guitare magique et il participe aux impressionnant (un pouce et trois doigts) il « Last Of The Pony Riders », son dernier dernières sessions d'Hank Williams et aux resta au plus haut niveau tout au long des succès à l'écran en 1953, qui firent beaucoup premières d'Elvis pour RCA en janvier 1956, années soixante-dix. Le double album « A pour l'imagerie populaire du « Singin' jouant notamment lors de « Heartbreak Man And His Guitar » (GE RCA NL 89160) Cowboy ». Hotel ». Nommé responsable des studios est très représentatif de sa période récente Gene, en caracolant sur son cheval Cham- RCA de Nashville à partir de 1957, il contri- avec un répertoire d'un éclectisme renversant pion à travers les vastes plaines et en chantant buera à forger le fameux « Nashville Sound » emprunté à , Duke Ellington, ses belles ballades romantiques, inaugure une en compagnie du pianiste Floyd Cramer, des Doc Watson, Kosma, Bach, Mozart, Rodrigo tradition reprise par Tex Ritter, Johnny guitaristes Hank Garland et Grady Martin, et les Beatles. Une véritable « Love Story » Bond, Roy Rogers et Johnny Western. Mal- du bassiste Bob Moore et du batteur Buddy de la guitare avec en prime pour les français gré un orchestre souvent vieillot de flonflons Harmon, fournissant le backing de nombreux un extrait du concert qu'il donne à l'Olympia et d'accordéon, il se dégage de ses enregistre- artistes dont la chanteuse de Rockabilly Janis le 10 décembre 1977. Enfin les duos avec ments, une sincérité inaltérable qui déborde Martin. Egalement producteur de plusieurs Merle Travis, Jerry Reed, Doc Watson et Les du cadre rigide de l'instrumentation désuète. albums de Hank Snow, il se fera lui-même un Paul achèveront de combler le lecteur « gui- En fait Gene Autry fut l'un des vocalistes les nom à part entière grâce au succès de son tar man ». A must ! plus émouvants de toute l'histoire de la album « Teensville » en 1960 (LP RCA US Country Music. Personne n'oubliera sa 2161) qui contenait deux de ses premiers hits superbe version de « You are my sunshine » « Boo Boo Stick Beat » (1959) et « One mint GENE AUTRY (1941 créé la même année par Jimmy Davis) ; Julep » (1960). Signalons en 1963 l'album cette émouvante chanson d'amour devint l'un « Teen Scene » (RCA 2719) avec « I got a Orvon Gene Autry est né le 29 septembre des classiques les plus importants de la musi- woman », « Susie Q », « Rumpus » (avec 1907 à Tioga au Texas. Adolescent il étudie le que populaire américaine, repris par des gens préface de Steve Sholes qui se félicite d'avoir saxophone mais se décide pour la guitare que aussi différents que Jerry Lee Lewis, Haydon inventé Chet Atkins!!) Notons un excellent lui enseigne sa mère. Télégraphiste aux che- Thompson, Johnny and the Hurricanes, Dick double-face, « What'd I say » / « Charlie mins de fer, après avoir été cowboy dans le Dale, Gene Vincent, Ray Charles, etc. Quant Brown » (RCA 47-9116) ainsi qu'une soixan- ranch de son père, il fait ses débuts de à son classique « Silver haired Daddy of taine d'albums dans lesquels Chet aborde chanteur en 1927 sur la station KVOO de Mine », il aurait atteint le score étonnant de tous les styles. Citons « Mister Guitar » Tulsa et se fait connaître sous le nom de cinq millions d'exemplaires. (RCA 2103), « Most popular Guitar » « The Oklahoma Singing Cow-boy ». A cette Millionnaire du disque, habitué du Madi- (2346), « Guitar Country » (2783) et « Best époque il enregistre une bande d'essai pour le son Square Garden, Gene Autry, qui ne l'a of » (2887). Ami des Everly Brothers et de label Paramount records et sort un premier pas volé, fut élu au Country Music Hall of Jerry Reed avec qui il joua en duo dans les 78 tours pour Velvet Tone chez qui il laissera Fame en 1969. Et comme le dit la plaque albums « Me and Jerry » et « Me and Chet », plusieurs titres yodel influencés par Jimmie gravée par la Country Music Association : Chet roi du picking et du finger style, fut l'un Rodgers. La discographie de Gene est en fait « Surtout connu en tant que chanteur et des guitaristes les plus prolifiques et influents très compliquée étant donné la multiplicité acteur, il fut aussi un auteur accompli ». des années cinquante à nos jours. Apte au des labels, d'autant plus qu'il enregistra éga- Gene participa en effet à la création d'envi- rock and roll, au rockabilly, au jazz, au Blues lement sous une dizaine de pseudonymes ron 300 chansons dont « Ridin' down the et même au Flamenco, c'est son style country (John Fardy, Sam Hill, Tom Long, Johnny Canyon » et « I'll go ridin' down that old (repris par le français Marcel Dadi) qui lui Dodds, etc), gravant des titres pour Cham- Texas Trail » (1935 et 1936) qu'il écrivit en vaudra la plus large part de sa notoriété. pion, Gennett, Perfect (les disques de ce label compagnie de Smilie Burnette alors vocaliste Véritable institution, Chet Atkins, vice-prési- sortant également sur Banner, Melotone, du Gene Autry Trio. Ces merveilleux titres dent de RCA Nashville et découvreur d'in- Oriole et Romeo), Okeh, Vocalion, Colum- sont disponibles depuis 1982 sur l'album nombrables talents (dont Charley Pride), fut bia, etc. Premier succès important avec une anglais « Gene Autry » CBS 25016 en compa- élu meilleur musicien de l'année par la Coun- belle ballade western écrite par Gene et son gnie de réussites indéniables telles : « Ama- try Music Association en 1967, 1968, 1969 et vocaliste / guitariste Jimmy Long, « That pola » (1941), « Deep in the heart of Texas » 1984. La physionomie de la Country Music silver Haired daddy of mine » en 1931, un (1942) et «There's a new moon over my des années soixante aurait été différente sans classique repris notamment par les Everly shoulder » (1945), des œuvres peu connues son apport primordial. Et c'est à juste titre Brothers et en public en 1981 par le trio Cash mais d'une rigueur artistique égale à celle de qu'il fut élu en 1973 membre du Country / Perkins / Lewis. Egalement « Yellow Rose ses hits historiques. Ceux-ci sont disponibles Music Hall Of Fame. Paradoxalement Chet of Texas » (1933), « The last Roundup » sur le « Gene Autry's Country Music Hall of qui a contribué à la sophistication de la (1934), « Tumbling Tumbleweeds » (1935), Fame Album » LP US CBS CS 1035 qui musique « Made in Nashville », s'inquiète « Mexicali Rose » (1936), « There's a gold réunit quinze succès inoubliables dont bien aujourd'hui des nouvelles directions prises mine in the sky » (1937), « Back in the saddle sûr « That silver haired daddy of mine » et par la Country Music, prônant un retour aux again » (1939), « South of the border » et l'indispensable « You are my sunshine ». A sources salvateur. L'apprenti sorcier ne « Blueberry Hill » (1940), « You are my signaler le déjà peu courant « Gene Autry's serait-il plus maître d'un phénomène qu'il a sunshine » (1941) et « Have I told you lately Golden Hits » US RCA LPM 2623 paru en contribué à déclencher ? Quoi qu'il en soit that I love you » en 1945. Egalement « Take 1962 et qui contient ses hits refaits pour RCA néanmoins de son rôle en tant que produc- me back to my Boots and Saddle » repris par dans des versions très réussies, avec des arrangements plus accessibles au public ment de devenir l'harmoniciste numéro un de leurs musiciens du lieu (Charlie Mc Coy, actuel. Enfin le coffret de quatre albums Nashville bien que les tournées aient parfois Johnny Gimble, Bob Moore, Lloyd Green) et « Gene Autry Collection » MH 61072 (enre- posé quelques problèmes, Uncle Dave les voix des Jordanaires, propose un style gistrements Columbia 1929-1952) contient Macon étant obligé de le faire passer pour son honky-tonk attrayant avec notamment l'essentiel, dont « Blueberry Hill », succès valet afin de lui procurer un lit dans les « Hello Mary », « I Think I've Got A Love pour Fats Domino en 1956. hôtels. En 1928 il enregistra huit faces à On For You », « I'M The Honky Tonk On Nashville pour RCA et se produisit cette Losers Avenue », « Ring Around Rosie's année-là pas moins de 49 fois sur les ondes de Finger » et bien sûr l'excellent « Hank Wil- HOYT AXTON la WSM. Très paresseux (peut-être parce que liams You Wrote My Life ». Dès lors ce bon sous-payé), il fit toute sa carrière avec une vocaliste inscrira régulièrement son nom dans Né le 25 mars 1938 à Duncan, Oklahoma. douzaine de titres, quittant l'Opry au début les charts country & western, chantant parfois des années quarante. Ses morceaux les plus en duo avec Joe Stampley, remportant un Son environnement musical étant propice à connus sont « Pan American Blues », « Mus- dernier hit en 1984 avec l'album CBS « Motel l'épanouissement de ses dons naturels (sa cle Shoal Blues » et « Alcoholic Blues » Matches ». En 1982 il grava chez Warwick un mère Mae ayant cosigné « Heartbreak (78 tours Brunswick 146/147/148), les deux album consacré aux classiques, « Salutes The Hotel » pour Elvis), il se met à chanter au premiers étant disponibles sur l'album « Nas- American Cowboy » (WW 5118) avec « Red début des années cinquante. En 1958 il se hville : The Early String Bands » vol II (US River Valley », « Take Me Back To Tulsa », produit dans les clubs de la Côte Ouest. County 542). Devenu une légende il se pro- « San Antonio Rose », « High Noon », etc. Après l'armée (dans la Navy) il enregistre à duisit une dernière fois sur la scène du Ryman Moe Bandy, un artiste consistant qui n'oublie partir de 1962 et obtient le succès grâce à son en 1974 lors du show de clôture, avant le pas ses racines, nous laisse également un talent de compositeur avec son « Greenback transfert du spectacle à Opry Land, mais « Sings The Songs Of Hank Williams » (FC Dollar » (pour le label Horizon), un énorme déclina obstinément toute proposition d'enre- 38652). succès Capitol en 1968 pour le Kingston Trio, gistrement, refusant en outre un rôle dans le un classique repris également par Trini Lopez film « W W Dixie ». La vie de ce phénomène et en français par les Missiles. Hoyt enregistre fut relatée par Peter Guralnick dans son BOBBY BARE également pour A & M, et pour le label Vee excellent « Lost Highway ». Il prit son der- Jay « Hoyt Axton Explodes » (Vee Jay 1098 nier train en 1982, devenant, précurseur jus- Né le 7 avril 1935 à Ironton dans l'Ohio. en 1964) et « Greenback dollar » (Vee Jay qu'au bout, le premier ange Noir du Hillbilly Après une enfance malheureuse il apprend la 1126). Auteur reconnu il est également un Heaven. guitare, tout en pratiquant divers petits jobs. vocaliste intéressant comme le prouve son Au début des années cinquante il se produit à album « Where did the Money go ? » (Jere- Charleston, en Virginie Occidentale, avant miah JH 5001) enregistré en 1980 avec Bruce d'aller tenter sa chance en Californie. En Barlow à la basse et Bill Kirchen à la guitare KENNY BAKER (deux anciens du groupe Commander Cody). 1958 il écrit une chanson qui évoque la Ce très bon disque contient une intéressante vertigineuse carrière d'Elvis, « All-American version de « The Battle of New Orléans » Né le 26 juin 1926 à Jenkins au Kentucky. Boy », et l'enregistre lors d'une session de (écrit par Jimmy Driftwood) et de bonnes Fils et petit-fils de fiddlers réputés, il devient son ami Bill Parsons qui envoie la bande à compositions de Hoyt dont « Betty La Rue » lui même un expert-es Bluegrass, travaillant différentes compagnies. Bobby part alors à pour Bill Monroe au milieu des années cin- l'armée et a la surprise, au mois de décembre, (avec vocal rauque à la Kenny Rogers), quante. Il enregistra également sous son de voir sa chanson en tête des hit-parades. La « Boozers are losers », « When you dance, nom, notamment l'album « Portrait Of A you do not tango » et l'entraînant « Smile as surprise aurait été bonne si Bobby n'avait pas you go by ». Signalons également le désen- Bluegrass Fiddler » (US County 719) gravé revendu ses droits pour une poignée de chanté « Politicians » (« leurs promesses son- en 1968 en compagnie de Del McCoury cacahuètes et si le disque n'était pas sorti (sur nent dans mon oreille ») écrit par Mae Boren (guitare), Vic Jordan (banjo), Roland White le label judicieusement nommé Fraternity) Axton et Glenn Reeves et le coloré « Mid- (mandoline) et Doug Creen (basse). Sensibi- sous le nom de... Bill Parsons, qui devient night in Memphis » composé par le guitariste lité et feeling pour ce bon musicien composi- une grande vedette, mimant en play-back le Tony Johnson. Peu connu en France, Hoyt teur des excellents « Johnny June Reel » et chant de son ancien camarade ! Mais la super- est pourtant bien présent dans la bonne « Indian Ridge ». cherie est découverte en 1960 et Bobby Country Music contemporaine. Terminons obtient un contrat chez RCA qui le consolera rapidement de cette lugubre mésaventure. par ses propres paroles « Je crois à la Musi- Premier succès sous son nom en 1962 avec que, c'est la substance qui nourrit mon âme, MOE BANDY le Country Western, le Boogie Woogie, le « Shame on me », une ballade sans intérêt Gospel et le Rock and Roll ». proche de la variété la plus banale. En juin Né le 12 février 1944 à Meridian, Missis- 1963, Bobby triomphe avec cette fois une sippi. Il grandit dans la ville natale de Jimmie excellente country song composée par Mel Rodgers, dans une famille de musiciens qui Tillis, le classique « Détroit City », l'histoire DEFORD BAILEY lui inculque l'amour de la Country Music. Ses pathétique d'un country boy déraciné qui fait parents installés au Texas, à San Antonio il croire à ses parents et amis qu'il a réussi dans DeFord Bailey est né en 1899 près de joue dans l'orchestre de son père et devient la grande ville, alors qu'il y vivote misérable- Rome (Smith County) au Tennessee. Para- dresseur de chevaux sauvages, récoltant quel- ment. En 1963 il enregistre un vieux morceau lysé partiellement durant son enfance il pro- ques cuisantes blessures. En 1974 il enregistre de folk « 500 miles away from home » qui fite de sa convalescence pour apprendre l'har- pour le label GRC plusieurs albums dont « I deviendra en France le fameux « J'entends monica et la mandoline. Plus tard, vivant près Just Started Hatin' Songs Today » et « Bandy siffler le train » de l'ancien rocker Richard d'une gare, il sera fasciné par le bruit des The Rodeo Clown ». En 1975 il signe chez Anthony ! Citons également une bonne ver- trains qu'il essaiera d'imiter sur son harmo- Columbia et remporte son plus grand hit avec sion du « Miller's cave » de Hank Snow et nica. Installé à Nashville en 1918 il deviendra « Hank Williams You Wrote My Life », une « Times are gettin' hard » de sa composition. assez populaire pour avoir l'honneur d'être le chanson écrite dans le style williamsien et qui Tous ces hits sont disponibles sur l'album premier musicien présenté au show radiopho- constitue une véritable profession de foi. RCA US LSP 3479 « The Best of Bobby nique du Grand Ole Opry, le 10 décembre L'album du même nom (US Columbia 34091 Bare ». Mais malgré quelques réussites ce 1927. Le fait d'être Noir ne l'empêcha nulle- en 1976) enregistré à Nashville avec les meil- disque ne représentait pas le « Best » de Rockabilly, Country and Western, Bluegrass, Western Swing, Cajun, Country-Rock, voici autant de mots qui définissent des styles ayant tous un dénominateur commun: la musique blanche du sud des Etats-Unis. De Elvis Presley à Dolly Parton, de Hank Williams à Bob Wills, de Jerry Lee Lewis à Carl Perkins, tous se réfèrent (à leur manière) à la sincérité de cette musique essentielle, qui a changé la face du monde. L'encyclopédie de Michel Rose, illus- trée de nombreux documents rares, nous plonge, pour la première fois et de façon complète et détaillée (avec une discographie analytique), dans cet univers.

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