Les Anarchistes Et L'organisation De Proudhon À Nos Jours D
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Proposition de (re)lecture : Résistance 71 Réalisation du PDF : JBL1960 Co-production de Novembre 2019 Page | 2 “Fonder la liberté des individus, en organisant l'initiative des masses.” P. J. Proudhon, Confessions d'un révolutionnaire, 1849. “J’ai cette conviction que le temps des discours théoriques, imprimés ou parlés, est passé. Dans les neuf dernières années, on a développé au sein de l'Internationale plus d'idées qu'il n'en faudrait pour sauver le monde, si les idées seules pouvaient le sauver, et je défie qui que ce soit d'en inventer une nouvelle. Le temps n'est plus aux idées, il est aux faits et aux actes. Ce qui importe avant tout aujourd'hui, c'est l'organisation des forces du prolétariat. Mais cette organisation doit être l'œuvre du prolétariat lui-même.” Michel Bakounine, Lettre aux compagnons de la Fédération Jurassienne, 1873. “Ce qu'il faut se fourrer dans le siphon, c'est que nous n'avons aucun appui à espérer. Notre biceps peut seul nous émanciper.” Émile Pouget, Le Père Peinard, octobre 1894. “L’anarchisme n'est pas une belle fantaisie, ni une idée abstraite de philosophie, c'est un mouvement social des masses laborieuses. Pour cette raison déjà, il doit rallier ses forces en une organisation générale constamment agissante comme l'exigent la réalité et la stratégie de la lutte sociale des classes.” Plate-forme organisationnelle du groupe des anarchistes russes à l'étranger, 1926. “On peut comprendre aisément pourquoi je ne peux rester indifférent à l'état d'insouciance et de négligence qui existe actuellement dans nos milieux. D'une part, cela empêche la création d'un collectif libertaire cohérent, qui permettrait aux anarchistes d'occuper la place qui leur revient dans la révolution et, d'autre part, cela permet de se contenter de belles phrases et de grandes pensées, tout en se dérobant lorsqu'il faut passer à l'action. [...] La responsabilité et la discipline organisationnelle ne doivent pas effrayer : elles sont les compagnes de route de la pratique de l'anarchisme social.” Nestor Makhno, Sur la discipline révolutionnaire, 1926. “Une organisation révolutionnaire est d'abord et surtout un moyen d'action effective du prolétariat dans son processus libérateur, et ne peut en aucun cas constituer une fin en soi. C'est un catalyseur radicalisant des luttes menées, un laboratoire vivant d'expériences et d'analyses, un lieu de confrontations, d'informations, de liaison et de coordination. Son rôle essentiel consiste à répercuter, centraliser et rendre exemplaire tout le travail militant accompli par ses membres.” Groupe Kronstadt, Paris, 1971. Page | 3 TABLE DES MATIÈRES Présentation de l’auteur P. 6 I La faillite du socialisme et les échecs de l'anarchisme P. 7 II De l'individu stirnérien au producteur proudhonien P. 9 III Bakounine : Programmes de l'anarchisme révolutionnaire P. 12 IV L'organisation bakouniniste P. 16 V L'Alliance, l’AIT et l'affrontement avec Marx P. 21 VI L'AIT fédéraliste : apogée et disparition P. 27 VII La propagande par le fait et l'« Anarchie subventionnée » P. 33 VIII Anti-organisationnels et bombistes P. 40 IX De la libre entente au « Parti ouvrier anarchiste (CGT) » P. 46 X Les individualistes, la révolution russe de 1905 et le congrès d'Amiens (1906) P. 53 XI Le Congrès anarchiste international d'Amsterdam (1907) P. 59 XII Les cégétistes libertaires et les illégalistes (Bonnot et Cie) en action P. 70 XIII L'Union sacrée et la « der des ders » P. 77 XIV Le « mirage du soviétisme » et la crise de l’anarchisme P. 82 XV La Plate-forme organisationnelle du groupe Diélo Trouda P. 89 XVI Le débat sur la Plate-forme P. 95 XVII La CNT-FAI en 1936-1939 P. 105 XVIII L'OPB et la FCL (Fédération communiste libertaire) P. 113 XIX La sortie du tunnel : mai 1968 P. 120 XX Se donner les moyens de ses fins P. 126 TEXTES & DOCUMENTS P. 128 Présentation P. 128 Partie Générale P. 135 I La lutte des classes, son rôle et son sens P. 135 II La nécessité d’une révolution sociale violente P. 136 III L’anarchisme et le communisme libertaire P. 136 IV La négation de la démocratie P. 138 V La négation de l’État et de l’autorité P. 138 VI Le rôle des anarchistes et des masses dans la lutte et la révolution sociales P. 139 VII la période transitoire P. 142 VIII Anarchisme et Syndicalisme P. 143 Partie Constructive P. 144 1 Le problème du premier jour de la révolution sociale P. 144 Partie Organisationnelle P. 150 Les principes de l’organisation anarchiste — 1 L’unité idéologique — 2 L’unité tactique ou méthode collective d’action P. 151 3 La responsabilité collective — 4 Le fédéralisme — …/… Page | 4 GROUPE ANARCHISTES RUSSES À L’ÉTRANGER P. 161 AVANT-PROPOS — Le fond du problème — RIPOSTE À LA RÉPONSE DE QUELQUES ANARCHISTES RUSSES À LA PLATE-FORME P. 163 1 Les causes de la faiblesse du mouvement anarchiste P. 164 2 La lutte des classes dans le système anarchiste P. 165 3 Sur le problème de la direction des masses et des évènements au point de vue des idées — 4 L'idée de la période transitoire P. 166 5 Le problème de la production P. 167 6 La défense la Révolution P. 168 7 L'Organisation anarchiste P. 170 Piotr Archinov L'ANCIEN ET LE NOUVEAU DANS L'ANARCHISME (Réponse au camarade Malatesta) P. 171 L'Organisation « Nabat » en Ukraine 1919-1920 P. 177 Maria Isidine ORGANISATION ET PARTI P. 179 Piotr Archinov ÉLÉMENTS NEUFS ET ANCIENS DANS L'ANARCHISME (Réponse à Maria Isidine) P. 186 Georges Fontenis Sur l'OPB P. 189 Groupe Kronstadt Paris Projet de Principes organisationnels communistes libertaires P. 190 Organisation Révolutionnaire Anarchiste Contrat organisationnel P. 193 LE GROUPE – LA FÉDÉRATION LOCALE P. 194 LA FÉDÉRATION RÉGIONALE – LE PLENUM – LE CONGRÈS P. 195 RESPONSABILITÉS NATIONALES P. 196 LA TRÉSORERIE – LE BULLETIN INTERNE – SÉCURITÉ P. 197 ADMISSIONS – EXCLUSIONS – MODIFICATION DU CONTRAT ORGANISATIONNEL P. 198 ADDITIF : Contribution du Groupe Jules Vallès — Paris — à l'élaboration du Contrat organisationnel — NÉCESSITÉ D’UNE STRUCTURE D’ACCUEIL – CERCLES FRONT LIBERTAIRES IMPLANTATION DES CERCLES P. 199 INTÉGRATION DÉFINITIVE P. 200 Notes P. 201 LECTURES COMPLÉMENTAIRES (R71 – JBL1960) P. 207 Page | 5 Autonomie individuelle et force collective : Les anarchistes et l’organisation de Proudhon à nos jours Alexandre Skirda 1987 Alexandre Skirda est un historien français (1942 - ) anarchiste d’origine ukrainienne, spécialiste de la révolution russe et du mouvement makhnoviste de Nestor Makhno sur lequel il a profusément recherché et écrit. Page | 6 I. La faillite du socialisme et les échecs de l'anarchisme La Révolution française a inauguré l'ère des révolutions modernes. Son souvenir a hanté tout le XIXe siècle. D'autres Bastilles ont connu alors des assauts et peu à peu, de coups de main en insurrections, culminant avec l'extraordinaire bouillonnement de 1848 et le mouvement communaliste parisien de 1871, le projet révolutionnaire a pris forme. Depuis lors, la perspective de sa réalisation a incessamment préoccupé ses partisans. Or, au cours des tentatives et expériences menées en son nom, bien des difficultés sont apparues. Elles ont résidé tout autant dans une définition aussi précise que possible de ses objectifs que dans le choix des voies à emprunter pour les atteindre. Ainsi, tandis que ce siècle s'achève et qu'il aurait dû, selon les prévisions certaines des « prophètes » socialistes, voir s'accomplir l'« émancipation du genre humain», nous pouvons affirmer, sans crainte d'être démenti de sitôt, hélas, qu'il n'aura pas tenu les promesses suscitées à son début. Il devient, en particulier, de plus en plus évident que l'extraordinaire développement technique et scientifique ayant marqué notre époque n'a apporté qu'amères désillusions ou tragiques désenchantements à ceux qui avaient placé en ce progrès leurs espoirs de libération. Devant l'obstination des faits, l'Histoire a piétiné, patiné, puis dérapé dans tous les sens. Lorsque son masque est tombé, on s'est aperçu que de petits matins blêmes avaient succédé aux grands soirs révolutionnaires. Devant ces lendemains loin d'être radieux et chantants, peut-on en conclure que l'idée même de révolution sociale soit devenue obsolète ? Absolument pas. Nous sommes persuadés, quant à nous, qu'elle reste bien au contraire la seule perspective d'une société véritablement humaine. Ce nonobstant les conditionneurs, les obscurantistes et décerveleurs en tout genre ; ce, en dépit des modes et des looks, des faux nez socialistes et des crimes marxistes-léninistes ; ce, malgré les renégats à leur classe, les blasés et le je-m'en-foutistes apolitiques qui s'imaginent rester indemnes en se tenant à l'écart de la guerre sociale. Mais à quoi imputer le dévoiement et les échecs répétés de l'idéal révolutionnaire, son discrédit et un bilan « globalement négatif», subi malheureusement par une bonne partie de la population terrienne ? La réponse appropriée demanderait une longue et minutieuse étude de toute une série de facteurs et d'influences diverses. Nous espérons pouvoir ultérieurement mener une telle recherche ; pour l'heure, nous allons nous contenter d'en donner quelques éléments très condensés. Tout d'abord, il y a eu une confusion certaine sur l'idée même de révolution. Elle a été identifiée par les idéologues socialistes tantôt au « droit au travail » (en 1848), tantôt au droit du travailleur à disposer entièrement du produit de son labeur, puis à la simple organisation rationnelle d'une société de producteurs, ou bien encore et surtout à la conquête préalable du pouvoir d'État. Ceci dans le but de donner au gouvernail social la direction conforme aux intérêts de la classe la « plus nombreuse et la plus pauvre » — le prolétariat —, en fait à ceux qui se sont chargés de représenter sa « mission historique».