Mercier, Lucien (1946-...). Les Universités Populaires : 1899-1914
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Mercier, Lucien (1946-....). Les universités populaires : 1899-1914 : éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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LES UNIVERSITES POPULAIRES : 1899-1914 Éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle LUCIEN MERCIER LES UNIVERSITES POPULAIRES : 1899-1914 Education populaire et mouvement ouvrier au début du siècle Préface de Madeleine Rebérioux COLLECTION MOUVEMENT SOCIAL les éditions ouvrières ) 12, avenue Soeur-Rosalie 75621 PARIS CEDEX 13 DANS LA MÊME SÉRIE La Commune de 1871. Colloque de Paris, mai 1971. Langage et idéologies. Le discours comme objet de l'Histoire, par J. Guilhaumou, D. Maldidier, A. Prost, R. Robin. Mélanges d'histoire sociale offerts à Jean Maitron. Cahier n° 1 : Christianisme et monde ouvrier, études coordonnées par F. Bédarida et J. Maitron. Cahier n° 2 : 1914-1918 : l'autre front, études coordonnées par P. Fridenson. Cahier n° 3 : Mouvement ouvrier, communisme et nationalisme dans le monde arabe, études coordonnées par R. Gallissot. Cahier n° 4 : Le Patronat de la seconde industrialisation, études coordonnées par Maurice Lévy-Leboyer. Jaurès et la classe ouvrière, études recueillies par M. Rebérioux. L'ingénieur dans la société française, études recueillies par André Thépot. Les Universités populaires, 1899-1914, par Lucien Mercier. Tous droits réservés © Les Éditions Ouvrières, Paris, 1986 Imprimé en France Printed in France ISBN 2-7082-2518-9 PRÉFACE Université populaire : mesure-t-on aujourd'hui ce que pouvait signifier, au tournant du siècle, l'accouplement de ces deux mots ? Que les Saint-simoniens aient voulu, au lendemain des Trois Glorieuses, enseigner les prolétaires, hommes et femmes, d'accord. Mais c'était en 1830, et c'étaient les Saint-simoniens. Que l'intense, la constante demande ouvrière non seulement d'instruction mais d'école ait rejoint, dans une société qui s'industrialisait et s'urbanisait, les voeux d'une fraction croissante des notables conservateurs et républicains, le développement de l'enseignement primaire l'attestait, de Victor Duruy à Jules Ferry. Ils avaient finalement été entendus, ces délégués ouvriers à l'Exposition universelle de 1867 qui expliquaient que « le vote universel étant le plus grand honneur dont puisse jouir un citoyen », — celui-ci « doit savoir s'en servir ». Mais seule et c'était déjà — beaucoup la communale leur était vraiment ouverte. La République avait oublié l'enseignement technique et l'enseignement secondaire — restait l'apanage des fils de la bourgeoisie : en 1889 eh oui! l'année du centenaire de la Révolution Française — ils avaient été moins de 7000 à être déclarés dignes du titre de bachelier. Alors ! l'Université populaire... Même démultipliée en province en effet, même échappant enfin au quasi monopole des « cours libres » pour dames du monde enveloppées dans leurs fourrures — jusqu'en 1880-1890, les « vrais cours », les « vrais étudiants » on ne les rencontrait que dans les facultés de droit et de médecine —, l'Université française restait marquée du sceau napoléonien de la rigidité, de la fermeture, de l'élitisme social. Inutile de dire que l'idée même qu'un professeur pût se syndiquer eût paru grotesque : elle n'avait même pas encore effleuré les instituteurs. Quant aux « élèves des Écoles », ils pouvaient bien avoir jadis manifesté dans les rangs du peuple, ils semblaient l'avoir oublié, malgré l'apparition toute récente des premiers groupes d'étudiants révolutionnaires, anarchistes ou collectivistes, à Paris et à Toulouse, malgré l'engagement total d'un Jean Jaurès, aux côtés des mineurs et 8 LES UNIVERSITÉSPOPULAIRES des verriers depuis les grèves de Carmaux. Alors ! l'Université popu- laire, le mariage de cette institution réservée aux héritiers avec le petit peuple bruyant des villes, et surtout avec la classe ouvrière, des gens qui faisaient grève et dont les militants venaient de fonder la C.G.T., quelle absurdité! Et pourtant des centaines d'Universités populaires ont été fondées, pour les deux tiers à la demande des Bourses du travail ces premières cathédrales ouvrières. Et pourtant des centaines, des milliers d'intel- — lectuels — écrivains et savants, enseignants et artistes ont souhaité parler pour les ouvriers. Si bien que, exemple ou repoussoir, expérience vécue ou récit transmis par la mémoire, les U.P. sont devenues une référence majeure de notre histoire. Seulement, voilà, nul, avant Lucien Mercier, n'avait pris la peine d'en faire l'histoire. Fini, avec son livre, l'éternel recopiage des mêmes éloges et des mêmes plaintes. Ce qu'il nous donne à lire c'est une étude claire, forte et sagace des — conditions de naissance, de floraison et de décès ou de profonde — transformation des U.P. Ceux qu'il met en scène, ce sont les « upéistes » : l'ouvrier Deherme, cet inconnu, comme Anatole France, le philosophe Victor Basch comme le grand biologiste Emile Duclaux, bref les pères fondateurs des U.P., les orateurs auxquels il fut si difficile de renouveler le contenu de leur enseignement et leur manière d'enseigner; mais aussi, innombrables, ceux qui vinrent écouter, s'enthousiasmèrent, se lassèrent, cherchèrent ailleurs, ou, séduits par la chaleur fraternelle de « leur » université, souhaitèrent passer des leçons entendues aux « soirées familiales », de la parole du prof à celle de Labiche ; et enfin, d'Emile Pataud du syndicat des électriciens qui éteindra en 1907 les lumières de la ville... à Chartier, le secrétaire de la Bourse du travail de Bourges, les initiateurs ouvriers qui, avec leurs organisations syndicales, tirèrent plus tard des leçons de cette immense expérience nationale. Son étonnant dynamisme, sa vitalité, ses faiblesses même, le mouvement des U.P. les doit pour l'essentiel au choc frontal de l'affaire Dreyfus. Elles explosent en 1899, à l'heure où l'Affaire a mis à jour les profondes déchirures de la société française et les menaces qui planent sur la République idéale, celle qu'aimaient les républi- cains. Les syndicalistes qui se battent pour l'émancipation ouvrière ont gardé confiance dans l'instruction et l'échange mutuel des idées pour la faire progresser, face à un patronat répressif ou paternaliste, souvent les deux à la fois, et à un gouvernement hostile, indifférent, au mieux attentif. En diffusant leurs connaissances les intellectuels, eux, espèrent faire reculer les pulsions de barbarie raciste et de nationalisme grossier dont ils ont reconnu la présence chez ceux qui voulaient « pendre Zola » et mettre à mort « tous les youpins ». Ils ont découvert que l'école ne suffisait pas au combat contre l'ignorance, responsable à leurs yeux de tous les maux sociaux. Le savoir est à nous, partageons-le, distribuons-le en tout cas. Ces attentes, ces PRÉFACE 9 pratiques sociales étaient-elles conciliables ? Elles le furent un temps. Rencontre admirable. Mais brève rencontre. Les U.P. meurent en fait avec le dreyfusisme. Les enseignants entament, malgré l'action militante des premiers instituteurs syndicalistes, le repli sur le système enseignant qui va longtemps les caractériser. Puisqu'on ne peut communiquer avec les adultes, une seule solution à l'insuffisance scolaire : prolonger et démocratiser la scolarisation. Et la C.Q.T., en plein essor, met désormais l'accent sur la critique de l'instruction diffusée par l'école, sur l'urgence d'une éducation propre à la classe ouvrière, capable de former des prolétaires libres et fiers. Bien au-delà du syndicalisme d'ailleurs, voici le temps des mouvements d'éducation ouvrière spécia- lisés. De la J.O.C. aux Faucons rouges, de l'Université ouvrière fondée par le P.C.F. au Centre confédéral d'éducation ouvrière placé sous la responsabilité de la C.G.T., se multiplient, pendant l'entre-deux- guerres, les associations de masse, les instances qui entreprennent de socialiser enfants, jeunes et adultes, de leur donner cette éducation sociale pour laquelle l'école est jugée impuissante.