Encyclopédie Socialiste, Syndicale Et Coopérative De L
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ENCYCLOPEDIE "-- SOCIALISTE Ni- MDICALE & COOPERATIVE L'INTERNATIONALE OUVRIERE Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Universityof Ottawa http://www.archive.org/details/encyclopdiesoc07comp Encyclopédie Socialiste SYNDICALE ET COOPÉRATIVE de l'Internationale Ouvrière vu Tous droits réservés pour tous les pays y compris la Hollande et la Scandinavie. <^jOpyrighl by Aristide QUILLUT, édilcur, Paris, iqi3. LE MOUVEMENT SYNDICAL J.-B. SÉVERAC ' Encyclopédie Socialiste Syndicale et Coopérative de l'Internationale Ouvrière Publiée sous la direction technique de *^ — COMPÉRE-MOREL /Ij^I^J AVEC LA COLLABORATION DE BRACKE, député, P. BRIZON, député, HUBERT-ROUGER, député JEAN LONGUET, de "l'Humanité", PAUL LOUIS, CHARLES RAPPOPORT, SIXTE-QUENIN, député, J.-B. SÉVERAC, du " Mouvement Socialiste", de nombreux Secrétaires de Bourses du Travail, de Fédérations Socialistes, de Syndicats et Coopératives et de militants de tous les Partis socialistes du monde entier. '? *- DIRECTEUR-PKOPAGATEUR : -1 ^ JEAN-LORRIS Toute la Pensée Socialiste. Toute l'Action Ouvrière. Aristide QUILLET ÉDITEUR 278, Boulevard Saint-Germain, 278 PARIS f/X 21 S'il est un iJiouz'cnieiif .jiti a déliasse les cspéyaiids qu'on, (irait mis c^i lui. c'est bien le niou-i'emenJ: syndical. Si l'on avait dit aux compagnons des Associations de métier de jadis que les organisations syndicales grouperaient dans le monde, un siècle plus tard, prirs de dis millions de salariés, il est fort probable qu'ils se seraient refusés à le croire. Et pourtant rien d'éionnant à cclo. Il est certain que si la petit:? propriété et la petite et ir.oyenne industrie, frappées d'expropriation par le capital, n'avaient pas disparu^ les masses ouvrières et prolétarisées, moins denses et moins exploitées, n'auraient point songé à se grouper aussi solidement qu'elles le font aujourd'hui. C'est parce que les forces productives industrielles et ogri^ coles ont atteint un degré de développement formidable, ba- layant toutes les petites entreprises sous leur souffle puissant ; c'est parce que les modes de ventes et d'échanges, com- plètement transformés, ont provoqué la concentration du ( trafic commercial : c'est parce que les grands établissements financiers sont devenus les dispensateurs du crédit et, par là, de la vie et de l'existence de milliers et de milliers d'entre- prises privées et collectives, que le prolétariat, augmentant en nombre et en force, — mais sentant davantage peser sur lui le poids du Capital — a de plus en plus compris la nécessité de s'organiser afin de défendre ses droits et ses intérêts sou- vent violés et méconnus par ses employeurs. -i Aussi, rien de plus intéressant et de plus instructif que le livre de notre camarade et collaborateur Séverac. Ecrit avec beaucoup de méthode et avec une sûreté de documentation élogieuse à tous points de vue, l'ouvrage de Séverac se divise en trois parties bien distinctes. Dans la première, notre ami fait l'historique du mouvement syndical en France de i'/8ç à 1884, et de 188./. à nos jours. Parlant des corporations d'avant la Révolution, il nous énu- ntèrc toutes les péripéties des tentatives d'organisation du monde ouvrier sous le premier et le second Empire, après kl Révolution de 1848 et soim la troisième République^ avant la loi de 1884. Puis nous assistons à la naissance et au déve- loppement des Fédérations d'industrie et de métier, des Bourses du Travail et au premier, puis au second essai, de concentration ouvrière, et enfin à la constitution de la Confé- dération générale du Travail. Dans la seconde partie, l'auteur détaille l' organisation syn- dicale et fait connaître sa vie récile, depuis le Syndicat jus- qu'aux Fédérations d'industrie et de métier en passant par les Bourses du Travail avec leurs services de niutuai'ité^ d'en- seignement, de propagande, de résistance, et cela en donnant des statuts-types de Syndicats, d'Unions, de Fédérations et de Bourses. Puis, il consacre tout un chapitre — et ce 7i'est pas le moins intéressant — à la Confédération Générale du Travail pour la montrer telle qu'elle est, telle qu'elle fonc- tionne avec ses Sections, ses Commissions, ses Congrès, ses Conférences, énumérant ses campagnes, celles quelle pour- suivit tout aussi bien en vue de la diminution des heures de travail et de l'obtention de la semaine anglaise, que celles qu'elle mena contre la vie chère, l'alcoolisme, etc.. La troisième partie est exclusivement réseivée au )noui'c- mcnt syndical étranger. Passant en rez'ue l'Allemagne, l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Italie, la Suisse, la Belgique, lAutriche-Hongrie, etc., etc.,. Séverac permet aux lecteurs de juger et d'apprécier le colos- sal effort qu'ont dû faire nos camarades de l'Internationale syndicale pour en arriver à s'organiser aussi solidement ci aussi (^ulssatnment qu'iils le sont aujourd'hui. Il nous montre qu'en Allemagne, c'est du Congrès tenu à Hambourg en 1848 que date la première tentative d'organisa- lion, lit quand, yrâcc à lui. on a siiifi nos camarades alle- mands au traz'eis de leurs grèi'es, de leurs diz'isions inteslines et du réijime d'exception qui pesa sur eux de t8j8 à 1800, on reste stupéfait des résultats merveilleux qu'ils ont obtenus, et plus d'un parmi nous, enviera cette armée de plus de deux millions et demi de syndiqués qui a consacre près de I2j mil- lions de marck en l'espace de dix-neuf ans, de i8çi à 1910, a soulager les chômeurs, les malades et à assister les renvoyés, les invalides du travail, les familles des décèdes, etc.. Fuis, c'est l'Angleterre avec ses 2. ^4/. 461 syndiqués; les Etats-Unis avec ses i. y 10. 4^2 groupés: l'Italie avec ses 7^3-53^ travailleurs de la terre et de l'usine organisés, etc., etc. Bref, Severac n'oublie aucune nation. Les plus petites ont leur place. Et c'est avec un sein jaloux qu'il énumère les forces syndicales de chacune d'entre elles; qu'il écrîi leur histoire et analyse la psychologie de leur mouvement, laissant aux lecteurs le soin de conclure eux-mêmes. Désirant que son travail soit des plus complets, notre ami termine son ouvrage par un exposé détaillé des organisations internationa'les professionnelles, du Secrétariat international des Centres }iationaux des Syndicats et par la publication des textes des principales décisions des Conférences syndicales internationales. Aussi, suis-je persuadé que ce volume, bourre de faits, de chiffres, de documents et de pièces officielles, sera des plus utiles aux personnes désireuses de connaître et de suivre les manifestations de !a 7'ie ouvrière datis le monde entier. Et si trop souz'oit les adversaires du prolétariat — orga- nisé politiquement et économiquement sur so)i terrain de classe — critiquent son action. — sans la connaître — et blâment ses revendications — tout en les ignoraiit — trop souvent, aussi, nos propres amis sont insuffisamment outillés pour mener la canipagne et faire la propagande nécessaire en vue de faciliter et d'activer le recrutement syndical. l'ar son volume, écrit avec tout le talent et tonte l'impartia- lité dont il est capable, Séverac aura rendu service aux uns et aux autres, puisqu'il aura permis aux premiers de discu'.er en connaissance de cause et aux seconds d'utiliser toutes les armes nécessaires à l'action qu'ils désirent mener. C'est pourquoi je tiens à le remercier d'avoir bien voulu collaborer à notre Encyclopédie Socialiste, Syndicale et Coo- pérative de l'Internationale Ouvrière, persuadé que nos lec- teurs constateront qu'il était un de ceux le plus qualifiés pour traiter cette « action syndicale » dont i! n'a jamais cessé de signaler toute l'importance dans le mouvement ouvrier moderne. COMPÈRE-MOREL. PREMIERE P^^RTIE HISTOIRE DU MOUVEMENT SYNDICAL EN FRANCE VII CHAPITRE PREMIER LE MOUVEMENT SYNDICAL EN FRANCE DE 178g à 1884 I. — Les Associations de métier et la Révolution. Il y a loin du Compagnonnage au Syndicalisme et des corporations du xviii^ siècle aux syndicats de notre temps. .C'est pourtant dans les associations de métier de l'Ancien !l Régime qu'il faut chercher les premières manifestations Ide la cohésion ouvrière. Elles se présentaient d'ailleurs avec de tels caractères qu'elles devaient disparaître avec la Ré- fvolution. La grande industrie, en effet, ne pouvait pas s'ac- "jcommoder des obstacles que leurs droits mettaient à son développement. Toute entrave apportée au libre jeu de la concurrence était une entrave à la grande industrie. Or, les corporations avaient le privilège de la production de certaines marchandises ; elles pouvaient, en outre, pour assurer à leurs membres de meilleures conditions de travail, limiter arbitrai- rement le nombre des ouvriers de tel ou tel métier, c'est-à- dire gêner le capital dans son achat de la force de travail. Aussi les privilèges que les corporations avaient lentement I } acquis disparurent-ils avec ceux de la noblesse et du clergé, I » La nuit du 4 août sanctionna leur ruine. Si les ouvriers perdaient ainsi les privilèges que les corpo- rations n'assuraient d'ailleurs qu'à certains d'entre eux, au moins gardaient-ils, comme tous les citoyens français, le droit de se concerter et de se réunir, « L'Assemblée Nationale — dit le décret du 21 aoi^t 1790 — déclare que les citoyens ont le droit de s'assembler paisiblement et de former entre eux des Sociétés libres, à la charge d'observer les lois qui régis- sent tous les citoyens. » Ce droit lui-même n'allait pas durer — 4 — longtemps. Dès le 2^ août 1791, un arrêté de la Commune de Paris essayait de limiter le droit de coalition ouvrière et, deux mois après, l'Assemblée Constituante, sur la proposition de Le Chapellier, prohiba toute association entre gens de même métier.