Sacha Il a Été Tiré De Cet Ouvrage, Sur Pur Fil Lafuma, Cent Exemplaires Numérotés De 1 a 100 Et Vingt Exemplaires Hors Commerce Marqués H
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
SACHA IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE, SUR PUR FIL LAFUMA, CENT EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS DE 1 A 100 ET VINGT EXEMPLAIRES HORS COMMERCE MARQUÉS H. C., CES CENT VINGT EXEMPLAIRES CONSTITUANT L'ÉDITION ORIGINALE. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction interdits pour tous pays, y compris l'U. R. S. S. Copyright by LES ÉDITIONS DE L'ÉLAN, 1950. ALEX MADIS SACHA « Mon nom était fait, je me suis fait un prénom. » SACHA GUITRY. ÉDITIONS DE L'ÉLAN RUE LA FAYETTE, 114, PARIS (X DU MÊME AUTEUR Simone est comme ça, avec Yves Mirande. (Théâtre des Capucines.) Chouchou poids plume, avec Jacques Bousquet. (Théâtre des Nouveautés.) Rends-moi ce petit service. (Comédie Caumartin.) Chipée. (Théâtre de l'Avenue.) Couchette n° 3, comédie musicale, lyrics d'Albert Willemetz, musique de Joseph Szulc. (Théâtre des Capucines.) Les dessous de la robe, avec Pierre Veber. (Théâtre du Palais-Royal.) Matricule 33, avec Robert Boucard. (Théâtre de l'Apollo.) Divin mensonge, comédie musicale avec Pierre Veber, couplets de Hugues Delorme, musique de Joseph Szulc. (Théâtre des Nouveautés.) Attends-moi. (Théâtre des Nouveautés.) La main à la pâte, avec Paul Armont. (Théâtre des Galeries Saint-Hubert, Bruxelles.) OUVRAGES EN UN ACTE L' armiversaire. Le besoin de gloire. Les surprises de l'Hôtel des Ventes. LETTRE A SACHA Mon cher Maître, Ceux qui vous aiment et vous admirent sans vous connaître vous appellent : Sacha. Ceux qui vous admirent et vous aiment encore davantage parce qu'ils vous connaissent, vous appellent également : Sacha. Même ceux qui font mine de vous haïr et qui se donnent tant de mal pour ne pas vous admirer, vous appellent sur un ton de tendre inimitié : Sacha. Alors, puisque l'union nationale s'est faite sur votre prénom, je ne vois pas pourquoi j'irais chercher pour ce livre un autre titre que celui qui vous désigne le mieux aux yeux de tous. Fidèlement à vous A. M. AU LECTEUR Il y a une grande part d'inédit dans ce livre, mais la célébrité de Sacha fait que vous connaissez déjà certains événements de sa vie, relatés ici et que je n'ai pas cru devoir altérer, dans le seul désir de faire œuvre originale. Ainsi, par exemple, la date de sa naissance reste inchangée : 21 février 1885, et si, au risque de paraître routinier, je soutiens, moi aussi, que le maître est né à Saint-Pétersbourg, c'est uniquement parce que cela est exact. Il en va de même pour ses années scolaires et pour celles de ses débuts au théâtre, qu'il a contées lui-même dans le premier et, jusqu'à nouvel ordre, unique volume de ses Souvenirs. Toutefois, Sacha s'étant plu à les évoquer, ces années, de vive voix, au hasard de nos entretiens, vous aurez, en parcourant cette première partie, la primeur de maints détails restés vivaces au fond de sa mémoire comme braise sous la cendre. Par contre, les chapitres concernant la période qui va des débuts du maître jusqu'à nos jours comportent une multitude de faits couverts jusqu'ici par le silence, ou à peine ébruités, ou encore telle- ment déformés par la légende que j'ai dû les rétablir dans leur vérité. Ce livre, dans son ensemble, est donc étayé d'une part par mes lectures et recherches per- sonnelles et, d'autre part, par des confidences que j'ai eu le bonheur de recueillir des lèvres du maître et qui deviennent ainsi comme des « souvenirs » de seconde main, en attendant que la première main, la seule qualifiée, prenne un jour le temps de leur donner leur tour inimitable. A. M. FERMEZ CE LIVRE, SI... La loi, qui a pris tant de dispositions, — souvent en vain, — pour empêcher les gens de dire du mal de leur prochain, n'en a prévu aucune pour le cas contraire. Nulle interdiction ne frappe celui qui a l'envie étrange de faire l'éloge de son voisin. Aucune limitation, aucun rationnement ne sont imposés au pouvoir d'admirer. Il faut croire qu'aucun abus n'est à craindre de ce côté-là. Cette licence, l'heure est venue pour moi d'en tirer parti, puisque enfin l'occasion m'est offerte de parler du prodigieux homme de théâtre qu'est Sacha Guitry, de son œuvre, de ses talents, de son génie. Je lâche exprès le grand mot tout de suite pour qu'aucun malentendu ne puisse subsister entre le lecteur et moi. Que ceux qui considèrent que le génie n'est pas le fait des vivants veuillent bien fermer ce livre à l'instant même et attendre de longues, de très longues années, j'espère, avant de le rouvrir. Ils pourront proclamer alors tout à leur aise qu'ils avaient toujours vu juste, qu'ils n'avaient jamais songé à confondre l'auteur de Jean de la Fontaine, de Debu- rau, du Veilleur de nuit, de L'Illusionniste, de La Jalousie, des Deux Couverts, d'Un Sujet de roman, avec le lot habituel des amuseurs et qu'ils l'avaient toujours placé à son rang aux côtés de Marivaux, Beaumarchais, Alfred de Musset, Henri Becque, Georges Feydeau, au sein de cette Académie ély- séenne, composée de vrais immortels, celle-là, et que préside Molière. Ils iront répétant cela, ces connaisseurs à retarde- ment car, chez eux, le manque de jugement personnel est compensé par une mémoire pour ainsi dire mécanisée. Et écouter.s'ils n'ont pas d'oreilles pour entendre, ils en ont bien pour Quant à leurs enfants ou à leurs petits-enfants, ils vous détesteront, cher et grand Sacha, tant qu'ils n'auront pas fini de copier et de recopier en classe Pasteur ou Béranger par tranches de cent lignes. Mais ils vous aimeront comme vous aimez qu'on vous aime, aussitôt qu'une compagnie d'acteurs jouant simple et jouant juste, aura restitué, pour la première fois devant eux, à l'un de vos ouvrages ailés son originelle fraîcheur. Oui, il vous faudra passer par là, car, vous ne l'ignorez pas, c'est à ce prix qu'on devient un classique. Disons, à la décharge des admirateurs quelque peu traînards, que les grands auteurs comiques sont rarement appréciés à leur valeur, leur vie durant. Rien n'est plus difficile que de faire admettre, par certaines gens, que là où il y a du rire, il se peut qu'il y ait du génie. C'est que, entre celui qui fait rire et celui qui rit, il s'établit une sorte de complicité qui prend, dans l'esprit de la grande majorité des spectateurs, un carac- tère de familiarité, voire d'amitié. Or, convenons-en, il faut avoir le cœur et l'esprit drôlement faits pour trouver du génie à un ami, même s'il en a, même s'il en donne des preuves éclatantes. L'on objectera que Sacha n'a pas écrit que des pièces comiques, qu'il nous a donné des ouvrages poétiques tels que Jean de La Fontaine, ou Deburau, ou dramatiques comme Pasteur, ou en demi-teinte comme Deux Couverts, ou en deux teintes, noire et rose, comme Mon père avait raison. En effet ! Et c'est avant tout à cela, me semble-t-il, qu'il doit la qualité de sa renommée. Mais parallèlement, il a doté notre théâtre de toute une série de chefs-d'œuvre à prédomi- nance comique qui ont pour titres : La Jalousie, Le Veilleur de nuit, Nono, La Pèlerine écossaise, Le Nouveau Testament, La Prise de Berg-op-Zoom, etc., etc., et sa célébrité ne peut que souffrir du préjugé défavorable qui a toujours pesé sur le destin des dispensateurs du rire, Molière inclus. C'est le jour où tout sera compté au carat, car il s'agit bien d'or, de diamant, que le trésor légué par Sacha appa- raîtra aux yeux de tous dans la plénitude de son éclat. Cela dit, notons à l'actif de notre époque que les plus grands esprits de notre pays ou d'ailleurs, les plus pénétrants aussi, ont discerné en Sacha, au tout premier contact, la divine présence du don, — les grands esprits, plus un géant un peu fantasque, turbulent parfois, aimant le plaisir, ayant horreur de le disséquer : le public. Comme j'en fais partie certains soirs moi-même, je suis un peu gêné pour en dire du bien. Oubliant un instant ma situation de spectateur, et ne pensant qu'à celle d'auteur dramatique qui est aussi, par intervalles, la mienne, je ne puis que vanter la réceptivité toute en finesse du public, pourtant très vaste, de Sacha. Le théâtre étant, par essence, triparti : auteur, interpré- tation, public, il est évident que les deux premiers éléments n'auraient rien pu sans le concours du troisième. Procédons par l'absurde. Voyez-vous Sacha faisant sa carrière en Lapo- nie? Et, puisqu'on décore des villes et des collectivités, je me demande pourquoi un grand ministre de l'Éducation nationale n'aurait pas l'idée, un jour, de donner le ruban de la Légion d'honneur au public parisien, pour avoir mérité du théâtre en aidant, par son talent, l'art dramatique français à prendre son merveilleux essor. , Je sais qu'il arrive au public, — ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, — de rire en se tapant les mains sur les cuisses devant les fantoches de quelque pièce, dont l'auteur tire plus ou moins adroitement les ficelles. Mais il faut voir aussi la tête qu'il fait, ledit public, à la sortie du spec- tacle. S'il n'est pas mécontent d'avoir ri, — c'est toujours ça de gagné, — il n'en est pas fier.