À La Franc-Maçonnerie!

Revue des francs-maçons du Grand Orient de Suisse

Zeitschrift der Freimaurer des Grossorients der Schweiz

Cahiers bleus Rivista dei liberi muratori del Blaue Hefte Grande Oriente della Svizzera Quaderni blù

Transmission (Roll@B)

No 69-03 / 2009

G∴O∴S

Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blù Revue des francs-maçons du Grand Orient de Suisse Zeitschrift der Freimaurer des Grossorients der Schweiz Rivista liberi muratori del Grande Oriente della Svizzera

No 69 - 03 / 2009

Sommaire Inhalt

Propos du Grand Maître 2 Nouvelles du GOS 4 L’initiative dite «Fonjallaz»... 9 50ème anniversaire du GOS 18 Impressions d’initiation 20

Agenda / Arbeitsplan 24

Prochain numéro: N° 70 - 06/2009 Délai rédactionnel: 15.05.2009 www.g-o-s.ch

Impressum GOS - Cahiers bleus Blaue Hefte Quaderni blù. Editeur: Grand Orient de Suisse: GOS - C.P. 2687 CH-1201 Genève 2. Administration: Association GOS, Ch. du Rocher 2, 1071 Chexbres. Site internet: www.g-o-s.ch. Rédacteur: René Mathey ([email protected]). Comité: Jacques Ney, Peter Hoffenberg. Impression: Argraphot Printing, Lausanne. La rédaction n’est nullement responsable des documents qui lui sont envoyés. Les articles signés n’engagent que leur auteur. Sauf avis contraire, les noms des auteurs ne sont pas indiqués.Copyright: reproduction autorisée avec la mention visible de la source et l’envoi d’un justificatif. Abonnement annuel: 25 FS. Abonnement annuel de soutien: 50 FS. Propos du Grand Maître (français, allemand, italien)

F∴ Jacques Ney

’après nos rituels, emäss unseren Ritualen soll sich der le Maçon doit se Freimaurer vom Profanen durch eine Ddistinguer du Pro- Ggerechte und vorurteilslose Mentalität fane par une manière de unterscheiden. Ich bin versucht, eine andere penser juste et dépouillé de Eigenschaft der maurerischen Denkweise vorzu- préjugés. Je suis donc tenté schlagen: das Pflichtbewusstsein. de proposer une autre caractéristique de la maniè- Zu einer Zeit wo die traditionellen Rahmen der re de penser du Maçon: la Gesellschaft brüchig geworden sind, ist es immer conscience de ses devoirs. häufiger zu beobachten, dass die Menschen Leistungen des Wohlfahrtsstaats beanspruchen, statt A une époque où les cadres sie durch eigene Anstrengung zu verdienen. Da die traditionnels de la société se Allgemeinheit aus der Summe aller Individuen lézardent, il est de plus en besteht, muss diese Haltung zum Untergang der plus fréquent que les hommes exigent des prestations Gesellschaft führen. de l’État-providence plutôt que de les mériter par leurs propres efforts. Si la collectivité est bien la Dagegen lehrt unser Orden, dass die Freimaurer somme des individus qui la composent, la généralisa- gemeinsam an einem Bau arbeiten und dass ihr Lohn tion de cette attitude ne peut que conduire la Société in der Befriedigung besteht, gute Arbeit geleistet zu à sa perte. haben.

Notre Ordre enseigne en revanche que les Maçons Wenn wir unter allen Lehren unseres Ordens auch se réunissent pour travailler, pour construire ensemble nur diesen einen Gedanken in der profanen Welt ver- un édifice et que leur salaire réside dans le contente- breiten könnten, hätten wir im öffentlichen Interesse ment que donne le travail bien fait. einen wichtigen Beitrag geleistet.  Si, de l’ensemble des principes de notre Ordre, nous pouvions répandre celui-ci et même celui-ci seulement dans le monde profane, nous aurions alors accompli un immense ouvrage d’intérêt général. 

2 econdo i nostri rituali, il Massone deve distin- guersi dal profano grazie ad una maniera di Spensare giusta e spoglia di pregiudizi. Io sono tentato di proporre un’altra caratteristica del meto- do di pensiero del Libero Muratore: la consapevo- lezza dei suoi doveri.

In un’epoca dove la società tende a poltrire, è sempre più frequente che i cittadini esigano delle prestazioni dallo Stato, piuttosto che meritarsele grazie ai loro sfor- zi. Se la collettività è la somma degli individui che la compongono, l’espansione di quest’attitudine non può che condurre la Società allo sfacelo.

Il nostro Ordine insegna in compenso che i Massoni si riuniscono per lavorare, per costruire assieme un edifi- cio, e che il loro salario risiede nella felicità data dal lavoro fatto bene.

Se, dall’insieme dei principi del nostro ordine, potes- simo trasmettere quest’ultimo, anche solamente quest’ultimo nel mondo profano, avremmo compiuto un’immensa opera d’interesse generale. 

3 Discours de clôture de la vicissitude des événements par la force des Loges. psychologiques, en devenant cons- Je m’explique. Il faut que les Loges du TRGM lors du cience intellectuelle du vrai. Cela représentent une force réelle et un des Convent 6008 revient un peu à dire: «la liberté non éléments de cette force est le poids en IBERTÉ, ÉGALITE et contrôlée n’est pas la liberté». membres. Mais attention, de membres FRATERNITÉ, furent les Nous voulons être une Obédience véritablement actifs. Lpensées fondamentales qui, libérale…d’accord! Mais respectons Il faut que les Loges soient dyna- au XVIIIe siècle, influencèrent l’édi- jusqu’au bout la règle du jeu… La miques et aient une volonté propre fice actuel de la F∴M ∴ reconnaissance de la dignité inhérente d’avancer, de se personnaliser, en un à tous membres de la famille humaine mot d’exister. LIBERTÉ, exige l’aptitude à en user, et de leurs droits égaux et inaliéna- Nous n’avons que faire de Loges nous nous voulons être une Obédience bles, constitue le fondement de la falotes, se regardant le nombril et pen- libérale; nous nous voulons être épris liberté, de la justice et de la paix dans sant que le simple fait d’exister est une de liberté; nous employons des mots, le monde; c’est ce que dit le préam- vertu, suffisante en soit, pour ne pas mais j’ai très peur que nous ne bule de la Déclaration des Droits de progresser. sachions pas ce qu’ils veulent dire. l’Homme. Il est indispensable que ce concept LIBERTÉ surtout! Ce mot qui fait Il faut que l’on se souvienne que ces de liberté soit suffisamment présent, partie de notre devise, qui fait partie de droits sont autant de devoirs: vivant à nos yeux, pour que nous nos traditions: Le Maçon libre dans Tes Droits sont Mes Devoirs. ayons envie de le partager et de le faire une Loge libre – Liberté – il faut bien La liberté finalement, si j’ose m’ex- partager avec le plus grand nombre. le dire est un mot terriblement usé, primer ainsi, c’est une contrainte. C’est notre devoir envers notre affreusement galvaudé, que les excès Non, et je vous répète ce que disait Obédience, que nos Loges soient for- oratoires ont vidé de sons sens: la Rousseau, «l’obéissance à la loi tes, et on ne peut être fort si l’on dort, liberté des discours patriotiques, et de qu’on c’est soi-même prescrite est si l’on végète et si l’on se complait celle des chants patriotiques, des devi- Liberté» dans la médiocrité. ses, et j’en passe. Force m’a été de constater, que ce La force collective qu’est l’Obé- Les philosophes classiques ont n’est pas le cas dans notre Obédience, dience, pour être libératrice de l’indi- décrit la liberté comme «un pouvoir car, si les Obédiences au cours de vidu, a besoin elle-même d’un contre- absolu de faire ou ne pas faire quelque l’Histoire de la Maçonnerie, se sont poids et ce contrepoids, ce sont les chose». Là on est dans le brut, dans le développées, leurs attributions se sont Loges vivantes et actives.Un des fon- fondement même de la liberté. C’est multipliées, et nous devons constater dements de la liberté est l’égalité, ou la ce que cela signifie dans l’absolu… que parallèlement plus les Obédien- justice, qui est une forme d’égalité. Mais nous ne sommes pas absolus, ces sont devenues fortes plus le Mais ces idées de liberté et d’égalité loin de là. Nous sommes des hommes, Maçon a été respecté. Pour jouer leur sont loin de former un ensemble avec tout ce que cela implique, avant rôle, les obédiences ont dû multiplier homogène. Car la Liberté est liée à tout de restrictions. leurs fonctions à mesure que la vie l’individu, à l’individualisme même La liberté n’est rien d’autre qu’un maçonnique se compliquait. de chaque être, l’égalité s’apparente dynamisme intellectuel qui fait que la Pour être libératrice, la force des elle, à l’universalisme. conscience est capable de s’affranchir Obédiences a besoin d’être contenue Ces notions d’égalité et de liberté

4 sont les deux éléments essentiels de Rede des Würde, die allen Mitgliedern der l’idéal maçonnique. menschlichen Familie und ihrer La liberté dont nous nous récla- Abschlußverhaltens entsprech und unveräußerlichen mons, c’est la liberté pour tous et non der versammlung Rechte inhärent ist, bildet die pour quelques-uns. Grundlage der Freiheit von der Justiz L’égalité vraie, c’est l’égalité au REIHEIT, GLEICHHEIT und vom Frieden in der Welt; es ist point de départ qui laisse à chacun la und BRÜDERLICHKEIT das, was die Präambel der Erklärung possibilité de courir ses chances, de Fwaren die grundlegenden der Menschenrechte sagt. faire valoir ses aptitudes et de déve- Gedanken, die im XVIII. Jahrhun- Es ist notwendig, daß man sich erin- lopper sa personnalité. dert das derzeitige Gebäude des nert, daß diese Rechte genausoviel La Fraternité est, non seulement le F∴M∴beeinflußten. Pflichten sind: Deine Rechte sind respect des règles établies; elle est une meine Pflichten. disposition spirituelle qui repose sur FREIHEIT erfordert die Eignung, Die Freiheit schließlich, wenn ich le sentiment profond et actif de la davon zu benutzen, wir uns wollen wage, mich so auszudrücken, ist es dignité humaine, sur le sentiment eine liberale Obedienz; wir wollen uns ein Zwang. d’une communauté spirituelle entre épris von Freiheit; wir gebrauchen uns Nicht und wiederhole ich Ihnen, les humains. Wörter, aber ich habe sehr Angst, daß was Meerbraum sagte „der Gehorsam Elle enrichit l’idée de justice. Elle wir nicht kennen, was sie sagen wol- am Gesetz, daß man es selbst vorges- élargit la notion de responsabilité. Elle len. chrieben wird ist Freiheit“. complète le sens de l’égalité. Elle FREIHEIT besonders! Dieses Wort, Kraft hat mir darin bestanden, daß vivifie et élargit la conception de das zu unseren Devisen gehört, die zu es nicht der Fall in unserer Obedienz Liberté. unseren Traditionen gehören: der freie ist, denn wenn die Obedienzen im Mais cette liberté est nécessaire au Maurer in einer freien Hütte - Freiheit Laufe der Geschichte der Maurer- Maçon qui veut atteindre son but: - man muß gut es sagen ist ein entsetz- arbeit sich entwickelt haben ihre construire le Temple. Quant à la liber- lich galvaudé schrecklich gebrauchtes Zuteilungen festzustellen, dies multi- té maçonnique tout court, il faut bien Wort, das die Exzesse rednerisch von pliziert, und wir müssen feststellen, avouer que dans la pratique, elle a été Sinntönen geleert haben: die Freiheit daß parallel mehr die Obedienzen souvent bafouée. der patriotischen Reden, die Freiheit mehr stark geworden sind der Maurer Je vous le dis: respectons la liberté der patriotischen Gesänge, der Devi- respektiert worden. Um ihre Rolle zu de l’autre et libérons-nous des idées sen und ich davon gehe über. spielen mußten die Obedienzen ihre préconçues; cherchez l’égalité en tant Die klassischen Philosophen haben Funktionen multiplizieren, in dem que respect de l’être humain afin d’é- die Freiheit als „eine absolute Macht Maße wie das maçonnique Leben sich tablir des relations meilleures entre beschrieben, etwas nicht zu machen erschwerte. nous. oder zu machen“. Dort ist man im Um befreiend zu sein die Kraft Choisissez la Fraternité comme Rohöl gerade in der Grundlage der Obedienz Notwendigkeit, durch die expression de l’amour fraternel créa- Freiheit. Es ist das, was das im Absoluten Kraft der Hütten enthalten zu werden. teur! Ce sont et seront toujours les bedeutet…, aber wir sind nicht abso- Ich erkläre mich, es ist notwendig, exigences de la F∴.M∴ servant aux lut, weit weg von dort. Wir sind daß die Hütten eine wirkliche Kraft F∴ de directives. Männer alles , was das impliziert, vor- darstellen, und eines der Elemente mit Il vaut la peine d’y réfléchir! her alles Einschränkungen. dieser Kraft das Gewicht in « En donnant la liberté aux esclaves, Die Freiheit ist nichts anderes als ein Mitgliedern ist. Aber Beachtung von nous assurons celle des hommes lib- intellektueller Dynamismus, der dazu wirklich aktiven Mitgliedern. res» (Abraham Lincoln). führt, daß das Gewissen fähig ist, sich Es ist notwendig, daß die Hütten Vive la F∴.M∴ Libérale et vom Wechselfall der psychologischen dynamisch sind und einen sauberen Adogmatique. Ereignisse freizumachen, indem es Willen haben vorzurücken, sich in  intellektuelles Gewissen des Wahren einem Wort zu personalisieren zu bes- wird. Das kommt zurück ein bißchen tehen. zu sagen: „die nicht kontrollierte Wir haben nur, Hütten zu machen Freiheit ist nicht die Freiheit“. falottes, die den Nabel und denken, Wir wollen… liberal einverstanden die daß die einfache Tatsache zu bes- sein! Aber hören bis zum Ende die tehen eine Tugend ist ausreichenden Spielregel… Die Anerkennung der sich anschauen, in, sind, um nicht

5 fortzuschreiten. Gleichheit am Ausgangspunkt, der Er davon ist das Leiden wert, darü- Es ist unentbehrlich, daß dieses jedem die Möglichkeit läßt, seine ber nachzudenken! Freiheitskonzept gegenwärtig genug, Chancen zu laufen, ihre Eignung gel- „Wir geben den Sklaven die lebend ist in unseren Augen, damit wir tend zu machen, und ihre Freiheit, und gewährleisten jene der Verlangen haben, es zu teilen und es Persönlichkeit zu entwickeln. freien Männer“ (Abraham Lincoln). mit der größten Zahl teilen zu lassen. Die Brüderlichkeit ist nicht nur der Lebhaft das F∴M∴ Liberal und Es ist unsere Pflicht gegenüber unse- Respekt aufgestellte Regeln; sie ist Adogmatique. rer Obedienz, daß unsere Hütten stark eine geistige Bestimmung, die auf  sind, und man ist nicht stark, wenn dem tiefen und aktiven Gefühl der man schläft, wenn man vegetiert, und menschlichen Würde auf dem Gefühl wenn man in der Mittelmäßigkeit einer geistigen Gemeinschaft zwis- complait. chen den menschlichen beruht. Die gemeinsame Kraft, die die Sie erweitert die Justizidee. Sie Obedienz ist, um vom Individuum erweitert das Verantwortungskonzept. befreiend zu sein, benötigt selbst ein Sie vervollständigt den Sinn der Gegengewicht, und dieses Gegen- Gleichheit. Sie belebt und erweitert gewicht, sind es die lebenden und die Freiheitskonzeption . aktiven Hütten. Eine der Grundlagen Aber diese Freiheit ist notwendig der Freiheit ist die Gleichheit oder die für den Maurer, der sein Ziel erreichen Justiz, die eine Art der Gleichheit ist. will: den Tempel zu bauen. Was die Aber diese Freiheits- und Gleichheits- maçonnique Freiheit betrifft ganz kurz ideen sind, weit entfernt eine einheitli- muß man jedoch gestehen, daß in der che Gesamtheit zu bilden, denn, wäh- Praxis sie oft verhöhnt worden ist. rend Ich Sie, der gesagt wurde: respektie- Freiheit ist verbunden mit dem Indi- ren Sie die Freiheit der anderen und viduum gerade am undividualisme befreien uns préconçues Ideen: von jedes Wesen, die Gleichheit glei- suchen Sie die Gleichheit als Respekt chen sich sie dem Universalismus. des menschlichen Wesens, um bessere Diese Gleichheits- und Freiheits- Beziehungen zwischen uns aufzustel- konzepte sind die zwei wesentlichen len. Elemente des maçonnique Ideals. Wählen Sie die Brüderlichkeit als Die Freiheit, von der wir uns for- Ausdruck der kreativen brüderlichen dern, ist es die Freiheit für alle und Liebe! Es sind und werden immer die nicht für einige. Forderungen des F∴M∴ Dient an Die wahre Gleichheit, ist es die den Br∴ von Richtlinien.

heureux d’être au monde et d’y voir clair...

LAURENT LOUP, OPTICIEN A GENEVE 15, rue François-Versonnex - 1207 Genève Tél. 022 735 70 20

6 Vient de titudes, de notre liberté et de notre La situation dramatique, dans importance dans l’histoire de l’uni- laquelle est plongée une grande par- paraître: vers. Il nous invite à investiguer sans tie du monde musulman pour des complaisance les causes de nos illu- raisons d’instrumentalisation poli- sions et de nos pesanteurs mentales, à tique de la religion, est souvent ana- dépasser le fonctionnement dualiste lysée comme rendant impossible la qui oppose et exclut pour s’exercer à mise en place de structures philoso- Monique Dumont (R∴L∴1499 la vision paradoxale qui concilie les phiques, corporatives ou ésoté- Condorcet, Droit Humain de opposés. riques qui exigent paix et discipline, Belgique):  reconnaissance de l’autre dans sa différence et fraternité, recherche Sophie PERENNE, La Vision para- spirituelle et cohésion sociale. Et doxale ou l’Art de concilier les oppo- pourtant ces structures se sont cons- sés, éd. Accarias L’Originel, 2009, 128 tituées dès les premiers temps de pp. l’Islam. Cet ouvrage permettra, souhaitent les auteurs, de replacer Qui sommes-nous? Quel est le sens l’Islam dans la marche de l’humani- de notre vie? té et de l’humanisme. Comme en Après avoir exploré la vision que les Occident, où les structures des traditions ésotériques offrent de notre anciennes corporations avec leur nature et notre finalité, Sophie initiation progressive, la chevalerie, Perenne voyage à travers les sciences les cercles d’intellectuels comme pour confronter leurs réponses à celles ceux d’Oxford, auront préparé l’é- des enseignements traditionnels. closion, au XVIIIe siècle, siècle des Elle s’appuie sur les découvertes lumières, de la franc -maçonnerie actuelles pour nous entraîner dans une opérative, le monde musulman aura démarche de déconstruction et de offert, dans ses différentes compo- reconstruction personnelles, une muta- santes socioculturelles, géogra- tion intérieure de type initiatique. phiques et même religieuses, par le Il s’agit donc d’un livre de spiritua- rôle des confréries, des corpora- lité laïque empruntant à l’esprit scien- tions, de l’esprit chevaleresque tifique son humilité, sa défiance pour (Futuwwa), les mêmes possibilités les idées reçues, son aptitude à la remi- d’ouverture sur une appartenance à se en question. Il nous convie à plus de des structures philosophiques et lucidité devant la relativité de nos cer- humanistes.

LA FERME DU DÉSERT

IDA ET JEAN-MICHEL BELLANI

Restaurant Pierrefleur 74 1004 Lausanne Tél.: 021 646 51 76

7 Jean-Marc ARACTINGI est au 33e Le GOS s’extériorise... degré du Grand Orient Arabe et Grand Maître d’honneur. Il a appartenu à Paris à la Grande Loge de France. ...en participant, devant l’ONU, à une manifestation des Dames en Blanc, en Ingénieur et diplomate de formation faveur des détenus politiques à Cuba. (INA-PG, Paris I- Sorbonne, CEDS- «Une sincère et complète abnégation est une vertu préférable à toutes les ver- CID), ancien chargé de cours à l’ISAA tus. Aucune oeuvre d'importance ne peut être faite sans elle.» (Ecole d’Application de l’Agro- [ Maître Eckhart ] - Extrait de l' Instruction spirituelle ParisTech et de l’Ecole Polytech- nique) et à l’Université de Paris-VIII, il est le Président de l’association fran- co-arabe des diplômés des grandes écoles françaises. Auteur de la «Politi- que à mes trousses» (L’Harmattan, Paris, 2006), il prépare actuellement un ouvrage sur la géopolitique de l’Arabie au temps du Prophète. Christian LOCHON, ancien attaché culturel au Proche-Orient et en Afrique et ancien directeur des Etudes et de la Recherche du Centre des Hautes Etudes sur l’Afrique et l’Asie Modernes (CHEAM), est membre de l’Académie des Sciences d’Outre- Mer. Professeur à l’Institut de formation des Imams de la Grande Mosquée de Paris, il est l’auteur de « Islam, religion, philosophie, instrumentalisation politique» (Demos, Paris, 2007). Éditions L’Harmattan Service Presse et Promotion Pour ceux qui ne connaîtraient pas les 5, rue de l’École-Polytechnique- 75005 Paris membres du Grand Collège... Tél.: 01.40.46.79.23 e-mail: [email protected] 

8 L’initiative dite «Fonjallaz» ou l’histoire du jour où la Suisse a dit «oui» à la Franc-Maçonnerie!

F∴ GCP

’initiative dite «Fonjallaz» Maçonnerie, se dressaient en réalité fédéral, par 22 voix sans opposition. est un épisode de l’histoire contre le Pays. La force de conviction Soumise au peuple le 28 novembre Lqui a profondément divisé dont ils firent preuve leur permit de 1937, l’initiative «Fonjallaz» sera reje- la Confédération Suisse en des trouver à leur côté le précieux tée par tous les cantons, à l’exception temps troublés par des menaces réconfort des hommes conscients, non de celui de Fribourg. La participation totalitaires. Lancée voici exactement seulement de leurs droits, mais aussi au scrutin a été de 65,94%: 515’327 trois quarts de siècle, elle visait des devoirs qu’impose à ses fidèles la «non» et 234’980 «oui» furent dépo- notamment à l’interdiction de la Démocratie. sés dans les urnes. Franc-Maçonnerie. Aussi ignoble Le lancement de l’initiative populai- Qui est Fonjallaz? qu’elle fût, force est de reconnaître, re concernant la révision partielle de L’homme avec le recul du temps, que les l’article 56 de la Constitution fédérale Arthur Robert Gaston Fonjallaz est débats qu’elle provoqua instillèrent fut décidé le 11 février 1934, au issu d’une famille de notables de la dans le cœur de la majorité du peu- Casino de Berne, par l’«Action Riviera vaudoise. Il est né le 2 janvier ple le rejet de doctrines qui, alors Helvétique». Ce mouvement est une 1875 à l’Asile de Cery, au-dessus de que la crise et le chômage sévis- alliance conclue entre tous les Prilly, où sa mère était internée depuis saient, conduisit la quasi-totalité de «fronts» d’extrême droite, notamment neuf mois, après un premier séjour l’Europe à la guerre et à son horri- l’Union Nationale, dirigée par dans la maison de santé Sankt ble cortège de mort, de destruction Georges Oltramare à Genève, l’Ordre Pirminsberg, à St-Gall, en 1872. et de misère. National Neuchâtelois et la Ligue Son père, Charles, vigneron-proprié- Vaudoise. Visant à obtenir l’interdic- taire, né en 1819, a été vice-président On peut en effet se poser la question tion légale des soi-disant «sociétés du Tribunal de district de Lavaux, de savoir ce que serait advenu de la secrètes» telles que Francs-Maçons, membre du comité de surveillance du neutralité helvétique si les Frères qui Odd Fellows, Union philanthropique Crédit Foncier Vaudois, député radical nous ont précédés n’avaient lutté avec et autres associations similaires, elle au Grand-Conseil vaudois de 1849 à courage et détermination pour défend- recueillit 56’946 signatures dont 708 1861, conseiller national de 1854 à re avec la plus grande énergie le fon- furent invalidées suite à un recours de 1857, syndic de Cully de 1870 à 1879 dement de la démocratie qu’est la la Grande Loge Alpina. et colonel brigadier dès 1862! liberté d’association. Minorité infime Dans son rapport à l’Assemblée Excellent élève de l’école primaire, des citoyens1, ces Frères ne pouvaient fédérale du 4 septembre 1936, le Arthur Fonjallaz est admis en 1885 au à eux seuls convaincre la majorité du Conseil fédéral conclura au rejet de Collège industriel mixte de Cully où il peuple2 de la nécessité de s’opposer cette initiative, sans proposer de cont- passe trois ans pour émigrer ensuite à aux visées des forces de l’obscurantis- re-projet. Le Conseil national suivra Saint-Gall, jusqu’en 1891, afin d’y me et de démolition qui, en ayant l’air cette recommandation par 106 voix fréquenter l’Institut Lutz de Kronbühl. de se lever contre la Franc- contre 2 (l’unique député frontiste, Ensuite, il intègre le Collège de Tobler, de Zurich, et, curieusement, Genève, puis la section classique du 1 On compte alors cinq mille Francs-Maçons en Gottlieb Duttweiler, patron de la Gymnase cantonal à Lausanne dont il Suisse Migros et chef du groupe des indépen- sera expulsé pour avoir frappé le 2 Lorsque l’initiative sera soumise au peuple, le 28 novembre 1937, les électeurs sont au nombre de dants). Pour sa part, le Conseil des directeur, M. Viret, d’un coup de 1'187'637. États se rangera à l’avis du Conseil poing au visage!

9 E.M.G. à la brigade de montagne, il devient lieutenant-colonel en 1915 et chef de l’Etat-major de la IIe division, puis commandant du Régiment neu- châtelois en 1916 pour être promu colonel en 1920. Il prend le comman- dement de la brigade d’infanterie 5 (régiments 9 et 10) en avril 1921, puis de la brigade d’infanterie 4 l’année suivante. Selon une dépêche de l’ATS qui figure dans les archives vaudoises, son avancement fut donc brillant, rapi- de, justifié et nullement contesté. Forte tête, estimant être incompris de ses supérieurs, il démissionne de ses fonctions en avril 1923. On dira qu’il estimait avoir été écarté d’un avancement par une intrigue de Extrait d’un article paru dans le quotidien Francs-Maçons. Il faut relever qu’en francs! genevois «Travail» du 8 janvier 1934 1921 le poste de chef de l’E.M.G. était En 1924, le prince persan Salar ed Suivant la volonté de son père, décé- à repourvoir et que les officiers Dovlet, de la famille des Khadjars dé cinq ans plus tôt, Fonjallaz entre en romands intéressés, dont Fonjallaz, détrônée un an plus tôt par Reza 1893, âgé de 18 ans, à l’Académie mili- avaient été écartés au profit du colonel Pahlavi, envisage de reprendre le pou- taire de Modène, en Italie, sur recom- Emil Sonderegger, grand industriel du voir par la force. Lors d’un séjour à mandation du Conseiller fédéral Louis textile et officier de milice qui, en Lausanne, Salar ed Dovlet, 33e degré Ruchonnet. Il en sort deux ans plus 1918, avait conduit l’armée contre les qui a fondé une Loge en Palestine, tard, avec le grade de «sottotente» ouvriers de Zurich lors de la grève charge Fonjallaz, sur recommandation (lieutenant). Rentré en Suisse il fait générale. Sonderegger démissionnera d’un Franc-Maçon, de recruter une immédiatement son école de recrues, à son tour de ses fonctions un mois centaine d’officiers et de les diriger suivie de celle d’aspirant. En novemb- après Fonjallaz. Les deux départs sont aux frontières de l’Iran où ils devraient re 1895, il est nommé lieutenant d’un sans doute liés. mener une expédition militaire. bataillon de fusiliers et embrasse la L’affairiste Moyennant les promesses de son carrière militaire. Fonjallaz rencontre Mustapha commanditaire quant à l’octroi futur Arthur Fonjallaz épousera une Kemal Atatürk en novembre 1922, de concessions de monopoles en Grisonne de bonne famille en avril lors de sa première visite à Lausanne. Perse, Fonjallaz réussit à convaincre 1901: Emmy Margaretha Gelser, fille Le mois suivant, il organise, en sa des financiers français de soutenir ce d’un pharmacien; elle gagnera le gros qualité de président de la Société suis- projet. Il engage des mercenaires lot de la loterie du Musée de se des amis de la Turquie, une récep- parmi d’anciens officiers tsaristes et l’Engadine. Il s’agit d’une maison tion au Lausanne-Palace, en présence d’anciens légionnaires en leur versant valant la coquette somme de Fr. du général Ismet Pacha. En septembre des soldes anticipées et autres primes. 69’000! Deux fils naîtront de cette de l’année suivante, Fonjallaz conduit Sans faire appel aux engagés parisiens union: Gaston, en 1902, et René, en une mission suisse en Turquie pour de Fonjallaz, Salar ed Dovlet embarque 1907, qui étudieront respectivement le nouer des rapports économiques dura- en 1926 à Marseille pour se lancer droit et les lettres. bles avec ce pays. Trois mois plus tard dans une opération qui échouera. Fonjallaz s’éteindra le 29 janvier se constitue le «Syndicat des entrepri- Fonjallaz se retrouve alors avec une 1944 à Saint-Moritz, à l’âge de 69 ans, ses en Orient S.A.» qui réunit la plu- dette de plus de 600’000 francs sur les probablement des suites d’une insuffi- part des grands industriels tels que bras dont il rendra les Francs-Maçons sance cardiaque. Brown-Boveri, Von Roll, Ciment responsables! Durant l’hiver 1938- Le militaire Portland, Escher-Wyss, Machines 1939, Fonjallaz dénoncera Salar ed Promu major en 1909, Arthur Oerlikon, Eternit, Société industrielle Dovlet qui, de retour à Lausanne, fré- Fonjallaz commandera le bataillon de Neuhausen, etc. Cette aventure se quente une Loge de l’Avenue Ruchon- jurassien 24 de 1909 à 1913. Officier terminera par une perte de 200’000 net tout en ayant offert ses services à

10 von Ribben- mondiale. Dans une correspondance Comité central trop pour se avec le même Guisi, Fonjallaz écrit en le 27 mai 1934. faire admettre 1923 que la Suisse a besoin de vivre Constituée en dans les servi- en paix et de surveiller avant tout l’in- 1925 à Zurich, ces de propa- térieur et pas autre chose, faisant allu- la Heimatwehr gande allemands sion à la grève générale de 1918. Il est une organi- en Orient. Cette annonce qu’il se lancera dans la poli- sation qui, à ses affaire n’aura au- tique pour trouver des compensations débuts, n’a pas cune suite. à ce qu’il estime être l’injustice ! de liens avec Selon S. Frey3, Il quitte le Parti radical en 1928 pour l’étranger. Elle une centaine d’ac- rejoindre le tout nouveau Parti des se dote d’un tes de défaut de paysans, vignerons et artisans vaudois hebdomadaire biens concernant dont il sera candidat au Conseil natio- qui paraîtra jusqu’en 1935. Ses mem- Fonjallaz étaient en circulation en nal la même année. Deux de ses colis- bres sont majoritairement recrutés 1937. Sa vie d’homme d’affaire fut tiers seront élus; il obtient le troisième dans la campagne bernoise, notam- donc un désastre complet. meilleur score des candidats de la liste. ment dans les villages et vallées alpes- Le politicien En juillet 1929, son parti devenu le tres où les paysans sont couverts de Dans l’ouvrage qu’il lui a consacré, Parti national des paysans, vignerons, dettes et les sectes religieuses très dont la somme a largement inspiré la artisans et bourgeois le désigne en tant puissantes. La Heimatwehr fera élire présente contribution, Claude Cantini4 qu’éditeur responsable du quotidien trois députés au Grand Conseil bernois n’exclut pas qu’Arthur Fonjallaz ait Le Paysan Vaudois dont il sera l’édito- en 1934, au détriment des radicaux et été attiré, lors de son séjour à l’École rialiste jusqu’en janvier 1932. non pas du Parti paysan bernois militaire de Modène, par les théories S’inscrivant dans le courant anti- auquel appartient Rudolf Minger, l’un de Corradini, fondateur du mouve- rouge de l’époque, Le Paysan Vaudois des conseillers fédéraux qui s’affirme- ment nationaliste italien qui, en 1922, fait du fascisme une idée valable pour ra comme l’un des plus antinazis que fusionna avec le mouvement fasciste. l’Italie, mais pas nécessairement pour compta le Conseil fédéral durant la Italophile, Fonjallaz rencontre pour la Suisse. Le rapprochement du Parti Deuxième Guerre mondiale. la première fois le Président Mussolini national des paysans, vignerons, arti- Allégeance au «duce» à Lausanne, le 8 décembre 1922. Le sans et bourgeois qui s’opère avec les Une «entente cordiale» entre la «duce» a fait le déplacement pour par- autres partis bourgeois n’a pas l’heur Heimatwehr et le Front National s’ins- ticiper à la Conférence internationale de plaire à Fonjallaz qui se joint provi- taure à partir de 1933; elle sera consa- sur la Turquie. La rencontre est orga- soirement, en 1932, au Front National nisée par le consul Guisi auquel dirigé par l’ancien chef d’État-major 3 «Guide des orateurs pour la campagne de défense contre l’initiative frontiste Fonjallaz» Grande Fonjallaz a fait part de son méconten- Sonderegger, avec lequel il eût des Loge Alpina, Imprimerie André Seiler et fils, tement par rapport à l’attitude qu’il démêlés au sein de l’armée. Il adhère Neuchâtel, 1937, p. 49 jugeait anti-italienne des autorités ensuite à la «Heimatwehr», ou «Milice 4 «Le colonel fasciste suisse, Arthur Fonjallaz», suisses pendant la Première guerre suisse», qui le désigne au sein de son Editions Pierre-Marcel Favre, Lausanne, 1983

11 crée par l’envoi à Rome, en octobre de par l’État. la même année, d’une délégation Ce sont presque exclusivement ses commune conduite par Fonjallaz. Ce membres qui, le 11 février 1934, fon- dernier est considéré par la presse ita- dent au Casino de Berne une fédéra- lienne comme étant le «condottiere tion de tous les mouvements antis- naturel du Fascisme suisse». C’est à marxistes suisses: l’Action Helvéti- Rome que, le 17 octobre, Fonjallaz que. S’inspirant du Pacte fondateur de annonce la création de la Fédération 1291, sont déclarés ennemis de la fasciste suisse! Patrie: «le communisme, la Franc- La «Neue Berner Zeitung» écrira Maçonnerie, le socialisme, le libéra- que la sympathie des paysans bernois lisme politique, la propagande anti- pour Mussolini n’avait rien à faire chrétienne, la finance internationale». avec les tendances fascistes. La socia- Le Drapeau Rouge doit être déclaré liste «Berner Tagwacht» sera plus Gonzague de Reynold, écrivain et militant hors-la-loi. C’est lors de cette «Lands- incisive: «dans le passé les nationaliste «ami» de Mussolini. gemeinde» que sera lancée l’initiative Confédérés ne sont pas allés en Italie publier le Fasciste suisse, recueil des anti-maçonnique. À la fin de l’année, avec un ours en bois, mais avec tam- plus grandes rigolades de l’époque». Fonjallaz doit quitter la Heimatwehr bours, fifres et hallebardes et surtout Tout à fait exact, rigolades mises à qui a dénoncé en août sa relation avec pas pour lécher les bottes des grands part puisque, lors d’un interrogatoire l’Action Helvétique en raison de sa de ce pays, ni pour les adorer comme judiciaire à Lausanne, Fonjallaz glorification du fascisme italien. des dieux». avouera ultérieurement avoir reçu Chef fédéral de la Fédération fascis- La réaction de la presse romande d’Italie un million deux cent mille lires te suisse, Fonjallaz imite Mussolini sera plus floue. Seul le Droit du pour combattre la Franc-Maçonnerie pour structurer cette organisation. Il se Peuple, socialiste, prendra position en Suisse. réfère aux Helvètes plutôt qu’aux sous le titre «Le Führer vaudois chez La délégation conduite par Fonjallaz Romains et crée un service d’ordre: la Mussolini»: «Nous pensons que cette de retour en Suisse, la Heimatwehr se Garde nationale! Né à Lausanne, le sympathie de Mussolini va se traduire déclare en guerre contre les Juifs, les mouvement fasciste prendra le plus par quelques généreux subsides qui Francs-Maçons et la haute finance grand essor dans la partie catholique permettront au mouvement fasciste internationale. Elle proclame la lutte du Jura bernois, le Valais et le Tessin. suisse, résumé en la personne de M. le contre le parlementarisme et demande Des fédérations cantonales, régionales colonel Fonjallaz, de continuer à le contrôle de tous les partis politiques et des faisceaux envoient des délé-

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12 gués. Il s’agit, en vrac, de Bâle-Cam- colonel suisse, chef du groupe fascis- pagne, Vevey, Genève, Ajoie, Val- te, s’est-il livré à l’espionnage au pro- Terbi, Zug, Baar, Lucerne, Mézières, fit de l’Italie?» Ce même journal fait Berne-Nord, Berne-Ville, Neuchâtel, un véritable coup de théâtre en don- Soleure, Vaud, Zurich et Suisse orien- nant en lettres grasses le nom du colo- tale. Des syndicats fascistes, de style nel Fonjallaz. «Réaction», organe le corporatiste, seront créés, ainsi qu’une l’Ordre Politique National, à Genève, organisation d’étudiants fascistes. éditera un numéro spécial en janvier L’extension du mouvement fasciste 1935 pour dénoncer la campagne de suisse parmi les Suisses habitant en dénigrement qui vise les fascistes Italie provoque une réaction du suisses. Il attaque notamment le jour- Conseil fédéral. Ce dernier enverra Le Conseiller fédéralMarcel Pilet-Golaz nal socialiste «Le Travail» qui s’est (1889-1958) Gonzague de Reynold, en avril 1934, servi des révélations d’un jeune auprès du duce, dont il est l’ami, pour homme se disant Jacquier, ex-secrétai- Léon Nicole? calmer le jeu. Selon le ministre suisse re particulier du colonel Fonjallaz, ex- Cette affaire n’eût aucune suite pour Georges Wagnière, Gonzague de chef de la garde fasciste suisse du 1er Fonjallaz. Mais, à la fin du printemps Reynold réussira, en vrai Pharisien arrondissement, qui aurait déclaré: de 1939, ce dernier fait une offre qu’il était, l’exploit de critiquer l’acti- «1 Vu la réussite de l’initiative contre d’emploi en tant que lecteur et traduc- vité politique de Fonjallaz et de ses les Francs-Maçons, le colonel teur au Ministère de l’Information et partisans en Italie tout en parlant du Fonjallaz doit toucher 12 millions de la Propagande du 3e Reich. Aucune fascisme italien d’une manière élo- de francs promis par l’Italie. décision n’est prise à la fin septembre. gieuse, sympathique en manifestant sa 2 Il existe entre le fascisme italien et L’Ambassade allemande à Berne esti- confiance à Mussolini. le fascisme suisse un plan d’inva- mera que sa candidature devait être 1935 marque un tournant avec l’a- sion de la Suisse. écartée, jugeant que Fonjallaz était pogée et le début du déclin du fascis- 3 Le plan des fortifications de St- trop engagé politiquement et influencé me suisse que précipitera ensuite le Maurice, livré au colonel Fon-jal- par l’esprit anti-allemand des Italiens. rejet de l’initiative frontiste. laz par une autre colonel, a été En 1937, le journal «Die Nation», L’espion remis à l’Italie.» proche de l’Union syndicale suisse et Le quotidien genevois «La Suisse» Et «Réaction» de poser des ques- du Parti socialiste suisse, publie que le du lundi 31 décembre 1934 consacre tions faisant état d’une riposte de la Conseiller fédéral Pilet-Golaz a décla- quelques lignes à une grave affaire Franc-Maçonnerie à l’initiative du ré sans ambages que si «Fonjallaz ne d’espionnage dans laquelle serait colonel Fonjallaz, via le 2e Bureau du se tient pas tranquille, nous l’épingle- impliqué un ancien colonel de l’armée contre-espionnage français, et les rons dans une affaire d’espionnage». suisse. Cette nouvelle fait écho à un liens existants entre Me Marcel Gui- On pourra lire ultérieurement, dans le article du journal de Grenoble «Le nand, le commissaire Petite d’Anne- même journal, que le Conseiller fédé- Petit Dauphinois» intitulé: «Un ancien masse, 32e de la Franc-Maçonnerie et ral Obrecht était arrivé, suite à une

13 enquête policière, à la conviction que notre pays et outre-Rhin. A tel point Fonjallaz était impliqué dans une que, durant les jours qui précéderont la affaire d’espionnage industriel au votation, les citoyens catholiques sont détriment d’une fabrique d’armes adjurés par plusieurs de leurs chefs de soleuroise. rejeter cette initiative jugée dangereu- Le 25 janvier 1940, Fonjallaz est se pour la démocratie. arrêté à la gare de Schaffhouse alors Rejet de l’initiative par les Chambres qu’il veut prendre le train pour fédérales l’Allemagne. Détenant des documents Le Rapport du Conseil fédéral du 4 compromettants, il sera condamné en septembre 1936, publié dans le n° 37 février 1941 à sept ans de détention de la Feuille fédérale9, expose en long pour espionnage6. Il purgera une partie et en large ce qu’est la Franc- de sa peine à Bochuz pour être libéré Maçonnerie. Ce document est aujour- sous condition en avril 1943. Il s’é- d’hui encore d’une remarquable actua- teindra en janvier de l’année suivante. lité. On peut y lire que les Loges ne Campagne sous haute tension sont pas aussi puissantes que les Jean-François Pierrier7 a résumé Achille Grospierre (1872 - 1935) initiants le prétendent. Il indique que comme suit la campagne des partisans de l’appartenance des membres du Parti les Chambres fédérales ne comptent de l’initiative: «Fonjallaz et ses com- à la Franc-Maçonnerie (22e Condition alors que cinq Francs-Maçons. Aucun mensaux savent faire preuve d’astuces de Moscou, dite «Zinoviev», non des membres du Conseil fédéral, du et de grande habilité sur le plan du publiée)… Tribunal fédéral et du Tribunal fédéral racolage psychologique, particulière- Le délai de plus de trois ans qui des assurances ne serait membre de ment à la campagne où, en recourant sépare le dépôt de l’initiative de la notre Ordre. constamment à l’adjectif [judéo- votation populaire suscitera l’éveil des Selon notre Frère Silas Moeri, syn- maçonnique], ils jouent sur un antisé- consciences face aux dangers du fas- dicaliste qui a établi à visage décou- mitisme primaire toujours latent.8 La cisme et du nazisme, un éveil qui ira vert le recensement des Francs- superstition, même partiellement grandissant, tant les partisans de ces Maçons au service de la Confédéra- enfouie dans l’inconscient collectif, idéologies feront preuve d’activisme tion et de ses régies10, on compte alors est aussi sollicitée. Ainsi, au siècle et d’agressivité tout au long de la cam- 67 Frères parmi les 21’081 agents de dernier, le paysan vaudois disait [allâ pagne. Craignant que la crise écono- la Poste, 117 sur les 29’779 agents des à la chetta] pour aller à la Loge mique et l’important chômage qui en CFF, 35 sur les 3748 douaniers et 39 maçonnique. Or, en patois, [chetta] découle ne jette la classe ouvrière sur 9’447 fonctionnaires fédéraux. avait le sens précis de sabbat des sor- dans les bras de l’extrême-droite, Parmi les 3’000 noms de fonctionnai- cières. Ce qui est perdu au niveau des Achille Grospierre, secrétaire central res supérieurs de la Confédération langages ne l’est pas dans les esprits.» de la Fédération des ouvriers de la figurant dans l’Annuaire fédéral de La propagande frontiste utilisera aussi métallurgie et de l’horlogerie (FOMH) 1937, 258 seulement sont membres abondamment le thème de la «pieu- et conseiller national socialiste neu- d’une Loge. vre» maçonnique, qui s’infiltre par- châtelois écrit dans la «Lutte syndica- Dans un ouvrage édité à l’occasion tout. le» du 9 février 1935 pour, d’une part, du centenaire de la Grande Loge Dès le dépôt de l’initiative, les partis dissuader les travailleurs de céder au Alpina11, le même Silas Moeri décrit radical, libéral et socialiste prennent chant des sirènes et, d’une part, ainsi cette époque mouvementée clairement position contre. Le parti agra- demander au Conseil fédéral d’étend- rien est aussi contre, au nom de la re aux fascistes la décision administra- 6 Silas Moeri, « La Suisse et l’initiative Fonjallaz», in «La Franc-Maçonnerie en Suisse», Editions liberté d’association. Le Parti conser- tive prise à l’encontre des communis- de la Grande Loge Alpina, Berne, 1944, p. 409 vateur catholique finit par laisser la tes fonctionnaires: «servir le Pays ou 7 «L’état d’esprit en Suisse au temps du péril brun», liberté de vote, mais, au Tessin, il sou- servir Monsieur Fonjallaz, le subalter- Le Courrier, Genève, 1989 8 Voir le dernier roman de Jacques Chessex «Un Juif tiendra l’initiative. Quant au Parti ne de Monsieur Mussolini»! pour l'exemple», Editions Grasset, Paris, 2009 communiste, il y a plusieurs années L’assassinat de Gustloff, chef des 9 http://www.amtsdruckschriften.bar.admin.ch/show déjà qu’il a «excommunié» ses mem- Allemands nazis en Suisse, le 4 février Doc.do 10 in « Le Cheminot », organe de la Fédération bres. En 1922, sur ordre de Lénine et 1936 par David Frankfurter, étudiant suisse des cheminots, 12 novembre 1937, p. 1 de Trotsky, le IVe Congrès de l’Inter- juif, mettra le feu aux poudres, provo- 11 «La Franc-Maçonnerie en Suisse», Editions de la nationale a proclamé l’incompatibilité quant des réactions démesurées, dans Grande Loge Alpina, Berne, 1944

14 «C’est l’ère des Ligues et des Fronts cite? On ne saurait le prédire à coup poussant comme champignons sur le sûr. Même durant les débats parlemen- fumier répandu par les propagandes taires, on n’avait pas l’impression, au étrangères: Front Fédéral, Nouveau dire de leurs chroniqueurs, en une bien Front, Front National, La Nouvelle vive sympathie envers la franc- Suisse, Front Nationalsocialiste, maçonnerie et ses adeptes. Devant le l’Union Nationale, Ordre et Tradition, peuple, il sera plus facile de faire Ligue pour le Peuple et la Patrie, la mousser la question des influences Heimatwehr (Milice suisse). Ces mou- occultes qu’on lui prête et l’esprit sec- vements combattent, ouvertement ou ret qu’on lui reproche. En règle géné- sous le manteau, les Francs-Maçons; rale, ainsi que le déclare M. Béguin ils voient dans les Loges les non- dans «La Suisse», on n’aime pas la intoxiqués qui peuvent les empêcher franc-maçonnerie. Et le secret des d’arriver à leurs fins. Et ils voient urnes permettra de manifester une opi- juste, les anciens devoirs de la nion qu’on n’ose pas toujours expri- Maçonnerie philosophique ne disent- mer publiquement.» ils pas: Je jure de ne jamais pactiser Défense de la liberté d’association avec une dictature, qu’elle soit de On peut lire dans «La Sentinelle», droite ou de gauche.» organe des socialistes neuchâtelois et Lors du débat qui se déroula aux Sans commentaire... jurassiens édité à La Chaux-de-Fonds, Chambres fédérales en juin 1937 pour faut appartenir à d’autres organisa- édition du 3 novembre 1937, sous la décider du sort de l’initiative antima- tions! Au surplus, la question du plume d’Henri Jaquet: «Au moment çonnique (acceptation, adoption d’un droit d’association fait l’objet d’une de prendre une décision, l’électeur se contre-projet ou rejet), les groupes par- réglementation. Qu’on applique les souviendra que le lancement de cette lementaires se sont exprimés comme limitations qu’elle prévoit, si on initiative a été financé par des lires suit, selon le correspondant du quoti- l’estime nécessaire. Dans tous les italiennes. Lorsque Fonjallaz, accusé dien catholique «Le Pays», de Porren- cas, la franc-maçonnerie disparaî- d’avoir reçu de l’argent étranger, fut truy12, qui, soulignant d’emblée qu’au- trait-elle qu’il n’en résulterait pas sommé de s’expliquer, il avoua avoir cun groupe – pas même le groupe un grand mal pour le pays qui ne la collecté auprès des [Suisses] de Milan. conservateur – ne s’est rallié à l’initia- tient pas pour indispensable. Souvenons-nous aussi de la tive, écrit: - Quant aux conservateurs, rappelant République de Weimar: Hitler a com- - Pour les radicaux, c’est par recon- qu’ils sont les adversaires résolus mencé par martyriser et emprisonner naissance envers les grands esprits des seules lois d’exception qui frap- les communistes et les socialistes. issus de la franc-maçonnerie, c’est pent d’interdit les Jésuites et la Puis ce fut le tour des Juifs. aussi par amour de la liberté, qu’ils réouverture des couvents, ils ne sau- Aujourd’hui il suffit d’être chrétien repoussent l’initiative. raient approuver une nouvelle loi pour partager le sort des premiers - Pour les socialistes, tout en tentant d’exception fût-elle dirigée contre héros de la Liberté allemande. Certes. de se désolidariser du maçonnisme, leurs adversaires. En se plaçant au Nous comprenons que les ouvriers ne ils ne lui ménagent point leurs sym- point de vue de l’intérêt de l’Etat et soient guère enthousiastes pour défen- pathies, tout repaire de bourgeois de sa sûreté, le porte-parole conser- dre des hommes qui ne furent jamais endurcis que soient les Loges ! Ils vateur, M. Wick, ajouta qu’il ne croit leurs amis. Nous n’avons nous-mêmes voient dans cette association une pas nécessaire de frapper d’interdit aucune sympathie pour un mouvement pépinière de tolérance et de démo- les quelque cinq mille citoyens nettement anti-socialiste et même anti- cratisme bien compris et d’antifacis- encore groupés dans une organisa- social. Si nous nous opposons aujour- me! tion sur son déclin, mesure qui lui d’hui à ceux qui les attaquent, c’est - pour les libéraux, l’initiative appa- ferait plus de bien que de tort. Mais que nous estimons que la Démocratie raît comme une entreprise de basse pourtant il ne saurait approuver l’a- peut se défendre avec d’autres démagogie, la franc-maçonnerie pologie des loges et de leur activité, ayant perdu au surplus sa puissance telle qu’elle a été formulée dans le 12 Le Pays, Porrentruy, 11 juin 1937, page 1 et sa nocivité: la qualité de franc- rapport gouvernemental. 13 L’interdiction sera prononcée en 1937 dans les cantons de Genève et Neuchâtel ; le Parti com- maçon n’est plus, de nos jours, une Et le correspondant du Pays, J. G., muniste suisse sera interdit au plan national le 29 recommandation! Pour parvenir, il de conclure: «Que donnera le plébis- novembre 1940.

15 moyens. Affaiblir les droits constitu- Or, l’initiative actuelle, tant par les tiques luttent contre des tendances tionnels, c’est renier la valeur même hommes qui l’ont lancée et qui, du réactionnaires. Le mouvement ouvrier des grands principes de 1789. La sup- reste, ne sont pas catholiques, que a le devoir de suivre avec sympathie pression du Parti communiste13 a été le par les réactions qu’elle a déjà pro- les efforts des francs-maçons démo- premier pas. Nous refusons de faire le voquées, présente un caractère crates qui tentent de s’inspirer dans deuxième, persuadés que ce ne serait avant tout politique. C’est pourquoi leurs actes de l’esprit d’humanité qui pas le dernier. Les Démocraties ont un les évêques suisses croient devoir est l’idéal de leur association. (…) Le impérieux devoir, celui de maintenir s’abstenir de toute intervention offi- 28 novembre, la franc-maçonnerie bien haut, dans la guerre idéologique cielle à ce sujet. (…) suisse jouera, qu’elle le veuille ou que nous traversons, l’emblème de la La presse syndicale romande publie- non, le rôle de bastion avancé de la Liberté. Le Président de la Chambre ra de nombreux communiqués appe- démocratie ; elle sera la première tran- française vient de prononcer un dis- lant les membres des syndicats à s’op- chée de la liberté, la tranchée que les cours retentissant: la France, a-t-il dit, poser aux atteintes au droit d’associa- forces de l’obscurantisme ne pren- ne sera jamais fasciste. Les radicaux tion contenues dans l’initiative dront pas. »14 suisses n’ont pas osé, eux, affirmer «Fonjallaz». Traducteur et rédacteur Rejet massif de l’initiative liberticide cela pour notre pays. Devant cette de l’Union syndicale suisse, Théo par le peuple carence, il appartient au Parti socialis- Chopard écrit: «Il faut que le 28 Le 28 novembre 1937, c’est par te suisse de reprendre cette phrase et novembre les travailleurs abandonnent 515’327 voix contre 234’980 que le d’en faire une réalité. Voter NON le 28 toute idée préconçue à l’égard de la peuple suisse a repoussé l’initiative novembre, c’est travailler dans ce franc-maçonnerie. Les syndiqués doi- «Fonjallaz», faisant ainsi preuve sens.» vent se garder de succomber aux d’une grande maturité politique. Cette Le lendemain, 4 novembre 1937, on légendes pour le moins stupides répan- majorité de plus des deux tiers, avec la peut lire dans «Le Pays» que les dues par la réaction sur les francs- presque unanimité des cantons évêques suisses tiennent à préciser maçons. Notre rôle n’est pas de faire le (Fribourg étant le seul acceptant), sus- qu’ils n’ont jamais «été consultés ni jeu des forces mauvaises du pays. La cita des commentaires réconfortants pressentis» au sujet du lancement de franc-maçonnerie est une organisation de toute la presse qui constatera avec l’initiative antimaçonnique. Leur posi- qui a pour but, selon ses statuts, de tra- raison que les citoyens n’ont pas voté tion digne de Ponce-Pilate est la sui- vailler sous une forme symbolique ou pour ou contre les sociétés fermées, vante: philosophique au développement mais contre l’esprit autoritaire et poli- 1. L’Eglise catholique, par la voix de moral de l’homme et, partant, au bon- cier, pour la sauvegarde de la liberté ses Papes, a déclaré très clairement heur de l’humanité affranchie de tout d’association et des droits démocra- ce qu’elle pense de la franc-maçon- ce qui la divise et unit dans la vertu de tiques. nerie internationale, et interdit l’altruisme. Comme toutes les institu- «Le Cheminot», organe de la Fédé- absolument à tous ses fidèles de tions humaines, la franc-maçonnerie ration suisse des cheminots publiera donner à la franc-maçonnerie leur n’est pas parfaite. Il y a loin de la fièrement le 3 décembre 1937 «Nul ne adhésion. coupe aux lèvres. Elle reflète les saurait se réjouir davantage du résultat 2. Les évêques suisses, fidèles à leur contradictions de notre temps. Dans de cette consultation populaire que les constante ligne de conduite, esti- les organisations maçonniques, un organisations syndicales. Le vote ment qu’ils doivent rester à l’écart courant de gauche s’oppose à un cou- compact des travailleurs organisés est des luttes proprement politiques. rant de droite, des forces démocra- incontestablement à la base de cette

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16 imposante majorité démocratique. boycottés s’ils étaient commerçants. Nous pouvons donc marquer la date L’initiative «Fonjallaz» aura d’aut- du 28 novembre d’une pierre blan- res prolongements généralement che.» occultés par les historiens, prolonge- Mais que se serait-il passé si le sort ments qui pourront faire l’objet d’une des urnes avait été différent? Pour prochaine publication. notre Frère Silas Moeri, l’acceptation  de cette initiative aurait conduit notre pays sur le chemin de la guerre. Il écrit en 1944, à l’occasion du centenaire de la Grande Loge Alpina: «Abattre, pour se faire la main, les minorités jugées incapables d’offrir une résistance efficace, abattre donc la Franc-Maçonnerie; puis, l’un après l’autre, les partis politiques; enfin emboucher la trompette pour sonner la mort de cette vieille démocratie morte de ses excès, de ses erreurs, de son défaut d’adaptation aux concep- tions modernes, (…) Heures tragiques? Oui, tragiques, car elles auraient pu faire qu’aujourd’hui nous nous trouvions dans l’obligation d’ac- complir nos devoirs de bons Européens, d’envoyer des divisions fraîches dans l’Est… (…) Les Francs- Maçons suisses sont fiers d’avoir été au premier rang des combattants dans la haute lutte pour l’intégrité de nos institutions démocratiques. La Franc- Maçonnerie suisse a rempli un rôle historique d’union avec la grande majorité du peuple helvétique fidèle à ses traditions inséparables de la liber- té politique et d’idées humanitai- res.»15 Mais cette victoire de la Raison et la débâcle des Alliés qui suivit laissera de profondes cicatrices puisque de nombreux Frères, craignant pour leur vie ou leurs biens, donnèrent leur démission. Après la Deuxième Guerre Le comble: Annonce parue dans le quotidien conservateur catholique Le Pays, mondiale, la maçonnerie suisse a Porrentruy, le 27 novembre 1937. perdu la moitié de ses effectifs, tom- bant d’environ 5000 membres en 1935 à quelque 2500 en 1945! Il est vrai, à la décharge de ceux qui ont fait 14 «Solidarité», hebdomadaire de la Fédération suis- défection, que des Francs-Maçons ont se des travailleurs du commerce, des transports et subi des représailles durant cette de l’alimentation (FCTA), 13 novembre 1937, Neuchâtel période, soit en perdant leur emploi 15 «La Franc-Maçonnerie en Suisse», Editions de la dans les administrations, soit en étant Grande Loge Alpina, Berne, 1944, pp. 408-409

17 50ème anniversaire du G.O.S.

Un demi-siècle d’existence appelait une action marquante. Une Commission que j’ai le privilège de présider, a été constituée à cet effet et elle a souhaité que cet évènement soit l’occasion d’une fête et d’une commémoration. Pour la fête, une St Jean d’été en une tenue commune et les agapes qui suivent a été retenue pour le samedi 20 juin 6009 à Genève. Pour la commémoration, c’est l’ouvrage que vous tiendrez entre vos mains, qui se veut témoigna- ge de ce que la Franc-maçonnerie nous a apporté, comment elle nous a permis un autre regard sur le monde. Les textes étaient nombreux et de grande qualité, ce qui a rendu notre choix difficile pour le faire tenir dans le nombre de pages dont nous disposions. Nous pensons en notre âme et conscience avoir respecté dans notre sélection, l’esprit et le fondement des écrits qui nous ont été adressés.

Claude Halmoné, GC

Livre commémoratif La Commission remercie les RR.LL. et les FF. qui ont apporté à temps leur contribution en tenant compte des orientations du projet. Elle travaille actuellement à la sélection des textes, à la traduction d’une partie d’entre eux, à la recherche iconographique et à la mise en page. Le sommaire contiendra en particulier : avant-propos, mot du GM, textes et iconographie fournis par les LL, présentation des rites pratiqués par les LL du GOS, court historique du GOS, liste des LL avec leur timbre ou Logo, glossaire. Nous rappelons que l’objectif n’est pas de faire une galerie de portraits (de LL ou de FF), ni de s’ap- pesantir sur nos fonctionnements. Le livre doit pouvoir exprimer à tout lecteur, profane en particulier, ce qu’est la Franc-Maçonnerie, ses valeurs fondamentales et comment nous le vivons (de manière diverse, contrastée et complémentaire) au sein du GOS. La diversité des modes d’expression dans le matériau que nous avons reçu, permet une riche succession d’éclairages sur notre engagement. Nous incitons les LL et les FF de continuer à être actifs dans la promotion de l’ouvrage. Certaines LL ont déjà « revendu », à leurs FF ou à l’extérieur, la totalité de leur souscription, et sont donc en mesure de poursuivre dans cette voie. Ainsi, il nous parait tout-à fait réaliste que ce projet ne soit une charge ni pour la trésorerie du GOS ni pour celle des LL. 

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18 19 Impressions d’initiation

F∴ M.

l m’a été demandé d’évoquer, m’accueille commence par me bander pour le grand jour arriva je me trouvai pour cette docte assemblée, les les yeux, pour éviter toute indiscrétion à 17h à l’entrée ouest de la cathédrale Iimpressions que j’ai éprouvées m’explique-t-on et parce qu’un profa- de Lausanne, pour y recevoir mon pre- lors de mon initiation. ne ne saurait probablement souiller le mier enseignement révélateur. Cette Relater ses impressions d’un évè- Temple de son regard, pour me introduction au symbolisme des cathé- nement c’est faire appel à sa cons- conduire ensuite, au travers de ce qui drales me fût des plus bénéfiques, en cience affective plutôt qu’à son semble un interminable dédale, jus- me révélant moultes symboles à côté esprit rationnel et descriptif. qu’à la porte du Temple, à laquelle il desquels j’étais si souvent passé en les Il est des vécus éternels que l’éro- frappe pour que je puisse y être admis; ignorants, et en brisant ma tension sion du temps ne parvient pas à déroutante, ensuite, parce que privé de interne dans l’attente des évènements vieillir; comme le dit Voltaire: ce qui la vue, qui, dans la société actuelle, à venir. touche le cœur se grave dans la nous sollicite en permanence, c’est mémoire. Cette initiation demeure- comme si, pour formuler mes répon- ra à jamais, pour moi, un évènement ses, j’étais invité à un regard interne; d’une intensité particulière, le début déroutante, enfin, car les questions qui d’un renouveau spirituel et intellec- fusent de toutes parts, sur des sujets tuel. épars, semblent destinées à constater mes réactions à chaud en m’obligeant Cette cérémonie d’initiation ne peut à parler de moi et à livrer mes concep- toutefois se concevoir comme un évè- tions de façon spontanées à des nement autonome, mais plutôt comme inconnus, auxquels il me faut faire constituant un premier jalon, dans une confiance «aveugle» (comme, mon long voyage initiatique, au terme d’ailleurs, à l’hôte qui me conduit jus- d’un processus qui s’est enclenché par qu’au Temple) . la lettre de motivation que je vous ai Ayant été prévenu qu’un vote se adressé après un temps de gestation de tiendrait à l’issue de cette audition et plusieurs années. Les très agréables ayant eu l’impression d’avoir trébuché contacts que j’ai eu le plaisir d’avoir dans nombre de mes réponses, quel avec les enquêteurs, chargés de tester soulagement, le lendemain, d’appren- ma motivation et mon aptitude, m’ont dre que j’étais admis à l’initiation. permis de mettre un premier visage sur Mes lectures antérieures à ma requê- une confrérie dont ma perception n’é- te d’admission m’avaient enseigné, tait jusqu’alors, au mieux, que sans m’en révéler le parcours, que la livresque. Grâce à eux un coin du cérémonie d’initiation constituait une voile a été levé sur ce que représente la étape importante au cours de laquelle F∴ M∴, ses valeurs, sa démarche, ses le postulant était fort sollicité. C’est méthodes. donc avec une certaine appréhension Entrée Ouest de la cathédrale de Lausanne Le premier contact «grandeur natu- que j’attendais ce jour, qui fût marqué Au terme d’une attente, la cérémonie re» avec la loge et mes éventuels par d’abondantes chutes de neige qui d’initiation commença, à l’issue de futurs FF∴ fût mon passage sous le ont rendu l’accès au Temple impossi- laquelle plus rien ne serait tout à fait bandeau, expérience déroutante et ble et un report de la cérémonie devint comme avant. enrichissante. inéluctable. Etait-ce un signe? Porté par la succession des phases Déroutante, d’abord, car l’hôte qui Lorsqu’enfin la nouvelle date fixée du rite je n’ai pu assimiler ni interpré-

20 ter, à chaque étape, la signification et Me souvenant cependant que les le symbolisme qui s’y rattachaient, choses ne sont pas nécessairement ce comme je n’ai pu prendre conscience qu’elles paraissent être, un examen un du foisonnement de sentiments que peu plus approfondi me fît entrevoir j’éprouvais. une lueur d’espoir, apparemment Ce n’est que dans la solitude retrou- confirmée par l’augure prédisant vée, une fois l’agape achevée par un qu’en persévérant je verrai la lumière. chant rituel, qui clôturait la tenue, que Ce pouvait-il que ce réduit représente les sensations, que j’ai accumulées au une antichambre dans laquelle devait cours de cette mémorable soirée, ont s’opérer une transmutation me libé- commencé à se décanter; j’ai été impres- rant, après avoir fait table rase de mon sionné, ému et flatté. passé, de mes passions, d’un mode de Impressionnant m’est apparu le pensée passif et insouciant pour m’in- rituel respectueux d’une tradition troduire dans un monde d’émancipa- ancestrale qui se déploie en plusieurs tion personnelle ? Cet espoir de trans- phases; émouvant le fait d’être admis mutation n’est-elle pas également sug- dans une enceinte au sein de laquelle que diverses coupes contenant du gérée par les allusions alchimiques? ont siégé et siègent tant d’hommes pain, du sel, de la terre; ensuite mon Pour espérer renaître ne faut-il pas se honorables par leur sagesse et leur attention se porta sur les avertisse- départir de ses richesses éphémères et savoir, par leurs réflexions et leurs ments dont étaient tapissés les murs, de ses idées préconçues, représentés enseignements; flatté que vous me conseillant de partir si je ne peux par la remise de ses métaux? Est-ce m’ayez estimé digne d’être accepté me défaire des distinctions sociales, si que la perception du bonheur n’est pas parmi vous et, enfin, touché par la je suis animé de sentiments impurs, si inversement proportionnelle à son chaleur et la fraternité avec laquelle je ne suis pas décidé à m’améliorer. attachement aux biens matériels? vous m’avez accueilli. Sur la gravure qui me faisait face je Serait-il concevable que ce crâne ne Après avoir été «préparé» et avoir pouvais lire sur un ruban les expres- signifie pas seulement la mort qui été invité à remettre tous mes métaux, sions: «vigilance persévérance» sur- engendre la putréfaction de tous nos je fus conduit dans une pièce minus- montées d’un coq mais sous lequel attributs terrestres et sociaux, mais cule, peinte en noir et éclairée d’une figuraient, entre autre, à nouveau, un symbolise également cet espoir de seule bougie. Avant de me quitter, en crâne et un sablier. renaissance à une condition de vie fermant soigneusement la porte, qui Cette pièce m’apparu au premier supérieure? Est-il dès lors concevable ne semblait s’ouvrir que de l’extérieur, regard quelque peu inquiétante: l’om- que le chant du coq annonce le retour mon hôte me demanda de bien vouloir niprésence de la mort, le temps limité de la lumière, condition nécessaire répondre aux trois questions inscrites qui s’écoule inexorablement, l’évoca- pour que la graine, enfouie sous terre, sur une feuille intitulée «testament tion de l’acide sulfurique, les admoni- dans un état encore indifférencié et philosophique». tions murales, les aliments, qui dans primaire, qui s’assimilerait au mien, Seul face à moi-même j’explorai du d’antiques civilisations, devaient puisse espérer germer et se dévelop- regard ce réduit ténébreux. Je fus d’a- nourrir le défunt dans son voyage vers per si la terre est suffisamment fécon- bord interpelé par ce crâne, déposé l’au-delà, la corde à mon cou tels les de? négligemment sur cette tablette à côté condamnés à la pendaison pour crimes Et cette corde et ma tenue vestimen- d’autres objets tels, un sablier ainsi infamants et ignominieux. taire ne font-elles pas penser aux bour-

Le GM du GOS et son Collège, ont le pénible devoir de vous informer du départ pour l’Orient Eternel des FF∴ suivants:

André Sprenger Jean-Luc Berthoud Sylvie FIERS épouse de notre F∴Urs Mühlebach

Gémissons, gémissons, mais espérons...

21 geois de Calais qui se livrent coura- ses carcans et s’épanouir harmonieu- geusement à la mansuétude d’Edouard sement sur le plan moral et philoso- III d’Angleterre victorieux? Enfin, phique. Il me faudra beaucoup de per- cette renaissance si je devais en être sévérance pour poursuivre la tâche digne ne laisse-t-elle pas entrevoir, entamée et de vigilance pour ne pas nouvelle lueur d’espoir, un avenir fait m’en écarter. d’hospitalité, d’amitié et de loyauté Particulièrement solennels et émou- symbolisées par la présence du pain et vants furent ma prestation de serment, du sel, à moins que le sel soit destiné mon intronisation par le Vénérable à ma purification et le pain représente Maître et la remise des attributs liés à une dure nourriture spirituelle desti- mon rang. Une énorme joie m’empli le née à mon perfectionnement futur. Et cœur, car cet instant, encore plus que cet acronyme ne constitue-t-il pas une tout autre, concrétisait ma rupture invitation à une introspection pour y avec le passé et mon engagement dans découvrir une source de progrès? cette nouvelle voie. Que vous ayez Mes trois parcours initiatiques, les estimez que je sois admissible, que yeux toujours bandés, furent ma pre- vous m’ayez accordé votre confiance mière leçon d’humilité: ayant frappé à pour m’accueillir parmi vous me com- la porte celle-ci fût ouverte et sur foi bla de contentement. de mon hôte, l’entrée me fût accordée, L’invitation à participer à la chaîne mais uniquement l’échine recourbée, d’union consacra le fait d’avoir été dans un accoutrement débraillé, avan- accepté en tant que maillon au sein de çant à tâtons, titubant, trébuchant à cette confrérie. chaque pas sur les nombreuses embû- Les agapes qui suivirent furent un ches et ne conservant la position verti- moment particulièrement convivial cale que grâce à la main ferme qui me pour enfin faire connaissance avec guidait, le tout dans un vacarme qui ceux dont j’étais devenu un F∴ s’atténua lors de chacun des trois par-  cours. Mon tâtonnement physique n’est-il que l’expression de mon ignorance à laquelle la main ferme et ami- cale de mon hôte tente de pallier? Intimidante fut l’objet pointu (était- ce une épée?) posé sur mon cœur et la menace qui pèse dorénavant sur moi si je trahissais; désorientant furent les circuits et saisissant la coupe amère qu’il me fallu boire jusqu’à la lie. Les leçons tirées par le Vénérable Maître lors de chaque voyage, me firent encore mieux prendre conscience de mon ignorance, de mes passions qui tein- tent mes convictions et de la persévé- rance qui me sera nécessaire pour arpenter le chemin ardu que j’aurai à parcourir pour me perfectionner, car l’ «initiation» signifie le commence- ment, l’admission, non la maîtrise du savoir. Les intermèdes musicaux sou- lignèrent encore davantage la dignité de l’évènement. A plusieurs reprises au cours de cette initiation je me suis interrogé quant à savoir si ma faible nature, débordante de défauts, qui a tant à apprendre et à découvrir, aura la force de caractère, l’abnégation et la capaci- té intellectuelle nécessaire pour briser

22 23 Agenda des Loges du Grand Orient de Suisse Arbeitsplan der Logen des Grossorients der Schweiz

Genève Vaud Neuchâtel Fidélité & Liberté Evolution Cosmos 14, av. H.-Dunant Rue du Valentin 62 bis Rue du Temple 5 1205 Genève 1004 Lausanne 2014 Bôle 1er et 3e jeudis 2e et 4e jeudis 2e lundi et 4e mercredi Apollonius de Tyane Fraternité & Tradition 14, av. H.-Dunant Loge itinérante 1205 Genève 1er et 3e mercredis 2e, 3e et 4e lundis Bern Venoge Zum Flammenden Stern Le Lavoir Zentweg 19 Mozart & Voltaire 1305 Cossonay-Gare 3001 Bern 14, av. H.-Dunant 1er et 3e lundi 1. und 3. Freitag 1205 Genève 2e et 4e vendredis Benjamin Franklin Rue des Bosquets 7 1800 Vevey Les Trois Temples 1er et 3e vendredis 14, av. H.-Dunant 1205 Genève La Bonne Amitié e e 2 et 4 jeudis Rue du Valentin 62 bis 1004 Lausanne 3e mardi Les Amis de St-Jean 14, av. H.-Dunant Erasme 1205 Genève Rue du Valentin 62 bis Zürich 1er vendredi et 3e lundis 1004 Lausanne Heinrich Pestalozzi 1er et 3e lundis Falkenstrasse 23 Le Labyrinthe 8008 Zürich 17, r. Ferdinand Hodler Odyssée 1.,3. und 5. Mittwoch 1207 Genève Ferme du Désert 2er et 4e jeudis Pierrefleur 74 1004 Lausanne 1er et 3e mercredis Zug Carpe Diem Libertas et Progressus Av. de Vertou 1 Eschenweg 14 1110 Morges 6340 Inwill/Baar 1er et 3e mardis 1. und 3. Donnerstag