LE RENOUVEAU D’UNE LANGUE RÉGIONALE:

UNE ANALYSE DU MOUVEMENT OCCITAN MODERNE DANS LE SUD DE

LA

THE REVIVAL OF A REGIONAL LANGUAGE:

AN ANALYSIS OF THE MODERN OCCITAN MOVEMENT IN THE SOUTH OF

FRANCE

______

A Thesis

Presented to

The Honors Tutorial College

Ohio University

______

In Partial Fulfillment

of the Requirements for Graduation

from the Honors Tutorial College

with the degree of

Bachelor of Arts in French and English

______

by

Nicole M. Re June 2010 This thesis has been approved by

The Honors Tutorial College and the Departments of Modern Languages and English

______

Dr. Lois Vines Professor, Modern Languages Thesis Advisor and French Director of Studies

______

Dr. Josephine Bloomfield Professor, English English Director of Studies

______

Dr. Jeremy Webster Dean, Honors Tutorial College

1

Table des matières

Table des matières ...... 1 Introduction ...... 2 Chapitre 1 L’Occitan comme langue minoritaire...... 7 Le Moyen Âge et l’époque des troubadours...... 8 De 1539 jusqu’au début de la Révolution française...... 9 L’Influence de la Révolution française ...... 11 Le XIXe siècle...... 13 La Politique linguistique du XXe siècle...... 15 Chapitre 2 L’Éducation et la vie culturelle ...... 28 L’Occitan en éducation...... 28 L’Occitan en culture...... 38 Chapitre 3 La survie d’une langue minoritaire...... 49 Que veut dire « la mort d’une langue » et quelle est la situation des langues régionales aujourd’hui ?...... 49 Pourquoi est-ce que les langues meurent ? ...... 52 Quelle est l’importance de maintenir les langues menacées ?...... 55 Comment maintenir une langue ? Est-il possible de le faire ?...... 59 L’Occitan, est-il en danger de disparaître ? ...... 63 Conclusion Quel va être l’avenir de la langue occitane dans la France moderne ?...67 English Abstract ...... 71 Appendice 1 Carte de l’Occitanie...... 84 Appendice 2 Carte des écoles Calandretas...... 85 Appendice 3 Audience ministère de FELCO...... 86 Bibliographie ...... 88

2

Introduction

Quelle est l’importance des langues minoritaires et est-il possible de sauver une langue en train de disparaître? Ce sont deux questions que je me suis posées dès le début de mon projet de recherche sur l’occitan, son passé, son présent, et son avenir.

A travers ce mémoire, je vais expliquer comment on définit une langue mourante et les moyens qu’on utilise pour empêcher sa disparition. En plus, après avoir présenté ces théories, je vais les appliquer au mouvement occitan et à l’usage courant de cette langue pour voir si on maintient les activités qui sont en train de se faire pratiquer aujourd’hui dans la langue, et si l’occitan peut survivre dans les années à venir.

Le but de ce mémoire est d’utiliser l’idée de language obsolescence pour déterminer la possibilité de sauver la langue occitane de disparition. Je me suis intéressée à l’occitan et au mouvement qui le soutient en 2008, quand j’ai passé six mois dans le sud de la France. En dépit d’une décennie depuis que je me suis mise à l’étude du français, je ne crois pas avoir entendu parler de l’occitan avant mes voyages dans le Midi.

Etant une personne curieuse, pendant mes six mois en France, j’ai commencé à poser des questions aux Français que j’ai rencontrés et, enfin, après mon retour aux

Etats-Unis, j’ai décidé de faire des recherches plus en profondeur en retournant en

France en mars 2009 pour apprendre plus sur le mouvement occitan moderne et pour faire des entretiens avec les gens qui luttent pour la survie de la langue. Je vais citer ces entretiens tout au long de ce mémoire. À travers ces interviews, j’ai appris qu’il y 3

a tout un réseau du monde qui essaye de faire vivre la langue dans un environnement qui jusqu’à récemment ne la nourrit guère.

Dans notre époque où le mot « mondialisation » est utilisé dans presque tous les domaines dans un sens positif, il est parfois difficile de considérer les ramifications négatives que ces changements puissent avoir sur certains aspects du monde entier.

Un effet particulier de la mondialisation générale est l’augmentation de l’usage de l’anglais, une langue qui devient de plus en plus universelle, et du chinois dont l’usage devient plus répandu chaque année. L’usage presque mondial de l’anglais crée aussi de graves problèmes, d’abord dans le domaine culturel. Bien qu’il ne soit pas fait exprès, l’anglais pose une menace aux autres langues mondiales et leur usage.

Perdre les langues marginalisées et minoritaires serait une perte regrettable pour le monde entier en ce qui concerne la richesse et la diversité culturelles. Pour utiliser le cas de l’occitan comme un exemple, on perdrait non seulement une langue qui possède une riche histoire littéraire et artistique, mais aussi un moyen distinct de s’exprimer et toutes les nuances qui l’accompagnent. Par exemple, en français, on dit

« le lit d’une rivière, » une expression qui conjure les images de la paix, du repos, et du confort. En occitan, par contre, l’expression courante pour décrire la même idée se traduit comme « la mère de la rivière » et conjure un tas de connotations différentes.

Cette différence d’un mot dans une expression aurait une grande influence sur la poésie des deux langues et les images qu’ils pourraient inspirer chez le lecteur.

D’un autre côté, cette augmentation dans la popularité de l’anglais a plusieurs bénéfices : elle rend le commerce, la communication, et les voyages internationaux 4

plus faciles. En plus, elle menace non seulement les langues minoritaires qui ont été déjà menacées par d’autres langues dans les pays où elles sont parlées, mais aussi les plus grandes langues comme le français. Le bénéfice de cette menace plus large aux autres langues européennes et mondiales c’est que maintenant que ces langues peuvent envisager leur propre disparition, les grandes langues de l’Europe et les communautés qui les soutiennent se rendent enfin compte de ce qu’ils ont fait aux langues régionales dans leurs propres pays—les stigmatiser et essayer de les supprimer dans la plupart des situations. Dans certains cas, comme en France et dans l’Union européenne, cette reconnaissance mène aux changements aux lois qui concernent les langues minoritaires et leur usage.

Ces changements légaux sont très importants pour la lutte de sauver ces langues, leurs cultures, et leurs façons de voir le monde. Comme avec l’exemple déjà mentionné ci-dessus à propos du lit de la rivière, la culture et la façon de penser sont deux choses inextricablement liées à chaque langue et qu’on perdrait sans cette langue.

Dans The Atlas of the World’s Languages in Danger of Disappearing, Wurm maintient la même opinion et décrit l’importance de maintenir ces langues régionales et/ou minoritaires pour préserver les communautés qui les parlent :

Each language reflects a unique world view and culture complex,

mirroring the manner in which a speech community has resolved its

problems in dealing with the world, and has formulated its thinking, its

system of philosophy and understanding of the world around it. In this,

each language is the means of expression of the intangible cultural 5

heritage of people, and it remains a reflection of this culture for some

time even after the culture which underlies it decays and crumbles,

often under the impact of an intrusive, powerful, usually metropolitan,

different culture. However, with the death and disappearance of such a

language, an irreplaceable unit in our knowledge and understanding of

human thought and worldview is lost forever.1

Comme il explique dans cet extrait, la perte d’une langue est vraiment une perte d’une partie de l’héritage mondial et d’une façon de penser irremplaçable.

C’est le fait que chacune de ces langues régionales que l’on est en train de perdre soit irremplaçable qui pousse les mouvements de se développer pour soutenir chaque langue. Dans les siècles précédents, le passage de la langue régionale en tant que langue maternelle était assuré dans le cadre familial, mais aujourd’hui avec l’influence des autres langues dominantes et la stigmatisation associée avec les langues minoritaires, ce passage n’est plus garanti ni, en fait, répandu. La Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) montre ce phénomène sur leur site Internet :

Le recensement de 1999 a révélé que 26 % des adultes vivant en France

avaient pratiqué dans leur enfance une langue autre que le français :

l’alsacien (660 000 personnes), l’occitan (610 000), les langues d’oïl

(580 000), le breton (290 000) de manière habituelle, et pour chacune

de ces langues, un nombre au moins égal de locuteurs occasionnels. La

1 Stephen Wurm (ed.), The Atlas of the World’s Languages in Danger of Disappearing, 13. 6

transmission des langues de France n’est cependant presque plus

assurée dans le cadre familial, et dépend aujourd’hui surtout de leur

enseignement et de leur créativité dans le domaine artistique.2

Bien que l’occitan soit parlé par 610 000 personnes, la survie de son usage courant n’est pas du tout garantie et comme la DGLFLF explique, il faut des mesures plus créatives aujourd’hui pour encourager la nouvelle génération de l’apprendre et de l’adopter comme une partie intégrale de leur vie.

Donc, le but de ce mémoire est d’analyser la possibilité de sauver une langue régionale menacée et sa culture en face d’une autre langue nationale et de l’invasion quotidienne de l’anglais. Pour réaliser ce projet, en premier, il faut regarder l’histoire de la langue et la culture qui l’accompagne. Deuxièmement, il faut résumer les lois au niveaux français et européen qui traitent le sujet des langues régionales.

Dernièrement, il faut résumer tous les efforts de maintenir et de promouvoir la langue qui sont en train de se réaliser en France aujourd’hui dans l’éducation et la culture.

Après avoir recueilli tous ces « bras » du mouvement occitan, on peut enfin commencer à analyser leur efficacité d’empêcher la disparition de l’occitan comme une langue vivante et évoluante plutôt qu’une langue qui n’existe plus que comme une langue littéraire et morte comme le latin.

2 « Les Langues de France: un patrimoine méconnu, une réalité vivante, » Délégation générale à la langue français et aux langues de France, . 7

Chapitre 1

L’Occitan comme langue minoritaire

Au début, la France n’était pas centralisée à Paris comme elle l’est aujourd’hui.

Il y avait plusieurs langues qui ont développé dans le pays selon l’évolution des régions particulières et les influences culturelles qui y étaient présentes. En fait, plus que la moitié de la métropole consiste des territoires où la population parlait à l’origine une langue autre que le français. Pour généraliser, les deux plus grandes distinctions entre les langues en France étaient la différence entre le nord (la langue d’oïl) et le sud (la langue d’oc). Il y a de nombreuses autres langues régionales en

France comme le breton, le basque, et le flamand qui ne font pas partie de ces deux catégories qui sont basées sur le latin. Les noms « langue d’oc » et « langue d’oïl » viennent de la façon dont les gens qui parlaient ces deux langues disaient le mot

« oui. » La langue d’oïl qui était parlée dans le nord de la France était le précurseur du français standard de nos jours. La langue d’oc, par contre, était parlée dans le sud de la France et a été remplacée en tant que langue parlée par le francien (une la langue d’oïl) au milieu du XVIe siècle.

La langue d’oc consistait (comme la langue d’oïl) de plusieurs dialectes. Le nom de chacun dérive de l’endroit où l’on le parle. Alors, la catégorie « langue d’oc » inclut le gascon, le béarnais, l’auvergnat, le limousin, le provençal alpin, le provençal maritime, le rhodanien, et le niçart.1 Aujourd’hui, l’occitan est parlé dans le sud de la

France, en Espagne dans le Val d’Aran, et en Italie dans le Piémont. Bien que toutes

1 Dennis Ager, “Territorial Insecurity: Fear of the Regional Languages,” Identity, Insecurity, and Image: France and Language, 17. 8

ces langues différentes y compris le français aient existé en France, la langue juridique

était le latin de l’église. Les langues régionales étaient utilisées par les paysans et les locaux pour communiquer entre eux, puisque seulement les gens instruits lisaient et parlaient latin.

Le Moyen Âge et l’époque des troubadours

Le Moyen Âge était l’époque dorée pour la langue occitane et pour sa littérature. C’était pendant le XIIe siècle que les troubadours (‘trobadors’ en occitan) célèbres ont écrit leurs poèmes lyriques pour lesquels la langue occitane est connue.

Ces poèmes ont traité plutôt les thèmes de la chevalerie et l’amour courtois. C’est grâce à ces poèmes que les Occitanistes font référence à leur langue comme la vraie

« lenga de l’amor. » La création de ces poèmes et l’usage de la langue occitane étaient soutenus par des personnes très importantes comme la reine Aliénor d’ et son fils Richard Cœur de Lion.

La poésie des troubadours a eu un grand effet non seulement sur la littérature et l’héritage occitans, mais aussi sur la langue occitane elle-même. Bien que les poèmes aient été présentés oralement, ils ont été écrits aussi d’une manière qui, dans une certaine mesure, a commencé à régler et à standardiser la langue. Tandis que certaines langues régionales ne sont que les langues orales et rurales, avec les œuvres des troubadours, les dialectes occitans de l’époque ont été préservés par ces poèmes

écrits, un fait qui aidera le mouvement occitan moderne à trouver un point de départ pour leur standardisation de la langue écrite. Aujourd’hui, il y a environ 2 500 9

poèmes, 250 mélodies, et de nombreuses chroniques historiques écrits dans la langue d’oc qui restent de l’époque des troubadours.2

De 1539 jusqu’au début de la Révolution française

Jusqu’en 1539, l’occitan jouit de la place de langue dominante dans le sud de la France. La chute de cette dominance a été à cause de l’Ordonnance de Villers-

Cotterêts signé par François Ier en 1539.3 Cette ordonnance a posé un problème pour les gens qui ne parlaient que leur langue régionale. Les articles 110 et 111 de la loi ont exigé que la langue juridique de l’administration et des documents officiels en

France soit le français, mais la loi était vague et n’a dit qu’il fallait que tout soit en langaige maternelle françoyse, une exigence qui était très ambiguë à l’époque. Est-ce que cette phrase a fait référence à chaque dialecte qui était parlé en France ou à une langue spécifique ? En pratique, malgré le fait que François I n’ait ciblé que le latin avec cette loi, cette ordonnance a eu un effet important sur les langues régionales.

Tout le monde a interprété la ‘langaige maternelle françoyse’ comme la langue maternelle du roi—le français de Paris. Donc, comme Andrew Dalby explique dans son livre sur la relation entre les nations et leurs langues, « Legal transactions in the south of France which had hitherto taken place in Provençal were henceforth not permitted to do so. For Provençal (and the other local languages of France) a whole

2 Anne Judge, Linguistic Policies and the Survival of Regional Languages in France and Britain, 108. 3 Le nom de l’ordonnance vient de la ville Villers-Cotterêts qui est située dans la région picarde au nord de la France. Le roi François Ier a fait construire un château dans la ville pour qu’il puisse y aller pour chasser. C’était dans ce château que l’ordonnance a été signée. 10

sphere of activity was outlawed from this point onward ».4 Parce qu’il fallait utiliser la langue française pour tous les documents officiels, l’usage du français est devenu plus répandu à l’exclusion des langues régionales comme la langue d’oc.

Depuis cette ordonnance, l’État français a fortement travaillé pour encourager l’usage unique du français à l’exclusion des langues régionales. À part le besoin d’avoir une seule langue juridique, l’État français utilisait la langue pour centraliser et unifier le pays. Donc, au-delà de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, le gouvernement a mené un grand effort pour stigmatiser les langues régionales pour que les gens parlent le français qui était en train de se standardiser. Cette stigmatisation dure toujours en France aujourd’hui.

Outre l’ordonnance, un autre développement a eu une grande influence sur l’usage des langues régionales en France : la création de l’Académie Français en 1635.

Parce que le but principal de l’Académie Française était de régler, codifier, et défendre l’usage du français, elle a aidé le gouvernement à centraliser le pays avec la langue en créant une langue parlée et écrite qui était plus ou moins pareille partout. Selon

Dalby, ce mouvement a servi aussi à créer l’idée que le français était la langue des personnes supérieures qui étaient les plus éduquées et puissantes économiquement, politiquement, et socialement.5 Pendant que le français se standardisait, les langues régionales—qui ne bénéficiaient pas d’académie—continuaient de se diviser en

4 Andrew Dalby. “Language and Nation: The Enemies of Language.” Language in Danger: The Loss of Linguistic Diversity and the Threat to Our Future, 133. 5 Dalby, 23. 11

dialectes au cours de leur développement, un fait qui les rendaient plus faibles en face du français unifié.

L’Influence de la Révolution française

Après la création de l’Académie, l’événement suivant qui a eu une grande influence sur les langues régionales était la Révolution française, qui a commencé en

1789. En menant leur révolte, les révolutionnaires ont reconnu que pour avoir une seule nation unie et forte, il fallait avoir une seule langue nationale : le français. Selon les révolutionnaires, avoir une langue commune était nécessaire pour que tous les citoyens de la nation puissent se parler et se comprendre sans tenir compte de quelle région ils venaient, mais cette croyance a posé un grave problème. Dans un document publié par l’Abbé Grégoire en 1794 et intitulé Sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française, l’auteur a montré que six million de Français (en particulier les Français du sud) n’avaient aucune connaissance de la langue française, que six million ne pouvaient guère le reconnaître, et que seulement trois million de personnes de la population l’utilisaient comme langue parlée.6 Ensuite, le rapport Barère7 du 27 janvier 1794 a proclamé que les langues régionales étaient utilisées par les ennemis du nouveau régime français pour mal informer et malmener le public français. Par exemple, dans le rapport,

Barère dit : « La fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la

6 Dalby, 24. 7 Le nom du rapport vient de son auteur Bertrand Barère de Vieuzac qui a fait partie de la Convention pendant la Révolution française. 12

haine de la République parlent allemand ; la contre-revolution parle l’italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d’erreur ».8 Le rapport a prononcé qu’ « à compter du jour de sa publication, nul acte public ne pourra, dans quelque partie du territoire de la République, être écrit qu’en langue française ».9 Donc, ce rapport a proposé d’installer un professeur de français dans chaque commune où certaines langues régionales étaient importantes pour remplacer l’usage de ces langues par le français républicain. Le décret qui est sorti le lendemain du rapport a exigé que, dans dix jours, ces professeurs de langue soient dans chaque commune où les langues régionales étaient parlées.10 Cette décision a imposé l’enseignement et l’usage du français dans tout le pays à l’exclusion de toutes les autres langues parlées dans les régions.

Dans son article « La nation française et le destin de la langue d’oc, » René

Merle parle de la suppression des langues régionales pendant la Révolution et de l’exigence de l’usage du français. Il divise les raisons pour ces deux phénomènes en trois domaines : politique, économique, et idéologique. Au plan politique, l’usage du français était exigé pour « faire parler la loi » qui veut dire créer un moyen pour que tous les Français puissent comprendre le nouveau gouvernement et son programme.

La motivation économique encourageait l’établissement du français comme la seule

8 Stephen May, “Vive la France: the construction of la langue légitime,” Language and Minority Rights: Ethnicity, Nationalism and the Politics of Language, 156. 9 Jacques Ziller, “Le droit français de la langue entre les mythes d’une tradition interventionniste et la réalité de nouvelles angoisses,” EUI (European University Institute) Working Papers, 3. 10 Ager, 25. 13

langue pour unifier le marché national par la compétence linguistique. Finalement, en ce qui concerne l’idéologie, l’unification du pays sous une seule langue servirait à

« intégrer les masses populaires autonomes ».11 Selon Merle, les désirs derrière ces trois motivations se sont réalisés et cela a mené à « l’adhésion des masses populaires à leur automutilation », qui veut dire qu’ils sont devenus complices dans la disparition de leurs propres langues parce qu’après tout, « Les Occitans sont et veulent être français. » Pendant cette standardisation de la langue, l’idée de la double identification a posé un problème pour les gens qui venaient d’une culture où tout le monde parlait une langue minoritaire, et elle continue à poser un problème pour les

Occitans/Français aujourd’hui dans leur lutte pour normaliser l’usage de leur langue refoulée.

Le XIXe siècle

Pour le développement de l’occitan, l’événement le plus important du XIXe siècle était la création de la société Félibrige.12 Cette société qui a été fondée le 21 mai 1854 à Châteauneuf-de-Gadagne dans le Vaucluse par sept amis provençalists :

Joseph Roumanille (qui est considéré comme le père du Félibrige), Théodore Aubanel,

Anselme Mathieu, Paul Giera, , , et Frédéric Mistral. Au

11 René Merle, “Le destin de la langue d’Oc. Stratégies occitanistes ?” Stage de l’Institut d’études occitanes des Hautes-Alpes à Gap, 7 août 2004. . 12 Le mot Félibrige vient du mot félibre, qui veut dire ‘élève’ ou ‘adhérent’ en provençal. Selon Brigitte Hodern, ce mot apparaît dans la chanson « L’Oraison de St. Anselme, » qui fait référence au Christ dans le temple discutant avec les sept « Félibres » de la loi (« Emé li sèt FÉLIBRE de la Lèi »). 14

début leur objectif était bien défini : « Créer une association d'esprits choisis et sérieux qui ont la volonté et les compétences pour restaurer la langue et la littérature provençale, loin des troubaires [sic] faciles et grossiers ».13 Pour restaurer la langue, ils voulaient principalement la standardiser en lui donnant une orthographe logique et une grammaire consistante.

Ce but de promouvoir la langue a été réalisé en plusieurs manières. En premier, Mistral et Roumanille ont remplacé l’orthographe étymologique traditionnelle par une nouvelle orthographe phonétique selon laquelle ils ont supprimé toutes les lettres non prononcées et introduit l’usage des diphtongues et des triphtongues.14 Deuxièmement, Mistral a œuvré pour créer le dictionnaire provençal- français intitulé Lou trésor dóu Félibrige. Finalement, la société a commencé un journal annuel L’Armana prouvençau qui était « entièrement rédigé en provençal, [et qui] énonçait les prochaines manifestations, les fêtes, mais aussi et surtout [qui] contenait l'histoire de la Provence, afin d'instruire tous les provençaux de leur passé et de les initier à la littérature provençale ».15 Cet almanach a connu un fort succès et a eu beaucoup d’influence parce qu’elle servait non seulement à annoncer les

événements provençalistes qui allaient y avoir lieu, mais aussi comme un moyen de faire publier les poèmes et les histoires qui étaient en train d’être écrits dans la langue.

Le renommé du groupe Félibrige et de son travail s’est affirmé quand Mistral a reçu en 1904 le Prix Nobel de la littérature pour son poème épique Mireille (Mirèio en

13 “Le Félibrige,” Notre Provence: Cultures et Traditions, 14 janvier 2009, . 14 Le Félibrige. 15 Le Félibrige. 15

occitan) qui avait paru en 1856. La réception de ce prix a renforcé la reconnaissance de la langue occitane et plus spécifiquement le dialecte provençal comme une langue moderne et littéraire qui ne dépendait pas seulement de la littérature médiévale pour maintenir son prestige et sa valeur culturelle. À part les œuvres de Mistral, les autres fondateurs, surtout Roumanille, ont écrit et encouragé la création de nombreuses

œuvres littéraires en provençal qui ont été publiées dans leur almanach annuel.

La Politique linguistique du XXe siècle

Bien que l’idée de l’éducation obligatoire nationale soit créée pendant la

Révolution française, elle a subi les plus grands changements pendant la Troisième

République (1870–1940). Le gouvernement de la Troisième République a encouragé l’usage du français parce qu’il y avait beaucoup de postes en France et à l’étranger qui nécessitaient un certain niveau de français. En plus, comme Henri Giordan l’explique, le gouvernement français a utilisé le monolinguisme pour faciliter ses buts colonialistes et nationalistes :

A central plank of French colonial policy was to “civilise” other

peoples by imposing French monolingualism on them. In practice, the

provision of schooling in occupied countries meant the suppression of

local languages and cultures.…In France itself, the education system

was a major promoter of the idea that regional languages created a

barrier to understanding French and had to be eradicated. By the use of

the signum—an object forced on any pupil found using a language 16

other than French for which they would be punished—the children’s

mother tongues [the regional languages] were belittled and

prohibited.16

C’est à cause de ce traitement que l’école est la cible de la plupart des mouvements qui promeuvent l’usage des langues dites régionales.

Cette exclusion des langues régionales dans l’éducation nationale a duré jusqu’en 1951. L’enseignement de ces langues était enfin réintroduit dans les écoles françaises par la loi 51-56 du 11 janvier 1951 « relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux » dite loi Deixonne.17 Cette loi était la première à autoriser l’enseignement des langues régionales de France et elle se limitait au début aux quatre langues régionales les plus répandues : le basque, le breton, le catalan, et l’occitan

(depuis sa création d’autres langues régionales surtout celles des DOM-TOM18 y ont

été ajoutées). La loi ne permettait qu’une heure d’enseignement par semaine pour les cours de langue régionale et une heure d’enseignement pour les cours sur la culture régionale; ses cours étaient facultatifs et à la discrétion du professeur. La loi a ajouté qu’on pouvait passer les examens du baccalauréat sur ces langues régionales. Le passage de la loi Deixonne est aussi significatif parce qu’avant sa création, n’importe

16 F. Laroussi et J-B Marcellesi, “The Other Languages of France : Towards a Multilingual Policy” in French Today : Language in its Social Context, 95-96. 17 Pour voir le texte entier de la loi Deixonne : “LegiFrance: La loi n°51-46 du 11 janvier 1951, version abrogée le 22 juin 2000.” . 18 L’acronyme “DOM-TOM” signifie les Départements d’outre-mer et les Territoires d’outre-mer comme la Nouvelle-Calédonie. Dans la Nouvelle-Calédonie seule, il y a vingt-huit langues régionales comme le paicî, l’ajië, et le nengone. 17

quelle mention de la langue régionale dans la salle de classe aurait pu mener au virement du professeur en question.19

Votée après la loi Deixonne, la Loi Haby 75-620 (le 11 juillet 1975)20 qui concernait l’enseignement des langues régionales était importante aussi. Dans le texte, la seule mention des langues régionales se trouve dans l’article 12 de la loi où il dit qu’un « enseignement des langues et cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité, » mais seulement s’il y a une demande pour le sujet. Cela veut dire que l’État restait plutôt apathique; l’enseignement des langues régionales n’a pas

été prohibé, mais il n’a pas été encouragé non plus. Mais cette loi a mené enfin à la création d’un CAPES21 pour certaines langues (le basque, le breton, le catalan, le corse, et l’occitan) en 1981. Donc, avec la création d’un CAPES, l’enseignement des langues régionales a été reconnu comme un effort valide et important, même s’il faut qu’elles soient combinées avec un autre sujet pour avoir la certification (sauf pour le corse).

L’importance d’enseigner les langues régionales était aussi mentionnée dans les circulaires Savary en 1982 et 1983. Celui de 1982 a déclaré que l’enseignement des langues régionales méritait une place dans le cursus de l’éducation nationale mais

19 Judge, 129. 20 Pour voir la loi entière: “Loi Haby, version abrogée le 22 juin 2000.” . 21 L’acronyme CAPES veut dire « Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire ». Le CAPES représente un diplôme professionnel de l’Éducation nationale française. Pour avoir le CAPES et devenir professeur de l’État, l’enseignant potentiel doit réussir un concours. D’habitude, il faut se spécialiser dans un seul domaine à l’Institut de la formation des maîtres, sauf dans le cas de la plupart des langues régionales. 18

que l’inclusion de ces parlers locaux devrait toujours être facultative pour les professeurs et les élèves comme avec la loi Haby. Celui de 1983 a suggéré l’expérimentation avec un système bilingue ou paritaire entre le français et les langues régionales,22 une suggestion qui se développerait dans l’éducation nationale.

Une vingtaine d’années plus tard, le décret nº 2001-733 du 31 juillet 2001 a créé le Conseil académique des langues régionales pour promouvoir l’enseignement des langues régionales et leurs cultures. Le but officiel de ces conseils est de veiller

« au statut et à la promotion des langues et cultures régionales dans l'académie, dans toute la diversité de leurs modes d'enseignement, et s'attache à favoriser l'ensemble des activités correspondantes ».23 Il sert à conseiller les administrateurs des académies et

à aider la création des matériaux pédagogiques comme les livres de cours qui sont

écrits dans les langues régionales pour faciliter l’enseignement des matières diverses dans la langue comme l’histoire et les sciences. Selon le bulletin officiel, il y aurait un conseil dans les Académies qui figurent sur une liste créée par le Ministre de l’Éducation.

Ces changements dans l’enseignement des langues régionales et minoritaires en France ont coïncidé avec les changements sur le plan gouvernemental et culturel qui les concernent. Depuis le succès de la Révolution française, la langue française fonctionne comme un pilier principal de l’État, même tenant une place officielle dans la Constitution quand le gouvernement a voté l’ajout de la langue dans l’article 2 avec

22 Judge, 128. 23 « Création d’un Conseil académique des langues régionales, » Bulletin Officiel du ministère de l'Éducation Nationale et du ministère de la Recherche, 31 juillet 2001. . 19

la phrase « La langue de la République est le français ». Après cette modification à la

Constitution française, le gouvernement a commencé à chercher un endroit pour y inclure une mention des langues régionales. Henri Giordan, l’auteur du rapport célèbre qui porte son nom, parle de ce changement d’une perspective occitane :

Les députés ont d’abord pensé compléter l’article 2 de la

Constitution…par une phrase du type : ‘Les langues régionales

appartiennent à son patrimoine.’ Mais, cette hypothèse n’a pas été

retenue car présentant l’inconvénient de placer ces langues dans le

voisinage de ‘la langue de la République,’ le français, qui définit

l’identité de la nation et, partant, concerne sa souveraineté. En

mentionnant les langues régionales dans cet article, on aurait laissé

croire qu’elles contribuaient aussi à la définition de notre identité

nationale. Les parlementaires ont ensuite songé à compléter l’article 1er

lui-même par la phrase : « Les langues régionales appartiennent à son

patrimoine ». Mais, en les situant dans cet article, on leur aurait donné

une place de choix par rapport aux autres instruments de la

souveraineté nationale, mentionnés à l’article 2 : le drapeau, la devise,

et le français, et ainsi affaibli la valeur symbolique de la langue

nationale.24

Enfin les supporteurs sont parvenus à faire codifier les langues régionales dans la

Constitution le 21 juillet 2008 dans un article complétant le Titre XII – « Des

24 Henri Giordan, “Les langues régionales dans la Constitution : un pas en avant très ambigu,” 25-26. 20

Collectivités Territoriales » : « Art. 75-1.– Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » Bien que les langues régionales françaises n’aient pas été accordées une position égale au français dans la Constitution, selon Giordan, cette reconnaissance était quand même « un acte symbolique majeur qui rompt avec une tradition séculaire de rejet voire de mépris pour ces langues ».25

À part l’ajout des langues régionales dans la Constitution française, sur un plan

économique, il y avait aussi des lois importantes qui ont été promulguées pour protéger l’usage du français en France, mais qui ont eu aussi des effets sur l’usage des langues régionales. Tandis que la loi Haby n’a parlé que des systèmes éducatifs en langues régionales, dans la même année, le gouvernement français a promulgué la loi

Bas-Louriol qui a traité la nécessité de garantir l’usage du français sur le territoire français. La loi Bas-Louriol exige spécifiquement l’usage du français dans trois domaines : 1) dans les contextes commerciaux et publicitaires pour protéger le consommateur ; 2) dans les contrats du travail pour protéger les employées ; et 3) dans les informations données aux consommateurs (d’habitude en forme de brochures).

Elle a été modifiée plusieurs fois pour la rendre moins stricte parce qu’elle était en conflit avec les articles antidiscriminatoires de la Traité de Rome de l’Union européenne. La loi a eu des problèmes aussi sur le plan de travail dans les situations où la capacité de parler français n’était pas nécessaire au poste comme avec les guides touristiques qui ne parlent pas français mais qui ne travaillent qu’avec les étrangers qui

25 Giordan, 25. 21

ne parlent pas français non plus.26 Cette loi était importante pour les langues régionales parce qu’elle a montré la peur croissante de l’influence des autres langues mondiales sur le français, un phénomène qui continuait à rendre le gouvernement français plus sensible à la situation des langues régionales en face non seulement du français mais aussi de l’anglais.

En 1994, le gouvernement français a voté la loi Toubon qui avait beaucoup de similarités avec la loi Bas-Louriol qui l’avait précédée. Cette loi a été promulguée pour protéger les consommateurs français et la langue française des autres langues

étrangères puissantes en rendant obligatoire l’usage du français dans plusieurs domaines tel que le commerce. Tandis que la loi Bas-Louriol n’a mentionné que l’usage obligatoire du français dans le commerce, la loi Toubon a aussi encouragé l’idée de plurilinguisme où les enfants apprendraient au moins deux langues outre le français à l’école. Ce mouvement se réaliserait pour que l’anglais—la langue qui posait la plus grande menace à la langue française—ne remplace pas toutes les autres langues dans la salle de classe. Bien que la loi se concentre sur toutes les langues

étrangères que les élèves puissent étudier, il y a même un article dans cette loi qui dit qu’elle ne s’oppose pas à l’usage des langues régionales, une mention qui montre qu’elle ne visait vraiment que l’usage de l’anglais.27 En dépit de sa mention de l’usage des langues minoritaires, la loi Toubon ne donnait vraiment la protection générale qu’au français. Pour cette raison, elle a eu une mauvaise réception dans le pays, surtout par les médias. En plus, comme avec la loi Bas-Louriol qui a dû être

26 Judge, 29. 27 Judge, 29. 22

modérée pour être en accord avec les lois européennes, il faillait que la loi Toubon soit modifiée aussi, même assez récemment avec la version la plus récente sortie en juin

2000.

Puis, pour continuer à concrétiser la compréhension de la situation des langues régionales en France, en 1982 Professeur Henri Giordan a écrit un rapport à la demande du Président François Mitterrand. Ce rapport, intitulé « la Démocratie culturelle et droit à la différence, » a été présenté à Jack Lang qui était le Ministre de la Culture à l’époque.

Pour essayer de garantir l’usage du français surtout sur le territoire français, en

1966 le gouvernement français a fait créer le Haut comité pour la Défense et l’expansion de la langue française sous l’influence de Charles De Gaulle. Ce comité

était important parce que c’était le premier établissement gouvernemental à être fondé avec un but uniquement linguistique. Son but principal à l’origine était de sauvegarder la langue française de toute invasion par la langue anglaise surtout l’emprunt d’expressions et de terminologie.28 Mais, en 1973, le gouvernement a changé le nom du Haut comité pour la Défense et l’expansion de la langue française au Haut comité de la langue française pour éviter la connotation de colonisation qui

était suggérée avec le mot « expansion ». Puis, en 1984 ce même comité est divisé en deux : Comité consultatif de la langue française et le Commissariat général de la langue française. Pendant tout ce temps, le comité ne concentrait que sur l’usage du français et pas sur l’usage ou la protection des langues régionales en France. Enfin,

28 Judge, 28. 23

les deux comités sont devenus le Conseil supérieur de la langue française et (la plus importante) Délégation générale à la langue française (DGLF). Le premier a traité des questions linguistiques et le second a essayé de promouvoir la politique linguistique du gouvernement en ce qui concerne l’usage du français. En 1993, le

Ministre de la Culture a pris la responsabilité de « la francophonie » et donc le comité de la DGLF—une transition qui est devenue officielle par décret en 1996 mais qui ne se préoccupait toujours guère des langues régionales.

La DGLF a eu enfin une association avec les langues minoritaires et régionales quand elle a sorti une brochure intitulée « La Valorisation des langues régionales » qui présente une liste des mesures prises par le gouvernement concernant ces langues. Puis, en 2001, le comité a été renommé officiellement la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) pour inclure les langues régionales et minoritaires en France. Elle a déjà ouvert une ligne budgétaire dans leur budget pour la valorisation des langues autres que le français, mais le changement de nom n’a pas été effectué jusqu’à l’année suivante. Les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) contrôle deux tiers de cette somme sur la ligne budgétaire qu’ils utilisent pour encourager les initiatives dans les langues régionales (29).29

Ce sont les DRAC qui mènent les mouvements au niveau régional et départemental. Comme explique le site Internet de la DRAC dans la région Provence-

29 Michel Alessio, Eds. Henri Giordan et Tangi Louarn, “Les langues régionales ou minoritaires dans la République” in Les langues régionales ou minoritaires dans la République, 25-32. 24

Alpes-Côte d’Azur, en ce qui concerne l’enseignement des langues régionales, ce comité s’engage à « aider à la productions d'outils favorisant un environnement culturel en direction des publics scolaires (collèges et lycées) qui ont pour deuxième ou troisième langue vivante une langue régionale ».30 Selon Anne Judge, il y a deux membres de la Délégation dont le travail est dédié à lutter pour les langues régionales et à réaliser un rapport annuel pour le Parlement à propos des langues régionales.

Après le changement de nom de la DGLF en DGLFLG et l’inclusion des langues régionales et minoritaires françaises en 2001, le Professeur Bernard

Cerquiglini a été nommé comme délégué général de la délégation. Un de ses projets importants était de recenser les 75 langues « traditionnellement parlées par un nombre significatif de citoyens français sur le territoire de la République dont 55 des langues se trouvent dans les DOM-TOMs et dont 5 sont historiquement parlées en France plutôt que par l’assise territoriale ».31 Ce recensement a montré officiellement la diversité linguistique présente dans l’entière de la France et tous ses territoires. Selon leur site-web officiel, la Délégation prioritise quatre domaines de concentration : 1) aider avec la publication de livres au sujet des langues de France ou écrits utilisant ces langues, 2) soutenir les secteurs « où la langue est un vecteur de la création, comme le spectacle vivant, la chanson ou l’audiovisuel, » 3) utilser les nouvelles techniques de l’information pour « l’ancrage des langues de France dans la modernité, » et 4)

30 « Livre et lecture : langue française et langues de France », DRAC PACA, . 31 Judge, 28. 25

« mettre en évidence de l’implication réciproque de la langue et de la culture dans une société en mouvement ».32

Cet intérêt dans le statut réel du français et les langues régionales est en grande partie grâce à la mondialisation, la promulgation de l’Union européenne, et la menace courante de la langue anglaise. La création de l’Union européenne a beaucoup contribué à la lutte des langues minoritaires parce qu’en créant une unité de pays des langues différentes, il était essentiel d’identifier la politique linguistique qui allait s’appliquer à toutes ces langues et à l’administration européenne. Mais pour la France cette création de l’Union européenne et l’invasion de l’anglais ont posé une menace à l’usage courant du français.

Sur le plan européen, le projet de loi le plus important était la création de la

Chartre des langues régionales ou minoritaires par le Conseil de l’Europe en 1992.

Selon le site du Conseil, leur but plus large est de « sauvegarder et promouvoir la richesse et la diversité du patrimoine culturel de l’Europe » et le Conseil considère les langues minoritaires ou régionales comme « une partie intégrante de ce patrimoine ».

En tant que le but spécifique de la Chartre, le Conseil le décrit d’une manière concise sur leur site :

La Charte est une convention destinée d’une part à protéger et à

promouvoir les langues régionales ou minoritaires en tant qu’aspect

menacé du patrimoine culturel européen, et d’autre part à favoriser

32 « Les Langues de France: un patrimoine méconnu, une réalité vivante, » Délégation générale à la langue française et aux langues de France. . 26

l’emploi des langues régionales ou minoritaires dans la vie privée et

publique. Son objectif est essentiellement d’ordre culturel. Elle vise les

langues régionales ou minoritaires, les langues dépourvues de territoire

et les langues officielles moins répandues. 33

Bien que cet objectif semble simple et bénin en théorie, il y a toujours pas mal de pays membres qui ont décidé de ne pas la signer ou la ratifier.34 Il y a quand même vingt- deux États qui ont signé la Chartre, mais, à part ces états, il y a onze autres pays qui l’ont signée au début, mais qui ne l’ont pas encore ratifiée.

La France a signé la Chartre en 1992 quand elle a été créée, mais le gouvernement a décidé en juin 1999 de ne pas la ratifier parce qu’il a trouvé dans la

Chartre des clauses qui sont contraires à la Constitution française qui dit dans l’article

2 que « La langue de la République est le français ». Les langues régionales sont, par contre, mentionnées dans la Constitution française, mais cet article les décrit seulement comme faisant partie du patrimoine de la France.

Le fait que la France n’ait pas signé la Charte montre que la sensibilité concernant l’usage et le statut de la langue continue d’être bien présente en France aujourd’hui. Mais après tous ces siècles de répression et de stigmatisation des langues minoritaires et régionales parlées dans la République, la France fait maintenant des efforts pour les préserver et pour promouvoir leur usage courant dans l’Hexagone. Ce

33 Affaires juridiques: Conseil de l’Europe, . 34 Les pays qui a signé la Chartre sont l’Arménie, l’Autriche, la Croatie, le Chypre, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, l’Allemagne, la Hongrie, le Liechtenstein, le Luxembourg, le Monténégro, les Pays-Bas, la Norvège, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, la Suisse et l’Ukraine. 27

renouveau d’effort dans la préservation des langues de France est très important, surtout pour l’occitan. La langue occitane avec sa longue et riche histoire fait partie intégrale à l’histoire de la France. Après avoir examiné cette histoire compliquée de la politique et des attitudes envers les langues régionales, maintenant on va examiner les mesures courantes pour encourager et continuer l’usage de l’occitan dans la vie quotidienne dans le sud de la France. 28

Chapitre 2

L’Éducation et la vie culturelle

Après des années de suppression et de stigmatisation, aujourd’hui la langue occitane subit une renaissance dans le domaine culturel et dans la vie quotidienne.

Cette renaissance est faite d’un nouvel intérêt dans l’enseignement de la langue aux enfants et aux adultes et d’une culture musicale et littéraire qui se forme utilisant la langue comme moyen d’expression. Ce chapitre examinera ces deux parties pour voir leur influence sur la préservation et la richesse de l’occitan aujourd’hui. Avec tous ses nouveaux mouvements, les gens passionnés pour l’usage de la langue luttent pour lui redonner une place centrale dans la vie quotidienne et lui gagner une place reconnue et respectée en France.

L’Occitan en éducation

Pour créer de nouveaux locateurs d’une langue et pour la sauver de la disparition, il faut la transmettre aux nouvelles générations, plus notamment aux enfants qui sont formés à l’école. Ce besoin est problématique pour le mouvement occitan parce que, depuis des siècles, le domaine de l’éducation représente le plus grand défi pour les défenseurs de la langue occitane et d’autres langues minoritaires en

France. Dans les écoles, les langues régionales étaient tellement stigmatisées par le gouvernement et les Français dans le passé que même son usage dans la salle de classe par un élève méritait une punition pour l’élève malchanceux qui l’a laissée sortir de sa bouche. À cause de ces punitions et la honte qui les accompagnaient, il y a un grand 29

nombre d’adultes aujourd’hui dont les parents ne leur ont pas appris l’occitan à la maison comme une langue maternelle pour que leurs enfants évitent la même honte qu’ils ont subie à l’école. Donc, aujourd’hui, il y a toute une génération qui, même si elle aimerait bien, n’est pas capable de passer la langue directement à leurs enfants pour la simple raison qu’elle ne la parle presque plus. C’est pour cette raison que le domaine de l’enseignement (pour les enfants et pour les adultes) joue un rôle très important dans le mouvement occitan. Pour les parents, les cours particuliers ou communautaires leur permettent d’apprendre la langue dont leurs parents ont eu honte de leur apprendre et, pour les enfants, l’existence des écoles leur permettent parfois de devenir parfaitement bilingues dès un très jeune âge.

Même si aujourd’hui on commence à voir de plus en plus ces langues enseignées dans les écoles privées et publiques, il a fallu très longtemps pour arriver au point où l’on est aujourd’hui. En fait, après l’Ordonnance de Villier-Cottêrets en

1539, qui a établi le français comme la langue officielle de la France, il a fallu attendre environ 400 ans avant de pouvoir réintroduire les langues régionales dans une salle de classe sans se faire punir devant toute la classe. Ce n’était qu’en 1951 avec la loi dite

Deixonne (loi nº51-46 du 11 janvier 1951) que quelques-unes des langues minoritaires de France ont pu être rétablies à l’école sous une forme ou une autre. Il ne s’agissait que d’un premier petit pas : la loi Deixonne ne permettait qu’une heure d’enseignement de la langue régionale et une heure de la culture et de la littérature régionales par semaine. En plus, à cette époque-là, la loi ne s’appliquait qu’aux langues bretonne, basque, occitane et catalane et seulement dans certaines académies. 30

Il a fallu attendre jusqu’en 1983 pour l’addition du corse, du flamand, du gallo, de l’allemand, et du poitevin et pour l’addition de plus d’académies comme celles d’Aix- en-Provence et de .

Après la loi Deixonne, la Loi Haby a eu une grande influence sur l’enseignement des langues régionales parce qu’elle a enfin permis l’enseignement des langues régionales à tous les niveaux scolaires s’il y a une demande et un professeur qualifié et souhaitant les enseigner. En plus, cette loi a ajouté cinq langues minoritaires à la liste de langues dans laquelle quelqu’un pourrait se spécialiser pour passer le CAPES (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du seconde degré) et enseigner dans les écoles avec les langues régionales comme leur concentration principale. Les langues qui ont été ajoutées au CAPES était le basque, le breton, le catalan, le corse, et l’occitan. Pour toutes ces langues sauf le corse, il faut les combiner avec un autre sujet (i.e. le français) pour passer le CAPES. La création du CAPES dans ces langues minoritaires était importante parce que l’établissement de ces nouveaux CAPES a créé un moyen de former les professeurs qui sont assurés d’avoir un bon niveau de langue et qui s’y intéressent beaucoup.

Après la loi Haby, en 1982 et 1983, le gouvernement a sorti les circulaires

Savary qui ont parlé des langues régionales en France et de leur valeur. La circulaire nº 82-52 de 1982 a stipulé trois principes distincts: (1) l’État a parlé de l’importance des langues régionales et de leurs cultures différentes, (2) les circulaires ont mentionné que l’enseignement des langues régionales et de leurs cultures devrait avoir une place dans le programme de l’Éducation nationale, et (3) que l’enseignement de ces langues 31

devrait être facultatif pour les élèves et les enseignants. La deuxième circulaire (nº 83-

547 de 1983) a suggéré la possibilité d’essayer d’introduire un nouveau programme bilingue nommé un système paritatire où la langue régionale pourrait être une langue d’instruction et pas seulement un sujet elle-même. Ce système deviendrait très important pour l’enseignement des langues minoritaires plus tard sur le plan des écoles publiques et des écoles immersives. Toujours dans la même voie, le 31 juillet 2001 a vu la sortie du décret nº2001-733 qui a créé le Conseil académique des langues régionales pour promouvoir l’enseignement de ces langues et leurs cultures. Ce conseil fonctionne plutôt comme un corps consultatif, mais il aide aussi à créer des matériaux pédagogiques pour l’enseignement des langues régionales. Ce soutien dans la création des ressources pédagogiques facilitait la création des écoles parce qu’il faut avoir les livres de cours écrits dans les langues minoritaires pour pouvoir enseigner les autres sujets utilisant ces langues.

Aujourd’hui, l’enseignement de l’occitan se divise en trois catégories : l’éducation publique (l’Éducation nationale), l’éducation semi-privée, et l’éducation privée. Ces trois types d’enseignement des langues régionales ont été reconnus par l’État dans le mémorandum 96-086 de 7 avril 1995 qui a proclamé l’engagement de l’État de promouvoir l’enseignement des langues régionales.1 Comme Anne Judge atteste, bien que les écoles bilingues puissent être privées ou publiques, elles ont tendance à être pour la plupart des établissements publics. En dépit de cette reconnaissance de l’enseignement des langues minoritaires, depuis la sortie de ce

1 Judge, 134. 32

mémorandum, il y a eu des tentatives de rendre ces écoles bilingues ou immersives illégales, mais ils n’ont pas réussi à y parvenir.

En ce qui concerne l’éducation publique les élèves peuvent—dans les écoles qui les offrent—suivre des cours d’occitan à travers leur carrière scholastique entière de l’école primaire jusqu’à l’université. La capacité de suivre les études de langue tout au long de la scolarité est très importante, mais dans les écoles primaires et les lycées qui offrent les cours de langue régionale, ces cours ne consistent que d’une à trois heures par semaine, ce qui n’est pas suffisant pour introduire le vrai bilinguisme chez les élèves.

À l’université, les étudiants peuvent se spécialiser en occitan au niveau licence, mastère, option, langue vivante, ou préparation au concours pour l’enseigner

(CAPES). Ces options sont possibles à (Université de Toulouse Le Mirail et

Université Paul-Sabatier), Montpellier (Université Paul-Valéry), Pau (Université de

Pau et des Pays de l’Ardour—UPPA), Aix-en-Provence (Université de Provence),

Limoges (Université de Limoges), Clermont-Ferrand (Université Blaise-Pascal

Clermont II), (Université de Nice Sophia-Antipolis), Poitiers (Université de

Poitiers), ou Bordeaux (Université Michel-de-Montaigne).2 D’habitude, ces universités offrent aussi les cours introductoires de langue pour les étudiants qui s’y intéressent mais qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas se spécialiser en langue régionale.

2 L’Occitan qu’es aquò?, 7.

33

Dans le domaine semi-privé, on trouve ce qu’on appelle les écoles immersives qui existent pour plusieurs des langues régionales en France. Pour le mouvement occitan, ces écoles sont groupées sous l’Association des Écoles Calandretas qui a été basée sur les écoles Ikastolak de la communauté basque qui ont été fondées en 1969 par la fédération SEASKA, les écoles catalanes (La Bressola) en 1976 et les écoles bretonnes (Diwan) qui ont commencé en 1977. Toutes ces écoles ont été fondées grâce à des exceptions dans une loi sur la formation des associations qui a été promulguée en 1901 sous le titre des associations à but non lucratif.34 Les premières

écoles de l’Association Calandretas ont été ouvertes en 1979 à Pau et à Béziers. En

2001, l’association avait ouvert 22 écoles primaires et un collège. Dans les écoles primaires, ils ont atteint 1609 élèves et dans le collège il y en avait 72.5 En 2009, les chiffres ont bien augmenté. Selon le site-web de l’association, il y a aujourd’hui 51

écoles et 2 collèges sur 17 départements pour un total de 2734 élèves, une augmentation de presque 160 pourcent.6 L’association est remarquable aussi grâce au fait qu’en 1994 ils ont établi le Centre de Formacion Professionala Occitana à Béziers en 1994. Ce centre permet aux gens qui souhaitent enseigner la langue aux élèves de venir étudier et d’obtenir leur certification. En plus, ce centre les aide à apprendre le vocabulaire et les stratégies pour enseigner en occitan les autres sujets comme les

3 Judge, 130. 4 “Legifrance: Loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association,” . 5 Judge, 130. 6 “Présentation,” . 34

maths et le français. À part la formation des maîtres, ce centre offre aussi des stages d’apprentissage de langue pour le public, un programme qui a le soutien financier de la Région Languedoc-, de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et de la ville de Montpellier.7

Calandretas est le nom donné à la première école occitane à Pau fondée en

1979. Le mot est une expression gasconne qui veut dire « alouette » ou « apprenti », selon le dictionnaire d’Alibert.8 Ces écoles sont semi-priveés parce que, grâce à un contrat avec l’État, les enseignants sont certifiés et salariés par l’Éducation nationale, mais les écoles elles-mêmes sont fondées, gouvernées, et financées (les bâtiments, les personnes administratives, etc.) par des groupes de parents ou de personnes intéressées qui veulent soutenir la continuation de l’usage de la langue par les nouvelles générations. Donc il faut vraiment avoir un mouvement communautaire pour commencer et faire fonctionner ces écoles.

L’objéctif des écoles immersives est de former des élèves qui sont parfaitement bilingues occitan/français. Pour y parvenir, la langue d’instruction est l’occitan dès le plus jeune âge et le français n’est introduit qu’après que les élèves savent lire. Dans une interview au siège de l’organisation à Montpellier, Jean-Louis Blenet, le président bénévole de l’association des écoles Calandretas a expliqué cette théorie d’immersion totale en utilisant une comparaison avec une personne qui apprend à nager :

Pour être bilingue, il faut, à des moments, faire du monolingue. La

comparaison c’est avec la nage, il est d’autant plus juste que toi, quand

7 “Qui sommes-nous?” . 8 “Calandreta, que vòl dire?” . 35

tu vas apprendre à nager, déjà tu sais marcher, et il faut vraiment que tu

te mouilles toute entière et mette la tête sous l’eau, il le faut pour

apprendre à nager. Si tu apprends à nager uniquement en trempant le

pied et en faisant ça [les gestes de nager], tu ne sauras jamais nager.

Maintenant, même si tu l’apprends, tu sais mieux marcher que nager...

Et ici l’image est d’autant plus juste à cause de la situation ici (avec les

deux langues). (Interview personnel, mars 2009)

En plus, leur approche à la langue est très intéressante. Comme la langue occitane est vraiment un groupement de plusieurs dialectes qui varient selon la région du sud, chaque école utilise le dialecte local de la région où l’école est située comme la langue d’instruction. Par exemple, à l’école à Nice, la langue d’instruction est le niçart, à Montpellier, c’est le lengadocien, et en Provence, c’est le provençal—tous ces dialectes font partie des langues d’oc, mais ils diffèrent un peu l’un de l’autre. Pour parvenir à le faire, des fois il faut faire quelques modifications nécessaires à la graphie universelle ou au vocabulaire enseigné, mais à la fin les élèves apprennent toujours l’occitan et une graphie qui sont cohérents à tout le monde qui comprend une version d’occitan. Cela leur permet de communiquer avec n’importe quelle personne qui parle la langue tout en gardant leur culture et la saveur locales. Selon M. Blenet, cet usage des dialectes locaux crée un sens de « l’unité dans la diversité, » où les versions régionales de l’occitan créent une unité tout en gardant leurs différences de vocabulaire et de prononciation. 36

Bien que les critiques de ces écoles et du message d’immersion totale occitane revendiquent que l’éducation reçue par les enfants inscrites est inférieure à celle donnée par les institutions complètement détenues par l’État, les résultats des élèves bilingues sur le baccalauréat et les autres examens nationaux montrent que cette assertion est fausse. Dans une évaluation des élèves de CE2 qui venaient de 15 sites bilingues à Toulouse, l’association FELCO montre que les résultats des étudiants bilingues sont plus élevés que ceux des élèves monolingues. Cette évaluation comparait leur résultats en français et en mathématiques avec ceux des élèves toulousains qui suivaient une voie unilingue à l’école. Au final, ils ont trouvé que « les scores des bilingues sont en moyenne supérieurs en français et en mathématiques, à la moyenne nationale et à ceux de leurs camarades monolingues de leur école ».9 Le programme des écoles Calandretas reflète exactement le même programme que les écoles de l’État en ce qui concerne les matières enseignées mais seulement avec une différente langue d’instruction.

Les écoles occitanes diffèrent aussi du system de l’Éducation nationale en ce qui concerne la méthode pédagogique qu’elles emploient dans la salle de classe. La pédagogie employée dans les écoles Calandretas est basée sur le système de Céléstin

Freinet. Développé pendant la deuxième guerre mondiale, le système Freinet se concentre sur la participation active des élèves. Selon le site Freinet, les écoles visent

à former des élèves qui auront une éducation complète :

9 FELCO- Audience Ministère 26/6/07, pour voir les chartes, regardez l’appendice 3. 37

[Ce système] revendique une école où chaque enfant peut s'exprimer,

se responsabiliser, coopérer [et] expérimenter et s'ouvrir sur le monde,

pour que chacun : apprenne à son rythme, construise ses connaissances

avec ses pairs et les adultes, développe son sens critique, son autonomie

et accède à une réelle prise de responsabilité dans une classe vivante et

ouverte sur le monde.10

Cela étant dit, les écoles Calandretas ont pour but de créer les élèves indépendants et qui sont prêts à fonctionner sur le plan mondial avec leur connaissance de plusieurs cultures.

Pour l’éducation privée, on trouve des leçons particulières, les conférences et les rassemblements qui ont lieu partout dans le sud de la France. Ces moyens d’enseigner la langue s’appliquent aux adultes souhaitant apprendre la langue plutôt qu’aux enfants. Une des campagnes importantes pour le mouvement d’enseigner les langues d’oc aux nouveaux locuteurs s’appelle « Apprenem Oc ! » qui se traduit comme « Apprenons Oc[citan], » une ligne de pub, de site Internet, et d’affiches qui encourage les gens à apprendre à parler occitan. En plus, il y a l’école d’été chaque année. Cette « école » est une série de cours de langue, de culture, et d’histoire qui ont lieu pendant une semaine intensive à Béziers pour servir d’un point de départ pour les débutants dans la langue.

10 “Une Éducation populaire en pratique,” Institut coopératif de l’école moderne—Pédagogie Freinet, . 38

À part ces évènements organisés, il y a aussi la possibilité de suivre des cours privés ou les leçons particulières dans la langue. Partout dans le sud de la France, il y a de petites organisations qui donnent les cours pour enseigner leur dialecte local aux habitants de la ville.

L’Occitan en culture

Comme l’enseignement d’occitan en est témoin, une des raisons importantes pour laquelle les habitants du sud de la France deviennent si passionnés pour l’occitan et leur dialecte local est qu’ils ont un lien fort avec la culture et l’histoire des régions.

Bien que l’occitan soit le plus connu pour sa poésie et ses troubadours du passé, aujourd’hui la culture et la vie artistique occitanes sont bien vivantes et actives. Cette renaissance culturelle se compose des musiciens contemporains, des pièces théâtrales, des réunions culturelles, des stations de radio, des émissions à la télévision, et des nouvelles œuvres littéraires. Avec tous ces types d’art et de médias qui se produise en occitan ou qui se concentre sur la promotion de la langue, le mouvement occitan essaie de faire vivre la langue plutôt que seulement la maintenir.

Dans cette lutte, la loi française a joué un rôle important. Pour se réaliser, ces moyens différents qui utilisent la langue occitane ont dû se battre contre certaines lois françaises. Bien que ces lois aient été créées pour assurer l’usage du français en

France à l’exclusion de l’anglais, elles ont eu des effets sur la diffusion des langues régionales en France. Outre les lois qui règlent l’usage obligatoire du français, il y avait aussi des lois et des déclarations qui servent à protéger l’usage des langues 39

régionales dans certains domaines des médias. Donc, en fait, la politique a joué un rôle intéressant dans la diffusion de la culture occitane en l’encourageant tout en limitant son usage en face de la langue nationale.

Dans le domaine du cinéma et de l’audio-visuel, il existe plusieurs lois qui exigent qu’un certain pourcentage de diffusion d’émissions et de films en France soit d’origine française. En fait, ces lois inclurent les langues régionales dans ce pourcentage. Par exemple, le décret no. 90-66 qui est sorti le 17 janvier 1990 avait comme but de protéger l’usage du français, mais il couvre aussi l’usage des langues régionales. En ce qui concerne l’apparence d’occitan à la télé, il y a plusieurs

émissions qui passent dans la langue, mais il n’y a aucune chaîne de télévision qui diffuse seulement en occitan. Ce manque d’une chaîne de télévision est frappant parce que l’occitan est la seule langue régionale avec autant de locuteurs à ne pas avoir une seule chaîne consacrée à la diffusion dans la langue. Par exemple, en Bretagne, le

Group TF1 possède une chaîne qui s’appelle TV Breizh (Breizh signifie « Bretagne » en breton) qui n’est pas diffusée seulement en breton, mais qui a une forte connexion avec la Bretagne.

En dépit de ce manque de chaînes dédiées complètement à la diffusion en occitan, la chaîne nationale a comme but d’encourager l’usage des langues régionales à la télé. Donc, dans ses chaînes régionales, France 3 consacre une quantité variable d’heures à la diffusion dans la langue régionale de chaque chaîne.

Malheureusement, cela ne veut pas dire toujours qu’il y a beaucoup d’heures consacrées à la langue régionale, mais, en 2004, les taux de diffusion en occitan 40

changeaient selon la chaîne locale : France 3 Aquitaine-occitan, environ 35 minutes par semaine ; France 3 Méditerranée, environ 30 heures par an dédiées au provençal spécifiquement ; et France 3 Sud-catalan et occitan, 21 heures par semaine à l’occitan et 6 heures par semaine en catalan.11 Par exemple, sur France 3 Méditerranée, il y apparaît chaque semaine une émission de « Vaqui », un titre qui se traduit comme

« Voilà » en français, qui se diffuse complètement en « langue du pays ».12 Cette série se concentre sur les différents aspects de la culture et de l’histoire dans la région et elle est accompagnée souvent par les sous-titres en français pour donner acces aux gens qui habitent dans le sud mais qui ne parlent pas provençal. Alors, bien qu’il n’existe pas de chaîne occitane à la télévision, la langue y apparaît toujours, même si son usage n’est pas aussi fréquent qu’on souhaiterait.

À part la télévision, l’occitan se trouve à la radio. Aussi dans le décret sur l’usage du français au cinéma et à la télévision, il y a une partie qui exige que 40 pourcent de la musique à la radio soit en français avec l’inclusion des chansons en langues régionales. En plus, la loi no. 2000-719 qui était une modification du décret no. 90-66 permet la diffusion des émissions complètement en langue régionale à la radio publique. Bien qu’il n’y ait pas de radio publique qui se diffuse 100 pourcent en occitan, il y a quand même des stations privées occitanes, même s’ils sont très peu nombreuses.13 Une de ces stations privées qui se diffuse en occitan s’appelle Radio

11 Judge, 137. 12 « Vaqui, » France 3 Méditerranée, . 13 « L’Occitan en France, » Euromosaic. . 41

Lenga d’Oc et elle est accessible à Montpellier, Sète, Alès, et Béziers.14 Il existe aussi

Radio Paü qui est basée à Pau, mais qui diffuse sur toute la région gasconne. Pour s’accorder avec la loi sur l’usage des langues de France, il faut que les stations privées signent aussi un accord avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour dire qu’ils utiliserait la langue régionale ou le français au moins 40 pourcent du temps.15

L’existence de cette station de radio en occitan est importante parce qu’elle permet aux locuteurs d’entendre leur langue dans leur vie normale et, si quelqu’un est en train d’apprendre ou de réapprendre la langue, la station l’aide à habituer l’oreille au sonore de la langue.

En ce qui concerne les médias imprimées, il y a plusieurs circulaires de la communauté occitane qui se font en occitan. Euromosaic, une étude menée par la

Commission européenne, a recensé les publications occitanes et a trouvé qu’aujourd’hui, « Il existe une vingtaine de publications (il s'agit surtout de publications d'associations de militants occitanistes et de revues culturelles et littéraires) utilisant l'occitan, et qui paraissent entre 2 et 6 fois l'an ».16 Parmi ces publications, il y a une page chaque semaine dans le journal La Marseillaise. Il s’agit de la langue et de la communauté occitanes et elle est écrite moitié en occitan moitié en français pour être accessible aux gens qui s’y intéressent mais qui ne parlent pas la langue. Claude (Glaudi) Barsotti, ancien soldat français devenu écrivain occitan et qui

écrit cette page pour La Marseillaise, explique que diviser l’article avec une moitié en

14 “Radio Lenga d’Oc,” . 15 Judge, 137. 16 “L’Occitan en France,” Euromosaic. 42

français et une en occitan est un moyen de sensibiliser les Français à la langue. Grâce au présence des deux langues en même temps, l’article affirme la culture occitane, mais ne crée pas un environement intimidant aux non-occitans. En plus, la presence du français pour certaines descriptions permet aux non-locuteurs d’avoir accès aux

événements culturels et aux rassemblements occitans pour soutenir la culture occitane bien qu’ils ne parlent pas la langue.

En ce qui concerne les journaux dédiés à la culture et la langue occitanes, un exemple est le journal mensuel Aquò d’Aqui, fondé en 1987 et basé en Provence. Pour la plupart les articles sont écrits en « langue d’oc régionale » de la région Provence-

Alpes Cote d’Azur (le provençal, le niçart, et l’occitan alpin). Selon leur site, Aquò d’Aqui définit leur journal ainsi :

Une large part des articles sont consacrés à l'actualité régionaliste, et un

regard est porté particulièrement sur l'Education. Le journal propose

régulièrement des articles sur la société régionale utilisables par les

enseignants d'occitan-provençal. Aquò d'Aqui s'attache également à

couvrir des sujets sur l'environnement de Provence Alpes Cote d'Azur,

et sur l'innovation sociale.17

Cette description est importante parce qu’elle montre que même les journaux visent à soutenir les écoles occitanes et leur fournir avec des matériaux que les professeurs pourraient utiliser dans la salle de classe. Cela souligne l’idée que le mouvement

17 “Qu’es Aquò d’Aqui?” . 43

occitan est vraiment uni et essaie de créer une communauté et de soutenir les autres branches autant que possible.

À part les médias et les journaux publiés dans la langue d’oc, il y a aussi une culture littéraire qui crée des romans et des livres académiques en occitan. Le manque de nouvelle littérature à lire posait (et continue à poser) un problème pour les locuteurs de la langue. Comme M. Blenet a expliqué dans son entretien, bien qu’il y ait des enfants et des adultes qui savent parler la langue, maintenant il faut qu’ils aient des choses à lire ou « à manger » au lieu d’être forcés à lire seulement la littérature classique occitane pour s’amuser. Bien que la présence des journaux leur donne des nouvelles choses à lire, il faut aussi avoir des romans populaires pour les amuser et pour lire dans leur temps libre.

Les deux plus grands problèmes concernant la littérature moderne occitane est le manque de beaucoup de titres nouveaux ou de traductions et la difficulté de trouver les magasins où on peut les acheter. Heureusement, il y a des librairies en ligne où les locuteurs peuvent acheter des livres de tous les genres : les romans, les essais, les contes, la poésie, la cuisine, la jeunesse, etc. Un exemple est Le Moustier, une médiathèque spécialisée dans la culture occitane qui se trouve actuellement à

Montuban mais qui vend aussi ses matériaux en ligne.18 Le Moustier vend les livres destinés non seulement aux locuteurs de la langue, mais aussi aux Français qui s’y intéressent. Par exemple, il y a un livre disponible pour les enfants qui est écrit en occitan qui décrit toutes les langues de France.

18 “Le Moustier,” . 44

Outre la publication des romans originaux écrits en occitan, il existe aussi des traductions en occitan des bandes dessinées populaires comme Lucky Luke et Astérix.

La présence de ces bandes dessinées en occitan est signifiante parce que cela montre que l’occitan fait toujours partie de la culture populaire. En plus, cela montre qu’il y a un marché qui achète ces produits en occitan. S’il n’y avait pas un marché suffisant de consommateurs qui veulent acheter les traductions occitanes, elles n’existeraient pas.

Pour les adultes, il y a aussi des auteurs qui créent des œuvres littéraires modernes en occitan. Le plus connu de nos jours est Robert Lafont qui vient de mourir en 2009.

Lafont était activiste et académique occitan qui était aussi romancier, poète, et dramaturge occitans.

Un autre aspect de la culture moderne occitane se trouve sur scène avec des théâtres qui sont dédiés à la représentation des pièces occitanes. Ce moyen de promouvoir la langue est bien vivante aujourd’hui. Comme explique la publication

L’occitan… qu’es aquò ?, la représentation se passe à tous les niveaux :

Le genre théâtral est présent à toutes les époques dans la création

occitane. De la farce populaire en passant par la tragédie ou la

pastorale, tous les genres coexistent en tant que création artistique

comme en tant que littéraire. Pratiqué par huit troupes

professionnelles, de nombreuses troupes d’amateurs et de scolaires, le

théâtre est, avec le conte, un moyen de transmission et d’apprentissage

de la langue très efficace.19

19 L’occitan… qu’es aquò ?, 8. 45

En ce qui concerne les théâtres professionnels, il y en a à Montpellier et à

Toulon. À Montpellier, on y trouve la compagnie de la Rampe TIO (Teatre interegional occitan) qui a été fondée en 1974. Selon leur site, le but de la compagnie est de « Transmettre, renouveler, inventer une création occitane,” surtout des créations théâtrales contemporaines. À part la Rampe, il y a aussi le Centre Dramatique Occitan

à Toulon qui a été fondé en 1971 par André Neyton pour participer aux Journées du

Théâtre des Nations à Paris et la companie Gargamela qui travaille depuis 1988 à

Saint-Hippolyte-du-Port, près de Nîmes.20 Ces théâtres luttent pour faire connaître non seulement la langue occitane vivante et les œuvres modernes qui se font courrament, mais aussi la culture vive du Sud de la France, comme mentionne le site de Gargamela. Par exemple, en juillet 2010, le CDO à Toulon va rendre hommage au dramaturge Robert Lafont avec une nouvelle création pour mettre sur scène.21

Finalement, en ce qui concerne la culture moderne occitane, il y a aussi le côté musical. Bien qu’il y ait beaucoup de chansons et chanteurs traditionnels en occitan, selon l’évaluation d’Euromosaic et la Commission européenne, « l’usage de l’occitan est beaucoup plus faible dans la chanson moderne ».22 En dépit de cette assertion, il y a aujourd’hui des groupes célèbres qui chantent en occitan et/ou traitent des thèmes de la culture occitane et de la région. Un des plus connus—surtout en Provence—est le groupe Massilia Sound Système. Massilia qui est très marseillais en orientation, fait aussi d’autres activités pour promouvoir le mouvement occitaniste, comme leur

20 « Gargamela, » < http://www.gargamela.com/presentation.htm>. 21 “Les Spectacles: For Ever,” . Accédé le 22 avril 2010. 22 « L’Occitan en France, » Euromosaic, 3.5. 46

soutien pour l’Oastau Marsehla et leur utilisation de « la Bonne Mère » de comme une toile de fond aux concerts. Il y a aussi d’autres groupes modernes qui chantent en ou à propos de la langue. Ces concerts servent aussi à créer une communauté où les locuteurs peuvent se réunir et s’amuser ensemble.

Un dernier moyen de se réunir qui est important pour les Occitans est de se rassembler pour faire voir la puissance et la communauté occitane. Deux des plus grands sont les rassemblements qui se passent à Béziers et à Carcassonne. Depuis

2005, il y a eu trois manifestations dont le plus récent était le 24 octobre 2009 à

Carcassonne. Le site Manifestar per l’occitan a résumé le rassemblement et leurs buts ainsi :

De nombreux participants pensent que se retrouver, à peu près tous les

deux ans, pour affirmer son attachement à la langue et à ses droits de

vie publique a des conséquences positives sur la société et sur le monde

politique. D’autres encore disent que les trois manifestations passées

leur ont aussi servi à dynamiser leur action dans leur secteur car savoir

que l’on est des dizaines de milliers à défendre la langue, donne de

l’ardeur pour continuer le travail de proximité, pas toujours évident.23

Comme ce résumé des raisons pour lesquelles les Occitanists décident de se manifester montre, le but du mouvement est vraiment la reconnaissance de l’existence d’un groupe signifiant qui soutient l’usage de la langue et la diffusion de la culture occitane. En plus, ces rassemblements servent comme un appel au gouvernement

23 “Bilan de Carcassonne 2009,” Manifestar per l’occitan, . 47

français de tenir leurs promesses de soutien auprès de l’usage de la langue, comme montre le site officiel des Verts de la région Languedoc-Roussilion qui présente une liste des raisons pour lesquelles il faut se manifester : les promesses du Président de la

République, le soutien des collectivités françaises, le statut des médias occitans comme la radio, le désir d’accroître le nombre d’élèves dans les écoles occitanes, et l’arrivée des élections régionales. En plus, ses raisons sont résumées par le site des

Verts où il dit, « Un patrimoine linguistique cela s’entretient par une politique linguistique ambitieuse qui a pour but de faire en sorte que la langue soit plus parlée, plus écrite, plus utile dans les relations sociales ».24 C’est un sentiment partagé par la plupart des membres du mouvement occitan.

Un dernier moyen de faire reconnaître la présence de l’occitan dans le Sud de la France était l’introduction de la signalisation bilingue occitan/français. Le mémorandum 1619 a introduit la signalisation routière bilingue en occitan le 10 août

1979 avec une réception mixte. Cette signalisation a inclus les panneaux dans les rues et aux entrées des villes. Certains représentatives du gouvernement étaient contre l’introduction de ses panneaux, citant l’Ordonnance de Villers-Cotterêts et l’article 2 de la Constitution française qui ont établi le français comme la langue de la

République. Par exemple, selon Anne Judge, le Préfet de la région Pyrénées orientales a lutté pour interdire la présence de ces panneaux à et dans toutes les communes catalophones, mais sans succès.25

24 « Grand rassemblement occitan à Carcassonne, » Les Verts Languedoc- Roussillion, . 25 Judge, 32. 48

Outre la signalisation routière, il y a aussi les annonces de métro bilingue qui se font à Toulouse. Ces annonces ont été introduit pour le festival Occitania du 25 au

28 septembre 2009 ; après ces dates le gouvernement toulousain va examiner la possibilité de continuer avec l’usage de ces annonces bilingues.26 La création de cette signalisation routière bilingue et l’usage de l’occitan dans le métro font partie du mouvement occitan pour encourager la reconnaissance de la présence de la langue dans cette partie de la France comme ils veulent faire avec leurs rassemblements et leurs mouvements politiques.

Au final, à part ces groupes et ces organisations mentionnés ici, il y a d’autres groupes occitans qui luttent pour la survie et l’usage accroissant de l’occitan dans le

Sud de la France. Bien que les locuteurs de la langue soient certainement une minorité dans leurs régions, il y a quand même un nombre important de gens passionnés pour la langue qui luttent sans cesse pour la promouvoir. Comme le chapitre suivant va montrer, c’est cette passion et ses moyens de faire vivre la langue qui sont si importants, même nécessaire, pour la survie d’une langue dans la vie quotidienne.

26 Philippe Emery, “On va parler occitan dans le métro dès la rentrée,” La Dépêche.fr, . 49

Chapitre 3

La survie d’une langue minoritaire

Comme nous avons déjà vu dans les chapitres précédents, une langue est vivante et toujours en train de s’évoluer selon ses usages et la société qui l’utilise. Les problèmes commencent quand les locuteurs d’une langue sont entourés par une autre langue qui domine sur le plan social et médiatique, la situation de l’occitan aujourd’hui. Dans ces situations, il faut que les locuteurs soient attentifs et dédiés à l’usage et la promotion de leur langue menacée. Malheureusement, ces situations deviennent de plus en plus répandues alors que la société moderne se mondialise et l’usage de l’anglais, du chinois, et d’autres langues dominantes augmente.

Que veut dire « la mort d’une langue » et quelle est la situation des langues régionales aujourd’hui ?

Aujourd’hui, avec l’usage de plus en plus répandu de l’Internet, la technologie et la facilité avec laquelle les gens peuvent se parler à travers de longues distances, le monde devient de plus en plus petit chaque jour. Bien que cette mondialisation facilite l’échange commercial et la communication entre des pays divers, elle pose une menace grave aux langues moins répandues et moins parlées. La mort des langues est un problème qui est peu connu dans le monde aujourd’hui bien qu’elle présente une grave menace à la culture mondiale. En fait, il y a un assez grand segment de la population qui ne s’inquiète pas à propos de la disparition des langues et qui soutient l’idée d’une lingua franca ou une langue internationale du commerce comme 50

l’anglais. Ce groupe de personnes—d’habitude monolingue—ne reconnaît pas les contributions des langues minoritaires ou menacées à la connaissance ou au savoir mondial.

Dans le monde aujourd’hui, 90 pourcent des gens parlent seulement les cent langues les plus répandues, ne laissant que 10 pourcent du monde pour soutenir et parler les milliers des langues minoritaires, indigènes, et régionales.1 Les huit langues avec plus de 100 millions de locuteurs (le mandarin, l’espagnol, l’anglais, le bengali, l’hindou, le português, le russe, le japonais) ont 2.4 milliards de locuteurs en total. Si on ajoute les 20 langues avec le plus grand nombre de locuteurs, il y a 3.2 milliard de personnes—une moitié de la population entière du monde. Cela dit, il n’y a que 4% de la population mondiale qui parle 96% des langues du monde.2 Il est difficile de savoir combien de langues existent dans le monde aujourd’hui. Récemment, les estimations varient entre 3.000 et 10.000 langues, mais le chiffre le plus accepté aujourd’hui est environ 6.000 langues. Ce total ne prend pas en compte les langues qui se parlaient autrefois, mais qui sont disparues de l’usage quotidien depuis. Deux exemples très connus sont le latin et le grec ancien mais ces langues ont été bien préservées dans les textes et les documents de l’époque. Il arrive plus souvent avec les langues qu’il n’existe pas de version écrite et, donc, quand on perd une de ces langues, il n’en reste rien et c’est comme si elle n’a jamais existé.

1 Daniel Nettle and Suzanne Romaine, Vanishing Voices : The Extinction of the World’s Languages, 18. 2 David Crystal, Language Death, 15. 51

Les linguistes définissent la mort d’une langue comme la situation qui arrive quand il n’existe plus personne qui parle cette langue. Cette conception du terme est un peu difficile à solidifier parce qu’elle pose la question, « Combien de locuteurs sont nécessaires pour garantir la survie d’une langue ? » David Crystal accepte cette première définition pour la plupart, mais il la modifie en disant, « As speakers cannot demonstrate their fluency if they have no one to talk to, a language is effectively dead when there is only one speaker left, with no member of the younger generation interested in learning it ».3 Donc, pour avoir une langue qui est toujours semi-vivante, il faut avoir au moins deux personnes capables de tenir une conversation entre elles.

Sinon, la langue serait effectivement une morte-vivante avec personne qui veuille l’apprendre pour essayer de la conserver et garder sa connaissance.

À propos de la conservation d’une langue, une comparaison que font souvent les linguistes à propos de la mort des langues est avec l’extinction des espèces d’ en utilisant la même terminologie que les biologistes emploient pour décrire ce phénomène biologique. En fait, comme les termes le montrent, ces deux phénomènes sont assez similaires, sauf une différence clée : le manque de reconnaissance mondiale pour la perte des langues par contraste avec un soutien assez fort pour la préservation des espèces. Dans les deux situations—l’extinction de certaines espèces d’animaux et la morte des langues menacées—les sujets restent dans les situations précaires entre l’existence maintenue et la disparition totale. Il faut que

3 Crystal, 11. 52

l’environnement autour des espèces et des langues menacées change et décide de les soutenir avant que cela soit trop tard pour les préserver effectivement.

Pourquoi est-ce que les langues meurent ?

Une langue, comme une espèce d’animal, peut mourir pour plusieurs raisons, et cette mort peut arriver graduellement à travers les années ou tout d’un coup, dans le cas de la violence ou d’un massacre d’une tribu, par exemple. Dans tous les cas, la mort des langues arrive quand la langue maternelle d’une certaine société ou d’un certain groupe d’individus est remplacée complètement par une autre langue indigène ou dominante. Cela peut arriver pour les raisons suivantes : le commerce, le pouvoir ou un conflit politique, la peur, ou le désir d’assimiler à une nouvelle culture. Cette disparition des langues arrive de plus en plus à cause de la mondialisation répandue et la croissance de l’usage des plus grandes langues comme l’anglais et le mandarin.

Une autre raison pour laquelle les langues disparaissent est que les parents ne les transmettent plus à leurs enfants ou les jeunes décident qu’ils préfèrent la langue de leur société qui est d’habitude la langue dominante de la culture. Selon Crystal, il arrive souvent que « the younger generation becomes increasingly proficient in the new [dominant] language, indentifying more with it, and finding their first language less relevant to their new needs. This is often accompanied by a feeling of shame about using the old language, on the part of the parents as well as their children ».4

Comme la vie quotidienne et commerciale se passe souvent dans la langue dominante,

4 Crystal, 79. 53

il est plus utile et plus facile pour les locuteurs de la langue minoritaire d’adopter l’usage de l’autre langue au lieu de lutter pour le droit d’utiliser leur langue maternelle dans le commerce quotidien. En plus, chez les jeunes, le désir d’appartenir à un groupe ou à une communauté « à la mode » mène aussi à l’envie d’utiliser la langue dominante pour être plus progressif ou chic au lieu de rester lié au passe et aux traditions.

À propos des parents qui ne transmettent plus la langue aux nouvelles générations, cette décision est largement due aux taquineries ou aux punitions auxquelles ils ont été subis eux-mêmes pendant leur enfance, d’habitude par les enseignants dans la salle de classe. La punition des locuteurs pour avoir parlé la langue à l’école ou dans la société est un phénomène qui arrive souvent aux gens qui parlent une langue minoritaire dans une société plus large qui est contrôlée par la langue dominante. En plus, avec ces punitions ou ces taquineries, les enfants apprennent qu’ils devraient avoir peur ou honte d’utiliser leur langue maternelle.

Comme Crystal explique :

One isn’t born with feelings of shame and a lack of self-confidence

about one’s language. In virtually all cases, they are introduced by a

more dominant culture, whose members stigmatize the people in such

terms as stupid, lazy, and barbaric… and their language as ignorant,

backward, deformed, inadequate, or even (in the case of some

missionaries) a creation of the devil.5

5 Crystal, 84. 54

Bien sûr le gouvernement n’a pas dit que l’occitan était la création du diable, mais il a bien suggéré que la langue était anti-française et contre la révolution à une époque, une suggestion qui est très efficace dans une société qui met autant de valeur sur l’unité du pays et de la nation. Denis Ager explique ces stéréotypes plus spécifiquement français dans son article sur l’identité où il dit que « regional languages were banned through hatred, fear and suspicion of what they symbolized and the message of political fragmentation they carried, while French alone was to be the language of freedom and of universal value, and act as the doorway to the future and to individual development within the Republic ».6 Alors, Ager affirme ce que

Crystal a expliqué dans une situation plus générale et suggère qu’il faut avoir une seule langue pour former effectivement une « Nation » et un peuple unis. C’était à cause de cette haine, les stéréotypes contre les langues dites régionales, et les punitions reçues à l’école que les parents voulaient faire que leurs enfants éviteraient ce traitement et cette honte auxquels ils ont été subis à l’école, un désir qui a accéléré le déclin de l’usage de la langue.

Bien que l’usage de l’occitan soit sur le déclin pour un grand nombre de raisons, cette situation est très pertinente à ce qui s’est passé avec l’usage de l’occitan et les autres langues régionales en France. Depuis la stigmatisation des langues régionales en France qui a commencé avec la Révolution et qui continue jusqu’à nos jours, l’usage quotidien de l’occitan continue à être marginalisé et relégué aux domaines ruraux et académiques. La population rurale et surtout la population rurale

6 Ager, 28. 55

âgée est toujours capable d’utiliser la langue parce qu’elle est relativement à l’écart de la société majoritaire française. Chez les universitaires ou les enseignants-chercheurs, l’occitan est étudié comme un mouvement courrant, une langue et une littérature prestigieuses, et une culture intéressante.

En ce qui concerne la punition pour avoir utilisé la langue minoritaire à l’école, les enseignants l’ont bien fait avec l’occitan. Cette stigmatisation, qui a été encouragée par le gouvernement français, a réussi à un tel point que ces préjugés continuent à exister aujourd’hui. Par exemple, Jean-Louis Blenet, le président de l’Association des écoles Calandretas qui est aussi un acteur dans un théâtre occitan à

Montpellier, a avoué qu’une fois, ses deux enfants ont été réprimandés dans la rue parce qu’une vieille femme les a entendus en train de se parler en occitan. En fait, elle a particulièrement grondé la sœur aînée pour avoir parlé à son frère en occitan, disant qu’elle allait le corrompre avec ce « patois. » Donc, les opinions contre l’usage de l’occitan et les autres langues régionales sont toujours bien vivantes parmi la société plus large. Mais pourquoi et comment éviter que ces situations arrivent et encourager les parents et les jeunes aussi à apprendre et à continuer d’utiliser leur langue régionale pour garantir sa survie ?

Quelle est l’importance de maintenir les langues menacées ?

Quand une espèce animale disparaît, l’écosystème dans lequel elle vivait est irrévocablement changé et, des fois, il y a des répercutions dans le monde entier. La situation est similaire avec la disparition des langues menacées. Comme la plupart de 56

la société s’intéresse à la préservation des animaux, on devrait s’intéresser aussi à la préservation des langues du monde. Il est important de maintenir ces langues parce qu’une langue n’est pas seulement une forme de communication, mais elle est aussi un point clé pour la maintenance d’une culture, d’une communauté ou d’une société.

Maintenir les langues du monde enrichit la vie pour plusieurs raisons : la diversité mondiale, l’identité individuelle et sociétale, l’histoire qu’elle contient, et la richesse culturelle et linguistique du monde.

Une langue représente la société dans laquelle elle est employée et elle possède toutes les nuances que représente cette société. Cela étant dit, la diversité linguistique reflète intrinsèquement la diversité et les différences entre les nombreuses cultures du monde. David Crystal parle de l’importance de protéger cette diversité dans ses raisons pour maintenir des langues :

If diversity is a prerequisite for successful humanity, then the

preservation of linguistic diversity is essential, for language lies at the

heart of what it means to be human. If the development of multiple

cultures is so important, then the role of languages becomes critical, for

cultures are chiefly transmitted through spoken and written languages.7

Donc, comme Crystal explique, les langues représentent un patrimoine mondial qui est irremplaçable en ce qui concerne la diversité qui existe sur la planète. Une langue est inséparablement liée à la culture qui la soutient avec les expressions, les façons différentes de penser, les histoires, et les liens sociaux et familiaux.

7 Crystal, 33-34. 57

Une langue représente l’identité d’une culture, mais elle représente l’identité personnelle aussi. La langue maternelle est quelque chose qui définit une personne dès sa naissance et lui fournit le moyen de se voir et se comprendre. Bien qu’une personne puisse apprendre plusieurs langues, sa langue maternelle est d’habitude d’un niveau supérieur grâce à sa place dans la famille, dans la communauté, et dans la scolarisation (si possible) de l’enfant. Cette idée de la scolarisation des enfants est très importante pour les locuteurs d’une langue minoritaire parce que, comme avec l’occitan, il n’y a parfois pas des écoles où la langue d’instruction est la langue maternelle et minoritaire. Dans son appel aux défenseurs de la langue d’oc et plus spécifiquement le dialecte de Béarn, Jean Lafitte lutte pour l’usage quotidien du béarnais, surtout dans les écoles : « Citons d’abord le Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies qui considère comme imprescriptible le droit de pratiquer une langue régionale ou minoritaire dans la vie privée et publique.

De la même façon ont étés reconnus des Droits de l’Enfant, comprenant celui d’être scolarisé dans sa langue maternelle ».8 Ici, Lafitte montre que le droit d’utiliser la langue régionale et maternelle dans tous les aspects de la vie et surtout à l’école est nécessaire non seulement pour le bien général de l’enfant ou du locuteur, mais aussi pour leur identité personnelle.

L’histoire est une autre raison pour laquelle la préservation des langues est tellement importante. Dans le premier sens, l’histoire (souvent orale) représente le passé et le prestige de la société d’une communauté de locuteurs. Bien qu’une histoire

8 Lafitte, 11. 58

puisse être traduite dans la langue dominante, il y aura toujours des expressions ou des mots qui sont importants à la société de la langue minoritaire qui n’existent pas dans la langue qui la remplace. De plus, comme Bag Vaton a mentionné dans notre entretien en 2008, l’histoire est toujours écrite par les gagnants. Donc, des fois, comme dans le cas de l’occitan et la croisade contre les Cathares, l’histoire officielle française est bien différente du souvenir occitan. Pour cette raison, il est important d’avoir les histoires qui sont contribuées par les langues et les sociétés minoritaires pour avoir une idée plus complète des évènements du passé.

Dernièrement, la maintenance des langues est importante pour la richesse culturelle et linguistique du monde. Comme les langues représentent un peuple et une culture, si l’on en perd une, on perd toute une culture aussi, et avec la perte de cette culture, toutes les nuances qui l’accompagnent. En plus, comme les très petites langues indigènes sont rarement préservées par une orthographe ou par une littérature

écrite qui restent, après la mort d’une de ces langues, il n’y a plus rien pour les linguistes ou les ethnologues à analyser ou étudier. Dans le cas de l’occitan, la langue a énormément contribué au patrimoine français en tant que la culture occitane et du sud de la France, l’amour courtois, et la poésie des troubadours. L’occitan a aussi influencé le français dans le sud de la France avec les mots empruntés et l’accent chantant. Les différences créées par l’existence d’autres langues sont irremplaçables parce qu’elles rendent le monde plus intéressant et divers et qu’il y a toujours quelque chose à découvrir, soit pour les chercheurs soit pour les autres personnes qui veulent apprendre plus sur les autres cultures qui existent. 59

C’est pour ces raisons qu’il faut absolument maintenir les langues menacées.

Permettre la disparition de ces langues est une perte mondiale qui a des répercutions dans nombreux domaines de la vie. Ces langues représentent non seulement la diversité des cultures du monde et des individus, mais aussi la diversité et les expériences différentes de l’histoire.

Comment maintenir une langue ? Est-il possible de le faire ?

« Comment maintenir une langue ? » est une question complexe qui nécessite une réponse également complexe. Comme on a déjà mentionné dans les pages précédentes, pour maintenir une langue, il y a plusieurs éléments nécessaires : le soutien de la communauté de locuteurs, un groupe qui s’intéresse à la préservation de la langue, et certains aspects spécifiques de la langue même, son usage, et son histoire.

En ce qui concerne le soutien de la communauté, de première importance est l’attitude de la communauté de locuteurs et de la société de la langue majoritaire.

David Bradley explique cette idée dans son article « Language Attitudes : the key factors in language maintenance » :

Specific minority and majority beliefs and preferences about the

following are highly relevant : (1) whether bilingualism is accepted and

valued or even normal and expected ; (2) how public use of a minority

language in the presence of monolingual majority speakers is viewed ;

(3) whether minority group members view their language as ‘difficult’

or ‘hard to maintain’ ; (4) the attitudes of the majority, the minority 60

itself, and other minorities about the relative utility, importance and

beauty of the majority and various minority languages ; (5) whether the

society as a whole supports, tolerates or represses [language

maintenance] for minority languages.9

Stephen Wurm renforce cet accent sur l’importance de l’attitude des locuteurs de la langue dominante en disant qu’un changement d’opinion négative en positive en ce qui concerne la langue menacée mène souvent à la réinvigoration de la langue.10

Donc, pour commencer la revitalisation d’une langue, il faut lutter pour changer l’opinion de la communauté dominante. Cela peut être très difficile, comme

Crystal explique dans son livre : « Within a country, people do not change their minds, or develop positive attitudes about endangered languages, just by being given information ; the arguments need to capture their emotions ».11 Un moyen de capturer les émotions et l’intérêt de la société dominante est par l’encouragement de l’art et des activités culturelles de la langue menacée : la peinture, la musique, le théâtre, et la littérature. Pour l’occitan, cet étape est déjà en train de s’agrandir. Il y a des théâtres occitans, un mouvement musical contemporain, une littérature moderne, et des rassemblements partout dans le sud de la France. Ces activités aident à faire reconnaître le mouvement occitan et des langues régionales dans toute la France. En reconnaissant le succès de ces aspects du mouvement, Jean-Louis Blenet ajoute : « Le problème va être comment continuer ce qu’on fait, continuer à pousser les feux, et

9 Bradley, 1-2. 10 Stephen Wurm, “Strategies for Language Maintenance and Revival,” Language Endangerment and Language Maintenance, 15. 11 Crystal, 99. 61

comment on va prouver le moyen d’agiter la société et faire qu’elle change d’opinion et de régime ».12 Cette renaissance culturelle sensibilise les Français aux problèmes que confrontent les occitanistes et la beauté de la langue d’oc, mais il faut qu’elle continue pour aider à préserver la langue.

Un autre aspect de la langue qui est intégral pour la préservation d’une langue est le passage de la langue en famille des parents ou des grands-parents aux enfants. Il faut que les jeunes apprennent la langue pour qu’elle continue à vivre parmi les nouvelles générations. Selon Wurm, « Any language of a community which is not learned anymore by children, or at least by a large part of the children of that community (say at least 30 per cent) should be regarded as ‘endangered’ or at least

‘potentially endangered’ ».13 Cette transmission de la langue aux jeunes de la société est obligatoire pour assurer la survie de la langue, mais elle est aussi souvent un des

éléments les plus difficiles dans l’entretien d’une langue minoritaire. Il est difficile non seulement parce que, dans beaucoup de cas, comme avec l’occitan, les parents ont arrêté exprès d’apprendre la langue à leurs enfants, mais il est aussi difficile d’inspirer un désir de l’apprendre chez les jeunes à cause des stéréotypes ou un manque de motivation. Pour les jeunes qui sont entourés par une autre langue dominante, il est facile de voir leur langue régionale ou minoritaire comme une marque du passé ou un vestige culturel démodé, une opinion qui rend l’usage courrant de la langue plus difficile chez les jeunes qui sont préoccupés par la vie sociale à la mode.

12 Jean-Louis Blenet, Entretien personnel, 17 mars 2009. 13 Wurm, Atlas 1-2. 62

Mais il est possible d’incorporer les deux, la vie courante et la langue comme l’on l’a fait dans le mouvement occitaniste moderne. Parmi les activités soutenues par les Occitans, il y en a qui visent toutes les générations avec la culture traditionnelle et aussi la culture innovatrice et contemporaine. Ces distinctions et cette diversité d’activité sont essentielles. Quand les locuteurs créent les évènements culturels, il faut qu’on prenne en considération les gens de tous les âges, selon

Crystal :

But, in talking about about art forms, it is crucial to include all sectors

of society… There has to be inclusiveness, simply because not

everyone in the endangered community will find everything equally

appealing. The critical dimension is age. The kind of activities

promoted by the long-established cultural festivals can appear old-

fashioned or parochial to the community’s youth. On the other hand,

the kind of activity which interests the young can be dismissed by the

older generation as involving a lowering of standards.14

Donc, en ayant des évènements et des éléments qui couvrent toute la gamme d’intérêts et d’âges, les Occitans et les locuteurs des autres langues minoritaires peuvent créer une communauté effective et cohésive.

De plus, il est plus facile de préserver une langue s’il y a des archives ou une version écrite. Une orthographe acceptée par la communauté est intégrale à une langue parce qu’elle la standardise et la règle. Dans le domaine scolaire, une

14 Crystal, 113. 63

orthographe permet aussi aux enseignants d’apprendre la langue plus facilement aux

élèves. Quant aux linguistes et aux chercheurs qui veulent examiner la langue, le fait d’avoir une version écrite aide aussi à leur capacité de l’analyser et d’étudier son

évolution.

Dernièrement, un autre aspect qui influence le succès d’un effort de préserver une langue est le soutien financier et gouvernemental. Même si les défenseurs de la langue parviennent à changer l’opinion de la société dominante envers la langue, il faut aussi qu’ils aient un moyen de financer leur lutte et le soutien gouvernemental pour la faciliter et la légitimiser.

L’Occitan, est-il en danger de disparaître ?

La langue occitane est dans une assez bonne situation en comparaison avec d’autres langues qui sont en danger de disparition ou dans un état précaire. Cela étant dit, l’usage de la langue est toujours marginal dans la société du sud de la France.

Après toutes les années de suppression par la culture dominante française, il est très difficile pour la langue de réapproprier son usage perdu et son prestige dans la vie quotidienne. Mais, avec toutes les activités différentes qui sont en train de se réaliser avec la langue, il faut que le nombre de locuteurs augmente pour que la langue continue à vivre.

En ce qui concerne les moyens différents que les linguistes utilisent pour mesurer la santé d’une langue, l’occitan possède plusieurs de ces points clés : une histoire, une orthographe, une culture, un système d’éducation, et un territoire 64

historique. Maintenant, il faut que ces mouvements continuent. Par exemple, dans toutes les écoles de l’Association des Calandretas, il y a 2.500 élèves aujourd’hui, mais en comparaison avec la société autour des écoles, 2.500 n’est qu’une goutte d’eau. Le président de l’Association, Jean-Louis Blenet, a expliqué cette théorie pour montrer l’importance d’attirer plus d’étudiants :

Maintenant que [l’Association des écoles Calandretas] a réussi à

combattre tous les autres arguments contre la scolarisation de la langue,

il faut changer de niveau à un moment donné. Parce que si en vingt

ans, on double, on aura 5.000 enfants… mais par rapport au problème

ce n’est rien. À Montpellier, dans les écoles de Montpellier, il y a

20.000 enfants. Rien qu’à Montpellier.15

Cette comparaison est très frappante en ce qui concerne le nombre réel de locuteurs.

Si on revient à la question posée au début du chapitre, « Combien de locuteurs sont nécessaires pour garantir la survie d’une langue ? », l’on verra dans cette situation que, pour l’occitan, 2.500 enfants n’est pas un total suffisant, même s’il représente un nombre assez solide de locuteurs qui sont, en plus, des locuteurs jeunes et bilingues qui ne sortent pas seulement des domaines ruraux ou académiques.

À part le besoin d’attirer ou de former plus de locuteurs, il faut aussi que la langue regagne sa place perdue dans le commerce quotidien de la région où elle a été remplacée par le français standard. Les Occitanistes ont déjà créé et commencé à circuler un annuaire qui liste toutes les entreprises ou les artisans qui soutiennent

15 Jean-Louis Blenet, Entretien personnel, 17 mars 2009. 65

l’occitan et qui veulent exprimer leur « volonté de montrer une identité originale ».16

Dans l’annuaire, il y a même trois niveaux différents de soutien ou d’usage de la langue : (1) « Aicí l’occitan nos agrada » [Ici on aime l’occitan] pour les organismes qui ont engagé des mesures pour valoriser, montrer ou faire entendre la langue), (2)

« Aicí parlam l’occitan » [Ici on parle occitan] pour les groupes où des consommateurs peuvent s’attendre à recevoir le service en occitan, et (3) « Aicí l’occitan es de’n pertot » [Ici l’occitan est partout] pour les organisations où l’occitan est employé comme langue de travail en plus du service au public.17 Une publication gratuite de l’Institut d’Études Occitanes le décrit en disant :

Si vous tendez l’oreille, vous entendrez sûrement parler occitan dans

les lieux de vie tels la place du village, un jour de marché, ou dans les

moments anodins. Mais il ne faut pas se cacher que l’emploi de

l’occitan dans la vie sociale est en très forte dépression. Ce recul n’est

cependant pas vieux. Le label Òc per l’occitan [La région d’Oc pour

l’occitan] a été créé par l’Ofici per l’occitan [l’Office pour l’occitan] en

partenariat avec l’Institut d’Estudis Occitans pour relancer l’emploi de

l’occitan dans la vie de tous les jours.18

16 L’Occitan, qu’es-aquo?, 14. 17 “Le Certificat : un engagement,” , Accédé le 12 février 2010. 18 L’Occitan, qu’es-aquo?, 14. 66

Comme l’on explique, la création et l’emploi de cet annuaire permet aux Occitans de toucher un public nouveau et de « rentrer dans un réseau de consommateurs demandeurs d’un service en occitan, de produits affichant l’occitan ».

Bien que le mouvement occitan soit un mouvement à multiples facettes, il faut que la participation dans tous ces domaines—l’école, l’art, le commerce—continuent à s’augmenter pour que la langue continue à regagner sa place perdue dans la société française. Si la langue se maintient à ce niveau sans croissance dans les années à venir, il va être encore plus difficile de la rendre pertinente et usable dans la vie quotidienne. 67

Conclusion

Quel va être l’avenir de la langue occitane dans la France

moderne ?

En France, il n’y avait jamais un moment où la langue occitane a cessé d’exister. Depuis le moment où les langues de France ont commencé à s’évoluer de leurs racines latines, l’occitan a eu une présence dans le sud de la France. La langue a connu son point culminant dans l’histoire au Moyen Age avec la poésie des troubadours qui a beaucoup influencé la littérature courtoise et chevaleresque mondiale. Cette influence de la langue a maintenu sa puissance jusqu’en 1539 quand l’Ordonnance de Villers-Cottêrets a imposé l’emploi officiel du français.

L’ordonnance a relégué l’occitan à une place secondaire et ensuite a permis son

évolution à une langue honteuse. Depuis cette loi, le gouvernement a fortement travaillé pendant des siècles pour stigmatiser l’usage des langues régionales en France pour assurer le succès de l’idée d’une nation française unifiée.

Ces efforts de la part du gouvernement français se sont traduits à l’école française où les étudiants ont été punis si un professeur les entendait parler une langue régionale. Donc, une honte intrinsèque s’est installée chez les locuteurs occitans qui les a empêchés d’apprendre la langue à leurs enfants. Aujourd’hui, il faut toujours lutter contre ses opinions négatives qui sont si bien ancrées dans l’esprit collective française qu’elles sont difficiles à vaincre.

Heureusement, depuis le début du XXe siècle, cette opinion négative du gouvernement et des Français a commencé à changer peu à peu avec l’introduction des 68

lois qui soutiennent les organisations responsables de maintenir ces langues et qui permettent enfin la réintroduction de l’enseignement des langues régionales dans les

écoles nationales et dans les écoles privées ou associatives. Avec la possibilité d’apprendre la langue aux élèves à l’école, le mouvement occitaniste pousse à former des jeunes qui sont bilingues et qui s’intéressent à la langue de leur région. C’est la présence de la langue comme une matière ou une langue d’instruction à l’école qui encourage et solidifie l’usage de l’occitan aujourd’hui et contribue au fait qu’il y a un nombre signifiant de locuteurs qui le parle et l’emploie pour maintenir leurs racines culturelles.

En plus, l’occitan a continué à acquérir du renommé pour ses contributions à la littérature moderne mondiale et sa culture attirante. L’occitan a rétabli sa présence littéraire avec le Prix Nobel de littérature qu’a reçu Frédéric Mistral en 1904 et cette présence continue aujourd’hui grâce aux maisons d’édition occitanes. Les artistes et les auteurs contemporains ne cessent pas de sortir des nouvelles œuvres qui promeuvent la langue et soutiennent les locuteurs en leur fournissant des moyens de se divertir tout en utilisant leur langue choisie. Outre les médias et les publications occitannes, la langue est soutenue aujourd’hui par un public passionné pour la promotion et l’enseignement de l’occitan, un fait qui rend sa possibilité d’avoir un avenir positif beaucoup plus solide.

L’existence d’un mouvement occitaniste est assez fort aujourd’hui, mais la question demeure toujours de savoir si la langue va pouvoir rester vivante et évoluante dans une société dominée par le français et d’autres langues comme l’anglais qui 69

dominent sur le plan global en jouant des rôles principaux dans la mondialisation courante. Henriette Walter décrit ce phénomène de l’existence précaire des langues minoritaires en France dans son livre Aventures et mésaventures des langues de

France, où elle parle de l’avenir des langues régionales françaises et dit qu’elles sont

« chacune à sa manière, un trésor en péril » :

À l’heure actuelle coexistent deux attitudes franchement opposées. Il y

a ceux qui, au nom d’une neutralité bienveillante, pensent qu’il faut se

résoudre à les abandonner à leur destin et à les laisser doucement

glisser vers leur disparition définitive. Mais il y a aussi ceux qui

préfèrent tenter de sauver des parcelles de cette autre vision du monde

que peut offrir chaque langue régionale, qu’elle soit très minoritaire et

en grand danger d’extinction, ou qu’elle soit encore soutenue par des

usagers actifs ou même de simples amateurs prêts à s’investir pour sa

survie.1

Comme Walter constate, il faut un soutien actif pour que la langue ne disparaisse pas inaperçue.

Pour assurer la survie de la langue, une nouvelle génération de locuteurs doit apprendre la langue et avoir une passion pour la promouvoir pour remplacer la génération plus vieille qui commence à disparaître. Cette génération représente pour la plupart des cas la dernière génération qui a appris l’occitan dès leur naissance. Ce qui est intéressant et problématique chez le mouvement occitaniste est le fait

1 Henriette Walter, Aventures et mésaventures des langues de France, 234. 70

qu’aujourd’hui, la majorité des locuteurs de l’occitan qui luttent pour sa survie sont des intellectuels et des académiques. Cette situation crée un dilemme pour le corpus des locuteurs puisque autrefois les locuteurs principaux de la langue occitane qui la parlaient comme langue maternelle étaient des gens plutôt isolés et qui sont aujourd’hui trop gênés pour l’utiliser. Ce développement crée une séparation entre les usagers traditionnels et ceux qui promeuvent l’usage et l’enseignement la langue actuellement.

Avec toutes les contributions culturelles et éducatives récentes du mouvement occitan et l’existence d’une graphie et une grammaire bien établies, la langue occitane est dans une meilleure position que certaines autres langues régionales. En dépit de ce fait, il reste à savoir si ces efforts impressionnants vont pouvoir garantir la survie de l’occitan comme une langue qu’on continue à utiliser dans la vie quotidienne. Pour ce faire, il faut que la langue devienne plus répandue et se renouvelle constamment pour qu’elle puisse rester une langue valable et utile. 71

English Abstract

While studying in the south of France in Spring of 2008, I found myself on a tour of with our history professor, who was pointing out the historical significance of various street names and buildings within the city walls. At one point,

I noticed that there were some street signs that were labeled in two languages: French and another similar language that I could not place. After having studied French since middle school, I was surprised that I did not know anything about this language, since

I knew it wasn’t Spanish or Italian. When I asked the professor, he informed me that it was Provençal, a regional Romance language spoken in the Provence region of

France. This experience began my interest in the language, which is actually one of many dialects that form the larger that is spoken throughout the entire south of France.1

Through my study of the culture surrounding the Occitan language, the predominant question has been whether a minority language such as Occitan can survive the outside pressures of English and French in order to remain a viable, living language. In order to answer this question, I needed to evaluate not only the history of the language, but also its status in modern France as well as the idea of language preservation and death as a whole. By comparing the culture surrounding Occitan with certain parameters required in order to maintain a language, one can begin to

1 Other Occitan dialects include Gascon, Niçart, Rhodanien, Languedocien, Béarnais, Auvergnat, and Limousin. Outside of France, Occitan is also spoken in the Val d’Aran in northern Spain and in the Piedmont region of northern Italy. 72

understand what must still be accomplished if Occitan is to remain an evolving, useful language.

Historically, the main languages in France derived from Latin and were divided into two categories: the Langues d’oïl in the north and the Langues d’oc in the south. Although there are several regional languages that existe outside these two groups, including Breton, Basque, Flammand and Alsacien, a majority of dialects fall into these two categories.2 The two categories are based on the way early speakers said “yes,” oc in the south and oïl in the north. Since Parisian French (Francien) falls into the oïl category, it is this form of French that is now spoken throughout the country, even though this was not always the case. Langue d’oc or Occitan remained the dominant language of the south of France for many centuries. It wasn’t until

François I signed the Ordonnance of Villers-Cottêrets in 1539 that French was declared the official language of France. This law required that all legal documents be written “en langaige maternelle françoyse” [the native French language], to the exclusion of Latin and other regional dialects like Occitan.

Despite its status as a regional and minority language or in some mistaken circumstances as a patois of French, Occitan has a rich literary history. Its most famous contribution to world literature is the troubadour poetry created during the

2 Breton is a Celtic language that is historically spoken in the northwest region of Bretagne (Brittany). Basque is a unique language spoken in the Basque region of Southern France and Northern Spain. Flemish (Flammand in French) is spoken in northern France near the Calais region and is a dialect of the Dutch language. Finally, Alsacien (Alsatian) is a German dialect that is spoken in the Alsace-Lorraine region of Eastern France, an area that has passed from German to French control many times. Since World War II, Alsace-Lorraine has been part of France. 73

High Middle Ages. The troubadours created lyric poems that were passed through both oral and written forms and concentrated on chivalry and courtly love. Today, there are over 2,500 poems and various other lyrics that remain. The success of the

Troubadours is in part based on the patronage of Eleanor of Aquitaine and her son

Richard the Lionheart, who supported and encouraged the work of the various poets.

Not only did the poems influence and benefit the literature of the language spoken in the north, but the fact that written records still exist today has had a significant advantage for the standardization and maintenance of the Occitan language, since linguists are able to refer to these medieval documents as sources of grammar, spelling, and vocabulary.

After the age of the Troubadours and the enactment of the Ordonnance of

Villers-Cottêrets into law, French language began largely to dominate Occitan’s history. After 1539, French began to gain control throughout the country and to threaten the usage of other regional dialects, even outside the legal and governmental domains. This spread of the use of French also coincided with the creation in 1635 of the Académie française, a body that worked to define, codify, and encourage the use of French throughout the country. In order to enforce and encourage the use of

French, the government also actively made an effort to stigmatize the use of regional languages by relegating them to that of patois, a word used to refer to a regional and usually substandard form of a language.

This stigmatization of the regional languages was actually intensified during the period of the French Revolution. One of the main tenets of the Revolution was the 74

importance of creating one unified and nationalistic France. As such, the new government mandated the use of one language (French) throughout the territory so that all citizens could communicate and understand one another. Thus, according to the Revolutionaries, the use of any other regional language or dialect was anti-French and a threat to the new republic. This emerging opinion concerning regional languages was problematic for the country, as the Abbé Gregoire expresses in his

1794 report entitled Rapport sur la Nécessité et les Moyens d'anéantir les Patois et d'universaliser l'Usage de la Langue française [Report on the necessity and means to annihilate the patois and to universalize the use of the French language]. The report stated that six million French people (particularly in the South) had no knowledge of the French language, that six million more could barely recognize it, and that only three million people used it as a spoken language. As a result, the report led to an influx of French teachers being sent to various regions in France with the goal of spreading the usage of the national language, an educational effort that worked to varying degrees of success.

After the French Revolution’s anti-regional language stand, the most important event in the history of Occitan in the 19th century was the creation of the Félibrige society in 1854.3 Founded by a group of seven friends who were concerned with the status of Provençal, the goal of the Félibrige was to create an association of select and serious individuals who had the will and the abilities to restore the Provençal language

3 The word “Felibrige” comes from the provençal word félibre, which means “adherent” or “student” in provençal. 75

and literature, separate from the work of the Troubadours.4 In order to standardize the language, the members of the society wanted to give it a logical orthography and create consistent grammar rules. These goals were realized by modifying the traditional etymological spelling system by removing unpronounced letters and then by publishing an updated dictionary entitled Lou trésor dóu Félibrige [The Treasure of the Félibrige], a resource that is still frequently used and cited today. The renown of the Félibrige is also significant because of the success of one of its founders,

Frédéric Mistral, who won the only Nobel Prize in literature awarded to a work written in Provençal or Occitan. In 1904, Mistral won the award for his epic poem Mirèio

(Mireille in French), an event that increased the language’s recognition on a larger scale. The Nobel Prize reinforced the status of Occitan as a legitimate and prestigious language and showed that its status was no longer dependant solely on the contributions made by the Troubadours centuries before.

Despite this official global recognition of Occitan as a literary language, it was not until the period of France’s Troisième République (1870-1940) that the government began to make changes in language policies, especially in the domain of national education. During this period, regional languages were still prohibited in the classroom, and any student caught speaking a language other than French was publicly humiliated and punished. As a result of the shame associated with regional languages that was instilled in various children during their formative schooling, today the school

4 “Le Félibrige,” Notre Provence: Cultures et Traditions, 14 janvier 2009, . 76

system remains a primary target for minority langue reform and for promoting the use of regional languages.

The ban on using any regional language in the French education system lasted until the passage of the Deixonne Law in 1951. This law was the first to authorize the use and the teaching of regional languages in French schools. Though it was limited to four primary regional languages (Basque, Breton, Occitan, and Catalan), it was the first major step towards regional language acceptance in France.5 The Deixonne Law permitted the optional teaching of one hour of language and one hour of regional culture per week in schools, but the inclusion of these courses remained at the discretion of the individual professors and schools. Following the Dexionne law was the passage of the Haby Law in 1975, which confirmed the legality of teaching regional languages throughout a student’s academic career but, again, only if there was a demand for such classes. Furthermore, it allowed teachers to obtain teaching certification in regional languages, as long as the language was combined with another subject such as French.6 The wording of the law confirms the state’s apathetic stance towards the teaching of regional languages, but, regardless of this fact, these laws are important reversals of the treatment students formerly received if they used their regional language in the classroom.

5 Since its creation, other regional languages, including those spoken by the overseas French departments, have been included in the law. 6 The only regional language in which potential teachers are able to specialize without combining it with a certification in another is Corsican, which is still spoken in Corsica. 77

Finally, the Savary official notices [Circulaires Savary] that were enacted in

1982 were also instrumental regarding the teaching of regional languages in French schools. These two policies authorized the teaching of these languages in a système paritaire, where half of the classes would be taught in the region’s local language and the other half in French. This was a major step as it was the first time in centuries that regional languages had been permitted to be used as a language of instruction in schools for subjects other than the regional language itself.

It is a result of these laws that Occitan has a relatively strong presence in schools today. Currently there are three different levels of Occitan education in

France: public education through Education nationale, private schooling under a contract from the state, or private community classes. The goal of these classes is both to introduce the language to children who have not previously learned the regional language at school and to provide classes for adults whose parents did not teach them the language at home in order to save their children from the humiliation they suffered in school.

Concerning opportunities to learn the language in the national education system, Occitan is now taught at all levels of school: elementary and high school classes as well as at the university level. At the primary-school level, there are two types of regional language education. As was allowed in the Deixonne Law, there are schools that include roughly two hours of regional language instruction per week as an introduction to local culture. In addition to these courses, there are also schools that provide children with a bilingual education as described in the Savary notice from 78

1982. At the university level, students can major, minor or obtain a certificate in their regional language at any of ten southern French universities that have an Occitan department.

The most interesting and significant form of regional language teaching falls into the semi-private domain, with schools that function under contracts with the

French government. This method, called associative schooling, exists for all of the major regional languages in France with the écoles diwanes (Breton), La Bressola

(Catalan), and écoles Ikastolak (Basque). These schools use government-funded teachers to teach in an immersion environment where all subjects are taught in the regional language. For the Occitan community, the schools are grouped under the

Calandretas Association, which was started in 1979 in the town of Béziers.7

For all languages, the goal of immersion schooling is to create bilingual students who are dedicated to their various minority languages and cultures and to using them in their daily lives. In order to do so, from the beginning of their school careers, students are instructed solely in their own regional dialect and do not begin to officially learn French at school until they have already learned how to read.

Furthermore, in order to represent the diversity of Occitan as a language, each individual school teaches in the dialect of the language that is spoken where the school is located. For example, in Nice, the language of instruction in Niçart, whereas in

Montpellier classes are taught in Lengadocien. Each of these dialects differs slightly,

7 The word “Calandretas” is a Gascon expression that means both alouette (a type of small bird) and “apprentice.” 79

but with common grammar and spelling students are able to communicate with all

Occitan speakers, regardless of their individual dialect.

The number of Calandretas schools continues to grow. In 2001, the association consisted of 22 primary schools and one middle school with a total 1681 students.8 By 2009, the numbers had changed dramatically. According to the

Calandretas website, there are now 51 primary schools and 2 middle schools spread over 17 French departments, with a total of 2734 students.9 Additionally, in 1994, the association established the Centre de Formacion Professionala Occitana in Béziers, which allows potential teachers to come study and obtain their CAPES certification.

Critics of immersion schooling or bilingual education claim that regional language education is detrimental to students’ education and that the education that students receive is inferior to public monolingual school programs, assertions that have been proven false by a 2007 evaluation that was presented to the Minister of Education. In fact, according to the research, which was based on results from 15 sites in Toulouse that had a bilingual option, bilingually educated students scored higher than their monolingual classmates in both French and math on their standardized tests.10

As far as private education is concerned, throughout the south of France, one can engage in private or community lessons, conferences, and camps. Local Occitan speakers who are passionate about the promotion of the language usually teach the community classes, which are mostly aimed at adult learners. Throughout the south of

8 Judge, 130. 9 “Présentation,” . 10 FELCO- Audience Ministère 26/6/07, to see the charts, go to the appendix. 80

France, there is a campaign to learn Occitan called Apprenem Oc, which translates as

“Let’s Learn Occitan!” Apprenem Oc includes advertisements, posters, and a website that encourage people to begin learning the language and help interested individuals find classes in their area. Apprenem Oc also sponsors Occitan summer school each year, where students can come to Béziers for a week of intensive instruction in the

Occitan language, its history, and its culture.

In addition to its presence in the domain of education at all levels, Occitan is also a language with a thriving culture. Aside from the literature contributed by the medieval troubadours, today modern authors and musicians continue to use the language to create new works of literature and contemporary music. These modern contributions to literature span all genres from children’s literature to adult mystery novels to textbooks for the students in Occitan-language schools. As far as music is concerned, groups like Massilia Sound System use the language as a unifying means to reach their southern French audience in conjunction with their contemporary reggae/rap beats. Besides music and literature, Occitan also continues to thrive on stage with several Occitan theater companies that encourage the creation of new

Occitan-language plays as they bring to life on stage theatrical works written in the language.

Aside from modern artistic creations, Occitan also maintains a presence in the media. As the French government takes steps to protect the use of French in France by passing laws that mandate certain percentages of films, television shows, and radio programming that must be presented in French, the laws also protect the regional 81

languages such as Occitan, because their use is also grouped into these percentages.

As a result, Occitan is present on both the radio and the television screen. On the radio, there are no public stations that air completely in Occitan, though there are several privately owned stations that focus solely on airing Occitan-language programs. Two examples of these stations are Radio Lenga d’Oc, which is accessible in Montpellier, Sète, Alès, and Béziers, and Radio Paü, which is based in Pau but is accessible to the entire Gascon region. As far as television programming is concerned, as with the public radio stations, there is no dedicated channel that airs only Occitan- language programs. This makes Occitan the only regional language of its size not to have a dedicated television station. In spite of this fact, there remain several Occitan television shows like “Vaqui” that air on other local television stations in the region.

Occitan also appears in print media publications. According to the

Euromosaic study led by the European Commission, there are roughly twenty Occitan publications that come out between 2 and 6 times per year.11 One such example is La

Marseillaise, a French newspaper that dedicates one page each week to Occitan and current cultural events. There are also newspapers sponsored by Occitan activists such as Aquò d’Aqui that contain articles written in the various regional dialects and concentrate on cultural and current events that involve the Occitan community.

Despite Occitan’s recent cultural resurgence, the question regarding its future remains. As the use of English and other world languages like Chinese continues to grow, the body of speakers and the perceived necessity of the preservation of minority

11 “L’Occitan en France.” Euromosaic. . 82

languages continues to diminish. Today, language endangerment and death are becoming more prevalent among many of the world’s less-used languages. A language is considered alive and evolving according to the existence of a group of people who continue to use it. However, a language begins to be considered endangered once its speakers are surrounded by the daily use of another language that dominates various aspects of society, such as media and commercial transactions. A language is considered dead from the moment that there are no remaining living speakers of the language. In order to keep a language from diminishing to that point, its speakers must be passionate about its use and militant in their promotion and teaching of the language.

For Occitan, the language is already in a state of endangerment. Because of the French government’s centuries-long stigmatizing of the language as well as the dominance of French throughout the country, Occitan’s supporters must overcome internalized shame of their language as well as negative opinions of many French speakers regarding the use of a language they consider to be nothing but a patois.

Unfortunately, this internalized shame comes in large part from the treatment young students received at school when they were caught speaking a regional language.

Students would be publicly shamed and forced to wear a dunce hat or some other type of marker that showed their slip into the local patois. This treatment led to fewer parents’ passing the language on to their children in order to spare them the shame they experienced at school. Furthermore, the idea of regional languages as being mere patois or misspoken French has also led to a pervasive feeling that these languages are 83

inherently inferior to French and unworthy of being used in daily life. Thus, in addition to the fact that there are fewer Occitan speakers today, those who use the language must also overcome the negative attitudes of their fellow citizens.

Despite the relatively small number of Occitan speakers who exist today, there are several points in the language’s favor when it comes to preventing its demise. The first and arguably most important point is the existence of a standardized orthography and grammar for the language. Many small minority languages are only maintained and passed on through the use of oral tradition, an aspect that makes their preservation more difficult as speakers begin to disappear.

In the end, the future of Occitan as a viable language could still be very uncertain. While there are many active Occitan speakers and new cultural contributions that support the language community, in comparison with the vast number of French speakers in the region, the number of people who speak Occitan is minimal. In order to ensure the survival of Occitan, the community needs to continue to educate new speakers and to expand their educational offerings for children, the generation that represents the future of the language. As the older generation of

Occitan speakers begins to pass away, the creation of new speakers who will integrate the language into their daily lives, fight for its survival, and pass it on as a spoken language to their children is vital to preserving the language. 84

Appendice 1

Carte de l’Occitanie

Source : Dupuy, André. « Divisions dialectales de la langue d’oc ». L’Encyclopédie occitane. . Accédé le 16 mai 2010. 85

Appendice 2

Carte des écoles Calandretas

Source: “Escòlas e Collègis : mapa e contactes.” Confédération Occitania de las Éscolas Laïcas.” . Accédé le 16 mai 2010.

86

Appendice 3

Audience ministère de FELCO

Évaluations des élèves de CE2, en français et en mathématiques, dans les 15 sites bilingues ayant des CE2 Synthèse académique : rentrée 2005

1/ Moyenne des résultats de l’ensemble des sites bilingues et comparaisons entre - la voie bilingue et unilingue sur l’ensemble des 15 écoles concernées - les moyennes des sites bilingues et les moyennes nationales

Français Mathématiques

Voie Voie École Voie Voie École bilingue monolingue bilingue monolingue Nombre d’élèves concernés 162 342 504 162 342 504

Score moyen des 15 sites 75,09% 70,14% 71,77% 75,26% 68,17% 70,46% bilingues ayant des CE2

Score moyen global national 72,36% 70, 85%

2/ Situation des élèves de CE2 des sites bilingues par rapport au score moyen national (en % et nombre d’élèves)

Au dessus du score moyen national

Bilingues Monolingues Français 76,5% (124 élèves) 56,2% (192 élèves) Mathématiques 80,3% (130 élèves) 38% (130 élèves)

Au dessous du score moyen national

Bilingues Monolingues Français 23,5% (38 élèves) 43,5% (150 élèves) Mathématiques 19,7% (32 élèves) 62% (212 élèves)

En conclusion : Les scores des bilingues sont en moyenne supérieurs en français et en mathématiques, à la moyenne nationale et à ceux de leurs camarades monolingues de leur école. Ces bons scores sont variables selon les sites et peuvent être relativisés compte tenu de la faiblesse de la cohorte concernée (162 élèves bilingues en CE2). 87

Cependant, sachant par ailleurs qu’il n’y a pas de différences significatives en ce qui concerne la répartition par catégories socioprofessionnelles, ces résultats montrent clairement que l’enseignement bilingue, comme le disent la plupart des psycholinguistes et la circulaire N° 2001 167, « contribue au développement des capacités intellectuelles, linguistiques et culturelles ».

Source : « FELCO—Audience ministère du 27 juin 2007 ». 88

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