Archéologie Des Hauts-De-France : Ateliers De Potiers Antiques Dans Le Nord De La
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ATELIERSARCHÉOLOGIE DE POTIERS ANTIQUESDES HAUTS-DE-FRANCE DANS LE NORD DE LA GAULE 1 Anzin-Saint-Aubin 2 Arras MÉNAPIENS 3 Aux Marais Cassel 4 Avesnes-lès-Bapaumes 40 Boulogne 27 • 5 Bailleulmont 16 • 6 Bavay • Thérouanne 7 Béhéricourt Tournai 8 Beuvraignes 9 MORINS • 9 Blicquy 37• NERVIENS 10 Bourlon 11 19• 20• • 17 11 Bruay-La-Buissière ATRÉBATES• 12 Cambrai 1 31 •26 13 Château-Thierry Arras • 33 18 14 Cuts 15 • • • •2• •6 Bavay 15 Dainville 5 • Cambrai •29 16 Desvres 10 • 17 Dourges 4 •12 • •32 18 Famars AMBIENS •21 19 Howardries 20 La Caloterie 21 Les-Rues-des-Vignes VIROMANDUENS 22 Méru Amiens 39 Vermand • 23 Montescourt-Lizerolles 34• Saint-Quentin 24 Montmacq 23 25 Muille-Villette 25 • • RÈMES 26 Pecquencourt 27 Ploegsteert •8 7 • 28 Pont-Sainte-Maxence 38 29 Pont-sur-Sambre BELLOVAQUES 14 24 • • 30 Rainvillers Beauvais • 31 Roclincourt 3 Villeneuve-Saint-Germain 32 Sains-du-Nord 30•• 35 28 • 36 33 Saint-Laurent-Blangy • 34 Saint-Quentin 22 • 35 Saint-Sauveur • Reims Senlis SUESSIONS 36 Soissons SILVANECTES 37 Taintignies 13 38 Vauclair 0 50 km • 39 Vermand 40 Wervik 1 LES HAUTS-DE-FRANCE : TERRE DE POTIERS 1. Localisation des principaux a région des Hauts-de-France appar- Leur fouille ainsi que l’étude des rebuts de ateliers de potiers des tient durant l’époque antique à la Gaule Hauts-de-France et des régions L voisines (Département du Nord, Belgique. Réputée pour ses productions cuisson ont permis de mieux comprendre Service archéologique/Inrap). certaines catégories de céramiques, pour leur organisation. L’exportation de est aussi une terre propice à la production le contenant ou pour le contenu, dépassant vivrières (blé, sel, jambons ménapiens), elle de céramique. La présence d’abondants gisements d’argile entraîne le dévelop- saisir la commercialisation des produits. les frontières régionales, a permis de mieux à l’époque romaine. Ainsi, certaines céramiques se retrouvent pement de nombreuses officines de potiers Britannia (Grande- jusqu’au nord de la sont avérés pour les Hauts-de-France, un À ce jour, trente-neuf centres de production Bretagne) et sur le limes rhénan, frontière Allemagne. de l’Empire romain, aux Pays-Bas et en régions où la connaissance des ateliers nombre exceptionnel par rapport à d’autres reste souvent lacunaire. 1 L’HISTOIRE DES CÉRAMIQUES : POURQUOI LES ÉTUDIER ? a céramique par son usage quotidien En observant sous loupe binoculaire les 1. Une céramologue au travail : témoigne de pratiques sociales et inclusions dans la cassure fraîche d’un analyse des pâtes et dessins L des céramiques (Département culturelles. Produites en quantités, les du Nord, Service archéologique). céramiques se retrouvent en abondance l’origine des productions : sont-elles fabri- tesson, le céramologue peut identifier lors des fouilles et représentent une source importante d’étude. des inclusions volcaniques sont caracté- quées sur place ou importées ? Par exemple ristiques des céramiques italiques ou de la les sites, d’en comprendre le statut et d’iden- Les céramologues les analysent afin de dater région de l’Eifel (Allemagne). - tifier leurs relations économiques. Les cher cheurs comparent la forme (typologie) aux décors (engobe, estampilles, incisions, décors référentiels existants, en faisant attention aux moulés ou peints…). 1 Outils de potiers Les potiers utilisent des outils divers : des galets et estèques de lissage, des poinçons, des cales… Lors de la fouille de Famars-Technopôle, deux objets rares ont été mis au jour : un mandrin qui sert à caler des plats au moment de leur décoration et un poinçon du potier Nericvs permettant l’inscription de son nom sur les mortiers commercialisés dans le nord de la Gaule. 2 3 LES ÉTAPES DU TRAVAIL DU POTIER : DES CONNAISSANCES COMPLEXES Matière première plasticité de la terre et calcule le temps de 4 Souvent, le potier maîtrise toutes les étapes séchage, puis prépare la pâte par le mélange 1. Tournage d’un pot à col de son travail, de l’argile crue à la cuisson tronconique (SRA). d’argiles et/ou l’ajout de dégraissants 2. Bac de stockage ou de d’argile, il la récupère pendant l’automne et des vases… Installé près des affleurements (paille, chamotte, coquilles …). décantation des argiles, Modelage ou tournage Beuvraignes (SRA). considéré comme trop froid et humide pour Le vase est ensuite soit façonné à la main en la stocke jusqu’au printemps, l’hiver étant 3. Estèques en silex utilisées par la fabrication de céramique. L’argile pourrit assemblant des boudins ou « colombins », les potiers, Vermand, (Inrap). en tas ou dans des bassins, le gel permettant soit tourné. 4. Oursin fossile utilisé comme l’éclatement des impuretés. crapaudine, support de l’axe du tour de potier, Beuvraignes (SRA). Préparation Le tour est installé dans une excavation plus Après l’hiver, le potier concasse, broie, dans une pierre qu’on nomme crapaudine. au moins profonde ; son axe souvent calé tamise et lave l’argile dans des bacs de Le potier centre la motte de terre puis, par la force rotative, monte le vase en tirant la les impuretés en surface. L’artisan teste la décantation remplis d’eau, faisant flotter pâte et en rajoutant de l’eau. 3 2 C 1 B A 4 Cuisson 1. Vue générale de la zone Les vases sont placés sur la sole dans le des fours après leur fouille, Rainvillers (Inrap). laboratoire. La cuisson est une étape critique 2. Fosse d’implantation d’un tour de potier, Beuvraignes. Au fond, 3 pertes. Le feu mis en route dans l’alandier qui doit être maîtrisée afin de minimiser les l’amas de tuiles supportait l’axe Séchage fait monter progressivement le four en (SRA). température - la gestion du tirage est 3. Poinçon du potier Nericus en plusieurs parties : corps central, col, pied essentielle - pour atteindre 900 C°. L’apport de Famars connu pour sa Certaines formes complexes sont produites et anses sont assemblés après un premier production de mortiers (Inrap). temps de séchage. Le potier tournasse et détermine la couleur de surface du vase. d’oxygène ou de carbone pendant la cuisson 4. Restitution d'une cuisson ensuite décore le vase par lissage, engobage Ensuite le feu est ralenti pour égaliser les de céramiques gallo-romaines dans un four à deux volumes, d’après les fouilles du site de Rainvillers. Le potier alimente ou guillochis*. Les vases sont enfin mis à températures jusqu’au refroidissement s’évapore. le feu dans l’alandier (A), sécher le temps que l’eau ajoutée à l’argile du four. Ce travail s’étale sur plusieurs jours. les flammes traversent la sole (B) et cuisent les vases disposés dans le laboratoire (C). Dessin M. Lançon. bassin pour la préparation des argiles tour B atelier/étal puits four puits N 0 50m 1 2 4 3 1. Four à un volume, 2e - 3e s., Montescourt-Lizerolles (Inrap). TYPES DE FOURS 5 2. Plan général simplifié de l’officine de potiers de Dainville, 1er s., eux types de fours se côtoient en Gaule (Service archéologique d’Arras). alandiers opposés où les vases sont en Belgique : le four à un volume et deux 3. Four à deux volumes, début 2e s., Cambrai (Département du Nord, contact direct avec les flammes et le four chambre de chauffe est séparée du labo- Service archéologique). à deux volumes et un seul alandier où la Dratoire par une sole surélevée et percée 4. Four en cours de fouille, - Rainvillers (Inrap). tion protohistorique, est surtout popu- de carneaux*. Le premier type, de tradi 5. Four à deux volumes, laire au Ier s. apr. J.-C. pour la fabrication 6 Vermand (Inrap). des céramiques culinaires et la vaisselle Il témoigne d’un changement des habitudes 6. Four à un volume, gallo-belge. Le second modèle, d’origine alimentaires qui s’accompagne de l’appari- Vermand (Inrap). méditerranéenne, se répand au moment tion de nouvelles formes de vaisselle (plats, de la conquête de la Gaule Belgique. cruches, mortiers…). 1 3 2 4 UN FOUR-DIX FOURS-CENT FOURS ! lors que les ateliers gaulois restent 1. Chambre de cuisson A de l’agglomération, dans un quartier où du four 1996-4, dernier où dix fours ont été mis au jour au milieu état avant abandon, sont installés autour des nouvelles villes. les activités urbaines, artisanales et agri- inconnus, ceux de l’époque romaine Bruay-la-Buissière (Inrap). - coles se côtoient. Ils sont localisés sur port, ils permettent ainsi d’approvisionner 2. Céramiques en place Situés le long des principaux axes de trans dans le four à un volume, trouvent à chaque fois un puits et un bâti- 1er s., Dainville (Service dix parcelles différentes sur lesquelles se archéologique d’Arras). la région. L’officine peut varier dans son centaines ! Les fouilles anciennes menées à 3. Coupe sur la sole d'un four organisation ; d’un ou deux fours à des ment. À Antoing-Bruyelle (Belgique) les - ce cas, l’organisation est restreinte à la à deux volumes, Bavay (Inrap). fours sont implantés dans une villa. Dans logues d'estimer à 500 le nombre de fours. fabrication locale de formes architecturales Bruay-La-Buissière ont permis aux archéo 4. Vue sur la porte de chargement Ce nombre important pourrait suggérer un ou vases de stockage en lien direct avec et sa plaque posée devant e e regroupement de potiers avec un possible l’alandier, fin 3 s.- déb. 4 s., Famars (Inrap). partage des tâches. Une tout autre situa- l’exploitation agricole. tion est remarquée à Famars-Technopôle : argile sableuse : argile kaolinique : argile calcaire Menapiens Desvres Morins A Blicquy Howardries Bruay 1A La Calotterie Dourges Nerviens Atrebates Pecquencourt Arras Bavay Bailleulmont Famars Avesnes-les- Cambrai Pont-sur-Sambre Bapaume Les Rues-des-Vignes Sains-du-Nord Amiens Viromanduens Ambiens Vermand Saint-Quentin Muille-Villette Montescourt- B Lizerolles Beuvraignes Béhéricourt Noyon Rèmes Bellovaques 1B Montmacq Cuts Aux Marais Rainvillers Saint-Sauveur Soissons Méru Pont-Sainte -Maxence Suessions Silvanectes Château- Thierry N C 0 50 km 1C 2 LES MATIÈRES PREMIÈRES 1.