Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:

Chabar, H. H. (1988). Contribution à l'étude des relations entre pays en voie de développement: cas de la coopération afro-arabe (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté des sciences sociales, politiques et économiques, Bruxelles. Disponible à / Available at permalink : https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/213303/3/bbba6fba-2291-41df-898c-6b13a6fdc0fc.txt

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UNIVERSITE LIBRE DE BRXJXBLU&i Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Feo-ioiniques*

CONTRIBUTION A L'ETUDE DES RELATIONS ENTRE PAYS EN VOIE DÉ DEVELOPPEMENT CAS DE LA COOPERATION AFRO-ARABE

Volume III.

H. CHABAR

Promoteur : Prof. R. ANCIAUX Thèse présentée en vue de l'obtention du .-r j.ip de Docteur en Se; Politiques (option relations internationales)

I !rtfr ' -- -A-^-^-=^.- Décembre 1988 UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Economiques

CONTRIBUTION A L'ETUDE DES RELATIONS ENTRE PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT. CAS DE LA COOPERATION AFRO-ARABE

Volume III.

H.CHABAR 5 ^ ^^

Promoteur : Prof. R. ANCIAUX Thèse présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences Politiques (option relations internationales)

Décembre 1988 TROISIEME PARTIE

COOPERATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE ARABO-AFRICAINE CONTEXTE, CONTENU ET EVALUATION DE L'AIDE ARABE

A L'AFRIQUE SUB-SAHARIENNE 422

INTRODUCTION

Depuis 1973, le monde arabe et l'Afrique sub-saharienne se sont engagés dans une expérience particulièrement intéressante dans le do maine de la coopération économique et financière entre pays en voie de développement. Phénomène relativement récent (l), cette coopéra tion compte aujourd'hui à son crédit un nombre important de réalisa tions concrètes mettant en exergue le rôle joué xjar les pays arabes pétroliers dans le domaine de l'assistance financière aux pays du Tiers Monde. Esquissée au début des années 1970, institutionnalisée au Sommet arabo-africain du Caire en mars 1977, la coopération économico- financière entre le monde arabe et l'Afrique sub-saharienne apparaît aujourd'hui comme l'une des manifestations concrètes de solidarité Sud-Sud, ayant marqué les rapports entre pays en voie de développe ment dé 1973 à nos jours. Sur cette expérience, il convient de porter aujourd'hui un juge ment, de procéder à l'évaluation critique et globale de son impact sur les économies de ces deux ensembles. Un tel jugement ne peut présen ter un intérêt scientifique que s'il parvient à éviter deux écueils : l'apologie inconditionnelle et le dénigrement systématique. Nous som mes, pour notre part, convaincus que seule une démarche scientifique, exigeant un effort soutenu fait de prudence, d'interrogations et de nuances, est susceptible de nous permettre de cerner une expérience aussi prometteuse que celle engagée entre le monde arabe et l'Afrique sub-saharienne depuis le début de la décennie 1970. Nous disposons aujourd'hui de données chiffrées, émanant d'orga nismes spécialisés (OCDE, CNUCED, BADEA, etc..) qui tout en présen tant certaines contradictions, n'en sont pas moins révélatrices de

(1) Il convient de rappeler à cet égard que certains pays arabes pé troliers n'ont pas attendu le réajustement des prix du pétrole in tervenu en 1973 pour s'intéresser au reste du monde en développe ment. Déjà l'année 1961 avait vu la naissance du Fonds Koweïtien pour le dévoleppement économique arabe (FKDEA) qui a élargi par la suite son champ d'action à certains pays sub-sahariens. 423

l'effort accompli par les pays arabes pétroliers (1). Nous regret tons toutefois que la recherche universitaire n'ait pu accorder une large place à l'étude de cette expérience qui pourtant ne manque pas d'intérêt. Les publications et les études disponibles sur ce sujet sont souvent l'oeuvre d'organismes officiels (BADEA, Ligue arabe, OUA...) impliqués dans ce projet de coopération arabo-africaine. Loin d'être sans intérêt, ces publications sont toutefois à exploiter avec la plus grande rigueur et leurs données chiffrées sont à manier avec le maximum de prudence. Les écrits officiels sont certes indispen sables pour ce genre d'investigation, mais ils ne doivent constituer ni un écran au discernement, ni un obstacle à l'analyse objective que nécessite l'exécution d'une telle tâche. Ces précautions étant prises, les documents disponibles (données statistiques) et la réflexion développée (2) au cours de ces dernières années sur le thème, nous permettent tout de même de dresser un pre mier bilan analytique de cette forme de coopération associant deux en sembles économiquement sous-développés de ce qu'il est convenu d 'appe ler le Sud. Dans quel contexte cherchons-nous à analyser la coopération éco nomique et financière entre le monde arabe et l'Afrique sub-saharien ne? L'examen de l'environnement régional et international,qui a vu naître et se développer le resserrement des liens arabo-africains, est

(1) L'effort fourni par la BADEA ces dernières années mérite d'être relevé. Institution centrale de la coopération arabo-africaine, la BADEA a accompli un travail gigantesque dans divers domaines : - Recensement de l'aide arabe totale à l'Afrique - Sensibilisation des deux partenaires impliqués dans cette coopé ration. - Vulgarisation du thème de la coopération arâbo-africaine tant sur le plan médiatique que celui de la publication d'études ap profondissant le sujet. (2) Quelques rencontres scientifiques ont été organisées sur le thème. Nous songeons tout particulièrement à celles dont les actes ont été publiés au cours de ces dernières années. Il convient de si gnaler à ce propos : - "AL A'LAKAT ALAARABIYA AL IFRIQIYA" Tunis,ALECSO, 1978 (en ara be) - "les Arabes et l'Afrique", Colloque d' 24 avr. 1983 dont lès actes viennent d'être traduits en français et publiés en deux volumes par l'Harmattan, Paris 1986. 424

à cet égard intéressant. - Au clivage Est-Ouest s' est substitué progressivement à partir du début des années 70 un clivage Nord-Sud. La menace pour certains pays du Nord ne réside plus dans les conflits idéologiques Est-Ouest, mais plutôt dans les rapports avec le Sud sôus-développé et détenteur de nombreuses richesses indispensables pour la prospérité du monde dé veloppé. De même la permanence du sous-développement du Sud commence à être perçue comme une menace, non seulement à la sécurité du Nord, mais aussi à la paix mondiale. L'axe conflictuel n'est plus Est-Ouest, il est désormais Nord^Sud (l). La perspective d'une homogénéisation des positions des pays du Sud sur certaines grandes questions écono miques relatives à la fixation des prix de certaines matières premiè res, ou leur organisation en groupe de producteur, à l'instar de l'OPEPj laisse se profiler la "menace" que le Sud une fois uni peut représenter pour le Nord développé. Une telle perspective doit être combattue, il y va de la sécurité non seulement économique mais aussi politique du monde nanti (2). Cette vision s'ingénie à attribuer au Sud des vertus qu'il n'a pas. Elle reflète, en revanche, la panique qui s'est emparée du Nord développé lors des augmentations des prix du pétrole en 1973- - Le quadruplement des prix du pétrole en 1973-74, et la hausse des cours de certaines matières premières par la suite (phosphate no tamment) ont accru le sentiment des pays du Tiers-Monde qu'il était possible de changer la nature des rapports Nord-Sud en amenant le Nord développé à se mettre à la table des négociations. D'où la naissance d'une séduisante idée appelée "dialogue Nord-Sud" qui, avec le temps et les malentendus,s'est révélée être un rêve de courte durée.

(1) Ce courant de pensées est illustré par les travaux et publica tions de la "Commission trilatérale". Ce n'est pas un hasard si cette commission compte parmi ses membres les plus hauts respon sables politiques, économiques, financiers, militaires et scienti fiques de nombreux pays occidentaux. - Voir à ce propos JOUVE (E.) "Le Tiers-Monde dans la vie internatio nale", Paris, PuMisud f 1983. (2) N'a-t-on pas envisagé l'intervention militaire pour investir les champs de pétrole du Golfe lors des premières hausses des prix pé troliers en 1973? 425

Les péripéties de ce dialogue visant la mise en place d'un nouvel ordre économique internatioanl (NOEI) ont démontré au PVD que l'objec tif principal de la coopération vue par le Nord développé était le maintien du statu-quo. Cet pourquoi la double revendication des pays du Tiers-Monde, concernant d'une part une meilleure rémunération des prix des matières premières et d'autre part une refonte du système mo nétaire international (iVe. C.N.U.C. E.D.), s'est heurtée au refus sys- stématique du monde développé (l). Les pays du Sud ont acquis la con viction que la coopération avec le Nord était freinée dès qu'elle risquait d'aboutir à une nouvelle répartition du pouvoir économique à l'échelle mondiale. - Au milieu des années 1970, une autre évolution négative est ve nue s'ajouter aux difficultés et au climat de méfiance qui caractéri saient les rapports entre pays riches et pays pauvres. A partir de 1975, non seulement la demande du Nord en produits de base s'oriente vers une diminution constante, mais fait plus grave, on assiste à l'éclosion de politiques protectionnistes, barrant l'entrée aux mar chés des pays développés, des produits semi-finis et des produits agricoles en provenance des pays en voie de développement. - La récession qui frappe les économies des pays développés, pnincipaux débouchés des matières premières exportées par le Sud, a provoqué un phénomène devenu général de crise de balance de paiement et d'endettement, crise, qui, à la fin des années 70 et au début des années 80,8'est accentuée pour prendre des allures de catastrophes généralisées. - La poursuite de la détérioration des termes de l'échange n'est hélas,pas un slogan. En valeur réelle, les prix en dollar des pro duits de base sont tombés en 1982 à leur point le plus bas depuis la

(.1) Sur le dialogue Nord-Sud, les négociations qui ont jalonné son évolution et les positions des partenaires, voir : - NUSBAUME (J.) "L'enjeu du dialogue Nord-Sud : partage des richesses ou guerre économique", Paris, Ecqnomica, 198l. Sur la..faillite de la stratégie du NOEI, voir : - AMIN (S.) "Le Nouvel ordre économique", in Revue du Tiers-Monde, Janvier 198Ô (pp. 42-61). 426

seconde Guerre Mondiale (1). La CNUCED n'a cessé pourtant, au cours de la décennie 1970, de tirer la sonnette d'alarme sur cette situa tion en proposant notamment l'indexation des prix des matières premiè res en fonction de l'indice des produits industriels (2). Le conti nent africain a particulièrement souffert de cette situation. Le cas de la Tanzanie,qui est dans une certaine mesure celui de la majorité des pays sub-sahariens, est assez éclairant à cet égard. Au cours des années 60, ce pays a perdu, en raison de la détérioration des termes de l'échange (l'écroulement du prix du sisal) plus de deux fois le montant de l'aide qu'il avait reçue durant cette même période de la part de tous les pays industrialisés. Suivant les produits qu'ils exportent, les pays africains ont subi tous les effets néfastes dus aux variations brusques des prix de leurs matières premières. Les conséquences d'une telle situation, non seulement rendent les écono mies concernées vulnérables, mais hypothèquent toute vision quant à l'avenir des pays basant leur développement sur les recettes que leur procure le plus souvent, l'exportation d'une seule matière première. La proposition de la CNUCED, concernant la mise sur pied d'un "pro gramme intégré pour les matières premières", visant à stabiliser les recettes des exportations du Tiers-Monde, s'est heurtée encore une fois au refus catégorique des pays développés (2). La même CNUCED a évalué à trente-cinq milliards de dollars les pertes commerciales subies par le Tiers-Monde entre 198I et 1983 dans la lutte inégale livrée par leurs matières premières contre les produits manufacturés 5^PI2y£n5n£®_Ë£I_i!ayi_^éZ?i£PPés (3)- Comment, dans ces conditions, (1) Si l'on considère la période de vingt ans qui s'étend de 1955 à 1975, les prix des matières premières exportées par le Sud ont beaucoup moins augmenté que ceux des produits importés en prove nance des pays industrialisés. Selon le calcul de la CNUCED, les termes de l'échange (exprimé par le rapport entre les prix des exportations et ceux des importations) se sont détériorés en moyen ne de 2 %par an au cours de la période considérée. - Voir à ce propos, CNUCED."Manuel de statistique du commerce inter national et du développement", 1975- - Voir aussi CNUCED , "The indexation of priées". TD/B/503 (1976). (2) CNUCED, "Integrated programme for commodities" TD/B/C l/66, 1977. Voir aussi ,"Monthly Commodity Price Bulletin". Mars-Mai, 1977. (3) Document publié par la BADEA, commémorant son dixième anniversai re, "BADEA 1975-1984 : Dix ans de coopération arabo-africaine". p.13. 427

peut-on établir une planification cohérente des investissements, si les revenus attendus varient de façon aussi imprévisible? - Jamais la reformulation de nouveaux axes de coopération, de nouvelles relations Nord-Sud n'a été aussi urgente qu'au cours de la décennie 1970. C'est que ce spectacle de misère, de souffrance et de clochardisation d'une majorité de pays du Sud est devenu inquiétant. Le hiatus qui sépare le Nord et le Sud ne relève pas de ces expres sions creuses, obéissant à une mode passagère, mais résulte hélas de rapports de domination qui remontent très loin dans l'histoire et qui se manifestent par un pillage organisé et systématique des pays du Sud de la planète. - Endettement, mais aussi famine, sécheresse, déplacement des po pulations et répressions sanglantes, tel es% le sort réservé à de nom breuses populations du Sud de la planète.

- Les premiers signes de la réprise économique mondiale apparus au début de 1983, notamment aux Etats-Unis et dans certains autres pays occidentaux, restent fort précaires à cause des contradictions, des ambiguïtés et de l'instabilité des politiques économiques fisca les, monétaires et commerciales des pays industrialisés.^ 1) Même si cette reprise se confirme, des incertitudes demeurent toute fois, quant à sa transmissioin au niveau internatioinal. Qu'en est-il de ses effets sur la croissance dans les pays en voie de développe ment? A cette question, la Banque Mondiale, peu suspecte de tiers- mondisme, apporte sa réponse : "La reprise mondiale ne peut à elle seule engendrer une croissance accélérée et équitable dans les pays à faible revenu et il est à craindre qu'une récession; prolongée dans les pays en voie de développement ne retentisse sur le rythme de la reprise dans les pays industriels" (2). Selon cette même institution, les exportations des pays en voie de développement non pétroliers ne connaîtront pas au cours des prochaines années une croissance en va leur et en volume aussi forte qu'au milieu des années 1970. Même diagnostic de la Banque Mondiale en 1985 : dans son rapport

(1) AYARI (Ch.) , "La coopération arabo-africaine face aux défis des années 80", publication de La BADEA, KHART.0UM, juillet 1985. p.8/ - (2) Rapport sur le développement dans le Monde (Banque Mondiale) 1983. pTîi: 428

sur le développement dans le monde on peut lire notamment : "Il n'est pas vrai que l'économie mondiale ait retrouvé son dynamisme des an nées 60, ni que le développement ait marqué à nouveau des progrès ra pides. La croissance a ralenti dans la plupart des pays en voie de développement qui ont traversé des difficultés de service de la dette, et dans beaucoup d'autres. Dans presque toute l'Afrique, le revenu réel par habitant n'est pas plus élevé, en moyenne, qu'il ne l'était en 1970. Dans la plus grande partie de l'Amérique Latine, il est re tombé au niveau du milieu des années 70. Le développement de dizaines de pays a pris, au bas mot, une décennie de retard" (1). - De nombreuses incertitudes demeurent aussi en ce qui concerne le montant des nouveaux apports financiers, et notamment bancaires, dont pourront bénéficier les pays en voie de développement à l'avenir. Selon les experts de la Banque Mondiale, les P.V.D. peuvent retrouver leur taux de croissance des années 60 et 70, à condition que les "flux nets de capitaux de toute provenance croissent de 10 %au moins en valeur nominale chaque année" (2). Ce qui est loin d'être le cas. Bien que ceux-ci ont augmenté en 1984 par rapport à 1983, ils restent encore inférieurs à leur montant de 1982 (3). Pour les pays pauvres (africains surtout), tributaires à 84 %de l'aide publique, la situa tion est encore plus préoccupante.

Dans ce contexte marqué par deux décennies de développement onu siennes ratées, par dix ans de dialogue Nord-Sud sans effets, par six CNUCED sans lendemains, et par une crise dont les retombées sur le Sud s'appellent famine, endettement et indigence et marginalisation des masses, va se développer une réflexion sur la nécessité de resserrer les liens économiques entre pays en voie de développement afin de hâter l'avènement d'une réelle coopération Sud-Sud. Celle-ci, présen tée comme un modèle alternatif à l'état actuel de l'ordre économique international, est devenue depuis quelques années une solution invo quée par la diplomatie économique des Etats du Tiers-Monde (4). La (1)"Rapport sur le développement dans le monde',1 Banque Mondiale, 1985.p. 1. (2) "Rapport sur le développement dans le monde'", Banque Mondiale, 1983. P-12. ~~ (3) " Perspectives économiques de l'OCDE", n° 33, 1983. (4) Voir à ce propos 1' étude de YACHIR (F.) "La Coopération Sud-Sud, une alternative", Bulletin n° 2, oct. 1983, UNITAR, Dakar, p.22 et suivantes. 429

nécessité d'une telle coopération procède de deux réalités, disons plutôt deux convictions : La première, les pays du Sud confrontés à tous les problèmes du sous-développement se sont rendu compte que le Tiers-Monde ne retient l'attention du Nord, ne suscite l'intérêt de ses responsables politiques et économiques qu'en fonction des solu tions qu'il est susceptible d'apporter aux problèmes des économies développées. La deuxième conviction des pays du Sud consiste en une prise de conscience collective quant aux conditions et aux finalités du déve loppement recherché. Celui-ci peut-Il être octroyé par les autres? Peut-il être induit par l'aide extérieure si importante soit-elle. si nécessaire soit-elle? Ces remises en cause ne doivent en aucun cas être interprétées dans une perspective de confrontation Nord-Sud. Il s'agit d'un constat d'échec, dont le Nord comme le Sud portent leurs parts de responsabilité. Après deux décennies et demie de mar chandage et de palabres, de rendez-vous manques et d'espoirs déçus, on commence aujourd'hui au Sud, à envisager les avantages que peut of frir une réelle concertation horizontale débouchant sur une coopéra tion Sud-Sud, dans l'espoir de parvenir à terme à la mise sur pied d'un nouvel ordre économique international. C'est dans cette dynamique qu'il convient de situer et d'appré cier la coopération économique et financière arabo-africaine. Quelle place occupe-t-elle dans ces nouvelles solidarités qui se dessinent aujourd'hui entre pays en voie de développement (1)? S'agit-il d'une réelle coopération Sud-Sud ou d'un simple transfert financier de cer tains pays arabes à surplus pétroliers aux pays africains? Les rela tions arabo-africaines s'inscrivent-elles dans une perspective de rupture avec le modèle de coopération pratiqué jusqu'ici entre pays développés et pays en voie de développement, ou, au contraire, ne sont-elles qu'un prolongement de celui-ci? En quoi l'aide arabe se différencie-t-élle par rapport à celle octroyée par les pays dévelop pés du Nord? Personne ne conteste aujourd'hui l'effort accompli par les pays arabes de l'OPEP, en matière de transfert financier, en di- rection__des_pays_africains__depuis 1973- Ces transferts ont-ils un (l) L'idée de la coopération Sud-Sud fait incontestablement son chemin, comme en témoigne l'accroissement des échanges commerciaux entre PVD. Voir à ce propos YACHIR (F.), op. cit. 430

impact sur les économies des pays dispensateurs de l'aide ou se tra duisent-ils tout simplement par une perte réelle d'actif vu 1' absen ce d'effet de retour? Quel est l'état actuel des échanges commerciaux entre le monde arabe et l'Afrique noire ? Une coopération réduite aux seuls trans ferts financiers d'une partie à l'autre est-elle viable? Peut-elle résister à l'érosion du temps? Quelles sont, enfin, les perspectives qui se dessinent devant cette forme de coopération. La baisse des re venus pétroliers ne réduira-t-elle pas la capacité des pays arabes de l'OPEP à maintenir leur flux d'aide à l'Afrique? Qu'adviendra-t-il alors de l'entreprise arabo-africaine? A ces différentes interrogations nous tenterons , dans le texte qui suit, d'apporter quelques éléments de réponse. Six chapitres constituent le contenu de cette troisième partie.

Le premier chapitre sera consacré, dans un premier volet, à la présentation et à la critique des doctrines anciennes et récentes eh matière d'aide internationale au développement. Dans un deuxième volet, nous tâcherons de montrer l'inefficacité de l'aide en insistant notamment sur ses effets pervers.

Dans un deuxième chapitre, nous nous interrogerons sur les pers pectives qui se dessinent aujourd'hui devant les pays en voie de déve loppement en matière de coopération Sud-Sud. Malgré leur division et leurs contradictions, les pays du Tiers-Monde n'ont cessé de déployer leurs efforts afin de hâter l'avènement d'une coopération horizontale leur permettant non seulement de resserrer leurs liens dans divers do maines, mais aussi de renforcer leur position à l'égard du monde déve loppé. 431

Dans un troisième chapitre, nous examinerons la place qu'occupe le monde arabe pétrolier dans la coopération internationale au déve loppement d'une part, et son rôle dans le renforcement des relations Sud-Sud d'autre part. Second dispensateur de l'aide au niveau mondial le monde arabe pétrolier se trouve aujourd'hui à la base de la première coopération financière d'envergure jamais instaurée entre pays en voie de développement.

Dans le Quatrième chapitre il sera question d'un examen approfon di des engagements financiers arabes en Afrique. Y seront examinés successivement, la spécificité de l'aide arabe, son volume, les méca nismes de son acheminement et sa répartition à la fois géographique et sectoriaîe. Dans ce chapitre essentiellement statistique, nous ne manquerons pas de relever au passage quelques maillons faibles de cet te coopération.

Dans le cinquième chapitre, il sera question de la grande fai blesse de cette coopération, à savoir l'insignifiance des échanges commerciaux entre les deux partenaires. Nous examinerons dans un premier volet l'état actuel des échanges entre les pays arabes et les pays africains (analyses des courants d'échange et des structures du commerce des deux ensembles). Dans un deuxième volet, nous amorcerons une réflexion sur la ma nière de les promouvoir en insistant notamment sur deux points qui nous paraissent essentiels : identification des produits et secteurs susceptibles d'accroître les courants des échanges commerciaux entre les deux régions et mise sur pied de .pratiques* commerciales permettant de favoriser les échanges. Dans un sixième et dernier chapitre, nous nous interrogerons sur les perspectives de la coopération arabo-africàine compte tenu de la baisse considérable des revenus pétroliers enregistrée au cours de ces toute dernières années. Quels sont les enjeux pour le futur? Qu'adviendra-t-il de cette coopération si les revenus des pays pétroliers (principaux dispensa teurs d'aide) persistent dans leur chute, ce à quoi nous assistons au jourd'hui. CHAPITRE I

L'AIDE INTERNATIONALE AU DEVELOPPEMENT * DOCTRINES, PRATIQUES ET EFFICACITE

Ce chapitre introductif se veut une brève présentation critique des doctrines et pratiques de la coopération internationale et de son instrument priviligié : l'aide au développement. Il n'entre pas dans notre propos d' étudier les mécanismes et les structures de l'aide internationale, aspects certes intéressants mais qui nécessitent une place que nous ne pouvons malheureusement pas leur consacrer dans le contenu de cette troisième partie (1). Nous nous bornerons dans ce chapitre, après examen des doctrines anciennes et nouvelles relatives à la coopération internationale, à relever en quoi et comment l'aide au développement n'a pas pu atteindre les objectifs qu'elle a prétendu poursuivre. C'est de l'efficacité de celle-ci qu'il s'agira essentiellement dans ce chapitre introductif.

1. Les doctrines de la coopération internationale

Le processus de décolonisation, la formation des nouveaux Etats, membres à part entière de la communauté internationale, ont révélé au grand jour l'existence au niveau mondial de disparités économiques considérables creusant davantage le fossé qui sépare le Nord développé du Sud en voie de développement. La persistance d'une telle situation n'est pas sans présenter certains dangers dont les implications sur le Nord ne sont pas à démontrer. C'est que la décolonisation a mis à nu

(l) Sur les mécanismes, structures et fonctionnement de l'aide inter nationale, nous suggérons les ouvrages suivants : - Me NEILL (D.), "The contradictions of foreign aid", London, croom Helm, 1981. - HAYTER (T.), "Aid asImpertalism ", London, Benguin Book, 1971. - MORTON (K.), "Aid and dependence", London, croom Helm, 1975» - BENHAMI (F.), "Economie aid to underdeveloped countries", Lon don, Oxford Univ. prèss, 1961. - MENDE (T.), De l'aide à la recolonisation, Paris, Seuil, 1975. 433

ces écarts de développement que l'idéologie et la domination coloniale avaient voilés pendant longtemps. Aussi l'on s'attachera au Nord à promouvoir et à vulgariser cette notion de coopération internationale, destinée dans le chef de ses précurseurs à pallier le vide créé par le départ des ex-puissances coloniales. Ce n'est pas un hasard si cette notion s'est développée à l'aube des années 1950, parallèlement, au processus de décolonisation, et s'est imposée progressivement en tant que courant théorique dans la littérature économique depuis cette épo que.

1.1. Doctrines anciennes

Après la seconde Guerre Mondiale, la littérature économique al lait se diviser en deux courants théoriques spécifiques (1). Le pre mier dans la tradition Kenysienne allait développer les modèles d'équi libre de la croissance, celle-ci étant supposée acquise. Le deuxième allait se consacrer à l'analyse du sous-développement. Ce dernier courant théorique donna naissance au mouvement doctrinal en faveur de l'aide au développement : ses modèles mettaient l'accent sur l'insuf fisance de capitaux, de compétences, de marchés, éléments indispensa bles au développement, dont la mise en oeuvre permet de sortir de l'état de sous-développement. Dans ce contexte théorique et doctri nal, l'idée de coopération allait fatalement émerger et se développer pour s'imposer plus tard comme voie de passage obligée pour tout pays du Sud candidat au progrès économique et social . Les problèmes d'ordre structurel qui entravaient le développement des pays du Sud n'ont retenu que rarement l'attention des experts. "Il devenait évident, écrit A. BENACHNOU, que la coopération n'était rien d'autre qu'un moyen d'accélération de l'implantation du capitalisme dans les pays du Tiers-Monde, implantation jusque là freinée par des formes administratives désuètes, liées à la colonisation"(2). Ce mouvement doctrinal dont la paternité est attribuée à un grou pe d'experts des Nations Unies, présidé par le professeur Arthur LEWIS, (3) (1) Voir à ce propos : BENACHNOU (A.)."Le Tiers-Monde en jeu". Alger,CREAT,1981, p. 165 et suivantes. (2) Ibid. p*. 166 (3) A la demande des Nations Unies ce groupe a entamé en 1950 une étu de sur les mesures applicables au développement des pays du Tiers- Monde . 434

constitue encore le fondement essentiel de la coopération internatio nale vu par les pays développés. L'examen de la doctrine économique des institutions internationales telles que la Banque Mondiale, le F.M.I., la F.A.O. nous fait constater la permanence du thème libre- échangiste (1), selon lequel les pays du Tiers-Monde n'ont d'autres choix que de développer leurs rapports commerciaux et financiers avec le Nord développé. La coopération c'est d'abord le libre échange. L'aide au développement n'est appelée à jouer un rôle important dans cette coopération que dans la mesure où elle peut renforcer les échan ges Nord-Sud en maintenant les pays du Tiers-Monde dans des spéciali sations voulues par les pays développés. L'examen des doctrines des groupements économico-politiques du Nord développé illustrent fort bien cette vision (2). L'OCDE, largement dominé par les Etats-Unis, pose le principe de la nécessité de l'aide au développement en insis tant sur l'avantage que peuvent tirer les pays du Tiers-Monde d'une spécialisation accrue de leurs économies} ce qui signifié extraversion et intégration au marché mondial. Là nous touchons du doigt la base même de la philosophie du développement de la plupart des donneurs d'aide et des organisations qu'ils contrôlent. Cette philosophie fait une large place aux apports privés considérés comme étant complémen taires de l'aide publique. Pour les pays développés, l'aide publique ne peut remplir sa fonction que dans la mesure où elle contribue à aménager les conditions qui permettent au capital privé d'entraîner la croissance économique des pays en développement. Aussi le sous-déve loppement se trouve réduit à une simple question de croissance, c'est- à-dire "une augmentation de la production par tête d'habitant, ou d'une façon plus réelle, une augmentation des quantités économiquement caractéristiques en macro-économie..." (3). H s'agit, autrement dit, de l'acroissèment du PNB. Certes, les pays du Sud ont vu leur PNB augmenter de 6 % entre 1965-1974, soit un peu plus vite que les pays industrialisés, mais ceci n'a pas pour autant conduit à un réel déve loppement. Au contraire, il semble que "les pays en développement sont

Cl) Voir à ce propos :- MORTON (K.), op. cit., p. 87. - HAYTER (T.), op. cit., p. 60. (2) BENACHNOU (A.), op. cit., p. 168. (3) LEWIS (W.A.), "The theory of économie grovth", Londres, Allen et unwin, 1955, P« !• 435

en stagnation ou en régression relative ou absolue" (l). C'est que la solution aux problèmes du sous-développement ,vu uniquement sous l'angle de la croissance, véhicule ses propres limites, disons plutôt ses propres aberrations. Dans la majorité des pays en développement cette croissance a été obtenue au prix d'un abandon du contrôle de ces pays sur leurs ressources, d'une marginalisation de larges franges de la population, d'un endettement excessif, d'une dépendance alimentaire et technologique accrue et d'une intégration complète au marché mon dial. Tout cela accompagne , faut-il le rappeler, un enrichissement de minorités locales dont le pouvoir a été stabilisé à coup d' aide voire même d'intervention militaire. C'est alors que surgit une double question concernant la " crois sance" : Quelle croissance? de quoi et au bénéfice de qui? (2) Ques tion qui rejoint la seconde concernant l'efficacité, voire même la signification de l'aide au développement à l'intérieur d'un système de relations entre pays développés et pays en développement dont les traits marquants sont domination, dépendance et exploitation. Tel est brièvement esquissé, le mouvement doctrinal ancien de la coopération internationale et de l'aide au développement. Il consti tue, à quelques variantes près et jusqu'à nos jours, le fondement es sentiel de la coopération internationale vue par les pays développés, même si le principe du libre échange et de la libre circulation des capitaux a été ébranlé par le développement de la crise au point que certains pays européens, face à la concurrence japonaise et américai ne se sont ralliés à la thèse du "libre échange organisé" (3). Les pratiques commerciales restrictives qui ne cessent de se multi plier entre pays développés (4) illustrent avec force la limite de la doctrine du libre échange. De même, le protectionnisme pratiqué à

(1> «TÏ^Ïni!!0- 6t RAYNAUD (E')j L'aide au sous-développement. IEDES, r\it, 19*0, p. 22. ~ — (2) Pour d'amples développements se référer à : ROSIER (B.), Croissance et crise capitalistes. PUF, 1975, notam ment le chapitre VII. Voir aussi : FREYSSINET (J.), Le concept de sous-dévelopnement.. Grenoble, PUG, 196£ ~ (3) BENACHNOU (A.), op. cit., p. 169. (4) Ne parle-t-on pas dans la presse et les médias, d'invasion japo naise, de guerre économique USA-CEE? 436

l'égard de certains produits en provenance des pays en développement contredit le libéralisme intégral exigé de ces pays dans leurs rela tions avec le Nord développé (l). C'est sur cette flagrante contra diction que butte actuellement cette ancienne doctrine de coopération internationale. Les vertus du libre échange se sont peu à peu éva porées pour laisser place à une nouvelle doctrine prenant fait et cau se en faveur des revendications les plus importantes des pays du Tiers-Monde.

i.2. La doctrine nouvelle : Le rapport Willy BRANDT

L'expression la plus récente et sans doute la plus complète de la doctrine économique de la coopération internationale est formulée dans le rapport de la commission Willy Brandt (2). La doctrine est nouvel le dans le sens où elle constitue une tentative de mettre en place une politique de changement dans les relations Nord-Sud. La trame en est simple : l'essoufflement de l'économie mondiale entraîne une hausse de l'inflation mondiale et une détérioration de l'emploi. La baisse du taux de croissance impose d'importantes capacités oisives dans l'appa reil de production. Il en résulte une exacerbation des inégalités . D'un autre côté, le Tiers-Monde s'avère incapable de faire face à la détérioration de la balance des paiements. Il est dès lors clair qu'une action internationale (sous forme d'une redistribution du Nord vers le Sud) pourrait alors apporter la solution à ces problèmes d'i nefficacité et d'inégalité. Ainsi l'interdépendance globale doit être sauvée : l'intérêt commun (expression clé du texte) 1' emporte sur les conflits d'intérêts. Un transfert massif des ressources financières aurait un impact non négligeable au Nord et au Sud. Un tel surcroît de devises disponibles pour les pays en développement pourrait provo quer une relance de la demande d' exportation des pays développés. Telle est la trame de ce rapport dont les analyses faites des relations Nord-Sud et des vrais problèmes qui entravent le développe ment du Tiers-Monde ne manquent ni de courage, ni de lucidité, ni de

(1) Voir à ce propos : M. NORRO, in "Actes du colloque du CODI", octo bre 1985, Louvain-la-Neuve. (2) "Nord-Sud , un programme de survie", Paris, 1980. 437

pertinence. Parmi les analyses, on peut relever la question du contrôle réel des ressources naturelles du Tiers-Monde et de ses effets sur les prix, la question des caractéristiques actuelles du développement agricole dans le Tiers-Monde résultant de la pénétration massive des firmes transnationales dans le domaine agro-alimentaire, et enfin la question essentielle des contradictions économiques et sociales du développement industriel orienté vers l'exportation. Le rapport attribue une place importante à l'aide au développe ment et plaide pour un transfert massif des ressources aux pays du Tiers-Monde pour financer notamment : 1. Les projets et programmes visant à soulager la pauvreté et à accroître la production alimentaire particulièrement dans les pays les moins développés. 2. La prospection et le développement des ressources énergétiques et minières. 3. La stabilisation des prix et des bénéfices à l'exportation des produits de base et une expansion du traitement du produit dans les pays producteurs eux-mêmes. En outre le rapport recommande : - La condamnation du protectionnisme larvé. - La transformation du cadre de la coopération internationale pour te nir compte de la situation financière de pays en développement. - La création d'un fonds mondial de développement sous l'égide des Na tions-Unies en mettant sur pied des nouveaux mécanismes visant à réaliser le recyclage des excédents financiers des pays pétroliers, et à prélever au sein des pays du Nord des moyens financiers crois sants à mettre à la disposition des pays du Sud. - La nécessité de négocier et de conclure un code de conduite obliga toire pour les firmes transnationales dans le Tiers-Monde qui codi fient les droits et obligations des firmes transnationales et des pays hôtes (l). - Les institutions spécialisées sont appelées à aider les pays du

(l) Dans ce domaine, les auteurs ne nient pas que les pratiques des firmes eh matière de prix, de marché de technologie ont contribué à priver les pays hôtes de la majeure partie des produits de la croissance économique. 438

Tiers-Monde à négocier de manière précise les accords avec les fir mes transnationales dont ils admettent qu'elles sont les opérateurs les mieux placés en matière de transfert de technologie, en particu lier dans les domaines miniers et industriels. Outre ces recommandations, il convient de reconnaître aux auteurs de ces rapports le mérite d'avoir rejeté la thèse de l'explosion démo graphique comme obstacle au développement, d'avoir dénoncé les prati ques répressives du FMI vis-à-vis des pays du Tiers-Monde et d'avoir mis au clair l'essentiel des pratiques abusives des firmes transna tionales opérant dans le Tiers-Monde. Ces propositions et recommandations, si sincères soient-elles, peuvent-elles contribuer à un développement réel des pays du Tiers- Monde? Ou au contraire conduisent-elles à une intégration plus large des économies sous*-développée s dans le système de l'économie mondiale dominé par le Nord développé? Ce n'est ni par un esprit de contradiction systématique, ni par souci d'obéir à une mode intellec tuelle, que nous nous posons cette question. L'évolution des rapports Nord-Sud depuis le début de la crise nous impose quelques réserves. Faire preuve d'un enthousiasme démesuré à la lecture de ces proposi tions, c'est ignorer la nature des enjeux dans les rapports contempo rains entre le Nord et le Sud. Le rapport Brandt semble avoir éludé trois questions essentielles qui nous paraissent constituer le noyau central de tout débat sur le développement et la coopération internationale (l). - La première est celle du contrôle des ressources naturelles. Si le rapport plaide pour la nécessité de stabiliser les prix et de maintenir les recettes d'exportation des produits de base, il reste silencieux sur les moyens les plus sûrs pour réaliser cela et plus encore pour accroître les prix des produits de base en termes réels sur le marché mondial. S'agit-il de ménager les règles du jeu du marché actuel ou au contraire d'en transformer le fonctionnement? - La deuxième question est relative à l'articulation entre le développement industriel et le développement agricole. Si les auteurs des rapports admettent que ces deux développements se complètent mu-

(1) Sur les commentaires et critiques relatifs au rapporto Brandt, voir notamment : "Libération Afrique", n° 11, Nov. - décembre 198l. -BENACHNOU (A.),op. cit., p. 171 et suivantes. 439

tuellement, rien n'est dit en matière industrielle sur les choix de secteurs et d-* techniques indispensables à cette intégration inter sectorielle. De même les réformes agraires envisagées ont surtout pour but de stabiliser et d'accroître la production marchande, quel que soit son contrôle social. - La troisième question relative à un accroissement de l'aide fi nancière nous ramène directement au Rapport Pearson (1). La crise économique et la montée du chômage dans les pays développés ne ren dent-elles pas plus qu'improbable une augmentation sérieuse de l'aide aux pays en développement?

Ces quelques commentaires critiques n'affectent en rien la qua lité du travail accompli par les auteurs du Rapport Brandt. Rédigé dans un contexte marqué par 1' aggravation de la crise mondiale et la détérioration excessive de la situation des pays du Tiers-Monde, ce rapport entend inaugurer l'existence d'une autre conception de déve loppement et de coopération internationale dont la notion centrale s'appelle : interdépendance. Mais 1' interdépendance existe lorsque les intérêts sont mutuels et non contradictoires. L'interdépendance peut s'envisager lorsqu' elle est susceptible de procurer satisfaction à tous et non seulement à une partie. Comment peut-on, au Nord, prô ner la solidarité et l'interdépendance et mettre sur pied, en même temps des politiques protectionnistes visant à limiter l'accès aux marchés des pays développés,.de certaines productions en provenance du Sud? "Autrefois la compétition se jouait uniquement entre pays déve loppés. Aujourd'hui, comment résister à la compétition non seulement des pays avancés mais aussi à toute une série de concurrences nouvel les et durables Venant de tous les pays en développement?" s'inter roge M. PONIATOWSKI, qui poursuit : "Donc, il faut une certaine

(1) A l'invitation de Robert S. McNamara, l'ancien premier ministre du Canada, Lester B. Pearson, et sept autres personnalités ont accep té d'établir un bilan de vingt ans d'expérience d'aide au déve loppement et de le compléter par des recommandations sur la marche à suivre dans l'avenir. Le rapport Pearson fut publié en 1969 sous le titre "partners in development, report of the commission on international development"7 En français : "Vers une action commune pour Te développement du Tiers-Monde". Paris, Denoël, 1969. 440

protection..., il faut ensuite profiter de cette protection pour pousser les secteurs de pointe de notre économie, c'est-à-dire être toujours en avance de vingt à vingt-cinq ans sur les économies qui sont en voie de développement" (l). Nous sommes ici en présence d'une conception assez particulière de l'interdépendance. Nous pouvons en multiplier les exemples, retenons simplement que l'interdépendance est un but à atteindre et non un point de départ. Elle n'aura de sens que comme résultat au plan international, de la construction dans les pays du Tiers-Monde d'économies nationales autonomes contrôlant leurs res sources naturelles et organisant leur développement par action menée en profondeur dans les domaines de l'industrialisation et dé la réfor me agraire (2). A la base des courants doctrinaux (anciens et nouveaux) en matière de coopération internationale et d'aide au développement, une hypothè se demeure toujours valable : les vertus du marché mondial. Cette hypothèse communément admise dans les pays développés consiste à ex pliquer que le développement des pays du Tiers-Monde passe nécessaire ment par une intégration complète dans le marché mondial. L'hypo thèse en question comporte deux aspects liés : - un pays du Tiers-Monde a toujours intérêt à développer ses ex portations, à accueillir chez lui des capitaux et des techniques in dispensables pour son développement} - si le marché mondial est déréglé, il est toujours possible, par la voie de la concertation de réaménager son fonctionnement au profit des pays du Tiers-Monde (3). Toutefois l'évolution, au cours de ces dernières années, des for mes de la division internationale du travail (D.I.T.) a rendu néces saires des ajustements au sein de ces courants doctrinaux. A l'étape actuelle, on insistera plus sur la coopération nécessaire pour garan tir les investissements, obtenir une fiscalité favorable ou une main-

(1) Interview de PONIATOWSKI (M.) au journal "La Croix" du 11 novembre 1978.

(2) BENACHNOU (A.), op. cit. p. 175 (3) Tel est par exemple le fondement des tentatives de stabilisation des cours de produits de base, de négociation sur les accords par produit,etc... ♦41

d'oeuvre adéquate, alors que les formes anciennes mettaient plus l'ac cent sur les accords commerciaux. On admettra en fin de compte que toutes ces doctrines (anciennes et récentes) ne remettent pas en cause les vertus du marché mondial.

Telle est, brièvement esquissée, cette présentation critique des fondements doctrinaux de la coopération internationale et de son ins trument privilégié, l'aide au développement. Procédons à présent à l'évaluation des effets de cette dernière.

2. Evaluation des effets de l'aide internationale

Avant de procéder à l'évaluation des effets de l'aide internatio nale, examinons brièvement quelques-unes de ses caractéristiques les plus marquantes.

2.1. Qu'entend-on par "aide"?

Analysant le contenu de l'aide au développement, Tibor Mende (1) utilise l'image de l'artichaud. "L'aide étrangère, écrit-il, ressemble à un artichaud.. Quand il est en fleur, il est assez plaisant par la forme et la couleur. Avec le temps, il devient une plante piquante dont une partie seulement est mangeable. Estimé par le spécialiste, il a également ses enthousiastes. On dit même que l'un de ses compo sants a des effets bénéfiques contre certaines maladies. Mais pour juger de sa valeur véritable il faut enlever une à une ses innombra bles feuilles. Beaucoup doivent être jetées. D'autres contiennent la substance nutritive à laquelle il doit sa réputation. A l'intérieur, profondément, on arrive au coeur qui, convenablement préparé et as saisonné, fournit une récompense savoureuse pour celui qui fait l'ef fort d'enlever patiemment les feuilles plus ou moins sans valeur, qui le cachaient'.' Procédons de la même manière en ce qui concerne l'aide internationale au développement. Il faut d'abord distinguer les ap-

(1) MENDE (T.), "De l'aide à la recolonisation", édition Seuil, 1972 et 1975, p. 69. 442

ports selon leur origine : privée ou publique. - Les apports prives sont composés de deux catégories : il y a les dons proprement dits (en provenance des organisations humanitaires plus connues sous le sigle O.N.G.) (l). Mais il y a surtout tous les apports privés acheminés vers les pays en développement aux conditions du marché. Il s'agit dans cette deuxième catégorie notamment des in vestissements privés, des crédits à l'exportation à échéance de moins d'un an, de prêts bancaires, etc...). Ces apports qui sont de loin les plus importants ne peuvent en aucun cas être considérés comme une aide.

- Les apports publics, appelés communément "l'aide publique au déve loppement" (APD), consistent en fonds fournis par des gouvernements à des conditions de faveur avec pour but premier de favoriser le déve loppement économique. Les dons en argent et en équipement sont évi demment à inclure dans l'APD. La coopération technique est assimilée à un don, de même que l'aide alimentaire ou l'annulation (partielle ou totale) de la dette d'un ou plusieurs pays en développement. Les prêts accordés par le secteur public, intitulés "autres apports pu blics" sont aussi compris dans l'APD. Le rapport de la Commission Pearson conteste le classement de ces apports sous le titre "aide pu blique au développement". Selon cette Commission,"les apports pri vés et les crédits publics (autre apport public) réalisés pour des raisons commerciales, n'ont pas plus le caractère d'une "aide" quand ils sont attribués à des pays sous développés que lorsqu'ils circulent entre pays industrialisés". Considérer donc ces "autres apports pu blics" comme une aide est un contre-sens. L'APD serait enfin incom plète si on n'y ajoute pas les contributions fournies par les Gouver nements aux organismes internationaux. Si l'on considère la période qui va de i960 à 1985, on constate que l'APD,assez importante (de l'ordre de 0,5 %du PNB de l'ensemble des pays industrialisés)» aux débuts des années i960, va progressivement régresser, tandis que les apports privés (octroyés aux conditions du

(1) Organisations non gouvernementales (2) Le rapport de la Commission Pearson, op. cit. 443

marché vont s'accroître considérablement pour constituer à eux seuls 0,75 %du PNB des pays du CAD( Comité d'Aide au Développement). Rap pelons que l'aide publique au développement (APD) de ce'même groupe de pays reste inférieure à l'objectif de 1 $ (1) proclamé à plusieurs reprises dans les enceintes internationales.

(Graphique I) Aide publique et flux privés en provenance du CAD et à destination des pays en développement

1 5 --»»( en%du PNB)_

1.4-* 1.3" 1.2 + 1.1 1 Apports totaux 0.9 ••""il 0,8 -. 0,7" °'eT 0°:::|

T* """"TiTnTrTrr

1960 1965 1970 1975 1980 1985 Source OCDE, examen 1987.

Comme le montre ce graphique, les apports privés vont à partir de 1970 augmenter considérablement. Si, au début des années 60, 63 %des apports totaux aux pays en développement sont d'origine publique, ils ne sont plus que de 40 % en 197 0 et de 35 % seulement en 1984 En 1984, par exemple, les apports privés et autres apports du secteur

(1) Chaque pays membre du CAD s'est engagé en effet à ce que les flux de son aide publique constituent à eux seuls 0,7 %de la valeur de son PNB. Seuls, la Suisse et les USA n'ont pas souscrit à cet engagement. 444 public (octroyés aux conditios du marché) destinés aux pays en déve loppement ont totalisé la somme de 53,5 milliards de dollars, alors que l'APD bilatérale (en provenance des pays du CAD, de l'OPEPet CAEM (pays de l'Est) et multilatérale se chiffraient à peine à la hauteur de 346' milliards de dollars. Ce sont les pays du CAD (pre miers donateurs d'aide au niveau mondial ) qui ont façonné cette évolu tion comme le montre le tableau ci-dessous.

Tab. 1 Apports totaux en provenance des pays du CAD par Catégorie majeure (en milliards de $)

1970 1975 1980 1984 1985

APD 6,9 13,8 27,3 28,7 29,4 Dons privés 0,9 1,3 2,4 2,5 2,3 Apports non-concessionnels 8,1 29,7 45,7 53,5 14,0

Apports totaux 15,9 44,8 75,4 84,7 46,3

En pourcentage du PNB

APD 0,34 0,36 0,38 0,35 0,34 Dons privés 0,04 0,04 0,03 0,0.3 0,03 Apports non-concessionnels 0,41 0,77 0,63 0,68 0,18

Apports totaux 0,79 1,17 1,04 1,07 0,55

Source OCDE, Examen 1986. Examen 1987.

Outre l'importance des flux d'origine privée acheminés aux dures conditions du marché, il convient de remarquer que l'APD exprimée en termes du pourcentage du PNB (1) des pays du CAD n'a guère progressé. Si la part des apports privés (non-concessionnels) dans le PNB des pays du CAD est passée de 0,41 % en 1970 à 0,68 %en 1984, celle de l'APD est restée relativement stagnante (0,34 %en 1970 et 0,35 % en 1986(2). On est loin de l'esprit désintéressé et généreux des (1) Il s'agit d'un pourcentage moyen des pays membres du CAD. (2) Seuls trois pays ont effectivement tenu leur engagement consistant à porter leur APD à 0,7 %de leur PNB : ce sont la Suède 0,83 %, la Norvège 0,82 %, le Danemark 0,73 % et la Hollande.-0 ,31 %. Voir OCDE, Examen 1986-, 445

premiers précurseurs de l'aide au développement. Les intérêts privés sont rapidement parvenus à reprendre le pas sur l'intérêt public. Le souci de faire des profits l'a de plus en plus emporté sur celui de porter concours et assistance à des peuples qui se débattent dans les conditions les plus effroyables pour assurer le minimum à une existen ce précaire. La large place occupée désormais par les apports privés dans les flux totaux de fonds à destination des pays en développement ne tarde ra pas à avoir des incidences sur la philosophie même de l'APD. Il s'agit pour les intérêts privés de faire en sorte que l'aide d'origine publique puisse bénéficier directement ou indirectement aux inves tissements privés d'origine étrangère dans les pays cibles.

2.1.1. L'aide dite liée

Nous aborderons ici un aspect important de l'aide internationale, à savoir son caractère "lié". L'aide liée peut l'être à deux niveaux, soit au niveau politique, soit au niveau économique. "La pratique s'est régulièrement répandue au cours de ces derniè res années, note T. Mende, au point que l'aide non liée est devenue l'exception" (l).

2.1.1.1. Sur le plan économique : Une aide dite liée est une aide octroyée (sous forme de dons ou de prêts) avec la condition d'être dépensée dans le pays donateur. Le pays bénéficiaire se doit d'acheter les biens et les services dont "il a besoin" auprès des firmes dont le pays a octroyé l'aide en ques tion. Ces achats s'effectuent souvent au-dessus du prix du marché in ternational. L'enquête menée conjointement par la CNUCED et le dépar tement des affaires économiques et sociales de l'ONU (2) en 1971 , révélait que dans le seul domaine des achats conditionnels de produits intermédiaires, biens intermédiaires, biens d'équipement et pièces détachées, les firmes des pays donateurs d'aide pratiquaient des

(1) MENDE (T.),"De l'aide à la recolonisation", op. cit., p. 73- (2) Intitulée "Grands problèmes découlant du transfert de technologie aux pays en voie de développement". Voir à ce propos CORM (G.), "Maximisation et partage des gains en tre les trois partenaires selon les accords bilatéraux", Rapport présenté à la conférence de l'OCDE (26-27 janv. 1977) sur "la coo pération trilatérale". 446

surfacturations de 30 à 1600 %. Outre cet aspect, des limites de plus en plus étroites sont établies quant à la nature même des biens et projets pour lesquels l'aide ainsi obtenue peut être dépensée. Il s'agit surtout pour les pays donateurs de s'assurer que les biens fi nancés par leurs aides permettront de créer à terme, dans les pays bé néficiaires, une nouvelle demande pour d'autres produits en provenance des pays dispensateurs de l'aide. Un autre aspect négatif de l'aide liée consiste dans le fait d'o bliger le pays bénéficiaire à différer ses choix et ses priorités en matière de développement. Le projet financé par l'aide étrangère, s'il répond aux souhaits et à l'intérêt du pays donateur, n'a pas au tomatiquement des retombées bénéfiques pour le pays bénéficiaire. L'"aide" dite publique au développement est en fin de compte une prime à l'exportation et à l'emploi pour les entreprises des pays du Nord. Fini alors le sursaut de générosité du début des années 60. L'APD doit bénéficier par ordre de priorité aux entreprises de pro duction et de service dans les pays donateurs et,même dans le cas de procédures d'appel d'offre international, ce sont encore les firmes multinationales qui sont les principaux adjudicataires, en sorte que les retombées sur les firmes locales sont presque insignifiantes (l). C'est évidemment lorsqu'elle est liée et bilatérale, que l'APD est la plus discutable. Ce type de transfert est non seulement faible (2) mais donne lieu à des abus qui ne sont jamais assez dénoncés. C'est que le pays donateur dispose de tous les moyens de pression pour infléchir le comportement du pays demandeur tant sur le plan économi que que sur le plan politique.

(1) Même les entreprises locales qui sont appelées à exécuter des pro jets financés par l'aide publique sont pour la plupart des filia les des entreprises du Nord. (2) Comparativement notamment aux autres transferts dits apports pu blics et apports privés , octroyés comme on le sait aux condi tions du marché. 447

Tab. 2 L'état de déliement de l'APD de certains pays du CAD en 1981 et en 1985 (en %de l'APD totale de chaque pays).

1981 1985 Pays Aide liée/APD totale (en %).

ETATS-UNIS 51,2 53,4 FRANCE 60,3 59,3 JAPON 30,5 31,5 BELGIQUE 57,5 58,4 CANADA 42,3 44,1 ITALIE 73,2 70,9 RFA 41,0 40,0 DANEMARK 42,8 44,1 ROYAUME-UNI 61,9 62,4 (Source OCDE,"Examen 1981 •'' et "Examen 1986"

Comme le montre ce tableau, les principaux donateurs de l'APD au niveau mondial que sont les Etats-Unis, la France, le Japon et le Royaume-Uni ont une APD fortement liée. Si l'on considère toujours l'année 1981, l'ensemble des pays du CAD (dix-sept pays à économie de marché) ont fourni à titre d'aide publique au développement 28.416,2 millions de dollars dont 12.562,0 sont liés à l'achat des biens et services aux pays donateurs (1). Ainsi donc, presque la moitié de l'APD est dépensée dans les pays qui l'octroient. 'Le cas de la Gran de-Bretagne est assez éclairant à cet égard comme le rapporte cette brochure officielle traitant de l'aide britannique aux pays en dé veloppement : "Les deux tiers environ de notre aide sont en fait dé pensé en Grande-Bretagne, fournissant ainsi des commandes et des emplois à l'industrie britannique. Il est déjà évident que les pays satisfaits par les produits britanniques continueront à nous adresser des commandes indépendamment des programmes d'aide..." (3). La (1) Voir OCDE, examen 198l, p. 253. 12) Le dernier rapport de l'OCDE "Coopération pour le développement'' rend compte de la même tendance.

(3) "What is British Aid". London, H.M.S.O., 1970, pp. 6-7. Le passage repris ci-dessus peut s'appliquer à la situation ac tuelle (le dernier rapport de l'OCDE, op. cit., nous apprend que l'APD de la G.B. demeure liée à hauteur de 70 %). 448

Grande-Bretagne n'a pas le monopole de cette pratique, c'est également le cas de tous les grands pays dispensateurs d'aide comme la France, le Japon, l'Allemagne, les Etats-Unis et d'autres petits pays comme la Belgique (1). L'Union Soviétique use également de la même pratique.

2.1.1.2. Sur le plan politique L'aide liée permet au pays donateur de se composer une clientèle politique favorable à ses options et à ses orientations en matière de politique internationale. "Nous ne distribuons pas les excédents d'aliments en prenant comme critère la zone où ils font davantage dé faut. Nous le faisons sur la base de considérations politiques, de considérations de pouvoir dans l'ordre des relations internationales. En d'autres mots, nous utilisons les aliments comme des munitions (...)) très peu des aliments disponibles dans notre programme d'aide alimentaire ont été envoyés en Afrique j pourtant des dizaines de mil liers de personnes meurent chaque année de faim dans ce continent. Nous avons arrêté notre programme d'aide alimentaire au Chili lorsque le peuple chilien a choisi M. Allende comme président . Et puis, nous avons repris notre programme lorsque le gouvernement populaire a été renversé par un coup d'Etat militaire..."( (2). Les Etats-Unis ne sont évidemment pas les seuls à lier leur aide à des considérations politiques. La France a toujours soutenu des ré gimes modérés en Afrique Noire et l'Union Soviétique dirigiste a distribué son aide à cer taines dictatures supposées partager son idéologie et sa vision du Monde. Notons aussi une discrimination criante au niveau de la répartition de l'aide au niveau mondial. Le degré de pauvreté des pays bénéficiaires ne semble pas avoir joué un rôle déterminant dans la répartition de cette aide. Chaque pays do nateur privilégie une zone géographique donnée et ce,compte tenu d'a bord de ses intérêts économiques et politiques immédiats et ensuite de (1) L'aide belge vient de faire l'objet d'une étude aussi détaillée qu'instructive de la part d'un groupe de chercheurs des universi tés francophones du pays et d 'animateurs de certains ONG. "L'aide belge aux pays en développement", Bruxelles, édition Con tradiction et vie ouvrière, 1983. (2) MAC GOVERN, président de la commission du Sénat nord-américain pour le problème de nutrition, "Rapport sur les problèmes de nu trition et relations internationales". Washington, US Government Printing Office, 1974, p. 28. 449

ses liens historiques et coloniaux. Ainsi par exemple, la France con centre à peu près 85 %de son APD sur les territoires DOM-TOM, les trois pays du Maghreb et huit pays sub-sahariens vl). En dehors donc des DOM-TOM considérés comme territoires français, ce sont les ancien nes colonies de la France qui reçoivent la plus grosse part de son aide publique. C'est aussi le cas en ce qui concerne la Grande- Bretagne qui destine 80 %de son APD aux pays du Commonwealth. Le cas de la Belgique illustre aussi cette concentration de l'aide sur les anciennes possessions coloniales. Ainsi par exemple, 75 %de l'aide destinée au continent africain va aux anciennes colonies de ce pays (2). Il n'est pas inutile de rappeler que dans cette aide , le Zaïre se taille la part du lion. A lui seul ce pays absorbe plus de 70 %de l'aide belge à ses trois anciennes colonies. C'est que les intérêts belges sont importants dans ce grand pays de l'Afrique centrale, se lon les auteurs de "l'aide belge aux pays en développement". Un franc versé au Zaïre sous forme d'aide procure à la Belgique quatre francs appropriés par différents groupes d'intérêt privés (3). Une étude si milaire effectuée en France sur l'effet de l'aide sur l'économie française a abouti à la même conclusion (4). Loin d'être une opération de charité, l'aide sert d'abord les ob jectifs économiques et politiques des pays donateurs. Elle leur per met de maintenir ou d'étendre leurs zones d'influence respectives à moindre frais, n n'est certes pas exagéré de dire que dans certains cas, l'aide s'est inscrite dans le prolongement des rapports coloniaux." Les pays qui ont dû renoncer à leur empire, écrit T. Men~ de, ont trouvé donc dans l'aide l'instrument le plus commode pour prolonger leur influence et leur pouvoir " (5). L'insurbodination économique qui consiste à contester la philosophie économique du pays

(1) Les huit pays sub-sahariens sont les suivants : Côte d'ivoire, Sénégal, Cameroun, R.C.A., Congo, , Burkina-Faso , Ma dagascar, Niger, Zaïre. (2) Collectif, "l'aide belge aux pays en voie de développement", op. cit., pp. 102-103. ' " (3) Ibid., p. 194 .

(4) Tiers-MondeBERTHELOT (Y.)sur etl'é.on^ede BRANDT*»„.<„„(J.), "Impact|V,ri.des „relationsr ,./ ave,J[ Mle (5) MENDE (T.), op. cit., pp. 97.98. 450

donateur ou l'infidélité politique à son égard est sévèrement punie. La punition se traduit souvent par une diminution de l'aide, voire mê me son arrêt, selon la gravité du cas (1). Loin d'être un "sacrifice", l'aide est d'abord un instrument de pression et de manoeuvre mis au service des objectifs variés des pays donateurs. L'objectif du déve loppement réel du pays "assisté" n'a été que rarement pris en considé ration, c'est pourquoi deux décennies et demie de coopération Nord- Sud et d'aide au développement se sont soldées par un échec éclatant. Certes toute la responsabilité n'incombe pas au seul Nord, mais né gliger la nature et les mécanismes des rapports entre pays développés et pays en voie de développement, dans l'analyse de la situation ac tuelle du Tiers-Monde serait faire preuve d'une démarche peu scienti fique. Tout le monde semble unanime pour dire que le bilan global de ces rapports fut très négatif pour l'écrasante majorité des pays du Sud.

2-2' Les effets pervers de l'aide : Endettement, crise alimentaire et accroissement de la dépendance

Nous ne cédons pas à la mode qui consiste à faire le procès sys tématique de l'aide internationale au développement et de l'ensemble des rapports Nord-Sud, mais hélas, les faits sont là, ils traduisent tous l'échec de deux décennies et demie de ce qu'il est convenu d'ap peler la coopération internationale au développement. Il est bien entendu exclu de considérer l'ensemble des effets de cette coopération, nous nous limitons ici à rappeler quelques faits qui soulignent avec force le divorce croissant entre le mythe de la coopération porteuse de développement et la réalité de la dépendance. En d'autres termes, quels sont les résultats pour les pays en voie de développement des "transferts" de capitaux public et privé, des tech niques et de l'insertion dans les marchés internationaux? Les résul tats sont là : ils s'appellent surendettement, crise alimentaire et dépendance de plus en plus accrue vis-à-vis du Nord.

(1) Les exemples à cet égard sont nombreux : l'attitude de la France vis-à-vis de la Guinée de Sékou-Touré et de l'Algérie de Boume- dienne suite notamment aux nationalisations des hydrocarbures al gériennes au début des années 1970. Signalons aussi le cas des Etats-Unis vis-à-vis du Chili d'Allende et celui de 1' URSS vis- à-vis de la Chine, de la Yougoslavie, de la Somalie et de l'Egypte. 451

2.2.1. L'endettement

2.2.1.1. Le constat L'endettement constitue sans doute aujourd'hui l'un des problèmes graves auxquels sont confrontés les pays en voie de développement. Son accroissement rapide au cours de ces dernières années (de 64 milliards de dollars en 1970 à 1177 en 1986) atteste que la libre circulation des capitaux, des compétences et l'insertion dans les marchés internatio naux qui sont les éléments centraux de la coopération internationale n'ont pas produit des économies diversifiées, ayant des échanges ex térieurs relativement équilibrés et dont l'endettement extérieur est appelé à régresser à terme (1). Nous constatons aujourd'hui que la croissance de cet endettement affecte l'ensemble des régions du monde en développement et particulièrement celles d'entre elles qui ont con nu le rythme d'industrialisation le plus accéléré comme l'Amérique Latine et l'Asie du Sud-Est. Aucune région n'est donc épargnée et bien que très inégalement répartie, la dette constitue cependant pour tous une lourde charge aggravant une situation financière déjà très complexe.

Tableau 3 : Géographie de l'endettement(2) (Dette publique et privée en milliards de $ en 1985) t Régions Encours de la dette En pourcentage du total

Amérique latine 427 43>6 % Asie 278 28,4 % Afrique du Nord et Moyen-Orient 177 18,04 % Àfrjque subsaharienne 96 10,0 % Total PVD "978 100 %. (1) Nous nous sommes basé, pour la rédaction de cette sous-section, essentiellement sur les documents suivants : - "Rapport sur le commerce et le développement", CNUCED, Genève,1985 - "Rapport sur le développement dans le monde", Banque Mondiale pour les années 1980-1981-1982 ... 1986^ - "Endettement extérieur des pays en développement" OCDE,Paris 1984. - "Coopération pour le développement", Examen 198& - "World Debt Table, 1983-1984", Banque Mondiale. - "Marchés Tropicaux", Divers numéros. - "Monde Diplomatique", divers numéros. - "Finance et développement", divers numéros * - Divers articles de la presse quotidienne et d'hebdomadaires inter nationaux. (2) "Statistiques de la dette extérieure". OCDE, 1987- 452

Graphique 2 : Géographie de l'endettement (Dette publique et privée en milliards de $ e

10,00% Amérique Latine

18,00% Asie 43,60% Afrique du Nord et Moyen Orient

Afrique Subsaharienne 28,40%

Source : "Statistiques de la dette extérieure", OCDE, 1987. 453

Comme le montre ce tableau, c'est l'Amérique Latine qui détient à l'heure actuelle la plus grosse part de la dette globale du Tiers- Monde. Trois pays accaparent à eux seuls 75 %de l'endettement total de cette région selon l'encours de la dette fin 1986 (voir tableau 4). C'est le Brésil qui vient en tête avec une dette à long et moyen terme de 115 milliards de dollars, suivi du Mexique (109 milliards) et de l'Argentine (55 milliards). Parmi les cinq premiers emprunteurs figu rent aussi un pays asiatique, la Corée du Sud, et un autre latino-amé ricain, le Venezuela. Ce phénomène n'est certes pas récent. Déjà à la fin des années cinquante, la dette publique extérieure de vingt-quatre pays en déve loppement s'élevait à 49 milliards de dollars (l). En i960, on éva luait à 2,6 milliards les montants des sommes déboursées par ces pays pour faire face au seul service de la dette publique et en 1970, ce dernier "s'élevait à 9 milliards de dollars (...) dont 5 milliards représentaient le service de leur dette commerciale" (2). Selon la Banque Mondiale, l'endettement à moyen et à long terme des pays en voie de développement s'est alourdi de 20 %par au cours des années 70. Actuellement, la dette globale des pays du Tiers-Monde se situe autour de 1177 milliards de dollars (3). Qu'il s'agisse de pays ex portateurs de pétrole à revenu intermédiaire ou de pays importateurs de pétrole, qu'il s'agisse de pays à faible ou à moyen revenu, tous sont confrontés aux difficultés de remboursement de leur dette.

(1) MENDE (T.), op. cit., p. 6.3. (2) MORRISSETTE (F.), "Le problème de la dette des pays en voie de dé veloppement", Annuaire de droit international, vol. 19, 198l, p. 51. (3) Statistique de la dette extérieure, OCDE, 1987. 454

Tableau 4 : Les 25 PVD les plus endettés (classés selon l'encours de la dette en 1986)

PAYS DETTE TOTALE DETTE/TETE ^ DETTE/PNB (milliards de (en dollars) (en %) dollars)

Brésil 115 871 58 % Mexique 109 1 434 67 % Argentine 55 l 833 78 % Corée du Sud 54 1 350 67 % Venezuela 43 2 687 91 % Indonésie 43 272 SI % Inde 43 57 23 % Egypte 38 844 122 % Israël 33 8 250 173 % Nigeria 29 302 39 % Philippines 27 509 84 % Turquie 2.7 562 54 % Chine 26 26 9 % Algérie 24 1 142 49 % Chili 23 2 090 135 % Malaisie 22 1 466 71 % Maroc 18 818 150 % Thaïlande 18 360 43 % Pérou 18. 1 000 112 % Pakistan 15 163 45 % Tawan 12 631 20 % Colombie 12 428 33 % Côte d'Ivoire 11 110 183 % Soudan 8 380 100 % Zaïre 7 233 233 %

Source : Statistique de la dette extérieure. OCDE. 1

Deux enseignements sont à tirer de ce tableau :

1. Les chiffres absolus sont trompeurs tant il est vrai qu'on ne prête qu'aux riches. Mais à y regarder de plus près, en examinant no tamment la charge de la dette par habitant et par rapport au PNB, ou 455

encore par rapport aux exportations, on constate que les plus pauvres ne sont pas forcément les moins endettés. Ainsi par exemple, la dette soudanaise représente 100$ du PNB de ce pays et celle du Zaïre,233 % du PNB zaïrois. 2. Les pays exportateurs de pétrole, réputés excédentaires ont at -teint eux aussi un niveau d'endettement extrêmement élevé, dépassant celui des pays importateurs de pétrole à revenu intermédiaire. Outre le Mexique, c'est le cas notamment de l'Algérie et du Nigeria qui, avec l'Egypte et le Maroc, constituent les quatre pays les plus endet tés du continent africain.

Ces deux enseignements étant rappelés, disons que d'une manière générale, le gros de la dette est concentré dans des pays à haut et à moyen revenu. Une vingtaine de pays en voie de développement sont responsables d'environ 80 %de l'endettement du Tiers-Monde (2). Le niveau de 1'endettemment semble donc lié à la capacité économico-fi nancière du client emprunteur. Cette concentration de la dette sur une vingtaine de pays semble confirmer le vieil adage selon lequel"on ne prête qu'aux riches", fussent-ils en voie de développement. Croissance vertigineuse dans le temps et répartition inégale dans l'espace (2), telles sont les deux caractéristiques essentielles de l'endettement actuel.

2.2.1.2. Comment en est-on arrivé là?

Deux types d'économie peuvent être distingués sous l'angle de

1'endettement : - Les économies à faible revenu, relevant de l'aide publique au développement et qui ne sont pas concernées par les prêts des éta blissements privés, à l'exception toutefois des crédits publics et privés à l'exportation.

(1) Voir "Endettement des pays en développement" OCDE, Paris 1984. 10 pays al ricains, par exemple, accaparent à eux seuls 75 % de la dette de ce continent. (2) En 1979, 68,7 % des Crédits octroyés au Tiers-Monde l'ont été à des pays dont le PNB est supérieur à 1000 dollars par habitant alors que les pays les moins développés et les plus sérieusement affectés n'en ont reçu que 3,2 %. Voir A.BENACHNOU ,op. cit. p. 188. En 1986, 70 %de la dette des P.V.D. est détenue par une vingtaine de pays appartenant dans leur majorité à la catégorie des pays dits à revenus intermédiaires supérieurs (voir tableau 4). 456

- Les économies à revenus intermédiaires courtisées par les éta blissements financiers privés et qui ont accru leur emprunt auprès d'eux le plus souvent sous forme de dette à taux variable. L'examen de la structure de la dette de cette catégorie conduit au constat suivant :une privatisation croissante de la dette avec une progression très rapide des crédits à l'exportation et des prêts bancaires d'une part et un recul significatif de l'aide officielle au développement d'autre part.

Tableau 5 : Structure de la dette de certains pays en voie de dévelop pement, (en %)

1970-1983

Dette de;source publique Dette de source commerciale 197O-72 1983 1970-72 1983 Amérique Latine ——

- Argentine 12,6 5,7 87,4 94,3 - Brésil 29,7 12,6 70,3 87,4 - Chili 47,1 9,9 52,9 90,1 - Mexique 19,8 8,2 80,2 91,8 - Venezuela 28,5 1,3 71,5 98,7 - Colombie 67,1 42,8 32,9 57,2

Afrique

- Algérie 45,0 20,8 55,0 79,2 - Egypte 66,0 79,2 34,0 20,8

- Maroc 79,2 60,9 20,8 39,1 - Côte d'Ivoire 51,3 27,3 48,7 72,7 - Cameroun 81,6 59,0 18,4 41,0 - Nigeria 69,9 14,9 30,1 85,1 - Kenya 58,4 62,7 41,6 37,3

Asie

- Inde 95,2 91,6 4,8 8,4 - Corée 38,8 40,4 61,2 59,6 - Malaisie 49,1 16,3 50,9 83,7 - Indonésie 71,5 48,0 28,5 52,0 - Thaïlande 40,1 44,3 59,9 55,7

Source : "Rapport sur le développement dans le Monde" Banque Mondiale, 1985. 457

Comme le montre ce tableau, la part de la dette de source commer ciale dans la composition de la dette globale s'est accrue de manière con sidérable. Outre les pays repris ci-dessus (principaux endettés) c'est le cas pratiquement de tous les pays du Tiers-Monde. La dette d'origine privée représente actuellement environ 60 %de la dette to tale, à moyen et à long terme,de ces pays (1). Ce changement de structure de la dette a été favorisé par cer tains éléments, dont les principaux sont les suivants : 1. En 1979, lors du second choc pétrolier, les comptes courants de la. balance de paiement de tous les pays importateurs de pétrole basculaient dais le déficit. Cumulé, ce déficit corespondait à un sur plus des pays pétroliers. Il a été estimé à 68 milliards de dollars en 1979, 112 milliards en 1980, 96 milliards en 1981 (2). Cet énorme surplus (totalisant 276 milliards de dollars) allait poser un problè me de recyclage, vu la capacité d'absorption assez limitée des pays pétroliers. l'OPEP préféra alors placer ses excédents à court terme par l'intermédiaire des banques internationales. Le marché financier privé s'est montré particulièrement intéressé à gérer ce surplus, en couragé en cela par les perspectives du gain considérable qu'il peut réaliser en devenant un prêteur privilégié des pays en voie de déve loppement, demandeurs de capitaux. Selon le FMÎ, la part des institu tions privées dans la dette des pays en développement, importateurs de pétrole, est passée de 35,5 %en 1973 à 48,7 %en 1981 et 54$ en 1984(3) 2. Parmi les pays en voie de développement, ceux disposant de re venus élevés sont apparus, par leur capacité d'emprunt, comme la solu tion la plus intéressante aux problèmes de débouchés du marché finan cier. Ainsi par exemple, dix pays à revenu intermédiaire (tranche supérieure) réalisent actuellement à eux seuls 72 %de la dette privée contractée par les pays en voie de développement. Ces prêts ont été octroyés aux conditions du marché les plus dures et les plus strictes:

(1) Calcul effectué par nous-même sur base de données chiffrées pu bliées notamment in : -"World Debt Table, 1983-1984", Banque Mondiale - "Endettement extérieur des pays en voie de développement", op. cit. (2;. Le "Monde diplomatique", 20 fév. 1982. (3) FMI, Economie outlook, Washington, 1981/1985. Cette part s'est accrue depuis lors, elle se situe en 1986 aux en virons de 6 2 %. 458

- Les prêts ont été accordés sur la base d'un taux d'intérêt variable, appelé le Libor ou taux de base américain augmenté d'une mar ge (spread). La Banque Mondiale reconnaît que '"les pays en voie de développement ont de façon caractéristique payé des marges plus élevées que les emprunteurs des pays industriels" (1). C'est sans doute la contrepartie qui explique la grande facilité avec laquelle certains pays en voie de développement ont eu accès.à ce financement privé. "L'attrait présenté par les prêts bancaires privés pour nombre de pays en développement, note le rapport du CAD 1986, a tenu à la facilité avec laquelle ils pouvaient être obtenus et à l'absence pratiquement totale de conditionnante, avantage auquel les emprunteurs attachent une énorme importance". - L'ouverture du marché financier privé à certains pays ne s'est pas faite sans prudence. Afin de répartir le risque, les établisse ments financiers se sont regroupés en "consortiums". Leurs prêts sont assortis de commissions (de 0,5 à 2,5 %) destinées à rémunérer en par ticulier le rôle des établissements leaders. D'autre part, le recours des pays en voie de développement aux sociétés de conseil, pour pré parer ce genre de transaction a alourdi particulièrement le coût des prêts et des rééchelonnements. - Ces prêts ont été accordés aux pays en voie de développement pour une durée relativement courte (7,5 années et de période de grâce de 2,5 à 5 années). Cette durée beaucoup trop brève (comparativement à 1' échéance moyenne de l'aide publique au développement) ne permet pas de rentabiliser un investissement (2), ce qui conduit inéluctable ment le pays emprunteur à demander le refinancement ou le rééchelonne ment de sa dette.

L'exposé des éléments ayant contribué à la croissance vertigineu se de l'endettement au cours de ces dernières années serait incomplet si l'on ne prend pas en considération la flambée non moins vertigi neuse des taux d'intérêt d'une part et la récession mondiale causant (1) Rapport sur le développement dans le monde. Banque Mondiale, 1984. (2) Dans le cas où il s'agit effectivement d'opération d'investisse ment, notons que de nombreux pays (africains notamment), se sont endettés le plus souvent pour financer le déficit de leur balance de paiements. 459

une baisse pour les exportations des pays en voie de développement d'autre part. Il semble que la hausse des taux d'intérêt a davantage touché le pays endettés que ne l'auraient fait de nouvelles hausses des prix du pétrole. Selon des calculs (1 ) effectués en 1980, une hausse de prix de cinq dollars par baril absorbe 7 %des recettes d'exportation du Brésil, alors qu'une hausse du Libor (taux d'intérêt américain) de 5 %en prélève 13,5 %. Comme une partie (2) de la dette des pays en voie de développement est contractée à taux variable, dès que montent les taux d'intérêt, les paiements d'intérêts au titre de la dette (à taux variable) font de même. D'autre part, au fur et à mesure que la dette à taux fixe est remboursée et doit être refinancée, les paie ments d'intérêts augmentent. Il en est de même des paiements au titre de dettes nouvellement contractées. Il semble que depuis le début des années 80 (flambée des taux d'intérêts) l'augmentation du coût de l'endettement pour les pays en voie de développement a été largement supérieure à l'accroissement de la dette elle-même et à la progression en valeur des recettes d'ex portation. Ainsi, par exemple, l'encours de la dette a été multiplié par cinq de 1973 à 1982, tandis que le service de la dette était mul tiplié par sept aucours de la même période. Aujourd'hui pour certains pays, le service de la dette non seulement dépasse les recettes d'ex portation,mais doit souvent être financé par de nouveaux emprunts.

(1) "The Economist" du 20 décembre 1980. (2) Cette part est estimée à 37 %au début de 1984. Voir "Rapport sur le développement dans le Monde", Banque Mondiale, 1985, p. 46. 460

Tab. 6 : Pourcentage du service de la dette par rapport aux exporta tions de bien et service. Année 1985.

Argentine 180, 5 Côte d'Ivoire 80,5 Brésil 151,5 Corée 75,2 Mexique 150,2 Uruguay 68,3 Philippines 143,3 Thaïlande 50,2

Soudan 127,2 Cameroun 49,3 Pérou 125,3 Nigeria 45,2 Venezuela 110,1 Turquie 40,1

Equateur 109,5 Indonésie 38,2 Chili 105,5 Yougoslavie 37,3 Maroc 100,5 Algérie 35,2 Costa-Rica 97,3 Tunisie 29,5 Colombie 90f7 Malaisie 22,7

Source : The annex Bank spécial papers, Number 18, March 19&6.

Il ressort de ce tableau que, pour une dizaine de pays, les re- cettes d'exportation ne suffisent même pas à payer le service de la dette. Au contraire il s'agit pour ces pays, non seulement de consa crer l'ensemble de leur recette d'exportation à cet effet, mais de contracter de nouveaux emprunts pour pouvoir honorer les échéances. "On en vient à prêter à un pays pour lui permetre de payer les inté rêts du prêt précédent. C'est complètement surréaliste, kafkaïen, mais ça fonctionne... et ça peut durer longtemps..." devait confier un responsable d'une grande banque à un hebdomadaire français (1). Mais quand les recettes d'exportation ne suffisent même pas à s'acquitter du service de la dette, qu'adviendra-t-il des pays emprunteurs? Les pays en voie de développement se sont-il endettés pour se développer ou pour s'appauvrir et sombrer dans l'indigénat? Il s'avère aujour d'hui que la dette ne fait que bloquer le développement qui aurait pu lui assurer son remboursement. Le souci d'honorer les échéances re lègue au second plan celui de maintenir un effort constant en matière de développement économique et social. L'endettement, qui était censé servir le développement, s'est révélé donc être un lourd handicap à ce

(1) Voir à ce propos "Le point", 1er nov. 1982. 461

même développement.

2.2.1.3- Une responsabilité partagée Les responsabilités dans une telle situation ne se situent pas seulement du côté du système financier international et de ceux qui le contrôlent. Les pays endettés ne sont pas totalement exemptés de toute responsabilité. S'il est incontestable que l'endettement est provoqué par des causes exogènes (1) (hausse des taux d'intérêt, ré cession de l'économie mondiale, choc pétrolier, évolution du système financier international, etc.), il n'est pas moins incontestable qu'il est dû également à des causes endogènes : - Des emprunts aux conditions de marché ont été contractés pour financer des projets économiques douteux ou des investissements admi nistratifs et sociaux qui, en aucun cas, ne pouvaient assurer l'effet du levier escompté. - Certains emprunts en provenance des établissements privés ont permis le financement de certains projets qui, dans la plupart des cas, auraient été refusés par les organismes spécialisés dans l'aide publique au développement. - Une grande partie des emprunts ont servi progressivement à as surer des opérations de trésorerie. Il va de soi que dans ce cas, l'effet sur la croissance économique est nul. - L'absence de coordination entre le circuit de l'aide publique au développement (libérale du point de vue financier mais stricte au point de vue de 1' affectation) et celui des établissements financiers suivis (stricts sur le plan financier, mais laxistes eh matière d'af fectation) a favorisé l'éclosion d'une mauvaise dette. -A tout cela s'ajoute la mauvaise gestion et les malversations de certains responsables autochtones pour qui l'endettement s'est

(1) Selon'Jeune Afrique Economie, sur les 480 milliards de dollars d'augmentation de la dette extéorieure des pays en voie de déve loppement entre 1973 et I982, 400 milliards de dollars sont impu tables à des facteurs externes échappant à la maîtrise du Tiers^ Monde : hausse des prix du pétrole, flambée des taux d'intérêt, détérioration des termes de l'échange et baisse de l'activité économique dans les pays industrialisés. Voir J.A.E., n° 31, janvier 1984. 462

avéré être d'abord une opération personnellement profitable (1). Avec les difficultés croissantes des années 80, les recours auc demandes de reechelonnement (étalement des échéances de remboursement sur plusieurs années) auprès des créanciers (publics et privés) se sont généralisés. A titre d'exemple le "Club de Paris", institution chargée d'examiner le rééchelonnement de la dette des pays en diffi culté financière a tenu deux réunions en 1978, six en 198O, quatorze en 1981 et vingt en 1982 (2). Rappelons que le Club de Paris ne ré échelonne que les prêts garantis par les Etats créanciers (crédits financiers et crédits commerciaux) (3). Mais comme une grande partie de la dette est contractée auprès d'établissements financiers privés (cas des pays les plus endettés), c'est à une autre institution,appe lée "Club de Londres" que s' adressent les demandes de rééchelonne ment d'un certain nombre de pays. Les réunions de ce dernier club sont connues sous le nom de "steering committees" et sont conduites sous les auspices des banques les plus engagées financièrement dans les pays en voie de développement (4). Dans de nombreux cas les pays endettés ont affaire à ces deux institutions à la fois. Les deux for mes de négociation sont souvent conduites en parallèle et ont pour objet l'allégement du service de la dette (par l'étalement du rem boursement) et l'injection de l'argent frais (bouffée d'oxygène), les deux remèdes destinés à permettre aux pays essoufflés de reprendre des forces. La vérité est que nul ne voit le bout du tunnel et la crédibilité sur le marché international semble de moins en moins restaurée à la

(1) Les contrats signés avec l'étranger peuvent être l'occasion pour une certaine élite d'accumuler des fortunes considérables : gros ses propriétés, compte dans des banques suisses et autres ne sont malheureusement secret pour personne. Certes ceci n'explique pas toutes les difficultés auxquelles les pays du Sud font face au jourd'hui,, mais la légèreté, l'opportunisme et l'indifférence de ceux qui président aux destinées de ces pays y ont contribué pour . . une part non négligeable. (2) "L'iucpress", n" 528, nov. 1982. (3) L'obtention d'un rééchelonnement du Club de Paris est subordonnée à un accord entre le FMI et le pays débiteur sur un plan rigoureux et draconien de redressement économique. (4) Le club de Londres opère actuellement pour près d'un millier de banques commerciales de diférents pays. 463

sortie. Il ne semble guerre y avoir d'alternative immédiate et cer taine à cette potion qui soigne de moins en moins bien, sinon l'in jection massive de capitaux à des conditions proches de l'aide. Ce qui est loin de la tendance actuelle.

2.2.1.4. L'impasse

On peut estimer à plus de mille milliards de dollars l'encours de la dette à moyen et long termes (1) des pays en voie de développement à la fin de l'année 1986. Ce montant a peu de signification face no tamment à la dette extérieure des pays industrialisés. La dette amé ricaine à elle seule se situe à la hauteur de deux mille milliards de dollars. Mais ce qu'on oublie souvent, c'est que cette dernière re présente à peine 4 %du PNB des Etats-Unis alors que la dette des pays en voie de développement représente en moyenne 30 % de leur PNB et son remboursement canalise une part de plus en plus importante de leur recette d'exportation (2). Le paiement de ces pays au titre des ser vices de la dette aurait dépassée, en 1985, de vingt-deux milliards de dollars les décaissements au titre de nouveaux prêts à long terme (3). On voit mal comment ces pays pourraient se consacrer à leur propre dé veloppement. Ils deviennent des exportateurs nets de capitaux et ris quent de le rester pendant longtemps. Les rééchelonnements s'accélè rent pour de nombreux pays avec des échéances financières de plus en plus lourdes et surtout la soumission de leurs velléités d'indépendan ce économique aux plans d'ajustement structurel,au chantage au crédit et aux "potions" libérables du F.M.I. Le prix est lourd : l'applica tion des mesures préconisées par le F.M.I. (réduction des dépenses publiques, vérité des prix, désétatisation de certains secteurs économiques , etc..) s'est traduite dans certains pays par des tollés de contestation, voire même d'émeutes particulièrement violentes. Existe-t-il d'autres solutions? Certes, mais tant qu'elles indispo-

(1) 1177 milliards de dollars selon l'OCDE "StatisTrques-de,*la dette extérieure, op. cit#

(2) Voir les développements qui précèdent. (3) "Tableau de la dette mondiale 1985- 1986", Banque Mondiale. 464

sent la finance internationale, elles n'ont aucune chance d'aboutir. Parmi celles-ci, citons notamment : le moratoire global, la taxation des prêts, l'indexation des taux d'intérêt sur les cours des matières premières, là transformation des titres de prêt en droit sur le capi tal des pays concernés,etc...). Une autre solution, qui semble sus citer une large adhésion est celle proposée par James Baker, secrétai re américain au Trésor. Celle-ci suggère l'octroi de nouveaux prêts commerciaux pour les quinze pays (1) les plus endettés et le renforce ment des prêts de la B.I.R.D. sous la condition que les pays bénéfi ciaires réorganisent plus strictement leurs finances. Une telle so lution ne peut que rencontrer l'intérêt des banques privées. Elle leur procure des garanties plus sévères, supervisées par le F.M.I. et leur permet désormais de développer des prêts en association avec les organismes d'aide au développement et en particulier avec la Banque Mondiale. Banques privées et circuits d'aide au développement sem blent vouloir conjuguer leur action pour éviter le pire. L'objectif est d'apporter, semble-t^il, aux pays concernés les moyens de rembour ser leurs échéances tout en leur permettant de retrouver la voie de la croissance. Mais de quelle croissance s' agit-il lorsqu'on sait que contraints de rembourser plus qu'ils ne reçoivent en nouveaux capitaux, les pays débiteurs sont condamnés à accroître leur excédent commer cial de manière constante. Prenons le cas des quinze pays du plan Baker, selon une récente étude de l'OCDE (2). Les échéances annuelles pour ce groupe, qui représentaient douze milliards de dollars en 1978, atteignent en 198£ quarante milliards, alors que leur excé dent commercial risque de ne guère dépasser trente milliards cette année comme en 1988. Qui supportera alors le poids du rééquilibrage? Les auteurs de l'étude citée, ne semblent nourrir aucune illusion quant à la réponse des pays riches de la planète. Les pays développés à l'exception du Japon et de la RFA sont pratiquement tous empêtrés dans un déficit commercial et ne se montrent guère disposés à faire l'ef fort nécessaire pour dépasser le Stade des déclarations d'intention! Les pays endettés se trouvent livrés à eux-mêmes, ils doivent subir les

(1) Il s'agit des pays suivants : Argentine, Brésil, Chili, Mexique, Venezuela, Nigeria, Philippines, Bolivie, Colombie, Equateur, Pé rou, Uruguay, Côte d'Ivoire, Maroc, Yougoslavie. (2) "Financement et dette extérieure des pays en voie de développe ment" OCDE, 1986. 465

aléas du marché des matières premières, le protectionnisme pratiqué à l'égard de leurs produits et les caprices des marchés financiers. Ils doivent différer leurs projets de développement pour pouvoir faire face aux échéances, preuve de solvabilité et condition nécessaire pour l'obtention de nouveaux crédits. Cette forme d'exploitation financiè re se généralise actuellement, aggravant la situation déjà fort com plexe de nombreux pays qui ne voient se dessiner aucune lueur d'es poir. La dette s'est révélée être un élément de blocage au dévelop pement qui aurait pu lui assurer son remboursement.

2.2.2. p^endance_alimentaire_2_Le_drame_de la famine

2.2.2.1. La situation actuelle L'une des manifestations qui illustrent l'échec de la coopéra tion internationale au développement est sans doute le ravage qu'opère la famine dans de nombreux pays du Sud. Quelques chiffres nous met tent d'emblée au coeur du problème et illustrent les dimensions d'un drame auquel on semble malheureusement s'habituer : A la fin des an nées 1970, on a pu estimer que douze millions d'enfants de moins de cinq ans mouraient prématurément chaque année, victimes de la fimine ou de maladies qui lui sont directement liées (1). Ceux qui souffrent d'une malnutrition permanente sont environ huit cent millions et ceux qui n'ont accès ni à l'eau potable ni à l'hygiène sont estimés à un milliard deux cent millions d'âmes (2). Rien qu'en Afrique (le continent certes le plus touché par ce drame), la famine et la malnu trition menacent cent cinquante millions de personnes, soit à peu près 30 %de la population de ce continent (3). La faim aurait tué en 19.83 six millions de personnes dans la seule Afrique sub-saharienne (4). Actuellement, cinquante cinq des pays en voie de développement dont vingt-deux sont situés en Afrique, ne peuvent se nourrir eux-mêmes( 4). Ils dépendent des importateurs des produits alimentaires et de la

(1) Le Monde du 25 mars 1979. (2) Chiffres émanant d'un rapport rédigé par un comité regroupant les ministres des Affaires Etrangères de sept pays membres de l'OUA et repris dans le journal "Le Monde" du 18.7.1985. (3) Le Soir du 26 décembre 1983• (4) Ibid. 466

"charité" internationale. Selon le rapport du "Comité des Sept" pré senté au vingt et unième Sommet de l'OUA, si, en 1980, l'Afrique a couvert par sa production 86 % de ses besoins alimentaires, le tout devrait tomber à 70 %à la fin du siècle, si la tendance n'est pas inversée (1). Rien n'indique un renversement de la tendance, du moins dans l'état des politiques menées actuellement. La situation risque, par contre, de s'aggraver davantage.

2.2.2.2. Les perspectives

Pour prendre l'exacte mesure de cette tragédie que constitue la famine, il est nécessaire de la replacer dans sa perspective histori que. A la veille de la deuxième Guerre Mondiale, les trois continents du Tiers-Monde exportaient dix milliards de tonnes de céréales5 dans les années 1950 il se suffisaient à eux-mêmes, et à la fin de la dé cennie 70, ils importaient septante millions de tonnes de céréales. Selon les prévisions, ces importations céréalières devraient atteindre septante-six millions de tonnes en 1985 et risquent fort de dépasser le cap de cent quarante millions de tonnes à la fin du siècle (2). C'est là une perspective peu réjouissante. Les pays du Sud seront- ils capables de payer le coût de ces importations? Les causes ayant conduit à une telle situation sont aujourd'hui connues de tous (3) (il n'entre pas dans nos propos de les détailler). Retenons simplement qu'aux politiques défaillantes des pays en voie de développement en matière de développement agricole (choix économiques),

(1) Rapporté in "Le Monde" du 18.7.1985. (2) Voir "FAQ Production Yearbook",Rome, FAO, 1985. On trouvera des chiffres encore plus alarmants in Willy Brandt "Nord-Sud : un programme de survie" op. cit. Pour la commission Brandt et compte tenu du rythme actuel de la croissance de la demande, le Tiers-Monde pourrait avoir besoin d'importer 145 millions de tonnes de produits alimentaires d'ici 1990. (3) Outre les montagnes de publications émanant des organisations in ternationales, des ONG et de la presse, se référer notamment aux ouvrages suivants : - SUSAN (G.), "Comment meurt l'autre moitié du monde", Paris, 1978. - LOUP (J.), "Le Tiers-Monde peut-il survivre?" Paris, Economica, 1981. ~ - BESSIS (S.), "L'arme alimentaire", Paris, E.J.A., 1983. 467

aux causes purement climatiques et écologiques, se sont ajoutés d'au tres facteurs (induits par l'aide alimentaire extérieure) qui se sont révélés être des éléments de blocage à l'accroissement des cultures vivrières dans de nombreux pays. C'est que l'aide alimentaire, si né cessaire soit-elle, n' en a pas moins accentué la dépendance des pays en voie de développement vis-à-vis des pays développés. Non seulement elle a entraîné des changements rapides dans les habitudes alimentai res (en Afrique sub-saharienne, le blé tend à se substituer au sorgho et au mil), mais vendue à bon marché, elle désorganise les circuits locaux et décourage la production vivrière des campagnes. Il se crée, en réalité, une dépendance croissante et un abandon progressif des cultures traditionnelles qui, seules, peuvent assurer l'autosuffisan ce alimentaire. Entre 1970 et 1980, la production alimentaire par ha bitant a fléchi de 10 % en Afrique (1). "De tous les secteurs de l'é conomie africaine, devait déclarer M. Edouard Saouma, directeur géné ral de la F.A.O., aucun n'a connu une évolution aussi décevante que l'alimentation et l'agriculture" (2). L'Afrique bat certes les re cords de toutes les catastrophes, mais elle n'a pas le monopole du spectacle de la misère, certains pays d'Amérique latine et d'Asie n'échappent malheureusement pas à cette "malédiction". La récession mondiale (réduction des ressources d'exportation et dès lors des capa cités à importer des denrées alimentaires) et le poids sans cesse écrasant de la dette extérieure constituent pour tous un obstacle in franchissable du moins à court terme . La famine qui sévit dans de nombreux pays du Sud, si elle ne se transforme pas en vagues de colère généralisée , risque de devenir un fait politique majeur.

3. La troisième décennie de développement quelles perspectives?

Au terme de deux décennies et demie, dites de développement et de coopération internationale, quels sont les résultats pour le Tiers-

(1) Durant la même période, les importations alimentaires ont plus que doublé en volume et quintuplé en valeur. (2) Discours prononcé par le directeur général de la FAO à la douziè me conférence régionale de cette organisation pour l'Afrique, te nue à Alger eh septembre 1982. 468

Monde? Il n'est certes pas exagéré de dire que le bilan global est né gatif et que la poursuite des rapports entre le Nord et le Sud de la planète, compte tenu de leur nature actuelle, ne présage rien de bon, du moins à court terme. La troisième stratégie de développement pour les années 1980 mise au point par les Nations Unies n'introduit guère d'éléments nouveaux (1). Les deux partenaires se sont contentés de durcir le ton, même si la stratégie onusienne, fruit de quatre ans de négociations dans un certain nombre d' organisations internationales (2) ne diffère en rien du rapport W. Brandt rendu public quelques mois plus tôt (3). La logique reste la même : La croissance nourrit le développement, le décollage du Tiers-Monde est entravé par le manque de capitaux, le manque de matériel, la pénurie de main d'oeu vre qualifiée et l'absence d'opportunités commerciales. En terme d'objectifs, la stratégie onusienne de développement pour les années 1980 se propose : - La réalisation d'une croissance moyenne du PNB de l'ordre de 7 %d'ici à la fin des années 198O. - L'objectif de la croissance industrielle passe désormais de 8 à 9 %. - L'objectif de la croissance agricole a été maintenu quant à lui à 4 %en raison, bien entendu, des médiocres résultats enregistrés au cours de la précédente décennie (4). Pour que la réalisation de tels objectifs puisse voir le jour, il convient d'intensifier les échanges commerciaux et les transferts technologiques, d'amplifier les mouve-

(1) International Development Strategy for the Third United Nations Development Décade (the 1980's), Office of Public information, Nations Unies, New-York. (2) Il convient de noter à cet égard les conférences de la CNUCED à Nairobi en 1976 et à Manille en 1979, ainsi que les conférences des Nations Unies sur le développement industriel tenues à Lima en 1979 et à New-Delhi en 1980. (3) Commission BRANDT, "Nord-Sud : un programme de survie", op. cit. La publication de ce rapport précède en effet la résolution des Nations Unies sur le développement du Tiers-Monde dans les années 1980. (4) En 1977, l'ensemble des pays en voie de développement qui regrou pe 72 %de la population mondiale ne réalise que 44 % de la pro duction alimentaire de la planète alors qu'il consomme 62 % de la consommation mondiale. Voir rapport FAO, 1979. 469

vements de capitaux vers le Sud et d'ouvrir les marchés du Nord aux productions de l'industrie légère (l) et aux autres produits de l'in dustrie alimentaire en provenance du monde en développement. Cet assortiment d'objectifs et de moyens devrait assurer au Tiers-Monde 25 %de la production industrielle mondiale à la fin de la décennie 1980, contre moins de 10 % au début de cette même décennie. Pour la CNUCED (qui fait sien cet objectif dans toutes les négocia tions Nord-Sud), la croissance induite par les échanges commerciaux devrait ralentir l'inflation au Nord, accroître la productivité globa le et, ce faisant, stimuler le dynamisme de l'économie mondiale. Le développement demeure ainsi synonyme de dynamique du commerce interna tional, fondement doctrinal et théorique de la coopération Nord-Sud (2). Cinq ans après l'adoption de cette troisième stratégie onusienne de développement, pourrions-nous nous interroger sur les résultats, compte tenu des objectifs fixés. Un survol rapide des récents déve loppements des rapports Nord-Sud en matière des échanges commerciaux de transfert de capitaux et d'ouverture des marchés des pays dévelop pés aux produits du Sud, ne présage d'emblée rien de bon quant aux chances de réussite de cette troisième décennie de développement. Il y a lieu de faire trois constatations :

1. En matière des échanges commerciaux, l'intensification atten due n'a pas eu lieu. Selon un récent rapport du G.A.T.T., le volume du commerce international qui se situe en 1985 à 1910 milliards de dollars reste en deçà du chiffre record atteint en 1981 (i960 mil liards) (3). Le ralentissement des échanges internationaux semble surtout avoir été lié à une baisse des exportations et des importa tions des pays en voie de développement qui sont revenus, note le rapport, "à une inquiétante politique d'ajustement". Si l'on considè re l'année 1985, seules les exportations de produits manufacturés (65 %du commerce mondial) ont enregistré une augmentation (+ 5 %) alors que celles des produits agricoles ( 13 %) et minéraux (22%) ont

(1) Cas notamment des produits suivants : Textiles, chaussures, compo sants électroniques, articles ménagers etc.. (2) Voir le premier volet de ce chapitre. (3) Rapport sur le commerce international 1985, GATT, Genève, 1986. 470

baissé respectivement de - 2,5 %et - 3 %). 2. En matière de transfert de capitaux vers les pays en voie de développement, une étude de l'OCDE (l) souligne, qu'en ce qui concerne les flux d'aide au Tiers-Monde, il y a eu retour à la situation des débuts des années 1970. Les experts de l'OCDE comparant la structure des flux des ressources financières reçues par le Tiers-Monde depuis vingt-cinq ans (y compris ceux en provenance des pays de l'OPEP et des pays de l'Est), concluent que la forte montée en puissance des flux privés (investissement direct, prêt bancaire, obligation) de la fin des années 1970 n'aura été qu'une bulle financière liée à des condi tions exceptionnelles dans un certain nombre de pays. L'éclatement de la crise de dette et la chute des excédents pé troliers des pays exportateurs de pétrole ont, semble-t-il, ramené les flux financiers publics au Tiers-Monde à leur niveau de 1980. Selon toujours l'étude citée, l'apport bancaire, l'aide bilatérale des pays industriels comme celle des pays de l'OPEP retrouvent pratiquement leur poids respectif d'il y a une dizaine d'années. Si l'on considère par exemple, le cas des pays du CAD, on constate que le montant de l'ensemble de leurs apports financiers net aux pays en voie de déve loppement et aux agences multilatérales a enregistré une baisse pas sant de 75,325 milliards de dollars en 1980 à 46,325 milliards en 1985 (2). Même tendance à la baisse observée par ailleurs en ce qui con cerne les apports des pays de l'O.P.E.P. qui passent de 9,038 mil liards de dollars en 1980 à 3,504 milliards en 198 5 (3). Ainsi donc le transfert massif des capitaux attendu n'a pas eu lieu. 3. En matière d'ouverture des marchés du Nord aux produits des pays en voie de développement, aucun progrès n'a été enregistré depuis l'adoption de cette troisième décennie onusienne de développement. Au contraire on assiste à un renforcement des politiques protectionnistes dans les pays du Nord à l'égard de certaines productions du Sud. Le dernier rapport sur le développement dans le monde de la Banque Mon diale ne cache pas son inquiétude à ce sujet : "Le renforcement du

(1) OCDE, "Financement de la dette extérieure des pays en voie de dé veloppement", op. cit. (2) OCDE, "Examen 1984", p. 225. (3) Ibia. 471

protectionnisme à l'encontre des exportations des pays en voie de dé veloppement prive ceux-ci de recettes d'exportation sur lesquelles ils pouvaient compter autrement et nuit à leur capacité d'importer et d'assurer le service de leur dette. Il compromet donc une saine croissance économique et la solution des problèmes d'endettement qui se posent à de nombreux pays en voie de développement " (1). La mul tiplication des barrières non tarifaires (2) au cours de ces dernières années dans les pays développés vise davantage les exportations des pays en voie de développement. Si on examine par exemple les impor tations soumises à des barrières non tarifaires dans les pays de la CEE, on constate que 21,8 %de ces importations proviennent des pays en voie de développement contre seulement 10,2 %en provenance des au tres pays industrialisés. Le cas du sucre illustre fort bien les per tes subies par certains pays en voie de développement et les méfaits du protectionnisme pour le Tiers-Monde en général. Selon toujours la Banque Mondiale, l'application de ces barrières non tarifaires par les pays développés à l'encontre des pays en voie de développement exportateurs de sucre s'est soldée en 1983 pour ces derniers par une perte de devises de près de 7,4 milliards de dollars (aux prix et aux taux de change de 1980). Par comparaison, toujours en 1983, le programme d'aide de l'ensemble des pays industriels repré sentait un total de 22,5 milliards de dollars (aux prix et aux taux de change de 1980 également). Ainsi la perte des recettes d'exportation des seuls pays du Sud exportateurs de sucre atteint 30 %du volume total de l'aide accordée au Tiers-Monde. Les plus touchés dans ce cas sont divers pays d'Amérique Latine (Argentine, Brésil, Mexique et la République Dominicaine), ainsi que les Philippines et l'Inde. Rappelons que ces pays figurent parmi les plus endettés et doivent faire face à des échéances de remboursement de plus en plus lourdes (.3). (1) "Rapport sur le développement dans le monde. 1985". Banque Mon diale. Washington D.C.p.42. (2) L'ampleur de ces barrières a plus que doublé aux E.U. entre 1980 et 1983 et a augmenté de 38 %dans les pays de la CEE. (3) H a été d'autre part établi, en ce qui concerne l'Amérique Lati ne qu'un renforcement de protectionnisme dans les pays industriels, de nature à provoquer une détérioration définitive des termes de l'échange de 10 %priverait cette région d'un revenu équivalent (en valeur actualisée) à l'ensemble du coût de sa dette extérieure. 472

Au lieu d'augmenter l'aide au développement, ne conviendrait-il pas d'aménager l'abord les rapports commerciaux Nord-Sud afin de per mettre aux pays en voie de développement d'accroître leurs exporta tions p0ur financer leur développement. Il est paradoxal de constater que le libre échangisme exigé des pays du Sud par les pays développés se trouve contredit par les politiques protectionnistes de ces der niers. Il ressort de ce qui vient d'être dit que la troisième décennie onusienne de développement est condamnée à subir le même échec que les deux décennies précédentes. C'est l'ensemble des rapports nord-sud qui continue à s'envenimer et ce n'est pas un excès de pessimisme de dire que rien ne semble indiquer une amélioration future, du moins à court terme. Endettement, mais aussi dépendance alimentaire et tech nologique et ralentissement,voire même blocage, du développement, tels sont les défis auxquels doit faire face le Sud sous développé en cet te seconde moitié des années 1980. Un tel constat illustre avec force l'échec de deux décennies et demie de coopération internationale au développement et nourrit beaucoup d'inquiétude quant à l'avenir des rapports entre le Nord et le Sud de la planète. Parallèlement à cette évolution conflictuelle des rapports Nord- Sud, s'est développée au sein du Tiers-Monde une série d'actions et d'initiatives visant le resserrement des liens économiques entre pays en voie de développement et le renforcement par la même occasion de leur pouvoir de négociation vis-à-vis du monde développé. Cette forme de réaction à l'état actuel de l'ordre économique international s'est précisée davantage pour devenir une réalité dont il convient de tenir compte dans les relations internationales contemparaines. CHAPITRE H

LA PERSPECTT¥E DU TIERS-MONDE : LA COOPERATION SUD-SUD

I. DEUX AVERTISSEMENTS

1. Un monde hétérogène

Le Sud ne constitue pas un bloc homogène. Au contraire, jamais les divergences, les contradictions et les inégalités n'ont été aussi accentuées en son sein qu 'au cours de ces dernières années. Il n'entre pas dans nos propos de détailler cet aspect de la question sur lequel il existe une littérature aussi abondante que per tinente (l)j retenons seulement que nous avons affaire au monde le plus paradoxal et le plus hétérogène à la fois. Paradoxal parce qu'il regorge de richesses et,en même temps, il stagne, voire s'enfon ce dans la misère. Hétérogène car il regroupe une quantité de pays aux aspirations et aux potentialités les plus diverses. Des pays pétroliers à revenu élevé, en passant par les pays à revenu intermé diaire (exportateurs et importateurs de pétrole) aux pays à faible revenu ou encore aux pays les moins avancés (PMA), le Tiers-Monde of fre le spectacle d'un inonde différencié. D'un continent à l'autre, Voire au sein même d'une même région, l'homogénéité est loin d'être présente. Diverses classifications de ces pays sont proposées} les unes font référence à leur PNB par tête d'habitant (2), d'autres à ΣHI_^SS£i_^industrialisation ou encore à leur degré d'ouverture et

(1) Sur le Tiers-Monde différencié se référer notamment aux travaux suivants : - CHALLIAND (G.), "Mythes révolutionnaires du Tiers-Monde", Paris, édition Seuil, 1979- - BOUVIER (P.), "Introduction Générale à l'étude des PVD", Bruxel les, éd. PUB, 1981-1982. - LACOSTE (Y.), "Le Tiers-Monde éclaté", - ELMALKI (H.).(éditeur) "Le Tiers-Monde dans la crise", , 1985- - BENNOUNA (M.), "Droit international du développement", Paris, Berger levrault, 1983. (2) cette classification en fonction du PNB par tête d'habitant est surtout retenue dans les organisations internationales et à leur tête, la Banque Mondiale. 474

leur intégration au système de l'économie mondiale (1). La classifi cation qui nous semble être plus proche de la réalité est celle qui consiste à prendre en considération le développement des forces pro ductives qui sont sensées marquer la différence fondamentale entre les pays considérés(2). Quelle que soit la classification retenue, les critères utilisés ne font pas l'unanimité. Ils font, au contraire, l'objet d'une contestation ardente quant à leur efficacité, leurs ob jectifs et leur réalisme (3). Différemment développés et ayant des intérêts politico-idéologi ques divergents malgré une cohésion de façade, les pays du Sud ont néanmoins tenté, au cours des années 60, quelques expériences d'intégration au niveau régional ou sub-régional qui, comme on le sait, n'ont conduit qu'à des résultats fort limités. L'échec de ces expériences traduit le manque de sincérité dans les engagements et le climat de méfiance, de suspicion qui caractérisait les rapports entre les pays du Sud. Il y a comme un hiatus entre, d'une part, les intentions et les déclarations proclamant l'urgence de resserrement des liens entre pays en voie de développement et d'autre part les ré sultats concrets. C'est que, pour beaucoup de dirigeants du Tiers- Monde, l'unité du Sud est naturelle (4), c'est une unité entre pays ou régions parce que de multiples facteurs historiques, géographiques et culturels etc.. leur sont communs. Le sentiment d'unité se trouve ainsi exacerbé au point de voiler les contradictions et les obstacles

(1) Ce dernier critère relève de la démarche des économistes marxistes. Voir à ce propos les travaux de S. AMIN. (2) Voir à ce propos : - CHALLIAND (G.), "Mythes révolutionnaires du Tiers-Monde",op. cit., pp. 13 et suivantes. (3) Concernant les critiques de ces classifications, se référer aux ouvrages suivants : - URI (P.) et FABRE (R. ), "Aider le Tiers-Monde à se nourrir lui- même", Edit. économica 1981, pp. 18-23. - CARFANTAN (J.Y.) et CONDAMINE (Ch.), "Qui a peur du Tiers-Monde?", op. cit., pp. 177 et suivantes. (4) Voir à ce propos : - MAHIOU (A.), "La coopération Sud-Sud : limites du discours unitai re " in "Coopération Sud-Sud, Etat et perspective", Revue du Tiers- Monde , Tome XXIV, n° 96, oct.-déc 1983, pp. 758 et suivantes. .475

qui entravent toute tentative de regroupement et à fortiori.d'unifica tion. "La revendication maximaliste, note A. MAHIOU, de l'unité tota le et immédiate avec ses égarements et ses échecs a fini par jeter le discrédit sur toute politique d'unification et frapper de suspicion toute institutionnalisation se réclamant de l'unité" (l). En voulant, ou en faisant semblant de vouloir cette unité totale et immédiate,les dirigeants du Sud n'ont malheureusement fait qu'en retarder l'avène ment. C'est que le processus qui conduit à toute unité s'inscrit dans le long terme et suppose que les Etats et les peuples qui s'y engagent l'assument avec continuité et persévérance. Or, l'instabilité des régimes politiques, comme la personnalisation de la diplomatie rendent le déroulement de ce processus plus qu'aléatoire. Nombreux sont les accords, les conventions et les traités qui ont été établis sur la ba se d'alliances conjoncturelles d'ordre idéologique ou personnel, plu tôt que sur la base d'une appréciation réaliste et prudente des possi bilités de coopération. Tout changement de responsables politiques dans un pays se répercute sur ses engagements régionaux et internatio naux, rend précaire la survie d'un certain nombre d'institutions, quand il ne paralyse pas pour de bon leurs activités. Les exemples illustrant cette situation sont nombreux et nous confirment qu'une action si louable qu'elle soit, est condamnée à l'échec si elle se fonde essentiellement sur des éléments subjectifs. Les institutions étatiques ne garantissent pas la continuité. C'est que dans le Tiers-Monde, les relations personnelles entre gouvernants se sont sub stituées aux rapports d'Etat à Etat (2). On se trouve devant une con ception particulière du domaine public : celui qui en assume le fonc tionnement ou en a la charge, le considère tout simplement comme son patrimoine personnel. Cette conception patrimoniale du public (l'E tat) a Conduit à la confusion entre les intérêts personnels des diri geants et les intérêts des Etats dont ils ont la charge. Dans leurs rapports avec l'hémisphère nord , les pays du Sud ont pris l'habitude de surestimer les différences entre les pays déve loppés et de sous estimer leur propre diversité. Victimes de leur rhétorique, ils n'ont que rarement reconnu leurs propres errements, l'incohérence de leur action et l'étendue de leur particularisme. Si

(1) MAHIOU (A.),op. cit.,p. 758. (2) Ibid. p. 760. 476

le mouvement d'intégration a connu un succès sans précédent dans le Nord développé, les sociétés du Sud demeurent fragmentées et diversi fiées, rongées par un nationalisme étroit et stérile. Ainsi au déclin des nationalismes dans le Nord, correspond une affirmation des nations dans le Sud (l) qui tantôt reflète la résurgence de vieilles nations, tantôt dissimule les difficultés de la construction nationale face à la puissance des solidarités ethniques ou confessionnelles. Ce regain de nationalisme procède sans doute de la situation présente de frag mentation du Tiers-Monde et de la nécessité dans laquelle se trouvent la plupart des pays du Sud de fonder leur émergence historique sur la consolidation de la nation. Fragmentation, développement des par ticularismes locaux et permanence,voire aggravation,du sous développe ment, telles sont les caractéristiques du Tiers-Monde aujourd'hui.

2. La permanence de ferments d'unité

Cependant, et quel que soit le degré de fragmentation et de con tradiction qui caractérise le Sud, les pays qui le composent conti nuent à nourrir des velléités de cohésion et d'unité. C'est que leur similaire expérience historique (la colonisation), leur soumission égale à l'économie mondiale et leur marginalisation des grandes ques tions du monde, qui souvent concernent leur propre devenir, leur font prendre parfois conscience de la communauté de leurs intérêts et de leur destin. Le sous-développement enfin, trait commun à l'écrasante majorité d'entre eux, demeure "leur principal ferment de cohésion, le thème privilégié de leurs revendications, le fondement essentiel de la stratégie qu'ils développent envers les pays industrialisés (2). C'est à partir du début des années 1970, qu'on peut situer le dé marrage d'une véritable concertation Sud-Sud. Le concept "Sud-Sud" a été élaboré à Georgetown en avril 1972(3) et adopté lors du quatrième Sommet des non alignés à Alger en 1973« Depuis, diverses réunions des non alignés et du groupe des 77 ont périodiquement confirmé l'adhésion de principe des Etats en voie de développement au renforcement des

(.1) YACHIR (F.),"La coopération Sud-Sud, une alternative", UNITAR, Forum du Tiers-Monde, oct. 1983, p. 23. (2) BOUVIER (P.),op. cit.p. 7. (3) Il s'agit de la conférence des ministres des Affaires Etrangères des pays non alignés. 477

liens Sud-Sud visant une intégration et une complémentarité dans plu sieurs domaines et à plusieurs niveaux. La mission des non alignés et du groupe 77 a consisté à promouvoir la création de mécanisme et d'institution à caractère mondial favorisant la réalisation d'une in tégration entre pays du Tiers-Monde. Poursuivant souvent des voies différentes, ces deux entités ont dirigé leurs actions vers le même objectif. Si la Conférence de Georgetown n'a défini que cinq domaines de coopération entre pays en voie de développement (coopération interna tionale pour le développement économique} coopération financière et monétaire} le commerce, le transport et l'industrie} développement scientifique et technique), depuis, plusieurs autres domaines furent ajoutés à la liste, à savoir : la coopération technique, l'alimenta tion et l'agriculture, la pêche, les télécommunications, les assuran ces, la santé, l'emploi et la mise en valeur des ressources humaines, le tourisme, l'énergie, les sociétés transnationales, les matières premières, la recherche et l'information et le rôle des femmes dans le développement. A côté du dispositif des pays coordinateurs relevant d'un bureau composé de vingt-cinq membres, les non alignés ont institué un certain nombre de groupes d'experts chargés d'étudier les modalités pratiques visant à mettre en oeuvre la coopération Sud-Sud. Si le mouvement des non alignés confère à cette coopération une dimension politique im portante, c'est au groupe des 77 que revient le rôle d'explorer les réelles possibilités en matière de resserrement des liens économiques entre pays en voie de développement. En incorporant dans son horizon les programmes d'action des non alignés, ce dernier s'efforce de réa liser la cohérence entre les économies du Tiers-Monde afin d'en faire une force capable de s'imposer de manière crédible dans toute négocia tion avec le monde développé. Différentes conférences, non seulement des non alignés et du groupe des 77, mais aussi de la CNUCED et de l'ONUDI (l) ont adopté une série de résolutions et de déclarations sur la nécessité d'une coopération entre les pays en voie de développement (2). C'est pour quoi depuis le début des années 1980 l'invocation de la coopération

(1) Pour ne citer que ces deux forums. (2) On retrouve dans tous ces textes la conception d'une certaine stratégie globale des pays du Tiers-Monde. 478

Sud-Sud devient plus fréquente dans le Tiers-Monde, dans l'opinion pu blique comme dans les cercles dirigeants. Ce thème, remarque F. YA- CHIR "est en train de détrôner celui du nouvel ordre économique inter national dans la diplomatie économique des Etats du Tiers-Monde"(1). C'est que devant l'échec du dialogue Nord-Sud, dû à la fois à la rigi dité du Nord et à l'incohérence et la fragmentation du Sud, ce der nier s'est rendu progressivement compte que la réforme de l'ordre mon dial dépend de sa capacité à présenter un front afin d'amener le Nord développé à la table de négociation. Aussi, au fur et à mesure qu'on enregistre une déception vis-à-vis du dialogue Nord-Sud, on relève un regain d'enthousiasme pour le resserrement des liens Sud-Sud. L'ad hésion renouvelée à la coopération Sud-Sud entend attribuer à celle-ci la mission dévolue auparavant au Nouvel Ordre Economique International (NOEI) : la réforme du système mondial actuel. Voici quelques dates charnières retraçant l'évolution des rap ports à la fois Nord-Sud et Sud-Sud (3). Aux péripéties ayant carac térisé la mise sur pieds du N.O.E.I., correspond un enthousiasme rela tivement généralisé pour la coopération Sud-Sud.

2-1. Chronologie sommaire de l'évolution des rapports Nord-Sud et Sud- Sud (1974-1984)

1974 9 avril-3 mai. 6e session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les matières premières et le développement, réunie à Pinitiative du président Boumédienne. Adoption par consensus d'une déclaration et d'un programme d'action concernant l'instauration d'un nouvel ordre économique international qui doit mettre fin au colonia lisme économique. 5-16 novembre. Conférence mondiale de l'alimentation à Rome. L'aide alimentaire doit être accrue, une politique de stockage sera dévelop pée. Décision est prise de créer le Fonds international de développe-

(1) YACHIR (F), op.. cit. p. 22. (2) Dialogue engagé au lendemain de la 6e session extraordinaire de l'assemblée générale des Nations Unies sur les matières premières et le développement à l'initiative de l'Algérie (9 avril - 3 mai 1973). (3) Cette chronologie s'inspire de celle établie par "Problèmes écono miques et sociaux" n° 444, 1982 et de l'ouvrage de SID AHMED (A) "Nord-Sud : les enjeux" Paris, Publisud, 1983. 479

ment agricole (FIDA) et le Conseil mondial de l'alimentation. 12 décembre. Adoption par la 29e session ordinaire de l'Assemblée gé nérale des Nations Unies, de la Charte des droits et devoirs économi ques des Etats (A. Res. 328l/XXIX), qui reconnaît notamment le droit à la nationalisation des biens étrangers} les principaux pays occiden taux se sont abstenus ou ont voté contre.

1975 4-8 février. La conférence des pays en voie de développement sur les matières premières à Dakar décide de créer un conseil de consultation et de coopération des associations de producteurs et un fonds de sta bilisation des matières premières. 15-18 février. 2e réunion ministérielle du Groupe des 77 à Algenadop- tion d'une déclaration et d'un plan d'action sur le développement et la coopération industriels, qui constitue le programme des 77 pour la conférence de l'ONUDI. 28 février. Adoption de la 1ère Convention de Lomé entre la CEE et les pays ACP (entrée en vigueur le 1.4.1976). 12-27 mars. 2e Conférence générale de l'ONUDI à Lima. L'ONUDI doit se transformer en une institution spécialisée dé l'ONU et un fonds pour le développement industriel doit être créé pour lui assurer des ressources accrues. Les Etats-Unis votent contre, 7 pays industriels s'abstiennent. 25-30 août. 5e conférence ministérielle des non-alignés à Lima. Adoption d'un programme de solidarité et d'aide mutuelle. Le principe d'une souveraineté permanente sur les ressources naturelles est réaf firmé et diverses décisions sont prises pour renforcer la coopéra tion des non-alighés dans le domaine des matières premières. 1er -12 septembre. 7e session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le développement et la coopération économique internationale. La résolution adoptée marque un compromis entre les positions des Etats-Unis et celles du Tiers-Monde, notamment dans le domaine des matières premières : des mécanismes de stockage seront examinés pour assurer des prix stables, rémunérateurs et équilibrés. 16-18 décembre. Ouverture de la Conférence sur la coopération écono mique internationale (CCEI) à Paris, réunie à l'initiative de la Fran ce. 4 commissions tenteront de trouver des compromis dans le domaine de l'énergie, des matières premières, du développement et des affaires financières.

1976 26 janvier - 7 février. 3e réunion ministérielle des 77 à Manille. La déclaration et le programme d'action approuvent le programme inté gré pour les produits de base proposé par le secrétariat de la CNUCED, réclament un moratoire, un réamméhagement ou une annulation de la det te des pays sous-développés} demandent une aide accrue et effective de la part des pays développés, l'abolition des barrières douanières avec les pays industrialisés et un code de conduite pour les trans ferts de technologie. 3-28 mai. 4e CNUCED à Nairobi. La conférence précise le cadre des futures négociations dans le domaine des produits de base (accords par produit, fonds commun pour le financement d'un stock régulateur). Le 480

désaccord persiste sur l'endettement des pays en voie de développe ment . 16-19 août. 5e conférence au sommet des non-alignés à Colombo. Sont adoptés une déclaration économique et un programme d'action pour la coopération économique. Les non-alignés décident de développer leur coopération dans les domaines des matières premières, monétaire, com mercial, industriel. 13-22 septembre. Conférence des 77 sur la coopération entre pays en voie de développement à Mexico. Ils décident de développer le princi pe d'une autonomie économique collective.

1977 7-9 mars. Premier sommet arabo-africain au Caire. Adoption d'une char te de la coopération afro-arabe et promesse d'une assistance financiè re à l'Afrique de 1,460 milliard de dollars. 30 mai - 2 juin. Clôture de la CCEÏ qui a réuni à Paris huit pays dé veloppés et dix-neuf OVD. Le rapport final fait le point des accords et des désaccords sur l'énergie, les matières premières, le développe ment et les affaires fionancières. Un programme d'action spéciale de un milliard de dollars sera mis sur pied au profit des pays les plus démunis. 29 août - 9 septembre. Conférence des Nations Unies sur la désertifi cation à Nairobi. Adoption d'un programme d'action et décision de créer un groupe consultatif et un compte spécial pour en assurer la mise en oeuvre, malgré l'opposition des pays développés. 19 décembre. Adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies de la Résolution 32/174 créant un Comité plénier chargé de donner une im pulsion et de surveiller l'application des accords adoptés dans le ca dre du NOEI,

1978 30 août-12 septembre. Conférence des Nations Unies sur la coopération technique à Buenos Aires. Adoption d'un plan d'action prévoyant une action multilatérale sous l'égide du PNUD. 28-29 décembre. Sommet informel de Kingston réunissant, à l'initia tive de la Jamaïque, trois PVD et quatre pays développés, sur la né cessité de relancer le dialogue Nord-Sud.

1979 6-16 février. 4e réunion ministérielle du Groupe des 77 à Arusha. Adoption du programme pour l'action collective et d'un cadre de négo ciations en vue de la 5e CNUCED. 19 mars-8 avril. Adoption à Vienne de l'acte constitutif de l'ONUDI en institution spécialisée. 7 mai-3 juin. 5e CNUCED à Manille. Un accord est réalisé dans des secteurs comme la lutte contre le protectionnisme, la propriété in dustrielle, les pratiques commerciales restrictives. En revanche, désaccord des pays industrialises sur un rôle accru de la CNUCED et sur les questions monétaires. 22 juin. Adoption par le Conseil de la FAO d'un Plan d'action pour la sécurité alimentaire prévoyant notamment la création de réserves na tionales. 48i

42-20 juillet. Conférence mondiale sur la réforme agraire et le déve loppement rural à Rome. De nombreuses réserves des Occidentaux atté nuent la portée de la déclaration et du programme d'action reconnais sant une priorité au développement rural, à la participation populai re, au rôle des femmes. 20-31 août. Conférence des Nations Unies sur la science et la techni que au service^ du développement à Vienne. Adoption d'un programme d'action et création d'un comité intergouvernemental chargé d'harmoni ser la politique des organisations internationales dans ce domaine, et d'un fonds intérimaire de 250 millions de dollars. 3-8 septembre. 6é Conférence au sommet des non-alignés à La Havane. Adoption de la résolution proposant des négociations globales. 31 octobre. Signature de la 2e Convention de Lomé entre la CEE et les pays ACP (entrée en vigueur le 1.1.198.1). 14 décembre. Adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies de la Résolution 34/138 sur la préparation de négociations globales con cernant la coopération économique internationale pour le développe ment.

19«0 21 janvier-9 février. 3e Conférence générale de l'ONUDI à New-Delhi. Adoption d'une déclaration et d'un plan d'action auxquels s'opposent les pays industrialisés en raison de la création d'un fonds global pour la promotion de l'industrialisation et d'un comité intergouver nemental chargé de définir les moyens de porter la part de l'indus trialisation du Tiers-Monde à 30 %en l'an 2000. 12 février. Rapport intitulé "Nord-Sud : un programme de survie. - rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développe ment international", sous la présidence de Willy Brandt. 22 février. Rapport intitulé "Voix multiples, un seul monde" de la Commission internationale d'étude des problèmes de communication, pré sidée, dans le cadre de 1'UNESCO, par Sean Mac Bride. 8-22 avril. Conférence des Nations Unies sur les pratiques commercia les restrictives. Adoption d'un "Ensemble de principes et de règles équitables convenus au niveau multilatéral pour le contrôle des prati ques commerciales restrictives". 28-29 avril. 1er Sommet économique de l'OUA à Lagos. Adoption d'un plan d'action pour le développement économique de l'Afrique appelé "Plan de Lagos". 29 juin. Adoption de l'accord portant création du fonds commun pour les matières premières. 26 août-15 septembre. Ile session extraordinaire de l'Assemblée géné rale des Nations Unies sur la coopération économique internationale pour le développement. Accord sur la stratégie internationale du dé veloppement pour la 3e Décennie (adoptée officiellement à la 35e As semblée générale : A/Rés. 35/56), échec pour le lancement des négocia tions globales. 23 septembre-28 octobre. La 21e Conférence générale de 1'UNESCO ap prouve, à Belgrade, la résolution sur le "nouvel ordre mondial de l'information et de la communication". 482

1981 13-19 mai. Réunion du Groupe des 77 à Caracas sur la coopération Sud- Sud. Adoption d'un programme d'action entre PVD. 10-21 août. Conférence des Nations Unies sur les sources d'énergie nouvelles et renouvelables à Nairobi. Adoption d'un programme d'ac tion devant permettre aux PVD de réduire leur dépendance pétrolière, mais qui n'est accompagné d'aucun engagement financier de la part des pays développés. ler-14 septembre. Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés à Paris. Adoption d'un "nouveau programme substantiel d'ac tion" pour les années

1983 - La tenue à Belgrade de la Vie CNUCED. La conférence a adopté une trentaine de résolutions portant entre autres sur l'aide publique au développement, les institutions multilatérales de développement, la dette extérieure, les PMA, le protectionnisme, etc.. La conférence ne parvient pas, toutefois à se mettre d'accord sur une analyse commu ne de la situation économique mondiale. - La Banque mondiale prépare à l'intention du Comité de développement un deuxième rapport sur l'Afrique sub-saharienne. - La Commission Brandt publie un deuxième rapport intitulé : Common crisis North-South : coopération for world Recovery. - 7e Conférence des non-alignés à New Delhi : adoption d'une déclara tion sur la coopération économique entre les pays en voie de dévelop pement .

1984 - 4e Conférence générale de l'ONUDI à Vienne. Adoption d'une série de resolutions sur les divers aspects du développement industriel dans le Tiers-Monde. Le resserrement des liens entre PVD est de nouveau re commandé . - Tenue de la Conférence internationale des Nations Unies sur la popu lation à Mexico. - Signature de la 3e Convention de Lomé entre la CEE et les 65 pays AL/r •

II. LA COOPERATION SUD-SUD : UNE UTOPIE?

1. Etat des échanges commerciaux Sud-Sud

L'invocation de la coopération Sud-Sud dans la diplomatie écono mique des Etats du Tiers-Monde ne relève plus du discours creux auquel nous ont habitué parfois les dirigeants de ces pays. Au cours des 483

dernières années on assiste effectivement à une Concrétisation de ce discours sur le resserrement économique entre pays en voie de déve loppement. Les flux économique et financier Sud-Sud sont devenus une réalité riche en promesses. Jugeons-en à présent par les chiffres: - Selon la CNUCED (l), le commerce Sud-Sud qui a vu sa part du commerce mondial total passer de 6,2 %en 1955 à 3,5 %en 1970, s'est accru de nouveau à partir de 1971 et a atteint en 19 84 la part de 7,8_1° • Une tendance similaire se dessine en ce qui concerne l'im portance relative du commerce Sud-Sud par rapport au commerce total du Tiers-Monde : les exportations Sud-Sud sont passées de 24 %en 1955 à 20 %en 1970, pour remonter au cours des années 70 et atteindre 28 %en 1984 (2). Même évolution pour les importations Sud-Sud. - Dans le commerce Sud-Sud, la grande nouveauté est l'expansion des échanges des biens manufacturés entre pays du Sud. Depuis 1973 en effet, ce commerce se développe beaucoup plus rapidement au sein du Sud qu'entre le Sud et le Nord : 16 %de taux d'accroissement annuel en moyenne contre 13 %(3). Cette tendance qui s'est manifestée déjà au début des années 1970 (4), s'est confirmée avec la crise qui a frappé l'économie du Nord à partir de 1973-1978. Ainsi, entre 1978 et 1979, les échanges Sud-Sud de produits manufacturés ont doublé alors que les échanges Nord-Sud n'augmentaient que de moitié. Cette exten sion des échanges Sud-Sud s'est accompagnée d'une plus forte partici pation du Tiers-Monde au marché mondial des biens manufacturés. La part du Tiers-Monde dans les exportations de biens industriels passe en effet de 3,8 %en i960 à 6,3 %en 1975 et à 12,4 %en 1984?5)Cette extension s'est faite surtout au détriment de l'Europe,occidentale , les positions du Japon et des US.A. restant à peu près inchangées. Si

(1) CNUCED, Rapport du Secrétariat TD/B.C.7.74 7/85 Cependant l'annuaire du GATT 1984/85 indique un'montant égal infé rieur a 6,9 %en 1984 (tableau A2). s me U) Iica,à1987PrOPOl2VELLAS (FV'K Les «changes Sud-Sud. Paris, Econo- (3) YACHIR (F.), op. cit., p. 24. (4) CNUCED, "Trade among Developing by Main SITC Croups by régions", Genève, mai 1981. ' -^ ÊL—— (5) GATT, Genève, 1984/85. 484

l'on exclut le pétrole, la part des produits manufacturés dans le com merce Sud-Sud est passé de 25 %en 1955 à 53 %en 1978, tandis que la quote-part des denrées alimentaires est passée de 44 % à 26 % (l).

(Tableau n° 1) Structure du commerce Sud-Sud de produits manufacturés Comparaison 1973 et 1984 (en % du commerce Sud-Sud)

1973 1984 Nature des produits Nature des produits

Textile 25,5 Textile 18,5 Produits alimentaires 19,6 Matériel de transport 8,4 Chimie de base 7,6 Chimie fine 8,1 Métallurgie non ferreuse 7,2 Electronique 7,9 Bois, papier, divers 6,4 Matériel électrique 8,7 Matériel électrique 5,8 Chimie de base 7,6 Produits métallurgiques 5,1 Produits métallurgiques 7,2 Chimie fine 4,6 Bois, papiers, divers 7,2 Moteurs et machines 4,3 Produits alimentaires 6,3 Matériaux de construction 4,2 Sidérurgie 6,2 Sidérurgie 3,4 Moteurs et machines 4,5 Matériel de transport 2,8 Matériaux de construction 3,8 Matériel de précision 1,9 Métallurgie non ferreuse 3,7 Electronique 1,6 Matériel de précision 2,1

TOTAL 100 TOTAL 100

Sources: CEPII, Base CHELEM international CNUCED, 1986, Rapport annuel.

Ce qui frappe à l'examen du tableau ci-dessus c'est la progres sion du poids relatif des échanges Sud-Sud dans toutes les branches et notamment dans les activités manufacturières complexes comme la chimie fine, le matériel électrique et l'électronique. Si, par exemple, les textiles conservent la première place dans les échanges Sud-Sud, on constate en revanche que l'électronique,qui ne représentait que 1,6 % de l'ensemble des échanges Sud-Sud des produits manufacturés en 1973, occupe en 1984 la quatrième position avec une part de 7,9$. La

(l)YACHÏR (F.), op. cit., p. 26 485

part du textile et des produits alimentaires, tout en restant prépon dérante dans les échanges Sud-Sud, a tout de même baissé au profit du matériel de transport, de l'électronique, de la chimie fine et du ma tériel électrique. - Les échanges Sud-Sud s'effectuent de manière assez inégale en tre les régions du Tiers-Monde. Ils se répartissent entre des échan ges interrégionaux (33 %environ) et des échanges intrarégionaux. Le commerce interrégional a vu sa quote-part augmenter entre 1970 et 1984 passant de 6 %à 13 %(l). Quant aux échanges intrarégionaux, leur poids dépend des régions au sein desquelles ils s'effectuent. Ainsi par exemple, lès échanges intra-Asiatiques représentent à eux seuls 39,3 %de l'ensemble du flux Sud-Sud de produits manufacturés, tandis que les proportions pour le Moyen-Orient, l'Amérique Latine et l'Afri que sont de 34,3 %, de 19,5 %et de 6,9 %. Le continent asiatique est aussi le plus dynamique en ce qui concerne les échanges interrégionaux Sud-Sud. L'Asie est en effet la seule région à être excédentaire dans ses échanges avec les autres régions du Tiers-Monde.

(Tableau n.° 2) Répartition géographique des exportations Sud-Sud (%)

Régions i960 1970 1980 1984

Afrique 11,1 11,8 8,5 6,9 Amérique Latine 30,4 30,7 20,8 19,5 Asie du Sud et. de l'Est 43,3 37,8 33,1 39,3 Asie Occidentale * 15,3 19,7 37,6 34,3

100 100 100 100

Source : CNUCED, op. cit., Table Al, 1985. * Lire Moyen-Orient

(1) CNUCED, Rapport du Secrétariat, op. cit., table Al 486

Il ressort de ce tableau qu presque 75 %des exportations Sud- Sud ont pour cadre l'Asie (Asie du Sud et de l'Est et l'Asie occiden tale). Ces écarts régic.iaux sont très influencés par le rôle que jouent certains pays qui réalisent une part prépondérante du commerce Sud-Sud. Ainsi en 1983, près de la moitié (49,2 %) des exportations Sud-Sud de produits autres que combustibles provenaient seulement de cinq pays (1), situés presque tous en Asie.

I-1- Facteurs explicatifs de l'expansion des échanges Sud-Sud

Plusieurs facteurs expliquent la croissance accélérée du commerce Sud-Sud au cours de ces dernières années. Nous en retenons les sui

vants : 1. La crise économique qui a sévi dans les pays industrialisés, et la récession qu'elle a engendrée, se sont traduites par une baisse de la demande en produits importés du Tiers-Monde et a conduit à un protectionnisme accru des industries nationales . la généralisa tion des pratiques protectionnistes au Nord à l'égard des produits en provenance des pays du Sud a acculé ces derniers à explorer d'autres destinations pour leurs exportations.

2. L'apparition sur la scène internationale d'un groupe restreint de huit à dix pays en voie de développement, exportateurs de produits manufacturés est un fait nouveau. Ces pays appelés semi-industriali- sés, situés essentiellement en Asie et en Amérique Latine dominent actuellement le commerce Sud-Sud des produits manufacturés. Dix pays à eux seuls fournissent plus de 80 %des exportations industrielles du Sud (2). Voici la liste des quinze premiers pays exportateurs des produits manufacturés :

(1) Singapour, Corée du Sud, Taïwan, Brésil, Malaisie. (2) YACHIR (F.), op. cit., p. 27. 487

(Tableau n° 3) Pays en développement exportateurs de produits manufac turés (par ordre décroissant d'importance) 1983

Pavs Montant des exportations industrielles (en millions de $) Corée du Sud 19 237

Hong-Kong 12 277

Singapour H 834

Taïwan 10 525

Brésil 7 971

Chine 6 321

Inde 6 020

Mexique 4 724

Malaise 4 025

Koweit 2 453

Turquie 2 476

Argentine 2 120

Thaïlande 1 727

Pakistan 1 520

Indonésie 868

Source : Banque Mondiale, rapport 1984/1985 488

Les exportations industrielles du Sud sont , comme le montre ce tableau, nettement dominées par les Cités-E-ats qu sont Singapour et Hong-Kong (1), et les huit pays semi-industrialisés d'Amérique Latine et d'Asie. Ces mêmes pays dominent par conséquent les flux d'expor tation Sud-Sud de biens industriels, comme le montre le tableau n°3 .

(Tableau n°4) Exportation industrielle des pays du Sud vers d'autres pays du Sud. (1984).

Pays Montant en milliards de $

Corée du Sud 7 310 Taiwan 6 250

Singapour 5 917 Brésil 3 935 Hong-Kong 3 540 (réexportation exclue)

Inde 2 550

Argentine 950 Mexique .425

Source : VELLAS (F.), op. cit., pp. 35-37

Les exportations des pays du Sud vers d'autres pays du Sud est le fait d'un nombre restreint de pays. Ces derniers tendent à se diffé rencier de plus en plus du reste des pays en voie de développement, qui, eux, demeurent confinés dans une spécialisation primaire inté grale à base agricole, minière, ou énergétique. L'examen de la struc ture des exportations de certains pays, dits semi-industrialisés, in dique que ces derniers ont définitivement quitté le domaine de la spé cialisation primaire. La proportion relativement élevée de biens industriels dans leurs exportations totales est assez significative, comme le montre le tableau n° 5.

(1) L'activité exportatrice de ces deux enclaves cache, en grande partie une fonction de relais pour des produits fabriqués ail leurs . (Tableau n° 5) Part des exportations industrielles dans les exporta tions totales de certains pays semi-industrialisés.

Pays %des exportations industrielles dans les exportations totales

Corée du Sud 89 % Brésil 39 % Mexique 39 % Hong-Kong 97 % Inde 61 %

Source : F. YACHIR,op.cit.,p.29

Ces pays développent leur exportation à la fois sur les marchés régionaux et sur les marchés d'autres régions du Tiers-Monde. Il y a lieu de signaler également que les échanges Sud-Sud interrégionaux présentent un degré de concentration relativement élevé du côté de la demande, comme du côté de l'offre. Le Moyen Orient par exemple, ab sorbe près de la moitié des exportations industrielles interrégiona les, et l'Afrique le quart, tandis que l'Asie en fournit les quatre cinquièmes, soit 78 %. Le poids du Moyen Orient est évidemment lié à la rente pétrolière qui a considérablement augmenté la capacité d'ab sorption. Voilà ce qui nous ramène au troisième élément explicatif de l'essor du commerce Sud-Sud pendant ces dernières années.

3. Les augmentations successives du prix du pétrole à partir de 1973-74 allaient permettre à une quinzaine de pays du Sud d'accroître leur pouvoir d'achat. Accroissement qui bénéficiera naturellement aux pays semi-industrialisés d'Asie et d'Amérique Latine, producteurs de biens industriels et susceptibles de concurrencer le Nord développé dans ce domaine. Les pays producteurs de pétrole et plus particuliè rement les pays arabes membres de l'OPEP sont devenus les principaux débouchés des exportations en provenance des pays semi-industriali sés (1)

(1) Voir à ce propos A. SID AHMED "Le rôle de l'OPEP dans le dévelop pement de la coopération interrégionale Sud-Sud", in La coopéra tion Sud-Sud : Etat et perspectives, op. cit., pp~ 765-790. -Le Moyen-Orient, composé essentiellement de pays arabes produc teurs de pétrole, absorbe à lui seul plus de 50 %des exportations industrielles interrégionales Sud-Sud. 490

Les pays semi-industrialisés jouent également un rôle important dans le développement des pays pétroliers du Golfe. Le Brésil, l'In de, le Pakistan, la Turquie, la Yougoslavie, les Philippines, Taiwan et la Corée du Sud ont signé depuis 1974 pour des dizaines de mil liards de dollars de contrats avec les pays de la région, relatifs à des réalisations, notamment dans les domaines de génie civil, de la construction, de la fourniture de centrale électrique, de complexe chimique, de station de pompage et d'équipement d'irrigation(1). Des dizaines^ de milliers de cadres et techniciens Coréens, Indiens, Bré siliens ou Turcs mettent leur savoir-faire au service de ces pays (2). Ceci dit, on peut certes critiquer la manière dont les pétro-dol- lars ont été recyclés, mais il ne faut pas oublier qu'une partie d'entre eux ont servi à dynamiser le commerce Sud-Sud et à resserrer les liens entre pays en voie de développement.

2. Coopération financière Sud-Sud

Les augmentations des prix du pétrole en 1973-1974 et 1979-1980 ont amené les pays de l'OPEP, notamment arabes, à développer une poli tique d'assistance financière en direction des autres pays en dévelop pement. Outre leurs contributions relativement importantes aux insti tutions financières internationales (Banque Mondiale, FMI, etc.), les pays arabes de l'OPEP ont mis sur pied, au cours des années 1970, leurs propres organismes d'aide, dotés de leurs propres ressources financières et dont la vocation est la canalisation de l'aide vers les autres pays du Tiers-Monde. Si la priorité était donnée essen tiellement, au départ, aux pays arabes non pétroliers (Egypte, Jorda-

(1) Voir SID AHMED, op. cit. p.771. Une annexe de l'étude de l'auteur rend compte de toutes ces gran des réalisations. (2) On estime aujourd'hui à près de vingt milliards de dollars les sommes rapatriées par les travailleurs étrangers employés dans les pays arabes pétroliers (pays du Golfe, + Iran + Libye). 491

nie, Tunisie, Maroc, Syrie, etc..) l'effort s'est accéléré durant la seconde moitié des années soixante-dix pour couvrir l'ensemble des pays en voie de développement (Afrique sub-saharienne, Asie et Améri que Latine).

Cet effort à destination de l'ensemble des PVD s'illustre par le montant d'aide accordée depuis 1973 et qui est estimé en 1985 à plus de soixante milliards de dollars (2). Les engagements arabes envers le Tiers-Monde en font ainsi le deuxième dispensateur d'aide au niveau mondial, juste après les pays du CAD et bien avant le bloc de l'Est.

L'action des pays arabes pétroliers et de l'ensemble des pays de l'OPEP en général a incontestablement permis, pour la première fois, l'émergence de courants financiers Sud-Sud sur une vaste échelle. Mais que deviendra cette coopération à l'heure des chutes des prix pétro liers et de l'effondrement des surplus financiers de l'OPEP. L'exa men de la coopération économico-financière entre le Monde arabe et l'Afrique sub-saharienne que nous prendrons comme exemple dans la suite de ce travail nous montrera les limites de la coopération interré gionale Sud-Sud. Le rôle joué par les pays pétroliers en tant que principaux débouchés des exportations des pays semi-industrialisés et fournisseurs d'aide aux autres pays en voie de développement, appa raît difficilement soutenable à terme.

(1) Nous reviendrons sur tous ces aspects, statistiques et analyses à l'appui dans le premier volet du 3e chapitre consacré à l'aide arabe. (2) Estimation avancée par plusieurs sources, notamment : -SID AHMED, op. cit., p. 773. -I. SHIHATA, "The OPEC Fund for international development, OPEC re- vïew, vol. V, n° 3, 1985, pp. 1 à 9. CHAPITRE III : PLACE DU MONDE ARABE SUR LA SCENE DE L'AIDE INTERNA TIONALE AU DEVELOPPEMENT : SPECIFICITES ET DIMENSIONS DE L'AIDE ARABE AU TIERS-

MONDE.

Avant d'aborder l'examen détaillé de l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne, il n'est sans doute pas inutile de rappeler la place qu'occupe le monde arabe pétrolier dans la coopération internationale au développement depuis 1973- L'engagement des pays arabes produc teurs de pétrole en faveur du Tiers-Monde est devenu depuis lors une réalité dont il convient de tenir compte dans les relations économi ques internationales contemporaines.

Le début de la décennie 1970 a été marqué par l'entrée des pays arabes pétroliers dans le club restreint des dispensateurs d'aide au niveau mondial. La nouveauté est que ces pays appartiennent eux-mêmes aux nations en voie de développement. C'est en effet la première fois dans l'histoire que des pays sous développés, disposant d' excédents financiers, ont pu envisager d'importants programmes de coopération financière, comportant l'acheminement de capitaux à long terme des pays excédentaires vers des pays en voie de développement déficitai res. L'apparition de ces nouveaux centres d'aide a façonné l'évolu tion de la coopération internationale pour le développement aux cours de ces dernières années. Il n'est certes pas exagéré de dire que l'émergence du monde arabe pétrolier sur la scène mondiale depuis le début des années 1970, fait partie de ces événements majeurs qui sont à l'origine des grandes mutations économiques internationales de cette seconde moitié du XXe siècle. La crise énergétique a non seulement marqué la détermination des pays producteurs de pétrole à changer la 493

nature des rapports internationaux, mais elle a aussi permis le ren forcement des courants Sud-Sud, tant sur le plan des échanges commer ciaux que sur celui de la coopération financière (l). Pour cerner les engagements arabes en faveur du Tiers-Monde dans son ensemble, objet de ce troisième chapitre, et en mesurer l'importance, il convient ae rappeler en quoi l'aide arabe se distin gue de celle dispensée par les pays développés et notamment ceux du C.A.D., principaux donneurs au niveau mondial.

1. Spécificité de l'aide arabe

L'aidé des pays arabes producteurs de pétrole aux autres pays en voie de développement ne peut être appréciée à sa juste valeur que si l'on fait le rappel des caractéristiques suivantes :

1-1. L'aide arabe provient d'une région économiquement sous développée

La puissance économique des pays arabes pétroliers et de l'ensem ble régional (monde arabe) dont ils font partie est à considérer avec beaucoup de nuances. Tout d'abord parce que le monde arabe comprend d'énormes disparités quant à la richesse des pays qui lé composent. (1) Il y a d'abord des pays exportateurs de pétrole et ceux qui n'en exportent pas. Une fois cette distinction établie, tous les pays exportateurs de pétrole ne sont pas nécessairement, et de façon permanente des pays à excédent de capitaux. C'est le cas notamment des pays comme l'Algérie et l'Irak (jusqu'à l'éclatement de son

(1) L'expansion du commerce Sud-Sud est due essentiellement à deux facteurs : le dynamisme de ce qu'il est convenu d'appeler les pays semi-industrialisés et l'accroissement des moyens financiers des pays pétroliers. Voir chapitre précédent. (2) Sur tous ces aspects relatifs aux diverses situations qui caracté risent l'ensemble arabe, se référer notamment aux ouvrages sui vants : - MARTENS (A.), "L'économie des pays arabes", Paris, Economica, 1983. - IBRAHIMI (A.), "Dimensions et perspectives du monde arabe", Economica, 1977- - AMIN (S.), "L'économie arabe", édition minuit, 1980. - MOUHOUBI (S.), "Sous-développement et extraversion financière du monde arabe", Paris, Publisud, 1983. 494

conflit avec l'Iran) qui avaient engagé d'ambitieux projets de déve loppement ayant absorbé la totalité de leurs excédents financiers. II reste donc un nombre limité de pays disposant d'un surplus finan cier parce que sous peuplés et n'ayant qu'une capacité d'absorption ré duite. C'est de ceux-là que provient la presque totalité de l'aide, dite arabe, au développement. Ce sont essentiellement les pays du Golfe (Arabie Séoudite, Koweit, Emirats arabes unis Qatar) et la Libye et dans une moindre mesure, l'Algérie et l'Irak qui constituent le club des dispensateurs d'aide arabe. Les engagements des autres pays arabes (Egypte, Maroc, Tunisie, Syrie, Jordanie etc..) sont en fait négligeables, ils sont aussi méconnus car entrepris généralement sur une base bilatérale. La référence à l'aide arabe ne concerne donc que l'aide des pays arabes exportateurs de pétrole, c'est-à-dire les sept pays arabes membres de l'OPEP. Pris dans son ensemble le monde arabe n'est pas une puissance économique. A l'exception des pays pétroliers (1), la majorité des pays arabes sont accablés par un sous développement économique et so cial profond. Les disparités entre les pays de la région n'ont jamais été aussi criantes qu'au cours de cette dernière décennie. Si, pour mesurer la situation économique de cet ensemble, on accepte de se référer au paramètre du revenu par tête d'habitant, on est frappé par la diversité des situations qui caractérisent le monde arabe. A un extrême nous avons le Soudan, la Somalie et la Mauritanie qui font partie du groupe des pays les plus pauvres du monde avec un PNB/ par tête d'habitant inférieur ou égal à 400 $ par an. A l'autre extrême, nous trouvons l'Arabie Séoudite, les Amirats Arabes Unis, le Koweit, Bahrein, la Libye, Oman et Qatar tous exportateurs de pétrole, où, sauf dans le cas de Bahrein, de la Libye et d'Oman, le PNB par tête d'habitant est supérieur à celui des pays industrialisés à économie de marché (2). Les émirats Arabes Unis, le Koweit et Qatar dépassent

(1) Encore que liquidité ne signifie pas richesse. La richesse est celle qui se crée sur des bases virtuellement renouvelables. (2) La Banque Mondiale n'inclut pas dans ses statistiques les pays dont la population est inférieure à un demi-million de personnes. C'est le cas notamment de Djibouti (0,27 millions' d'habitantsd), de Barhein (0,34 millions d'habitants) et de Qatar (0,25 millions d'habitants ). 495

même le PNB/tête le plus élevé des pays industrialisés, à savoir celui de la Suisse qui en 1985 était de 14910 $. Le reste des pays arabes se partage entre ce que la Banque Mondiale appelle des pays à revenus intermédiaires supérieurs (Algérie, Irak, Syrie et Jordanie) et des pays à revenus intermédiaires, tranche inférieure (Tunisie, maroc, Egypte) (tableau 1). Si l'on considère le PNB global de la région, c'est-à-dire le PNB combiné de l'ensemble des pays arabes (vingt et un pays), on constate que celui-ci ne représentait en 1985 qu'à peine 10,8 % du PNB des Etats Unis (l). Le PNB arabe global reste également de loin inférieur

Tableau n° 1 : Population et PNB par habitant des pays arabes en 1984

Pays Population PNB (millions d1'habitants) (par habitant) (en dollars)

Somalie 5,1 260 Soudan 20,8 340 Mauritanie 1,6 480 Yémen, RDP 2,0 520 Yémen, Rép. Arabe 7,6 550 Egypte 45,2 730 Maroc 20,8 760 Tunisie 6,9 1270 Liban 2,6 1275 Jordanie 3,2 1280 Syrie 9,6 1840 Algérie 20,6 2410 Iraq 14,7 2450 Oman 1,1 6300 Libye 3,4 8230 Arabie Séoudite 10,4 12230 Koweit 1,7 15650 Emirats Arabes 1,2 21921

Sources : Banque Mondiale Rapport sur le développement dans le monde 1986, ATLASECO,1987

à celui de nombreux pays industrialisés tels la France, la RFA, le Ja pon et la Grande-Bretagne. Il arrive, en 1985", à égaliser (à peine) celui d'un pays comme l'Italie. Qu'en est-il alors de la richesse et et de la puissance économique qu'on s'évertue à attribuer au Monde

(1) Les données ayant servi à cette comparaison ont été tirées de 1"'ATLASEC0", Atlas économique mondial, édition SGB, 1987. 496

Tableau n° 2 : Encours de l'endettement des pays arabes à fin 1986

Pays Encours de la dette en millions de $

Algérie 24 574 Arabie Séoudite 14 999 Bahrein 1 316 Egypte 38 396 Emirats Arabes Unis 9 210 Irak 12 905 Jordanie 350 Koweit 770 Liban 932 Libye , 2 287 Maroc 18 313 Mauritanie 1 807 Oman 2 958 Qatar 630 Syrie 4 527 Tunisie 6 696 Yémen du Sud 2 663 Yémen du Nord 2 023

Total 144 656

Source : OCDE, "Statistiques de la dette extérieure, ~~ Ï987 497

arabe? Que représente cette richesse dans la balance économique mon diale? Certes peu de chose. Le PNB arabe représente exactement 3,2$ du Revenu mondial en 1985. Aussi la puissance économique du monde arabe est à considérer avec une extrême nuance. Considérée dans son ensemble, cette région est loin d'être économiquement aussi puissante que la plupart des pays industriels pris séparément. L'ensemble arabe demeure une région fondamentalement sous déve loppée, même si certains pays en son sein disposent de liquidités fi nancières importantes, compte tenu de leur population réduite et de leur faible capacité d'absorption. La majorité des pays de la région ont un besoin énorme en capitaux pour financer ]eur propre développe ment et certains d'entre eux enregistrent aujourd'hui une dette impor- tente (l). Cependant, depuis 1973-1974, les pays pétroliers apparte nant à cet ensemble sous développé se sont engagés dans un effort co lossal en matière d'aide au développement aux autres pays du Tiers- Monde. C'est une nouveauté sur la scène de l'aide internationale qui mérite d'être soulignée. La première caractéristique de l'aide dite arabe réside donc dans le fait qu'un groupe de pays, faisant partie d'un espace géographique culturel et économiquement sous développé (mon de arabe), surgit sur la scène de l'aide internationale et y occupe désormais la seconde place après les pays développés de l'Ouest re groupés au sein du CAD.

1.2. L'aide arabe tire son origine de l'exploitation d'une ressource non renouvelable

L'aide arabe est fonction d'excédents financiers qui proviennent de l'exploitation d'une ressource épuisable : le pétrole. Or les pays producteurs doivent assurer leur propre développement, c'est-à-dire préparer 1'"après pétrole" en substituant au pétrole, seule source de revenus, d'autres sources de revenus (1). Les recettes pétrolières sont destinées alors à permettre le passage d'une économie basée sur l'exploitation d'une unique source de revenus, à une économie diversi fiée puisant ses revenus dans des secteurs multiples (agriculture,

(1) Voir tableau n° 2. Certains pays arabes prennent place dans le peloton des pays les plus endettés du Tiers^Monde (Algérie, Maroc, Egypte, Irak, ARabie Séoudite) et détiennent à eux seuls 75 % de l'endettement de la région arabe. (2) Voir à ce propos : KHADER (B.), "Energie et dialogue Euro-Arabe", Cahier du CERMAC n° 2, Louvain-la-Neuve, 1982, 48 p. 498

industrie, service etc—). Ce raisonnement devient plus pertinent lorsqu'on sait que cette unique et exclusive source de revenus, en l'occurrence le pétrole, n'a qu'une durée de vie assez limitée (1) et que cette durée ne dépend pas seulement de l'état des réserves pétro lières, mais aussi de plusieurs autres facteurs, tels que le prix, les capacités d'absorption des pays producteurs et les programmes d'é conomie d'énergie et les politiques énergétiques alternatives, déve loppés dans les pays consommateurs (2). L'aide, dite arabet se base donc sur l'exploitation d'une res source épuisable, et c'est en ce sens qu'elle diffère de l'aide des pays développés, laquelle se base sur une richesse renouvelable. Cette distinction est très importante, elle permet de situer la véri table portée de l'aide arabe. Cette aide dépend de l'existence d'ex cédents financiers, qui eux-mêmes dépendent de facteurs dont certains échappent aux pays producteurs. L'aide arabe dérive en fin de compte d'une situation temporaire et non d'une richesse véritable, résultant d'une capacité grande et renouvelable. Pour cette raison il n'est pas exagéré de dire qu'elle constitue un sacrifice,en ce sens qu'elle pro vient de pays disposant d'excédents temporaires qui auraient pu être utilisés dans leur totalité à leur propre développement. Il ne faut pas perdre de vue que les pays arabes ont leurs problèmes qui sont logiquement prioritaires, ne serait-ce que parce qu'il n'est pas de l'intérêt même des pays du Tiers-Monde de voir d'ici une trentaine d'années (l'épuisement des gisements pétroliers), lès pays pétroliers réduits à la paralysie et à la charité internationale.

(1) Celle-ci est estimée, selon les experts, compte tenu des réserves prouvées actuellement, à une trentaine d'années. Voir à ce propos : "Pétrole et Gaz arabes", n° 43, 1983. (2) La part du Pétrole dans la consommation totale de la CEE a diminué pour atteindre 47 %de la consommation totale d'énergie en 1983, soit une diminution de près de 27 %par rapport à 1973. Voir B. KHADER, "L'OPEP : un malade plein d'énergie", colloque "Oil for PEACE", Rimini, oct. 1985. 499

1•3• L'aide arabe n'est pas une aide économiquement liée

L'aide arabe n'est pas une aide économiquement liée pour la sim ple raison que les Etats qui en sont les dispensateurs n'ont pas de technologie à vendre. Il n'existe donc pas d'effet de retour pour les économies des pays pétroliers des aides que dispensent leurs Etats aux nations sous-développées. A l'inverse de ce qui se passe dans les pays du CAD ou les pays du CAEM, où chaque dollar au titre de l'aide revient généralement à son lieu d'origine (crédit fournisseur, achat de biens et service, etc.), les transferts financiers arabes sont définitifs et consti tuent une réelle perte d'actifs. C'est dans les pays du CAD que s'effectuent notamment les achats des pays bénéficiaires des concours financiers arabes. L'aide arabe profite par ricochet aux économies des pays développés du Nord. Cette caractéristique est importante et mérite d'être relevée. Une autre caractéristique des concours financiers arabes réside dans le fait qu'ils sont octroyés à des conditions dites libérales, c'est-à-dire incorporant une fraction égale ou supérieure h 25 %d'équivalent-don, un taux d'intérêt généralement bas et une durée de remboursement dé passant traditionnellement les dix ans. Ils répondent ainsi à la dé finition que se fait l'OCDE et plus particulièrement les pays du CAD de l'APD . Selon l'OCDE (3), l'aide publique au développement accordée par les pays arabes pétroliers en 1984 a comporté les élé ments de libéralité suivants :

(1) SHIHATA (I), "The other face of OPEC, financial assistance to the Third World". London, Longman,, 1982, p. 18 et suivantes.

(2) Pour d'amples développements concernant cet aspect, se référer : Ch. ZAROUR, "La coopération afro-arabe : Bilan d'une décennie de coopération". Publication UNITAR/U.N.U/F.I.M. n° 4, Dakar 1985 p. 62 et suiv. (.3) CAD, "Examen" 1986. 500

Arabie Séoudite 78,3 56 Qatar : 100 % Koweit 74,3 % Libye : 100 % Irak 8l,l % Algérie : 77)4 % EAU 89,6 %

Certes l'élément-don des apports du CAD reste plus élevé que ce lui des concours arabes. Mais il faut rappeler que les transferts aux conditions libérales des pays du CAD ne :représentent que le tiers en viron des ressources financières totales fournies par ces pays au Tiers-Monde alors que les apports aux conditions de faveur des pays arabes comptent pour plus de 70 %des apports totaux (1) de ces pays à destination des autres pays en développement.

(Tableau 3 ) Part de l'APD dans les apports totaux nets financiers en provenance des pays du CAD aux PVD et aux agences mul

tilatérales

Année 1975 1980 1981 1982 1983 1984 1985

% de l'APD dans 31 36 28 33 40 34 42 les transferts totaux

Source : OCDE, examen 1984 et 1987

Les conditions de faveurs ne s'appliquent donc qu'à environ un tiers des transferts financiers totaux en provenance des pays du CAD. Le reste, composé essentiellement d'apports privés, est transféré aux conditions du marché.

1.4. Le rapport APD/PNB place la région arabe à la tête des dispensa

teurs de l'aide au niveau mondial

Autre caractéristique de l'aide arabe, qui mérite également

(l) Calcul établi par nous-même sur base des données chiffrées éma nant des documents de l'OCDE : -CAD, Examen 1984 -CAD, Examen 1985 . -CAD, Examen 1987. 501

qu'on s'y attarde quelque peu réside dans le fait que seuls les pays arabes ont dépassé de manière substantielle l'objectif de 1 %( de leur PNB) destiné à l'aide au développement sans cesse réclamé par les Nations Unies et les Organisations Internationales. Exprimée en pourcentage de leur PNB, l'aide des pays arabes pétroliers prend une signification importante. Ainsi par exemple, les engagements globaux des pays pétroliers du Golfe (1) par rapport à leur PNB ont représenté 12,48 %en 1973, 7,67 %en 1974, 5,33 %en I975j 6,43 %en 1976, 5,94 %en 1977, 7,18 % en 1978 et ont baissé depuis lors pour atteindre 2,3.8 %en 1985 (2). Rappelons que ces pays sont à l'origine de plus de 90 %de l'aide glo bale des pays de l'OPEP qui comprend des pays non arabes come l'Iran, le Nigeria et le Venezuela. La part de ces derniers pays dans l'ef fort d'aide entrepris par l'OPEP depuis 1973 est très faible. Expri mée en terme de pourcentage par rapport à leur PNB, cette part se si tuait en 1983 à hauteur 0,01 pour l'Iran, à 0,05 pour le Nigeria et à 0,22 pour le Venezuela (3). Si nous considérons l'année 1985, le rapport APD/PNB des pays de l'OPEP, selon l'OCDE était le suivant (4) :

(Tableau n°4 ): Rapport ÀPD/PNB des pays de l'OPEP pour 1985

Pays du Golfe

Koweit 3,16 % Arabie Séoudite 2,88 % Qatar 1,15 % E.A.U. 1,07 % Autres pays arabes Algérie 0,10 % Irak 0,8 % Libye 1,3 % Pays non arabes membres de l'OPEP Iran o,09 % Nigeria 0,06 % Venezuela 0,07 % (1) Il s'agit de l'Arabie Séoudite, du Qatar, du Koweit et des Emirats Arabes Unis. (2) Chiffres tirés in OCDE, "Examen 1987", p. 291. (3) Idem. (4) OCDE "Examen 1987", p.291 . 502

Ces données permettent de relever la faiblesse de l'aide des pays arabes comme l'Algérie, la Libye et l'Irak (1) et surtout celle des pays non arabes membres de l'OPEP. Si le cas de l'Iran est compréhensible (état de guerre) comment expliquer le cas du Nigeria, cette puissance africaine, située dans une Afrique sub-saharienne dont la plupart des pays sont dépendants de l'aide internationale? Etant donné que les principaux dispensateurs de l'aide de l'OPEP sont les quatre pays du Golfe (94 % de l'aide totale de l'OPEP en 1984), on constate que le rapport de leur APD/PNB reste substantielle ment élevé, bien au-delà de l'objectif de 1 %fixé par les Nations Unies. Il reste à rappeler (à titre de comparaison) que pour les pays du CAD, groupe qui reste, en chiffres absolus, le plus important dispen sateur d'aide, le rapport APD/PNB a évolué depuis 1973 comme suit :

(Tableau n° 5) : Evolution du rapport APD/PNB des pays du CAD

Années 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 Rapports 0,30 0,33 0,35 0,33 0,31 0,35 0,35 0,39 0,35 0,38 0,36 0,35 0,35 APD/PNB

Source : OCDE Examen 1985 et 1987

Ce pourcentage moyen masque des disparités importantes. Ainsi par exemple, la Hollande et les pays Nordiques (Norvège et Suède no tamment) ont pratiquement tous atteint l'objectif de 1 $}d'autres par contre ne consacrent à l'aide publique au développement qu'un pourcen tage extrêmement faible de leur PNB. Six pays du CAD ont consacré à l'APD en 1985 moins de 0,35 %de leur PNB (2). Exprimée toujours en terme de pourcentage par rapport au PNB, l'APD des pays CAD revient à la case de départ des débuts des années 1950, comme le montre le graphique n° 1. En 1984, onze pays sur dix-sept que compte le CAD n'ont consacré

(1) Le rapport de l'APD/PNB de l'Irak se situait en 1980, à la veille du déclenchement de son conflit armé avec l'Iran, à hauteur de 2,35 %. (2) C'est le cas des Etats Unis (0,24 %), de l'Italie (0,31 %) et du Japon,(29 %),le Royaume Uni (0,29 %), la Suisse (0,31 %^ l'Irlan de (0,24 %). "Examen" OCDE/ 1987-p. 269".'" Graphique n° 1 TENDANCES DU RAPPORT APD/PNB DES PAYS MEMBRES DU CAO, 1950/55-1984 (Moyennes mobiles bisannuelles)

0 1" IIIIIIIII I- I I I I I | | | | I- | | Il I I1I I•••MIII...,,,., | , | | , 50/55 60/61 «'« 65/66 70/71 7S/76 80/81 83/50/ 60/61 65/66 70/71 75/76 "'''80/81U 83/84 84 55 t. Peloton de têts : Norvège. Suède. Danemark et Pays-Bas. (*) y compris aide destinée au DOM-TOM

Source : OCDE,"Examen",1985 O 504

Graphique n° 2

Graphique IV-2. L'APD EN PROVENANCE DES PAYS DU CAD EN 1985

en % au PNB milliards de dollars

1.03 NORVÈGE 0.58

(3.91 PAYS-BAS 1.13

0.86 SUÉDE 0.84

0.80 DANEMARK 0.44

0.78 0.54" FRANCE 2.77* 3.99

0.54 BELGIQUE 0.44

049 AUSTRALIE 0.75

0.49 CANADA 1.63

0.47 ALLEMAGNE 2.94

C 40 FINLANDE 0;21

( 3.38 AUTRICHE 0.25

0.34 ROYAUME-UNI 1.53

0.31 ITALIE 1.1 0

0.31 SUISSE 0.30

0.29 JAPON 3 80

0.25 Nelle-ZÊLANDE 0.05

0.24 IRLANDE 0.04

0.24 ÉTATS-UNIS

940

_

0 35 PAYS DU CAD 29,13"! s^^

non compris les DOM:TOM.

Source : OCDE, rapport CAD 1987. 505

à l'APD qu'un pourcentage ne dépassant même pas 0,50 %de leurs PNB respectifs (voir graphique n° 2). L'aide publique au développement, exprimée donc par le rapport APB/PNB, place les Etats arabes pétroliers au peloton des pays dispen sateurs de l'aide au niveau mondial. Malgré les baisses enregistrées depuis 1982 dans les concours financiers arabes aux autres PVD, ce rapport demeure au-dessus de l'objectif de 1 %. C'est là une réalité qui mérite, nous semble-t-il, d'être prise en considération chaque fois qu'il s'agit de débattre de l'aide arabe au reste du monde en dé veloppement.

2. Les dimensions de l'aide arabe

L'aide financière des pays de l'OPEP aux autres pays en voie de développement ne date pas d'aujourd'hui. Déjà, au début des années i960, le Koweit a créé une institution chargée d'acheminer l'aide vers les autres pays arabes non producteurs de pétrole. Toutefois, il a fallu attendre les augmentations du prix du pé trole pour qu'un véritable réseau d'institutions financières spéciali sées soit créé. Outre leurs contributions financières aux institu tions internationales : la Banque Mondiale, le FMI, etc., les pays arabes de l'OPEP ont mis sur pied leurs propres organismes d'aide, dotés de leur propre ressource financière et dont la vocation est la canalisation de l'aide vers les PVD. Si la priorité était donnée aux pays arabes non pétroliers (Egypte, Syrie, Jordanie, etc..) dans un premier temps, 1' effort s'est accéléré durant la seconde moitié des années 1970 pour couvrir l'ensemble des PVD (Afrique noire, Asie, et partiellement Amérique Latine). Cet effort à destination du monde en développement peut être me suré par deux éléments : - Le nombre important d'institutions nationales et régionales créées depuis 19733 - Le montant d'aide accordé depuis 1973 et qui a été estimé fin 1985 à plus de 74 milliards de dollars (1). (1) OCDE, rapport du CAD, 1987 Voir les développements qui suivent. 506

2.1. Les Fonds arabes et les institutions financières de développement liés aux pays arabes

Nombreux sont les fonds et les institutions financières arabes qui opèrent aujourd'hui sur la scène de l'aide au développement. Il y a d'abord les institutions nationales appelées "Fonds" qui se veu lent les instruments privilégiés de l'assistance financière étrangère de leurs pays respectifs. Chaque pays arabe pétrolier dispose, en ef fet, de son propre Fonds, à l'exception toutefois de l'Algérie et de la Lybie dont les concours financiers aux PVD transitent par leurs banques nationales. H y a ensuite les institutions multilatérales arabes, financées par l'ensemble des pays de la Ligue arabe et dont les interventions peuvent dépasser le cadre arabe. Il y a enfin des institutions à caractère international tels le Fonds spécial del'OPEP (1) (comprenant des pays membres de l'OPEP non arabes) ,1a Banque Islamique de Développement ou encore le Fonds de Développement Islamique, organismes dont la participation est limitée aux pays musulmans ou aux communautés islamiques dans les pays non mu sulmans .(1) Le tableau suivant présente un récapitulatif de toutes les insti tutions nationales et régionales arabes d'aide au développement.

(.1) Bien qu'ils ne soient pas exclusivement arabes, le Fonds spécial de l'OPEP et les institutions islamiques ont été retenus dans notre analyse; la majeure partie de leurs ressources provient des pays arabes pétroliers. (Tableau n°6) Les fonds Arabes et les institutions financières de développement 11iées aux pays Arabes exportateurs de pétrole

Institutions Siège et an Capital Types d'opération Termes de prêts Vocation Conditions éligibilité née de création et élément don

1 FKDEA*1* Koweit $3,630 prêts sur projets !0,5 à 7# soit infra Le dinar est l'unité déc.1961 assistance tech un taux moyen structure de compte, les prêts ne nique, octroi de de3,2 plus agricul peuvent excéder $0% du garanties. 60$ 0,5$ commission ture coût total du projet ou des engagements annuelle sur la industrie 10$ du capital du Fonds. sont co-financés partie en cours énergie Les projets ne doivent du prêtjrembour pas entrer en conflit sement allant de avec les intérêts Arabes 10 à 50 ans) pé et Koweïtiens. riode grâce 4, Tous les pays en déve 5 ans. loppement sont éligi- bles. élément don al lant jusqu'à 605? FSD (2> Riyadh $2,900 prêts sur projets 2 à 4 % infra Rial saoudien : unité de septembre puis remboursement structure compte. Les prêts ne peu 1974 $4,400 sur 20 ans en agricul vent excéder 50 % du puis moyenne ture coût du projet ou 5 % $7,400 énergie du capital du Fonds. en 1981 éducation Les prêts à un pays ne santé peuvent excéder 10 $ du capital du Fonds. F.I.D.E.(3) $169 aide aux projets sans intérêt santé et Tous les P.V.D. respec juillet $676 en assistance tech éducation tueux des principes du 1974 1980 nique non alignement.

F.A.D.E.s!4* Koweit $1,400 prêts sur projets intérêt 4 à 6% industrie Institutions privées et mai 1968 puis assistance tech remboursement infra publiques, Arabes seu $2,800 nique 18 à 20 ans,pé structure lement. Le Fonds ne prend en 1981 riode grâce 4 pas de participation. à 5 ans élément o don:25 à 45% B.D.I.(5> Jeddah décembre $2,227 Prêts, participa sans intérêt Toutes o- Limité aux pays musul B.Is.D. 1973 opération dont tions opérations mais participa pérations mans ou la communauté nelle en juillet $899,5 leasing assistan tion de la Ban renforçant Islamique dans les 1975 souscrits ce technique que aux profits 1'autono pays non musulmans Le solde financement des de l'entreprise mie col doit être échanges entre lective des souscrit pays musulmans pays isla a décidé miques le sommet de Taif début 1981 (6) B.A.D.E.A Khartoum $231 Financement de novembre $392 projets moyens et de 2 à 7% Limité aux pays afri 1979 en 1975 petits en coopé période de cains non arabes ration avec d'au remboursement tres institutions de 11 à 25 ans. régionales et in ternationales de financement (7) F.A.T.A.A Ligue Arabe $25 Prêts. Savoir intérêt 15?. financement Réservé aux pays Tunis faire techno période de de la ba africains non arabes. Janvier 1974 logique grâce 3 ans lance des avant rembour paiements sement (8) F. P.A.A. B.A.D.E.A. $200 prêts aux impor intérêt 1% rem assistance répartie Mars 1974 tations de pétro boursement 15 entre pays suivant le ans. période le niveau antérieur grâce 10 ans d'importation de élément don : pétrole. 71 %. (9) ESPANEP F.A.D.E.S. $ 80 Prêts aux impor intérêt nul, juin 1974 tations de pé remboursement trole 10 ans après période de grâce de 10 ans, O élément don:80$ ON O U")

F.S.0.(l0> Vienne 1976 $4,000 Prêts sur projets de 0$ à 7% Financement 'ays en développe- transformé environ Prêts programmes remboursement de la ba nent en F.O..D.I. de 10 à 20 ans. lance des période de grâce paiements. en 1980 moyenne de 4 ans santé énergie agriculture transports communication industrie éducation

F.M.A.(ll) Abou Dhabi $975 Financement des Prêt à court Renforcement Réservé aux pays 1976 balances de paie et moyen terme de la coopé arabes. ments n'excédant pas ration entre Les prêts sur 12 7 ans. entre 5 pays arabes mois ne doivent pas et 6$ pour 3 et le dévelop excéder le double ans.intérêt va pement de la de la souscription lable suivant région. du pays. un certain nom bre d'éléments

F.D.I.(12> Jeddah $3,000 infrastruc Pays et communau 1981 ture tés islamiques industrie tout ce qui stimule le développement f.a.d.e.a}3* Abou Dhabi $542 Projets intérêt 3-4,5% infrastructu Les prêts ne peuvent juillet 1971 augmenté Prise de partici charge au titre re1 industrie excéder 50 % du à $1,084 pations. du service 0,5$ tourisme coût total du pro en 1979 Autres formes période rembour agriculture jet ou 10$ du ca d'assistance sement 11-19 tout ce qui pital du Fonds. ans. période de stimule le En général est ré grâce 2 à 4 ans développement servé aux besoins élément don : économique en devises des seuls 29 à 48$ arabe projets. Dans certaines con ditions la limite de 50$ peut être levée. (1) F.K.D.E.A. Fonds Koweïtien pour le développement économique Arabe. (K.F.A.E.D.) (2) F.S.-D. Fonds Séoudien de développement (S.F.D.) (3) F.I.D.E. Fonds Irakien pour le développement externe (I.F.E.D.) (4) F.A.D.E.S. Fonds Arabe pour le développement économique et social (A.F.E.S.D.) (5) B.D.I. Banque de développement Islamique (I.D.B.) (6) B.A.D.E.A. Banque Arabe pour le développement économique de l'Afrique (A.B.E.D.A.) (7) F.A.T.A.A. Fonds d'assistance technique Arabo-Africain (A.F.T.A.F.) (8) E.P.A.A. Fonds d'assistance pétrolier Arabo-africain (A.F.O.A.F.) (9) ESPANEP Fonds spécial pour les pays Arabes non exportateurs de pétrole (S.F.A.N.O.C.) (10) F.S.O. Fonds spécial de l'OPEP (O.S.F.) (11) F.M. A. Fonds monétaire Arabe (A.M.F.) (12) F.D.I. Fonds de développement Islamique (I.D.F.) (13) F.A.D.E.A. Fonds d'Abou Dhabi pour le développement économique Arabe (A.D.F.A.E.D.0

Sources Rapports des divers Fonds, Middle east économie surveys, divers numéros. - Middle east économie digest numéros spéciaux. Banker. Euromoney, divers numéros. OPEC Bulletin, divers numéros, etc.. A. Sid Ahmed, "Les agences arabes de développement et la coopération Sud-Sud", communication présentée au colloque de Milan, fév. 1983, sur le thème : The rôle of the Arab Fund's in the World Economy. "

O 511

2'2« Tentative d'évaluation de l'aide dite arabe au Tiers-Monde depuis 1973

Tenter d'évaluer le montant exact de l'aide arabe aux autres pays en voie de développement relève d'une entreprise difficile pour ne pas dire hasardeuse. Si les contributions arabes aux organisations inter nationales, aux institutions régionales et nationales sont connues parce que recensées et publiées, d'autres concours financiers bénéfi ciant à de nombreux pays sont soit sous-estimés, soit simplement igno rés parce qu'opérés avec une extrême discrétion. Il s'agit dans ce cas d'aide à la Balance des Paiements et à la Trésorerie Générale qui chemine par le canal des Ministères des Finances des pays donateurs et dont le secret est souvent soigneusement gardé (l). C'est donc avec beaucoup de prudence que nous abordons cet aspect de la question. Nos estimations sont basées sur les données fournies par trois sources, retenues sur base de la crédibilité de leurs infor mations, le sérieux de leurs travaux et l'expérience dont elles dispo sent en matière de collecte de données : - Le FADES (fonds arabe pour le développement économique et social) qui assure le secrétariat de coordination de l'aide arabe. - L'O.C.D.E., "les rapports du CAD" faisant le point annuellement sur l'ensemble des apports financiers bénéficiant aux P.V.D. - La CNUCED. "Manuel de statistiques du commerce international et du développement" publié chaque année. Tout en présentant certaines contradictions, ces sources n'en relèvent pas moins l'effort entrepris par les pays arabes pétroliers depuis 1973 en matière d'aide au développement. Il n'est sans doute pas inutile de passer en revue les contribu tions arabes aux institutions financières internationales avant d'examiner les montants d'aide bilatérale et multilatérale fournis di-

(l) On ne connaît pas, par exemple, le montant, même approximatif, de l'aide libyenne et algérienne , à l'exception, évidemment, de leur contribution aux organismes régionaux et internationaux. De même les montants avancés par les pays du Golfe en matière de coopéra tion bilatérale doivent toujours être considérés avec beaucoup de prudence. Ils sont en deçà de la réalité. 512

rectement aux pays en voie de développement par les Etats arabes pé troliers .

2.2.1. Contribution des pays_arabes_pétroliers aux_institutions_finan-

cières internationales

Pour certaines institutions financières internationales, les con tributions des pays arabes exportateurs de pétrole ont pu être re censées à différentes époques et sont données par le détail suivant : a) Mécanisme pétrolier du FMI au cours de l'année 1974 • La plu part des pays du Tiers-Monde ,importateurs de pétrole, ont vu leurs termes de l'échange se dégrader considérablement sous l'effet conjugué de la forte hausse des prix du pétrole et de l'augmentation persistan te des prix des biens et services en provenance des pays industriels. Le recours aux emprunts étrangers ont été le principal moyen de faire face à ce renchérissement des coûts. La facilité pétrolière du FMI, instituée en 1974, devait être l'une des sources de financement du déficit des balances de paiements des pays du Tiers-Monde qui ont subi les effets néfastes de l'augmen tation du brut de 1973-74. Cette facilité a cessé en 1975- Les pays membres de l'OPEP, sensibles aux reproches qui leur étaient adressés d'avoir par la forte hausse des prix du pétrole con trarié les espoirs de développement des plus pauvres, ont décidé d'a cheminer aux pays du Tiers-Monde une aide à des conditions douces par le canal du FMI et de la Banque Mondiale. Une part importante de cette aide a été fournie par les contri butions arabes au mécanisme pétrolier du FMI. On rappellera, pour mémoire, les principales caractéristiques de

ce mécanisme : *) Le montant des ressources qu'un pays pouvait tirer sur la fa cilité pétrolière dépendait de son déficit en pétrole : ces déficits étaient calculés au moyen d'une formule basée sur l'augmentation du coût des importations du pétrole, avec cer taines marges.

#*)' La facilité pétrolière de 1974 comportait deux conditions : - la première était que le pays bénéficiaire s'abstenait de nouvelles restrictions sur le commerce et les transactions courantes ou d'intensifier les restrictions existantes) 513

- la deuxième était la nécessité de collaborer avec le Fonds. En plus, on espérait que le pays formulerait une politique énergétique. Cette facilité n'exigeait pas l'envoi d'une mission du Fonds dans le pays concerné. La facilité pétrolière de 1975, en plus des deux conditions de celle de 1974, exigeait aussi les conditions relatives à la première tranche de crédit. ***) La période de remboursement allant de 3à 7 ans, les pays qui ont tiré sur le mécanisme pétrolier de 1975 avaient jusqu'en 1982 pour rembourser les tirages sur cette facilité. Le taux d'intérêt pour la facilité pétrolière de 1974 variait entre 6,875 et 7,125 %et, pour la facilité pétrolière de 1975, entre 7,625 et 7,875 %selon la période de remboursement qui s'étalait de trois à sept ans. De plus s'ajoutait une commission unique de 0,5 %. Soulignons que la facilité pétrolière de 1975 a bénéficié d'un compte de subvention, ramenant le taux d'intérêt payé par les pays bénéficiaires de 7,75 à 7,25 %en moyenne. Sur un total de 6 902.43 millions de DTS d'emprunts du FMI pour financer son mécanisme pétrolier, les pays arabes ont contribué pour 3 055.5 millions de DTS, soit 44,2 %du total des ressources.

S.'agissant du compte de bonification, seule l'Arabie Séoudite en tant que pays arabe a contribué pour 40 millions de DTS sur un total de 156,44 millions de contributions reçues au 30 avril 1981. b) Mécanisme de financement supplémentaire du FMT La facilité de financement supplémentaire a été créée le 29 août 1977 et est devenue opérationnelle le 23 février 1979. Elle entend aider les Etats membres du FMI qui font face à un besoin sérieux de financement de déficit de balances de paiements, d'un montant et d'une durée qui dépassent largement les possibilités offertes dans le cadre des tranches ordinaires de crédit. Cette facilité supplémentaire est de loin plus rigoureuse que celle du mécanisme pétrolier puisqu'elle ne peut être utilisée qu'en vertu d'un accord de confirmation d'un an ou en vertu d'un arrangement élargi de trois ans. 514

L'utilisation des ressources de cette facilité est donc assujet tie aux politiques habituelles du FMI qui ont trait à la conditionna nte, à l'échelonnement et aux critères de performance. Les achats effectués au titre de la facilité supplémentaire sont repayables par versements semestriels égaux, commençant au plus tard dans trois ans et demi et se terminant au plus tard sept ans après l'achat.

Un pays peut obtenir jusqu'à 140 %de sa quote-part au FMI de ressources au titre de la facilité supplémentaire. Comme pour le mécanisme pétrolier, le FMI a complété ses ressour ces ordinaires pour financer son mécanisme de financement supplémen taire auprès de treize membres du Fonds et de la Banque Nationale Suisse. Ces bailleurs de fonds s'étaient engagés en 1979, aux termes des accords d'emprunt conclus avec le FMI à fournir l'équivalent de 7.8 milliards de DTS qui prendraient la forme de financement supplé mentaire. Dans ce total, les pays arabes ont contribué pour 2.484 millions de DTS, les autres pays de l'OPEP pour 720 millions de DTS, le reste, soit 4 58O millions,étant prêté par les pays occidentaux (1). Le plus important bailleur de fonds de ce mécanisme a été l'Ara bie Séoudite suivi des Etats-Unis (1 450 millions de DTS).

c) Fonds Fiduciaire du FMI Créé en mai 1976 et géré par le FMI, le Fonds fiduciaire avait fourni, à des conditions de faveur, une aide à la balance des paie ments aux pays du Tiers-Monde, non seulement aptes mais admis à rece voir cette aide. Les ressources du Fonds fiduciaire proviennent prin-

(1) Rapport annuel du FMI, 198l. 515

cipalement des bénéfices réalisés sur la vente,- au cours d'une période de quatre ans, de 25 millions d'onces d'or au profit des pays du Tiers-Monde membres du FMI. Les bénéfices résultant des ventes d'or effectuées dans le cadre du programme qui a pris fin avec la vente par adjudication de mai 1980 se sont chiffrés à 4-6 milliards de dollars E.U. dont 1.3 mil liard a été distribué directement à 104 pays du Tiers-Monde, membres du Fonds (l). Cependant, sept pays membres de l'OPEP -Arabie Séoudite, Emirats Arabes-Unis, Irak, Libye, Koweit, Qatar et Venezuela - transféraient irrévocablement la totalité de leur part de bénéfices au Fonds fidu ciaire, afin d'accroître les ressources dont disposerait ce Fonds pour acorder une aide sous forme de prêts. Pendant une période d'environ quatre ans, qui a pris fin le 31 mars 1981, date du dernier versement des prêts, le Fonds fiduciaire a prêté au total 2.9 milliards de DTS. L'aide du Fonds fiduciaire sous forme de prêts, à l'appui de pro grammes d'une durée de douze mois visant à rajuster la balance des paiements aux conditions applicables aux demandes d'achat dans la pre mière tranche de crédit, devait être dispensée pendant deux périodes de deux ans (76-78, 78-81). Le taux d'intérêt payé sur les prêts avait été fixé à 0.5 % et la période de remboursement s'étalait sur dix ans, y compris six années de grâce. Le transfert sous forme de dons des pays arabes au Fonds fiduciaire s'est élevé au total à 58.2 millions de dollars E.U. (Tableau 7) Contributions des pays arabes membres de l'OPEP au Fonds fiduciaire du FMI (En millions de dollars E.U.)

Pays arabes Montants

Arabie Séoudite 21.30 Emirats Arabes Unis 2.37 Irak 17.31 Lybie 3.80 Koweit 10.35 Qatar 3.16 Total 58.29

Source : Fonds de l'OPEP, Rapport d'activité/1982

(1) Rapport annuel du FMI 1982 516

d) Accords d'emprunts du FMI avec l'Arabie Séoudite A la fin de l'année 1980, a eu lieu une augmentation des ressour ces ordinaires du Fonds de 50 %dans le cadre de la septième révision générale des quote -parts qui a porté leur montant total à 6l mil liards de DTS environ, afin de permettre au FMI de financer une nou velle politique d'accès élargi de crédit aux pays du Tiers-Monde dont les besoins en financement ne cessaxeuc de s'agrandir et trouvaient de moins en moins de prêteurs. Dans ces conditions, l'accès d'un pays aux ressources du FMI pouvait atteindre, pendant une période de trois ans, 150 %de sa quote-part par an, sans pour autant que les avoirs du Fonds en la monnaie du pays considéré ne dépassent pas 600 %de sa quote-partj ce montant ne comprenait pas l'encours des achats effec tués dans le cadre des mécanismes spéciaux. Or justement, dans le cadre de ces mécanismes spéciaux, nous avons vu que les pays arabes avaient financé, en complément des ressources du Fonds : - 3 055.5 millions de DTS dans le cadre du mécanisme pétrolier - 2 484 millions de DTS dans le cadre du mécanisme de financement supplémentaire - 58.20 millions de dollars E.U. à titre de dons au Fonds fiduciaire. Nous rappelons que ces derniers prêts et dons ont été effectués du rant la deuxième moitié des années 70. A partir des premières années 8C, le Fonds a conclu de nouveaux emprunts pour financer les opéra tions relevant de la nouvelle politique d'accès élargi. Dans le cadre d'un plan d'emprunt portant sur 6 à 7 milliards de DTS par an, pendant les trois années suivantes, le Fonds a signé un accord le 7 mai 1981 avec l'Agence Monétaire de l'Arabie Séoudite (SAMA), au titre duquel il pouvait emprunter à celle-ci un montant pouvant atteindre 4 milliards de DTS par an en 1982 et en 1983 et le cas échéant, un montant supplémentaire en 1984. C'est à partir de cet accord de mai 1981 que la politique d'accès élargi aux ressources du Fonds est devenue opérationnelle et l'Arabie Séoudite a effective ment fourni 8 milliards de DTS jusqu'en fin 1984. Notons qu'à part 1' Arabie Séoudite, le Fonds avait conclu en 198l des accords d'emprunt à court terme (à moyen terme avec la SAMA) d'un montant global de 1.3 milliard de DTS avec des banques centrales de pays industrialisés (1).

(1)"Finance et Développementd", décembre 1981. 517

Au 30 avril 1984, le Fonds avait conclu quatre nouveaux accords d'emprunt à court terme pour un montant total de 6 milliards de DTS avec la SAMA, la BRI, le Japon et la Banque Nationale de Belgique. L'accord avec l'Arabie Séoudite qui porte sur un montant de 1.5. mil liard de DTS prend la forme d'un supplément à l'accord conclu en 1981. Il apparaît ainsi clairement que l'Arabie Séoudite est devenue l'un des principaux bailleurs de fonds du FMI car, indépendamment des mon tants importants qu'elle a prêtés, sa quote-part au Fonds est passée respectivement de 1 040.1 millions de DTS en 1.9,80 (1.74 %du total des quotes-parts) à 2.100 millions de DTS en 1981 (3.5 %) et à 3 202.4 millions de DTS en 1984 (3-59 %du total) après qu'ait eu lieu la huitième révision générale des quote -parts (1). Elle devient, à ce titre, le cinquième pays membre le plus impor tant en pourcentage des guotes -parts après les Etats-Unis, la RFA, la France et le Japon mais avant le Canada, l'Italie et les Pays-Bas et le premier bailleur de fonds du FMI au titre de ses emprunts. La po sition prépondérante de l'Arabie Séoudite au sein du FMI revêt assu rément un 6ens. En dehors de l'aide fournie directement par le canal de ses ins titutions nationales (Fonds Saoudien de Développement, Ministère des Finances) ou ces institutions multilatérales arabes ou en majorité arabes ,(BID, FODI, etc..) dans lesquelles elle est elle-même majoritaire, la contribution financière de l'Arabie Séoudite va es sentiellement au Fonds Monétaire International, puis à la Banque Mon diale et accessoirement à d'autres institutions de financement (BAD, FAD, PNUD, FIDA, PAM, etc.).

e) Contribution des pays arabes à la Banque Mondiale et ses filiales Ces contributions ont pris la forme de souscriptions et de res sources supplémentaires à l'IDA (filiale de la Banque Mondiale) et de prêts à la BIRD dans le cadre de ses opérations d'emprunts sur mon naies swaps.

(1) "Financial Times", 25 mars 1985. 518

(Tableau 8) Souscriptions et ressources supplémentaires effectuées par les principaux pays arabes exportateurs de pétrole à l'IDA (filiale de la Banque Mondiale) au 30 juin 1984

En millions de dollars E.U.

Pays Montants En % du total

Emirats Arabes Unis 136.46 0.47 Koweit 508.54 1.74 Arabie Séoudite 903.88 3.09 Algérie 4-55 0.02 Irak 0.87 insignifiant Oman 0.37 insignifiant Lybie 1.14 0.01

Total 1 555.81

Source : Banque Mondiale, Rapport annuel 1984

(Tableau 9 ) Emprunts à moyen et long termes et opérations swaps sur monnaies de pays arabes exportateurs de pétrole de la BIRD au 30 juin 1984

Monnaie d'origine Montants en milliers de dollars E.U.

Dinars du Koweit 242.785 Dinars Lybiens 101.333 Dinars E.A.U. 40.861

Total 384.979

Source : Banque Mondiale, Rapport annuel 1984

Sur la base de ces données, les contributions arabes se sont élevées, au 30 juin 1984,à 1 941 millions de dollars E..U.

f) Contributions à d'autres institutions internationales L'un des apports les plus remarquables a été, inconstestablement, celui concernant le FIDA (Fonds International pour le Développement Agricole) auquel les pays de l'OPEP ,notamment arabes, ont contribué pour environ de moitié aux ressources de fonds. 510

(Tableau 10 :Versements des pays arabes membres de l'OPEP au FIDA au 3i.i2.i982 (en millions de dollars E.U.)

Pays arabes Montants

Algérie 25-58 Arabie Séoudite 157-37 Emirats Arabes Unis 42.18 Irak 20.00 Koweit 92.04 Lybie 20.00 Qatar 22.98

Total 380.15

Source : fonds de l'OPEP, Rapport de 1982

Ce montant ne représente que les décaissements des pays arabes sur un total de versements de 549-62 millions de dollars, alors que les engagements des pays de l'OPEP annoncés au profit des ressources initiales et de la première reconstitution s'élèvent à 88l millions de dollars, sans compter un don de 20 millions de dollars. A la fin de 1984, le total cumulé de l'assistance financière fournie par le FIDA, sous forme de prêts et de dons, avait atteint 1 842 millions de dollars E.U. Le nombre de ses bénéficiaires était de septante-sept pays du Tiers-Monde. Enfin, s'agissant du Fonds Africain de Développement (FAD), la Lybie, l'Arabie Séoudite, les Emirats Arabes Unis et le Koweit ont contribué, au 31.12.79, pour 78.7 millions de dollars. Concernant la Banque Africaine de Développement, les contributions arabes se sont élevées respectivement à : - 10,8 millions de dollars E.U. pour les Emirats Arabes Unis à fin 80 - 96,8 millions de dollars E.U. pour l'Arabie Séoudite à fin 83 - 49,3 millions de dollars E.U. pour le Koweit à fin 82 - 46,4 millions de dollars E.U. pour la Lybie à fin 83 - 68,7 millions de dollars E.U. pour l'Algérie à fin 83.

Source : OCDE, fonds spécial de l'OPEP, 1985. 520

Tableau n° 11 : Aide concessionnelle des pays arabes pétroliers (l) aux organisations multilatérales en 1984 et I985

Organisations 1984 1985

Institutions et Fonds des N.U. 42,4 43,4 dont : PNUD 4,9 4,5 PAM 22,2 31,3 UNRWA 7,5 3,4 Autres 7,8 4,2

Autres organisations 340,9 265,2

FIDA 51,9

BIRD - 1,6 IDA 230 198,2 BAD 7,1 20,8 FODI 51,5 44,6

Institutions arabes 317,0 301,6

FADES 170 163,7

BADEA -

B.Is.D. 115,2 100,9 Autres 31,8 37,0

Total 700,3 610,1

Source : OCDE, rapport CAD, 1987

L'exposé des contributions arabes aux institutions financières internationales met en exergue le rôle joué par les pays arabes du Golfe, et à leur tête l'Arabie Séoudite, sur la scène de l'aide inter nationale au développement. Ces pays se trouvent à l'origine de plus

(1) Ces pays sont les suivants : Algérie, Irak, Koweit, Libye, Qatar, Arabie Séoudite, EAD. Seuls l'Arabie Séoudite et le Koweit se distinguent dans ce groupe. A eux seuls, ces deux pays ont repré senté 75 %des contributions des pays arabes pétroliers aux orga nisations multilatérales en 1985. 521 de 90 %de l'aide bilatérale et multilatérale (1) octroyée à des con- ditions libérales par les pays de l'OPEP aux autres pays en voie de développement et aux organismes internationaux. Examinons à présent le volume de l'aide octroyée par les pays arabes depuis 1973.

2.2.2. Volume de l'aide arabe

Il n'existe pas un montant exact de l'aide octroyée par les pays arabes depuis 1973- Son estimation diffère selon les sources. Si nous nous fions à l'OCDE (2) et à la CNUCED (3), l'aide arabe se si tuerait à la fin de 1985 autour de 60 milliards de dollars. Si par contre nous considérons les données du FADES (Fonds Arabe pour le Dé veloppement Economique et Social) (4), les concours financiers à con ditions libérales au profit des pays du Tiers-Monde, auraient dépassé à la fin de 19&3 le cap de 80 milliards de dollars. La différence en tre ces deux estimations peut être attribuée à deux éléments : - Le FADES, en sa qualité d'organisme chargé de la coordination de l'aide arabe, a sans doute accès à des informations qui demeurent inaccessibles à d'autres organismes (OCDE, CNUCED etc.). - Nous savons, par ailleurs, qu'une partie de l'aide bilatérale arabe transite par le canal de leurs Ministères des Finances et que ce type d'opérations est entouré d'une extrême discrétion et n'est, par conséquent, repris que rarement dans les publications officielles. Les sources arabes majorent, sans doute, les concours financiers totaux des pays pétroliers d'une estimation approximative de ces transferts via les Ministères des Finances. Ni l'OCDE, ni la CNUCED n'ont encore estimé ce type de transferts qui constituent, semble- (1) Il convient d'entendre par "aide multilatérale" celle octroyée à l'ensemble des organisations opérant dans le champ de développement. Outre la BIRD, le FMI, l'IDA, il convient d'ajouter les institu tions des Nations Unies (PNUD, PAM, URNWA...), les institutions à forte participation arabe (Fonds spécial de l'OPEP, le FIDA, la Banque Islamique de développement), les Banques régionales (BAD, BID) et les ionstitutions multilatérales exclusivement arabe (BADEA, FADES,...). (2) OCDE, Examen 1987 (rapport annuel du CAD) (3) CNUCED, op. cit. (4) FADES, rapport annuel, 198 6. 522

t-il, une part non négligeable dans les opérations relevant de la coo pération bilatérale. On citera à titre d'exemple le cas du Kenya qui a reçu selon les données contenues dans les annexes de la Banque Mondiale (l) des ap ports d'aide arabes non recensés ni par la CNUCED ni par l'OCDE. Ce pays a bénéficié, au 31.12.1982, d'une aide de l'Irak (30 millions de dollars) et de l'Arabie séoudite (44,6 millions de dollars) qui ne fi gurent ni dans les publications de la CNUCED (2), ni dans celle de l'OCDE. Sans vouloir rentrer dans une querelle de chiffres, nous ne te nons compte pour l'évaluation de l'aide arabe que des données fournies à la fois par l'OCDE et la CNUCED. Il va de soi que ces deux organis mes disposent non seulement de meilleurs dispositifs statistiques et de l'expérience nécessaire en matière de collecte des données, mais leurs publications font autorité dans le domaine qui nous intéresse. Selon l'OCDE , l'aide concessionnelle des pays arabes a to talisé à la fin de 1985,74,165 milliards de dollars, soit 96,3 %de 1 'APD totale octroyée par l'ensemble des pays de l'OPEP. (3)

(1) Banque Mondiale : Kenya Country Economie Mémorandum, 1983. (2) La CNUCED vient justement de procéder à des arrangements avec le Fonds Spécial de l'OPEP pour recenser et publier chaque année les aides à la Balance des Paiements fournies par les pays membres de l'OPEP. (3) OCDE "Examens" 1984, 1985, 1986, 1987. 523

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Les données fournies par l'OCDE diffèrent sensiblement de celles de la CNUCED; alors que cette dernière n'estime l'aide arabe au Tiers- Monde qu'à 62,049 rj-lliards de dollars à la fin de 1983, l'OCDE estime cette aide à 66,133 milliards à la fin de cette même année. Si nous ajoutons à ce total les contributions arabes opérées en 1984 (4045 millions de dollars) et en 1985 ( 3622 millions de dollars) on aboutit à une aide qui a totalisé en treize ans (73-85) 74,160 milliards de dollars (OCDE, rapport CAD 1987). (Voir tableau n° 13). Les contributions des autres pays de l'OPEP (Iran, Nigeria et Venezuela) sont négligeables. Elles représentent, en 1984, à peine 3,1 % de l'ensemble des apports concessionnels cumulés opérés par les pays de l'OPEP depuis 1973. (Voir tableu n° 14). Tableau n" 13 : Aide concessionnelle des pays arabes membres de l'OPEP (en millions de dollars).

1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 Pays du Golfe

Koweit 335 631 956 731 1302 993 970 1140 1154 1168 1006 1018 749 Qatar 93 185 317 180 170 95 282 286 248 139 U 13 -2 Arabie Séoudite 1103 2066 2665 2916 2909 5215 3971 5775 5575 3910 3661 3315 2646 Emirats Arabes Unis 285 510 1046 1028 1076 887 968 1052 800 395 364 43 58

Sous-total 1816 3392 4983 4856 5457 7191 6192 8252 7777 5612 5042 4389 3452

Autres donneurs arabes

Algérie, Libye, Irak 236 616 558 237 242 299 1053 1322 519 220 166 16 170

Total 2052 4008 5541 5093 5199 7490 7245 9574 8396 5832 5208 4405 3622 : Total pays arabes 74.160 milliards de dollars.

Tableau n° 14 : Aide concess ionnelle des donneurs non arabes membres de l'OPEP (en millions de dollars).

Donneurs non aralbes 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

Iran 2 408 642 751 162 231 -20 -72 -141 -193 15 -171 Nigeria 5 15 14 80 51 27 29 34 143 58 35 51 45 Venezuela 18 55 31 131 24 98 110 124 66 125 141 90 32

Sous-total 25 479 687 945 238 356 120 86 68 -10 190 141 -94

Total OPEP 2077 4487 6228 6038 5937 7846 8365 9660 8364 5832 5398 4545 3528

Source : OCDE, Rapport "Examen" 1987.

On 526

L'aide arabe a totalisé donc, à la fin de 1985, 74,160 milliards de dollars et a bénéficié pratiquement à l'ensemble des pays en voie de développement. Si nous ne considérons que les flux bilatéraux con cessionnels des pays arabes à destination des pays du Tiers-Monde, on constate que la répartition géographique de l'aide arabe s'est faite par exemple en 1984 de la manière suivante :

(graphique n° 3) Répartition géographique des flux bilatéraux conces sionnels des pays arabes en 1984 (en pourcentage du total).

14,00%

30,00% Afrique

Asie

Amérique Latine 6,00% Non spécifié 50,00%

Il ne s'agit dans ce graphique que des flux dits bilatéraux en pro venance des pays arabes. EL convient, pour avoir une idée juste de cette répartition au niveau mondial de tenir compte des contributions arabes aux organismes multilatéraux au niveau régional et internatio nal. Concernant l'Afrique , il convient par exemple de prendre en con sidération les concours de certaines institutions multilatérales fi nancées par les pays arabes à ce continent (B.A.D.E.A., F.A.D.E.S., B. .D., F.S.O., etc.).

(l) L'Asie absorbe environ la moitié des concours bilatéraux arabes. Ce continent comprend, outre les pays arabes, principaux bénéfi ciaires de l'aide arabe (Jordanie, Syrie, Liban), des pays comme l'Inde, le Pakistan et le Bangladeshs traditionnellement favorisés par les concours financiers des pays du Golfe. 527

Il ressort des tableaux 13 et 14 que ce sont les pays du Golfe qui do minent l'aide arabe. Deux pays l1Arabie Séoudite et le Koweit sont à l'origine de 82 % de l'aide en provenance de la région arabe et de 79,4 %de l'aide de l'OPEP. C'est dire le rôle que jouent les pays arabes du golfe non seulement sur la scène de l'aide de l'OPEP, mais aussi sur la scène de l'aide internationale. Si nous prenons les dix dernières années on constate que l'Arabie Séoudite occupe,depuis 1975, la deuxième position sur la liste des dispensateurs de l'aide au ni veau mondial, juste après les Etats Unis et avant l'ensemble des pays industrialisés membres du CAD et du CAEM (URSS comprise).

(Tableau n° 15 ) Les dix premiers dispensateurs de l'APD au niveau mondial en 1983 (en millions de dollars)

Pays Montants absolus Etats Unis 7660 Arabie Séoudite 3936 Japon 3562 RFA 3241 France (non compris DOM/TOM) 2660 URSS 2461 -"-en 1985, l'Arabie Royaume Uni 1756 Séoudite passe à Canada 1350 la quatrième posi Pays-Bas 1258 tion derrière les Koweit 1000 USA, le Japon, la France et 1'Aile- Source OCDE ,1984 (Examen) magne-

Pendant deux années consécutives (1980 et 1981) l'aide fournie par les quatre pays du Golfe réunis (Arabie Séoudite, EAU, Koweit et Qatar) a dépassé en chiffre absolu celle octroyée par les Etats Unis,

comme le montre le tableau suivant :

(Tableau n° 16) Comparaison APD, Etats Unis pays du Golfe(en millions de $)

1980 1981 1984 1985

Les 4 pays du Golfe 8252 7777 4342 3452 Etats Unis 7138 6125 8711 3403 Source OCDE, 1984-1985 1987 "Examen"

Ces quatre pays furent à l'origine de 21,7 %de l'APD dispensé au niveau mondial en 1980 et de 21.2 %en 198l. Ce pourcentage a par la suite baissé : il s'est situé en 198 5à environ 12 ^.^ Que repré- jenter^_çes_j»j_s__ojov_sont_à_l'origine d'une part importante de l'APD (1) La chute des produits pétroliers explique cette baisse. 528

ir.ondiale, dans la balance économique du monde? Le PNB combiné des quatre pays du Golfe représente à peine 5,5 % de celui des Etats Unis, 12,5 % de celui de l'URSS, 14 %de celui du Japon, 33 %de celui de la France et n'arrive même pas à 50 %de celui d'un pays comme l'Italie dont les apports à titre d'aide publique au développement n'ont représenté que 2,3 %de l'APD mondiale en 1985. (1). Cette comparaison permet de situer l'effort entrepris par les pays arabes pétrolier, depuis 1973, sur la scène internationale de l'aide au développement. Cet effort s'apprécie davantage lorsqu'on rappelle que ces pays font partie du monde en développement et à ce titre ils ont tous leurs problèmes qui sont logiquement prioritaires, ne serait-ce que parce que l'essentiel, sinon l'entièreté de leurs re venus est tiré de l'exploitation d'une ressource non renouvelable, le pétrole. Cependant rares sont les pays du Tiers-Monde qui n'ont pas béné ficié à un moment ou à un autre d'une aide en provenance des pays ara bes ou des organismes qu'ils contrôlent.

2-3- La ventilation géographique de l'aide arabe

La prudence doit être de mise lorsqu'il s'agit d'examiner la ré partition géographique de l'aide bilatérale et multilatérale.arabe.

2.3.1. Ventilation de_l'aide bilatérale

Si les ventilations par région, voire par pays, des organismes multilatéraux (régionaux et internationaux) liés aux pays arabes sont connues, il n'en va pas de même en ce qui concerne les apports opérés sur le plan-dit bilatéral. L'ampleur des versements des pays du Gol fe, et surtout l'Arabie Séoudite, pour lesquels aucune ventilation par pays bénéficiaire n'est disponible, influe sur l'analyse de la ré partition géographique de l'aide bilatérale, non seulement des pays

(1) Le PNB combiné des quatre pays du Golfe se chiffrait en 1985 à 172,67 milliards de dollars répartis comme suit : Arabie Séoudite (111,10 milliards de dollars), le Koweit (32,84)} les EAU (23,72) et le Qatar (6,01 milliards de dollars). Voir ATLASECO, Atlas économique mondial, édition SGB, 1987. 529

arabes mais des pays de l'OPEP dans leur ensemble. Selon l'OCDE, environ un tiers de l'aide bilatérale de l'OPEP n'est pas ventilé géographiquement (1). Le rapport du CAD de 1985 estime la ventila tion géographique de l'aide arabe bilatérale comme suit :

(Tableau n° 17.) Principaux bénéficiaires de l'aide bilatérale des pays arabes de l'OPEP en 1983-1984 (Millions de dollars)

Versements bruts 1983 1984 Syrie 922 834 Jordanie 703 613 Bahrein 155 208 Yémen 201 183 Soudan 361 1.18 Autres pays arabes 440 259 Kenya 7 53 Sénégal 48 25 Tanzanie 44 12 Autres pays africains non arabes 216 217 Bangladesh 114 28 Autres pays d'Asie 224 237 Amérique, Europe, Océanie, 66 61 Non ventilé 369 1 392

Source : OCDE, rapport CAD, 1985

i) Il ressort de ce tableau que les pays arabes non exportateurs de pétrole sont les principaux bénéficiaires de l'aide bilatérale des pays pétroliers (51 % en 1984) sans tenir compte des sommes non ven tilées (32 % en 1984) dont une bonne partie leur a été sans doute destinée. La prépondérance des pays arabes non exportateurs de pé trole dans le programme d'aide des pays pétroliers ne doit pas nous étonner outre mesure. L'assistance octroyée à ces pays va de soi, compte tenu de la multiplicité des liens de toute nature (historiques, culturels, politiques, économiques et géographiques) et compte tenu aussi et surtout de considérations de stricte sécurité. Ainsi le sous développement économique et social et l'instabilité politique qui régnent dans la région arabe sont perçus comme un danger grave mena çant à terme les îlots de richesse que sont les Etats pétroliers. "L'assistance financière en stimulant le développement réduit, note

(1) OCDE, rapport du CAD, Examen 1984, p. 130 530 tentent de canaliser en leur faveur le puissant courant islamique. L'organisation de la Conférence Islamique (O.C.I.) créée à l'initia tive de ce pays ainsi que la mise sur pied d'une Banque Islamique de Développement et d'un Fonds de Solidarité Islamique traduisent la vo lonté et la détermination des Séoudiens de faire jouer à leur pays un rôle important dans le monde musulman. D'autres pays arabes expor tateurs de pétrole, mais dont l'aide reste relativement faible compara tivement aux pays du Golfe, inscrivent leur action en faveur des pays du Tiers-Monde dans une perspective du non alignement de renforcement du pouvoir de négociation du Sud et l'instauration d'un nouvel ordre économique international. Ces considérations jouent un rôle dans les politiques des pays comme l'Algérie, la Libye et l'Irak, beaucoup plus soucieux de la réforme du système économique mondial. ii) Si la ventilation des concours bilatéraux arabes est sujet à caution (la destination d'environ un tiers de ces concours n'est pas connue), il n'en va pas de même en ce qui concerne la répartition des flux multilatéraux octroyés par les organismes régionaux et interna tionaux liés aux pays arabes pétroliers.

2.3.2. y£ntilation_de_l^aide_octroyée_par_les organismes multilatéraux

L'examen de la ventilation géographique des concours financiers opérés par ces organismes illustre la dimension planétaire atteinte par l'aide arabe. Ainsi par exemple, l'aide octroyée par le Fonds Spécial de l'OPEP entre 1975 et 1985 (1) a bénéficié à une soixantaine de pays apparte nant à l'Asie, à l'Afrique et à l'Amérique latine. Le tableau suivant présente un récapitulatif d'interventions opérées par les quelques organismes multilatéraux liés aux pays ara bes.

(1) Les concours de ce Fonds ont totalisé entre 1975 et 1985, 852 millions de dollars. 531

Sid Ahmed, lès sources de tension et renforce donc la sécurité des Etats donneurs" (1). Dans le chef des pays bénéficiaires, une assis tance financière accrue éponge la contestation sociale et garantit la sécurité des régimes en place. -Outre ces considérations de stricte sécurité, le sous peuple ment (2) des pays pétroliers (ceux du Golfe notamment) les accule à coopérer avec des pays à main-d 'oeuvre abondante (Egypte, Jordanie, Tunisie etc... ). Des milliers de travailleurs en provenance des pays arabes sont aujourd'hui à pied d'oeuvre dans les pays pétroliers. -L'arme alimentaire agitée au début de la décennie 1970 par cer tains pays occidentaux a amené les pays pétroliers (souventdéserti ques) à investir dans la valorisation du potentiel de certains pays arabes comme la Syrie, le Soudan, le Maroc, la Somalie, etc.). -Les pays ayant une frontière avec l'Etat d'Israël (Syrie, Jorda nie, Egypte - du moins jusqu'en 1978 — et le Liban) auxquels il faudra ajouter depuis les six dernières années l'Irak (en guerre avec l'I ran) ont toujours bénéficié d'une aide particulièrement importante de la part des Etats pétroliers du Golfe. -L'aide octroyée à l'Asie et l'Afrique sub-saharienne (3) relève des mêmes considérations que les précédentes,même si les chuix politiques et religieux jouent dans ce cas un rôle important. C'est suite aux ruptures massives des relations diplomatiques des Etats africains avec Israè'l en 1973 que s'est instauré un programme d'aide à destination de la partie sub-saharienne du continent africain. Aujourd'hui, environ 10 %de l'aide bilatérale arabe sont destinés à l'Afrique au Sud du Sahara, sans compter les sommes non ventilées et surtout les concours des organismes régionaux (BADEA, FADES etc.) et internationaux (Fonds Spécial de l'OPEP, B. Is.D etc.) bénéficiant aux pays sub-sa hariens . Il est incontestable qu'en Asie (6 %des concours bilatéraux ara bes) et en Afrique sub-sahariënhe, des pays comme l'Arabie Séoudite,

(1) A. SID AHMED, Le rôle de l'OPEP dans le développement de la coopé ration interrégionale Sud-Sud, op. cit., p. 769. (2) Les pays du Golfe ne représentent même pas 10 % de la population de la région arabe mais ils sont à l'origine de plus de 55 %de son PNB. (3) L'aide à l'Afrique sub-saharienne fera l'objet du chapitre suivant, Tableau n° 18 : Récapitulatif d'intervention opéré par quelques organismes multilatéraux liés aux pays arabes

Organismes (1) Nb d'interventions Pays bénéficiaires Montant total (en millions de $')

Fonds spécial Tous les pays en voie de l'OPEP (FODI) 108 de développement au 1.252 (1975-1985) 31.12.1985. 9.0 pays ont bénéficié des prêts du FODI

Banque Islamique Pays musulmans (ou à fortes de Développement communautés musulmanes) (B. Is.D.) 96 1.450 membres de l'OCI* dont 17 Organisation de la 1976-1984 sont subsahariens. Conférence Islamique

Fonds Kowétien de Pays arabes jusqu'au dé Développement 146 but des années 1970. En (FKADEA) suite tous les pays en 3.800 I96I-I984 voie de développement africains et asiatiques notamment

Banque Arabe pour Pays africains non arabes 935 le Développement (43 pays) écon. en Afrique 94 (BADEA) 1975-1985 1 Source : FODI Rapport annuel 1986 - B.Is. D., Rapport annuel 1985 - FKADEA, Rapport annuel (en arabe)1985 BADEA, Dix ans de coopération arabo-africaine, Kartïïôum 1986. — OJ N> •II) Sur la date de création de ces organismes, ainsi que leur vocation et leurs conditions d'éligibilité, voir le tableau h° 533

Ce ne sont là que les.interventions de quatre organismes citées à titre d'exemple. Il y a lieu de rappeler l'importance des concours financiers effectués par d'autres institutions financées exclusivement par les pays arabes, tels que le FADES, la BADEA (l), sans oublier les interventions des organismes internationaux à forte contribution arabe tel le FIDA (2). L'aide arabe touche enfin les pays bénéficiaires par l'intermédiaire des institutions internationales à caractère financier tels la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International

Il ressort des développements qui précèdent que les pays arabes pétroliers ont déployé un effort considérable sur la scène de l'aide internationale au développement (74 milliards de dollars depuis 1973)• Cet effort apparaît difficilement soutenable à terme. Les importants excédents financiers qui ont rendu possible le maintien et la crois sance de cette aide depuis 1973 ne peuvent en aucun cas être considé rés comme un phénomène durable. La baisse enregistrée dans l'aide arabe et celle de l'OPEP de manière générale (graphique n°3 ) depuis 1982 s'explique par la situation que traversent actuellement les pays exportateurs de pétrole. C'est que cette situation a beaucoup changé avec le retournement du marché pétrolier au cours de ces trois derniè res années. Les revenus des pays de l'OPEP ont lentement baissé et les surplus courants ont fait place à un déficit global de 15 mil liards de dollars en 1982 et 1983 et de 20 milliards en 1984 (3). La chute spectaculaire des prix pétroliers intervenue au cours des six premiers mois de 1986 ne font qu'aggraver ce déficit et.par conséquent amener les pays pétroliers à reconsidérer leurs programmes d'aide aux

(1) Le cas de la BADEA, dont les interventions se font exclusivement en Afrique sub-saharienne sera examiné dans le deuxième volet du chapitre suivant. (2) Un tiers environ des ressources de ce fonds provient des pays ara bes pétroliers.

(3) Pour faire face à cette situation les pays de l'OPEP ont opéré des retraits dans les placements financiers cumulés depuis 1973. Ces retraits ont porté sur 18 milliards de dollars entre 1982 et 1984 en Grande Bretagne et sur 12 milliards entre 1983 et 1984 aux Etats Unis. Voir à ce propos : "Science et vie économique", n° 15, mars 1986. 534

Graphique n° 4

GraphiqueMI-r L'AIDE PAR GROUPES DE DONNEURS (APD aux prix ettaux dechange de1984)

36 APD TOTALE' ,"'\ / V / 3-1

32

30

28

26

2i

2?.

20

7' 7? ?3 74 75 76 77 78 '? C-J 81 82 63 o^ 65

Source : OCDE, rapport CAD,1987

-^^^ 535

autres pays en voie de développement (1). Ceci est d'autant plus pré occupant que la dépression persistante de l'économie mondiale ne per met guère d'envisager (du moins dans l'état actuel des choses) une re prise substantielle de la demande de pétrole en provenance des pays de l'OPEP. Si cette situation devait subsister, l'aide concessionnelle des pays arabes pétroliers au reste du Tiers-Monde aura de fortes raisons de se tarir et ceci à un moment où le monde industrialisé dans toutes ses variantes idéologiques semble de plus en plus indifférent aux problèmes qui accablent le Sud de la planète. l'aide arabe ne peut se substituer à celle octroyée par le monde développé. Ce n'est pas, du reste, sa fonction. La part de l'aide arabe dans l'APD mondiale (28 %en 1980, 23 %en 1981, 20 %en 1982 et 12% eh 1985), même si elle a enregistré une baisse au cours de ces trois dernières années, demeure un apport appréciable à de nombreux pays en voie de développement. Il est certes difficile d 'évaluer 1'impact de cette aide sur le plan international, faute de données crédibles et fiables. Nous dis posons, en revanche, en ce qui concerne la partie sub-saharienne du continent africain des données chiffrées nous permettant de procéder à un examen détaillé des concours financiers à cette région, à leur ré partition géographique et sectorielle et à leur impact réel sur lès économies des pays bénéficiaires (2). Cette étude de cas (Monde arabe - Afrique sub-saharienne) per mettra sans doute de situer l'aide arabe au Tiers-Monde dans sa véri table portée.

(1) Nous développerons cet aspect dans le chapitre consacré à l'éva luation et aux perspectives de la coopération arabo-africaine. (2) Nous devons ce travail de recensement à l'aide arabe à l'Afrique Sub-saharienne à la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA) qui, depuis sa création, a accompli une tâche gigantesque dans le domaine de la collecte des données concernant les flux financiers arabes bilatéraux et multilatéraux à destina tion africaine. - La Banque publie un rapport annuel qui fait le point sur l'aide arabe à 1'Afrique. CHAPITRE IV

LA COOPERATION FINANCIERE ARABO-AFRICAINE (Caractéristiques, volume et répartition géographique et sectorielle de l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne)

-Le contexte

La conjonction de deux éléments l'un économique et l'autre poli tique (augmentation du prix du pétrole en 1973 et rupture des rela tions diplomatiques par la majorité des pays sub-sahariens avec l'E tat d'Israël) sont à la base de l'instauration d'un programme de coo pération financière et économique entre le monde arabe et l'Afrique sub-saharienne. C'est lors du Vie Sommet arabe d'Alger de novembre 1973, que les chefs d'Etat arabes, satisfaits de l'attitude des Etats sub-sahariens sur le conflit du Moyen -Orient, décident de mettre sur pied les premières institutions destinées à renforcer les liens écono miques et financiers entre l'ensemble arabe et l'Afrique au Sud du Sahara (l). Depuis une série d'organisme ont été créés (FASAA (2) et FATAA (3) en 1973, et la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique, BADEA en 1975), et de multiples réunions ont eu lieu entre experts africains et arabes. Il a fallu toutefois attendre le premier sommet arabo-africain (Le Caire 7-9 mars 1977) pour mesurer l'impor tance de l'engagement arabe en faveur de la partie sub-saharienne du continent africain. Evénement majeur selon les uns, opération publicitaire selon les autres, cette conférence au sommet n'en a pas moins réuni trente chefs d'Etat, six vice-présidents, huit chefs de Gouvernement et seize mi nistres des Affaires Etrangères (4). Cette conférence qui devait jeter les bases d'une coopération économique et politique entre pays africains et pays arabes s'est achevée par la signature de cinq textes

(1) Sur les étapes de rapprochement se référer à la partie politique de ce travail. (2) Fonds arabe spécial d'aide à l'Afrique. (3) Fonds d'assistance technique aux pays arabes et africains. (4) Se référer à la partie politique de ce travail. 537

appelés à régir la coopération entre l'Afrique et le monde arabe (1). Dans le texte intitulé "Déclaration sur la coopération économique et financière" la Conférence décidait d'adopter, dans les domaines économique, technique et financier un programme global de coopération à long terme qui prévoyait un encouragement des institutions financiè res nationales et multilatérales à fournir des assistances techniques et financières aux études des quatre projets de développement proposés par la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA). Ces projets (non cités dans la déclaration), concernaient la création d'un réseau routier transafricain, l'évaluation des ressour ces naturelles par télédétection, la mise en oeuvre d'un réseau de té lécommunication à l'échelle du continent, et la création d'une banque de données spécialisée dans les statistiques et informations nécessai res à la réalisation des programmes de développement. L'annonce faite par l'Arabie Séoudite et d'autres pays du Golfe d'octroyer 1,46 milliards de dollars aux pays sub-sahariens, dont 11 millions de dollars aux mouvements africains de libération, a contri bué à la réussite des travaux de ce Sommet. Il a été convenu qu'une partie de cette aide (250 millions de dollars) serait rapidement mobi lisée : 180 millions de dollars pour la BADEA, 37 millions pour le Fonds Africain de Développement (FAD) et 33 millions pour les études de faisabilité. Le reste de l'apport financier, soit 1,2! milliard serait déboursé sur les cinq années suivantes. L'engagement le plus important avait été souscrit par l'Arabie Séoudite 1,002 milliard de dollars, dont 600 millions affectés au Fonds Séoudien de Développement (FSD), 400 millions distribués aux institutions financières arabo-africaines et 2 millions aux mouvements africains de libération.

(l) Nous rappelons, pour mémoire, les grandes lignes qui avaient été définies dans ce qu'il est convenu d'appeler la Charte globale de la coopération arabo-africaine. Le programme d'action indiquait que cette coopération sera globale et à long terme et intéressera les domaines politique et diploma tique, économique et financier, commercial, l'éducation et la cul ture, la science et la technique et l'information. (2) Voir annexe. 538

Tableau n° 1 : Engagements d'aide de pays arabes à l'Afrique décidée au Sommet afro-arabe du Caire (mars 1977) (en millions de dollars E.U.)

Pays donnateurs Projets de Mouvement de Totaux développement libération partiels

Arabie Séoudite 1 000 2 1 002 Emirats arabes unis 135 2 137 Egypte 1 1 Koweit 240 1 241 Lybie 2 2 Jordanie 1 1 Qatar 70 2 72

Total 1 445 11 1 456 Source : Ch. ZAR0UR, op. cit., p. 52 Quand on examine, sous l'angle de la coopération Sud-Sud le texte intitulé "Déclaration sur la coopération économique et financière" qui a été adopté par cette Conférence on reste impressionné par le nombre, le détail et la détermination qui se dégageaient des résolutions que les deux parties s'étaient engagées à promouvoir et à appliquer. Ce Sommet fut également celui de l'institutionnalisation de l'en semble des rapports arabo-africains (conférence des ministres des Affaires Etrangères, Commission permanente, Comité de coordination, Cour ad hoc de conciliation et d'arbitrage, groupes de travail et groupes spécialisés dans divers domaines) (1). Cependant, la volonté déclarée (certes sincère) des deux parties de mettre en valeur leurs ressources communes et de favoriser leur complémentarité naturelle dans une perspective solidaire n'a pas ré sisté aux multiples contradictions (notamment politiques) qui empoi sonnent les relations interétatiques au sein de chaque groupe et entre les pays des deux ensembles régionaux de manière générale (2).

(1) Se référer à la partie politique pour plus de détails. Rappelons pour mémoire que : - le Sommet afro-arabe se réunirait tous les trois ansj - la conférence des ministres des Affaires Etrangères (conseil des ministres) tous les dix-huit mois} - la commission permanente, tous les six mois. (2) Nous avons longuement analysé ces problèmes dans la partie politi que de ce travail. 539

Si cette coopération a buté sur des problèmes d'ordre politique, il n'en est pas de même en ce qui concerne les rapports d'ordre écono mique et financier. Ces derniers semblent avoir fonctionné à la sa tisfaction plus ou moins déclarée de tous (1). Examinons à présent cette coopération financière, ses mécanismes, son volume et sa répartition géographique et sectorielle. Avant d'a border l'analyse détaillée de ces aspects, nous aimerions faire trois précisions : - La première est un problème de définition. Le terme coopération fi nancière employé pour désigner l'ensemble des flux financiers des pays arabes vers les pays sub-sahariens a quelque chose de gênant. Le terme coopération suppose la définition en commun d'un certain nombre de projets et d'actions ayant des retombées bénéfiques pour les parties en présence. Or peut-on employer ce terme en ce qui concerne le monde arabe et l'Afrique sub-saharienne lorsqu'on sait qu'il ne s'agit, dans ce cas précis, que d'un transfert financier d'une partie vers une autre. L'emploi de ce terme est d'autant plus malaisé lorsqu'on sait qu'environ 80 %de ce transfert ont été ef fectués à des conditions libérales comportant un élément don dépas sant 75 %. Nous continuons néanmoins de parler de coopération, et ce.pour simple commodité de langage. - La deuxième précision concerne la nature des flux financiers ayant bénéficié à l'Afrique sub-saharienne entre 1973-1985. Contrairement au chapitre précédent (2) où nous n'avons pris en considé ration que les flux octroyés à des conditions libérales (flux dits concessionnels), nous considérons dans le cas des concours finan ciers arabes à destination de l'Afrique sub-saharienne, l'ensemble de ces concours, c'est-à-dire ceux octroyés aux conditions libérales (soit 80 %du total) et ceux octroyés à des conditions dites non libérales (soit 20 %du total). - La dernière précision est relative aux sources qui sont à la base de nos données chiffrées concernant les courants financiers arabes en faveur des pays africains. Outre les publications de l'OCDE, de la O) Se référer notamment aux témoignages d'une dizaine de chefs d'Etat africains publiés in "BADEA 1975-1984, dix ans de coopération ara bo-africàine, BADEA, KHARTOUM, SOUDAN, 1985, pp. 184-199. (2) Le chapitre qui précède a été consacré aux apports finan ciers dits concessionnels à l'ensemble des PVD. 540

CNUCED, il convient de consulter avec beaucoup de profit les documents émanant de la BADEA. Cette institution qui se veut l'instrument pri vilégié de la coopération économique et financière afro-arabe a accom pli en effet un travail considérable au cours de ces dernières années. Outre la publication d'un rapport annuel faisant le point sur les concours financiers arabes à l'Afrique au Sud du Sahara, la BADEA s'est employée à promouvoir une réflexion approfondie sur l'ensemble des rapports entre l'Afrique et le monde arabe. Cette institution s'est vu confier, enfin, par les présidents des fonds arabes, réunis au Koweit en avril 1977, la mission de coordonner l'aide arabe à l'A frique. Elle est devenue, à ce titre, l'interlocuteur privilégié d'un grand nombre d'organisations internationales opérant en Afrique. On citera à cet égard le nombre important de projets de développement cofinancés par la BADEA avec la Banque Mondiale et surtout avec cer tains organismes de la CEE, notamment le Fonds Européen de Développe ment (FED) et la Banque Européenne d'Investissement (BEI) (l). Les données chiffrées publiées régulièrement par cette Banque arabe opé rant exclusivement en Afrique sub-saharienne sont repris dans la plu part des travaux et commentaires concernant l'aide arabe aux pays africains. Nous nous basons essentiellement sur les données fournies par cette institution. Elles n'ont fait l'objet, du moins à notre con naissance, d'aucune contestation ni de l'OCDE, ni de la CNUCED, ni même des organisations régionales comme l'OUA.

1. Mécanismes et canaux de l'acheminement de l'aide arabe à l'Afrique

sub-saharienne

Les flux financiers bénéficiant aux pays sub-sahariens sont ache minés par une panoplie d'organismes nationaux, multilatéraux (financés exclusivement par les pays arabes, BADEA, FADES...) et internationaux (à forte contribution arabe, Fonds Spécial de l'OPEP, Banque islamique de développement, Fonds international de développement agricole etc). Il convient de distinguer les concours bilatéraux de ceux opérés au niveau multilatéral^

(l) Nous reviendrons sur ces opérations de cofinahcemeht. 541

- Les premiers transitent par des organismes nationaux (Fonds, Banques Nationales, Ministères des Finances etc.). Les plus impor tants de ces organismes sont le Fonds Kowétien de Développement Econo mique Arabe (FKDEA), le Fonds Séoudien de Développement (FSD) et le Fonds d'Abou Dhabi (FADEA). Les transferts effectués au niveau bila téral ont représenté environ 70 %des transferts totaux dont a bénéfi cié l'Afrique sub-saharienne entre 1973 et 1984. C'est dire la place qu'occupe ce type de transferts financiers dans la coopération écono mique et financière afro-arabe.

- Les concours financiers opérés au niveau multilatéral émanent d'organismes multilatéraux créés sous les auspices de la Ligue Arabe et dont les ressources financières sont exclusivement arabes et d'au tres institutions internationales à forte contribution arabe. Parmi les organismes qui méritent une mention spéciale, citons ceux créés sous l'égide de la Ligue Arabe au début des années 1970 : • La Banque Arabe pour le développement Economique en Afrique (BADEA) Créée en 1973 lors du Vie Sommet Arabe d'Alger, l'existence de cette Banque est devenue effective en janvier 1975. Son capital est aujourd'hui de 988 millions de dollars (1). L'objectif de la banque est de renforcer la coopération économique,financière et technique en tre l'Afrique sub-saharienne et le monde arabe. La banque encourage le développement économique par les prêts à long terme et incite les capitaux arabes à participer à des projets de développement économique (cofinancement notamment). La BADEA ne prête enfin qu'aux pays afri cains non membres de la Ligue arabe.

. Le Fonds Arabe Spécial d'Aide à l'Afrique (FASAA) Créé en 1973 en vue d'apporter une aide d'urgence à l'Afrique non arabe et en particulier pour alléger le poids du coût supplémen taire d'importation de pétrole , ce Fonds a été doté d'un capital de 200 millions de dollars. Le 20 mars 1976 la Ligue Arabe a confié la gestion administrative du FASAA à la BADEA.

(1) La dernière augmentation du capital a eu lieu en avril 1983. Elle a été de 250 millions de dollars. Le capital de la banque est passé alors de 738 millions de dollars à 988 millions de dollars. 542

• Le Fonds Arabe d'Assistance Technique aux pays Arabes et Africains (FATAA) Le Conseil Economique de la Ligue Arabe a décidé sa création en 1973 pour l'échange de l'assistance technique. Ce Fonds doté d'un ca pital de 25 millions de dollars a commencé ses activités en août 1975.

Outre ces organismes exclusivement financés par les pays ara bes, il convient de prendre en considération les flux de capitaux bé néficiant aux pays africains en provenance de certains organismes à forte contribution financière arabe déjà mentionnés (F.S.0.,Bis. D, FIDA...).(i) Il n'est sans doute pas inutile de rappeler (même si nous n'en tenons pas compte dans l'évaluation du volume total de l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne) que les contributions arabes aux institu tions financières internationales (B.M., FMI) et aux agences des Na tions Unies (F.A.O., UNESCO...) bénéficient aux pays africains par l'intermédiaire d'institutions dont l'organisation ne dépend pas des pays arabes (2). Il est pratiquement impossible de déterminer la part des prêts aux pays africains qui ont été financés par cette catégorie d'institutions à partir de sources arabes. Ne seront donc pris en considération, pour évaluer le volume to tal des flux financiers arabes en faveur des pays africains, que les concours bilatéraux émanant d'organismes nationaux et les concours opérés au niveau multilatéral par des organismes placés sous contrôle total ou partiel des pays arabes.

2. Volume et caractéristiques de l'aide arabe à l'Afrique sub-saha rienne (1973-1985)

2.1. Le volume de l'aide arabe bénéficiant aux pays africains

Au 31 décembre 1985, les courants financiers arabes bilatéraux et multilatéraux en faveur des pays africains se sont élevés à 9947,4

(1) F.S.O. (Fonds spécial de l'OPEP ou F.O.D.I.), B. Is. D. (Banque Is lamique de Développement), FIDA (Fonds International de Développement agricole). 543

millions de dollars, soit une moyenne annuelle de 765,2 millions de dollars de 1973 à 198 5- L'examen des concours financiers ayant béné ficié à l'Afrique pendant Cette période montre que la moyenne annuel le des engagements était de 633,4 millions de dollars en 1973-76, de 790 millions de dollars en 1977-1980 et de 828 ,3 millions en 1981-85.

Tableau n° 2 : Concours financiers arabes au bénéfice de l'Afrique de 1973 à 19.85

Période millions % du total de dollars (1973-1985)

1973-76 2613,7 2M 1977-80 3192,1 32,0 1981-85 4144,6 41,6 .

Total 9947,4 100

Sources: CAA/BADEA/DI/XVI juin 1987

Les données ci-dessus, relatives aux trois périodes de quatre ans commençant en 1973 et s-achevant er 1985 montrent une progression constante du flux d'aide puisque 26,4 des flux totaux (9947,4 millions de dollars) ont fait l'objet d'allocations entre 1973-76 contre res pectivement 32 % et 416 %pour les périodes subséquentes. Le ta bleau ci-dessus montre également qu'en chiffres absolus, les concours de la seconde période se sont accrus de 26 %par rapport à ceux de la première période et étaient inférieurs d'environ 29 %en comparaison de ceux de 1981-8 5. La moyenne annuelle des engagements de cette dernière période (828,3 millions de dollars) ne doit pas masquer le déclin des concours arabes en faveur de l'Afrique auquel on assiste depuis 1983. En ef fet, cette moyenne a été obtenue grâce aux engagements de 198l et 1982 qui se sont inscrits à un niveau jamais atteint et qui étaient respec tivement de 1239,4 et 1202,2 millions de dollars. En revanche en 1983 les concours arabes à destination des pays africains ont accusé une baisse d'environ 50 %par rapport à l'année précédente puisqu'ils 544

sont passés de 1204,2 millions de dollars en 1982 à 613,9 millions de dollars en 1983. Ils ont été maintenus à ce niveau par la suite, puisqu'ils n'ont totalisé en 1985 que 500 millions de dollars, soit une baisse de 18,5 % par rapport à l'année 1983-.. Oh as siste incontestablement à un déclin de l'aide arabe à l'Afrique sub- saharienne. Celui-ci est dû essentiellement à l'érosion qui frappe les revenus pétroliers des pays dispensateurs depuis 1983 (1). Les concours financiers arabes en faveur de la partie sub-sa;iarienne du continent africain demeurent toutefois importants et sans doute indis pensables à cette partie du monde. Mais pour apprécier l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne il conviendrait d'en souligner les caractéristiques suivantes :

2.2. Caractéristiques de l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne

Pour apprécier cette aide à sa juste valeur, le rappel de deux caractéristiques n'est sans doute pas inutile.

- La première est relative à la distinction à faire entre les concours financiers opérés au niveau de la voie bilatérale, et ceux acheminés par le canal multilatéral. Si l'on considère la période 1973-1985, on constate par exemple qu'environ 70 %des concours finan ciers ayant bénéficié à l'Afrique durant la période retenue ont tran sité par la voie bilatérale. Seuls 30 %de ces flux ont pris la voie multilatérale. Et qui dit voie bilatérale dit aide octroyée par di vers fonds nationaux des Etats dispensateurs (Fonds Séoudien, Fonds Kowétien, Fonds Irakien...). Nous sommes incontestablement dans le domaine de la coopération et des rapports dits d'Etat à Etat. Les fonds nationaux agissent sur base des directives émanant des sphères politiques dans leurs Etats respectifs. Nous savons que dans toute coopération bilatérale, il n'y a pas que des considérations stricte ment économiques qui interviennent pour établir ou renforcer certaines relations. Dans le cas de certains pays arabes, les considérations extraéconomiques (politiques, religieuses, stratégiques..,) façonnent incontestablement leur action et le choix de leurs partenaires non

(1) Nous reviendrons sur cet aspect dans le chapitre consacré aux perspectives de la coopération afro-arabe. 545

seulement en Afrique sub-saharienne, mais dans le reste du Tiers-Mon de . Qui dit donc bilatéralisation de l'aide dit aussi sa condi tionnante, sa liaison et les pays arabes n'échappent, nous semble-t- il, pas à cette réalité. Certes cette conditionnante n'est pas éco nomique (i), mais elle relève du politique, du religieux et du straté gique suivant les intérêts du pays dispensateur de l'aide.

Tableau n° 3

Total des engagements arabes en Afrique (1973-1985* Année

bilatéraux multilatéraux total (en millions de $)

1973-76 1548 1066 2614 1974-80 2280 912 3192 1981-85 2834,4 1298 4141,4

Total 6671,4 3276 9947,4

Source BADEA, 1987.

L'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne transite essentiellement par la voie bilatérale. C'est là une caractéristique qui nous frappe et qui mérite d'être retenue parce que nous y reviendrons dans le chapitre consacré aux réalisations et perspectives de la coopération afro-arabe.

- La deuxième caractéristique de l'aide arabe aux pays africains réside dans le fait que celle-ci est octroyée à des conditions, nous semble-t-il, avantageuses. Les engagements de la période 1973- 1985 ont été souscrits à hauteur de 80 %(soit 7957,9 millions de dol- liI£i_à^onditions_JJ.J)_ér^J_es_._ Le reste 1985,5 millions de dollars,

(l) Comme c'est le cas dans l'aide octroyée par les pays développés Voir le 1er chapitre de cette partie. 546

soit 20 %du total (9947,4) l'a été à des conditions non libérales. Ajoutons que l'aide octroyée à conditions libérales comporte un élé ment-don moyen, pour la période considérée, d'environ 78 % (1).

Graphique h° 1 Condition d'octroi de l'aide araber à l'Afrique sub-saharienne (1973-1986)

20,00% .^"^ #1989.8 f @ Conditions F ***** •• •• -fe^**.* i-**j/,^ r .. >ï ^ libérales §1 Conditions non £* 7957'9J88f libérales

gg8^80,00% total engagement : 9947,4 millions de$ 1 Source BADEA : rapport 1987.

L'essentiel de l'aide arabe aux pays africains est accordé donc à des conditions libérales. Ceci revêt,nous semble-t-il, une significa tion importante d'autant plus qu'à l'inverse de l'aide en provenance des pays développés, les transferts arabes s'appuient, non sur des flux technologiques et industriels, mais sur un capital en diminution constante, en l'espèce les revenus du pétrole.

3- La répartition géographique et sectorielle de l'aide arabe

Pour apprécier l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne, il con vient aussi d'examiner sa ventilation sur le plan géographique et sectorielle. Cette aide a-t-elle bénéficié à l'ensemble des pays africains? Sa répartition sectorielle a-t-elle suivi les priori tés retenues par les plans de développement africain? C'est à ces

(1) OCDE, rapport 198.6 547

deux questions que nous allons tenter de répondre dans cette secti on.

3-1. La répartition géographique de l'aide arabe

Il ressort de l'examen de la répartition géographique de cette aide que l'ensemble des pays sub-sahariens ont bénéficie des concours financiers en provenance des pays et institutions arabes. Les pays éligibles à l'aide arabe sont en fait les pays africains membres de l'OUA et non membres de la Ligue Arabe (tableau n° 4). Ces pays sont aujourd'hui au nombre de quarante et un et s'éten dent sur 18,11 millions de Km2, soit 63 %de la surface du continent africain (1). Si l'on écarte le Nigeria qui compte à lui seul envi ron 90 millions d'habitants et qui, en raison de son potentiel écono mique et financier n'a pas figuré jusqu'ici parmi les bénéficiaires de l'aide arabe (2), c'est vers environ 270 millions d'habitants que s'achemine essentiellement l'aide arabe au Sud du Sahara. Une des caractéristiques de cette région est qu'elle est probablement le moins développée du Tiers-Monde et la plus dépendante par conséquent de l'aide internationale (tableau n° 4). Le PNB moyen par habitant y était de 450 dollars en 1985. Autour de cette moyenne des rapports de 1 à 10, voire de 1à 20 et même de 1à 30 (Tchad 130, Gabon 4250 dollars) sont courants. Notons enfin que vingt-trois des quarante et un pays figurent dans la liste des pays les moins avancés (PLMA) recensés par les Nations Unies/sont africains et ont mi PNB/ habitant inférieur à400 dollars. Selon la Banque Mondiale et l'OCDE, parmi les vingt-sept pays en voie de développement ayant plus que dou blé leur PNB par habitant entre i960 et 1982, trois seulement appar tiennent à l'Afrique sub-saharienne (NigeriaJ^esotho et Botswana) (3).

(1) Les pays africains membres de la Ligue Arabe ne sont pas éligibles a l'aide de certaines institutions multilatérales arabes, exemple: la BADEA. . v (2) Ce pays finance lui-même un mécanisme d'aide géré par la BAD. (3) OCDE, rapport CAD, 1985. 548

Tableau n°

Part de laide de toutes provenances, en valeur nette. dans le PNB, en pourcentage 1983/83 1970/71 Cap-Vert» Guinée-Bissau* ...... 58.0 Mauritanie 40.8 0.2 Tchad» .'.'.'.'.'.'. 25.3 7.0 Somalie* '.'.'.'.'.'. 24.9 9.5 Gambie* .... 24.3 9.0 Mali» '.'.'.'.'.'.'. 22.2 4.6 Jordanie ..'..'' 21.0 9.1 Djibouti* 20.1 12.7 Burkina Faso* 18.6 32.6 Ilesdu Pacifique 17.8 7.6 Lesotho* .... 16.1 12.1 Niger* '.'.'.'.'.'.'. 15.7 12.6 Papouasie Nouvelle-Guinée 15.5 9.3 République Centrafricaine* 14.1 22.3 Tanzanie* 13.9 8.1 Botswana* 13.7 4.3 Burundi' 13.6 17.5 Togo* 12.9 8.3 Sénégal 12.6 6.9 Yémen démocratique* 12.4 5.6 Libéria ....'.'.' 12.3 Seychelles 11.9 3.9 Guyane 11.5 29.2 Bangladesh* 11.1 6.5 Soudan* 10.8 Rwanda* ..'' 10.8 0.4 Malawi* ..'...... ".'.'' 10.0 10.5 Yémen* !!!' 9.3 10 6 Sri Lanka 9.2 6.5 Haïti* ... 9.1 2.7 Népal* .... 8.5 1.7 Bel'" •-....'.'.'.'.'.'.'.' 8.4 2.7 Bhoutan* ... 8.3 11.0 Bénin* ...... '.'.'.'.. \ [ 8.2 2.0 Zambie '.'.'' 8.0 8.4 Madagascar 7.8 1.1 Kenya ! .' '' 7.8 5.3 El Salvador . 7.7 3.8 Zaïre ...... '. 7.1 1.3 Costa Rica ...... 7.0 5.3 Sierra Leone* .... 6.9 1.6 Honduras 6.5 2.1 Jamaïque ...'.'.'' 6.5 2.5 Ethiopie* .'.'.''' 6.3 1.2 Syrie 5.9 2.4 Israël ....' 59 0.8 Swaziland .....'.'.'.'.".'' 5.3 1.1 Birmanie .'.'..'' 5.3 3.3 Congo .'.'.'' 5.2 I.S 5.1 S.8 Har: • indique In payi les maint ,„nofi.

Source 0CDE,rapport 1984 549

Tableau n° 5

Répartition par sous-périodes deB courants financiers arabes bilatéraux et multilatéraux en faveur des pays africains 1973-3,985 («n S»)

Pays bénéficiaire 1973-76 1977-80 1981-85 Total

Angola _ 26,8 24,9 51.7 Bénin 14.7 33,6 51,9 100,2 Botswana 5.4 37,3 52,5 95,2 Burkina-Faso 34,2 101,3 196,2 331.7 Burundi 18.2 58.2 92,0 168,4 Cameroun 110,9 97,6 114,1 322,6 Cap Vert 23,3 26,8 66,0 116,1 R. Centrafricaine 11,6 6,2 34,0 51.8 Comores 21,5 73,5 52,7 147,7 Congo 61,1 57,0 50,5 168,6

Cftte-d'Ivoire 57,0 1.0 •**• •"• 149,4 Ethiopie 22,1 5.3 18.5 45.9 Gabon 88,4 49,1 12,3 149,8 Gambie 18,2 64,1 36,9 119.2 Ghana 123,3 60,5 144,2 328.0 Guinée 118,4 488,1 221,8 828.3 Guinée-Bissau 14,5 56,4 59,4 130,3 Guinée Equatoriale 16,7 1.5 10,2 28,4 Kenya 94,1 233.8 105,0 432,9 Lesotho 4,7 27,1 15.2 47,0 Libéria 5.6 44,5 8,3 58,4 Madagascar 46,1 107,1 59.5 212.7 Malawi 4,5 1.8 1.0 7.3 Mali 179,7 155,4 227,9 563,0 I. Maurice 12.7 10,1 44,9 67,7 Mozambique 33.7 54.1 b0.9 138,7 Niger 49,3 195,0 298,9 543,2 Nigeria 0,1 2,1 0.1 2.3 Ouganda 201,0 105,3 116,3 422,6 Rwanda 32,6 54,5 45,1 132,2 SaS Tomé-et-Principe 11.2 3.4 7.5 22,1 Sénégal 202,7 176,5 395,6 774,8

Seychelles - 25,2 44,2 69,4 Sierra Leone 37,8 29,4 76.0 143,2

Souaziland 8,4 - - 8.4

Tanzanie 110,6 117,2 120,0 347,8 Tchad 85,4 57,2 31,9 174,5 Togo 11.9 22,0 50,0 83.9 Zaïre 353.0 85,0 10,0 448,0 Zambie 161,7 133,3 260,5 555,5 166.7 Zimbabwe - 5.5 161,2 Afrique rton ventilé 207,4 302,3 182,1 691,8

Total 2613,7 3192,1 4141,6 9947,4

Source BADEA rapport annuel 1987 550

Il ressort du tableau n°4 que sur une cinquantaine de pays en voie de développement dépendant de l'aide internationale, une trentaine sont situés au Sud su Sahara. Mais ce qui est frappant à la lecture de ce tableau c'est que cette dépendance s'est accrue de manière considé rable durant la décennie 1970. Exprimée par le rapport Aide/PNB, la part de l'aide de toute provenance dans le PNB des pays africains dé passe 20 %dans le cas de six pays sub-sahariens, elle se situe même au-dessus de 40 %dans le cas du Cap Vert et de la Guinée-Bissau en 1982/83 alors qu'elle n'était que de 0,2 %pour ce second pays en 1970-71. C'est dire la place qu'occupe l'aide internationale dans la survie tant économique que politique de certains pays sub-sahariens. Ceci étant dit, il importe aussi, pour apprécier l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne, de distinguer l'Afrique de l'Ouest de celle de l'Est. Une fois cette distinction sous-régionale faite, il con vient de préciser la part de l'aide arabe ayant bénéficié aux pays les plus démunis des deux sous-régions (les vingt-trois pays PLMA) dont ceux du Sahel notamment . La répartition sous-régionale des courants d'aide arabe totaux (1973-1985) montre une orientation plus prononcée des capitaux arabes vers l'Ouest du continent. Aussi par exemple, 56,6 %de l'ensemble des concours financiers octroyés par les pays arabes à l'Afrique de 1973 à 1985 se sont acheminés vers l'Afrique de l'Ouest contre 40,9 % à l'Afrique de l'Est et 3,5 %aux organismes régionaux (graphique n°2). La part élevée de l'Afrique de l'Ouest dans ces transferts s'explique sans doute par le fait que cette partie du continent comprend les pays les plus démunis du continent à savoir les pays du Sahel. Encore faut-il rappeler que hormis le Sénégal, les six autres pays du Sahel sont classés aussi comme PLMA. Les PLMA ont bénéficié d'une attention particulière de l'aide arabe. Cette catégorie de pays, qui sont aujourd'hui au nombre de vingt-trois,ont absorbé environ 50 % des concours financiers arabes dont a bénéficié l'Afrique au Sud du Sahara entre 1973 et 1985 (ta bleau n° 6). Au sein de ce groupe, les pays du Sahel au nombre de sept ont absorbé à eux seuls 64 % des concours ayant bénéficié aux PLMA et environ 32 %de ceux ayant bénéficié à l'ensemble des pays sub-sahariens (tableau n° 7). 551

Graphique n° 2 Répartition sous régionale de l'aide arabe à l'Afrique (en millions de dollars. 1973-1985)

oragnismes régionaux

Total de l'aidé :9974,4 millions de dollars

Source : BADEA, rapport 1987.

J-l J-l f4_* |_Lj_L_i mil. gri'É^H^rit

l-taLD^T-hr, '•'''' J_L_i_

Pays les moins avancés (PLMA) au nombre de 23 pays dont 7 pays du Sahel (50 %de l'aide arabe 73-85) 4~»-|r^:x fcH Reste des pays subsahariens (50 %de l'aide ' ^ arabe 73-85)

Source :BADEA, rapport 1987. 552

Tableau n° 6

Courants financiers arabes en faveur des pays africains les moins avancés 1973-1985.

(en $ m)

Conditions Conditions Pays bénéficiaire 1973-76 1977-80 1981-85 libérales non Total libérales

Bénin 14,7 33,6 51,9 77,3 22,9 100,2

Botswana 5.4 37,3 52,5 76,2 19.0 95,2

Burkina-Faso 34,2 331,7 101,3 196,2 331,7 -

Burundi 18,2 58,2 92,0 156,5 11.9 168,4

Cap Vert 23,3 26,8 66,0 116,1 - 116,1

R.Centrafricaine 11,6 6,2 34,0 42,8 9.0 51,8

Compres 21.5 73,5 52,7 141,7 6.0 147,7

Ethiopie 22,1 5.3 18,5 45,0 0,9 45,9

Gambie 18,2 64,1 36,9 118,8 0.4 119,2

Guinée 118,4 488,1 221,8 734.2 94,1 828,3

Guinée-Bissau 14,5 56,4 59.4 120,3 10,0 130.3

Guinée Equatoriale 16.7 1,5 10,2 25.6 2.8 28,4

Lesotho 4.7 27,1 15,2 44,0 3.0 47,0

Malawi 4,5 1.8 1.0 2.8 4.5 7.3

Mali 179,7 155,4 227,9 538,6 24,4 563,0

Niger. 49,3 195,0 298,9 522,3 20,9 543,2

Ouganda 201,0 105,3 116,3 315,4 107,2 422,6

Rwanda 32,6 54,5 45,1 130,8 1.4 132,2

Sa*5-Tomé-et- Principe 11,2 3,4 7,5 18,1 4,0 22,1

Sierra Leone 37,8 29,4 76,0 131,5 11,7 143.2

Tanzanie 110,6 117,2 120.0 269,7 78,1 347,8

Tchad 85,4 57,2 31,9 149,2 25,3 174,5

Togo 11.9 22,0 50,0 78.9 5,0 83.9

Total 1947,5 1720,6 2131,9 4387,5 512,5 4900

Source : BADEA, rapport 1987. 553

Tableau n° 7 Les flux financiers arabes bénéficiant aux pays du Sahel (1973-1985) (en millions de dollars)

Pays 1973-76 1977-80 1981-84 condition condition total libérale non libérale

Burkina- 34,20 101,3 196,2 331,7 - 331,7 Faso Cap Vert 23,3 26,8 88,0 116,1 116,1 Gambie 18,2 64,1 46,9 118,8 0,4 119,2 Mali 179,7 155,4 227,9 538,6 35,4 574,0 Niger 49,3 195,0 298,9 522,3 31,9 554,2 Sénégal 202,7 176,5 445,6 707,9 77,9 785,8 Tchad 85,4 57,2 ••51,9 149,2 25,3 174,5 Sahel Non ventilé 15,2 195,2 197,6 408,0 - 408,0

TOTAL 608,0 971,5 1552,0 2961,6 170,9 3131,5

Source BADM DI.XVI,1987.

Il ressort des tableaux 6 et 7 que les apports arabes recensés à la fin de 1985 se caractérisaient par une concentration sur les pays et les régions les plus démunis : 32 %environ sont allés aux pays du Sahel (à l'exclusion de la Mauritanie) et 50 % aux PLMA, encore qu'il soit nécessaire de rappeler que six pays du Sahel sont classés comme PLMA. D'autre part, étant donné que 80 %des apports arabes sont accor dés sous forme d'APD et que la moitié des concours financiers a béné ficié aux pays les plus démunis, la maxime selon laquelle "on ne prête qu'aux riches" a, nous semble-t-il, du mal à se justifier.

3«2. La répartition sectorielle de l'aide arabe

Il ressort de l'examen de cette répartition que l'aide-projet a absorbé 62 % environ des apports financiers totaux ayant bénéficié à l'Afrique sub-saharienne entre 1973 et 198 5. Cette aide liée aux pro jets a concerné un certain nombre de réalisations dans les domaines suivants : transport et communication, agriculture, Construction, énergie, industrie extractive et industrie manufacturière. Au chapitre 554

de l'aide dite hors-projet (c'est-à-dire non liée à la réalisation de certains projets) qui a absorbé plus d'un tiers de l'aide arabe aux pays sub-sahariens (38 %du total) on constate que le poste intitulé "soutien aux balances des paiements" a absorbé à lui seul 50 % de l'aide dite non liée aux projets et 20 %de l'aide arabe totale aux pays africains (tableau n° 8).

3.2.1. Ljiide_dite hors-rprojet

On retient de cette répartition que plus du tiers de l'aide arabe a répondu à des besoins pressants et urgents des pays africains no tamment en matière de soutien aux balances des paiements et d'aide programme. Cette assistance a également financé les besoins sociaux du programme relatif à la consolidation d'institutions financières et de coopération technique (tableau n° 8). Si on classe les postes figurant dans le tableau n° 8 (abstrac tion faite de la catégorie dont ils font partie), on constate que le soutien aux balances des paiements représente le poste le plus impor tant de l'assistance financière arabe (20,4 %du total). Ceci s'ex plique sans doute par le souci des pays arabes pétroliers d'alléger la facture pétrolière des pays africains d'une part, et se justifie , nous semble-t-il aussi, par l'état de déficit permanent de la balance des comptes courants que connaissent ces pays d'autre part. Dans les pays africains ce déficit est passé de -13 millions de dollars en 1980 à - 14 milliards de dollars en 198.I. Il s'est par la suite maintenu à des niveaux élevés : -12,5 milliards de dollars en 1982, - 9,4 mil liards de dollars en 1984 et - 16 milliards de dollars en 1986 (1). Ce déficit continu représentait successivement 46 #,33 %,52 %, 46 %, 32 %et 61 %de la valeur des exportations des pays africains (biens et services) pendant les années 19&0, 1981, 1982, 1983, 1984 et 1986.

(1) Rétrospective économique mondiale FMI 1987. Notons au passage que la CEA ( Commission Economique pour l'Afri que) estime le déficit des comptes courants des pays africains, pour 1986, à -21,5 milliards de dollars, voir "Le Courrier"' n° 107, 1988, p. 87. ' 555

Tableau n° 8 Déficit de la balance des comptes courants par rapport au montant des exportations ,1981-85 (en milliards de dollars) Cas des pays africains

Année (l)Déficit de la balance (2)Volume des taux des comptes courants exportations (1/2)

1981 14,0 43,4 33 % 1982 12,5 23,7 52 % 1983 10,8 23,3 46 % 1984 9,4 26,0 32 % 1985 11,5 25,0 46 % 1986 16,0 26,0 61 %

Ce déficit permanent des comptes courants des pays africains est la résultante de la dégradation de la balance commerciale et de la balance des services des pays de l'ensemble de la région au cours de ces dernières années. - Le déficit de la balance commerciale a été en moyenne de l'or dre de - 5 milliards de dollars par an durant la période 1980-85 contre une moyenne annuelle de -2,7 milliards de dollars pendant les années 1977 à 198O5 ce qui signifie que ce déficit s'est accru dans la proportion de 100 % entre ces deux périodes (l). Cet accroissement est imputable à plusieurs facteurs, dont notamment : i) La stagnation, voire la régression constante des ex portations africaines depuis 1982, qui sont tombées de 43 milliards de dollars en 198I à24 milliards de dollars en 1982 , puis à 23 milliards de dollars en 198 3 , avant de se redresser à hauteur de 26 milliards de dollars en 1985 et 1986. ii) La détérioration des termes de l'échange au détri ment des pays africains} ces termes ont enregistré un développement

(1) Voir à ce propos "Rétrospective Economique Mondiale", F.M.I., étu de ponctuelle 19.86., Tableau n° 22, p. 191. (2) Voir ce qui précède, notamment le 1er chapitre de cette partie. 556 et à - 8,5 %en 1985. Cette situation est due au recul des prix des principales exportations africaines (matières premières agricoles et minières).

- Le deuxième élément dans les changements négatifs enregistrés par la balance des comptes courants des pays africains, réside dans la balance des services. Ce type de transaction traduit la charge de la dette extérieure et partant le degré de dépendance des pays concernés par rapport à l'extérieur, en matière d'investissements, de capitaux publics ou privés. Il fait ressortir aussi le besoin de ces pays en expertise étrangère, en technologie importée et par là-même l'ampleur de l'extraversion des économies de ces pays vis-à-vis des pays dé veloppés. En ce qui concerne les pays africains, la balance des services était négative :- 7,8 milliards de dollars en 1980} - 7,7 milliards de dollars en 198l, - 7,0 milliards de dollars en 1983, - 7,7 mil liards en 1984. Ce déficit représente 60 % du déficit total de la balance des comptes courants en 1980} 50 %en 198lj 65 % en 1983 82 %en 1984 et 85 %en 1985 (l). Comment expliquer cet important déficit? Le principal élément explicatif réside sans doute dans les transferts financiers relatifs au service de la dette publique et privée, c'est-à-dire les intérêts qui grèvent cette dette et accablent les économies africaines (2). Il suffit pour s'en convaincre de rappeler qu'entre 1979 et 1981, le ser vice de la dette, s'est accru dans la proportion de 66 %, passant de 1,2 milliard de dollars à 2 milliards de dollars, avant de passer de 3milliards de dollars en 1982 et à 15 milliards de dollars en 1986 (3). Cet accroissement du service de la dette extérieure africaine est dû naturellement à l'envolée de la dette publique et privée des pays africains ( 118,0 milliards de dollars en 1986) et est imputable

(1) "Rétrospective Economique Mondiale", op. cit., p. 191. (2) Pour d'amples développements sur le problème de l'endettement, non seulement de l'Afrique mais du Tiers-Monde dans son ensemble, voir le premier chapitre de cette partie. (3) Ce dernier chiffre figure dans "Le Courrier", n° 107, Janv.-Fév. 1988. (4) Notons au passage que la dette africaine a plus que doublé en l'espace de trois ans, passant de 56,4 milliards de dollars en 1983 à 118 fin 1986. 557

également aux conditions d'emprunt sans cesse plus dures imposées aux pays africains débiteurs. Voilà qui explique et justifie sans doute que plus d'un tiers de l'aide octroyée par les pays arabes et leurs institutions aux pays africains entre 1973 et 1985a été destiné à des opérations de soutien aux balances des paiements. Seulement le déficit des pays africains ne résulte pas des relations économiques et financières de l'Afrique avec le monde arabe, mais plutôt des rapports déséquilibrés qui ré gissent les relations entre la partie sub-saharienne du continent africain et le monde développé. Dans ces conditions, on peut se de mander si l'aide arabe à la balance des paiements, si nécessaire soit- elle, n'est pas en fin du compte une aide aux pays développés de l'hé misphère nord.

3.2.2. LJaide-projet

Il s'agit ici d'aide liée à la réalisation de projets dans le do maine de l'infrastructure et agricole notamment. Cette aide qui a totalisé 6130,7 millions de dollars, soit 61,7 %de l'assistance to tale arabe à l'Afrique a concentré son action sur deux domaines pré cis : Transport et communication d'une part et l'agriculture d'autre part. Le poste transport et communication a absorbé à lui seul 31,3 % du concours destiné à l'aidé-projet et 19,4 %de l'ensemble de l'as sistance financière arabe à l'Afrique. La part de l'agriculture a été respectivement de 29,2 %et de 18,1 %(tableau n° 10). La construction et l'énergie ont été également privilégiées dans le programme d'aide arabe puisqu'elles ont absorbé respectivement 8,5 %et 7 % du total de l'aide arabe. Le secteur industriel a cons titué, quant à lui, le parent pauvre de l'aide aux projets (tableau n° 10). La question que nous nous posons à la lumière de cette réparti tion sectorielle est de savoir si l'aide arabe a répondu aux priorités du continent dans différents secteurs? Pour répondre à cette question nous avons choisi d'illustrer notre réponse en nous limitant à l'ac tion menée par la BADEA en matière de ventilation de ses aides par secteur. 558

Tableau n° 9

Répartition des courants financiers arabes par secteur d'activité ' (1973 - 198 S)

en $ a en %

«130,7 à) Aide projet: 61,7 1878,9 Transport et communications 19.4

1756,4 Agriculture 18,1

Construction 849,5 8,5

Energie 705,4 7.0

Industries extractives 5.8 600,9

industries manufacturières 2,9 329,6

b) Aide hors-projet: 38,3 3816,7 Balance des paiements 20,4 1969,6 Services sociaux 5,6 584,3 Programme d'aide 4.9

502,0 Institutions financières 3,5

Coopération technique 374,7 2,2

Tourisme et commerce 248,6 1.5

Total 9947,4 100,0

Source BADEA, 1986. 559

3-2.2.1. Cas de la BADEA

Cette institution qui se veut l'instrument privilégié de la coo pération financière arabo-africaine a été créée, rappelons-le, en application; des résolutions du Sommet arabe d'Alger de novembre 1973. Seuls les pays africains membres de l'OUA et non membres de la Ligue Arabe sont éligibles à ses concours financiers. La Banque a pour ob jectif de renforcer la coopération économique, financière et technique entre les pays africains et les pays du monde arabe. A cette fin, la Banque est appelée à exercer les fonctions suivantes (1) : i) contribuer au financement du développement économi que des pays africainsj ii) encourager la participation des capitaux arabes dans le développement de l'Afriquej iii) contribuer à l'apport de l'assistance technique nécessaire au développement en Afrique. La Banque dont les activités n'ont débuté qu'en 1975 est considé rée aujourd'hui comme l'un des instruments précieux de financement de développement au Sud du Sahara. Le capital souscrit de cette Banque s'élève au 31 décembre 1984 à 988,25 millions de dollars et 1' écrasante majorité des pays sub-sa hariens ont bénéficié de ses prêts (2). Ceci étant rappelé, examinons à présent la manière dont s'est ef fectuée la répartition par secteur d'activité des concours de cette institution, et voir si cette répartition est conforme aux priorités des économies africaines. Comme pour l'ensemble de l'aide arabe les interventions de la BADEA sont à classer sous deux catégories : il y a d'abord 1'aide-pro- jet;celle liée à la réalisation des projets dans les domaines de l'infrastructure, de l'agriculture et de l'industrie et celle dite d'urgence, c'est-à-dire ponctuelle (surtout des opérations de soutien

(1) Extraits de l'accord général portant création de la BADEA signé au Caire le 18 février 1974. (2) 2 pays seulement sur les 41 que compte l'Afrique sub-saharienne n'ont pas été concernés par le concours de la BADEA. Il s'agit du Nigeria et du Gabon. 559

aux balances de paiements) (1). L'aide aux projets a absorbé 75,4 %des concours financiers opé rés par cette banque en faveur des pays africains entre 1975 et 198 5, soit 704,8 millions de dollars d'un total de 935 ,7 millions de dollars d'engagements au Sud du Sahara. Le reste, 230,9 millions de dollars soit 24,6 %des concours totaux a été accordé sous forme d'aide d'ur gence. Il s'agit surtout dans ce cas des aides à la balance des paiements accordées sur les ressources du FASAA (Fonds Arabe Spécial d'Aide à l'Afrique) dont la gestion a été confiée en 1976 à la BADEA.

Tableau n°10 Répartition sectorielle des prêts de la BADEA (1975-1985) (en millions de dollars)

Secteur Montant Pourcentage

Aide-projet

- infrastructure 348,7 ' 38,3 % - agriculture 160,8 17.1 % - industrie 116,9 12.2 % - énergie 78,4 7,8 %

704,8 75,4 % Aide d'urgence

- Balance des 226,0 24,2 % Paiements - Assistance 4,9 0,4 % Technique 230,9 24,6 %

Total 935,7 100 %

Source: BADEA DI, XVI, 1987

3.2.2.1.1. La IJS&titiSIL.lEt!j.^Ç.Ç.Î.ÇK^A^'aide-proJet de la BADEA Comme le montre le tableau n° 10 l'aide-projet semble avoir cana lisé l'essentiel de l'aide de la BADEA aux pays sub-sahariens. Les engagements de cette institution ont couvert quatre grands secteurs :

(1) Concernant cette deuxième catégorie, la BADEA donne très peu de de détails. Nous pensons que les opérations de soutien aux Balan ces des Paiements absorbent une bonne partie de l'aide dite d'ur gence . 560

- infrastructure 38,3 %des engagements - agriculture 17,1 %des engagements - industrie manufacturière 12,2 %des engagements - énergie 7,8 # des engagements.

a) Les infrastructures La BADEA a participé entre 1975 et 198 5 à la réalisation de 42 projets dans 27 pays africains. Les concours de la Banque (348,7 mil lions de dollars) ont permis de couvrir 13 %du coût total des dits projets, lequel s'est monté à 2,6 milliards de dollars. Dans le cha pitre des réalisations dans ce secteur, il convient de citer(1): ~ 20 projets routiers , concours de la BADEA : 165,9 millions de dollars, soit 17 %du coût total. - Construction, agrandissement et modernisation des infrastructures aéroportuairesj 6 projets concours de la BADEA 37,2 millions de dol lars, soit 20 % du coût total. - Les ports : le soutien de la BADEA à l'extension et la réhabilita tion des ports a porté sur 5 projets. Ces projets ont reçu 45,3 millions de dollars, soit 16,4 %du coût total. - Les barrages : la BADEA a participé au financement de deux projets importants (barrage Selingué au Mali et barrage de Kpong au Ghana). Ces deux projets ont reçu 25 millions de dollars, soit 6,1 %du coût total. - Télécommunications : Trois projets ont été soutenus par la Banque : le premier à hauteur de 65 %de son coût total, soit 8 millions de dollars,le second, 8 millions de dollars, soit 8 %de son coût total et le troisième 15 millions de dollars, soit A cela il faudra ajouter d'autres interventions de la Banque fi gurant dans les documents de la Banque sous la rubrique : infrastruc tures diverses. On y trouve 45 projets (adduction d'eau au Zaïre, assainissement de la capitale burundaise, aménagement d'une zone franche industrielle au Libéria et l'installation d'unités de stockage d'hydrocarbure à Saô Tomé-et-Principe. La contribution de la BADEA s'est élevée à 21,2 millions de dollars et a représenté 52 %du total de ces quatre projets.

b) Agriculture, pêche, élevage et agro-industrie Le développement agricole, agro-alimentaire et agro-industriel (1) BADEA, "1975-1984 : Dix ans de coopération arabo-africaine"KHARTOUM, 1985,pp. 68-97. - et Rapports annuels 1985/1986/1987. 561

semble avoir retenu également l'intérêt de la BADEA. En effet, 17,1 % des engagements de la Banque au Sud du Sahara ont été octroyés à ce secteur, soit 160,8 millions de dollars. La ventilation de ces enga gements a concerné 36 projets et a bénéficié à 22 pays et s'établit comme suit: - 11 projets de développement rural intégré dans 11 pays afri cains. Voici la nature du projet et les pays bénéficiaires :

Pays Projet Année Montant (en millions de dollars)

Bénin Développement rural 1984 8 Burkina Développement rural 1976 4,5 Centrafrique Développement rural 1983 1,45 Gambie Développement rural 1976 3,3 Ghana Culture du cacao 1975 5 Guinée Equa. Culture du cacao 1984 2,8 Kenya Développement agricole 1976 5 Mali Développement agricole 1977 5 Rwanda Dév. agro-pastoral 1976 5 Sierra Leone Développement agricole 1980 8,5 Tanzanie Culture du maïs 1975 5 Source : "BADEA,1975-1984,dix ans de coopération arabo-africaine, op. cit., p. 83. Ces 11 projets portent sur le développement, dans 11 pays, des cultures vivrières et des cultures de rapport (café,cacao,tabac) (l). Ils intéressent, comme le montre le tableau ci-dessus, les pays les plus défavorisés du continent africain à l'exception toutefois du Kenya. - 5 projets de développement de la pêche ont bénéficié également du soutien de la Banque. Ce soutien s'est élevé à 32,6 millions de dollars et a assuré 30 % du coût total (110 millions de dollars). - Dans le domaine de 1'agro-industrie, la Banque a soutenu 3 pro jets qui sont en cours de lancement : un complexe sucrier au Burundi, une minoterie en île Maurice et un complexe scierie en Ouganda. La

(1) La Banque ne donne pas suffisamment de détails quant à la propor tion de chacune des cultures (vivrière et de rapport) dans l'aide qui leur a été accordée. *•-«,' 562 BADEA cofinance 15 % des coûts totaux de ces projets moyennant des concours cumulés de 26 millions de dollars. - 2 projets de plantation et de réhabilitation du cacaotier l'un au Ghana (12 000 ha) et l'autre en Guinée équatoriale ( 7 550 ha) ont fait l'objet de l'intervention de la Banque. Un projet de culture de maïs a, pour sa part, été financé dans une proportion de 38 %de son coût. Dans ces 3 projets conçus pour accroître les rendements à l'hectar, la contribution de la BADEA a totalisé 12,8 millions de dol lars et couvert 17 %des dépenses prévues. A ceci il faudra ajouter que la sécheresse qui sévit dans la par tie saharienne du continent a déclenché une série d'actions urgentes de la Banque. En 1978, un programme de secours, défini en collabora tion avec la FAO, a été entièrement pris en charge par la BADEA. La totalité du financement du programme s'est élevée à 14,6 millions de dollars. D'autres projets ont été soutenus dans le domaine de l'éle vage, notamment au Sénégal et.au Botswana.

c) Industrie Ce secteur est le parent pauvre, non seulement des concours de la BADEA, mais de l'aide arabe en général. L'assistance de la BADEÂ à ce secteur n'a représente que 12,2 % de son assistance totale au Sud du Sahara. Cette institution a consacré 116,9 millions de dollars de 1975 à 1985 à la réalisation de 12 projets industriels ou agro-industriels. Ces investissements ont bénéficié à 13 pays. Voici la liste de quelques réalisations soutenues par la Banque :

Pays Projet Année Montant (en millions de dollars)

Bénin Cimenterie 1975 10 Burundi Complexe sucrier 198O 10 Cameroun Usine de pâte à papier 1977 10 Ghana Usine de bois 1985 9 Guinée Cimenterie 1977 4,84 Ile Maurice Minoterie 1982 8 Mozambique Complexe scierie 1980 10 fabrique de bois Ouganda Industrie textile 1977 12,7 Complexe scierie 1982 Sénégal Industrie chimique 1980 10 Tanzanie Industrie de matériaux de 1977 10 construction Togo-Ghana Côte d'Ivoire Cimenterie 1975 10 CIMAO Source BADEA, 1975-1984, dix ans de coopération arabo-africaine op. cit. ' - Rapport 1987. 563

Il ressort de cette liste que le sous secteur des matériaux de construction (ciment notamment) a retenu le tiers des engagements in dustriels de la BADEA (34,84 millions de dollars), suivi de l'indus trie du bois (29 millions de dollars) et de la production sucrière à laquelle ont été affectés 18 millions de dollars.

d) L'énergie Il s'agit, bien entendu, de l'énergie électrique. Les prêts al loués de 1975 à 1985 par la BADEA en faveur de ce secteur se sont éle vés à 78,4 millions de dollars, soit 7,8 %des engagements de la Ban que en Afrique sub-saharienne. Ces engagements ont porté sur 10 pro jets et ont bénéficié à 11 pays. Notons que les interventions de la BADEA n'ont couvert que la partie infrastructure de ces projets. Les réalisations soutenues sont les suivantes :

Pays Projet Année Montant (en millions de dollars)

Botswana Centrale de Morupule 1982 10 Comores Centrale d'Anjouan 1984 6 Libéria Centrale de Bushord 1978 3,92 Madagascar Centrale d'Andékaleka 1977 10 Maurice Centrale de Champagne 1976 10 Niger Centrale d'Anou-Araren 1978 7 Rwanda Centrale Mukungwa 1977 6 Seychelles Centrale Praslin 1980 1,2 Sierra Leone Centrale Kington 1976 5 Togo et Bénin Centrale Nangbeto 1983 10 Source : "BADEA, Dix ans de coopération ..., 00. cit., rapport .1986. Ce secteur est important étant donné son rôle dans la croissance d'autres activités économiques. Il aurait dû retenir davantage l'in térêt de la BADEA. A ces 4 grands secteurs (infrastructure, agriculture, industrie et énergie) s'ajoutent les lignes de crédit accordés par la BADEA à six banques africaines de développement qui ont bénéficié de ces opé rations : la Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale (25 millions de dollars), la Banque de Développement Industriel du Kenya (5 millions de dollars), la Banque de Développement de Zambie (.10 millions de dollars), la Banque de Développement Agricole du Le sotho (3 millions de dollars), la Banque Ouest Africaine de Développe ment, regroupant 7 pays (6 millions de dollars) et la Banque d'Inves tissement de Tanzanie (5 millions de dollars). 564

Ces lignes de crédit sont accordées aux conditions des prêts à long terme (12 à 15 ans) et sont destinées à permettre à ces institu tions de couvrir une partie de leurs besoins en devises (1).

Telle est la répartition par secteur de l'aide^projet octroyée par la BADEA aux pays sub-sahariens. Cette aide liée à la réalisation de projets, a absorbé 75,4 %des concours de cette institution et sem ble avoir répondu aux priorités des pays bénéficiaires : - L'infrastructure a occupé une place importante dans le finance ment de la Banque (44 projets sur 94). Cette place est appelée à se maintenir pour encore plusieurs années vu les besoins sans cesse croissants des pays africains dans ce domaine. - Que l'agriculture soit le second secteur qui a bénéficié de concours de la Banque, ceci n'a rien d'étonnant lorsqu'on connaît la situation d'un bon nombre de pays sub-sahariens sur le plan alimen taire. En outre, cette aide se trouve justifiée lorsqu'on rappelle que la plupart des Africains vivent dans des communautés rurales et que l'accroissement de la production agricole est la préoccupation de nombreux pays au Sud du Sahara. - Si le rôle de l'énergie électrique n'est pas à démontrer, il convient de s'interroger sur la place de l'industrie dans les écono mies africaines à la lumière des financements de la BADEA. Les con cours qui ont bénéficié à ce secteur ont concerné tous la réalisation de gros projets. Le secteur de petite industrie manufacturière a été négligé bien que le plan de Lagos vise à corriger cette anomalie. Il aurait été préférable d'accorder un intérêt aux petits projets, géné ralement plus répandus et pourvoyeurs d'emploi. L'infrastructure, l'agriculture, l'industrie et l'énergie élec trique relèvent de ces secteurs dont on imagine aisément les priorités parce qu'ils constituent les fondements sur lesquels s'érige toute économie nationale équilibrée et cohérente. Il semble qu'en Afrique

(1) La Banque de Développement de Zambie a pu, par exemple, grâce au concours de la BADEA financer jusqu'à la moitié du coût en devises d'une quinzaine de petits projets. Voir à ce propos : BADEA, Dix ans de coopération arabo-africàine, op. cit. p. 99. 565

sub-saharienne, la BADEA ait assorti ses activités d'une vision secto rielle conforme aux besoins et aux attentes de ses partenaires.

3'3' Les cofinancements arabes : importance et enjeu

Il n'est sans doute pas inutile de rappeler que les engagements de la BADEA au Sud du Sahara (885,7 millions de dollars) entre 1975 et 1985 n'ont représenté que 9,3 %de l'ensemble de l'aide arabe accordée à cette région durant cette même période (9947,4 millions de dollars). Si nous ne considérons que l'aide aux projets (704,5 millions de dol lars) dont la ventilation par secteur d'activité a été analysée ci- dessus, les concours de la BADEA n'ont représenté alors que 7 %du to tal des engagements arabes au Sud du Sahara. Il convient de rappeler aussi que la quasi totalité des projets réalisés dans ces secteurs a fait l'objet d'opérations de cofinance ment par la Banque et d'autres organismes de Développement (Fonds ara bes, Fonds spécial de l'OPEP (l), Banque Islamique de Développement, Groupe de la Banque Mondiale, Banque Africaine de développement, Fonds Africain de Développement, Groupe de CEE, Nations Unies etc.). En ce qui concerne le cofinancement arabe (BADEA/autres orga nismes arabes de Développement), on constate qu'entre 1975 et 198 5,sur les 94 projets approuvés par la BADEA, 4.8 ont été réalisés avec l'ai de d'autres organismes arabes. Les concours de la Banque ont atteint 352,2 millions de dollars et ceux des Fonds arabes 808,1 millions de dollars, soit un total de 1160,3 millions de dollars. Autrement dit, chaque dollar engagé dans des opérations de cofinancement par la Banque attire en moyenne 2,3 dollars des autres donateurs arabes. La contribution arabe varie selon la taille de chaque projet. Mais le plus souvent, le cofinancement des organismes arabes représente 30 à 70 %du coût total (24 projets sur 48). On compte 12 projets à parti cipation arabe supérieur à 3Q£et d'autres projets où elle est supé rieure à 70 % (2).

(1) Appelé aussi FODI (Fonds de l'OPEP pour le Développement Interna tional ). (2) BADEA, rapport 198 6, pp. 28-29. 566

Cependant, la part de la BADEA et des organismes arabes dans ces opérations de cofinancement n'a de sens que si elle est comparée aux contributions d'autres principaux groupes d'aide multilatérale tels que la Banque Mondiale, la CEE et le Comité d'Aide au Développement qui regroupe la majorité des pays de l'OCDE. Les cofinancements réa lisés en dix ans (1975-1984) en Afrique sub-saharienne concernent un vaste potentiel de développement ayant porté sur 5 171,3 millions de dollars. Dans ce total la part des donateurs arabes (BADEA et Collec tif de Fonds arabes) s'élève à 1160,3 millions de dollars, soit 22,4-56 de l'ensemble. La contribution des donateurs arabes place le Collec tif des Fonds arabes et la BADEA à la tête de tous les autres groupes de donneurs. En effet, les volumes des contributions accordées par les cinq plus importants groupes participant à ces cofinancements se présentent, en ordre décroissant, comme suit : - Pays occidentaux industrialisés : 780,5 millions de dollars - Groupe de la Banque Mondiale 670.5 millions de dollars - Groupe BAD/FAD 396.6 millions de dollars - Groupe de la CEE 305 millions de dollars - Secteur privé 305 millions de dollars. et Banques commerciales Comme tel, le cofinancement arabe occupe une place prépondérante dans les opérations de financement de développement en Afrique. Il constitue également un enjeu important dans la bataille de recyclage des pétro-dollars que se livrent les pays industrialisés. Nous avons insisté dans le chapitre 3 sur le fait que 1' aide arabe n'est pas une aide liée à l'acquisition de biens en provenance des pays arabes pour la simple raison qu'ils n'en produisent pas. Il est clair, en effet, que c'est dans les pays industrialisés que l'aide arabe mise à la dis position des pays africains, va se traduire par des commandes. L'aide arabe contribue donc à financer les fournisseurs occidentaux d'équipe ment d'autant plus que, dans la plupart des cas, l'aide occidentale finance les mêmes projets. D'où l'intérêt des formules de cofinance ment lancées dans un contexte d'appel aux capitaux arabes. Il s'agit en fait de la mise en oeuvre d'une coopération trilaté rale (1) (Europe, Afrique, Monde arabe) matérialisation de l'idée de

(1)/T; SHARF, "La coopération trilatérale", Paris OCDE .1978. 567

"Trilogue" de 1'ex-président français Giscard d'Estaing. Le raisonne ment est simple : le Monde arabe dispose de l'argent, les pays euro péens du savoir-faire et de la technologie et le développement de l'A frique nécessite des deux. L'argent arabe et la technologie européen ne au service de l'Afrique, l'idée ne peut que séduire et susciter l'adhésion de tous. Le problème est un peu plus compliqué en réalité. Certes, les capitaux arabes ne peuvent rien dans le cas de l'Afrique sans le savoir-faire et l'expérience technologique des pays euro péens. La participation de ces derniers, de l'Europe en l'occurrence, semble s'imposer avec tous les risques d'hégémonie technologique que cela comporte, étant donné que la partie arabe pourrait être acculée à jouer exclusivement le rôle de bailleur de fonds. Il est cependant possible de contourner ces risques en définis sant les règles du jeu et en posant des conditions strictes à la par ticipation de chaque partie de sorte que les intérêts de chacun soient sauvegardés et respectés. Ce qu'il est convenu d'appeler la coopéra tion trilatérale fonctionne déjà. L'aide octroyée par les pays arabes et leurs institutions à l'Afrique sub-saharienne, que ce soit pour le soutien de leurs balances de paiements ou pour la réalisation de pro jets, .a bénéficié par ricochet aux pays développés. La réalisation de dizaines de projets qui ont bénéficié des concours arabes a été confié aux entreprises des pays industrialisés. D'après le "Middle East Economie Digest" (l); dans la deuxième convention de Lomé, le cofinancement arabe représenterait le quart de l'enveloppe prévue (7,9 milliards de dollars), contre 19 %pour la première con vention de Lomé dont l'enveloppe était de 4,5 milliards de dollars. Les capitaux arabes ont certes contribué au développement de l'Afrique mais ils ont également soulagé certains secteurs économiques en dif ficulté dans le Nord développé. Les retombées sur les pays indus trialisés de leur aide à l'Afrique sub-saharienne et au Tiers-Monde en

(1) Voir P. BLACKBURN, "Arab funds remain EEC'S main financial part ners", in Middle East Economie Digest, 25.01.1980. - B. PETIT "Les cofinancements Euro-Arabes" communication pré sentée au colloque de Milan (fév. 1983) sur "The rôle of Arab funds in the World Economy" . " ! 568 général sont évidentes. Il n'en est pas de même en ce qui concerne l'aide arabe. Celle-ci est basée sur l'explritation d'une ressource non renouvelable (en l'occurrence le pétrole) et,octroyée à des condi tions de faveur (.80 %du total), se traduit pour les pays donateurs par une réelle perte d'actif. Autant nous pouvons être d'accord sur l'effort entrepris par les pays arabes pétroliers en faveur de l'Afrique sub-saharienne, autant nous considérons que les relations entre le monde arabe et l'Afrique ne devraient pas être confinées aux seuls transferts financiers. Si la coopération entre ces deux parties se limitait au seul aspect fi nancier, cela entraînerait fatalement son déclin, à plus forte raison si les transferts venaient à diminuer, ce qui est le cas. Pour inscrire son action dans la durée, cette coopération devrait également englober d'autres domaines et notamment l'intensification des échanges commerciaux entre les deux parties. Il y va de sa sur vie. CHAPITRE V: LES ECHANGES COMMERCIAUX ENTRE L'AFRIQUE SUB-SAHARIENNE ET LE MONDE ARABE : NATURE, EVOLUTION ET PERSPECTIVES

Si le volet financier de ce qu'il est convenu d'appeler la coo pération économico-financière arabo-africaine a enregistré, comme nous l'avons vu, des résultats satisfaisants, il n'en va pas de même en ce qui concerne les échanges commerciaux entre les deux parties. Dans la région arabe comme en Afrique sub-saharienne, l'essentiel des échanges extérieurs se fait avec les pays développés, notamment ceux de l'OCDE et accessoirement avec les pays de l'Est et les autres pays du Tiers- Monde. Il existe, en définitive, peu d'échanges commerciaux entre Arabes et Africains et cet aspect traduit deux réalités indiscuta bles : - la fragilité du projet afro-arabe visant le renforcement des liens économiques entre les deux parties, - la dépendance accrue des économies arabe et africaine à l'égard du Nord développé.

Quelques précisions

Avant d'entrer dans le vif du sujet, nous aimerions faire les précisions suivantes : Les statistiques relatives à ces échanges commerciaux et sur les quelles se base notre analyse dans ce chapitre proviennent essentiel lement de la CNUCED. Cette dernière avait entrepris, il y a trois ans, à la demande de la Ligue Arabe, une étude sur les échanges com merciaux afro-arabes et les moyens de les promouvoir . Les résultats de cette étude ont été publiés eh 1985 sous forme de deux rapports présentés à la direction économique de la Ligue des Etats arabes (1). D'autres sources ont été également été consultées avec profit (les

(1) Sous l'intitulé "Promotion des échanges le monde arabe et l'Afri que en développement : 1970-1981" 2 volumes. INUCEi/ / ST / MFD mars 1985. 570

rapports économiques de la Ligue Arabe (l), les rapports de la Banque Mondiale (2), sans oublier les "Manuels de statistiques du Commerce International et du Développement" publiés par la CNUCED (3). Notre analyse s'étend sur une décennie et demie (1970-1986) et comprend quatre sous-périodes que nous considérons comme significati ves dans l'évolution des échanges commerciaux afro-arabes. Ces échan ges subissent le poids de la composante énergie qui depuis 1973 cons titue une part importante dans le commerce entre ces deux ensembles. Al'exception du Nigeria, du Gabon et de l'Angola, tous les pays sub sahariens sont importateurs du pétrole et toute variation dans les prix de ce dernier affecte leur balance commerciale avec le monde ara be . Les quatre périodes retenues sont les suivantes : - 1970-73 (4). Cette sous-période située avant la première augmenta tion des prix pétroliers était caractérisée par un excédent commer cial en faveur des pays africains, dans leurs relations avec les pays arabes.

- 1974-75. La première augmentation des prix pétroliers, intervenue en octobre 1973, avait renversé la tendance : les échanges afro-arabes marqués désormais par le poids de la composante énergie dans les ex portations arabes vers l'Afrique allaient inaugurer une ère de défi cit africain vis-à-vis du partenaire arabe. - 198O-8I. Nous sommes au lendemain de la seconde vague d'augmentation des prix de pétrole intervenue en 1979-80 (deuxième choc pétrolier). Le déficit africain vis-à-vis des pays arabes (pétroliers notamment) s'est aggravé davantage. - 1985-86. Cette quatrième sous-période fut marquée par la chute des prix pétroliers qui, au cours de 1986 on frôlé la barre de 10 $ le baril. Cette chute ne s'est pas traduite (comme on pourrait s'y attendre) par une réduction du déficit africain vis-à-vis des pays

(1) "Rapports économiques", Ligue des Etats Arabes, Tunis, (Divers rapports) (2) "Rapports sur le développement dans le monde", Banque Mondiale (Divers rapports). (3) "Manuels de Statistiques du Commerce international", Genève, CNUCED (Divers rapports). (4) Les premiers relèvements des prix pétroliers ne sont intervenus que vers la fin de l'année 1973 (octobre/novembre). 571 arabes, au contraire ce dernier s'est accru en 1985- 86 d'environ 40 % par rapport à 198&4I98I.

Les courants d'échanges considérés concernent treize groupes de produits de base. Les pays étudiés sont énumérés dans le tableau n°l et les groupes de produits de base dans le tableau n° 2. Nous avons retenu la classification suivante :

i) Pays arabes : ceux qui sont membres de la Ligue ARabe. ii) Pays africains situés au Sud du Sahara, appelés par souci de commodité, tout simplement pays africains ou pays subsahariens.

Avant d'aborder l'analyse des échanges commerciaux afro-arabes, il ne serait sans doute pas inutile de s'attarder quelque peu sur certains aspects de l'évolution récente à la fois du commerce exté rieur africain et arabe, et nous interroger surtout sur la place qu'occupent ces deux ensembles dans les échanges internationaux. Le commerce international est certes un facteur de développement pour les nations qui s'y adonnent. Cette affirmation est particuliè rement vraie pour les échanges entre pays d'égal développement, mais l'est-elle encore lorsque ce commerce s'effectue entre pays d'inégal développement? Le droit international répond que non (1) et tente par ailleurs de corriger les inégalités par l'octroi d'avantages et de préférences aux pays en voie de développement pour qu'ils puissent

La part de ce qu'il est convenu d'appeler le Tiers-Monde, dont font partie l'Afrique et le monde arabe, dans le commerce mondial n'a pas cessé de se dégrader. Alors que la part des pays développés dans les exportations mondiales s'est accrue passant de 63 % en I98O à 70 %en 1986, celle du Tiers Monde s'est détériorée passant de 28 % à 19 %au cours de cette même période (2).

(1) BENCHEIKH (M.), Droit international du sous-développement, Paris, Berger-Levrault, 1983, pp. 25-61. (2) Selon les estimations du Secrétariat du GATT "Le commerce inter national en 1986 et les perspectives actuelles", n° 1304, avril 1987 (voir tableau n° 3). 572

Tableau n° 1

Groupes de pays

Pars africains Pays arabes

Tchad Algérie Comores Bahrein Ethiopie Djibouti Mali Egypte Niger Iraq Haute-Volta Jordanie Angola Koweït Bénin Liban Burundi Libye Cameroun Mauritanie Cap-Vert Maroc République centrafricaine Oman Congo Qatar Guinée équatoriale Somalie Gabon Arabie Saoudite Gambie Soudan Oinnn Syrie Guinée Tunisie Guinée-Bissau E.A.U. Côte d'Ivoire Témen, Rép. arabe du Kenya Yémen, Rép. dém.pop.du Libéria Madagascar Malawi Maurice Mozambique Réunion Zimbabwe Rwanda Sénégal Sierra Leone Tanzanie Togo Ouganda Zaïre Zambie Nigeria Seyçhelles 573

Tableau n° 2 Groupes de produits

GrouDes de produits à indicatif de troJn chiffres de la CTCI

1. Produits alimentaires autres que 001 - 032 les céréales 051 062 091 099

- 0^8 2. Céréales 041

- 075 3- Epices, boissons et tabacs 071 111 122

4- Produits agricoles non alimentaires 081 211 - 2U 261 26S

5. Matières brutes non agricoles 251 266 276

6. Energie 321 - 351

- 599 7. Matières et produits chimiques 512

8. Métaux transformés et matières simples 611, 621, 631, 6a, 651 662, 667 671 679 68i 680 612, 629, 632, 633, 642, 9. Matières transformées et articles manufacturés simples 652, 653, 657 661. 663, 665,

10. Transports 731 - 735

11. Machines 711 - 729

12. Articles manufacturés divers 812 - 899

- 961 13. Non désigné ailleurs 911

Pour pluB de précisions, le lecteur pourra consulter la Classification type pour le commerce international (révisée). Etudes statistiques, série M, No 34, Nations Unies, 1961. 574

La même tendance s'observe au niveau des importations. De 24 % des importations mondiales en 1980, les PVD n'en absorbent en 1986 que 20 %(voir tableau suivant).

Tableau n° 3 Répartition en valeur du Commerce Mondial par zones (1980-81-86) en %du total

Exportation a partir de % dans les im- importation - portaxions par Pays indus PVD Pays de mondiales trialisés l'Est

Pays indus 1980 45 20 3 68 trialisés 1985 50 1.5 3 68 1986 54 13 3 70

Pays en 1980 15 7 2 24 Dévelop pement 1985 13 6 2 21

1986 1.3 5 2 20

Pays de 1980 3 l 4 8 l'Est 1985 3 2 6 il

1986 3 1 6 10

% dans les 1980 63 25 9 100 exportations 1985 66 mondiales 23 11 100 1986 70 19 il 100

Source : GATT, Le commerce international en 1986 et les perspectives actuelles, n° 1304, avril 1987.

Le déclin de la part des PVD à la fois dans la valeur des expor tations et dans celle des importations mondiales est imputable respec tivement à la baisse persistante des cours de produits de base (pétro le compris depuis notamment 1985) et à la crise de l'endettement qui comprime leur capacité d'importation (1). Il ne s'agit là, bien sûr,

(1) Voir à ce propos notre premier chapitre. 575 que d'une image globale qui ne rend pas compte de la situation spéci fique de chaque pays. Elle n'illustre pas néanmoins la tendance à la marginalisation des P.V.D. dans les échanges internationaux.

Telle est la position qu'occupent les P.V.D. dans le commerce mondial. La question se précise davantage lorsqu'on groupe ces pays par zones géographiques et on s'interroge sur la place de chacune de ces zones dans les échanges internationaux. H est évident que la place qu'occupent l'Asie du Sud-Est ou l'Amérique Latine dans le com merce mondial n'est pas celle attribuée à l'Afrique et encore moins à se partie subsaharienne dans ce même commerce. Retenons de ces zones l'Afrique et le monde arabe (objets de cet te recherche) et examinons leur place respective dans les échanges in ternationaux. 576

I. PLACE DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET DU MONDE ARABE DANS LE COMMERCE MONDIAL

1. Place de l'Afrique subsaharienne dans les échanges internationaux (évolution du commerce mondial africain, sa structure et sa répar tition géographique)

Certaines caractéristiques des pays africains sont ramenées dans la tableau 4. Les traits saillants qui se dégagent de ce tableau sont de toute évidence l'extrême pauvreté de la plupart de ces pays. Apart le Ni geria, le PNB par habitant s'établissait en 1986 à environ 400 dol lars. Avec le Nigeria ce chiffre s'élève à 619 dollars grâce aux ma jorations successives des prix du pétrole qui ont fortement relevé le PNB de ce pay s. Le FNB du seul Nigeria (74,71 milliards de dollars) a représenté en 1985, environ 47 %de l'ensemble du PNB de l'Afrique sub-saharienne (Afrique du Sud exclue bien entendu) (l). Une dizaine de pays sub-sa hariens détiennent environ 75 %du PNB de la région (2).. Mais que pèse l'Afrique au Sud du Sahara dans la balance de l'économie mon diale? Le PNB combiné de l'ensemble des pays sub-sahariens (151 mil liards de dollars) a représenté en 1986 environ 1,3 %du PNB mondial (12520 milliards de dollars), 31 %de celui de la France, 43 %de ce lui de l'Italie et a dépassé à peine celui d'un pays comme l'Espagne . Si nous adoptons cependant la classification généralement admise pour les pays en développement et les partageons en trois groupes - selon que le PNB par habitant y dépasse 1 000 dollars, varie entre 1 000 et 500 dollars ou n'atteint pas 500 dollars -, l'on constatera que la plupart de ces pays se rangent, compte tenu des chiffres de 1986, dans la troisième catégorie.

(1) Calcul effectué sur base des données fournies par "Le Manuel de Statistique du Commerce International et du Développement". CNUCED 1987. (2) Outre le Nigeria, il s'agit de l'Angola, Cameroun, Côte d''Ivoire, Kenya, Mozambique, Zimbabwe, Zaïre, Ethiopie, Tanzanie et Ghana. Tableau n° 4 577

Pays Population Croissance PIB PIB (1000) démographique (Millions de par habitant 1970-1986 dollars)

Tchad 4 524 2,2 500 203 Comores 335 2,1 180 349 Ethiopie 32 601 2,5 4 690 125 Mali 6 646 2,6 1 000 201 Niger 5 305 2,9 1 100 474 Burkina-Faso 6 908 2,5 960 199 Angola 7 078 2,4 6 930 532 Bénin 3 530 2,9 970 293 Burundi 4 512 2,2 930 197 Cameroun 5 444 2,2 7 510 851 Cap-Vert 324 2,0 10 336 RCA 2 221 2,0 600 358 Congo 1 537 2,5 1 830 854 Guinée équa. 363 2,2 130 190 Gabon 551 1,0 2 970 6 359 Gambie 603 3,0 160 405 Ghana 11 679 3,1 4 440 353 Guinée 5 014 2,5 1 960 384 Guinée-B 573 1,6 130 269 Côte d'Ivoire 7 973 4,2 5 750 1 315 Kenya 16 402 3,8 5 750 426 Libéria 1 863 3A 980 507 Madagascar 8 742 2,5 2 240 366 Malawi 6 162 3,2 1 150 248 Maurice 995 1,9 1 000 1 002 Mozambique 10 473 2,6 5 270 268 Réunion 525 1,8 1 720 3 840 Zimbabwe 7 396 3,4 5 090 744 Rwanda 4 797 3,0 1 610 242 Sénégal 5 661 2,9 2 260 513 Sierra Leone 3 474 2,6 980 374 Tanzanie 17 934 3,0 3 810 275 Togo 2 699 2,9 660 409 Ouganda 13 201 3,0 5 000 284 Zaïre 28 291 2,7 3 090 113 Zambie 5 645 3,1 2 430 671 Seychelles 65 2,3 180 1 938 Autres 90 1,3 50 667 Nigeria 77 082 2,9 74 710 1 392

Total 322 218 160 680 619

Total sans 245 136 85 970 379 Nigeria Source : Banque Mondial, rapport 1988 578

Graphique n° 1 : Part de l'Afrique sub-saharienne dans le PNB mondial (en %) en 1986

1,30%

• Afrique au Sud du sahara H Reste du monde

98,70%

1.1. Evolution du commerce extérieur africain

L'évolution du commerce extérieur total des pays africains (y compris le Nigeria) montre que la valeur de leurs exportations est passée de 9 017 millions de dollars en 1973 à environ 26 000 millions de dollars en 1975-76 et atteint le plafond de 43 448 millions de dol lars en 1980-81 avant de retomber en 1985-86 à 25 877 millions de dol lars, soit leur niveau de 1975- C'est essentiellement la hausse des prix du pétrole intervenue en 1979/80 (deuxième choc pétrolier) qui explique le niveau atteint en 1980-81 par les exportations africaines. Le Nigeria y a joué un rôle important. Ce pays a assuré à lui seul environ 50 % des exportations africaines en 1980-81, soit 21 742,2 millions de dollars. C'est également dans l'érosion des prix pétro liers, amorcée en 1985, que réside la raison de la baisse des exporta tions africaines en 1985-86. Le Nigeria qui assurait en 1980-81, 50 % de ces exportations n'en assure plus en 1985-86 qu'environ 22 %, soit 5 800 millions de dollars contre 21 742,2 millions de dollars en I98O- 8l (voir tableau n° 5). 579 Tableau n° 5

Commerce mondial des différents pavs africains (Moyenne par période en million de dollars OS)

Paya 1970-73 1975-76 1980-81 1985-86

Import Export Import Export Import Export Import Export

Tchad 37,2 34,2 80,3 70,4 34,0 65,5 147,2 117,8 Comores 11,6 7,8 25,0 14,6 54,2 18,8 60,1 26,5 Ethiopie 164,3 1 61,8 398,6 310,9 558,9 379,7 1160,0 467,2 Mali 60,4 28,6 185,6 73,5 267,7 115,2 438,8 192,2 Niger 51,5 46,9 214,8 141,9 364,6 413,0 354,1 223,3 Burkina-Faso 46,0 16,7 160,0 41,8 247,7 67,2 272,1 66,5 Angola 358,5 561,6 520,3 743,2 1364,4 1364,9 1220,0 1400,5 Bénin 74,3 43,3 252,5 52,3 567,7 55,4 397,1 114,2 Burundi 25,3 25,6 57,6 62,7 91,1 103,2 166,1 145,4 Cameroun 222,8 258,3 656,3 749,5 1418,8 1878,0 1687,0 2110,5 Cap-Vert 20,2 1,6 52,9 3,0 71,9 3,8 113,1 4,0 RCA 42,7 66,6 64,2 91,5 71,7 128,2 252,1 131,5 Congo 103,8 100,2 253,8 337,6 571,0 967,5 630,1 350,6 Guinée équa. 23,7 24,3 11,2 17,0 52,0 28,1 23,8 27,2 Gabon 125,7 255,3 522,2 1155,8 715,8 2036,3 763,1 863,3 Gambie 18,2 22,4 62,8 45,0 107,0 23,6 127,1 39,1 Ghana 320,2 428,8 852,2 930,0 795,4 961,0 783,1 862,5 Guinée 60,9 63,0 144,2 223,5 335,9 419,5 425,2 544,3 Guinée-B 36,6 9,6 39,8 14,8 90,7 16,4 60,0 13.2 Côte d'Ivoire 461,4 708,0 1409,3 2168,8 2215,0 2729,9 1749,3 2962,5 Kenya 403,1 284,8 1005,6 831,5 1851,4 992,2 1200,1 1613,3 Libéria 1683,9 389,5 3690,2 793,0 3296,7 1272,9 404,1 235,5 Madagascar 158,6 180,3 312,4 357,5 460,0 433,1 340,5 360,2 Malawi 51,6 63,9 113,7 154,9 153,8 237,1 259,2 249,5 Maurice 78,8 94,8 271,6 311,7 315,8 442,3 667,2 662,1 Mozambique 332,8 278,7 318,1 404,4 578,0 429,7 500,7 90,2 Réunion 156,4 53,1 380,1 106,2 612,2 129,4 761,2 67,3 Zimbabwe 15,4 67,7 17,4 79,4 321,8 527,2 992,3 1310,5 Rwanda 19,1 18,1 78,2 91,2 129,2 118,1 235,4 116,7 Sénégal 247,5 182,5 643,8 459,5 861,1 341,9 1103,3 553,4 Sierra Leone 97,2 85,8 173,7 191,9 236,4 251,9 151,2 130,1 Tanzanie 235,1 237,8 685,8 472,9 895,5 515,3 1050,1 348,0 Togo 68,5 66,1 290,4 196,3 441,1 313,3 264,5 200,1 Ouganda 82,7 213,1 176,4 381,0 275,7 377,3 327,1 395,6 Zaïre 555,7 820,9 884,4 .1597,8 1062,9 2230,8 872,3 1090,1 Zambie 589,9 915,8 752,7 1084,8 762,1 1280,8 655,6 717,1 Seychelles 15,1 5,9 32,2 8,7 57,2 12,4 67,2 18,4 Autres 58,2 17,4 29,3 33,0 41,7 25,7 194,4 185,6 Nigeria 1166,4 2176,3 6574,1 11177 14796 21742 5400,2 .5800,3

Total 8277,3 9017,1 22392 25981 37143 43448 26752 25877

Total sans 7110,9 6840,5 15818 14803 22347 21706 21352 20077 Nigeria Source : CNUCED, "promotion des échanges ...."> op. cit. rapport 1987. 580

Graphique n° 2

Evolution du commerce extérieur africain (moyenne par période et en millions de dollars}

100000T

750.0.0"

1 Hlmporl 50000-' B Expori I

25000 ••

VI...

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Source: grphique établi sur base des données émanant de la CNUCED op . cit. 581

Il serait cependant restreint de limiter la baisse des exporta tions africaines aux seules variations des prix pétroliers, bien que ces derniers affectent de grands exportateurs comme le Nigeria. La chute des prix d'autres produits de base, qui constituent 70 et 60 % des exportations des pays africains à faible revenu et à revenu inter médiaire , a réduit considérablement les recettes d'exportation des pays sub-sahariens. Selon la CEA * , la baisse des prix des produits de base aurait coûté à l'Afrique 19 milliards de dollars en 1986 (l). Quant aux importations africaines, elles ont épousé pratiquement l'évolution de leurs exportations. Elles ont progressé de 1973 à 1981 passant de 8 277,3 millions de dollars à 37 143,2 millions de dollars avant de chuter à leur tour à 26 752 millions de dollars en 1985-86. La baisse des importations du Nigeria est, à cet égard, significative, ce pays qui a canalisé en 1980-81, 40 %des importations de l'Afrique n'en a absorbé en 1985-86 qu'environ 20 %, soit 5 400 millions de dol lars contre 14 796,1 millions de dollars en 1980-81 (voir tableasu n°5 et graphique n° 4). Ajoutons qu'en 198O-81, date où les exportations et les importa tions africaines avaient atteint leur sommet, elles n'ont représenté respectivement que 2 %et 1,8 %des exportations et importations mon diales. C'est dire la faible place qu'occupe l'Afrique sub-saharienne dans le commerce mondial (graphique n° 3).

1-2- Structure du commerce extérieur africain

L'analyse de la structure du commerce extérieur africain, sur ba se des "douze groupes de produits" retenue, montre que l'Afrique sub- saharienne se situe encore au premier âge de la division internationa le du travail (D.I.T.) en ce sens qu'elle demeure exportatrice des ma tières premières et importatrice de produits manufacturés. Cette si tuation n'a pas subi de changements significatifs depuis 1970, comme le montre le tableau n° 6.

(1) Cité in "Le Courrier" n° 107, janvier-février 1988. (#) CEA : Commission Economique pour l'Afrique. (2) Voir "Classification type pour le commerce international", étude statistique, Série M. n° 34, Nations Unies, 1961. 582

Graphique n° 3 Part de l'Afrique sub-saharienne dans la valeur des exportations et importa tions mondiales (en %) moyenne période 1985-1986

Part dans les exportations mondiales

2,00%

• Afrique au Sud du Sahara 12 Reste du monde

98.00%

Part dans les importations mondiales

1.80%

• Afrique au Sud du Sahara Q Reste du monde

98,20% 583 Graphique n° 4 Part du Nigeria dans le Commerce extérieur africain (en %et en moyenne période 1980-81 et 1985-86)

Part dans les exportations africaines Part dans les exportations africaines 1980-81 1985-86

.00%

50,00% @ Nigeria 50,00% H Reste de l'Afrique

75,00%

Part dans les Importations africaines 1980-81 Part dans les importations africaines 1985-86

21.00%

40,00% 0 Nigeria

60,00% • Reste de l'Afrique

79,00% 584 Tableau n° 6 Structure des échanges des pavs africains (en milliard de dollars OS. moyenne en pourcentage)

CTCI 1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Valeur % Valeur % Valeur % Valeur %

Alimentation Import 0,425 5,1 1,089 4,9 2,327 6,3 2,525 9,3 sauf céréales Export 0,571 6,3 1,095 4,2 1,527 3,5 2,003 7,3

Céréales Import 0,289 3,5 0,859 3,8 1,739 4,7 2,500 9,2 Export 0,054 0,6 0,109 0,4 0,120 0,3 0,240 0,9 Epices, tabacs, , Import 0,191 2,3 0,465 2,1 0,704 1,9 0,910 3,3 et boissons Export 1,871 20,8 5,031 19,4 5,723 13,2 5,124 19,2

Agricoles non Import 0,168 2,0 0,464 2,1 0,762 2,1 0,882 3,6 alimentaires Export 1,635 18,1 2,496 9,6 2,743 6,3 3,020 11,3

Matières brutes Import 0,024 0,3 0,079 0,4 0,197 0,5 0,230 0,8 non agricoles Export 0,620 6,9 1,170 4,5 1,563 3,6 1,320 5,0 Energie Import 0,410 5,0 1,746 7,8 3,083 8,3 4,050 16,0 Export 2,086 23,1 12,392 47,7 26,449 60,9 10,500 40,0

Produits Import 0,643 7,8 1,763 7,9 3,240 8,7 2,000 7,4 chimiques Export 0,107 1,2 0,199 0,8 0,180 0,4 0,210 0,5

Métaux transf. Import 0,721 8,7 1,879 8,4 3,068 8,3 3,100 11,4 matière simple <• Export 1,633 18,1 2,114 8,1 2,812 6,5 2,730 8,8

Matière transi'. Import 0,873 10,6 1,918 8,6 3,224 8,7 1,420 5,2 art. manufact. Export 0,292 5,2 0,714 2,4 0,869 2,0 0,620 simples

Matériel de Import 2,524 30,5 6,413 28,6 8,247 22,2 4,240 15,7 transport Export 0,052 0,6 0,159 0,6 0,403 0,9 0,450 1,4

Machines Import 1,494 18,1 4,426 19,8 7,939 21,4 4,345 7,4 Export 0,024 0,3 0,074 0,3 0,091 0,2 0,110 0,4

Articles manuf. Import 0,436 5,3 1,035 4,6 1,879 5,1 1,050 3,8 divers Export 0,024 0,3 0,088 0,3 0,169 0,4 0,240 0,9

Non dénommés Import 0,074 0,9 0,251 1,1 0,721 1,9 0,820 3,0 ailleurs Export 0,042 0,5 0,334 1,3 0,793 1,8 0,531 2,0

TOTAL Import 8,277 100,0 22,392 100,0 37,144 100,0 26,752 100,0 Export 9,017 100,0 25,981 100,0 43,448 100,0 25,877 100,0

Source : CNUCED op. cit 585

Il ressort de ce tableau que quatre groupes de produits consti tuent l'essentiel des exportations africaines. Ces quatre groupes sont les suivants : - l'énergie - les épices, les boissons et les tabacs - les produits agricoles non alimentaires - les métaux transformés et les matières simples. Voici la part de ces quatre groupes de produits dans la valeur des exportations africaines au cours des périodes considérées.

Tableau n° 7 Part de quatre groupes de produits de base dans la va leur des exportations de l'Afrique (en %)

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86 Part des quatre groupes de 80 % 84 % 86 % 84 % produits dans la valeur des exportations africaines

Source : Calcul effectué sur base des données figurant dans le ta bleau n° 6

Il convient de signaler la place qu'occupe l'énergie dans la va leur des exportations africaines. Bien que le nombre de producteurs de cette matière combustible soit limité (Nigeria, Gabon et Angola no tamment), celle-ci a représenté 23,1 %de la valeur des exportations africaines en 1970-73, 47 %en 1974-75, 60,8 %en 198O-81 et s'est si tuée à hauteur de 40 %en 1985-86. La chute des prix pétroliers ex plique la baisse enregistrée au cours de cette dernière période.

Pour ce qui est des importations, elles paraissent plus diversi fiées et concernent une gamme de groupes de produits ayant subi, à l'exception de l'énergie et des céréales, une transformation indus trielle. Cinq groupes de produits constituent à eux seuls l'essentiel des importations africaines. Il s'agit des rubriques suivantes : 586

Matériels de transport

Machines Matières transformées et articles manufacturés Métaux transformés et matières simples Produits chimiques.

Tableau n° 8 Part des cinq groupes de produits considérés dans la valeur des importations africaines (en %) (en moyenne par périodes retenues)

Groupe 1970-73 1974-75 1980-81 1985-86 de produits

- Matériel de 30,5 % 28,6 % 22,2 % 16,7 % transport

- Machine 18,1 % 1.3,8-56 21,4 % 17,9 % - Matière trans 10,6 % 8,6'SE 8,7 % 5,4 % formée et ar ticles manufac turés

- Métaux trans 8,7 % 8,4 % 8,3 % 11,4 % formés et ma tière simple

- Produits chi 7,8 % 7,7 % 8,7 % 8,4.56 miques

75,7 % 73,1 % 70,3 % 6.0,0 56

La baisse de la part de ces cinq groupes de produits dans la va leur des importations au cours de la dernière période est due aux dif ficultés financières qu'éprouvent les pays africains (endettement et baisse desrevenus des exportations) qui compriment leur capacité à im port er.

1*3* Répartition géographique du commerce extérieur africain

L'examen de la répartition géographique du commerce extérieur africain montre que les pays africains demeurent très liés au pays dé veloppés, à économie de marché et notamment à 1' ensemble européen. 587

Ce dernier est leur principal client et leur principal fournisseur : environ 80 %des exportations de l'Afrique sont destinées à l'Europe et 75 %de ses importations en sont issues. L'Afrique est à cet égard la région du monde en développement la plus dépendante, tant au niveau de ses exportations que de ses importations, de l'Europe occidentale et no taraient de la C.E.E. Les autres pays développés à économie de marché, comme les Etats Unis, le Canada et le Japon, les pays de l'Est et les PVD se partagent le reste, ils absorbent 20 %des exportations de l'Afrique et fournis sent à cette région 25 %de ses importations.

Graphique n° 5 Répartition géographique du commerce extérieur afri cain (en %et pour la période 1985-1986) Répartition géographique des importations africaines (en valeur) 1985-86

9,00% 5,00%

11,00%

m Europe(CEE) 75,00% u PVD

Répartition géographique des exportations africaines f££g Pays de l'Est (en valeur) 1985-86 • Autres PCD

8,00% 4,00%

8,00%

80,00% 588

Il ressort dece qui précède trois enseignements principaux: -L'Afrique au sud du Sahara est presque absente des échanges inernationaux.Sa place dans le commerce mondial est marginale variant entre 1,5 à 2% tant au niveau des exportations que des importations mondiales. -L'Afrique demeure exportatrice de produits de base et impotatrice de produits manufacturés. Cette situation n'a pas subi de changements au cours de la période étudiée. -La répartition géographique du commerce extérieur africain quant à elle n'a pas subi non plus de changements notoires. Le monde développé à économie de marché demeure le principal partenaire des pays africains, ensuite viennent très loin derrière les P.V.D et les pays de l'Est. 589

2. Place du monde arabe dans les échanges internationaux : évolution, structure et répartition du commerce extérieur arabe Si le monde arabe constitue une vaste région géographique, un po tentiel humain très important, une homogénéité tant du point de vue historique, culturel que socio -démographique, il est loin de consti tuer une puissance économique. Depuis leur accession à l'indépendance les pays arabes ont évolué de manière séparée, le plus souvent en se tournant le dos privilégiant et approfondissant les liens verticaux au détriment des relations horizontales. Nous nous trouvons alors de vant des Etats de taille et d'importance diverses désolidarisés, divi sés et intégrés individuellement dans le système économique mondial (1). En se penchant de près sur la région arabe dans son ensemble, on est frappe par la diversité des situations des entités qui la compo sent. On peut aisément distinguer quatre sous-groupes : 1er groupe : les pays du Golfe et la Lybie : pour ce groupe, le pé trole demeure l'essentiel de son activité, il façonne, oriente la vie économique politique et sociale de l'Etat producteur. Ces pays ne comptent que 10 %de la population de l'ensemble arabe, mais détien nent 55 %de son PIB (tableau n° 9 ). L'agriculture demeure faible et sa part dans la formation du PNB de ce groupe varie de 1 à 3 %selon les pays (2). L'Arabie Séoudite, par exemple où le secteur agricole as sure un emploi de 60 %de la population active ne contribue que de 2 % au PNB de ce pays. 2e groupe : Pays semi-pétroliers, semi-peuplés : ce groupe comprend l'Algérie et l'Irak dont le surplus financier est absorbé dans des projets ambitieux de développements industriels au détriment du déve loppement agricole dans le cas de l'Algérie. 3e groupe : Pays non pétroliers peuplés : ce groupe constitue 51 % de la population de la région arabe et comprend les pays suivants : Maroc, Tunisie, Jordanie, Egypte, Syrie, Liban. Les structures éco nomiques de ce groupe sont diversifiées. L'agriculture contribue de

(1) AMIN (S.).L'économie arabe contemporaine, édition Minuit, série Document, 1980, p. 2. (2) BRAHIMI (A.),Dimension et perspective du monde arabe, Economica 1977 .PP- 107-112 et 258. ' 590

Tableau n° 9

Population et PNB par habitant des pays arabes

Population PNB PNB par habitant Pays producteurs de pétrole (1000) (milliards de dollars) (en dollars)

Algérie 18 594 47,200 2 300 Bahrein 302 4,100 10 500 Irak 13 084 23,000 1 610 Koweit 1 372 32,840 19 900 Libye 2 977 24,100 7 190 Oman 891 6,970 6 170 Qatar 220 6,010 21 460 Arabie Séoudite 8 367 111,100 10 240 E.A.U. 796 23,720 20 000

Total partiel 46 603 279,140 5882

Pays non producteurs dé pétrole

Djibouti 352 0,375 890 Egypte 41 995 31,020 675 Mauritanie 1 634 0,635 357 Maroc 20 296 13,420 860 Somalie 3 645 0,930 176 Soudan 18 371 8,740 441 Tunisie 6 363 8,090 1 175 Jordanie 3 190 6,650 2 050 Liban 3 161 4,770 1 800 Syrie 8 644 16,770 Yémen du Sud 1 745 5 926 1,070 498 Yémen du Nord 1 890 4,060 547

Total partiel lis 467 96,530 836

TOTAL 162 070 375,670 2317

Sources : population CNUCED PNB ATLASECO, 1987 591

23 %dans la formation du PNB de ce groupe qui assure à lui seul 56 % de la production agricole de l'ensemble de la région. 4e groupe : les pays les moins avancés : ce groupe comprend la Mauri tanie, le Soudan, le Yémen du Nord, le Yémen du Sud, la Somalie et Djibouti. Le revenu par tête dans ces pays n'excède pas 500 dollars (1) provenant essentiellement de l'agriculture qui assure un emploi à l'écrasante majorité de la population active. Le niveau d'industria lisation de ces pays est très faible.

L'analyse de certaines grandeurs économiques fondamentales de l'ensemble arabe fait ressortir quelques traits communs à tous les pays de la région en dépit de la diversité de leur situation. - Le secteur agricole assure un emploi à un important pourcentage de la population active, variant de 35 %à 80 %selon les pays, à l'ex clusion du Koweit et du Liban (2).

- La part de la population active dans le secteur industriel demeure faible : 5 à \\ %selon les pays. Rappelons à ce propos qu'une grande part constitutive du secteur industriel est représentée par les in dustries extractives.

- Part de plus en plus prépondérante du secteur des services dans la vie économique (30 à 80 %) selon les pays. - Homogénéité du ratio consommation privée/PNB qui varie de 61,83 à l'exception toutefois de certains pays caractérisés par une grande disproportion entre le revenu pétrolier et la capacité d'absorption (les pays du Golfe + la Lybie) où ce taux se situe autour de 40 ce qui n'est tout de même pas négligeable. - De grandes disparités existent et sont appelées à s'accroître entre les pays de la région. Les pays du Golfe, la Lybie, l'Algérie et l'Irak ont assuré en 1985-86 75 %du volume d'exportation de l'ensem ble arabe, alors qu'ils ne représentent que 30 %de sa population, le reste des pays arabes, soit 70 %de la population du monde arabe, n'ont assuré que 25 %du volume d'exportations (3) et enregistrent un (1) Al'exception du Yémen du Sud où le PNB par tête d'habitant était de l'ordre de 547 en 1985. (2) Banque Mondiale, Rapport sur le Développement dans le Monde, 1987 annexes statistiques. (3.) En 1980-81 les pays du Golfe, la Libye, l'Algérie et l'Irak as surent 94 %des valeurs des exportations arabes. 592

déficit permanent avec leurs partenaires commerciaux. Le PNB par tête d'habitant place les pays pétroliers au sommet de la pyramide avec un record de 21 000 dollars par tête d'habitant pour certains d'entre eux tandis qu'à la base de cette même pyramide se concentre la majorité des Etats écrasés par le poids de la pauvreté et d'une démographie galopante. Le taux moyen de croissance du PNB qu'on s'évertue souvent à mettre en exergue masque bien les dispari tés : les performances sont moins brillantes lorsqu'on relève que cet te croissance est due essentiellement à l'accroissement de la produc tion pétrolière. Si l'on considère les pays arabes dans leur ensemble, on constate que le PNB par habitant a atteint un niveau passablement élevé, 2 317 dollars en 1985 (tableau n°9 ) correspondant à plus du double de la moyenne de tous les pays en développement (944 dollars en 1985). D'a près ce critère, les pays arabes se classeraient parmi les pays en développement dans la tranche dite à haut revenu. Toutefois, ainsi qu'il ressort du tableau n°9 , c'est grâce aux pays producteurs de pétrole, dont le PNB moyen par habitant est de près de sept fois supérieur à celui des pays non producteurs, que cet te moyenne est aussi élevée. Quant au groupe des pays non produc teurs, leur PNB par habitant a été presque le même 836 dollars, c'est- à-dire moins que la moyenne de tous les pays en développement (944 dollars).

2.1. Evolution du commerce extérieur arabe

Le commerce extérieur arabe a enregistré au cours des trois pre mières périodes considérées (1970-73, 1974-75 et 198O-81), un excédent commercial substantiel qui n'a cessé d'augmenter en chiffres absolus (tableau n° 10). Ce constat global masque en effet une réalité qu'on se doit de garder présente à l'esprit : l'excédent arabe est le fait des seuls pays producteurs de pétrole. Les non-producteurs, quant à eux, ont connu un déficit permanent au cours des quatre périodes con sidérées. L'excédent des premiers et le déficit des seconds n'ont cessé d'augmenter en chiffres absolus au cours des périodes considé rées, avec toutefois une réduction de l'excédent des pays arabes pé troliers au cours de la q uatrième période (1985-86). Cette réduction est due au retournement qu'a connu le marché pétrolier récemment. Tableau n° 10 593

(moyenne oar nériadtt en mil.1 lards dtt dollars OS)

Pavs 1970-,73 1974 •75 198C1-81 1-98S;-86

Import Export Import Export Import Export Import Export

Producteurs de pétrole.

Algérie 1,451 1,263 5,782 6,162 9,464 14,340 8,448 8,677 Bahrein 0,200 0,229 1,666 1,084 3,534 2,391 2,427 2,344 Irak 0,547 1,406 5,037 10,873 14,625 19,305 11,178 13,185 Koweït 0,619 2,829 3,233 9,559 6,120 13,841 6,042 7,342 Libye 0,998 2,713 4,545 9,241 11,468 18,779 5,550 5,000 Oman 0,109 0,443 0,736 1,576 1,431 3,447 3,022 4,405 Qatar 0,152 0,495 0,797 2,126 1,240 5,864 1,100 3,543 Arabie Saoudite 1,153 5,228 12,330 39,469 28,451 103,289 22,200 20,800 E.A.U. 0,324 0,747 3,673 8,637 7,701 20,256 7,326 14,254

Total Part 1*7 ; 5,555 15,356 37,802 88,732 84,038 201,515 67,293 79,550

Mon producteurs de pétrole

Djibouti 0,042 0,002 0,115 0,029 0,220 0,027 _ Egypte 0,836 0,509 4,476 1,712 9,797 5,046 8,957 2,768 Mauritanie 0,064 0,132 0,203 0,203 0,332 0,312 0,234 0,374 Maroc 0,705 0,688 2,466 1,632 3,763 2,304 3,821 2,437 Somalie 0,083 0,022 0,211 0,092 0,380 0,151 0,112 0,091 Soudan 0,266 0,266 0,949 0,518 1,616 0,641 1,526 0,741 Tunisie 0,396 0,264 1,531 0,963 3,088 1,980 2,890 1,760 Jordanie 0,169 0,031 0,971 0,230 2,933 0,378 2,432 0,733 Liban 0,822 0,328 1,623 0,856 3,147 0,818 2,040 0,509 Syrie 0,359 0,225 1,932 1,208 3,325 1,751 3,160 1,100 Yemen (Rep.) 0,063 0,008 0,576 0,026 1,429 0,045 1,598 0,106 Yemen (Rep.Dem.) 0,096 0,065 0,386 0,190 0,931 0,386 0,897 0,322

Total Partiel • 3,906 2,544 15,443 7,663 30,969 13,843 27,649 10,932

TOTAL : 9,461 .17,900 53,246 96,395 115,007 215,359 94,942 90,482

Source : CNUCED, op. cit. 594

C'est donc grâce aux pays pétroliers que le commerce extérieur arabe a enregistré des bonds spectaculaires au cours des périodes con sidérées. Leur part, aussi bien dans les exportations que dans les importations de la région arabe en témoigne : les pays du Golfe, la Lybie, l'Irak et l'Algérie assurent l'essentiel des exportations de la région arabe et absorbent la plus grande part de ses importations.

Tableau n° 11 Part des pays pétroliers dans la valeur des exporta tions et importations arabes (en %) (moyenne période)

Part dans la valeur des exportations (en

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Pays pétroliers 85 % 92% 93,556' 88 % (Golfe, Libye, Irak,Algérie)

Reste des pays arabes 15 8 % 6,556' 12

ioo % 100 % 100 % 100 %

Part dans la valeur des importations (en

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Pays pétroliers 5.1 % 71 % 73 56 70 % (Golfe, Libye, Irak, Algérie)

Reste des pays arabes 49 % 29 27 % 30 %

100 % 100 % 100 % 100

Source : Calcul effectué sur base des données de la CNUCED, op. cit.

Comme le montre ce tableau, la part des pays pétroliers dans la valeur des exportations et importations arabes retient tout particu lièrement l'attention. Au sein de ce groupe de pays, l'Arabie Séoudi te se taille une place de choix :A lui seul ce pays a assuré environ 52 %de la valeur des exportations des pays pétroliers et 48 %de la 595

valeur des exportations arabes totales au cours de la sous-période 1980-8.1. Sa part a baissé au cours de la quatrième période (19.8-5-86). L'examen de l'évolution du commerce extérieur des pays arabes montre que ce dernier est fortement marqué par la composante énergie. Celle-ci demeure au centre de son évolution. Le second choc pétrolier intervenu en 1979-80 et ayant porté le prix du brut à 40 dollars le baril a permis aux exportations arabes d'opérer un bond spectaculaire jamais atteint auparavant puisqu'elles ont totalisé, au cours de la- période qui suit (1980-81) la somme de 215,359 milliards de dollars, soit un accroissement de 123,4 % par rapport à la période précédente (1974-75) (voir tableau n° 10). Ces mêmes exportations ont baissé d'une manière tout aussi spectaculaire au cours de la quatrième pério de (1985-86) puisqu'elles n'ont totalisé que 90,482 milliards de dol lars, soit une perte de 124,877 milliards de dollars par rapport à la période précédente, comme l'exprime fort bien ce graphique.

Graphique n° S

Evolution du commerce extérieur des pays arabes (en moyenne par période et en millions de dollars]

1 illmporl H Expor l

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Source : graphique établi sur base des données de la CNUCED, op. cit. 596

Il ressort de ce graphique et des tableaux qui précèdent, que d'une situation excédentaire qui a caractérisé les trois premières pé riodes (1970-73, 1974-75, 1980-81) on passe à une situation déficitai re au cours de la q uatrième période (1985-86). Si on prend les deux dernières périodes on constate que l'excédent enregistré au cours de la période (198O-8I) et qui était de 100,352 milliards de dollars a non seulement disparu au cours de la période 1985-86, mais il a cédé la place à un déficit de 4,460 milliards de dollars. C'est dire toute la fragilité du commerce extérieur arabe lié à l'exploitation d'une seul ressource : le pétrole. Certes, les pays arabes exportateurs de pétrole demeurent excé dentaires dans leurs échanges avec le monde extérieur, mais leur excé dent se réduit au fil des ans. Jugeons en par les chiffres : au cours de la période 1980-81, les pays pétroliers avaient enregistré un excé dent de 117,485 milliards de dollars, au cours de la période 1985-86 cet excédent n'est plus que 12,257 milliards de dollars. Si le marche pétrolier ne parvient pas à se redresser, cet excédent est appelé à se réduire encore à moins que ces pays ne réduisent de manière draconien ne leurs importations ce qui semble impossible compte tenu du gigan tisme des projets de développement engagés. Ce sont les pays non pétroliers qui supportent le déficit arabe (voir tableau n° 10). Ce n'est pas une nouveauté, ce groupe de pays a été déficitaire et continuera vraisemblablement à le demeurer vu ses richesses limitées et surtout son poids démographique (70 %de la population arabe totale).

2_i2« Poids des échanges extérieurs arabes dans le commerce mondial

Au niveau mondial et malgré le poids du pétrole, le monde arabe pris globalement n'occupe qu'une place marginale dans les échanges commerciaux à l'exception toutefois de la période 1980-81 où les ex portations arabes avaient représenté, en valeur, 11 %des exportations mondiales. Cette part a baissé par la suite, pour se situer à peine à hauteur de 4,7 %au cours de la période 1985-86. Il en est de même pour les importations qui sont passées de 6,5 %des importations mon diales en 198O-8I à 4,8 %en 1985-86 (voir graphique n° 6). 597

Graphique n° 6 Part du monde arabe dans la valeur des exportations et importations mondiales (en %et en moyenne période) Part dans les exportations mondiales 1980-81 (en valeur) Part dans les importations mondiales 1980-81 (en valeur)

11.00% 6,50%

89,00% 93,50% Part dans les exportations mondiales Part dans les impotations mondiales 1985-86 (en valeur) 1985-86 (en valeur)

4,70% 4,80%

E Pays arabes O Reste du monde 95,30% 95,20% Source : sur base des données de la CNUCED, op. cit. et du rapport de la Ligue arabe, 1987.

2.3« Structure du commerce extérieur du monde arabe place de certains groupes de produits

Il résulte de ce qui précède une évidence : le commerce extérieur arabe est dominé par la composante énergie dont les détenteurs sont à la fois les artisans et les bénéficiaires des échanges extérieurs de 598

toute la région arabe. L'examen de la structure de ces échanges en fonction des treize groupes de produit; retenus le confirme. Déjà avant le premier relèvement des prix pétroliers (1973-74), le pétrole représentait à lui seul 85,5 %de la valeur des exportations arabes (période 1970673). Cette part est passée par la suite à 92,3 %en 1074-75, à 93 %en 19809-81 et 85 %au cours de la quatrième période 1985-86 (voir graphique n° 7

Graphique n° 7

Part du pétrole le commerce extérieur arabe (en% de la valeur des exportations totales de la région arabe)

100 j

90-- """"WWWWWWPIWW

1

80 •• ';

...rfX*.v>^rt. *'

70 •• 85,5%| '; 92,3%F x 93% "*;

60.•• •• * * si r ^•> "S *• *• •> r s s 50 •• '="•> * _, v>< ,<%v y, H * J***" *•<%: r-* 40- * •"<•<•.; ?, % .. •• •** % •• ! # •>< 30 •• ' ^1 -.* i

>. 20-- •>•

• '*•• ,0.. •_,"• 04- 1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Source : sur base des données émanant du rapport de la Ligue arabe, 1987 599 Tableau n° 12

Structure nar produit de base dn Cfunav.rr.tt arfrâriottr dfS PfrVS arahri (moyenne par période en milliards de dollars)

CTCI 1970-73 1974-75 1980-191 1985-86

Valeur z Valeur Z Valeur Z Valeur Z

Alimentation Import 0,699 7,4 2,821 5,3 7,006 6,4 6,080 6,4 sauf céréales Export 0,580 3,2 1,236 1,3 1,854 0,9 1,657 1,8

Céréales Import 0,650 6,9 2,504 4,7 5,293 4,6 7,590 8,0 Export 0,059 0,3 0,114 0,1 0,198 0,1 0,192 0,2

Epices, tabacs,, Import 0,352 3,7 1,338 2,5 2,285 2,0 3,220 3,4 et boissons Export 0,115 0,6 0,172 0,2 0,162 0,1 0,185 0,2

Agricoles non Import 0,491 5,2 1,726 3,2 3,198 2,8 2,980 3,1 alimentaires Export 0,737 4,2 1,172 1,2 1,236 0,6 1,425 1,6

Matières brutes Import 0,033 0,4 0,172 0,3 0,526 0,5 0,480 0,5 non agricoles Export 0,435 2,4 1,213 1,3 1,733 0,8 1,910 2,1

Energie Import 0,229 2,4 2,792 5,2 8,720 7,6 7,220 7,6 Export 15,323 85,6 88,987 92,3 200,455 95,0 76,909 85,0

Produits Import 0,728 7,7 2,719 5,1 6,081 5,3 5,120 5,4 chimiques Export 0,104 0,6 0,493 0,5 0,884 0,4 1,323 1,5

Métaux transi. Import 1,035 10,9 6,564 12,4 13,137 11,4 10,010 10,5 matière simple Export 0,108 0,6 0,468 0,5 0,927 0,4 1,570 1,7

Matière transi. Import 1,138 12,0 4,965 9,0 10,745 9,3 7,720 8,1 art. manufact. Export 0,202 1,1 0,695 0,7 0,835 0,4 1,250 1,3 simples

Matériel de Import 1,114 11,8 8,189 15,4 16,249 14,1 10,707 11,3 transport Export 0,028 0,2 0,537 0,6 0,598 0,3 0,795 0,8

Machines Import 2,300 24,0 15,202 28,6 31,449 27,3 24,148 25,5 Export 0,061 0,3 0,479 0,5 0,844 0,4 1,005 1,1

Articles manuf. Import 0,603 6,4 3,490 6,6 8,751 7,6 7,707 8,1 divers Export 0,107 0,6 0,671 0,7 1,222 0,6 1,758 2,0

Mon dénommés Import 0,085 0,9 0,758 1,4 1,564 1,4 1,700 1,8 ailleurs Export 0,037 0,2 0,153 0,1 0,303 0,1 0,508 0,5

TOTAL Import 9,461 100,0 53,246 100,0 115,007 100,0 94,649 100,0 Export 17,900 100,0 96,395 100,0 215,359 100,0 90,482 100,0

Source : CNUCED op. cit. Rapport économique de la ligue arabe 1986 600

Le pétrole a ainsi marginalisé non seulement les autres pays ara bes (non producteurs d'énergie) du tableau des échanges extérieurs de la région, mais aussi les autres groupes de produits exploités tradi tionnellement par ces derniers. Certains groupes de produits tels que les produits agricoles non alimentaires, les produits alimentaires sauf céréales, les matières brutes non agricoles ont beaucoup perdu de leur poids qui a fini par devenir négligeable au cours notamment de la troisième et la quatrième période (1980-81 et 1985-86) (voir ta bleau n° 12). Ainsi par exemple, les produits agricoles non alimen taires qui ont représenté 4,2 %de la valeur des exportations arabes en 1970-73 n'ont plus représenté que 0,6 %de la valeur des exporta tions en 1980-81 et 1,6 %en 1985-86 (tableau n° 12). Les économies arabes sont devenues de plus en plus tributaires des exportations de l'énergie et cela au détriment d'autres produits primaires, sans même parler de la promotion d'articles manufacturés.

Quant à la structure des importations, celle-ci est, naturelle ment, beaucoup plus diversifiée. Trois groupes de produits attirent tout particulièrement l'attention : "machines", "matériel de trans port" et "articles manufacturés divers". Ces trois groupes de pro duits ont représenté 42,4 %de la valeur des importations arabes tota les en 1970-73, 50,6 %en 1974-75, 49 %en 1980681 et 45 %au cours de la quatrième période 1985-86 (voir tableau n° 12). Le financement de ces importations s'opère essentiellement par les recettes provenant des exportations de l'énergie. Les autres ex portations (excepté donc l'énergie) qui financèrent encore 27 % des importations totales en 1970-73, ne couvraient plus que 14 % des im portations en 1974-75, 9 %en 1980-81 et 14 %au cours de la quatrième période 1985—86. Ceci met en évidence le rôle très modeste joué par les exportations (ou à l'inverse, le rôle croissant des exportations de l'énergie) dans la balance commerciale arabe. Notons, enfin, que bien que l'énergie pèse de tout son poids dans les exportations de cette région, le commerce extérieur des pays ara bes non pétroliers est, bien entendu, plus diversifié en raison de la structure de la production de certains pays comme le Maroc, l'Egypte, la Syrie et la Tunisie. Ces derniers assurent 40 % de la production 601

industrielle de la région arabe et 57 %de sa production agricole (l).

^•3- Répartition géographique du commerce extérieur arabe

Comme l'Afrique sub-saharienne, le monde arabe est fortement lié tant au niveau de ses exportations que de ses importations aux pays développés à économie de marché et notamment à l'Europe de l'Ouest. Ces derniers sont ses principaux clients et ses principaux fournis seurs. Ala différence, toutefois, de l'Afrique au sud du Sahara, les pays arabes ont amélioré sensiblement leurs échanges commerciaux avec les PVD, notamment au niveau des exportations. Ceci est dû essentiel lement au poids de la composante énergie dans ces échanges.

Tableau n° 13 Répartition géographique du commerce extérieur arabe

Moyenne Europe Autres pays développés"* PVD "'" Pays de période (CEE) à économie de marché l'Est

1970-73 71 % 18 % 6 % 5%

1974-75 5A,5% 21 % 15,556 7 %

1980-81 50,4$ 29,65? 13,456 7 %

1985-86 52,4$ 25,65? 15 %

Source : Rapport Ligue arabe, 1987. * PVD : autres pays arabes, Asie, Afrique, Amérique latine. Autres pays développés à économie de marché : Japon, E.U., Canada et pays Nord européens notamment.

Comme le montre ce tableau, les pays développés à économie de marché (CEE + Japon, Canada et les Etats Unis, pays du Nord de l'Euro-

(1) AMIN (S.), L'économie arabe contemporaine, Paris, Editions 1980, p. 1.1. Ces proportions n'ont pratiquement pas changé. Voir le rapport de la Ligue arabe 1987. 602

pe, non membres de la CEE) absorbent la plus grande partie des expor tations des pays arabes : 89 %en 1970-73, 75,5 * en 1974675, 80 56 en 1980-81 et 77 %en 1985-86. La part des PVD a plus que doublé entre la première et la deuxième période, passant de 6 %en 1970-73 à 15 % en 1974-75 et s'est maintenue pratiquement à ce niveau cours des deux dernières périodes. Quant à la part des pays de l'Est, elle n'a pas subi de changement au cours des périodes considérées. Comme l'Afrique sub-saharienne, le monde arabe est peu lié économiquement aux pays à économie planifiée. Notons, en guise de conclusion à cette section, que le commerce extérieur arabe est fortement lié au pétrole et bénéficie exclusive ment aux pays producteurs de la région. Le poids de l'énergie dans les exportations totales de cette région a marginalisé les autres pro duits traditionnellement exportés par les pays non pétroliers. D'autre part, l'exceptionnel excédent commercial réalisé par la région arabe au cours des périodes considérées, à l'exception toute fois de la période 1985-86 (l),a fait des pays pétroliers un parte naire financier indispensable à l'échelle mondiale. Cet excédent lar gement recyclé (2),notamment dans les pays développés à économie de marché,a non seulement compensé leur déficit vis-à-vis des pays pro ducteurs de pétrole mais a intégré ces derniers de manière quasi irré versible dans le système de l'économie mondiale (SEM).

(1) Rappelons que les pays pétroliers demeurent toujours excédentai res, mais leur excédent a fortement chuté en 1985-86, ce qui ex plique le déficit de la région arabe prise globalement. (2) Nous reviendrons sur cette problématique de recyclage dans le der nier chapitre de cette partie. 603

II. LES ECHANGES COMMERCIAUX AFRO-ARABES EVOLUTION, STRUCTURE ET PERSPECTIVES

Nous avons vu dans l'analyse qui précède que le commerce exté rieur tant de l'Afrique sub-saharienne que du monde arabe se fait es sentiellement avec les pays développés à économie de marché. Le reste du monde (autres PVD et Pays de l'Est) n'intervient que peu dans les échanges extérieurs des pays arabes et des pays africains. Le monde arabe, notamment pétroliers, a enregistré certes un certain accroisse ment dans ses échanges avec les autres PVD, mais cet accroissement est dû essentiellement à l'importance de la composante énergie dans ces échanges surtout après les différents relèvements des prix pétroliers qui ont accru la valeur des exportations des pays producteurs de pé trole.

Quel fut l'impact de ces augmentations successives sur les échan ges commerciaux entre le monde et l'Afrique Noire? Quelle est la pla ce d'autres groupes de produits, en dehors de l'énergie, dans ces é- changes? Peut-on améliorer le commerce entre ces deux régions appar tenant au monde en développement? Quelles sont les perspectives de ce type de relations commerciales reliant deux régions traditionnellement liées au Nord développé? C'est à ces questions que nous tenterons de répondre dans ce second volet de ce chapitre.

1. Evolution des échanges commerciaux afro-arabes

Les échanges commerciaux entre le monde arabe et l'Afrique sub saharienne presque inexistants au début de la décennie 1970 allaient, suite au rapprochement opéré entre ces deux régions à partir de 1973 et confirmé au Sommet du Caire en mars 1977, connaître un certain dé veloppement, qui tout en demeurant limité, n'en témoigne pas moins de la volonté de ces deux ensembles de renforcer leurs liens commer- ciaux_^0 (l) Le Sommet du Caire a adopté une déclaration sur la coopération é- conomique et financière afro-arabe. Cette déclaration est repro duite dans la partie annexe de ce travail. 604

L'évolution des échanges entre les deux régions a été marquée, à l'exception toutefois de la période 1970-73,par un excédent commer cial sans cesse croissant en faveur de la région de la région arabe et ce, à partir de la seconde période( 1974- 75 ) .

Ra bleau n° 14 Evolution des exportations et des importations des pays arabes à destination et en provenance de l'A frique sub-saharienne (en moyenne période et en millions de dollars U.S.)

Exportations 1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Exportations des pays arabes ,„ „ ,„„ „ vers l'Afrique 6?>3 605,5 1105,5 1385,0

Importations Importations des pays arabes 86,1 323,8 508,2 547,0 en provenance de 1' Afrique

Source : Rapport de le Ligue Arabe 1986 et CNUCED, op. cit.

Il ressort de ce tableau que les exportations des pays arabes à destination de l'Afrique sub-saharienne ont été multipliées par 20,6 entre la première période (1970-73) et la quatrième période (1985-86) passant de 67,3 millions de dollars à 1385 millions de dollars. Quant aux importations de ces mêmes pays en provenance des pays africains, elles n'ont été multipliées que par environ 6,4 entre la première et la quatrième période, passant de 86,1 millions de dollars à 549 mil lions de dollars Il en résulte des flux commerciaux bénéficiant essentiellement aux pays arabes. L'Afrique qui était encore excédentaire dans ses échanges avec la région arabe au cours de la première période, a vu son excédent commercial non seulement disparaître mais céder la place à un déficit qui, à partir de la deuxième période n'a cessé de s'ac croître, passant de 28l,7 millions de dollars en 1974-75 à 597,3 mil lions de dollars en 198O-8I et à 838 millions de dollars au cours de la quatrrième période (1985-86). Ce déficit africain correspond natu rellement à l'excédent arabe. Les principaux bénéficiaires semblent être les Etats arabes pétroliers qui dominent pratiquement les expor- 605

Tableau n° 15 Part des pays pétroliers dans la valeur des exporta tions arabes totales à destination de l'Afrique sub- saharienne (en millions de dollars, en %et en moyenne période)

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

valeur valeur valeur % valeur

Pays arabes pétroliers 25,8 38,3 544,4 90 1031,5 93,3 1277 92,2

Pays arabes 41,6 61,7 61,1 10 74 6,7 108 7,8 non pétro-T liérs

Totaux 67,3 100 605,5 100 1105,5 100 1385 100

Source : CNUCED, op. cit. Rapport de la Ligue Arabe, 1987.

tations de l'ensemble arabe vers l'Afrique au Sud du Sahara, comme le montre ce tableau. Alors qu'ils n'assuraient que de 38,3 %de l'en semble des exportations arabes vers l'Afrique en 1970-73, les pays pé troliers sont parvenus, au cours des périodes suivantes, à être la source de la presque totalité de ce que l'Afrique importait de la ré gion arabe. Les pays africains sont arrivés, par exemple, à voir en 1985-86 leurs importations des pays arabes pétroliers plus que tripler par rapport à leurs exportations. C'est incontestablement dans l'augmentation de la composante énergie dans les exportations totales de la région arabe qu'il faut de toute évidence trouver la cause de ce déséquilibre entre les deux par tenaires ( 1). (1) Il y a eu certes la majoration des prix du pétrole, qui conjuguée à l'accroissement de la demande des pays africains en pétrole en provenance du Moyen Orient notamment, a accru le déficit de l'A frique vis-à-vis de leurs partenaires arabes. 606

!•!• Les principaux pays arabes bénéficiaires du commerce afro-arabe

Comme il est dit ci-dessus, les pays arabes pétroliers sont les principaux bénéficiaires des échanges afro-arabes. Au sein de ces derniers, trois pays semblent jouer un rôle capital : l'Arabie Séoudi te, le Bahrein (au niveau des exportations) et 1' Algérie au niveasu des importations. Comme le montre le tableau suivant (faisant état du flux commer cial de chaque pays arabe avec l'Afrique), l'Arabie Séoudite et le Bahrein on assuré à eux seuls l'essentiel des exportations du groupe de pays pétroliers à destination des pays africains. Jugeons-en : 64 %en 1974-75, 85 %en 1980-81 et 84 %en 1985-86. Et qu'exportent ces deux pays? Le pétrole. C'est dire encore une fois le poids de la composante énergie dans les flux commerciaux entre ces deux régions.

Au niveau des importations des pays arabes de l'Afrique, ce sont encore deux pays pétroliers, l'Algérie et l'Arabie Séoudite auxquels il convient d'ajouter un pays non pétrolier, le Maroc, qui absorbent l'essentiel des importations africaines. Ces trois pays ont absorbé 50,7 % des importations totales arabes de la région africaine en 1974-75, 63,4 % et 56 % respectivement au cours des deux périodes suivantes ( 198O-81 et 1985-86). Tableaui n° 16 1607 Commerce extérieurs des pavs arabes avec les pavs africains (moyenne par période en million de dollars iUS)

Pays 1970-73 1974- 75 1980--81 1985-•86

Import Export Import Export Import Export Import Export

Producteurs de pétrole.

Algérie 9,9 8,6 91,0 64,7 200,4 61,3 180,2 80,5 Bahrein 0,8 6,8 2,2 85,0 3,0 143,0 16,1 130,7 Irak 2,2 0,1 6,6 0,1 0,0 0,0 0,0 10,1 Koweït 3,9 7,3 5,0 33,0 6,8 61,4 9,9 71,7 Libye 6,6 0,5 12,7 44,7 12,5 15,5 25,6 24,0 Oman 0,0 0,0 4,4 0,0 14,8 16,0 22,9 20,0 Qatar 0,2 2,5 1,9 53,4 1,8 0,0 8,0 12,6 Arabie Saoudite 0,0 0,0 31,0 263,6 64,6 734,1 70,9 940,0 E.A.U. 0,0 0,0 2,9 0,0 15,5 0,0 12,1 12,6

Total Partiel : 23,6 25,8 157,8 544,4 319,4 1031,5 345,7 1277,0

Non producteurs de pétrole

Djibouti - _ _ _ — Egypte 9,0 13,2 41,1 6,6 23,9 3,1 18,8 7,1 Mauritanie 5,9 3,2 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Maroc 19,1 11,5 42,9 31,8 58,5 45,9 53,4 50,7 Somalie 5,4 0,9 16,8 0,9 11,1 0,2 16,0 3,2 Soudan 7,5 0,9 16,9 1,7 24,4 1,2 34,0 2,3 Tunisie 2,4 3,8 12,3 17,6 23,2 21,3 23,0 20,0 Jordanie 2,5 0,3 14,2 2,0 40,3 2,3 42,0 16,1 Liban 10,7 7,9 4,5 0,3 0,0 0,1 0,0 0,0 Syrie 0,0 0,0 8,4 0,1 0,0 0,0 4,8 2,0 Yemen (Rep.) 0,0 0,0 8,9 0,1 7,5 0,0 9,2 3,6J

Yemen (Rep. Dem. - ) " -

Total Partiel : 62,5 41,6 166,0 61,1 188,8 74,1 201,3 108,0

TOTAL : 86,1 67,3 323,8 605,5 508,2 .1105,5 547,0 .1385,0

Source : CNUCED, op. cit. 608

ï-2* Principaux pays africains bénéficiaires des échanges afro-arabes

Le tableau suivant faisant état des échanges des pays africains (pris individuellement) avec la région arabe montre que les princi paux bénéficiaires sub-sahariens dans ces échanges sont un groupe de sept pays (Côte d'Ivoire, Kenya, Tanzanie, Mozambique, Zambie, Ethio pie et Angola). Une remarque s'impose cependant à l'exception de l'Angola (essentiellement exportateur) (l). Les autres pays se dis tinguent tant au niveau de leurs importations de la région arabe que de leurs exportations à destination de cette région. Ainsi les sept pays considérés ont assuré 74,1 %des exportations africaines à destination du monde arabe en 1974-75, 76 %en 1980-81 et 79 %en 1985-86. Ils ont absorbé également l'essentiel des importa tions de l'Afrique en provenance des pays arabes : 58,2 %en 1974-75, 70 %en 1980-81 et 71 %en 1985-86. A remarquer également que trois pays de ce groupe, en l'occurren ce l'Ethiopie (2), l'Angola et le Mozambique ont enregistré un excé dent commercial permanent dans leurs échanges avec les pays arabes au cours des quatre périodes considérées. La Côte d'Ivoire peut se ranger dans cette catégorie bien qu'ayant enregistré un déficit au cours de la quatrième période.

(1) Il convient de rappeler que ce pays est producteur de pétrole et par conséquent l'énergie ne figure pas dans ces importations en provenance des pays arabes, ce qui permet à ce pays d'enregistrer un excédent permanent dans ses échanges avec la région arabe.

(2) Ce pays a été déficitaire tout de même au cours de la deuxième période (1974-75). 609 Tableau n° 17

Commercé des pavs africains avec les pavs arabei (Moyenne par période en millionsde dollars OS)

Pavr 1973 1974-7S 198C'-81 1985-•86

Import Export Import Export Import Export Import Export

Tchad 0,181 3,222 0,224 3,739 0,030 0,834 1,340 2,839 Comores 0,051 0,016 0,063 0,114 0,192 0,201 1,960 0,206 Ethiopie 1,570 4,715 47,830 37,697 21,134 50,257 26,839 50,262 Mali 1 ,119 0,396 1,198 0,390 1,251 2,563 1,253 2,568 Niger 0,773 1,252 0,578 1,700 0,392 1,997 0,398 2,001 Burkina-Faso 0,152 0,190 0,161 0,512 0,254 1,603 0,259 1,608 Angola 0,190 0.174 1,233 30,818 2,885 62,011 2,890 62,015 Bénin 0,871 0,443 16,676 0,721 4,036 0,809 4,038 0,809 Burundi 0,005 0,000 0,050 0,062 0,139 0,107 0,144 0,109 Cameroun 0,935 3,246 2,838 4,639 4,602 5,653 14,607 5,658 Cap-Vert 0,000 0,000 0,296 0,064 0,000 0,000 0,081 0,062 RCA 0,241 0,160 1,088 1,291 0,364 0,628 0,369 0,631 Congo 2,330 1,135 2,904 2,689 4,110 5,206 3,116 5,207 Guinée équa. 0,001 0,002 0,219 0,048 0,001 0,181 0,012 0,186 Gabon 0,695 5,070 2,284 6,180 3,310 12,746 3,311 10,742 Gamble 0,048 0,002 0,099 0,173 0,887 0,106 0,881 0,100 Ghana 5,332 1,833 31,675 7,636 15,019 4,934 14,940 5,230 Guinée 1,114 0,805 6,740 0,425 2,239 2,068 2,241 2,069 Guinée-B 0,037 0,006 0,275 0,256 0,094 0,361 0,101 0,370 Côte d'Ivoire 8.236 19.063 21.983 67.571 78.428 108,732 130,100 115,670 Kenya 2.828 10,911 122,205 49,667 441,220 61.400 560,120 78,200 Libéria 2,411 0,870 34,549 1,387 119,550 8,833 121,540 10,111 Madagascar 4,937 2,234 46,186 8,638 41,647 19,708 45,647 18,700 Malawi 0,468 0,568 1,275 2,903 6,804 2,186 11,804 7,240 Maurice 0,492 1,188 19,951 3,639 29,708 0,172 35,607 2,170 Mozambique 1,312 3,487 20,454 24,920 43,965 54,600 50,180 56,700 Réunion 1,458 0,053 14,188 0,389 24,071 1,532 25,012 2,500 Zimbabwe 0,001 0,036 0,000 0,069 0,001 7,412 5,250 6,390 Rwanda 0,003 0,000 0,109 0,032 0,060 0,528 0,270 0,430 Sénégal 5,101 5,311 20,785 3,837 31,107 3,402 57,180 5,750 Sierra Leone 3,309 0,326 0,499 1,338 1,676 1,431 4,676 2,440 Tanzanie 5,058 3,121 32,325 9,490 42,436 32,211 71,240 51,280 Togo 0,315 0,090 0,500 0,170 0,836 3,591 2,930 7,120 Ouganda 0,056 6,431 0,711 20,386 1,414 14,834 4,186 10,210 Zaïre 3,003 1,584 31,337 6,459 7,890 9,665 5,750 5,190 Zambie 5.010 6.280 108.912 19.490 143,673 17,073 140,072 19,071 Seychelles 0,001 0,001 2,032 0,011 8,528 0,030 15,210 0,140 Autres 0,000 0,001 0,007 0,326 0,001 1,068 0,210 0,125 Nigeria 7,690 1,915 11,043 3,891 20,809 4,742 35,190 7,135

TOTAL 67,350 86,127 605,525 323,882 1105,2 508,279 1385,24 547,831

Source : CNUCED, "promotion des échanges op. cit. rapport 1987. Tableau n» 18 Etat de la balance commerciale des sept principaux pays africains avec le monde arabe (en millions de dollars et en moyennes périodes)

1970-73 1974-75 1980-81 1985-85 Excédent déficit Excédent déficit Excédent déficit Excédent déficit

Ethiopie 3,145 -10,133 29,123 23,423 Angola 29,585 59,126 58,125 Mozambique 2,175 4,466 10,635 6,520

Tanzanie -1,937 -22,905 -10,225 -19,960

Zambie 1,270 -89,422 -126,600 -121,001

Kenya 8,083 -72,538 -379,820 -481,920

Côte d'Ivoire 10,827 45,588 30,304 -14,430

Source : calcul effectué sur base des données de la CNUCED, op. cit.

O 611

Ce qui frappe à la lecture de ce tableau, c'est le déficit de la Zambie et surtout celui du Kenya. Ce dernier pays a supporté à lui seul 63,7 %du déficit africain vis-à-vis des pays arabes en 198O-81 et 57,7 %en 1985-86. Rappelons que le Kenya était excédentaire dans ses échanges avec la région arabe au cours de la première période (voir tableau n° 17). Son déficit sans cesse important depuis 1974-75 révèle un aspect important qui se place au centre des échanges afro- arabes, à savoir l'impact des différentes majorations des prix de pé trole sur les importations africaines. Si les importations de l'Afrique de l'ensemble arabe sont dominées par l'énergie, de quoi sont composées alors les importations des pays arabes en provenance des pays africains? Cette question nous amène à examiner brièvement la structure du commerce entre ces deux ensembles.

2. Structure du commerce afro-arabe : Place de certains groupes de produits dans les échanges entre les deux ensembles

L'analyse de la structure des échanges afro-arabes concernera les treize groupes de produits de base retenus (voir tableau n° 2). Quel ques petits pays africains ne sont pas pris en considération, leur part dans les courants de ces échanges sont si insignifiantes que l'a nalyse n'en serait en rien modifiée.

2.1. Structure des exportations arabes vers l'Afrique

On est tenté de résumer ceci en une seule phrase : Le monde arabe n'exporte vers l'Afrique sub-saharienne qu'un produit de base : le pétrole. Ses exportations vers cette région, qui étaient plus diver sifiées au cours de la première période (1970-73), se sont réduites,au cours des périodes suivantes (1974-75, 1980-81 et 1985-86), à une seule composante : l'énergie comme le montre ce tableau. 612

Tableau n° 19 Part du pétrole dans les exportations arabes à destina tion de l'Afrique (en %et en moyenne période)

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Part du pétrole 30,656 88,5$ 92,6$ 89,5$

Part d'autres produits 69,4* 11,5* 7,456 10,5*

Source : CNUCED, op. cit.

Alors qu'en première période les exportations autres que l'éner gie à destination de l'Afrique présentaient encore 69,4 * des expor tations totales arabes, elles ne sont plus que de 11,5 * en 1974-75, 7,4 %en 198O-81 et de 10,5 * en 1985-86. Ainsi certains groupes de produits tels que "alimentation sauf céréales", épices, tabac et boisson", "matières transformées et arti cles manufacturés simples" et "produits chimiques" qui avaient repré senté au cours de la première période 48 %des exportations arabes vers l'Afrique, ont vu leur part se réduire pour devenir pratiquement marginale au cours des trois dernières périodes, comme le montre le tableau suivant. Le pétrole a ainsi marginalisé les autres groupes de produits qui ne jouent plus désormais qu'un rôle de figurant dans les échanges de la région arave avec

2.2. Structure des exportations africaines à destination des pays

arabes

Les exportations des pays africains à destination des pays arabes sont en revanche plus diversifiées et portent essentiellement sur quatre groupes de produits : "alimentation sauf céréales", "épices, tabac et boissons", "produits agricoles non alimentaires" et "céréa les". Ces quatre groupes ont totalisé 79,3 * des exportations totales de l'Afrique vers la région en 1970-73, 82 * en 1974-75, 83,6 * en 1980-81 et 90,7 %au cours de la dernière période 1985-86. Le groupe "épices, tabac et boisson" a assuré à lui seul plus de Tableau n° 20 613

(i5D millions de dollars US. moyenne etr pourcentage)

CTCI 1970 -73 1974-75 1980-81 1985-86

Valeur Z Valeur % Valeur Z Valeur Z

Alimentation Import 10,7 15,9 19,7 3,3 30,6 2,8 28,8 2,0 sauf céréales Export 15,5 18,0 43,0 13,3 34,7 6,9 40,0 7,3

Céréales Import 6,1 9,1 1,7 0,3 1,6 0,1 1,2 0,1 Export 1,0 1,2 4,7 1,4 35,1 6,5 45,4 8,3

Epices, tabacst Import 7,0 10,4 14,2 2,4 8,4 0,7 11,5 0,8 et boissons Export 28,2 32,7 163,1 50,4 273,2 54,0 301,5 55,0

Agricoles non Import 1,4 2,1 1,2 0,2 2,0 0,2 4,5 0,3 alimentaires Export 23,7 27,4 55,1 17,0 81,4 16,2 110,2 20,1

Matières brutesf Import 0,9 1,3 3,7 0,6 6,7 0,6 12,2 0,9 non agricoles Export 3,1 3,6 5,9 1,8 5,5 1,1 4,0 0,7

Energie Import 20,6 30,6 535,8 88,5 1023,8 92,6 1240,1 89,5 Export 1,5 1,7 6,1 1,9 9,9 1,9 12,1 2,2

Produits Import 4,3 6,4 7,0 1,2 4,2 0,4 10,2 0,7 chimiques Export 3,6 4,2 4,7 1,4 2,6 0,5 0,0 0,0

Métaux transf. Import 0,9 1,3 0,8 0,1 1,8 0,2 2,8 0,2 matière simple Export 2,8 3,2 12,2 3,8 26,7 5,3 15,1 2,7

Matière transf. Import 10,2 15,2 12,3 2,0 5,5 0,5 10,5 0,7 art. manufact. Export 5,1 5,9 18,0 5,6 28,3 5,6 14,1 2,6 simples

Matériel de Import 0,6 0,9 3,2 0,5 2,9 0,3 5,1 0,4 transport Export 0,6 0,7 4,8 1,5 2,8 0,6 1,0 0,2

Machines Import 1,4 2,1 0,6 0,1 5,4 0,5 10,5 0,7 Export 0,4 0,5 3,2 1,0 4,4 0,9 5,1 1,0

Articles manuf. Import 3,2 4,7 5,1 0,8 12,4 1,1 24,2 1,8 divers Export 0,8 0,9 2,7 0,8 2,8 0,6 0,0 0,0

Non dénommés Import 0,0 0,0 0,0 0,0 0,2 0,0 0,0 0,0 ailleurs Export 0,0 0,0 0,0 0,1 0,2 0,0 0,0 0,0

TOTAL Import 67,3 100,0 625,3 100,0 1105,5 100,0 <1385,0 100,0 Export 86,3 100,0 323,7 100,0 505,6 100,0 547,0 100,0

Source : CNUCED op. clt 614 la moitié des exportations africaines à destination des pays arabes et ce, à partir de 1974-75 (voir tableau 10 ).

Que faut-il conclure des échanges entre ces deux ensembles. Côté africain, tout en étant diversifiées, les exportations à destination de l'ensemble arabe sont essentiellement assurées par quatre groupes appartenant tous au secteur agricole. Côté arabe, c'est l'énergie qui façonne ses échanges non seulement avec l'Afrique mais aussi avec le reste du monde (l). Les autres groupes de produits tels que "le matériel de trans port", "les machines" ou "les articles manufacturés" sont pratiquement absents du tableau des échanges entre ces deux régions.

3. Faiblesse des échanges commerciaux entre les deux ensembles

La nature des structures des échanges ainsi que la faiblesse des flux commerciaux entre ces deux ensembles sont incontestablement un indicateur du faible développement économique dans l'ensemble des pays de ces deux régions. Cela est attesté aussi par la part des échanges afro-arabes dans le commerce mondial de chaque région. Les importations arabes de l'Afrique n'ont représenté en 1980-81 que 0,4 * de leurs importations du reste du monde, et 0,6 * en 1985-86. Il en va de même en ce qui concerne les exportations arabes à destination de ces mêmes régions.

(l) Voir le premier volet de ce chapitre. 615

Tableau n° 21 Part de l'Afrique dans les exportations totales du mon de arabe (en %et en moyenne période)

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86 Afrique sub-saharienne 0,4 * 0,6 % 0,5 * 1,5 * Reste du monde 99,6 * 99,4 * 99,5 * 98,5 *

100 * 100 * 100 * 100 *

Source : Calcul sur base des données émanant du rapport de la Ligue arabe et CNUCED, op. cit.

Tableau n° 22 Part du monde arabe dans les exportations totales afri caines (en * et en moyenne période)

1970-73 1974-75 1980-81 1985-86

Monde arabe 1 % 1,2 * 1,2 * 2,1 * Reste du monde 99 * 98,8 * 98,8 * 97,9 *

100 * 100 * 100 % 100 *

Source : Calcul effectué sur base des données de la CNUCED et du rapport de la Ligue arabe, op. cit.

Ce qui frappe à la lecture de ces tableaux c'est l'insignifiance de ce que ces deux régions échangent entre elles par rapport à ce qu'elles échangent avec le reste du monde. Ces échanges sont restés extrêmement faibles au cours des quatre périodes considérées et ce malgré les déclarations d'intention des deux partenaires visant à les promouvoir, (l)

(1) La déclaration sur la coopération économique et financière adoptée au Sommet du Caire (1977), voir annexe. 616

La faiblesse des liens économiques (ici commerciaux) est incon testablement le maillon le plus faible du projet coopératif afro-ara be. Tant les pays arabes que les pays africains comptent essentiel lement sur les pays développés à économie de marché pour satisfaire leurs besoins en produits manufacturés, en équipement, en machines et même en produits alimentaires. Il est à remarquer que l'expansion en registrée au cours de ces dernières années dans les échanges Sud-Sud et dont les pays pétroliers semblent avoir joué un rôle moteur, n'a point bénéficié aux échanges afro-arabes. Constater que ces échanges sont faibles ne suffit pas, il con vient d'en rechercher les causes afin de pouvoir s'interroger sur leurs perspectives.

3-1. Les causes de la faiblesse du commerce afro-arabe

Deux causes principales méritent d'être retenues : la première est d'ordre historique, la seconde relève quant à elle des structures des économies tant arabe qu'africaine.

i) Comme nous l'avons vu, les produits primaires constituent l'essentiel des exportations des pays tant arabes qu'africains. L'ex ploitation de ces ressources a commencé dans un premier temps grâce aux capitaux et au savoir-faire étranger. C'est grâce en partie à cet afflux de capitaux que les économies africaines traditionnelles de subsistance ont pu se transformer en économies ouvertes spécialisées dans certains produits de base. Le sens dans lequel se sont déplacés les facteurs (investissement, technologie, savoir-faire) a eu une in fluence capitale sur la direction qu'ont prise par la suite les con trats d'échanges. Dans le cas des pays aussi bien africains qu'arabes, c'est de l'Europe qu'affluaient jadis les capitaux, le savoir-faire et la tech nologie. Ce qui explique le sens dans lequel ont évolué les échanges. Les échanges entre l'Europe et l'Afrique, en particulier, ont été encouragés par le système des préférences commerciales issu des an ciens liens coloniaux et renforcé par la suite par les relations com merciales particulières nouées par la CEE avec les pays africains. A ces liens traditionnels se sont surimposées nombre d'unions écono miques et douanières auxquelles appartiennent différents blocs de pays 617

africains. Les liens historiques et institutionnels entre pays d'A frique arabes ou non arabes ont été au contraire extrêmement disten dus. L'Europe occupe une place importante, depuis 1970, dans les ex portations des pays africains et arabes. Bien que sa part ait relati vement diminué entre 1970 et 1986 dans les exportations totales de l'Afrique et du monde arabe, elle demeure néanmoins le premier parte naire commercial de ces deux ensembles. L'Europe a absorbé en 1985- 1986 environ 70 * des exportations de l'Afrique sub-saharienne et 52,4 * de celles du monde arabe. Les exportations des pays arabes vers l'Afrique ont été certes multipliées par vingt entre 1970 et 1985, mais elles demeurent extrê mement faibles, ne dépassant même pas 1,5 * des exportations arabes totales en 1985-86. Cette faiblesse des liens commerciaux entre Arabes et Africains est donc la résultante d'un processus historique ayant abouti à une spécialisation des deux régions dans la production des produits de base et à une intégration verticale de leurs économies dans le système économique mondial. Tant que les économies arabes et africaines de meurent des économies primaires, extraverties et très peu industria lisées, les échanges commerciaux entre les deux régions demeureront faibles. Ce constat nous amène à la deuxième cause de la faiblesse des échanges afro-arabes, à savoir la nature des structures des économies dès pays des deux ensembles.

ii) Les échanges commerciaux sont tributaires du niveau de développement économique de chaque pays et surtout de sa structure économique. Or, l'examen des structures des économies arabes et africaines met en exergue quelques caractéristiques qui leur sont com munes et qui expliquent cette faiblesse structurelle dans le domaine des échanges Commerciaux. - Prédominance des hydrocarbures (pour les uns) et des produits miniers (pour les autres) dans les exportations des deux régions. Faible part du secteur industriel (manufacturier) dans la formation du PIB et gonflement du secteur des services. - Mauvaise répartition des ressources et du facteur de produc tion de sorte qu'aucun pays ne possède réellement tous les facteurs 618

nécessaires à son développement. Dans la région arabe, l'exemple de l'Egypte , du Soudan, du Maroc qui possèdent la main-d'oeuvre et pas les capitaux alors que les pays pétroliers disposent d'énormes res sources financières mais pas de la force de travail dont ils ont besoin. Le fait que chacun des pays ne possède qu'une partie des facteurs né cessaires à son développement constitue au sein de chaque structure une cause de désarticulation qui ne permet ni la réalisation des com plémentarités entre les secteurs, ni la cohérence entre les facteurs de production. - La spécialisation des deux régions dans la production des pro duits de base et leur niveau d'industrialisation très bas ne favori sent pas le développement des échanges commerciaux entre elles. - Sur le plan des exportations, les échanges afro-arabes s'ef fectuent sur un nombre limité (l.) de produits tandis que les impor tations de ces deux régions en provenance du Nord n'ont cessé de croître et de se diversifier durant la période analysée. - Dans les pays pétroliers aussi bien arabes qu'africains, la croissance des importations en provenance des pays du Nord est liée : .A la faiblesse de la production industrielle de base des pays arabes et africains> .A l'accroissement, consécutif à la réalisation de plans de dé veloppement ambitieux, de la demande des biens d'équipement et de consommation qui ne sont pas produits dans les deux régions. . Aux changements intervenus dans la structure de la demande qui s'adresse à de nouveaux produits intermédiaires de luxe. Cette faiblesse des échanges qui s'explique à la fois par des raisons historiques et structurelles n'est certes pas immuable. Les échanges afro-arabes peuvent s'améliorer si certaines mesures sont prises et si une véritable concertation s'engage entre les deux régions.

(1) Voir ce qui précède. 619

4. Perspectives des échanges coamerciaux afro-arabes

Bien que les deux régions soient spécialisées dans la production de produits de base miniers et agricoles (absence de complémentarité) nous pensons qu'elles peuvent, si elles consentent l'effort, dévelop per leurs échanges, ne serait-ce que dans une gamme restreinte de produits .

4-1. Cas de certains produits susceptibles d'améliorer le commerce afro-arabe.

Nous avons retenu dans notre interrogation sur les perspectives de ces échanges, quatre types de produits relevant tous du secteur agricole. Ces produits offriront sans doute les meilleures perspec tives pour une amélioration du commerce afro-arabe. i) Produits alimentaires autres que les céréales ii) Tabac, épices, boisson iii) Produits agricoles non alimentaires, iiii ) Céréales. i) Produits alimentaires autres que les céréales (1) Ces produits représentent une part insignifiante dans les échan ges afro-arabes. Leur part a continué même de baisser au cours des quatre périodes considérées (1970-73, 1974-75, 1980-8l, 1985-86) bien que les importations des pays producteurs de pétrole aient légèrement augmenté (en chiffres absolus). Les pays africains n'ont pas pu ac croître leurs exportations à destination des pays arabes et ce, sem ble-t-il, pour la raison suivante (2) : la demande arabe dépasse l'of fre africaine. Il semble que la difficulté tienne davantage à cette situation. Les pays arabes pétroliers ne manquent pas de moyens fi-

(1) Ces produits catégorisés selon la classification type pour le com merce international sont les suivants : animaux vivants, lait, crème, beurre, fromage, oeufs, poissons, fruits et légumes (frais congelés, desséchés ou conservés), sucre, miel, confiserie (sauf chocolat), margarine et préparations dénommées ailleurs. (2) CNUCED, "Promotion des échanges entre le monde arabe et l'Afrique" op. cit., p. 84. 620

nanciers pour payer le peu qu'ils importent de l'Afrique sub-saha rienne. L'incapacité de l'Afrique à répondre à cette demande a été à l'origine d'un détournement de trafic qui s'est opéré aux dépens des pays sub-sahariens. L'Europe s'adjuge à elle seule une part importan te du marché arabe dont elle couvre environ 50 %des besoins en ces produits . Les pays africains qui disposent d'énormes potentiali tés dans ce domaine ont été sérieusement handicapés dans leurs tenta tives pour pénétrer non seulement le marché arabe, mais aussi les marchés mondiaux en généra 1. L'exemple de certains pays comme l'E thiopie, le Kenya, la Tanzanie et le Zimbabwe, où l'élevage et une pro duction laitière pourraient être envisagés, doit en principe intéres ser les capitaux arabes. n faut à l'agriculture un apport de capi taux non seulement pour la production, mais aussi le stockage et le transport des produits. Le monde arabe peut apporter aujourd'hui ces capitaux dont l'Afrique a besoin. En ce qui concerne les légumes et les fruits, certaines parties du monde arabe pourraient certes concurrencer directement les pays africains sur les marchés arabes, mais il devrait être possible de déterminer sans grande peine les fruits et légumes tropicaux et semi- tropicaux que les pays africains pourraient exporter à condition que leur distribution et les infrastructures nécessaires soient, elles aussi, améliorées.

ii) Epices. boissons et tabacs (l) Cette catégorie de produits est celle qui se comporte le mieux des trois retenues du point de vue des exportations africaines à des tination des pays arabes. Pourtant sa part reste encore médiocre et peut à coup sûr s'améliorer considérablement dans certains cas. La demande pour cette catégorie de produits existe dans les pays arabes et elle est même appelée à s'accroître dans le futur. Les pays afri cains sont, nous semble-t-il en mesure de répondre à cette demande, d'autant plus que les produits de cette catégorie n'exigent en général qu'un faible apport en capital et en main-d'oeuvre qualifiée.

(1) Dans cette catégorie figurent le café, le cacao, le chocolat, le thé, les épices, les boissons alcoolisées ou non, les tabacs bruts et les tabacs fabriqués. 621

Tableau n° 23

Principales ressources des pays africains

Pays Superficie en km2 Ressources principales

Angola I 246 700 Pétrole, diamants et café Bénin 112 622 Agriculture, commerce Botowana 600 372 Diamant, nickel, viande Burundi 27 834 Café Cameroun 475 442 Cacao, café, pétrole Cap Vert 4 033 Pêche Centrafrique 622 984 Café, coton, bois, diamants, réserves | d'uranium j Comores 2 171 Plantes à parfum, j épices Congo 342 000 Pétrole Côte-d'Ivoire 322 463 Café, cacao, pétrole Ethiopie 1 237 000 Café animaux viv Gabon 267 667 Pétrole, manganèse, uranium Gambie Il 295 Arachide Ghana 238 637 Cacao, diamant, bauxite, or, manganèse Guinée 248 857 Café, viande, bauxite, fer Guinée-Bissau 36 125 Arachide Guinèe- 28 051 Café, cacao Équatoriale Burkina-Faso 274 200 Coton et élevage Kenya 582 645 Maïs, thé, café Lesotho 30 355 Diamant

Libéria 111 369 Riz, hévéa, diamant, fer, pêche Madagascar 587 041 Riz, café, maïs, girofle Malawi 118 484 Maïs, riz, coton Mali 1 240 000 Millet, coton, arachides Ile Maurice 1 865 000 Canne à sucre, thé Mozambique 783 030 Manioc, coton, su cre, houille Niger 1 267 000 Uranium, élevage Nigeria 923 768 Pétrole, cacao, pai- mistes, coton, bois Ouganda 236 036 Café, tungstène Rwanda 26 338 Café, haricots Sao-Tomè et 964 Café, cacao, coprah Principe Sénégal 196 192 Arachides, millet. 1 phosphate | 622

Tableau n° 23 (suite)

Seychelles 477 Tourisme, agri culture Sierra Leone 72 322 Café, cacao, dia mant, bauxite Swaziland 17 363 Maïs, sucre de canne Tanzanie 945 087 Manioc, café, coton, bovins, sisal Tchad 1 284 000 Coton, élevage Togo 56 000 Phosphates, café, cacao Zaïre 2 345 409 Diamant, cobalt, cuivre, café. maïs, arachide Zambie 752 614 Cuivre, huile blan che, maïs, tabac Zimbabwe ?90 580 Amiante, or. char bon, houille blan che, tabac 623

Tableau n° 24

Principales ressources des pays arabes

Superficie Pays en km2 Ressources principales

Algérie 2 381 740 Production minière, pétrole, gaz Arabie séoudite 2 150 000 Pétrole Bahrein 690 Pétrole Djibouti 22 000 Activités portuaires de services Egypte 1000 000 Agriculture, pétrole Émirats arabes 83 600 Pétrole unis Irak 435 000 Pétrole

Jordanie 97 000 — Koweit 17 000 Pétrole Liban 10 400 Agriculture, élevage Maroc 447 000 Phosphate, fer, manganèse, plomb, zinc, agriculture Mauritanie 1 080 000 Fer, élevage, pêche Oman 212 157 Pétrole, palmier- dattier Qatar Il 000 Pétrole Somalie 637 657 Élevage, agriculture Soudan 2 505 813 Agriculture, élevage Syrie 184 400 Agriculture Tunisie 163 610 Agriculture, phosphates Yémen nord 195 000 Café, coton, céréales Yémen sud 290 000 Céréales, café, cbton 624

iii) Produits agricoles non alimentaires (l) Bien que non comestibles, beaucoup de ces produits sont, à pro prement parler, agricoles. Dans plusieurs cas ces produits doivent su bir une transformation relativement importante avant de parvenir au consommateur final. Là encore il nous faut relever la part très fai ble des exportations africaines de ces produits à destination des pays arabes (tableau n° 20) . Déjà faible au départ, la part des pays afri cains a encore baissé au cours de la période considérée. Pourtant, dans cette catégorie de produits, comme dans la précé dente, de réelles possibilités de développement des échanges entre pays africains et arabes existent. Nous songeons tout particulière ment à des produits comme le bois, la laine, le coton dont les échan ges peuvent s'améliorer considérablement si Arabes et Africains se concertent réellement.

iiii) Les céréales (2)

Comme le montre le tableau n° 12, le commerce des céréales entre les deux régions est très faible. L'Afrique dans son ensemble ne se spécialise pas dans la production de la plupart des céréales qui for ment l'essentiel de ce commerce. Mais ceci ne signifie pas qu'elle n'en importe pas de l'extérieur : entre 1974 et 1985-86, l'Afrique a doublé ses importations en céréales (3) (en provenance essentiellement des pays développés à économie de marché et de l'Asie). La situation des pays arabes est pire. Bien que certains pays d'entre eux soient producteurs, notamment de blé, de maïs et d'orge (Maroc, Tunisie, Egypte, Syrie, Soudan), les importations arabes en céréales ont pratiquement triplé entre 1975 et 1985-86 passant de 10,426 millions de tonnes en 1974-75 à 30,595 millions de tonnes en 1985-86)(voir tableau suivant).

(1) Il s'agit des produits suivants : Aliments pour animaux, cuirs et peaux, graines oléagineuses, caoutchouc brut, bois brut ou simple ment travaillé, le liège, la laine, le coton, la jute et d'autres fibres végétales. (2) Il s'agit dans cette catégorie du blé, du riz, de l'orge et du maïs, ainsi que des farines et amidons qui en sont dérivés. (3) Rapport de la Banque Mondiale (partie statistiques). 625 Tableau n° 25

Importation de céréales des pays sub-sahariens (en milliers de Tonnes)

Pays Importation de céréales (en milliers de tonnes)

1974/75 1985/86

Ethiopie 118 1047 Burkina-Faso 99 82

Malawi 1.7 6 Zaïre 343 361 Mali 281 181 Mozambique 62 393 Madagascar 114 208 Ouganda 37 17 Burundi 7 14 Tanzanie 431 244 Togo 6 66 Niger 155 43 Bénin 8 55 Somalie 42 274 Rép. Centrafrecaine 7 40 Rwahda 3 24 Kenya 15 189 Zambie 93 148

Sierra Leone 72 130 Soudan 125 636

Lesotho 49 144

Ghana 177 154

Sénégal 341 544 Tchad 37 83

Guinée 63 151

Libéria 42 124 Zimbabwe 56 54 Nigeria 389 1596 Côte d'Ivoire 172 60i:

Botswana 21 141

Cameroun 81 149

Congo 34 104

Total 3497 7899 626

Tableau n° 2ti Importation des céréales des pays arabes (en milliers de tonnes) (1974-75/1985-86)

Importations en céréales (en milliers de T.)

Pays 1974-75 1985-86

Maroc 891 1610

Mauritanie 115 209 Yémen R.D.P. 149 561 Yémen R. Arabe 158 247 Egypte 3 877 8 846

Tunisie 307 1 312 Jordanie 171 728

Syrie 339 942 Liban 354 518 Algérie 1 816 4 664 Oman 52 273 Irak 870 3 338 Arabie Séoudite 482 4 625 Koweit 101 433 E.A.U. 132 491 Libye 612 l 798

10 426 30 595

Source : Rapport sur le développement dans le monde, Banque Mondiale, 1988.

Comme le montre ce tableau, à l'exception du Maroc et de la Mauritanie (l), l'accroissement des importations des céréales pour les

(1) Seuls ces deux pays ont enregistré une augmentation inférieure à 50 %de leur importation en céréales au cours de la période con sidérée. 627

autres pays arabes a été déroutante. Les importations, par exemple, de l'Arabie Séoudite en céréales ont été multipliées pratiquement, par dix passant de 492 000 tonnes en 1974-75 à 4.625 000 tonnes en 1.985- 86. Ainsi les pays africains, comme les pays arabes, sont importa teurs nets de céréales pour satisfaire les besoins de populations de plus en plus nombreuses. n semble pourtant établi (1) que les pays de ces deux ensembles peuvent non seulement produire suffisamment de céréales pour leur propre consommation, mais dégager même un surplus exportable . Il est toutefois peu probable que l'Afrique, comme le monde arabe, puissent devenir de gros exportateurs dans un avenir pré visible, mais une concertation s'impose dans ce domaine. Un investis sement, par exemple, de capitaux arabes dans le développement de cul ture céréalière peut, non seulement promouvoir les échanges entre les deux régions, mais assurer et garantir, ne serait-ce que partiellement, l'autosùffisance tant recherchée, des pays de ces deux ensembles dans ce domaine.

4-2. La nécessité d'une réelle politique commerciale usant des instru ments douaniers, tarifaires, institutionnels et financiers sus ceptibles de promouvoir les échanges entre les deux ensembles

La promotion des échanges entre les pays arabes et africains sera une entreprise de longue haleine qui ne pourra être menée à bien en une seule décennie. Pour la mettre en train, un programme d'action immédiate, axé sur des résultats pratiques à court terme, est néan moins nécessaire. Des résultats pourraient probablement être obtenus à bref délai grâce à des programmes d'investissement et à d'autres initiatives n'exigeant pas une participation institutionnelle de gran de envergure. A longue échéance, toutefois, il faudra s'employer à adapter dans le sens voulu le cadre institutionnel et politique glo bal.

Quelques indications sont données dans les paragraphes qui sui- (l) Voir à ce propos: ... Pour les pays africains, l'étude élaborée par la Banque Mondiale •"••Frogamme d'action pour une croissance continue en Afrique Sub- sahariehne,!B.M 1983. Pour les pays arabes: BRAHIMI(A),"Dimensions et perspectives du monde arabe",op. cit 628

vent au sujet des mesures pouvant être prises à cet égard. Aucun or dre de priorité détaillé n'est fixé. Il ne pourrait l'être que par les gouvernements arabes et africains eux-mêmes et par le truchement de leurs mécanismes appropriés. Parmi les mesures de circonstance pouvant être arrêtées à court terme sans qu'il faille avoir recours à un attirail juridique com plexe ou à un accord international détaillé, il en est quatre qu'il vaut la peine d'étudier de plus près, à savoir : a) canaliser (en se servant tant des organismes de financement arabes que des institutions régionales et nationales africaines appelées à utiliser les fonds arabes) une partie des fonds arabes disponibles pour le développement vers des projets présentant de bonnes possi bilités pour la proportion des échanges interrégionaux. Aquelques exceptions près (dont le Soudan), il semble que les projets concer nant les infrastructures et le développement général absorbent, sans que l'intérêt commun serve de critère, la majeure partie des fonds arabes. Investir en fonction de cet intérêt commun pourrait se concevoir de deux manières : i) soit que l'on choisisse les catégories de produits of frant un potentiel d'exportation (les perspectives en la matière se dégageraient d'un examen plus approfondi des possibilités recensées •

ii) soit que l'on associe - dans le cadre d'accords de cofi nancement, de sociétés à capital mixte ou d'autres formes de coopération - ces investissements à des entreprises d'Etat et à des sociétés privées arabes et africaines à vocation exportatrice j b) créer un bureau, doté au départ de fonds modestes, qui serait char gé de mettre en rapport les institutions commerciales arabes et africaines, y compris des entreprises privées et des organismes of ficiels spécialisés dans le commerce extérieur et les achats. Les solutions pouvant être envisagées seraient les suivantes :

i) faire l'essai, sur une échelle modeste, de contrats d'approvisionnement à moyen terme conclus par des entre prises productrices et des organismes officiels de com merce extérieurj 629

ii) créer, à partir d'institutions existantes, des organisa tions commerciales interrégionales} iii) promouvoir des organismes interrégionaux de transports et de communication} iiii) favoriser la coopération entre banques nationales et pri vées et les amener à s'impliquer davantage dans les échanges entre les deux régions.

c) étudier la capacité de production excédentaire et la possibilité de la faire concorder avec les besoins quant aux importations, ce la, en se servant des études de l'offre et de la demande en cours dans chacune des régions considérées}

d) élargir le cas échéant la portée des mesures prévues pour l'octroi de crédits à l'exportation et le financement de la part en devises du coût des produits destinés aux échanges interrégionaux.

En général, il s'agit de sensibiliser aux possibilités offertes par les échanges interrégionaux les institutions du secteur public et du secteur privé dont relève le commerce extérieur. Il serait souhai table aussi que les pays arabes et africains acquièrent une meilleure connaissance technique de ces questions. A cet effet, il serait bon de charger des centres de recherche arabes et africains d'entrepren dre, éventuellement de concert avec d'autres institutions, des études permettant d'améliorer ces connaisances.

A moyen ou long terme

A longue échéance, il sera nécessaire de dépasser le stade des mesures de circonstance pour stimuler et dynamiser la promotion des échanges interrégionaux. A cet égard, toute une gamme de mesures de nature assez complexe et donnant des résultats à moyen ou long terme seront nécessaires-

a) Des politiques industrielles

pour rendre complémentaires les structures de production des 630

deux régions grâce à des programmes d'investissement dans des secteurs à fort potentiel de commerce interrégional.

b) Des politiques commerciales débouchant sur la création d'un système préférentiel dans le quel les barrières tarifaires et autres obstacles aux échanges inter régionaux seraient supprimés, tandis que ces derniers seraient encou ragés. Ces obstacles aux échanges sont actuellement d'une grande di versité. En ce qui concerne les pays exportateurs de pétrole, dont les tarifs à l'importation sont très modérés, il faudra imaginer d'autres formes de préférences interrégionales que celle de l'abaisse ment de ces tarifs.

La promotion du commerce extérieur en général peut évidemment donner lieu à bien d'autres observations encore, qui sont tout aussi valables pour celle des échanges interrégionaux. Il vaut la peine de signaler à cet égard qu'il importe non seulement de commencer à déman teler les obstacles aux échanges, mais encore d'instituer pour ces derniers un système qui soit simple, clair et stable.

Les politiques commerciales peuvent être considérées comme des instruments nécessaires, mais insuffisants pour faire progresser l'in tégration économique. La création d'une zone d'échanges préférentiels devrait être entreprise en même temps que seraient appliqués des poli tiques industrielles et des programmes d'investissement destinés à favoriser une structure efficace de spécialisation.

- Le renforcement des initiatives déjà prises pour transformer les accords de compensation régionaux en accords interrégionaux, et de celles qui concernent d'autres institutions de financement des échan ges.

- La création d'un système interrégional de garantie des investis sements. 631

Si les échanges entre pays arabes et pays africains sont encore limités, ils pourront sans aucun doute s'améliorer considérablement. Des études susceptibles de déboucher rapidement sur des résultats pourraient être entreprises avec le plus de profit dans les trois premières catégories et, éventuellement, dans la quatrième où il se rait possible, à moindres "frais" technologiques que dans les autres catégories, d'accroître la production et aussi d'appliquer de nouvel les formules de commercialisation sans tabler autant que dans ces au tres catégories sur la participation des pays industrialisés. En fait, il suffirait peut-être d'exploiter à fond les compétences tech niques tant des pays arabes que des pays africains afin de cerner au plus près les possibilités de développement de la production et des échanges qui s'offrent. Il faudrait commencer par là avant de faire appel au concours des pays industrialisés. L'objectif le plus impor tant n'en doit pas moins être d'améliorer la productivité aussi bien dans la production réservée au marché national que dans celle qui est destinée à l'exportation.

En ce qui concerne les autres catégories (à l'exclusion de l'é nergie), des perspectives à long terme peuvent se présenter pour les investissements et le renforcement du savoir-faire technologique. Il est probable que l'expérience acquise avec la production et la commer cialisation des trois premiers groupes de produits de base servira à frayer la voie à des réalisations à longue échéance dans les domaines où une technologie plusd élaborée est requise. Ceci dit, nous sommes toutefois conscient du fait que la majeure partie des courants d'échange "triangulaires" Afrique - Pays dévelop pés - Monde arabe a pour contre partie une certaine valeur ajoutée dans les pays développés. Il est donc peu probable que la marge soit très grande en ce qui concerne un éventuel détournement de trafic (Afrique - Monde arabe), mais la pénétration du capital arabe au ni veau intermédiaire pourrait se faire avec beaucoup plus de latitude. Ces investissements devraient s'effectuer en priorité avec le renfort des compétences techniques des pays des deux régions. 632

Il ressort de cette analyse que les échanges commerciaux afro- arabes sont actuellement tout à fait insignifiants en chiffres absolus et, plus encore, par comparaison avec les courants d'échanges de ces deux ensembles avec le monde développé. Les deux ensembles demeurent très liés au monde développé qui reste leur partenaire commercial. La faiblesse des échanges afro-arabes est sans doute l'un des mail lons faibles de la coopération que ces deux ensembles tentent d'ins taurer entre eux. Les transferts financiers octroyés sans contrepar tie sous forme d'aide ne peuvent à eux seuls constituer les bases, le fondement d'une coopération viable. Cette coopération peut par contre disparaître si ces transferts venaient à diminuer ce qui semble être malheureusement le cas aujourd'hui puisque nous assistons depuis 198? à un certain essoufflement de l'aide arabe. CHAPITRE VI : LA COOPERATION ARABO-AFRICAINE A L'HEURE DE LA BAISSE

DES REVENUS PETROLIERS : QUELLES PERSPECTIVES?

Tout débat sur l'aide arabe au Tiers-Monde en général et l'Afri que sub-saharienne en particulier doit, nous semble-t-il, garder pré sente à l'esprit une des caractéristiques de cette aide à savoir le fait qu'elle puise son origine dans une situation temporaire : l'exis tence de surplus émanant de l'exploitation d'une richesse non renouve lable, en l'occurrence, le pétrole. Or les importants actifs finan ciers qui ont rendu possible cette coopération entre Arabes et Afri cains ne peuvent en aucun cas être considérés comme un phénomène dura- ble qui persistera à un niveau aussi impressionnant qu'il l'est au jourd'hui (1). La diminution des surplus entraînera-t-elle le déclin de l'aide arabe aux pays africains? Incontestablement. C'est en tout cas ce à quoi nous assistons depuis 1982. Si cette aide venait à diminuer considérablement qu'adviendra-t-il de la coopération arabo- africaine dont le seul volet à avoir fonctionné à la satisfaction plus ou moins déclarée des deux parties (2), fut justement le volet finan cier, si cette tendance à l'érosion progressive des surplus pétro liers devait subsister, ce serait toute la stratégie d'aide arabe au Tiers-Monde et à l'Afrique en particulier, qui se verrait atteinte. Avant de nous interroger sur l'avenir de l'aide arabe au Tiers- Monde en général et à l'Afrique sub-saharienne, il n'est sans doute pas inutile de commencer par l'exposé de quelques considérations géné rales relatives à deux problèmes précis : - Evolution et état actuel des surplus pétroliers - La stratégie qui a présidé à l'emploi de ces surplus, autrement dit et selon une formule consacrée, la manière dont ceux-ci ont été

(1) Sur cet aspect de la question, se référer : I. SHIHATA, "The other face of OPEC Financial assistance to the thirld world", op. cit., p. 14 et suivantes. (2) A en juger par les témoignages de certains chefs d'Etat africains recueillis par la BADEA, in "BADEA 1975-1984 : dix ans de coopéra tion arabe africaine", op. cit.pp. 184-199. 634

recyclés. L'examen de ces deux points nous permettra sans doute de mieux envisager l'avenir de l'aide arabe(et, partant celui de cette coopéra tion arabo-africaine, dont la poursuite est comme on le sait demeure liée à l'existence de ces surplus pétroliers.

I. EVOLUTION DES SURPLUS PETROLIERS DES PAYS ARABES DE L'OPEP

L'évaluation des surplus pétroliers des pays arabes de l'OPEP est une entreprise difficile pour ne pas dire hasardeuse. Le secret est soigneusement gardé concernant le montant et les répartitions des di zaines de milliards de dollars ainsi que l'identité de leurs déten teurs. Le trésor des Etats Unis refuse par exemple de publier les montants des avoirs ou des investissements détenus par l'Arabie Séou dite. Le Bulletin Statistique mensuel du Trésor donne la ventilation de ces surplus pour de nombreux pays sauf celle concernant cette der nière (1). D'où alors la nécessité de manipuler avec une extrême pru dence les données publiées ci et là sur les avoirs des pays exporta teurs de pétrole. Les données les plus sérieuses proviennent de la Bank of England et de la Morgan Garanty Trust. Selon ces deux sources, les avoirs extérieurs cumulés de 1'OPEP,appelés "surplus", seraient de l'ordre de 402 milliards de dollars à la fin de 1984, dont 85 %se raient détenus par quatre pays : le Koweit, les Emirats Arabes Unis, la Libye et surtout l'Arabie Séoudite (2). Sous peuplés, ces pays n'ont pu absorber la totalité des recettes pétrolières. Les excédents de l'OPEP sont dus donc à des pays "à faible capacité d'absorption". Eh revanche, dans les pays très peuplés (comme l'Indonésie, le Nigeria ou l'Algérie), appelés pays "à forte capacité d'absorption" par oppo sition aux premiers, les revenus pétroliers ont suffi à peine à finan cer leurs achats en bien de consommation et d'équipement. Les surplus de l'OPEP sont donc le fait d'un groupe réduit de pays, comme le mon-

(1) Voir à ce propos, A. SID AHMED, "OPEP, passé, présent, et avenir", Economica, 1980, p. 170. (2) Selon la Banque d'Angleterre et PARIBAS, l'Arabie Séoudite détient à elle seule 50 % des avoirs extérieurs de l'OPEP. 635

tre ce graphique.

Graphique n° 1 : Surplus accumulés par les pays de l'OPEP (1973-1984)

15,00% autres pays de l'OPEP 6l milliards de dollars (15 %du total)

Pays du golfe + la Lybie 85,00% 341 milliards de dollars (85 %du total) Surplus accumulés par l'OPEP 1973-1984 : 402 milliards de dollars

Source : Bank of England B. 7,1986

1. De l'excédent ininterrompu au déficit inquiétant

Les augmentations successives des prix pétroliers selon la termi nologie des pays consommateurs, ou le relatif réajustement des prix de pétrole selon la terminologie des pays producteurs, sont naturelle ment à la base de l'existence de ces surplus.Les prix pétroliers quires- tent fixés à 1,80 dollar, le baril de la fin de la deuxième Guerre Mondiale au début des années 1970 doublent une première fois en octobre 1973 et augmentent une seconde fois dès janvier 1974 : le prix du baril est alors fixé à 11,6 dollars. Une période de relative stabilité à suivi depuis lors, puisque le prix plafonne à 12,70 dollars en 1978. Ce qui correspond en fait à une baisse de prix en termes réels, compte tenu de l'inflation. Il a fallu attendre 1979, pour que de nouvelles conditions soient réunies pour un nouvel accroissement/réajustement des prix pétroliers. En effet, la crise iranienne conjuguée à une reprise de la demande dans les pays consommateurs a alimenté une vive spéculation. Les 636

cours du marché libre dépassent de 30 %à 40 %les prix de vente offi ciels, ceux-ci n'avaient d'autre atlernative que suivre la tendance. Ils augmentent une première fois en janvier 198O et atteindront le prix record de 34 dollars en janvier 1982 avant d'amorcer un mouvement de repli à 28 dollars en février 1985 et chuter considérablement au cours de 1986. L'évolution des comptes courants des pays de l'OPEP n'a naturel lement pas résisté à ces variations des prix. Les excédents inin terrompus de 1974 à 1981 ont fait place désormais àun déficit global de 14 milliards de dollars en 1982,13 en 1983 et de 16 milliards en 1984, et de 18 milliards en 1985.

Tableau n° 1: Solde du compte courant de la balance des paiements extérieurs des pays de l'OPEP (1980-1986) (en milliards de dollars)

1980 I9ai 1982 1983 1984 1985 1986 Total 0PEP . 96,5-44,5-14,1-24,2-16,5 -5U/-l8,4(2)

Source : Bank on England, B 7, 1986. (1) estimation FIM(2) Pétrole et gaz arabes, n° 426, déc. 1986.

Apartir de 1982, le déficit global des pays arabes exportateurs de pétrole est devenu permanent. A l'exception des petits pays du Golfe (Koweit, EAU, Qatar) dont les balances des comptes courants ont maintenu un excédent, les principaux autres pays pétroliers arabes, l'Arabie Séoudite, l'Irak, la Libye et l'Algérie connaissent depuis 1982 une situation déficitaire (voir tableau n° 2). C'est ainsi que l'Arabie Séoudite a enregistré pour la première fois en 1983 un dé ficit dans ses comptes courants de 16 milliards de dollars contre un excédent de 42,7 milliards de dollars en 1.981 et de 41,4 milliards de dollars en 198O. Alors que le Koweit voyait son surplus courant fon dre, passant de 13,7 milliards de dollars en 1981 et 4,8 milliards (1) S'il est un sujet sur lequel les données diffèrent selon les sour ces qui le»publient, outre les surplus des pays pétroliers, c'est bien celui de leurs déficits. Les chiffres sur lesquels nous fon dons notre raisonnement sont ceux qui se rapprochent de nos pro pres évaluations et recoupements basés sur des données relatives à chaque pays. Ceci dit, les tableaux reproduits ici (selon leurs sources) sont à considérer avec précaution. 637

o in \o oo CM O vO CM f~ O o to o LO Cn ^™ ^~ CM O Tf ^— CM •— en o 00 r^ ao «O *"" ^— ^ ro ro vO Tf O o o o o • • . . • • • *— ^ m *— i— o t~- Tf • CM Cv, ' 1 1 1 i 1 1 m Cw o Tf oo ro ^ o 00 en rO en o Tf Tf 00 Tf C» Tf *— - 1~~ i^ r^ t-H 00 O CM 00 rf vO en 00 CM r- ^™ ^— in CM 00 ro en O Tf CM • • • • m en • . • • • a> ^ CM r— CM O ^ y— en t^ in o •o trr Tf

1 1 1 1 • «n 1 1 îk Pu

cd a LO Tf in a, 00 00 in o rO en O vO r» r^ vO (O 00 o r~~ ro Tf ro en Tf 00 r— V0 m CM 00 00 00 CM CM vO tt *~ O CM Tf en • en • • • • • • • • vO CM vO in Tf vO in Tf 1 i 1 1 1 i 1 £ m X) •M e C CD U tO r_ cd in ro Tf CM O ro O 00 Tf ro vO VU CM *•• OO en «— CM m m r*. CM o CM r>- o Tf "O 3 i—N 00 *— T- rO rO Tf r— oo m CM ^ in o CM C7) • O V) vO in Tf Tf vO - t>- - rS r^ Tf 1 (0 1 i 1 1 i 1 •k «fl 1-1 vO CM Tf •M O ^ LO cm \o VO t^ O ao ro r^ Tf r> O 0 f— 00 O o o ro m t>» o o oo vO o o c e 00 O Tf in r~ CM r>» en «M ro t>» CM o • • o 0> en • • • • • • • • « CM to rO vO CM «M en Tf UT3 ^" ^~ ^ Tf i 1 1 1 V) tf) 1 • a> c t •o o cd •H en cm cm Tf en CM «n i-H 00 Tf Tf t». Tf en 00 N o Tf Tf en o en Tf O »— O Tf CM « rH O vO cd 00 CM \0 ro co in 00 rO CM O Tf O t>- oo O -H en C g CM Tf o m 00 m CM ^- o Tf 0) CO T— ^ Tf ^ fH •H C i i cd a> <4-> m w 0) ,_ m oo O o a> .. o ro cm Tf 00 vO (VJ ^- Tf oo r^ in O «-H r^ \D VO CM en ^— r-~ ro r». vO oo vO m in en • • en O t-N. O CM CM ro c^ S ^r _ ^ vO 4-1 o Tf ro in T_ '"" J^ 3 % co 1 i r-l 5 •H cd E- ë d) +-> V) •H •S o • a> cd < cd 2 • H t—i V 3 cd V) •H 0) \a> ♦J •H V 4-> 3 Cl) M •y c c •H a> I- 11 •r-t cd N o >1 3 2 •8 S 1 £ 00 cd •1-1 c 3 c fi o •H •H O 2 S & t—1 hH i—i 2 ô i2 «§ g 00 . . 638

de dollars en 1982. L'Algérie quant à elle, enregistrait un déficit de 0,183.milliard de dollars contre un excédent négligeable de 0,085 milliard de dollars en 1981. Enfin, quant à l'Irak, le déficit enre gistré par sa balance des comptes courants en 1982 s'est élevé à 14,1 milliards de dollars, soit 180 %du montant des exportations de ce pays La situation que traversent les pays de l'OPEP depuis 1982 n'est sans doute pas un élément rassurant quant à la poursuite de leur aide au reste des pays en développement. Cette situation due au retourne ment du marché pétrolier au cours de ces toutes dernières années n'a épargné, comme oh a vu, ni les pays producteurs à grande capacité d'absorption, ni ceux à faible capacité d'absorption qui furent tou jours à la base de la majeure partie des surplus de l'OPEP. La situa tion a changé, le déficit des comptes courants de l'OPEP a frôlé les 20 milliards de dollars en 1983 (estimation de l'OPEP, voir graphique n° 2) et les exportations des pays membres qui totalisaient en 1980,279 milliards de dollars sont tombées en 1986 à 73,9 milliards de dollars, soit une chute de 74 % en l'espace de six ans (graphique n° 3) (1). Si les estimations du déficit de l'OPEP diffèrent selon les sour ces (tableau n° 3 ),- elles n'en révèlent pas moins l'inextricable si tuation financière dans laquelle se trouvent les pays producteurs de pétrole actuellement. Si nous prenons l'année 1983, on constate que le déficit de l'OPEP a été estimé à 24 milliards de dollars par le FMI, à 31 milliards de dollars par l'OCDE, à 30 milliards de dollars par la Banker Trust et à 33 milliards de dollars par la Chase Manathan Bank. La situation ne s'est pas améliorée depuis lors. Le déficit des paiements courants de l'ensemble des pays membres dé l'OPEP aurait dé passé selon l'OCDE le plafond de 40 milliards de dollars en 1987. Il n'est pas improbable que ce déficit continue à s'aggraver au cours des prochaines années. Baisse des revenus pétroliers, déficit des comptes courants sont naturellement les conséquences d'une situation nouvelle sur le marché pétrolier. Celle-ci est due à deux facteurs principaux: la multipola- risation de l'offre pétrolière et l'érosion de la part de l'OPEP dans la production mondiale d'une part,et la relative dégradation de la demande de ce qu'il est convenu d'appeler l'or noir, au niveau mondial d'autre part.

(1) Le graphique 3 évalue les exportations de l'OPEP pour 1986 à 100 milliards de dollars et, ce, sur base d'un prix de 15 dollars le baril. Or le prix a frôlé la barre de 10 dollars le baril en 1986. Les exportations de l'OPEP n'ont donc totalisé que 73,9 mil liards de dollars pour l'année concernée. 639

Graphique n° 2

OPEC Balance of Payments on Cirrent Account, 1965-1984 (Billion dollars)

1965 70 75 80 1984

Note: Figures from en of each year. Source:OPEC. Facts &Figures, A comparative analyste, 1985. p.33

Graphique n° 3 OPEC's Petroleum Export Yalues, 1975-1985 (Billion dollars)

287.9 258.7

127.6"1333 106.0

1975 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 1986* *: Estimation for 1986 wth the barrel of oil at 15 dollars. Source: OPEC, Facts &Figures, Acomparative statfetical Analyste, 1985 640

Tableau n° 3 : Estimation de la Balance des comptes courants par dif férentes sources (pour la périoie 1980-1984) (en milliards de dollars)

Institution and date of es- 1980 1981 1982 1983 1984 timate / forecast.

IMF -septembre 1983 112.4 55-1 -13.2 -24.O -15.0

OECD - décembre 1983 111.0 52.0 -16.0 -3-1.0 -32.0 juillet 1984 111.0 50.0 -1.5..0 -19.0 - 8.0

Bank of england iuin 1984 112.0 48.2 -14.1 -13.2 Bank for International Settlements - -juin IQ84 114.0 51.0 -15.0 -19.0 Marine Midland Bank avril 1983 104.0 51.0 -11.0 -52.0 juin 1984 105.7 45-9 -13.8 -24.3 -22.0 Bankers Trust décembre 1983 103.0 44-0 -10.5 -30.4 Chase Manhattan Bank août 1983 108.0 52.0 - 8.0 -33.0 -20.0

Source : "OPEC BULLETIN", Septembre 1985, p. 17

2. Les facteurs du retournement du marché pétrolier

Le marché pétrolier est caractérisé aujourd'hui par un désiquili- bre important entre une offre sans cesse croissante et une demande qui reste dans l'ensemble relativement stagnante.

2.1. La multipolarisation de l'offre pétrolière

Le début de la décennie 198O a été marqué par l'apparition sur la scène pétrolière mondiale de nouveaux producteurs. Cette arrivée en force de pays non-membres de l'OPEP allait non seulement modifier la structure d'approvisionnement des pays importateurs, mais réduire la part détenue jusqu'ici par les pays de l'OPEP dans la production mon diale du pétrole. C'est ainsi que la part de l'OPEP passe de 53,5 % de la production mondiale en 1973 à environ 30 %actuellement. Les 641

pays non membres de l'OPEP (.1) ont vu leur part passer de 29,2 %de la production mondiale en 1973 à 42 % en 1985. Tandis que les pays communistes accaparent aujourd'hui 27,9 % de la production mondiale contre 17,4 %en 1973- Ce qui signifie que la production hors OPEP qui ne représentait en 1973 que 46,6 %de la production mondiale du pétrole en représente actuellement 70 %.

Tableau n° 4 Distribution de la production mondiale du pétrole (en %)

1973 1979 1984 1986

OPEP 53,4 47,0 30,1 32,0

Non-membres de l'OPEP (2) 29,2 30,1 42,0 41,1 - Etats Unis 16,0 15,4 18,0 16,0 - Mer du Nord 0 3,0 5,8 6,2 - Mexique 0 2,5 5,2 5,8 Pays communistes 17,4 22,9 27,9 26,9

100 100 100 100

Source : Petroleum Economist décembre 1987

Comme le montre ce tableau l'essentiel du développement de la pro duction non-OPEP s'est effectué dans quatre zones : l'URSS, la mer du Nord (le Royaume Uni), les Etats Unis et l'Amérique centrale (le Mexi que). Si les suppléments de production ont été affectés à des besoins internes aux Etats Unis comme en URSS (2), le Mexique et le Royaume Uni sont devenus en revanche des exportateurs nettement importants sur le marché mondial. Le cas de ce premier pays est le plus significatif puisque sa production a presque doublé, passant de 1,6 million de ba rils par jour en 1979 à 3 millions de barils par jour en 1983 (3).

(1) Pays communistes exclus (2} La concurrence des pays socialistes est cependant réelle sur les ventes du gaz naturel notamment. L'URSS grâce à la mise en servi ce de son gazoduc européen couvre déjà 16 à 20 %des importations allemandes et 16 % de celles de la France. (3) Voir à ce propos B. KHADER, "L'OPEP : un malade plein d'énergie", Communication de l'auteur au colloque "Oil for Peace", PI0 MANZU, RIMINI, octobre 1985, p. 11. Graphique n° 4 :OPEC ot NON-OPEC 011 Production (73-84) (Communtet counWes production excludrxl)

Millions tfbarrote/day

15 l 1 i 73 74 75 76 77 78 79 80 61 82 83 84 61

Source : B. KHADER, "Les investissements arabes en Occident"

à paraître to Tableau n° 5:Non-OPEC Countr.es Production (cont'd) - Less Devetoped Countries: Major Producers* (In million barrels/day of crude oll and natural gas liquids)

1983 Countries 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982

0.3 0.2 Egypt 0.2 0.2 0.3 0.5 0.5 0.5 0.6 0.7 0.7 0.8 Àrgentlna 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.5 05 0.5 05 05 0 5 Malaysia/Brunef 0.4 0.4 0.4 0.3 0.4 0.4 0.4 0.5 0.5 0.5 0.5 0 5 Oman 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 03 Brazil 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0? 0.3 India 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.4 Others (23 countries) 1.1 1.1 1.1 1.2 1.1 1.1 n 1.2 1.2 1.3 13 1.3 1.3 CM Total 2,8 2,9 2,8 2,8 2,9 3,1 3,3 3,4 3,6 4,2 4,7 4,1

@Flrstquarter19l33 y

Source:P.s.BAS ILE &B.de la GRÀNDVILLE, The évolution and rôle of non)-OPEC production in the international oil market, In A.AYOUB(ed): Le marché pétrolier international dix ans après la crise de 1973: Bilan et Perspectives, Les presses universitaires LavaL Québec (Canada), 1984 Tableau n° 6: Non-OPEC Countries Production (confd) -Mlno Producers (inthousand barrels/day of crude oil and NGL)

Countries 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982

Angola 142 164 172 157 152 142 146 150 149 132 122 Bolivia 40 44 43 38 38 32 30 28? 22 24 24 Burma 19 20 18 19 23 27 28 30 33 30 30 Bahrain 70 69 68 62 58 59 55 51 49 46 45 Cameroon 10? 30? 50? 05 103 Chile 30 28 28 26 22 20 19 19 32 40 37 Colombia 204 191 175 163 152 143 135 128 131 125 125 Congo 7 42 49 36 42 37 49 55 66 77 87 Cuba 2 2 3 5 5 5 5 5 5 5 5 Ghana 2 2 es Guatemala 1 1 3 5 6 es Israél 128 116 97 101 1 lYory Coast 2 7 9

Sources: UN. Yearbook of World Energy Statlctics - Olland Gas Journal P.S.BASILE ô\ B;de la GRANDVILLE, The évolution and rôle of non-OPEC production inthe international oil market, in AAYOUB(ed): Lemarché pétrolierInternational dix ans après la crise de 1973: Bilan et Perspectives, Les presses universitaires Laval Québec (Canada), 1984. Tableau n1 Non-OPEC Countries Production (cont'd) - MInor Producers (suite) (In thousand barrels/day ofcrude oil and NGL)

1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982

Morocco *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 Pakistan 7 6 5 5 10 10 10 10 10 10 12 Peru 64 70 77 71 76 90 150 190 194 192 Philippines 193 22 10 9 7 Syria 118 112 129 193 202 204 200 180 167 171 175 Thailand *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 *1 1 6 Trinidad/Tobag. 145 177 194 226 221 238 238 223 221 196 181 Tunisia 80 78 85 93 96 100 106 111 113 108 106 Zaïre 25 23 23 21 20 20 21

Total 1056 1119 1143I 1195 1123 1129 1205 1154 1277 330 1296

*» lessthan 1

Source: PS BASILE &B. de la GRANDVILLE, The évolution and rôle of non-OPEC- production in the International oll market In A.AYOUB (éd.): Le marché pétrolier international dix ans après ta crise de 1973: Bilan etPerspectives, Les presses universitaires Laval, Québec (Canada), 1984. 646

Le royaume Uni quant à lui est devenu autosuffisant et exportateur net à partir de 1981. Ajoutons à ceci que les pays en voie de développe ment comptent aujourd'hui une trentaine de producteurs dont une quin zaine d'exportateurs nets (tableaux 5-6). Si bien que l'on estime qu'aujourd'hui l'offre de pétrole hors OPEP atteindrait 28,7 millions de barils par jour laissant à l'OPEP une fraction de marché compris entre 16,5 et 12,3 millions b/j (graphique4 ). La multipolarisation de l'offre pétrolière a non seulement réduit la part de l'OPEP dans la production mondiale, mais elle a également affecté la structure d'approvisionnement des jjays importateurs : les contrats d'achat de pétrole à long terme d'Etat à Etat, qui devaient garantir la stabilité de l'approvisionnement,ont été peu à peu aban donnés. Plus de 40 % du commerce pétrolier s'effectue aujourd'hui sur la base du marché libre. La diversification des sources d'appro visionnement et la flexibilité des prix n'en sont que facilités. Ainsi par exemple, les achats de pétrole auprès de l'OPEP ne repré sentaient plus que 59 %des importations pétrolières de la France en 1984 contre 92 %en 1978. Même évolution en ce qui concerne la part des approvisionnements américains en pétrole auprès de ce cartel : cette part est passée de 8l %en 1979 à 38 %au premier semestre 1985. Les pays de l'OPEP ne gardent une portion privilégiée que dans l'ap provisionnement du Japon puisqu'ils continuent à assurer à ce pays 755? de ses importations pétrolières (1). D'une situation de monopole on est passé donc à un marché excé dentaire et relativement concurrentiel. L'OPEP a perdu en cinq ans, et de manière progressive, la maîtrise de production et par conséquent le contrôle des prix. Elle s'est révélée, face à la concurrence de nouveaux producteurs, incapable de continuer à assumer le rôle de ré gulateur du marché mondial du pétrole. La réduction de la demande, due à la crise économique qui sévit dans les principaux pays importa teurs, rend sans doute la gestion du marché pétrolier de plus en plus complexe.

(1) "Jeune Afrique", n° 1302, déc. 1985. 647

2'2« La relative baisse de la demande pétrolière mondiale

La récession, les économies d'énergie, le développement des éner gies alternatives (charbon, nucléaires) sont à la base du tassement de la demande pétrolière mondiale. Les pays industrialisés ont progressivement réduit leur dépendan ce vis-à-vis du pétrole en général et de l'OPEP en particulier. La part du pétrole dans la consommation énergétique mondiale a été rame née de 47,3 %en 1973 à 40 %en 1985 comme le montre le tableau sui

vant .

Tableau n°7 Structure de la consommation énergétique mondiale

1973 1979 1985

millions mi 11 ions millions % % de tep de tep de tep %

Charbon 1.668,4 28,2 1.975,8 28.5 2.097,1 30,3 Pétrole 2.798,0 47,3 3.124,3 45,0 2.794,0 40,3 Gaz 1.066,1 18,1 1.273,4 18,3 1.328,9 19,2 Energie hydro 331,5 5,6 413,4 6,0 469,2 6,8 électrique Nucléaire 49,4 0,9 153,0 2,2 236,3 3,4

TOTAL 5.913,4 100,0 6.939,9 100,0 6.925,5 100,0

Source : BP Statistical Review of World Energy,19&7.

Gette baisse de la part du pétrole dans la consommation énergéti que mondiale est le fait surtout des pays industrialisés. Exprimée en barils par jour, cette diminution de la consommation pétrolière a été surtout sensible dans les pays de 1' OCDE :- 19 % aux Etats Unis, - 19 %en Europe Occidentale et - 21 %au Japon. (1)

(1) Voir KHADER (B.), op. cit. 648

Tableau n° 8 Evolution de la consommation' pétrolière mondiale ( en milliers de b/j)

1965 1973 1979 1982 1985 Ecart 79-85 en %

OCDE 22030 39240 40310 33225 27250 -32-, 4'

P.V.D. 4460 8365 10895 11995 11870 + 9,0

Pays de l'Est 4630 9445 12910 13220 14300 +10,8

Total monde 31120 57050 64115 58405 53420 -17,7

Source :BP Statistical Review of World Energy, 1987

Ainsi donc, comme le montre ce tableau, la consommation pétroliè re de l'OCDE qui s'établissait à 39,2 millions de barils par jour en 1973 est tombée à 27,2 millions de barils par jour en 1986^ Cette diminution s'explique non seulement par la crise (relativement sensi ble de la croissance économique) et les économies d' énergie réalisées mais surtout par la substitution au pétrole d'autres énergies alter natives (nucléaire, énergie hydroélectrique notamment). Ainsi, par exemple, la part de l'énergie nucléaire et électrique dans la consommation énergétique de la CEE est passée de 4,2 %en 1973 à 11,3 %en 1984 (1), celle du pétrole est passée de 59,2 %à 44,7 % pour les années considérées. Si nous considérons les pays industrialisés dans leur ensemble, on constate que, malgré une croissance comprise entre 2,3 et 2,5 % leur consommation en pétrole a enregistré un déclin de 2,5 5?. En supposant une croissance moyenne de 2,5 %en 1988, la consommation pé-

(1) Voir FESTERAERTS, Jean-Louis, "Essai de synthèse sur les rela - tions énergétiques euro-arabes", U.C.L., Louvain-la-Neuve, 1985, p. 14. 649

trolière de ces pays sera au mieux stationnaire (1). C'est dire l'in certitude des lendemains en matière de demande pétrolière. Dans le reste du monde, le bloc de l'Est qui s'autosuffit à lui- même a vu sa demande se stabiliser à partir de 1980, accusant tout de même une progression de 10% entre 1979 et 1985. L'URSS qui produit 12 millions de barils par jour en 1985 (soit plus que l'ensemble des pays du Golfe et 70$ de la production actuelle de l'OPEP) assure pra tiquement l'entièreté des besoins de tout le bloc de l'Est en pétrole. Dans le monde en voie de développement la consommation pétro lière qui s'est accrue de 4,2 %en moyenne entre 1973 et 198.I (consé quence du développement économique accéléré de certaines zones (nou veaux pays industrialisés d'Asie et d'Amérique latine et pays de l'OPEP) a enregistré une régression de 3,3 %entre 1983 et 1985. Ce recul s'explique par le ralentissement de la croissance des nouveaux pays industrialisés (NPI) et aussi par l'effort de diversification énergétique entrepris par certains gros importateurs de pétrole comme le Brésil et la Corée du Sud. Le tassement de la demande pétrolière mondiale s'est traduit par la stagnation d'abord et la baisse ensuite de la consommation pétro lière à l'échelle mondiale. C'est l'OPEP qui a été le plus affecté par cette évolution. La production mondiale a diminué de 9,4 millions de barils par jour entre 1979 et 1985, celle de l'OPEP de 15,2 mil lions de barils par jour et le volume de ses exportations est passé de 31 millions de barils par jour en 1979 à 17,7 en 1983, ,à 16,7 en 1984 et à 15,4 en 1985. Cette perte de la maîtrise de la production s'accompagne d'une incapacité à agir désormais sur les prix. Les nouveaux producteurs qui se sont accaparé progressivement une part importante du marché n'entendent nullement s'associer à la politique de l'OPEP en matière de régulation du marché pétrolier. Ils écoulent leur production sur le marché libre, lequel couvre 40 %du commerce pétrolier mondial. Au niveau de l'OPEP, l'instauration en mai 1982 de quotas de production n'a pas suffi à enrayer l'érosion de sa part dans l'offre pétrolière mondiale. En septembre 1985, la chute des prix est devenue inélucta-

(1) D'après "Conjoncture" de Paribas, compte rendu in "Jeune Afrique", n° 1322, décembre 1987. 650

ble. Cette chute a pris la forme d'une indexation des prix de la pro duction de l'OPEP sur les prix "spot" (c'est-à-dire sur la cotation du marché libre) des produits raffinés.

Graphique 6 OPEC Market Loss

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20

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I ^ JL 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

Source: Petroleum Intelligence Weekly.oct. 1985

La décision prise enfin à Vienne le 9 décembre 1985 et qui consiste à ce que les pays membres de l'organisation abandonnent toute disci pline en matière de prix et de production, consacre incontestablement l'éclatement de ce cartel. Cette décision n'a fait, d'ailleurs, que consacrer une situation de fait : le marché pétrolier a de plus en plus tendance à se comporter comme un marché classique de matières premières. La fixation d'un prix officiel a perdu toute signification. Durant les six premiers mois de 1986, le prix du brut est tombé en dessous de 20 dollars le baril, c'est-à-dire à son niveau le plus bas depuis 1979 (voir graphique n°6). Baisse de la part de l'OPEP dans la production mondiale pétro lière et chute des prix se sont traduits tout naturellement par des réductions considérables des revenus pétroliers des pays producteurs et l'apparition des déficits dans les comptes courants de la plupart 231. 651

Graphique n° 6 Arabian Lkjht Officiai and Spot Prices 1979-1983 (US tfb) ^^^^^^^^^K^^^^^^™*a^B^^^^^^x*^m^^^^^mB^^mm^^B^*^^^^^mmmmm^ms^mmm^^m^mmm^mm^cn

Source : B. KHADER, "les investissements arabes en Occident' à paraître 652

à partir de 1982. Pour financer ce déficit, les pays pétroliers ont été obligés de puiser dans les surplus accumulés depuis 1973. Ces surplus qui ont servi en grande partie à financer le déficit des pays développés vis-à-vis de l'OPEP (l), via ce qu'il est convenu d'appeler le "recyclage des pétro-dollars", risquent aujourd'hui de s'effondrer comme un château de cartes. De la situation actuelle ré sultent en fait deux difficultés majeures : la première consiste à une remise en cause des stratégies de développement engagées par les pays membres en vue de préparer 1'après pétrole. La seconde concerne direc tement le sujet qui nous intéresse à savoir la révision à la baisse, voire même la disparition à terme de l'aide de l'OPEP au reste du mon de en développement.

Avant d'aborder l'examen de ces difficultés et leurs incidences locales et internationales, voyons à présent comment s'est effectué le recyclage des surplus de l'OPEP.

II. LE RECYCLAGE DES SURPLUS PETROLIERS

Dans son principe le recyclage est une banale opération bancaire. Il consiste à recevoir au départ les fonds de ceux qui ne dépensent pas la totalité de leurs revenus pour les prêter à ceux dont les in vestissements ou les dépenses excèdent les ressources (2). Ce recy clage concerne principalement les excédents de capitaux des pays ara bes qui sont à l'origine de plus de 80 %du surplus de l'OPEP (voir ce qui précède). (2)

(1) Les surplus de l'OPEP ont contribué dans une deuxième période (à partir de 1980) à alourdir la dette des PVD, (voir notre premier chapitre). (2) Voir B. DUHAMEL, op. cit., p. 39- Sur le problème de recyclage se référer également à : A. SID AHMED, op. cit. S. MOHOUBI, op. cit. B. KHADER, "Arab Money in the West" Cahier CERMAC, L.L.N. 1988. 653 Graph. n°7 : Les surplus accumulés par l'OPEP (l)

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Graph. n° 8 : Utilisation des surplus de l'0PEP(2)

(1) (2) Source :Science &Vie Economie,n° 15, 1985 654

1. Les circuits du recyclage

Les ventes de pétrole auraient procuré à l'OPEP, selon la Banque d' Angleterre (l), environ 2220 milliards de dollars entre 1973-1987. Les excédents (surplus) sur la période 1973-84 se sont élevés à 402 milliards de dollars. Contrairement à une idée fort répandue, ces excédents n'ont pas été "entassés dans les matelas des émirs". Ces surplus ont pris trois directions : les pays développés à raison de 76 %, les pays en voie de développement à raison de 20 %et les organismes de financement mul tilatéral (BIRD et FMI) à raison de 4 %. D'une manière générale les surplus de l'OPEP ont été utilisés de la manière suivante :

1. Placement sur le marché financier des pays développés soit à court terme (ouverture de dépôt bancaire, achat de bons de trésor,...) soit à long terme (achat d'obligations dont l'échéance excède une année...), octroi de crédits commerciaux et enfin réalisation d'investissement direct industriel et immobilier (achat d'immeubles et de terrains, prise de participation dans les sociétés...). 2. Octroi de prêts aux organismes de financement multilatéral, no tamment la BIRD et le FMI (2).

3. Financement direct des besoins en capitaux des pays en voie de développement .

(1) Bank of England, in Science & Vie Economie, n°15,mars 1986. (2 Se référer au 3e chapitre. 655

Graphïrmpque n° 9 : Schéma simplifié de recyclage des surplus de l'OPEP

Pays Développés

76 % organisme de financement 4 % multilatéral * BIRD & FMI * surplus de l'OPEP

20 %

PVD

2. Le choix des pays développés

- En ce qui concerne les placements et les investissements dans les pays développés, les pays de l'OPEP ont, semble-t-il, cherché à soustraire leurs revenus aux risques d'érosion monétaire par le choix des placements à haut rendement financier tout en recherchant la sécu rité et la disponibilité. Ce qui a conduit ces pays à privilégier les dépôts bancaires liquides (40 %de leur portefeuille et les place ments à court terme en titre d'Etat ou bon de trésor (10 %des actifs). La part importante, à l'origine,de la Grande Bretagne comme destina taire des excédents de l'OPEP (arabes surtout) s'est amenuisée au cours des années. La forte inflation qu'a connue ce pays a fini par détourner ces capitaux au profit d'autres pays. Ce sont les Etats Unis et les pays européens (marché des euro-devises) qui ont pris le relais comme destination de ces fonds depuis 1976 (l). (1) Il semble que depuis 1980 la part des Etats Unis a même diminué au profit des pays européens autres que la Grande Bretagne. Le blo cage des avoirs iraniens par l'administration Reagan explique sans doute le choix de 1'Europe. 656

Le deuxième constat réside dans le fait que la majeure partie de ces excédents ont été placés à court terme, donc sous une forme très liquide, la part des investissements directs étant restée faible même si certaines prises de participation (notamment arabe) ont frappé l'imagination du public occidental : achat du Koweit de 14 %des ac tions de Daimler-Benz (Allemagne) et de 10 %de celles de Volkswagen (Brésil), l'acquisition de la Libye de 10 %des actions du construc teur automobile italien Fiat ou encore l'achat par les Séoudiens de 7 %des actions de la First Chicago Corporation.

Tableau n°9 Détail de la répartition des placements de l'OPEP (en milliards de dollars)

Nature des placements 1979 T9BT

1. Dépôts bancaires 131,3 164,6 - En Livre du Royaume Uni 4,2 4,7 - En Euro-devise au Royaume Uni 46,2 - Dépôts aux Etats Unis 41,3 15,5 21,2 - Autres dépôts en pays industrialisés 65,4 - Dépôt off-shore 55 42,4

2. Titres du secteur public 18 38,9 - Royaume Uni 2,1 2,2 - Etats Unis 14,1 31,2 - RFA 1,5 5,5 - FMI et Banque Mondiale (or et DTS) (l) 26 32,3

3- Investissement industriel et immobilier 52 99 - Royaume Uni 5 5 - Etats Unis 18,2 31,1 - Autres pays industrialisés 18,6 - RFA 10,2 63

4. Crédit non bancaire 8,5

5- Financement des besoins des PVD 39,7 59,3

Total 273 402 Stock d'or inclus évalué au prix du marché fin de période. Source : Banque d'Angleterre et Paribas in Science, Vie Economie, op. cit.,p.26. 657

Comme le montre le tableau ci-dessus, les placements de l'OPEP ont été concentrés sur les actifs à très court terme, facilement réa lisables : les dépôts bancaires et titres du secteur public (bons de Trésor notamment). L'analyse de la structure du portefeuille de l'OPEP révèle aussi que 70 %des dépôts détenus par les pays de ce cartel sont libellés en dollars et qu'entre 1973 et 1984 les seules banques occidentales ont drainé plus de 50 %des avoirs extérieurs de l'OPEP. En souscrivant à l'achat des titres publics (quelque 31,5 mil liards de dollars de bons de Trésor américain par exemple), les pays de l'OPEP ont contribué à financer le déficit des principaux pays in dustrialisés (1).

- En ce qui concerne les fonds destinés aux pays en voie de dé veloppement et aux organismes de financement multilatéraux, nous avons eu l'occasion de nous y étendre longuement, notamment au chapitre 3 de cette partie.

Interrogeons-nous à présent sur l'avenir des engagements de l'OPEP en faveur du Tiers-Monde en général et en faveur de l'Afrique sub-saharienne en particulier. Quel avenir se dessine-t-il devant la coopération arabo-africaine à l'heure de la chute des revenus pétro liers et de l'érosion des surplus des pays arabes de l'OPEP. Dans quelle mesure ces derniers sont-ils enfin disposés à poursuivre leur assistance financière à leurs partenaires sub-sahariens?

III. LES CONSEQUENCES DE L'AFFAIBLISSEMENT DE L'OPEP SUR SON AIDE AU TIERS-MONDE

Les ressources financières de l'OPEP émanent , comme on le sait, de l'exploitation d'une richesse non renouvelable : le pétrole. Elles

(1) Voir à ce propos : DUNNjR.M. "Exchange Rates Payment Adjustment and OPEC : Why oil oil déficits persist", Essays in international Finance. n° 137, 1979. ~ (2) B. KHADER, Arab Money in the West, op. cit. 658

dépendent donc des quantités consommées et du niveau des prix. Or l'OPEP a perdu au cours de ces dernières années la maîtrise de la production et par conséquent le contrôle des prix. Résultat : les re venus pétroliers ont fortement baissé et les surplus courants ont fait place à un déficit global évalué en 1982 à 15 milliards de dollars, et qui n'a cessé depuis lors de s'aggraver. L'OPEP a incontestablement perdu le poids politique, économique et financier qui fut le sien durant toute la décennie 1970. De cette nouvelle situation résultent deux conséquences : l'une, d'ordre in terne, c'est-à-dire propre aux pays pétroliers, l'autre est relative à l'avenir de leur aide au reste des pays en voie de développement.

1. Sur le plan interne : aggravation des difficultés financières et remise en question des stratégies de développement

La chute des revenus pétroliers a aggravé les difficultés finan cières de tous les pays producteurs y compris ceux qui n'appartiennent pas à l'OPEP. Le déficit global de cette dernière était, selon la Trust Company, de 30 milliards de dollars en 1984 (1). L'ensemble des pays de l'OPEP ont réduit considérablement leur budget d'investisse ment et leurs importations : diminution de moitié des importations du Nigeria entre 1981 et 1986, de près de 45 %de celles de la Libye, de 55 %du Venezuela, de 34 %de l'Equateur et de 28 %des Emirats Arabes Unis sur la même période. La chute des recettes pétrolières a signi fié également un arrêt des programmes d'investissement, une réduction de l'activité domestique du fait de la limitation des importations de biens intermédiaires et de matières premières et un contingentement des achats de biens de consommation (cas de la Libye). La diminution des importations et la mise en veilleuse des programmes d' investisse ment se sont traduits par des pertes de marché non seulement pour les pays industrialisés, mais également pour les pays en voie de dévelop pement (NPI notamment). Les recettes pétrolières ont d'abord servi à

(1) Les estimations de ce déficit diffèrent sensiblement d'une source à l'autre, voir tableau n° 1. (2) Conjoncture de Paribas, cf. "Jeune Afrique", n° 1302, déc. 1985 659

payer des importations de biens de consommation et d'équipement en provenance surtout des pays industrialisés.

Les importations de l'OPEP ont absorbé en 1984, 75 %des recettes de l'OPEP (1). Leur compression semble difficile, même en temps de difficultés : alors que les recettes pétrolières chutaient de 279 milliards de dollars à 73 milliards entre 198O et 1985, les impor tations passaient de 136 à 125 milliards de dollars, situation qui ex plique, sans doute, pourquoi certains pays de l'OPEP (Algérie, Nige ria, Indonésie) se sont endettés (2).

Autre conséquence : les pays de l'OPEP, pour couvrir leur défi cit, passent de la situation de pays fournisseurs nets de capitaux sur

le marché international à celle de pays débiteurs. Les pays excéden taires du Golfe ont puisé dans leurs placements extérieurs accumulés depuis 1973 pour faire face à des besoins internes. Ces désinvestis- sements en actif ont concerné essentiellement l'Arabie Séoudite. Au cours des années 1983 et 1984, ce pays a été amené à réduire de près de 35 milliards de dollars ses actifs financiers à 1' extérieur pour couvrir le déficit de la balance des paiements courants enregistrés pendant ces deux années.

(1) Ces importations n'incluent pas les achats d'armes. Ces dernières auraient coûté aux seuls pays arabes du Moyen-Orient 350 milliards de dollars entre 1973 et 198 5 soit une moyenne annuelle de 29,2 milliards de dollars, voir "L'OPINION", déc. 1.985.

(2) Il faut rappeler qu'au cours de 1986,1e prix du baril a frôlé la barre fatidique de 10 dollars U.S. ce qui explique la chute spec taculaire des revenus de l'OPEP au cours de cette année (voir ta bleau n° 10 et graph. n° 3). 660

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Comme le montre le tableau 10, les pays arabes membres de l'OPEP ont vu leurs exportations chuter de 205,7 milliards de dollars en 1980, à 84,4 milliards de dollars en 1985, soit une perte de revenus de 127,3 milliards de dollars en cinq ans.

C'est incontestablement l'Arabie Séoudite qui a été la plus tou chée par cette baisse spectaculaire des revenus pétroliers. Alors que les exportations de ce pays s'élevaient à 102,2 milliards de dol lars en 1980, elles ne sont plus que de 27,5 milliards de dollars en 1985, soit une chute de ses revenus de 73 %par rapport à 198O.

Cette évolution, certes négative et nocive pour ce pays, s'ex plique par le souci de ce grand exportateur d'assumer le rôle de "swing producer" (producteur d'équilibre) au sein de l'OPEP. A cet effet, il a accepté de "produire en deçà de son quota officiel pour maintenir une politique des prix empêchant la surproduction et donc l'éclatement de l'OPEP" (l).

Forte de sa capacité de production, de ses réserves pétrolières et de ses réserves financières (90 milliards de dollars à fin 1985) l'Arabie Séoudite peut continuer à jouer le rôle de producteur d'équi libre mais sans doute pas indéfiniment. la chute de ses exportations l'oblige à puiser dans son surplus et ce dernier n'est pas inépuisa ble. Le coût de son action régulatrice au sein de l'OPEP commence à faire sentir ses effets.

(1) Pour de larges développement sur la stratégie séoudienne sur la scène pétrolière, voir B. KHADER, L'OPEP 1973-1987 : stratégies et perspectives, Cahier du CERMAC, L.L.N., 1988. 662 Tableau n° 11 : Revenus pétroliers de l'OPEP (1973-1987)

REVENUS PÉTROLIERS BRUTS DE L'OPEP (EN 10* US $) (* ) . Prix nominal du baril 2. Revenus nominaux 3. Pouvoir d'achat 4. Revenus réels toutes 5. Prix du baril réel 6. Pouvoir d'achat Azinès en US $ (1| des producteurs (2) autres choses restant pour l'acheteur du baril (2| égales aux niveaux en US S de 1980 (3) constants (4) 1973 3,81 35.60 77,40 79,10 9.35 8.28 1974 11.37 119.50 213,40 244,20 24.85 20,30 1975 12.12 107,30 170,30 205.00 22,81 19,24 1976 12.93 129.70 205,90 212,40 23,07 20.52 1977 13.98 141,50 205.10 203,80 22,28 20,26 1978 14,22 133,90 169,50 158.20 18,88 18.00 1979 19,96 196,40 215.80 204.60 23.08 21,93 1980 32.83 279,00 279,00 279,00 32,83 32,83 1981 36,25 254,10 270.30 287,20 35,81 38.56 1982 33.86 200,60 184.60 262,30 33,30 36.80 1983 29,90 160,40 180.20 211,80 28,05 33,60 1984 29.00 149,00 173.30 184,60 25.85 33,72 1985 27.56 129.70 149.10 145,40 22,36 31,68 1986 14.93 73,90 71.10 55,60 9,07 14,36 1987(e| 20.00 110,40 96.00 66.10 9.74 17,39

(D Le prix nominal en US $ du bari 1 correspond au prix moyen pondéré CIF à l'importation des pays membres de l'Agence Interna tionale de l'énergie, (2) Le pouv oir d'achat des producte urs de l'OPEP est obtenu en déflata nt les revenus nominaux par l'i ndice (base 1980 = 100) des pri x des biens manufacturés (expri mes en $) exportés par les pays industrialisés ; 1e pouvo ir d'achat du baril est obt enu de même, en déflatan t le prix nominal, (3) Les revenus des producteurs de 1'OPEP ti ont été calculés dans un mond e "statique" : PNB mondial et c 1000 $ ontenu énergétique par de PNB constants, part de marché de l'OPEP constante taux de change effectif du doll ar et n iveau mondial des prix à la co nsommât ion constants (to us les indicateurs sont figés aux niveaux de 1980). (A) Le prix nominal du baril en US $ a été déflaté par le taux de change effectif du dollar et par le niveau mondial des prix à la co nsommation (niveaux de 1980). Il s'agit, en fait, d'une i llustration de l'évolution du prix réel pour l'acheteur mondial moyen non américain, (e) Estimât ion Sources omm (Statistiques financières internationales), ONU (Bulletin mensuel de statistiques), Agence Interna tionale de l'énergie, OPEC. Review (hiver 1986) et calculs propres.

* Tableau construit par J.P. PAWELS, Ph. LAWERS et F. P0SSEMIERS, in "Analyse économique du comportement de l'OPEP en tant que Price leader", in Revue de l'Energie. 1988. Tableau repris in B. KHADER, op. cit.? p. 45. 663

Selon les experts de Paribas, le maintien de l'OPEP coûte au jourd'hui à la seule Arabie Sroudite, une vingtaine de milliards de dollars par an. Il va de soi qu'à ce rythme son stock d'actif finan cier (environ 50 %du total de l'OPEP) pourrait être épuisé d'ici la fin des années 1980. Plus dramatique est, en revanche, la situation des pays pétro liers les plus pauvres qui n'ont pu accumuler des réserves à l'exté rieur. Ces derniers, qui se sont considérablement endettés au cours de ces dernières années (Algérie, Indonésie, Nigeria),voient du coup leurs sources de revenus amputées de façon drastique. Une situation fort difficile pour ces pays qui, compte tenu de l'importance de leur- population, doivent faire face à des besoins sans cesse croissants. Autre conséquence, autre difficulté majeure, c'est celle relative à l'avenir de l'aide de l'OPEP au Tiers-Monde en général et celle des pays arabes pétroliers à l'Afrique en particulier.

2. Sur le plan externe conséquence sur l'aide au Tiers- Monde

1ère remarque

L'aide publique des pays de l'OPEP (en provenance, à raison de 95 %, des pays arabes membres de cette organisation) au Tiers-Monde, s'est progressivement amplifiée pour atteindre 9,6 milliards de dol lars en 1980, avant de redescendre à 3,5 milliards en 1985. Même si l'OPEP reste le second groupe de donneurs d'aide au niveau mondial, derrière les pays industrialisés et devant les pays de l'Est, même si l'effort consenti (rapporté au PNB) est proportionnellement le plus im portant de la communauté internationale, la chute de l'aide de l'OPEP constitue sans doute une des conséquences majeures de l'affaiblisse ment de cette organisation au cours de toutes ces dernières années.

Tableau n°ll Evolution de l'aide de l'OPEP au Tiers-Monde (versements nets en milliards de dollars^ Année 1980 1981 1982 1983 1984 1985 Versements netsn 9,6 8,5 5,8 5,4 4,5 3,5 APD (en milmil- liards de $)

Source : OCDE, rapport 1984, p. 259 rapport 1987, p. 23. 664

Comme le montre ce tableau, l'aide de l'OPEP aux pays en voie de développement est passée d'environ 10 milliards de dollars en 1980 à 3,5 milliards de dollars en 1985, soit une baisse de 63 %en l'espace de quatre ans. Ce n'est pas un hasard si cette baisse coïncide avec le retournement du marché pétrolier mondial et l'apparition des diffi cultés financières dans les pays dispensateurs de cette aide. Ces pays ont aujourd'hui leurs propres problèmes qui sont logiquement prioritaires d'autant plus qu'ils ne disposent que d'un laps de temps réduit pour préparer ce qu'il est convenu d'appeler l'"après pétrole". Seuls deux pays (le Koweit et l'Arabie Séoudite) ont été en 1984 à l'origine de plus de 90 %de l'aide de l'OPEP (1). Les autres pays de cette organisation semblent se préoccuper davantage de leurs pro pres problèmes (Algérie, Libye, Venezuela...).

2e remarque :

La baisse des engagements de l'OPEP en faveur du Tiers-Monde, au cours de ces dernières années, ne semble pas avoir épargné l'aide des pays arabes membres de cette organisation à l'Afrique sub-saharienne (2).

Tableau n° 12 Evolution de l'aide arabe à l'Afrique sub-saharienne (eh millions de dollars)

«nuée | 1973-74 1976 1975 1977 j «978 1979 1980 1981 1982 1 1983 1984 1985 fentant | (Yersements nets)U 693,4 965,2 955,1 610,4 641,1 622,6 1318,0 1236,7 1165,4 [676,2 667,4 52e

Source : BADEA, rapport 1984, rapport.1985 rapport 1987 Si nous considérons les cinq dernières années, on constate que l'aide arabe après avoir dépassé le plafond d'I milliard de dollars par an (1980-1982) avec un record en 1980 (1,318 milliard de dollars) s'est brusquement effondrée au cours des années suivantes, retrouvant

(1) La guerre Iran-Irak a entraîné la quasi-disparition des programmes d'aide de ces deux pays. (2) Pour une analyse détaillée de l'aide arabe à l'Afrique sub-saha rienne, voir le quatrième chapitre de cette troisième partie. 665

ainsi son montant de 1978. Entre 1982 et 1983 les engagements arabes en faveur de l'Afrique ont chuté de 41. %passant de II65 millions de dollars à 676,2 millions de dollars. La situation ne s'est pas amé liorée l'année suivante : l'assistance financière arabe aux pays sub sahariens a totalisé 667,4 millions de dollars, soit un montant infé rieur à celui accordé en 1983. La situation paraît donc durablement inversée depuis I983. Ce pendant la BADEA ne semble pas avoir été affectée par cette tendance générale de l'aide arabe. Cette institution a préservé et accru même ses prêts en faveur des pays africains. Les prêts et dons accordés en 1984 ont atteint 88 millions de dollars, contre une moyenne annuel le de 65 millions de 1975 à 1983, soit une progression de 35 %. Le nombre de prêts est passé à 13 en 1984 contre une moyenne de 9. Au total, les concours de cette banque arabe se sont élevés à 935,7 mil lions de dollars de 1975 à 1985,ce qui représente 13$ du coût total des projets qu'elle a approuvés au profit de trente-neuf pays afri cains (sur les quarante et un éligibles à son assistance). D'autre part, la décision du conseil des Gouverneurs de la Ban que, en avril 1983, d'augmenter le capital de cette institution d'un montant de 250 millions de dollars témoigne sans doute de la volonté des bailleurs de fonds arabes de poursuivre leur programme d'aide aux pays sub-sahariens, malgré la situation du marché pétrolier mondial. Le capital de la BADEA passe ainsi à 988,5 millions de dollars. Mais que représente la part de cette institution dans les concours arabes bénéficiant aux pays africains chaque année : 6,2 %en 1982, 13,6 % en 1983 et 9,4 %en 1985. Cet accroissement s'explique, non par l'augmentation de la part de la BADEA, mais plutôt par la baisse des engagements arabes au sud du Sahara depuis 1983.Rappelons que ces enga gements ont totalisé 994Z millions de dollars entre 1373 et 1985(ch. IV) Autre remarque : la baisse de l'aide arabe en faveur des pays afri cains a été certes compensée par la baisse, non moins importante, des factures pétrolières des consommateurs sub-sahariens. Pour la majori té des pays africains, la baisse considérable du prix du brut est un premier soulagement. Rappelons qu'en moyenne les pays africains non producteurs ont dès factures pétrolières qui représentent le quart de leurs importations. Un pays comme la Tanzanie utilise 4 0 %de ses re cettes d'exportation pour payer ses besoins en pétrole (.1). La baisse (1) En 1986, les importations d'énergie des pays africains ont repré senté en %de leur exportation les rapports suivants : Ethiopie : 36 %, Bénin : 45 %, Mali : 27 %, Rwanda : 25 %, Sénégal : 25 %, Côte d'Ivoire : 5 %, Congo : 5%, Cameroun : 5 %, (Rapport Banque Mondiale, 1988, p. 247). ^ 4. 666

des prix du brut ne peut donc que soulager les économies africaines et, partant,compense largement le déclin de l'aide en provenance des pays arabes pétroliers.

Ceci dit, la baisse enregistrée dans les concours financiers ara bes en faveur de l'Afrique semble néanmoins remettre en cause l'ensem ble du projet coopératif arabo-africain. C'est que ce projet a fait des transferts financiers d'une partie vers l'autre, son axe central. Malgré les tentatives des deux parties de donner un contenu plus vaste à cette coopération, leurs efforts ont été vains. A part l'assistance financière, il n'y a eu ni relations économiques, ni échanges commer ciaux (!) et encore moins une entente politique. Réduit à la seule coopération financière, le projet coopératif arabo-africain ressemble aujourd'hui, à un échec. Les transferts fi nanciers peuvent durer encore quelques années, mais seuls, ils ne peu vent garantir à terme la survie du projet proclamé au Caire en 1977.

(l) Voir chapitre V. CONCLUSION

Depuis 1973, le monde arabe pétrolier a fait son entrée sur la scène internationale de l'aide au développement. Il se trouve à l'o rigine de plus de 95 %de l'aide fournie par l'OPEP au reste du monde en développement ce qui fait de lui le second groupe dispensateur de l'aide au niveau mondial. Quatre pays arabes : le Koweit, les EAU, l'Arabie Séoudite et le Qatar ont consacré près de 3 %de leur PNB à l'aide au développement soit trois fois l'objectif de 1 %réclamé par les Nations Unies. Se lon les sources les plus sûres (l), plus de 60 milliards de dollars ont bénéficié entre 1973 et 1984 à une centaine de pays en voie de développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Cette action du monde arabe pétrolier en faveur du reste du monde en développement s'est opérée, rappelons-le, dans un contexte marqué par l'approfondis sement des clivages Nord-Sud et la détérioration de la situation des pays du Sud. C'est une action à situer dans le cadre de resserrement des liens entre PVD visant l'instauration d'une coopération Sud-Sud, concept qui, depuis le début des années 1970 a bénéficié de l'adhésion renouvelée des pays du Tiers-Monde. C'est dans cette dynamique que nous avons tenté d'apprécier la coopération économique et financière arabo-africaine. L'Afrique c'est effectivement la seule région du Tiers Monde avec laquelle le monde arabe a institutionnalisé des relations tant politiques qu'éco nomiques et financières. Tout prédisposait, en principe, cette coopé ration à réussir, à répondre aux attentes des uns et des autres, à réaliser enfin tout ce qui relevait du domaine du possible. Le volet financier de cette coopération a fonctionné plus ou moins à la satisfaction de tous : - les flux concessionnels, c'est-à-dire les flux dont l'élément don est supérieur à 25 %ont constitué 80 %des transferts financiers ara bes en direction de l'Afrique sub-saharienne. Le reste, c'est-à-dire 20 %de ces transferts, ont été constitué de flux dit non concession- (1) OCDE et CNUCED notamment, voir le chapitre 3. 668

nels dont les conditions d'octroi sont proches de conditions commercia les ou quasi commerciales. - Il ressort de l'examen de la répartition sectorielle de l'aide arabe que l'aide-projet a abosrbé 62 %des apports financiers totaux ayant bénéficié aux pays africains entre 1973 et 1985. L'aide arabe n'a pas servi qu'à éponger les déficits des pays africains,, le soutien à la balance des paiements n'a représenté que 20,4 %de l'ensemble des con cours arabes en faveur des pays sub-sahariens. - Contrairement à une idée fort répandue, 1''aide arabe à l'Afrique n'a pas été curieusement répartie. Celle-ci a couvert tous les Etats africains non arabes sans exception. En excluant l'aide aux organis mes régionaux et l'aide non ventilée on constate que la moitié de l'aide arabe a bénéficié à des pays africains non musulmans dont cinq sont parmi les dix premiers pays africains bénéficiaires de cette aiae . Certes, quatre pays : la Guinée, le Sénégal, le Zaïre et le Mali se partagent 2,587 milliards de dollars, soit 27 %de l'ensemble des concours financiers à l'Afrique entre 1973 et 1985. Cette situa tion est due essentiellement aux liens privilégiés qu'ont entretenus ou qu'entretenaient encore ces pays avec les pays arabes influents sur la scène financière. Il faut rappeler aussi que le PNB par tête de ces pays est compris entre 180 et 430 dollars par tête. Ils figurent à ce titre parmi les plus démunis d'Afrique. Rappelons enfin que les pays africains les moins avancés (PLMA) ont absorbé 50 %des concours financiers totaux destinés à l'Afrique sub-saharienne.

Cependant, hormis le volet financier, la coopération arabo-afri caine ne semble pas avoir été à la hauteur des espoirs qu'elle a sus cités. Examinée sous l'angle de la coopération Sud-Sud, elle ressem ble plus à une série d'actions circonstancielles, ponctuelles, sans ligne directrice et dénuée de toute vision à long terme. Ceci nous amène à la question que nous nous sommes posée au début de cette troi sième partie et qui consistait à savoir si la coopération économico- financière arabo-africaine inscrivait son action dans une réelle pers pective de renforcement des rapports Sud-Sud, ou au contraire ne se limitait -elle qu'à un simple transfert financier (d'une partie vers l'autre) rendu possible par la disponibilité des surplus pétroliers 669

L'analyse qui précède nous permet, sans doute, de dégager quelques éléments de réponse à cette interrogation. - L'un des fondements de la coopération réside, nous semble-t-il, dans la réalisation de l'intérêt commun et le profit mutuel à travers une action collective entreprise par les partenaires concernés par cette coopération. Celle-ci suppose la définition, non seulement des objectifs, mais aussi la ou les stratégies permettant de les attein dre. Certes, la Charte du Caire sur la coopération arabo-africaine adoptée par le premier Sommet arabo-africain (mars 1977) se voulait globale (coopération politique, coopération financière : publique et privée, coopération économique : soutien aux projets mixtes, coopéra tion commerciale : promotion des échanges commerciaux, coopération en matière d'information et coopération culturelle), mais force est de constater, qu'hormis le volet financier, rien de notable n'a été réa lisé dans les autres domaines énumérés dans la Charte. Sur le plan strictement économique les douze années écoulées (1973-1985) ont, nous semble-t-il, complètement ignoré un des fonde ments essentiels de toute entreprise de coopération, à savoir la mise sur pied de projets mixtes, projets qui, comme on le sait, ne nécessi tent pas seulement la participation collective à l'action commune, mais qui évaluent aussi les avantages de chaque partie impliquée dans cette coopération. Il s'agit ici de ce qu'on appelle les "équilibres de la coopération" (1), notion qui semble avoir été absente, non seu lement dans le projet coopératif arabo-africain, mais pratiquement dans toutes les entreprises de coopération entre les pays en voie de développement. La volonté politique, si sincère soit-elle, ne peut suffire à el le seule à consolider les assises d'une coopération et en garantir le développement. Pour qu'elle puisse résister à la lassitude et échap per aux revirements politiques (si courants notamment dans le Tiers- Monde), la coopération entre pays en voie de développement dans la quelle s'insère celle engagée entre le monde arabe et l'Afrique sub saharienne, doit s'appuyer sur des réalisations concrètes, sur une analyse qui tient compte des équilibres que nous venons d'évoquer.

(1) Voir Ch. AYARI "la coopération arabo-africaine : face aux défis des années 80", op. cit., p. 42. 670

Dans le cas de l'ensemble arabo-africain qui possède, rappelons- le d'importantes ressources naturelles (pétrole, gaz (l), chrome, man ganèse, phosphate, bauxite, diamants, cuivre) et humaines (environ 600 millions) et des potentialités indéniables dans le domaine de l'agriculture, les perspectives qui s'; offrent à 1' action arabo-afri- caine au plan du lancement de projets économiques, agricoles et indus triels sont vastes.

- Dans le domaine agricole, à l'exception de la Libye et du Koweit (2), les douze années écoulées n'ont vu la réalisation de rien de notable dans le domaine du lancement de projets mixtes concernant ce secteur. Or on connaît la part importante que constituent les im portations de biens alimentaires dans les importations totales tant des pays arabes que des pays africains, on sait aussi que les poten tialités agricoles dans ces deux régions existent, et peuvent suffir,à condition qu'elles soient mises en valeur, non seulement à couvrir les besoins de ces deux régions, mais aussi à leur permettre de déga ger un excédent exportable (3). Pourtant l'investissement commun, le lancement d'actions collectives dans ce domaine peut non seulement ré duire la dépendance de ces deux ensembles et partant soulager la fac ture de leurs importations (14 à 25 %des importations totales des pays africains), mais aussi donner à leur coopération des assises con crètes crédibles et viables. Certes, cette action commune ne touchera pas l'agriculture dans sa totalité, mais certains secteurs peuvent être identifiés. Nous songeons, outre les cultures vivrières de base, à d'autres activités sujce£tibles_de__r^enforcer__les échanges commerciaux entre les deux (1) Le monde arabe à lui seul représente 54 %des réserves mondiales de pétrole et 14 %de celles du gaz naturel. (2) La Libye a créé 16 entreprises mixtes avec les pays africains pour la promotion du secteur agricole . (3) Voir à ce propos : - Pour les pays africains, l'étude élaborée par la Banque Mondiale "Programme d'action pour une croissance continue en Afrique sub saharienne" BM 1983. - Pour les pays arabes : A. BRAHIMI, "Dimensions et perspectives du monde arabe", op.cit. 671

parties. Ce sont des activités potentiellement exportatrices telles que les viandes, les fruits, le poisson, le sucre, les produits lai tiers, le thé etc..

- Dans le domaine industriel, à l'exclusion de l'industrie ex tractive minière (pétrole, gaz, phosphate, fer, cuivre et uranium), le monde arabe-africain ne possède pas une structure industrielle propre ment dite. De ce fait résulte une dépendance technologique, technique et commerciale très accrue vis-à-vis des pays industrialisés. Les douze années écoulées de coopération arabo-africaine ont montré que ces deux ensembles n'ont rien fait pour réduire cette dépendance. Pourtant certains pays des deux régions bénéficient d'une expérience dans les domaines de la petite et moyenne industrie. Nous songeons tout particulièrement aux pays de Maghreb, à l'Egypte, au Nigeria, au Kenya et à la Côte d'Ivoire, où les industries alimentaires, les in dustries des textiles, les industries mécaniques et les industries du bâtiment ont connu un essor appréciable. Ces pays peuvent mettre leurs compétences et leur expérience dans ces domaines au service des projets industriels collectifs entrepris dans l'espace arabo-africain. Un autre domaine de réalisation de projets mixtes d'envergure est sans doute le domaine de l'énergie. Une action collective dans ce do maine peut avoir deux volets : adoption d'une politique commune en ma tière d'énergie et lancement d'entreprises mixtes de production, de raffinage et de commercialisation du pétrole et du gaz. L'action com mune dans ce domaine semble d'autant plus à la portée des Arabes et des Africains que les pays pétroliers des deux ensembles disposent au jourd'hui d'une expérience en matière de production, de commercialisa tion et d'industrialisation des hydrocarbures. Certains pays afri cains et arabes, aux maigres possibilités financières et techniques, tels que l'Angola, le Congo, le Bénin, le Madagascar et le Soudan ne peuvent poursuivre l'accroissement de leur production, et encore moins les opérations de prospection et de forage, faute de moyens tant tech niques que financiers. Certes des pays, comme l'Algérie et le Koweït ont entrepris quelques initiatives dans ce domaine, mais cel les-ci demeurent limitées tant qu'elles ne s'insèrent pas dans une réelle dynamique de coopération. Ainsi, ni le domaine agricole, ni le domaine industriel n'ont connu le lancement de grandes réalisations communes publiques ou pri- 672

vées susceptibles de renforcer le projet coopératif arabo-africain. C'est sans doute une des faiblesses principales de cette coopération. _ L'autre maillon faible de cette coopération réside incontestable ment dans l'insignifiance des échanges commerciaux entre les deux en sembles. Il ressort de notre analyse que ces deux ensembles restent dépendants tant au niveau de leur exportation que de leur importation du monde développé. Ils demeurent exportateurs de matières premières et importateurs de produits manufacturés, de biens d'équipement et de produits alimentaires. Il résulte de cette situation que les flux d'échanges commerciaux entre pays arabes et pays africains sont très faibles, surtout quand nous excluons les ventes et les achats de pé trole. Les échanges entre les deux régions de l'espace arabo-africain ne représentent qu'environ 2 %du commerce extérieur de chacune d'el les. De ce pourcentage se dégagent toute la faiblesse et toute la fra gilité de la coopération arabo-africaine. Ceci est dû essentiellement à l'indifférence manifestée par les deux parties vis-à-vis de oe volet de leur coopération, à leur tendance à ne percevoir la coopération ara bo-africaione que sous l'angle exclusivement financier. L'étude de la CNUCED, ayant servi de base, à notre analyse de ces échanges, montre pourtant que les possibilités de promotion des échan ges commerciaux entre pays arabes et pays africains sont à la fois vastes et multiples à condition que soient déployés les efforts pour développer les capacités de production, promouvoir le rendement afin d'accroître les opportunités des échanges entre les deux ensembles des secteurs dans lesquels pourrait s'opérer une création de commerce (sec teur alimentaire, hormis les céréales, le secteur céréalier, le sec teur des épices et du tabac, le secteur agricole, hormis l'alimenta tion) sont certes réduits, mais s'ils bénéficient de 1' attention des deux partenaires, ils peuvent considérablement améliorer les échanges arabo-africains.

Il ressort de ce qui vient d'être dit que, hormis le volet fi nancier, les douze années écoulées de coopération entre le monde arabe et l'Afrique sub-saharienne n'ont vu la réalisation de rien de con cret. Réduite aux seuls transferts financiers d'une partie vers une autre, cette coopération ne peut résister à l'érosion du temps. La raréfaction des revenus pétroliers et le déficit des comptes courants 673

auxquels font face aujourd'hui les pays pétroliers viennent confirmer ce diagnostic. Non seulement les concours financiers à destination des pays africains ont diminué au cours de ces dernières années, mais ils risquent de disparaître à terme si rien de sérieux, de responsable n'est entrepris en matière de relance de cette coopération sur des bases plus crédibles, ayant des retombées bénéfiques pour les deux parties.

À CONCLUSION GENERALE :

SYNTHESE

A 675

Nous avons essayé tout au long de ce travail de montrer les rap ports arabe-africains tels qu'ils sont et non tels que les font appa raître les miroirs déformants de la complaisance ou du parti pris . Notre démarche a été guidée par le souci constant d'éviter deux écueils :l'apologie inconditionnelle et le dénigrement systématique. Nous avons plusieurs fois revu nos hypothèses, et à maintes reprises reconsidéré nos certitudes. Que conviendra-t-il de retenir de ce travail? Les conclusions partielles des trois parties qui constituent cette recherche répondent, nous semble-t-il, à cette interrogation. Nous nous limitons ici à dégager dans une synthèse générale ce qui nous semble avoir été les principaux enseignements de cette expérience de coopération entre l'A frique sub-saharienne et le monde arabe. La Charte du Caire sur la coopération entre l'Afrique et le monde arabe, adoptée par le premier Sommet arabo-africain en mars 1977 se voulait globale, il s'agissait d'instaurer entre les deux ensembles, une coopération à la fois politique, économique, financière, commer ciale et culturelle. Le projet coopératif ainsi formulé semblait inscrire son action dans une réelle perspective de solidarité entre pays en voie de développement embrassant des domaines multiples et complémentaires. Le Sommet du Caire fut le couronnement d'un rappro chement opéré depuis le début de la décennie 1970 entre ces deux en sembles. En 1973, il y a eu en effet conjonction de deux éléments in terdépendants ; rupture de relations diplomatiques par la majorité des pays africains avec l'Etat d'Israël à la suite de la guerre d'octobre et accroissement sensible du prix du pétrole, donc des ressources fi nancières arabes. La conjonction de ces deux phénomènes politique et économique a constitué un tournant important dans les relations arabo- africaines et a été à la base de la coopération qui s'est engagée en tre les deux ensembles depuis 1973.

Quel jugement et quelle évaluation peut-on faire aujourd'hui de cette coopération? A-t-elle été globale comme le voulait la Charte du Caire? A-t-elle répondu aux attentes des uns et des autres comme le souhaitaient ses militants les plus convaincus? 676

Nous avons centré notre réflexion dans ce travail sur trois as pects de ces relations:les fondements, historiques et sncio-culturels, les rapports politiques et la coopération économico-financière.

I. L'HISTORIQUE ET LE CULTUREL DANS LES RELATIONS ARABO-AFRICAINES

En consacrant la première partie de ce travail aux soubassements historiques et socio-culturels des relations arabo-africaines contem poraines, notre postulat de départ était le suivant : les relations entre nations ou groupes de nations n'obéissent pas uniquement à des considérations conjoncturelles dictées par le souci de défendre et de sauvegarder l'intérêt national du pays ou du groupe de pays considéré. Elles tiennent compte aussi des facteurs historique et culturel, qui, certes, sont considérés comme secondaires, mais qui peuvent agir sur le comportement des acteurs privilégiés du système international que sont les Etats. Il ressort de la lecture du passé arabo-africain que certains aspects (histoire commune, brassage et interpénétration ethniques et cultu rels...) favorisent le rapprochement actuel entre Arabes et Africains. Ils en constituent même la toile de fond. D'autres par contre en cons tituent des ombres gênantes,des plaies ouvertes qu'il conviendrait d'é lucider parce qu'ils sont susceptibles de rendre le dialogue entre les deux parties difficile, voire même passionnel. Faire fi de cet aspect du passé, en l'occurrence l'esclavagisme, comme le fait la lit térature arabe, n'est pas de nature à instaurer un dialogue sincère basé sur un climat dénué de toute méfiance entre les partenaires. D'autre part, de tous les facteurs qui favorisent le développe ment des relations entre le monde arabe et l'Afrique sub-saharienne, le lien religieux nous semble le plus solide et le plus vécu par les masses de ces deux ensembles. Dégagé de la marginalisation dans laquelle l'avait placé la colo nisation, l'Islam africain entend jouer aujourd'hui son rôle, non seulement au sein de 1-Etat-nation mais aussi au sein de la communau té musulmane universelle "AL-OUMMA" . Les musulmans, tant en Afrique que dans le monde arabe sont conscients que les divisions et les riva lités au sein du monde musulman sont d'ordre politico-idéologique et 677

non religieux. Aussi la solidarité que véhicule l'Islam doit trans cender les rivalités conjoncturelles pour ressouder AL-OUMMA et lui donner une unité tant souhaitée. A ce titre, la poursuite et le resserrement des liens avec l'Is lam arabe semblent répondre aux souhaits des musulmans africains. Les Etats africains, à communautés musulmanes importantes ne semblent pas ignorer ce fait, au contraire ils l'intègrent progressivement à leur politique étrangère vis-à-vis du reste du monde musulman, y compris l'espace arabe. La poursuite des rapports avec le monde arabe semble en fin de compte répondre au souci de certains Etats africains de canaliser les multiples manifestations du champ islamique sub-sa- harien et en contrôler l'évolution. Ceci dit, quel que soit le rôle du facteur religieux dans le rap prochement opéré depuis 1973 entre le monde arabe et l'Afrique sub-sa harienne, l'efficacité de celui-ci dépend de la façon dont il est uti lisé par les acteurs en présence. L'action de certains pays arabes dans ce domaine suscite, nous semble-t-il, la réserve, sinon la désap probation. - Il convient de faire une distinction entre arabisme, langue arabe et Islam. Il est vrai que la langue arabe est la langue de la révélation donc langue liturgique de l'islam, il est vrai aussi que pour la masse musulmane en Afrique sub-saharienne, la langue arabe et la culture qu'elle véhicule, constituent une référence constante et attentive. Il est en revanche faux de considérer que la langue arabe peut trouver son statut pré-colonial notamment dans les Etats afri cains situés à la lisière du Sahara. L'enseignement de l'arabe peut être encouragé par certains acteurs arabes, parce qu'il répond à une demande africaine, mais ne peut nourrir des ambitions impérialistes que ces mêmes acteurs dénoncent lorsqu'il s'agit d'autres langues é- trangères. Certains pays arabes semblent confondre entre le souhait des communautés musulmanes de promouvoir l'enseignement de l'arabe permettant l'accès à la connaissance du message religieux et l'entre prise d'arabisation. Une telle attitude ne peut que frustrer les com munautés non musulmanes dans les pays sub-sahariens et accroître leur méfiance vis-à-vis des pays arabes. - D'autre part, donner à l'islam un caractère extrêmement mili tant (cas de la Libye notamment), voire même parfois fanatique, n'est pas de nature non plus à assurer les communautés non musulmanes au 678

Sud du Sahara. Il existe dans certains pays africains diverses commu nautés islamiques qui sont parfois en conflit les unes avec les au tres. Le soutien de certains pays arabes aux unes et pas aux autres ne peut qu'avoir des retombées négatives sur l'ensemble des rapports arabo-africains. - Il convient aussi que certains pays arabes cessent de s'immis cer dans les problèmes politiques africains par le canal religieux. Ces pays devront abandonner toute idée de bloc islamique en Afrique afin d'éviter tout fanatisme religieux dont les musulmans afri cains ne veulent pas. En Afrique, la tolérance sur le plan religieux se manifeste plus que dans n'importe quelle autre partie du monde et ne doit être rompue à cause d'actions et d'initiatives ambiguës et confuses de certains pays arabes. Cependant quel que soit le poids du passé et de la culture -dans les relations arabo-africaines, rien de notable ni de sérieux n'a été entrepris pour permettre aux Arabes et aux Africains de mieux se con naître pour pouvoir mieux coopérer et s'entendre. Hormis certaines ini tiatives prises au niveau bilatéral, rien n'a été entrepris sur le plan multilatéral. Les engagements du Sommet du Caire, visant à ren forcer la coopération culturelle entre ces deux ensembles n'ont pas dépassé le stade des déclarations d'intention. Il est vrai que des enseignants marocains, égyptiens, tunisiens et algériens sont à pied d'oeuvre dans quelques pays africains. Il est vrai aussi que l'Egypte et les pays du Maghreb mettent annuelle ment à la disposition des pays africains des bourses d'étude, mais ces initiatives non seulement relèvent des rapports bilatéraux, mais de meurent insuffisantes parce que non intégrées dans une approche col lective et cohérente, avant pour objectif le renforcement des rapports arabo-africains. Ces initiatives relèvent d'ailleurs de la coopéra tion technique et non des relations culturelles proprement dites. La dimension culturelle de la coopération arabo-africaine semble ainsi avoir été fâcheusement négligée. Il appartient aux institu tions communautaires et aux responsables de ces deux ensembles de fai re en sorte que cette dimension soit prise en considération dans le futur. C'est la barrière contre l'incompréhension, les préjugés et les procès d'intention. 679

II. LES RAPPORTS POLITIQUES

Il ressort de la deuxième partie, consacrée aux rapports politi ques arabo-africains, que l'évolution de ces derniers a connu trois étapes : - Dans une première étape marquée par la lutte pour la libération et l'indépendance à la fois en Afrique et dans le monde arabe, la so lidarité politique arabo- africaine a choisi l'option de la rébellion contre l'ordre international. Cette solidarité s'inscrivait dans le cadre d'un mouvement plus large du Tiers Monde (conférence de Ban- doung, mouvement tricontinental, conférences afro-asiatiques...), lui- même oeuvrant en vue de la réalisation d'une entité indépendante. Tout au long de cette première étape, l'Egypte (1), mais aussi le Maroc (2) et la révolution algérienne (le FLN) ont joué un rôle impor tant dans le renforcement des liens entre la partie septentrionale et sub-saharienne du continent africain. Cette première étape qui va jusqu'à la fin de la décennie i960 a été marquée par une plus grande cohérence entre les systèmes régionaux arabe et africain du point de vue idéologique notamment (3). L'Egypte nassérienne a occupé pendant toute cette période le rôle d'Etat-noyau du système arabe, elle pré tendait au même statut dans le système africain. Ce rôle se fond sur la théorie des "trois cercles" développée par le président Nasser, selon laquelle la politique étrangère de l'Egypte doit inscrire son action en priorité dans trois cercles géographiques qui s'enchevêtrent et se complètent : le cercle arabe, le cercle africain et le cercle islamique. Mais la conception de Nasser de cette théorie est que ces trois cercles sont hiérarchiquement ordonnés avec l'arabisme en tête (puisqu'il s'agit de l'identité et de la sécurité nationales), les

(1) Une vingtaine de mouvements africains de libération avaient leur bureau au Caire et pouvaient compter sur le soutien de l'Egypte révolutionnaire. (2) Le Maroc s'est distingué surtout par son soutien à Lumumba dans l'affaire du Congo(Zaïre) et la convocation d'une conférence au sommet à Casablanca en 1961. (3) Et ce, malgré l'attitude négative de certains pays sub-sahariens sur la question palestinienne. 680

cercles africains et islamiques étant secondaires. - La deuxième étape dans la coopération arabo-africaine commence avec l'effacement de l'Egypte. L'abandon du rôle de "régulateur" par ce pays amena d'autres entités du système à briguer cette position va- cante• Le renversement des termes de l'échange pétrolier en 1973 con sacra la puissance financière des pays arabes du Golfe et déplaça le centre du système vers cette région. Cette deuxième étape de la coopération arabo-africaine commença donc "dans la sillage d'entités fonctionnelles internationales dans le domaine du pétrole, des matières premières et des surplus financiers" (1), et coïncida avec l'institutionnalisation des rapports politiques et économiques arabo-africains (Vie Sommet arabe d'Alger en 1973 et le premier Sommet arabo-africain du Caire en 1977), suite aux ruptu res des relations diplomatiques des Etats africains avec Israël et à l'accroissement sensible des prix pétroliers, donc des capacités fi nancières du monde arabe pétrolier. C'est aux pays pétroliers du Golfe qu'est revenu le rôle de "régu lateur" dans le système arabe. Ce qui fait que, contrairement aux an nées 50 et 60 où les rapports arabo-africains se fondaient sur les mê mes sensibilités idéologico-philosophiques, la deuxième étape qui dé buta en 1973 est fondée par contre sur des considérations purement mercantiles. On a l'impression, en prenant le recul nécessaire, que le soutien africain aux thçses arabes a été payé au retour. Ce point de vue est certes extrême, mais il faut reconnaître que rompre avec Israël est devenu pour certains pays africains une bonne affaire d'a bord financière (bénéficier de la manne pétrolière) et ensuite politi que (manifester leur solidarité à l'égard d'une question qui reçoit l'adhésion de la grande majorité des pays du Tiers-Monde). La respon sabilité de cette déviation est amplement partagéee entre Arabes et Africains. C'est un errement qui a coûté politiquement très cher aux uns et aux autres, et ce pour les raisons suivantes : 1. Les pays du Golfe, "noyau fort" dans le système arabe grâce à leurs pouvoirs financiers, n'avaient ni une expérience africaine ni un passé militant susceptible de doter la coopération arabo-africaine d'un contenu dépassant la controverse devenue désormais classique sur

(1) Jamal MATAR, in "les Arabes et l'Afrique", Tome II, L'Harmattan, Paris 1986, pp. 548-549. 681

le volume des transferts financiers. Autrement dit, celui qui dispose de moyens financiers dans la région arabe n'a pas l'imagination, et celui qui a l'imagination n'a pas les moyens de sa politique. 2. Les considérations mercantiles qui ont jalonné la naissance de cette coopération et son évolution sont devenues telles que la pour suite du soutien des Etats africains au Monde arabe dans le conflit qui l'oppose à Israël n'a jamais semblé aussi lié à la capacité des pays arabes à poursuivre leurs efforts financiers en direction de l'A frique au Sud du Sahara. Il est tout de même curieux de constater que les pays qui ont renoué avec Israël ou ceux qui se "préparent à la faire" ont évoqué et évoquent toujours le non respect des engagements arabes sur le plan financier notamment (1). Certes les pays africains ont été gravement affectés par les hausses successives des prix du pé trole et doivent être aidés pour surmonter leurs multiples difficul tés, mais réduire la solidarité arabo-africaine aux seuls transferts financiers d'une partie à l'autre illustre fort bien l'esprit dans le quel a été pensée la coopération entre Arabes et Africains. C'est pourquoi nous craignons que la baisse actuelle des revenus des pays pétroliers n'affecte le volume de leur transfert vers les pays sub sahariens et ne compromette par conséquent une coopération qui commen ce déjà à montrer quelques signes d'essoufflement. 3. Les Arabes de leur côté, l'entente euphorique de 1973 passée, retombaient dans leurs rivalités et leurs divisions chroniques. En transportant leurs querelles internes sur la scène africaine ils ont gravement compromis la coopération qu'ils sont sensés servir et sauve garder. L'entêtement et l'acharnement des pays arabes à exiger de leurs partenaires africains de prendre position sur le Traité de Camp David et le problème du Sahara dit occidental, s'ils n'ont pas compro mis définitivement le processus de coopération, ont néanmoins inauguré une nouvelle ère dans les rapports arabo-africains, une ère qui s'ins crit politiquement en retrait de la réelle solidarité manifestée du rant le début des années 1970.

(1) Nombreux sont les écrits sur la question qui relèvent cet aspect, nous renvoyons le lecteur à la consultation de certains journaux et revues à vocation africaine : "Jeune Afrique, "Africa", "Africa refort", "Afrique-Asie" etc.. 682

- La troisième étape, c'est celle qui marque l'ère de la débâcle des rapports politiques entre Arabes et Africains. Elle débute avec la signature du Traité de Camp David et se prolonge jusqu'à nos jours. Elle est caractérisée essentiellement par le développement des situa tions suivantes : 1. Un an après sa mise en place au Caire en mars 1977, le dispositif institutionnel de la coopération arabo-africaine s'est trouvé en proie à une crise aussi complexe que significative des limi tes de l'entente et de la coopération politique entre Arabes et Afri cains. L'initiative de paix séparée engagée par le chef d'Etat égyp tien fut à la base d'une profonde divergence politique entre Arabes et Africains et a conduit à la paralysie des institutions communautaires. Les activités de la Commission permanente, considérée pourtant comme organe central de cette coopération ont été bloquées pendant quatre ans (1978/1982). Par ailleurs, ni le conseil conjoint des ministres des Affaires Etrangères qui devait se réunir tous les dix-huit mois, ni le Sommet arabo-africain qui devait se tenir tous les trois ans n'ont eu lieu. Seule la Commission permanente a repris ses activités en 1982 sauvegardant ainsi un semblant d'entente entre partenaires. Les polémiques soulevées quant à la nature des sanctions à appli quer à 1»encontre de l'Egypte ont apporté une première limite, non seulement au fonctionnement des organes communautaires, mais à la so lidarité arabo-africaine dans son ensemble. Le rapprochement Israélo- égyptien allait entamer ce qui reste de cohérent dans le système ré gional arabe.

2. Destruction du concept du système régional arabe, avec émergence d'autres systèmes sub-régionaux (1) tel que le système isra élo-égyptien (Traité de Camp David) basé sur le soutien des Etats- Unis• La convergence qui s'esquisse alors entre la diplomatie israé lienne et égyptienne relève d'un souci identique : l'élargissement de la reconnaissance internationale des accords de Camp David. L'identi té du but et le rapprochement opéré entre les deux pays avec le sou tien américain ont donné naissance à un "mini système" perturbateur qui a polarisé les Etats des systèmes arabe et africain les uns contre les autres en accentuant les éléments de divergence au sein des deux (1) Voir à ce propos A.M. AL-MASHAT, in "Les Arabes et l'Afrique, op. cit., p. 558. 683

régions. Il a de ce fait limité les éléments de cohésion entre les systèmes régionaux arabe et africain et a compromis l'ensemble des rapports multilatéraux.

3. Les pays du Golfe auxquels est revenu le rôle de "régu lateur" dans le système arabe se sont révélés peu à peu incapables de s'acquitter de cette tâche. Ils se sont montrés impuissants à rehaus ser les éléments de cohésion au sein du système arabe. Depuis le dé but des hostilités irako-iraniennes ils se sont montrés plus soucieux de leur propre sécurité que de celle du reste du système régional dans lequel ils avaient cru pouvoir jouer un rôle catalyseur. De ce point de vue, nous doutons fort que la mise sur pied du Conseil de la Coopé ration des pays du Golfe (C.C.G.) en 198l ait été dictée uniquement par des considérations d'ordre économique. Le souci de faire face aux menaces supposées ou réelles de la révolution iranienne était sans doute à la base de la création de cette institution. Aussi les pays arabes sur lesquels s'appuyait la coopération arabo-africaine (surtout sur le plan financier) avaient une vision du reste du Monde arabe et de l'Afrique qui était plus régie par des considérations gé nérales se rapportant aux interactions du système politique interna tional que par des objectifs visant à promouvoir une véritable coopé ration horizontale. C'est pourquoi l'Afrique n'a occupé que peu de place dans le sou ci arabe de sécurité. C'est pourquoi aussi les Etats Unis n'ont eu aucune difficulté à attirer certains pays arabes (golfe plus l'Egypte) à lier le concept de sécurité arabe au concept de sécurité américaine. L'antisovietisme est devenu le souci majeur de certains pays arabes reléguant ainsi au second plan les causes politiques (Palestine, Afri que australe) sur lesquelles s'est structurée la coopération entre Arabes et Africains.

4. Le retour d'Israël en Afrique auquel nous assistons au jourd'hui illustre fort bien l'échec arabe au Sud du Sahara. L'accord de coopération stratégique israélo-américain de novembre 198l, en as sociant certains pays arabes, s'est révélé être une réponse à l'ini tiative israélienne de remplacer l'anti-israélisme par l'antisovietis me surtout après la création du système sub-régional israélo-égyptien ^Éîi£i£i5DÏ_Éu_^£HïieD_inc2ndi:tionnel des Etats Unis (l). (1) Voir à ce propos : J. MATAR, op. cit., p. 549. A.M.-AL MASHAT, op. cit., p. 558. 684

5- Si de nombreux pays africains (1) ont reconnu officielle ment l'O.L.P. et si l'Afrique a accordé à cette organisation le statut d'observateur au sein de l'OUA, rien n'a été fait du côté arabe en ce qui concerne les mouvements de libération de l'Afrique australe. Cer tains pays influents sur le plan arabo-africain continuent d'ignorer ces mouvements et persistent dans le refus de leur octroyer le statut d'observateur aux réunions de la Ligue Arabe. Que sont devenues les décisions prises par la Commission Permanente de la Coopération Arabo- Africaine en 1982 et 1983 concernant l'établissement de rapports entre les services de boycottage d'Israël et de l'Afrique du Sud de la Li gue Arabe et de l'Organisation de l'Unité Africaine? Que font les Arabes et les Africains pour dénoncer les liens particulièrement pri

vilégiés qu'entretient l'Etat d'Israël avec le pays de l'apartheid?? Que font enfin les Arabes pour aider les régimes progressistes afri cains acquis à leur cause? Ce n'est certes pas un hazard si les deux congrès populaires africains de solidarité avec les peuples palesti nien et sud-africain noir se sont déroulés respectivement en Ethiopie en 1978 et en Angola en 1981. Telle est la situation actuelle des rapports politiques arabo- africains. La coopération entre les deux régions est aujourd'hui à la recherche d'un nouveau souffle. L'Afrique reste un appoint indispen sable dans la lutte qui oppose les pays arabes à Israël. De même l'é mergence du monde arabe sur la scène internationale liée à la question pétrolière ne peut résister indéfiniment à l'érosion du temps que si elle est fondée sur des solidarités (politiques et financières) plus larges incluant de manière prioritaire le continent africain et sus ceptibles de permettre aux pays arabes d'influer sur la définition des grandes options diplomatiques de leurs partenaires en Afrique et ail leurs. Aussi la crise actuelle ne saurait-elle être résolue que par une redéfinition des principes politiques qui ont régi la coopération entre les deux parties jusqu'à nos jours. Il faut rappeler que les deux problèmes sur lesquels s'est structurée la solidarité politique arabo-africaine (Palestine et Afrique du Sud) demeurent non seulement posés, mais les perspectives quant à leurs solutions respectives

(1) Il s'agit des pays suivants : le Kenya, le Sénégal, le Mali, le Niger, la guinée, le Congo-Brazzaville, Madagascar, la Tanzanie, l'Angola, le Nigeria, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Burki na-Faso, le Ghana et l'Ethiopie. 685

semblent de plus en plus lointaines. La solidarité politique agissante entre Arabes et Africains peut faire face à ces deux défis : l'Afrique sub-saharienne doit cesser d'assortir son soutien à la question palestinienne des volumes des en gagements financiers arabes. Certes, l'Afrique a besoin de l'aide arabe, mais lier ce soutien aux transferts financiers laisse supposer que le projet coopératif arabo-africain n'est pas fondé sur des bases crédibles et viables. D'autre part,les pays arabes devront, dans le futur, s'engager plus sincèrement dans les causes africaines. L'attitude de certains pays influents soit sur la scène politique ou économique arabe vis-à-vis de l'Afrique australe demeure ambiguë. Il n'y a pas deux poids et deux mesures, si la cause palestinienne vaut la cause du peuple noir sud- africain, l'engagement des Arabes et des Africains dans ces deux cau ses doit être réciproque et sincère. Les pays arabes ne peuvent exi ger de l'Afrique ce que certains d'entre eux se sont montrés incapa bles de réaliser. Il n'y a pas une seule position des pays arabes sur les problèmes de l'Afrique australe. Certes le conseil de la Ligue Arabe a toujours condamné la ségrégation raciale et le système d'apar theid, mais les résolutions de cet organe ne sont que rarement prises en compte dans la politique étrangère dès Etats-nationaux. Nous pou vons affirmer la même chose du côté africain. La rupture des rela tions diplomatiques des pays sub-sahariens avec Israël n'a pas empêché certains de ces pays de continuer à coopérer économiquement avec l'Etat Hébreu. Le véritable problème réside, nous semble-t-il, dans le fait que les Arabes et les Africains n'ont pas envisagé une coopération politi que normale. Ils ont envisagé une fraternisation qui au bout d'un certain temps ne pouvait que s'essouffler. La barre a été placée tel lement haut, diront certains (1). Le succès ou l'échec d'une entreprise se mesurent par l'aptitude de ses protagonistes à faire face aux crises qu'elle traverse.

(1) A. MAALOUF, "Dix ans de coopération arabo-africaine", table ronde organisée par "Jeune Afrique", et publié dans le n° 1266 du 10 avril 1985. 686

III. LA COOPERATION DANS LE DOMAINE ECONOMIQUE ET FINANCIER

C'est sans doute dans ce domaine que la coopération arabo-afri caine a pu enregistrer des résultats tangibles. Ces résultats sont dus au seul volet financier de cette coopération, les autres domaines (lancement des projets communs et promotion des échanges commerciaux) ne semblent pas avoir retenu l'attention des deux partenaires. Pour tant le Sommet du Caire entendait faire de la coopération économique et financière la base fondamentale sur laquelle s'articulerait l'en semble des rapports afro-arabes et un exemple de coopération Sud-Sud. Les documents de ce Sommet (la déclaration et le programme d'action) précisent que cette coopération doit couvrir tous les secteurs écono miques : agriculture, industrie, mines, transport, commerce, communi cation, énergie ... Le bilan, après douze ans de coopération, semble très maigre (1). Ce qu'il est convenu d'appeler la coopération arabo-africaine est res té limité aux seuls transferts financiers d'une partie vers l'autre. Il n'y a eu ni coopération économique proprement dite, liant les inté rêts des deux régions, ni réactivation des échanges commerciaux (chap. V) entre les partenaires. Les concours financiers à destination de l'Afrique sub-saharienne se sont élevés à 9,947 milliards de dollars durant la période 1973- 1985. Ils représentent 14 %du total de l'aide arabe aux pays du Tiers-Monde, laquelle s'est chiffrée à environ 65 milliards de dollars au cours de la même période. L'aide arabe au profit du monde en voie de développement a représenté 4,5 %du PNB global arabe (3). Celle à destination de l'Afrique sub-saharienne a représenté 0,7 %de ce même PNB. Les concours financiers arabes à destination des pays (1) Se référer à la conclusion de la Ille partie de ce travail. (2) Selon la CNUCED et l'OCDE, les sources arabes avancent le montant de 80 milliards de dollars (voir le 3e chapitre de la Ille partie) (3) Rappelons que les assistances officielles globales fournies par les pays développés (notamment ceux du CAD), à l'ensemble du monde en voie de développement n'ont pas dépassé 0,36 %de leur PNB. 687

africains se sont chiffrés à 765 millions de dollars environ par an, au cours de la période considérée et ont fait l'objet d'octroi à con ditions dites préférentielles (1). Certes on peut critiquer la manière dont les surplus pétroliers des pays arabes ont été répartis, mais il ne faut pas oublier que 19 à 20 %de ces surplus ont été destinés aux pays en voie de développement et ont donné lieu à la première coopération financière sur une grande échelle entre pays du Tiers-Monde. D'autre part/ l'accroissement des capacités financières des pays de l'OPEP en général et des pays arabes membres.de cette organisation en particulier, a été à la base de l'expsa^ion des échanges Sud-Sud, dont ont tiré profit ce qu'il est convenu d'appeler les nouveaux pays industrialisés (NPI), situés no tamment en Asie et en Amérique Latine (chap. II). Les grandes firmes de ces pays ainsi que des dizaines de milliers de leurs ressortissants (Indiens, Sud-Coréens, Pakistanais, Brésiliens...) sont à pied d'oeu vre dans les pays pétroliers du Golfe notamment. Contrairement donc à une idée fort répandue l'argent du pétrole a contribué à renforcer les courants commerciaux et financiers Sud- Sud. C'est une vérité étayée par les chiffres et qui mérite, nous semble-t-il, d'être retenue (chap. II et III). En ce qui concerne la coopération économique et financière arabo- africaine, il ressort de notre analyse (Ille Partie) que hormis le vo let des transferts financiers, rien de notable n'a été réalisé ni au niveau des lancements des projets mixtes, ni au niveau de l'intensifi cation des échanges commerciaux. Ce constat procède, nous semble-t-il, de deux réalités : - Les économies arabes et africaines demeurent des économies pri maires, en ce sens que la majorité des pays de ces deux régions per sistent dans leur rôle de mono-producteurs exportateurs de matières premières et importateurs de produits manufacturés. Le groupe arabo- africain fait partie aujourd'hui non seulement du système internatio nal de marché, mais il en constitue la partie obsolète face à d'autres pays en voie de développement d'Asie et d'Amérique Latine qui, eux, ont amélioré leur position au sein de ce même système. - La décennie 1970 a été caractérisée par une dépendance plus accrue des pays du groupe arabo-africain vis-à-vis des pays dévelop pés. Les relations, tant économiques que politiques, entretenues avec le Nord développé l'ont emporté sur les relations horizontales. Le choix des modèles de développement caractérisés par la subordination,

(1) 80 %de ces concours sont accordés à des conditions libérales s'apparentant plus à une donation qu'à un prêt conventionnel. 688

l'isolationnisme et le choix d'activités orientées essentiellement vers les marchés extérieurs (ceux d'? Nord notamment) ont conduit les pays arabes et africains à s'intégrer davantage au système du marché mondial, reléguant ainsi au second plan leur propre intégration écono mique.

On ne s'étonne guère, dans ces conditions, que la coopération arabo-africaine dans le domaine économique et financier n'a pu dépas ser le seul volet des transferts de capitaux. Même ce dernier volet se trouve aujourd'hui menacé en raison de la baisse des revenus pé troliers dans des pays sur lesquels pèse le "poids" de l'aide aux pays sub-sahariens (chap. VI). Cette baisse des revenus pétroliers conjuguée à l'aggravation des incidences de la crise internationale tant sur l'Afrique que sur le Monde arabe constituent incontestablement deux facteurs négatifs dans le processus de la coopération arabo-africaine et deux limites qui me nacent de disparition cette coopération. Il appartient aujourd'hui aux Africains et aux Arabes d'explorer les voies, les solutions et les méthodes susceptibles de promouvoir et de consolider cette coopération et en faire une entreprise apte à affronter les difficultés tant politiques qu'économiques qui ont, jusqu'ici, paralysé sa consolidation. Un tel effort se doit de tenir compte de ce qui semble avoir été négligé dans cette coopération. - La coopération arabo-africaine doit définir une série d'objec tifs clairs et précis. Elle a été jusqu'à présent dominée par des ac tions et des solutions partielles. - Cette coopération n'implique jusqu'à présent que les Gouverne ments et les institutions officielles. Elle doit, nous semble-t-il, faire une place au secteur privé et se manifester au niveau des petits projets. - Elle doit être planifiée contrairement à la tendance qui a pré valu jusqu'à maintenant. - Malgré les organismes communautaires, cette coopération est de meurée avant tout bilatérale. Il convient de doter dans le futur les organismes multilatéraux de moyens financiers susceptibles de leur permettre de mieux agir dans le renforcement de liens économiques en tre les deux parties. L'action d'une institution financière comme le BADEA mérite d'être encouragée. Cette Banque a, non seulement acquis 689

une expérience dans le domaine du financement du développement au sud du Sahara, mais elle bénéficie aussi d'un crédit de sympathie et de confiance de la part des deux partenaires. Son rôle central dans cet te coopération doit,nous semble-t-il,être maintenu. - La coopération entre Arabes et Africains ne doit pas se calquer sur la coopération Nord- Sud. Elle est appelée à développer des cré neaux spéciaux, des institutions nouvelles et des techniques de finan cement propres. Elle doit en outre baser son efficacité sur des modes de développement pour lesquels le facteur main-d'oeuvre et le facteur argent sont essentiels. Ni les Arabes, ni les Africains ne maîtrisent encore la technologie, le relais doit être pris dans les petites et les moyennes entreprises agissant dans l'agriculture, les industries non capitalistiques et les services. - Le secteur privé ne peut prendre part à cette coopération que s'il est informé, sollicité et conseillé. Or, il n'existe actuelle ment aucune structure opérant dans ce sens. Il convient de doter donc cette coopération de ce que nous appellerons ses "chambres de commerce et de développement" qui grouperaient tous les opérateurs réels ou po tentiels du processus global du développement à tous les niveaux et qui auraient un rôle d'information, de contact et de sensibilisation. - L'aide arabe est appelée à privilégier dans le futur les sec teurs susceptibles de renforcer et de promouvoir les échanges commer ciaux entre les deux parties afin de doter cette coopération d'autres bases plus durables et plus viables.

Les possibilités de coopération entre Arabes et Africains sont réelles. Il incombe aux responsables politiques et économiques offi ciels et privés des deux parties de tirer les leçons qui s'imposent. Le présent peut (et doit) s'enrichir de l'expérience passée pour pou voir mieux envisager le futur. L'ambition doit être que la coopéra tion arabo-africaine soit la meilleure coopération Sud-Sud et non la moins bonne coopération Nord-Sud. ANNEXE

Déclaration sur la coopération économique et financière afro-arabe de la Ire conférence au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA et de la Ligue arabe Le Caire, 9 mars 1977

La première conférence au sommet afro-arabe, réunie au Caire du 7 au 9 mars 1977 considérant que les peuples africains et arabes sont engagés dans une lutte commune pour faire face aux impératifs du développement pour mettre fin à la domination, à la dépendance et à l'exploitation, afin d'aboutir à l'instauration d'un nouvel ordre économique international équitable, consciente du fait que le sous-développement et les problèmes économiques dont souffrent les peuples africains et arabes émanent es sentiellement des circonstances nées de longs siècles d'exploitation et de colonialisme, consciente que ces problèmes relèvent de la situa tion équitable.issue des relations économiques internationales et sont créés par la nature même du système économique international actuel, essentiellement destiné à servir les intérêts des pays industrialisés, exprimant la conviction des Etats arabes et africains que leur cause de libération et de développement est une et indivisible, notant que la coopération afro-arabe a franchi des étapes posi tives sur la voie de la participation au développement et de la resti tution aux peuples africains et arabes du contrôle de leurs propres ressources et richesses naturelles, soulignant que, sur le plan économique et financier, le volume de la coopération afro-arabe s'est multiplié par sept au cours de ces trois dernières années, et à reposé dans sa quasi-totalité sur des ba ses préférentielles et des conditions simplifiées adéquates répondant à la présente conjoncture économique sur la consolidation des ressour ces, notamment de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, du Fonds arabe pour les prêts aux Etats africains, du Fonds 691

arabe pour l'assistance technique aux Etats africains, de la Banque de développement africain et des Fonds de coopération bilatérale afro- arabe, décide, au cours de cette étape historique, d'adopter dans les domaines économique, technique et financier, un programme global de coopération afro-arabe à long terme, qui prévoit ce qui suit : 1. encouragement des institutions financières, nationales et multilatérales à fournir des assistances techniques et financières, en vue de procéder à des études de faisabilité des projets de développe ment et d'infrastructure en Afrique, notamment les quatre projets pro posés par la commission économique des Nations unies pour l'Afrique, en vue de leur financement, 2. renforcement des ressources des institutions financières multinationales et nationales opérant dans le domaine du développement africain, 3- contribution au renforcement des ressources financières de la Banque africaine de développement par le moyen d'emprunts émis auprès des marchés financiers arabes aux conditions les plus favora bles possibles, 4. accroissement des ressources de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, afin de lui permettre de contri buer davantage à la satisfaction des besoins du développement en Afri que, 5. renforcement des relations commerciales entre les pays africains et arabes au moyen de traitements préférentiels réciproques, 6. coordination des aides financières dispensées par les pays arabes et institutions financières multilatérales afin de ren forcer l'impact de ces aides sur le développement, 7' encouragement des investissements arabes, notamment par la réalisation de projets africains et arabes communs et mise en oeu vre d'un système de garantie des investissements dans les pays afri cains, 8. encouragement du placement des investissements de capi taux arabes dans les pays africains sous forme d'investissements di rects, de prêts ou dépôts, 9. encouragement de la coopération technique entre les pays africains et arabes, 10. augmentation des aides bilatérales accordées par le biais des fonds nationaux aux pays africains, 692

11. que la commission permanente, en collaboration avec les institutions spécialisées africaines et arabes, (BAD, BADEA, CEA) met te en oeuvre, le plus rapidement possible, les dispositions précéden tes et en particulier celles reprises aux articles 3, 4, 7 et 10.

71. Déclaration et programme d'action sur la coopération afro-*rabe

I- PREAMBULE

1. Nous, souverains, chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres de l'Organisation de l'unité africaine et de la Ligue des Etats arabes réunis au Caire du 7 au 9 mars 1977, 2. vu les chartes de 1' Organisation de l'unité africaine et de la Ligue des Etats arabes, 3. rappelant les décisions prises et les résolutions adoptées à divers niveaux, en particulier à la 8e session extraordinaire, à la 23e et à la 24e sessions ordinaires du conseil des ministres de l'OUÀ, ainsi qu'aux 6e et 7e sommets arabes et aux 62e et 63e sessions ordi naires du conseil des ministres de la Ligue arabe, en vue de renforcer la coopération entre les Etats, 4. conscients de nos multiples liens et intérêts tissés par la géographie, l'histoire et la culture, et de notre désir de promouvoir notre coopération dans les domaines politique, économique et social, étant donné d'autre part notre lutte commune contre la domination et l'exploitation sous toutes leurs formes, 5- nous félicitant des rapports d'amitié, de fraternité et de bon voisinage existant entre les Etats africains et les Etats arabes, 6. animés par une volonté commune de renforcer la compréhension entre nos peuples et la coopération entre nos Etats, afin dé répondre aux aspirations de nos peuples pour la consolidation de la fraternité afro-arabe, 7« déterminés à renforcer les liens qui unissent nos Etats et peuples par là création d'institutions communes, 8. considérant la communauté d'intérêts et des aspirations des peuples africains et arabes, 9. convaincus que la coopération afro-arabe s'inscrit dans le ca dre de l'action commune de l'ensemble des pays en voie de développe ment, en vue d'accroître entre eux la coopération d'une part, et, 693

d'autre part, d'intensifier les efforts pour l'instauration d'un nou vel ordre économique plus juste et plus équitable, 10. résolus à mettre nos ressources naturelles et humaines au service du progrès général de nos peuples dans tous les domaines de l'activité humaine, 11. tenant compte des principes et dispositions de la Charte d'Alger, de la Déclaration de Lima, de la Déclaration africaine sur la coopération économique du 4e sommet des pays non alignés, des disposi tions économiques et de décolonisation, de la déclaration du sommet islamique de Lahore et de la déclaration solennelle du sommet des sou verains et chefs d'Etat membres de l'Organisation des pays exporta teurs de pétrole, de la déclaration et du programme d'action en vue de 1' instauration d'un nouvel ordre économique international adoptés par la 6e session spéciale de l'assemblée générale des Nations unies, de la Charte des droits et devoirs économiques des Etats et de la décla ration sur les matières premières et le développement, 12. décidons en conséquence d'adopter la présente déclaration et le programme d'action qui définissent les principes et le cadre de l'action collective et individuelle des pays africains et arabes pour la coopération afro-arabe.

II- PRINCIPES

13- La coopération politique et économique entre Etats africains et arabes est basée notamment sur les principes suivants : a) respect de la souveraineté, de la sécurité, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de tous nos Etats, b) égalité de tous les Etats, c) souveraineté des Etats et des peuples sur leurs ressources na turelles, d) non-agression et inadmissibilité de l'occupation ou de l'an nexion de territoires par la force, e) non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, f) sauvegarde des intérêts mutuels sur la base de réciprocité et d' égalité, g) règlement pacifique et dans un esprit de tolérance des diffé rends et conflits, h) lutte commune contre la domination, le racisme et l'exploita- 694

tion sous toutes leurs formes pour sauvegarder la paix et la sécurité mondiale.

III - DOMAINES DE COOPERATION ET PROGRAMME D'ACTION

A. Domaines de coopération

14- Les pays africains et arabes s'engagent à promouvoir leurs relations, tant sur le plan bilatéral que multilatéral, sur la base d'une coopération globale et à long terme dans les domaines suivants: a) politique et diplomatique, b) économique et financier, c) commercial, d) de l'éducation, la culture, la science et le domaine technique et de l'information.

B. Coopération politique et diplomatique

15. Les pays africains et arabes réaffirment leur attachement à la politique de non-alignement, facteur important dans la lutte pour : a) la liberté et l'indépendance des nations, b) l'instauration de la paix mondiale et de la sécurité pour tous les Etats, c) l'application universelle des principes de coexistence pacifi que, d) la démocratisation des relations internationales, e) des droits égaux en matière de coopération, f) le développement économique et le progrès social. 16. Condamnent l'impérialisme, le colonialisme, le néo-colonia lisme, le sionisme, l'apartheid et toutes autres formes de discrimina tion et ségrégation raciale et religieuse, notamment en Afrique, en Palestine et dans les territoires arabes occupés. 17- Réaffirment leur soutien aux causes africaines et arabes et s'engagent à coordonner leur action sur le plan international, notam ment aux Nations unies sur des questions d'intérêt commun. Les grou pes africains et arabes, dans les instances internationales, établi ront une coopération étroite à cet effet. 18. Les deux parties continueront d'apporter leur appui politi- quee, diplomatique, matériel et moral aux mouvements de libération 695

nationale africains et arabes, reconnus par l'OUA et la Ligue des Etats arabes. 19. Les Etats membres des deux parties s'efforceront d'établir et Je renforcer leurs représentations diplomatiques et économiques, en courageant les contacts entre les institutions analogues, politiques et sociales de leurs pays respectifs.

C. Coopération économique

20. Désireuses de réaliser une coopération économique optimale, les deux parties décident d'élargir, de renforcer et d'intensifier la coopération dans les domaines suivants : a) commerce, b) exploitation minière et industrie c) agriculture et élevage d) énergie et ressources hydrauliques e) transport, communications et télécommunications f) coopération financière.

Commerce

21. Les deux parties décident de prendre les dispositions utiles pour : a) établir des relations commerciales directes, b) approvisionner en priorité, dans toute la mesure du possible, leurs marchés respectifs, c) faciliter le commerce africain et arabe directr, y compris l'instauration de régimes préférentiels d'échanges commerciaux, d) encourager et promouvoir la coopération entre les organisa tions et les sociétés commerciales et la participation aux foires com merciales, e) établir une coopération entre les institutions bancaires et les sociétés d'assurance et de réassurance africaines et arabes. 22. A cette fin demandent au secrétaire général administratif de l'Organisation de l'unité africaine et au secrétaire général de la Ligue des Etats arabes d'entreprendre, en collaboration avec la Banque africaine de développement, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique et la commission économique pour l'Afrique, des études sur les marchés africains et arabes en vue d'encourager le com merce afro-arabe. 696

Exploitation minière et industrie

23. Conformément à la politique poursuivie par les deux parties concernant le contrôle des Etats sur leurs ressources naturelles, et aux fins d'assurer la valorisation optimale de leurs matières premiè res, les deux parties décident : a) de coopérer dans la prospection systématique de leurs ressour ces naturelles en vue de promouvoir leur utilisation rationnelle et leur exploitation, b) d'intensifier l'industrialisation par le biais de l'exploita tion, la commercialisation et le transport de leurs matières premières et minières et encourager les projets d'investissement dans ces domai nes , c) de développer la coopération financière et technique, d'encou rager la recherche dans tous les secteurs de l'industrie et de l'ex ploitation minière et de convenir des conditions adéquates de cette coopération par la réalisation de projets conjoints ou l'octroi de dons et de prêts.

Agriculture, forêts, pêcheries et élevage

24. Les deux parties décident : a) de développer l'agriculture en introduisant des techniques mo dernes et avancées dans les domaines de la production, de la distri bution et du stockage, b) de promouvoir la modernisation et l'élevage, l'amélioration des espèces et de la production animale, c) d'assurer une augmentation rapide et effective de la produc tion vivrière par le biais des investissements directs, des entrepri ses conjointes et autres méthodes de coopération dans le domaine de la production animale et vivrière ainsi que dans l'exploitation forestiè re et la commercialisation des produits dérivés du bois, d) d'échanger les informations et les résultats des recherches visant à améliorer les conditions de vie des populations rurales en mettant l'accent sur l'infrastructure rurale, e) de prendre les mesures nécessaires, dans le cadre d'un système acceptable, afin d'aider les pays africains et arabes à transformer au maximum leurs matières premières avant de les exporter, f) de convenir des modalités de coopération financière et techni que en vue de mettre en oeuvre une action commune de développement 697

agricole, forestier, dans le domaine de l'élevage et de la pêche.

Energie et ressources hydrauliques

25. Les deux parties décident d'assurer d'une manière effective le contrôle de chaque Etat sur ses propres ressources énergétiques. 26. Les deux parties décident que les Etats ou les institutions nationales africaines arabes compétentes conviennent : a) de promouvoir les opérations de prospection de toutes les sources énergétiques, y compris le pétrole, de leur exploitatin, transport et stockage et d'encourager les investissements dans ces opérations, b) d'échanger les informations, les expériences et la technolo gie en matière d'énergie, c) de promouvoir les échanges d'information et d'utiliser les ex périences acquises et la technologie appropriée en vue d'améliorer les conditions climatiques et désertiques, ainsi que les méthodes adéquates en matière d'exploitation des fleuves, des lacs, des bassins et des sources d'eau souterraine, d) de coopérer à des fins de développement et sur une base régio nale, dans la mesure du possible, dans l'exploitation hydro-électri que et d'autres sources d'énergie dans le cadre de dispositions mu tuellement acceptables, e) d'intensifier l'utilisation des autres sources énergétiques, telles que l'énergie solaire, thermique, nucléaire et autres, ainsi que des travaux de recherches effectives dans ce domaine afin d'accé lérer le développement économique, de freiner la désertification, l'érosion des sols et de combattre la sécheresse en Afrique.

Transports, communications et télécommunications

27. En vue de faciliter les communications entre Etats africains et arabes, les deux parties décident de : a) accélérer le développement d'une infrastructure moderne des routes, voies ferrées, lignes aériennes, voies navigables intérieures et transports maritimes qui constituent une base importante du déve loppement de la coopération afro-arabe, b) établir, selon les priorités, des liaisons entre les réseaux nationaux routiers, ferroviaires et aériens pour faciliter le trans port économique rapide des personnes et des marchandises conformément 698

aux accords bilatéraux ou multilatéraux, c) entreprendre des études en vue de constituer des consortiums de compagnies de transport maritime qui permettront un fonctionnement plus efficace et l'utilisation en commun de 1' équipement terminal et des Installations d'entretien, ainsi que la recherche des possibilités d'innovation technique en matière de transport et de communication, d) renforcer efficacement la coopération entre les compagnies d'aviation de façon à favoriser l'expansion et la rationalisation des services aériens, e) améliorer les réseaux postaux et ceux des télécommunications existants et les élargir selon les priorités, f) coopérer à la mise en oeuvre des projets, à l'échelle sous- régionale et du continent, dans les domaines des télécommunications, des projets routiers et ferroviaires.

Coopération financière

28. Les deux parties décident : a) de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir une coopération financière efficace dans des conditions permettant d'assu rer sécurité et garantie par : 1. des prêts bilatéraux directs et à long terme selon les moda lités les plus favorables pour les deux parties, des investissements directs ainsi que des entreprises financières conjointes, 2. des prêts multilatéraux à long terme, selon les modalités les plus favorables, destinés à financer les projets, y compris les études d'utilité, 3. la participation afro-arabe au sein de consortiums financiers internationaux pour le financement de projets mixtes en Afrique et dans le monde arabe,

b) de faciliter mutuellement l'accès préférentiel des institu tions financières, tant africaines qu'arabes, à leurs marchés respec tifs des capitaux, conformément aux lois et règlements en vigueur dans chaque pays, c) d'inviter l'Organisation de l'unité africaine et la Ligue des Etats arabes à collaborer avec la Banque africaine de développement, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique et autres institutions spécialisées, en vue de rechercher une formule adéquate de coopération économique, financière et technique plus étroite, no- 699

tamment au moyen de la création d'institutions financières afro-arabes et de l'élaboration d'un accord afro-arabe régissant les investisse ments, d) d'inviter la Banque africaine de développement et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique à coordonner leurs activités d'investissement et s'engager à financer conjointement des projets africains multinationaux.

D. Coopération dans les domaines social, culturel et de l'éducation

29. Afin de parvenir à une meilleure compréhension entre les peu ples et les Etats africains et arabes, les deux parties sont convenues de renforcer leurs liens dans les domaines social, culturel et de l'éducation en concluant des accords appropriés concernant les : a) missions culturelles et festivals b) bourses d'études, programmes de formation, sports c) la coopération en matière de moyens d'information tels que la presse, les agences de presse, les satellites de communication, la ra dio, la télévision e) l'échange d'informations appropriées et des expériences et l'assistance nécessaire pour résoudre des problèmes sociaux tels que la sédentarisation des nomades. 30. Compte tenu du rôle humain et culturel du tourisme dans la promotion d'une meilleure compréhension, les deux parties sont conve nues également d'encourager et de faciliter le tourisme et de renfor cer leur coopération dans ce domaine, notamment par des investisse ments et la création de sociétés mixtes dans l'industrie touristique.

E. Coopération scientifique et technique

31. Les deux parties décident de : a) promouvoir et coordonner les activités de recherches par l'é change d'informations et d'études scientifiques et techniques, h) créer des services conjoints de consultants et des instituts spécialisés de formation, c) prévoir une coopération technique directe en fournissant des bourses de formation et d'études dans le domaine de la science et de la technologie, 700

d) élargir la coopération technique pour assurer la disponibilité des experts.

IV - INSTITUTIONS

32. Afin de favoriser une coordination étroite des activités de la coopération afro-arabe et d'aider à l'application de la présente déclaration et du présent programme d'action, les deux parties déci dent : a) de créer une commission permanente mixte, au niveau ministé riel, afin de poursuivre périodiquement la mise en oeuvre des disposi tions de la présente Déclaration et de rechercher de nouveaux domaines de coopération, b) de s'octroyer mutuellement le statut d'observateur lors des réunions de leurs organisations respectives à l'occasion de la discus sion de questions d'intérêt commun, c) que l'Organisation de l'unité africaine et la Ligue des Etats arabes créent, dès que possible, une représentation auprès de leurs secrétariats respectifs en vue de maintenir des relations étroites et permanentes de travail pour la mise en oeuvre de la coopération afro- arabe, d) d'inviter les institutions africaines et arabes, de même voca tion dans les divers domaines, à prendre toutes les dispositions né cessaires en vue d'instaurer entre elles des relations étroites de travail favorisant la coopération, et à coordonner leurs activités. 33- Cette déclaration a été faite au Caire, le 9 mars 1977. Les textes arabe, anglais et français de cette déclaration font également foi. BIBLIOGRAPHIE

I. Les sources arabes anciennes

"L'essor de la conquête arabo-islamique constitue de toute façon un phénomène historique majeur pour les trois conti nents (Asie, Afrique, Europe) à la jonction desquels il s'est développé. Certes, sur la côte orientale et à tra vers le Sahara, les Arabo-Berbères vont se livrer à un trafic d'esclaves noirs qui ira en croissant jusqu'au XIXe siè cle. Ils ont néanmoins donné à l'Afri que Noire l'une de ses principales re ligions, et ont transformé des pans en tiers de son paysage socio-culturel. En effet, les intellectuels arabes, géographes et historiens vont rendre à l'Afrique Noire le service inestima ble de faire connaître par l'écrit les réalisations socio-politiques du Bilad as-Soudan, à tel point qu'on peut re gretter qu'ils ne soient pas arrivés plus tôt."

J. KIZERBO Histoire de l'Afrique Noire, Paris, Hatier,1978-p.l04.

Pouvons-nous imaginer l'histoire de l'Afrique Noire en l'absence des écrits arabes? Géographes, chroniqueurs, voyageurs maghrébins et orientaux ont fait à cet égard un apport considérable. Les descrip tions et répétitions qui sont reprochées à leurs écrits sont sans doute dues à "la conception que ces auteurs se faisaient du savoir à leur époque", note avec une certaine pertinence J. CUOQ, qui poursuit: "pour eux, géographie humaine et histoire sont essentiellement des sciences de l'information reposant sur le témoignage plus que sur l'observation directe ou la notation précise des événements dans leur 702

contexte historique (l). Les sources arabes demeurent néanmoins une référence de première importance pour quiconque entend restituer le passé africain. Nom breux sont les écrits émanant des lettrés arabes et africains (notam ment de l'Afrique de l'Ouest) qui ont déjà fait l'objet de traduc tion depuis une centaine d'années. Lis ont été découverts au Maghreb, notamment dans le Sud Marocain (pour la grande partie) en Afrique de l'Ouest, au Vatican et en Espagne. Le nombre relativement important de sources en langue arabe et leur dispersion laissent supposer que beaucoup de manuscrits sont encore à découvrir dans les mosquées, Zaouias (loge d'un ordre religieux) du Maghreb méridional, dans les bibliothèques privées et les dépôts d'archives de certaines villes comme Fès, Marrakech, Taroudant, Meknès, etc.. C'est là une tâche ardue qui interpelle les chercheurs avides de trouvailles susceptibles d'apporter de nouveaux éclairages sur le passé africain. Au Maghreb et en Afrique de l'Ouest, beaucoup d'efforts ont été entrepris dans ce sens. Le département d'Histoire de la Faculté des Lettres de Rabat s'estattelé depuis une vingtaine d'années à invento rier, classer et cataloguer les manuscrits dispersés dans le pays. Le chercheur marocain ELKETTANI, dont les travaux ont permis la découver te de centaines de manuscrits concernant l'Afrique Soudanaise (2), a

(1) Le recueil des sources arabes relatives à l'Afrique occidentale a fait l'objet d'une thèse de doctorat, soutenue à Rome en 1973 par le Père Joseph CUOQ. Le mérite de ce travail est d'avoir rassem blé les sources connues et d'avoir rendu publics (pour la première fois) des écrits complètement inconnus et constituant un nouvel apport à l'histoire, notamment de l'Afrique de l'Ouest. La thèse de J. CUOQ, sur laquelle nous nous somme, en partie, basé en ce qui concerne la référence aux sources arabes, a été pu bliée par la CNRS en 1975 sous le titre : Recueil des sources ara bes concernant l'Afrique occidentale du XHIe au XVIe siècle (Bi- lad-as-Soudan),op. cit. ~ " (2) Au crédit de cet historien, plusieurs publications de recueils de manuscrits en arabe, traitant de l'Afrique de l'Ouest. Nous ci tons les plus importantes : - "Les manuscrits de l'Occident Africain dans les bibliothèques du Maroc", Hesperis, Tamuda, vol. IX, fascicule 3. -"Les sections d'archives et de manuscrits des bibliothèques ma rocaines", Hesperis, Tamuda, vol. IX, fas. 3. 703

amençaé l'UNESCO en 1973 à le solliciter pour la préparation d'un re cueil sélectif de textes arabes présentant un intérêt scientifique comme source pour l'histoire africaine. En Afrique de l'Ouest, la plupart des Universités sont dotées de départements ou sections de manuscrits. L'intérêt pour la recherche des sources inédites est tel que des séminaires sont régulièrement or ganisés dans l'un ou l'autre pays de la région, permettant aux univer sitaires de présenter l'état de leurs recherches en cette matière. L'un de ces séminaires,tenu à ACCRA, a permis à V. MONTEIL de faire le bilan de récentes découvertes en matière de manuscrits en Afrique de l'Ouest pour la première moitié des années i960 (.1). Un autre chercheur malien, KARAMOKÔ DIABY, s'est distingué tout particulièrement par la préparation d'un "inventaire partiel de la Bi bliothèque du Cadi Mohamed Mahmûd à Tombouctou'.' (2). Ce recueil malheureusement peu connu parce que peu diffusé, ne reprend que les manuscrits dont les auteurs sont originaires de l'Afrique de l'Ouest. Il peut être classé en trois sections : - les manuscrits de la bibliothèque privée du Cadi Mohamed Mahmûd, - les manuscrits de la bibliothèque d'Alfa Salum, - les manuscrits du centre d'Ahmed BABA. La particularité principale de ce recueil réside dans le fait qu'il est issu des seules bibliothèques privées maliennes. Notre atten tion fut particulièrement retenue par un manuscrit d'Ahmed BABA, rela tif à la position et l'attitude des lettrés soudanais sur la traite. Ce manuscrit vient compléter sur ce problème un autre issu du même auteur intitulé "MI'RAJ AS-SHUHUD". Au Maghreb comme en Afrique de l'Ouest, beaucoup d'efforts sont encore à accomplir non seulement dans la recherche de nouveaux manus crits dont l'intérêt scientifique n'est pas à montrer, mais aussi dans la révision et la correction de ce qui a été notamment traduit et dont la traduction n'a pas été souvent à la hauteur des textes originaux: Nous pensons tout particulièrement àlà traduction qui a été faite de

(1) V. MONTEIL, "Les Manuscrits arabo-africains". BIFAN Série B ÏSS1* 3"fo^UPet 1965' pp* 531-542, et XXVIII, juillet-octobre 1966,pp. 688-675. (2) Etabli en 1972, le recueil se présente sous forme d'une dizaine de feuilles dactylographiées, disponibles à la bibliothèque générale de Rabat, Division Archives. 704

TARIKH-EL-FETTACH et TARIKH AS-SOUDAN, oeuvres monumentales sur l'his toire économique, sociale et politique du Soudan nigérian . Nom breux sont les historiens qui reconnaissent aujourd'hui que cette traduction a bien vieilli. Selon une expression de ZAKARI DRAMANI

ISSIFOU : "Il est rare en histoire comme dans les autres sciences hu maines que les publications pionnières soient à l'abri d'une longévité sans dommage" (l). En effet, ils ont été publiés respectivement pour la première fois en 1900 et 1913- Us ont constitué une des principales sources, si ce n'est la plus importante, de tous ceux qui se sont intéressés à l'histoire intérieure et extérieure de l'Afrique de l'Ouest. H s'a vère aujburd' hui qu'à la suite des récentes trouvailles (mahuscrits/ ouvrages, correspondance, fiqh), de nouvelles traductions sont né cessaires. Elles doivent intégrer les conclusions de dizaines d'an nées de recherches afin de pallier "les lacunes, les oublis ou les faiblesses" des publications précédentes. L'autre tâche, non sans importance, consiste à conjuguer les ef forts entre les pays maghrébins pour une meilleure coordination des recherches entreprises au niveau de chaque pays.Nous songeons' encore une fois à l'oeuvre monumentale de l'historien marocain Abou Faris al- FlCHTALI (1543-1622), intitulée "MANAHHIL AS-SAFA" ou "Sources de la Clarté". L'auteur qui fut le ministre secrétaire et proche conseiller du Souverain Sââdien ALMANSÙUR AD-DAHBI, notamment lors de la conquête du Soudan Nigérian (Sonrhaï), est sans doute le témoin privilégié d'une époque cruciale de l'histoire non seulement du Maroc, mais aus si de toute l'Afrique soudanaise. Cette oeuvre estimée par les con temporains de l'auteur à huit volumes est à nos jours quasi introuva ble. Aujourd'hui l'on n'a connaissance que de l'existence de cinq copies du Tome II dont le Professeur Abdellah GUENNOUN en publia le condensé en 1965 à TETOUAN au Maroc.

(l) Z.D. ISSIFOU, L'Afrique Noire dans les relations internationales au XVIe siècle : Analyse de la crise entre le Maroc et le Sonrhai". Paris, Karthla, 1982, p. 27. Les deux TARIKH ont été traduits par 0. BOUDAS et M. DELFOSSE dont le dernier fut un haut fonctionnaire de l'administration co loniale française en Afrique de l'Ouest. "Les lacunes et les ou blis" de cette traduction sont à situer naturellement dans le con texte de la pénétration coloniale en Afrique Soudanaise au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. 705

Les auteurs retenus ici sont ceux dont 1' .oeuvre présente un in térêt évident pour l'étude du passé de l'Afrique occidentale et sur tout à la restitution des interactions tant économiques que politiques et culturelles de cette région du continent africain avec notamment le Maghreb. La classification de ces auteurs est faite sur base de l'or dre chronologique de composition de leurs écirts : (Cette liste n'est nullement exhaustive).

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Il convient de signaler pour "compléter" cette liste l'oeuvre mo numentale de 1' Andalous-Maghrébin Muham ma d Hassan al-wazzan al-Ziyyat dit Jean-léon l'Africain, rédigée en italien et traduite par EPAULARD (E.) sous le titre Description de l'Afrique, Paris, 1956. 707

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Annuaires.

Rapports émanant d'organismes régionaux et internationaux.

Presse hebdomadaire et Journaux.

1. Annuaires

- Annuaire de l'Afrique du Nord, CNRS, Paris,1978 . - Année Africaine, CEAN, Bordeaux, I98I-I987.

2- Rapports émanant d'institutions et organisations internationales

- BADEA, "Dix ans de coopération arabo-africaine", Khartoum, 1985.

- BADEA, "Rapports annuels" de 1978 à 1987.

- Banque Mondiale, - "Rapports sur le développement dans le monde" de 1980 à 1988. - "Rétrospective" 1981 - 1983 - 1985 - 1986.

- Banque africaine de Développement (BAD), "rapports annuels" 1983 à 1986. - CAD (OCDE), "Rapports sur l'aide au développement inti tulé examen" de 1980 à 1988.

- CNUCED - "Manuel de statistique du commerce interna tional et du développement" 1975-1986.

- "The indexation of prices" TD/b/503 1976.

- "Integrated programme for commodities" TD/C 1/66 1977.

- "Monthly Commodity Price Bulletin", mars-mai, 1977- - Le "Courrier" ACP/CEE, publication CEE/Bruxelles (divers n°). - Fonds Seoudien de Développement (FSD), Rapports annuels de 1982 à 1987.

- Fonds Kowétien de Développement Economique arabe (FKDEA), Rapports annuels de 1978 à 1987.

- Fonds Arabe de Développement économique et social (FADES), Rapports annuels de 1977 à 1986. 737

- Islande Bank. (!' s .B).. "Rapports annuels" de 1981 à 1986.

- Ligue des Etats Arabes (LEA), "Rajports économiques annuels" de 19B0 à 1987. - OJA (Organisation des journalistes africains), "Résolutions sur la coopération arabo-africaine adoptées à la conférence de Tunis 4-6 mai 198l.

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3. Périodiques : Presse hebdomadaire et mensuelle

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- Jeune Afrique (Divers n°).

- Lamalif (Divers n°).

- Le Monde Diplomatique (Divers n°). - Libération Afrique (Divers n°) 1980 à 1984. 738

En_languè arabe

- Al-Moustakbal al-arabi (Divers n°).

- Al-Moustakbal, (Divers n°).

- Al-Watan al-arabi, (Divers n°).

- Al-Qabas (Divers n°).

- Chooun arabiyya, Ligue des Etats arabes (Divers n°).

4- Quotidiens

- El-Moudjahid (Algérie)

- Le Matin du Sahara ( Maroc)

- Le Monde (France) - L'Opinion (Maroc) - Le Soleil (Sénégal) - Le Soir (Belgique) - Maariv (Israël) - Washington Post (USA)

- Times (G.B.)

- La Presse (Tunisie) - Al-Ahram (Egypte)