Notes Et Documents Some Notes on the Fine and Decorative Arts of Bessarabia During the Last Two Centuries
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Quelques notes sur les beaux-arts de NOTES ET DOCUMENTS Bessarabie au cours des deux derniers siècles). Résumé. Ces notes ont pour objet l'étude de l'art de la Bessarabie du XIXe et de la première moitié du XXe siècle et l’art de la République de Moldova depuis 1944 et jusqu'au début du XXIe siècle. Le terme « Bessarabie » est bien ambigu, avec une SOME NOTES ON THE FINE sémantique polyvalente, définissant initiale- AND DECORATIVE ARTS OF BESSARABIA ment une bande de terre aux embouchures du Danube (appartenant il y a des siècles à la DURING THE LAST TWO CENTURIES dynastie valaque des Bassarabs), mais qui fut plus tard étendue par les autorités tsaristes (et dans ce sens repris dans l'entre-deux- guerres par les autorités roumaines) à toute Constantin I. Ciobanu la zone inter-fluviale Prut-Dniester, autrement dit à tout le territoire de la moitié Les informations succinctes des archives orientale de l’Etat féodal moldave. révèlent que l'actuel Musée National des Dans le domaine des beaux-arts, la période Beaux-Arts de la République de Moldova est Bessarabienne comprend trois étapes le successeur légal de la Galerie Municipale distinctes. La première (1812-1887) se de Kichinev, fondée en 1939 à l'initiative du caractérise par la continuité des formes sculpteur Alexandru Plămădeală et de principales de l'art médiéval et prémoderne plusieurs autres artistes bessarabiens. Le (peinture murale ecclésiastique, iconographie, patrimoine artistique de cette Galerie fut décoration sculptée des iconostases, initialement composé de 173 œuvres monuments funéraires en milieu rural, etc.). (peintures, dessins, sculptures, arts La seconde période est fortement influencée décoratifs, dont la plupart ont été données par l'émergence de l'éducation professionnelle par les participants au dixième Salon de la dans le domaine des arts. Cette période a Société des Beaux-Arts de Bessarabie, tenu à commencé en 1887 – l’année où a été ouverte Kichinev en novembre 1939), auxquelles à Kichinev (Chișinău) la première école de nous devons ajouter les 11 œuvres offertes dessin – et a duré jusqu'en 1918 – l'année de par le ministère des Affaires religieuses et des la Grande Union des terres habitées par les Arts de Roumanie (y compris des peintures Roumains. Pendant cette période – en 1903 – signées par Max Hermann Maxy et a été fondée la première organisation des Alexandru Phoebus, des dessins signées par artistes professionnels de la Bessarabie, la Theodor Pallady et Nicolae Tonitza, des soi-disant « Société des amateurs des beaux- sculptures d’Ion Jalea, etc.). Dans la seconde arts ». La troisième et dernière étape du moitié de 1940, après l'occupation soviétique développement de l'art dit « Bessarabien » de la Bessarabie et la formation de la coïncide avec l'entre-deux-guerres (1918- République Soviétique Socialiste Moldave, 1940), lorsque la Bessarabie devient une sur la base des œuvres de la partie composante du royaume roumain. La Galerie Municipale de Kichinev (et d’autres vie artistique de cette époque ne manque pas donations) fut inauguré le Musée Républicain d'événements importants. Ainsi, en 1921 à des Beaux-Arts. Après le début de la guerre, Kichinev est fondé la « Société des Beaux- pendant l’été de 1941, le musée fut évacué à Arts de Bessarabie » qui – entre 1921 et Kharkov (Ukraine), où sa collection d’œuvres 1939 – organisa onze expositions (appelées est disparue sans laisser les moindres traces. « salons »): sept à Chişinău, deux à Bucarest, Le contexte dans lequel les arts de la une à Bolgrad et une à Ialoveni. République de Moldova se sont développés REV. ROUM. HIST. ART, Série BEAUX-ARTS, TOME LIV–LV, P. 69–117, BUCAREST, 2017–2018 69 dans l'après-guerre et dans les décennies la sixième décennie et la première moitié de suivantes ne peut pas être compris si nous la septième décennie du siècle dernier qu’on nous référons uniquement au territoire de a réussi à émanciper en partie le style et la la Bessarabie et ne tenons pas compte des thématique des œuvres de beaux-arts. processus socioculturels complexes qui ont Dans les années 1970 et 1980, une série de eu lieu dans les grands centres de l'ex- nouveaux phénomènes sont apparus, tels que URSS. Étant depuis près de cinq décennies l'interférence ou même la fusion des langages totalement isolée de la Roumanie, la culture appartenant à différents genres d’arts bessarabienne ne connut pas la polémique visuels; le caractère idéologique agressif et entre les protochronistes et les synchronistes, militant des expositions de l'époque les disputes entre les partisans du peintre Corneliu Baba et ceux du peintre Alexandru précédente est de plus en plus souvent Ciucurencu etc. L’art de la République remplacé par «l'extase» festive de l' « époque Moldave gravitait plutôt vers les grandes de Brejnev ». C'est le moment où la peinture villes soviétiques: principalement Moscou et réhabilite les valeurs du « climat Leningrad (Saint-Pétersbourg), mais aussi domestique », de l' « individuel », etc. Un Tallinn, Riga, Vilnius, Lvov, Odessa, Kiev et problème qui, de notre point de vue, mérite d'autres. Beaucoup de débats locaux étaient d'être abordé avec beaucoup d'attention est le des répliques ou des émulations d'actions phénomène de l'art d'opposition à l'idéologie déjà accomplies dans d’autres régions de officielle (le soi-disant underground l'Union Soviétique. soviétique des années 1970-1980). Pourtant, Le processus de l'introduction forcée des nous devons admettre que, malgré quelques principes du réalisme socialiste et de tentatives de renouvellement du langage l'esthétique normative – processus qui a duré artistique (telles que les peintures de Mikhaïl dans l'ex-URSS des années 30 jusqu'à Grecu ou de Valentina Rusu-Ciobanu), en l'époque de la perestroïka de Mikhaïl République Soviétique Socialiste de Moldova Gorbatchev de la seconde moitié des années il n'y avait pas de véritable art d’opposition 80 – a affecté de façon extrêmement dure le comme celui de Moscou ou de Saint- domaine des beaux-arts. Selon les idéologues Pétersbourg. communistes, le rôle de «l'art» était de La situation créée dans les dernières années promouvoir à travers ses méthodes de la perestroïka de Gorbatchev et dans les spécifiques le message du seul Parti-Etat au premières années d'indépendance de la peuple, de l'éduquer dans l'esprit du République de Moldova a radicalement marxisme-léninisme et de la haine envers le modifié les structures de fonctionnement de la capitalisme et l'impérialisme. L'art devait être direct, accessible aux masses et totalement culture en général et des arts visuels en soumis au pouvoir. La hiérarchie particulier. La censure idéologique et les anachronique des genres fut réintroduite: commissions de sélection (sur critères ainsi, la peinture thématique ou le portrait de politiques!) des œuvres d’art pour les parade étaient considérés comme supérieurs expositions ont disparu. Les discussions sur par rapport au paysage ou à la nature morte. la synchronisation du processus artistique de Une fois avec l'occupation de la Bessarabie la République Moldave avec les processus par l'URSS, beaucoup d'artistes qui avaient artistiques européens et mondiaux ont été éduqués dans l'entre-deux-guerres en commencé. Roumanie ou qui avaient étudié après 1944 Dans le contexte de la démocratisation créée (mais étaient encore étroitement liés aux par la perestroïka, l'Union des Écrivains de problématiques de l'art de l'avant-guerre) ont Moldova a présenté les projets de la nouvelle dû changer radicalement de style et de législation linguistique, destinée à donner à manière, en se soumettant au régime. Les la langue roumaine le statut de langue quinze premières années qui ont suivi la officielle sur le territoire de la République. Seconde Guerre mondiale ont été les années Après de nombreux débats et d’hostilités – 70 les plus difficiles. Ce ne fut que vers la fin de générés à la fois par l'opposition de la nomenclature (locale et centrale) et par une The content of these notes is dedicated grande partie de la population russophone – to a territory – namely Bessarabia – an la Constitution de la République de Moldova ambiguous term with a versatile semantics, fut complétée (le 31 août 1989) par l'article initially defining a strip of land at the sur le statut et les principes de mouths of the Danube (belonging to the fonctionnement de la langue d'état. Des Wallachian dynasty of Basarabs centuries expositions d'art consacrées à la langue ago!), but which was later extended by the roumaine ou à Mihai Eminescu – grand Tsarist authorities (and this amplified sense poète roumain – ont commencé à être was taken over by the Romanian authorities organisées (la première en 1989). Les in the interwar period) to the entire Prut- « Salons de Moldavie » – des expositions des Dniester inter-fluvial area, in other words, peintres des deux côtés de la rivière Prout – to the whole territory of the eastern half of sont devenus des événements récurrents. the Moldovan feudal state. This term Pendant la période de transition, provokes even today the discontent of the en République de Moldova ont été ouvertes Moldovenists from the Republic of les premières galeries d'art privées ("Elita", Moldova, as well as of some representatives "Coral", "L", "Aorte", etc.). À la fin des of the obsolete Protochronism in Romania. années 1980 et au début des années 1990, les However, like a well-adjusted glove, the premiers groupes parallèles ou alternatifs à Bessarabian term (territorial and not l'Union des Artistes Plastiques ont vu le jour : ethnic!) fits just fine with the historical le groupe « Fantôme », le groupe « Zece » realities and artistic achievements in the (fr. : « Dix ») et autres. eastern side of the river Prut in the last two De toute évidence, le fait de «hâter» l'accès centuries.